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Le temps des cerises numéro 20 1 Décembre 2013 / Janvier 2014 Sud Solidaires BHV/ mise en page : Alexandre BELDA Le Temps des Cerises Adresse postale : 55 rue de la verrerie 75189 Paris cedex 04 N uméro 20 Journal résolument dérangeant du syndicat Sud Solidaires BHV EDITO « JOYEUX NOEL FELIX » L’année 2013 se termine comme elle avait commencée, c’est-à-dire sous une avalanche de mauvais coups… On ne compte plus les fermetures d’entreprises, les plans de licenciements, les dégraissages d’effectifs, sans parler des augmentations constantes des impôts directs et indirects qui pressurisent encore davantage les salariés qui n’ont que leur force de travail à louer en échange d’un salaire (qui ne couvre même plus les besoins fondamentaux). Dans cette configuration sociale et économique l’activité commerciale du BHV peine à redémarrer, et que l’on ne cherche pas à coller sur le dos des salariés les mauvais résultats commerciaux, la crise économique mondiale touche toutes les catégories socio professionnelles c’est sans doute ce qui raréfie le client. Ce n’est donc pas l’augmentation des amplitudes d’ouvertures des magasins (fermetures de plus en plus tardives, jours fériés et dimanches) qui sauvera la pérennité des entreprises de commerce. La relance économique ne peut passer que par l’augmentation du pouvoir d’achat des populations !, ce n’est pas moi qui le dit, mais un grand ponte de fonctionnaire Européen particulièrement privilégié, vous savez celui qui perçoit sa retraite à taux plein à 50 ans avec seulement 15,5 années de travail pour une pension mensuelle qui équivaut à 10 fois la pension moyenne des retraités du secteur privé… Ce numéro 20 du «Temps des Cerises», est aussi l’occasion pour notre Camarade Alain HIMBERT, qui comme 70 de nos collègues a décidé de nous tirer sa révérence en profitant du Plan de Départ Volontaire, de nous offrir son dernier texte sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur ; mais vous trouverez également des articles de réflexion de fond sur l’évolution de notre société, un compte- rendu de la dernière action des Caissiers(ères), un article d’actualité sur les Dimanches, ainsi qu’un article sur l’évolution de la jurisprudence concernant le personnel de Démonstration Fournisseur. Bonne lecture et à l’année prochaine. Sylvie NICOLIER DROIT DE RETRAIT AU SERVICE ACCUEIL- ENCAISSEMENT Le jeudi 05 décembre 2013 entre 15h et 16h45 quinze Caissiers(ères) ont exercé leur Droit de Retrait. Ces personnes étaient affectées aux Tours d’Encaissement des étages du magasin rénovés dernièrement (5 ème étage, 3 ème , 1 er et Rez de Chaussée). En effet ces nouvelles tours d’Encaissement ne sont pas équipées des moyens de protection minimaux, tel que les portes, les vitres de protection et les téléphones… Depuis des mois, les élus SUD- SOLIDAIRES BHV réclamaient en vain auprès des Instances Représentatives du Personnel (CHSCT, D.P.) et verbalement auprès de la Direction du Service Accueil- Encaissement, que l’employeur respecte son « obligation de sécurité de résultat », en équipant les Tours d’Encaissement du minimum de sécurité. Face à la non prise en compte de nos demandes légitimes, notre organisation syndicale a décidé de prendre les choses en main et à envoyer le 26/11/2013 au chef du Service Accueil-Encaissement avec copie à Directeur de la Société, un courrier de mise en demeure afin que les postes listés soient équipés des protections minimales sous 8 jours. C’est en raison de l’absence de résultat au bout de 10 jours que nous avons organisé le 05/12/2013 le Droit de Retrait du personnel affecté aux postes incriminés. Nous avons été reçus par le Directeur, M. Alexandre LIOT, qui a reconnu que le Droit de Retrait était fondé. Ce qui est une grande victoire pour les Caissiers(ères) qui ont enfin été entendus. Le personnel a repris le travail contre la promesse que les travaux seraient finalisés au plus tard le 17 décembre et que dès le vendredi 06 décembre à 10heures, des Vigiles seraient postés aux caisses les plus sensibles (Maroquinerie et Nouveautés) – promesse tenue . Au cours de la discussion avec la Direction les Caissiers (ères) ont fait part de leur mal être sur leur postes de travail et le mépris de la Direction de notre Service qui ne fait rien pour améliorer nos conditions de travail (froid, chaud, sono, etc.. ;), une caissière est même intervenue pour dire qu’une de ses collègue avait acheté un chauffage pour travailler dans de meilleures conditions sur son poste de travail… Cette action est bien la preuve que seule la lutte paie et que ce n’est pas dans les réunions à répétitions auxquelles nous participons qu’on obtient satisfaction… Caroline CORBET

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Le temps des cerises numéro 20

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Décembre 2013 / Janvier 2014 Sud Solidaires BHV/ mise en page : Alexandre BELDA

Le Temp s d e s Cer i s e s Adresse posta le : 55 rue de la verrer ie 75189 Par is cedex 04 Numéro 20

Journal résolument dérangeant du syndicat Sud Solidaires BHV

EDITO

« JOYEUX NOEL FELIX »

L’année 2013 se termine comme elle avait commencée, c’est-à-dire sous une avalanche de mauvais coups… On ne compte plus les fermetures d’entreprises, les plans de licenciements, les dégraissages d’effectifs, sans parler des augmentations constantes des impôts directs et indirects qui pressurisent encore davantage les salariés qui n’ont que leur force de travail à louer en échange d’un salaire (qui ne couvre même plus les besoins fondamentaux). Dans cette configuration sociale et économique l’activité commerciale du BHV peine à redémarrer, et que l’on ne cherche pas à coller sur le dos des salariés les mauvais résultats commerciaux, la crise économique mondiale touche toutes les catégories socio professionnelles c’est sans doute ce qui raréfie le client. Ce n’est donc pas l’augmentation des amplitudes d’ouvertures des magasins (fermetures de plus en plus tardives, jours fériés et dimanches) qui sauvera la pérennité des entreprises de commerce. La relance économique ne peut passer que par l’augmentation du pouvoir d’achat des populations !, ce n’est pas moi qui le dit, mais un grand ponte de fonctionnaire Européen particulièrement privilégié, vous savez celui qui perçoit sa retraite à taux plein à 50 ans avec seulement 15,5 années de travail pour une pension mensuelle qui équivaut à 10 fois la pension moyenne des retraités du secteur privé… Ce numéro 20 du «Temps des Cerises», est aussi l’occasion pour notre Camarade Alain HIMBERT, qui comme 70 de nos collègues a décidé de nous tirer sa révérence en

profitant du Plan de Départ Volontaire, de nous offrir son dernier texte sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur ; mais vous trouverez également des articles de réflexion de fond sur l’évolution de notre société, un compte-rendu de la dernière action des Caissiers(ères), un article d’actualité sur les Dimanches, ainsi qu’un article sur l’évolution de la jurisprudence concernant le personnel de Démonstration Fournisseur.

Bonne lecture et à l’année prochaine.

Sylvie NICOLIER DROIT DE RETRAIT

AU SERVICE ACCUEIL-ENCAISSEMENT

Le jeudi 05 décembre 2013 entre 15h et 16h45 quinze Caissiers(ères) ont exercé leur Droit de Retrait. Ces personnes étaient affectées aux Tours d’Encaissement des étages du magasin rénovés dernièrement (5ème étage, 3ème, 1er et Rez de Chaussée). En effet ces nouvelles tours d’Encaissement ne sont pas équipées des moyens de protection minimaux, tel que les portes, les vitres de protection et les téléphones… Depuis des mois, les élus SUD-SOLIDAIRES BHV réclamaient en vain

auprès des Instances Représentatives du Personnel (CHSCT, D.P.) et verbalement auprès de la Direction du Service Accueil-Encaissement, que l’employeur respecte son « obligation de sécurité de résultat », en équipant les Tours d’Encaissement du minimum de sécurité. Face à la non prise en compte de nos demandes légitimes, notre organisation syndicale a décidé de prendre les choses en main et à envoyer le 26/11/2013 au chef du Service Accueil-Encaissement avec copie à Directeur de la Société, un courrier de

mise en demeure afin que les postes listés soient équipés des protections minimales sous 8 jours. C’est en raison de l’absence de résultat au bout de 10 jours que nous avons organisé le 05/12/2013 le Droit de Retrait du personnel affecté aux postes incriminés. Nous avons été reçus par le Directeur, M. Alexandre LIOT, qui a reconnu que le Droit de Retrait était fondé. Ce qui est une grande victoire pour les Caissiers(ères) qui ont enfin été entendus. Le personnel a repris le travail contre la promesse que les travaux seraient finalisés au plus tard le 17 décembre et que dès le vendredi 06 décembre à 10heures, des Vigiles seraient

postés aux caisses les plus sensibles (Maroquinerie et Nouveautés) – promesse tenue. Au cours de la discussion avec la Direction les Caissiers (ères) ont fait part de leur mal être sur leur postes de travail et le mépris de la Direction de notre Service qui ne fait rien pour améliorer nos conditions de travail (froid, chaud, sono, etc.. ;), une caissière est même intervenue pour dire qu’une de ses collègue avait acheté un chauffage pour travailler dans de meilleures conditions sur son poste de travail… Cette action est bien la preuve que seule la lutte paie et que ce n’est pas dans les réunions à répétitions auxquelles nous participons qu’on obtient satisfaction… Caroline CORBET

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« NORMALISATION ? » Une après- midi d’automne ensoleillée, alors que je profitais de mon ¼ d’heure de liberté pour m’encaféiner et m’ennicotiner au 1 archives, j’écoutais la conversation de deux salariés (je sais c’est impoli, mais un militant bien informé est un militant armé…) Ils s’auto satisfaisaient de la montée du Front National dans les urnes et dans les sondages. Sans propos raciste ni xénophobe, ils disaient attendre avec espoir que ce parti « normal à leurs yeux » arrive au pouvoir pour améliorer leur quotidien. Interpellé par cette conversation, je me suis aussitôt « convoqué une tempête de cerveau » pour comprendre, comment un parti qui a dans son programme la préférence nationale, c'est-à-dire, réserver aux seuls natifs de l’hexagone certaines prestations sociales, comment ce parti peut-il être normal ? Il suffit de prendre les transports en commun tôt le matin, même très tôt, pour voir de quelle origine est la France qui travaille à son enrichissement. C’est à ceux qui se rendent sur les chantiers pour construire les demeures ou nous habitons, qui dans les usines fabriquent les objets que nous achetons, qui font les routes sur lesquelles nous roulons… C’est à ceux-là qu’il faudrait enlever des prestations sociales ? A eux qui ont quitté familles et amis pour venir travailler chez nous parce-que justement il y avait de tels droits. Droits que nos parents et grands parents ont établi par leur histoire leurs choix et bien souvent leurs luttes. Comment ces salariés BHV ne voient ils pas ceux qui toute la journée s’activent à embellir le magasin, à nettoyer les surfaces, et assurent la sécurité aux portes. Ce sont eux aussi qui par leur travail contribuent aux remboursements de nos frais de santé, aux paiements des retraites de nos ainés, aux Assedic des privés d’emploi, aux allocations pour nos enfants… A propos d’enfant, les fils et filles de ces étrangers établis sur le sol de France, ne sont-ils pas nos collègues et souvent nos amis ? Et les droits auxquels ces deux collègues semblent tenir, de quelle origine et de quelle nationalité sont ceux qui les défendent

au quotidien par l’action et l’engagement syndical ? Au Syndicat SUD SOLIDAIRES BHV, par exemple : Antillais descendants d’esclaves (Déjà des êtres humains sans droits qui ont enrichi la bourgeoisie française), Espagnol, Manouche (hé oui les Roms aussi se battent pour nos droits), Portugais, Tunisien, Sénégalais, Suisse (ou presque), il y a même un sang bleu, pas un schtroumpf, mais un rescapé de la révolution de 1789 (Robespierre n’a pas eu le temps de finir le travail). Sang bleu certes, mais Républicain et à l’âme Révolutionnaire… Et moi Gaulois fils de Gaulois et petit fils de… (je suis persuadé que par la conquête et la razzia je dois bien avoir des gênes Goths, Ostrogoths, Latins, Arabes, Bataves, Huns, Germains etc.), je suis fier de militer aux côtés de ces fils et filles d’étrangers. Trêve d’envolée lyrique, et pour finir un conseil a tous ceux que la « normalisation » du Front National séduit. Lisez leur programme et activer vos neurones avant de ne plus avoir de boulanger (Sic Fernand Raynaud).

Alain HIMBERT « VIVEMENT LE DIMANCHE ! » L’actualité sur l’augmentation des amplitudes d’ouvertures dans le commerce se conjugue au rythme des élections municipales. Pourtant, alors que certains politiciens renient leur promesse de campagne électorales et les engagements pris, la main sur le cœur, au lendemain des scrutins ; les patrons du Commerce n’hésitent pas à mettre en avant l’emploi, la pérennité des enseignes, voir à instrumentaliser leurs salariés pour que ceux-ci manifestent médiatiquement leur souhait de travailler tous les dimanches. A y regarder de près, le débat médiatique n’existe pas et la machine à sabrer les droits des travailleurs est en marche… Quand certains promettent « l’embauche de 1000 personnes…, le libre choix des horaires… le temps de travail négocié par les « Instances Représentatives du Personnel responsables »... Nous faisons le constat suivant : Depuis de nombreuses années, le nombre de salarié des grands magasins est en baisse constante, les plans sociaux se suivent dans toutes les enseignes pour des raisons de productivité et de baisse de chiffre

d’affaire. La politique d’emploi des Grands Magasins semble privilégier la Démonstration au détriment des salariés maison, les temps partiels, les contrats temporaires… A chaque augmentation d’amplitude, le personnel impacté doit adapter sa vie personnelle aux nouveaux horaires du magasin fragilisant davantage sa vie privée… L’ouverture de 5 dimanches par an payés doubles avec repos compensateur légal, suit la logique des offres promotionnelles aux clients toujours alléchantes ces jours là. Pour autant, Est-ce ce modèle qui s’étendra sur les 12 DIMANCHES d’ouvertures suggérés par le rapport BAILLY pour 2014 et les prochaines années ? Ne voyons-nous pas déjà se profiler un système compensatoire à double vitesse, selon la taille des enseignes pour respecter le principe d’équité au détriment du principe d’égalité ? La direction du BHV transformant l’enseigne en « BHV MARAIS » semble chercher le placement de l’établissement de Rivoli en zone touristique, pour quelles raisons ?, si ce n’est celles d’augmenter l’amplitude d’ouverture à moindre coût Le désengagement progressif des grands magasins sur l’univers de la Maison laisse présager une reconversion totale pour certains, avec des fermetures de magasins pour d’autres… La centralisation de l’offre commerciale sur l’Equipement de la Personne, telle qu’elle s’opère actuellement a-t’elle un avenir à moyen terme ?, L’abandon de notre clientèle traditionnelle au profit des touristes étrangers, censés avoir un pouvoir d’achat plus important, est-elle viable ?... Les effets d’annonce sur une relance de l’activité ne tiennent pas compte de la crise qui est loin de se résorber, la crise touche tout le monde, y compris notre clientèle dont le pouvoir d’achat est en baisse. Malgré tout, les Pouvoirs Publics préfèrent répondre aux attentes du Patronat qui ne cherche qu’à augmenter ses profits…, mais prenons garde à ne pas détruire la législation sur le repos dominical, car si aujourd’hui, ce sont les entreprises du Commerce qui sont dans la ligne de mire, demain ce sera toute l’activité humaine qui sera touchée. Alors continuons à nous battre pour sauver nos DIMANCHES. Jean-Claude BIGEL

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LA DEMONSTRATION FOURNISSEUR DANS LES

GRANDS MAGASINS EVOLUTION DE LA JURISPRUDENCE

Le personnel de Démonstration Fournisseur dans les Grands Magasins fait partie intégrante de la communauté de travail qui concoure à l'activité commerciale de l'enseigne. C'est une population de salariés souvent très nombreuse dans la collectivité du personnel de vente du Grand Magasin, ainsi au BHV Rivoli, les Démonstrateurs Fournisseurs représentent à eux seuls 58 % de la force de vente avec un total de 800 Démonstrateurs sur 600 Vendeurs en moyenne. Pour autant, le statut social de ce personnel au sein du magasin utilisateur à toujours été très fluctuant en fonction de la position de la jurisprudence sociale du moment. Car en effet, la difficulté naît d'une relation de travail atypique. Les Démonstrateurs sont liés par un contrat de travail avec les entreprises dont la marque est vendue dans l'enceinte des grands magasins. Le rapport juridique unit donc l'employeur et son salarié alors même que ce salarié est détaché auprès du grand magasin en permanence pour exécuter sa tâche commerciale qui consiste à vendre les produits de sa marque qui sont au moment de la vente, selon les contrats commerciaux, la propriété ou non du grand magasin. La construction de la jurisprudence concernant les Démonstrateurs Fournisseurs et leur statut au sein du magasin utilisateur a évoluée pas à pas consacrant avant la loi d'août 2008, la qualité de CO-Employeur du Grand Magasin. Cette jurisprudence abondante provient avant tout de notre enseigne, où la lutte de notre organisation syndicale a toujours été omniprésente pour faire reconnaitre la place des Démonstrateurs au sein de notre collectif de travail.

LA CONSTRUCTION PAS A PAS DE LA JURISPRUDENCE ANTERIEURE A LA LOI D’AOUT 2008 A l'origine, on trouve dans la Convention Collective des Grands Magasins de 1955, quelques clauses portant sur les Démonstrateurs. Ainsi, l'article 43b qui instaurait un collège à part pour l'élection de délégués représentant cette catégorie de personnel. En 1969, un protocole d'accord au niveau de la profession a créé au profit de ces représentants une obligation de reclassement à la charge de l'entreprise utilisatrice. Ensuite, une décision de la Cour de Cassation réunie en Assemblée Plénière en 1990 a opéré un revirement en décidant que dès lors que "Les Démonstrateurs sont intégrés dans la communauté de travail et comptés dans l'effectif de l'entreprise, ils sont électeurs et éligibles dans le collège des employés du Grand Magasin." L'article 43b de la convention collective qui instaurait un collège unique a été jugé à l'époque moins favorable que l'article L. 421-2 du Code du Travail (Cass. Ass. Plén., 6 juillet 1990, n° 89-60.581). C'est par un arrêt de Cassation Sociale du 19 janvier 1999, que la Cour de Cassation a affirmé pour la première fois que : "le grand magasin est co-employeur de la démonstratrice (en retenant) que la démonstratrice fait partie de l'effectif de l'entreprise utilisatrice et y est éligible comme représentant du personnel" (cf pourvoi n° 97-45.404, arrêt n° 334 P - BHV c/ Sophie DARRACQ). Par un arrêt du 30 avril 2003, la Cour de Cassation a reconnu aux Démonstrateurs Fournisseurs travaillant dans les grands magasins la qualité d'électeurs et d'éligibles au Comité d'Entreprise du magasin utilisateur. En l'espèce, le Grand Magasin (BHV) contestait la désignation d'une Démonstratrice Fournisseur en qualité de représentante syndicale au comité d'établissement sur le fondement de l'article L. 433-1 du Code du Travail qui exigeait à l'époque que

le représentant syndical au comité d'entreprise soit "choisi parmi les membres du personnel de l'entreprise" et surtout qu'il "remplisse les conditions d'éligibilité au comité d'entreprise fixées à l'article L. 433-5 du Code du Travail". Selon les termes de la réponse de la Cour de Cassation : "Les démonstrateurs étant intégrés dans la communauté des travailleurs salariés du BHV et dans l'entité du grand magasin, y sont électeurs et éligibles et en cette qualité peuvent être désignés représentants syndicaux au comité d'entreprise ». (Cass. Soc., 30 avril 2003, n° 01-60.841, n° 1286 FS-P+B) Selon cet arrêt, les salariés détachés sont intégrés dans la communauté des travailleurs ce qui justifie leur participation à la représentation collective de leurs intérêts. LE RETOUR EN ARRIERE OPERE PAR LA LOI DU 20 AOUT 2008 La Loi du 20 août 2008 a déterminé les prérogatives électorales des salariés mis à disposition dans l'entreprise utilisatrice, selon l’article L. 2314-18-1, alinéa 2 du Code du Travail « Les salariés mis à disposition (…) choisissent s’ils exercent leur droit de vote et de candidature dans l’entreprise qui les emploie ou l’entreprise utilisatrice », cet article restrictif a eu pour but de limiter le droit de vote de ce personnel qui devait faire le choix de l’entreprise pour voter et se présenter. l'article L. 2314-18-1 du Code du Travail prévoit que ces salariés peuvent, sous condition de durée de présence dans l'entreprise utilisatrice être électeurs (12 mois de présence) et éligibles (24 mois) aux élections des Délégués du Personnel ; l'article L. 2324-17-1 reconnaît aux salariés mis à disposition, sous condition de durée de présence (12 mois) dans l'entreprise utilisatrice, la seule faculté d'être électeur aux élections du Comité d'Entreprise. Cette loi de 2008 a créer un retour en arrière sur l'évolution de la

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jurisprudence concernant les Démonstrateurs dans les Grands Magasins notamment en créant un droit d’option de choix de vote dans le Grand Magasin ou leur entreprise, alors qu’auparavant ils pouvaient voter dans les deux entreprises. Cette loi a de même augmenter la présence dans l'entreprise utilisatrice pour pouvoir être électeur (12 mois au lieu des 3 mois pour les salariés du magasin et 24 mois au lieu des 12 mois pour l'éligibilité) et a de fait remis en cause la faculté pour les Démonstrateurs Fournisseurs d'être désignés en qualité de représentant de l'organisation au comité d'entreprise, et par là même d'être candidats et élus aux comités d'entreprises. LA REMISE EN L’ETAT DECOULANT DE L’ARRET DE LA COUR DE CASSATION DU 29 FEVRIER 2012 Fort heureusement, les dispositions de la loi du 20 août 2008 concernant les salariés mis à disposition vient d'être précisées au regard de l'ancienne jurisprudence par un arrêt de la Cour de Cassation du 29 février 2012. Ainsi selon cet arrêt, qui concernait une décision d'un Tribunal d'Instance qui avait annulé la désignation d'une Démonstratrice en qualité de représentante de la section syndicale UNSA au PRINTEMPS de Strasbourg, au motif que le représentant syndical doit être choisi parmi les membres du personnel de l'entreprise et que ni la Loi du 20/08/2008, rendant obsolète la jurisprudence antérieure sur la démonstration, ni la convention collective des Grands Magasins, ne prévoient la possibilité pour un salarié extérieur mis à disposition d'exercer des mandats syndicaux au sein de l'entreprise utilisatrice et que dès lors il convient de retenir que le représentant de la section syndicale doit appartenir au personnel de l'entreprise ou de l'établissement. L'arrêt de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation a cassé la décision du Tribunal d'Instance au

motif "qu'un salarié mis à disposition par une entreprise extérieure, qui travaille dans les locaux de l'entreprise utilisatrice depuis au moins un an, partageant ainsi des conditions de travail en partie communes susceptibles de générer des intérêts communs, est intégré de façon étroite et permanente à la communauté de travail de l'entreprise utilisatrice et peut y être désigné en qualité de représentant de section syndicale". Selon cet arrêt, les travailleurs mis à disposition d’une entreprise, qui, intégrés de façon étroite et permanente à la communauté de travail, remplissent les conditions pour être inclus dans le calcul des effectifs en application de l’article L. 1111-2 2° alinéa du Code du Travail, peuvent, à ce même titre, en l’absence de dispositions légales y faisant obstacle, être désignés représentants de la section syndicale au sein de cette entreprise. Cet arrêt vient donc de confirmer la jurisprudence antérieure à la Loi d'août 2008 et réactualise de fait la position de CO EMPLOYEUR des Grands Magasins pour le personnel de Démonstration Fournisseur y travaillant, mais il apporte davantage en leur offrant, comme avant, la possibilité d’être acteur de la vie sociale du Grand Magasin dans lequel ils travaillent, en leur redonnant tout simplement la possibilité de voter et d’être candidats aux élections professionnelles dudit Grand Magasin, avec les mêmes conditions d’ancienneté que les salariés du Grand Magasin. Ce n’est que justice !.

Sylvie NICOLIER HOMMAGES

Le Plan de Départs Volontaires BHV Rivoli qui nous prive de 71 collègues Vendeurs et Caissiers, a eu pour effet également de faire partir deux syndicalistes de notre organisation syndicale qui ont pendant des années contribués à la défense active des intérêts de la communauté de travail. Tout d’abord notre camarade Marie Christine SIMONETTI, Vendeuse au rayon Verre et Mousse, qui nous a quitté le 31 août dernier afin de

reprendre ses études commerciales. Nous saluons son investissement de tous les instants, et notamment sa contribution au Comité d’Hygiène de Santé et de Sécurité au Travail (CHSCT). Notre Camarade Alain HIMBERT, Vendeur au rayon Papeterie, délégué syndical sud solidaires nous a également quitté le 12 octobre dernier. Son travail au sein de notre organisation représentait une somme énorme puisque même le directeur des ressources humaines en soulignait l’importance. Faut dire que les coups de gueule d’Alain via le mégaphone les jours de grandes messes syndicales (grèves et Assemblées Générales) sont restés gravés à jamais dans nos mémoires. Souvenez-vous : c’est lui qui lors de la mobilisation des escalators par les grévistes, donna pour consigne de décliner tous la même identité à l’huissier de justice pour son constat, Tous les hommes devaient s’appeler Alain HIMBERT et les femmes Sylvie NICOLIER… Merci donc à vous deux, idéalistes et acteurs du monde social, vous resterez irremplaçables en tant qu’humain. Mais fort heureusement le Syndicat SUD-SOLIDAIRES BHV a préparé la relève, eh oui, de nouveaux camarades prendrons des responsabilités l’année prochaine. Gageons qu’ils sauront eux aussi défendre les intérêts de la collectivité tout en se défiant des autres organisations syndicales toujours aussi promptes à s’unir contre SUD-SOLIDAIRES BHV pour la plus grande joie du patron…tant il est vrai que l’unité syndicale contre les salariés c’est plus facile à organiser que pour contrer les projets néfastes du patronat, car malheureusement cela se passe toujours comme ça au BHV, et même jusqu’au au fond du Marais ! Enfin, espérons que la représentante CFTC élue dernièrement au CHSCT en lieu et place de Marie-Christine SIMONETTI saura prendre la dimension de sa nouvelle mission : veiller à préserver la santé physique et psychologique des salariés, tant il est vrai que c’est bien au pied du mur que l’on voit le maçon…

François Le Menuet

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Ailleurs comme ici au BHV… C’estunetrèsgrandecolère,plusseulementcelled’unemployémaiscelled’unparisienetcelled’uncitoyen.Parcequ’onneparlepluslàdeladégradationdelavied’unindividudanslemondedutravailetdufaitdesontravail,maisduchangementque,sansriendire,lesdirigeantséconomiquesetpolitiquesfontpournous.

Celan’appellequ’àuneréponsecollectiveparcequenousn‘avonspasdonnénotreaccordetque,quandnousnoussommesexprimésparlevotedémocratique,nousn’avonspeut‐êtrepasvotépourcemodèledesociété!Certainsd’entrenouscroientencorequenotremodèledesociétéhumaineestunmodèlebasésur laparticipationdans lasociétépar letravailet quelemoteurenest laconsommation.Maisàcreuser le fosséentre lesrevenusetamoindrir l’accessibilité à un travail payé dignement, cette société se prive de son moteur national, si elle veutcontinuerà fonctionnersur lemêmemodèle.Maiselleest incapablede leremettreenquestionetnepeuxtrouvercommesolutionquelafuiteéperduedanslevide.C’est lacourseauDumpinggénéraliséetpasquesocialquinousentrainebeaucoupplusloinquenousnelecroyons.

Notreétatneserétribuantquepar laponction, leszonesd’argentontdéjàcommencédepuisdesannéesàsefaireattribuer des paradis fiscaux. Seul le travail restera, mais les salaires ayant été minimes, c’est tout le modèle desociété égalitaire et généreuse pour laquelle les générations précédentes ont sué et lutté qui s’effondre.Désengagementdel’Etatdansleterritoirenationalquiconduitdeplusenplusàunmodèleuniquementurbainetàladésertificationdeszonesrurales.Là,ilyademoinsenmoinsdetravail,demoinsenmoinsdeservices,demoinsenmoins de transport, de structures du Service public, dont la notionmême disparaît tout aussi vite partout. Là nepourront y résider pour un temps que les personnes jeunes avec suffisamment de moyens pour y vivre et s’ydéplacer.Lesautresserontrejetésdanslesnoman’slandsurbains.NoussavonscequelaDroiteveut.NoussommestrahisparnosdirigeantsdeGauche:àtropvouloirlaflexibilité,c’estl’écartèlement qu’ils nous proposent maintenant! Nous travaillons dans Paris. Nous pouvons voir chaque jour lagestiondenotreMaire,etdecellequiveutluisuccéder.Cequiestdéjàenroute,c’estlehold‐updenotreespacedontnos dirigeants ont pris le parti de nous spolier d’une partie pour le rentabiliser ou que d’autres en tirent desbénéfices.L’espacedenotrevilleetl’espacedenotrevie.Aunomdequellemaximenationaledevrions‐nousêtreprivésdenosdimanches,denossoiréesetdenosdroits?!D’avoirunevieautrequecelledutravail?Misàpartlesacerdoce,quelmétiersuppose‐t‐illerenoncementàl’égalitédeparticiperaveclesmêmesdroitsànotresociététellequ’elleestorganisée?!Sur les bansde l’école, c’est ces troismotsqui nousont été enseignés: LIBERTEEGALITEFRATERNITE. Pourtantl’inégalitéestbienlà:nousn’avonspaslechoixdenepasêtrelàpourservirdesgensquiontlapossibilitédevivredanslasociétéàlaquellenousvoudrionsencoreappartenirdepleinpied.CestroismotsauxfrontonsdenotreRépublique,sinousnousneréveillonspasmaintenant,onvalesgommerpournous.Nousneseronsdéfinitivementpluslibres,nousneserontplusdutoutégauxetnousneseronsentoutcasplusfrères!Estcequ’estcemondelàdanslequelvousquilisezvoulezfinirvosjours?Estcequec’estdanscemonde‐làdeservagequevousvoulezfairevivrevosenfants?Onnousamieuxvantépendantdesdécennieslesméritesdel’individualitéquepournousenfermerdansuneprisondesolitudeàladimensiondechacun.L’airquevousrespirezvouslepartagezavecvotrevoisin,l’horizonquevousvoyez,lafamilled’à‐côtévoitlemême.Sivousélevezlavoix,etqu’unepersonneplusloinl’élève,ilyauradeuxvoix,etlesvoixfontunefoule.Lesfoulesfontun peuple. Les peuples une humanité qui souhaite pour ses enfants un monde meilleur et peut être digne etrespectueux.Cela,certainsontdécidédelegommer.Degommerdesterresoùvivre,degommerdesairsàrespirer,desculturesàexister,desviesàvivre,deslibertésdontprofiter, desdignitésàgarder,desréflexionsàbâtir,deschoixàfaire, lapossibilitédedireNON.Nonpourunegrandechoseetnonpourunepetitechose.

Le temps des cerises numéro 20

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Onnousaapprislasurvieduroseauquisepliaitalorsquelechênecassaitsouslatempête.Quevautleroseauquandc’estsaterrequipart?Cesontlesracinesquiretiennentlaterre.C’estsimplementunefibreavecunefibrequiretientuneparticulequitientuneparticule.Etc’estuneplantequifaitreculerledésert.Moi,toi,vousc’estdéjànous.Etc’estavantquecelanesoittroptard,qu’onnousaitforcésàaccepterdenousfairetoutvoler,qu’ilfautquenousnousréveillions!C’estànoussyndicalistesdedire,quecequenousvivonsentantqu’employésenpetitdansnotreentreprise,c’estlamêmechosequenousvivonscommecitoyenstouslesjoursdenotrevie.Etquetoutcommenousnenousrésignonspasàl’accepterici,nousn’acceptonspasdelesubirailleursparcequecelaprocèdededelamêmelogique!Cenesontpasdeuxchosesdifférentes.Cen’estpas«cequivousarriveàvousestdifférentdecequim’arriveàmoi», ilnousarriveàtouslesdeuxlamêmechose.Ilnefautpascroirequequelquesunss’ensortirontmieuxquelesautres:cen’estpassurlaterrequ’ilsmarchentmaisdansuncharnier.Si le monde qui se profile plait à certains, qu’ils y vivent! Mais que ceux qu’il rebute sachent qu’à s’unir ils sedonnerontpeutêtrelechoixdenepasyvivreetdenepasletransmettreànosenfants.Le vrai travail de nos gestionnaires politiques est de nous faire croire que nous n’avons le choix qu’entre deuxpossibles.Notre liberté a été confisquée lorsque lesdirigeantsquenousavions choisipourbâtirnotre sociétéontsuivid’autresvoix.Levéritéduchoixestderefusermaintenantceluidefairecelui‐làmêmequ’onnouspropose.Lapolitique n’est pas l’exercice du pouvoir, c’est l’organisation de la société. En notre âme et conscience de citoyen,sommes‐nousprêtsàrenonceràlapossibilitédenousexprimerdirectementetd’acheverd’abandonnernotrevoixetnotrelibertéauprofitdequelquesdécideurs?Deleurlaisserlapossibilitédechoisirpournousennousprivantenpremier ce qui fait l’homme: le libre‐arbitre et ce qu’il faut d’idées en prendre conscience et l’exercer? C’est parl’expressiondelavolontédenotremassequ’ilnousfautmontreràceuxquenouschoisissonsoùnousvoulonsaller.Ledésespoirn’estpasderenoncermaisd’êtrearrivéàcroirequ’ilfautrenoncer.Tous, sur le point de partir en retraite, en cours de carrière, nouveau ou étudiant, vous avez suffisamment demémoirepour vous rappelerd’avoir vécu et entenduparlerde tempsmeilleurs. Aujourd’hui, sansdoutepour lapremièrefoisdansl’histoirehumaine,nousn’espéronspasquelefuturetlefuturdeceuxquiviendrontaprèsnousserameilleur.Nousespéronsqu’ilnesoitpaspire.Etpasàlahauteurdenoscauchemars.L’erreur fatale est d’accepter de croire que la vie renait toujours des catastrophes et qu’il faudra accepter qu’unmonde s’écroule pour qu’un monde meilleur se relève. La vérité est qu’à chaque fois que la vie s’est éteinte demanièremassivesurnotreplanète,lespossibilitésquiensontsortiesonttoujoursétédemoinsenmoinsvariées.Alorssi,ennous, ilya lacertitudequenotremondeadubon,quenos idéauxhumainspardelànosculturessontjustes,ilestencoretempsdelesdéfendre.Soitnoustenonsnotrepositionpournousdonnerlapossibilitédefaireunpasenavant.Soitnousreculonsetnousperdronstout.Auplusprofonddevousmême,préférez‐vousvivredansunmondedirigéparleshommesouuneviedictéeparleurschoses?Avoirunecertainelibertéetêtrecapabledevousvousregardervraimentquandviendralemomentoùvouscontemplerezcequevousavezfaitdevotrevieousavoirquevousmourrezenayantbaissé le regardet faitbaisser le regardauxautres?Cemomentviendrapour chacund’entrenous.Chacunde nosmoindres gestes et chacune de nos paroles insignifiantes sont un choix. Qui engage définitivementnotre personne et la partie de la communauté que nous sommes. Il n’y a pas d’échappatoire, nous sommes touscoincéssurlamêmeTerre,dépendantslesunsdesautres.Parcequ'iln'yaquedespremierspasaprèschaquepremierpas,quelefuturimmédiatenmoisetannéesdansnosvies..CommençonsàbougerpourletravailquiassurenosviesicietmaintenantauBHV…