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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire Extrait du Acrimed | Action Critique Médias http://www.acrimed.org/Le-traitement-mediatique-du-8-mars-le-meilleur-du-pire Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire - L'information - Société - Sexisme et journalisme - Date de mise en ligne : mardi 15 mars 2016 Description : Entre sujets anecdotiques et reconduction des travers sexistes ordinaires... Copyright © Acrimed | Action Critique Médias - Tous droits réservés Copyright © Acrimed | Action Critique Médias Page 1/10

Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire...Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire 20 Minutes - 11 mars 2016 La Voix du Nord - 08 mars 2016 Les anecdotes

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Extrait du Acrimed | Action Critique Médias

http://www.acrimed.org/Le-traitement-mediatique-du-8-mars-le-meilleur-du-pire

Le traitement médiatique du 8

mars : le meilleur du pire- L'information - Société - Sexisme et journalisme -

Date de mise en ligne : mardi 15 mars 2016

Description :

Entre sujets anecdotiques et reconduction des travers sexistes ordinaires...

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Comme tous les ans, la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, qui sedéroule le 8 mars, a donné lieu à de nombreuses prouesses journalistiques. Alors que cetteJournée devrait permettre de médiatiser les problématiques liées aux femmes et à leursdroits, elle fournit souvent le prétexte à « faire du clic » avec des sujets anecdotiques. Etdonne même - un comble ! - l'occasion de reconduire les travers du sexisme médiatiqueordinaire. On a relevé le meilleur du pire.

Le 8 mars, « Journée de la femme »

Plusieurs dénominations coexistent pour désigner le 8 mars. L'ONU parle de « Journée internationale de la femme »,le gouvernement français de « Journée internationale des droits de la femme ». Les militantes et militants préfèrentparler de « Journée internationale de lutte pour les droits des femmes ». En effet, si certains droits sont acquis,beaucoup restent à l'être ou à être mis en pratique.

Dans de nombreux médias, cependant, ces appellations plus ou moins officielles sont souvent délaissées au profitdu plus simple « Journée de la femme ». Cette expression, qui essentialise le genre féminin par le singulier du terme« femmes », tend à occulter que cette Journée n'a pas pour vocation de célébrer « la Femme », mais bien demédiatiser les droits des femmes, conquis et à conquérir. C'est donc un enjeu politique que le terme utilisé, enjeudont manifestement beaucoup de médias n'ont pas connaissance ou ne tiennent pas compte.

La Dépêche - 11 mars 2016

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

20 Minutes - 11 mars 2016

La Voix du Nord - 08 mars 2016

Les anecdotes plutôt que les vraies questions

Pourquoi parler des violences conjugales, des écarts de salaires, de la culture du viol, du harcèlement de rue, desdifférences d'éducation entre jeunes filles et jeunes garçons, quand on peut... ne parler de rien ?

Par exemple, Le Point parfait notre culture musicale en nous proposant une playlist « Girl Power ». Cettecompilation, qui aurait pu permettre de porter les revendications de certaines artistes féministes à travers desmorceaux engagés, se contente finalement de nous apprendre que le titre It's Oh so quiet de Bjork avait révélé aumonde qu'elle était... amoureuse.

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Le Point - 08 mars 2016

Musique toujours, avec la rubrique « Culture » du Figaro qui met en avant l'opération marketing de Spotify àl'occasion du 8 mars :

Le Figaro - 08 mars 2016

Une autre façon, plus subtile, de parler de cette Journée sans en parler, est de s'interroger sur le bien-fondé de sonexistence. Ce que font à merveille Le Parisien, RTL ou Europe 1. Le Parisien d'abord, avec l'inévitable recours à lascience sondagière :

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Le Parisien - 07 mars 2016

RTL ensuite, avec cette question pleine de bon « sens » :

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

RTL - 08 mars 2016

Quant à Europe 1, deux émissions ont été consacrées à la Journée internationale de lutte pour les droits desfemmes ce 8 mars. La première est celle de Jean-Marc Morandini, dont l'intitulé se passe de commentaires : « Êtreféministe en France en 2016 : À quoi cela sert-il encore ? » On signalera en revanche la présence, pour répondre àcette question, de l'omniprésente Sophie de Menthon, qui commence par répondre « non » à la première questionqu'on lui pose : « Êtes-vous féministe ? ». Sophie de Menthon s'était signalée par son analyse de « l'affaire DSK »,se demandant sur RMC « si c'est pas ce qui était arrivé de mieux » à Nafissatou Diallo [1]. Elle s'était également faitremarquer par sa façon toute personnelle de saluer la Semaine de lutte contre le harcèlement :

Bref, une personnalité dont la voix aurait cruellement manqué en ce 8 mars. Quelques heures plus tard, l'émissionde Marion Ruggieri « Il n'y en a pas deux comme elle » pose quant à elle cette question : « A-t-on encore besoind'une Journée de la femme ? » Mais rassurons-nous : cette question est « ironique », précise-t-elle au cours del'émission.

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Mais où sont les militantes ?

Peu de titres reviennent sur les manifestations des 6 et 8 mars qui ont réuni des militantes et militants pour les droitsdes femmes. En revanche, l'initiative « Mettez du rouge » qui suggère aux hommes de mettre du rouge à lèvre pourlutter contre les violences faites aux femmes, trouve un écho certain :

Le Parisien - 06 mars 2016

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Ouest-France - 08 mars 2016

TF1 - 08 mars 2016 Le but de l'initiative est louable mais le procédé est au mieux maladroit - l'utilisation de rouge à lèvre pourreprésenter les femmes posant de sérieux problèmes... Et en tout état de cause, il est regrettable que l'action la plusmédiatisée soit celle qui met en avant des hommes, une fois de plus.

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

Ou le sujet est... tout simplement absent

Une consultation du portail de Google News, le 8 mars, ne donne pas trace de la Journée de lutte pour les droits desfemmes. Certes, cette page est le produit d'algorithmes et non d'une démarche éditoriale - cette absence n'endemeure pas moins le signe que cette Journée semble avoir moins retenu l'attention des journalistes que le procèsdu « dentiste de l'horreur » ou le recul du jambon-beurre face au burger.

***

Il y a quatre ans déjà, nous relevions l'interview sexiste réalisée par Ariane Massenet pour « Le Grand Journal » àl'occasion du 8 mars 2012 ; aujourd'hui nos observations montrent que cette Journée n'est définitivement pas priseau sérieux par bon nombre de médias. Si comme le suggère innocemment Le Parisien, on peut s'interroger surl'efficacité de cette Journée pour faire progresser les droits des femmes, il faut bien constater que le traitementmédiatique qui lui est réservé n'oeuvre pas beaucoup en ce sens.

Emma Hugauld (grâce à une observation collective)

P.-S. - Ayons une pensée pour le grand féministe Claude Askolovitch et sa fulgurance du jour :

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Le traitement médiatique du 8 mars : le meilleur du pire

[1] Propos - avec d'autres - à la suite desquels RMC avait été mis en demeure par le CSA « compte tenu des propos injurieux, misogynes,

attentatoires à la dignité de la personne et à connotation raciste qui ont été proférés lors de l'émission du 21 janvier 2013 dite "Les grandes

gueules" ».

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