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Le Tsyng-Chen Première phase La première phase de l’attitude Tsyng-Chen est bien connue de la psychologie occidentale qui l’utilise dans le traitement de certaines névroses. Elle est dans le cas de timidité pathologique notamment, d’une efficacité incontestable. Le bouddhisme orthodoxe fait, en ces termes, l’éloge du Satipatthana, procédé apparenté au Tsyng-Chen : « Celui, O moines, qui, durant non pas sept années, ni sept mois, mais sept jours, pratiquera le Satipatthana-Sutta – celui-là atteindra le Nibbana (Nirvana)…. » Dans le détail, Satipatthana-Sutta et Tsyng-Chen diffèrent assez notablement. Cependant l’idée de base est la même. Il s’agit dans les deux cas d’acquérir plus de conscience. Mais cette acquisition n’est pas dirigée vers le même but. Cela tient au fait que les fondateurs du bouddhisme et de la technique du Tao étaient des hommes supérieurs certes, mais de psychismes différents, presque opposés même ; le Bouddha était pessimiste et introverti, mais les Pères du tao était au contraire extravertis et optimiste. Pour en terminer avec les ressemblances et dissemblances existant entre le Satipatthana-Sutra et le Tsyng-Chen, nous dirons encore ceci : le but du procédé bouddhiste est d’amener l’homme à constater l’impermanence de toute chose. Nous ne contestons pas la réalité de cette impermanence : nous prétendons rendre permanent ce qui ne l’est pas. Permanence et impermanence n’existent que relativement à la pensée en ce qui concerne le devenir humain. C’est pour cela que le but du Tsyng-Chen est, avant tout, d’obtenir la maîtrise de la pensée. Mais on peut dire aussi que la pratique de cette première phase du Tsyng-Chen provoque déjà un réveil partiel. Voilà comment procéder : Vous vous éveillez. Après un flottement de l’esprit plus ou moins long, vous vous souvenez qu’il vous faut adopter, dès le réveil, l’attitude Tsyng-Chen. Vous prenez tout d’abord conscience de la position de votre corps, lequel est, pour le moment, allongé. Vous vous levez, en fixant votre attention sur chacun de vos mouvements et, dans la mesure du possible, sur l’attitude générale de votre corps, respiration comprise. Durant votre toilette maintenez cette attention : vous vous rendrez compte du fait qu’un nombre important de vos actions habituelles est le fruit pur et simple de l’automatisme, surtout, ne tentez pas de MAITRISER cet automatisme. Contentez-vous de le surveiller comme vous surveillez vos gestes volontaires. La première phase du Tsyng-Chen n’est rien d’autres que cela : prendre conscience de ses propres gestes et attitudes physiques. Il faut dans ce début de formation, que vous soyez DANS ce que vous faites et nulle part ailleurs. Ne vous complaisez pas dans les évocations d’un passé révolu ou d’un futur possible. Dès que vous vous égarez dans des considérations sur le Futur ou le passé, reportez, aussitôt que vous le pourrez, votre attention sur le comportement de votre être physique. Notez bien ceci : dans certaines circonstances, nées de la vie actuelle, le Tsyng-Chen n’a pas sa place. Par exemple, si vous conduisez un véhicule automobile, vous ne devez pas essayer de garder une conscience volontaire de vos gestes. Deuxième phase La deuxième phase du Tsyng-Chen n’est qu’une extension de la première. Elle intéresse trois de nos principales activités : la respiration, la nutrition et l’élocution. De la Respiration

Le Tsyng Tchen

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Méthode Taoïste de conscience permanente

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Le Tsyng-ChenPremire phaseLa premire phase de lattitude Tsyng-Chen est bien connue de la psychologie occidentale qui lutilise dans le traitement de certaines nvroses. Elle est dans le cas de timidit pathologique notamment, dune efficacit incontestable. Le bouddhisme orthodoxe fait, en ces termes, lloge du Satipatthana, procd apparent au Tsyng-Chen : Celui, O moines, qui, durant non pas sept annes, ni sept mois, mais sept jours, pratiquera le Satipatthana-Sutta celui-l atteindra le Nibbana (Nirvana). Dans le dtail, Satipatthana-Sutta et Tsyng-Chen diffrent assez notablement. Cependant lide de base est la mme. Il sagit dans les deux cas dacqurir plus de conscience. Mais cette acquisition nest pas dirige vers le mme but. Cela tient au fait que les fondateurs du bouddhisme et de la technique du Tao taient des hommes suprieurs certes, mais de psychismes diffrents, presque opposs mme; le Bouddha tait pessimiste et introverti, mais les Pres du tao tait au contraire extravertis et optimiste. Pour en terminer avec les ressemblances et dissemblances existant entre le Satipatthana-Sutra et le Tsyng-Chen, nous dirons encore ceci : le but du procd bouddhiste est damener lhomme constater limpermanence de toute chose. Nous ne contestons pas la ralit de cette impermanence : nous prtendons rendre permanent ce qui ne lest pas. Permanence et impermanence nexistent que relativement la pense en ce qui concerne le devenir humain. Cest pour cela que le but du Tsyng-Chen est, avant tout, dobtenir la matrise de la pense. Mais on peut dire aussi que la pratique de cette premire phase du Tsyng-Chen provoque dj un rveil partiel. Voil comment procder:Vous vous veillez. Aprs un flottement de lesprit plus ou moins long, vous vous souvenez quil vous faut adopter, ds le rveil, lattitude Tsyng-Chen. Vous prenez tout dabord conscience de la position de votre corps, lequel est, pour le moment, allong. Vous vous levez, en fixant votre attention sur chacun de vos mouvements et, dans la mesure du possible, sur lattitude gnrale de votre corps, respiration comprise. Durant votre toilette maintenez cette attention : vous vous rendrez compte du fait quun nombre important de vos actions habituelles est le fruit pur et simple de lautomatisme, surtout, ne tentez pas de MAITRISER cet automatisme. Contentez-vous de le surveiller comme vous surveillez vos gestes volontaires. La premire phase du Tsyng-Chen nest rien dautres que cela : prendre conscience de ses propres gestes et attitudes physiques. Il faut dans ce dbut de formation, que vous soyez DANS ce que vous faites et nulle part ailleurs. Ne vous complaisez pas dans les vocations dun pass rvolu ou dun futur possible. Ds que vous vous garez dans des considrations sur le Futur ou le pass, reportez, aussitt que vous le pourrez, votre attention sur le comportement de votre tre physique. Notez bien ceci : dans certaines circonstances, nes de la vie actuelle, le Tsyng-Chen na pas sa place. Par exemple, si vous conduisez un vhicule automobile, vous ne devez pas essayer de garder une conscience volontaire de vos gestes. Deuxime phaseLa deuxime phase du Tsyng-Chen nest quune extension de la premire. Elle intresse trois de nos principales activits : la respiration, la nutrition et llocution.De la RespirationEn ce dbut de formation et dans le cadre du Tsyn-Chen, nous vous demandons ceci : lorsque, ayant pris lattitude dobservation de vos gestes et positions corporels, votre attention se portera vers la fonction respiratoire, veillez de temps autre, bien vider vos poumons. Ne croyez pas devoir expirer fond aprs chaque inspiration : le mieux est lennemi du bien. Ne systmatisez pas non plus en dcidant, par exemple, que vous chasserez toute traces dair vici de votre poitrine une respiration sur trois. Cela irait lencontre du but en cristallisant votre attention sur le seul aspect respiratoire. Simplement agissez ainsi de temps en temps, au gr de votre fantaisie. Nous allons maintenant, toujours dans le cadre du Tsyng- Chen, aborder la question alimentaire. Cest l un problme important car ,dans une certaine mesure : la digestion fait lhommeNutritionNous ne donnerons aucun conseil en ce qui concerne le rgime alimentaire proprement dit, estimant que nos adhrents sont, au dpart, assez adultes pour savoir eux-mmes ce qui leur convient. Par contre, en ce qui concerne lacte de nutrition lui-mme, nous avons quelque chose dire.Il existe une mthode de manducation- le fletchrisme- qui insiste sur la ncessit de mcher longuement, trs longuement ses aliments. Ainsi rduits en pulpe, ces derniers se digrent aisment et lestomac na quun effort minime fournir. Faites-le suivant ltat de votre estomac. Mais en tous les cas- cest l que nous retrouvons le Tsyng-Chen- ayez conscience du fait que vous mangez. Ne mangez jamais distraitement. Laction de se nourrir est tenue pour religieuse en Extrme-Orient. Nous subsistons parce que nous respirons et parce que nous mangeons. Chaque bouche ingre est un acte positif qui affirme notre appartenance lEtre, la Vie. Soyez donc conscients en mangeant. Ne jouez pas lermite renfrogn en mangeant en silence, loin des bruits, des conversations. Mais vitez de vous laisser entraner dans une conversation oiseuse et suivie. Approuvez de temps autre, dun signe de tte dont vous auriez conscience, et pensez ce que vous faites : vous mangez. Soyez dans cette action, pleinement. Dites-vous simplement : je suis un tre humain qui se nourrit, rien dautre. Naccordez dans la mesure du possible, aucune attention ce qui nest pas votre acte. Si le poste de tlvision ou de radio svit prs de vous pendant le repas, regardez votre assiette. Quant aux bruits que percevront malgr tout, vos oreilles, ils sont sans importance tant que vous cherchez maintenir la conscience de vos gestes.LElocutionSi vous avez, comme nous vous le demandions, essay, non de diriger mais de surveiller les gestes et les positions de votre corps, vous avez d prouver de srieuses difficults maintenir cette surveillance chaque fois quil vous a fallu adresser la parole quelquun. Et mme, il y a gros parier qu ce moment-l vous avez compltement perdu le fil de votre observation. Et bien, si vous commencez, en dehors de toute conversation, pouvoir maintenir assez longtemps cette surveillance sans trop de dfaillances, il vous faut maintenant vous exercer la maintenir aussi tandis que vous parlez. Essayez dagir ainsi, tout au moins au dbut de toute conversation engage. Tentez, dans la mesure du possible, de conserver la conscience, sinon de vos gestes, du moins de toutes les postures de votre corps. Certes, les premiers temps, les personnes auxquelles vous parlez vous trouveront quelque chose de bizarre, de contract mais vous ne devez pas vous laisser arrter par ce dtail.Si vous vous contentiez de pratiquer le Tsyng-Chen et compte tenu des innombrables checs que vous essuierez au cours de cette pratique- nous seriez dj assur de vous trouver, dans trois mois environ, en possession dun caractre totalement et heureusement transform. Le Tsyng suffit donner en peu de semaines, une assurance, une matrise de soi. Surtout, un sentiment de cohsion, dunit dtre qui sinstalle et fait disparatre jamais angoisse et timidit.

TSYNG-CHEN INTEGRALDans notre prcdent texte, nous avions demand aux adeptes de pratiquer le Tsyng-Chen durant une heure par jour. Maintenant, nous leur demandons de rduire cette dure QUATRE sancesde chacune UNEminute, mais en pratiquant un Tsyng-Chenintgralcest dire : Durant la minute que dure lexercice, prenez connaissance de chacun de vos gestes et ,EN MEME TEMPS, prenez par tous vos sens, conscience des attitude set mouvements de votre corps, essayez de percevoir aussi nettement que possible tous les bruits qui parviennent vos oreilles, de voirrellementet non pas vaguement toutes les images quenregistre vos regards, de ressentir ventuellement le souffle du vent sur votre visage et sur vos mains, etc. En un mot, nous vous demandons, durant quatre fois une minute chaque jour, dutiliser plein vos sens, tous vos sens-de les exacerber mme. Il est vident que, durant cet exercice, vous ne pourrez plus penser consciemment quoi que ce soit dautre que ce que vous faites. Si quelque chose pouvait encore penser en vous ce qui nest pas votre activit ou vos perceptions physiques, ce quelque chose serait votre Inconscient. Or votre Inconscient possde au bas mot, dix fois la puissance rflective de votre Conscient. LInconscient de tout tre humain est gnial. Cest sur cette donne que nous comptons vous faire assimiler ce quest lEveil.Voici ce qucrit un homme qui pratique cet exercice pour la premire fois mais qui, particulirement dou sur le plan psychique, a saisi intuitivement ltranget de cet exercice : Cela ne fait aucun doute, ( crit Monsieur J . T, de Nantes ) le Tsyng-Chen est fatiguant. Curieusement fatiguant. Mais ces 4 minutes en 24 heures sont comme des bains o je sors de quelque chose. Cest bizarre comme, pendant lexcution de cet exercice, on a limpression de voir les objets, les choses les plus banales, pour la premire fois . On a pas limpression de les dcouvrir, non ! Mais ils prennent un autre sens Lequel je ne peux le dfinir. Ah ! que les mots sont imparfaits et combien je traduis mal ce que je ressens. Cest cela et ce nest pas cela Mais je suis sr que vous comprendrez au moins une partie de mon bredouillage Nous comprenons TOUT et non une partie de ce que nous crit M. T . .. Et ce nest pas un bredouillage mais une traduction aussi parfaite quil est possible de ltat ressenti tant donne, comme le remarque notre correspondant, linsuffisance des mots.Lorsque le Tsyng-chen commence prendre place dans les habitudes de vie, que se passe t il? Le caractre dtranget ne sattnue pas, bien au contraire, mais une sensation deuphorie apparat trs vite, qui donne lexercice quelque chose dexaltant. Techniquement parlant, les sensations prouves se situent mi-chemin entre celles ressenties lors du Samadhi Yoguique et celles accompagnant le bersek nordique, mais sans les manifestations agressives habituelles lorsque apparat le bersek. Par lui-mme, le Tsyng-Chen intgral se rapprocherait davantage du bersek que du Samadhi car il est (par lui-mme, nous insistons ) tat de ltre et non connaissance.Le Tsyng-chen intgral consiste, pendant un laps de temps dont la dure na aucune importance mais que nous avons valu une minute pour fixer un chiffre, prendre conscience de TOUT ce dont il nous est possible de prendre conscience. Ce TOUT englobe : nos gestes ordinairement conscients (du moins en principe ) comme par exemple le geste dallumer un cigarette. nos gestes habituellement inconscients : les pas que nous faisons machinalement . Nos rflexes : respiration battement des paupires les attitudes que nous prenons. Nos penses. Nos sensations : il fait chaud il fait froid je sens le vent sur mon piderme une odeur frappe mes narines le ressens une dmangeaison tel endroit de mon corps. Ce que nous voyons (durant lexercice la vue ne doit pas se concentrer sur quoi que ce soit mais au contraire flotter autour de nous sans sarrter sur aucun dtail particulier. Il en est de mme pour loue : nous devons essayer detoutentendre sans essayer de retenir quoi que ce soit de prcis . ). Bref, nous devons utiliser plein rgime TOUS nos sens la fois et tre aussi CONSCIENT que possible de ce que peroivent ces sensNous vous demandons, en autre, durant le Tsyng-Chen intgral, de surveiller vos penses Mais, songez-y : si vous pratiquez lexercice correctement, vos penses, toutes vos penses seront fixes sur le travail de surveillance que nous vous demandons de faire. Il ne restera en vous rien deconscientqui puisse, proprement parler, continuer soccuper de spculations ou de cogitations. Cependant, quelque chose prendra, en quelque sorte, la relve, et pensera en vous tandis que votre pense consciente sera occupe par la surveillance de votre activit sensorielle : votre moi inconscient. Et, ainsi, pendant une minute approximativement, TOUTES vos facults seront en action en mme temps, ce qui, dans la vie ordinaire, ne se produit JAMAIS .Lhomme au dire des neurologues affirmation laquelle nous souscrivons pleinement nutilise consciemmentquun DIXIEME de ces facultsTout cela est bien beau, direz-vous peut-tre, mais, dans la pratique, cela me servira quoi? Toute personne qui a commenc pratiquer le Tsyng-Chen intgralde la bonne faon, na pas besoin, pour continuer cette pratique, quon lui donne des raisons. Elle continuera delle-mme car la sensationrelle daugmentation de force (mme physique ) et de lucidit quelle a prouv durant cet exercice bien fait cest dire avec le maximum dintensit, est en soi mme une rcompense qui lincitera persvrer.Le Tsyng-Chen intgral pratiqu dans un but parapsychologiqueToutefois, nous vous prvenons, les rsultats que vous obtiendrez grce au Tsyng-Chen ne sont pas de mme nature que ceux que lAppel aux Forces peut vous donner. Il ne saurait tre question, avec le Tsyng-Chen de DEMANDER quelque chose qui que ce soit-o plutt quoi que ce soit. Il sagit de FAIRE. Vous-mme. Car, durant quelques minutes aprs cet exercice, vos capacits personnelles dpasseront fortement leurs limites habituelles. Afin de vous permettre de mieux comprendre ce que nous voulons dire par l-et un bon exemple valant mieux quun long discours, nous allons vous donner non pas un, par exemple.Ce fut dans cette imprimerie que la chose arriva Le Dlgu du Comit avait particulirement recommand Renato limprim destin tre diffus parmi les communauts isralites du Bassin. Trs important avait-il dit et limprimeur avait parfaitement compris quil sagissait dune question de vie ou de mort. A cette poque et en ce lieu, la vie et la mort taient spares par un intervalle si mince, que lhomme qui eut voulu parler longuement dun pril mortel neut cess de discourir, vous le savez comme moi Le texte composer lintention des communauts juives, avait t rdig en Hbreu par le rabbin Lewis, de L., car le Comit nignorait pas que Renato possdait une casse de caractres hbraques-ce dont il ntait pas peu fier Le Dlgu parti, Renato confia la composition de ce texte un de ses ouvriers, lequel fit son travail puis, fut satisfait de lui-mme tel point que, sans mme faire preuve, il jugea loeuvre dfinitivement termine et dcida de fumer une cigarette. A cette poque, le papier cigarette tait rare dans la rgion. Le papier de sa copie hbraque lui paraissant dune minceur approprie cet usage, sereinement, notre homme sen servit pour se rouler, la russe une cigarette quil fuma. Aprs quoi, par inadvertance, il flanqua sa composition par terre ! Jtais occup rparer un filet de pche quand je vis venir vers moi un Renato bien ennuy. Il mexposa ses ennuis, ni lui, ni bien entendu, aucun des membres de son personnel, ne connaissait un seul mot dHbreu. de toute faon, eussent-ils t aussi experts en cette langue, que Maimonide lui-mme, ils nen eussent pas t plus avancs car la copie du texte tait partie en fume et la composition, dcompose en ses lments constitutifs, jonchait en ce moment, le sol en terre battue de limprimerie A tout hasard, Renato venait voir si je pouvais faire quelque chose Je rflchis quelques instants. Le cas tait grave. Pour autant que nous puissions savoir, des vies humaine pouvaient tre en jeu. Je dcidai de tenter quelque chose par le Tsyng-Chen Dans latelier de Renato, louvrier coupable, souriant et trs dcontract ; pas le moins du monde inquiet des consquences de sa ngligence et de son peu de conscience professionnelle, me montra le petit tas de caractres quil venait de ramasser. Je tournai et retournai quelques lettres entre mes doigts. Aussi ignorant que Renato de la langue du peuple lu, ce que javais l, devant moi tait-excusez le mauvais jeu de moi : il simpose -ctait pour moi de lHbreu Durant quelques instants, je me sentis dcourag : que pouvais-je tirer de valable de ce magma rationnellement, il tait absolument, rigoureusement , totalement impossible que je reconstitue, partir de ce chaos, la composition typographique disperse. Je rsolus pourtant dessayer, et corps perdu toutes mes facults tendues, je me lanai dans le Tsyng-Chen Vous connaissez les sensations prouves : je voyais -Renato, dont un tic nerveux dformait par instant la commissure des lvres- ce grand dadais de T qui avait stupidement rpandu la composition sur le sol-les ouvriers-les machines-les murs avec leurs criteaux recommandant lordre et la propret, mes mains, enfin, tripotant les caractres de plombe en vrac devant moi. Jentendais : le bruit ferraillant de la Minerva hors-dge que Renato utilisait encore pour limpression de cartes de visite (Ce pch mignon des chinois)- et je nentendais proprement parler rien dautre car le vacarme produit par la vieille machine couvrait tout autre bruit. Mais je sentais les battements de mon coeur-la trs lgre trpidation du sol-comme je sentais lodeur de ptrole et de plomb fondu, comme je sentais la position prise par mon corps, la tension de mes muscles, le contact de mes doigts et du plomb. Et surtout, je SENTAIS, intensment, en moi et si je puis dire, hors de moi, cette sensation deuphorie, dexcitation, de dpassement de ltre que procure une bonne excution du Tsyng-Chen. Brusquement, sans pravis, je me retrouvais dans mon tat ordinaire, ce dtail prs que mes mains semblaient tre devenues indpendantes de mon individu. Elles saffairaient, travaillaient, rassemblaient et groupaient les caractres Que vous dirai-je La composition se trouva rtablie en un temps trs bref. Nous smes plus tard quelle ne comportait pas une erreur. sa teneur, par chance, avait une importance relle.