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1 SELDELAMER LE GRANDSABIR UN DIALECTE IMMANENT I : L'Alphabet SOURCE SALINE

LE GRANDSABIR · UNE LANGUE GEOMANTIQUE Pour que le lecteur ait une première impression sans a priori de ce nouveau langage, voici une traduction du Notre Père écrit dans son alphabet,

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    SELDELAMER

    LE

    GRANDSABIR UN DIALECTE IMMANENT

    I : L'Alphabet

    — SOURCE SALINE —

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    « Les hommes sont maîtres des paroles,

    les dieux sont maîtres du Silence. » Erasme

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    I : L’ALphAbet

    Ce texte décrit les principes d’une langue qui n’existait pas jusqu’à aujourd’hui. Une langue dont les linguistes n’ont pas encore entendu parler. Une langue qui n’existait pas avant aujourd’hui ? En vérité, nous n’en somme pas sûr. Comme cette langue est spontanée, elle a pu être mainte fois découverte déjà dans le passé. Dieu récompense par de tels cadeaux la ténacité des sages. Seulement, on n’en trouve de traces nulle part, à peine des indices infimes qui pourraient tout aussi bien être dus au hasard. Cette langue est là, depuis les origines du monde, cachée dans la lumière indéfectible à côté des raisons les plus sûres. Elle possède la nature éternelle du nombre, prend forme grâce à la géométrie, acquiert le sens par la poésie, et devient audible et inscriptible par l’homme. Cette langue, nous l'avons appelé le « GrandSabir. » Par le Christ, que le dieu des lettres, qui fut appelé Thot, Hermès, Ganesh, Odin, et d’autres noms encore, nous soit favorable. Lui qui est connu sous le nom d’Hénoch dans le monde du Livre. Amen.

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    UNE LANGUE GEOMANTIQUE Pour que le lecteur ait une première impression sans a priori de ce nouveau langage, voici une traduction du Notre Père écrit dans son alphabet, et suivi de sa prononciation transcrite en alphabet français :

    UR ABAKAL OJHAI ASBAUS

    OUTOJHIA AR IVGÉOUK BAOJHIA AR ÉGKAMAK

    AMAGHÉA AR ÉLKIOUK KAES ASBAAP IRIGHIE UR ANAKOUG LUBOOUN

    IGIRHIA UR UPFIÉM JUB UK IGIRHAE GÉÉB UPFIHAOU UM

    EOKÉMHIO UM ÉLAKET DAB IRIMÉMHIE UM ÉVOJOUT

    AMÉN

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    Avec cet exemple, chacun peut se rendre compte du graphisme et de la sonorité du GrandSabir. S'agit-il encore de lettres et de mots dont le code est une convention insaisissable ? Non : loin d'être arbitraire, cette langue obéit à des principes tout à la fois mathématiques, poétiques et historiques qui vont être exposés. Mais auparavant, il faut faire un petit exposé sur la réalité des choses.

    LES TROIS MONDES La philosophie Réaliste, qui est la seule à prendre en compte toutes les réalités, considère trois mondes. Le premier monde est clair, lumineux, transparent, sans lieu, hors du temps. Là résident les principes premiers de toutes choses. De là émanent les définitions et la perception de l’indéfinissable. Platon l’a appelé « le monde intelligible » car il n’est pas accessible aux sens, mais seulement à une conscience tenace et sincère, qui est le sens intellectuel de l’homme. Le troisième monde est le monde physique, le monde des sens, dépendants du lieu, pris dans le temps, d’où émanent les êtres et les éléments. Celui-ci s’appelle « le monde sensible ». Entre le premier monde, intelligible, et le troisième monde, sensible, se trouve le second monde, qui tire du premier sa clarté, sa transparence, son éternité, et du troisième la capacité à être ressenti, vu, entendu, touché, pensé. Ce second monde est le monde mathématique. Vu, entendu, touché, pensé ? Comment cela ? Dans la vision on appelle le monde mathématique proportion, dans le son harmonie, dans le toucher précision, dans le gout saveur, dans l’odorat, parfum et dans la pensée : ordre. C’est à travers le monde mathématique que la beauté fait irruption dans le

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    monde sensible, venue du monde intelligible. Quel homme fera rébellion, niant par exemple le rôle des mathématiques dans la cuisine ? Tous les ingrédients d’une recette sont chiffrés : une gousse d’ail, deux tomates, 10 minutes de cuisson. Sans les nombres il n’y a plus de cuisine, ni d’ailleurs rien d’autre qu’un chaos informe en quelque domaine que ce soit. Anciennement, l’éducation de qualité s’ordonnait autour du Trivium et du Quadrivium. Le Trivium concernait les ressources du langage et comportait l’étude des lettres, celles de l’art de convaincre et de l’art de dialoguer. Le Quadrivium concernait les mathématiques sous les formes de l’arithmétique, de la géométrie, de la musique et de l’astronomie, qui en sont les quatre parties. Les formes qui constitueront les lettres de l’Alphabet GrandSabir, que nous allons nommer un peu plus loin, sont formées à la base des éléments simples de l’arithmétique, elles se déploient sur le plan pour former des figures, s’élancent sous forme de rythmes et possèdent une harmonie intérieure, et enfin elles sont parmi toutes les choses du monde l’analogie la plus sure avec les éléments célestes. Cette communion avec ces principes fait de ces formes des essences mathématiques entièrement étendues. Ces formes sont connues des hommes depuis des temps immémoriaux, considérées comme mystérieuses et dotées de pouvoirs. En Chine, on leur a attribué celui de décrire le cycle des phénomènes et d’ordonner le rythme de la vie impériale. En d’autres lieux, on leur a donné celui de prédire les choses cachées, et enfin celui d’exprimer la volonté des dieux.

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    Ces formes sont cachées depuis l’aube des temps dans le simple ordre des choses. Les sages, fascinés, les ont étudiées et ont découvert maintes merveilles attachées à leur existence. Ils ont élaboré une science, et même plusieurs sciences, connues en occident sous le nom de « géomancies ». En Chine, cette science s’ordonne autour du Yi-King, livre le plus vieux de l’humanité. Elle s’enseigne de maître à disciple, ou d’ange à homme, et encore : cette science se révèle d'elle-même, se montre d'elle-même au chercheur sincère, se décrit elle-même en des mots ineffables qui se déploient dans tous les mondes à la façon des mystères.

    LA GÉOMANCIE Il est de notre devoir d’amener le lecteur vers une perception plus réelle de l’univers de la géomancie. C’est un monde en retrait du monde, silencieux, lié soit à la marge obscure des sociétés, soit au secret des cultes royaux et sacerdotaux, soit discrètement présent dans l’office des sages. En certain lieu par le passé, l’acquisition du droit d’user de cette science se payait, se paye peut être encore, par une éprouvante épreuve : l’initiation. Pour donner un exemple d’initiation géomantique, le postulant se retrouve enterré vivant pendant trois jours avec un maigre filet d’air. Il ressort alors du sol et ressuscite géomancien, lié à jamais à la terre comme à sa propre mère. Les adeptes de l’astrologie ont besoin du ciel. Ceux de la géomancie n’ont besoin d’aucune chose en particulier, mais d’une chose tout de même. Les adeptes de l’astrologie ne peuvent faire apparaitre une configuration particulière. Ceux de la géomancie peuvent faire apparaitre une configuration. Il n’y a pas cependant, de supériorité de la géomancie sur l’astrologie, mais des différences fondamentales dans

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    l’approche d'un même secret des choses, et donc des usages différents. Au sein de la géomancie elle-même existent des perceptions fort différentes. Un bon exemple est dans la manière de faire apparaitre une configuration géomantique, ce qui s’appelle communément « tirer le sort ». Au début de l’histoire chinoise, les géomanciens tiraient leurs oracles d’une carapace de tortue, en approchant un tison de telle ou telle écaille symbolisant un domaine, l’ensemble des écailles et de la carapace représentant l’univers : le dos rond pour le ciel et le ventre plat et carré pour la terre. L’écaille se fissurait et formait d’étranges figures que le géomancien avait pouvoir d’interpréter. Cette manière de faire était liée à une certaine dynastie impériale. Mais cette dernière fut détrôné par une autre dynastie qui elle, utilisait le nombre, issue de brins de pailles symbolisant les rayons de lumière, pour obtenir les mêmes figures géomantiques. Dans le monde occidental, la géomancie est restée liée à la Terre. C’est sur sa surface que le géomancien fait apparaitre les configurations, dans la douceur du sable ou de la poussière. C’est pourquoi nos peuples donnent le nom de « géomancie » à cette science, parce qu’elle nous est apparue à la surface de la Terre, de même qu’ils donnent le nom de « géométrie » à tout dessin mathématique, parce que ces derniers furent en premier inscrits sur le sol. Le géomancien se place dans une simplicité intérieure, puis marque le sol de son doigt avec des lignes d’un nombre indéterminé de points jusqu’à former une surface d’un nombre

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    déterminé de lignes. Telle est la méthode occidentale, aussi bien en Orient proche, en Afrique, en Europe. Il existe encore d’autres moyens de générer les figures géomantiques. Une méthode Taoïste est fascinante. Le géomancien ouvre un espace de temps où la perception des choses devient divinatoire. Pour le dire simplement, le géomancien se place à l’écoute du monde, et tout devient signifiant : le vent qui souffle de l’Est, une branche qui casse, un homme à vélo qui passe, votre femme qui vous appelle pour aller manger. L’univers entier, et chaque élément de l’univers, est lié aux éléments géomantiques, qui sont dans cette religion universelle appelés le Yin et le Yang. Avec la géomancie apparait une façon particulière d’ordonner et de classer les choses qui peut aller jusqu’au sublime, comme le prouve de manière éclatante la Chine ancienne. Mais la géomancie est aussi bien plus proche que l’on croit. Jouer à pile ou face pour savoir si l’on va aller à droite ou à gauche est de la géomancie. Si les géomancies diffèrent par la manière de tirer des choses les configurations : ici la carapace de tortue, ou la paille, ou les pièces, ou la terre, elles diffèrent aussi par leurs manières de représenter ces configurations. À notre connaissance, il existe quatre manières principales de représenter les figures géomantiques, que nous allons montrer. Nous expliquerons ensuite ce que nous pensons savoir à ce sujet. Mais d’abord, décrivons le cadre où vont apparaitre ces étonnantes figures, ici représentées sous forme de foudres. Il se compose de 4 anneaux concentriques autour d’un principe. Nous avons donné à ces anneaux des noms de nature mystique, comme c’est notre habitude.

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    À partir du centre se déploient des anneaux concentriques que nous avons nommés ainsi : L'Anneau Ancestral, composé de 8 figures à trois niveaux, et qui formeront les 7 voyelles de l'Alphabet GrandSabir. L'Anneau Céleste, 16 figures de quatre niveaux, qui sont traditionnellement la base de la géomancie occidentale. L'Anneau Martial, qui contient 32 figures à cinq niveaux, dont 15 deviendront les consonnes de l'Alphabet GrandSabir. Enfin, l'Anneau Héliaque comprenant 64 figures de six niveaux, qui sont décrites dans le livre du Yi-King. Voici maintenant quatre manières de représenter les mêmes formes. C'est-à-dire que mathématiquement, elles restent les mêmes, mais elles se présentent à nos yeux d'une façon qui engage l'esprit sur un chemin différent.

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    La manière étoilée ou punctiforme, appelée « étoiles » ou « calculs » :

    La graphie horizontale, appelée « nuages », « nuées » :

    La graphie diagonale appelée « foudres » ou « ruissellements » :

    La graphie cruciforme est appelée « croix »

    Comme nous venons de le dire, ces quatre graphies sont essentiellement les mêmes. La structure mathématique qui développe toutes ces figures est exactement semblable au sein des quatre séries. Seule, la manière de les représenter diffère. C’est ce qu’on appelle une « graphie », une façon d’écrire. Il

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    suffit pour le lecteur de comparer les figures selon leurs parités ou imparités, au sein de chaque colonne :

    Ces quatre graphies évoquent toutes ce qui est céleste, mais chacune d’une façon différente. Si le lecteur regarde le ciel, il verra des configurations de points, que l’on appelle « étoiles » et « constellations ». Voilà pour la graphie étoilée. Si le lecteur regarde le ciel, il verra des nuages, c'est-à-dire des nappes blanches, ou bien morcelées, ou bien qui s’étendent en longueur. Voilà pour la graphie horizontale. Si le lecteur regarde le ciel, il verra la foudre et la pluie. C’est la graphie diagonale. Si le lecteur est savant et sait calculer une position à l’aide des étoiles sur une carte, il le fait en traçant une croix. C’est la graphie cruciforme.

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    Ces « graphies », ces façons de représenter différemment une même essence incitent à un mode de compréhension : les étoiles véhiculent l’idée de ce qui est immuable et qui enveloppe le monde entier dans son parcours. Les nuages, le climat d'un pays où prend place toute la vie des hommes. Les météores : foudres et pluies, évoquent le contact direct du ciel sur la terre. Et les positions (graphie cruciforme) les notions conjointes de l’être et de la situation. Nous allons parler le plus souvent d’une de ces graphies, qui est celle qui permet l’apparition du GrandSabir : la graphie diagonale, dont la meilleure image est la foudre. En effet cette graphie ressemble plus à la foudre, même si elle ressemble aussi à la pluie qui s’écoule sur les reliefs.

    LE PRINCIPE DES ÉTOILES À la base du GrandSabir et de toute figure géomantique, il y a les deux principes mathématiques que sont le pair et l'impair. La figure la plus simple pour représenter l'impair est le point ou l'étoile : O ou * (l'étoile est la notation traditionnelle de l'Occident, mais nous utiliserons indifféremment le point ou l’étoile, ces deux étant équivalents). Celle qui représente le pair est le bipoint ou l'étoile double : O O ou * *. Ces deux conventions : * et * * sont les deux bases invisibles dont les interactions vont former les figures géomantiques De ces figures sortiront les vingt-deux lettres de l'Alphabet GrandSabir.

    LA COURSE GÉOMANTIQUE Pour bien comprendre comment se constituent les figures dont nous allons tirer les lettres GrandSabir, le lecteur devra suivre attentivement les progressions du pair et de l'impair dans chaque tableau exposé.

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    Imaginons une course d'athlètes au pays du pair et de l'impair. Dans ce pays, les courses sont immobiles et tout le monde finit en même temps. Pour que ce soit un peu plus passionnant, chaque participant se distingue de l'autre par sa façon de courir. Sur la première ligne le premier coureur met un pied devant l'autre, comme nous : le pied impair, puis le pied pair, 1, 2, 1, 2 et ainsi de suite :

    O OO O OO O OO O OO

    Au-dessus sur une autre ligne, le second coureur utilise deux fois chaque pied : il fait deux pas avec le pied impair, et deux pas avec le pair, 1,1,2,2 :

    O OO O OO O OO O OO

    O O OO OO O O OO OO

    On voit alors apparaître une séquence de quatre figures, qui se répètent deux fois ici, que l'on note : I, V, A, et X. Un troisième coureur accomplit encore le double du deuxième, et fait quatre pas impairs, puis quatre pairs : 1,1,1,1,2,2,2,2 :

    O OO O OO O OO O OO

    O O OO OO O O OO OO

    O O O O OO OO OO OO

    Nous avons maintenant huit figures, notées lorsqu’on relie les points :

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    Avec un seul coureur, nous avions une fréquence de deux éléments : 1, 2. Sur une seule ligne, la course est vite finie. Mais plus il y a de coureurs et plus la course est longue, toujours double. Avec deux coureurs nous avons une fréquence de quatre éléments qui forme quand nous relions les points entre coureurs quatre lettres indépendantes : I, A, V, X. Le troisième coureur possède une fréquence à huit éléments, et cela continue, chaque coureur fait le double de pas que celui qui le précède. Un quatrième a une fréquence de seize, un cinquième une fréquence de trente-deux, et ainsi de suite jusqu'à l'infini si l'on veut continuer. Voici les trente-deux figures que nous obtenons avec cinq coureurs (qui possèdent donc cinq niveaux), et dont nous allons tirer plus loin les quinze consonnes de l'alphabet GrandSabir :

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    Dans la Tunique du Dragon, un autre de nos écrits, nous avons donné un nom à chacune de ces figures, un nom relatif au motif que représente chacune. Nous y avons vu des schémas d'outils du monde humain : comme la coupe, le filet, le sac, le sablier, la fourche etc. Ces noms vont servir à générer du sens par l'image. Chacun jugera leur pertinence par lui-même en se rapportant à ce texte.

    L’ASTRONOMIE GEOMANTIQUE De l’arithmétique, la géomancie tire le pair et l’impair. De la géométrie, la géomancie tire la position sur le plan, la position relative. De la musique, troisième part du Quadrivium, la géomancie tire l’ordre complet des figures, par le rythme du pair et de l’impair sur des lignes superposées. Enfin, de l’astronomie, terme du Quadrivium, la géomancie tire la ressemblance des figures avec des choses diverses, de la même façon que dans les constellations, qui sont les configurations des étoiles entre elles, on voit ici un lion, ici une balance, là une casserole. Voici comme exemple une des consonnes, issue des foudres martiales, celle de la Coupe :

    La question peut se poser de savoir si le lien avec l’image a une utilité simplement mnémotechnique. Par exemple, la casserole nous fait tout de suite penser à la constellation du Nord, ou si

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    cette image possède un lien avec la vérité : la casserole révèle alors la nature de la constellation du Nord. Pour nous, la qualité mnémotechnique est liée à la vérité de façon manifeste, à travers la simplicité et l’évidence. Plus une chose est vraie, plus on s’en rappelle facilement. Prenons un exemple : quel rapport entre une casserole et la constellation du Nord autour de laquelle tourne le ciel entier ? Par exemple, le rituel Védique utilise une casserole remplie de beurre ou de lait, ainsi qu’un feu consacré. Le lait symbolise la lumière blanche de la Voie lactée, et sa coagulation sous forme de beurre la lumière du soleil. En faisant fondre du beurre dans une casserole, le prêtre rend la lumière liquide et transparente avant de la verser dans le feu, bouche des dieux lumineux, qui symbolise aussi le soleil dans la nuit. Le beurre clarifié disparait dans une gerbe d’étincelles, qui sont des étoiles éphémères accompagnées d'un minuscule claquement de tonnerre : leur crépitement, comme pour des atomes de foudres. Voilà pourquoi le ciel entier tourne autour d’une casserole : elle chauffe et répand la nourriture de la lumière qui nourrit tous les êtres et à terme nous nourrit, nous. Tous les éléments dont nous avons besoin viennent d’être exposés, ainsi que leur origine. Pour simplifier la suite du discours, nous appelleront « Foudres » ces figures, et aussi « Lettres », puisque c'est d'elles que naissent l'Alphabet, puis la Langue GrandSabir.

    LES LETTRES Un des plus anciens traités de linguistique connus est le Cratyle, de Platon. En lisant cet ouvrage, on peut prendre connaissance de ce qu’a constaté le penseur. Il existe dans la langue un élément ordonné primordial, qui a dépéri au travers des siècles à cause de l’ignorance des hommes jusqu’à revêtir

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    l’apparence de l’arbitraire. Mais Platon ne veut pas croire que la langue est arbitraire. Il étudie sa propre langue et découvre l’étymologie : dans plusieurs mots différents se trouve une même racine qui les rassemble tous au sein d’une même idée. La racine est un premier palier vers la langue originelle, par exemple la racine « mari » se trouve dans marin, maritime et signifie « mer ». En quête de cet élément ordonné primordial, Platon se demande ensuite, puisque le mot tire sa source de la racine, où la racine prend sa source. Qu’est ce que le mot en fait ? Une imitation d’une chose. C’est donc dans l’imitation que se trouve la clé des sons. Il y a d’abord l’imitation des sons. Par exemple le français « caqueter » veut dire « produire le son k », ou bien le mot anglais « scratch » signifie le bruit de l’ongle sur la peau et se traduit par « gratter ». Dans le même registre, on a aussi le français « craquer », du mot « crac » : chose qui se casse, et encore : susurrer, babiller. Mais il apparait qu’il y a peu de mots ainsi, qui se composent sur l’imitation des sons de la nature. La linguistique moderne fait remonter les autres mots jusqu’aux racines étymologiques, mais ne perce pas plus avant le mystère. La racine apparait opaque et arbitraire, et c'est cette considération qui fonda la linguistique moderne. Cependant, Platon, d’un pas décidé, ne compte pas s’arrêter là. Il divise les racines en syllabes, et les syllabes en sons. Il constate que les sons sont formés avec la disposition et le mouvement de la bouche, c'est-à-dire par un « geste » de la bouche. Or, le geste signifie des choses : si je souris, c’est que je suis content, si mon front se plisse, j’ai un souci, si je lève ma main, je salue, si je te serre la main je veux dire qu’on ne se battra pas, etc.

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    En considérant un son humain, en l’occurrence le son des consonnes, en tant que geste, on atteint un nouveau degré d’imitation. Il y a en effet des natures de sons, selon la forme que prennent la bouche et le souffle qui la parcourt pour le prononcer. Quand deux parties de la bouche adhèrent l’une à l’autre, c’est un son « collant », quand une partie glisse sur une autre, c’est un son « glissant », quand le souffle frotte sur une partie, c’est un son « frottant », etc.. C’est comme si l'on disait en français, pour le mot « rouler » : le R, représente le frottement de la roue, et le L, qui se forme par la langue glissant sur le palais, l’impression de glisser quand on se trouve dans le véhicule. Même le mot « glisser » : le G évoque le contact du pied sur la glace, le L glissant représente la glissade, et le S le bruit du pied qui glisse. C’est en quelque sorte une « métaétymologie ». Cependant, à ce niveau même, il peut y avoir des langues issues de sources différentes, et donc plusieurs langues originelles. Sur le mot de « glisser » que nous interprétons comme le fait de déraper sur la glace, elle serait typiquement un mot formé par le Nord, dans les lieux où l’hiver gèle les étangs et les lacs. Dans un pays qui ne connait pas ce phénomène, l’image serait plutôt celle de l’huile, qui fait glisser incomparablement et le mot dépendrait de la racine que l’on accordé à ce fluide, par exemple « collante » pour la faculté de l’huile a adhérer, ou « glissante », ou les deux ensembles, par exemple « Mla ». Il y a de nombreuses façons de déterminer une langue originelle selon comment on ressent les choses autour de nous. Platon ressentait fortement les incohérences de la langue. Trouvant des nœuds de perfections çà et là, il expliqua que leur origine était due à des hommes divins qui avaient créé les premiers mots, en accord avec les principes du son et du geste. Mais quand la totalité des hommes se mit à parler, ils

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    inventèrent des mots sortis du vécu personnel, et non plus de la nature des choses. Il y a donc trois origines à une langue : Une origine réfléchie Une origine spontanée Une origine venue d’autres langues C’est pourquoi les principes de la langue sont si durs à retrouver, et qu’une langue unique originelle est introuvable, même si elle a existé. Après cette exposition de l’origine des langues, venons-en à une autre origine possible : le GrandSabir. Comme toute langue, le GrandSabir se compose de sons, c'est-à-dire de consonnes et de voyelles. La voyelle est issue directement de la voix, et la bouche ne prend une forme que pour faciliter son passage et l’accompagner. La consonne est produite par la forme de la bouche, c'est-à-dire l’appareil vocal, ce qui nous amène au chapitre suivant.

    LE PRINCIPE DES CONSONNES Qu'est-ce que la consonne ? Pour répondre à cette question, il faut détailler toutes ses caractéristiques (occlusives, fricatives, etc.. collantes, glissantes, vibrantes, etc.. ). Mais le détail qui nous semble le plus important, c’est la forme et le mouvement de la bouche quand elle produit la consonne. Il faut donc détailler les caractéristiques de la bouche. La bouche est l'organe de la parole. Or, comme nous venons de le dire, il est possible d'observer comment elle est faite, et comment elle accueille les lettres, et de déduire qu'il existe cinq

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    endroits principaux qui déterminent chaque consonne selon comment le souffle s'y répartit. Ces cinq points sont les lèvres, les dents, la langue, le palais (et la résonance nasale), la gorge (et la résonance thoracique) Pour préciser comment nous classifions les choses : Pour les lèvres : aussi bien une ou l’autre, ou les deux. Pour les dents : les gencives aussi, ce que les phonéticiens appellent « alvéoles » Pour la langue : la pointe, le plat ou la garde, ainsi que la voute qui la surplombe a mi chemin du domaine des dents et de celui du palais. Pour le palais : la cavité du nez et la résonnance nasale, le vélum ou palais mou. Pour la gorge, qui s’étend de la luette (zone uvulaire) jusqu’à la poitrine en comprenant les cordes vocales (ce que les linguistes appellent « lettres voisées ») Voilà nos cinq postulats de départ. Ils sont issus de la classification la plus simple. Maintenant, comment figurer au mieux les mouvements de la bouche ? Déjà en distinguant une partie active de la bouche d’une autre partie en repos. En se référant à la convention relative à l’activité ou à l’inactivité de telle partie de la bouche, par exemple avec le point et le bipoint :

    PARTIE ACTIVE PARTIE INACTIVE

    O OO

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    Les cinq organes de phonation sont représentés par les foudres à cinq niveaux de la façon suivante :

    ORGANE DE PHONATION

    NIVEAU DE LA FIGURE

    LÈVRES SUPERIEUR

    DENTS MEDIAN SUPERIEUR

    LANGUE MEDIAN

    PALAIS MEDIAN INFÉRIEUR

    GORGE INFERIEUR

    Pour chaque consonne, ainsi que nous l’avons dit, chaque lieu de phonation est soit en action, soit au repos. S'il est en action, on le désigne par un point : O, et s'il est au repos, par deux points : O O. Tel est le principe simple. Par exemple la lettre S, produite par un resserrement des dents s'écrit :

    LÈVRES O O

    DENTS O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    LE S Le bipoint en haut signifie que les lèvres ne bougent pas. Le point en dessous signale que les dents sont en action pour former le son « S ». Les trois bipoints en dessous indiquent qu'il n'y a ni mouvement de la langue, ni mouvement du

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    palais, ni mouvement de la gorge, bien qu'en réalité, tout suit tout de façon plus infime. Ainsi, c’est le son lui-même qui décide de la forme de sa lettre.

    PHONÉTIQUE Le principe des consonnes, engendrées en tant que figure par la trame des niveaux de la bouche est un principe « translucide ». Certains animaux parlants pourraient le qualifier de schéma grossier, qui ne prend pas en compte toutes les parties de la bouche. Mais de toute façon, il n’existe aucun schéma linguistique permettant de prononcer une lettre à celui qui ne l’a jamais entendu. Si nous disons à untel « racle ta luette », il ne saura pas le faire à moins que nous n’ajoutions : « c’est le son R ». C’est un principe translucide dans le sens où il est flou et ses contours imprécis. Voici maintenant les quinze consonnes du GrandSabir, explicitées dans l'ordre de l'alphabet français. Certaines lettres ne sont pas évidentes. C'est alors en les comparants entre elles que l'on découvre la figure adéquate. Le lecteur est encouragé à vérifier par lui-même, en observant comment sa bouche forme chaque consonne :

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    LE B

    LÈVRES O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O

    LA BARQUE

    Image : c'est la silhouette d'une barque, bateau, navire. Phonétique : le point d'en haut signifie le mouvement des lèvres quand on prononce « B ». Le point inférieur est plus délicat : il désigne la résonance qui vient de la gorge. Si l'on compare le B au P, on perçoit cette résonance. Ce n'est pas la résonance nasale, car le B peut se prononcer le nez bouché. C'est donc au niveau inférieur de la gorge que l'on note le point.

  • 29

    LE C (comme dans Cire), S, CH, Z

    LÈVRES O O

    DENTS O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    L'ABRI

    Image : c'est un abri primitif : trois parois et une charpente croisée Phonétique : la lettre C (comme dans cire) est un sifflement produit entre les deux dents, noté avec le point au quatrième niveau, qui correspond aux dents.

  • 30

    LE D

    LÈVRES O O

    DENTS O

    LANGUE O

    PALAIS O O

    GORGE O

    LE HARPON

    Image : c'est une flèche vers le bas : un harpon Phonétique : pour le D, c'est la langue qui pointe vers le haut des dents, auquel on ajoute un point au niveau de la gorge pour signifier le voisement, qui est une résonnance qui se perçoit quand on compare le D au T.

  • 31

    LE F

    LÈVRES O

    DENTS O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    LA CLOCHE

    Image : c'est une cloche Phonétique : le F est formé par un resserrement entre les dents supérieures et la lèvre inférieure.

  • 32

    LE G (comme dans « guide »)

    LÈVRES O O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O

    GORGE O

    LA PINCE

    Image : c'est une pince, un manche avec deux branches. Phonétique : le G dur est produit par une contraction à la frontière de la gorge et du palais. On peut le comparer au K pour noter la résonance thoracique avec le point du bas.

  • 33

    LE H

    LÈVRES O O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    LE PONT

    Image : c'est un pont vu du dessus ou une échelle. Phonétique : le H se produit sans contrainte buccale.

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    LE J, le G (comme dans « Gérard »)

    LÈVRES O

    DENTS O

    LANGUE O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    L'ÂTRE

    Image : c'est une cheminée ou un balai, objets tous deux liés au foyer Phonétique : cette lettre ressemble à une ouverture vers l’avant.

  • 35

    LE K, le Q, et le C dur (comme dans « Calme »)

    LÈVRES O O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O

    GORGE O O

    LE SIEGE

    Image : c'est un siège vu de face : jambes croisées, accoudoirs et dossier. Phonétique : le K est formé par la contraction du fond du palais.

  • 36

    LE L

    LÈVRES O O

    DENTS O O

    LANGUE O

    PALAIS O

    GORGE O O

    LA COUPE

    Image : c'est un verre à pied Phonétique : c'est un mouvement glissant de la langue de l'arrière à l'avant du palais.

  • 37

    LE M

    LÈVRES O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O

    GORGE O O

    LE JOUG

    Image : c'est un collier avec deux lanières : un joug Phonétique : comparé au K, le mouvement des lèvres qui forme le M est plus perceptible. Il est noté par le point supérieur car c'est ce mouvement qui manifeste le M, qui reste sans lui une simple vibration du nez. Le point au niveau médian inférieur désigne la résonance nasale de cette lettre.

  • 38

    LE N

    LÈVRES O O

    DENTS O

    LANGUE O

    PALAIS O

    GORGE O O

    LA COLONNE

    Image : c'est un pilier, avec une base et un chapiteau Phonétique : c'est un mouvement de la langue sur les dents, comme pour le T, mais amplifié par la résonance nasale.

  • 39

    LE P

    LÈVRES O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    LA TOUR, LE SILO

    Image : c'est une bâtisse élevée en hauteur et protégée en haut. Phonétique : le P est un simple mouvement des lèvres.

  • 40

    LE R

    LÈVRES O O

    DENTS O O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O

    LE SAC

    Image : c'est un réceptacle avec un fond. Phonétique : le R est un roulement de gorge.

  • 41

    LE T

    LÈVRES O O

    DENTS O

    LANGUE O

    PALAIS O O

    GORGE O O

    LA LIBATION

    Image : c'est une coupe versée. Phonétique : c'est un mouvement de la langue qui délivre le souffle captif à la jointure des dents.

  • 42

    LE V

    LÈVRES O

    DENTS O

    LANGUE O O

    PALAIS O O

    GORGE O

    L'OUTRE

    Image : c'est un sac à liquides, généralement en peau. Phonétique : le V se forme avec le contact des dents et des lèvres, mais il se différencie du F par le voisement, marqué au niveau de la gorge. Voilà pour les consonnes.

  • 43

    LE PRINCIPE DES VOYELLES Les consonnes étant formées par les conformités de la bouche, elles sont faciles à définir par le principe que nous venons de décrire, et qui se réfère à la convention la plus simple. Mais les voyelles ne peuvent être notées aussi facilement. Elles n'engagent en fait de mouvement que les lèvres et le palais et sont par essence plus subtiles. Il n'est plus question de la base simple : mouvement/repos d'un organe de phonation, car la voyelle dépend du degré d'ouverture de la mâchoire et des lèvres, et sa position à l'arrière, le milieu ou l'avant de l'appareil buccal. La voyelle est beaucoup plus complexe à décrire que la consonne. Les alphabets les plus anciens étaient consonnatiques : ils ne comportaient pas de voyelles et cet état de fait avait sans doute une origine rituelle. La voyelle, par principe évanescente et ne dépendant pas d’une conformité de la bouche, mais de celle de la voix, apparaissait comme supérieure à la consonne, comme une chose céleste et éolienne par rapport à une chose terrestre. La consonne, c’est le bruit des corps qu’on peut toucher et ranger. La voyelle, c’est le bruit du vent insaisissable. Voilà pourquoi les voyelles n’étaient pas en ce temps représenté par des lettres. Les premiers à accomplir ce geste furent les Grecs. Était-ce par pragmatisme, le sens étant mieux restitué grâce à l’ajout de voyelles ? C’est très possible. Était-ce un blasphème ? Nous ne croyons pas. Car inaugurer les voyelles dans l’alphabet, c’est aussi signifier une conception du monde où l’esprit est saisissable. En effet, l’esprit contient les nombres, les définitions, les notions, choses d’une réalité éprouvée que l’homme peut atteindre par le savoir. On ne peut pas saisir l’esprit, mais les choses de l’esprit sont saisissables. D’où le droit rituel de pouvoir inscrire les voyelles. C’est dire : l’esprit n’est pas incompréhensible. Il est compréhensible.

  • 44

    C’est la simplicité qui décida de la forme des voyelles GrandSabir, par l’entremise d’un autre facteur : le facteur Historique. Faire intervenir l’histoire, c’est lier aux foudres le vécu humain, qui contient une part certaine d’arbitraire. Cependant, nous allons voir tout de suite de quelle façon l’histoire intervient pour définir les voyelles. L’alphabet Latin est une production de l’histoire. Il fut produit par une civilisation mystérieuse : les Étrusques, qui ont légué en plus à Rome leur religion de la Foudre. Or, cet alphabet contient 7 lettres qui se greffent précisément sur 7 des 8 foudres ancestrales, à savoir celles composées de trois niveaux :

    I Y O U * E A H

    Après plusieurs tâtonnements, voici la valeur sonore que nous avons attribuée à ces lettres, en considérant leur occurrence dans les divers alphabets issus de l’alphabet latin, ainsi que dans l’alphabet phonétique. I est « i » Y est « u » O est « o » U est « ou ». Le Y à l'envers est la voyelle insaisissable : « * », pour nous « é ». E est « e », mais s'écrit « X ». A est « a »

  • 45

    H, dessiné en foudre sous forme d'entrelacs, est le son du souffle. Dans le cas du E et du H, c'est en reliant différemment les points qu'on obtient les lettres latines, à partir du X et de l'entrelacs. Ce principe de représentation des voyelles ne pose qu’un problème : quelle voyelle attribuer au Y à l’envers pour que l’ordre soit complet ? Nous décidons qu'il s’agit de la « voyelle insaisissable », de la « voyelle libre » que chacun ou chaque peuple est libre de décider, si possible une voyelle qui ne soit pas citée déjà. C'est d'ailleurs cette prononciation que nous choisissons pour notre usage, et nous l'écrirons sous la forme du « é » ou bien sous la forme d'une étoile : « * ». Au sein du chapitre précédent, nous avons vu que chaque consonne correspondait à une image. À quelles images correspondent donc les voyelles ? Le principe que nous établissons est issu d'une fusion entre la tradition latine à travers son Alphabet, et la tradition chinoise exprimée dans le Yi-King. Toutes les figures géomantiques que nous venons d'exposer sont bien connues déjà de ceux qui fréquentent le Yi King chinois, sauf qu'ils les appréhendent sous une autre graphie, faite de lignes horizontales. La ligne continue, composée de trois petits traits : --- représente l'impair, et la ligne discontinue, avec deux petits traits séparés par un espace : - - le pair. Comme on l'a vu dans l'exemple de la course géomantique, celle aux trois coureurs forme de ces deux éléments huit figures, qui sont les 8 « Koua » ou « Trigrammes » que nomme

  • 46

    la tradition chinoise depuis des temps immémoriaux. Voici le schéma que nous présentions dans la Tunique du Dragon, où se révèle la pertinence de ces 8 Trigrammes par leurs liens visibles avec la nature manifestée :

    Voici les Huit Trigrammes, transcrits en changeant le principe graphique (trait plein = point, trait brisé = bipoint) en lettres de l'alphabet latin sur le tableau suivant :

  • 47

    Trigrammes :

    ____ ____ ____

    _ _ ____ ____

    ____ _ _ ____

    _ _ _ _ ____

    ____ ____ _ _

    _ _ ____ _ _

    ____ _ _ _ _

    _ _ _ _ _ _

    Noms traditionnels :

    Ciel Lac Feu Foudre Vent Eau Mont Terre

    Lettres Latines :

    I Y O U * X A H

    Ainsi, ce principe est des plus simples : sept lettres de l'Alphabet Occidental acquièrent une signification, et l'on peut observer que même transcrites depuis la graphie chinoise, le sens perdure encore, mais de façon différente, dans la graphie latine.

    SON IMAGE

    I I CIEL

    Y U LAC

    O O FEU

    U OU TONNERRE

    * é VENT

    X E EAU

  • 48

    A A MONT

    H souffle TERRE

    Voilà pour les voyelles.

    LES NOMS Nous aimons les beaux noms, les beaux signes. Ils ne sont pas de trop pour tout vaincre. La beauté pave le chemin de la vérité, sous le sable de notre propre ignorance. Il ne faut pas avoir peur des beaux noms. Il y a des noms qui sont des définitions d’une chose donnée, et des noms qui sont des images de cette chose. Et aussi, un genre mixte de noms qui sont à la fois une image et une définition. Par exemple, nous aurions peut-être pu appeler « morphonémes » les lettres de l’alphabet GrandSabir, mais nous avons préféré les appeler « foudres ». Car non seulement la foudre évoque l’idée de ce qui est saisissant et manifeste, ce qui est la nature intime de cet alphabet telle que nous la percevons, mais aussi elle donne les notions de forme (c’est l’éclair qui correspond à la lettre simple), de son (c’est le tonnerre qui correspond à la voix), et de sens (c’est la lumière de l’éclair qui correspond à la compréhension). Pour rendre la même signification dans une langue plus habituelle aux linguistes, il aurait fallu dire quelque chose comme « Graphomorphonogramme ». Personnellement, nous préférons « Foudre ». Les noms sont-ils arbitraires ? Chacun peut donner le nom qu’il veut à ce qu’il veut, mais alors il ne sera plus compris, si par exemple, il dit « homme » pour désigner en fait « cheval ».

  • 49

    Il faut qu’un groupe d’hommes consente à un mot pour que ce mot soit valide. Le nom d’une chose désigne donc sa réalité commune, le fait qu’elle existe ailleurs que dans la perception de chacun, son « idée ». « les objets possèdent une certaine constance de leur réalité » Cratyle 386 e Toute activité s’adapte à la nature des choses. Pour couper une viande, on tranche le long de l’os. Quand on allume un feu, il y a une manière de procéder. Pour tout, il y a une bonne et une mauvaise façon de faire, la bonne étant de s’adapter à la réalité des choses. L’action ne dépend pas de l’opinion, la bonne manière d’agir est une vérité. Or, parler est une activité. Il faut donc qu’il y ait une bonne manière de nommer les choses : « il faut le faire de la manière dont il est naturel aux choses, et qu’on les nomme, et qu’elles soient nommées, et avec l’instrument voulu, mais non pas de la manière que, nous, nous le voudrions » (387d), c'est-à-dire pas de façon arbitraire. Pour couper, il faut une lame, pour tisser, il faut une navette, pour nommer, il faut un nom. Le nom est un instrument. Le nom a deux fonctions : il est instrument d’enseignement, et il sert aussi au « démêlage » de la réalité. En fait, le nom simplifie une chose. De même que pour toute activité, la langue doit avoir un spécialiste. Il n’est autre pour Platon que le législateur. Pour Platon, la langue est issue de la Loi. Pour créer les noms, le législateur se tourne vers l’idée, les syllabes et les lettres. « Cet homme-là seulement dont le regard est tourné vers ce qui, de nature, est pour chaque chose son nom ; homme capable d’appliquer sur des lettres, sur des syllabes, la forme de cette chose ».

  • 50

    Quelle est la langue véridique ? D’abord elle procède du sens. Quand une chose est appelée d’un nom composé de mots explicites par exemple « Blanche Neige ». Un nom parfait, un nom divin doit contenir une définition de la chose qu’il nomme. Il doit être nanti de sens. Le sens est soit évident, comme dans le cas des mots savants qui sont des articulations du grec antique (par exemple Philosophie : « amour de la sagesse »), soit perceptible, quand on reconnait dans ce mot une ou des racines étymologiques, soit obscur, quand on ne trouve pas de racines et que l’on ignore la genèse du mot. Platon laissant les hommes de côtés, dont les noms correspondent aux désirs des géniteurs, commence par l’étymologie du mot « dieux », théoï. Il le rapproche du mot « courir », théien, et explique que l’on a appelé « coureurs », « théoï » les astres qui courent dans le ciel, êtres les plus à même de faire sentir l’image des dieux. Par comparaison, le mot dieu est issu d’une racine indo-européenne signifiant « lumière ». Puis il disserte sur le mot grec pour homme « anthropos », et le fait venir de deux racines « étude » et « observation » ce qui signifie « celui qui fait l’étude de ce qu’il a vu ». Du mot grec pour âme, « Psyché », il remonte à « ce qui soutient la Nature ». En français le mot « âme » peut être lié au mot amour : « âme » = « ce qui est capable d’amour ».

  • 51

    LE GRANDSABIR ________________________________________ 1

    I : L’ALPHABET _________________________________________ 7

    UNE LANGUE GEOMANTIQUE _____________________________ 8 LES TROIS MONDES ______________________________________ 9 LA GÉOMANCIE ________________________________________ 11 LE PRINCIPE DES ÉTOILES ________________________________ 17 LA COURSE GÉOMANTIQUE ______________________________ 17 L’ASTRONOMIE GEOMANTIQUE ___________________________ 20 LES LETTRES __________________________________________ 21 LE PRINCIPE DES CONSONNES ____________________________ 24 PHONÉTIQUE _________________________________________ 27 LE B _________________________________________________ 28 LE C (comme dans Cire), S, CH, Z __________________________ 29 LE D _________________________________________________ 30 LE F _________________________________________________ 31 LE G (comme dans « guide ») _____________________________ 32 LE H _________________________________________________ 33 LE J, le G (comme dans « Gérard ») ________________________ 34 LE K, le Q, et le C dur (comme dans « Calme ») _______________ 35 LE L _________________________________________________ 36 LE M ________________________________________________ 37 LE N _________________________________________________ 38 LE P _________________________________________________ 39 LE R _________________________________________________ 40 LE T _________________________________________________ 41 LE V _________________________________________________ 42 LE PRINCIPE DES VOYELLES ______________________________ 43 LES NOMS ____________________________________________ 48

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