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LE VASE DE LA REINE CLÉOPATRE Author(s): François Lenormant Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 7 (Janvier à Juin 1863), pp. 259-266 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734185 . Accessed: 21/05/2014 13:13 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.65 on Wed, 21 May 2014 13:13:30 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LE VASE DE LA REINE CLÉOPATRE

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LE VASE DE LA REINE CLÉOPATREAuthor(s): François LenormantSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 7 (Janvier à Juin 1863), pp. 259-266Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734185 .

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LE

VASE DE LA REINE CLÊOPATRE

Les antiquaires n'ont pas oublié le curieux vase découvert à Ben- gazi, dans la Cyrénaïque, et publié par M. Beulé dans le Journal des savants (1). Nous avons eu la bonne fortune ds rencontrer Tannée dernière, à Londres, dans la riche collection Temple, récemment lé- guée au Musée britannique, un vase presque semblable, mais se rapportant à une autre reine d'Ég.vpte. Il faut en conclure que ces deux monuments ne demeureront pas toujours isolés mais ouvrent une classe particulière de la céramique grecque, à laquelle viendront avec le temps se rattacher d'autres exemples.

La provenance du vase Temple est inconnue; on peut conjec- turer avec toute vraisemblance qu'il venait de la Cyrénaïque ou de l'Egypte* Comme celui qu'a publié M. Beulé, il est fait de la sorte de poterie qu'on appelle improprement porcelaine égyptienne , c'est-à-dire composé d'une pâte sableuse grisâtre, contenant d'argile tout ce qu'il en faut pour lier le sable, et revêtu d'une couverte vitreuse de silice et de soude, colorée en vert au moyen de l'oxyde de cuivre. La forme en est aussi celle d'une œnochoé, mais le col et l'anse proviennent d'une restauration moderne.

Le sujet, modelé en relief comme sur le vase de Bengazi, est exactement pareil à celui qui se voit sur le vase (2). C'est de même la figure d'une reine debout, coiffée de la stéphané, tenant de la main gauche une corne d'abondance surmontée de fruits et d'épis, et de la main droite une palère qu'elle renverse pour faire une liba- tion sur un grand autel placé devant elle. Derrière cette figure, on voit une sorte de meta conique décorée d'une guirlande de feuillage qui l'entoure en spirale. Les différences qui séparent ces deux monuments consistent : i° dans le style, fort inférieur quant

(1) Mars 1862. (2) Voir la planche de ce numéro.

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260 REVUE ARCHÉOLOGIQUE . à ce qui est du vase Temple, et dénotant une époque de plus d'un siècle postérieure à celle du vase de Bengazi; 2° dans l'absence d'in- scription sur l'autel du vase Temple; 3° dans l'inscription placée dans le champ devant la figure de la reine.

L'inscription du vase publié par M. Beulé désignait la figure comme représentant Bérénice Évergète. Celle du vase Temple est fort difficile à déchiffrer. Tracée à l'ébauchoir sur la pâte encore fraîche, avant qu'on y eût appliqué la couverte, elle a été en partie oblitérée par cette couverte, qui a coulé dans la cuisson, et de plus le commen- cement de la première ligne a été enlevé par la cassure qui a emporté le col et l'anse de l'œnochoé. Un examen attentif et prolongé nous a cependant permis d'y lire avec certitude :

. .AIKAEOIIAT. . . TA0. .T. .HI

que nous restituons

®s]ä KXeoTO¡CT[pa «]Ya9B] Tpxiv

La seule restitution sur laquelle il serait possible d'hésiter serait celle du premier mot. Mais nous ne croyons pas qu'on doive y lire ßatJiXicrra au lieu de 8eã. L'inscription étant conçue dans la xotvíj 8tá- XexToç et non en dorien, il y aurait eu paciÀiW, au lieu de ß<x«Xi<r<Ta; de plus entre la naissance de l'anse et les lettres AI, il n'y avait pas assez de place pour BACIAIC.

Cinq reines d'Égypte, avant la célèbre amante de César et de Marc Antoine, portèrent le nom de Cléopâtre.

La première était fille d'Antiochus le Grand, roi de Syrie, et femme de Ptolémée Épiphane. Son père lui avait constitué en dot la Célé- syrie (1), mais i! ne voulut jamais tenir ses engagements en livrant cette province au roi d'Égypte (2).

La seconde était fille d'Ëpiphane et mariée d'abord à son frère, Ptolémée Philométor. Elle en eut un fils, qu'à la mort de son pre- mier mari elle voulut placer sur le trône. Mais le second fils d'Ëpi- phane, Ptolémée Évergète II, mit à mort l'enfant, s'empara de la couronne et força Cléopâtre à le prendre pour époux. La tyrannie d'Évergète II amena, au bout de quelques années, une révolte qui

(1) Appian., Syr., 5. (2) Polyb., XXVIII, 17.

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l'obligea à s'enfuir dans l'île de Cypre. Le pouvoir fut alors confié à la reine Cléopâtre, qui appela à son secours le roi de Syrie, Déihé- trius Nicator, et lui offrit le trône d'Egypte. Évergète étant revenu de Cypre après cinq ans d'exil, elle dut chercher un refuge dans les États des Séleucides (i).

La fille de cette Cléopâtre et de Philométor s'appelait aussi Cléo- pâtre. C'était une princesse cruelle et artificieuse, qui joua un rôle politique très-considérable. Évergète II l'épousa en secondes noces après s'être séparé de sa mère. Quand il mourut, il lui laissa le scep- tre, avec la faculté d'associer à son pouvoir celui de ses fils qu'elle choisirait. Elle fit choix du second, Ptolémée Alexandre, mais le peuple la força de joindre au partage de la royauté l'aîné, Ptolémée Soter II. Après de longues intrigues, elle fit chasser Soter par son favori Alexandre, et l'aîné de ses enfants se retira dans l'île de Cy- pre (2). Brouillée ensuite avec le fils qu'elle avait préféré, elle essaya de le faire assassiner, mais fut empêchée dans ce dessein par un parricide qui indigna les Grecs d'Égypte, amena le renversement d'Alexandre et fit rappeler Soter II (3).

Ce roi était aussi marié à une Cléopâtre, sa sœur, pour laquelle il avait répudié, en montant sur le trône, une autre Cléopâtre, sa pre- mière femme. Quand il fut forcé de se réfugier en Cypre, sa femme Cléopâtre, surnommée Séléné, demeura prisonnière aux mains de la veuve d'Évergète II, qui la maria de force au roi de Syrie, Antio- chus VIII Grypus. Après la mort de ce prince, elle épousa encore successivement Antiochus IX Cyzicenus et Antiochus XI Eusébès. Plus tard, à l'invasion de Tigrane, elle fut faite prisonnière par le roi d'Arménie et enfermée dans la forteresse de Séleucie, sur l'Eu- phrate, où elle trouva la mort en l'an 68 avant Jésus-Christ. Quant à Ptolémée Soter II, qui l'aimait tendrement, il ne voulut pas épouser d'autre femme après être remonté sur le trône, et sa colère contre les divers Antiochus qui avaient successivement fait passer dans leur lit Cléopâtre Séléné, fut pour beaucoup dans l'hostilité constante dont il fit preuve à l'égard des rois de Syrie (4).

La cinquième Cléopâtre était surnommée Tryphaena. Porphyre de Tyr (5) en fait une fille de Ptolémée Néos Dionysos ou Aulète, mais

(1) Justin, XXXVIII, 8 et 9; XXXIX, 1 et 2.- Tite-Live, Epi t., 59. - Diod. Sic., Exc., t. II, p. 602, ed. Wesseling. (2) Pausan., VIII, 7. (3) Justin, XXXIX, 4. (ft) Appian, Syr., 59. - Strab., XVI, p. 749. - Josephe, Ant. Jmö., XIII, 2a* (5) Ap* Euseb., p. 120.

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262 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Ies monuments égyptiens rectifient le dire de l'auteur grec en montrant qu'elle était la femme et non la fille de ce prince (4). Elle fut donc la mère de la célèbre Cléopâtre par qui se termina la race des La- gides. Quand l'indignation des Alexandrins eut chassé du trône pour quelques années son époux, qui s'en alla demander du secours à Rome, l'autorité effective lui fut conférée, et elle gouverna avec sa fille aînée, Bérénice IV. Toutes deux furent mises à mort par Néos Dionysos quand il remonta sur le trône avec l'aide des Romains.

Des cinq reines dont nous venons d'indiquer brièvement l'histoire, il n'en est que deux dont les traits nous soient jusqu'à présent connus, ce sont Cléopâtre III, seconde femme d'Évergète II, et Cléo- pâtre IY Séléné, seconde femme de Soler II. Visconti (2) a reconnu d'une manière extrêmement ingénieuse l'effigie de Cléopâtre III dans la tête de femme au type très-individuel et coiffée de la dé- pouille d'un éléphant, qui se voit sur certaines pièces de bronze à la légende BA2IA122H2 KAE0IIATPA2, dont le revers présente sou- vent l'image de deux aigles côte à côte (3), par allusion aux deux fils qui étaient en même temps associés au pouvoir de cette reine. Quant aux médailles qui portent la tête de Cléopâtre IV, elles se reconnais- sent à la légende BA2IAIZ2H2 2EA.HNH2 (4), qui contient le nom par lequel la femme de Soler II se distinguait des autres Cléopâtres.

L'inscription du vase Temple ne donne aucune épithète caracté- ristique à la reine dont ce monument retrace la figure. Manquant donc des portraits de la première, de la seconde et de la cinquième des Cléopâtres, nous serions dans l'impossibilité presque absolue de déterminer l'époque précise de notre vase et la princesse à laquelle il se rapporte, si, par un bonheur extraordinaire, il ne se trouvait pas être orné de l'image d'une des deux Cléopâtres dont l'effigie nous est connue. Il suffit de comparer la tête d'une des médailles de Cléo- pâtre Séléné, médailles qui se retrouvent dans toutes les collections, à la tête de la reine figurée sur les monuments que nous publions pour la première fois, pour reconnaître, malgré l'empâtement du modelé par la couverte sur le vase Temple, l'identité absolue des deux images. S'il est quelquefois des rapprochements iconographi- ques qui réclament un sens très-délicat et tout particulier, ce n'est

(1) V. Lepsius, Kœmgsbuch der alten JEgypter, pl. LX, n® 721. (2) Iconographie grecque , t. Ill, p. 241. (3) Mionnet, Descr. ae méd. aut., t. VI, p. 26. (4) Visconti, Iconographie grecque , t. Ill, p. 249. - Mionnet, t. VI, p. 28;

Suppl. , t. IX, p. 16.

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certainement pas ici le cas. Le rapprochement que nous indiquons est tellement frappant et tellement certain, que tout le monde le fera du premier coup d'œil.

Mais du moment que c'est Cléopâtre Sélénê que l'on doit recon- naître sur le vase Temple, il est évident que, malgré les titres de Déesse et de Bonne Fortune qui lui sont donnés, cette reine était vivante et sur le trône quand le monument que nous publions fut exécuté. L'histoire de Cléopâtre IV .ne permet pas de supposer qu'on ait pu lui dédier en Égypte un monument d'apothéose après sa mort. Ceci confirme pleinement l'explication que M. Beulé avait proposée pour le vase de la reine Bérénice, qu'il conjecturait avoir été exécuté du vivant de cette reine, malgré le titre de Bonne Fortune qu'elle y reçoit et celui de Dieux Évergètes, donné à elle et à son mari. L'opi- nion du savant professeur d'archéologie a été combattue par quelques- uns de ses confrères dans le sein de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, mais notre nouveau vase vient maintenant en fournir la confirmation définitive.

La divinisation des Ptolémées pendant leur vie était un usage d'origine égyptienne, emprunté aux anciens protocoles pharaoniques. A partir de Philadelphe, les monuments hiéroglyphiques exécutés par leur ordre accompagnent tous, de leur vivant, leur surnom distinctif du titre de dieu. Le surnom divin du fondateur de la dynastie n'a encore été trouvé que sur des monuments postérieurs à sa mort.

Dieu sauveur. - Ptolémée Ier Soler Ier.

IM . Dieu aimant sa sœur. - Ptolémée II Philadelphe.

n"| -j', Dieu créateur. - Ptolémée HI Évergète I".

^ Dieu aimant son père. - Ptolémée IV Philopator I".

. Dieu manifesté. - Ptolémée Y Épipliane.

■lá Dieu dont le père est dieu. - Ptolémée VI Eupator.

f . Dieu aimant sa mère. - Ptolémée VII Philotnétor.

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264 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

*"p- ■ ' . ZHett jeune aimant son père. - Pto-

lémée VIII Philopator II.

■"j -j-. Dieu créateur. - Ptolémée IX Évergète II.

■1 * ' * . Dieu aimant sa mère. - Ptolémée X - Soter II, I Ä » ^Ce-

pendant son premier règne, durant lequel il porta le surnom de Phi- lométor (1).

-Kam . Dieu aimant sa mère. - Ptolémée XI Aexan-

dre Ier.

■ J

w ^ t . Dieu sauveur. - Ptolémée X Soter II, dans

son second règne.

Et ainsi de suite jusqu'à Ptolémée César, fils de la fameuse Cléo- pâtre et du vainqueur de Pharsale (2).

Souš les premiers rois, ce titre ne s'introduisit pas tout d'abord dans le protocole officiel en langue grecque. La dédicace du temple d'Osiris, à Canope (3), n'appelle pas Ptolémée III et Bérénice Dieux Évergètes , et celte épithète ne se rencontre que sur les monuments d'un caractère privé, comme le vase de Bengazi. Mais à partir de Ptolémée Épiphane, la divinisation s'exprime formellement dans le protocole grec des monuments publics. Nous ne parlons pas de la grande inscription de Rosette, document d'un caractère purement égyptien, émané des prêtres indigènes; mais dans la dédicace de l'édicule de Philae Ptolémée V et sa femme Cléopâtre s'intitulent ©eoi 'Eicitpaveïç (4). Ptolémée YII et Cléopâtre sont appelés 0eol 4»iXo- |Aï)Topeç dans les dédicaces du temple de Parembolé (5), du propylon d'Antaeopolis (6) et du sécos du temple d'Ombos (7), et les monnaies du même prince offrent la légende BA2IAEÜ2 IITOAEMAIOY 0EOY

(1) Pausan., I, 9. (2) V. Lepsius, Kœnigsbueh, pl. LI-LX. (3) Lettonne, Inscriptions de l'Egypte , 1. 1, p. 1. (ft) Ibid., p. 7. (5) Ibid., p. 17. (6) Ibid., p. 2ft. (7) Ibid., p. 40.

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lë vase de la reine cléopâtre. 268

«MAOMHTOPOS (1). APselcis (2) et à Philae (3), Ptolémée IX et sa fémme Cléopâtre sont désignés par le surnom de ©sol EuEpysxai. Quant à Soter II, ses médailles portent dans le champ les lettres 2û 0E, initiales des mots 2<>m¡po; OeoS (4). Dans la dédicace du pronaos d'Apollonopolis Parva (5), lui et la reine sa femme, la Cléopâtre re- présentée sur le vase Temple, sont appelés ©soi ̂iXo^opeç, et le papyrus grec d'Osoroéris (6) commence ainsi : BaoiXeuovrtov KXeoicáTpaç xat IlToXe(/.a(ou Oswv <l>'.XouLriTopwv Swr^ptûv, sxouç S', et un peu plus loin le même acte mentionne le prêtre des dieux Soters, des dieux Adel- phes, des dieux Évergètes, des dieux Philopators, des dieux Épi- phanes, du dieu Eupator, du dieu Philométor, du dieu Évergète, et des dièux Philométor s Soters.

Voici pour le titre de ©eà, donné à la reine sur le vase que nous étudions. La présence de celui d"AY*(tfi Tfy*] nous oblige à nous écarter de l'explication ingénieuse que M. Beulé avait proposée pour cette dernière qualification sur le vase de Bengazi. Remarquant que le vase qu'il tenait de M. Léon Roches avait été trouvé sur l'empla- cement même de la ville appelée Bérénice, en l'honneur de l'épouse d'Évergète Ier, le savant académicien supposait que le titre ď 'AyaOii Tóyji désignait la reine comme Fortune de la ville, et que, par con- séquent, le vase devait se rapporter à la nouvelle fondation de l'an- cienne Cité des Évespériles. Mais il n'y eut pas de ville fondée en l'honneur de Cléopâtre Séléné, et l'on ne rencontre même, dans la géographie antique, aucune cité qui ait dû son nom à l'une ou à l'autre des Cléopâtre. Il faut donc renoncer à l'interprétation de Fortune d'une ville, et rapporter simplement l'épithète 'Ay<M Tú/v) à l'usage de la divinisation des souverains. Cette épithète était proba- blement la traduction de quelque titre du protocole égyptien; cepen- dant on n'a encore pu y trouver une assimilation satisfaisante dans les légendes hiéroglyphiques ni de Bérénice Évergète ni de Cléo- pâtre Séléné.

Obligé de renoncer à voir dans le titre de la reine divinisée une allusion à la fondation d'une ville, nous ne pouvons reconnaître non

(1) Mionnet, t. VI, p. 22. (2) Letronne, Inscriptions de l'Egypte, 1. 1, p. 35. (3) Ibid., p. 47. (4) Eckhel, Doctr. num. vet., t. IV, p. 18. (5) Letronne, Inscriptions de l'È ayote. t. 1, p. UQ. (6) Saint-Martin, Journal des savants, 1822, p. 555. - Kosegarten, De prise. Mgypt •

lit., p. 67. - Lepsius, Ueber einige Ergebnisse der ägyptischen Denkmœlér für die Kentniss der Ptolemceer geschickte, p. 38.

vii. i8

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266 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

plus, dans l'espèce de meia placée derrière la figure de cette reine, un symbole « des jeux solennels qui célébrèrent la fondation de la nou- velle ville. » Force nous est de nous rabattre sur la seconde hypo- thèse proposée par M. Beulé pour l'interprétation de cet objet. La porte de ce monument qui se voit derrière la figure royale, sur le vase de Bengazi et sur le vase Temple, rappelle assez les colonnes qui sont auprès des images d'Astarté sur les médailles gréco-romaines de la Syrie et de la Phénicie. Ne pourrait-elle pas révéler, dans le culte des deux reines divinisées, une assimilation analogue à celle qui se produisit dans le culte d'Arsinoé Philadelphe, identifiée à l'Aphrodiie Zéphyritis? En tous cas, ce symbole ne peut pas avoir de rapport avec l'institution des prêtresses athlophores , car, s'il y avait dans le culte des souverains Lagides, une athlophore de Bérénice Évergète, les monuments écrits, entre autres le papyrus d'Osoroéris, prouvent qu'il n'y eut jamais d'athlophore de Cléopâtre Séléné.

Levase de la reine Cléopâtre porte avec lui sa date. Il n'a pu être exécuté qu'entre les années 117 et 107 avant Jésus-Christ. Ce monu- ment constitue ainsi un document précieux et d'époque certaine sur l'état de la céramique gréco-égyptienne à la fin du second siècle qui précéda l'ère chrétienne.

François Lenorju nt.

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