22
! L’usage de ce document est strictement lié aux droits d’utilisation que vous avez souscrits. Toute copie ou diffusion non autorisée à des tiers n’ayant pas souscrit une licence d’utilisation constitue une atteinte au droit de propriété intellectuelle et donnerait lieu à des poursuites judiciaires.

Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Embed Size (px)

DESCRIPTION

 

Citation preview

Page 1: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

!L’usage de ce document est strictement lié aux droits d’utilisation que vous avez souscrits. Toute copie ou diffusion non autorisée à des tiers n’ayant pas

souscrit une licence d’utilisation constitue une atteinte au droit de propriété intellectuelle et donnerait lieu à des poursuites judiciaires.

Page 2: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Comment adapter l'ensemble des politiques publiques au vieillissement de la population alors que la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement a pris effet au 1er janvier 2016 ? Comment concevoir des méthodes de travail pour faciliter la mise en œuvre de projets nécessitant un décloisonnement des politiques publiques ? Il ne s'agit pas seulement de prendre en compte le nombre croissant de personnes âgées, mais aussi de tenir compte des besoins, des modes de vie et des évolutions sociales qui modifient nos manières de vivre et de vieillir.Cet ouvrage, à travers des apports méthodologiques et des retours d'expérience, est destiné à tous ceux qui travaillent auprès de ces publics et participent ainsi à l'évolution des politiques publiques locales. Élus locaux, directeurs généraux, chefs de projet, travailleurs sociaux, bénévoles sont les acteurs identifiés dans la mise en œuvre de projets locaux au bénéfice de l'adulte âgé. Les auteurs souhaitent donner des pistes de réflexions stratégiques et opérationnelles pour réaffirmer les engagements réciproques entre collectivités locales, acteurs associatifs et habitants, en matière de concer-tation et de valorisation de la participation citoyenne à l'évolution du regard que la société porte sur le vieillissement.Cet ouvrage s'interroge également sur la perception par les retraités du vieillissement, de l'utilité sociale, des rapports interâges. Le témoignage d'un retraité, accompagné d'une enquête qu'il a menée auprès d'un public de tous âges, nous propose une approche instructive pour se réinterroger autour des valeurs et du sens éthique d'une intervention.Les deux éléments structurants de cet ouvrage sont, d'une part, l'idée que pour devenir plus efficaces, les politiques publiques doivent se tourner résolument vers une conception, des méthodes et des pratiques transversales et, d'autre part, que les collectivités territoriales ont désormais à intégrer une nouvelle vision des actions à conduire à partir de la loi relative à l'adaptation de la société au vieillissement.

Le vieillissement au cœur des politiques publiques Méthodologie pour une approche transversale

Le v

ieill

isse

me

nt a

u c

œu

r d

es

po

litiq

ue

s p

ub

liqu

es

- Mé

tho

do

log

ie p

ou

r un

e a

pp

roc

he

tra

nsv

ers

ale

Le vieillissement au cœur des politiques publiques Méthodologie pour une approche transversale

Claire GuérainJean-Jacques Amyot

Isabelle Dury Jean-Jacques Portier

978-2-8186-0816-6

Juriste de formation, directrice territoriale, Claire Guérain est la directrice d'une association de personnes âgées. Elle a été responsable de l'habitat dans une commune, avant de se spécialiser dans le secteur des personnes âgées au sein d'un conseil général, puis au service d'une association. Elle collabore aux Éditions Territorial depuis 2001.

Ingénieure sociale en action gérontologique de formation, Isabelle Dury est responsable du service Réflexion, concertation et formation de l'Ovpar à Villeurbanne et administratrice de la Société Rhône-Alpes de gérontologie. Elle s'est spécialisée dans l'animation de réseau intersectoriel et la conception de formations interorganismes dans les champs de l'habitat social, du développement social local et de la gérontologie.

Jean-Jacques Portier a une formation d’éducateur spécialisé et de sociologie. Co-initiateur d’un « groupe terrasse intergénérations », il est passionné d’évasion en hauteur et en mots (tous les sommets méritent une pause sur soi).

Directeur de l'Oareil à Bordeaux, Jean-Jacques Amyot est membre du Réseau national de consultants en gérontologie (ARCG), consultant pour divers organismes, secrétaire général de l'Union nationale des offices de personnes âgées (Uniorpa), chargé de cours auprès des universités de Bordeaux, Marseille, Montpellier. Il est également auteur ou coauteur d'une quinzaine d'ouvrages sur des questions gérontologiques.

[Dessin Une : Patrick Lestienne] www.territorial.frISBN :

d’EXPERTS d’EXPERTSd’EXPERTS

Page 3: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale
Page 4: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Le vieillissement au cœur des politiques publiques Méthodologie pour une approche transversale

Claire GuérainDirectrice de l’Ovpar

Jean-Jacques Amyot Directeur de l’OAREIL, chargé de cours à l’université de Bordeaux

Isabelle DuryIngénieure sociale en gérontologie,

responsable service Réflexion, concertation et formation à l’Ovpar Jean-Jacques Portier

Ancien directeur de structures sociales, retraité

Groupe TerritorialCS 40215 - 38516 Voiron Cedex Tél. : 04 76 65 87 17 - Fax : 04 76 05 01 63Retrouvez tous nos ouvrages sur www.territorial-editions.fr

d’EXPERTS786

Janvier 2016Référence DE

Page 5: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Ce pictogramme mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’au-teur de l’écrit, particuliè-rement dans le domaine de l’édition technique, le développement massif du photocopillage.

Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, de la présente publication est interdite sans autorisa-tion du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris).

Avertissement de l’éditeur :La lecture de cet ouvrage ne peut en aucun cas dispenser le lecteur

de recourir à un professionnel du droit.

Vous souhaitez être informé de la prochaine actualisation

de cet ouvrage ?

C’est simple !Il vous suffit d’envoyer un mail

nous le demandant à :

[email protected]

Au moment de la sortie de la nouvelle édition de l’ouvrage, nous vous ferons une offre commerciale préférentielle.

ISBN version numérique :ISBN : © Groupe Territorial, Voiron

978-2-8186-0816-6978-2-8186-0817-3

Imprimé par Reprotechnic, à Bourgoin-Jallieu (38) - Janvier 2016Dépôt légal à parution

Page 6: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Sommaire

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

3

SommairePréface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.7

Introduction : Penser la politique du vieillissement de façon transversale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.9

Partie 1

Contexte et enjeux

Chapitre I Le contexte démographique, sociologique et réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.13

A - Données démographiques et sociologiques sur le vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.13

1. Quelques chiffres sur le vieillissement de la population en France et en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.132. Comptabiliser une population n’est pas suffisant pour définir une politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.163. L’image de l’adulte âgé aujourd’hui, un adulte avant tout et un acteur à part entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.184. L’adulte âgé n’est pas seulement un usager de services et de prestations sociales et médico-sociales . . . . . . . . . . . . . . p.20

B - Le cadre réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.21

1. Les acteurs publics : le rôle des collectivités territoriales et de l’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.212. Les dispositifs d’organisation et de régulation de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.253. Les principales prestations sociales pour les personnes âgées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.264. Vers une réforme ambitieuse et globale : la loi n° 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation

de la société au vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.27

Chapitre II Les enjeux autour des pratiques transversales pour penser autrement la cohésion sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.29

A - Les enjeux politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.29

1. Comment les politiques gérontologiques se sont construites autour des notions de personne âgée dépendante et de prise en charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.29

2. L’exemple de la maladie d’Alzheimer : la spécificité au risque de l’exclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.30

B - Le principe d’un décloisonnement des politiques publiques posé par la loi vieillissement . p.31

1. Une mobilisation de tous les acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.312. La création du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.323. Le logement, les transports et l’aménagement des territoires, outils au service de la préservation du lien social

et de citoyenneté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.32

Partie 2

Politique transversale du vieillissement et citoyenneté

Chapitre I La mise en application de la transversalité à travers l’exemple de l’habitat et du développement social local . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.35

A - La place et les enjeux des politiques de l’habitat dans la prise en compte du vieillissement p.35

1. Décloisonner les politiques de l’habitat et du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.352. Poursuivre une meilleure articulation des programmes locaux de l’habitat (PLH) avec les collectivités locales

en charge du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.363. Développer une ingénierie territorialisée du vieillissement entre les acteurs de l’habitat et de la gérontologie . . . . . . . p.384. Former les acteurs de l’habitat aux problématiques du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.38

Page 7: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

4

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

Sommaire

B - Les politiques du développement social local : levier pour une prise en compte citoyenne de l’adulte âgé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.40

1. Développer une culture d’intervention en réseau entre les centres sociaux et les acteurs de la gérontologie . . . . . . . . . p.412. Concevoir une ingénierie de formation intersectorielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.423. Promouvoir une ingénierie sociale gérontologique au cœur de la politique de l’animation de la vie sociale . . . . . . . . . . p.444. Un référentiel décloisonné de la transversalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.455. Favoriser les principes de conventionnements entre les acteurs du développement social et ceux de la gérontologie . . . p.456. Décloisonner les logiques de financement vers une prise en compte transversale du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . p.46

Chapitre II La place du citoyen âgé dans cette approche transversale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.47

A - Citoyenneté et âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.47

1. L’évolution du sens de la citoyenneté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.472. Citoyenneté et « séniorité » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.493. Citoyenneté et grand âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.50

B - L’engagement citoyen de l’adulte âgé dans la vie sociale et citoyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.50

1. De la sollicitation à l’engagement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.502. De « l’intergénération » vers « l’interâge » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.513. De l’interâge vers « l’utilité sociale » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.52

Partie 3

Méthodologie pour une approche transversale du vieillissement

Chapitre I Méthodologie d’implication de l’adulte âgé dans la vie sociale et citoyenne . . . . . . . . . . . . . . . . p.59

A - Vers une démarche de démocratie participative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.59

1. La démocratie participative face au paradoxe du système démocratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.592. Le développement d’une démocratie participative comme finalité politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.593. La participation comme enjeu de citoyenneté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.60

B - Vers une démarche de coproduction, partenariat et dynamique sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.61

C - Exemple d’une enquête soumise à un groupe d’habitants sur leur perception de leur propre vieillissement et de leur rapport aux autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.63

1. Un questionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.632. Une grille de lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.63

Chapitre II Une méthode d’approche transversale du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64

A - La démarche de projet de développement social pour la prise en compte du vieillissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64

1. L’organisation du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.642. De l’idée au projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.64

B - La conception du projet transversal dans le cadre d’une évaluation dynamique . . . . . . . . . . . . . p.67

1. La finalité du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.682. La rationalité du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.683. Le choix des objectifs et leur hiérarchisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.694. Le choix des indicateurs retenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.705. La mobilisation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.706. Le partenariat comme ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.717. L’évaluation du projet transversal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.71

Page 8: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Sommaire

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

5

Chapitre III Fiches pratiques/Tableaux méthodologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.72

A - Tableaux méthodologiques pour l’analyse de situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.72

B - La mobilisation des acteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.72

C - Les outils pour évaluer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.74

Annexe

Enquête réalisée pour les besoins du présent ouvrage auprès de 24 personnes habitant sur un territoire semi-urbain en habitat privé et collectif (EHPAD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.77

1. Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.772. Les résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.78

Page 9: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale
Page 10: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Préface

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

7

Préface

L’âge n’est plus aujourd’hui seulement un enjeu individuel, mais aussi un enjeu politique majeur. Les plus de 60 ans constituent déjà, dans plusieurs de nos territoires, 30 % de la population et ces âgés, retraités ou non, ont aujourd’hui la chance d’une vie d’encore trente années et plus. Quoi de plus transversal, pour les politiques publiques, que cette transition démographique qui bouleverse tous les champs de notre société ? Famille, urbanisme, logement, transports, numérique, économie, emploi, formation, fiscalité, politiques de santé et politiques sociales… aucun domaine n’est épargné. Et pourtant …

Et pourtant, ce qui était de longue date prévisible au seul examen des courbes démographiques demeure souvent examiné de manière parcellaire, en limitant les questions au seul grand âge et à la perte d’autonomie. La place et le rôle des 14 millions d’âgés de notre pays restent le trou noir de la pensée politique, alors qu’il s’agit de les impliquer à tous les niveaux de la décision publique.

Nos villes, nos quartiers ne peuvent plus être ni conçus ni organisés sans poser les questions décisives de la mobilité, de la proximité des commerces, de l’accès aux services de santé. L’habitat doit être repensé pour que l’on puisse y demeurer dans les meilleures conditions de confort et de sécurité grâce aux technologies de l’autonomie. Les grandes régions qui vont se construire à la suite de la réforme territoriale doivent compter parmi leurs atouts la « silver économie », la formation aux métiers de l’autonomie, secteur en croissance continue, l’e-santé, le tourisme de santé et de bien-être. Toutes les collectivités sont impliquées et, plus encore, amenées à collaborer dans un plan général d’anticipation et d’accompagnement de cette transition démographique au moins aussi importante que la transition énergétique parce qu’elle est au cœur de l’humain.

Le présent ouvrage donne les clefs de cette multitransversalité. Le doublement de l’espérance de vie en moins d’un siècle est une révolution jamais connue dans l’histoire de l’humanité. À nous de faire que ce formidable cadeau le soit pour tous et partout.

Michèle DelaunayDéputée de la Gironde

Conseillère municipale de BordeauxConseillère métropolitaine

Ancien ministre

Page 11: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale
Page 12: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Introduction

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

9

Introduction Penser la politique du vieillissement de façon transversale

Personnes âgées, aînés, seniors, personnes en perte d’autonomie, retraités, vieux, adultes âgés… Les termes changent, selon les époques et selon les institutions, avec l’idée toujours louable de ne pas heurter. On va parfois jusqu’à s’excuser d’utiliser le mot « vieux ». Mais les intéressés, qu’en pensent-ils ? Derrière tous ces mots se cachent surtout la perception et le regard que notre société porte sur les personnes âgées.Encore trop souvent, les enjeux et les contraintes institutionnels sont davantage mis en lumière, au détriment d’une réflexion autour des conditions d’accompagnement, visant à développer une pratique cohérente et concertée entre l’adulte âgé et les aidants, qu’ils soient familiaux, professionnels ou bénévoles.La loi sur l’adaptation de la société au vieillissement et les débats qui l’ont alimentée ont mis en avant l’importance d’aborder la question de l’âge dans tous ses aspects (services de proximité, accès aux différents équipements de loisirs et de culture, facilitation des déplacements, et adaptation de l’habitat, organisation de la prise en charge de la perte d’autonomie mise en parallèle avec la diminution des aidants familiaux, etc.) car les rapports humains et les rapports à la vie ont évolué. On parle aujourd’hui de quatre voire cinq générations, avec des aidés qui sont aussi parfois en même temps des aidants. La complexification et l’évolution de notre société nécessitent une observation et une analyse plus poussées.

> Les enjeux pour les collectivités locales

Les collectivités locales sont confrontées au vieillissement de la population sur leurs territoires. Pour y répondre, elles doivent s’engager dans une évolution de leurs pratiques, en intégrant des acteurs qui ont un impact sur la vie quotidienne des aînés, au-delà des acteurs traditionnels, mais non moins indispensables, du secteur gérontologique (services et établissements sociaux et médico-sociaux d’aide et de soins…), tels que les acteurs de l’habitat ou du développement local social, par exemple.Les communes doivent pouvoir penser la ville de demain, afin de répondre aux aspirations des personnes vieil-lissantes, dans un certain nombre de domaines tels que le cadre de vie, le logement, la santé, les transports, les activités physiques ou encore la culture.Pour certaines personnes, le vieillissement nécessite une attention particulière, à laquelle les institutions doivent pouvoir apporter une réponse adaptée. Il s’agit notamment des personnes seules, des personnes en situation de handicap, des personnes immigrées, des personnes en grande précarité et marginalisées depuis de nombreuses années, etc.De ces grandes problématiques, auxquelles sont aujourd’hui confrontés les collectivités territoriales mais aussi l’ensemble des acteurs intervenant dans le champ gérontologique, découlent différents enjeux :Comment adapter l’ensemble des politiques publiques au vieillissement de la population ?Quelles réponses aux populations âgées isolées, précaires, en situation de handicap ou encore immigrées ?Comment favoriser le « vivre ensemble » dans la cité et ainsi permettre une meilleure qualité de vie à l’ensemble de la population, quels que soient son âge, son origine, sa situation sociale, ses modes de vie ?Comment garantir une prise en charge de qualité aux personnes en perte d’autonomie en sachant que les aidants familiaux seront de moins en moins présents, en raison notamment du travail des femmes qui assurent aujourd’hui la majeure partie des aides, mais aussi au regard des changements de mode de vie (éloignement des enfants, mobilité professionnelle mais aussi précarisation des jeunes générations) ?

> Créer les conditions permettant de changer les regards sur l’adulte âgé

Le mot même de retraite implique l’idée de se retirer, de faire retrait. Ce terme montre une image que la société se fait encore aujourd’hui des retraités.Or, au-delà des discours, l’ambition est de montrer que les personnes âgées jouent un véritable rôle social et écono-mique dans notre société. On parle de valorisation de leurs compétences et de leurs expériences, de leur engagement bénévole et familial. Or, ce n’est pas parce que le bénévolat est gratuit qu’il ne coûte pas. La solidarité a un coût et par conséquent, l’impact économique et financier de l’action des aînés dans le bénévolat et l’entraide est important. Il est en particulier valorisé dans les associations, véritables vecteurs de lien social et de lutte contre l’isolement.

Page 13: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

10

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

Introduction

Dans une société qui aurait tendance à ne percevoir l’adulte âgé que dans sa perte d’autonomie, et comme un frein et une charge économique pour les actifs, il est de la responsabilité de chacun, à son niveau, de faire évoluer ce regard porté sur nos aînés, et de leur donner toute leur place dans la société.

Considérer le vieillissement au cœur des politiques publiques, c’est avoir un regard ouvert sur l’âge et la vieillesse.Envisager et élaborer une approche transversale et décloisonnée du vieillissement, c’est construire une politique large de partenariat, et une méthode de projet inclusive, associant l’adulte âgé en tant que citoyen dans l’ensemble des politiques publiques le concernant.

Page 14: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux 11

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

Partie 1 Contexte et enjeux

Page 15: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale
Page 16: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux 13

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

Chapitre I Le contexte démographique, sociologique et réglementaire

A - Données démographiques et sociologiques sur le vieillissement

Les politiques publiques ont besoin d’un ensemble de données pour orienter les décisions et définir les contours des dispositifs et des actions qui constituent la finalité ultime du processus politique. La démographie, qu’elle soit nationale, régionale ou locale, donne une vision quantitative des populations mais pas toujours de leurs besoins. Il faut donc lui adjoindre des informations plus qualitatives sur les comportements, les modes de vie, les évolutions sociales en cours qui tentent de prendre en compte non pas la représentation que l’on se fait d’une population, ses habitudes et ses contours d’hier, mais ce que l’on est susceptible de savoir sur sa manière d’être, de faire, de vivre aujourd’hui. Les approches dites sociologiques nous y aideront.

1. Quelques chiffres sur le vieillissement de la population en France et en Europe

La démographie est la « science ayant pour objet l’étude des populations humaines et traitant de leur dimension, de leur structure, de leur évolution et de leurs caractères généraux envisagés principalement d’un point de vue quantitatif.1 ». Elle est donc chargée, notamment, de dresser un bilan, un état des lieux, des perspectives et des comparaisons sur ce changement que l’on nomme transition démographique et qui consiste pour une population à passer, pour la natalité et la mortalité, de taux élevés à des taux faibles.

Ce changement, appelé également révolution des âges, nous conduit à ce qu’Alfred Sauvy a nommé vieillisse-ment démographique, c’est-à-dire l’augmentation de la proportion des personnes âgées dans une population. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui puisqu’il a débuté au XVIIIe siècle, mais nous n’en avons pris conscience collectivement qu’au XXe siècle. En fait, en ce qui nous concerne, il s’agit de deux phénomènes associés : le recul de la mortalité et la dénatalité. La baisse de la mortalité accroît le nombre des personnes âgées ; la baisse de la natalité accroît leur pourcentage.

Ainsi, nous pouvons déjà en déduire que la baisse de la mortalité si souvent mise en avant (« on ne meurt plus… ») n’est pas suffisante pour expliquer ce vieillissement populationnel. Si nous avions une forte natalité, cette question n’aurait pas une telle prégnance. Par ailleurs, faut-il rappeler que la vieillesse n’est pas un nouvel âge, bien qu’elle concerne une partie toujours plus importante de la population ? Les personnes de 60 ans et plus, âge considéré comme un archétype historique de la vieillesse par Patrice Bourdelais dans sa remarquable étude2, représentaient déjà 8,9 % de la population française en 1800.

Au 1er janvier 2014, la France métropolitaine comptait 65,8 millions d’habitants. Un quart a moins de 20 ans, la moitié entre 20 et 59 ans et le quart restant a 60 ans ou plus.

Deux siècles de vieillissement démographique (France)

1800 1900 1985 2014 (p)

% des 60 ans et + 8,9 12,9 18,1 24,2

% des 65 ans et + 5,6 8,5 12,8 18

% des 75 ans et + --- 2,5 6,2 9,2

Source : Insee

1.  Dictionnaire démographique multilingue, ONU, 1958.2.  Bourdelais, P., L’âge de la vieillesse. Paris, Odile Jacob, 1993.

Page 17: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux14

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

Les effectifs des 60 ans et plus ont doublé en 50 ans, ceux des 80 ans et plus ont triplé. Le nombre de personnes de 90 ans et plus a été multiplié par 9. Toujours en 2014, les centenaires étaient 21 000 dont 18 000 femmes. Leur effectif augmente de 8 % par an.

a)  L’espérance de vie

Un autre indicateur de cette révolution démographique est l’espérance de vie. Très souvent utilisée pour donner au phénomène une dimension spectaculaire, elle donne à voir un long processus qui s’accélère considérablement au XXe siècle.

« L’espérance de vie représente, pour une année donnée, l’âge moyen au décès des individus d’une génération fic-tive d’âge x qui auraient, à chaque âge, la probabilité de décéder observée cette année-là au même âge. Autrement dit, elle est le nombre moyen d’années restant à vivre au-delà de cet âge x (ou durée de survie moyenne à l’âge x), dans les conditions de mortalité par âge de l’année considérée »3. Cette approche, qui permet de calculer le nombre d’années restant à vivre, peut être utilisée pour différents âges. Le plus souvent, il s’agit d’espérance de vie à la naissance, mais l’espérance de vie à 60 ans ou à 65 ans, par exemple, peut servir de base de travail pour la population des retraités.

Espérance de vie à la naissance en France (hommes/femmes)

1740 1820-22 1900-02 1920-22 1950 1970 2013 (p)

H 23,8 38 45,1 50,7 63,4 68,4 78,7

F 25,7 39,2 48,3 54,4 69,2 75,9 85

L’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes ne cesse de se réduire : il est passé de 8,2 ans en 1994 à 6,3 ans en 2013. Cette évolution a une incidence sur le veuvage, la solitude et les possibilités accrues de vie en couple. Il témoigne des modes de vie, de l’attention différentielle que l’on accorde à sa santé, de facteurs de risque liés aux genres et d’une vulnérabilité plus grande des hommes.

Espérance de vie à 60 ans en France (hommes/femmes)

1830 1880 1900 1920 1950 1970 2013 (P)

H 13,2 13,9 12,7 14,2 15,4 16,2 22,7

F 13,4 14,7 13,9 15,9 18,3 20,8 27,3

On trouve quelques autres causes notables d’espérance de vie différentielle.Chez les hommes, les cadres vivent en moyenne 6,3 ans de plus que les ouvriers, alors que pour les femmes, les inégalités sociales sont moins marquées, les cadres et les ouvrières ayant 3 ans d’espérance de vie différentielle. Quelle que soit leur catégorie sociale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. En conséquence, l’espé-rance de vie des ouvrières est supérieure à celle des hommes cadres…Nous ne sommes pas égaux non plus en fonction de la région dans laquelle nous vivons. L’Île-de-France est aujourd’hui la région où les hommes vivent le plus longtemps, devant le quart sud-ouest de l’hexagone, alors que les Pays de la Loire ont la longévité féminine la plus élevée et que les habitants des départements d’outre-mer meurent en moyenne plus précocement qu’en métropole. Qui plus est, une étude des observatoires régionaux de la santé a mis en évidence que plus on s’éloigne dans les départements de la ville centre, plus l’espérance de vie baisse. Tous ces éléments révèlent des inégalités qu’il ne suffit pas de mettre en évidence, de quantifier, d’évaluer en termes de risques, mais qui doivent être prises en compte dans les politiques mises en œuvre par les collectivités locales.

Ces mêmes collectivités locales ont à faire face à un vieillissement différentiel régional dû aux migrations induites par l’activité professionnelle, à celles qui adviennent au moment de la retraite (rapprochement familial, résidence secondaire devenant la résidence principale, héliotropisme…) ainsi qu’à la plus haute fécondité dans le nord de la France. Les conséquences directes de ce vieillissement sont la désertification des zones rurales et montagneuses et la surreprésentation des retraités dans des zones très recherchées, notamment côtières : le pourtour méditerra-

3.  Dictionnaire de l’Insee.

Page 18: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux 15

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

néen, la côte basque, la façade atlantique et tout particulièrement des communes comme La Rochelle ou La Baule. Cependant, au-delà de cet aspect très visible, les conséquences d’un vieillissement localisé doivent être perçues en termes de disparités économiques et de distorsions des besoins sociosanitaires. Les départements ruraux les plus vieillis ne bénéficient pas de recettes d’impôts à la hauteur des besoins considérables générés par le vieillisse-ment accéléré de leur population. Quant aux communes qui se frottent les mains devant l’installation des retraités aux revenus stables, présents à l’année, constituant une bonne assise à la création de services, elles doivent tenir compte de l’évolution de cette population venue massivement et qui nécessitera, deux décennies plus tard, une forte croissance de l’action sociale municipale. À ces aspects vient s’ajouter le problème du logement qui, compte tenu de l’évolution vertigineuse du prix de l’immobilier, permettra de moins en moins à une population jeune de s’installer dans les centres-villes pour assurer les services dont les personnes ont besoin. La même difficulté se retrouve en milieu rural dispersé où les services de base ne sont plus assurés : le médecin, l’infirmière, la pompe à essence qui proposait également un peu de droguerie et quelques produits alimentaires, l’école et la poste dispa-raissent progressivement laissant les personnes âgées en situation d’isolement et de précarité. Le territoire est alors réinvesti par des résidences secondaires de jeunes retraités, tous ayant la capacité de se déplacer ou d’importer tout ce qui s’avère nécessaire.

b)  Projections

Les tendances démographiques proposent une France en 2060 de près de 74 millions d’habitants. Le nombre de personnes de plus de 60 ans augmentera, à lui seul, de plus de 10 millions. En d’autres termes, une personne sur trois aura plus de 60 ans. Il faudra en effet absorber dans ces âges les générations du baby-boom et ce jusqu’en 2035, avec une évolution plus lente ensuite. Ainsi, ce sont près de 24 millions de personnes de 60 ans et plus – soit une hausse de 80 % en 53 ans – qu’il faudra prendre en compte dans le dispositif de protection sociale et qui constitueront le gros des aidants de proximité, des bénévoles associatifs. Mais la révolution démographique de cette période concerne les plus âgés : le nombre de personnes de 75 ans et plus passerait à 11,9 millions et celui des 85 ans et plus à 5,4 millions4.

c)  Europe

Le vieillissement de la population européenne va, bien évidemment, dans le même sens : en vingt ans, la part des 65 ans ou plus dans la population de l’UE est passée de 14,1 % à 17,8 % au 1er janvier 2012. L’espérance de vie à la naissance continue d’augmenter dans les pays européens principalement sous l’effet de la baisse de la mortalité aux âges élevés. Pour une espérance de vie moyenne à 65 ans de 17,4 ans pour les hommes et 20,9 ans pour les femmes dans l’ensemble de l’Union européenne en 2008-2010, 5,5 ans séparent les Français (18,7 ans) et les Lettons (13,2 ans), et 6,3 ans les Françaises (23,2 ans) et les Bulgares (16,9 ans).

En 2009, l’espérance de vie sans incapacité s’établit à 61,3 ans pour les hommes de l’Union européenne (EU27), ce qui représente près de 80 % de leur espérance de vie à la naissance (76,7 ans). L’EVSI (espérance de vie sans incapacité) a atteint 62 ans pour les femmes, ce qui représente les trois quarts de leur espérance de vie à la naissance (82,6 ans). « On constate que l’espérance de vie à 65 ans de l’Union des 25 s’est allongée d’un an entre 2005 et 2010. Le temps vécu en mauvaise santé perçue au-delà de 65 ans a, lui, nettement diminué pour les hommes comme pour les femmes (de 0,5 à 1,1 an selon le sexe), et ce en dépit de l’augmentation des années de vie s’accompagnant de maladies (de 1,6 à 1,3 an selon le sexe), le temps vécu sans limitation d’activité restant inchangé5 ». Ces différences, parfois considérables, d’un pays à un autre sont le résultat de différences en matière d’exposition et de prise en charge des problèmes de santé, mais aussi de perception de ces problèmes et d’attentes en matière de santé. Qui plus est, le recueil de ces données dans le but d’établir des comparaisons pose des pro-blèmes méthodologiques qui ne sont qu’imparfaitement résolus.

Ces éléments confirment bien que nous avons affaire à une situation exceptionnelle qui change profondément notre appréhension du parcours de vie et donne à « l’âge de la vieillesse » un espace social et un temps individuel considérables. Plus de trente ans de vie ont été arrachés au néant au cours du seul XXe siècle ! Mais de quelles années de vie parlons-nous ? De celles des incapacités ou de celles de la santé et du temps libre ? Durant les années 80, l’INSERM va mettre en évidence que ces années gagnées sont des années plutôt en bonne santé et

4.  Blanpain N., Chardon O., « Projections de population à l’horizon 2060 », Insee Première n° 1320, octobre 2010.5.  Robine J.-M., Cambois E., « Les espérances de vie en bonne santé des Européens », Population et Société, n° 499, avril 2013.

Page 19: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux16

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

majoritairement sans incapacité. En d’autres termes, vivre plus vieux nous offre aujourd’hui essentiellement des années sans incapacité. Depuis que nous sommes empreints de cette espérance de vie galopante – environ un trimestre par an –, l’espérance de vie sans incapacité croît plus rapidement que le temps des incapacités. Même si ce processus s’est ralenti ces dernières années, il est nécessaire de rappeler que ces années gagnées ont repoussé l’arrivée des incapacités sans en faire croître la durée. Néanmoins, il faut également reconnaître que si le grand âge ne rencontre pas nécessairement le handicap ou les incapacités de manière brutale, la vulnérabilité peut surgir rapidement dans les relations entretenues avec le milieu de vie qui appelle un souci d’accompagnement prenant en compte une fluctuation de l’adaptation.

2. Comptabiliser une population n’est pas suffisant pour définir une politique

La conception et la planification des actions en direction de cette population nécessitent donc que l’on soit en possession de ces données démographiques afin de ne pas sous-estimer l’ampleur des dispositifs et d’en tenir compte pour définir les moyens à mobiliser.Néanmoins, les chiffres qui nous sont fournis pèchent trop souvent par leur haut degré de généralisation. Parler de plus de 16 millions de personnes au plan national ou des 30 000 « seniors » de la commune laisse entendre que nous avons affaire à une population homogène et constitue un risque, celui de construire son action sur une représentation soit excessivement molle parce qu’elle n’est finalement que le plus petit dénominateur commun, soit abusivement étroite, les deux menant nécessairement à l’inefficacité, loin des besoins, des attentes et des demandes des publics ciblés.

En effet, le nombre de personnes d’un certain âge ne nous renseigne que très partiellement sur les besoins. Si dans les années soixante-dix, on avait planifié le parc institutionnel de l’hébergement du grand âge sur un simple critère de nombre, combien de centaines d’établissements seraient vides aujourd’hui ? On y rentrait à 70 ans, à près de 85 ans aujourd’hui. Déduire du nombre d’octogénaires ce qu’il faudra mettre en œuvre, c’est oublier que le contexte économique, les conditions de vie, la culture de génération, l’accès aux soins et bien d’autres aspects comme le regard porté sur le grand âge nous en diront plus sur les futurs octogénaires que la simple référence à une catégorie d’âge présentée à l’aune du nombre de ses membres. Il ne suffit pas de décompter les individus pour imaginer une autre époque. Ce n’est pas en vous délivrant la démographie du XVIIIe ou du XIXe siècle que vous pourrez imaginer les conditions de vie, les mentalités, les relations humaines, les constitutions de groupes, de classes ou de castes, la vie familiale, le fonctionnement des institutions politiques, citoyennes et éducatives, les échanges économiques, la place de la vieillesse et son vécu, bref, la chair de nos vies quotidiennes. Croire en matière de vieillissement que l’on a à peu près tout dit parce que l’on a posé l’espérance de vie et le pourcentage de telle ou telle classe d’âge, c’est réduire une métamorphose sociale à sa cause initiale : plus de vieux, certes, et alors ? À quoi ressembleront-ils ? « Personnellement, je crois que ce qui change, ce n’est pas notre corps mais notre environnement […] Nous avons une incroyable capacité à améliorer le monde pour qu’il nous soit plus favorable […] Lorsque nous voyons aujourd’hui des personnes de 80 ans dans un état de santé précaire, il faut prendre conscience qu’elles ont été exposées à l’environnement d’il y a 80 ans […] Ce n’est donc pas parce que les octogénaires d’aujourd’hui sont fragiles que ceux de demain le seront aussi… En fait, nous n’en savons rien6 ! ». Chaque génération possède ses manières de vivre, d’habiter, ses valeurs, son niveau de vie, ses formes familiales spécifiques… Nous savons que l’appartenance à une génération est fortement liée à des conditions d’existence, des événements sociaux, des normes sociales et des habitudes de vie. Comment penser que ces éléments – mais il y en a bien d’autres – sont secondaires au regard des données quantitatives ? Il faut inverser le regard : les modes de vie et les métamorphoses sociales d’abord, le nombre ensuite.

Il n’est pas inutile de décompter les individus qui composent les populations, mais il faut savoir que la manipula-tion de ces chiffres, leur utilisation dans des contextes différents – planification, prestations, régulation… – en font tout autant des arguments idéologiques des plus dangereux que des éléments sur lesquels asseoir la méthode et l’action. Néanmoins, « cette volonté de gouverner sur la base d’états de fait chiffrés, raisonnable en théorie, s’accom-pagne cependant d’attributs qui, avec le temps, confinent à l’irrationalité : une certaine compulsion à accepter ou demander de mesurer tout ce qui peut être ; la prolifération de chiffres dont il n’est pas vraiment sûr d’en connaître l’utilité et dont la masse même semble défier toute tentative de synthèse ; et une certaine réticence à prendre des décisions pour lesquelles la quantification ne parvient pas à désigner laquelle serait la meilleure. Il existe donc

6.  Robine J.-M., « En France, le nombre de centenaires double tous les dix ans », Bleu n° 2, été 2013, Nantes, Gérontopôle autonomie Longévité, p. 11.

Page 20: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux 17

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

des limites, techniques et sociales, à la réduction intégrale de la décision politique à l’objectivité7 ». Qui plus est, il est indispensable de rappeler sans cesse que ces collections d’individus ne sont constituées que sur la base d’un point commun (les octogénaires, les Français, le cancer, les propriétaires…) qui gomme tous les autres points, c’est-à-dire cet essentiel qui les rend par ailleurs foncièrement différents. Nous sommes confrontés non pas, selon l’image du microscope, à une part identifiée du réel, mais à un extrait arbitraire, le plus souvent idéologique, d’une dynamique sociale déshabillée de son essence même. L’arbre qui cache la forêt est ici l’expression la plus adéquate pour toucher du doigt cette manière d’occulter le principal. « En définitive, c’est un arbitrage entre un niveau et une quantité qui se joue ici. Les enjeux sont graves car c’est le poids de populations conçues comme des entités qui est mesuré à celui de vies humaines singulières, engageant, en toile de fond, des conceptions différenciées de la place de l’individu dans la société. Formulé en ces termes, le dilemme ne trouve que des réponses relatives à un ensemble de valeurs temporaires et fortement marquées politiquement8 ».

Des « populations » vont peu à peu se constituer et impacter nos mentalités, nos perceptions, notre manière de discriminer l’humanité : « Avec l’intention, puis l’usage de la notion de la population se pose le problème essentiel de la désignation des individus qui la composent, à l’aide de catégories telles que l’âge, le lieu de naissance, le sexe, mais aussi la nationalité, la confession ou l’appartenance ethnique, etc. imposées de l’extérieur, elles peuvent être dès lors totalement étrangères à la réalité de leur vie quotidienne ou à leurs valeurs9 ». Pour produire des don-nées, cette technique du dénombrement désépaissit le réel, elle le dégage de toute sa complexité, ses dynamiques. Contrairement à une croyance très largement partagée, les chiffres qui constituent la représentation du modèle scientifique et dont ils tirent leur apparente rigueur ne sont jamais neutres. Ils sont le produit d’une série d’opérations de simplifications incontournables, le résultat d’une formalisation toujours complexe. Et déjà, pour revenir à notre propos initial, découper les populations en catégories d’âge est une chose qui a pu avoir sa raison d’être lorsque les comportements étaient fortement stéréotypés en raison de normes sociales plus strictes, mais est-ce toujours utile ?

Comment constituer des groupes homogènes qui puissent permettre, suivant les différentes logiques d’intervention ou d’influence sur les populations (commerce et marketing, épidémiologie, planification et équipements, santé publique), de comprendre et d’agir ?Longtemps, l’exercice d’un métier a généré des modes de vie qui lui étaient fortement liés. À tel point que la matrice urbaine en porte encore les traces : certains quartiers, certaines rues sont plus ou moins dédiés à des professions ou des domaines d’activité. Les fouilles autour des grandes pyramides ont mis au jour des villages d’ouvriers conçus selon cette logique. Cette approche s’est concrétisée en France dans la volonté de développer un outil heuristique sur la population. Ce choix n’est pas anodin. Nous sommes au début des années 50 et le monde professionnel est l’objet d’un changement profond, notamment en ce qui concerne la montée des classes moyennes. D’où l’idée d’une classification par catégories socioprofessionnelles (CSP). C’est l’Insee qui en 1954 segmente la population française active selon ce principe et définit ainsi des catégories censées avoir une homogénéité sociale suffisante. En d’autres termes, et c’est bien là que se situent nos interrogations, « Les personnes appartenant à la même caté-gorie sont présumées pouvoir entretenir des relations entre elles, avoir des comportements et des opinions proches, se considérer comme appartenant à une même catégorie et être considérées comme telles par les autres10 ».Souvent dans les grilles de CSP, les retraités apparaissent comme une catégorie à part, c’est-à-dire ayant des opinions et des comportements suffisamment proches pour constituer une catégorie. L’âge est alors considéré comme une « sous-culture » au sens sociologique du terme, c’est-à-dire générant ses propres manières de penser, de sentir et d’agir. Si tel est le cas, nous pouvons nous étonner que durant la vie active, nous soyons très proches en matière de comportements, de modes de vie et de liens sociaux de ceux inclus dans la même sphère professionnelle que nous, et passé la retraite, nous fassions corps avec des personnes ayant appartenu à toutes les autres CSP…

7.  Ogien A., Désacraliser le chiffre dans l’évaluation du secteur public, Versailles, Éditions Quae, coll. Sciences en questions, 2013, p. 41.8.  Maillochon F., op. cit., p. 64.9.  Smyrnelis M.-C., « Jeux d’identité à Smyrne aux XVIIIe et XIXe siècles », in Hervé Le Bras (Dir.), L’invention des populations. Biologie, idéologie et

politique, Paris, Odile Jacob, 2000, p. 125.10.  Dictionnaire de la sociologie, Larousse, coll. Essentiels, 1990.

Page 21: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux18

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

3. L’image de l’adulte âgé aujourd’hui, un adulte avant tout et un acteur à part entière

a) Un adulte avant tout…

Il nous faut donc revenir sur la manière dont nous traitons cette question des catégories et qui impacte durablement, profondément, nos relations aux autres et, nécessairement, les politiques publiques qui ont besoin pour se structurer de se représenter les différents types de population afin de planifier, hiérarchiser et singulariser ses actions et ses dispositifs. Il s’agit donc de déterminer les variables à partir desquelles il paraît judicieux de définir ses populations : âge, profession, territoires, modes de vie, sachant que celui-ci « fait référence à une combinaison de caractéristiques que l’étude sociologique ou ethnographique établit comme spécifique des comportements d’un groupe social donné. La façon de dépenser son revenu, la nature des activités de subsistance et l’emploi de son temps libre, la forme et le rythme des fréquentations constituent un ensemble de traits susceptibles d’identifier une population11 ».Dans les années 70 et 80, Bernard Cathelat, du Centre de communication avancée, considérant que l’on ne pouvait réduire les individus aux caractéristiques de leur carte d’identité, avait proposé de travailler plutôt sur les styles de vie pour tenter de rendre compte et d’organiser la réelle diversité des comportements, des attitudes et des modes de vie. Après tout, ne va-t-il pas y avoir plus de points communs dans leur mode de vie entre un trentenaire et un sexagénaire qui partagent une valeur centrale comme l’écologie, le retour à la nature, qu’entre ce même sexagénaire et un autre individu de même génération qui trouve ces questions mineures face à la question du développement économique et de l’industrialisation ? Le système de valeurs d’un individu compte plus que ses conditions objec-tives d’existence pour le classer. Cathelat proposa donc ce qu’il appellera des mentalités de recentrage, utilitaristes, d’ouverture, d’égocentrage…

Cette approche a l’avantage de ne pas considérer l’âge comme une caractéristique prépondérante qui, conséquem-ment, nous conduit à percevoir le public « senior » comme une population fortement spécifiée avec les risques associés de discrimination et de stigmatisation. C’est d’ailleurs avec des catégorisations à l’emporte-pièce que l’on conçoit des politiques caricaturales qui, au lieu de lutter contre la mixité sociale, renforcent l’isolement des groupes, le confinement des individus, l’enfermement des dispositifs.Il est possible également de travailler sur les événements marquants12 pouvant modifier durablement les modes de vie, les mentalités quel que soit l’âge. Si l’on souhaite tout de même se polariser sur le public âgé, il sera néces-saire de ne pas le considérer comme un groupe homogène, mais de travailler alors plus sur ce qui différencie les individus composant le public que sur ce qui les rapproche. Anne-Marie Guillemard avait proposé une typologie des retraites13 qui permettait justement de prendre en compte, à partir de l’événement retraite, les modes de vie qui surgissaient à cette occasion, laissant apparaître les valeurs centrales de l’individu.

La catégorisation par l’âge nous conduit rapidement dans le domaine des représentations sociales14, ce mécanisme cognitif qui met en jeu un univers d’opinions, de croyances et d’attitudes et qui permet, par un triple processus de référence, d’interprétation et de catégorisation, d’organiser et de structurer le réel afin de se l’approprier et de le contrôler donnant ainsi à l’individu ou au groupe la possibilité d’orienter son action à des fins d’adaptation optimale. Il s’agit d’un processus qui transforme la réalité sociale en objet mental15. Catégoriser, c’est-à-dire nommer et attri-buer, rassure, procure des avantages indéniables : éviter un sentiment de chaos, d’incompréhension, développer des capacités de réaction rapide et faciliter les échanges. Cependant, cette opération cognitive complexe peut s’avérer aussi fort inefficace, conduisant à une sorte de sclérose, de cristallisation du comportement basée sur une généra-lisation abusive ou une inférence. Un autre inconvénient est la déperdition d’information d’autant plus importante que l’objet de la représentation est complexe ou que le nombre d’individus est élevé. Cette remarque est idéale lorsque la vieillesse est en question. Ce sentiment d’avoir affaire à un groupe homogène paralyse, annihile le regard analytique. Le processus de catégorisation nous conduit à passer plus de temps à imaginer les personnes âgées qu’à les voir. De là découlent tant de perceptions erronées, tant de maladresses, tant de difficultés à partager et à communiquer. Notre représentation va d’autant mieux « fonctionner » qu’elle s’intègre à une stratégie personnelle ou sociale, implicite ou explicite, qu’elle adhère à notre idéologie. Elle a valeur de préjugé, ce jugement porté sur un

11.  Dictionnaire de la sociologie, Larousse, coll. Essentiels, 1990.12.  Seniorscopie/modern Maturity en avaient répertorié 18.13.  Retraite-retrait, retraite 3e âge, retraite famille, retraite loisirs, retraite revendication, retraite participation.14.  Cf. Amyot J.-J., Travailler auprès des personnes âgées, 3e édition, Paris, Dunod, 2008 (1994, Privat), chapitre 1.15.  Fisher G.-N., Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Dunod, Presses de l’Université de Montréal, 1987.

Page 22: Le vieillissement au coeur des politiques publiques methodologie pour une approche transversale

Partie 1 - Contexte et enjeux 19

Le v

ieill

isse

men

t au

coeu

r des

pol

itiqu

es p

ubliq

ues

- Mét

hodo

logi

e po

ur u

ne a

ppro

che

trans

vers

ale

groupe avant toute expérience et toute analyse. Le préjugé a une fonction de simplification. Processus de catégo-risation sociale, il fait appel à une causalité unidimensionnelle et fonctionne selon le principe de la généralisation. La composante affective et l’évaluation chez l’utilisateur ne sont pas déterminées par le groupe objet du préjugé.

b) Un acteur à part entière…

Il n’est pas rare d’entendre que les nouveaux retraités sont plus centrés sur leurs besoins, leurs intérêts, leur personne que les générations précédentes. Cette représentation repose sur une certaine image des seniors qui en fait un pur produit d’une société de consommation de l’après-guerre avec son lot d’indifférence et d’égoïsme. Les nouveaux seniors seraient consuméristes ; leur situation de consommateurs plus avertis en ferait des usagers exigeants, des bénéficiaires revendicatifs, des malades prêts à faire appel à la justice, des clients rois, des citoyens soucieux de leurs prérogatives, bref des individus pénibles et recroquevillés sur leurs désirs et la jouissance de leurs avantages. La vie associative : que nenni ! Le bénévolat : au grand jamais ! Les parents âgés : en établissement ! L’éducation des enfants : allons donc ! Une incarnation générationnelle de l’égoïsme et de la pusillanimité…

Pourtant, si l’on a la volonté de dépasser cette image d’Épinal, par ailleurs catastrophique en termes d’attentes sociales vis-à-vis de ce groupe, nous nous apercevons qu’elle est bien loin de la réalité. En effet, les retraités sont des acteurs majeurs des solidarités qui, rappelons-le, fonctionnent autour de trois piliers : solidarités publiques, solidarités familiales, solidarités dites du tiers-secteur (associations, mutuelles et coopératives). Les solidarités publiques ne nous intéresseront pas ici au premier chef dans la mesure où elles ne relèvent pas des volontés individuelles. Les retraités y participent comme les autres groupes sociaux, notamment par la fiscalité.

L’association est en quelque sorte un corps intermédiaire entre l’individu et l’État qui fait appel à une solidarité volontaire. Elle est une expression formelle et fragmentée de la solidarité mise en œuvre par la société civile. Les solidarités associatives s’expriment à la fois dans leurs missions, dans les adhésions qui ne signent pas qu’une consommation passive d’actions prédigérées, mais qui sont aussi des adhésions à des valeurs, et dans la participa-tion associative. Le Credoc16 spécifiait il y a une quinzaine d’années17 que l’intérêt des seniors explique en presque totalité l’augmentation générale du nombre d’adhérents, mettant en évidence que les 60 ans et plus étaient 39 % à adhérer à une association contre 23 % il y a 20 ans. Par ailleurs, ils participent très largement au bénévolat. Nous savons tous que sans les retraités, la grande majorité des associations manqueraient ici d’administrateurs, là de bénévoles de terrain.

Les solidarités familiales ont donné lieu à de nombreuses études qui vont toutes dans la même direction, à savoir que l’entraide intrafamiliale reste un élément essentiel du maintien de la cohésion sociale. Dans ce domaine, l’étude la plus large et la plus remarquable à certains égards est celle qui a été menée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse sous la direction de Claudine Attias-Donfut18. Elle met en évidence une génération « pivot », intermédiaire des trois générations d’adultes, offrant dans 90 % des cas, tant à ses parents qu’à ses enfants, de nombreux services de la vie quotidienne tels que l’aide à l’amélioration du logement, la caution bancaire, le soutien scolaire ou l’aide à la dépendance. Une personne sur deux de la génération précédente (68-92 ans) rend des services à ses enfants et près de 40 % à ses petits-enfants. Quant aux dons d’argent, on peut voir sur le schéma ci-après qu’ils sont loin d’être négligeables. En fait on s’aperçoit que les échanges sont denses et surtout réciproques, mettant en interre-lation les trois générations concernées, chacune d’elle apportant ce qu’elle peut offrir, dons d’argent ou services. La famille est un véritable réseau d’entraide, même s’il est bien certain que cette affirmation ne peut comprendre que la majorité des familles, avec son lot d’exceptions.

16.  Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.17.  Berthuit F., Chokrane B., Hatchuel G., L’évolution des opinions et des comportements des seniors depuis vingt ans en France. Une approche

statistique. Cahier de la recherche, CRÉDOC, Paris, juin 1999.18.  Les solidarités entre générations : vieillesse, famille, État, Nathan, coll. Essais et recherches, Paris, 1995.