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Le voyage de GéoLozère dans les volcans du Puy de Dôme
Sommaire
Samedi 20 août Une 1ère séance de travail !
Dimanche 21 août Un cours magistral sur le volcanisme du Puy de Dôme – un premier contact avec un volcan
strombolien et son cône de scories.
- Le volcan du Tartaret
- Le Lac Chambon
Lundi 22 août Du travertin aux necks de la plaine de Limagne – une intervention de la maréchaussée.
- Les travertins de la tête de Lion
- Les avalanches de débris de Perrier
- Le neck basaltique d’Usson
- Les pépérites et le neck basaltique de Saint Babel
- Les calcaires et pépérites du Puy de la Bane
Mardi 23 août Des plus jeunes volcans du Puy de Dôme à la découverte du Cézallier
- Le groupe Pavin
- Le Cézallier : le lac d’En-Haut à la Godivelle, la cascade du Saillant, le signal du Luguet.
Mercredi 24 août Le retour aux fondamentaux de l’art roman – A la recherche de l’or noir
- L’église de St Nectaire
- L’église de St Saturnin
- La source d’hydrocarbures du Puy de la Poix
Jeudi 25 août Les tufs rhyolitiques de la Grande Nappe – la vallée glaciaire de la Fontsalade – les roches
Tuilière et Sanadoire – les coulées de la Banne d’Ordanche
- L’ancienne carrière de ponces de Rochefort-Montagne
- Les roches Tuilière et Sanadoire
- Le col de Guéry, le lac Guéry
- La Banne d’Ordanche
- La caldeira de Haute Dordogne
- Le col de la Croix Robert
Vendredi 26 août Le Puy de Dôme – la carrière du Puy de Lemptégy – le Puy de la Vache
- Le Puy de Dôme
- Le Puy de Lemptégy
- La carrière de pouzzolane du Puy de la Vache
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Samedi 20 août (fin d’après-midi) Les retrouvailles et une 1ère séance de travail !
C’est avec un crémant Bouvet-Ladubay généreusement offert par Danielle Bonnal que les travaux commencent !
Une partie de la fine équipe particulièrement attentive à l’écoute du programme énoncé par Laurent
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Dimanche 21 août Un cours magistral sur le volcanisme du Puy de Dôme – un premier contact avec un volcan
strombolien, le Tartaret et son cône de scories – le lac Chambon
La conférence (cf diaporama en powerpoint)
j-p P
Le volcan du Tartaret
Le Tartaret est un petit volcan strombolien culminant à 957 m. La surrection du volcan, il y a 16 000 ans, et l’énorme
glissement de terrain de la Dent du Marais, il y a 3000 ans, ont barré la route à la Couze de Chaudefour créant ainsi
le Lac Chambon, c’était il y a 16 000 ans.
Le volcan du Tartaret vu de l’extrémité ouest du
Lac Chambon. Le volcan est composé d’au moins deux
cratères.
Le lac Chambon vu du sommet du Tartaret. Au fond, la
ligne de crête des Monts Dore.
4
Sur le chemin du volcan, on circule sur les scories
rouges du cœur de cône. Plus bas, on trouve dans les
bombes présentes sur le chemin de beaux
échantillons de pyroxènes.
Au pied du cône de scories, côté nord, une carrière a
exploité le maar du Tartaret. Ce maar est le résultat
de l’explosion phréato-magmatique lorsque le magma
(1200°) a atteint la Couze de Chaudefour lors de sa
remontée.
Joël donne l’échelle de la carrière creusée dans les
projections du maar sur le site du Tartaret.
Les scories noires de bas de cône du Tartaret
surmontent les projections du maar.
5
Balade autour du Lac Chambon
La Dent du Marais, dont l’effondrement, il y a 3 000
ans, est à l’origine de l’accumulation de brèches côté
nord du lac.
Côté sud du lac, les scories noires de bas de cône
sont-elles celles du Tartaret ? On ne le dirait pas si on
s’en tient au pendage des dépôts.
Anne à la manœuvre face au socle, côté sud du lac
Chambon
6
La zone humide à l’arrivée de la Couze de Chaudefour
dans le lac Chambon
Au niveau de cette zone humide, les eaux stagnantes
irisées donnent le sentiment qu’elles sont polluées. Il
n’en est rien : cette coloration est le fait des
molécules organiques (hydrates de carbone,
protéines, lipides…) produites par des colonies
immenses de bactéries, protozoaires et champignons.
Ces molécules constituent un « biofilm » miroitant à la
surface de l’eau.
En bordure du lac, côté nord, les cinérites dans
lesquelles on peut trouver des fossiles de feuilles
d’une dizaine d’espèces d’arbres. On se situe à une
centaine de m du parking. Ces cinérites ont été datées
de - 2,6 Ma (Plio-Villafranchien). Elles étaient en place
bien avant le glissement de terrain de la Dent du
Marais qui les a repoussées vers le lac. On parle plutôt
maintenant de diatomites que de cinérites (Cf Pierre
Lavina).
7
« Plaquette » de cinérite ouverte montrant des
morceaux de tiges et de feuilles fossilisées. Une
dizaine d’espèces d’arbres ont été identifiées dans ces
dépôts de cendres.
Carte schématique de la géologie du secteur du Lac Chambon
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Lundi 22 août Du travertin, des necks; une intervention de la maréchaussée
Les travertins de la tête de Lion
Mais est-ce une ou deux têtes, voire trois ? une formation d’au moins 2000 ans.
1 2
3 4
La source : un petit bassin (1) d’où s’échappent des bulles de gaz. Ce gaz n’éteint pas la flamme du briquet
d’Anne (2) : Ceci nous laisse perplexe : on pensait qu’il s’agissait de CO2 ! Au-delà de l’émission des bulles, on voit le
« biofilm » (3) qui irise l’eau. On observe aussi le dépôt d’oxyde ferrique au fond du bassin mais aussi sur une
coquille d’escargot, une fronde de fougère (4) ou tout autre objet trempé dans cette eau ferrugineuse.
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On donne le nom de griffon à la zone d’émergence de ces sources.
Une petite rigole amène l’eau chargée en carbonate
de calcium jusqu’à la tête de Lion où les carbonates se
déposent. Cette source sort d’un petit massif
granitique. Son origine n’a donc rien de volcanique.
C’est l’eau de pluie qui, infiltrée dans les fissures et
failles de ce secteur, remonte au bout d’une dizaine
d’années sous la pression du gaz carbonique issu du
manteau. L’eau pendant ce temps s’est chargée en
éléments minéraux.
J-p P
L’eau ruisselle en micro-cascade sur une multitude de
micro-vasques représentant une surface importante.
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L’eau chargée en carbonate de calcium libère le CO2.
Le carbonate de calcium précipite. Les dépôts de
carbonates de calcium constituent un travertin. La réaction chimique s’écrit de la façon suivante :
Ca 2+ + 2(HCO3
-) CaCO3 + CO2 + H2O,
forme soluble forme solide (précipité)
ou en français :
Calcium + Bicarbonate Calcaire + Dioxyde de carbone + Eau
Le brusque dégazage d'une eau souterraine arrivant à l'air libre
(grotte, source) peut provoquer une précipitation localisée
produisant, selon les circonstances, des travertins, ou des
stalactites et stalagmites. Ces calcaires formés en milieu
continental sont rarement fossilifères (source Wikipedia).
Les dépôts de calcaire se font sous forme de pellicules
successives donnant à la roche un aspect lité
particulier.
Souvent, le carbonate de calcium va encroûter des
débris végétaux qui finiront par disparaître et
donneront un aspect vacuolaire au travertin.
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Les avalanches de débris de Perrier, vues en passant en voiture et notamment les cheminées de fées!
DLC
L’effondrement du strato-volcan de l’Aiguiller, il y a 2
à 2,2 Ma, a provoqué cette énorme accumulation de
débris que l’on voit à Perrier et qui se poursuit jusque
vers l’Allier soit sur plus de 50 km !
Une avalanche de débris correspond à l’écroulement quasi instantané du flanc d’un volcan le long d’une surface de
glissement. L’effondrement du Mt St Helens, le 18 mai 1980, en est un exemple récent et spectaculaire. L’altitude du
Mt St Helens est passée de 2950 m à 2549 m à la suite de cet écroulement déplaçant 2,3 km3 de matériel.
Voir le CR très complet de l’Association Vendéenne de Géologie http://avg85.fr/excursion-geologique-de-lavg-en-
auvergne/
Le neck basaltique d’Usson
Usson est l’un des volcans du fossé de Limagne avec
St Babel et Sauxillanges. Ce sont trois pitons
volcaniques.
Ces orgues constituent les restes d’un lac de lave
ayant occupé le cratère d’un volcan strombolien dont
il ne reste que le culot cratérique. Les scories ont été
enlevées par l’érosion.
Il n’y a pas eu de phase phréato-magmatique à Usson
et sans phase « aquatique », il n’y a pas de pépérites.
dLC
Les orgues basaltiques ont été dégagées lors de
l’exploitation du basalte pour la construction des
maisons d’Usson : marches d’escalier et chaînage
d’angle en sont des exemples spectaculaires.
Les pépérites et le neck basaltique de Saint Babel
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Les pépérites sont des granules de laves fragmentées
et mélangés à des sédiments. On les trouve au départ
du chemin qui mène au sommet de la butte
volcanique.
St Babel est un culot cratérique surplombant des
pépérites ayant rempli un diatrème.
Le neck de St Babel, le reste d’un lac de lave
Un bâtiment mystérieux ! S’agit-il d’une tour de guet pour avertir de l’arrivée des sarrasins, d’un clocher des
tempêtes pour renseigner et orienter les voyageurs…… ?
Les supputations vont bon train, chacun ayant son idée. En fait, c’est une tour-horloge marquant les heures et
réalisée à partir des ruines du château fort.
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Les calcaires et pépérites du Puy de la Bane
Rubrique « faits divers » du journal régional la montagne paru le 23 août 2016 :
Un trafic suspect à la carrière de Cournon.
Une bande d’individus a été interpellée par la Gendarmerie Nationale vers 17H00 à la carrière du Puy de la Bane à Cournon d’Auvergne. Il
s’agissait d’une petite dizaine de personnes, hommes et femmes confondus, lourdement armés de marteaux, membres d’un groupe inconnu des
services de police, dénommé « GéoLozère ». Un communiqué des autorités locales indique que ces individus avaient finalement été libérés en fin
d’après midi, après avoir subi, in situ, un interrogatoire en bonne et due forme. Ces personnes se sont rapidement égaillées dans les
lotissements du nouveau quartier résidentiel de Cournon. Il s’est avéré, en définitive, qu’elles collectaient des fleurs de bitume pour leur
collection personnelle ! (De notre correspondant CP à Cournon d’Auvergne)
Le front de taille de la carrière.
Les pépérites gris-brun sous-lacustres ont été déposées sur le calcaire marneux dont les lits particulièrement
réguliers sont le signe d’un dépôt en conditions très calmes.
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1 2 3
1- Le contact tranché entre le calcaire lacustre (-20 Ma) blanc et les pépérites sous-lacustres plus foncées.
2- Bulle de bitume éclatée, d’une taille de 4 cm de diamètre.
3- Figures de bitume sur les fissures du calcaire lacustre.
On ne s’en lasse pas ! :
1 2
3 4
1- Bloc de calcaire lacustre fissuré au cours de l’exploitation de la carrière.
2- Le bitume remonte dans les fissures du calcaire.
3 et 4- figures de fleurs de bitume sur les parois calcaires.
La formation du bitume
Dans les 100 premiers mètres de profondeur, l’accumulation rapide de matières organiques dans des bancs
sédimentaires va empêcher leur oxydation et permettre leur conversion en kérogène. Avec l’accumulation des
sédiments, ce kérogène va atteindre des profondeurs importantes et s’échauffer à raison de + 3° C par 100 m. Au-
delà d’une certaine profondeur et donc d’une certaine température –1 500m, 50°C– ce kérogène va se transformer
en composés liquides. Les gaz CO2, CH4 seront ensuite expulsés. La fraction liquide va remonter sous la pression le
long des fractures et failles, ou le long des anciennes remontées de magma (Puy de la Poix, Puy de Crouel) en
perdant ses constituants volatils. Le résidu arrivant à la surface est du bitume.
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Mardi 23 août Les plus jeunes volcans du Puy de Dôme – à la découverte du Cézallier
Le groupe Pavin
Le groupe Pavin forme l’ensemble volcanique le plus jeune de France métropolitaine. Il est apparu il y a 7 000 ans. Ce
groupe est lié au volcanisme de la chaîne des Puys. Il est composé du cratère de maar du Pavin et de son anneau de
projections, des cônes de scories des Puys de Montchal et de Montcineyre et de leurs coulées de basalte et du maar
d’Estivadoux. Cette formation se situe dans le prolongement de la chaîne des Puys.
Le lac Pavin et le volcan strombolien de Montchal
Le lac Pavin occupe le cratère d’un maar de 1 km de
largeur et de 200 m de profondeur dont 92 m sous
l’eau. Les projections du maar reposent sur la
trachyandésite du Sancy.
Détail de l’affleurement des brèches au départ du
chemin côté droit du lac : morceaux de granites et de
schistes enrobés dans les projections. L’affleurement
est médiocre.
16
Les falaises de basalte du lac Pavin : ce sont les
coulées du volcan strombolien du Montchal qui
domine de lac Pavin
Le maar d’Estivadoux, recouvert de tourbes après
avoir été comblé en partie par les coulées de basalte
du Puy Montchal.
La chaîne du Sancy vue du Puy de Montchal (1407 m)
avec le Puy de Paillaret (1721 m) à gauche et le Puy de
la Perdrix (1824 m) à droite.
17
Le lac de Bourdouze est un lac d’origine glaciaire bien
que sa forme soit très ronde.
Le Cézallier – le lac d’En-Haut à la Godivelle ; la cascade du Saillant ; le signal du Luguet
sce internet
Les « yeux bleus » de la Godivelle :
- le Lac d’En-Haut, un lac d’origine volcanique
(maar) au contour circulaire,
- le Lac d’En-Bas, un lac glaciaire.
La Godivelle et son église romane
Le chevet roman de l’église Ste Blaise de la Godivelle Le saint Nectaire fait-il déjà partie de la déco à cette époque ?
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Le lac d’En-Haut, un lac de maar de 43 m de
profondeur.
Les affleurements de l’anneau de projections du maar
sont nombreux autour du Lac d’En Haut. Mais sur
celui-ci, la présence de niveaux de blocs disposés
comme une coulée de basalte nous interroge !
La montagne de Janson (1292 m) domine au nord le
lac d’En-Haut : c’est une antidune du maar.
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Panorama sur le Sancy, les Monts Dore et les volcans
stromboliens du groupe Pavin depuis le mont Janson.
Un café réparateur à l’auberge du Chamaroux à
Montgreleix, la commune la plus haute du Cantal, à
1250 m d’altitude. Merci Patrice !
La cascade du Saillant
20
La cascade du Saillant franchit au moins deux coulées de basalte séparées par des brèches, des projections, des
galets de basalte…..des sols plus ou moins cuits par la coulée ultérieure et remaniés.
Rubéfaction des sols argileux lorsque la coulée de basalte leur passe dessus ou oxydation des ions ferreux
constitutifs des pyroxènes (hypothèse de Jacques)?
Paysage au-delà de la cascade du Saillant : à flanc de
coteau, l’herbe verte signe la présence de sources. On
remarque que ces sources sont sur un même plan :
celui qui sépare deux coulées basaltiques.
Le signal du Luguet
Le signal du Luguet est le dernier des trois monticules
boisés à gauche de la photo. C’est un plateau
basaltique qui culmine à 1551 m.
21
j-p P
Du Sancy au Puy de Dôme, le panorama vers le nord depuis le col du Vestizoux, 1317 m (Cézallier) : le Cézallier est un
empilement de coulées basaltiques sur plusieurs centaines de m. La mise en place de ces coulées s’est faite entre -5
et -3 Ma.
J-p P
Au départ du chemin qui mène au Signal du Luguet, avec en ligne d’horizon (peu visibles tout de même) le Meygal, le
Mézenc et le Mont Devès !
22
Mercredi 24 août Deux merveilles de l’art roman - A la recherche de l’or noir
Une leçon d’architecture romane de maître Joël
dL.C
L’église de St Nectaire
L’église de St Saturnin
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La source d’hydrocarbures du Puy de la Poix
dLC
Le site du Puy de la Poix
Coupe de la Limagne et positionnement du Puy de la Poix
Document CEN Auvergne
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La « source », le ruisseau bitumineux et les bulles de CH4 – méthane – et de traces d’H2S – hydrogène sulfuré –
venant crever à la surface :
La partie de pêche au bitume
dLC dLC
A la surface du ruisseau, il y a ces « croûtes »
blanches, marques des remontées d’une eau très
salée qui accompagne le bitume.
Les sédiments oligocènes de Limagne sont naturellement riches en hydrocarbures. En effet, le lac de Limagne était très riche en vie, et
les conditions de sédimentation ont préservé une grande partie de la matière organique. Cette matière organique a subi la diagenèse,
25
et est en partie devenue du bitume (et non pas du pétrole à cause d'une légère oxydation). Ces hydrocarbures (moins denses que l'eau
et les roches environnantes) remontent à travers les roches de la Limagne, en empruntant des failles qui affectent les milliers de
mètres de roches sédimentaires. Les hydrocarbures peuvent aussi remonter en suivant les filons et/ou cheminées volcaniques qui
percent la pile sédimentaire. C'est le cas au Puy de la Poix, qui correspond à un mini-volcan pépéritique. Ces hydrocarbures ne se sont
jamais accumulés dans un piège structural (car il n'y a pas d'anticlinal ou de structures analogues en Limagne) ou sédimentaire, et
atteignent ainsi la surface. Les suintements de bitumes sont très nombreux en Limagne. (source ENS Lyon)
Le menhir du Puy de la Poix, au milieu de
l’affleurement de pépérites. Il est en granite de Royat.
Les pépérites constituent le Puy de La Poix (entre -20
et -15 Ma). Elles résultent du choc thermique lors de
la montée du magma et de sa rencontre avec un lac
qui recouvrait la région à cette époque.
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Jeudi 25 août les tufs rhyolitiques de la Grande Nappe – la vallée glaciaire de la Fontsalade – les roches
Tuilière et Sanadoire – les coulées de la Banne d’Ordanche
La formation des Monts Dore, BRGM (http://www2.brgm.fr/volcan/Monts%20Dore-Sancy.htm ):
L'ensemble Monts Dore - Sancy est un édifice composite qui forme deux grands stratovolcans d'âges différents et couvrant une superficie d'environ 500 km2 pour près de 200 km3 de produits émis. Il est recouvert par la chaîne des Puys au Nord et l'ensemble du Pavin au Sud et culmine au Puy du Sancy à 1885 m.Les premiers signes d'activité volcanique dans cette région voient la mise en place de basaltes dispersés et peu importants à partir de 15 Ma et jusqu'à 3 Ma. Ils sont associés à des produits différenciés: trachyphonolites, trachytes quartzifères, rhyolites. Ces événements sont à rapprocher de ceux de la Limagne et de ceux du Cézallier plus jeunes. Par la suite, s'édifie le stratovolcan des Monts Dore de 3 à 1,5 Ma. Comme pour le Cantal, l'histoire géologique de ce stratovolcan a suscité de nombreux travaux. Ici cependant, les interrogations restent nombreuses et concernent la chronologie des éruptions, l'existence et les limites d'une caldeira et l'importance des avalanches de débris (Pastres, 1998; Collectif, 2000).
L'histoire des Monts Dore est surtout caractérisée par la mise en place d'une ignimbrite rhyolitique à ponces fibreuses dont on retrouve les témoins dans toutes les directions, jusqu'à plus de 30 km de la zone d'émission. Le volume de la nappe de ponces est de l'ordre de quelques km3 et elle a recouvert plus de 100 km2. Sa mise en place a lieu autour de 3 Ma et est certainement contemporaine de la formation d'une importante caldera dont les limites restent imprécises. Deux tracés s'affrontent, un tracé géologique d'une part qui suit le cours de la Dordogne entre les villes du Mont-Dore et de la Bourboule et un tracé géophysique qui s'appuie sur une importante anomalie gravimétrique.
Après l’éruption plinienne, la caldera est tout d'abord occupée par un lac comblé par des dépôts sédimentaires d'origine volcanique avant la mise en place d'intrusions, de dômes et de nuées ardentes trachytiques et rhyolitiques.
A l'extérieur de la caldera se mettent en place les dômes phonolitiques (roches Tuilière et Sanadoire), des coulées de trachyandésite (Banne d'Ordanche) et des tufs hyaloclastiques (col de Guéry). En même temps se mettent en place, autour de 2 Ma, les dépôts du plateau de Perrier résultant de gigantesques avalanches de débris partant du Massif de l'Aiguiller et qui se sont écoulées vers le NE jusqu'à l'Allier sur plus de 50km.
Après une lacune d'éruption de produits différenciés entre 1,5 et 1 Ma se met en place le volcan du Sancy entre 1 et 0,2 Ma, et le Massif Adventif entre 0,5 et 0,2 Ma.
Le massif du Sancy s'édifie sur le flanc Sud des Monts Dore après une période d'arrêt du volcanisme d'un demi-million d'années. Là aussi une petite caldera reconnue par géophysique a été invoquée pour accompagner l'émission de coulées de cendres et ponces. Son tracé, voire même son existence restent cependant très hypothétique. Les évènements pyroclastiques sont suivis par la mise en place de dômes, de coulées et de dykes (Dent de la Rancune). Des dépôts d'avalanche de débris d'environ 100 m d'épaisseur, ont été mis en évidence à la sortie de la vallée de Chaudefour, entre les sources Sainte Anne et la cascade de Peyrouse (P. Lavina, 1999) et posent là aussi le problème de l'importance de cet événement dans l'évolution du stratovolcan. Leur âge est inférieur à 450 000 ans BP.
Le Massif adventif situé à 3 km au Nord-nord-est du volcan du Sancy sensu-stricto couvre une faible superficie (16 km2) et voit la mise en place de cônes de tufs et de dépôts de maars, d'extrusion, de nuées ardentes et de rares coulées de laves.
La mise en évidence de dépôts d'avalanche de débris dans le Massif des Monts Dore et du Sancy conduit à revoir la stratigraphie des dépôts et l'histoire géologique des dits massifs. La finalisation prochaine des cartes géologiques au 1/50000 de Besse et de Veyre Monton et la réalisation d'une synthèse géologique et géophysique de l'ensemble de l'édifice devraient permettre d'y voir plus clair dans un proche avenir.
L’ancienne carrière de ponces de Rochefort-Montagne
C’est un dépôt gigantesque de cendres et de ponces mélangées, résultat d’une éruption plinienne gigantesque, la
seule vraiment admise de tout le Massif Central. C’était il y a 2 Ma. Le volume de magma éjecté est estimé à 9 km3.
C’est une éruption explosive d’un magma très siliceux ne pouvant pas facilement dégazer. Le panache de cendres a
atteint la haute atmosphère avant de retomber et de se déposer sous forme de ponces fibreuses rhyolitiques sur
une épaisseur qui, à Rochefort-Montagne, peut atteindre une cinquantaine de m. C’est la Grande Nappe de Ponces
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que l’on trouve également à Sailles ou à Farges à l’est du massif. A la suite de cette éruption, la chambre
magmatique s’est vidée 30 km plus au sud et a formé la caldeira de Haute Dordogne. Ce dépôt homogène bien qu’il
y ait la présence de strates liées au tassement ou à la cimentation indique qu’il est le résultat d’un seul évènement
géologique.
L’accès à la carrière abandonnée Le front de taille
Les Roches Tuilière et Sanadoire
Ici, nous nous situons dans le volcanisme du massif de l’Aiguiller. Ces formations datent de 2,2 Ma. Les roches
Tuillière et Sanadoire sont constituées de roches très visqueuses, des phonolites. Elles n’ont pas pu se déverser et se
sont érigées verticalement sous la poussée du magma : ce sont des protrusions, même si les mécanismes qui ont
conduit à leur développement sont différents. Leurs prismations, acquise lors du refroidissement, ne sont pas les
mêmes :
- les orgues sont verticales pour la Roche Tuillière avec un débit en dalles, en assiettes, propice à l’extraction
de lauzes pour la couverture des maisons,
- les orgues sont horizontales pour la roche Sanadoire liées à la présence de gerbes.
L’érosion a dégagé ces necks qui dominent la vallée glaciaire de la Fontsalade.
A gauche, la Roche Tuillière ; à droite, la Roche
Sanadoire et entre les deux, la vallée de Fontsalade.
28
1 2
1-La Roche Tuilière, l’éboulis de la carrière de lauzes abandonnée depuis un siècle.- 2 l’empilement d’ « assiettes »
sur les orgues érodées.
Le col de Guéry, le lac de Guéry
Le lac de Guéry, artificiel ou naturel ? les deux mon capitaine ! Au départ, un lac de barrage du à une coulée
basaltique puis surélevé de 8 m, au XIXeme, pour une exploitation hydroélectrique. C’est le plus haut lac d’Auvergne,
1250 m.
Le Massif de l’Aiguiller
Le Puy de L’Aiguiller 1512 m. De ce massif est partie
l’avalanche énorme de débris qui constitue le plateau
de Perrier.
29
La Banne d’Ordanche
C’est un culot cratérique daté de - 2 Ma. Il fait partie des plus anciennes manifestations volcaniques du strato-volcan
du Mont Dore. La Banne d’Ordanche culmine à 1512 m d’altitude. Ce culot recouvre en partie un départ de coulée
de lave et des scories. La Banne d’Ordanche est tout ce qu’il reste d’un volcan strombolien.
La Banne d’Ordanche culmine à 1512 m
Succession de coulées d’ordanchite, nom local de la
téphrite. Le front des coulées est marqué par leurs
brèches de progression. Cette brèche est constituée
des blocs déjà refroidis tombés au front de la coulée
et qui sont entraînés et recouverts par la coulée qui
avance.
J-p P
Jacques à la recherche du cristal bleu
30
Çà y est, Jacques l’a trouvée! C’est l’haüyne (ou
noséane), un feldspathoïde. La Banne d’Ordanche a
donné son nom à la lave qu’elle a émis, l’ordanchite,
une téphrite à haüyne (photo ENS Lyon).
Affleurement verticalisé de rhyolite, sur la
route D 609 en montant à la Banne
d’Ordanche.
La caldeira de Haute Dordogne
Résultat de l’effondrement de la chambre magmatique après l’éruption plinienne qui a donné la
Grande Nappe de ponces, la caldeira de Haute Dordogne a subi l’érosion glaciaire donnant des reliefs
très accusés à cette région.
photo Fafien
En arrière plan, le massif du Sancy, et à ses pieds, une
partie du contour de la caldeira de Haute Dordogne,
emprunté par le cours amont de la Dordogne passant
par la ville du Mont-Dore. Cette caldeira résulte de
l’effondrement de la chambre magmatique ayant
émis la grande nappe de ponce qui affleure à
Rochefort Montagne. Du Sancy, partent aussi la vallée
de Chaudefour et la vallée de la Couze Pavin.
31
Le col de la Croix Saint Robert
Le Massif Adventif
j-pP
Situé au nord nord est du massif du Sancy, le massif adventif se développe entre le Puy de l’Angle et le Puy de la
Tache, il se met en place entre 0,5 Ma et 0,2 Ma. C’est le massif qui se détache dans le ciel au coucher du soleil
depuis les rives du Lac Chambon et que l’on voyait très nettement de nos bungalows.
Echantillon de sancyite, le nom « local » du trachyte avec ses phénocristaux blancs de sanidine. L’affleurement se
situe dans la descente du col de la Croix St Robert
32
Vendredi 26 août Le Puy de Dôme – la carrière du Puy de Lemptégy – le Puy de la Vache
Une montgolfière passe devant la Dent du Marais au
petit matin du 26 août (vue prise depuis notre
bungalow)
Le Puy de Dôme
Le Puy de Dôme culmine à 1465 m. Le Puy de Dôme
est le résultat de 2 éruptions effusives d’une lave très
visqueuse, la domite, un trachyte. C’était il y a 10 -
11000 ans. Le 2ème dôme était coiffé d’aiguilles aussi
hautes que l’antenne actuelle.
La Chaîne des Puys vue du côté Nord du Puy de Dôme
photo j-pP
Les puys sont
- des volcans stromboliens constitués de scories et laves basaltiques comme le Puy de Côme, le Puy des
Gouttes, le Grand Suchet, le Pariou, le Petit Puy de Dôme, le Puy des Goules,
33
- des dômes constitués de laves acides comme le Puy de Dôme, le Clierzou, le Puy Chopine, le Petit Suchet ou
le Grand Sarcoui,
- des maars come le Nid de la Poule
Vue côté sud
photo dLC
1- 2-
1- L’affleurement de domite (très altérée) et de cinérites (cendres) côté ouest du Puy de Dôme.
2- Détail d’un échantillon de domite altérée. On peut voir une multitude de cristaux hexagonaux de biotite
altérée.
34
Le temple de Mercure en trachyte du volcan Kilian (col
de Ceyssat, construction gallo-romaine du II ème
siècle ap JC.
Photo j-p P
Le Puy de Lemptégy
photo DLC
L’accueil à Lemptégy. Un sourire narquois qui nous
réservera quelques surprises !
J-p P
Au bord du cratère de Lemptégy …
35
J-p P
Vue générale de la carrière du Puy de Lemptégy
Le 1er neck du Puy de Lemptégy
Le 2ème neck du Puy de Lemptégy, le plus récent.
36
Un lichen particulier, peut-être Stereocaulon vesuvianum, colonise en 1er les roches volcaniques.
Importante bombe en fuseau dans le Puy de
Lemptégy.
Couches de dépôts successifs de l’activité volcanique
de Lemptégy voire des volcans voisins
37
Affleurement côté est-sud-est de Lemptégy :
Comme le précise la coupe du volcan de Lemptégy ci-dessous, il y a une succession de couches volcaniques issues
des deux phases éruptives de Lemptégy et de l’activité des volcans environnants. On distingue de bas en haut, côté
est-sud-est du site :
- le socle ?
- la coulée de lave (basalte) de Lemptégy 1 datant de 30 000 ans,
- le cône de scories (trachyandésite) du volcan Lemptégy 1 datant de 30 000 ans,
- des lapillis de saupoudrage (basalte) issus du puy des Gouttes datant de 30 000 ans,
- les scories (trachyandésite) de Lemptégy 2,
- des cendres (trachyandésibasalte) en provenance du puy de Côme il y a 16 000 ans,
- un paléosol,
- les nuées ardentes et déferlantes (trachyte) issues du puy Chopine il y a 9 500 ans,
- le sol actuel,
Coupe interprétative du Puy de Lemptégy (d’après Goër et al. 1999) :
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La carrière de pouzzolane du Puy de la Vache Bombe en croûte de pain dans la carrière
DLC
Les Puys de la Vache et de Lassolas sont des volcans stromboliens égueulés. Ce sont les premiers volcans dont l’âge a
été déterminé, c’était en 1959. Leurs coulées de lave sont à l’origine du lac d’Aydat.
photo dLC
Le château de Murol : un flanby renversé dixit Laurent (dans la voiture !).
FIN
39
Pour aller plus loin sur la géologie
du Puy de Dôme.
Bibliographie
Le volcanisme en Auvergne- Editions Chamina.
Volcanologie de la Chaîne des Puys- édité par le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne.
Dictionnaire de Géologie Edition Dunod.
Liens
Eléments généraux sur le volcanisme du Massif Central. La présentation de Laurent, avec les commentaires écrits
mais sans les films !
http://geologierandonneurs.fr/conferences/G%C3%A9ologie%20du%20Massif%20Central%20TdG.pdf
Les volcans du Massif Central, le document fondamental, plus fouillé et donc plus compliqué !
https://www.researchgate.net/publication/228873566_Les_volcans_du_Massif_Central
Les magmas primaires basaltiques issus de la fusion du manteau
http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/magma-primaire-mantellique.xml
Classification des roches volcaniques et de quelques appareils éruptifs
http://www2.brgm.fr/volcan/classification.htm
Eléments généraux sur les volcans d’Auvergne, simple et pédagogique
http://blog.ac-versailles.fr/auvergne2012/index.php/post/11/04/2011/POURQUOI-DES-VOLCANS-EN-AUVERGNE
Le voyage de SAGA en Auvergne (SAGA = Société Amicale des Amateurs de Géologie-Muséum de Paris). Ce
document détaille quelques sites que nous avons vus.
http://www.saga-geol.asso.fr/Documents/Saga_329_Excursion_monts_Dore_1.pdf
Quelques infos sur les Monts Dore.
http://www2.brgm.fr/volcan/Monts%20Dore-Sancy.htm
http://www.accro2geologie.fr/menu/les-monts-dore/
Le volcan du Tartaret
http://www.murol.fr/baseDocumentaire/decouvrirMurol/tartaretLavina.pdf
A propos des avalanches de débris. Ex Effondrement de la Dent du Lac, à Murol, de Perrier….
http://www.persee.fr/doc/quate_1142-2904_1996_num_7_2_2065
Puy de Dôme et chaîne des Puys – Avalanches de débris de Perrier.
http://avg85.fr/excursion-geologique-de-lavg-en-auvergne/
40
Carrière de Cournon d’Auvergne, les fleurs de bitume.
http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img461-2014-05-26.xml
Le Puy de La Poix
https://www.cen-auvergne.fr/IMG/pdf/plaquette_puyPoix_web.pdf
http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img220-2008-01-07.xml
La formation des pépérites
http://www.earth-of-fire.com/article-massif-central-fran-ais-le-rift-de-la-limagne-91334912.html
Le lac Pavin
http://www2.brgm.fr/volcan/pavin.htm
http://www.earth-of-fire.com/article-les-lacs-de-cratere-le-lac-pavin-en-auvergne-103750189.html
Les Roches Tuilière et Sanadoire
http://www.earth-of-fire.com/article-massif-central-fran-ais-les-monts-dore-4-les-roches-tuiliere-et-sanadoire-
115012075.html
Les Monts Dore, Le Puy de Sancy
http://www2.brgm.fr/volcan/monts%20dore-sancy.htm
Les Monts Dore La Caldeira de Haute Dordogne
http://www.earth-of-fire.com/article-massif-central-francais-les-monts-dore-1-114954690.html
Le Puy de Sancy, la vallée de Chaudefour
http://www.earth-of-fire.com/article-massif-central-fran-ais-les-monts-dore-3-le-puy-de-sancy-114998758.html
Le lac Guéry, la Banne d’Ordanche
http://www.earth-of-fire.com/article-massif-central-fran-ais-les-monts-dore-5-la-banne-d-ordanche-
115031589.html
https://www.geocaching.com/geocache/GC5X367_volcanisme-des-monts-dore-la-banne-
dordanche?guid=da578a4e-31d6-439e-bb73-d91d489c0055
Les maars du Puy de Dôme
http://www.geowiki.fr/index.php?title=Les_maars_du_Puy_de_D%C3%B4me
Les excursions de la Société d’Histoire Naturelle d’Auvergne
http://shna.auvergne.free.fr/?page=excursions
La grande nappe de ponce de Rochefort-Montagne
http://www2.brgm.fr/volcan/napponce.htm
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http://crdp-pupitre.ac-clermont.fr/350ma/10399-accueil-350ma.htm
Le cratère Kilian
https://laculturevolcan.blogspot.fr/2014/03/chaine-des-puys-un-volcan-intimement.html
Le Puy de Lemptégy
http://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img536-2016-06-13.xml