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Le Voyage Nocturne Damien Kernaleguen

Le Voyage Nocturne - multimedia.fnac.commultimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782332904874.pdf · des vacances de la Toussaint. La veille, j’étais allé me recueillir sur

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Damien Kernaleguen

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 170 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 13.9 ----------------------------------------------------------------------------

Le Voyage Nocturne

Damien Kernaleguen

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Chapitre 1

Voilà, j’ai mon diplôme en poche – qu’est-ce que je peux bien faire maintenant ? Il faut que je me lance dans la vie d’adulte, ayant la vingtaine, dois-je faire ce qu’on attend de moi durant cette décennie : trouver un emploi, avoir une compagne, me marier, et avoir un enfant en arrivant sur mes trente ans, acheter une maison ?

J’ai l’impression d’être dans un long tunnel, sur une route que l’on m’a déjà tracé ; il n’y a pas de bifurcation, interdiction de changer de voie. Je ne peux dépasser la ligne blanche continue.

Je n’ai envie de rien de cela. J’en suis malade rien qu’à y penser. De façade, je joue le jeu de l’étudiant normal – enfin du jeune diplômé maintenant – mais je n’en pense pas moins intérieurement.

Si je parlais, j’ai bien peur qu’on me considère comme un fou et qu’on m’enferme.

Je ne me considère pas comme étant comme les autres (je dis cela sans orgueil) puisque je considère

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que les autres sont tous pareils. Bien sûr, ils ont quelques différences, mais elles sont si ténues par rapport à ce que la diversité humaine pourrait nous proposer.

Il y a surement des gens différents, intéressants ailleurs. Heureusement, le monde dans lequel je vie me permet de me déplacer librement. Alors je suis parti. Mais si je suis parti, c’était pour partir et non pour atterrir quelque part.

Ma plus grande erreur est d’avoir gagné ma liberté, mais cela a un prix. Ma liberté n’est pas économique, sociale ou physique. Elle est intellectuelle, douce et violente à la fois. Douce quand je la pratique ; violente quand elle m’opprime.

J’avais tout pour être heureux. J’étais un jeune de ce début du XXIème siècle, normal au premier abord, introverti, timide, qui aime, qui déteste.

Mais j’ai fait une erreur, grossière et sans retour ; pourtant je ne la regrette pas. La liberté, c’est l’éveil de la conscience libre ; ce que je ne savais pas, c’est que ma conscience libre ne peut permettre l’épanouissement. J’avais pourtant des prédispositions qui si je l’avais vu à l’époque, m’aurait mis en alerte : ma misère affective et ma timidité.

Le jour où tout a basculé, j’étais tranquillement assis chez moi, sur un canapé vert assez neuf, en regardant la télé légèrement de côté – c’était à la fin des vacances de la Toussaint. La veille, j’étais allé me recueillir sur la tombe de mon grand-père, près de

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Quimper. Mon seul souvenir de mon pépé date de mes deux ou trois ans. Il était allongé sur un lit d’hôpital chez lui. J’étais trop petit pour l’embrasser et lui dire bonjour ; il avait fallu l’arrivée de mes parents pour que je puisse le saluer.

Le lendemain de ce voyage breton, j’ai regardé ce qui a été pour moi la révélation. Il y avait sur une ARTE un film sur un groupe des années 60 : les BEATLES. Qu’est-ce que c’est que les BEATLES ? Je ne le savais pas ; j’étais incapable de donner un titre de ce groupe mythique mais j’en avais entendu parler et voulais savoir qui ils étaient.

Intrigué, ce soir de Toussaint, je m’installe sur le canapé et regarde le début de « Quatre garçons dans le vent » en VOST. Pendant dix longues minutes, je m’emmerde ; mais il n’y a rien d’autre à la télé alors autant regardé ça. Et puis vient le déclic. La liberté s’empare de moi, je suis transporté, je vis mais la liberté s’est échappée une fois le poste de télé éteint – mais je veux retrouver ce moment, s’était tellement bon, alors j’en parle à mes amis du lycée, tous musiciens, qui connaissent sûrement.

L’un deux, qui connaît bien le groupe me prête deux albums « Abbey Road » et « Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band ». En écoutant les deux albums, je revis, revis et suis libre. Je me suis mis à faire des recherches sur le groupe et à les adorer, à aimer la musique, pour la première fois je s’intéresse vraiment à quelque chose, et me suis acheté les autres CD.

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A chaque fois, la vie s’empare de mon esprit emprisonné.

Cette année 2006 de la naissance est suivie par les 40 ans du flower power célébré par la chaîne franco-allemande. La vie continue alors de s’emparer de moi qui découvre les Stones, Hendrix, Joplin & Woodstock & toute la contre-culture américaine des 60 ainsi que le mouvement de mai 68 en France, la révolution cubain avec l’argentin communiste mondialiste Che Guevara. Et puis surtout la littérature : KEROUAC le breton américano-canadien, GINSBERG le juif fou fils d’une folle communiste et BURROUGHS, le camé tueur armé.

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Chapitre 2

Je suis condamné à la double culture ; de par mes origines bretonnes et de par mon lieu de vie – j’ai grandi à Nulliaco, un petit village tout ce qu’il y a de plus normal, qui se trouve dans le département de la Mayenne, à une petite dizaine de kilomètres de Laval ; mais le village est historiquement du Haut-Anjou : la Révolution est passée par là. Nulliaco fait donc partie des quelques villages qui composent la Mayenne angevine. Pourtant, en matière fiscale et financière, Nulliaco dépendait de Laval malgré son caractère angevin dès la royauté.

L’attraction de Laval s’est toujours fait sentir sur Nulliaco – d’ailleurs mes parents y travaillent ; Laval est une ville à l’importance historique dans la lutte contre les bretons. De grandes tragédies s’y sont déroulées, notamment durant la Révolution avec la décapitation des Martyrs de Laval. C’étaient des prêtres réfractaires âgés et même gâteux pour certains. Jusque-là épargné par la fureur républicaine,

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l’Histoire les a rattrapés un 21 janvier 1794. Le Pape Pie XII les a béatifiés en 1955, permettant une communion des Saints à Laval.

A cause de mon nom de famille, on m’a toujours dit que j’étais breton. Pourtant, depuis que je me revendique breton, on me dit que non, puisque je ne parle pas la langue et que je n’habite pas en Bretagne. C’est totalement idiot : réaction jacobine. Tout ça parce que mes origines viennent d’un territoire qui a un temps rêvé d’indépendance face à la France. On a le droit de me dire que je viens de ce territoire, mais si je le dis moi-même, là, ça ne va plus. Ce tiraillement entre la Bretagne et la France, c’est incapacité à travailler ensemble, ou plutôt, l’incapacité des personnes à reconnaître que la Bretagne et la France font plutôt du bon travail ensemble tout cela par jacobinisme m’a fait quitter la France et c’est comme cela que je suis parti la première fois en vacances, seul. C’était à Olivenza.

Olivenza est une ville espagnole frontalière avec le Portugal qui ne reconnaît pas la souveraineté de son voisin ibérique sur la ville qu’il appelle Olivença. Cette ville de la province de Bajadoz ou de l’Alentejo, est disputée entre les deux pays depuis 1801 et la fin de la Guerre des Oranges.

Ce territoire a subi les mêmes affronts que la Bretagne. L’Espagne y a interdit la langue portugaise en 1840 tout comme l’Etat Français a lutté contre le breton. La population y était bilingue auparavant et tout comme le breton, le portugais a reculé à partir de la

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2nde guerre mondiale car les parents n’ont pas appris la langue de leur père à leurs enfants car le portugais était vu comme langue socialement dévalorisé, marqueur de la ruralité et de l’analphabétisme. Ce sont deux langues de plouc.

Espagne ou Portugal ? Olivenza n’a plus à choisir dans un monde internationalisé. La population y a une double culture qu’il faut laisser grandir, s’épanouir.

Témoin de cette double culture, l’église Santa Maria Madalena élue « plus beau recoin d’Espagne » en 2012 alors que son style est tout ce qu’il y a de plus manuélin.

Ce style désigne l’esprit créatif portugais développé sous le règne de Manuel Ier lorsque le Portugal était l’un des pays les plus puissants du monde. Le pays était alors le point de rencontre des artistes, le métissage artistique donnant naissance au style manuélin.

Là j’ai pu voir que l’équilibre entre le passé et le présent est possible. Et j’ai compris qu’il me fallait partir définitivement de chez mes parents.

Il me fallait fuir ce lieu où j’ai grandi. Je suis parti dès que j’ai pu. J’ai la chance de grandir dans un pays faisant parti de l’Union Européenne. Alors j’ai fait le choix d’étudier les langues et plus particulièrement l’anglais en étant Erasmus là-bas.

La vie étudiante n’est pas celle que l’on croit. Parce que tout dégénère dans cette vieille Europe. Les jeunes sont de plus en plus idiots. Et c’est dur à supporter, surtout lorsqu’on est soi-même un jeune.

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Quand je les entends parler, j’ai envie de les claquer. C’est vraiment dur d’être un jeune aujourd’hui.

Par exemple, un jour, je rejoints la gare en bus ; j’ai peur de rater mon train mais j’arrive 5 min avant son départ. C’est un TER bondé, je n’ai pas l’habitude, car en général je prends le TGV. C’est marrant le TER, pour écouter les conversations des passagers ; il y avait beaucoup de jeunes lycéens.

Pour le premier groupe de lycéen, c’est regarder une vidéo où deux jeunes se bagarres qui est drôle. Ensuite le groupe se raconte les cours et souvent ils les sèchent. Comment des jeunes lycées peuvent autant sécher ? La jeunesse d’aujourd’hui est dur à comprendre, moi il ne me serait jamais venu à l’esprit de sécher autant de cours au lycée. Ils inventent des excuses bidon pour leurs parents qui tombent dans le panneau à chaque fois. Les parents sont-ils responsables ? Bien sûr que non, c’est l’École.

Dans le second groupe, de jeunes garçons discutent du Code de la Route, passage obligé du lycée pour avoir son permis. Et toi t’a fait combien de faute ? Tu l’as passé combien de fois ? Toujours chiant d’aller s’entraîner au Code. Les horaires sont mal placés, y a les soirées. Maintenant pour un lycéen, faire la fête est normal. En quelques années, les mœurs changent vite. Ils parlent d’une jeune fille au physique ingrat qui fait quarante fautes à chaque fois. Ils se moquent d’elle. Et si c’était un appel à l’aide ? Selon eux, elle n’a pas d’amis et a du mal à l’école.

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Troisième groupe : le pire. Ils discutent des DOSSIERS !!! Un petit nouveau dans leur groupe, qui a l’air intelligent, normal, c’est-à-dire qui se contente d’être un jeune lycéen qui apprend ses cours et travaille, qui éventuellement fait la fête. Selon un mec du groupe habillé avec une espèce de jupe au physique de skinhead, il a un dossier sur lui qui ruinerait sa scolarité pendant un an. Il serait obligé de changer d’école, de région et même de pays (bah voyons). Bandes de comiques, ils sont tellement cons. Le jeune pose des questions et ses deux amis lui expliquent les règles du DOSSIER. 1ère règle : ne jamais se donner les dossiers. 2ème règle : avoir un dossier sur tel personne qui a un dossier sur toi. 3ème règle : ne pas faire confiance à tes amis (en sont-ils alors ?) 4ème règle : essayer de trouver les dossiers que les autres possèdent.

Une dame qui a la quarantaine en face de moi sourit et essaye de le cacher comme moi. C’est abêtissant de les entendre. Comme si un dossier pouvait ruiner ta vie. Cela le peut si tu y accordes de l’importance, mais à les entendre, seuls les dossiers règlent la vie lycéenne. Les deux amis qui se connaissent depuis l’enfance s’échangent un dossier qu’ils ont l’un sur l’autre, c’est le même, ils sont rassurés, jamais ils ne le balanceront car ils y étaient tous les deux. Ouf, leur vie sociale est sauvée !!! le copain métalleux raconte qu’une fois des personnes ont eu un dossier sur lui qui a été mis sur fb, il a été cherché une à une toutes les personnes qui étaient au

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courant du dossier pr raconter ce qu’il savait sur elles et la photo a été supprimée. Pour eux fb, c’est n’importe quoi, fb empêche les dossiers de vivre car tt est déballé tt de suite tandis que ce qui fait la force du dossier, c’est le Secret. Pour finir, le jeune énerve celui qui a un dossier sur lui, l’autre finit par lui dire qu’il faut qu’il lui paye un paquet de clope par semaine sinon il balance son dossier. Le métalleux tout sérieux dit que c’est normal, il n’avait pas qu’à poser autant de question. Jeunesse Affligeante.

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Chapitre 3

A dix-huit ans, il m’a fallu choisir ce que je ferais de ma vie. J’ai opté pour des études en langues étrangères appliquées. J’avais pour but de devenir traducteur.

Pour moi, la traduction est la clé de l’ouverture sur le monde. Elle permet de diffuser une œuvre dans une autre langue. La relation entre le traducteur et l’auteur est primordial. Je ne pense pas que le traducteur soit l’esclave du texte. Il ne doit pas l’être. Je pense à un traducteur comme à un créateur, un créateur essayiste. Il a énormément de liberté mais en même temps, il doit respecter une certaine vérité. Un traducteur doit être un créateur, alors quand on a la chance de de trouver un traducteur qui s’engage à résoudre le problème de rendre un monde, c’est vraiment heureux parce qu’il y a énormément de traducteurs qui sont comme des notaires, c’est-à-dire qu’ils transcrivent et ça cela rend un texte mort. Les plus chanceux ont un traducteur qui pratique l’écriture.

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Le meilleur des traducteurs, c’est celui qui tombe sur un livre non pas par commande, mais par hasard, chez un ami lors d’un voyage. Il trouve l’exemplaire d’un livre et commence à le traduire pour lui-même. Puis il le propose aux éditeurs. Souvent les écrivains pensent qu’ils doivent être avec les éditeurs, et surtout avec celui qui propose 1000 euros de plus. Mais non, il faut choisir l’éditeur qui aimera le livre et le portera. Bien sûr, dans l’édition cela fait courir des risques. Si on met à la porte l’éditeur qui vous adore, l’écrivain passe aussi par la porte.

L’engagement d’un traducteur avec un auteur doit être total. Il doit appliquer dans la traduction des livres une règle importante : traduire les sous-entendus. Il y a énormément de choses que l’on dit sans le dire et ça, c’est vraiment la littérature.

Traduire est un vraiment art subtil. Cela n’est pas seulement remplacer un mot par un autre. Par exemple, en français le terme « étranger » peut être traduit par « outsider », l’étranger exclu, par « stranger », l’étranger inconnu, ou par « foreigner » la personne qui vient de l’étranger.

Dans la traduction, il y a énormément de tiroirs, de jeux et énormément de clés. Il y a toujours une porte entrouverte, et c’est ça qui est intéressant.

Un traducteur, s’il n’est pas discipliné, doit être obsessif. Cela aide beaucoup lorsque l’on n’a pas une discipline froide, notariale.

En tant qu’artiste, le traducteur doit pouvoir

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toucher avec seulement un fragment du livre en touchant et satisfaisant le lecteur avec un paragraphe ou avec un chapitre.

Il y a mieux qu’être traducteur. Etre un traducteur-auteur. Et écrire dans deux langues : la langue maternelle et celle apprise. C’est ce que je fais, ou plutôt ce que j’essaye de faire, humblement, tout seul, dans mon coin. Il y a des mots que je pourrais jamais mettre sur les pages en anglais ou bien en français, vice-versa parce que je suis une autre personne quand je suis auteur français et auteur anglais. Ça me fait dire que les deux univers sont complétement différent parce que bien sûr il y a des livres que j’écris en deux langue simultanément et une deuxième langue c’est une sorte de libération ; je pense que ce n’est pas seulement pour moi, mais que c’est presque universel pour tous les auteurs qui ont choisi une deuxième langue qui n’est pas leur langue maternelle parce que c’est vrai, on grandit avec des tableaux, avec la langue maternelle, on la côtoie depuis notre enfance ; il y a des choses de notre passé aussi qui connaît la langue alors que l’anglais je l’ai appris à l’âge de 18 ans en sortant du lycée (puisqu’au lycée on n’apprend plus les langues).

Je suis d’une famille française donc l’anglais était une sorte de langue artificielle pour moi en quelque sorte et je considère que je ne suis toujours pas bilingue, je suis seulement bilingue sur papier et du coup je pense qu’en anglais je me permets même d’être plusieurs personnes parce que je peux imiter

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comme le perroquet, avoir plusieurs personnalités est possible et donc c’est dans ce sens-là que la langue anglaise me nourrit et me permet d’avoir aussi d’être plus consciente par à ma langue maternelle.

« Je crois que quand on a une langue d’origine, on a une autre approche de de cette langue que ceux qui sont nés dans cette langue et que ça permet quelque fois, … ça peut ouvrir à une écriture qui va être assez différente, assez même, peut-être plus subtil que ceux qui sont nés dans cette langue et qui écrivent directement dans cette langue » a dit un écrivain il y a quelques années que j’étais allé voir en conférence.

Pour moi, en tant qu’écrivain, on ne peut pas agir sur la langue, la langue peut agir sur nous, mais on est toujours petit, très pauvre par rapport à la langue. Quelqu’un qui agit sur la langue la rend morte, froide. C’est une écriture très notariale, juridique. Elle n’est pas belle, elle n’est pas vivante. On ne peut pas utiliser systématiquement une traduction, de là vient aussi le charme et la passion de ce qu’on fait avec la langue.

Bien sûr, je ne suis strictement rien pour affirmer cela comme une vérité unique. Cet écrivain est reconnu et publié dans plusieurs langues. Moi je suis un juste un écrivain du dimanche, non publié, qui a un vague rêve de publication sans pour autant oser envoyer ses écrits aux éditeurs par peur du jugement. Parce qu’envoyer ce que j’écris à un auteur reviendrait à me mettre à nu. J’ai l’habitude d’être jugé, depuis que je suis né je ne connais que ça, le jugement :

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primaire, collège, lycée et université. Pourquoi ne suis-je pas bilingue ? Je me définis plutôt comme biculturel plutôt et ça

c’est déjà un avantage énorme parce qu’une des choses que l’on apprend quand on touche la langue anglaise, c’est la culture de la subtilité ; et la langue anglaise m’a donné une autre manière de nommer les choses, une autre manière de me voir, une autre manière de m’analyser et c’est ça qui enrichi vraiment.

Mon désir de devenir écrivain n’est pas lié au prestige de voir mon nom sur le livre mais est lié à l’histoire, du plaisir de la raconter ; et d’entendre des histoires. D’abord j’ai aimé les lires, puis les traduire, maintenant j’en écris.

C’est pour ça que j’adore les repas de famille. Ce que j’aime, c’est entendre les histoires, les discussions, même si ce sont des histoires que j’ai déjà entendu, dont je connais déjà la fin. C’est aussi une des raisons pour lesquelles, le roman policier, le noir, ce n’est pas quelque chose qui m’attire énormément parce que moi je suis le type de personne qui peut voir le même film deux, trois ou quatre fois, c’est-à-dire savoir comment ça se termine, ça ne m’affecte pas ; c’est le parcours que j’aime.