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232 tre au point des programmes éducatifs dans leur discipline. Le Musée de Nairo- bi, qui reçoit un grand nombre de visi- teurs d’âge scolaire, a actuellement une équipe éducative de quatre personnes alors que chacun des musées régionaux n’a qu’un seul éducateur. Si les visites en groupe continuent à augmenter, comme cela a été le cas au cours des dernières an- nées, chaque musée régional aura bientôt besoin de deux éducateurs. Le département éducatif du musée a toujours eu des relations de travail étroi- tes avec les responsables du Ministère de l’éducation, de la science et de la techno- logie. Le personnel du musée a participé à de nombreux stages pour enseignants en cours d’emploi et il a également produit des brochures qui sont utilisées dans les écoles. Récemment, le département a collaboré étroitement avec les spécialistes des programmes d’études du ministère, et il est agréable de voir, par exemple, que les résultats des recherches sur l’hom- me préhistorique faites au musée ont été inscrites cette année au nouveau pro- gramme scolaire. Le département de l’éducation du musée peut donc s’atten- dre à une amélioration de ses relations avec les écoles. L’action du département de l’éduca- tion du musée s’est déroulée facilement grâce à l’appui sans réserve de l’admi- nistration du musée. L‘introduction au guide des musées nationaux du Kenya ex- plique que notre musée : cca pour objectif premier de mettre ses services à la portée, d’un public aussi nombreux que possi- ble, et notamment des jeunes. En consé- quence, les musées régionaux ont été dé- veloppés et la section éducative joue maintenant un rôle extrêmement actif en fournissant des films et du matériel d’en- seignement et en organisant des confé- rences et des cours de formation profes- sionnelle à l’intention des écoles de tout le pays )>. Comme on crée de plus en plus de mu- sées régionaux, on peut envisager avec optimisme l’avenir de l’action éducative des musées au Kenya. [ Tradwt de Z’angl’ais] L ’édívcutionpow Zu consenution Gaë1 de Guichen Ceux qui envisagent la visite d’un musée comme un plaisir ne savent pas toujours que ce plaisir risque d’être éphémère. En ef- fet, les œuvres exposées se dégradent irréversiblement et parfois très rapidement’. Jusqu’à ces dernières années la tâche de s’oc- cuper matériellement de la ccsanté,, des collections incombait au restaurateur, qui intervenait principalement en restaurant. Aujourd’hui la vitesse à laquelle les œuvres se détériorent est telle qu’un observateur averti peut s’apercevoir qu’en une géné- ration des collections entières ont été parfois gravement endom- magées par une exposition excessive à la lumière, par des varia- tions de température ou par les méfaits de la pollution et de la poussière, quand ces collections n’ont pas tout simplement dis- paru à 1? suite d’un vol ou dans un incendie. Face à ce péril grandissant, le restaurateur isolé est souvent impuissant et, aussi expert soit-il, ne pourra jamais effacer l’irré- parable outrage des ans. Dans le domaine de la conservation du patrimoine, l’adage umieux vaut prévenir que guérir, est de plus en plus àl’ordre du jour. Ainsi le restaurateur aura certes à faire de la restauration, mais aussi à pratiquer la conservation préventive. Mais il ne de- vrait pas être le seul : tout employé de musée et le public même devraient participer à cette tâche. Si le public était informé de l’extrême fragilité des œuvres et des processus de dégradation, il pourrait non seulement éviter d’endommager les collections durant les visites de musée mais même participer activement à leur protection et aux actions en- treprises pour sauvegarder le patrimoine. Car pourquoi y parti- ciperait-il s’il n’a pas conscience du danger? PLEASE DON’T TOUCH La conservation matérzeZZe intéresse Zepubh’c 68 1. Voir Mu~ezcm, vol. XXXIV, no 1, 1982. Lors d’une visite de musée en groupe il est très intéressant de constater combien l’attention générale est ravivée dès que le guide parle de restauration et de conservation. Daérentes in- terprétations de cela peuvent être données et certains estiment que l’intérêt est,créé par l’impression qu’a le public de partici-

L‘éducation pour la conservation

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tre au point des programmes éducatifs dans leur discipline. Le Musée de Nairo- bi, qui reçoit un grand nombre de visi- teurs d’âge scolaire, a actuellement une équipe éducative de quatre personnes alors que chacun des musées régionaux n’a qu’un seul éducateur. Si les visites en groupe continuent à augmenter, comme cela a été le cas au cours des dernières an- nées, chaque musée régional aura bientôt besoin de deux éducateurs.

Le département éducatif du musée a toujours eu des relations de travail étroi- tes avec les responsables du Ministère de l’éducation, de la science et de la techno- logie. Le personnel du musée a participé à de nombreux stages pour enseignants en cours d’emploi et il a également produit

des brochures qui sont utilisées dans les écoles. Récemment, le département a collaboré étroitement avec les spécialistes des programmes d’études du ministère, et il est agréable de voir, par exemple, que les résultats des recherches sur l’hom- me préhistorique faites au musée ont été inscrites cette année au nouveau pro- gramme scolaire. Le département de l’éducation du musée peut donc s’atten- dre à une amélioration de ses relations avec les écoles.

L’action du département de l’éduca- tion du musée s’est déroulée facilement grâce à l’appui sans réserve de l’admi- nistration du musée. L‘introduction au guide des musées nationaux du Kenya ex- plique que notre musée : cca pour objectif

premier de mettre ses services à la portée, d’un public aussi nombreux que possi- ble, et notamment des jeunes. En consé- quence, les musées régionaux ont été dé- veloppés et la section éducative joue maintenant un rôle extrêmement actif en fournissant des films et du matériel d’en- seignement et en organisant des confé- rences et des cours de formation profes- sionnelle à l’intention des écoles de tout le pays )>.

Comme on crée de plus en plus de mu- sées régionaux, on peut envisager avec optimisme l’avenir de l’action éducative des musées au Kenya.

[ Tradwt de Z’angl’ais]

L ’édívcutionpow Zu consenution Gaë1 de Guichen Ceux qui envisagent la visite d’un musée comme un plaisir ne

savent pas toujours que ce plaisir risque d’être éphémère. En ef- fet, les œuvres exposées se dégradent irréversiblement et parfois très rapidement’. Jusqu’à ces dernières années la tâche de s’oc- cuper matériellement de la ccsanté,, des collections incombait au restaurateur, qui intervenait principalement en restaurant.

Aujourd’hui la vitesse à laquelle les œuvres se détériorent est telle qu’un observateur averti peut s’apercevoir qu’en une géné- ration des collections entières ont été parfois gravement endom- magées par une exposition excessive à la lumière, par des varia- tions de température ou par les méfaits de la pollution et de la poussière, quand ces collections n’ont pas tout simplement dis- paru à 1? suite d’un vol ou dans un incendie.

Face à ce péril grandissant, le restaurateur isolé est souvent impuissant et, aussi expert soit-il, ne pourra jamais effacer l’irré- parable outrage des ans.

Dans le domaine de la conservation du patrimoine, l’adage umieux vaut prévenir que guérir, est de plus en plus àl’ordre du jour. Ainsi le restaurateur aura certes à faire de la restauration, mais aussi à pratiquer la conservation préventive. Mais il ne de- vrait pas être le seul : tout employé de musée et le public même devraient participer à cette tâche.

Si le public était informé de l’extrême fragilité des œuvres et des processus de dégradation, il pourrait non seulement éviter d’endommager les collections durant les visites de musée mais même participer activement à leur protection et aux actions en- treprises pour sauvegarder le patrimoine. Car pourquoi y parti- ciperait-il s’il n’a pas conscience du danger?

PLEASE DON’T TOUCH La conservation matérzeZZe intéresse Zepubh’c

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1. Voir Mu~ezcm, vol. XXXIV, no 1, 1982.

Lors d’une visite de musée en groupe il est très intéressant de constater combien l’attention générale est ravivée dès que le guide parle de restauration et de conservation. Daérentes in- terprétations de cela peuvent être données et certains estiment que l’intérêt est,créé par l’impression qu’a le public de partici-

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perà la vie de I’œuvre. Quoi qu’il en soit, il est un fait que le pu- blic est présent lorsqu’une exposition sur la restauration est réa- lisée.

Ces temps derniers beaucoup d’efforts ont été faits pour aller au-delà de l’exposition classique montrant seulement I’œuvre avant et après restauration. Mexico, Paris, Genève et Rome, en- tre autres villes, ont vu des expositions sur les processus de dété- rioration des œuvres où les moyens de prolongation de la vie des collections étaient présentés et expliqués.

Ces efforts sont louables mais malheureusement isolés et très coûteux. Des tentatives ont été faites pour réaliser des actions plus permanentes et à petites doses.

Chacun sait que le public peut endommager gravement une œuvre en la touchant et nombreux sont les musées où les ins- criptions <(Interdit de toucher aux Oeuvres>> abondent. D’autres musées informent les visiteurs de manière moins rébarbative en les avertissant que d e s peintures sont sensibles. Veuillez, s’il vous plaît, ne pas les toucher. )>

Le Hirshhorn Museum, à Washington, par exemple, affiche une pancarte libellée de la manière suivante : <<Dans ce musée vous pouvez admirer, regarder, vous promener, vous reposer, -etc. B

D’autres encore s’adressent àchaque visiteur àl’aide d’un dé- pliant distribué individuellement.

Citons le cas du Musée d’art colonial de Caracas, où le visiteur emportera avec lui un feuillet libellé ainsi :

<<Cher ami visiteur, >>La préservation et l’entretien de ce musée dépendent en

grande partie de vous. Notre personnel est là pour vous aider dans la visite. Nous vous demandons de ne pas toucher aux ob- jets car ceux-ci, avec le passage du temps, sont en général beau- coup plus sensibles qu’ils ne le paraissent. Merci beaucoup. >>

Certains pays ont bien compris que, sans l’appui du public, l’effort pour conserver le patrimoine est vain. Dans ce domaine, les pays anglo-saxons sont passés majtres et il est admirable de voir comment le public répond généreusement aux appels lan- cés tant pour les musées que pour les monuments publics afin de financer des opérations de conservation.

Les efforts pour conserver le patrimoine doivent aussi toucher cette partie du public qui achete les catalogues des expositions. De plus en plus souvent on peut trouver dans certains catalo- gues, au milieu de centaines de pages de description des œuvres, un petit chapitre traitant des techniques employées pour proté- ger les œuvres durant l’exposition temporaire. Citons pour exemple le catalogue (460 pages) de l’exposition de fresques de Paul III au château Saint-Ange, à Rome, dans lequel une note de quatre pages sur le microclimat et l’édairage avait été insé- rée. Cette information technique fut reprise dans presque tous les articles de la presse dédiés à cette exposition. Comme certains de ces articles étaient signés par des historiens d’art réputés, l’in- formation eut encore plus d’impact.

D’autres actions pourraient également être citées, comme les informations diffusées à travers les ateliers d’enfants, la forma- tion des guides ou le contact avec des associations d’amis des musées.

Le public n’est en général ni contraint ni forcé de se rendre au musée, et s’il a le droit de voir les collections publiques il a le de- voir d’être informé sur son rôle pour les protéger. En refusant d’utiliser l’appui que le public peut et doit apporter à la conser- vation du patrimoine, les professionnels de musées se privent d’un concours extraordinaire. Tous les moyens devraient donc être mis en œuvre pour informer le public de la fragilité des col- lections et les éducateurs de musées devraient être les premiers à participer à cette action.

IN THE MUSEUM. . e