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    ~ r a n hv Tiberius jax

    LA COLLEC1 ION

    « ACT

    ION ET PENSI .E,.

    L état présent

    du mondt• a

    accru

    l'inté1êt

    porté

    à

    l étude

    des causes profondes du comportc·mcnt

    humain, aux

    probli·mcs

    de la Persomlt', à l'

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    LEÏA

    L

    SYM OLISME DES

    O T

    ES

    DE

    FÉES

    Eminemment Instruit, Peruult avaJt plus de

    OODMI SIIOCCS dAD3 les

    rts

    et dAns lee sciences

    qu au

    cun écrivain de aon temps.

    F. Fli'11II.LBT DJI CONCJŒS

    COLLECTION ACTION ET

    P

    ENSÉE

    Publiée sous la direction de

    CHARLES BAUDOUIN

    ET

    JEAN DESPLANQ.UE

    ÉDITIONS

    DU

    MONT-

    BLANC

    GENÈVE

    (sUISSE)

    Rue Soubeyran, 3

    ANNEMASSE (  e. sAVOIE

     

    FRANCE), Av

    de la République, 6

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    LE

    VIEUX RO

    I

    Je n ai

    fait

    ici

    qu un

    bouquet de fleurs choi-

    sies

    et n ai

    rien fourni

    de

    moi

    que

    k

    lic.n

    qui

    }e.

    attache.

    MONTAIGNE.

    Une enquête

    faite en 1940 révéla que la

    plupart

    des adultes

    de notre

    temps ne connaissent que trois ou

    quatre

    contes

    de

    fées. Ils ont lu dans leur enfance Cmdri/lon Le Petit Ptmut, a

    Btlle au Bois

    dormant

    puis le

    ur

    attention

    s est

    détournée de

    crue littérature jugée trop puérile.

    L enquête permit

    encore de

    découvrir que de nombreuses

    personnes considèrent Perrault, Andersen ou les frères Grimm

    comme les inventeurs des contes publiés sous leurs noms.

    Cette

    erreur

    est compréhensible

    car

    les dictionnaires eux-

    mtmcs les qualifient d aullurs.

    Il

    convient

    de

    distinguer detLx groupes différents d auteurs :

    les

    uns

    découpent

    leurs

    sujets

    dans

    la

    vie

    même;

    ils

    créent

    ainsi leur œuvre

    de

    toute pièce

    pour

    le fond et

    pour

    la forme.

    Ce sont les auteurs de romans par e..xemple.

    Les autres cherchent à réunir des récits déjà e.. cistants qui

    appartiennent à la tradition orale du peuple. Leur seul effort

    d écrivain

    s

    porte

    sur le style et la composition du récit. Ce sont

    ceu.x que j appellerai transcripteurs

    et

    dans lesquels je range

    Per

    r

    ault qui

    a écrit ses contes sous la dictée de la nourrice de

    son

    fils

    ct

    k s

    frères

    Grinun qui

    ont

    recueilli les leurs

    en parco

    u-

    rant

    PAllemagne

    .

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    -

    JO

    -

    d

    r tes n'ont don

    c

    pas

    d  au teurs.

    Comme

    les

    Les contes e

    tt

    r kl ·

    è

    ·

    es les

    légendes

    et

    les c

    ha n

    sons

    du 10 l ore, Ils

    po mies

    p t q ~ tJ·ons

    ulGmcs de

    la mythologie. Il

    s

    représcn-

    son

    es

    rallll L • ,

    f: l

    11 • é

    dque

    sorte

    les

    souverurs d

    en ance c 1umarul

    .

    tent en qu . . 1 é · à

    L

    · ·ne

    se perd

    dan

    s

    la

    I r

    éh

    1stotre .

    El

    c

    est a

    nt .

    neure

    eur ongt .

    1

    E

    · ,

    toute Iiuérature écrite, ce

    qtu

    o u ~ r

    epo

    rte -

    sc

    on . ~ s c c

    Redus

    à

    dix

    mille a·nnees

    en n è r e

    « T el

    co nt

    e qm

    nous

    charme a ch

    armé les

    Aryens>>,

    écnt Er nest

    J

    aube rt.

    *

    A première vue,

    les contes de.

    é c s n,ous nppara

      sscnt

    comme une flore capricieuse éclose

    1

    c1

    et

    la

    dans

    les

    stllons

    du temps .Mais si

    ~ · o r ~

    pr:

    nd

    .la

    peine, d'examiner ~ c ~ e

    darts tous

    les

    pays d Aslc, d Afnque

    et

    d

    Europe, en S1bene,

    en Finlande, en Ecosse,

    en

    Scandinavie,

    en Allemagne, en

    Armorique

    ou

    dans l

    es pro\

    r:

    Înc

    es

    fran

    ça

    ises,

    on s'aperçoit

    que partout elle r

    es

    te

    semb

    lable à elle-mêm e.

    Sous

    tou tes les

    latitudes

    les

    éléments

    du con

    te

    e

    fées

    sont identiques

    :

    un

    château ou

    une demew

    ·c

    seigneuriale, un vieux ro i

    ,

    une prin

    cesse, un prince charmant, une

    forêt enchantée,

    une sou

    rce

    ou

    une

    fontaine,

    un char

    volant,

    des petits

    oiseau.

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    -

      4

    réscnte

    la }.flmoirt

    du

    .Monde ou J n c o n s c i t ~ ~ o l l t ~ t i f

    A . C('

    ~ ~ f r c , l

    connaît

    dans son ens< mblc ct ses details l

    ~ v o l u t l ~ l

    d

    l'E

    t non seulement à travers la nature humamc, m.us

    c ~ c o r ~ ~ ~ n t r a v e l 3 l instinct nnimal et s c n ~ i b i l i t é de ~ ~ a ~ l l c :

    Sur

    le

    plan

    physique, le victL <

    ROI

    Dhntarashu a

    1<

    PH.st. ntc

    la somme des archétypes dont les physiciens ct n s ~ r o p h y s t J c n s

    reconnaissent l invariabilité dans la structure de l atome ct

    du

    cosmos. . ) .

    1

    < tc 1S

    Sur le

    plan

    astral (ou

    plan

    des

    émouons

    1 • rcpn

    :

    .

    archétypes

    nés de toutl S

    le

    s terreurs

    ct

    c u p h o n ~ s

    qUI

    dcpu1s

    1 commencement des âges ont imposé à la

    t o t a h t ~

    des formes

    c:éées leur rythme vital., cc

    rythme qui détermine

    pm:

    e x < ' n ~ p l c

    les osci

    ll

    ations

    de

    notre émotivité

    entre

    to ;ltcs les

    p a 1 ~

    · c s

    d

    op

    posés : a ttrait-répulsion,, joie-tristesse,

    craulle-adorat

    ton: c ~ ~ ·

    Sur le pla n mental

    tl

    représente ks archétypes cng\ndr cs

    par la pensée et ' a ~ l i o n réfléchie des h o m m e ~ . : a r . c h c t ~ p e s

    dont

    les ar ti

    stes redccouvrenl l existence et

    qu

    tls tt adu1sent

    en objectivations dans leurs œuvres.

    Sachant que Dhritarashtra n'est qu'un personnage secon

    daire

    du

    grand poème épique hindou,

    on

    sc

    rend compte

    des modifications

    de

    sens qui peuvent sc

    produire

    entre les

    interprétations profane, sacrée et initiatique de l

    'épopée

    considérée dans son ensemble.

    Ccci n est qu'un e.xemple. Nous l'avons choisi

    parce

    que

    Dhritarashtra, l btcotucùnt, la J..fémoirt du Arfonde est srmbolisé

    dans le mythe par un vieux Roi et que l

    es

    vieux Rois abondent

    dans nos contes

    de

    fées.

    Chacun de nous se représente les rois des contes d'après

    l idée qu  il se fait des rois de l histoire. Lorsque nous achetons

    pour nos enfants des livres

    de

    contes illustrés, nous y trouvons

    le beau-père de

    la Chatte

    Bl anche vêtu du

    manteau de Charle

    magne ou co

    iff

    é de la couronne

    de

    Mérovée .

    De telles interprétations ne nous choquent

    point

    parce

    que

    nous ne nous demandons pas si,

    dans

    les contes le mot

    Roi a bien le sens

    que

    nous lui prêtons ou si, à

    côté

    cc sens

    -   5

    élémentaire. il

    n'en

    a point

    encore

    d 'a \ltres. C..e sont là pour

    tant des qu< Stions que nous gagnerions à nous poser.

    La plup:ut d'entre nous

    ne voient

    dans les

    contes

    de fées

    qu e des fictions bonnc·s à

    distraire

    les

    petits enfants.

    .

    Mais

    lorsqu on prend la

    peine

    de remonter du conte

    au

    mythe

    - comme la

    fourmi

    remonte de la

    ramille au tronc,

    - on

    découvre

    les secrets les

    plus cachés

    de la nature.

    Les psychanalystes ont arcompli un

    voyage

    d'investigation

    plus instructif encore. Renouvelant les exploits de

    Thésée,

    il

    s

    ont p é n t ~ t r é dans

    le

    labyrinthe de l'

    I

    nconscient guides

    par

    le

    fd

    du

    rêve.

    Là, dans cc

    que

    l'on

    croyaiL

    être l'obscurité

    et le néant, ils

    ont redécouve

    rt - ô

    miracle

    - la

    fleur

    du

    Mythe étoilant de ses

    pétales

    le

    mystérieux

    lac des Songes.

    «

    Jc pense

    que,

    pour une bonne

    part,

    la conception mytho

    logique

    du

    monde qui anime j u s q u a u . ~

    religions

    les plus

    modernes, n'est pas

    autre

    chose qu'une

    psychologie

    projetée

    sur le monde ex

    térieur»,

    écrit Freud

    Le savant juif se rencontre

    sur

    ce

    point

    avec le grand

    mys

    tiqu

    e Rudolf Steiner :

    «

    Qu'y

    a-t-il

    dans les mythes? l y a en eux

    une

    création

    de l'â me

    incon

    sciemment créa t ice. L àme a ses droits stricte

    ment

    déterminés. Il faut qu'elle agisse

    dans une

    certaine direc

    tion

    pour

    créer au delà d'elle-même. Au degré mythologique,

    elle

    crée

    sous forme

    d'images

    mais ces

    images

    sont

    construites

    d

      1 l . . h . d

    apres es 1s trentcs c ame.

    »

    Qui

    douterait

    encore après cc

    préambule

    de l  intérêt des

    mythes, des lé

    gendes épiques

    et des contes de fées?

    Ils sont le miroir de notre

    vic psychique,

    un miroir où

    se

    reflèt

    ent

    tous les clichés astraux du monde, ceu.x qui sont au

    niveau de

    l'homme, cetLX qui le

    dépassent

    et c e u . ~ qtù ne sont

    pl

    us

    pour

    lui

    que des

    souven

    irs inconscients parce

    qu '

    ils appar

    tiennent atLX règnes du minéra l, de la plante, de l'animal ou

    à l'homme

    in férieur.

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    - 16 -

    . . e

    ndant

    des mill

    énair

    es

    travaillèrent à

    Les

    u \connus qut p é

    dan

    s leurs

    œu\

    rcs dl·s l ~ s d argent,

    édifier

    les mythes o lnét sed

    m

    d: anl Il nous suflil aujomd hui

    d

    clés

    d

    des s e

    mm

    · .

    es

    or,

    1

    , ouvrir la portl à neuf sen un ·s qm

    de retrouver

    ces c es p

    our

    .

    r

    1 l .

    . d l 1 nde

    finnoise la

    trOIS tOtS

    tnp

    c

    na

    ure

    syroboltscnt,

    ans a cgc

    , . h

    iquc émotive

    ct mcntnlc.

    del

    homme.

    ,

    Pys ,d

    ne

    pas

    de voir les psychanalystes

    Ne nous etonnons o ,. , cl

    b . .

    à

    la

    découverte du myùle

    lorsqu lls

    elu l

    l Hl nos

    a

    outu , 1 . Notre âme

    est peuplée

    de

    symboles

    ct

    ~ e s s u s hpsyc .

    R oi des Védas

    Dhrit

    nrasht

    ra 1 111

    Dhntaras

    tm,

    e v1elL .

    conscimt

    la Mlm

    oire du A1onde y

    règne

    en

    so

    uvera

    tn.

    I I

    LA NAISSANCE DU MYTHE

    La

    base

    des

    croya nces religieuses

    n est

    point

    la curiosité intellec

    tuelle

    et

    encore moins

    J

    adm

    ira

    tion. C est la

    peur.

    Cette peur,

    le

    plus souvent, n est pas éprouvée

    devant l

    es formes

    connues du

    péril. Il s agit

    plutôt d une peur

    irrationnelle

    éprouvée dans cer

    taines circonstances anormales,

    en

    face de

    risques incompris,

    une

    peur qui

    ressemble.:

    aux

    terreurs

    fantastiques des non-civilisés.

    Cette peur

    est inspirée

    par tout

    ce qui ne tombe pas sous le con

    trôle

    de

    l expérie nce

    rou tinière.

    t\

    kxandrc KRAPl .

    La

    Genise

    des

    yt

    es.)

    Il a

    fallu

    des millénaires

    pour

    que les premiers hommes,

    dégagés

    de

    la

    plus

    grossière

    ani

    ma

    li t

    é,

    comme

    nce

    nt

    à

    vivre

    autrement que

    des bêtes,

    pour que

    l

    eurs

    cris inartic

    ul

    és

    devien-

    nent

    un l

    angage, pour

    qu une

    ébauche de

    raisonnement

    se

    dessine en

    lem

    in

    telügcncc.

    On

    t l t

    con

    natt

    à

    peu près rien

    de la vie de

    ces premÎ( I S

    hommes

    si

    cc

    n est leur lutt

    e obstinée contre

    les ca

    taclysmes

    naturels

    : iiTuptions g

    laciair

    es, in

    ce

    ndies

    allumés par

    la

    foudre,

    cou

    lées

    de

    lave brùlante descendant des volcans,

    tn·mhlemcnts de

    t

    er

    re , débordements

    de fl

    euves, séc

    here

    sses,

    déluges, etc.

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    -   8 -

    Selon l aspect que prenaient ces p h é n o m è _ n c ~ ils les co nsi

    déraient avec ravissement ou a ~ e c terreur.

    A ~ . n s 1 sc

    dévzlopl?a

    dans Jew· psychisme en formation

    double

    courant

    e ~ o l l f .

    Ils éprouvaie

    nt une adora

    n

    te béatttude quand

    la

    mamfcsta-

    tion

    prenait un

    aspect

    a ~ o r a b l e

    : p ~ u i c

    fé??ndantc,

    feu

    • : é c h ~ u f -

    fant, etc. D

    'a u

    tre

    part tls tremblaient

    d

    epouvante lm squ

    elle

    devenait menaçante : foudre,

    in

    cend ie, raz .de marée, etc.

    Peul-être essayèrent-ils

    d'organi

    ser leur defense c ~ n t r c les

    décha

    înem

    e

    nts

    des éléments,

    ma i

    s

    comment eussenHls

    pu.

    Y

    parvenir? La nature l

    eur

    opposait

    d'insurm?ntables

    résJs

    tanccs

    car

    ils ne connaissaient aucune de ses lo s.

    N

    p

    ouvant arriver à la vaincre

    ils

    tentèrent

    d_ 

    s ~ d t ~ i r e

    Lorsqu ils désiraient se

    la

    ren

    dre favorable

    tls

    m l l ~

    c n t

    la manifestation souha itée,

    appelant

    la

    pluie en reproduisant

    artificiellement

    le

    bruit

    d'une

    averse,

    en

    faisant Lamber

    de

    l'e au à travers un tamis fait d'herbes tressées ou par des céré-

    monies de caractère érotiqu e.

    Ce fure

    nt

    les

    premi

    ères

    opérations de

    la

    magic de

    fécon

    di té, origine de tous les mystères

    du

    monde

    antique.

    El les

    c

    orres

    pondaient à la découverte,

    dans

    sa f

    orme

    la plus

    simp

    le,

    du

    principe de

    similitude, de

    sympathie.

    Aujourd'hui

    encore les h

    abitants de Kottakal, au

    iVIalabar,

    ap

    pellent la pluie par

    un

    cérémonial

    qui

    consiste à verser

    chaque

    j o

    ur

    mille

    et un

    pots

    d'cau sur la

    tête

    de

    l

    'ido

    le

    Siva

    .

    Peu

    à

    peu,

    un

    nou

    ve

    l él

    ément psychique s'introduisit

    da n

    s la vie

    de

    s primitifs . Der rière les manifestalions

    maté-

    rielles do

    nt ils ét a

    i

    ent

    les témoins : orages,

    tremblements

    de

    terre, etc.,

    ils

    i r n a

    ~ r e n t

    l existence

    de

    po

    uvoirs

    intelligents.

    « I

    ls

    n

    'avaie

    nt

    nuJJ

    ement

    le senti

    me

    n t

    du

    divin,

    écrit

    Lévy

    Bruhl,

    mais

    le

    ur

    vie entière

    ba

    ign

    ait dans

    le

    surnature

    l.

    lors, ce

    ne

    fut. plus

    à l'eau, au vent, au

    feu, qu'ils

    e s s e leurs s

    upphqu

    es, mais à des puissances invisibles

    géné

    ratn

    ces supposées d e l'eau,

    du vent et

    d u feu

    à

    la

    foudre

    au so

    lciJ

    auquel ils

    donnèrent

    les noms de Père' ct de T r è s ~

    H aut.

    Parlant

    du

    culte du soleil, un auteur

    angla

    is du

    XIX mo

    siècle :

    - 1 

    Imaginer que l'humanité, dès son ~ T i f a n c e ait résolu le problème

    de

    la

    vie par

    la

    conception intuitive d'un aultur divin dt

    t®te.s chose;,

    c

    ut

    aller beaucoup trop loin. Ct urait accorder

    à

    L homme naissant

    une sagacilé dans

    a

    spéculation thiowgique qut

    confirme

    u c u ~

    analogie

    dan.r

    l'histoire

    des arts et des

    scienus. L'lwmme

    qui explore

    la trrre

    et

    la mrr n .Y trouve poirll son

    idéal,

    mais

    il

    y voit un tUment

    qui jJéuètrc

    et

    modifie

    la

    nature, la rijouit et

    a

    vivifie et sans lequeL l

    terre semblerait

    morte

    : c est la

    Lumière et

    la

    Chaleur.

    L adoration de la

    Lumière

    est le risultal

    naturel de l'

    observatùmJ

    par les

    primitifs,

    des phinomènes

    physiques. u

    hommes des premiers

    àgcs

    se

    sont

    J;roslcmés

    devant le soleil

    levant et

    ce

    soleil levant tur

    a

    donné l idée emb1yonnaù·e d un

    dieu.

    l

    en a

    é é de

    meme potu

    le

    tonnerre.

    Ainsi,

    quand

    nous prétendons

    r

    econstituer les

    conceptions

    primi-

    tives

    qui

    se

    rapportent

    à

    Dieu, c est notre propre esprit que

    nous

    analysons, et pas autre chose.

    Un

    des phénomènes naturels

    qui

    a le plus fortemen t impres

    sionné les primiti1S

    1

    c'est l'orage. Les éclairs, les coups de

    tonnerre, puis la chute des arbres

    fracassés

    et

    l

    'incendie qui

    se

    propageait

    ensuite

    de buisson

    en

    buisson les terrorisaient.

    Pendant d'innombrables siècles

    et

    partom où

    se t r o u ~ a i e n t

    des êtres vivants la foudre répandit sa

    terreur.

    Bien avant

    de

    pouvoir

    exprimer sa détresse

    par

    des mots,

    l

    'homme hur-

    lait de peur lorsqu'il entendait le tonnerre. Cette peur l'es

    corta pend

    ant

    tout le

    début

    de son

    évolution,

    imprimant

    dans son

    âme

    une indéfec tible

    angoisse.

    Vinrent

    des

    millénaires

    au

    cours desquels

    l

    apprit

    à

    ta

    iJler

    les silex dont il se scrvaiL pour

    tuer

    les an.imau.x et les d épecer.

    V i

    nrent

    d

    1

    aut1·es millénaires qui lui permirent d apprivoiser

    quelques animaux, de cultiver quelques plantes et de polir

    les pierres.

    Cc

    furent a utant d'éternités au com s des

    quell

    es

    notre planète

    changea p

    lusieurs

    fois

    d,aspcct à la su 

    e

    des

    déluges dont la

    traditio

    n

    égyptienne, hindoue,

    chinoise et

    chaldéenne

    nous

    a conservé les récits. Alors les

    peuplades

    qui n'étaient

    pas anéanties

    émi

    gr a

    ient vers des lieu.x

    pl u

    s

    cléments

    .

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    11/94

      0 -

    Et toujours le feu du ciel allumait ses lueurs terrifiantes

    sur le chemin de leurs e.. 'odcs. . .

    Aucun bruit co

    nnu

    d'elles ne resscm

    bhut

    à cclUl d_u. on-

    Ne

    po

    uvant rien produire de semblable, ell

    es

    fmu cnt

    ncrrc. Il

    1

    '

    ar

    se pr rsuader que seule une puissance s u r n t u ~ c c oca tscc

    ~ a n s le ciel était capable de déchaîner de telles \'tolenccs.

    La c U

    couverte des moyens propres n fain'

    du

    feu date de

    l'ère de la pierre taillée. Certaines peuplades fabriquèrent

    alors des pirogues en brûlant l'intérieur d  un tronc

    naviguer sur les rivières . Beaucoup plus tard, l

    es

    d e m t

    imaginèrent un autre moyen

    de

    transport , le char, dont

    les

    roues étaient d

    es

    disques en bois plein.

    l ne fallut pas longtemps aux inven teurs du char pour

    découvrir une analogie entre le bruit produit pa r ce véhicule,

    lorsqu'il était lourdement chargé, et le

    bruit du

    tonnerre.

    De là à imaginer que le tonnerre

    était

    produit par

    un char

    gigantesque roulant dans les plaines infinies du ciel,

    H

    n  y

    avait qu 'un pas. l fut vite franchi.

    ~ o t r e

    langage porte encore la tra ce de l'association d'idées

    qui

    s'établit alors

    chez

    J

    es

    demi-civi

    li

    sés. Nous n'avons q u un

    mol pour désigner Je

    roultment

    du tonnerre et le roulemtnt des

    chars. Dans une langue auss i riche que la nôtre celle pau

    vreté n'est pas dépourvue

    de

    signifi

    cat

    ion.

    L int

    elligence des demi-civilisés commençait à peine

    à

    se

    d é v ~ l o p p e r lorsqu'ils construisirent les premiers chars.

    Il

    s

    avatent pourtant asse1. de ra isonnement pour comprendre

    qu un attelage ne se déplace point sans co

    ur

    s

    ier

    et sans co

    ndu

    c

    teur. Cette élémentaire logique les amena à imaginer l exis

    tence d un cocher surnaturel conduisan t sur les nuages le

    char sonore du tonnerre.

    Née d un e terreur plusieurs fois millénaire ct dont les ani-

    maux eux · la

    -memes po

    rtatent

    marque

    en

    leur

    co

    nscience

    -

    2

    embryonnaire, née d une angoisse aussi vieille que le monde

    et qui n,avait jamais connu d apaisement, la première dh. inilé

    enfanté

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    12/94

    III

    DU CHAR DE ZEUS AU CARROSSE

    DES FÉES

    Quand

    l âme

    pénètre au

    delà

    de

    la conscience

    mythologique

    jusqu aux vérités profondes, ces

    vérités

    portemla meme

    empreinte

    que

    les mythes car une seule

    mê m

    e for

    ce

    préside

    à

    leur

    nais-

    sance. Ru dolf

    Le mythe est une

    des

    pre

    mières manifestations de l'intelli

    gence

    humaine. es

    prc·micrs

    con

    tes que l homme a imagint'-s lui

    ont

    été

    inspirés par le spectacle

    des

    choses

    dont ils ne

    parvenaient

    pas à saisir le sens, mais dont il

    voulait néanmoins, parfois pour

    apaiser ses efli-ois, le plus

    souvent

    pour justifier

    ses

    fra ycurs,

    donner

    une interprétation.

    F.

    GUIRAUD

    :Jn char qui roule en ~ r e d u i s n t un é n ~ r m c fracas (char

    de Zeus ou

    ch

    ar du

    Soletl),

    un Conducteur tout puissant

    menant

    cc char à travers l immensité

    du

    cid :

    tels

    sonl les

    élém('nts du m.ythe

    qu

    i donna naissance à toutes les rel igions

    du monde anttque.

    Pl,usieurs a . t t r ~ b u L l devaient par la suite

    compléter l image

    l

    on

    sc fa1sa1t

    de cet

    attelage

    surnaturel dispensant anx

    ommes tout le bien et tout le mal, toutes les

    prosp

    é-

     

    3

    rités et

    toutes

    les dévastations.

    L éclair fut rcpréstnté

    par

    un fouet en tre les mains d e Zeus et un fléau dans ceUcs des

    Dioscures

    spartia

    tes.

    Dans certaines contrées

    on

    modifia le mythe

    initial

    du

    char

    du

    tonnerre en remplaçant

    celui-ci par un traîneau ou

    un

    COUI SÎCr

    rapide.

    Pendant dt'S siècles les hommes

    craignirent

    et adorèrent

    le dieu du iel qui

    roulait

    sur les nuages sans rencontrer d obs

    tacle.

    Les difficultés de leurs propres déplacements à travers les

    déserts,

    l

    es

    mar

    écages, les forêts vierges : la

    lenteur

    de

    leur

    marche alourdie

    par le poids

    du

    gibier qu ils apportaient

    aux lieux

    e

    leurs festins conféraient à

    l image du dieu

    roulant

    en

    un

    in

    stant

    d un bord de l  hor izon à

    l autre un

    prestige

    co

    nsidérnble.

    De cette comparaison na qui

    t

    bientôt un nouvel

    élément

    elu

    mythe

    :

    le char divin fut doté d une rapidité de

    déplacement

    impossible

    à

    réaliser

    sur terre et

    la

    notion

    de

    cette

    vitesse surna turelle entra

    dans

    la légende.

    Lorsque

    le

    panthéon grec

    se

    peupla,

    les

    hommes

    firent

    don de

    cette

    ,  j esse à

    Mercure

    et Persée. De son côté, la

    my

    thologie

    nordique

    en dota la déesse

    Fre}ja

    lorsqu elle se revê

    tait

    de son manteau de

    plumes.

    D  autre

    part,

    sous l effet de

    Pimagination populaire,

    les

    c

    hars

    célestes se

    multipliaient.

    Cérès

    en eut

    un

    pour aller se

    plaindre

    à Jupiter de l

     enlèvement

    de

    Proserpine

    et 11édéc

    monta sur le sien lorsqu elle partit

    à

    la

    recherche des herbes

    qui

    devaient rajeunir

    Eson.

    Tous ces

    chars mythiques conservaient

    la carac téri

    stique

    du

    premier

    attelage

    d ivin, celui du

    di

    eu

    du

    to

    nn

    erre. I

    ls

    ne

    connaissa i

    ent pas d obs

    tacle, ils roula ient sur les

    nu

    ages au

    milieu

    des

    fu

    l

    gurations

    et des éclairs.

    Parfois la r

    apidi

    de dép

    l

    acemen

    t

    pr

    êt

    ée

    par Ja fan

    ta

    isie

    des

    homm

    es

    aux chars

    des d i

    eux

    se t

    ransmet

    t

    ait

    à

    un coursie

    r

    fabuleux; Pégase parcourait l O l

    ympe

    à son gré; en Germanie,

    Od in, m o n t ~ sur Slcipnir, ga lopa it à la vite.c;se du

    vent

    d ans le

    pays

    de..,;

    Géants.

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    13/94

    Nous n avons pns be

    so

    in d   un g

    rand

    rf for t po

    ur

    ra

    tt

    ac-h

    er

    Ja

    tradition mythologique

    atL \: cont

    es de fées. Un des

    esse

    ntiels de ces contes n est-

    il

    pas le dépl

    ac

    t ment

    p.1r

    des

    procédés irratio

    nn

    els

    et parti

    culière

    ment

    rapi

    des?

    Mercure et P

    er

    sée

    sr.

    transporta

    nt

    dans l Ol} mpc

    pa

    r la

    vertu de leurs talonnières

    ma

    giques ont de

    mo

    ck stcs l

    mu

    les

    dans u Chat botti, u Pttit Pouut et le nain q ui

    vint nwrl r

    la

    bonne fée du sommeil de La Belle nu Bois dorma

    nt.

    L

    es

    déplacemen

    ts

    en chars a

    ér

    iens traînés par des

    ani-

    maux fantastiques so

    nt

    plus fr

    éq

    uents enc

    or

    e dons nos con tes

    qu

    e l

    es

    déplacements réalisés au moyen de bo

    tt

    es de sep t

    li

    eu

    es

    . L

    es

    vin

    gt

    -qu

    atre

    es

    de

    La Chatie Blanche

    voya

    g<

    n

    t su

    r

    l

    es

    ail

    es

    d

    1

    un dragon

    app

    rivoisé et Aiignonnet circule dans un

    chariot de feu a

    tt

    elé de deu:<

    sa

    lamandres ailées.

    Dans le conte comme dans le mythe, l  idée

    du

    feu reste

    toujours associée

    à

    ce

    ll

    e des déplac

    em

    en

    ts

    s

    umatur

    els.

    C es

    t

    un

    souvenir persistant de l orage. T ant

    ôt

    le char

    i q u e ~

    apparaî

    t dans une lumière,

    tantôt

    l

    es

    éclairs

    ja

    illisse

    nt

    sous

    ks

    sabots de

    ses

    coursiers, plus souvent enc

    ore

    les

    anim

    a

    ux

    fan

    tastiques qui le traînent jet tent des flam mes pa r les naseaux .

    Si les éléments matériels

    du

    mythe se

    sonL tran

    sportés

    da;u

    le conte sans modifications

    importa

    ntes, il en est de

    meme des élémen

    ts

    psychologiques. Nous pouvons les recon

    naître sans d

    iffi

    c

    ul t

    é tous les contes

    q

    u

    n ont pas

    é té

    trop altér

    és

    p

    ar

    la fa

    ntaiS

    ie des transcripteurs.

    vu plus ha ut

    qu

    e l

    es

    orages

    ont déve

    loppé

    dans

    .1

    Incon

    sc

    tent hommes primitifs un

    doub

    le coura n t

    psych1qu e. Ils et

    crai

    gnaient la foudre q

    u

    po

    uvait

    leur auss1 b1en l abondance

    que

    la désola tion.

    Cette

    rel

    conndaJss

    ance

    d un

    double pouvo

    ir attr

    i

    bué

    a u

    Co

    cher d u

    clar

    e l orage (

    pr

    em · d. d .

    . ter

    teu u

    CH:

    l) trouve

    un

    e ta r

    dive

    e x ~ r e s l O n

    dans le délicieux conte de fées

    intitul

    é

    La Biche au

    ors.

    Lu fies de conte jJo.ssédait:nt

    deux

    équipagn , nous dit

    Perraul

    t

    l un pour t•u

    r.r a-uuru

    blnljiquu, l autre pour leurs auvrts

    nljasu

    C/z(l(tlllt a ·nil son chariol de

    dij[éren

    te malitrt; l un était d lbtnl

    tiré par dtr jJÏ,I ,t'OIIs blancs, d autres d ivoire que de petits corbtaux

    traînaiml,

    d aulrtr mcnre

    dt cidre t l carambou. C ltait

    [t ur

    éq

    uipage

    d alliana

    tt dt paix. Lorsqu elles étai

    en

    t f dchies, ce n était

    qzu

    dragons l:o/anls,

    couleUL·rrs

    qui jetaitnt du f tu

    par

    la pruult tt

    par les f

    U

    X, sur

    lesq

    urllts ellt>s se transportaient d un bout du mondt

    d

    l

    autrt

    m moins dt lemps qu il n

    n

    faut

    po

    ur dire bonsoir ou

    bonjo

    ur.

    I\ o

    us saisissons

    majntc

    nan t sans pe

    in

    e

    co

    mm e

    nt

    la

    trad

    i

    tion rc-mon

    l<

    j u

    squ aux

    temps r

    ecu

    lés de

    la

    pr

    éhistoire

    en

    p

    assant par

    tous h s

    équipages

    el

    u

    co

    nte

    , de la lég

    ende

    et d u

    mythe.

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    14/94

    IV

    TRADITION PROFANE ET TRADIT ION

    SA CRÉE

    Le con tenu

    de

    l   Inconscient est

    f

    ormé

    par toutes les C.. Cpéricnccs

    de

    la vic

    antêrîeure.

    Dr jANKÉl.ÉVICH.

    De

    même que

    les naturalistes

    e

    xp liquent

    1

    arc-en

    -ciel comme

    un

    reflet

    du

    soleil r

    endu multi

    colore

    par

    son renvoi vers la

    nuée, de

    même

    le

    mythe

    corres

    pond

    à une

    vérité

    qui

    réfléchit

    son sens en

    direction

    d une

    autre

    chose.

    PLUTARQUE.

    Nous avons

    vu,

    à propos de Dhritarashtra, le vieu..x

    Roi

    la . h a ~ a v G î t a que chaque dé tail d un

    mythe

    a

    plu

    S l e ~ r s s

    1gruficat.J.ons

    selon

    qu il

    est interprété

    da n

    s

    l un

    des

    tro1

    s sens : profane, sacré, initiatique.

    m ~ t h

    l o g i e s de

    l Orient

    et

    du

    Nord, le nombre

    de _

    es ~ f i c a t i o n s

    est pl

    us ~ l e v é qu en Oc

    cid

    ent parce que

    la

    o s o p h ~ e et la ~ é t a p h y

    q u e

    y conna issent un dévelop

    peme

    nt bt

    en supéneur à celui qu elles

    ont

    chez nous. P

    ou

    r

    au.tant que nous pouvons nous en rendre

    comp

    te le

    myth

    e

    onental et

    s d

    can

    ma

    ve comporte

    quatr

    e enseignemen ts super-

    pos

    és

    .

    é .

    1

    enseignement

    d ordre

    historique, c est-à-dire un

    r C

     

    popée. Ce récit n

     a

    rien

    d imag

    inaire,

    l

    sc

    rapporte

    7 -

    à des faits cl

    à

    des personnages réels. Il

    était

    facile

    aux créa

    teurs des mythes

    d

    1

    util

    iser des

    événements authentiques

    comme «supports matériels » de leur

    enseignement

    symboli

    que. Ainsi satisfai

    saien

    t-ils

    à

    peu

    de

    frais

    aux

    exigences du

    profane

    qui,

    rcconnaissan

    dans le mythe

    une

    page de

    son

    histoire

    nationale, n en

    demandait

    pas davantage.

    D autre part, les inüiés n éta

    ient

    aucunement

    gênés

    dans

    leur inlcrprétation

    des

    symbo

    les par la personnalité des héros,

    celle-ci n ayant aucune importan

    ce

    à leurs yeux.

    2.

    Un

    enseignement

    psychologique montrant la lutte

    de

    l esprit et

    de

    la

    matière au niveau

    de

    t homme,

    mais expliqua nt

    cette

    lutt

    e

    par

    des

    données

    empruntées

    a

    ux

    lois

    de

    l évolution

    da n

    s tous les règnes de

    la nature.

    Cet ensei

    gnement

    tient

    co

    mpte

    des formes de vie antérieures

    à l homm

    e et dévoile

    les facteurs qui contt-ibucnt à la

    formation

    de son psychisme.

    Ainsi fait-il

    une place importante au

    vieu..x R oi, à l nconsc

    ient

    à la

    kfémoire

    du

    Monde

    que

    chacun

    de

    nou

    s

    porte en

    soL

    A cc

    degré,

    l enseignement mythique form

    a

    it

    des pédago

    gues

    ct

    des guérisseurs.

    3· Un enseignement

    se rapportant

    à

    la form

    ation et

    à

    la

    vie

    de

    notr

    e

    planète

    .

    l

    formait des naturalistes, des philoso

    phes et des physiciens.

    4· Un

    enseignement se rapporta

    nt

    à

    la

    cons

    titution de la

    matière

    et à l ordre

    cosmique

    .

    Il

    formait des

    mathématiciens,

    des métaphysiciens, des astrologues

    et

    des mages.

    Ces

    qualre strat

    ifications

    de

    l

    ens

    eignement

    mythologique

    justifient pleinement

    la définition d Emile Genest :

    « La

    mythologie qui a

    p ersonnifié

    en

    tous les temps les

    abstractions

    éter

    nelles a exercé une influence profonde sur la

    formation et le développement de

    notre

    pensée. Elle n es t pas

    si naïve

    ct

    si

    vaine qu on

    le s

    uppo

    se. Elle

    a aidé les Anc

    iens

    à

    se

    connaîtr

    e,

    et

    elle

    nou

    s se

    rt à

    nous

    comprend

    re,

    à

    nous

    définir ct

    à nous exprimer. Par

    ses allégories accessibl

    es

    et

    vivantes, le

    mécanisme

    des passions

    huma

    ines

    s anime,

    les

    lois de

    tout

    e philoso

    phie

    s ordonnent,

    le

    sens de la vie univer

    selle s éclaire.

    » (Vo

    ir

    tablea

    u

    II

    .)

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    LES ENSEIGNEMENTS DU MYTHE

    Au degré e mythe présente:

    profane

    sacré

    initiatique

    Un récit histori-

    nque se

    rappor

    tant à des per-

    sonnages réels

    Un

    exposé sym-

    bolique d ordre

    psychologiq uc

    Un exposé sym-

    bolique d ordre

    métaphysique

    Sous forme de :

    Une

    épopée

    mettant

    aux prises des

    guerriers

    Une recherche

    d harmonisation

    entre le Con

    scient

    et

    l Incon

    scient

    sur

    le plan

    indjviducl

    Une

    recherche

    d harmonisation

    des forces natu

    relles

    et surnatu-

    relles sur le plan

    universel

    Dant le c ootA de le mythe 10 es enseignements

    tranatormoon uoe hlat.olre d amour éta tent

    d-un·

    :

    oompor1.4nt. lee 6tapoa aulvutes: ...,

    c t

    Une série d épreuves de

    courage subics par le

    prince charmant avant

    d obtenir

    la main

    de

    la

    pnncesse

    Le

    mariage

    du prince

    ct

    de la

    princesse

    (Union

    du

    Conscient positif-

    actif ct

    de

    l

    I nconscient

    ga

    ti f

    -p

    assif)

    «

    Il

    s

    furent

    heureu.x

    et

    eurent beaucoup

    d en

    fants » .Association

    féconde des

    archétypes

    universels immortels

    et

    des formes temporelles

    Au

    peuple

    Aux

    initiés

    pédagogues

    et guérisseurs

    Aux

    mages

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

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    29

    Il

    est

    deven u impossible à la plupart des

    Occidentaux

    de

    sa

    isir

    la

    portée

    des enseignements contenus dans l interpré-

    tation initiatique d

    es

    mythes, car l habitude des dogmes a

    tué en nous ces sens subtils qui permettent encore

    aux

    Orien-

    t

    aux l aux

    gens

    du nord de

    commu

    niqu

    er

    avec le divin

    par

    l

    es

    voi

    es

    directes, normales

    ct

    sans intermédjair

    es.

    D autre

    pa rt, le christ ianisme a fait disparaître cet ensei-

    gnement

    par

    l extermination des Manichéens, puis des Druides

    ct des

    Al

    bigeois

    qui

    en avaient conservé

    la

    tradition. Partout

    cela lui fut po

    ss

    ible, il a

    détruit

    les traces lai

    ss

    ées

    par

    les

    philosophies ésotériques dans l

    es

    pratiques religieuses des

    peuples.

    Si vous ouvrez la Mytho

    logie g é n é r l ~

    publiée par l

    es

    Editions

    Larousse au

    chapitre

    de

    la

    Lithuanie, vous trouverez le

    passage suivant

    qui pourrait

    être répété pour

    chaque

    contrée

    européenne :

    L'histoire

    du

    paganism

    e

    lithuanien

    nous

    o.ffre

    un

    spectacle ana

    -

    logue celui qui

    rwu.r

    est donné par la mythologie slave. Des ckux

    grandes divisions dont

    l'une

    embrasse la religion

    plus

    rudimentaire

    répandue pam1i

    l

    es masses

    rus

    tiques

    et l'autre

    pr senle une mythologie

    supérieure

    et plus organisée, c'est

    la première qui

    rlsiste

    mieux et se

    con.srwe

    dans le

    folklore

    et la tradition populair

    e. L'autre

    disparaît

    p

    our

    ainsi dire plus comp etement

    sous les coups du

    christùmismt.

    Et

    cela d'autant plus

    que,

    dans ses débuts,

    le

    christianisme a

    imp

    osé

    par

    les

    am

    u

    des Chevalin-s

    de

    la Croi. 1: qui

    détruisa;ent

    les

    sanciuaires,

    brûlaient lu

    objets

    du

    culte

    ct e.v:termirzaiem les prêtres païens.

    Si

    l on

    veut

    bien se représenter

    que

    l

    es

    termes «

    païen»

    et «paganisme

    » ont été appliqués

    à

    la totalité des philosophies

    pr

    échréticnnes, aprlr

    que

    le

    christianisme

    y

    eat abondamment puisé • )

    *Voir

    es

    Sociitis stcrtles de n Jslèns par 0.-E.

    Bricm

    et La Pré

    histoire du christi

    a11isme

    par

    Charles Autran, Payot, Paris.

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      3 0

    nous arrivons à la constatation suivante : Av

    >

    Ainsi parla le roi. Il manda à

    Dame

    Ute t:t à sa fille aussitôt

    qu avec leur · damoiselles, elles

    vinssent

    à

    la cour.

    A mesure

    que l on s avance

    en plein moyen âge, les

    fabk·,

    d esquelles la poésie populaire est

    restée empreinte, s'éclipsèrent

    aux

    rayons de la religion chré

    [jcnne.

    Alors, la poésie

    voulant

    rester chrétienne, a-;sit le bon

    Dieu

    sur un

    trône vermoulu

    ct

    lui mit le nez à la fenc ll'e

    pour

    jug

    er de ce

    qu il

    se passait

    sur notre planète.

    F. FEUILLET DE

    CONCHES.

    TRANSCRIPTION de

    C.-F. Papé.

    Editions

    lso

    n

    Paris.

    ... et

    Siegfried lui fait com

    prendre,

    en

    cachant son

    jeu,

    qu'il désire

    la

    voir à la fête

    prochaine.

    Gunthcr lui répondit :

    « EUe ne prend plaisir

    ni

    au. <

    fêtes ni aux spt·ctacles.

    EUe préfère rester dans sa

    chambre ou aller voir les

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      4

    TEXTE OR

    ICI NAL, Chanson IV,

    s

    tr

    ophes

    561 ct su

    ivantes:

    (Siegft icd rappelle au

    r ~ 1

    Gunthcr la promesse qu

    ü

    lui a

    fai

    te de lui donner

    Kr iem hi

    ld

    c

    en

    mariage.)

    Le roi Gunther

    it

    alors

    à

    son hôte : J e vous aidera i

    du mi

    eu.x

    que je poun·ai.

    »

    Alors on invita Kriemhilde à

    venir à

    cour devant

    le roi.

    Le

    roi

    Gunther dit

    alors :

    « Ma sœur bien courtoise,

    par ta pr

    opre

    vertu, déüc

    moi

    de mon

    set-ment. J ai

    juré

    de te donner à un

    che

    -

    valier; sï l devient ton époux,

    tu

    auras f.. lit avec fidélité

    mon vou loir.

    »

    Lors, dit la noble fille :

    «

    Mon cher frère, vous

    avcz

    pas besoin de me prier, j e

    veux

    être

    toujours telle

    que

    vous l or donnerez. C es t chose

    entendue

    . J

     a

    ccepte volon

    tiers l époux qu e vous me

    donnerez. »

    Quand ils curent, la pucelle

    et lui échangé leurs serments,

    Siegfried s empressa

    de

    serrer

    dans ses bras la belle enfant.

    nèrent

    au

    château

    entourées

    dt S chevaliers. Sicgfi·i

    cd

    suivit

    à distance, li

    rœur

    rempli

    d  un

    trouble

    étrange.

    TRANSCR I

    PTrON

    de F.-C. Papé

    (

    même

    passa

    ge).

    L heure était venue p ur

    Siegfried de réclamer sa ré

    compense. Il dem anda donc

    à Gunthcr

    de

    parler à la

    prin

    cesse

    en sa

    faveur.

    Et Gun

    ther en parla,

    louant la

    vail

    lance de Sicgfr·icd, les scr·viccs

    rendus

    par lui

    aux Bur

    gondes.

    Et

    Kriemhilcl c baissant ln

    tête

    répond

    que Sicg i icd

    est pour ln patrir un véritable

    ami

    ct

    qu il

    f. lut l honorer

    en retour de son amitié. A

    vrai dire, elle ne

    désirait

    pas

    se marier, elle préférait passer

    sa vie en

    méditations dans la

    paix d un

    couvent, mais

    Gun

    ther était le roi, elle ne résis

    terait donc

    pas

    à

    sa

    volonté.

    Ainsi  ca

    marades, Siegfried

    put voir Kt iemhildc seule, en

    qu alité d am oureux

    ct

    de

    fiancé.

    -   5

    Etant donné que toute la littératw·e myù1ologiquc

    et

    philosophiqur a éré falsifiée

    par

    les chrétiens dans le même

    s ~ n s que

    lt·s ~ i b c l u n g e n il

    nous est

    difficile

    de retrouver

    son

    cns

    lignemcn

    t

    inüial.

    Pourtant, à

    côté des documents

    systémntiqtH•me

    nt

    truqués, il en est d autres qui, en

    raison

    de

    leur apparente insignifiance, ont échappé à

    la

    déformation

    entreprise

    contrc tout

    cc

    qui

    se rattac

    hait à

    la

    magnifique

    évolution

    spiri tu

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    La

    renco

    nt r

    e

    de

    Siegfried ct Kri

    cm

    hildc

    dans

    ln vc.rsio

    n. 1 i

    ginalc

    t-n

    est

    un

    exemple typique. Le

    conte a u t h ~ n u q u c .)l tlC

    la jeune

    fille dans les bras de son aman t ct la

    parc d

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

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     M

    p .. dr'r• que duz le r vmr, la connais.wnrr du symbole

    JrOILS OIWOiw . 1

    • • •

    · ·

    1

    u'dllfiait

    partit

    de la

    u

    psyrmque

    l l lCOn.rrttl l lt.

    ut mron.scrm

    t

    q

    l 1· }

    D où

    pmt

    vmir [a connaissanct dt

    us.

    r a p p o ~ l s EO

    m do

    r q r ~ ~ s .

    Lt langage

    rotlr(JJr/ il f o u r ~ i l qu t ~ n t ptitlc par u.

    .n

    f l l \ ~ r

    me

    /

    . ·M

    or

    ts swnboliquu

    n

    appartumunt pas

    m

    p1op11 au n t tur

    UU

    (tS

    TOrr './ . • , /

    ,

    1

    nt raracthiunl

    pas uniqrummt le

    lravatl

    qut r

    acnmjJ

    11 tm r.ours

    d

    1

    u

    Mous savons

    di J à qtll

    lrs mythes ct lu

    rontrs,

    lt

    prufJ c

    dans

    tS r e L ~ J '

    l .

    . . . .

    sts prourbts ri ses chants, le langage c o u ~ ~ n t

    tl

    t m a ~ : ~ r a t w n podrque

    utilise

    nt

    le même symbolisme. 011 a lrmpruwm

    d tlrt

    m pr, rmre

    d un mode d rxprrssi

    on a n c i e n ~ mais

    disparu, .sauf

    fudqurs tr.1:/rs

    dissiminlr dans dijfirmt.s domault.S. Je

    me

    sow·u·ns à c' jJropos d Wl

    in/tressant aliéni qui avait

    imaginé

    L existence d wrc langue foncla-

    menlalc

    do11t

    t

    ous

    les

    rapp

    o

    rts

    symboliques

    étaient

    à

    so11

    dt S

    su

    r

    vwa

    nas.

    *

    L'intéressant aliéné en question

    était probablcm

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     4

    T BLE U IV

    LE LANGAGE ET LES S Y ~ ΠO L S

    Nous

    n

    ous

    Au degré

    expnmons

    Au moyen: A l'état :

    par:

    u

    tiO

    profane

    Ill

    bO

    Le langage

    de mots de \Till<

    j

    d'images

    sy

    m boliques

    sacré

    Le rêve

    (réminjscen-

    de sommeil

    ces ances-

    traies)

    u

    0

    D

    de

    V}

    «Mantras »:

    d'inspi-

      .

    Les

    mythes

    l n -

    tiatiquc

    les légendes

    mots

    ration ou

    et

    les

    contes

    magtques,

    de

    transe

    de fées

    parol

    es

    médium-

    d'in

    can

    -

    .

    ruquc

    tati

    on

    Ces étals

    correspondent :

    notre

    Conscient

    t notre

    1 nconscien t

    individuel

    a notre

    In

    consc

    ient

    co llectif.

    (Mémo

    ir

    e

    du monde)

    - t

    Notre- ê t J ~ C'omcicnt

    s'éloigne

    souvent de notre In con

    scient ct les disriplines artificielles que

    nous nous

    imposons

    contribuent d n ~ une la rge mesure à

    cette

    séparation.

    Dans leurs cures

    aboutissant

    à la

    guérison

    des névroses,

    les psychanalystf>s

    ne font

    pas

    autre

    chose

    que

    de réconcilier

    le Conscient

    ct l'Inconscient

    de leurs malades.

    Il

    s vont prendre

    par

    la

    main

    le vieux

    Roi qui se ti

    ent à

    l 'écart et le

    ramènent

    à

    sa place,

    au cœur de

    la bataille.

    Le

    s

    contes

    de

    fées

    nous

    offrent une

    ravissante

    im

    age

    des

    opérations n o r m l ~ s

    du

    p

    sych

    isme, c'est le mariage de la fille

    du Roi nvt:c le Prin

    ce

    charmant.

    La Fille du Roi

    représente

    une pa r

    ce

    lle de l'

    In

    conscient

    s'associant en

    vue d'une

    action

    f

    écon

    de et dé

    terminée

    avec

    la

    parcelle

    correspondante

    du Conscient. C'est un f

    ragme

    nt

    choisi du assé du monde unie

    au

    Prisent

    par la

    voie des affinités,

    en vue

    d'une

    création

    à

    venir.

    «S'acco

    uplant au passé, l'avenir

    prend un r01 ps et le Yerbe

    s'incarne

    . » Ainsi s'exprime une

    inscription

    'anscrite décoU\·erte au

    palais

    de Priam.

    Les mariages des con tes

    de

    fées sont toujours heureux;

    la

    Fille du Roi ct

    l

    Prin

    ce

    charmant

    on

    t

    beaucoup

    d'enfants.

    Cela

    signifie que l

    'harmonie

    manifestée du

    Consc

    i

    ent

    e t de

    l 'Inconscient engendre des œuvres

    nombreuses

    dans la joie,

    l'équilibre

    ct

    la sérénité.

    En Orient, le langage des

    sy m

    boles a pénétré

    tout

    es les

    couches

    de la soci

    été

    . Les initiés ont conservé les symboles

    supérieurs

    dans

    le secret mais petit à petit, le peuple s'est

    emparé

    des

    symbo

    les in fé

    rieu

    rs, en

    particu

    lier de ceux qui se

    rapportent à l'amour. Voici une page tirée d'un conte tartare

    publié à Lille en 783 par un inco

    nnu;

    nous y trouvons une

    nourrice parlant :\ la jeune princesse avec laquelle elle est

    enfermée dans une tow· et lui donnant le moyen de communi

    qu er avec un

    beau chevalie

    r aperçu du sommet du don

    jo

    n :

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

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    fil

    fio

    ul pas s'ltonlltr si la

    captitli/é

    où ron

    lil'nt ici lrs

    femmes

    t

    . J r

    .

    d

    fo-urnit

    a u ~ hommes milu

    i n ~ ~ i m s t s m ~ m b t s s e

    .101re.,

    mlrn

    re.

    La

    sculc

    Nature

    ltur m a fatt w v c n t c ~ d

    r d t ~ a m

    p

    Squ

    .c l

    1

    out

    ce qui mire dans le commerce de a

    vte

    sert d cc/tu

    dr

    1amour . l or,

    l'argrnt, les fruits, les fours, les wsectes, en un mot lc r choses les _Plus

    simples ont leur

    signifiralion et

    lmr l'alrta;

    uature le

    ou

    r d l ~ g o r t q u ~

    C'e.rt ce qu

    4

    danJ

    notre pays

    on

    appelle

    le ~ e l a m Dr

    sorte

    qu.

    un p e l t ~

    paquet

    gros

    comme le doigt

    mifmnc

    tm dJScours

    fort exjnes.rif

    et

    qut

    fait plus d'impression sur le ctrur que lrs caracllrts

    les

    plus trndres

    d'une

    /titre.

    L'amour murt

    trouvr

    ici dans rhaque Amant un dictionnaire ga/ani

    rt spirituel;

    et

    dans

    l'Orient,

    Les

    filles

    sont

    tdlcmCllf ;nslruiles

    de

    la

    force

    des

    expressùms du Sélam qu 'il est rare d m trouva une à

    douze

    ans

    qui nr: soit en état cl'écrirc de utle mmlière i l'objet de sa tendresse.

    ]' coutais

    le

    discours

    de

    ulalu avec une extrême

    surprisr.

    Quoi m'écriai-je, est-il possible qu:urz grain

    de raisin,

    du gin

    gembre, du charbon, de la soie blanche et tm

    mor

    ceau d' lnjfe

    Jaune

    puissent signifier quelqzu chose?

    - Oui ma chère

    jiUe, me

    dit ma gouvernante, voici mot

    pour mot

    ltur

    rxplication

    :

    1

    Je voudrais

    que

    vous fussiez informi

    de la tendresse que je viens

    d ~ c o n c e v o ~ pour

    vous. Je

    ne suis plus

    à

    moi

    -

    même depuis

    que

    je vous

    at

    vu

    . MatS

    dans

    la crutlle situation

    je me

    tr

    ouve, je vais

    languir,

    pendant

    que vous jouissez d'une vie charmante· faites-moi

    ripouse

    et

    finissez s'il se peut tous mes

    malheurs. 1

    V

    II

    LES

    ÉQU

    IPAG ES

    Sais-tu mes

    occupations?

    J us

    qu au dîner je fais de la copie, je

    dîne tard; après dîner je monte

    à

    cheval;

    le soir

    j écoute

    des con

    tes

    ct

    je comble ainsi

    les lacunes

    de ma satanée éducation.

    PouCHKJNE

    Nous

    connaissons le rôle

    que

    jouent les équipages

    dans

    les

    mythes et les contes, au

    niveau

    de

    l interprétatio

    n profane.

    Il

    s

    prom

    ènen t les

    dieux dans

    l O l

    ympe,

    ils conduisent les

    fées

    à des baptêmes ou des mariages.

    Les équipages, aussi bien que

    n impor

    te quel a

    utr

    e

    attrib

    ut

    du

    mythe, répondent

    à

    une

    seconde

    inte

    rprétation qui

    es

    t

    d ordre

    ésotérique.

    Il nou

    s

    serait

    difficile

    de

    découvrir cette secon

    de

    inte

    rp r

    é

    tation

    si nous devions

    la

    chercher

    en Occident.

    De m

    ême

    qu

    e

    l  on renoncerait

    à trouve

    r

    un

    trésor

    dans

    une ville

    in

    cendiée et

    mise au pillage, il

    convien

    t de ne poi

    nt

    chercher une vérité

    philosophique dans les

    ru

    ines d  

    un

    e science con

    tr

    e laquelle

    un

    pouvoir

    organisé

    sévit depuis deux m ille ans. Nous

    auro

    ns

    donc recours une fo is de plus à l e nsei

    gnemen

    t de la Bllagavad

    Gîta,

    du KaUvala

    a insi qu au Phèdre de Pla ton.

    La Blzagavad-Grta nous présente son héros Atjuna

    mont

    é

    sur son char

    ùc

    gu erre et tirant de l a rc, tand is que son com

    pagnon

    dénommé

    «

    Le

    Conducteur du Cha

    r

    1

    mène l a ttelage .

    1

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    - 44

    L

    es

    initi

    és

    qui ont commenté ce tc.xte en clonncnt l inter-

    p

    rétation suivante :

    1

    '

    1

    é

    A · armé d'

    un

    arc

    de feu

    au

    morcn duquc

    Le 1 ros rJuna, .

    1

    1

    il livre bataille, représente

    la

    nature

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    Au

    de:gré

    prof: lnc

    ou

    cxothiquc

    sacté ou

    é

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    ou dieu. Ainsi les cheva tL x d 'Atjuna, k héros de l épopée

    védique, s

    ont

    blan

    cs

    . Cela

    si

    grùfic que s ~ n

    m

    pt u

    ains

    i que Pidéal

    qu

    ' il poursuit ct l

    es

    n:o

    bd

    cs q ut

    1

    anu nt n t

    Dans tous les mythes, le char du Solctl, cc symbole cks p lus

    hau tes é

    ner

    gies psyc

    hique

    s,

    es t

    traîné par des d tc,·aux h 

    ancs

    .

    Dans la légende slave, le Soleil voyage sur un lum111cux

    attelé

    de

    chevaux. blancs. Dans la légende polomusc, les che

    vau:" du Soleil sont blancs avec des crini ères

    d or

    . Dans \ Ill

    conte régional du même pays, le char du Solei l es t par

    trois coursiers, l

     un

    d argent, le second d  o r, le trOJSJcme de

    diamant.

    Si notre interprétation symbolique des at telages

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    - so -

    Ai

    · ons nous le

    J o,eux

    Lemmika

    igm arrive

    r

    dnn

    s son

    ns1 voy -

     /

    . .

    d, .

    tr

    A eau

    a

    tt

    elé d 

    un

    fougueux ét al

    on au

    rrulteu u

    ne

    rcutllon

      j ~ u n c s filles ct enlever la belle K ylliki

    pour

    sc ven

    ge

    r

    moqueries

    qu

    il

    ava it

    eu à

    subi

    r de

    part

    du

    sexe pa r

    ce

    qu

     i

    l n était grand

    ni

    par la race ru p

    a.

    r la. fortune. . .

    Avant de par

    ùr,

    Lemmikaïgen ?tt.n sa mère . « J e

    ne suis

    pas

    o iHustre maison, majs

    u r a ~ par

    les

     

    de

    ma

    persom

    1

    c

    ». Puis

    tout

    de

    suate, 1l

    avatt

    «

    attel

    e son

    bOil

    étala  à son

    traînea

    u ». . .

    Après des années de bo

    nh

    em vécues a u p r

    ~ de

    la déhc1eusc

    Kylliki,

    le

    J oyeux L

    em

    mikaïgen

    pen

    sa avotr .

    un e

    nouvelle

    offense

    à

    venger. K ylliki

    ét a

    nt

    al l

    ée .

    retro

    uver

    les

    j etm

    cs

    m r n ~

    du village po

    ur

    se mêler à leurs Je  X p

    enda

    nt qu e

    étai t à

    la

    pêche, en

    tra

    da ns une colère lernb lc,

    sc fi t d onner des armes et parut pour Je pays des La pons.

    l prit s

    glaive, le susp

    end

    it à smz c é, pu is il donna un r p

    de sijfltt

    mag

    ique : soudain dufond du bois u  étalon accourt ,

    wz

    cour-

     

    r à la c

    riniè

    re d'or, à la robe deJeu .

    Le

    héros

    a

    tt

    ela

    cet étalon à son

    traîneau

    et pal tit

    à

    gr and

    tr

    ain.

    Ma

    is

    le J oyeux Lemmikaigen n  a lla

    point

    à la guerre a insi

    qu

      il Pavai t di t. Après un voyage de

    tr

    ois jours, il

    arriva

    d ans

    un village et re

    garda

    furtivem ent

    à

    in

    térieur des m aisons.

    Lorsqu il eut fait son choix, il entra dans l u ne d elles ct

    dit

    à

    la mère de famille :

    «

    Ma

    i

    nt

    ena

    nt

    , ô vieille, amène ici tes filles. J e

    ve

    ux chois

    ir

    la plus grande et ]a plus belle de la bande . »

    «Tu as déjà

    un

    e femme)>, lui fit

    remarque

    r ce tte

    re de

    famille avisée. Mais l répo

    ndit

    : «

     

    en

    chaî

    n

    era

    i K yll.iki

    cl

    ans

    Je

    village, j e l a t tacherai à d  aut r

    es

    seuils. Am ène-moi la pl us

    cha

    rman

    te des jeunes vierges, la pl

    us

    parfaite des chevelures.

    »

    Dans les

    deux

    épisodes

    du

    K alévala qu e nous ve

    non

    s de

    ci t

    er l é

    ta

    lon symbolise

    un

    e i

    ntenti

    on d assouvisseme

    nt

    pa r

    un acte sexuel élémentaire et indépendant de toute com pl i

    cation sentimentale.

    - sr -

    Un déta il psyc ho log iqu e p

    araît

    avoir ét

    é

    placé

    inten

    tion

    ne

    llem ent da ns L  te

    xt

    e

    pour renforc

    er le carac

    tère

    ins

    tinc ùf de rc·

    tt

    c inte

    ntion

    : C  es t to ujours en fonc

    ti

    on d  une

    v

    engea

    n

    ce à acco

    mplir

    qu

    e sc

    prépar

    e

    nt

    les dépar ts de

    Lemmi

    kaï

    gc

    n . Cc n

     rs

    t d

    onc

    pas

    ve r

    s

    un acte

    d  

    am

    our

    qu

      il se

    diri

    ge,

    mais vers

    un accou

    pleme

    nt

    pl

    acé

    sous le s

    ign

    e de la colè

    re

    ct m êm e de

    la

    ha

    in

    e.

    Nous a llons VCJÎr co

    mm

    ent le Ka lé

    vala

    manie le symbole

    lorsqu  il s a git à la fois de passion et de tendresse.

    Le forge ron I lli

    marinen,

    ba tteu r de fer éte

    rn

    el, va deman

    de r en mar iage une j eune vierge dont

    l

    est amoureux. Avant

    d e partir , il r

    écla

    me

    à

    sa sœur

    Anniki de

    l  eau

    de

    lessive

    pour

    se l

    ave

    r la tête

    c t du

    s

    avon

    l l e l L ~

    po

    ur

    purifier son

    c

    orps

    d e la

    su

    ie

    qui

    le reco

    uvre depuis

    l  a

    utomne

    et d u mâchefer

    qui le sou ille

    depuis

    J hiver. Ensuite,

    l

    se ba i

    gn

    e, se lave, se

    par f

    um

    e e t passe

    une

    chemise de l n et d es vêtements

    cou

    sus

    p

    ar sa

    p

    ro

    pre mère.

    D ès ks pre

    mi

    ers mots du r écit, la prép ar

    ation

    a u départ

    d   J

    llima

    r

    in

    cn

    annonce

    u

    ne

    i

    ntention sac

    rée.

    Illi

    m

    ar

    i

    nen

    se

    pu t i fic. En out re, il associe sa mè re et sa sœ

    ur

    à son entreprise

    qui

    pre

    nd

    de cc fai t u n carac

    tère

    fa milia l.

    l

    promet à

    sa

    ur de

    lui

    fo

    rger une nav

    e

    tte

    , des

    bo

    ucles

    d o

    reilles e t

    cinq

    ou six

    cha

    înes pour

    sa

    ceint ure, si elle lui aide à

    se

    pa rer.

    Cett

    e collab o

    ratio

    n

    bienve

    illa

    nt

    e

    mo nt r

    e

    qu

     

    Illim

    a

    rin

    en

    ne

    sc

    dirige poi

    nt ve

    rs

    un

    assouvisseme

    nt

    égoïs

    te

    et te

    in t

    é

    d  

    anima

    lité

    co

    m me celui de Lemmikaïgen .

    l

    épro

    uv

    e une

    passion physique, cer tes,

    ma

    is

    ce

    lle-ci est

    complétée pa

    r un

    sen time

    nt

    d

    nmour

    q ui a

    tt

    e

    in t

    , a u

    de l

    à de sa

    fi

    a n

    cée,

    plusieurs

    autres

    êtres sa

    m ère à qu i

    l

    à

    confié la confec tion de son

    vête

    m en t de noce , sa sœ

    ur

    qui recevra des parures.

    Les

    nu

    ances

    co

    lora

    nt

    l  i

    ntenti

    on d  I llima

    rinen devaient

    nécessairement trou ver une expression

    symb

    o

    liqu

    e dans l  ap·

    pn rcncc d e son a

    tt

    elage. Nous ci tons :

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    28/94

    Qyand il fui prit, 11/imarirun appela son csclm•r rt lui dit :

    f Attrlle mon suprrbe llo/on d mon luau traftutUu

    L'tsclove alltla Ir coursier, lt beau coursier

    nu

    traÎneau. Puis il

    plafa s i ~ coucous chantant, .upl oistou.r bltus

    pour

    chanltr sur l'mc

    du collitr, pow g ~ o u i l l r sur l'avant-train.

    Nous verrons plus loin

    que

    les petits oiseaux spnholist•nt

    le désir, les

    ca

    resses, les baisers, les sentiments tendres

    encore

    inassouvis.

    La

    légende ne pouvait donc miewc

    exprimer l ét.lt

    d esprÎl

    d un

    fiancé

    partant

    vers la femme

    aimée

    qu en unis-

    sant le symbole correspondant

    à

    la

    libératio

    n

    prime-sautière

    des énergies sexuelles,

    ttltalon, et le

    grac

    ieu.x symbole

    de tout

    es

    les tendresses :

    le petit oiseau.

    Cet exposé serait incomplet si nous ne fout·nissions un

    exemple opposé

    à ceu x qui

    précèdent. Nous

    le

    trouvons

    au

    dernier chapitre

    du Kal

    éva la :

    Morjatta, la bellt enfant, vivait depuis hmgumps dons

    la

    maison

    illustre lb son père,

    dans

    la

    maison

    célibre dt sa mèrt. Elit vivait dans

    l i ~ n o c e n u , gardant

    i ~ è k m m t

    sa chasltti. Elle

    se

    nourrissait dt frai.r

    pomon, dt

    tendre

    pm?

    d ~ c o r c e ; TTUlis

    elit

    ne

    voulait point mangtr

    les

    œtifs de la poule qut avatt fréqumtl le coq, ni

    la

    chair

    de

    la

    brebzs

    qui avait visité le bllier.

    Sa .mère lui

    ordonna

    d'aller traire; elle rifusa

    t elle

    dit : Unt

    fille

    quz me

    rusemble

    ne tou

    c

    he

    point

    lu

    TTUlmelles

    de

    la

    vache

    qui a

    subi l'ltreintt

    du

    taurtau.

    San père l'invita d

    monter

    dans un

    traîn

    eau attelé d'un étalon·

    l l ~

    rifusa

    tl elle

    dit :

    Je ru

    m'assoirai point d la suite d'un t a l e ~ ~

    q ~ t

    a hanté les c a v a l e s ~ · je 11e v e u . ~ d mon

    traîneau

    qu un

    jeune

    pou

    lam,

    un poulain dg dl six ans.

    Dans

    Gracieuse

    et P

    ercine

    t de Perrault

    .

    .

    rensctgncment mtércssant sur les coursiers.

    nous trouvons

    un

    Il

    nous

    permet

    de

    5 3

    conslatcr une· foi

    s de plus que chaque personne ayant

    in lcntious propn·s a

    t\usc;i

    ses propres coursiers ct que l on ne

    peut s a ttribu

    er les

    inlcntions

    (sy

    mboliquement

    :

    les cour

    -

    siers) d aut1 ui.

    Grociruse alla au palais où

    elle trouva

    un cheval tout harnacht

    et

    rnparnçonnl que Prrcinet al'tlit

    fait

    mir r

    dans

    Léc

    urie.

    Elle monta

    dtssus. ('ummt. c'ilait

    un

    .Jtrand sauteur,

    le

    pa,ge le prit par la brùk

    d

    lt• cnuduisit,

    se

    tournant à tout moment vers la princesse, pour avozr

    Ir plaisir

    de la re

     f rzrdc

    r.

    Qpand

    le chrurJ.

    qu'on uunait

    d Grognon la

    marâtre) pat ut

    auprès

    de

    ctlui de

    Cracituse, il avait l'air d u ~ ~ e franche rosse:

    et

    la

    housse du beau cheval lait si éclatante de pierreries que l'autre ne

    pouvait mtra

    en

    comparaison.

    On trorwa Grognon tn

    clmnin,

    dans une calèche décout•erlt, pius

    laide et j1/us mal bâtit qu'une

    paysanne. Le

    roi et la

    princesse

    l'em

    brassèrent :

    11

    Lui

    présenta son CMl'al pour monter dessus; mais

    voyant

    alui

    de Gracitusc : f Commml, dit-elle, alte

    créature

    aurait

    un

    plus

    btau chtl•al

    que lt mim? J'aimaais mieux n'être jamais reine et

    rttourncr à

    mon

    riche château que d'ltre traille d'um t

    elle

    mani(re.

    u roi.

    aussitôt, commanda d

    la princesse de

    mettre pied d ttrre et

    de pria Grognon

    de lui .fairt l'honneur de monter sur son

    cheval.

    a

    prinasu ob l saru rlpliqua. Grognon

    se

    fit

    gÜinder

    sur le htau

    chel al

    :

    elle

    resstmhlail

    à

    un paqrut

    de linge

    sale.

    Il

    y avait huit gmtilshommu

    qui la tmaimt, dt peur qu'elle nt tombât ...

    .i\1air,

    dans h

    lemps

    que l'on y pensait le moins, voilà le beau

    chrcal qui

    se

    met à sauttr, d rutr,

    tt

    d courir si

    vite

    que persomlt

    nt

    u ~ · a i t l'arriltr; il tmporta Grogtwll. Elle

    se

    /tuait

    à

    la stlle

    et

    aux

    crins, elle criait

    de

    toute sa forrt; ttifin, rllt tomba, Le pied pris dans

    ' trier. Il ln traîfla bien loin, srlr lu pierru, sur Les épines et dans la

    boue où elle fut presque

    emevelie.

    • e

    même

    t h ~ m

    se r

    cuouve

    avec quelques

    variantes

    dans

    un

    conte

    du Pentaméron

    et

    dans lA Gardeuse d'Oirs

    de Grimm.

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    29/94

     

    4 -

     

    Un chapitre du Kaléva la mérite encore d ê tn.  étud ié

    ici,

    en raison des S} mboles très

    particulier

    s qu i l to n ticnt.

    C es t Phisto irc

    de

    Kullcrvo.

    Kull

    cn·o monta dans son lraînt·au

    pour un long voyage ..

    11

    marcha acte un fracas de tomurrr, franchissant les landes et lrs

    forêts

    drpuis longtemps défrichées

    par

    le

    feu. L'étalon dévorait

    / esfJacc

    .

    Atl

    delà des

    frontières

    de

    Laponit, Kullavo

    vit

    un

    e jc•tmc vie

    rge

    à la poitrine

    omée

    d une

    fibule

    d'il

    ain

    •.

    Il

    ùwiln polimmt la jeune

    fille

    à

    monier

    sur

    son

    traîn

    e

    au

    ct,

    comme

    elle

    r

    ésis

    tait,

    l

    t

     rn

    /Pua

    de

    force

    et la couvrit de

    déslwmuur.

    Dès

    que cela lui

    fut

    possible, elle courut se

    pléc

    ipitn

    dans

    un

    t-Orrent.

    Lorsqu il

    compn·t

    le mal qu'il vmait de faire, Ku llal O s>élança

    de son traîneau à son tour

    et

    se mit à pleurer amèrement à faire

    retentir l'air de ses plaintes.

    Ave_c son

    couleau, Kullervo coupa violemment

    les

    sa

    ng les qui

    a l l a c ~ a u n t ~ o n cheval au traîneau et il

    monta

    sur la noble be te sur le

    ~ o u r n e ~

    r a p 1 ~

    tt ~ o n d i t à_

    lrtWus l

    es

    b

    ois, d

    travers

    les plainu

    JUSqu a ce

    qu zl

    aUttgmt

    la

    mm

    son,

    lts

    vtrts

    tilleuls de

    S01l père.

    Après. avoir confié

    à

    sa mère

    sa

    misère ct so n r

    epen

    ti r,

    après av01r

    longuem

    ent pl eu ré

    sur

    lui-mêm

    e,

    Kullervo

    s arma

    p o ~ r des : o ~ b a t s

    v e n g e ~ r s

    aiguisa son glaive ct en cfii la la

    pomte. Pu1s l se dispo

    sa

    a partir et dit à son vieux père :

    lor

    Adieu

    mm

     ntmant,

    6

    mon cher

    père Afe r

    eg

    ret/cras-tu

    amèrement

    d rque tu .aP_prendras que je suis mort, que j ai

    disparu

    du nombre

    e

    ceux

    quz uwent,

    que

    je ne fais plus partie des membres de la famille

    ?

    Pui s il dit à

    sa

    mère :

    0

    ma d )uce

    mère

    ma bell

    · · . .

    e 1l )Urrzce, ma protectnce lncn-mmée

    me

    regreUeras- tu amlreme

    nt,

    lorsque

    tu apprendras que je suis mort

    ?

    .

    fi

    b

    ul

    e d étain paraît être

    vtrgtmté, dans tout le Kalévala. en rapport symbolique avec la

    5 -

    Ensuite,

    il

    p

    ar

    tit en

    invoquant

    Ukko dieu du tonnerre,

    dieu s

    up r

    ême entre tous les dieux e t de son glaive, l dé truis

    it

    Untamo avec t

    ou

    te

    sa

    r

    ace.

    l mit le feu

    aux

    maisons,

    n y

    lai ssant que les pi

    erres nues

    des foyers.

    Ses meurtres accomplis, Kullervo parcourut des forêts

    sauvages

    ct

    drs déserts

    ct

    sc

    retrouva,

    un j ou r , à l 

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    30/94

    IX

    LE BARDE ÉTERNEL ET LES

    PALAIS

    DE CR ISTAL

    Les plus gr

    an

    des

    el

    lès plus bel

    les pensées sc formen t autow· des

    images primordiales

    qui

    sonl de

    puis des siècles le bien commun

    de l humanit

    é.

    Dr C.

    -G. j

    uNG

    .

    A

    mon

    avis la cr

    oyance de

    vrait éLTe rempla

    cée

    par

    la

    com

    préhension. 1 \ous conserverions

    ainsi la beauté

    du

    srmbo

    lc

    et

    serions libér

    és des

    conséquences

    accablantes

    de la foi.

    Dr

    C.-G. j UNG.

    Nous avons

    vu

    que

    Dhritarashtra,

    le vieux R oi

    de l épopée

    di

    que

    el, par suite, tous les vieux

    Rois

    des

    con

    tes d e fées

    sym bolisen t

    P/nconsczent,

    la Mémoire

    du Monde.

    Le d o ~ t n o ~ avons déja

    étudié

    plusieurs

    aspects,

    o

    ff_r

    e

    un

    e : a l

     e

    n

    contre

    des

    autr

    es récits l

    égen

    daires ou myth1ques 1l ne m

    et

    en scène n roi ni pr ince. Cepen

    dant

    la Mém()ire du Monde y est tout de

    m

    ême rep

    r

    ésentée

    par

    un

    perso

    nn age gran

    di

    ose : l I mper

    turbab

    le Wai

    namëinen

    «

    qu

    i r

    ed

    it les an tiques souvenirs et célèbre l

     Origine des

    ch

    oses»

    .

    W

    âi nam

    ôinen

    est

    le

    grand Runoia de la Fin

    lande· il

    est

    le

    a g ~ ,

    le B

    arde

    «

    qui parle

    des choses éternelles

    >l. 11 est

    le

    Ga r

    d1en des P

    aro

    les magiques, le

    gra

    nd

    Evocateu

    r d es

    -

      7

    imagc..c;

    ancestra

    les ».

    Il est ce

    lui

    «

    dont le chant fait mugir

    l

    es

    marais, lrl mbler

    la

    terre, chanceler les

    montagnes,

    voler

    les

    dalk l

    rn

    l clat

    l t sc fendre les pierres. »

    Un

    jrunc impruclt nt

    ayant bandé

    son arc

    d e

    frr dans

    la

    direction

    du

    Barde Eternel, une femme

    s écria :

    Ne tire point sur W

    ainiimointn, ca

    r

    la

    joie disparaîtrait de la

    vu:

    et le chan t J

    e:âlerait

    de

    la

    terre.

    Le

    X

    vmo chant du

    Kalévala nous montre l Imper

    turbab le,

    au ·

    momc·nt

    Otl,

    ayant pw

    ·ifié ses

    main

    s, il

    place

    un

    kantele

    (ins trument

    de

    musique nalional à

    cinq

    cordes) sur ses genoux

    ct s assoit

    pour chante

    r

    sur une roche

    ,

    au

    so

    mmet

    de la

    colline

    d or.

    «Q

    tl  ils viennent, dit-il,

    ceux qui veu

    lent

    entendre

    la joie

    des

    Runol éternels. »

    Le vi e

    ux

    \Vainâmëinen comme

    nça

    à

    jouer magnifiquement.

    Et la

    jo ir

    rayonnait l'éritablement

    dans

    la

    joie, l alligusse

    enflam

    -

    mait l'alltfgrrssc .

    La

    su it

    e

    du texte

    raconte

    comment tout le

    pe

    uple

    atTi

    va

    pour

    écoUler l

    e . Barde E t ~ r n e l

    : les fill

    es,, ~ e s garçons,

    puis

    toutes

    les

    bctes des

    b01s, tous les ~ s e a u x

    de

    l au-, les.

    loups

    des

    marais, ks

    ours

    des déserts, les c

    h1

    ens

    de mer,

    les p01ssons,

    enfin

    les belles

    Vierges de

    l air, filles

    bien-aimées de la nature,

    puis

    Atho,

    k roi des

    vagues

    bleues

    ac

    c

    ompagné de la souve

    raine des ondes.

    Il

    ne

    se

    tr

    ouva

    p

    as

    w

    héros,

    pas

    un

    homme,

    pas

    une

    femme

    à

    la

    riche

    cJuvelurt qui

    ne

    jussmt

    u c h é s

    j u s q t ~

    aux

    tarmu et

    d o n ~

    les

    cœurs

    1

    u· se Jo

    nd

    issmt tant

    la

    v x

    du Runola étatl

    douce, tant l har-

    morlie

    de l'instrumC nt était

    pénétrante.

    Ave

    c

    Dhritarash

    tra ct

    Wainâmoi

    ne

    n

    n ous avons deu  

    {

    repr

    ése

    ntations différentes de

    la .Nlémoire

    l lv

    foruk

    • Chants,

    poèmes

    ayant un pouvoir magique.

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

    31/94

      sB

    Dhtitnra

    s

    htra

    est roi.

    Cela

    nous

    donne à

    penser qu jj

    dirige une société

    hiérarchiquement

    organisée. Wainamôincn,

    par contre, n a pas

    de

    titre social, mais

    il

    est le

    Bard

    e, l Imper

    turbable, I Etcr11el. C est par la magie du r·ahc

    quïl impose

    sa souv

    era

    ineté.

    La

    nat

    ur

    e

    entière est S< ns

    ible

    à sa voix.

    Il

    conna

    ît

    les mots

    qui

    créent,

    qui tuent, qui

    construisent. l

    déroule ses incantations. l chante les paroles originelles ct

    fondamentales, les mots révélateurs, les

    Runot

    de la science.

    Les deux grandes figures de Dhritarashtra cl Wainti.môincn

    sc

    juxtaposent

    et sc complètent. Le Barde Eternel S

    1

    nclrcsse

    à notre

    natur

    e sensible,

    l

    est le R oi

    du

    cœur humain,

    le lvfagc

    de notre vie émotive.

    Dhr·itarashtra, par contre, s'adresse

    à

    notre m

  • 8/9/2019 Leïa - Le symbolisme des contes de fées.pdf

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    -   o

    TABL

    E

    AU VI

    LES TROIS DEGRÉS DE LA

    M É ~ l O I

    RE

    Notre mém

    oi

    re

    Elle s'exprime

    L < ~ l )"mbolcs de ln

    m•·molr" dnn l Jc:s

    Au degré

    produit :

    par:

    Ill YI (•1. lo·s ron-

    t rR ll

    o

    CéC S

    sont, :

    .

    = 0

    0

    o

    -

    oo u

    oU

    Le souvenir

    - _.,

    profane

    0

    c

    IJ

    Le langage

    SuU::

    conscient

    - ....

    u u o

    c

    :::1

    0

    '

    Les pa lais de

    J

    cristal. les

    c

    Le rê,·e ou

    s

    Le souveni r

    miroit·s, t

    out

    l'inspir

    ation

    ·-

    inconscie

    nt

    palais ou

    objet

    sacré ' '

    (Opération de

    .

    indivi

    due

    l

    surgissant

    à

    la

    l nconscirn

    t

    (Cliché astra l)

    f

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    T BLE U V

    II

    LES RAPPORTS DU CONSCIENT ET DE L INCONSCIENT

    S opèrent par :

    Procédé naturel

    intuition

    Procédé

    s ~ n t i j i q u e

    La psychanalyse

    Procédé

    naturtl

    Le sommeil normal pro

    ducteur

    de rêves

    Procédé

    sdmtifique

    Le sommeil hypnotique

    producteur

    de

    visions

    Procédé naturel

    Voyance directe d es mé-

    g diums

    0

    ·u

    i

    D

    §

    Procédé s i t n t i f i q u ~

    Voyance obtenue

    par

    le

    jeûne et

    la méditation ra-

    tionnels (sys

    tème de

    la

    Yoga)

    Le ma nage de

    la

    Princesse

    ct

    du

    Pri

    nec charman

    Les pcrson nages qui

    rm-

    scignmt

    sott parce

    qu ils

    sont doués de voyance

    soit

    parce

    qu ils se dépla

    cent avec

    une

    rapidité

    surnaturelle

    La

    V oie sacrée reliant le

    conscient

    à la mémoire

    individuell

    e

    pu i

    s à

    la

    moire

    collective

    - Gs-

    savoir, r< \ icnn< nt à

    une

    pratique connue dans la haute anti

    quité ct dlblaiml la va;, sacr e de leurs patients,

    rétablissant

    ~ n s

    un contact

    normal

    entre

    leur Conscient

    et leur Inconscient.

    La ps) ch olngir- expérimentale n

     est pas autre

    chose qu un

    reto11r au r:ounnis

      t

    oi loi-même

    des anciens

    ct à

    la

    bonne vieille

    technique

    d< s

    initia1ions. (Voir tableau

    VII.)

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    x

    LES ROIS ET LES PRINCESSES

    On pourrait

    appckr

    l univers

    entier un

    myù1c

    qui renf

    e

    rm

    e

    visiblemcn

    t

    le corps des choses ct

    d une manière

    cachée

    leur âme

    et

    leur

    esprit.

    SALLUSTE

    Le vieux Roi de la Bhagavad-Gîta est le plus ancien sym

    bole connu de l Inconscient.

    Il

    est le

    propotype

    des innom

    brables vieux rois, pères des princesses du conte ct de la légende.

    Il y a

    d< >ux

    espèces de rois dans les contes. Après

    leur

    mariage les

    Prin

    ces

    charmants

    deviennent rois, mais comme

    leur histoire s interrompt toujours à

    ce moment-là CC

    n est

    point en qualité de rois qu ils nous intéressent.

    )fous

    les lais

    serons donc de côté pour

    parler uniquement

    des Vieux Rois

    qui jouent le rôle de pères et,

    comme

    Dhri tarashtra, représen

    tent

    l  I nconscient universel.

    Il

    exjste

    un

    déca lage de valeurs assez important enlrc

    Dhritarashtra et les vieux rois des contes. Le

    premier

    sort

    d un texte sacré réservé aux élèves des écoles ésoté

    riqu

    es,

    tanclis

    que

    l

    es

    autres sont issus de la tradition popLJlaire.

    Il

    ne

    peut

    donc y avoir qu une l

    ointaine

    analogie en

    tr

    e les

    deux

    aspects

    du

    symbole qu ils représentent chacun à l

    eur

    manière.

    Dhritarashtra est un symbole psychologique et philosophi

    que. Les rois des contes ne

    sont

    que des allégories d or

    dre

    profane; elles ne

    peuvent

    do nc se rattacher à la psy

    chologie

    que

    d une

    manière

    indirecte. Mais la tradition

    populaire est forl

    habile

    à de semblables jeux, les rois

    fabuleux de ses rt-cits sont tous Inc

    onscients

    de

    nature.

    Leurs

    comportemenLc; indiquent