204
L’élargissement du projet Réseau Antiviolence parmi les villes Urban – Italie, démarré en 2001 grâce à l’utilisation des ressources du FSE du PON “Sécurité pour le développement du Sud de l’Italie » pris en charge par le Ministère de l’Intérieur et le PON « Actions de système » pris en charge par le Ministère du Travail et des politiques sociales, a vu, dans cette deuxième phase de travail, la participation de 17 autres villes et plus précisément: Gênes, Trieste, Carrare, Pescara, Turin, Salerne, Cosenza, Crotone, Bari, Syra- cuse, Misterbianco, Catanzaro, Caserte, Tarente, Mola di Bari, Cagliari et Brindisi. La coordination du Projet a été suivie par le Département pour les Droits et l’Égalité des chances en les personnes de Clara Collarile et Maria Gabriella Colombi et supportée par l’Unité pour l’Egalité des chances d'ISFOL (Institut pour la Formation des Travailleurs). Le support technique au projet et aux villes a été fourni par le comité technique et scientifique constitué par Alberta Basaglia, Maura Misiti, Maria Rosa Lotti et Vittoria Tola. Le traitement et l’analyse statistique des données issues de l’enquête Urban au niveau national ont été réalisés par Loredana Cerbara et Maria Giro- lama Caruso, chercheurs de l’Institut de Recherches sur la Population et les Politiques Sociales (IRPPS), Organisme du CNRS. Le traitement des données concernant les opérateurs a été effectué par Cristina Adami. La société Demetra de Venise a fourni l’assistance technique à l’aide de CATI et collecté les données dans le fichier national. Les sociétés ayant mené la recherche au niveau local sont les suivantes: Associazione Temporanea di Scopo « CO.FE.MED. Italia Onlus – D.ANTHEA s.r.l. – En.A.P. Pu- glia »(Municipalité de Bari); IPRES (Municipalité de Brindisi); Centre Scientifique Régional de Prévention sanitaire (Municipalité de Cagliari); Associazione Spazio Donna Onlus (Municipalité de Caserte); Gruppo di ricerca di Microcosmos (Municipalité de Carrare); “Associazione Tra le Righe” Onlus Centro Calabrese Solidarietà (Municipalité de Catanzaro); Département de Sociologie et de Sciences Politiques de l’Université de la Calabre (Municipalité de Crotone); Centre contre la violence envers les femmes “Roberta Lanzino” (Municipalité de Cosenza); Unione Donne Italiane – Centre d’accueil pour ne pas subir de vio- lence (Municipalité de Gênes); Département d’Analyse des Processus politiques et sociaux (DAPPSI) de l’Université de Catane, Faculté de Sciences politiques (Municipalité de Misterbianco); Fondation Interna- tionale Lelio Basso – Disamis (Municipalité de Mola di Bari); Chaire de Méthodologie des Sciences Socia- les de la Faculté de Sciences Sociales de l’Université “G.d’Annunzio” de Chieti-Pescare (Municipalité de Pescara); Département de Sociologie et Science de la Politique de l’Université des Etudes de Salerne (Mu- nicipalité de Salerne); Cooperativa DAERA dans ATI avec l’Association La Nereide (Municipalité de Sy- racuse); Fondation Internationale Lelio Basso – Disamis (Municipalité de Tarente); CIRSD et Centre In- terdisciplinaire de Recherches et des Etudes des Femmes de l’Université des Etudes de Turin (Municipalité de Turin); Association G.O.A.P. – Centre Antiviolence (Municipalité de Trieste). Le projet a également bénéficié de la participation et de la contribution des conseillers, des dirigeants et des fonctionnaires des Municipalités du Réseau concernées, qui ont fait état de croire en ce projet, de même que toutes les autres personnes qui, à différents titres et au cours des différentes phases, ont travaillé à sa réalisation. En outre, un remerciement tout à fait particulier est à renouveler aux femmes et aux hommes habitants dans les différents quartiers ainsi qu’aux opérateurs /opératrices qui, par leurs réponses aux ques- tions des enquêtes, ont donné de l’impact à la recherche concernant le problème de la violence en Italie. La publication de ce volume a été réalisée grâce aux ressources du FSE. La supervision scientifique de ce volume a été prise en charge par Franca Bimbi La mise en forme de ce volume est de Anada Francesconi La couverture a été réalisée par R&R Sas La traduction dans la langue française a été réalisée par l’Agenzia Touring Express de Rome. Pour de plus amples informations sur le projet: Département pour les Droits et l’Égalité des chances, Présidence du Conseil des Ministres, Largo Chigi, 19 00187 Rome; www.retepariopportunita.it Pour de plus amples informations sur les enquêtes et les publications au niveau local, vous êtes priés de vous adresser aux Municipalités respectives de référence.

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L’élargissement du projet Réseau Antiviolence parmi les villes Urban – Italie, démarré en 2001 grâce à l’utilisation des ressources du FSE du PON “Sécurité pour le développement du Sud de l’Italie » pris en charge par le Ministère de l’Intérieur et le PON « Actions de système » pris en charge par le Ministère du Travail et des politiques sociales, a vu, dans cette deuxième phase de travail, la participation de 17 autres villes et plus précisément: Gênes, Trieste, Carrare, Pescara, Turin, Salerne, Cosenza, Crotone, Bari, Syra-cuse, Misterbianco, Catanzaro, Caserte, Tarente, Mola di Bari, Cagliari et Brindisi. La coordination du Projet a été suivie par le Département pour les Droits et l’Égalité des chances en les personnes de Clara Collarile et Maria Gabriella Colombi et supportée par l’Unité pour l’Egalité des chances d'ISFOL (Institut pour la Formation des Travailleurs). Le support technique au projet et aux villes a été fourni par le comité technique et scientifique constitué par Alberta Basaglia, Maura Misiti, Maria Rosa Lotti et Vittoria Tola. Le traitement et l’analyse statistique des données issues de l’enquête Urban au niveau national ont été réalisés par Loredana Cerbara et Maria Giro-lama Caruso, chercheurs de l’Institut de Recherches sur la Population et les Politiques Sociales (IRPPS), Organisme du CNRS. Le traitement des données concernant les opérateurs a été effectué par Cristina Adami. La société Demetra de Venise a fourni l’assistance technique à l’aide de CATI et collecté les données dans le fichier national. Les sociétés ayant mené la recherche au niveau local sont les suivantes:Associazione Temporanea di Scopo « CO.FE.MED. Italia Onlus – D.ANTHEA s.r.l. – En.A.P. Pu-glia »(Municipalité de Bari); IPRES (Municipalité de Brindisi); Centre Scientifique Régional de Prévention sanitaire (Municipalité de Cagliari); Associazione Spazio Donna Onlus (Municipalité de Caserte); Gruppo di ricerca di Microcosmos (Municipalité de Carrare); “Associazione Tra le Righe” Onlus Centro Calabrese Solidarietà (Municipalité de Catanzaro); Département de Sociologie et de Sciences Politiques de l’Université de la Calabre (Municipalité de Crotone); Centre contre la violence envers les femmes “Roberta Lanzino” (Municipalité de Cosenza); Unione Donne Italiane – Centre d’accueil pour ne pas subir de vio-lence (Municipalité de Gênes); Département d’Analyse des Processus politiques et sociaux (DAPPSI) de l’Université de Catane, Faculté de Sciences politiques (Municipalité de Misterbianco); Fondation Interna-tionale Lelio Basso – Disamis (Municipalité de Mola di Bari); Chaire de Méthodologie des Sciences Socia-les de la Faculté de Sciences Sociales de l’Université “G.d’Annunzio” de Chieti-Pescare (Municipalité de Pescara); Département de Sociologie et Science de la Politique de l’Université des Etudes de Salerne (Mu-nicipalité de Salerne); Cooperativa DAERA dans ATI avec l’Association La Nereide (Municipalité de Sy-racuse); Fondation Internationale Lelio Basso – Disamis (Municipalité de Tarente); CIRSD et Centre In-terdisciplinaire de Recherches et des Etudes des Femmes de l’Université des Etudes de Turin (Municipalité de Turin); Association G.O.A.P. – Centre Antiviolence (Municipalité de Trieste). Le projet a également bénéficié de la participation et de la contribution des conseillers, des dirigeants et des fonctionnaires des Municipalités du Réseau concernées, qui ont fait état de croire en ce projet, de même que toutes les autres personnes qui, à différents titres et au cours des différentes phases, ont travaillé à sa réalisation. En outre, un remerciement tout à fait particulier est à renouveler aux femmes et aux hommes habitants dans les différents quartiers ainsi qu’aux opérateurs /opératrices qui, par leurs réponses aux ques-tions des enquêtes, ont donné de l’impact à la recherche concernant le problème de la violence en Italie. La publication de ce volume a été réalisée grâce aux ressources du FSE. La supervision scientifique de ce volume a été prise en charge par Franca Bimbi La mise en forme de ce volume est de Anada Francesconi La couverture a été réalisée par R&R Sas La traduction dans la langue française a été réalisée par l’Agenzia Touring Express de Rome.Pour de plus amples informations sur le projet: Département pour les Droits et l’Égalité des chances, Présidence du Conseil des Ministres, Largo Chigi, 19 00187 Rome; www.retepariopportunita.it Pour de plus amples informations sur les enquêtes et les publications au niveau local, vous êtes priés de vous adresser aux Municipalités respectives de référence.

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Département pour les Droits et l’Égalité des Chances

Le silence et les paroles

2ème Rapport NationalRéseau antiviolence entre les villes Urban-Italie

Par

Alberta Basaglia, Maria Rosa Lotti,Maura Misiti, Vittoria Tola

FrancoAngeli

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È vietata la riproduzione, anche parziale, effettuata a qualsiasi titolo, eccetto quella ad uso personale. Quest’ultima è consentita nel limite massimo del 15% delle pagine dell’opera, anche se effettuata in più volte,

e alla condizione che vengano pagati i compensi stabiliti dall’art. 2 della legge vigente. Ogni fotocopia che eviti l’acquisto di un libro è illecita ed è severamente punita. Chiunque fotocopia un libro,

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Table des matières

Présentation, par Barbara Pollastrini page 11

1. La violence de genre envers les femmes. Le projet Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie et le contexte d’intervention, par Maria Rosa Lotti » 17

1. Le projet Réseau Antiviolence parmi les villes Urban Italie et son renforcement » 17

2. La violence contre les femmes: concepts et interventions en évolution » 29

2. La perception de la violence: femmes et hommes, par Maura Misiti » 45

1. Le contexte de l’enquête sur la population » 45 2. Les femmes et les hommes dans les villes du Réseau Urban » 47 3. Communication publique et traitement subjectif: les

sources de connaissance et l’identification des causes de la violence contre les femmes » 52

4. La qualité de la vie urbaine et la sécurité des femmes dans les villes » 58

5. L’élasticité de la perception: une vision d’ensemble des facteurs dèterminants dans le concepì de violence contro les femmes6 » 64

6. Les institutions et les politiques souhaitées » 757. Les violences subies » 788. Réflexions finales » 92

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3. Villes, services et violences contre les femmes. Perception de la violence dans les villes Urban,par Alberta Basaglia page 971. La raison d’une recherche sur les opérateurs, les services et la perception de la violence » 97

2. Dessin de la recherche et méthodologie du Projet Urban » 99 3. L’enquête sur les opérateurs et les opératrices » 100 4. L’échantillon des services et des opérateurs: une vue

d’ensemble » 100 5. Les typologies de femmes rencontrées par les services:

les estimations des données quantitatives et les données qualitatives » 105

6. Les typologies de services et les opérateurs rencontrés par les femmes » 109

7. Reconnaître la violence dans la quotidienneté des servi-ces » 112

8. Quelle formation pour les opérateurs et les opératrices » 121

4. Les Séminaires et les actions de réseau, par Vittoria Tola » 125

1. Le besoin de formation » 125 2. Les réseaux antiviolence: efficacité pratique et méthodo-

logique » 142

5. Conclusions et recommandations » 147

Préalables » 147 1. Quelques évidences des enquêtes adressées aux femmes

et aux hommes » 150 2. Conseils pour régler les politiques antiviolence » 157

Annexes: Les villes Urban de la deuxième phase du projet » 163

ANNEXE 1: VILLE DE BARI » 165 ANNEXE 2: VILLE DE BRINDISI » 167

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ANNEXE 3: VILLE DE CAGLIARI page 169 ANNEXE 4: VILLE DE CATANZARO » 171 ANNEXE 5: VILLE DE CARRARE » 173 ANNEXE 6: VILLE DE CASERTE » 175 ANNEXE 7: VILLE DE COSENZA » 177 ANNEXE 8: VILLE DE CROTONE » 179 ANNEXE 9: VILLE DE GÊNES » 181 ANNEXE 10: VILLE DE MISTERBIANCO » 183 ANNEXE 11: VILLE DE MOLA DI BARI » 185 ANNEXE 12: VILLE DE PESCARA » 187 ANNEXE 13: VILLE DE SALERNE » 189 ANNEXE 14: VILLE DE SYRACUSE » 191 ANNEXE 15: VILLE DE TARENTE » 193 ANNEXE 16: VILLE DE TURIN » 195 ANNEXE 17: VILLE DE TRIESTE » 197

Références Bibliographiques » 199

Auteurs » 205

Liste des graphiques

Graphique 4.1 – Pourcentage de population qui considère son quartier comme très problématique et souhaiterait vivre ailleurs page » 60Graphique 4.2 – Pourcentage de population qui considère son quartier comme plus à risque de sécurité pour les fem-mes par rapport à d’autres parties de la ville » 60Graphique 4.3 – Perception de la sécurité dans son quar-tier, par ville » 64Schéma 5.1- Adhérence / Autonomie par rapport au stéréo-type – Premier axe » 69Schéma 5.1 (suite) - Adhérence / Autonomie par rapport au stéréotype – Premier axe » 70Schéma 5.2 – Tolérance entre refus et acceptation » 73Graphique 2.7.1 – Accord sur "Les femmes sérieuses ne sont pas violées" % » 88Graphique 2.7.2 – Parfois, dans la vie conjugale, il arrive que le mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel par des me-naces ou par la violence. Quelle est votre opinion à ce sujet? » 89

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Graphique 2.7.3 – Mesures et interventions contre la vio-lence des hommes, femmes victimes page 91Graphique n. 1 – L’échantillon – Enquêtes par ville » 101 Graphique n. 2 – Enquêtes par service » 102 Graphique n. 3 – Les qualifications professionnelles » 104 Graphique n. 4 – Typologie de service par rencontre avec violence et maltraitance » 110

Liste des Tableaux

Tableau 2.1 – Hommes et femmes interviewés dans les vil-les Urban, valeurs absolues » 48Tableau 2.2 – Caractéristiques structurelles de l’échantillon par sexe - données % » 49Tableau 2.2 (suite) - Caractéristiques structurelles de l’échantillon par sexe - données % » 50Tableau 2.3 - Caractéristiques des interviewées dans les villes Urban en fonction de la condition professionnelle, % » 51Tableau 3.1 - “En avez-vous entendu parler?” Les sources d’information sur la violence contre les femmes, % par ville, par rapport à la première réponse sur le total des cas » 54Tableau 3.2 – Sources d’information sur la violence par ni-veau d’éducation, % rapportés au total des cas » 56Tableau 3.3 – Comparaison Enquêtes Urban – Identifica-tion des causes de la violence contre les femmes, % sur le total des cas » 56Tableau 3.3 (suite) – Les causes de la violence sexuelle, % par sexe rapportés au total des cas » 57Tableau 4.1 – Population des villes Urban par permanence dans le quartier de résidence et opinion sur la qualité de la vie dans le quartier, % sur le total » 59Tableau 4.2 – Population qui considère son quartier comme plus à risque pour les femmes par rapport à d’autres zones, % par sexe » 61Tableau 4.3 – Est-ce que dans votre quartier les cas de vio-lence sexuelle contre les femmes sont fréquents? » 62Tableau 4.4 – Vous sentez-vous sûr/e dans votre quartier? L’ensemble des villes par sexe » 63

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Tableau 5.1 – Variables actives et supplémentaires consi-dérées dans l’analyse des stéréotypes page 67Tableau 5.2 – Variables actives et supplémentaires consi-dérées dans les analyses sur la tolérance » 71Tableau 6.1 – Les institutions en mesure d’intervenir, % sur le total des cas » 76Tableau 6.2 – Mesures et interventions pour faire face à la violence contre les femmes, % sur le total des cas » 76Tableau 7.1 – Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi, au cours des deux dernières années, une ou plusieurs formes de violence, % rapportés aux enquêtes » 79Tableau 7.1 (suite)- Interviewées sur “Vous est-il arrivé de subir de la violence?”, valeur absolue et prédominance des formes de violences subies, % sur le total par ville » 80Tableau 7.2 – Caractéristiques structurelles des hommes et des femmes ayant subi de la violence % » 81Tableau 7.3 – Femmes ayant déclaré ou n’ayant pas déclaré avoir subi une forme de violence au cours des deux dernières années, par type de violence, valeurs absolues et % page % » 82Tableau 7.4 – Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence au cours des deux dernières années, par type de violence et nombre d’événements, valeurs absolues et % » 83Tableau 7.5 – Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence aux cours des deux dernières années, par type de violence et auteur, valeurs absolues et % » 83Tableau 7.6 - Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence aux cours des deux dernières années, par type de violence et endroit, valeurs % » 85Tableau 7.7 - Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence aux cours des deux dernières années, par type de violence et demande d’aide, valeurs absolues et % » 86Tableau 7.8 - Femmes ayant déclaré avoir subi une forme de violence aux cours des deux dernières années, par type de violence et forme d’aide, valeurs % » 87Tableau 7.9 - Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence aux cours des deux dernières années, par dénonciation éventuelle et qui déclarent avoir peur, valeurs % » 87Tableau 7.10 – Qui est l’homme violent, réponses des femmes ayant subi une forme de violence au cours des deux dernières années et du total des femmes, par type de violence, % » 90

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Tableau 7.11 – Les causes de la violence, réponses des femmes ayant subi de la violence au cours de la vie globale des hommes et des femmes, % page 90Tableau 1 – L’échantillon » 104 Tableau 2 – La rencontre avec les cas de violence et de maltraitance » 106 Tableau 3 - La sensibilité des opérateurs » 113 Tableau 4 – Le taux de sensibilité des opérateurs » 113 Tableau 5 - La formation des opérateurs » 122

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Présentation

La violence à l’égard des femmes n’est pas un problème concernant tout simplement les femmes. C’est la forme la plus odieuse de négation du pro-grès, de la liberté, de la citoyenneté. Les caractères de cette violence ont tou-jours franchi les frontières des nations et des civilisations. En cela, la vio-lence sur le corps et sur l’esprit autonome des femmes a connu une transver-salité de temps, de lieux et de cultures. Ce qui rend aujourd’hui le phé-nomène particulièrement dramatique est sa diffusion sans cesse croissante, la valeur discriminante qu’il assume dans les différents fondamentalismes et le retard, même des institutions des sociétés les plus avancées, à saisir la gravité de ce qui est devenu une véritable urgence sociale et politique.

Violence domestique, violence sexuelle, viol, harcèlements, traite, prosti-tution forcée, mutilations génitales, etc… Il s’agit de termes entrés, en partie du moins, dans le langage courant mais qui ne suscitent toutefois pas encore un débat suffisamment averti sur les causes profondes de ce qui se produit et se réitère, dans les différentes cultures et aux différentes latitudes, dans les rapports familiaux les plus quotidiens comme entre étrangers, ici parmi “nous” comme dans les cultures “autres”, dans toutes les couches sociales, dans les situations de marginalité sociale tout comme à l’intérieur de ce qui apparaît comme une normalité partagée.

À travers notre action de gouvernement, nous entendons affronter et sur-monter radicalement les violences qui correspondent à des comportements considérés aujourd’hui par l’opinion publique la plus avertie comme discrimi-natoires et délictueux, bien qu’encore en partie enracinés et souvent légitimés au niveau culturel. Il est une chose dont nous devons prendre acte. Même en occident, en Europe, en Italie, le parcours du changement apparaît encore très long. Il a commencé depuis un peu moins d’un demi-siècle grâce aux pressions locales et internationales des Mouvements des femmes mais la voix des cultures qui valorisent les femmes dans l’espace public et sur la

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scène de la politique est encore loin d’avoir un poids qui suffise à contredire celle des préjugés latents ou explicites qui entravent le rééquilibre dans les rapports sociaux de sexe. C’est sans doute la raison pour laquelle nous som-mes encore loin d’avoir mis en place, sur le plan culturel ainsi que sur le plan politique, les réponses les plus appropriées, malgré les initiatives au niveau de la loi et au niveau de la sensibilisation des Organismes Internationaux re-montant à la fin des années Soixante-dix, celles de l’Europe des années Quatre-vingt, malgré les décisions et les actions entreprises par le Gouverne-ment italien vers la fin des années Quatre-vingt-dix.

Nous disposons, en Italie aussi, d’une référence positive importante, re-connue au niveau européen. Elle concerne les modèles des “bonnes pratiques” pour la prévention et la lutte contre la violence, développés dès les années Quatre-vingt par des centres antiviolence qui ont promu en particulier - no-tamment dans leur effort de diffusion des “cultures de genre” dans les ser-vices de traitement de la personne - les capacités humaines des victimes, leurs potentialités de se transformer en acteurs sociaux du changement des relations familiales, affectives et de la vie quotidienne, contribuant à diffuser même du côté homme les sensibilités adéquates à un processus profond de civilisation des rapports sociaux de sexe.

Plus récemment, à partir de la réflexion sur les pratiques de l’antiviolence -promues par les opératrices elles-mêmes et par les échanges avec des chercheu-ses qui produisent de la recherche–action dans les Centres, ainsi que par une recherche de pionnier faite par ISTAT, le besoin est apparu de donner une dimension nationale à la circulation des pratiques, à l’évaluation et à l’auto-évaluation de la progression sur la voie de la prévention et de la lutte ainsi qu’à une information élargie concernant les dimensions des phénoménologies et de leur perception sociale. Tout cela a abouti à la création du “Réseau Antiviolence entre les villes ” promu en 1998 par le Gouvernement italien à travers le Pro-gramme Européen Urban Italie qui s’est étendu jusqu’à présent à 25 villes. Le réseau a produit la recherche nationale la plus vaste sur les phénoménologies de la violence envers les femmes. Il bénéficie à ce jour d’une expérience con-solidée de confrontation entre les pratiques et les politiques locales du secteur. Il a promu, au niveau territorial, une activité constante de formation gender oriented entre les centres, les services et les institutions.

Aujourd’hui, à partir de la valeur reconnue aux expériences autogérées et enracinées au niveau territorial - compte tenu des résultats des politiques adoptées et pratiquées par les gouvernements des villes ainsi que par les institutions locales, sans oublier la richesse d’informations obtenue par la re-cherche des scientifiques et des Associations du réseau Urban - le Gouver-nement italien entend se donner les instruments les plus appropriés à pro-

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mouvoir, à l’échelon national, un véritable Plan d’action. Pour affronter en-fin un des graves problèmes des politiques pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, pour mettre en place des stratégies plus efficaces contre les discriminations, pour gouverner et mettre en œuvre les processus de transformation de la citoyenneté de genre dans une société, italienne et européenne, déjà multiethnique mais pas encore multiculturelle.

C’est dans ce contexte que s’encadrent les mesures contenues dans la loi financière pour 2007, à partir de la constitution, dans le cadre du ministère pour les Droits et l’Égalité des Chances, de l’ “Observatoire pour la lutte con-tre la violence à l’égard des femmes et pour des raisons d’orientation sexuelle”, dont la tâche est d’acquérir des données, de promouvoir des cam-pagnes de sensibilisation, d’information et de formation, de mettre à jour des mesures opérationnelles et législatives. Le tout en collaboration constante avec la conférence État-Régions-Villes, les opérateurs, les associations et les centres concernés. L’intention est notamment de prendre le chemin de la re-connaissance des Centres antiviolence et des Maisons de la Femme Maltrai-tée selon des critères de qualité publics transparents.

Cette dernière forme de collaboration entre gouvernement et structures so-ciales d’assistance et de prévention est particulièrement significative, à la lumière notamment des expériences et des analyses qui ont été faites au fil des années. Il suffit de penser aux relevés et aux monitorages périodiques des Centres Antiviolence qui nous mettent face à la donnée constante de la forte prédominance - parmi les phénoménologies de la violence envers les femmes et les mineurs - des violences perpétrées par les hommes, par les proches parents, par les connaissances, par des personnes hétérosexuelles. Les Centres Antiviolence voient toutefois s’adresser à eux, de plus en plus, des filles et des femmes migrantes. Il se dégage sans cesse davantage les vio-lences entre ex-époux ou conjoints. De plus en plus pressante notamment, la demande de femmes d’être défendues des enfants de la “violence dite as-sistée”, de femmes lesbiennes et de transsexuels qui présentent des comptes très lourds des violences subies à cause de l’hégémonie de l’hétérosexualité.

Avec la croissance des phénomènes migratoires, nous constatons dans l’en-semble que dans les phénoménologies de la violence envers les femmes s’en-trecroisent les effets des processus d’isolement, de défamiliarisation et d’anomie typiques de la modernisation occidentale et des régions riches du monde avec les nouveaux effets de la mondialisation et de la féminisation internationale de la pauvreté. Le problème, apparemment accepté par “nos” hommes pour ce qui est de la reconnaissance de l’égalité de genre et des droits des femmes, se heurte aux pratiques qui nient l’autonomie des femmes dans les rapports quotidiens alors que convergent dans les banlieues des villes les formes renouvelées d’échange

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perpétrées sur le corps des femmes plus pauvres entre hommes autochtones et étrangers. De surcroît, la revendication de la reconnaissance de droits communau-taires et de la famille fait ressortir, notamment dans certains secteurs des cul-tures des nouveaux venus, une violence parfois extrême sur les femmes, en par-ticulier sur les épouses et sur les filles, en opposition parfaite avec les principes de l’égalité de dignité des genres et avec les fondements de la citoyenneté, recon-nus en Italie et au niveau des Organisations Internationales sur la base de leur prédominance sur tous, des droits individuels des personnes. Ajoutons que le re-tour de la guerre aux frontières de l’Europe n’a pas été sans toucher l’Italie et l’Union Européenne qui se sont vues devant le retour du crime de guerre le plus ancien : le viol des femmes considérées comme le symbole de l’espace vital pos-sédé par l’ennemi et de l’identité culturelle “autre” à anéantir dans ses racines mêmes, présumées biologiques. À cet égard également, le travail commun des femmes italiennes et européennes et de celles de l’ex-Yougoslavie a contribué précieusement à cicatriser les blessures mais plus encore à s’interroger sur tout ce qui sous-tend la présomption relative au fondement rationnel de “nos” racines.

Dans ce cadre, la recherche scientifique gender oriented, actuellement consoli-dée en Italie tout autant qu’au niveau international, nous aide à comprendre qu’à notre époque et dans notre pays les violences contre les femmes plus qu’augmenter présentent de plus en plus des dimensions et des phénomé-nologies différentes, essentiellement parce que la prise de conscience accrue de la femme en tant que personne rend socialement plus odieux des comportements considérés comme normaux à des époques, dans des lieux dans des cultures et dans des groupes sociaux en partie internes au “nous” et à “notre” histoire et en partie appartenant à des cultures “autres”. Qui plus est, face aux différences cul-turelles et au renouvellement des formes des patriarcats modernes et tradition-nels, nous voyons avancer, partout dans le monde, la pression des femmes pour se définir et être reconnues dans tous les cadres de la vie associée comme des per-sonnes et comme des citoyennes à part entière. C’est le cadre des droits des femmes et la force des politiques de lutte contre la violence qui définissent la gravité sociale des violations de la volonté et de la liberté de la femme quelles que soient les latitudes et les cultures.

Il y a un demi siècle de cela, ou peu s’en faut, en Italie, le débat ouvert par le refus d’une fille sicilienne d’épouser le garçon que le village considérait comme un excellent parti et qui l’avait violée au passage pour l’obliger à se marier mar-quait le début d’une révolution copernicienne : ce n’est plus l’homme qui décide quand et comment “posséder” une femme avec le consentement de la famille et de la loi ou pour le moins avec la complicité des deux (le mariage était considéré comme une réparation adéquate du viol). À partir de ce moment, la parole de la femme commence réellement à donner un fondement – dans la sphère privée et

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dans la sphère publique, dans l’opinion publique, dans la morale commune et au niveau du droit - à la réciprocité entre les deux genres, dans les relations affecti-ves et sexuelles tout comme dans les décisions relatives à la procréation.

Un parcours réformateur s’ouvre marqué, à notre avis, par deux dates : 1970 (approbation du nouveau droit de la famille) et 1996 (approbation de la loi sur la violence sexuelle). Sur le plan juridique aussi, ce parcours a tendu à modifier les règles du jeu à partir des murs domestiques et de l’intimité de la famille en faveur de l’égalité, de l’égalité des chances, de la réciprocité relationnelle, de la reconnaissance de la valeur de la différence sexuelle.

Aujourd’hui, il est nécessaire de faire progresser concrètement cette révo-lution, sur le plan des principes tout aussi bien que sur le plan pratique. Il est tout aussi nécessaire de proposer des politiques à la hauteur du défi des temps nouveaux. À partir des expériences consolidées, il s’avère de plus en plus in-dispensable d’offrir de l’espace public aux cultures de genre pour enraciner le refus des délits et la force de la loi dans la conscience culturelle de la di-gnité de la personne. De chaque personne.

Libérer les femmes de la peur de la violence exercée par les hommes et libérer les hommes de la peur de l’autonomie de la femme sont deux critères qui doivent être considérés de plus en plus complémentaires et pris comme référence pour l’action publique et pour les choix politiques.

C’est à cela que nous ramènent les indications du début de notre siècle des Nations Unies pour la réalisation de la Plate-forme d’Action de la IVème Conférence Mondiale des femmes, lorsqu’elles affirment “…les droits des femmes sont des droits humains universels et font, en tant que tels, partie intégrante, inaliénable et indivisible des droits humains de la personne …”

Barbara Pollastrini Ministre des Droits et de l’Égalité des Chances

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1. La violence de genre envers les femmes. Le projet Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie et le contexte d’intervention

par Maria Rosa Lotti

1. Le projet Réseau Antiviolence parmi les villes Urban Italie et son renforcement

Dans le Rapport final du Groupe de femmes expertes concernant la mise en place et la vérification de la recommandation Rec(2002)5 du Comité des Mini-stres aux Etats membres sur la Protection des femmes contre la violence, réalisé par le Conseil de l’Europe, l’expérience italienne du Réseau Antiviolence parmi les villes Urban Italie est citée comme l’une des bonnes pratiques dans le chapi-tre consacré à la Collecte des données et aux recherches (pages 60 et 61 du do-cument). A cette expérience tout à fait particulière, on reconnaît non seulement la capacité de collecter des données utiles pour comprendre la phénoménologie de la violence contre les femmes et la perception que les citadins et les citadines ainsi que les opérateurs et les opératrices ont de ce problème, mais aussi la ca-pacité d’utiliser une méthodologie qui permet de partager ces connaissances à l’intérieur des réseaux activés au niveau local contre la violence de genre.

Ce projet, coordonné par le Département pour les Droits et l’Egalité des chances de la Présidence du Conseil des Ministres, démarre après l’intro-duction de la Directive Prodi – Finocchiaro de (7/3/1997) 1997, premier do-cument du Gouvernement italien qui pose le problème de la violence contre les femmes en tant que priorité des actions du gouvernement. Il s’agit d’une action de transposition de la Plateforme de Pékin1, mais aussi d’un choix du gouvernement qui répond aux questions et aux besoins des dizaines de Cen-tres Antiviolence et de Maisons des femmes créés au cours des années 80 et 90 plus ou moins sur tout le territoire national, grâce à l’initiative de groupes féministes et d’associations de femmes, souvent en synergie avec les Orga-

1 Document mis au point à l’occasion de la IVème Conférence mondiale des femmes des 4-15 septembre 1995 et adopté en tant que cadre d’intervention sur les droits des femmes de la part de l’ONU.

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nismes locaux, et plus particulièrement avec les Municipalités. Ces initiatives représentaient d’ores et déjà des centres d’offre de services, mais aussi des ex-périences de formation et de mobilisation sur le territoire et, dans l’ensemble, des propositions d’utilisation critique des connaissances sociales, médicales, psy-chologiques concernant la femme et le corps féminin. Le travail des Centres Antiviolence et des Maisons de refuge proposait une pratique politique qui, à par-tir du rapport direct avec les femmes en difficulté à cause d’une violence, struc-turait son activité et ses services construits sur la base de leur expérience de vio-lence de genre, de leurs besoins et des pratiques politiques des groupes de femmes ayant choisi ce terrain de travail, utilisant un modèle d’action commun à celui qui a été développé à la fin des années 60 en Europe par le mouvement des femmes sur le thème de la violence de genre. La Directive Prodi-Finocchiaro ré-pondait aux politiques des femmes aussi bien au niveau international qu’au niveau des contextes locaux qui, au fil des années, avaient également promu des dizaines de rencontres et de congrès d’échange de pratiques et de vérification des résultats du travail sur le terrain pour la lutte contre la violence. La Première Conférence Nationale sur la violence contre les femmes “Tolérance zéro”2, se développe donc sur un terrain préparé. Elle définit d’une part le contexte italien par rapport au thème de la violence de genre, de l’autre elle met en exergue la nécessité de programmer, d’élargir et de réaliser les interventions politiques au niveau local et national. L’année qui a suivi l’introduction de la Directive, voit la mise en place du Projet Urban qui démarre parallèlement à la publicisation des résultats de la première enquête menée par Istat sur la violence sexuelle (Sabba-dini 1998), demandée par le Département pour les Droits et l’Egalité des chances et réalisée en tant qu’une des sections dans le cadre de l’Enquête sur la sécurité des citadins.. Le projet Réseau Antiviolence parmi les villes Urban Italie consti-tue la première enquête qui met l’accent sur la violence intrafamiliale, en tant que domaine de connaissance, non seulement pour mesurer des phénomènes, mai aussi dans l’intention d’obtenir une compréhension axée sur la perception et sur la tolérance du phénomène.

L’initiative du Gouvernement, structurée en tant qu’action de système, se ca-ractérise notamment par le choix d’œuvrer à l’aide de la méthodologie de la re-cherche-action, pour la construction et l’utilisation d’un modèle capable d’affiner la connaissance du phénomène et de la manière dont il est perçu par la popula-tion, par les opérateurs sociaux et sanitaires ainsi que par les forces de l’ordre, aussi bien que d’utiliser en même temps les informations obtenues pendant les

2 Conférence ayant eu lieu à Bologne au mois d’octobre 1998 et organisée de ma-nière conjointe par le Département de l’Egalité des Chances et par la Municipalité de Bologne.

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différentes phases de l’enquête en tant que base pour faire démarrer une expé-rience locale de réseau intersectoriel contre la violence envers les femmes.

On utilise, en tant qu’instrument de “vérification” des données collectées, les interviews approfondies faites aux femmes ayant été victimes de violence; celles-ci nous montrent, à travers un récit biographique, leur point de vue, leur perception, le vécu de la violence dans ses aspects phénoménologiques, mais aussi son côté pénétrant du réseau familial, amical et de communauté, nous ai-dant ainsi à comprendre les réactions de leurs rapports affectifs et des services,de la manière dont elles ont été aidées ou repoussées dans leur silence. La ten-tative a été de conjuguer différents instruments et de stimuler ceux qui œuvrent sur le terrain et les décideurs des politiques locales, la connaissance du problème et de sa prise en charge, même à travers la mise en valeur des services de genre créés au cours de ces trente dernières années par les associations de femmes et la mise en place de pratiques « gender sensitive » (sensibles au genre) et la vérification des protocoles d’intervention adoptés par les agences chargées de l’intervention sociale, sanitaire et de protection.

Le projet, initialement placé dans le cadre du PIC Urban Italie 1994-1999, Programme d’Initiative Communautaire destiné aux zones urbaines dans la gêne des villes européennes et resté opérationnel de 1998 à 2005, a été réal-isé en deux phases et la deuxième étape de travail s’est poursuivie sur la base de la connaissance des résultats et des enseignements de la première phase, tout en utilisant la méthode expérimentale qui a garanti la possibilité d’adapter les actions et les délais de réalisation à chaque ville.

Cette première partie vise à offrir une lecture du travail mené par le projet, de ses phases et de sa méthodologie, en vue de développer de manière spéci-fique la deuxième phase de l’intervention.

1.1. Première phase: les villes pilotes

La conception du projet et sa réalisation expérimentale dans la première phase ont impliqué, dans un cercle vertueux, le Département pour les Droits et l’Egalité des chances, en tant que promoteur, le Ministre des Infrastructures et des transports, la Commission Européenne et huit villes italiennes: Venise, Rome, Naples, Foggia, Lecce, Reggio de Calabre, Palerme et Catane.

L’objectif prioritaire de l’intervention consistait à acquérir des connais-sances sur la perception et sur l’ampleur du phénomène de la violence contre les femmes, mettant surtout en exergue le niveau de sécurité perçu par la population dans des zones reconnues comme « socialement problématiques » et l’évaluation des stéréotypes associés au phénomène. L’action visait à

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soutenir un réseau parmi des villes « pilotes », étant déjà le siège d’actions différemment significatives de lutte contre la violence envers les femmes, à créer des opportunités pour de nouvelles initiatives de la part des territoires, à aider le démarrage de nouveaux réseaux locaux, à travers des méthodologies communes d’approche de genre dans le domaine de la réflexion, de la recher-che et des interventions antiviolence.

Les actions programmées ont mis en place des enquêtes visant à relever la perception et la consistance de la violence contre les femmes chez la popula-tion des zones des villes faisant l’objet de l’enquête, leur sensation de sécu-rité, la culture des services et des opérateurs par rapport à la violence, la dis-ponibilité à programmer des ressources pour affronter et lutter contre ce phé-nomène. Des actions de réseau parmi les différents services ont été mises en place et réalisées, visant à comparer et à mettre au point des méthodologies d’intervention partagées, en vue d’un développement des politiques locales avec une orientation « gender sensitive ».

Les activités de recherche et de sensibilisation réalisées ont adopté des in-dicateurs de genre en tant que catégories d’interprétation pour lire le phé-nomène de la violence contre les femmes pas tellement en tant que résultat de déviances sociales, présentes uniquement dans certaines zones sociocul-turelles ou imputables à la pathologie de l’individu, mais plutôt en tant que phénomène lié aux rapports et aux conflits sexués, à la « tolérance » de la vio-lence en tant que modalité possible des rapports que les hommes entretiennent avec les femmes, incluant les hommes et les femmes, leurs relations et leur signification culturelle et sociale.

Les zones d’enquête, comparées par la suite au reste du tissu de la ville, étaient particulièrement dégradées, en général dépourvues non seulement de services, mais aussi de toute sorte d’intervention à cet égard. On a débuté dans ces zones urbaines par effectuer une enquête de la perception de la vio-lence chez les hommes, les femmes, les responsables de service, les opéra-teurs sociaux, sanitaires, les forces de l’ordre et les témoins privilégiés. Le projet a concerné, seulement par les interviews, des milliers de personnes et les résultats de ce travail ont fourni un profil réel précieux pour connaître la mentalité sociale, les changements intervenus ou en cours, les besoins de formation et de services utiles pour ne pas donner une réponse culpabilisant davantage les femmes, italiennes ou étrangères, mal traitées ou violées : une expérience ayant représenté la base pour engager un travail plus approfondi et plus efficace sur la réalité locale et nationale.

Les résultats des recherches effectuées dans les huit villes pilotes ont fait l’objet d’autant de Rapports de recherche locale, produits dans chacune des villes et aujourd’hui disponibles sur le site du Département pour les Droits et

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l’Égalité des chances www.retepariopportunita.it. La première action de re-cherche-action découle de la comparaison même des expériences, par un Manuel de « bonnes pratiques », Liberté féminine et violence contre les femmes. Outils de travail pour des interventions avec orientation de genre,par A. Basaglia, F. Bimbi, M. Misiti, V. Tola, traduit aussi bien en anglais qu’en français et représentant la première définition des lignes culturelles de l’intervention qui serait réalisée. Certaines villes ont par la suite produit également des sites web contenant des informations collectées dans les terri-toires ainsi que les cartes des services. Dans chacune des huit premières villes impliquées, des actions ont été développées par la suite, visant à prévenir et à lutter contre ce phénomène: par la création de nouveaux services d’accueil (Naples et Catane) ; par la mise en place et le renforcement de réseaux locaux contre la violence envers les femmes et par des programmes appropriés pour promouvoir l’intégration des différentes agences présentes sur le territoire (Venise et Palerme) ; par la sensibilisation des citadins et des opérateurs (Rome, Foggia, Lecce, Reggio de Calabre).

La synthèse des premières données locales et leur traitement au niveau na-tional constituent le contenu du Rapport National Dans la Violence : Culture, préjugés, stéréotypes par Adami C., Basaglia A., Tola V. (2002). Ce volume offre l’opportunité de mesurer, par la représentativité de l’échantillon de réali-tés italiennes comparées, non seulement le niveau de perception du phé-nomène, mais aussi et surtout la quantité et la qualité des services présents ainsi que leur niveau d’intervention, analysés à travers le regard et l’expérience collectés par les opérateurs, auxquels on a administré un ques-tionnaire, et à travers la voix des femmes qui ont fait l’objet d’interviews ap-profondies. C’est ainsi qu’on a obtenu un coup d’œil différent, qui se croise parfois, mais qui ne s’adresse pas toujours à la même portion de monde, met-tant en exergue une dyscrasie considérable entre les comptes rendus de ceux qui travaillent dans les services et de ceux qui demandent l’aide en tant que victimes d’une violence.

Les résultats atteints par le projet pilote et la conscience acquise au cours de cette première phase d’activité selon laquelle l’approfondissement de la connaissance du phénomène au niveau local peut également aider à identifier les politiques et les stratégies d’intervention nationales ont poussé le Dépar-tement pour les Droits et l’Égalité des chances à élargir le « Réseau Antivio-lence » par une deuxième phase du projet.

C’est ainsi qu’on a décidé d’offrir aux villes Urban, exclues de l’initiative communautaire dans le plan 1994-1999, la possibilité de réaliser des actions utilisant une partie des ressources communautaires mise à la disposition du Ministère pour la programmation 2000-2006. Par la suite, le bassin des villes

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a été élargi, on s’est adressé à toutes les villes où avait été réalisé ou dans lesquelles était en cours de réalisation un Projet Urban.

1.2.Deuxième phase: “Renforcement du Réseau Antiviolence dans les villes Urban Italie”

L’élargissement à toutes les villes Urban correspond à la réalisation du pro-jet “Renforcement du Réseau Antiviolence dans les villes Urban Italie”, a été rendu possible grâce aux ressources FSE de PON “Sécurité pour le dévelop-pement du Sud de l’Italie”, sous la responsabilité du Ministre de l’Intérieur, et de PON “Actions de système” – Mesure E.1 Action 1, sous la responsabilité du Ministre du Travail et des Politiques Sociales. Cette deuxième phase de travail a été coordonnée elle aussi par le Département, qui s’est appuyé sur l’Unité pour l’Égalité des chances d’ISFOL afin de fournir le support et l’assistance technique aux villes participant au projet et qui a créé un Comité technique et scientifique composé de personnel de l’Unité d’ISFOL elle-même et de quatre experts en violence, ayant des compétences différentes et ayant tous participé à la phase précédente du projet.

Dans le nouveau projet, il est proposé aux villes de réaliser des actions à partir des résultats acquis par les villes pilotes, utilisant les mêmes instruments d’enquête. Les villes concernées dans cette deuxième intervention sont : Gênes, Trieste, Carrare, Pescara, Turin, Milan, Salerne, Cosenza, Bari, Syracuse, Catan-zaro, Caserte, Misterbianco, Crotone, Tarente, Mola di Bari, Cagliari, Brindisi.

Seule la ville de Milan renoncera, conformément au choix de l’admini-stration municipale, à développer et à réaliser le plan d’action local.

Qu’est-ce qu’on se proposait par ce deuxième cycle de projet? Certes, de renforcer le niveau de connaissance et d’augmenter le patrimoine de données disponibles, mais aussi de commencer à développer des actions locales de formation et de mise en réseau parmi les services, introduites dans cette nou-velle phase d’expérimentation. Des actions, ces dernières, dérivant de la con-science acquise au cours de la première phase d’une fragilité locale qui ne pouvait pas être prise en charge dans le plan de travail, par un élargissement des activités prévues et par l’offre d’une première réponse aux questions res-sortant des enquêtes déjà réalisées.

La structure de l’intervention est décrite par le schéma qui suit, même s’il faut considérer que les enquêtes se sont souvent développées de manière pa-rallèle, à l’exception de la cartographie, réalisée au début des activités, et des séminaires qui ont été organisés pour assurer le suivi des enquêtes pour les opérateurs:

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Les buts à atteindre étaient les suivants: Identifier et analyser la perception de la violence contre les femmes, à l’intérieur de la famille et à l’extérieur de celle-ci, à l’aide d’indicateurs o-rientés aux cultures de genre; Identifier des méthodologies orientées à la restructuration du travail dans les différents services du territoire, par une amélioration de la formation de genre spécialisée et facilitant la vérification des protocoles communs d’intervention; Promouvoir, souvenir et renforcer les politiques locales contre la violence contre les femmes, par l’identification des caractéristiques à transférer au niveau national. Ces objectifs généraux sont articulés sur trois actions macro: La recherche, par le biais de différentes phases et typologies d’enquête; La création et l’implémentation de réseaux locaux, à travers la participation des services présents sur le territoire à des séminaires de sensibilisation et de construction de groupes de réseaux, qui concernent et se laissent orienter par la méthodologie de travail mise au point par les Centres antiviolence au niveau national et international; L’échange d’informations, d’outils et de pratiques au niveau national et in-ternational

2. Enquête sur opérateurs/opératrices

3. Enquête sur des femmes et des hommes

4. Interviews à des témoins privilégiés

5. Interviews aux femmes victimes

de la violence

1. Cartographie du territoire des ser-

vices

6. Séminaires et actions de réseau

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Le projet envisageait différentes phases de réalisation complémentaires et visait aussi bien à augmenter l’attention sociale et institutionnelle au pro-blème de la violence contre les femmes qu’à contribuer et développer le « mainstreaming », la réorientation des politiques dans les domaines indiqués par les documents européens, nationaux et régionaux. Dans le modèle utilisé, l’aspect de la connaissance est associé au besoin d’attribuer une importance sociale au phénomène de la violence contre les femmes et de fournir aux opérateurs les outils appropriés. La partie de la recherche sur le territoire a ré-pondu au besoin d’acquérir les outils de connaissance nécessaires et de définir des indicateurs orientés à la culture de genre, alors que les séminaires et les actions de réseau ont représenté le moment de la communication, de la sensi-bilisation et de la formation. Dans cette deuxième phase aussi, les résultats ont fait l’objet d’un Rapport de recherche locale illustrant les informations collectées et les résultats atteints aussi bien d’un point de vue méthodologique que des contenus, disponibles sur le site du Département pour les Droits et l’Egalité des chances www.retepariopportunita.it

1.2.1. Les recherches sur le terrain

Le modèle envisageait une recherche sur le terrain articulée dans des “étapes” distinctes et spécifiques, chacune définie comme une véritable enquête sociale ayant un but précis, mais dans leur ensemble elles correspondent à une logique holistique de lecture du phénomène. On a prévu l’intégration et la su-perposition d’instruments différents, déjà validés avec les villes pilotes, afin de reconstruire le tableau de référence général par l’application d’une méthodolo-gie rigoureuse, comparable et répétable, mais en même temps souple et répon-dant aux complexités et à la haute variabilité des contextes faisant l’objet de l’étude dans les réalités urbaines prises en compte. Aussi bien le modèle que les instruments ont été fournis aux villes et aux organismes réalisateurs, soutenus et supervisés par le groupe de femmes experts qui jouaient un rôle d’assistance et de soutien aux enquêtes et à la rédaction des textes à publier.

L’action de conseil commençait au moment même de la définition, au niveau local, de l’organisation des phases de travail et devenait importante dans le passage ou dans l’intégration entre les deux étapes du parcours pro-posé, tel qu’articulé rapidement ci-après: 1. définition de la zone d’enquête (choix à opérer seulement dans la zone

Urban, effectué exclusivement pour les grandes villes, ou élargir la zone aux quartiers voisins après une première étude du territoire, pour les villes

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de moyenne dimension, ou l’élargir ultérieurement à tout le territoire de la ville, choix opéré dans les petites villes) ;

2. cartographie des services présents sur le territoire Urban (ou de la zone retenue pour les enquêtes), avec l’intégration nécessaire des services im-portants afin de comprendre le système d’intervention à l’aide des femmes victimes de la violence existant dans les situations prises en compte;

3. enquête sur les opérateurs et sur les opératrices des services (une moy-enne de 50 interviews réalisées avec un protocole demi-structuré), avec un échantillon défini en fonction de la connaissance du monde existant sur le territoire;

4. enquête sur les femmes et les hommes (échantillon de 1000 femmes et 300 hommes), choisis sur la base d’indicateurs standardisés et sur la divi-sion en pourcentage entre résidents des zones Urban et du territoire étudié en entier;

5. Interviews aux témoins privilégiés (10 environ), identifiés à l’aide des in-formations et des connaissances acquises au cours des phases pré-cédentes, ou à l’aide de la mise en place de contacts directs avec les ac-teurs sociaux présents dans la région;

6. Interviews approfondies à des femmes ayant subi la violence, dont le nombre varie entre 10 et 20, contactées à travers le questionnaire admin-istré par téléphone ou trouvées par contact direct avec les services présents sur le territoire.

Les deux premières étapes répondent au besoin de connaître le territoire de chaque ville, en fixant des limites sur la base de choix convenus entre l’organisme réalisateur, les villes et le comité technique et scientifique. Il s’est agi de réaliser une « cartographie » des services publics et privés qui, de manière institutionnelle ou tangentielle, rencontrent ou traitent les cas de vio-lence. Ce contexte comprend une description des caractéristiques structurelles de la population résidente dans les zones retenues, toujours en vue de cons-truire le scénario qui permet d’interpréter les enquêtes suivantes sur le ter-rain. C’est à ce moment-là qu’on effectue le relevé, dans tous les services re-censés, de la structure du personnel opérant et de la quantification des usagers de chaque service, en fonction des différentes catégories d’utilisateurs. Les étapes numéro trois et quatre ont concerné deux enquêtes échantillons : l’une adressée aux opérateurs et aux opératrices des services territoriaux, l’autre aux femmes et aux hommes résidents dans les régions à l’étude.

Les deux enquêtes visaient à relever des attitudes, la perception et les stéréotypes par rapport à la violence sexuelle et intrafamiliale contre les femmes. Les questionnaires administrés aux opérateurs envisageaient une

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partie commune et des sections spécifiques à chaque service. Le questionnaire femmes et hommes était lui aussi constitué de deux parties, la première con-cernant les aspects de perception globale et subjective de la violence, com-mune aux femmes et aux hommes, et une deuxième partie adressée unique-ment aux femmes, consacrée à relever des expériences de violence subie, selon des différentes catégorisations de typologies de violence. Les dernières étapes du travail d’enquête étaient exclusivement de type qualitatif. Il a été choisi de réaliser des interviews semi-structurées à des témoins privilégiés – acteurs et référents reconnus par les communautés sociales dans les zones fai-sant l’objet de l’enquête – et des interviews approfondies, menées sur la base d’une trace commune, à des femmes victimes d’épisodes de violence, dispon-ibles à se laisser interviewer. Le matériel acquis au cours de ces enquêtes qualitatives ne représente pas seulement un résultat important en lui-même, mais il s’est également avéré comme une plus-value d’interprétation pré-cieuse, une fois intégré aux résultats de type quantitatif3.

1.2.2. Communication, sensibilisation et formation

Le projet envisageait également le développement d’une action de commu-nication sociale, de sensibilisation des décideurs et de formation pour les opérateurs, à réaliser à travers sept séminaires, dont deux étaient destinés à un vaste public, avec une valeur de communication, d’information et de sensibi-lisation à l’égard de ce sujet et des actions possibles à réaliser pour prévenir et lutter contre le phénomène de la violence contre les femmes ; et cinq étaient adressés à un public d’opérateurs et d’opératrices des agences locales, visant à offrir un espace de laboratoire ayant une valeur de formation pour appro-fondir les concepts, les méthodologies, les pratiques et les outils, afin de créer un lieu possible de démarrage du Réseau Antiviolence local et de programma-tion intégrée.

Pour les villes, les séminaires publics ont représenté l’occasion d’organiser des congrès et des rencontres souvent au niveau national, avec la présence de femmes expertes provenant d’autres pays européens, qui ont permis de faire démarrer ou de consolider une réflexion culturelle sur le sujet de la violence

3 Tous les questionnaires et les grilles des interview ont été préparés avec l’intervention pré-cédente et publiés dans le volume Liberté féminine et violence contre les femmes. Outils de travail pour des interventions avec orientation de genre, 2000 Franco Angeli, Milan. Pendant toute la durée du projet, un site web est resté actif d’où les villes et les sociétés réalisatrices pouvaient décharger des outils, des lignes directrices, des plans, des croisements préparés pour les enquêtes, etc.

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contre les femmes, sur la connaissance de son propre territoire et sur les politiques des villes. Les séminaires adressés aux opérateurs ont représenté le moment privilégié de diffusion des informations sur le sujet de la violence contre les femmes et ont permis aux participants d’acquérir la connaissance des bonnes pratiques développées au niveau national ou communautaires, d’échanger des expériences et des connaissances, de structurer la conception commune d’une intervention institutionnelle sur ce sujet. Les séminaires4 ont vu la participation des services sociaux et sanitaires, des forces de l’ordre et des organisations sans but lucratif, avec une préférence pour les associations de femmes aussi bien dans le cas où elles gèrent des Centres Antiviolence que dans le cas où elles représentaient un endroit de la ville d’une importance cul-turelle ou sociale particulière. Les séminaires ont permis de définir une pre-mière grille sur laquelle il était possible de jeter les bases d’une action de réseau à réaliser par les acteurs locaux.

1.2.3. La méthodologie

La proposition mise au point, validée avec les villes pilotes et réutilisée au cours de la deuxième phase d’intervention, démarre du fait que la violence contre les femmes est un problème social, concernant les femmes de toutes les classes sociales, indépendamment de leur culture et de leur religion, ayant des coûts économiques ainsi qu’émotionnels et ayant un impact sur la vie individuelle de la fille ou de la femme ainsi que sur la vie des communautés. Il s’agit d’un phé-nomène qu’il faut affronter sur le plan de la connaissance, avec un ensemble d’outils qui permettent d’en faire une lecture et une analyse, dans ses implications symboliques et dans la complexité qui concerne tout ce qui tient du rapport entre les sexes et du rapport avec l’autre de soi, dans ce cas avec la femme.

Le modèle proposé vise surtout la possibilité d’identifier et d’utiliser les stéréotypes qui décrivent la violence contre les femmes et sa tolérance, non seulement chez ceux qui assistent à la violence, mais aussi chez ceux qui vi-vent la violence. On a souhaité identifier les signes, les traces qui renvoient aux réalités de la violence et à la recherche d’une liberté féminine qui permet-te de vivre le monde à plein. Cela s’est fait en utilisant une batterie d’instruments différents, des actions complémentaires capables d’ouvrir des espaces de discussion différents, des occasions publiques destinées à aug-menter la visibilité du phénomène et des moments de travail en groupe pour

4 Pour l’analyse des activités des séminaires et de la participation, voir Tola dans ce volume.

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favoriser les échanges et l’intersectorialité. L’aspect le plus particulier de l’intervention est représenté par la souplesse des modèles d’interprétation et des instruments, qui propose et permet d’agir à des niveaux d’action dif-férents (national – citadin – micro territorial), qui intègre et conjugue des outils de lecture quantitatifs et qualitatifs, provenant de sources officielles et d’enquêtes à échantillon ad hoc, visant à surmonter les limites des indicateurs statistiques à l’aide d’une comparaison avec la voix des femmes qui racon-taient leurs vécus dramatiques, mais aussi des parcours de liberté féminine.

Le choix méthodologique opéré consistait à construire un système intégré de connaissances qui renvoyaient les unes aux autres et s’interrogeaient ré-ciproquement, pour permettre de reconstruire la condition du territoire et la perception de la violence sexuée qu’ont les femmes et les hommes qui l’habitent, saisissant le regard, les opinions et les émotions, participant ac-tivement à la construction d’une nouvelle culture de la communauté et es-sayant de trouver la route pour rendre visibles les préjugés sociaux liés à la violence.

Toutes les villes et tous les organismes concernés n’ont pas utilisé le mo-dèle proposé de la même manière et certains n’ont pas exploité ses potentiali-tés jusqu’au bout: cela apparaît tant dans les parties d’enquête que dans les lectures des données collectées (voir Misiti dans le présent volume), mais cela est également apparu dans la gestion de la proposition de formation et de construction du réseau. Certains ont modifié les questionnaires sous prétexte qu’ils n’étaient pas suffisamment exhaustifs sur le plan des problèmes de la réalité locale, certains ont construit des échantillons non comparables, d’autres ont organisé des séminaires plutôt orientés vers des connaissances déjà encodées sur les sujets de la communication, de la violence et du genre. Parfois, on a évité la comparaison entre les connaissances, les techniques et les questions des sujets, échappant ainsi non seulement aux indications et aux suggestions fournies, mais surtout à la possibilité d’entraîner un changement des approches scientifiques et professionnelles, malgré les limites évidentes des pratiques d’intervention sur les phénoménologies de la violence de genre dont les opérateurs eux-mêmes déclarent avoir conscience. Le long du chemin, des difficultés ont émergé dues à des questions bureaucratiques et administratives, à des méthodes de discussion différentes, à des orientations théoriques différentes, à la reconnaissance de l’autorité du savoir féminin, à l’adoption de l’approche de genre et de la différence sexuelle en tant que clé d’interprétation. Il y a également ceux qui ont décidé de ne pas utiliser le pro-jet pour leur propre ville, car ils n’avaient pas l’intention de mettre en place une action comparée à d’autres au-delà des décisions et des lignes politiques strictement locales : une interprétation adoptée par la Municipalité de Milan. Par

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le présent rapport on a choisi d’utiliser une clé de lecture qui permette d’identifier dans chaque ville une qualité particulière, mettant en valeur l’expérience réalisée, mais par là il n’y a eu aucune intention de minimiser ou de réduire les disso-nances et les écarts qui n’ont pas permis de traiter toutes les données et les infor-mations collectées de manière comparative, de même que les choix qui ont mené à ces conditions. Le présent travail contient un élément de perte, qui constitue un problème important pour la compréhension des activités réalisées, car il ne per-met pas de reconstruire le système d’intervention dans son ensemble. Il s’agit, dans le volume, de l’absence de l’analyse comparée de la partie qualitative des enquêtes, patrimoine unique qui représente une clé d’interprétation des données statistiques collectées, ce qui donne une clé de signification des corrélations des indications, et permet d’écouter la voix des femmes et des témoins privilégiés. Les interviews collectées représentent la biographie féminine où s’inscrivent la violence et sa phénoménologie, mais aussi les tentatives de s’en sortir et le désir de changer, de vivre une vie meilleure, de faire en sorte que ses filles ne souffrent pas du même problème et que leurs enfants ne le répètent pas, outre les réactions contre la violence de la part des familles, des services et des communautés.

2. La violence contre les femmes: concepts et interventions en évolu-tion

Dans ce paragraphe, on souhaite brosser le contexte – conceptuel, normatif, culturel et d’action – qui sert de référence au modèle utilisé pour les enquêtes et pour le développement des actions de réseau Urban qui trouvent dans ce rapport une première forme de comparaison des aspects quantitatifs. On n’a pas l’intention par là de faire un compte rendu exhaustif d’un débat qui, à partir du mouvement des femmes, sillonne à l’heure actuelle la société, ni d’une produc-tion qui a désormais pris des proportions importantes à l’étranger ainsi qu’en Italie.

La violence contre les femmes concerne une double dimension: la première tient des relations et du conflit entre les sexes, la deuxième du scénario social sur le quel se basent ces derniers. Les concepts et les espaces publics et privés, dont la séparation, qui avait été mise en discussion par le féminisme des années 70, se croisent au point de la violence de genre, dans une dimension symbolique qui trouve ses racines dans les corps, la sexualité, l’amour et ses catégories de représentation de la communauté et dans celle-ci, dans les dynamiques de pou-voirs entre les sexes. Elle concerne les relations sexuées de notre société et leur encodage au moyen de stéréotypes, de représentations et de conventions sociales qui renvoient souvent encore à la structure symbolique patriarcale des rapports

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entre les sexes. Les sociétés occidentales ont pendant très longtemps nié ce que nous appelons aujourd’hui “la violence contre les femmes” ou du moins elles l’ont refoulée en tant que telle, alors que les comportements ont été interprétés comme des comportements normaux par rapport à la configuration structurelle des rapports entre les sexes, basés sur le pouvoir et sur la possession.

Un exemple explicite est donné par certaines lois qui permettent presque jusqu’à la fin du XXe siècle de “corriger” sa femme au cas où elle ne respecte pas les « règles », de se marier effaçant ainsi le crime du viol, de reconnaître des cir-constances atténuantes pour les crimes dits d’honneur.

Pendant les années 60, les premières études sur ce sujet sont engagées et ce sont les psychiatres et les psychologues, notamment américains et anglais, qui concentrent leur attention sur des groupes cliniques d’hommes violents, créant ainsi un modèle d’interprétation de la violence de genre de type psycho-individualiste, fondé sur l’observation de ces sujets. Le comportement agressif des hommes (il s’agit souvent de violeurs) se ramène aux caractéristiques psy-chologiques individuelles déviantes par rapport à la normalité ou bien il est con-sidéré comme une réaction à un comportement “non suffisamment féminisé” de la part de la femme victime, car elle n’est pas assez docile et passive ou peu dé-pendante et disponible. Cette lecture et cette représentation de la violence, avec une orientation précise clinique et criminologique de matrice psychiatrique pla-cent le phénomène de la violence dans la catégorie de la pathologie et affirment en même temps que la femme est culpabilisée à cause de la violence subie. Elle est considérée comme responsable de la violence, “elle l’a cherchée”. Lorsqu’on analyse le comportement des hommes violents on finit par confirmer la complé-mentarité des femmes par rapport aux hommes, et si la femme se soustrait à ce rôle, ce comportement entraîne des actions agressives et lésives de son intégrité de la part de son compagnon. “A ce niveau-là ainsi qu’au niveau de sens com-mun, on a la tendance à considérer la violence comme un phénomène d’action étranger par rapport aux règles sociales, comme si elle tombait dans les rapports sociaux légitimés: c’est la perspective qui considère les rapports entre les sexes, organisés suivant des règles familiales, comme s’ils étaient fondamentalement pacifiés, pour interpréter la violence comme une pathologie accidentelle qui déclenche des événements exceptionnels, objet d’une condition culturelle arriérée5”. C’est une lecture basée sur la conviction naturelle des rôles masculins et féminins dans notre société et elle s’associe aisément à des stéréotypes répandus également dans le sens commun. Pendant les années 70, le mouvement féministe et les mouvements de femmes, devenus des acteurs socialement

5 Rapport local de la ville de Turin – introduction à laquelle on renvoie pour un appro-fondissement du concept de violence de genre et de son développement dans l’histoire des dernières décennies en Occident.

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mouvements de femmes, devenus des acteurs socialement importants, re-vendiquaient un renversement des définitions de la violence contre les femmes, et visaient à reconnaître la violence au sens de “sexuée” liant le problème à la manière dont sont structurées les relations entre les hommes et les femmes dans la société, introduisant le genre en tant qu’indicateur de lecture de la violence et le pouvoir en tant qu’aspect déterminant du phénomène même. C’est cette nouvelle catégorie d’interprétation qui a entraîné un changement radical et considérable dans la définition du phénomène, à partir d’un nouvel encodage du système des droits de l’homme du point de vue du genre, jusqu’au développement d’une “terminologie de genre” capable de donner un sens nouveau au problème de la violence contre les femmes. La violence est considérée par rapport à deux pôles: sa représentation publique extrême, le viol, et sa représentation intime, la violen-ce domestique; mais la matrice est reconnue comme étant une seule, la même. Le fait de reconnaître que “la maltraitance entre les murs de la maison” et la “violen-ce sexuelle/viol” ont une matrice commune a représenté un pas en avant impor-tant par rapport aux interprétations de la violence qui ont précédé le féminisme. L’analyse féministe a reconnu les rôles des sujets et les a nommés: ce sont les hommes qui exercent la violence contre les femmes, les femmes sont les vic-times6. La réflexion découlant de la recherche gender oriented, développée en Italie par des groupes de chercheurs femmes, met en question les catégories d’identité et de subjectivité féminine comme des éléments structurels pour af-fronter le problème de la violence contre les femmes, adoptant le paradigme fé-ministe qui voit la violence en tant qu’expression des rapports de pouvoirs entre les sexes, à l’intérieur desquels le corps féminin fait l’”objet” d’une propriété de la part de l’homme. Cette première approche est liée surtout aux recherches ori-entées vers une optique de genre, conçue comme construction sociale, axée sur les changements des rôles sociaux des femmes et sur la possibilité de construire des conditions de changement liées à différentes valorisations de soi.

Le processus politique, culturel et législatif ayant eu lieu en Italie dans les an-nées 70 et 80 a été largement décrit par le premier Rapport National (Bimbi et Tola), auquel on renvoie, mais il ne faut pas non plus oublier que d’autres ap-proches féministes dans le domaine polytologique, philosophique et psy-chologique ont nié la différence sexuelle pas tellement en tant que genre sociale-ment construit, mais plutôt en tant que « autre » non réductible, relisant sa con-struction dans l’histoire de la pensée occidentale à travers le débat sur le “contrat sexuel” (Pateman 1998), sur la formation du jugement moral (Gilligan 1982) ou sur l’éthique du traitement (Held 1993; Okin 1989; Sevenhuijsen1998)7. Ces ap-

6 Rapport local de la ville de Turin - introduction. 7 Bimbi F. (2003) Entre différences et “autre”. Les études des femmes à l’épreuve du plu-

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proches, partiellement référées à la pensée philosophique de la différence sexuelle, ont été introduites en Italie notamment par la Libreria delle donne de Milan (La Librairie des femmes) et ont plus précisément marqué le début du deuxième tour d’expériences des politiques féministes d’aide aux femmes en dif-ficulté à cause d’une violence subie. C’est ainsi que s’est manifesté le besoin de politiques fondées sur la construction d’un rapport entre femmes qui vise au ren-forcement de la subjectivité féminine en tant qu’élément positif, marqué par la possibilité d’agir pour briser le cycle de la violence et par l’affirmation de la lib-erté féminine en tant qu’horizon symbolique dans lequel s’inscrit le nouveau par-cours de vie hors du circuit de la violence. Parallèlement au débat entamé par les expériences italiennes, qui poursuivent aujourd’hui encore leur chemin par un pluralisme positif d’approches, l’aspect de la comparaison internationale des pratiques a considérablement augmenté et par conséquent la possibilité d’évaluer les expériences menées à l’étranger, à la suite des premières qui virent le jour les années 70, notamment aux Etats-Unis et au Canada8, aujourd’hui en-richies également par les expériences de certains pays du nord de l’Europe. Ce sont là les expériences et les méthodologies qui constituent un capital politique, culturel et pratique pour de nombreux groupes de femmes qui ont fondé les Cen-tres Antiviolence et les maisons refuge. Il est important de remarquer quelques-uns des éléments du parcours international au niveau des institutions, ce qui révèle également les racines des parcours italiens.

Grâce à la pression exercée par les mouvements des femmes au niveau mondial en 1975, l’ONU considère la violence contre les femmes comme le crime le plus répandu au monde. Cette déclaration n’est que l’aboutissement d’une comparaison passionnée entre les femmes du sud et du nord de la planète, ayant permis de mettre au premier plan la violence de genre en tant qu’un grave problème politique, social et culturel auquel tous les pays et tous les gouverne-ments devaient donner des réponses. L’année 1975, proclamée pour la première fois par l’Assemblée Générale des Nations Unis Année Internationale des Fem-mes, représente une date qui marque un changement profond en ce qui concerne le fait de reconnaître le phénomène de la violence et de le condamner. À partir de cette date, les organisations internationales des femmes et les mouvements fémin-istes ont joué un rôle important d’intervention et de dénonciation des abus et des violences subies par les femmes. En 1979, l’ONU adopte la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes (CEDAW)– auquel s’ajoutera, en 2000, le Protocole optionnel ou supplémentaire – qui

ralisme culturel dans Différences et inégalités Il Mulino, Bologne. 8 L’expérience canadienne est celles qui a fourni le plus d’instruments méthodologiques

aux Centres Anti-violence italiens naissants (aux années 70) et reste l’une des expériences les plus significatives auxquelles se rapporter pour les centres et les maisons au niveau européen.

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représente le texte principal ayant une validité juridique contraignante sur les dro-its des femmes. Sur le plan politique, en revanche, le document de référence le plus important est la Plateforme d’Action approuvée par la IVe Conférence Mondiale sur les femmes 9 qui a eu lieu à Pékin en 1995, dont les principes ont été réaffirmés et relancés à New York dans le cadre de l’Assemblée Générale de l’ONU de l’an 2000, connue sous le nom de Pékin +5.

Celle-ci stipule et déclare, par la réaffirmation des principes charnières de la Conférence Mondiale sur les droits de l’homme (Vienne 1993), un principe fon-damental “…Les droits des femmes sont des droits humains universels et, en tant que tels, constituent une partie intégrante, inaliénable et indivisible des droits humains de la personne”.

A Pékin, les mouvements des femmes affirment leur volonté de relire de manière concrète le système des droits humains du point de vue du genre et définissent un plan d’action et d’intervention pour le mettre en place. Parmi les zones de crise, pour lesquelles on demande des interventions et des stratégies de la part des gouvernements, de la communauté internationale et de la société civile on compte également la violence contre les femmes, considérée comme un obsta-cle empêchant d’atteindre les objectifs de l’égalité, du développement et de la paix en tant que violation des droits humains et de la liberté individuelle des femmes10. Les déclarations de l’ONU seront suivies par les études de l’OMS qui mènera son enquête sur les effets de la violence sur la santé des femmes et sur leur possibilité de survie. Cette prise de position des organismes internationaux introduit dans les agendas institutionnels la question de la violence de genre con-tre les femmes et fournit le support nécessaire au développement de stratégies et de politiques d’intervention renvoyées aux états membres des Nations Unies. Trente ans plus tard, la conscience est devenue plus aiguë, mais le problème reste avec tout son drame rendu encore plus visible par la circulation médiatique des épisodes les plus graves, par le débat public sur les cas d’homicide, par la crois-sance parallèle de l’attention envers la violence sexuelle contre les enfants. La violence contre les femmes reste un problème mondial dont on a pris conscience, mais qui n’est pas encore suffisamment reconnu et enquêté pour ce qui est également de ses rapports avec la violence contre les enfants. Il s’agit d’un problème politique et social grave qui, dépassant les différences géographiques, religieuses, politiques, s’avère, bien que de manière différente, comme une carac-téristique permanente de l’histoire, faisant état du paradigme patriarcal constant, bien qu’avec des déclinaisons différentes d’une culture et d’une forme de civilisa-

9 Les Conférences précédentes organisées par l’ ONU sur les femmes sont: Mexico en 1975, Copenhague en 1980 et Naïrobi en 1985.

10 Rapport de la ville de Tarente– Réflexions préliminaires.

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tion à l’autre. En Europe, en l’an 2002, est formulée la Recommandation, adoptée par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, sur la protection des femmes contre la violence, Rec(2002-5)11. Cet Acte, sans valeur exécutive, fournit néan-moins aux Etats membres du Conseil, et donc aussi aux membres de l’Union, une définition de violence contre les femmes, en la désignant comme “toute action de violence fondée sur l’appartenance sexuelle qui implique ou pourrait impliquer pour les femmes cibles des dommages ou des souffrances de nature physique, sexuelle ou psychologique, y compris la menace d’exécuter de telles actions, la contrainte, la privation arbitraire de la liberté, aussi bien dans la vie publique que dans la vie privée”.

Cette définition s’applique, mais elle ne se limite pas, aux actions suivantes: La violence exercée à l’intérieur de la famille ou entre les murs de la maison, surtout des agressions de nature physique ou psychiques, les abus émotionnels ou psychologiques, le viol et l’abus sexuel, l’inceste, le viol entre époux, partenaires occasionnels ou vivant ensemble, les crimes au nom de l’honneur, la mutilation des organes génitaux ou des organes sexuels féminins, ainsi comme d’autres pratiques traditionnelles dangereuses pour les femmes, tels que les mariages forcés; La violence exercée au sein de la communauté en général et plus particulière-ment le viol, les abus et les harcèlements sexuels, les intimidations sur le lieu de travail, dans les institutions ou dans d’autres lieux, la traite des femmes pour des buts d’exploitation sexuelle ; La violence exercée ou tolérée par l’état ou par les agents de la force publique ; La violation des droits fondamentaux des femmes dans des situations de conflit armé, notamment la prise d’otages, la déportation, le viol systématique, l’esclavage sexuel, la grossesse forcée et la traite pour des buts d’exploitation sexuelle et économique. Cette recommandation, adoptée par les ministres des 44 états membres du

Conseil même, est un document d’un grand intérêt, car il comprend non seule-ment les déclarations et les indications des organismes internationaux sur ce sujet, mais aussi les propositions provenant des expériences réalisées par le mouvement européen des femmes et les enseignements réalisés qui en découlent afin d’identifier les mesures les plus efficaces pour prévenir, traiter et combattre ce phénomène, aussi bien d’un point de vue des droits et des normes que de la pro-motion de mesures spécifiques et ciblées visant à connaître et à prévenir ce phé-

11 Les recommandations précédentes du Conseil de l’Europe sur le thème de la Violence contre les femmes sont la Recommandation 1450 (2000) de l’Assemblée Parlementaire (AP) du Conseil d’Europe sur la violence contre les femmes en Europe et la Recommandation 1582 (2002) de l’AP sur la violence domestique contre la femme.

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nomène ; et encore, pour ce qui est du fait de prendre soin des femmes victimes de la violence, le but est de renforcer les interventions en cours et de mettre au point des plans d’action nationaux de lutte contre la violence envers les femmes, à structurer en collaboration avec les associations féminines actives dans ce do-maine.

2.1. Les lieux du réel et du symbolique de la violence

Une opinion est largement répandue, d’après laquelle la violence contre les femmes concerne d’une manière prédominante les couches sociales marginal-isées, des sujets pathologiques, des familles très problématiques, soit qu’il s’agit d’une manifestation liée à la misère matérielle et intellectuelle, à l’alcoolisme ou à des troubles psychiques sérieux. Cela montre la difficulté de se rapporter à un phénomène qui appartient à la normalité plus qu’à la pathologie et qui concerne les hommes et les femmes de toutes les couches sociales et culturelles, qui existe dans tous les pays, qui croise toutes les cultures, les classes, les races, les niveaux d’éducation, de revenu et toutes les tranches d’âge. D’une manière différente, les cultures identifient la famille comme le lieu de protection où les personnes cher-chent et trouvent l’amour, l’accueil, la sécurité et l’abri. Comme le montrent les évidences fournies par les recherches et par les actualités publiées quotidienne-ment, pour de nombreuses femmes les rapports familiaux et la maison deviennent un lieu dangereux, où la violence est exercée le plus souvent par des hommes aimés et avec qui on donnait pour acquis d’entretenir un rapport de confiance et d’intimité. Dans la vie privée et dans les lieux où elle se déroule (la famille, la maison, le réseau parental, amical et de voisinage), les comportements violents sont presque toujours commis par une personne intime de la femme: le mari, le partenaire, la personne qui vit avec nous ou les autres membres du groupe famil-ial (pères, fiancés, ex-maris et ex-femmes, ex-partenaires, frères, enfants). La vio-lence de genre se présente comme une combinaison de violence physique, sexuelle, psychologique et économique, des épisodes qui se répètent au fil du temps et qui tendent à assumer des formes de gravité de plus en plus fortes. Dans les contextes publics, la forme de violence la plus évidente est représentée par la violence sexuelle exercée par des personnes inconnues, mais ces dernières an-nées, on a consacré une plus grande attention à la violence exercée dans les lieux de travail, dont l’évidence et l’importance sociale augmentent. Tant pour la vio-lence dans le privé que dans celle des contextes “de passage” et publics, la cruauté de l’acte violent (individuel ou de groupe) et l’homicide font souvent la une des principaux quotidiens. Le débat public cache ou sous-estime souvent leur gravité. Demeurent ainsi dans une zone grise par rapport à la conscience de

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l’opinion publique, toutes les formes de violence notamment exercée par les partenaires au sein de la famille, des formes qui se présentent avec les caractéris-tiques d’un ensemble de comportements qui ont la tendance à établir et à main-tenir le contrôle sur la vie de la femme et très souvent aussi sur la vie de ses fils/filles12.

La violence contre les femmes, exercée à la maison, sur le lieu de travail, ou dans la rue, viole les espaces extérieurs et intérieurs de l’intimité féminine, causant des lésions psychologiques profondes et des effets post-traumatiques im-portants sur le plan de la santé et du bien-être13. Du fait qu’il s’agit d’un phé-nomène très répandu et non occasionnel, il faut néanmoins reconnaître qu’indépendamment du lieu où elle s’exerce, la violence constitue, même dans les sociétés à démocratie avancée et certes dans tout l’Occident, un grave problème d’importance publique, de même que l’intégrité des personnes - femmes (tout comme l’intégrité de chaque personne), considérée, par les Chartes Constitutionnelles Italienne et Européenne comme un bien primaire à protéger. D’autre part, la capacité de connaître et de reconnaître les conséquences peut aus-si aider à comprendre pourquoi une femme se comporte ou réagit d’une certaine manière. Les statistiques et les enquêtes réalisées jusqu’ici suggèrent que le par-cours de recherche d’une aide peut s’avérer long et difficile. Chaque femme est différente des autres, elle se trouve à agir dans des contextes différents, chacune a son propre seuil de rupture par rapport à la capacité de supporter la souffrance. Certaines mettent fin au rapport violent après le premier épisode, d’autres es-saient pendant des mois, voire des années de faire en sorte « qu’il change » et ne se décident à quitter leur partenaire violent que lorsque chaque chemin a été en-tamé et parcouru. Au début, la femme garde sa relation avec son partenaire et es-saie de toute manière d’arrêter la violence, sans avoir recours à une aide ex-térieure, s’appuyant sur ses ressources personnelles. Par la suite, elle cherche l’appui de sa famille et de ses parents et finalement, au cas où aucun changement

12 Ces données sont confirmées par les enquêtes nationales menées en Europe: Belgique, Danemark, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Lituanie, Pays-Bas, Norvège, Portu-gal, Espagne, Suède, Suisse et Royaume Uni. Des données nationales ont été collectées aussi en Bosnie, Croatie, République Tchèque, Islande, Slovaquie et Turquie, mais elles n’ont pas été publiées dans toutes les langues les plus répandues. Pour une vision globale, M. Martinez, M. Schröttle et autres (2005), Report on the state of European research on the prevalence of interpersonal violence and its impact on health and human rights, www.cahrv.uni-osnabrueck.de.

13 OMS, Rapport Mondial sur la violence et la santé, Genève 2002; Rapport UNFPA, Les femmes dans le monde. Tendances et statistiques, Edition italienne par la Commission Nation-ale pour l’Egalité des chances – Présidence du Conseil des Ministres. ONU 2000; UNICEF – Centre de Recherche Innocenti, La violence domestique contre les femmes et les petites filles ,Florence 2000.

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n’est intervenu, elle s’adresse aux institutions telles que les Services sociaux et les Forces de l’Ordre14.

Sur le plan conceptuel, ces formes de violence sont connues en tant que vio-lence de genre, soit une violence enracinée dans le déséquilibre des relations entre les sexes et le désir de contrôle et de possession des hommes sur les femmes. Les formes où elle se conjugue peuvent se regrouper dans quelques catégories impor-tantes: violence physique (maltraitances sur le corps et destruction d’objets), sexuelle (harcèlements, viols, exploitation), économique (refus à l’accès des res-sources économiques de la famille, même si elles sont produites par la femme), psychologique (violation du soi). Cette description ne correspond pas à celle qui est adoptée par les organismes internationaux et par la plus grande majorité des organismes féministes, la plus répandue dans le monde entier pour nommer un phénomène présent sur toute la planète, transversal à la richesse et à la pauvreté, même s’il se caractérise de manière différente selon les cultures et en fonction de la possession de ressources utiles pour sortir du circuit de paupérisation du soi qu’entraîne un rapport violent.

Ainsi, tout en tenant compte du fait qu’il faudra probablement encore trouver une manière pour définir efficacement les racines symboliques de la violence, liées directement aux dynamiques sociales de la différence sexuelle, il faut re-marquer que les manifestations qui caractérisent la violence de genre représentent bien la radicalité de l’appartenance sociale à un corps sexué, ce qui rend visible le sens d’hégémonie de la masculinité sur la scène sociale. Cela tient de la « com-plicité » active de nombreuses femmes par rapport à une culture qui dévalorise leur appartenance sexuelle où le paradigme qui culpabilise la victime elle-même persiste encore. La définition de la violence et de son contexte symbolique, sans avoir recours à des paravents idéologiques, reste un parcours encore ouvert, non seulement pour les femmes qui le vivent, mais aussi pour ceux qui œuvrent dans ce domaine, aussi bien sur le plan matériel que sur le plan théorique. Il apparaît donc clairement que chaque époque historique est dominée par une définition de violence donnée et cela n’est que le résultat d’un processus de « négociation so-ciale » entamé par des acteurs politiques et sociaux importants (institutions politiques, juridiques, sanitaires, opinion publique, etc.) qui attribuent un sens à la violence à partir de conventions de leur manière de concevoir les rapports sexués15.

14 AA. VV., 2004, A. Pimapiano dans La violence contre les femmes et les professions d’aide. Outils. Les lignes de guide pour les opérateurs/opératrices, Le Onde Onlus, Ed. Ante-prima, Palerme.

15 Par Tola V. Bimbi F. (2000) dans Liberté féminine et violence contre les femmes. Outils de travail pour des interventions avec orientation de genre, Franco Angeli, Milan.

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2.2. Quelques éléments de contexte: données, normes et interventions

Dans de nombreux pays, les brutalités commises entre les murs domestiques par les partenaires (les hommes avec qui on a des rapports intimes, affectifs et de confiance et avec qui on partage le choix de construire un nouveau noyau fami-lial) se classent aux premiers rangs des statistiques sur les dommages et la morta-lité, devant le cancer ou les accidents de la route. En Europe, la violence repré-sente la première cause de mort des femmes dans la tranche d’âge comprise entre 16 et 50 ans. En Italie, toutes les trois morts violentes, une est représentée par la mort d’une femme tuée par son époux, son compagnon ou son fiancé. Ces don-nées sur les morts ne deviennent évidentes que ces dernières décennies, lorsqu’on cesse de les interpréter en tant que délits d’honneur ou passionnels, même si la représentation publique que les médias donnent de ces crimes tient encore de la catégorie des délits concernant des personnes ayant partagé un rapport d’amour ou d’intimité. Ces dix dernières années, de nombreuses initiatives internationales, telles que les initiatives entamées pour vérifier la Plateforme de Pékin, les en-quêtes de l’OMS, les recherches nationales menées dans de nombreux pays, les campagnes réalisées au niveau mondial, les programmes et les activités des ONG féministes, ont contribué à engendrer une plus forte conscience du problème et à faire connaître son ampleur quantitative, mettant exergue et soulignant non seulement les souffrances personnelles qu’il cause, mais aussi les effets impor-tants qu’il produit sur le plan social, sanitaire et économique.

Il faut néanmoins souligner que, quant à l’Italie, c’est par l’approbation du nouveau Droit de famille en 1975 qu’est abolie l’autorité maritale, soit la licéité, de la part du mari d’avoir recours à des “moyens de correction » et de discipline envers sa femme ; et encore, ce n’est qu’en 1981 que disparaît de notre code le « délit d’honneur » et le « mariage réparateur », le premier permettant aux maris de bénéficier d’une escompte sensible de peine s’ils avaient tué leurs femmes à cause de l’infidélité, le deuxième permettant, à ceux qui commettaient un viol, de voir leur crime supprimé s’ils se mariaient à leurs victimes. Et c’est en 1996, par l’approbation de la nouvelle loi sur la violence sexuelle (Loi n.66 de 1996), que s’opère un changement fondamental de perspective dans la culture juridique do-minante, par la modification de la définition de violence sexuelle depuis « crime contre la morale et les bonnes coutumes » à « crime contre la personne et contre la liberté individuelle ». Cette loi innovait la réglementation précédente qui la plaçait parmi les crimes contre la moralité publique et les bonnes coutumes, permettant ainsi la promulgation de sentences plus appropriées selon la nature et la gravité du problème. Les dates de ces changements réglementaires nous révèlent les difficultés rencontrées dans le processus de révision des droits confiés

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par la société aux hommes dans leurs rapports avec les femmes. La modification des lois, en Italie ainsi qu’à l’étranger, se fait néanmoins à par-

tir des pressions exercées par le mouvement féministe et par les mouvements des femmes, qui, avec des délais et des modalités différentes d’un pays à l’autre, in-troduisent le sujet de la violence contre les femmes dans le cadre des modifica-tions législatives concernant la réglementation du mariage et de différents cas d’espèce liés aux rapports entre les sexes approuvés par les lois. De surcroît, par la collecte des données concernant ce phénomène (qui a débuté partout de manière autogérée à partir des Centres antiviolence et des maisons refuge gérés par le mouvement des femmes) l’ampleur de ce dernier apparaît clairement, avec toutes ses caractéristiques, permettant ainsi à un problème jadis relégué dans le privé de devenir visible. En Italie, c’est à la fin des années 80 que de nombreuses associations de femmes font démarrer des expériences d’abord de connaissance et d’accueil des demandes d’aide provenant de femmes victimes de la violence, et par la suite elles ouvrent aussi des services qui se spécialisent dans l’aide aux femmes en difficulté et aux mineurs. Les Centres Antiviolence et les maisons refuge pour les femmes et les filles, aussi bien à l’adresse secrète que publique, commencent à fonctionner au cours de ces années-là et pendant les deux dernières décennies ils se sont multipliés, grâce aussi aux financements de la part des autorités locales et aux conventions avec les organismes publics, afin de gérer l’accueil et l’hospitalité de femmes et d’enfants victimes de la violence. L’expérience de la Municipalité de Venise se caractérise elle aussi par une action de promotion et de financements publics: elle démarre au début des années 80 par un co-projet et par des formes de gestion mixtes de l’Autorité publique et de dif-férentes expressions du privé-social lié au féminisme et aux mouvements des femmes. Dans l’ensemble, donc, c’est la société civile féminine qui exerce une pression sur la politique et sur les institutions publiques pour promouvoir des po-litiques antiviolence, même si toutes les expériences semblent être marquées par la rencontre, plus ou moins facile, des cultures féministes et féminines présentes à l’intérieur et à l’extérieur des institutions : il s’agit d’une situation contingente ty-pique des années 80. Quelques années plus tard, on assiste également à une augmentation du niveau d’attention pour la violence et les abus sur les mineurs qui engendre le développement de règles spécifiques et la mise en place, grâce aux financements débloqués par la loi n.285/97 sur l’enfance, de services spécial-isés, caractérisés par le support constant d’opérateurs sociaux et sanitaires ou des ONG qui s’occupent du phénomène. La violence contre les mineurs, contraire-ment à la violence contre les femmes, déclenche une réponse sociale immédiate et les mesures mises en place pour affronter ce phénomène sont probablement les plus fréquentes sur le territoire: aucune évaluation n’a été faite du poids économique que ces mesures ont sur le bilan social des autorités locales et de

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l’État, tout comme il n’existe pas de paramètres capables d’évaluer de manière fiable l’efficacité comparative des interventions.

De toute manière, au fil du temps, la violence de genre contre les femmes cesse d’être un tabou ou un problème essentiellement privé et devient de plus en plus une question sociale et politique, qui pose la nécessité de mettre en place une série de mesures complexes : connaissance, sensibilisation, formation, préven-tion, réduction des dommages subis (pour les femmes et les enfants ou les petites filles), soutien des parcours de sortie, vérification des protocoles d’intervention sociaux, sanitaires et de protection, de répression des violents et de leur prise en charge. Toutes les activités en appellent aux différentes articulations de l’Etat préposées à ces fonctions, mettant en exergue le besoin d’un Plan National d’Action16, selon le modèle proposé par la Rec(2002)5 du Conseil de l’Europe.

Dans la réalité italienne, ce chemin n’a pas encore été engagé et les interven-tions mises en place ne sont ni opérationnelles dans une optique de système ni synergiques. La violence contre les femmes représente encore pour les institu-tions nationales et locales un sujet d’intervention marginal, très souvent un sujet auquel on n’attribue aucune importance et qui ne prend pas encore l’importance d’une priorité stratégique dans les politiques de gouvernement et de développe-ment du territoire. Les mesures adoptées sont donc occasionnelles et fragmen-taires, dictées par la bonne volonté contingente des préposés à l’administration ou par la pression plus ou moins forte des organismes des femmes. Il existe des dis-positions institutionnelles à signaler, car elles constituent la base de développe-ment d’actions concertées et efficaces. Un exemple est donné par la Directive 1997 du Président du Conseil italien Prodi qui, à partir de la Plateforme de Pékin, engageait le gouvernement et les institutions italiens dans la prévention et la lutte contre toute forme de violence physique, sexuelle et psychologique contre les femmes, depuis les maltraitances au sein de la famille jusqu’à la traite des femmes et des mineurs pour des fins d’exploitation sexuelle. La directive soulig-

16 CDEG(2006)3 Combattre la violence à l’égard des femmes: bilan des actions et mesures prises dans les États membres – Etude du bilan des mesures et actions prises pour combattre la violence à l’égard des femmes dans les États membres du Conseil de l’Europe, Dr Carol Hagemann- White avec Judith Katenbrink et Heike Rabe, Université d’Osnabrück, Allemagne, Strasbourg 2006. Un plan d’action est un document concernant la politique de lutte contre la violence envers les femmes qui définit des objectifs concrets ainsi que les initiatives et les ac-tions concrètes à engager pour les atteindre. Il définit de manière explicite les organismes ayant la responsabilité et la compétence pour gérer ces initiatives et définit les rôles des organismes institutionnels et non gouvernementaux ainsi que les formes de leur collaboration. Le plan im-plique également un calendrier à suivre et des mécanismes de monitoring.

Vingt et un pays déclarent avoir mis en place un plan d’action national et de l’avoir rendu public. Ces plans interviennent au moins sur quatre des neuf formes de violence citées par la Rec (2002) 5; ils s’occupent tous de la violence intrafamiliale; 14 sur 21 traitent du viol et de la violence sexuelle et 12 d’entre eux s’occupent d’harcèlements sexuels sur le lieu de travail.

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nait l’importance d’analyser le phénomène, à l’aide d’enquêtes statistiques na-tionales. En plus, en 2001, est approuvée la loi 154 concernant la possibilité d’éloigner le membre de la famille violent, par la voie civile ou pénale, et de met-tre en place des mesures de protection sociale pour les femmes faisant l’objet de la traite avec ou sans collaboration judiciaire. Au cours de la même année sont également approuvées les lois 134 et 60 sur le Parrainage Gratuit, qui offre, aux femmes violées ou maltraitées dépourvues de moyens économiques, un instru-ment fondamental pour se défendre et faire valoir leurs droits dans les tribunaux.

En Italie aussi, ce qui crée les conditions pour mettre en exergue l’ampleur du problème est le développement de lieux auxquels les femmes peuvent s’adresser pour “parler” en toute confiance et trouver un soutien pour sortir de leur situation personnelle de violence. L’impact social de l’exposition verbale d’une question si intime a permis d’accroître les connaissances ainsi que les dénonciations, outre à offrir la possibilité concrète pour chaque femme de trouver des solutions et des stratégies lui permettant de sortir du phénomène de la violence. La publicisation des données des centres et des quelques recherches effectuées par des chercheurs hommes et femmes sensibles à ce sujet permet de briser l’isolement symbolique dans lequel vit chaque femme et de créer un climat favorable à la demande d’aide ainsi qu’à la construction d’une nouvelle existence pour elle-même et pour ses enfants.

En 1998, ISTAT, sur demande et mandat du Département pour les Droits et l’Égalité des chances, avait réalisé la première recherche statistique nationale sur les violences et les harcèlements sexuels, validant en général l’ordre de grandeur et les typologies des phénoménologies identifiées par les Centres Antiviolence et par les enquêtes menées par chaque chercheur qui a essayé d’interpréter le phé-nomène dans ses différents aspects. ISTAT mène son enquête par l’introduction d’un formulaire d’approfondissement des harcèlements et des violences sexuelles dans son enquête sur la sécurité des citadins, répétée en 2002. Elle propose, pour la première fois en Italie, une lecture quantitative du phénomène outre une inter-prétation de genre de ce dernier, même si elle est étroitement mise en relation avec le sujet de la sécurité, ce qui constitue la base pour une réflexion suivante nécessaire sur l’efficacité et la cohérence de cette interconnexion, qui d’une part fait état de la peur des femmes de devenir l’objet d’un viol, mais de l’autre met en exergue que les comportements féminins les plus « émancipés » sont les plus à risque. L’utilisation d’un instrument exclusivement quantitatif réduit la possibilité aussi bien d’approfondir que d’intégrer cette lecture par une analyse qualitative des facteurs qui déterminent les peurs et l’insécurité des femmes. Après le pre-mier tour des enquêtes Urban, en 2001 le Département pour l’Égalité des chances a confié à ISTAT la charge de mettre au point une enquête spécifique sur la vio-lence au sein de la famille. Dans une première phase, on a commencé par af-

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fronter le problème par la participation au projet IVAWS (International Violence Against Women Survey) et par l’étude des caractéristiques du contexte national et de la faisabilité d’une enquête sur ce sujet, à l’aide d’une phase de recherche qualitative et quantitative (focus group, interviews à des témoins privilégiés, pré-test de la première version du questionnaire). Cette collaboration a permis de mettre au point un questionnaire, déjà testé sur 1000 femmes d’un âge compris entre 16 et 70 ans, actuellement proposé à un échantillon représentatif de la popu-lation féminine italienne (30.000 femmes).

Ces dix dernières années, les recherches et les projets d’intervention et de sen-sibilisation se sont multipliés grâce notamment aux financements de l’Union Eu-ropéenne qui a créé un programme de recherche-action spécifique – Programme d’initiative communautaire Daphné, opérationnel depuis 1997 et a introduit la possibilité de structurer des actions à l’aide des plans et des programmes d’action sur le thème de l’égalité des chances. La banque de données mise au point sur le programme et sur les projets qu’il finance offre une vue éclatée intéressante non seulement des actions menées, mais aussi des questions affrontées et des sujets qui restent à affronter au niveau communautaire de même que dans de nombreux états membres. Il faut également signaler que l’Italie est l’un des pays où peu d’interventions ont été financées. A partir de l’an 2000, en Italie, de nombreuses autorités locales (régions, provinces et municipalités) et des institutions sanitaires ont introduit dans leur programmation des actions spécifiques pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des mineurs. La programmation territoriale a mis en exergue l’absence d’un cadre national d’intervention, comblant cet écart, par la promotion de plans d’intervention spécifiques, de lois ad hoc, l’introduction de mesures dans la programmation régionale et dans les plans sani-taires. Chaque organisme a procédé à s’engager en fonction de sa sensibilité et de sa disponibilité, sans aucune ligne directrice commune ou sans orientations globales visant à construire un scénario harmonieux d’actions, assurant le con-cert nécessaire de ceux qui travaillent sur le terrain et connaissent aussi bien le phénomène que les besoins, malgré les sollicitations explicites contenues dans les recommandations communautaires. La loi 328/2000, stipulant de remettre en ordre les services sociaux et sanitaires, n’a pas introduit ce sujet parmi les points à aborder dans la programmation des Plans de Zone, avec les niveaux d’intégration nécessaires du système socio-sanitaire, laissant ainsi aux régions ou aux départements socio-sanitaires le choix d’introduire, parmi les priorités d’intervention, la violence de genre. Dans la réalité concrète, à ce niveau de pro-grammation, cette attitude a entraîné l’exclusion presque totale des actions visant à prévenir et à lutter contre la violence à l’égard des femmes. Il faut néanmoins souligner que certaines régions se sont dotées de mesures d’intervention spéci-fiques, ou bien dans les Plans Opérationnels (par exemple, la Sicile et les Pouilles

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sur la maltraitance et la violence, le Piémont sur le « traffiking »), ou encore dans les Plans d’application de la loi 328/2000 (Toscane, Emilie – Romagne, Sicile et Campanie, et de nombreuses autres), avec pourtant un accent spécifique mis sur la violence contre les mineurs, comme cela était prévu par l’intégration réglemen-taire par le biais de la loi 285, ou bien encore parmi les Accords de Programme Cadre (même si seule la Sicile prévoit un Accord spécifique qui a introduit, par rapport au sujet de l’Egalité des chances, la violence à l’égard des femmes en tant que domaine d’action pour faire démarrer les services de genre spécialisés). D’autres régions ont mis au point des lois spécifiques sur le problème de la vio-lence et des services nécessaires pour la combattre (Frioul, Pouilles, Basilicate, Province autonome de Bolzano) ou sont sur le point de les adopter (Ligurie, Abruzzes, Marches). Dans l’ensemble nous assistons à une augmentation de l’intérêt pour les phénoménologies de la violence au sein de la famille, mais sur-tout d’une attention prédominante pour les mineurs par rapport auxquels la ques-tion de l’ampleur de la violence de genre - très importante - et du contexte des rapports de genre où ils s’insèrent, semble toujours ignorée: cela ne contribue pas à développer une attention culturellement avertie à l’égard des violences contre les femmes. Pour les femmes, n’oublions pas qu’en Italie, depuis la fin des an-nées 80, il existe des Centres antiviolence et des maisons refuges gérés par des associations de femmes sur tout le territoire national, qui représente l’ossature des interventions en faveur des femmes victimes de la violence. L’expérience publi-que la plus importante est celle de la Municipalité de Venise, restée unique ju-squ’à il y a quelques années. Vers la moitié des années 90, supportées par la dif-fusion de la culture sur le travail de réseau, nous assistons aux premières expéri-ences de création de réseaux locaux, en général au niveau de municipalité, pour garantir des modes d’intervention plus efficaces. Ces réseaux se constituent gé-néralement autour des interventions mises au point par les Centres Antiviolence, produisent des informations et sensibilisent les opérateurs sociaux, sanitaires et les forces de l’ordre qui sont en contact avec les femmes victimes de la violence. A l’heure actuelle, c’est de toute manière une spécificité tout à fait italienne qui a permis la structuration de services d’accueil et d’hospitalité grâce à l’œuvre presque exclusive des associations de femmes, déterminant ainsi une influence directe sur les politiques locales (là où existaient les conditions pour structurer des partenariats ou des niveaux de concert et de négociation suffisants) ainsi que la naissance, le développement et la consolidation d’expériences importantes dans certaines villes ou régions italiennes, liées à un très fort sens de protago-nisme des associations et des femmes et des hommes qui travaillent dans des col-lectivités locales sensibles au développement de nouveaux services pour les per-sonnes et au sujet de la violence contre les femmes. Jusqu’à la fin des années 90, ce processus a marché pas à pas avec la “surdité” des institutions nationales, ce

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qui a produit l’absence d’un véritable dialogue entre ceux qui travaillent sur le terrain et ceux qui sont chargés de définir des systèmes d’intervention socio-sanitaires ou les politiques pour l’égalité des chances au niveau national, donc l’absence de lignes directrices même pour les régions et les municipalités où il n’existe pas de conditions idéales pour le développement de services gender ori-ented ciblés pour les femmes victimes de la violence. En 1998, la définition struc-turelle du projet pilote “Réseau Antiviolence parmi les villes Urban Italie”17 es-saye de créer pour la première fois une expérience de raccord entre les deux ni-veaux, à partir de la connaissance et de la comparaison des interventions réalisées sur le territoire national, ainsi que de répondre à une exigence d’interlocution qu’on ne pouvait plus ignorer.

Après le premier tour de recherches-actions, en 2005, l’appel d’offres GUCE 2005/S 120 – 118610 – du 24/06/2005, pour l’activation d’un “Réseau National Antiviolence” et l’organisation et la gestion d’un centre d’appels pour la mise en service d’un numéro vert expérimental à l’appui des femmes victimes de la vio-lence intra et extra familiale, de la Présidence du Conseil des Ministres – Dépar-tement pour les Droits et l’Egalité des chances, constitue une phase ultérieure dans la définition d’un système d’intervention qui intègre les différentes actions et les différents niveaux dans un contexte harmonique de développement de me-sures et de services pour les femmes victimes de la violence.

17 Pour la partie de règlementation et la description du parcours historique et conceptuel, voir les publications existantes et consulter le site www.antiviolenzadonna.it .

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2. La perception de la violence: femmes et hommes

par Maura Misiti

1. Le contexte de l’enquête sur la population

L’attention croissante à l’égard de la violence contre les femmes affichée par les gouvernements nationaux, les organismes internationaux, les associa-tions non gouvernementales et la communauté scientifique et illustrée au paragra-phe précédent a mis en évidence, entre autres, une conscience progressive de plus en plus marquée du besoin de disposer d’informations complètes, fiables et mises à jour sur la violence contre les femmes dans ses différentes manifestations afin de développer et de réaliser des stratégies efficaces, complètes et multidisciplinai-res pour combattre la violence.

Plus particulièrement, la Plateforme de Pékin a donné de l’élan à la collecte des données et aux recherches sur la violence contre les femmes. La demande faite aux gouvernements nationaux de renforcer la collecte des données et de diffuser leurs résultats ainsi que d’encourager la recherche des causes et les conséquences des différentes formes de violence contre les femmes, même à travers la collabo-ration avec les universités, les centres de recherche et les organisations de la so-ciété civile, pour développer les politiques et les réformes institutionnelles sur la violence contre les femmes (objectifs stratégiques D2 et H3, paragraphes 129 et 206), a entraîné un travail important pour le développement de méthodologies d’enquête, d’indicateurs communs et de renforcement de la comparabilité des données dans le temps et entre les différentes agrégations nationales et régionales. Dans ce contexte se situent les enquêtes Urban effectuées en Italie dans les deux phases temporelles successives. La méthodologie et les définitions adoptées s’inspirent des indications des agences internationales et de la littérature dispon-ibles à l’époque de la définition du projet pilote, et plus précisément de la défini-tion de violence adoptée par la Déclaration des Nations Unies pour l’élimination de la violence contre les femmes (1993), qui fournit un cadre vaste et exhaustif pour l’étude de la violence contre les femmes.

D’après cette déclaration, “la violence contre les femmes est tout acte de vio-lence de genre qui entraîne ou peut déboucher dans des dommages physiques,

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sexuels ou psychologiques ou souffrances pour les femmes, y compris des menaces de tels actes, l’imposition de contraintes ou la limitation arbitraire de la liberté, aussi bien dans le public que dans le privé”. (General Assembly resolution 48/104 of 20 December 1993, Article)1. C’est justement parce que la définition de violence con-tre les femmes est si vaste que la déclaration représente un bon cadre conceptuel pour son étude; toutefois, comme les caractéristiques des manifestations de la vio-lence sont largement variables, les méthodes d’enquête doivent s’adapter au type de violence faisant l’objet de l’étude. Comme cela a été affirmé au chapitre précédent, l’attention des enquêtes du Projet Urban se limite à la violence dans le couple et consiste à étudier la perception de la violence, l’enracinement des stéréotypes et la mesure de la prévalence2 de phénomènes violents dans des contextes locaux spéci-fiques. Le projet prend en compte de différents sujets d’analyse: le point de vue de la population (femmes et hommes), des opérateurs des services, des témoins privi-légiés des contextes étudiés, des femmes ayant subi la violence. Cela afin de ne pas contribuer uniquement à la connaissance du phénomène de la violence domestique, mais aussi de fournir des instruments d’interventions aux administrateurs des politiques locales et de donner de l’élan à la création de réseaux citadins afférant au réseau national. La méthodologie globale de recherche-action et celle des dif-férentes enquêtes qui la composent ont donc été harmonisées par rapport aux objec-tifs scientifiques et politiques du projet. La combinaison d’instruments et de méth-odes différents a donc répondu au besoin d’accueillir des exigences multiples et d’obtenir, dans la majorité absolue des cas, des données excellentes, des informa-tions et des indications pour des interventions finalisées à l’appui des femmes, ainsi que d’activer des initiatives vertueuses en connaissance de cause. Le comité scienti-fique qui s’est occupé de l’installation méthodologique du projet a essayé de consi-dérer le thème de la violence et de sa perception suivant les approches les plus

1 La Déclaration considère de manière spécifique un éventail d’actes et de circonstances compris dans la définition: violence physique, sexuelle, psychologique au sein de la famille y compris les mal traitements, les abus sexuels des petites filles, la violence liée au dot, viol par le partenaire, mutilations génitales féminines et autres pratiques traditionnelles au détriment des femmes, violence extra conjugale et violence liée à l’exploitation; violence physique sexuelle psychologique dans la vie collective y compris le viol, l’abus sexuel, les harcèlements sexuels sur le lieu de travail, les institutions scolaires et ailleurs trafic et prostitution forcée; violence physique sexuelle psychologique exercée ou tolérée par l’état.

2 Pourcentage de personnes dans un groupe démographique ayant subi une forme de violen-ce dans une période de temps spécifique, comme au cours de la vie de la personne ou au cours des 12 mois précédents (Final Report of Expert Group Meeting on Violence against women: a statistical overview, challenges and gaps in data collection and methodology and approaches for overcoming them. UN Division for the Advancement of Women in collaboration with: E-conomic Commission for Europe (ECE) and World Health Organization, (WHO) 11. 14 April, 2005 Geneva Switzerland).

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agréées et recommandées par l’expérience des agences nationales et internationales, à savoir selon une approche combinée d’analyse, comptoir de collecte des informa-tions officielles, enquêtes par sondage ad hoc sur la population et les services, ins-truments qualitatifs tels que les interviews approfondies. Si l’objectif final est de représenter la violence contre les femmes au sein de la famille dans un cadre uni-taire quantitatif et qualitatif, exhaustif et nuancé, la lecture des résultats de chaque composant des différentes phases d’enquête constitue, par la rigueur méthod-ologique et l’ampleur des relevés, un résultat très important et significatif.

2. Les femmes et les hommes dans les villes du Réseau Urban

La deuxième phase du Projet Urban a concerné, comme cela a déjà été remarqué, 17 villes qui ont adhéré au Réseau Antiviolence activé au cours de la phase pré-cédente; toutes ces villes ont participé à la première macroaction concernant la réalisa-tion des différentes enquêtes sur le terrain. Les données que nous allons commenter dans cette partie du rapport découlent de l’agrégation des résultats des sondages me-nés par téléphone (CATI), adressées à la population et ayant eu lieu dans chaque ville; il est important de remarquer que, tandis que chaque échantillon citadin se réfère à la population globale (ou à la zone Urban de référence) et représente la structure par sexe et par âge (18 - 59 ans) de chaque ville ou zone Urban de la ville, le total que nous présentons ne peut en revanche pas être considéré comme représentatif mais tout simplement indicatif de l’ensemble des villes qui dans cette phase ont adhéré au ré-seau. Cela n’empêche qu’il s’agit d’un nombre élevé d’interviews sur un phénomène très peu connu comme celui de la perception de la violence contre les femmes et que les données collectées, au-delà de la contribution scientifique importante pour le faire connaître, sont essentielles dans le cadre global des projets citadins car elles représen-tent la base de connaissances nécessaires à la mise en place des actions de réseau enga-gées dans chaque ville. En plus, il sera nécessaire de considérer dans l’analyse agrégée des données qu’il s’agit d’un ensemble de villes hétérogène pour différentes raisons:

Géographique, nous avons trois grandes villes du nord, à savoir Gênes, Turin et Trieste, Carrare et Pescara au centre, la plupart au sud et en Sicile; Dimensionnelle, il existe des centres très petits tels que Misterbianco et Mola di Bari et des grandes villes telles que Turin, Gênes et Bari; Economique et fonctionnelle, le groupe comprend des villes portuaires, des villes industrielles, des villes tertiaires et des villes chef-lieu. Malheureusement, toutes les villes participant au projet n’ont pas suivi les indi-

cations de travail prévues afin de rendre les données des enquêtes sur le terrain comparables; l’adoption de différentes modalités de réalisation de la collecte des données ainsi que de leur traitement n’a pas permis, dans cette phase finale

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d’analyse globale et de comparaison entre réalités différentes, d’inclure toutes les villes dans le fichier unique en fonction duquel les analyses et les traitements sont présentés dans ce chapitre. On fera néanmoins part des principaux résultats des villes non comprises3. En outre, la variable concernant l’appartenance à la zone Urban n’a été introduite que dans quelques cas, par conséquent il n’a pas été pos-sible d’évaluer l’influence potentielle de cet élément.

Dans chaque ville, l’indication était de réaliser 1000 interviews à des femmes et 300 à des hommes d’âge compris entre 18 et 59 ans, correspondant à ¾ des femmes et à ¼ des hommes dans chaque ville, globalement 19.856 personnes dont 4.771 hommes et 15.085 femmes. Le Tableau 2.1 illustre le nombre d’interviews valables effectuées dans chaque ville à des hommes et des femmes. L’enquête se réfère à la population d’âge compris entre 18 et 59 ans, une vaste tranche centrale dont les ca-ractéristiques peuvent servir de guide pour l’interprétation successive des données.

Tableau 2.1 – Hommes et femmes interviewés dans les villes Urban, valeurs absolues

Hommes Femmes Total

BARI 303 1000 1303 BRINDISI 300 1000 1300 CAGLIARI 355 978 1333 CARRARE 300 1000 1300 CASERTE 300 1000 1300 CATANZARO 544 1005 1549 COSENZA 300 1000 1300 CROTONE 300 1004 1304 GÊNES 302 1008 1310 MISTERBIANCO 272 987 1259 MOLA DI BARI 300 1048 1348 PESCARA 295 1008 1303 SALERNE 302 1003 1305 SYRACUSE 300 1000 1300 TARANTO 301 1042 1343 TORINO 301 1001 1302 TRIESTE 300 1002 1302 Total 5375 17086 22461

3 Bari et Turin.

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Parmi les femmes interviewées on observe une légère prédominance de per-sonnes adultes par rapport aux hommes (Tableau 2.2).

Tableau 2.2 – Caractéristiques structurelles de l’échantillon par sexe, données en %

Classes d’âge Hommes Valeurs absolues %

18-29 1442 30,3

30-49 2268 47,6

50-59 1054 22,1

Total 4764 100,0

Classes d’âge Femmes Valeurs absolues %

18-24 1874 12,5

25-34 3554 23,6

35-49 5963 39,6

50-59 3650 24,3

Total 15041 100,0

Etat civil Hommes Femmes Total

Célibataire 47,6 27,9 32,6

Mariée/é 46,9 64,2 60,0

Séparée/é – divorcée/é 4,6 5,0 4,9

Veuve /veuf 1,0 3,0 2,5

Type de vie commune Hommes Femmes Total

Seule/seul 9,6 5,3 6,3

Avec ses enfants 24,9 37,5 34,5

Avec son partenaire 24,0 30,6 29,0 Avec son nouveau partenaire 1,2 0,8 0,9 Avec sa famille d’origine 36,7 21,8 25,4 Avec ses compagnons/onnes 1,5 1,4 1,4

Avec d’autres membres de la famille

2 3 2,5

100,0 100,0 100,0

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Tableau 2.2 (suite) - Caractéristiques structurelles de l’échantillon par sexe, données en %

Position de travail Hommes Femmes Total Employée/è 65,0 38,3 44,7 Chômeuse/eur 5,7 8,7 8,0 A la recherche d’emploi 3,8 3,4 3,5 Ménagère 0,0 35,0 26,7 Etudiant/te 16,9 10,8 12,2 Retraitée/é 7,5 3,7 4,6

Inhabile au travail – Handicapée/e 0,7 0,2 0,3 100,0 100,0 100,0 Position de travail Hommes Femmes Total Dirigent 3,7 2,0 2,6 Directeur-cadre 4,5 2,5 3,2 Ouvrière/er commune/un 7,9 6,2 6,8 Ouvrière/er spécialisée/é 9,6 3,5 5,7 Employée/é exécutive/f 13,4 14,9 14,4 Employée/é conceptuelle/el 12,9 16,8 15,4 Enseignant 5,2 18,6 13,9 Militaire- représ. Forces de

l’ordre 4,3 1,5 2,5

Artisane/an 3,6 1,8 2,5 Commerçant, représentant 7,4 6,1 6,6 Entrepreneuse/eur 3,3 1,9 2,4 Professionnels 12,8 7,3 9,2 Propriétaire, locataire agricole

2,1 0,9 1,4

Femme de ménage 0,2 4,0 2,6 Autre 8,9 12,0 11,0 100,0 100,0 100,0 Niveau scolaire Hommes Femmes Total

Aucune scolarité – Ec. Élémentai-re

4,0 11,1 9,4

Ecole secondaire 19,1 24,2 23,0 Baccalauréat 57,7 49,1 51,2 Maîtrise 19,2 15,5 16,4 100,0 100,0 100,0

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Si dans l’ensemble, les interviewés sont dans la majorité des cas mariés, ce-la est largement dû au fait que cette condition est très répandue parmi les femmes, alors que parmi les hommes la proportion des célibataires correspond à celle des mariés, un aspect à mettre en corrélation à la tendance des femmes à se marier précocement ainsi qu’à une plus grande présence de personnes en âge mûr parmi ces dernières.

Tableau 2.3 – Caractéristiques des interviewées dans les villes Urban selon leur condition professionnelle, %

em

ploy

ée

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hôm

age

à la

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pre

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te

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raité

e

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abi a

u

tra

vail

Tot

al

TRIESTE 65,1 4,4 0,6 14,7 7,9 6,9 0,4 100,0 PESCARA 57,2 6,9 3,6 14,1 15,2 3,0 0,0 100,0 CATANZARO 51,8 5,5 6,6 7,7 26,1 2,2 0,1 100,0 GÊNES 51,5 4,8 1,6 25,0 7,9 8,9 0,3 100,0 SYRACUSE 48,6 8,9 2,9 23,6 10,5 4,8 0,5 100,0 SALERNE 48,5 9,4 3,9 22,4 12,4 3,2 0,2 100,0 CASERTE 48,1 8,7 3,5 20,2 14,6 4,7 0,2 100,0 CARRARE 46,3 6,2 1,8 32,0 8,5 4,7 0,4 100,0 Total 44,7 8,0 3,5 26,7 12,2 4,6 0,3 100,0 CAGLIARI 43,5 8,0 4,5 22,8 14,9 5,8 0,6 100,0 BRINDISI 39,5 7,0 4,8 33,7 10,1 4,6 0,3 100,0 COSENZA 37,0 9,8 3,8 32,1 11,0 5,9 0,4 100,0 MOLA DI BARI 36,1 5,3 3,6 40,4 11,5 2,8 0,2 100,0 CROTONE 36,0 24,8 4,2 18,4 13,3 3,0 0,3 100,0 TARENTE 33,4 4,3 2,2 46,7 7,4 5,8 0,3 100,0 MISTERBIANCO 26,9 6,1 4,5 49,2 9,7 3,0 0,6 100,0

Par conséquent, l’incidence de femmes vivant avec leur partenaire ou avec leurs enfants est plus élevée par rapport à l’incidence des hommes qui font, en revanche, état de vivre seuls ou avec leur famille d’origine dans la plupart des cas. Les différences observées par rapport à l’emploi et à la position d’emploi sont très marquées. Chez les populations urbaines considérées, le pourcentage des femmes employées est de 38% par rapport à 65% des hommes. Il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit pas d’un ensemble homogène de réalités urbaines, et pour cause, dans le cas de l’emploi, les différences sont très importantes comme cela apparaît dans le Tableau 2.3.

Le pourcentage des femmes employées varie entre 62% de Trieste à 17,5% de Misterbianco, alors que la donnée de Crotone est alarmante : une femme sur quatre se déclare chômeuse lorsque la donnée moyenne est de 8% ; ou en-

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core le cas de Misterbianco où la moitié des femmes se déclare ménagère, lor-sque la moyenne italienne en 2001 correspond à environ 15% (donnée référée à la population ayant plus de 15 ans) comme dans le cas de Trieste et Pescara. Enfin, le pourcentage de retraitées qui oscille entre 9% et 7% à Gênes et Trie-ste reflète en revanche les différences de la structure par âge outre à une diffé-rente structure du marché du travail, et descend à 3% à Misterbianco.

Lorsqu’on considère la position professionnelle, on ne peut se passer de con-stater que dans les villes ayant pris part au projet, les femmes sont systé-matiquement sous-représentées par rapport aux hommes dans toutes les fonc-tions de plus grande responsabilité, prestige et rémunération ; en revanche, elles sont beaucoup plus nombreuses parmi les enseignants et les employées. Pour ce qui est du niveau d’instruction, la forte présence de personnes mûres parmi les femmes fait monter la proportion des personnes qui n’ont aucun certificat scolaire ou ayant tout simplement un certificat d’instruction élémentaire et cette proportion est presque trois fois plus élevée chez les femmes, alors que plus nombreuses sont celles qui ont un titre d’instruction secondaire ; chez les hom-mes, les diplômés sont plus nombreux, mais cette donnée est également influ-encée par le fait que le segment des jeunes filles est sous-représenté.

3. Communication publique et traitement subjectif: les sources de connaissance et l’identification des causes de la violence contre les femmes

Avant d’entrer dans le détail de l’analyse de la perception individuelle de la violence au sein de la famille, la structure du questionnaire nous amène à ex-aminer le contexte public au sein duquel le phénomène de la violence contre les femmes se conceptualise, soit les modalités par lesquelles les femmes et les hommes entrent en contact et comprennent les communications et les in-formations concernant ce sujet.

Cela est bien connu, il s’agit d’un sujet qui est longtemps resté caché et méconnu, dominé par le silence ou circulant à peine dans des milieux très re-streints. La médiatisation récente et croissante d’épisodes de violence contre les femmes a effectivement répandu plus d’informations à cet égard, mais, comme la violence domestique n’occupe les premières pages des journaux que lorsqu’elle atteint des niveaux de gravité qu’il est impossible d’ignorer ou lorsqu’elle implique des formes de crime très graves contre la personne, l’information apparaît souvent déformée et traitée pour faire sensation, car il s’agit d’un sujet très « sensible » non seulement pour son contenu, mais aussi pour le niveau émotionnel très élevé qu’il implique. La communication qui en

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résulte tend, dans la plupart des cas, à couvrir l’élément envahissant, transver-sal et structurel des différentes formes de violence exercées contre les femmes (Kitzinger J. 2004).

Pour cette raison, le questionnaire utilisé dans l’enquête définit de manière ponctuelle les formes de violence auxquelles on se rapporte et envisage d’en faire une liste précise aux interviewés juste dans l’introduction à la question sur les modes d’acquisition des informations sur la violence contre les femmes. L’information est dominée par la télévision qui représente la source primaire d’acquisition de nouvelles pour plus de 80% de l’échantillon total. A une distance considérable de la télévision se situent les médias de presse et les amis, alors que les rapports de travail et la radio semblent jouer un rôle mar-ginal. Cette distribution confirme ce qui a déjà été observé par la tranche d’enquêtes précédente Urban et par le relevé de Eurobarometro de 1999 (EC DG X, 1999). Elle souligne encore plus l’importance stratégique de la com-munication audiovisuelle dans la circulation d’informations précises et équili-brées sur le phénomène de la violence. Une attention particulière doit s’attacher à ceux qui répondent qu’ils n’ont jamais entendu parler de violence domestique, soit 2% de la population interviewée, même s’il s’agit, dans l’ensemble, d’un pourcentage très faible mais il faut remarquer que dans cer-taines villes cette proportion atteint un poids considérable (8% à Tarente, 4% à Misterbianco où il atteint 6,6% chez les hommes, environ 3% à Syracuse et à Gênes) confirmant ainsi que la culture et la loi du silence existent encore dans certains mondes (Tableau 3.1).

A l’intérieur de ce schéma global qui est plus ou moins commun à toutes les villes, il est possible de remarquer une pluralité de modèles d’accès aux informations qui varie d’une situation telle que celle de Crotone, Cosenza, Salerne, Brindisi, Mola di Bari et Pescara, où la source télévision absorbe tous les autres vecteurs de circulation de nouvelles avec 93% des options, à d’autres situations où s’affirment d’autres moyens de transmission et de cir-culation des informations qui caractérisent les réalités locales par les moyens indiqués par les interviewés : les journaux à Trieste 73%, à Pescara 67%, à Gênes 63% et à Carrare 61%; la radio à Gênes 23%, Trieste et Pescare 22%, les réseaux d’amis à Cosenza 27%, Catanzaro, Pescara et Gênes; les rapports sur le lieu de travail à Trieste, Pescare, Catanzaro, Gênes et Syracuse.

Voyons maintenant plus en détail les caractéristiques des utilisateurs des principaux moyens d’informations afin de dessiner des profils d’utilisateurs plus précis permettant d’identifier les segments exclus de la communication sur le phénomène de la violence et éventuellement orienter les actions de sen-sibilisation et de divulgation de manière plus efficace. Les modalités d’acquisition ne diffèrent pas beaucoup entre les hommes et les femmes, le

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poids de ceux qui disent qu’ils n’ont jamais entendu parler de violence est en fait équivalent, alors que on peut signaler une plus grande utilisation de mo-yens tels que la radio et les journaux par les hommes, des réseaux de com-pagnons et collègues et la télévision par les femmes.

En revanche, le niveau d’instruction influence davantage les différences en-tre les modèles d’utilisation des différents moyens. En effet, la proportion de ceux qui n’ont aucun type d’information sur la violence double (4%) parmi ceux qui possèdent un certificat d’instruction de bas niveau (certificat d’école élémentaire) et descend progressivement jusqu’à 1% parmi les diplômés. Ces derniers utilisent moins la télévision (82%) en faveur des journaux et de la radio et entretiennent des rapports de communication intenses avec les collègues de travail (5% par rapport à 2% en moyenne). L’âge des interviewés joue un rôle

Tableau 3.1 - “Vous en avez entendu parler?” Les sources d’information sur la violence contre les femmes, % par ville rapportés à la première réponse sur le total des cas

Oui, à la télé-vision

Oui,dans les

jour-naux

Oui,par des amis,

compa-gnons

Non, jamais

Oui,d’une autre

manière

Oui, au travail

Oui,à la

radio

Total

TARENTE 87,8 1,5 1,4 8,1 0,5 0,4 0,3 100,0 MISTERBIANCO 82,5 2,3 6,1 4,1 2,4 1,2 1,4 100,0 SYRACUSE 82,1 2,9 6,3 3,4 2,0 2,7 0,5 100,0 GÊNES 76,5 12,7 2,5 3,3 0,4 1,1 3,4 100,0 MOLA DI BARI 92,1 1,6 2,2 2,5 0,5 0,8 0,1 100,0 Total 81,6 6,3 4,5 2,1 2,0 1,9 1,6 100,0 CARRARE 87,0 5,5 2,1 1,8 1,6 1,8 0,2 100,0 BRINDISI 92,6 1,3 2,4 1,5 - 1,9 0,2 100,0 CAGLIARI 78,0 12,3 4,4 1,4 1,1 1,5 1,3 100,0 CASERTE 68,0 15,2 8,4 1,4 1,5 3,2 2,3 100,0 SALERNE 93,6 0,9 2,1 1,1 0,8 1,4 0,2 100,0 CATANZARO 45,8 9,2 17,6 1,1 14,1 5,2 7,0 100,0 COSENZA 94,5 1,1 1,8 0,9 0,5 0,5 0,6 100,0 PESCARA 93,4 3,1 1,3 0,6 0,2 0,5 0,9 100,0 TRIESTE 65,2 21,6 4,1 0,4 1,5 5,5 1,7 100,0 CROTONE 91,2 2,7 2,0 0,2 0,3 1,0 2,6 100,0

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également important: chez les femmes, ce sont celles entre 50-59 ans qui font enregistrer le taux le plus élevé de celles qui n’ont aucune information (2,8%) alors que chez les hommes ce sont surtout les plus jeunes (18-29 ans) qui n’ont jamais entendu parler de violence (3,3%).

Les femmes les plus âgées tendent à privilégier les journaux, alors que chez les jeunes filles et les garçons la radio, les compagnons et les modalités alter-natives acquièrent une importance plus grande au détriment de la télévision. Pour ce qui est de l’état civil, il semble intéressant de remarquer que les per-sonnes séparées et divorcées ont plus tendance à privilégier les journaux et les amis, ce groupe apparaît comme le plus informé au sujet de la violence par rapport à tous les autres groupes (seul 0,6% n’a jamais entendu parler de vio-lence). Enfin, la condition d’emploi fournit des indications utiles sur les dif-férentes typologies de catégories qui utilisent les informations; les femmes au foyer et les chômeurs utilisent davantage la télévision alors que les retraités préfèrent les journaux, les plus jeunes (étudiants et étudiantes) choisissent la radio et les amis, enfin les employés privilégient les rapports avec leurs collè-gues de travail (Tableau 3.2).

Le processus d’élaboration que les femmes et les hommes opèrent dans l’identification des causes de la violence contre les femmes est corrélé de manière logique au modèle d’acquisition des informations, il s’agit d’un pre-mier pas franchi vers la définition de la perception du phénomène. Avant d’entrer dans le détail de l’analyse des données collectées, il vaut la peine d’essayer d’évaluer les différences entre les deux agrégations de villes ayant participé à l’enquête Urban: le classement des causes ne diffère pas beaucoup dans cette tranche d’enquêtes par rapport à la phase précédente. Ce qui change est l’ampleur des causes indiquées et l’affirmation d’une conscience crois-sante du pouvoir des moyens d’information dans la diffusion d’une culture de la violence, de l’influence de facteurs hexogènes qui altèrent le comporte-ment, comme par exemple l’abus de drogues et d’alcool et l’histoire passée de violences subies; en revanche, certains facteurs perdent de l’importance tout en restant dans les rangs élevés du classement, tels que la résignation à la na-ture violente de l’homme, le facteur de la provocation et la prédisposition gé-nétique (Tableau 3.3).

Malheureusement, il n’est pas possible d’établir jusqu’à quel point les dif-férences sont imputables au facteur du temps ou à d’autres cultures des villes, mais on peut certes affirmer qu’il existe des éléments positifs dans le recul des positions « fatalistes – justifiantes » qui culpabilisent des explications moins stéréotypées.

Si on considère l’ensemble des réponses fournies par les interviewés dans les villes prises en compte et indiquées dans le Tableau 3.3 dans un ordre dé-

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croissant, nous remarquons qu’il y a des explications prédominantes qui d’un côté justifient la violence sexuelle par une interprétation fataliste et passive des comportements agressifs (la cause génétique, l’homme est comme ça …), et de l’autre attribuent à certains comportements des femmes la responsabilité d’actions agressives justifiées par la « provocation » (la diffusion de certains comportements des femmes) et il ne relève pas du hasard si ce type de raison-nement prévaut parmi les hommes.

Tableau 3.2 – Sources d’information sur la violence par niveau d’éducation, % sur le total des cas

Elémentaire Secon-daire

Bac Diplôme Totale

Non, jamais 76 24 1187 34 421 % 4,1 2,7 1,8 1,0 2,1 Oui, à la télévision 1656 4051 8577 2672 16956 % 89,0 88,9 84,7 85,7 82,3 Oui, à la radio 133 411 1294 521 2359 % 7,1 9,0 12,8 16,0 11,9 Oui, dans les journaux 523 1726 4661 1695 8605% 28,1 37,9 46,0 52,2 43,5 Oui, par des amis, compagnons 266 643 1703 531 3143% 14,3 14,1 16,8 16,3 15,9 Oui, au travail 32 120 567 421 1140 % 1,7 2,6 5,6 13,0 5,8 Oui, d’une autre manière 69 183 635 197 1084% 3,7 4,0 6,3 6,1 5,5 Total 1861 4559 10122 3248 19790 % 9,4 23,0 51,1 16,4 100,0

Tableau 3.3 – Comparaisons Enquêtes Urban – Identification des causes de la violence con-tre les femmes, % sur le total des cas

Causes 2004-2005 1999-2000 écart %

Le fait d’avoir une prédisposition génétique au comportement violent

23,7 27,1 -3,4

La diffusion de certains comportements 14,7 19,5 -4,8 Un niveau d’instruction modeste 14,3 14,5 -0,2 La façon dont les hommes considèrent les femmes 13,9 13,4 0,5 Parce que l’homme est comme ça 12,9 20,3 -7,4

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Les moyens d’information 12,7 6,1 6,6 Le fait d’avoir été victime d’actes de violence 11,1 7,0 4,1 Manque de valeurs (de leur respect) 10,1 6,5 3,6 L’abus de drogues ou d’alcool 9,8 4,8 5,0 Les problèmes de l’homme dus à une plus grande autonomie des femmes

8,9 7,3 1,6

Malaise social 6,4 6,7 -0,3 Autre 5,4 9,8 -4,4 La manière dont le pouvoir est partagé entre les hommes et les femmes dans notre société 5,2 4,2 1,0Le chômage 4,6 2,4 2,2 La pauvreté 4,2 2,2 2,0

Tableau 3.3(suite) – Les causes de la violence sexuelle, % par sexe référées au total des cas

Causes Hommes Femmes Total Le fait d’avoir une prédisposition généti-que au comportement violent 23,8 23,7 23,7 La diffusion de certains comportements des femmes 15,3 14,5 14,7 Un niveau d’instruction modeste 16,0 13,8 14,3 La façon dont les hommes considèrent les femmes 13,4 14,0 13,9 Parce que l’homme est comme ça 10,8 13,5 12,9 Les moyens d’information 14,1 12,2 12,7 Le fait d’avoir été victime d’actes de vio-lence 10,4 11,4 11,1 Manque de valeurs (de leur respect) 9,3 10,3 10,1 L’ abus de drogues ou d’alcool 11,4 9,3 9,8 Les problèmes de l’homme dus à une plus grande autonomie des femmes 8,9 8,9 8,9 Malaise social 6,8 6,3 6,4 La manière dont le pouvoir est partagé entre les hommes et les femmes dans notre société 4,8 5,3 5,2 Le chômage 4,8 4,5 4,6 La pauvreté 3,9 4,2 Autre 5,7 5,4 5,4 Aucune réponse 13,1 15,2 14,7 Total 4451 13941 18392

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Un niveau d’instruction modeste se classe au troisième rang et c’est là un autre stéréotype affirmé qui tend à limiter et à réduire la phénoménologie de la violence à des typologies sociales spécifiques, car, dans la réalité, les don-nées et l’expérience définissent la violence contre les femmes en tant que phénomène transversal aux classes sociales et à la position sociale. Pour les deux sexes, il existe l’affirmation d’un état de fait, à savoir d’une différence dans la façon dont les hommes regardent les femmes. Si pour les femmes ce sont surtout les raisons liées aux valeurs et au respect qui prédominent, pour les hommes ce sont surtout les effets des altérations dues à l’abus de drogues ou d’alcool. Sans différence entre les hommes et les femmes, s’affirme également la conscience du fait que l’affirmation progressive de l’autonomie féminine et l’asymétrie des rapports de pouvoir peuvent entraîner des changements dans les rapports intimes entre les femmes et les hommes.

Les causes sociales indirectes de la violence ont, comme nous l’avons vu, saisi l’attention des interviewés, mais elles restent de toute manières aux der-niers rangs du classement. Une vision qui privilégie une lecture fataliste et passive du phénomène de la violence contre les femmes.

4. La qualité de la vie urbaine et la sécurité des femmes dans les villes

Les thèmes de la qualité de la vie urbaine et de la sécurité représentent des aspects fondamentaux de la cohabitation civile, mais ce n’est pas seulement en fonction de cette perspective d’analyse que ces sujets ont été proposés au début de l’interview. En effet, la perception de la sécurité et de la liberté de mouvement, surtout pour les femmes, représentent les conditions de base pour une vie sereine, le reflet d’une sérénité qui, à partir de la sphère publique, se répand à la sphère privée. La perception des conditions globales de la qualité de la vie de quartier, non seulement par rapport à la sensation subjective de sécurité personnelle (ou des femmes en général), mais aussi par rapport au contexte de la ville, représentent donc à notre avis une introduction appropriée et significative au sujet plus spécifique de la violence domestique.

Compte tenu de la structure rigide du marché des habitations dans les villes ita-liennes, il n’est par surprenant de remarquer que plus de 70% de la population in-terviewée vive dans le même quartier depuis toujours ou depuis longtemps ; pour-tant, même si plus de la moitié des interviewés se déclarent satisfaits (56%), ou résignés (35%), il existe néanmoins 9% des gens qui ressentent un malaise pro-fond et souhaiteraient changer de quartier; et cette difficulté est encore plus pe-rçue par ceux qui habitent le même quartier depuis plus longtemps.

Si on jette un coup d’œil au classement du malaise représenté par le Gra-

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phique 4.1, on remarque une variabilité considérable qui s’est manifestée parmi les villes Urban. Au sommet, nous retrouvons Tarente, où un cita-din/ine sur cinq déclare vouloir changer de quartier d’habitation à cause des problèmes rencontrés dans le sien. Plus bas, les villes où la population inter-viewée signale un malaise plus fort que dans la moyenne sont dans l’ordre Cosenza, Catanzaro, Syracuse et Salerne. De l’autre côté du classement, Cro-tone, où le sens de malaise « habitatif » atteint son minimum (3,1%), et puis à une certaine distance Gênes, Trieste, Misterbianco et Turin (3,5).

Passons maintenant à la question de la sécurité. La majorité écrasante des in-terviewés (88%) ne considèrent pas leur quartier comme plus à risque que d’autres sur le plan de la sécurité pour les femmes, mais il existe quand même 12% qui considèrent l’environnement urbain comme menaçant ou non sûr pour les femmes. Ce résultat ne représente qu’une moyenne des villes considérées et il vaut donc la peine de voir comment ce pourcentage s’étale parmi les différen-tes réalités urbaines. Le graphique 4.2 représente le classement des villes par rapport aux réponses indiquant la perception du niveau de risque.

Tableau 4.1 – Population des villes Urban par permanence dans le quartier de résidence et opinion sur la qualité de la vie dans le quartier, % sur le total

Qualité de la vie dans le quartier Depuis combien d’années

Bonne, ne sou-haite

Il existe des problèmes comme ailleurs

Il y a beau-coup de problèmes et préférerait changer

Total

Depuis toujours, j’y suis née/né

16,5 10,6 2,4 29,5

Depuis plus de 10 ans, mais non depuis toujours

23,7 15,1 4,0 42,8

De 8 à 10 ans 4,8 3,5 0,9 9,1 De 3 à 7 ans 6,9 3,8 1,0 11,7 Depuis moins de 3 ans

4,0 2,0 0,8 6,9

Total 55,9 35,0 9,1 100,0

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Au premier rang nous trouvons Salerne où le pourcentage dépasse 20%, talonnée par Syracuse, Tarente et Cosenza, des villes où la perception de mal-aise et de situations problématiques en général s’est déjà avérée plus aiguë.

Au premier rang nous trouvons Salerne où le pourcentage dépasse 20%, ta

Graphique 4.1 Pourcentage de la population qui considère son quar-tier comme très problématique et souhaiterait vivre ailleurs, par ville

3,1

5,76,2

6,67,3

7,37,3

8,38,6

9,19,1

10,210,8

12,112,2

21,0

0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0

CROTONE

GÊNESTRIESTE

MISTERBIANCOPESCARA

CARRAREMOLA DI BARI

BRINDISICASERTE

CAGLIARITotal

SALERNESYRACUSE

CATANZAROCOSENZA

TARENTE

Graphique 4.2 Pourcentage de population qui considère son quartier plus à risque pour la sécurité de femmes que d’autres zones

de la ville

1,7

5,1

8,6

10,1

10,8

11,1

11,1

11,5

12,1

12,7

12,8

15,0

15,6

17,6

18,0

21,0

CATANZARO

CROTONE

TRIESTE

PESCARA

GÊNES

CARRERE

MISTERBIANCO

CASERTE

TOTAL

BRINDISI

CAGLIARI

MOLA DI BARI

COSENZA

TARENTE

SIYACUSE

SALERNE

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Au premier rang nous trouvons Salerne où le pourcentage dépasse 20%, ta-lonnée par Syracuse, Tarente et Cosenza, des villes où la perception de ma-laise et de situations problématiques en général s’est déjà avérée plus aiguë.

Aux derniers rangs, tout de suite après Catanzaro qui fait enregistrer la va-leur minimum de la distribution, nous retrouvons Crotone et Trieste, qui confirment un niveau de satisfaction plus élevé de la qualité urbaine et une sensation d’insécurité plus modeste. Naturellement, la perception du risque change en fonction de la personne qui répond, mais pas partout de la même manière. En général, nous observons que les femmes font état d’un sens d’insécurité plus fort (+1,3 points %), mais il y a des villes où ce sont en re-vanche les hommes qui se disent plus inquiets à cet égard, comme par exem-ple à Tarente, Syracuse et Catanzaro (Tableau 4.2).

Dans la plupart des cas, toutefois, les femmes manifestent une plus grande in-quiétude par rapport aux hommes et cela est vrai notamment pour les villes de Cagliari, Misterbianco, Carrare et Crotone. L’âge et le niveau d’instruction n’influencent pas de manière fondamentale la perception de la sécurité du milieu urbain pour les femmes, mais on peut dire que, pour les femmes aussi bien que pour les hommes, la perception du risque augmente au fil de l’âge. De même, plus le niveau d’instruction est bas, plus la perception du risque se fait intense .

Tableau 4.2 – Population qui considère son quartier comme plus à risque pour la sécurité des femmes par rapport à d’autres zones, ville, % par sexe Ville Hommes Femmes Total Différence entre les

hommes et les femmes SALERNE 19,9 21,5 21,1 1,7 SYRACUSE 20,3 17,3 18,0 -3,0 TARENTE 20,6 16,7 17,6 -3,9 COSENZA 14,7 15,9 15,6 1,2 MOLA DI BARI 14,7 15,1 15,0 0,4 CAGLIARI 8,7 14,3 12,8 5,6 BRINDISI 11,3 13,1 12,7 1,8

TOTAL 11,1 12,4 12,1 1,3 CASERTE 10,7 11,8 11,5 1,0 MISTERBIANCO 8,2 11,9 11,1 3,7 CARRARE 9,0 11,7 11,1 2,7 GÊNES 10,9 10,7 10,8 -0,2 PESCARA 10,5 9,9 10,1 -0,6 TRIESTE 7,6 8,9 8,6 1,3 CROTONE 3,3 5,7 5,1 2,3 CATANZARO 2,8 1,2 1,7 -1,6

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Avec la question suivante, on entre véritablement au cœur du sujet principal, ce-lui de la perception du phénomène de la violence sexuelle actualisée dans le contexte spécifique de la résidence quotidienne et de la connaissance directe expri-mée en demandant d’évaluer la fréquence de cas de violence sexuelle.Dans ce cas encore, la grande majorité des gens interviewés (80,7%) ne considère pas les cas d’agressions et de violence dans le quartier comme fréquents, mais il existe 2,2%, soit 435 personnes, qui en revanche pensent que dans leur quartier les cas de vio-lence sexuelle sont fréquents ; parmi ces personnes, la perception du risque de la part des femmes est légèrement plus élevée (Tableau 4.3).

Tableau 4.3 – Est-ce que dans votre quartier les cas de violence sexuelle contre les femmes sont fréquents?

Ville Non Oui Je ne sais pas Total SYRACUSE 74,5 3,4 22,1 100,0 GÊNES 86,9 3,1 10,0 100,0 CAGLIARI 81,3 2,9 15,8 100,0 TARENTE 80,6 2,9 16,5 100,0 CASERTE 76,5 2,7 20,8 100,0 COSENZA 85,9 2,5 11,5 100,0 SALERNE 90,1 2,3 7,7 100,0 Total 80,7 2,2 17,1 100,0 BRINDISI 85,5 2,0 12,5 100,0 PESCARA 67,1 2,0 30,9 100,0 MOLA DI BARI 92,5 1,9 5,6 100,0 MISTERBIANCO 90,6 1,9 7,6 100,0 CARRARE 88,1 1,8 10,1 100,0 TRIESTE 84,0 1,5 14,5 100,0 CATANZARO 43,0 1,4 55,6 100,0 CROTONE 90,6 1,0 8,4 100,0

Ce pourcentage oscille entre un niveau maximum de 3,4% à Syracuse et un ni-veau minimum à Crotone de 1%. L’évaluation qu’en font les femmes et les hom-mes ne diffère pas de manière significative, à l’exception des villes de Caserte, Cagliari et Salerne où les femmes parlent d’une fréquence plus élevée des cas de violence et Carrare où en revanche ce sont les hommes qui ont une plus forte per-ception du danger de la violence. Environ 17% ceux qui ne savent pas répondre; le pourcentage des gens qui n’ont pas été en mesure de donner une réponse atteint presque 56% à Catanzaro et s’avère élevé également à Pescara, Syracuse et Caserte, alors qu’il est faible à Mola di Bari, Salerne et Misterbianco.

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Comme le montre le graphique 4.3, la perception de la sécurité varie considéra-blement d’une ville à l’autre. Il existe des villes où le sens de sécurité absolue est perçu par la presque totalité des citadins. Tel est le cas de Misterbianco, Carrare, Mola di Bari et Trieste et même la « sécurité conditionnée » reste faible, alors que l’absence de sécurité semble limitée, moins de 3%. Au-dessous de la moyenne, se trouve un groupe de villes où la perception d’insécurité totale ou partielle fait un bond à des niveaux alarmants, comme par exemple à Brindisi, Syracuse, Caserte Salerne, Cagliari, Catanzaro4 et Bari où les femmes qui disent qu’elles ne se sentent jamais sûres correspondent à près de 7%.

La perception du sens de sécurité et de liberté se manifeste de manière différente entre les hommes et les femmes (Tableau 4.4). Les hommes ont en fait la sensation très répandue de vivre dans une condition de sécurité totale en permanence (77%) a-lors que cette impression est moins forte chez les femmes (68%). Parmi ces dernières, en revanche, la sensation de sécurité se manifeste plutôt une sensation de limites, de l’existence de contraintes liées à des circonstances particulières qui leur permettent de se sentir sûres (28% par rapport à 20% des hommes)5. La sensation de sécurité ne s’accentue que chez les femmes célibataires ou séparées, chez les filles, les retraitées et les femmes à la recherche d’un premier emploi, ainsi que chez les diplômées.

Seule une minorité des interviewés manifeste heureusement l’impression d’être constamment vulnérable, potentiellement toujours à risque d’agressions, mais elle re-présente néanmoins 3,5% de l’ensemble des hommes et des femmes. Dans ce cas en-core, nous tenons à souligner que cette sensation est plus répandue chez les femmes.

Tableau 4.4 – Vous sentez-vous sûr/e dans votre quartier? – L’ensemble des villes par sexe

Hommes Femmes

Oui, toujours 76,8 68,2 70,3

Non, jamais 3,0 3,6 3,5 Je me sens sûr/re, mais seulement dans quelques circonstances 20,2 28,1 26,2

Total 100,0 100,0 100,0

4 Cette analyse ne tient pas compte des données concernant la ville de Crotone 5 A Turin, les femmes qui ne se sentent sûres que dans quelques circonstances correspon-

dent à 37,6%, voir le Rapport sur la zone Urban de la ville de Turin, 2004, à Bari à 58,7% voir Non seulement des bleus sur l’âme – Rapport sur la ville de Bari. Bari 2003.

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Graphique 4.3 – Perception de la sécurité dans son quartier, % par ville “vous sentez-vous sûr/e dans votre quartier?”

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

70,0

80,0

90,0

100,0

BRINDIS

I

SIRACUSA

CASERTA

CAGLIARI

SALERNO

CATANZAROTota

le

TARANTO

COSENZA

MOLA DI B

ARI

PESCARA

GENOVA

CARRARA

MISTERBIA

NCO

TRIESTE

Si, sempre No, mai Mi sento sicura/o, ma solo in alcune circostanze

5. L’élasticité de la perception: une vision d’ensemble des facteurs déterminants dans le concept de violence contre les femmes 6

5.1. Stéréotype et tolérance: méthodologies et techniques d’analyse

Quelques-unes des questions posées aux interviewés se réfèrent à l’évaluation de l’existence de stéréotypes concernant le phénomène de la violence contre les fem-mes et la mesure du niveau de tolérance de la violence même. Il s’agit d’une sé-quence de questions demandant une réponse dichotomique (oui – non) ou à échelle d’accord. Même si ces questions permettent d’obtenir des informations très riches

6 Ce paragraphe est basé sur des élaborations et des analyses effectuées par Maria Gerolama Caruso et Loredana Cerbara.

Oui,toujours No, jamais Je me sens sûr/re, mais seulement dans quelques circonstances

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en contenu, la nature qualitative de ces derniers en rend difficile la synthèse, ou du moins, le fait de les encadrer dans un schéma d’interprétation préétabli. Dans les rapports locaux concernant l’analyse des données dans chaque ville, la question a été souvent affrontée par une analyse individuelle des réponses données ou bien par la construction d’indicateurs basés sur le comptage des réponses à des questions as-similables entre elles, tout comme de différents aspects des questions générales sur les stéréotypes ou la tolérance. Il s’agit d’approches valables, mais la statistique met à la disposition des techniques plus sophistiquées qui permettent d’effectuer des analyses multivariées (à savoir, capables de tenir compte de plusieurs variables en même temps) qui limitent, dans une certaine mesure, l’interprétation subjective du résultat, tout en respectant toujours un certain niveau de discrétion de l’inter-prétation de la part du chercheur.

L’une de ces approches se base sur les potentiels de classification d’une technique d’analyse nommée Technique des Réseaux Neuraux Artificiels (RNA) dont le bénéfice résiderait dans le fait qu’il est possible de l’assimiler à l’utilisation de modèles non linéaires distribués, c’est-à-dire capable de bien s’adapter aux données ou du moins de s’adapter aux données mieux que les autres modèles basés sur la linéarité ou sur de simples distances (incalculables dans le cas de variables qualitatives si ce n’est au détriment d’une grande par-tie des informations contenues).

Contrairement aux rapports locaux, ce travail contient une autre dimension d’analyse, à savoir justement l’analyse territoriale. Dans ce cas, comme il s’agit de variables qualitatives à analyser de manière transversale à la dimen-sion spatiale, il semble opportun d’avoir recours à des techniques d’analyse plus traditionnelles, mais non moins sophistiquées que la RNA, telles que l’Analyse des Correspondances Multiples (ACM) bien connue par ceux qui s’occupent d’analyse des données. Son avantage est de présenter un résultat immédiatement utilisable pour ce qui est de l’étude des variables latentes (elle identifie les phénomènes existant au dessous des données) dans une situation complexe où le facteur de l’espace s’avère d’une importance fondamentale. Comme l’étude devait porter sur deux aspects des réponses obtenues, c’est-à-dire les stéréotypes sur la violence et la tolérance, il semblait important d’utiliser ces mêmes variables considérées dans la plupart des rapports locaux, afin d’obtenir un résultat comparable.

Le résultat ainsi obtenu ne pourra toutefois pas se superposer complète-ment à celui des rapports locaux, même s’il est logique de s’attendre à de nombreuses affinités entre les deux analyses, car ici les enjeux sont re-présentés par les facteurs de la dimension de l’espace qui compliquent en quelque sorte la lecture globale du résultat, tout en enrichissant le cadre d’interprétation final.

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L’ACM fournit donc des variables de synthèse qu’il est possible d’interpréter et d’étudier par rapport aux variables de contexte et qui peuvent être assimilées aux indicateurs de stéréotype ou de tolérance en fonction des variables insérées dans l’analyse. Il suffira donc d’envisager deux applications distinctes pour les deux sujets d’étude afin d’obtenir, en cas de succès de la méthodologie, l’étude complète et transversale, par rapport aux échantillons contenus dans les données des informations demandées par cette analyse.

5.2. Stéréotypes sur la violence de genre

La première application que nous allons présenter concerne la diffusion et l’attachement de préjugés et de stéréotypes dans la perception du phénomène de la violence contre les femmes. Le but, sur le plan de la connaissance, est de considérer en même temps toutes les variables qui définissent une série de jugements préconçus à l’égard de la violence de genre afin de brosser le tab-leau des rapports entre ces variables et de définir le profil des interviewés, hommes et femmes, en fonction de leur attitude globale à propos du sujet principal.

Les variables retenues sont au nombre de six et elles concernent justement l’enracinement des stéréotypes (Tableau 5.1) alors que les variables supplé-mentaires sont au nombre de huit et elles concernent les caractéristiques struc-turelles des interviewés qui n’ont pas participé activement à l’analyse, mais qui contribuent, à l’aide de la projection sur les axes factoriels, à définir les profils des interviewés.

Comme nous l’avons dit, il s’agit d’une sélection de questions qui rassem-blent les stéréotypes les plus répandues sur la violence sexuelle, à partir de ceux qui se réfèrent à l’identification des victimes potentielles, le lieu com-mun ne considère que quelques typologies de femme à risque, indiquant en quelque sorte que l’attitude ou la situation de besoin des femmes peuvent jus-tifier des comportements violents (variable 1 et 4, Tableau 5.1).

Un autre lieu commun est celui qui réduit la définition de violence sexuelle à la seule évidence de signes manifestes et « objectifs », ce qui exclut donc toutes les manifestations de violence psychologique, d’agressivité verbale, de harcèlements, d’imposition de rapports sexuels, qui représentent néanmoins la majorité des cas de violence subie (variable 2, Tableau 5.1).

Le fait de faire retomber la culpabilité sur la femme qui ne réagit pas ou qui ne sait se défendre contre la violence est un autre stéréotype commun qui sou-strait de manière hypocrite la responsabilité de l’acte violent à son auteur (va-riables 2 et 3, Tableau 5.1). Enfin, le stéréotype qui stigmatise les femmes qui

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ne savent pas mettre fin à un rapport avec un partenaire violent, est souvent supporté par des argumentations qui renvoient à une forme de complicité, voire de participation active (plaisir, amour, masochisme) (variable 6, Tableau 5.1).

Le premier axe factoriel défini en tant qu’autonomie / adhérence aux sté-réotypes juxtapose deux visions opposées du concept de violence contre les femmes.

Tableau 5.1 – Variables actives et supplémentaires considérées dans l’analyse des stéréotypes

VARIABLES ACTIVES

1. A votre avis, la violence sexuelle est-elle un problème qui concerne: question 9 2. Si une femme affirme avoir subi une violence sexuelle, qu’elle est vo tre opinion?

question 12 3. Que s’il n’y a pas de signes de violence physique ( coups, etc.), on ne saurait parler

de violence sexuelle 4. Que si une femme ne veut pas avoir un rapport sexuel, elle a plusieurs manières de se

défendre5. Que les femmes “sérieuses” ne sont pas violées 6. Si une femme ne réagit pas ouvertement à une violence (par exemple, elle n’a pas

lancé des coups de poing, des crosses, de griffes, elle n’a pas hurlé), quelle est votre opinion : question 15

7. D’après vous, pourquoi les femmes restent souvent avec un homme violent, qui les traite mal question 23

VARIABLES SUPPLEMENTAIRES

- Genre - Position professionnelle - Condition professionnelle - Ville - Age des hommes - Age des femmes - Certificat du niveau d’instruction - Sans enfants – avec enfants

Aux deux extrémités, marquant la contraposition, nous retrouvons les va-riables qui définissent le sens de l’axe. Sur le demi-axe positif (Schéma 5.1) quatre variables qui marquent un espace conceptuel s’éloignant du lieu com-

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mun qui considère le facteur « provocation » de la violence sexuelle d’après lequel « les femmes sérieuses ne sont pas violées », qui refuse le stéréotype d’après lequel « si une femme ne souhaite pas un rapport sexuel, elle peut se défendre », qui repousse le préjugé de négation « s’il n’y a pas de signes, il n’y a pas de violence », qui identifie dans la dépendance économique la seule raison qui pousse les femmes à rester avec un partenaire violent. Les variables supplémentaires décrivent le profil de ceux qui ont répondu à ce deuxième schéma conceptuel: femme entre 18 et 34 ans, diplômée, enseignante, free lance, employée, étudiante ; les villes de Pescare, Gênes, Cagliari, Salerne, Caserte et Brindisi se distinguent notamment par cet ensemble de variables.

De l’autre côté, le demi-axe négatif (Schéma 5.1 suite) est représenté par ceux qui pensent que “ si une femme ne réagit pas à la violence, cela signifie qu’au fond elle y éprouvait du plaisir” , affirmant donc qu’il existe une com-plicité et niant l’acte d’agression unilatéral; soutenant que “les femmes sé-rieuses ne sont pas violées”, ne donnant aucune réponse ou disant « je ne sais pas ».

Voyons maintenant les caractéristiques structurelles qui définissent cette zone du graphique: personnes d’âge compris entre 50 et 59 ans, ayant un certi-ficat d’études moyen-bas, retraités/ées, ouvriers/ères, directeurs; les villes de Catanzaro, Misterbianco, Trieste et Crotone sont associées aux modes de ré-ponse qui brossent un tableau d’ensemble des attitudes fortement liées aux stéréotypes courants. L’apport des variables structurelles fournit donc la pos-sibilité d’identifier, d’une part le profil de ceux qui affichent une attitude tout à fait dépourvue de lieux communs et conscients de la nature de la violence de genre contre les femmes, alors que de l’autre, il permet d’identifier la cible sur laquelle il faut activer les interventions de sensibilisation sur le phé-nomène de la violence afin d’éradiquer les lieux communs et les stéréotypes qui alimentent la culture de la violence.

Pour ce qui est de la dimension territoriale, il n’est pas possible d’identifier une clé de lecture géographique compte tenu de la nature non représentative de l’échantillon des villes participantes; pourtant le résultat de l’analyse per-met d’alerter les administrateurs et les responsables des institutions locales des villes où on a remarqué la prédominance d’attitudes qui marquent l’enracinement de stéréotypes7.

7 A Turin, l’indicateur “stéréotypes” est partagé à hauteur de 40,2% de l’échantillon, voir Rapport sur la zone Urban de Turin (2004), alors qu’à Bari les stéréotypes proposés sont tous largement partagés: 30% de l’échantillon pensent que la violence est plus probable de la part d’une personne inconnue, 32% qu’il existe une manière de se défendre contre la violence, Non seulement des bleus sur l’âme- Rapport de la ville de Bari. Bari 2003.

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5.3. La tolérance de la violence contre les femmes

Tout comme dans le cas des stéréotypes, cette deuxième application de l’ACM tient compte des variables qui se réfèrent au sujet de la tolérance et de l’acceptation de la culture violente. Il s’agit de six variables actives et huit supplémentaires.

Les variables actives concernent justement la définition des limites, du seuil d’acceptation de la violence dans des circonstances différentes, par rap-port, ici encore, aux lieux communs les plus répandus.

Schéma 5.1- Partage / autonomie par rapport au stéréotype – Premier axe

VARIABLES ACTIVES STEREOTYPES SUR LA VIOLENCE AXE AUTONOMIE – ZONE POSITIVE

Pourquoi les femmes restent-t-elles parfois avec un homme violent qui les maltrai-te? Parce qu’elles ne veulent pas causer une situation de malaise pour leurs en-fantsSi une femme ne réagit pas ouvertement à la violence, quelle est votre opinion

Que dans ces circonstances, il était plus dangereux de réagir à la violence

La violence sexuelle est un problème qui concerne Toutes les femmes

Pourquoi les femmes restent parfois avec un homme violent qui les maltraite ? Parce qu’elles sont seules et n’ont pas d’appui

Si une femme ne réagit pas ouvertement à une forme de violence, que pensez-vous? Qu’elle n’a pas eu la force de se défendre

Si une femme dit d’avoir subi un acte de violence sexuelle, que pensez-vous?

o que les femmes “sérieuses” ne sont pas violées NONPourquoi les femmes restent parfois avec un homme violent qui les maltraite?

À cause de leur dépendance économique de cet homme

Si une femme dit d’avoir subi un acte de violence sexuelle, que pensez vous? o que s’il n’y a pas de signes de violences physiques (coups, etc.) NON

Si une femme ne réagit pas ouvertement à la violence, que pensez-vous?

o que si une femme ne souhaite pas avoir un rapport sexuel, elle peut se défendre de nombreuses manières NON

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VARIABLES DE PROFIL • Baccalauréat

• Etudiant/te • Free lance • Employé/ée

• Femme entre 18-24 ans • Brindisi • Femme entre 25-34 ans

• Caserte • Salerne

Schéma 5.1 (suite) – Partage / autonomie par rapport au stéréotype – Premier axe

VARIABLES ACTIVES STEREOTYPES SUR LA VIOLENCE AXE PARTAGE- ZONE NEGA-TIVE

Si une femme ne réagit pas ouvertement à la violence, quelle est votre opinion Que la violence subie lui plaisait

Si une femme dit d’avoir subi un acte de violence sexuelle, que pensez-vous? o que les femmes “sérieuses” ne sont pas violées OUI o que les femmes “sérieuses” ne sont pas violées JE NE SAIS PAS o que les femmes “sérieuses” ne sont pas violées NE REPOND PAS

La violence sexuelle est un problème qui concerne NE REPOND PASSi une femme dit d’avoir subi une violence sexuelle, que pensez-vous? o que s’il n’y a pas de signes de violence physique (coups, etc.) NE RE

POND PAS

Si une femme ne réagit pas ouvertement à la violence, quelle est votre opinion o que si une femme ne souhaite pas avoir un rapport sexuel, elle peut se

défendre de différentes manières OUI

VARIABLES DE PROFILo Catanzaro o Certificat d’instruction élémentaire – aucun certificat o Misterbianco o Trieste o Femmes et hommes entre 50-59 ans o Inhabile au travail

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o Certificat d’instruction secondaire o Directeur o Crotone

Un premier groupe de variables concerne l’existence éventuelle de circonstances pouvant justifier des comportements violents aussi bien en général que dans le ca-dre d’un rapport conjugal (variables 1, 2, 3, 4, Tableau 5.2). Un deuxième ensemble de variables concerne l’attitude personnelle envers une personne maltraitée et les opinions concernant les différents niveaux de « tolérabilité » d’un rapport violent en présence d’enfants. Chaque variable envisage une gamme de choix permettant d’établir le seuil de tolérance de l’interviewé/ée. Dans cette application aussi, les deux premiers axes se sont avérés importants.

Tableau 5.2 – Variables actives et supplémentaires considérées dans l’analyse de la tolerance

6 VARIABLES ACTIVES 51 modes

1. Existe-t-il à votre avis des circonstances pouvant justifier la violence sexuelle? question 16

2. Si un époux, un partenaire donne une gifle de temps en temps à sa partenaire épouse, quelle est votre opinion à cet égard? question 20 3. Parfois, dans la vie conjugale, il arrive que le mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel par des menaces ou par la violence. Quelle est votre opinion?

question 21

4. D’après vous, existe-t-il des circonstances qui justifient la violence physique du mari envers sa femme? question 22

5. Si une amie vous confie qu’elle souvent maltraitée par son mari, qu’est-ce que vous faites ? question 24

6. Souvent, on dit que pour le bien des enfants, on peut même supporter des actes de violence au sein de la famille (et donc qu’il vaut mieux une famille unie, toute violente qu’elle soit, plutôt qu’une famille avec des parents séparés). Jusqu’à quel point êtes-vous d’accord avec cette affirmation? question 25

8 VARIABLES SUPPLEMENTAIRES - Sexe - Position professionnelle - Condition professionnelle - Ville

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- Age des hommes - Age des femmes - Certificat du niveau d’instruction - Pas d’enfants – avec des enfants

Le schéma 5.2 illustre la position des variables par rapport au premier axe factoriel de façon à permettre de l’interpréter. Dans la partie positive du schéma, nous retrou-vons un ensemble de réponses qui définissent un mode de penser qui refuse toute ex-cuse de la violence: tout d’abord, il refuse toute justification ni en général ni à l’inté-rieur d’un rapport de couple, y compris la gifle de temps en temps citée plus haut; il exclut notamment la possibilité de supporter un rapport violent pour éviter des problè-mes aux enfants et enfin, il considère qu’une femme maltraitée doit être soutenue et aidée pour qu’elle puisse se soustraire à un rapport de couple violent au lieu de le su-bir. Le portrait de ceux qui correspondent à cette manière de considérer les rapports violents est donné par les caractéristiques structurelles qui se trouvent dans cette zone du graphique: femme, diplômée, d’âge compris entre 25 et 49 ans, employée, ensei-gnante, ou free lance; les villes Mola di Bari, Gênes, Trieste, Brindisi et Pescara se distinguent par la présence de cette attitude de refus total de la violence. Parfois, cette attitude s’oppose aux réponses qui la placent à l’autre côté de l’axe, le côté négatif.

Ici le seuil de tolérance de comportements violents est très élevé, on pour-rait même aller jusqu’à dire qu’il n’y a pas du tout de tolérance, que les actes de violence physique exercés par le mari envers sa femme sont considérés comme inacceptables lorsqu’on cite des circonstances telles que « lorsque le mari est nerveux.. … ; lorsque l’homme est jaloux….; lorsque la femme affiche un comportement agressif”.

En plus, on considère la gifle comme un épisode sans conséquences sur le plan physique ou psychologique, comme l’un des modes de relation possibles dans un couple; on croit aussi que pour le bien des enfants, une mère doit supporter des actes de violence au sein de la famille, et enfin que l’attitude la plus appropriée à l’égard de ce phénomène est de ne pas intervenir même lor-squ’une femme maltraitée le demande explicitement.

Le profil associé à ce modèle de tolérance élevée de la violence est défini par des variables supplémentaires qui se placent dans cette zone de l’espace factoriel: personnes d’âge mûr appartenant aux deux sexes (50-59 ans), hom-mes ayant un niveau d’instruction faible, vivant une condition hors emploi (retraités et ménagères), ouvriers. Les villes de Misterbianco et Catanzaro se distinguent par une prédominance de réponses de ce type8.

8 A Turin, le taux de “tolérance” correspond à 32%, voir Rapport sur la zone Urban de la ville de Turin, 2004, à Bari le seuil de tolérance indiqué par l’existence de circonstances qui

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Comme on a remarqué à la conclusion de l’application précédente, ces résultats permettent d’orienter les actions et les interventions de sensibilisa-tion et de lutte contre la violence domestique car ils identifient des segments de population et les zones urbaines où il apparaît plus nécessaire d’intervenir.

Schéma 5.2 – Tolérance entre refus et acceptation

VARIABLES ACTIVES – TOLÉRANCE DE LA VIOLENCE AXE- REFUS, ZONE POSITIVE

Si une femme est maltraitée…je ne sais pasSi une femme est maltraitée …. vous lui dites de s’en aller et l’accueillez chez vousIl existe selon vous des circonstances qui peuvent justifier la violence sexuelle. NonSi une femme est maltraitée … vous invitez votre amie à ne plus subir et à s’adresser à quel qu’un pour être aidéePour le bien des enfants, on peut également supporter des formes de violence au sein de la famille. Jusqu’à quel point êtes-vous d’accord avec cette affirmation? Pas du toutSi un mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel, peut-on parler de violence?

Dans ce cas aussi, on peut parler de violence sexuelle

Peut-il y avoir des circonstances qui justifient la violence physique du mari envers sa femme? Il n’y a jamais de circonstances qui justifient la violence

Si un époux, un partenaire donne de temps en temps une gifle à sa partenaire, quelle est votre opinion? Même une gifle de temps en temps est une forme de violence

VARIABLES DE PROFIL ProfessionnelsPescara BrindisiTrieste Employé/ée GênesAyant un travail Mola di Bari Femme 35-49 ans

justifient la violence est de 4% chez les femmes et de 2% chez les hommes qui ont répondu « oui ». Non seulement des bleus sur l’âme – Rapport sur la ville de Bari. Bari 2003.

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25-34 ans i Baccalauréat Diplôme

VARIABLES ACTIVES – TOLÉRANCE DE LA VIOLENCE AXE – ACCEPTATION –ZONE NEGATIVE

Si une femme est maltraitée … pensez-vous que dans ces circonstances il vaut mieux ne pas intervenir Existe-t-il des circonstances qui peuvent justifier la violence? Oui

Si un mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel. Entre deux époux, on ne peut ja-mais parler de violence sexuelle

Peut-il y avoir des circonstances qui justifient la violence physique du mari envers sa femme? Quand le mari est nerveux, inquiet, ou qu’il a des problèmes de travail

Si un mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel, peut-on parler de violence? Je ne sais pas

Si un époux, un partenaire donne de temps en temps une gifle à sa partenaire, quelle est votre opinion? Dans un couple, il est facile qu’une gifle puisse voler

Dans la vie conjugale, il est possible que le mari oblige sa femme à avoir un rapport se-xuel par des menaces ou un acte de violence. Si l’homme se sent repoussé par sa femme, il peut être amené à ce type de geste

Pour le bien des enfants, on peut également supporter des formes de violence au sein de la famille. Jusqu’à quel point êtes-vous d’accord avec cette affirmation? Assez et beaucoup

VARIABLES DE PROFIL

Catanzaro Certificat d’instruction élémentaire – aucun certificat

Femme et homme 50-59 ans HommeCertificat d’instruction secondaire

Misterbianco Ouvrier/ère Ménagère

Retraité /ée

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6. Les institutions et les politiques souhaitéesAvant tout des services sociaux, voilà la demande de la part de la population;

les hommes et les femmes, mais surtout les femmes identifient de manière nette le rôle central de la politique sociale publique dans la gestion et dans la lutte des phénomènes de violence contre les femmes. Tout de suite après, la famille, mais de loin, et dans ce cas, ce sont surtout les hommes qui l’identifient en tant que lieu privilégié de protection et d’aide pour les femmes victimes; le bénévolat et la po-lice se classent au même rang avec environ 25% des choix.

L’éventail des institutions identifiées par l’ensemble de la population inter-viewée semble équilibré entre le rôle important attribué aux institutions publiques et la reconnaissance des activités des Centres antiviolence ou plus en général des activités menées par des associations sur le territoire. Dans les villes nous remar-quons une grande variabilité des réponses, les différences observées correspon-dent aussi bien aux différentes cultures locales qui se confrontent au sujet du rôle des institutions, qu’à la gestion au niveau territorial du phénomène de la vio-lence ; en fait, il est probable que les citadins reflètent dans leur réponses la per-ception de ceux qui œuvrent effectivement dans le domaine de l’antiviolence. Ci-après, nous passerons en revue les caractéristiques principales des villes. Le rôle des services sociaux est partout considéré comme prédominant et central à l’exception de Catanzaro et Caserte, alors qu’il est considéré comme particu-lièrement important à Crotone, Salerne et Cosenza9. Le rôle des services sanitai-res est controversé, très important à Cagliari et Salerne (environ 16% par rapport à la moyenne de 8%) et au dessous de la moyenne à Catanzaro, Cosenza, Brindisi et Carrare. L’identification du rôle de l’état apparaît tout particulièrement impor-tante à Catanzaro (34% par rapport à la moyenne de 12%) alors que ce rôle est faiblement reconnu à Cosenza et à Carrare; la sécurité publique à Cagliari, Ca-serte et Trieste est considérée comme un interlocuteur important contrairement à Pescara et à Crotone où elle se classe au-dessous de la moyenne.

Les organisations religieuses se classent à Cosenza, Mola di Bari, Crotone et Gênes au-dessus de la moyenne, alors qu’elles sont peu reconnues dans le rôle d’aide aux victimes de la violence à Catanzaro, Caserte et Carrare. Les associa-tions de bénévolat obtiennent dans l’ensemble une évaluation élevée fournie par 26% des interviewés/ées, mais dans ce cas encore, la distribution des réponses suit une tendance très variable: le maximum est atteint à Cosenza et Trieste où

9 A Turin aussi les services sociaux se classent au premier rang, suivis par les associations et la famille, voir Rapport sur la zone Urban de la ville de Turin, 2004, à Bari il se classent au premier rang mais avec des pourcentages plus faibles (37%), Non seulement des bleus sur l’âme – Rapport sur la ville de Bari. Bari 2003.

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60% des interviewés les indiquent comme les institutions qui fournissent une aide aux femmes suivies par Gênes (38%) et Pescara (28%).

Tableau 6.1 – Les institutions en mesure d’intervenir, % sur le total des cas

Hommes Femme Total État 16,5 11,1 12,4 Police 28,1 24,0 25,0 Avocats, magistrats 7,5 6,1 6,4 Services sanitaires 7,2 8,5 8,2 Services sociaux 50,0 55,1 53,9 Organisationsreligieuses

9,7 12,8 12,1

Organisations de bénévolat

23,5 26,5 25,7

Moyens d’information

3,4 3,6 3,5

Famille 28,9 26,4 27,0 Autre 3,4 3,8 3,7 Total 24,1 75,9 100,0 Fréquences absolues 4751 15003 19754

Tableau 6.2 – Mesures et interventions pour faire farce à la violence contre les femmes, % sur le total des cas

Fréquence % Campagnes pour sensibiliser l’opinion publique 5854 29.9 Peines plus sévères pour les violents 5390 27,5 Apprendre le respect aux jeunes 3729 19,0 Création de Centres antiviolence 3529 18,0 Augmentation des contrôles de la police 2886 14,7 Mesures spécifiques de protection 2379 12,1 Renforcement des lois déjà existantes 1972 10,1 Un numéro vert pour les femmes 1887 9,6 Aider les femmes à ne pas se culpabiliser 1176 6,0 Réhabilitation des violents 707 3,6 Lois qui préviennent la discrimination 623 3,2 Cours de mise à jour des droits des femmees 586 3,0 Autre 1552 7,9 Total des réponses 32270 164,7

Très différentes en revanche les opinions à Misterbianco (7%) Crotone, Ca-tanzaro (12%) et Caserte (14). Enfin, pour ce qui est de la famille, elle appara-ît elle aussi comme une institution au rôle controversé. Il existe des villes

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comme Trieste et Mola di Bari où elle est considérée comme très importante (38% et 36%), d’autres comme Cosenza, Catanzaro et Syracuse où elle est ré-duite à un rôle plus marginal. Outre les institutions de référence, il est intéres-sant de comprendre comment les citadins considèrent certaines mesures de la politique de lutte contre la violence et de soutien aux femmes qui la subissent. Le classement qui en découle ne s’éloigne pas significativement des données obtenues avec le premier cycle d’enquête Urban. En fait, les quatre premiers rangs restent inchangés, ce qui permet aux administrateurs et aux responsables politiques de tenir compte d’indications fondées provenant de la population lorsqu’ils mettent au point des interventions de politique dans ce domaine. Les mesures proposées par le questionnaire comprennent un éventail très vaste d’interventions qui implique des logiques d’intervention, des actions et des acteurs différents. Les mesures les plus votées se distribuent de manière équilibrée entre interventions “préventives” (campagnes, formation des jeu-nes) et interventions de lutte (peines plus sévères, augmentation des contrôles de la police), mais un rôle important est joué aussi par les actions spécifiques adressées aux victimes (Centres antiviolence, mesures de protection, numéro vert). Au premier rang, avec 30% des choix, les citadins interviewés con-sidèrent les campagnes d’information prioritaires afin de sensibiliser l’opinion publique, mais tout de suite après, beaucoup d’importance est attribuée au fait de rendre plus sévères et rigides les peines contre les auteurs d’actes de vio-lence. Dans la logique des campagnes d’information on retrouve aussi le be-soin de formation des jeunes au respect réciproque, alors que la création de Centres antiviolence monte d’un rang et le recours au contrôle de la police de-scend. Importante aussi s’avère la création de mesures spécifiques et d’un numéro vert, mais aussi le renforcement des outils législatifs pour la défense des femmes (Tableau 6.2).

Les hommes et les femmes concordent en général, les différences les plus importantes concernent l’importance que les femmes attribuent à toutes les interventions adressées explicitement aux femmes ayant besoin d’aide, comme par exemple la création de centres, la mise en place de mesures spéci-fiques pour la protection des femmes qui dénoncent des formes de violence subies, le numéro vert, le fait d’aider les femmes à ne pas se sentir coupables. Les indications plus fréquentes chez les hommes varient entre des peines plus sévères et la formation des jeunes pour réhabiliter les violents. Pour ce qui est de l’âge, aussi bien chez les garçons que chez les filles, on remarque une ten-dance des plus jeunes à souhaiter plus de contrôles de la part de la police et des interventions visant à réhabiliter les violents, alors que les personnes plus âgées ont plutôt la tendance à diffuser la culture du respect parmi les plus jeunes; les interviewés des tranches d’âge centrales tendent finalement à privilégier les

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interventions de sensibilisation à l’aide de campagnes d’information. Le paysage habituel des villes tient compte de la dishomogénéité de cet ensemble. En fait, il existe une interprétation locale très forte des interventions souhaitées par les dif-férentes populations urbaines.

L’action qui occupe le premier rang du classement général (29,9%) - les cam-pagnes de sensibilisation - enregistre une variabilité très prononcée: si à Mola di Bari et Tarente elle atteint 50%, à Cosenza, Brindisi, Crotone et Salerne près de 40%, à Catanzaro elle n’est que de 2% et à Caserte 10%.

L’aggravation des peines pour les violents (27,5%), à Trieste atteint 50% des cas de réponse, à Pescara, Caserte et Crotone environ 40%, alors que ce taux de-scend entre 10% et 15% à Misterbianco, Mola di Bari et Syracuse. L’ouverture et le soutien aux Centres antiviolence, aux maisons protégées (18%) est largement appuyée à Trieste (39%), Salerne et Mola di Bari, beaucoup moins à Caserte (8%) Syracuse, Crotone, Misterbianco (12%). L’adoption de mesures spécifiques de protection pour les femmes qui dénoncent les violents (12%) est largement souhaitée à Pescara (42%), Carrare (28%) et Trieste (21%), peu considérée à Sy-racuse, Misterbianco (6%), Caserte (7%) et Crotone (9%). Enfin, l’activation d’un numéro vert pour les femmes à la recherche d’aide (9,6%) est une action qui at-teint des valeurs au-dessus de la moyenne à Trieste (22%), Cosenza (15%) et Car-rare (12%), alors qu’elle descend à 2,5% à Syracuse et à Tarente, à 3% à Mola di Bari et autour de 5% à Pescara et Misterbianco10. Pour conclure, il semble intéressant de souligner que le besoin d’interventions et de mesures contre la vio-lence se décline et s’articule de manière différente d’une ville à l’autre avec une variabilité très élevée, et l’indication qui en découle est le besoin de calibrer les mesures de politique au niveau local.

7. Les violences subies

Sur la base des questions posées dans le questionnaire, il est possible de faire une estimation des formes de violence prédominantes subies au cours de la vie par les femmes et les hommes interviewés dans les villes qui ont participé au Ré-seau Antiviolence.Une étude plus approfondie des différentes formes de violence subies ces deux dernières années se limite toutefois uniquement aux femmes et donne lieu à une estimation de l’incidence, mais sans permettre de faire une évalua-

10 A Turin le classement des institutions est confirmé, mais la création de centres anti-violence est au troisième rang et demandée surtout par les femmes, voir Rapport sur la zone Urban de la ville de Turin, 2004. A Bari, en revanche, avec 22% des choix, le premier rang re-vient à la demande d’une aggravation des peines, suivie par 15% du contrôle de la part de la police, Non seulement des bleus sur l’âme – Rapport sur la ville de Bari. Bari 2003.

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tion globale des épisodes car il est possible que chaque épisode se soit répété à plu-sieurs reprises. Les questions posées par le questionnaire et donc les données dis-ponibles pour l’analyse des modes de l’acte violent ne se réfèrent qu’aux faits les plus significatifs. Il faut néanmoins préciser qu’à cette section du questionnaire ont répondu 14.955 femmes, soit 75% de l’ensemble des femmes interviewées et 4.766 hommes soit 24% des interviewés, avec des taux semblables au premier tour d’enquêtes. Par rapport à ce qui s’est dégagé du précédent rapport, on enregistre une plus forte prédominance de déclarations de formes de violence subies au cours de la vie (13,3% par rapport à 12,3%), mais si on essaie d’entrer plus dans le détail des différentes formes de violence, on remarque immédiatement que l’incidence des dénonciations de cas d’harcèlements et de maltraitance augmente alors que l’incidence de formes de violence psychologique et sexuelle baisse.

Tableau 7.1 – Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi ces deux dernières années une ou plusieurs formes de violence, % par rapport au total des réponses obtenues dans les enquêtes

URBAN 2 URBAN 1 Ecart Harcèlements 21,3 18,5 2,8 Maltraitances 20,7 15,1 5,6 Psychologiques 11,3 33,9 -22,6 Sexuelles 1,3 2,2 -0,9 Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence aucours de leur vie

13,3 12,3 1,0

Naturellement, il n’est pas possible de comprendre si cette différence peut être attribuée à une augmentation effective de cas d’agressions envers les femmes ou bien si elle est liée aux différentes situations examinées car il s’agit de relevés concernant des ensembles de population non comparables. On peut donc envisager une combinaison des deux effets, constater de toute façon – compte tenu de la stabilité des données au fil du temps et dans les dif-férentes villes – que le phénomène de la violence ne cesse d’être présent et qu’il concerne plus qu’une femme sur dix aussi bien dans les huit premières villes que dans les dix-sept deuxièmes. Dans l’ensemble des villes du deuxième tour d’enquêtes, 479 cas ont été relevés concernant des hommes qui ont subi une forme de violence au cours de leur vie, soit 10,1% du total des hommes ayant répondu au questionnaire, et 1.991 femmes, soit 13,3% (Tab-leau 7.1). Le classement concernant l’incidence des formes de violence dans les villes divisées entre hommes et femmes indique non seulement une vari-abilité considérable, mais aussi une concentration des dénonciations des épi-

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sodes de violence dans quelques villes: Salerne se trouve en tête tant pour les hommes (29%) que pour les femmes (23%), à une bonne distance de toutes les autres villes, Gênes au deuxième et au quatrième , Trieste au troisième, suivis de Cagliari et de Syracuse. Une exception est représentée par Cosenza qui se classe au premier rang pour les dénonciations des femmes et seulement au septième pour les hommes.

Tableau 7.1 (suite) – Interviewés sur “Vous est-il arrivé de subir de la violence?” valeurs absolues et prévalence des violences subies, % sur le total par ville

Hommes Non Oui Total Prévalence % SALERNE 215 87 302 28,8 GÊNES 243 59 302 19,5 TRIESTE 251 47 298 15,8 CAGLIARI 309 46 355 13,0 SYRACUSE 266 34 300 11,3 CASERTE 264 33 297 11,1 Total 4287 479 4766 10,1 COSENZA 273 27 300 9,0 CARRARE 274 26 300 8,7 MISTERBIANCO 249 23 272 8,5 BRINDISI 279 21 300 7,0 TARENTE 280 21 301 7,0 MOLA DI BARI 283 17 300 5,7 PESCARA 280 15 295 5,1 CATANZARO 525 19 544 3,5 CROTONE 296 4 300 1,3

Femmes Non Oui Total Incidence % COSENZA 766 234 1000 23,4 SALERNE 776 227 1003 22,6 TRIESTE 790 205 995 20,6 GÊNES 849 159 1008 15,8 CAGLIARI 824 154 978 15,7 SYRACUSE 857 143 1000 14,3 CASERTE 763 123 886 13,9 PESCARA 869 139 1008 13,8 Total 12964 1991 14955 13,3 BRINDISI 888 112 1000 11,2 MOLA DI BARI 937 110 1047 10,5

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CATANZARO 910 95 1005 9,5 TARENTE 949 92 1041 8,8 CARRARE 925 75 1000 7,5 CROTONE 927 72 999 7,2 MISTERBIANCO 934 51 985 5,2

Au-dessous de la moyenne, en queue de classement, avec un nombre de cas de violence faiblement significatif, nous trouvons Crotone, Misterbianco, Ca-tanzaro11.

Quelles sont les personnes qui dénoncent avoir subi une violence au cours de leur vie?

Essayons de construire un profil de ces personnes en fonction des carac-téristiques structurelles des interviewés.

Les hommes aussi bien que les femmes d’origine étrangère déclarent être plus exposés à la violence, tout comme les femmes célibataires et les séparés / divorcés (femmes surtout) par rapport aux mariés /ées, et dans une mesure réduite les personnes d’âge compris entre 35 et 49 ans par rapport aux autres classes d’âge. Les diplômés et les diplômées semblent être plus à risque par rapport aux personnes ayant d’autres certificats d’étude.

Tableau 7.2 – Caractéristiques structurelles des hommes et des femmes qui ont subi une forme de violence, %

Lieu de naissance Italie Pays étranger Total

FEMME: jamais arrivé de subir de violence Non 86,9 79,6 86,7 Oui 13,1 20,4 13,3 HOMME: jamais arrivé de subir de violence Non 90,1 82,6 89,9 Oui 9,9 17,4 10,1

11 À Turin, le taux est de 22,3% tant pour les femmes que pour les hommes, cf. Rapportsur la zone Urban de la ville de Turin, 2004. À Bari ce taux est de 5,8% pour les hommes et de 21,8% pour le femmes, Des bleus sur l’âme mais pas sur l’âme seulement - Rapport sur la ville de Bari. Bari 2003.

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Etat civil Célibataire Marié/ée Séparé/ée

Divorcé/ée Veuf/ve Total

FEMME: Jamais arrivé de subir de violence

Non 85,7 89,1 62,3 84,2 86,7

Oui 14,3 10,9 37,7 15,8 13,3 HOMME: Jamais arrivé de subir de violence

Non 90,2 90,7 79,5 91,5 89,9

Oui 9,8 9,3 20,5 8,5 10,1

La violence psychologique est très certainement une des formes de violence parmi les plus répandues, mais de plus, elle a pour caractéristique d’être constante et réitérée dans le temps.

Les femmes qui ont déclaré en avoir été victimes indiquent que les épi-sodes se sont renouvelés plusieurs fois dans la période des deux années prises en considération (667 cas soit 83%).

Les harcèlements et les maltraitances semblent être des formes de vio-lence “habitudinaires” avec une forte tendance à se représenter dans le temps. Plus de la moitié des femmes qui dénoncent en avoir été les victimes disent que les actes se sont répétés plus d’une fois. La violence sexuelle – du moins pour les événements dénoncés – semble présenter des caractéristiques moins constantes. Les expériences des interviewées indiquent qu’il s’agit de cas i-solés autant que de récidives

Tableau 7.3 - Femmes qui ont déclaré ou non avoir subi une forme de violence les deux dernières années par type de violence, valeurs absolues et %

Femmes Harcèlements Maltraitances Sexuelsphysiques

Violence psychologiques

Violence sexuelle

Oui 950 505 914 59 Non 3499 3946 3495 4392 TOTAL 4449 4451 4409 4441

%Oui 21,4 11,3 20,7 1,3 Non 78,6 88,7 79,3 98,9 TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0

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7.4 - Femmes qui ont déclaré avoir subi une forme de violence, les deux dernières années, par type di violence et nombre d’événements, valeurs absolues et %

N° de fois Harcèlements sexuels

Maltraitances physiques

Violences psychologiques

Violence sexuelle

Une fois 261 181 140 23 Plusieurs

fois421 227 667 18

TOTAL 682 408 807 41 %

Une fois 38,3 44,4 17,3 56,1 Plusieurs

fois 61,7 55,6 82,7 43,9

TOTAL 100,0 100,0 100,0 100,0

Tableau 7.5 - Femmes qui ont déclaré avoir subi une forme de violence les deux derniè-res années, par type de violence et auteur, valeurs absolues et %

Maltrai-tance

v.a Violen-ces

Psycho-logiques

% v.a % Violenze sexuelle

v.a % Harcè-lement

v.a %

Parte-naire

158 Parte-naire

38,3 216 27 Parte-naire

13 31,7 Étran-ger-a

380 54,4

Étran-ger-a

91 Emplo-yeur/se

22,1 81 10,1 Étran-ger-a

9 22,0 Con-naissan-

ce

50 7,2

Con-naissan-

ce

22 Étran-ger-a

5,3 81 10,1 Con-naissan-

ce

6 14,6 Ami/ie 33 4,7

Autremembre

de la famille

15 Con-naissan-

ce

3,6 65 8,1 Autre mem-

bre de lafamille

2 4,9 Parte-naire

32 4,6

Père 14 Collè-gue

3,4 51 6,4 Collè-gue

2 4,9

Con-naissan-ce occa-sionnel-

le 29 4,2

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Ami/ie 11 Ami/ie 2,7 43 5,4 Autre 5 12,0 Autre 28 4,0

Plu-sieurs

auteurs/trices

7 Autre membre

de la famille

1,7 41 5,1 Ne veut pas ré-pondre

4 9,8 Emplo-yeur/se

27 3,9

Autre 17 Père 4,0 37 4,6 Collè-gue

26 3,7

Autre 30 3,7 Autre membre

de la famille

15 2,1

Ne veut pas ré-pondre

63 Plu-sieurs

auteurs/trices

15,3 20 2,5 Méde-cin

11 1,6

Con-naissan-ce occa-sionnel-

le

16 2 Père 10 1,4

Ne veut pas

répon-dre

84 10,5 Plu-sieurs

auteurs/trices

8 1,1

Ne veut pas ré-pondre

40 5,7

L’auteur de la violence Que la violence contre les femmes soit surtout une affaire de famille se dé-

gage assez clairement des réponses des femmes interviewées sur l’identi-fication de l’auteur de la violence qu’elles ont subie (Tableau 7.5). Qu’il s’agisse de maltraitances physiques, de violence psychologique et de violence sexuelle, c’est le partenaire qui est le responsable principal des événements violents dénoncés, au quatrième rang pour les harcèlements sexuels. Cet élé-ment explique également la répétitivité des épisodes violents qui ont fini par faire partie du langage familier de la vie de couple. Arrive au second rang mais à une distance considérable l’étranger, à l’exception des harcèlements où il reste indiscutablement premier, témoignage d’une culture de la violence

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répandue et envahissante qui considère les femmes comme des proies, même fugaces, d’”attentions” de nature sexuelle.

Après ces deux profils qui reviennent le plus souvent lorsqu’on pense aux auteurs de violence, on retourne à la famille ou à des relations amicales: par-ents, connaissances, amis sont les responsables des actes de violence dénon-cés, ce qui confirme que la famille représente parfois le lieu le moins sûr pour les femmes.

Mais le lieu de travail peut représenter également un milieu dangereux où les femmes courent le risque de subir des formes de violence de la part des em-ployeurs / employeuses tout comme des collègues, responsables d’harcèlements et de formes de violence psychologique (mais de violence sexuelle aussi).

Le niveau de réluctance à exprimer la souffrance, la peur ou la honte que les victimes éprouvent oscille entre 15% et 6% .

Tableau 7.6 – Femmes ayant déclaré qu’elles ont subi une forme de violence ces deux der-nières années, par type de violence et lieu, valeurs %

Harcèlements Maltraitances Violence psychologique

Violence sexuelle

Sa propre maison 36,5 44,3 43,0 53,7 Rue 25,6 27,4 14,1 17,1 Lieu de travail 10,6 2,2 19,1 2,4 Maison des amis 2,4 1,7 2,6 2,4 Maison de l’auteur de la violen-ce – maltraitance

1,9 1,2 1,2 2,4

Voiture 1,9 2,0 1,5 2,4 Autre 14,4 6,5 8,2 2,4 Ne veut pas répondre 6,7 14,7 10,2 17,1 Total 100 100 100 100

Le lieu où se déroule l’épisode violent

Confirmant davantage encore la nature familiale et domestique des actes de violence, nous trouvons les réponses concernant le lieu où s’est déroulé l’épisode violent dénoncé au cours de l’interview : à partir de la forme de violence la plus grave, c’est-à-dire le viol, la maison est le lieu où la violence est notamment exer-cée (suivent la rue – surtout pour les harcèlements et les maltraitances – et le lieu de travail) surtout pour les violences psychologiques et les harcèlements.

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Tableau 7.7 - Femmes ayant déclaré avoir subi une forme de violence au cours des deux dernières années, par type de violence et demande d'aide, valeurs absolues et %

Rivolte contre quel-qu’un

Harcèlements Maltraitances Violence psychologiques

Violence sexuelle

Fréquence % Fréquence % Fréquence % Fréquence %

Non 454 65,1 215 52,7 505 62,4 19 47,5

Oui 243 34,9 193 47,3 304 37,6 21 52,5

Total 697 100 408 100 809 100 40 100

A qui demande-t-on l'aide

Tout au plus, dans la moitié des cas, les femmes interviewées ont demandé de l'aide à quelqu'un, notamment lorsqu'elles ont été victimes de formes de violence sexuelle ou de maltraitances, mais en général il est rare qu'elles aient recours à une forme d'aide telle qu’elle soit. Si on observe l'expérience des personnes interviewées, on remarque immédiatement qu’au cas où une femme demande de l'aide, son choix retombe le plus souvent sur le milieu familial, tout de suite après - et surtout en cas de maltraitances et viol - sur les forces de l'ordre et le Service d’Urgences dans la dernière hypothèse. Le recours aux services publics tels que les offices de consultation ou les services sociaux est limité (en cas de violence psychologique seulement le taux de recours atteint 5% environ). Il est suivi du recours aux avocats privés. Les demandes à des associations spécialisées telles que les Centres antiviolence et les « telefoni rosa » (centres d’appels pour aider les femmes à lutter contre la violence) ou à des groupes religieux est peu répandue et représente un point de référence es-sentiellement pour les victimes des violences psychologiques.

Nous savons bien qu'il est extrêmement difficile pour la victime de trouver la force et la détermination nécessaires à dénoncer l'auteur ou les auteurs de la vio-lence et en général celles qui arrivent à franchir cette démarche disposent d'un soutien ou de l’appui d'un centre antiviolence ou d'un réseau de support technique leur permettant d'arriver au bout du parcours. Entre autres, la honte et la peur sont les obstacles à surmonter: environ 146 femmes ayant subi une de ces formes de violence dans les deux années précédant l'interview, déclarent avoir eu peur de quelqu'un et peur de vivre dans un état d'insécurité ou du moins perçu comme tel.

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Ces difficultés sont également confirmées par l'analyse menée ici où seul 10% des victimes déclarent avoir dénoncé un événement violent (Tableau 7.9).

Tableau 7.8 - Femmes ayant déclaré qu'elles ont subi une forme de violence ces deux der-nières années, par type de violence et forme d'aide, valeurs

Harcèlements Maltraitances Violences Psychologiques

Violence sexuelle

Ami – membre de la famille 70,7 42,2 55,4 42,2 Police - carabinieri 19,0 29,6 15,4 29,6 Avocat privé 3,3 8,0 12,1 8,0 Service d' urgences 2,9 10,1 1,0 10,1 Centre Antiviolence, telefono rosa

1,2 2,5 3,0 2,5

Médecin de famille 0,8 1,0 1,0 1,0 Service social 0,8 3,5 4,7 3,5 Curé - groupe religieux 0,8 2,0 3,4 2,0 Office de consultation familiale 0,4 1,0 4,0 1,0 Total 100 100,0 100,0 100,0 fréquence absolue 242 199 298 1

Tableau 7.9 - Femmes ayant déclaré qu'elles ont subi une forme de violence les deux derniè-res années éventuellement à dénoncer et qui déclarent qu'elles ont peur, valeurs %

Actuellement, avez-vous peur de quelqu'un?

Avez-vous dénoncé ce fait?

Fréquence % Fréquence % Non 2217 89,7 1644 85,5 Oui 146 5,9 203 10,6 Ne répond pas 109 4,4 76 4 Total 2472 100 1923 100

L’expérience de la violence

L'expérience d'une violence plus ou moins récente amène à considérer le phénomène d'un œil différent. Ici, à la conclusion de ce paragraphe nous prenons en compte certains aspects caractéristiques de l'enquête: l'adhésion aux stéréotypes (Les femmes sérieuses ne sont pas violées …), la tolérance de la violence (Parfois dans la vie conjugale il arrive que le mari oblige sa femme

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à avoir un rapport sexuel par des menaces ou par la violence ….), le profil de l'homme violent, les causes et les solutions possibles et en fin de compte les institutions de référence et nous les comparons dans les réponses des hommes, des femmes et des femmes victimes de violence.

En général on observe une plus grande prise de conscience (douloureuse) chez ces dernières qui s'exprime par un détachement plus net par rapport aux stéréotypes, une tolérance plus faible de la violence même par rapport à l'en-semble des femmes qui s'éloignent déjà des hommes.

A partir du stéréotype concernant l'idée de la provocation qui justifierait la vio-lence contre certaines typologies féminines spécifiques, voyons dans le détail comment réagissent (Graphique 2.7.1) les femmes qui ont déjà vécu des épisodes de violence par rapport à toutes les autres femmes et les autres hommes. Il s'agit d'une réponse encore plus consciente et nette, et même l'incertitude au moment de répondre est plus faible par rapport à celle de l'autre groupe.

Graphique 2.7.1 - Accord sur "Les femmes sérieuses ne sont pas violées”, %

89%93%

7% 4%5% 3%0%

10%20%30%40%50%60%70%80%90%

100%

donna che non ha maisubito violenza

donna che ha subitoviolenza

No

Si

Non So

De même, le rejet des modes violents dans les rapports entre partenaires apparaît de plus en plus clair et même entre ceux qui admettent des cir-constances de justification, les femmes victimes sont de moins en moins nombreuses (Graphique 2.7.2).

La description de l'homme violent qui se dégage des réponses des victimes at-tribue - avec plus de force par rapport à ce qui est observé par l'ensemble des femmes - un profil de l'auteur d'actes violents comme le profil d'un homme comme les autres, normal; en revanche le caractère violent inné est une image plus partagée par les victimes que par les autres femmes.

Femme qui n'a jamais subi de violence

Femme qui a subi une violence

Non

OuiJe ne sais pas

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Tous les autres facteurs qui peuvent donner une interprétation de l'attitude vio-lente attribuable à des facteurs extérieurs justifiant donc en quelque sorte le com-portement agressif et violent (ivresse, utilisation de drogues, instabilité mentale, etc.) sont clairement exclus (ou pris en compte par une minorité) par les femmes ayant eu des expériences de violence, alors qu'ils sont plus acceptés par les autres (Tableau 7.10). Même dans l'identification des causes du comportement violent nous trouvons, outre les points de contact qui aboutissent à la prédisposition géné-tique de la violence, une spécificité de lecture des victimes qui détourne l'attention vers la "façon dont les hommes considèrent les femmes", les problèmes de l'homme par rapport à la plus grande autonomie des femmes et le déséquilibre en-tre le pouvoir des hommes et celui des femmes, autrement dit vers des causes d'interprétation, éloignées des lieux communs et plus attentives à la dynamique des rapports entre les hommes et les femmes (Tableau 7.11). Pour ce qui est des mesu-res d'intervention, l'optique des personnes victimes de violence est plus orientée à privilégier les actions "légères" et d'approche structurelle comme les campagnes d'opinion, la création de Centres antiviolence, la réhabilitation et la formation des opérateurs, de préférence à des actions de répression telles que l'augmentation des forces de l'ordre ou l'aggravation des peines (Graphique 2.7.3).

Graphique 2.7.2 - Parfois dans la vie conjugale il arrive que le mari oblige sa femme à avoir un rapport sexuel par des menaces ou par la violence. Quelle est votre opinion à ce su-jet?

0,0% 20,0% 40,0% 60,0% 80,0% 100,0%

tra un marito e unamoglie non si puoparlare di violenza

se un uomo e respintodalla moglie

anche in questo caso sipuo parlare di violenza

Donna che ha subito violenza Maschio Femmina

En ce cas aussi on peut parler de violence

Entre un mari et sa femme on ne peut ja-mais parler de violence

Si un homme est re-poussé par sa femme, dans ce cas aussi on peut parler de violence

Femme ayant subi une violence Femme Homme

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Tableau 7.10 – Qui est l'homme violent, réponses des femmes ayant subi une forme de vio-lence au cours des deux dernières années et en général des femmes, par type de violence, %

Qui est l'homme violent Harcèlements Maltraitances Violences psychologiques

Violenze sexuelle

Toutes lesréponses

Un homme normal comme tous les autres

44,8 39,4 39,9 37,3 33,2

Un homme violent de par sa nature

24,9 26,1 25,6 28,8 24,2

Un homme qui souffre de troubles mentaux

8,6 11,3 10,6 5,1 17,5

Un homme au niveau culturel faible

8,4 7,3 9,0 8,5 9,6

Un homme qui se drogue ou qui boit

7,9 10,1 9,2 6,8 9,3

Je ne sais pas 2,0 2,6 2,5 10,2 3,3 Un homme de succès 2,7 2,6 2,7 3,4 2,3 Ne répond pas 0,5 0,6 0,4 0,0 0,6 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Tableau 7.11 – Les causes de la violence, réponses des femmes qui ont subi de la violence au cours de leur vie sur l'ensemble des femmes et des hommes, %

Causes Hommes Femmes Femmes ayant

subi de la violence

Le fait d'avoir une prédisposition génétique au comportement violent

23,8 23,7 24,9

La façon dont les hommes considèrent les femmes 13,4 14 20,8Le fait d'avoir été victimes d'actes de violence 10,4 11,4 14,5 Un bas niveau d'instruction 16 13,8 13,9 Les moyens d'information 14,1 12,2 13,8 La diffusion de quelques comportements de la femme 15,3 14,5 13,3 Les problèmes de l'homme comme conséquence de la plus grande autonomie des femmes

8,9 8,9 12,0

Parce que l'homme est comme ça 10,8 13,5 12,0 Ne répond pas 13,1 15,2 11,5

Manque de valeurs (respect) 9,3 10,3 10,6

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CausesHommes Femmes Femmes

ayantsubi de la violence

L’abus de drogues ou d'alcool 11,4 9,3 9,5 La manière dont notre société partage le pouvoir entre les femmes et les hommes

4,8 5,3 7,2

Autre 5,7 5,4 6,0 La pauvreté 3,9 4,2 4,2 Le chômage 4,8 4,5 3,1 Total des cas 4451 13941 1985

Graphique 2.7.3 – Mesures et interventions contre la violence; hommes, femmes et victimes

0 ,0 5,0 10 ,0 15,0 2 0 ,0 25,0 30 ,0

Campagne d i o p inione

p ene p iu severe per i vio lenti

Insegnare ai g io vani risp etto

aumento po lizia

centri antivio lenza

raffo rzamento leg g i

Altro

misure sp ecifiche d i p ro tezione

numero verde

Legg i antid iscriminazione

Aiutare le d onne a no n sent irs i in co lpa

Riab ilitazione vio lenti

Co rs i d i agg io rnamento x po lizia

uo mo donna donna vio lenza nella vita

Cours de mise à jour pour la police

Réhabilitation des violents

Aider les femmes à ne pas se sentir coupables

Lois contre la discrimination

Numéro vert

Mesures spécifiqu s de protection

Autre

Renforcement des lois

Centres antiviolence

Augmentation des contrôles de la police

Apprendre aux jeunes le respect

Peines plus sévères pour les violents

Campagnes d'opinion

Homme Femme Femme ayant subi de la violence au cours de la vie

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8. Réflexions finales

Ce deuxième tour d'enquêtes - plus vaste - sur les femmes et les hommes des villes ayant participé au projet de renforcement du réseau confirme de nombreux résultats déjà mis en exergue par le précédent rapport, à partir jus-tement de l'estimation de la diffusion des comportements violents envers les femmes dont le taux reste plus ou moins inchangé à hauteur de 12% -13% (au cours de la vie) affichant une certaine stabilité même au fil des ans et dans des réalités territoriales différentes. Donc, la violence domestique reste un phé-nomène pénétrant et endémique qui paraît, sur la base des actualités récentes, de plus en plus dangereux et dramatique. Il semble ainsi encore plus important d'approfondir le contexte où la violence est engendrée et alimentée, de com-prendre quelles sont les racines culturelles qui permettent à la violence de se développer, d'être tolérée, d'être exercée. Nos données peuvent fournir des in-dications et des conseils pour un parcours qui permette d'éradiquer et de dé-senclencher la violence par la construction d'un réseau fort de soutien et de support aux femmes victimes, d'une conscience collective qui refuse la vio-lence en tant que mode de relation, avant tout entre les hommes et les femmes. La plupart des gens entrent en contact avec la violence contre les femmes à travers les médias, avant tout la télévision qui se présente comme le moyen privilégié pour des campagnes de sensibilisation ou de communication. Il re-ste néanmoins un petit groupe de personnes exclues de l'information - non seulement médiatique - qui déclarent aujourd'hui encore qu'elles n'ont jamais entendu parler de violence de genre. Il s'agit de personnes âgées dans le grou-pe des femmes, mais aussi des hommes jeunes. Le modèle conceptuel de référence de la majorité de la population interviewée propose une lecture fa-taliste et passive des causes de la violence: si pour les femmes c'est surtout la sphère des motivations liées aux valeurs et à leur respect qui domine, chez les hommes ce sont surtout les effets des altérations dues à l'abus de drogues ou d'alcool qui s'avèrent les plus importantes. Sans différences entre les hommes et les femmes, dans cette deuxième phase, c'est une nouvelle conscience qui s'impose, celle de l'affirmation progressive de l'autonomie féminine ainsi que l'asymétrie des rapports de pouvoir susceptibles d’entraîner des altérations des rapports intimes entre les femmes et les hommes.

Les causes “sociales” indirectes de la violence ont, comme nous l'avons vu, récupéré l'attention des interviewés, mais elles restent néanmoins aux derniers rangs du classement par importance. La question de la sécurité, traditionnel-lement liée au phénomène de la violence contre les femmes, aussi bien dans le contexte général urbain que dans le contexte spécifique des femmes, n'est pas perçue par la majorité de la population comme problématique. Certaines villes

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signalent toutefois un malaise qui dépasse de loin la moyenne calculée dans l'ensemble. Naturellement, la perception du risque change en fonction de ce-lui qui répond: les femmes expriment un sens d'insécurité plus fort. L’âge et la formation scolaire n'influencent cette perception que de manière marginale. On peut dire pourtant que pour les hommes tout autant que pour les femmes, la perception du risque augmente au fil de l'âge. De même, plus le niveau sco-laire est bas et plus cette perception est aiguë. Si on passe de l'insécurité au sujet de la perception de la diffusion de la violence contre les femmes, on re-trouve une sensation de fréquence modérée d'agressions et de violence dans son quartier de référence, mais dans ce cas encore, il existe des situations où le climat est perçu comme plus menaçant. L'évaluation que les femmes et les hommes donnent du sens de sécurité et de liberté est plutôt différente. Chez les femmes on remarque plutôt une sensation de limite, de l’existence de con-traintes liées à des circonstances particulières qui leur permettent de se sentir sûres. La sensation de sécurité s’accentue chez les femmes célibataires ou sé-parées, chez les filles, les retraitées et les femmes à la recherche d’un premier emploi, ainsi que chez les diplômées.

L’impression d'être constamment vulnérables, potentiellement toujours à risque de subir des agressions est heureusement manifestée par une minorité des interviewés, qui représente néanmoins 3,5% de l'ensemble des hommes et des femmes. Dans ce cas encore, nous tenons à souligner que pour les femmes cette sensation s'exprime d’une manière plus répandue. Pour ce qui est du thème central de l'enquête, à savoir l'enracinement des stéréotypes et le seuil de tolérance de la violence dans la vie de couple, nous nous retrouvons en présence de deux modèles spéculaires qui résument l'attitude à l'égard des lieux communs et la pratique de la violence en tant que forme de rapport entre les partenaires. L'indépendance des visions conventionnelles du comporte-ment des femmes et des rapports entre les genres est particulièrement fré-quente chez les jeunes femmes, les diplômées, les enseignantes, les free lance, les employées et les étudiantes. Cette indépendance caractérise les villes de Pescare, Gênes, Cagliari, Salerne, Caserte et Brindisi. En revanche, l'acceptation de stéréotypes courants se trouve plus fréquemment chez les per-sonnes en âge mûr, ayant un niveau scolaire moyen-bas, les retraités, les ou-vriers ou les directeurs. Toutes ces caractéristiques sont principalement asso-ciées aux villes de Catanzaro, Misterbianco, Trieste et Crotone. Même la tolérance de comportements violents, en général aussi bien que dans un rap-port conjugal, apparaît comme un sujet très controversé, et dans ce cas aussi nous avons identifié deux perspectives spéculaires: une manière de penser qui refuse toute justification de la violence. Le portrait de ce profil: femme, diplômée ou ayant un baccalauréat, entre 25 et 49 ans, employée, enseignante

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ou free lance; les villes Mola di Bari, Gênes, Trieste, Brindisi et Pescara sont marquées par la présence de cette attitude de refus total de la violence. L'attitude opposée envisage un seuil de tolérance des comportements violents très élevé, des actes de violence physique du mari envers la femme sont admis lorsqu'ils se véri-fient dans des circonstances particulières ou pour le bien des enfants. Le profil as-socié à ce modèle de tolérance élevé de la violence est le suivant: personnes d’âge mûr appartenant aux deux sexes (50-59 ans), des personnes de niveau scolaire bas, ne travaillant pas (retraités et ménagères), ouvriers; les villes de Misterbianco et de Catanzaro se distinguent par une prédominance des réponses de ce type. Comme cela a été dit, ces résultats permettent d'orienter les actions et les inter-ventions de sensibilisation et de lutte contre la violence domestique car ils identi-fient les segments de population et les zones urbaines où il apparaît nécessaire d'intervenir. Il s'agit d'une carte rudimentaire qui, outre à confirmer les données résultant du premier tour, permet dès maintenant d'alerter les administrateurs et les responsables des institutions locales des villes où est signalée la prédominance d'attitudes qui marquent l'enracinement de stéréotypes et une tolérance élevée des modes violents.

Il semble notamment intéressant de signaler que la population identifie de manière claire les références privilégiées des services qui œuvrent dans le do-maine public et dans les centres Antiviolence pour le support des victimes. Et de signaler également que cette indication semble contredite par les témoignages des victimes de la violence domestique qui n'ont qu'un recours marginal à ces struc-tures et préfèrent le milieu familial et, surtout dans le cas de maltraitances et de viol, les forces de l'ordre et le Service d'Urgences. Mais les dénonciations ne sont que rares et représentent environ 10% des victimes. Sur le plan des mesures et des politiques à réaliser, le classement ne s'éloigne pas significativement de celui qui a été obtenu au cours du cycle d'enquêtes Urban précédent. Restent effectivement stables les quatre premières positions, un élément qui permet aux administrateurs et aux responsables politiques de tenir compte d'indications significatives lors de la mise au point d'interventions politiques dans ce domaine. Les mesures les plus votées se distribuent de manière équitable entre les interventions "préventives" (campagnes, formation des jeunes) et interventions de lutte (peine plus sévères, augmentation du contrôle de la police). Sans oublier notamment les actions spé-cifiques qui visent directement les victimes (Centres antiviolence, mesures de protection, numéro vert). Au premier rang, à hauteur de 30%, les citadins inter-viewés considèrent les campagnes d'information comme prioritaires afin de sen-sibiliser l'opinion publique, mais aussitôt après autant de réponses signalent l'im-portance d'aggraver et de rendre les peines plus sévères pour les auteurs des vio-lences.

Dans la logique des campagnes d'information, nous trouvons également le be-

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soin de formation des jeunes au respect réciproque, alors que la création de Cen-tres antiviolence monte d'un rang et le recours au contrôle de la police baisse. La mise en place de mesures spécifiques et l'activation d'un numéro vert s'avèrent importantes mais tout autant que le renforcement des instruments législatifs pour la protection des femmes.

Par rapport aux observations de l'enquête précédente, ici on enregistre une prédominance plus marquée de déclarations d'actes violents subis au cours de la vie, et, dans le détail des différentes formes de violence, l'incidence des dénoncia-tions d'harcèlements et de maltraitances monte, alors que celle de la violence psy-chologique et sexuelle baisse. Il n'est naturellement pas possible de comprendre si cette différence peut être attribuée à une augmentation effective du nombre d'a-gressions envers les femmes ou si elle est liée aux différentes réalités examinées car il s'agit d'observations concernant des ensembles de population non compara-bles. Il est même possible d'envisager une combinaison des deux effets et de toute manière, compte tenu de la stabilité des données au fil du temps et dans les villes, de constater que le phénomène de la violence ne cesse d'être présent et concerne plus d'une femme sur dix aussi bien dans les huit premières villes que dans les dix-sept deuxièmes. Les personnes les plus exposées à la violence sont les hom-mes et les femmes d'origine étrangère, les femmes célibataires et les séparés / di-vorcés, les diplômés/ées. L’expérience de la violence subie entraîne une plus grande conscience douloureuse de la part des victimes, qui s'exprime par un détachement plus net des rapport aux stéréotypes, par une faible tolérance de la violence, par l'identification des causes du comportement violent, une spécificité de lecture qui déplace l'attention sur "la manière dont les hommes considèrent les femmes", sur les problèmes de l'homme face à une plus grande autonomie des femmes et sur le déséquilibre dans le partage du pouvoir entre les hommes et les femmes, à savoir sur les causes d'interprétation, plus éloignées des lieux com-muns et plus attentives à la dynamique des rapports entre les hommes et les femmes. La description de l'homme violent qui découle des réponses des victimes nous restitue - avec plus de force par rapport à ce qui a été observé par l'ensemble des femmes - un profil de l'auteur de la violence comme le profil d'un homme comme tous les autres, un homme normal. Tous les facteurs qui fournissent une interprétation de l'attitude violente attribuables à des facteurs externes (ivresse, utilisation de drogues, instabilité mentale, etc.) sont évidemment exclus (ou pris en considération par) par les femmes ayant eu une expérience de violence, alors qu'ils sont plus acceptés par les autres. Nous pouvons souhaiter que la diffusion de données, de témoignages, d'analyses et d'études puisse contribuer à faire épanouir une conscience tout aussi profonde de la violence, de ses causes, de ses mécanismes profonds, sans devoir la subir.

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3. Villes, services et violence contre les femmes. Per-ception de la violence dans les villes Urban

par Alberta Basaglia

1. La raison d’une recherche sur les opérateurs, les services et la perception de la violence

Pourquoi mener une enquête sur la perception de la violence contre les femmes de la part des services? La question par laquelle nous ouvrons cet e-xposé pourrait être qualifiée de rhétorique. En fait, la question posée par le groupe de recherche Urban au moment de formuler des hypothèses et de bros-ser le dessin de la recherche qui en découle ne l’est pas du tout. Déjà au cours de la première phase du projet – la phase qui avait vu la participation des huit premières villes Urban : Naples, Catane, Palerme, Rome, Venise, Lecce, Reg-gio de Calabre, Bari – le point de départ était une donnée très simple. En Ita-lie, auparavant, aucune enquête faite par les services ne s’était poussée si loin dans l’analyse de la violence, aucune enquête n’avait étudié le niveau de re-connaissance de la part des opérateurs et des opératrices.

Aujourd’hui, à quelques années de distance, nous pouvons ajouter un autre fait important. Une analyse rapide mais précise de la littérature internationale montre en effet que cette perspective – opérateurs, violence et perception – s’avère plutôt nébuleuse. Autrement dit, à notre connaissance, aucune enquête n’a été menée dans le but spécifique d’analyser le phénomène de la violence contre les femmes du point de vue des services.

Et les données suivantes ne font que confirmer cette affirmation: la recher-che et les réflexions sur le phénomène de la violence contre les femmes se sont épanouies ces trois dernières décennies pour ne pas dire qu’elles ont ex-plosé, mais les contributions concernant l’analyse des services qui opèrent contre la violence sont encore peu nombreuses. Par exemple, la revue Violence and Abuse Abstract compte à l’heure actuelle quelque 1300 articles ou chapitres de volume chaque année, dont nombreux se concentrent uniquement sur la violence contre les femmes. De même les revues et les magazines spécialisés qui se focal-isent sur ce thème ne cessent d’augmenter: il suffit de penser au The journal of

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Interpersonal Violence ou à Violence against Women (publié au niveau interna-tional et interdisciplinaire) pour en trouver une confirmation. Nous sommes donc face à une attention de plus en plus forte et croissante envers ce problème. Nom-breuses sont également les contributions qui analysent les réponses données par les services aux femmes qui subissent une forme de violence, alors que d’autres contributions se sont récemment concentrées sur le fait de “donner une voix aux femmes qui subissent la violence”. En particulier, Hague, Mullender et Aris1,montrent, à partir de l’idée selon laquelle les femmes sont souvent invisibles et sans écoute chez les services, que la contribution des femmes victimes de la vio-lence est fondamentale pour le développement et pour la prise de pouvoir des ser-vices dans une certaine direction. En d’autres termes, ils montrent qu’on ne peut se passer d’écouter la voix des usagers dans la programmation des services pour les usagers eux-mêmes, notamment dans le cas de sujets sensibles, comme la vio-lence de genre. Malgré cette attention renouvelée pour le problème, la perspective de la perception de la part des services a été très négligée.

De ce point de vue, la recherche Urban s’avère novatrice. À plusieurs repri-ses, nous avons souligné qu’il s’agit d’une enquête « Pilote » et cela est vrai surtout pour l’enquête sur les opérateurs et les opératrices. À côté de cet a-spect novateur, il est important de souligner une autre caractéristique de cette enquête. Le fait d’analyser le phénomène de la violence contre les femmes à partir des perceptions des services est important non seulement pour recon-struire le tableau structurel et culturel du phénomène, mais également et sur-tout pour vérifier la capacité des institutions de reconnaître et d’affronter le problème. C’est là en fait un point de départ indispensable en un moment où on souhaite identifier et mettre au point des politiques d’intervention capables d’offrir des solutions praticables, efficaces et non stigmatisantes. L’hypothèse de départ de l’enquête est celle d’une reconnaissance modeste de la part des opérateurs et des opératrices des services face au problème de la violence con-tre les femmes; cela serait une conséquence du manque d’approches profes-sionnelles, de projets et d’organisation qui se traduisent par des méthodolo-gies pour reconnaître et accueillir les femmes qui subissent la violence et pour mettre en place les interventions de lutte correspondantes. Les questions po-sées par le groupe de recherche sont donc les mêmes que celles soulevées pendant la première phase du projet: jusqu’à quel point les opérateurs recon-naissent effectivement la violence contre les femmes en tant que problème? Quelle est leur perception de ce problème? Quel type de formation ont-ils reçu pour affronter ce sujet? Quel type d’interventions mettent-ils en œuvre ?

1 Hague G., Mullender A., Aris R., Is anyone listening? Routledge, Londres, 2003.

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Quelles sont les réponses qu’ils offrent? À notre avis, les réponses à ces ques-tions représentent la contribution finale du Projet Urban sur la compréhension du phénomène de la violence contre les femmes.

2. Dessin de la recherche et méthodologie du Projet Urban

La recherche “Réseau Antiviolence” a été menée dans les quartiers Urban des villes du Réseau, des quartiers identifiés par le Programme d’Initiative Communautaire Urban comme étant ceux qui « nécessitent de la construction d’une identité grâce à des interventions ciblées visant à la requalification du territoire et à l’efficacité des services, avec des retombées sur la qualité de la vie des citadins”. Dans chaque municipalité, une ou plusieurs zones/quartiers « Urban » ont été identifiés. Pourtant, dans certaines villes plus petites, la re-cherche a été menée sur toute la ville afin de garder la représentativité des échantillons. Le projet a dont été réalisé à Gênes, Trieste, Carrare, Pescare, Turin, Milan, Salerne, Cosenza, Bari, Syracuse, Catanzaro, Caserte, Mister-bianco, Crotone, Tarente, Mola di Bari, Cagliari et Brindisi. Le dessin de la recherche a d’abord procédé à la reconstruction du contexte territorial socio-économique dans une perspective générale. À cette fin, quelques indicateurs ont été mis en évidence, capables de fournir un tableau de la population exis-tante et du tissu économique et social. Par la suite, des relevés ont été faits de manière systématique sur certains services publics et privés considérés com-me les plus importants. Il s’agissait de services socio-sanitaires mais aussi de services éducationnels, culturels et récréatifs. Pour certains services spéci-fiques on a prévu la collecte d’informations à l’aide d’une fiche de relevé, al-ors que pour six services spécifiques (Offices de consultation, Commissariats de police, Sert [Service pour la Toxicomanie], Centres de santé mentale [CSM], Service d’urgences des hôpitaux, Services sociaux de base) une ana-lyse plus détaillée a été envisagée, par l’administration d’un questionnaire structuré à un échantillon représentatif d’opérateurs des services. Dans ce cas, l’attention a été concentrée sur la perception et l’attitude des opérateurs et des opératrices des services institutionnels publics, privés et des forces de l’ordre qui entrent en contact avec les femmes qui subissent la violence, tels que les médecins, les policiers, les travailleurs sociaux et d’autres encore. L’enquête envisageait également la reconstruction sociale du contexte, y compris à travers la participation de figures représentatives qui se posent en tant que « observateurs privilégiés » sur un territoire donné, tels que curés, pharma-ciens, représentants d’associations de bénévolat, agents de la circulation. Cette partie de la recherche sera analysée dans une autre section du présent volume.

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3. L’enquête sur les opérateurs et les opératrices

Le dessin de l’échantillonnage de l’enquête sur les opérateurs, tout à fait semblable à celui de la première phase du Projet Pilote, a été construit dans l’intention d’atteindre la représentativité, au niveau de la zone Urban ou de toute la ville, des opérateurs des services identifiés. Pour les villes qui devaient mener l’enquête dans la zone Urban seulement, au cas où un ou plu-sieurs des services envisagés n’étaient pas présents à l’intérieur de celle-ci, le critère pour l’identification de ces derniers était représenté par le bassin d’usagers du service en question. Autrement dit, les interviews ont été réal-isées dans le service utilisé et donc facile à atteindre pour les habitants de la zone Urban. Le questionnaire de l’enquête, adressé aux opérateurs /opera-trices des services sociaux, sanitaires et des forces de la police, a été articulé en deux parties, l’une plus générale pour tous les services, l’autre avec des fiches construites exprès pour chaque service, chacune approfondissant cer-tains aspects tels que la violence et la psychiatrie, la violence et les forces de l’ordre, la violence et la toxicomanie, etc. Tout cela à partir de l’hypothèse de l’existence de différents modes d’organisation de chaque service et donc d’accueil et des réponses données aux femmes qui subissent la violence.

Plus précisément, ce questionnaire était structuré comme suit: Les caractéristiques du service (type de service, organigramme); Les caractéristiques de l’opérateur / opératrice interviewé /ée (âge, sexe, qualification, expériences de travail précédentes, formation professionnelle en général et notamment sur les sujets de la violence et des maltraitances); Les cas de violence et de maltraitances parvenus au service et les modes d’interventions éventuels; La reconnaissance des cas de violence/maltraitance parvenus au service spécifique en question (nombre de cas, modes d’intervention, conséquence des violences et des maltraitances, etc.). Les interviews ont été principalement faites en vis à vis, à l’exception de

quelques cas où les questionnaires ont été auto-remplis par les opérateurs. Tout comme dans la phase de recherche précédente, il n’a pas été toujours facile d’obtenir un rendez-vous avec les opérateurs des services ou la restitu-tion des questionnaires. Le plan d’échantillonnage a été malgré quelques dif-ficultés, respecté et achevé avec succès.

4. L’échantillon des services et des opérateurs: une vue d’ensemble

Ce paragraphe présente une vue d’ensemble de l’échantillon des opérateurs

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74 72 72 70 63 55 55 55 54 53 50 50 42 32

Gen

ova

Brin

disi

Torin

o

Sira

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Cos

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et des opératrices. Après une courte description des services concernées et de leurs organigrammes, nous nous arrêterons sur la typologie des opérateurs et des opératrices qui travaillent à l’intérieur de ces services. Nous analyserons donc leur sexe, leur âge, leur niveau scolaire et leur qualification.

Graphique n. 1 – L’échantillon – Interviews par ville (valeurs absolues)

Cette dernière variable, en particulier, s’avèrera importante lorsque nous analyserons la perception de la violence contre les femmes de la part des opé-rateurs et des opératrices.

Voyons quelle est la variabilité en fonction de la profession concernée. Au cours de l’enquête Urban, les interviews menées dans les 14 villes du

Réseau ont été au nombre de 797. Les interviews ont atteint un maximum de 74 à Gênes (soit 9,3% de l’échantillon) et un minimum de 32 à Mola di Bari (soit 4% de l’échantillon). N’oublions pas que le nombre des interviews variait en fonction de la densité de population et du bassin d’usagers du quar-tier Urban correspondant. En moyenne, 57 interviews ont été menées dans chaque ville (Graphique 1).

Les services concernés par l’enquête ont été choisis à priori par le Comité Scientifique du Projet Urban: aucun choix représentatif sur le plan statistique n’a été opéré. Il s’agissait en fait d’explorer quelques typologies de services pouvant être impliqués dans le phénomène de la violence contre les femmes ou potentiellement intéressés à participer à une action de lutte sur les terri-toires de l’enquête. Les offices de consultation familiale publics ont donc été impliquées ainsi que les services sociaux de base, les centres de santé mentale ou similaires, les services pour la toxicomanie, les commissariats de police et les postes de sécurité publique, les Services d’Urgences des Hôpitaux.

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D’autres services ou associations privées ont de même été appelés, ainsi que des associations sans but lucratif ou similaires qui travaillent de manière spécifique avec les femmes victimes de la violence. Plus en détail, disons que les interviews ont démarré par les opérateurs des Services d’Urgences (au nombre de 174), suivies des Offices de consultation familiale (136). Suivent les Commissariats de police (113), les Sert et les CSM (107), les services so-ciaux de base (99) et enfin les services pour les femmes (61) (Graphique 2).

Graphique 2 – Interviews par service

0 50 100 150 200

Services de consultations

Services sociaux

Centres de santé mentale

Sert

Commissariat de police

Service d’Urgences

Un premier coup d’œil montre que les taux les plus élevés concernent les professionnels des Services d’Urgences (21,8%). Toutefois, poursuivant l’enquête par macro-catégories, nous remarquons que près de la moitié de l’échantillon des opérateurs (soit 44%) travaille dans les services spécialisés (Services de consultations, Sert et CSM). Une partie plus réduite (mais né-anmoins considérable) travaille dans les services des urgences (36% travail-lent en fait aux Services d’Urgences des Hôpitaux ou dans les Commissariats de police). Enfin, une partie encore plus petite exerce sa fonction dans les ser-vices sociaux de base (12,4%). Les services concernés par l’enquête sont très variables, sur le plan de la taille. Ceux que nous avons classés comme petits (jusqu’à 10 opérateurs) représentent en fait 20%, les moyens (11 à 30 opéra-teurs) représentent 42,7%, les moyens-grands (31 à 50 opérateurs) 15,7% et pour terminer les grands (plus de 50 opérateurs) représentent 21,6%.

Globalement, nous sommes donc confrontés à une grande variété pour ce qui est des services impliqués dans l’enquête, même si une bonne partie con-cerne des services de taille moyenne avec un maximum de 30 opérateurs.

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Les opératrices interviewées ont été au nombre de 516, soit 65%, alors que leurs collègues hommes ont été au nombre de 279, soit 35%. Notre échantil-lon fait globalement état d’un bilan nettement en faveur des femmes. L’enquête Urban précédente présentait elle-aussi une majorité d’opératrices femmes, même si l’écart n’était pas aussi marqué que dans le cas présent (les femmes interviewées représentaient en fait 57,5% de l’échantillon). Ce qui confirme effectivement que dans certaines professions la caractérisation de genre reste encore profondément marquée. Nous trouvons dans notre enquête que 87% des psychologues et des travailleurs sociaux sont des femmes, 76,4% des infirmiers, des éducateurs ou des préposés à l’assistance sont des femmes et que 78,3% des policiers sont des hommes. Les Commissariats de Police sont des lieux institutionnels qui emploient essentiellement des hommes alors que les services sociaux, les services de consultation familiale et les Sert restent des lieux où les femmes prédominent. A l’exception des figures de pointe du secteur sanitaire (domaine professionnel en voie de féminisation rapide, pourtant), il semble que, dans l’espace public, les représentations des garanties de l’ordre et de l’utilisation de la force reviennent aux hommes, al-ors que le soin des personnes reviendrait aux femmes.

Sur le plan des catégories professionnelles spécifiques des opérateurs con-cernés par l’enquête, nous trouvons en tête une prédominance nette de profils appartenant au domaine sanitaire (44,2%) suivis en deuxième position du do-maine psychosocial (30%). Autrement dit, il existe une prédominance de mé-decins et d’infirmiers (les médecins représentent à eux seuls 25,5%, alors que les infirmiers représentent 18,8%). Les catégories professionnelles sanitaires sont donc celles qui entrent le plus souvent en contact avec la violence contre les femmes. Après quoi, on trouve les travailleurs sociaux (18,9%), les policiers (14,4%) et les psychologues (11%) (Graphique 3).

Ces données sur les compétences et les rôles professionnels sont partielle-ment confirmées par le niveau de scolarisation de notre échantillon qui montre posséder dans l’ensemble un niveau scolaire élevé. 62,3% ont effectivement une maîtrise. Beaucoup moins nombreux sont ceux qui ont un baccalauréat (20,5% de l’échantillon), alors que 16,4% seulement de l’échantillon ont un niveau scolaire correspondant aux instituts professionnels.

L’âge des opérateurs se concentre surtout dans la tranche 41-50 ans (42,9%). Une partie non négligeable est représentée par ceux qui ont une tren-taine d’années (32,5%), alors qu’un nombre réduit d’opérateurs a une ving-taine d’années (5,8%) ou une soixantaine d’années (2%). De plus, notre échantillon d’opérateurs travaille dans le service actuel depuis de longues an-nées : un tiers d’entre eux (36,5%) déclare en fait travailler dans ce même ser-vice depuis 6 à 15 ans, tandis que 24,6% y travaille depuis 16 à 25 ans.

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En général, donc, nous sommes face à un groupe d’opérateurs et d’opératrices mûrs, doués d’une expérience professionnelle certaine.

Pour conclure, le profil de l’opérateur impliqué dans cette enquête est le suivant: femme appartenant au domaine sanitaire, ayant un niveau scolaire élevé, d’un âge compris entre 41 et 50 ans et avec une expérience profession-nelle d’une dizaine d’années.

Il nous faudra tenir compte de tout cela au cours de notre analyse (Tableau 1).

Graphique n. 3 – Les qualifications professionnelles

Tableau 1 – L’échantillon

Les opérateurs interviewés: genre, âge, niveau scolaire

64,9% femmes 35,1% hommes

Age compris entre 41 et 50 ans Niveau scolaire Maîtrise

25,5

18 ,9 18 ,8

11 ,1

14 ,5

11 ,2

0

5

10

15

20

25

30

Medico Assistente sociale Infermiere Psicologo Poliziotto AltriMédecin Travailleur social Infirmier Psychologue Policier- Autre

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5. Les typologies de femmes rencontrées par les services: les estima-tions des données quantitatives et les données qualitatives

Une partie considérable du questionnaire concernait la rencontre des opé-rateurs et des opératrices avec les cas de violence et de maltraitance. Ce qu’on souhaitait obtenir par cette question était donc une estimation de l’aspect quantitatif du phénomène: combien de femmes s’adressent-elles aux services ? Pour obtenir ces données, nous avons soumis une batterie de questions aux opérateurs où on leur demandait d’indiquer le nombre de femmes rencontrées au cours de la dernière année ayant déclaré qu’elles ont été victimes d’une forme de violence sexuelle ou d’une maltraitance. Les opérateurs et les opératrices répondaient à cette question en fonction de leurs souvenirs de femmes rencontrées directement ou par d’autres opéra-teurs du même service (sans consulter donc les fichiers archivés). Les don-nées ainsi obtenues ne sont pas des « données » officielles du service, mais plutôt une mesure d’estimation indicative de la perception et de la recon-naissance du phénomène. Nous savons ainsi que les informations relevées ne suffisent pas à offrir une vision réaliste du phénomène. De plus, la littéra-ture nationale et internationale supportent largement nos considérations, à savoir que la violence qui émerge chez les services n’est que la pointe de l’iceberg de la violence qui se pratique essentiellement dans les murs de la maison et ailleurs. Les femmes sont souvent réticentes à s’adresser aux ser-vices par peur de rétorsions de la part du maltraiteur, mais aussi par peur de rétorsions de la part des services. A plusieurs reprises, nous avons pu souligner que les femmes sont souvent réticentes à chercher une aide profes-sionnelle auprès des services sociaux par crainte que ces mêmes services puissent adopter une approche qui finit par leur enlever leurs enfants mineurs, par exemple, ou plus en général, par les étiqueter de « mauvaises mères » (Mullender, 2004). Toutefois, les données qui ressortent des ser-vices officiels, tout comme les données provenant des services antiviolence, privés ou publics, représentent un bon point de départ pour avoir au moins une indication approximative du phénomène. Dans le rapport de recherche précédent, nous avons montré que les Centres antiviolence, qui ont été les premiers à offrir des réponses concrètes aux femmes victimes de la violence, accueillent en moyenne un nombre élevé de femmes (à titre d’exemple, rappelons que le Centre antiviolence de Venise accueille en moyenne 400 femmes chaque année, la maison pour les femmes maltraitées de Milan plus de 600, la maison des Moire de Palerme environ 500).

Les centres et les maisons ont mis en évidence un vaste monde souterrain de violences et de maltraitances sur les femmes et sur les enfants, un monde

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ignoré qui n’avait jamais été perçu ni reconnu par les services institution-nels. Voyons donc maintenant si cela est confirmé par les données de la re-cherche Urban.

Les opérateurs qui déclarent avoir rencontré des femmes victimes de vio-lence sexuelle au cours de la dernière année représentent 31,6% de l’échantillon. Le reste, soit 68,4%, déclare donc qu’aucune femme ne s’est adressée au service.

Les opérateurs ont rencontré, dans la majorité des cas, une (10,5%), deux (7,2%) ou trois (4,4%) femmes au maximum dans l’espace d’un an.

Les fréquences diminuent avec l’augmentation du nombre de femmes ren-contrées: autrement dit, seul 2,2% a rencontré entre six et dix femmes, et seul 0,3% en a rencontré plus de onze. Le nombre de femmes le plus élevé déclaré par un service est de vingt, alors que le nombre total des femmes ayant subi la violence (sur la base de la mémoire des opératrices et des opérateurs) est de 650, soit une moyenne, par opérateur, de 1,22 (Tableau 2).

Tableau 2 – La rencontre avec les cas de violence et de maltraitance

URBAN 1

Opérateurs qui rencontrent des cas de vio-lence et de maltraitance

• Violences 35.5% • Maltraitances 65.7%

Nombre de femmes rencontrées

• Violences 668 • Maltraitances 3467

• Cas par opérateur 1.2

URBAN 2

Opérateurs qui rencontrent des cas de vio-lence et de maltraitance

• Violences 31.6% • Maltraitances 53.3%

Nombre de femmes rencontrées

• Violences 650 • Maltraitances 3220

• Cas par opérateur 4.0

Les chiffres que nous présentons sont semblables - d’une manière surpre-nante - à ceux du rapport précédent. Huit ans plus tard et avec un échantillon complètement différent de villes, nous sommes face à la même tendance.

2 Cette donnée peut en effet n’avoir aucun sens car les opérateurs ne sont pas nécessairement impliqués directement dans les cas d’accueil des femmes, mais il suffisait qu’ils connaissent des femmes accueillies dans le service. Pourtant, il nous semble important d’indiquer égale-ment cette moyenne pour avoir une autre information sur l’ampleur du phénomène.

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N’oublions pas en plus que l’échantillon des services concernés varie con-sidérablement aussi bien en termes de dimension que de typologie des profes-sions concernées. Il nous paraît important de souligner, à ce stade, ce que nous avions affirmé dans le rapport précédent : la rencontre avec les cas de violence sexuelle de la part des services est une rencontre occasionnelle, du moins pour ce qui est de la reconnaissance et de la perception du phénomène. La question que nous pouvons encore une fois poser est liée à la reconnaissance, de la part des opérateurs, des cas de violence. Rares sont les femmes qui s’adressent aux services officiels. Parce que les femmes ont peur d’être stigmatisées, parce qu’elles savent qu’elles ne peuvent pas être aidées ? Ou plutôt parce que les services qui ne sont pas en mesure d’intercepter les cas de violence sexuelle?

N’y a-t-il pas encore du vrai dans ce que nous disions en 2001 à propos des services sociaux vis-à-vis des centres antiviolence à savoir que la « non per-ception par les services institutionnels enfonce probablement ses racines dans la non thématisation du problème, dans la conception des interventions et dans l’organisation des services tout autant que dans l’absence d’une forma-tion permettant de reconnaître la violence et d’intervenir de manière ciblée contre elle : le manque de connaissances de faits et d’outils pour relever les données n’est-il qu’un effet secondaire”? Aujourd’hui les femmes se deman-dent, comme l’expliquent Hague, Mullender et Aris (2003) “if they listen to us it is just so good. It makes the services better, just much better. No one has ever listened to us before” (s’ils nous écoutent c’est bien. Cela permet d’améliorer le service, de l’améliorer de manière considérable. Personne ne nous a jamais écouté). Ce sont donc les femmes qui demandent à être recon-nues par les services. Et c’est donc là une autre donnée sur laquelle il faut ré-fléchir. La violence sexuelle n’est que rarement interceptée par les services institutionnels, mais la situation change si on prend en considération les mal-traitances. Les femmes maltraitées rencontrées par les services ont été au nombre de 3.220. Les opérateurs qui ont rencontré les femmes ou qui ont connaissance des cas représentent 53,3%, un peu moins que le double par rap-port à la violence sexuelle. Comme on le disait donc dans le précédent rap-port, les maltraitances sont moins occasionnelles. Les services semblent plus sensibles à ce sujet tout en tenant compte que nombreux (43,9%) sont les opé-rateurs qui n’ont jamais rencontré, au cours de la dernière année, des femmes ayant dénoncé des maltraitances. Pourtant, il est surprenant de remarquer que le nombre de femmes maltraitées est considérablement plus bas par rapport au nombre précédemment relevé par la recherche Urban. On dénombre en fait 247 cas en moins, un chiffre considérable compte tenu du fait que les villes aujourd’hui sont au nombre de 14 alors qu’en 2002 elles n’étaient que huit. En moyenne, un opérateur a traité quatre cas, contre 5,6 du relevé précédent

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(Tableau 2). La tendance est donc la même (maltraitances, cas moins sporadiques par rapport à la violence sexuelle, cas occasionnel), mais on remarque une dimi-nution significative des cas de maltraitances relevés. Evidemment, il est difficile d’entamer une comparaison lorsque des villes très différentes entre elles entrent en jeu, avec des bassins d’usagers, des structures, des cultures et des services très différents. Cela pourrait révéler une attention réduite de la part des services à l’égard de la phénoménologie de la violence. Il nous semble pouvoir encore redire que “cela indique une lacune au niveau d’analyse et d’évaluation de la probléma-tique de la violence contre les femmes et donc un manque d’interventions de lutte contre la violence, aussi bien en termes de programmation que de coordination au sein du service et en dehors de ce dernier”. Le fait de disposer d’une estimation quantitative du nombre de femmes qui subissent la violence ne nous aide que partiellement à explorer le phénomène de la violence. Pour cette raison, le que-stionnaire Urban allait plus loin : on demandait en fait aux opérateurs d’indiquer jusqu’à un maximum de cinq cas en indiquant l’auteur, le genre de l’auteur et le lieu où s’est déroulée la violence. Premièrement, les données montrent que l’auteur principal, dans tous les cinq cas pris en compte, est le mari ou le fiancé ou le partenaire vivant avec la victime. Et cela est vrai aussi bien dans les cas de vio-lence sexuelle que de maltraitances. La révélation d’une violence et d’une mal-traitance dans les murs domestiques n’a rien de nouveau. Le même résultat, en fait, découlait de l’enquête précédente et il a été confirmé par des recherches au niveau international. Mais plus encore, les données des maisons et des centres contre la violence avaient mis l’accent sur le phénomène de la violence en tant que phénomène de type familial. Dans notre contexte, donc, ces données sont confirmées. Pour citer un exemple, l’auteur de maltraitances “mari ou partenaire” revient dans 37,5% des cas contre 6% de l’ami ou d’une connaissance, classé au deuxième rang. Cette même donnée est largement confirmée pour ce qui est du genre de l’auteur – et en effet les femmes n’enregistrent que des pourcentages tout à fait négligeables – et du lieu de la violence. La maison est le lieu où tant la violence sexuelle que les maltraitances ont lieu dans la majorité des cas. La rue s’avère un endroit beaucoup plus sûr que les murs domestiques et le mari repré-sente une menace beaucoup plus présente que l’inconnu rencontré par hasard une nuit à la discothèque. Au cours de l’enquête précédente, nous avions dit que “la représentation de la famille comme lieu résolument sûr et protecteur est lourde-ment mise en cause dans ces relevés”; aujourd’hui, devant la confirmation de cet-te tendance, le besoin d’introduire dans les services sociaux et sanitaires des mé-thodologies d’intervention – déjà expérimentées par les Centres antiviolence – voyant la violence interpersonnelle comme une violence domestique et comme un problème social devient un besoin incontournable.

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6. Les typologies de services et les opérateurs rencontrés par les femmes

Quels sont les services qui rencontrent le plus souvent des femmes ayant subi une violence et/ou des maltraitances? Dans quelles villes? Et quelles sont les catégories professionnelles qui sont le plus concernées par ce type de ren-contre? Dans le paragraphe qui suit nous essayons de répondre à ces questions qui sont l’intégration et l’aboutissement de ce qu’on a vu précédemment. Ju-squ’ici donc nous nous sommes placés dans l’optique typologie de l’usager, donc typologie de la demande qui parvient aux services. Maintenant nous voulons en revanche analyser quelle est l’offre des services et le niveau de re-connaissabilité de la phénoménologie de la violence.

Le premier facteur à mettre en évidence est encore une fois la complexité d’une enquête telle que celle-ci, c’est-à-dire la comparaison des différentes villes et des différentes réalités locales. Pour ce faire et pour comprendre les contextes locaux à fond, des rapports ont été dressés dans chaque ville au niveau local et c’est à ces derniers qu’on renvoie pour des approfondissements spécifiques.

De toute manière, malgré la difficulté de comparer les différents contextes des villes Urban, ici il est pour nous intéressant de comprendre quels sont les services – quelle que soit la ville prise en considération – qui rencontrent la violence et quelles sont les catégories professionnelles les plus sensibles à ces rencontres.

Autrement dit, cela peut nous aider à comprendre comment la violence est « thématisée et contextualisée ». Autrement dit jusqu’à quel point la violence est traitée comme un problème sanitaire, comme un problème de malaise so-cial ou comme une maladie assumant des dérives psychiatriques.

Ou bien encore il s’agit de comprendre si la violence est thématisée dans une optique de genre et donc hors du domaine purement tutorial ou assisten-tiel. Autrement dit comment la violence subie est interprétée comme étant for-tement liée à la spécificité de l’histoire de chaque femme, à l’histoire du gen-re. Prenons d’abord en considération la violence sexuelle. Les femmes sont accueillies par les Centres de santé mentale, puis par les Commissariats de police, puis encore par les services de consultation familiale. Enfin, elles sont accueillies par les Sert, par le Service d’urgences. Très peu arrivent aux ser-vices sociaux de base (Graphique 4).

La situation est très différente lorsqu’on considère en revanche les maltrai-tances. Dans ce cas, ce sont les Commissariats de police qui accueillent la plupart des femmes, suivies des les Services d’urgences et par les Sert. Au dernier rang du classement, même si les pourcentages ne sont pas si différents, nous trouvons les services sociaux et les Centres de santé mentale.

Ces considérations sont valables même lorsqu’on considère un autre indi-

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cateur, à savoir les services qui déclarent un nombre considérable de cas de violence et de maltraitances au cours de l’année.

Pour la violence sexuelle, c’est le rôle du Service d’urgences et des services de consultation qui émerge, alors que pour les maltraitances ce sont plutôt les Commissariats de police et encore des Services d’urgences.

Les services sociaux de base s’avèrent presque inexistants. À ce stade, quelques réflexions s’imposent. La violence sexuelle est en fait décelée principa-lement par le Service d’urgences, par les services psychiatriques et par les forces de l’ordre.

Le rôle du Service d’urgences et fondamental au moment de l’urgence. Les policiers jouent également un rôle clé dans la découverte de la violence, surtout lorsque le fait est récent. Et cela est particulièrement vrai depuis l’entrée en vigueur de la loi contre la violence sexuelle qui la définit comme un crime contre la personne et non contre la morale, donc poursuivable par voie légale. Le policier accueille la femme qui a subi la violence et le système judiciaire punit le violeur.

Graphique n. 4 – Typologie de service par rencontre avec la violence et la maltraitance

49.5 50

41.1 64

40.9 52.7

29.5 56.3

24.1 61.8

15.2 51.5

0 50 100 150

CSM

Commissariat de police

Services de consultation

Sert

Service d’urgences

Services sociaux

Violence

Maltraitance

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Les services psychiatriques méritent en revanche une attention particu-lière. Dans le rapport précédent nous avions déjà entrevu les potentialités des services psychiatriques au niveau d’accueil des femmes qui subissent la violence et nous disions que “l’ancienne culture est probablement en phase de changement si le psychiatre peut être considéré comme le point de référence le plus fort pour offrir un secours valable aux victimes de la violence et de l’abus perçus comme destructeurs de leur équilibre psychi-que. Si cela était vrai, cela impliquerait un double changement culturel : à l’égard de la perception de la violence sexuelle et de ses conséquences”. La tendance est ici largement confirmée: dans la présente enquête, ce sont en fait les services psychiatriques – et de manière plus forte par rapport aux années passées – qui reconnaissent davantage la violence sexuelle. Et donc, le rôle de la psychiatrie traditionnelle qui obéit au besoin de protec-tion de l’ordre public plus qu’au besoin de soins au malade semble par-tiellement s’évanouir. Cela nous apparaît comme une première indication générale qui résulte de cette enquête et qui s’avère importante dans les stratégies d’intervention et de programmation des services contre la vio-lence sexuelle.

Une autre considération qui s’impose concerne le rôle des services soci-aux de base, pratiquement inexistants dans les cas de violence sexuelle, presque aux derniers rangs du « classement » dans les cas de maltraitances. Donc, la violence de genre en tant que phénomène qui s’encadre dans la typologie du malaise social, dans la typologie des femmes qui vivent, tra-vaillent, ont une famille dans un territoire donné, est un phénomène qui n’est pas décelé par les services sociaux. La violence de genre apparaît presque étrangère au contexte social, contrairement à la pauvreté, au chô-mage, à la toxicomanie ou à la marginalisation. Et c’est là une autre don-née qui, tout comme la fois passée, se manifeste avec la même tendance et trouve ici sa confirmation. La violence et la maltraitance sont décelées plus fréquemment par les services spécialisés. Nous verrons plus loin dans le détail quelle est la contribution spécifique de chaque service et l’appro-che adoptée envers la violence contre les femmes.

Poursuivant l’analyse de l’accueil des femmes par les services, le genre de l’opérateur nous montre que les opératrices femmes sont celles qui ac-cueillent le plus les femmes victimes de violence sexuelle, alors que les hommes sont ceux qui accueillent davantage les femmes maltraitées. Ces données sont influencées par la figure du policier. Comme nous l’avons vu, en effet, les Commissariats de police sont les services les plus actifs sur ce front et par conséquent, comme la profession de policier reste en-core une profession fortement masculine, il en découle un contact très fort

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entre les femmes maltraitées et les opérateurs hommes. La première ap-proche d’une femme maltraitée est donc avec un homme. Tel n’est pas le cas pour la violence sexuelle, dont le contact, comme nous l’avons déjà dit, concerne surtout les opératrices femmes. Avant tout des psychologues femmes, suivies des psychiatres et des gynécologues femmes. Le rôle du policier dans la violence sexuelle est pourtant un rôle non négligeable: ce rôle dépasse, bien que de 1,2% seulement, celui des gynécologues femmes. Enfin, une remarque sur les villes. Une fois encore, les données indiquées ici semblent tout à fait étrangères aux contextes spécifiques et donc peu significatives. Néanmoins, comme il s’agit d’une enquête Urban où les villes et les quartiers Urban jouent un rôle central dans le système méthod-ologique global de la recherche, il nous semble utile d’indiquer une don-née au moins. Les opérateurs des villes de Mola di Bari, Cagliari et Turin sont ceux qui ont déclaré avoir eu plus de rencontres avec la violence sexuelle, alors que Syracuse, Pescare et Gênes rencontrent plutôt la mal-traitance. Misterbianco et Salerne sont en revanche au fond du classement, pour la violence sexuelle et les maltraitances respectivement. Inutile de le répéter, cet indicateur ne mesure pas le niveau de violence et de maltrai-tance contre les femmes présent dans un territoire donné, mais il indique plutôt le niveau de reconnaissabilité et d’accueil des services sociaux et sanitaires dans un contexte spécifique.

7. Reconnaître la violence dans le quotidien des services

7.1. L’indice de sensibilité: quelques données de synthèse

Il nous paraît utile de proposer dans ce contexte l’analyse de l’indice sensibilité à l’égard de la violence, un indice que nous avons construit au cours de la recherche précédente dans le but d’offrir des données de syn-thèse capables d’expliquer la violence au plan de sa reconnaissance. Ce taux résulte de la somme de certaines réponses spécifiques que nous avons considérées comme les plus significatives et les plus utiles à exprimer cette sensibilité3.

47% des opérateurs affichent une sensibilité faible, 8,3% seulement

3 A la différence de la fois précédente, où nous avions toutefois indiqué la sensibilité seule-ment comme élevée ou faible, dans ce relevé de données nous avons utilisé une échelle diffé-rente et nous avons donc utilisé les modes de sensibilité nulle, faible, moyenne et élevée.

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d’entre eux ont une attitude de sensibilité marquée envers les femmes vic-times de la violence (Tableau 3).

Tableau 3 - La sensibilité des opérateurs

Indice de “sensibilité” devant un cas de violence subie

ELEVE 8.3 MOYEN 36.6 BAS 47 NUL 8.1 Les professions les plus sensibles sont:

Educateur 31.6% Psychologue 20.3% Pédiatre 20% Volontaire 15.8% Gynécologue 11.1%

Les services qui s'avèrent insensibles sont les Services d'Urgences et les Centres de santé mentale alors que les plus sensibles sont les Centres de consultation et les services sociaux de base (Tableau 4).

Par la suite, la tendance observée montre que les opérateurs femmes sont plus sensibles et notamment celles qui ont reçu une formation spécifique des problématiques de la violence; parmi les différentes professions une place im-portante est occupée par les éducateurs, les psychologues, les pédiatres et les gynécologues. Pour approfondir nos considérations concernant chaque ser-vice, il nous semble à ce stade utile d'affronter le sujet de la violence à l'inté-rieur de chaque service spécifique.

Tableau 4 – L’indice de sensibilité des opérateurs

Indice de “sensibilité” par service (modalité ÉLEVÉ)

SERVICES SOCIAUX 16.5% CENTRES DE CONSULTATION 14.6% SERT 10.2% COMMISSARIATS DE POLICE 7.1% CENTRES DE SANTE MENTALE 5.8% SERVICES D'URGENCES 1.3%

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Cela nous permet en fait d'évaluer les différentes typologies de services et de souligner pour chacun d’eux les différences, les similitudes et les caracté-risations spécifiques.

7.2. Les services spécialisés

Pour les Centres de Consultation familiale, les Centres de santé mentale et les Sert nous avons préparé des fiches avec des parties communes afin de faciliter les comparaisons dans la pratique des services. La première question concernait, une fois de plus, la rencontre avec la violence. Elle était formulée plus précisément comme suit: “Vous est-il arrivé dans le rapport avec une femme ayant des problèmes (psychologiques, psychiatriques ou de toxicomanie) de retrouver, dans son histoire récente ou passée, un épisode de violence ou de maltraitance?” La recherche précédente avait relevé un taux de réponses affirmatives élevé et peu de différences entre les services. Ce deuxième relevé montre toujours un taux de ré-ponses affirmatives élevé, mais le pourcentage de la tendance par service diffère de quelques points. Les opérateurs du Centre de Consultation affichent donc un pourcentage plus faible de femmes (68,6% par rapport à 76,5% de la recherche précédente) alors que les Sert et les Csm s'avèrent plus sensibles à la reconnais-sance du phénomène (pour les Csm le taux monte de 78 à 85,6%, pour les Sert de 73 à 89,3%). Ce qui se dégage une fois de plus est le rôle des services psychiatri-ques, plus attentifs et plus sensibles aux sujets de la violence par rapport à il y a quelques années. Mais passons à l’étude plus détaillée de chaque service.

Centre de consultation familiale. Dans ce cas, trois indicateurs ont été utilisés, à savoir (a) si l'opérateur est entré en contact la dernière année avec des cas de sé-paration, de divorce, de menaces d'avortement, d’interruptions de grossesse dues à la violence ou à la maltraitance (b) quelles sont les conséquences possibles pour une femme qui subit une forme de violence ou de maltraitance (c) quels troubles spécifiques concernant le domaine sexuel peuvent être causés par la violence ou la maltraitance. Le premier indicateur est plutôt surprenant: 27,5% seulement des opérateurs des Centres de Consultation ont suivi, au cours de la dernière année, des cas de divorce dus à la violence et à la maltraitance, 12,2% des cas de mena-ces d'avortement et 23,1% des cas de demandes d'interruption de grossesse. Une fois de plus, il vaut la peine de souligner la différence entre les services consacrés à la famille et très utilisés par les femmes, mais dont la mission traditionnelle n'envisage aucune attention spécifique envers les phénoménologies de la violence de genre (dans ce cas le Centre de consultation), et les services antiviolence gender oriented ou consacrés à ce qui est habituellement appelé "abus des en-fants", qui existent aujourd'hui dans de nombreuses circonstances et qui présen-

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tent des taux très différents. En fonction des données collectées, il semblerait que la violence ne passe pas, si ce n'est dans un nombre très faible de cas, à travers les Centres de Consultation. Pourtant les opérateurs de ces Centres s'avèrent partiel-lement sensibles au thème de la violence et de ses conséquences: presque tous, voient effectivement dans la violence des conséquences très graves dont en premier lieu des problèmes de famille (96,6%), suivis de la perte du travail (76,3%) et de problèmes économiques (74,3%). En revanche, les conséquences possibles aussi bien physiques (80,6%) que psychiques (93,5%) sont importantes au plan sexuel. Les opérateurs des Centres de Consultation voient donc les consé-quences sur la vie sexuelle des femmes comme étant plus importantes et plus si-gnificatives par rapport à d'autres conséquences concernant d'autres aspects de la vie, à savoir le travail, l'argent, la maison. Et finalement, n'oublions pas qu'un tiers des opérateurs (32%) des Centres de Consultation n'a jamais relevé des problèmes de violence ou de maltraitance chez les femmes rencontrées dans le service.

Centres de Santé mentale et Sert. Les indicateurs utilisés par les Centres de santé mentale et par les Sert ont été les suivants: (a) la reconnaissance des symptômes (par exemple, des troubles psychiques, incapacité de s'adapter au con-texte social, tendance à l'autodestruction, etc.) comme conséquence de la violence ou de la maltraitance (b) la reconnaissance de la violence à l'aide de pratiques professionnelles exécutées (diagnostic, interventions réalisées)4. Au plan des pra-tiques, les opérateurs des Centres de santé mentale attachent beaucoup d'impor-tance à la réalisation d'une anamnèse approfondie dans les cas où il existe des soupçons de violence et tiennent souvent compte des événements négatifs et traumatisants lorsqu'une femme demande de l'aide car elle est déprimée. Sur le plan de la symptomatologie, nous notons des symptômes tels que l'anxiété, la dé-pression, les phobies, ou bien la dévalorisation du soi qui sont généralement pris en compte par les opérateurs comme conséquence d'une violence subie. Nous constatons que les opérateurs du Sert s'avèrent plus sensibles aux symptômes d'i-nadaptation sociale, d'abus de drogues ou de tendance à l'autodestruction par rap-port aux opérateurs des Centres de santé mentale. Les pourcentages indiqués nous amènent néanmoins à réfléchir sur le rôle clé de lutte contre la violence à l’égard des femmes que les services psychiatriques pourraient être les premiers à jouer, sans oublier pour autant le rôle des Sert. La dernière considération concerne enfin le genre de l'opérateur.

Lors de la recherche précédente nous avons précisé que les opérateurs femmes étaient plus sensibles à comprendre que les violences et les maltraitances sont à intégrer dans les caractéristiques spécifiques de l'histoire de chaque femme et que

4 Cet indicateur n'a été utilisé que pour les Centres de santé mentale.

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nous nous souhaitions qu'une femme victime de violence puisse rencontrer un opérateur femme qui sera incontestablement plus sensible à son cas. Les données de la deuxième recherche affichent une tendance légèrement dif-férente. Même si, d’une manière générale les femmes s'avèrent plus sensibles que les hommes, ces derniers, dans les Sert surtout, mais également dans les Centres de Consultation, semblent parfois consacrer plus d'attention à recon-naître la violence que leurs collègues femmes. Les conséquences et les torts psychologiques des enfants au niveau de la violence par exemple, ou bien des symptômes tels que l'inadaptation sociale sont plus pris en considération par les opérateurs hommes que par les femmes. S’agit-il dès lors d’un problème probablement lié aux compétences et à la formation ainsi qu'au but du service dans lequel œuvre l'opérateur plus que d'un problème lié à la définition du genre? À ce niveau, deux indicateurs peuvent nous aider à mieux comprendre la question du genre et des catégories professionnelles concernées par la re-connaissance de la violence. Le premier concerne l'attitude des opérateurs aux Commissariats de Police, qui, nous le savons bien, sont principalement des hommes. Le deuxième est représenté par le type et le niveau de formation spécifique présents dans les services de notre recherche. À l'aide de ces deux indicateurs, nous pourrons probablement confirmer - ou démentir - la tendan-ce qui associe le genre à la reconnaissance de la violence.

7.3. Les services d'urgence

Les Services d’Urgences. Les femmes sont souvent réticentes à chercher l'aide pour elles et pour leurs enfants car elles ont souvent peur d'être stigma-tisées par la violence et par conséquent elles hésitent à s'adresser aux services sociaux et sanitaires. Cela est vrai surtout pour le cas des Services d’Urgences, des services qui ne sont pas spécialisés dans l'accueil de la vio-lence. Même si les services d'urgences sont généralement toujours opération-nels, ne demandent pas de rendez-vous et sont disponibles pendant la nuit lor-sque la plupart des cas de violence se vérifient, la violence n’y trouve souvent pas d'écoute, elle n'est pas enregistrée et les opérateurs ne donnent pas de ré-ponses immédiates. Pourtant, des changements lents commencent à se pro-duire. Aux Etats-Unis, par exemple, depuis deux décennies au moins, il ex-iste des programmes spécifiques dans les Emergency Department, appelés "DV programms". Aujourd'hui, " ils sont même trop nombreux pour les énu-mérer”: ces programmes définissent des lignes directrices pour les opérateurs et font apparaître tout ce qui est refoulé et que les femmes ne trouvent pas le courage de dénoncer.

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Nous trouvons la même situation en Italie aussi. Dans le précédent rapport nous avions signalé les données de quelques expériences qui avaient été mises en place en Italie avec un certain succès d’ailleurs. L'une de ces expériences est celle de Venise, “Point d'écoute pour les femmes et les mineurs qui subis-sent des violences”, service créé au sein du Service d'Urgences de Venise et de Mestre. Plus précisément, le Point d'Écoute met la femme au centre de l'intervention et travaille en fonction des besoins de chaque cas spécifique à la construction d'un réseau à l'intérieur de l'hôpital et d'un réseau extérieur au sein du territoire et de la communauté. Comme précisé par l'une des opératri-ces “quand nous rencontrons une femme à l'hôpital, nous travaillons pour fa-voriser la communication entre les différentes divisions au cours des contrôles pour la définition du diagnostic et des traitements. Cela contribue, d'une part, à rendre le "parcours hospitalier" moins dur et moins impersonnel pour la femme et, de l’autre, cela encourage les opérateurs de l'hôpital - hommes et femmes - à prêter plus d'attention à la violence que la femme a subie et à sa condition globale, tant qu'ils prennent soin d'elle. En même temps, dans notre travail nous aidons la femme à entrer en contact avec les services présents sur le territoire”. Il est donc impératif que les opérateurs reconnaissent la violence et que cette reconnaissance fasse partie des méthodologies d'intervention, no-tamment pour les services d'urgences où, à côté de la demande de traitements "physiques" pour les femmes, il existe également l'expérience d'avoir eu son espace corporel envahi de même que ses "frontières" personnelles. Les blessures que cette expérience produit ne sont pas toujours visibles immédi-atement et surtout elles ne correspondent pas toujours à l'évidence de signes physiques. Les modes de réaction contre ce type de traumatisme sont differ-rents et s'expriment de manière différente chez les personnes concernées. Nous passons de la négation à la rationalisation, à l'état d'anxiété généralisée jusqu'à la symptomatologie spécifique du trouble post-traumatique dû au stress. Le service d'urgences est donc identifié comme "le lieu des urgences, d'une urgence qui n'est pas seulement celle de la douleur physique, mais aussi celle d'une situation globale que la femme vit, d'une situation qui fait peur, où le besoin de traitement demandé dépasse le traumatisme physique subi” (Izzi, Piana, 2002). Ces expériences sont donc importantes et encourageantes. Mais, la situation de nombreux services d'urgences en Italie est encore celle que nous avons préalablement décrite, à savoir des lieux où l'on effectue des points de suture sans même parler un instant avec la femme ” (Mullen-der,1996).

Pour les services d'urgences nous avons préparé également une fiche ad hoc. La première question concernait la perception de la violence d'un point de vue quantitatif, axée sur la phénoménologie possible de femmes qui s'a-

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dressent au service d'urgences. La question était formulée comme suit: pour-riez-vous estimer, en fonction de votre expérience, l'incidence des phé-nomènes de violence sur les femmes cachés sous forme d’accidents domes-tiques? Les résultats obtenus sont très semblables à ceux du relevé précédent. Donc, la majorité des opérateurs des services d'urgences pensent que l'inci-dence des phénomènes de violence non déclarée par la femme est faible (moins de 19%). Et 50% seulement bien que se trouvant face à des soupçons évidents, pensent qu'il est utile d'approfondir le cas. Ce n'est qu'en présence de "signes de violence évidents" qu'une partie des opérateurs essaie d'agir, don-nant à la femme des informations sur l'existence de Centres antiviolence (57,2%), ou prévenant la police (19,8%). Il reste 16% qui, tout en étant en présence de signes évidents, pensent qu'il vaut mieux de ne rien faire car la femme a certes ses raisons pour nier ou parce que la femme est majeure. En-fin, le rapport qui décrit la violence est considéré comme important pour la victime dans la plupart des cas (79,%). La seule forme d'intervention possible et utilisée de manière uniforme par tous les opérateurs est donc celle qui im-plique l'utilisation d'un document officiel faisant partie des démarches prééta-blies d'intervention à l'intérieur d'un Service d'urgences. Autrement dit, les opérateurs n'essayent pas ou ne veulent pas quitter des parcours connus, sûrs, ils ne veulent pas explorer à tout prix de nouvelles voies pour faire face à des signes évidents de violence et de maltraitance. La négation de l'évidence est de notre point de vue un élément plutôt surprenant. Et cela vaut surtout pour les médecins hommes. Encore une fois, en effet, ce sont effectivement les femmes qui s'avèrent plus attentives et qui ne se limitent pas à accepter les explications des femmes. D'ailleurs les hommes, et la recherche précédente l’a bien souligné, préfèrent prévenir et avoir recours aux forces de l'ordre, em-pruntant donc un chemin "légaliste et de protection" qui n'est pas toujours proche des besoins immédiats d'une femme qui s'est adressée au Service d'ur-gences car elle a été frappée, maltraitée et violée.

Les Commissariats de police et des Carabinieri. Le dernier service qui nous occupe est le service de la dénonciation, celui où l’on porte plainte, à sa-voir les Commissariats de Police et des Carabinieri (équivalent de la Gen-darmerie Nationale). Nous avons déjà vu que ces endroits rencontrent quoti-diennement de nombreux cas de violence et de maltraitance et qu'ils peuvent se définir en tant que des lieux d'urgence où la femme s'adresse pour des rai-sons spécifiques de protection de sa vie privée, d'aide et de protection. Ce sont aussi les lieux "institutionnels" de la dénonciation, pénale mais aussi so-ciale, le lieu où les femmes essayent de se protéger contre des situations vio-lentes au moyen de l'outil juridique. Compte tenu de l'importance spécifique de ces lieux, nous avons posé quelques questions spécifiques liées à l'accueil

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des femmes aux 115 agents de police interviewés, dont 25 étaient des femmes. C'est en général l'inspecteur qui reçoit les dénonciations (82,3%) ou bien celui qui est à son poste de travail à ce moment (13,3%). Seul dans un tiers des cas (34,8%) il est prévu qu'une femme agent de police reçoive les dénonciations. Cette donnée désagrégée par ville montre que dans sept villes de notre recher-che aucune femme agent de police n'est prévue au moment de l'accueil des femmes. Plus d'attention est prêtée au cas de la chambre: 78% de nos inter-viewés ont en fait déclaré que dans la commissariat de la police ou des Cara-binieri il existe une chambre utilisée exclusivement lorsqu'une femme se pré-sente ayant subi de la violence ou de la maltraitance. Les données présentées jusqu'ici ne diffèrent pas beaucoup de celles de la recherche précédente. Et, comme nous le disions il y a quelques années, la sensibilité réduite de ces ser-vices est une source d'inquiétude importante car le nombre de cas rencontrés par un opérateur de la police est plutôt élevé (75% des agents de police disent qu'ils ont reçu 10 demandes d'intervention au moins de la part de femmes au cours de cette dernière année). De plus, la plupart d'eux disent que le fait d'in-tervenir dans une dispute familiale est plus difficile que dans d'autres cas, car il s'agit d'un "milieu trop privé". La famille est perçue donc comme un lieu privé où sont présentes des pathologies comportementales et sociales plus ou moins partagées, et dans lesquelles il est difficile, pour les forces de l'ordre, d'intervenir. L'image des Commissariats de Police reste donc inchangée par rapport à ce qu’elle était il y a quelques années. Ces services ne font actuelle-ment aucun effort, ni au niveau de la formation, ni de l'accueil, ni des plans d'intervention pour faire face aux exigences des femmes maltraitées ou vio-lées. Quelques recherches menées en Angleterre (Schwartz, 1997) nous ont montré que les femmes sont réticentes à dénoncer les violences par peur d'être vues comme ayant causé les événements ou les avoir fait précipiter. Raison pour laquelle dès 1987, le Metropolitan Police Service de Londres a introduit dans chaque quartier un Domestic Violence Service (Service pour la violence domestique) intégré dans une unité de sécurité plus vaste appelée CommunitySafety Unit, un service qui offre en premier lieu un support et des choix aux femmes, mais qui joue également un rôle de prévention dans la réduction du "crime".

Ce n'est qu'un exemple qui montre comment, dans le travail quotidien, il est possible de prêter de l'attention au rapport avec les femmes qui subissent la violence. Nous pensons que nos forces de l'ordre devraient, pour le moins, se doter de manière structurée de personnel féminin pour accueillir les dénon-ciations. Les postes de police deviendraient donc des lieux d'intervention de l'urgence dans une optique de genre. Les femmes auraient moins peur de s'adresser aux Postes de Police dans la crainte d'être culpabilisées.

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7.4. Démarches suivies par les services et interventions antiviolence

Souvent, pendant l'analyse de cette recherche nous avons abordé le sujet des démarches et des interventions des services. Ici, nous affrontons de manière succincte le sujet de l'intervention du point de vue des démarches d'intervention et des outils de travail. Nous avons donc demandé aux opé-rateurs s’il existe, dans les services, des protocoles d'intervention ou bien s'ils agissent sur la base de leur expérience, sur la base de modes d'inter-ventions personnels et, en tout état de cause, sans modèles préalablement codifiés.

Seule une partie très modeste de nos interviewés déclare utiliser des protocoles codifiés pour les cas de violence (8,5%), et il s'agit dans la plupart des cas des Postes de Police. Le reste envisage un protocole pour le proche avenir (10,9%) ou n'envisage l'utilisation d'aucun protocole (80,6%). Alors, comment les opérateurs interviennent-ils dans les cas de violence? Il est tout à fait légitime de penser que les opérateurs arrêtent leurs propres lignes d'intervention. Et c'est justement ce qui se produit dans la réalité. Une grande partie des opérateurs ont effectivement défini leurs démarches comportementales et il s'agit dans la plupart des cas d’opérateurs des centres de santé mentale et des services d'urgences. Une partie plus faible (26,2%) envisage le renvoi à d'autres services / centres qui s'occupent de violence et dans ce cas il s'agit des services sociaux de base ou des services de bénévolat. Ceux qui recourent aux démarches pré-établies sont presque exclusivement des agents de police (16,8%) qui em-pruntent des chemins procéduraux envisagés par la loi. Ainsi, les opéra-teurs agissent "pour leur propre compte”.

Nous ne savons pas exactement - et nous le disions dans le précédent rapport - quelles sont les retombées de cette démarche. Mais, supposons que l'opérateur agisse en fonction de sa méthodologie professionnelle, sans avoir à sa disposition des démarches professionnelles précises axées sur l'attention à la violence de genre. Nous croyons donc possible de tirer des conclusions à ce propos. La première concerne les professions sanitaires, qui sont les plus dépourvues de pratiques de lutte contre la violence et donc d'interventions ciblées pour la femme. Dans l'analyse de nos données, nous avons toutefois observé un nouveau rôle pour les centres de santé mentale au plan de la violence sexuelle. Enfin, une considération sur le rô-le des services sociaux qui s'occupent de violence. Il s'agit sans aucun dou-te d'un rôle important qui ne doit pas se limiter à un simple envoi à des services qui s’occupent de violence, ce qui arrive souvent. Cette interven-tion doit s'exécuter sous la forme d'accompagnement de la femme tout au

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long d'un parcours de sortie de la violence souvent long et douloureux. L’envoi pur et simple fait état pour le moment d'une sensibilité non parta-gée des services sociaux face au sujet de la violence.

.8. Quelle formation pour les opérateurs et les opératrices

Dans le précédent rapport, nous avons mis en évidence que "le tableau pré-senté brosse une situation de services où, au plan opérationnel, les approches présentes ont tendance à ‘voir peu’ les violences et les opérateurs tendent sou-vent à "naviguer à vue" pour affronter le problème. Il nous reste pourtant à nous demander dans quelle mesure cela est dû à des choix conscients de base d'un service ou alors à un "manque, à des carences de ressources structurel-les", telles que les ressources de formation, par exemple, qui peuvent influen-cer considérablement l'activité d'un opérateur ou d'une opératrice".

C'est pour cette raison qu'une partie du questionnaire a été consacrée à la formation des opérateurs, conçue aussi bien comme formation en général que comme formation spécifique sur les thèmes de la violence. Voyons donc les résultats obtenus par la présente recherche. Au plan des expériences de forma-tion en général, notre échantillon déclare en avoir eu à hauteur de 74,8% des cas. Ces expériences de formation se concrétisent surtout dans la "mise à jour professionnelle", et il s'agit en plus de formation se terminant par l'émission d'un certificat valable aux fins de son CV. Organisées dans la plupart des cas par les agences sanitaires locales ou par les collectivités locales, ces expérien-ces sont liées au domaine médical (38,5%) ou au domaine psychologique (21,5%). Nous parlons donc ici d'une formation qui fait partie du CV profes-sionnel et qui, en tant que telle, est souvent obligatoire, gratuite et offerte par son propre organisme, surtout pour les professions médicales. Par contre, si nous utilisons les données des expériences de formation dans le domaine de la violence et des sujets de genre, le tableau brossé change profondément. 18,6% seulement des opérateurs ont en effet reçu, ces trois dernières années, une formation spécifique sur les sujets liés à la violence. Cette formation est no-tamment de type psychologique (41,8%) ou médical (16,4%) ou elle relève du domaine de l'assistance sociale (15,1%) (Tableau 5). Seule une très petite par-tie a reçu une formation sur la violence et sur les sujets liés au genre (3,4%). Les opérateurs ont fréquenté un seul cours (58,7%) ou deux tout au plus (27,3%) dans l'espace de trois ans.

Il s'agit certes d'une formation qui donne un certificat et qui s'avère utile pour le CV mais, seule une petite partie de cette formation est obligatoire. 52 opérateurs seulement, soit 35,6%, ont en fait déclaré avoir fréquenté un cours

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sur la violence qui était obligatoire, ce qui montre que nous ne sommes pas seulement en présence d'un petit nombre d'opérateurs ayant suivi des cours sur la violence, mais aussi d'une formation fortement influencée par l'initiative personnelle et par la "bonne volonté" de chaque opérateur. Enfin, un grand nombre de ces cours sont organisés par le privé social ou par les associations de femmes, qui organisent des cours presque comme les agences sanitaires locales (Asl) ou les collectivités locales (24,7%).

Tableau 5 - La formation des opérateurs

Formation spécifique pour le traitement de cas de violence

18.6%

Domaine de formation: Psychologique 41.8 Médicale 16.4 D'assistance sociale 15.1

Services avec plus de formation: Centres de Consultation sociaux

Ville: Gênes 42.5% Cosenza 29.6% Tarente 26.9% Massa Carrare 24.1%

L'offre de formation est donc celle qui vient des services sensibles ou orien-tés aux sujets liés au genre. Les services institutionnels, par contre, ne sem-blent pas préparés à affronter de tels sujets de formation et ont donc recours à des forces extérieures. Bref, nous sommes présence d’une situation qui affiche peu de formation. Celle-ci est essentiellement volontaire et offerte par les ser-vices des femmes. Si nous approfondissons ces données, si nous séparons par typologie de service, y compris sur le plan de la formation, les services s’inscrivent de plus en plus dans le même modèle de comportement. Autrement dit, alors que dans les Centres de Consultation et dans les services sociaux il ex-iste, bien que sous une forme limitée, une formation spécifique destinée aux opérateurs, cela vaut beaucoup moins pour les centres de santé mentale, pour les Commissariats de Police, et moins encore pour les services d'urgences. Dans ces services 10 opérateurs seulement ont dans l’ensemble fréquenté un cours de

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formation sur des sujets liés à la violence et ils relevaient tous du domaine médical. Pour ce qui est des villes, Gênes se distingue avec 42,5% d'opérateurs formés en la matière, suivie par Cosenza, Tarente et Carrare, bien qu’avec des pourcentages plus faibles (29,6%, 26,9%, et 24,1% respectivement). Cette don-née confirme elle aussi un tableau déjà brossé: peu de formation donc et surtout dans les services qui entrent chaque jour en contact avec des cas de violence et surtout dans des circonstances ayant un caractère d'urgence, comme les Ur-gences et les Commissariats de Police.

Il apparaît néanmoins de plus en plus clairement la volonté des opérateurs de recevoir une formation spécifique. À la question “Considérez-vous comme im-portant d'avoir plus de formation dans le domaine de la violence ?”, 83,2% des opérateurs ont répondu de manière affirmative, mettant en évidence leur dispon-ibilité à recevoir de la formation sur les méthodes de lutte contre la violence et sur des sujets qui facilitent la collaboration avec d'autres services en matière de violence. Il s'agit certes d'un signal positif qui révèle une tendance déjà présente dans le relevé précédent. Il existe donc aujourd'hui une conscience plus forte du fait que la violence contre les femmes peut être surmontée par des réponses ap-propriées et concrètes à l'intérieur des services traditionnels. C'est incontesta-blement par cette donnée qu'il faut démarrer et la confirmation se trouve une fois de plus dans les services et les centres antiviolence récemment établis en Italie. Autrement dit des lieux où la perception de la violence interpersonnelle en tant que phénomène social aussi bien que son orientation de genre font partie intégrante du travail quotidien, des méthodologies et des rapports avec les femmes. Un nombre sans cesse croissant de femmes - les données des relevés des centres le montrent bien - s'adressent avec confiance à ces services. Nos deux relevés, très semblables sur le plan qualitatif et sur le plan quantitatif, ont fait état d'une faible reconnaissance de la part des services traditionnels du phé-nomène de la violence contre les femmes. Quelques signaux positifs semblent apparaître, comme ceux qui sont liés au rôle des services psychiatriques, mais les interventions de lutte mise en place par les opérateurs, plus que de faire par-tie de méthodologies du service, relèvent souvent de la bonne volonté et de la sensibilité de chacun. Il reste encore beaucoup de chemin à faire. Les services sociaux et sanitaires doivent à ce stade reconnaître leur responsabilité pour as-surer l'accueil, les interventions et l'aide dans les cas de femmes victimes de violences. Nous allons donc conclure de manière symbolique par les mots qui concluaient le précédent rapport, où nous disions que le chemin à suivre est ce-lui d'une "formation particulièrement orientée vers les problèmes spécifiques liés au genre de manière à saisir également ce que souvent les femmes maltrai-tées n'osent pas ou ne veulent pas exprimer et communiquer à fond, comme si le fait de révéler leur condition de soumission n'était pas un acte de force en vue

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de leur libération, mais un manque de dignité et une reconnaissance de leur pro-pre échec”. Il y a également lieu d’ajouter qu'il faut reprendre une réflexion plus globale sur les modes de comparaison des différentes spécialisations (médicales, psychologiques et sociales), et sur les techniques d'intervention s’y rattachant, à travers une approche de genre, et en même temps holistique et phénoménologique. Et ce, dans l’optique de repenser de manière critique à l'intégration des savoirs, des techniques et des services, en vue d'une considéra-tion innovante de la santé de la femme, fondée sur la valeur de son intégrité en tant que personne sexuée et sur l'importance de la voix des femmes dans le privé, mais aussi dans le public-privé des services et des contextes spécifiques des compétences disciplinaires.

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4. Les Séminaires et les actions de réseau

par Vittoria Tola

1. Le besoins de formation

La deuxième phase de réalisation du projet “Réseau Antiviolence entre les vil-les Urban Italie” a envisagé l’intégration des actions de recherche axées de ma-nière plus spécifique sur la mise en réseau des acteurs œuvrant sur le territoire en matière de violence de genre. Cet axe s’est développé à l’aide de l’activité des séminaires de formation pour les nœuds du réseau, avec des opérateurs et des opératrices impliqués d’abord dans les recherches sur la connaissance des res-sources présentes (cartographie, analyse du contexte) puis, analysant leur percep-tion de la violence et celle des services où ils travaillent (questionnaire services et opérateurs), et enfin en tant que témoins privilégiés dans la partie qualitative des recherches. Il a été décidé d’appliquer la recommandation ressortant du rapport national précédent, à savoir exécuter notamment les ’’aspects d’action’’ pouvant engendrer directement un phénomène de sensibilisation, d’échange, d’analyse des méthodes, de démarrage des d’expériences en réseau et encourageant en tout état de cause l’amélioration des compétences de ceux qui travaillent ainsi que leur fonction d’interconnexion avec les autres ressources locales, de manière à facili-ter l’accès des femmes aux services et à axer les différentes actions de lutte contre la violence sur des projets de changement individuel.

L’expérience nationale précédente avait fait état non seulement des préjugés, des stéréotypes et de la faiblesse, mais aussi de la demande d’une formation orientée vers le genre, sur le sujet de la violence, de la part des opérateurs et des opératrices des services. Aujourd’hui, les programmes de formation du personnel éducateur, social, sanitaire, des forces de l’ordre, etc. n’envisagent toujours pas une formation spécifique sur le thème de la violence et du traumatisme, ni sur la violence de genre envers les femmes.

Ce problème se pose notamment dans la Recommandation sur la protection des femmes contre la violence du Conseil de l’Europe Rec(2002)5, adoptée le 30

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avril 2002, où une des priorités fixées était d’introduire le thème de la violence contre les femmes dans les domaines de formation de base et de formation uni-versitaire, mettant ainsi à la disposition des professionnels sociaux futurs, des opérateurs des centres de santé mentale, de la protection, etc. des connaissances et des outils.

Ces dernières années, en Italie, à la différence de la période où ont été exécu-tées les actions de la première phase (1998-2001), au niveau local, les activités de mise à jour de formation pour le personnel social, sanitaire et de protection se sont multipliées, y compris sur le thème de la violence et notamment la violence contre les mineurs, mais nous sommes encore très loin, comme le montre l’une des études réalisées sur le plan opérationnel par la recherche Urban (voir A. Ba-saglia dans le présent Rapport), d’une diffusion étendue des connaissances et des méthodologies d’intervention concernant le phénomène de la violence de genre. Il faut en plus souligner que cette offre de formation s’adresse à ceux qui œuvrent déjà, alors qu’une carence structurelle persiste au niveau des différents cadres de formation qui « construisent le profil professionnel ». En outre, les données col-lectées révèlent clairement que, malgré l’augmentation des demandes de forma-tion, l’offre de formation reste quant à elle très limitée et le besoin de formation orientée vers l’intégration des pratiques, vers l’évaluation des protocoles d’intervention adoptés et vers travail en réseau est encore sans solution.

Ces problèmes avaient déjà été mis en évidence par les recherches réalisées dans les huit villes pilote de la première phase de Urban et c’est sur cette base et pour répondre au besoin révélé par les recherches précédentes que, dans cette deuxième phase de projet, un bref cours de formation a été structuré pour les per-sonnes appelés “nœuds du réseau” , à savoir celles qui travaillent dans les prin-cipaux organismes en contact avec le phénomène de la violence (forces de l’ordre, opératrices/opérateurs sociaux, sanitaires, organisations sans but lucratif, organisations de femmes, Centres antiviolence). Le nouvel objectif fixé était de soutenir les nœuds du réseau dans un parcours de connaissance du sujet et des méthodologies adoptées pour l’affronter ainsi que de produire une occasion de rencontre, en tant que base pour l’intégration avec les autres sujets, facilitant ainsi la construction d’un processus capable de créer des chaînes de connexion (les fils du réseau) sur un territoire commun d’analyse et d’échange.

Le cycle des séminaires envisageait deux domaines opérationnels: Séminaires de sensibilisation et d’information sur le projet et sur le phénomène, destinés aux décideurs (hommes politiques, directeurs, responsables de ser-vice), aux opérateurs et à la population; Séminaires de formation organisés par l’organisme réalisateur ou par la ville, pour la participation d’un groupe défini d’opérateurs (25 personnes maximum) à un parcours de formation fortement interactif avec leur secteur de travail.

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Les séminaires de formation représentaient un outil pour créer les bases d'une culture partagée, orientée à l'approche de genre, de la phénoménologie de la vio-lence sur les femmes. Les objectifs principaux étaient le renforcement et la mise en valeur des ressources locales, la promotion et la consolidation des associations de femmes qui interviennent dans ce débat, la création de conditions utiles pour démarrer des services de genre spécialisés (Centres antiviolence). Avec ce projet, l'intention était de promouvoir une culture de réseau locale et d'intégration entre les services en tant que méthodologie de travail sur les thèmes de la violence contre les femmes. Les actions de réseau étaient conçues et souhaitées pour per-mettre de définir les démarches et les outils partagés entre les différents organis-mes, par la rédaction de protocoles d'entente et/ou de projets institutionnels, des résultats obtenus dans quelques-unes des villes concernées: Trieste, Turin, Gê-nes, Carrare, Pescare, Caserte, Mola di Bari, Brindisi, Catanzaro, Misterbianco, Syracuse.

L'expérience précédente montrait en effet qu'il ne suffisait pas de créer des ta-bles rondes partagées au niveau local, et qu’il s'avérait nécessaire de renforcer les activités visant les services et les réseaux, par la promotion de leur création. Parmi les villes de la première phase du projet, seules Palerme et Venise avaient réussi à maintenir et à renforcer les tables locales, la première sur la base du choix de confier la coordination de l'expérience à l'association des femmes qui l'avait pro-mue (Le Onde Onlus), la deuxième grâce aux conditions culturelles et politiques particulières qui avaient déterminé une synergie politique entre l'organisme local, qui avait pris en charge la position de chef de file dans un processus de change-ment au niveau de système et les associations féminines. La promotion des ré-seaux s'avérait donc comme étant un aspect fondamental dans le développement des actions de projet, afin de capitaliser et de promouvoir des interactions et des échanges constants entre les acteurs locaux appelés à intervenir pour lutter contre ce phénomène, qui reste un domaine fragile s'il n'est pas connecté aux conditions spécifiques du territoire, et pour renforcer l'activité de laboratoire et de formation des ressources locales.

Le démarrage du développement d'interaction entre les différentes agences en-visageait une implication directe des ONG de femmes aussi bien que des institu-tions publiques ou privés opérant à différents titres, mais pertinentes au plan du sujet et du territoire. Le but explicitement déclaré était de déterminer les condi-tions pour que la formation et la construction du réseau local ne perdent jamais de vue le profil résultant des recherches qui, intégré par l'expérience et les traite-ments produits par les Centres antiviolence ces dernières décennies, atteste d’une situation où:

la base culturelle pour la "rupture du silence" de la part des femmes est en-core pour une bonne part à construire, à travers un travail lent de sensibilisa-

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tion, d'information, de formation et de mise en réseau; les seuls services de genre spécialisés sont les services gérés par les associa-tions de femmes, à l'exception de Venise et de quelques autres villes ayant programmé des services à partir justement de la recherche-action Urban (Trieste, Pescare, Misterbianco, Turin, Carrare, Bari, Mola di Bari). Ces ser-vices sont particulièrement concentrés au centre-nord alors que leur présence est très limitée au sud; les réseaux locaux et les modèles d'intervention intégrés qu'on a essayé de promouvoir par le projet Urban ont du mal à résister après la fin de l'interven-tion, à l'exception des lieux où une association de femmes ou un organisme local, prennent en charge la coordination du travail de réseau (comme nous l'avons rappelé, les deux exemples d'excellence et représentatifs de deux mo-dèles - association et organisme local - sont Palerme et Venise, mais il existe d'autres cas comme par exemple Florence et Prato en Toscane, les villes d'Emilie-Romagne, etc., qui gèrent des formes de réseau moins formalisés, mais tout aussi efficaces et il existe des expériences naissantes qui agissent à des niveaux différents de zone, par exemple Pise, ou de province, comme Gênes et Ancône).

Il faut également souligner que les services publics se déclarent souvent inap-propriés pour accueillir les demandes d'aide des femmes. La perception de la vio-lence de ceux qui travaillent dans ses services ainsi que les performances profes-sionnelles sont trop souvent - conformément aux recherches menées en Italie1 - filtrées par des stéréotypes de genre qui tendent même à donner lieu à des formes de victimisation secondaire ou, plus en général, à se dresser en tant que barrière contre l'interprétation réaliste des causes de chaque épisode.

L’intervention de formation devait donc aider à surmonter ces difficultés et cel-les qui découlaient du relevé, à savoir: la difficulté d’organiser des interventions dans des situations de crise à cause d’une faible sensibilité; la tolérance de la violence dans les codes culturels du contexte; la perception difficile du phénomène dans les services, même à cause de l’absence de démarches de relevé des types de cas; le manque de ressources et l’incohérence des délais entre l’accueil de la de-mande d’aide et l’activation des ressources nécessaires à y répondre (économi-ques, d’accueil, autres); le fait que les services, travaillant sur le même territoire à des niveaux diffé-rents, ne se connaissent pas entre eux1.

1 Un exemple est donné par la Recherche Daphne AA.VV., Vers une rencontre qui donne des résultats. Violence envers les femmes et prise en charge sanitaire (“Verso l’incontro che

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Les recherches indiquaient clairement le besoin de définir des approches, des pratiques et des outils de travail partagés ainsi que de produire des informations détaillées sur les services opérationnels et sur leur offre, en vue d’améliorer l’efficacité des interventions pour ceux qui s’adressent à un organisme pour de-mander de l’aide pour eux et pour leurs enfants, garçons et filles. Il était donc clair qu’il fallait mettre en place des occasions de formation visant aussi bien à recon-naître le problème qu’à mettre au point des actions efficaces et intégrées d’aide, ciblées sur la femme et dans des délais cohérents par rapport aux besoins de celle-ci et de ses enfants, jetant ainsi les bases pour programmer une intervention qui détermine l’identification et l’interruption de situations à risque élevé pour la femme et ses enfants, ainsi que le démarrage de parcours à suivre pour sortir du phénomène de la violence.

Dans ce contexte, ce sont la cartographie des services ainsi que les recherches sur les opératrices et les opérateurs qui ont fourni des informations utiles pour identifier les services concernés, créant les bases pour la définition des actions lo-cales de réseau et pour la participation des opérateurs et des opératrices aux sémi-naires.

Les données collectées et analysées par la recherche visant à saisir le niveau de perception des opérateurs et des opératrices face à la violence ont constitué le patrimoine des connaissances à la base des interventions ciblées au développe-ment d’actions de réseau ; elles ont ainsi permis d’approfondir la connaissance du phénomène et d’affiner le parcours qui peut faciliter la révélation de ce dernier, par l’offre d’informations précieuses ayant pour but de mettre au point des méth-odes partagées, des évaluations des protocoles éventuellement adoptés et des pro-jets locaux pour développer les services de genre spécialisés contre la violence envers les femmes (accueil et hospitalité).

De plus, la reconnaissance et l’utilisation des expériences déjà menées en Italie, dans le cadre de Urban aussi bien qu’à l’extérieur de ce dernier, ont donné la possibilité d’emprunter des contenus et des façons de faciliter la réalisation de réseaux locaux.

L’offre de formation mise en place par le projet et adaptée aux conditions lo-cales dans chaque situation concernée a créé une occasion, a permis de faire par-ticiper ceux qui travaillaient dans les services analysés à un processus visant à produire des connaissances et à créer un espace partagé pour engager des actions de prévention et de lutte contre la violence de genre, le but étant d’organiser des initiatives de prévention et de lutte contre la violence envers les femmes, de dévoiler les caractéristiques à cause desquelles la violence se dresse comme phénomène envahissant et répandu et socialement toléré.

genera. Violenza alle donne e presa in carico sanitaria), Palerme 2006.

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nomène envahissant et répandu et socialement toléré. La première forme de conscience à partager au sein des groupes constitués par

les séminaires concernait le fait que très souvent les femmes ne parlent pas, ne dénoncent pas, ne se révoltent pas aux conditions de violence et de maltraitance subies. Du point de vue des femmes, les institutions arrivent difficilement à assu-rer que leurs droits soient garantis, au-delà de la réglementation proprement dite (qui est toujours loin de la vie matérielle), car les services s’avèrent presque tou-jours incapables de les aider à reconnaître la violence de genre et de proposer des formes d’aide basées sur la confiance, pouvant faciliter la construction d’un par-cours concret de sortie de la condition de difficulté qu’elles vivent. Cette expé-rience vécue apparaît clairement dans les récits 2 des femmes à propos de leur rapport avec les institutions sociales, sanitaires ou de protection. Les (tranches de vie) biographique dans les différentes recherches citadines ont offert du matériel précieux et riche aussi bien pour la description phénoménologique de la violence vécue que pour le regard sur les parcours difficiles de demande d’aide, souvent incompris ou stigmatisés comme des échecs, voire jugés en fonction de paramè-tres “sociaux” de lecture du malaise des enfants ou des femmes non conscients de la violence et des mécanismes que celle-ci entraîne chez les femmes victimes et chez les mineurs concernés. Cette perspective a été utilisée dans la définition des contenus des séminaires de formation, mais aussi de sensibilisation.

La mise au point des interventions de formation pour les opérateurs des terri-toires du réseau Urban a permis de créer un circuit vertueux visant à améliorer les compétences de chaque catégorie professionnelle et des services mêmes, offrant ainsi la possibilité de transférer les bonnes pratiques et d’élargir le réseau au béné-fice des femmes. L’activité de connaissance et d’échange des expériences en cours et préalablement menées a assuré, du moins en partie, une plus grande effi-cacité des mesures locales à adopter et une connaissance approfondie des démar-ches appropriées à suivre pour construire des services basés sur la capitalisation de l’expérience développée en Italie et en Europe par les Centres antiviolence des femmes et par les expériences faites dans le cadre des programmes communautai-res Daphne et Stop.

2 Comme déjà décrit dans le premier chapitre du présent rapport, outre les recherches quan-titatives, des recherches qualitatives ont aussi été réalisées, dont une visant spécifiquement la collecte d’histoires de vie des femmes victimes de la violence contactée au cours de la phase de l’recherche téléphonique ou à travers les ressources locales. La richesse d’informations et de contenus des interviews apparaît clairement dans les rapports locaux, auxquels on renvoie pour approfondir cet aspect.

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1.2.Le cycle des séminaires de formation

Le projet proposait sept séminaires pour chaque ville, dont cinq adressés à un public d’opérateurs sélectionnés et motivés, dans le but de faire démarrer les réseaux antiviolence au niveau de ville, et les deux autres destinés aux citadins et aux citadines, mais surtout aux décideurs politiques et institutionnels, aux experts et aux observateurs qualifiés, aux scientifiques et aux représentants des mass-médias. Ces deux rencontres publiques avaient certes un but d’information et de sensibilisation, mais elles mettaient en exergue le besoin de développer un langa-ge commun et une responsabilité partagée sur ce sujet.

Il s’agissait de promouvoir et de coordonner, ce qui n’est ni facile ni évident pour les administrations concernées aussi bien que pour les organismes réalisa-teurs, 85 séminaires et 34 congrès au niveau local et national, parfois avec une présence internationale qualifiée.

Ces séminaires se sont déroulés au cours de la période 2002-2005. Chaque cycle de formation a eu un rythme différencié, décidé par les villes en fonction de la durée de la recherche-action, qui s’est avérée variable car elle était liée à la né-cessité de faire face à la volonté des administrateurs locaux, au temps pris pour achever le programme de travail des organismes réalisateurs, aux difficultés d’organisation rencontrées au cours la réalisation3. Toutes ces conditions ont en-traîné dans certains cas des délais plus longs et une re-programmation de l’intervention.

Les rencontres de formation ont vu en moyenne une participation de plus de 25 personnes pendant tout le cycle, alors que ce nombre était initialement prévu pour chaque rencontre. Les groupes, composés de différentes catégories professionnel-les, ont constitué l’occasion pour acquérir des définitions et des conceptions de la violence contre les femmes et des méthodes pour la prévenir et lutter contre elle, permettant ainsi d’entamer un débat sur les concepts fondamentaux et la connais-sance des bonnes pratiques développées au niveau national, sur l’analyse et l’échange des expériences et des connaissances locales et créant dans les villes le milieu pour l’épanouissement d’un projet commun d’intervention inter-institutionnelle et interdisciplinaire sur la violence des hommes. Nous avons de-

3 Dans de nombreuses villes il y a eu des retards car le personnel opérant dans les services publics ou dans les forces de l’ordre n’avait pas l’autorisation à participer aux séminaires . Cette difficulté a mis en exergue la priorité de sensibiliser les décideurs de chaque organisme sur l’importance du sujet et de la formation, et si d’un côté elle a causé du retard, de l’autre elle a jeté les bases pour une action parallèle de sensibilisation qui puisse susciter une plus grande attention pour ce phénomène et pour le rôle que chaque organisme a dans la prévention et dans la lutte contre celui-ci.

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mandé aux villes de rédiger un rapport d’évaluation des séminaires et ce chapitre est le résultat des informations produites dans ces rapports et de leur traitement dans les rapports locaux, où il existe souvent un chapitre spécialement consacré aux séminaires et aux propositions sur la programmation locale. Sans oublier l’expérience concrète de la coordination menée par le Comité scientifique pour la formation.

Les séminaires ont été généralement organisés sur la base de la méthode criti-que et opérationnelle, définissant de nouveaux paradigmes sur la base du traite-ment de l’expérience des opérateurs, facilités et stimulés par les anima-teurs/animatrices enseignants, en général des femmes ayant une forte expérience culturelle, légale, psychologique, statistique, politique et pratique accumulée pen-dant des années de travail dans les centres et dans les maisons pour les femmes maltraitées, ou bien parce qu’elles étudient ce phénomène depuis longtemps. Les séminaires se sont déroulés sous la forme de leçons et de rapports en session plé-nière, mais le plus souvent sous la forme de travaux de groupe, cette dernière mo-dalité étant très apprécié par les opérateurs, qui l’ont considéré comme la forme la plus efficace pour approfondir les problèmes, ainsi que les simulations de cas et l’utilisation d’histoires de vie en tant que trace de réflexion opérationnelle pour obtenir des visions significatives du point de vue des femmes victimes de la vio-lence dans leur réalité territoriale. Les opérateurs ont souvent contribué à définir eux-mêmes les concepts fondamentaux à approfondir, stimulés par un modèle de formation qui envisageait la mise en jeu des compétences du groupe-classe et des connaissances précédentes, et privilégiait l’idée de stimuler la participation et la gestion collectives des résultats.

Dans la plupart des séminaires, deux phases ont été liées, le première « didacti-que/d’expérience », au cours de laquelle les rapporteurs femmes ont défini les li-gnes du phénomène de la violence, la deuxième de « débat » où ces mêmes opé-rateurs ont eu l’occasion de comparer leur quotidien avec les expériences des femmes rapporteurs, dans la réalité concrète du problème dans une zone urbaine donnée, fournie par les résultats. Dans la plupart des séminaires l’expérience pro-posée consistait à « partir de soi-même », de son être concret et de son propre tra-vail, pour conjuguer cette expérience aux contenus proposés et donner une lectu-re partagée des processus opérationnels déjà en cours et de leur modification pos-sible à la lumière des indications résultant des recherches. Comme déjà précisé dans le rapport de Misterbianco: “Par rapport aux objectifs à atteindre et au pro-gramme de travail remis, il a été souligné que ce programme serait confronté et dimensionné en phase de mise en œuvre, envisageant ainsi la possibilité de révi-ser les contenus et les modes à partir de la perception du phénomène de la part des opérateurs, et des interventions déjà réalisées par chaque service individuellement dans les cas de violence contre les femmes. La participation des opérateurs pré-

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sents a été très active et chacun d’eux s’est considéré directement concerné par la construction du réseau 4 ”.

Les personnes participant aux groupes de travail mixtes ont bénéficié d’un par-cours d’accompagnement qui leur permettait de discuter et d’affronter le problè-me, identifiant ainsi, lors de la formation, les bases des connaissances critiques communes à utiliser comme point de départ: la question des phénoménologies de la violence et de ses interprétations, les stéréotypes sur la violence contre les femmes, les méthodologies d’accueil ainsi que le besoin de mettre en œuvre d’outils comparables de travail et de contrôle des protocoles éventuellement a-doptés, la connaissance et le partage des obligations découlant des réglementa-tions, la diffusion des indicateurs de relevé de la violence et de leur nécessité dans les formulaires de relevé de chaque service, la mise au point de travail en réseau, la mise en valeur des savoirs des femmes et de la subjectivité féminine.

Dans de nombreuses villes, les rapports rédigés par les experts hommes et femmes ont été par la suite remis dans le dossier distribué à chaque participant, en tant que partie intégrante des matériels mis à la disposition, tout comme les pho-tocopies du matériel bibliographique sélectionné par le groupe de travail qui co-ordonnait l’activité de formation, des fiches descriptives et analytiques relatives à chaque opérateur et au service d’appartenance. Il a été par ailleurs fait recours aux moyens audio-visuels pour la vision de quelques court-métrages sur le sujet traité.

L’action de formation a toujours débuté par un séminaire de présentation du projet visant à sensibiliser les institutions présentes sur le territoire. Dans chaque ville, cette première rencontre a été caractérisée par une présence qualifiée et nourrie de représentants politiques et institutionnels qui ont reconnu la difficulté et l’activation locale limitée voire nulle mais qui ont malgré tout exprimé la vo-lonté d’intervenir et d’affronter le sujet si complexe de la violence. De plus, dès la première rencontre, de nombreux opérateurs des services ont montré un intérêt considérable à l’égard de cette initiative, apportant leur expérience personnelle et professionnelle ainsi que les difficultés rencontrées, manifestant le besoin de faire de la formation pour augmenter leurs compétences et leurs connaissances et en-tretenir des rapports constants et enrichissants au plan professionnel avec les dif-férents services. Ces derniers besoins sont devenus le noyau central du court cycle de formation. La reconnaissance explicite du fait que de nombreux problèmes ne pouvaient se résoudre que grâce aux rapports personnels entre opéra-teurs/opératrices, et qu’il fallait des compétences de plus en plus spécialisées dans le sens gender oriented auprès de toutes les institutions concernées et une évalua-

4 Rapport d’évaluation de la ville de Misterbianco – Rapport d’évaluation du projet, page 3.

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tion intégrée des protocoles éventuellement adoptés, est devenue un sujet de réflexion, jetant ainsi les bases pour la transposition de la proposition de forma-tion dont le projet se faisait porteur. La sensation de précarité et de fragilité était très forte et s’exprimait dans les interventions. Elle confirmait également les don-nées collectées pendant la phase de mappage qui montrent la difficulté de résumer les fonctions et l’organisation, par rapport notamment à la manière d’affronter les sujets concernant la violence de genre. Cette difficulté s’ajoutait souvent à la dé-nonciation de manque de personnel et de communication institutionnalisée, la présence de fonds limités pour faire face aux urgences dans des cas de malaise, le manque d’instruments de relevé et de communication généralement partagés.

Ces données et ces voix ont affirmé le besoin de disposer non seulement de la définition d’un réseau local, mais aussi, mais surtout, de plus d’informations et de connaissance, d’une liaison plus forte et intégrée entre les différents services, afin de “reconnaître” les victimes au lieu de les “perdre”, les victimes, qui s’adressent souvent tout d’abord aux forces de l’ordre et aux Services d’urgences, des servi-ces qui sont parmi les plus importants mais aussi parmi les moins équipés pour effectuer des interventions appropriées 5. Cette donnée confirme la persistance de la difficulté liée à l’un des aspects prioritaires d’intervention pour les recomman-dations communautaires et les pratiques internationales: les structures sanitaires d’urgence et le personnel sanitaire qui y travaille. Les groupes de travail consti-tués au cours des séminaires de formation ont également fait état de la difficulté de compréhension et du manque d’un langage commun entre ceux qui s’occupent de “support” – Centres antiviolence, services sociaux et quelques services sanitai-res – et ceux qui entrent en jeu dans la phase de la crise, à savoir les services d’intervention d’urgence. Cette situation s’est vérifiée dans les villes petites et moyennes aussi bien que dans les villes moyennes/grandes au niveau de la surfa-ce territoriale et de la population.

Les actions réalisées ont, dans certains cas, déclenché un circuit vertueux dans des villes importantes comme par exemple Gênes, Turin ou Bari, où le projet s’est avéré comme le catalyseur d’une nouvelle attention gender oriented, don-nant ainsi l’occasion d’organiser des Services d’urgences dédiés. Elles ont entraî-né – cas de Catanzaro, Gênes ou Mola di Bari - une nouvelle considération du problème de la part des forces de l’ordre, ce qui a permis d’en faire des nœuds d’excellence des réseaux locaux. Cette conjugaison vertueuse a mis en évidence l’un des secteurs les plus critiques de l’intervention d’aide aux femmes victimes

5 C.Adami, A.Basaglia Dans la violence: culture, préjugés et stéréotypes. Rapport national Réseau anti-violence Urban,Franco Angeli, Milan 2002, pages 85-87. Rapports locaux Urban. A.Basaglia dans le présent rapport. AA.VV, Vers une rencontre qui donne des résultats .Violence contre les femmes et prise en charge sanitaire, Palerme 2006

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de la violence : le moment de la crise, l’urgence et l’absence presque totale de services consacrés à l’accueil temporaire des femmes et de leurs enfants de concert avec les services d’urgences et les forces de l’ordre qui sont ainsi chargés d’intervenir « en solitaires », donc sans pouvoir offrir une solution concrète à la femme et à ses enfants, évitant d’affronter cette difficulté par des méthodes non formalisées comme par exemple l’abandon temporaire de la part du partenaire, l’accueil temporaire auprès des Commissariats de Police et des Postes de Carabi-nieri, etc.6.

L’engagement au niveau de la formation s’est avéré beaucoup plus complexe et innovant que prévu, notamment lorsqu’il est rapporté à des situations qui ne s’étaient - institutionnellement - jamais occupé de la violence de genre, souvent mal comprise et confondue avec la violence générale, voire parfois minimisée car elle était causée par des catégories sociales marginalisées, ou par des pathologies personnelles comme l’illustrent les rapports de Crotone, Bari, Cagliari et Syracu-se. Les opérateurs moins au courant des caractéristiques de la violence ont expri-mé des préjugés tels que le “masochisme féminin”, signalé à Trieste en tant que cause de la violence, ou bien ils ont manifesté une attitude d’incrédulité envers les femmes qui leur racontaient les épisodes de violence subis, à cause, entre autres choses, du manque de lignes directrices thématiques 7 destinées aux professions d’aide et du manque de méthodes organisées de relevé des cas de violence, ce qui est le cas de toutes les villes. Du fait de l’engagement du Comité scientifique d’Isfol qui a systématiquement pris en charge l’assistance technique du projet, le travail accompli a obligé les administrations, les organismes de recherche, les universités et les associations de femmes à s’interroger sur leurs connaissances, sur la qualité de l’information disponible et sur les caractéristiques des profils de formation les plus appropriés et compétents pour atteindre les résultats souhaités et demandés par le projet.

Il en ressort un tableau inédit, jusqu’à là insoupçonné, des expériences italien-nes et européennes, une découverte intellectuelle et une ouverture de réflexion critique sans cela improbables.

De nombreuses villes ont choisi d’organiser les séminaires à l’aide de tables rondes sociales élargies et de rencontres préparatoires avec les partenaires impor-

6 Le récit d’un commandant des carabinieri est significatif et ce n’est pas un cas isolé; il il-lustrait qu’au Poste des carabinieri l’offre d’aide consistait à offrir du thé, des biscuits et à per-mettre à la femme et à ses enfants de rester là jusqu’à ce que le mari se soit calmé ou que le ré-seau familial ou de voisinage s’active.

7 Les seules lignes directrices thématiques actuellement disponibles sont celles qui ont été rédigées par Le Onde Onlus pour les opérateurs sanitaires, de la santé mentale, des forces de l’ordre, des services sociaux et pour les avocats. Résultat d’un projet POR Sicile, disponibles sur le site www.leonde.org ou bien www.antiviolenzadonna.it .

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tants concernés. En plus du paquet prévu par le projet, il y a eu un approfondis-sement de l’étude à travers des initiatives spécifiques ciblées pour rendre plus ef-ficaces la formation proposée et les outils identifiés pour le développement des réseaux. Quelques expériences se sont révélées exemplaires, Trieste, Turin, Ca-tanzaro, Misterbianco, Mola di Bari, Brindisi, Pescare et Carrare. Ce sont des cas qui ont activé des groupes de coordination citadins, plus ou moins formalisés, qui affichaient dès le début une attention accrue et un consensus à travailler ensemble, institutions, opérateurs et associations de femmes, contre la violence de genre.

Les séminaires qui ont acquis simultanément les caractéristiques de laboratoi-res de formation et de conférences techniques ont vu la participation des services sociaux et sanitaires, des forces de l’ordre et des organisations sans but lucratif, privilégiant les associations de femmes. Les associations qui géraient des Centres antiviolence autant que celles qui représentaient un point de la ville important sur le plan culturel et social. Ces dernières étaient considérées comme essentielles dans la programmation d’un parcours à suivre même au-delà du projet. De plus, la proposition de formation s’est diversifiée en fonction des caractéristiques spéci-fiques locales et de l’organisme qui effectuait l’intervention, mais elle a néan-moins respecté partout, malgré certaines contradictions dans quelques cas, le ta-bleau de l’action, à savoir la détermination de la condition pour assurer l’augmentation des connaissances conjuguée aux premiers maillons tissus dans le réseau local.

À posteriori, l’analyse met en évidence que les attentes des participants hom-mes et femmes ont représenté une difficulté au début, mais celle-ci s’est trans-formée et a acquis une plus grande valeur en tant que ressource représentant un terrain fertile pour la rencontre entre les services et les institutions présentes. Une autre donnée intéressante qui se dégage des évaluations est la suivante: dans chaque ville il a été nécessaire de présenter en détail les services et les institutions d’appartenance, avec une explication des compétences et un éclaircissement des modèles d’organisation qui règlent les différents services et qui, en fait, réglemen-tent la possibilité de rapport (endroit, horaires d’ouverture au public, personnes à contacter). Un aspect important a été relevé : le manque de connaissance et de ré-ciprocité des agences concernées et, souvent, le manque d’informations sur les éléments de base pour effectuer un « renvoi » efficace d’un service à l’autre.

Des modèles de réseau basé sur les rapports personnels et informels ont été révélés et dans quelques villes, l’existence a été constatée de véritables proto-coles d’entente thématiques (ex. Protocole entre l’école et les services sociaux).

Autre donnée commune, aucun service ne disposait de fiches de relevé pour les cas de violence. Les opérateurs/opératrices en gardaient quelques-unes dans leurs archives personnelles, ce qui donnait lieu à des estimations très différenciées au sein de chaque service et à une perception déformée du phénomène. Sans citer le

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fait que cette situation entraîne une sorte de cécité, une minimisation de la vio-lence et un manque d’efficacité des réponses. Pour ce qui est de la collecte des données dans les services, il vaut la peine de rappeler qu’il s’agit d’une étape fon-damentale non seulement pour connaître les phénoménologies et leur ampleur, mais aussi pour déterminer les coûts de la violence pour les institutions, les com-munautés et l’état et pour rendre le phénomène tangible pour les communautés aussi. En Europe il existe déjà quelques expériences significatives d’étude sur les coûts (Suisse, Finlande, Royaume Uni, Pays Bas, Espagne) qui analysent en gé-néral, outre les coûts sanitaires et de protection « les coûts des services sociaux (publics et privés), y compris les coûts de l’hospitalité, [……] certaines études comprennent également les activités des services qui s’occupent des besoins des enfants par rapport à la violence domestique, d’autres procèdent à une évaluation spécifique des coûts des interventions psychosociales ou des services d’aide aux victimes. D’autres encore incluent également les coûts de traitement sanitaire, des services d’urgence, des services de logement et des services sociaux spécialisés dans la protection de l’enfance 8”.

Le fait de savoir « lire les performances » et leurs coûts permet de définir les typologies de services qui interviennent, les actions à intégrer, l’importance que le phénomène prend par rapport au système socio-sanitaire et de protection (pour indiquer les macro-domaines d’intervention). D’ailleurs dans la réorganisation des services sanitaires et sociaux, un rôle de plus en plus grand est joué par les données quantitatives. Si un phénomène n’est pas relevé sur le plan statistique c’est qu’il n’existe pas. Aucune intervention de genre n’est programmée et les méthodes spécifiques pour l’affronter ne sont pas envisagées. Le cas de Turin est emblématique et met très bien en évidence l’importance de la valeur du travail de préparation des rencontres et des échanges entre les sujets concernés dans la for-mation et dans la construction du réseau afin de bien travailler :

“Il a été utile de nous raconter nos expériences réciproques concernant les ten-tatives de création de « réseaux », chose pas toujours facile, mettant en évidence le besoin de choisir un langage partagé : il n’est pas nécessaire d’en avoir un seul, mais il est essentiel qu’il soit compréhensible et qu’il renvoie à des lectures com-munes. La comparaison a permis d’expérimenter directement le fait que l’action technique de chacun est tout à fait partielle, principe en théorie reconnu de tous. Chaque opérateur est l’expression d’un service spécifique ou d’une institution avec ses compétences et ses capacités qui acquièrent une plus-value lorsqu’elles sont corrélées. Il ne faut pas se pousser jusqu’à l’intégration et la transformation de ses actions en un nouveau service, il est essentiel de créer des synergies.

8 CDEG (2006)3 - Combattre la violence à l’égard des femmes: bilan des actions et mesures prises dans les États membres, Conseil de l’Europe. Traduction effectuée par l’auteur.

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L’intégration peut représenter effectivement un résultat du travail en réseau ou, dans quelques cas, une altération de ce dernier.

Le fait de travailler ensemble nous a fait réciproquement découvrir que la con-naissance que nous avons de notre territoire est limitée. L’action commune a permis de redessiner les frontières, les rues, les lieux où se situent les services de même que les caractéristiques environnementales et culturelles des différentes zones des quartiers. Ce qui a abouti à la création d’une carte où il a été plus facile de reconnaître et de comprendre qui fait quoi, dans le respect du principe des « domaines de compétence », évitant des superpositions qui risquent de produire des dysfonctionnements. Le territoire est souvent le témoin d’un manque de ser-vices croisés tout autant que de raccords souples, de circuits pratiqués entre un service et l’autre susceptibles de garantir des connexions et des projets convenus. La comparaison et le partage des vécus et des expériences opérationnelles des opérateurs présents ont été enrichis par l’analyse de quelques interviews en pro-fondeur effectuées par le groupe de recherche sur des femmes victimes de la vio-lence. Celles-ci ont offert du matériel précieux pour la contextualisation du sujet de la violence à l’égard des femmes aussi bien que pour l’importance du travail en réseau qui crée un tissu assurant le support effectif de la femme et une protec-tion efficace.

L'analyse des interviews a souligné que le problème de la violence est encore fortement minimisé. Sa visibilité limitée ne fait qu’aveugler ultérieurement, non seulement les opérateurs, mais tous les habitants des villes : on ne veut pas voir le problème, on ne sait que faire, il y a beaucoup de confusion et on risque de ne rien faire.

L'action de réseau expérimentée à travers la formation a été une véritable ac-tion préparatoire pour les situations territoriales présentes dans Urban, déclen-chant des processus d’ouverture, processus pas toujours faciles, entre les diffé-rents services. Les connexions entre les services peuvent être entravées par des modèles d’organisation internes de chaque service ou bien par la formation de base des opérateurs tendant à concentrer étroitement toute l’attention aux pro-blèmes qu’elle affronte. La perspective de réseau dérive de niveaux élevés de ma-turité personnelle et de professionnalisme, non limités à l’intervention directe (Pancoast et Collins, 1987). Le travail de groupe a eu pour rôle d’englober des rencontres ayant facilité les connexions entre les services et les ressources du ter-ritoire, exprimées à travers l’action de collaboration des opérateurs : la connexion des services est en général le résultat plus élargi de la connexion des professions 9 ”.

9 Marina Cortese, Actions de réseau dans Violence contre les femmes - Rapport de la ville de Turin - Réseau Anti-violence Urban.

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1.3. Les actions de réseau

Le manque de connexion et de communication entre les services et les profes-sions résultant du travail des villes Urban représente une caractéristique générale de toute l’Italie. Pour des raisons historiques et sociales, à cause de la faiblesse de son système de Welfare et du retard accumulé pour affronter le phénomène de la violence envers les femmes, la réalité italienne est très différente par rapport à d’autres pays européens qui ont, dès le début des années 90, consacré une très grande attention à ce problème et ont mis au point des modèles de coopération intersectorielle sous la forme d’initiatives avec des objectifs communs. Ils ont constitué des groupes composés des organismes publics et des associations aux-quelles s’adressent les femmes pour obtenir de l’aide et du soutien. Cette appro-che résulte également du besoin de coordonner les politiques et les méthodes et de passer de la protection individuelle des victimes aux réponses à donner à la vio-lence dans son ensemble. Le modèle réseau, basé sur la coopération entre les ser-vices traditionnels du Welfare local et les services spécialistes gender oriented, et mis au point dans ces réalités, permet d’améliorer les pratiques de chaque orga-nisme et des différentes professions tout en créant la possibilité d’accueillir des demandes d’aide, établissant ainsi des rapports de confiance avec les femmes grâce à l’attention qui leur est consacrée, l’intolérance envers la violence qu’elles expriment et l’efficacité sociale entraînée par la limitation de la victimisation se-condaire 10.

C’est à partir de ces éléments, devinés pendant la première phase d’Urban, que l’accent a été mis sur la promotion des réseaux en tant qu’aspect fondamental dans le développement du projet. Les résultats obtenus montrent l’efficacité de la méthodologie adoptée qui a permis de connaître et d’améliorer, ville par ville, l’approche des femmes victimes de la violence, car elle a:

mis au point une forme de comparaison structurée entre les opérateurs concer-nés dans les pratiques et les instruments utilisés par les différents services; fourni des informations sur les indicateurs d’identification et de définition des situations de violence domestique, des pratiques et des outils de genre d’urgence, en fonction des expériences déjà réalisées; produit un échange d’informations et d’expériences entre les opératrices et les opérateurs de tous les services pouvant être impliqués dans le problème de la violence en tant que “nœuds du réseau”, pour connaître et améliorer les appro-ches et les pratiques sociales, sanitaires, juridiques en cours visant à accompa-gner les femmes dans leur sortie du tunnel de la violence;

10 CDEG (2006)3 - Combattre la violence à l’égard des femmes: bilan des actions et mesu-res prises dans les États membres, Conseil d’Europe. Traduction effectuée par l’autrice

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permis de penser et de structurer de manière concrète des réseaux intersectoriels thématiques dans de nombreuses villes participant à la deuxième phase du pro-jet.Il faut souligner que ce processus a été possible (voir M.R.Lotti dans le présent

volume) grâce à une caractéristique tout à fait particulière de l’intervention et des enquêtes, à savoir sa souplesse d’interprétation extraordinaire, qui descend du ni-veau national au détail du micro-territoire du quartier, qui intègre et conjugue les outils de lecture quantitatifs et qualitatifs, provenant de sources officielles et par échantillon, qui mitige la froideur des données statistiques par la chaleur des ex-périences vécues pour déterminer l’espace d’une pensée commune et partagée. Le choix retenu a été de créer un système intégré de connaissances qui renvoient les unes aux autres et s’interrogent de manière réciproque, pour permettre de recons-truire la condition du territoire et la perception de la violence de genre des hom-mes et des femmes qui y habitent, mais aussi de saisir le regard, les opinions et les émotions de ceux qui vivent dans le quartier ou dans la ville, participant active-ment à la construction de la culture de la communauté et essayant de trouver des voies pour briser le mur des préjugés sociaux qui se transmettent inévitablement aux services par les valeurs des personnes qui travaillent et qui ne peuvent se soustraire au monde symbolique dont elles relèvent.

Ce monde symbolique bien enraciné dans le monde réel crée justement des préjugés normalement partagés et empêche de saisir ce que les femmes victimes de la violence n’osent pas ou ont du mal à communiquer à fond. Il supporte la dif-ficulté des opérateurs des services de percevoir et de se mettre en relation avec la douleur et le silence créés par la violence, ce qui entraîne l’invisibilité sociale et la sous-estimation du phénomène qui doivent - le précédent Rapport Urban le souli-gnait bien - être affrontées par une participation commune et “une forma-tion spécialement orientée vers les problèmes spécifiques de genre”, capable de remettre la femme au centre du problème par une action et une formation coor-donnée, collective, gender oriented.

La reconnaissance du besoin de travailler en réseau découlant de la formation a donc impliqué le besoin de consacrer plus d’attention à une intervention où les différents acteurs se confrontent d’une façon nouvelle au phénomène de la vio-lence de genre et cette confrontation se fait avec la patience et la ténacité de ceux qui cherchent des liens pouvant favoriser les conjugaisons utiles, sans superposi-tions, sans exclusions, sans juxtapositions, mettant toujours au centre la vie et le crédibilité de la femme qui cherche de l’aide. Cela a signifié impliquer et sensibi-liser à cette approche et à cette méthode de travail des interlocuteurs et des inter-locutrices capables d’établir des rapports sexués avec des femmes « désemparées, désavantagées et exclues » à commencer par ceux qui travaillent sur le terrain et construisent des réseaux informels pour répondre aux besoins, accroître et renfor-

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cer la demande de spécialisation et d’actions ciblées sur le thème de la violence de la part des institutions. Tout cela vise à favoriser la mise en réseau de ceux qui travaillent contre la violence ou de ceux qui, obligés de par leur service, doivent intervenir et montrer le « bénéfice » de cette approche pour les femmes, mais aus-si pour les opérateurs, les services et la communauté.

Le réseau local se présente donc comme l’outil d’une culture partagée et comme méthode de travail organisée et consciente qui, à partir du traitement des besoins des femmes victimes de la violence, permet de cibler les ressources et les contraintes, propose des outils et des parcours communs par rapport aux situa-tions qui se présentent aux différents services. De cette manière, on a essayé de surmonter avec force la situation et l’attitude des services qui, dans le premier rapport national du Réseau Antiviolence Urban, avaient été défini par C. Adami et A. Basaglia comme “y voir peu clair ” et “naviguer à vue”.

Le choix de produire progressivement des conditions essentielles pour que les objectifs puissent non seulement accroître la conscience du problème à l’aide d’enquêtes et de formation, mais aussi modifier les comportements de ceux qui opèrent dans les services et sur le territoire s’est avéré efficace car il a permis de réfléchir et d’agir sur les ressources concrètement disponibles et sur les modifica-tions d’organisation et d’attitude institutionnelle nécessaires aux services.

L’objectif de promouvoir le réseau local et de le mettre en mesure d’envisager et de concevoir des interventions en synergie entre tous les acteurs sociaux présents sur le territoire (services sociaux, sanitaires, forces de l’ordre, organismes éducateurs, organisations sans but lucratif et paroisses), à savoir aides sociaux et sanitaires, psychologues, médecins, carabinieri, police et agents de la circulation, enseignants, sociologues, infirmiers, est un objectif qui s’avère donc important pour atteindre une forme de collaboration qui puisse affronter - une fois sur-monté le rapport entre les services, en tant que formalisation vide de contenus opérationnels ou collaboration informelle entre les opérateurs travaillant à la so-lution des problèmes de chaque cas individuel un projet plus global pour la prévention culturelle et la lutte sociale contre la violence en fonction de méthod-ologies communes.

Pour atteindre le résultat proposé, de nombreuses villes se sont organisées – voir à cet égard la description de la ville de Turin dans le résumé de son parcours de formation et de construction du réseau local - : “Les rencontres ont été réal-isées en vue d’offrir une occasion concrète d’échange et de connaissance récipro-que, pour les services et pour les opérateurs, afin de partager une perspective commune dans la lutte contre la violence. En ce sens, les rencontres ont été struc-turées comme un cours de formation théorique sur le travail en réseau, mais plus encore comme recherche-action partagée avec le groupe de travail”.

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Le travail en réseau a été conçu comme un ensemble d’interventions de mise en connexion de ressources, de stratégies, de compétences visant à produire des enchaînements de rapports significatifs et comme le démarrage d’un processus de croissance se développant à partir des ressources mêmes destinées à améliorer la collectivité. En l’occurrence, à favoriser la construction d’un tissu de rapports capable d’agir en synergie dans les actions de lutte contre la violence envers les femmes.

Le principe de la réciprocité est justement l’un des points de base du travail en réseau: “La réciprocité est une règle qui régit les rapports entre les personnes, une prédisposition à donner avec la confiance d’être récompensé sous différentes formes. Dans le cas de la dimension collective, la réciprocité renvoie à l’opportunité d’établir avec des organismes collectifs un rapport de partenariat et non de hiérarchie, par le développement d’une sensibilité envers les différents codes culturels et opérationnels, par la tendance à devenir des points de repère pour soi-même aussi bien dans les services que dans les groupes de bénévolat plus structurés” (Ferrario, 1992).

Les villes où le Projet Urban s’est développé sont ainsi devenues des labora-toires pour un processus d’innovation démarrant de la base. L’intersectorialité des interventions a impliqué les nœuds de réseau, pour la plupart, des femmes prove-nant des différents services, et des hommes des forces de l’ordre, dans un par-cours qui a mis en jeu les institutions qu’ils représentent. La reconnaissance de la valeur de chaque service et des catégories professionnelles concernées a encour-agé la disponibilité des personnes impliquées à se confronter et à travailler en réseau, à savoir à créer des liens entre les différentes forces qui gardent leur autonomie et leur spécificité, pour poursuivre ensemble des objectifs précis, don-nant lieu à des actions compatibles de partenariat sur la base d’un langage com-mun, d’une forte réciprocité et de méthodologies d’intervention partagées.

2. Les réseaux antiviolence: efficacité pratique et méthodologique

Le partage d’une nouvelle approche culturelle et méthodologique n’a pas été le seul résultat atteint: le fait de travailler pour les réseaux locaux a produit, en plus, un processus de concertation locale car le réseau se développe entre organismes publics et privés en vue d’une influence et d’une intégration réciproques. Naturellement, dans le travail en réseau il existe également une approche intégrée base/sommet, des criticités considérables dues à la construction difficile de pratiques et d’instruments partagés, à l’absence d’une collecte et d’un traitement de données statistiques, au parcours difficile de partage des programmes et des services, à une présence insuffisante de personnel politique et administratif cor-

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rectement préparé, sensible et prêt à courir des risques par l’adoption de politiques plus courageuses contre la violence familiale surtout dans les villes où les phé-nomènes de conservatisme et les processus de marginalisation sociale sont plus marqués et où les systèmes de Welfare sont plus fragiles et évanescents, ce qui est le cas dans certaines parties du sud.

Si les activités réalisées par la définition des réseaux locaux ont été liées au passage depuis la définition des besoins ponctuels à la construction d’objectifs partagés et à la programmation d’activités communes, pour définir l’hypothèse d’un réseau local à promouvoir dans chaque ville, tout le travail devait se dérouler afin de mettre au point des outils communs de travail et de contrôle des protocoles d’intervention éventuellement adoptés au sein de chaque service et entre un ser-vice et l’autre, à partir des recherches et de l’expérience de ceux qui travaillent sur le terrain, sur la base des impacts fournis par les activités déjà réalisées en Ita-lie et en Europe, ainsi que sur des éléments de connaissances concernant le tra-vail de réseau et les techniques de conception partagée. À ces fins, l’identification et le partage de méthodologies orientées vers la restructuration et vers l’organisation du travail se sont avérés indispensables dans les différents services territoriaux qui s’occupent des problèmes liés à la violence contre les femmes à l’extérieur et à l’intérieur de la famille.

La discussion entamée pour définir et programmer les activités de réseau a im-pliqué les opérateurs de presque toutes les villes, dans une analyse du contexte et de ses points fragiles, les rapprochant ainsi d’un processus de conception part-agée au niveau local. Presque tous les groupes ont fini par rédiger un projet de programme et de protocole d’entente entre les services, à illustrer aux décideurs de leurs organismes. Le besoin de mettre au point des protocoles d’entente s’est avéré important pour tous, même dans les villes qui n’ont pas réussi, pour des rai-sons aussi nombreuses que différentes, à surmonter la phase des groupes de coor-dination ou des tables interinstitutionnelles. La rédaction du protocole d’entente à la base de la création du Réseau Antiviolence a été perçue comme un objectif né-cessaire même par ceux qui n’ont pas réussi à le rédiger et ont dû se contenter de protocoles thématiques entre certains services, comme le centre antiviolence et l’hôpital de Bari. Toutefois, à quelques exceptions près, à la fin du projet, les vil-les ont préparé des protocoles d’entente visant à formaliser le réseau antiviolence local, considéré comme l’aboutissement du projet et le début d’une nouvelle pha-se d’action.

Les protocoles sont caractérisés par les accords concernant le travail de carto-graphie des services, la qualité de la formation à mettre en place et les accords intervenus. Ils se distinguent par la plus grande quantité de services publics et privés concernés, par le rôle que joue le centre antiviolence dans le réseau, par le rapport entre les services qui s’occupent de la violence contre les mineurs et con-

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tre les femmes, par la capacité d’offrir une aide immédiate et la construction d’un parcours de sortie de la situation de violence, par le sens de responsabilité collec-tive qui en résulte. Là où il n’existe pas de centre antiviolence, l’association de coordination de la ville ayant rédigé le protocole d’entente, propose à la munici-palité de créer un tel service et le conçoit comme une structure fondamentale pour l’efficacité du travail de réseau local.

Un autre élément important des protocoles concerne le rôle que l’organisme local se donne au sein du réseau, parfois de simple garant du travail collectif ou de coordinateur ayant un rôle plus actif dans l’exercice de ses compétences dans les services de la municipalité, dans les actions de sensibilisation, de formation et d’engagement actif même envers les institutions concernées, et de la responsabili-té assumée comme dans le cas des villes de Venise, Turin, Pescara, Gênes (même si dans ce dernier cas, c’est surtout la Province qui s’est activée à partir de Urban). Dans un grand nombre de villes, la coordination du réseau est garantie par une association de femmes, déjà concernée par l’activité de recherche et/ou de forma-tion, mettant en jeu sa capacité et ses compétences et promouvant la mise en va-leur réciproque des nœuds de réseau, des hypothèses partagées et du pacte entre les services, les institutions et les associations comme Palerme, Trieste, Brindisi et Bari. Dans tous les cas, les modèles de référence ont été Palerme et Venise, mais avec des variantes sur le thème comme le montrent les protocoles de toutes les villes Urban qui ont formalisé cet outil procédural au niveau local. En général, ces protocoles - pour la lecture desquels consulter les sites Internet des villes Urban - définissent tous les engagements des services impliqués et les tâches affectées à chacun d’entre eux de même que les méthodologies partagées dans le travail de réseau, mais dans certains cas, comme par exemple Gênes, Turin, Trieste, Pes-care, Caserte, Salerne, il ne manque pas d’objectifs ambitieux, à plus long terme, et notamment la création d’observatoires sur la violence de genre (déjà en fonc-tion à Salerne), ou la programmation de projets de prévention primaire ou de sen-sibilisation générale de la communauté ou du monde scolaire à mettre en place par l’organisme locale et en particulier par les assessorats concernés dans la phase du projet qui ont fait démarrer d’autres projets en co-partenariat entre eux, pour faire face aux problèmes révélés par le Projet Urban, en vue d’approfondir et de poursuivre travaux de réseau entre les villes, cas de Pescare, Turin, Mola di Bari, Carrare.

Un exemple important de la volonté confirmée de lutter contre la violence in-trafamiliale et de poursuivre le travail mené par Urban est représenté par la Muni-cipalité de Carrare en tant que chef de file avec la Municipalité de Mola di Bari, avec la Section internationale de la Fondation Lelio Basso, qui sont allés de l’avant avec le projet Daphne: Witnessing Violence in the Perception of Profes-sionals and Children project. Les autres partenaires du projet sont : la coopérative

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Microcosmos, la Fédération italienne des Pédiatres, la Therapeutische Frauenbrratung e.v. de Gottingen, l’association Artemisia et la Women Associa-tion against the violence de Lisbonne. Le même choix a été opéré par Pescare avec la ville de Palerme, qui ont réalisé dans les deux territoires une recherche-action, aidée par l’Institut de l’Humanitaire de Paris, pour améliorer l’intervention dans les Services d’urgences des deux villes et pour renforcer les réseaux locaux sur les aspects de l’action sanitaire, intégrant de la sorte l’action sociale et la protection; dans ce cas aussi, l’outil utilisé a été un projet Daphne II financé au cours de l’année 2005.

Pour publiciser ce travail, certaines villes ont préparé du matériel d’information et une petite brochure du réseau, à imprimer par ceux qui ont pris en charge le projet et à distribuer dans la ville, suivant l’exemple d’outils semblables mis au point au cours de la première phase d’Urban à Palerme et à Catane. Après l’expérience de la recherche-action et de la construction du réseau local, des villes telles que Gênes et Pescare sont allées plus loin et mis au point une proposition de loi régionale pour étendre à toutes les provinces de la Ligurie et des Abruzzes la responsabilité commune du travail de réseau et de son articulation, pour garan-tir des financements certains, pour faire démarrer et renforcer les services d’aide pour les femmes et les mineurs, pour la formation permanente des profils profes-sionnels concernés, pour les projets d’aide, pour la prévention et la lutte contre la violence de genre à activer de manière continue. C’est ainsi que le projet national « Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie » pu montrer que pour essayer de briser le silence des femmes, rendre plus efficaces les systèmes institutionnels et non institutionnels, pour affronter la violence de genre et lutter contre elle, il est nécessaire d’agir en vue de trouver des formes de coopération et d’intégration des services, des associations et des institutions à partir des opératrices / opéra-teurs motivés et que ces derniers se sentent partie du processus.

Il paraît donc évident que pour expérimenter de nouvelles voies et ouvrir de nouveaux horizons capables d’attaquer tous les facteurs qui encouragent la vio-lence contre les femmes et les enfants, garçons et filles, il faut construire un patrimoine commun de connaissances et d’action, montrant clairement qu’une confrontation étroite et le travail de réseau représentent un point fort et efficace pour entamer des actions intégrées, coordonnées et partagées, pour rationaliser les ressources sur le terrain et, pourquoi pas, promouvoir de nouvelles actions.

Un autre point important est représenté par la particularité de la proposition méthodologique d’Urban, à savoir le fait de procéder, dans un contexte européen et national, territoire par territoire, et d’impliquer les villes dans un processus de connaissance et d’action.

Cette méthode et le processus amorcé au niveau local permettent la promotion des ressources humaines, mettent en valeur les expériences des femmes et la voix

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des victimes de la violence, promeuvent une nouvelle culture et une nouvelle politique des services, capables d’observer et d’agir de manière innovante au niveau local, avec la conscience d’une réalité historique et sociale plus vaste avec laquelle partager des processus et des pratiques de changement positif.

La reconnaissance des droits humains des femmes et de leur liberté est un pro-cessus historique et culturel très complexe et difficile où le conflit est toujours présent et la violence quotidiennement prête à éclater chaque jour. Dans la sphère familiale, ils sont plus difficiles à nommer, à reconnaître et à combattre. Si les opératrices et les opérateurs des services se rendaient capables de changer leurs approches, s’ils adoptaient des attitudes plus critiques et de coopération dans leurs styles de travail, il serait plus facile de se transformer en alliés par rapport aux objectifs de cette bataille. Les communautés locales pourraient surmonter plus rapidement les préjugés contre les femmes et les stéréotypes qui amènent à justifier, voire légitimer, la violence de la part des hommes. Il deviendra donc de faire de véritables pas en avant dans la civilisation du rapport entre les sexes.

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5. Conclusions et recommandations

Préalables

Par ce rapport – où la voix des femmes victimes de la violence fait défaut (les interviewées et les « histoires » collectées feront l’objet d’un travail à suivre), même s’il en porte le signe dans la mémoire des émotions que suscitent des mots peut-être galvaudés mais toujours forts dans leur matérialité crue – l’intention a été d’apporter une contribution à la connaissance de la phénoménologie de la vio-lence de genre et des interventions présentes ou programmées dans les différents territoires analysés. N’oublions pas que les recherches et les actions de formation se sont déroulées dans 17 villes italiennes, élevant ainsi progressivement à 25 le nombre des villes où les activités prévues7 par le projet Réseau Antiviolence ont été réalisées parmi les villes Urban Italie.

La recherche a choisi d’utiliser des questionnaires aussi bien que des inter-views pour faire un compte rendu de l’ampleur de la violence, des perceptions différentes de celle-ci, de la profondeur des préjugés et de leurs petites ou grandes transformations, prêtant l’écoute à ceux qui vivent dans les villes et à ceux qui vi-vent les villes comme scénario de leur travail d’aide ou de protection. Les outils ont été structurés pour comparer les résultats et pour mettre en relief les pratiques tracées, permettant de passer de la dimension locale à la dimension nationale, en partant du lieu le plus proche des femmes, celui où elles habitent, et de l’espace symbolique qui les contient et qui offre la représentation de leurs relations sexuées, y compris celles où les hommes exercent contre elles des formes de vio-lence.

Chaque ville, a mis en évidence, dans la rédaction de son rapport final, les be-soins du territoire résultant des statistiques ou des interviews réalisées, consacrant un espace spécifique aux questions posées par les opérateurs et les opératrices des agences concernées dans les différentes actions, spécifiant les choix opérés le

7 Ci-après toutes les villes qui ont participé: Gênes, Trieste, Carrare, Pescare, Turin, Salerne, Cosenza, Bari, Syracuse, Catanzaro, Caserte, Misterbianco, Crotone, Tarente, Mola di Bari, Cagliari, Brindisi, dans cette phase et Venise, Rome, Naples, Foggia, Reggio de Calabre, Pa-lerme et Catane en tant que villes pilotes dans la phase 1998 – 2001.

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long du chemin ou à la fin des actions. Cela concerne surtout le démarrage d’expériences de réseau, formalisées par des protocoles spécifiques aussi bien qu’informelles (tables de débat, groupes de travail intersectoriels, etc.), et néan-moins opérationnelles à la fin de l’intervention, ou bien la mise au point d’interventions spécifiques sur le thème de la violence de genre (financement de services, projets, etc.).

Il en résulte un tableau d’ensemble qui caractérise, par certains aspects et quel-ques exigences communes, toutes les villes, grandes, moyennes et petites, et qui, au-delà des différences par ailleurs très marquées, reproduit ou incite à repro-duire, en partie du moins, les lignes d’action que le Conseil de l’Europe a adopté dans ses recommandations, confirmées par les rapports des groupes de femmes experts qui ont garanti le contrôle sur l’état de transposition de ces documents of-ficiels dans les états membres8. Plus précisément:

mettre au point des interventions et des programmes nationaux et locaux visant à garantir la jouissance des droits et des libertés individuelles, y compris les droits économiques et sociaux;

construire des systèmes d’intervention axés sur les victimes et sur leurs besoins, par la coordination des interventions entre les organismes publics et privés, no-tamment avec les associations de femmes ;

stimuler et garantir, y compris par des supports économiques, les actions réali-sées par les organisations non gouvernementales spécialisées à opérer sur le thème de la violence contre les femmes;

fournir aux victimes la protection et exécuter des activités de prévention et de répression appropriées;

concevoir des plans d’action à court, moyen et long terme à adopter au niveau de ville, de zone (province, dans le cas de l’Italie) et de région;

promouvoir la collecte des données et la construction d’un réseau d’intervention.

Les domaines d’intervention dessinés démarrent par l’acquisition du besoin de reconnaître que la violence des hommes envers les femmes représente un pro-blème structurel important de la société, basé sur des rapports de pouvoir déséqui-librés entre les femmes et les hommes et proposent d’élargir les actions à pro-grammer, par rapport également à la promotion de la participation active des hommes dans les actions ciblées à la lutte contre la violence envers les femmes à la REC(2002)5 du Conseil de l’Europe. Ce sont donc deux les principes que le Conseil de l’Europe recommande, l’un visant la reconnaissance de la violence de genre envers les femmes, l’autre visant la définition des destinataires, à savoir non

8 Voir la bibliographie et les notes des différents chapitres.

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seulement les victimes mais aussi les auteurs des violences, dans le domaine de la répression (juridique – réglementaire) aussi bien que de la prévention primaire, secondaire et tertiaire.

Revenons à nos villes Urban, soulignant que dans les congrès nationaux or-ganisés à la fin des projets locaux, toutes les recommandations européennes ont été adoptées en tant que lignes directrices des programmes à activer. Elles ont toutes mis en évidence la priorité de faire démarrer un processus mettant au point à court et moyen terme un système d’intervention au bénéfice des femmes vic-times de violences. Grâce au projet, elles ont acquis les principes de base et les connaissances nécessaires. Elles ont défini les étapes possibles ; il a donc été dé-cidé que dans cette phase initiale, l’objectif principal est l’aide aux femmes vic-times, intervenant même par des instruments de répression contre les auteurs de la violence, dans une optique de prévention pour les plus jeunes. La révélation du phénomène à travers la connaissance a fait participer les habitants de la ville, hommes et femmes, aux côtés des opérateurs et des décideurs, pour opérer un choix qui, souhaitons-le, ne s’arrêtera pas à l’évidence immédiate, ce qui arrive fréquemment avec les faits les plus violents publiés par les informations, con-cernant les assassinats de femmes préalablement maltraitées ou persécutées.

Il faut également souligner que dans certaines villes la violence s’est mani-festée de façon plus marquée comme phénomène lié aux racines culturelles ou religieuses et les formes dont elles s’accompagne, notamment dans les régions donnant sur l’Adriatique qui vivent depuis longtemps le phénomène de l’immigration venant des pays transfrontaliers ou servant de lieu de passage des traites migratoires. Dans ces rapports (Pescare, Bari et Tarente, par exemple) la réflexion s’arrête sur le mécanisme de base de la violence de genre qui est iden-tique et sur le fait que la véritable difficulté est de trouver un langage commun permettant à ces femmes de formuler une demande d’aide et de mettre au point des outils efficaces pour leur donner un soutien approprié, par l’adoption de me-sures appropriées le cas échéant pour les étrangères (problèmes de langue et de différences culturelles). Pour les jeunes nées en Italie ou y résidant depuis long-temps, le problème de la langue ne se pose pas, alors que le problème de leur per-ception des niveaux de sécurité nécessaires se pose d’une manière importante dès lors que les codes culturels liés aux rapports entre les sexes sont brisés. Il faut également souligner que ces villes ont déjà mis au point des interventions spéci-fiques pour les étrangers, conformant les compétences des services sociaux et sanitaires à l’aide de médiateurs culturels ou des personnels capables de parler les langues étrangères. L’approche consiste donc à intégrer les services sociaux avec les nouveaux besoins des femmes étrangères, notamment les services sociaux, sanitaires et ceux des organisations sans but lucratif, qui sont les premiers à se heurter dans leur activité ordinaire au problème de la violence de genre.

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1. Quelques évidences des enquêtes adressées aux femmes et hommes

Quelles sont les évidences qui ressortent de cette partie du projet ? A notre avis, celles qui permettent de fournir des outils de lecture et des lignes directrices pour orienter et développer des mesures et des actions nationales et locales contre la violence envers les femmes à l’intérieur d’un couple et pour fournir une aide aux victimes. Il ne faut pourtant pas oublier que nous avons analysé un ensemble hétérogène qui ne représente pas les situations urbaines mais il peut, tout en ten-ant compte des spécificités territoriales et géographiques, contribuer à jeter de la lumière sur le problème et à orienter les actions futures.

1.1. La violence contre les femmes est un phénomène connu à travers la télévision

La violence contre les femmes est un phénomène bien connu, 2% seulement des personnes interviewées disent qu’elles n’en ont jamais entendu parler. Les médias – la télévision en tête - sont les vecteurs privilégiés de cette communica-tion. L’analyse des données nous permet de dessiner les profils des usagers des moyens d’information qui permettent, par exemple, d’identifier les destinataires exclus de la communication sur le phénomène de la violence et d’orienter éven-tuellement les actions de diffusion et de sensibilisation avec plus d’efficacité. Ce qui différencie davantage la manière d’utiliser les différents moyens est le niveau de scolarisation qui s’avère être la variable la plus importante: la proportion de ceux qui n’ont aucun type d’information sur la violence double parmi ceux qui ont un certificat de scolarisation de bas niveau et descend progressivement avec les diplômés. L’âge des interviewés joue un rôle tout aussi important : parmi les femmes, ce sont celles d’âge plus mûr qui enregistrent le taux le plus élevé de personnes n’ayant aucune connaissance du phénomène, alors que parmi les hommes ce sont surtout les plus jeunes (entre 18 et 29 ans) qui n’ont jamais en-tendu parler de violence. Les femmes les plus âgées tendent à privilégier les jour-naux, alors que pour les garçons et les filles la radio, les copains et les modes al-ternatifs acquièrent une importance plus grande au détriment de la télévision.

1.2. Fatalisme et résignation

Le modèle d’acquisition des informations est logiquement lié au processus d’élaboration que les femmes et les hommes opèrent dans l’identification des causes de la violence contre les femmes. Dans la période entre les deux phases de l’enquête dans les villes Urban, la classification des causes de la violence n’a pas

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beaucoup changé. Ce qui change est l’ampleur des raisons indiquées et l’affirmation d’une plus grande conscience du pouvoir des moyens d’information dans la diffusion de la culture de la violence, de l’influence de facteurs exogènes qui modifient le comportement, comme par exemple l’abus de drogues, l’alcool et l’histoire précédente de violences subies. En revanche, perdent de l’importance – tout en gardant des rangs élevés dans la classification – la résignation par rapport à la nature violente de l’homme, le facteur de la provocation et la prédisposition génétique. Malheureusement, il n’est pas possible d’établir jusqu’à quel point les différences sont imputables au facteur du temps ou aux différentes cultures des villes. Nous pouvons certes affirmer qu’il existe des éléments positifs dans le re-cul des positions « de justification » et « de culpabilisation » au bénéfice des ex-plications moins stéréotypées.

Au niveau des populations interviewées dans la deuxième phase, il reste né-anmoins une forte majorité de gens orientés vers une lecture fataliste et passive du phénomène de la violence contre les femmes. Si pour les femmes c’est la sphère des raisons liées aux valeurs et au respect qui prévaut, pour les hommes les effets des altérations dues à l’abus de drogues et d’alcool s’avèrent plus importants.

En revanche, la conscience du fait que l’affirmation progressive de l’autonomie des femmes et l’asymétrie des rapports de pouvoir puissent im-pliquer des altérations dans les rapports intimes entre les sexes persiste et se ren-force tant chez les femmes que chez les hommes.

Les causes « sociales » indirectes de la violence ont retrouvé l’attention des in-terviewés, mais elles restent malgré tout aux derniers rangs de la classification par importance

1.3. Des villes sûres pour les femmes aussi?

La perception de la sécurité et de la liberté de mouvement, pour les femmes surtout, représente la base et la condition de contexte pour une vie sereine, le re-flet d’une sérénité qui s’étend du public au privé. L’évaluation des conditions globales de la qualité de la vie de quartier par rapport notamment à la sensation subjective de sécurité personnelle (ou des femmes) ressortant de notre recherche, révèle que plus de la moitié des interviewés se considèrent satisfaits – ou résignés – de la qualité de vie dans leur quartier, mais presqu’un citadin, homme ou femme, sur dix ressent un malaise profond et souhaiterait changer de place. Si nous jetons un coup d’œil au classement du malaise, dans les villes nous trouvons Tarente où une personne - homme ou femme - sur cinq avoue vouloir changer de quartier de résidence, à cause des problèmes existants dans le sien. Les villes qui suivent immédiatement - où la population interviewée signale un état de

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malaise supérieur à la moyenne - sont Cosenza, Catanzaro, Syracuse et Salerno. Lorsque nous passons de la qualité à la perception de la sécurité, les pourcent-

ages ne changent pas beaucoup, mais 12% des interviewés considèrent néan-moins le milieu urbain où ils vivent comme menaçant et peu sûr pour les femmes. Parmi ces cas, la ville de Salerne où ce taux monte à plus de 20%, talonnée par Syracuse, Tarente et Cosenza, autant de villes ayant déjà affiché une plus forte perception générale de malaise et de conditions problématiques. Naturellement, la perception du risque varie en fonction de la personne qui répond : en général, les femmes expriment une sensation d’insécurité plus forte. L’âge et la formation scolaire n’influencent cette perception de sécurité que de manière faible dans le milieu urbain, mais cette perception de risque augmente chez les hommes et chez les femmes par rapport à l’âge et par rapport au niveau de scolarisation. Plus il est faible, plus la perception du risque est intense. Si nous passons du thème de la sé-curité au cœur du problème, à savoir la perception de la diffusion de la violence contre les femmes, nous retrouvons les mêmes pourcentages, la sensation d’un faible taux d’agressions et de violence dans son quartier représente la majorité des réponses. La partie de la population qui exprime par contre une perception de climat violent atteint son maximum (3,4%) à Syracuse et son niveau le plus bas à Crotone (1%). Ce parcours en entonnoir se termine par l’évaluation de la sécurité personnelle. Ici, les opinions sont plus articulées : 70% des interviewés déclarent se sentir « toujours sûrs » ; pour environ un quart des interviewés la sécurité tient de quelques circonstances, alors que 3,5% dénoncent une insécurité totale. Il exi-ste des situations urbaines où la sensation de sécurité absolue concerne la presque totalité des habitants – cas de Misterbianco, Carrare, Mola di Bari et Trieste. La « sécurité conditionnée » reste elle-aussi relativement faible, alors que l’absence de sécurité semble limitée et correspond à moins de 3%. Au-dessous de la mo-yenne, un groupe de villes où la perception d’insécurité totale ou partielle prend des proportions alarmantes, comme par exemple Brindisi, Syracuse, Caserte, Sa-lerne, Cagliari et Catanzaro. L’évaluation du sens de sécurité et de liberté se dé-cline de manière différente entre les hommes et les femmes. Parmi ces dernières, nous remarquons plutôt une sensation de limite, de perception de contraintes liées à des circonstances particulières leur permettent de se sentir sûres. Cette sensa-tion s’accentue chez les femmes célibataires ou séparées, chez les filles, les retrai-tées et les femmes à la recherche du premier emploi de même que chez les femmes diplômées.

L’impression d’être constamment vulnérables, potentiellement toujours à risque de subir des agressions ne s’est heureusement manifestée que dans une mi-norité de personnes, qui correspondent néanmoins à 3,5% de l’ensemble des femmes et des hommes. Dans ce cas aussi, nous soulignons que cette sensation est plus répandue chez les femmes.

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1.4. Stéréotypes et tolérance de la violence contre les femmes

Le thème du rapport avec les stéréotypes courants sur la violence de genre fait ressortir deux visions opposées du concept de violence contre les femmes. D’une part, la vision indépendante des lieux communs concernant le comportement des femmes et les rapports entre les genres. De l’autre, une vision correspondant par-faitement aux stéréotypes les plus répandus qui soutient, par exemple, l’existence d’une complicité entre la victime et son agresseur ou que « les femmes sérieuses ne sont pas violées » ou bien se refuse de répondre. Le résultat intéressant de cette analyse est la possibilité d’identifier le profil de ceux qui ont une attitude épurée des lieux communs et consciente de la nature de genre de la violence contre les femmes ainsi que d’identifier les destinataires des interventions de sensibilisations à mettre en place sur le phénomène de la violence afin d’éradiquer les lieux communs et les stéréotypes qui alimentent la culture de la violence.

Le premier groupe est donc représenté par des femmes entre 18 et 34 ans, ayant une maîtrise, enseignantes ou free lance, employées, étudiantes. Nous le trouvons essentiellement dans les villes de Pescare, Gênes, Cagliari, Salerne, Ca-serte et Brindisi.

La description sommaire des caractéristiques du deuxième groupe nous est donnée par l’âge de 50-59 ans. Certificat de scolarisation moyen ou bas, condi-tion professionnelle de retraité/ée, ouvrier/ère ou directeur. Autant de caractéris-tiques associées principalement aux villes de Catanzaro, Misterbianco, Trieste et Crotone. Il s’agit d’une première carte rudimentaire qui permet néanmoins d’aler-ter d’ores et déjà les administrateurs et les responsables des institutions locales des villes où se signale la prédominance d’attitudes de stéréotypes enracinés.

Autre sujet largement controversé, dans le cadre d’un rapport de mariage aussi bien qu’en général, celui de la tolérance des comportements violents. Ici encore, deux perspectives complémentaires coexistent: une manière de penser qui refuse toute justification de la violence et qui exclut toute possibilité de supporter une relation violente pour éviter notamment des problèmes à ses enfants. Le portrait de ceux qui partagent cette manière de concevoir les rapports violents est le suivant : femme, diplômée ou avec baccalauréat, entre 25 et 49 ans, employée, enseignante ou freelance ; les villes de Mola di Bari, Gênes, Trieste, Brindisi et Pescare se distinguent par la présence de cette attitude de refus total de la vio-lence. Cette vision s’oppose à une attitude où le seuil de tolérance des comporte-ments violents est très élevé. Des actes de violence physique du mari envers sa femme sont considérés comme admissibles dans quelques circonstances spéci-fiques ou pour le bien des enfants.

Le profil associé à ce modèle de tolérance élevée de la violence est: personnes d’âge mûr des deux sexes (50-59 ans), hommes, ayant un niveau de scolarisation

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bas, retraités et ménagères, ouvriers ; les villes de Misterbianco et de Catanzaro se distinguent par une prédominance de réponses de ce type.

Nous l’avons déjà dit, ces résultats permettent d’orienter les actions et les in-terventions de sensibilisation et de lutte contre la violence domestique car ils iden-tifient les segments de la population et les zones urbaines où les interventions s’avèrent les plus nécessaires.

1.5. Les services sociaux avant tout

Les services sociaux avant tout. C’est la demande de la population. Hommes et femmes. Mais les femmes sont essentiellement celles qui identifient le rôle central de la politique sociale publique dans la gestion et dans la lutte contre les phénomè-nes de violence contre les femmes. Le deuxième point de référence est donné par la famille, mais avec un écart énorme entre les deux, Dans ce deuxième cas, ce sont surtout les hommes qui l’identifient comme le lieu privilégié de protection et d’aide pour les femmes victimes. Le bénévolat et la police se classent au même rang en matière d’importance perçue. L’éventail des institutions identifiées par l’ensemble des populations interviewées semble équilibré entre le rôle important attribué à l’appareil public et la reconnaissance des activités des centres antiviolence ou, plus en général, des activités menées par les associations sur le territoire.

1.6. Quelles sont les politiques contre la violence

Le classement des préférences ne s’éloigne pas significativement du classe-ment obtenu par le précédent cycle de recherches Urban ; les quatre premiers rangs restent inchangés, un élément qui permet aux administrateurs et aux respon-sables politiques de tenir compte d’indications fondées provenant de la population dans la mise au point d’interventions de politique dans ce domaine.

Les mesures les plus votées se répartissent d’une manière équitable entre inter-ventions “préventives” (campagnes, formation des jeunes) et interventions de lutte (peines plus sévères, augmentation du contrôle de la police), mais les actions spécifiques ciblées pour les victimes (Centres antiviolence, mesures de protection, numéro vert) jouent également un rôle important. Le premier rang, avec 30% des réponses des habitants interviewés, revient aux campagnes d’information pour sensibiliser l’opinion publique, suivies immédiatement par l’importance d’aggraver et de rendre plus sévères les peines contre les auteurs de la violence. Dans la logique des campagnes d’information se situe également le besoin de formation des jeunes au respect réciproque, alors que la création de Centres anti-

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violence monte d’un rang et le recours au contrôle de la police descend. Importants s’avèrent entre autres la mise au point de mesures spécifiques et

d’un numéro vert, mais aussi le renforcement des outils législatifs pour la protec-tion des femmes.

1.7. La violence subie

Par rapport à ce que la recherche précédente a montré, nous avons ici une plus forte prédominance de déclarations de violences subies au cours de la vie (13,3% par rapport à 12,3%), et dans le détail des différentes formes de violence, nous remarquons une augmentation de l’incidence de dénonciations de harcèlements et maltraitance, alors que diminuent les dénonciations de violences psychologiques et sexuelles. Naturellement, il n’est pas possible de comprendre si cette différence est due à une augmentation effective des cas d’agression envers les femmes ou bien si elle est par contre liée aux différentes réalités examinées, car il s’agit de relevés se rapportant à des ensembles de population non comparables.

Nous pouvons envisager une combinaison des deux effets et en tout état de cause – compte tenu de la stabilité des données au fils du temps et dans les dif-férentes villes – il faut admettre que le phénomène de la violence ne cesse d’être présent et concerne plus d’une femme sur dix, aussi bien dans les huit premières que dans les dix-sept deuxièmes villes. Les personnes les plus exposées à la vio-lence sont les hommes et les femmes d’origine étrangère, les femmes célibataires et les séparés/divorcés, les diplômés hommes et femmes.

Que la violence contre les femmes soit notamment une affaire de famille est confirmé par les données sur les auteurs (maltraitances physiques, violences psy-chologiques et sexuelles, dont le partenaire est le responsable principal, 4ème place pour les harcèlements sexuels) tout autant que par celles sur la répétitivité des épi-sodes violents qui finissent par entrer dans le lexique familial de la vie du couple.

Dans la moitié des cas au maximum, les femmes interviewées ont demandé de l’aide à quelqu’un, notamment lorsqu’elles sont victimes d’une violence sexuelle ou de maltraitances, mais, en général, le recours à quelque forme d’aide que ce soit est rare. Si nous observons l’expérience des personnes interviewées, nous voyons que lorsqu’une femme demande de l’aide c’est le milieu familial qui est privilégié, suivi de près – notamment dans le cas de maltraitances et de viol – par les forces de l’ordre et le Service d’urgences, dans le deuxième cas. Le recours aux services publics tels que les Centres de Consultation ou les services sociaux est limité. La demande aux associations spécialisées comme les Centres antivio-lence, les lignes téléphoniques d’aide aux femmes ou les groupes religieux est peu répandue, elle ne représente qu’un point de référence pour les victimes de vio-

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lences psychologiques - seul 10% des victimes qui déclarent avoir dénoncé un épisode de violence.

1.8. La voix de ceux qui travaillent sur le terrain

Nous l’avons vu dans le chapitre concernant l’analyse des données collectées par la recherche adressée aux opérateurs et aux opératrices (voir Basaglia dans ce volume), les informations qui se dégagent des villes participant à cette deuxième phase du projet ne se différencient pas de celles de la première phase de l’intervention. Nous constatons une plus grande attention de la part des opérateurs de la santé mentale et des forces de l’ordre, une augmentation de l’offre de forma-tion gérée par les organismes spécialisés, la définition de procédures standardisées par la police et les carabinieri, mais en général les données concernant une per-ception faible du phénomène et la description de services et de compétences pro-fessionnelles inadéquates restent inchangées ; les compétences s’avèrent inappro-priées. Pour lutter contre le phénomène, mais plus encore pour le faire apparaître et pour qu’il puisse trouver des interlocuteurs valables chez ceux qui travaillent dans les agences locales chargées de l’intervention sociale, sanitaire et de protec-tion. Cette donnée est confirmée par les récits des femmes interviewées et par les informations fournies par les témoins privilégiés, ainsi que par les activités des séminaires réalisés dans les villes avec les opérateurs (voir Tola dans ce volume).

Cette uniformité des réponses et des questions de la part des opérateurs est un facteur significatif, qui montre qu’il n’y a pas eu un passage autonome de con-naissances et un échange de pratiques dans les différentes villes du territoire na-tional entre la première et la deuxième phase. Cela ne se produit pas si ces con-naissances ne sont pas intégrées dans un système d’intervention commun. Cette donnée montre par ailleurs la difficulté de sensibiliser et d’apporter des change-ments par rapport aux institutions chargées de soutenir l’amélioration de la qualité de la vie des femmes et leur sécurité, des institutions fortes, porteuses de valeurs et de croyances enracinées et sans souplesse. Les rapports locaux le soulignent clairement. Tant que le phénomène de la violence restera « une affaire de femmes » et que des espaces physiques et mentaux ne seront pas organisés pour accueillir la voix et les corps de ceux qui expriment la douleur de leur vécu et le désir de changement, les systèmes et les standards d’intervention ne seront pas modifiés, si ce n’est sur la base de la bonne volonté de chaque opérateur ou de son expérience personnelle.

Néanmoins, la conscience du problème a augmenté au niveau social aussi bien que parmi ceux qui travaillent et certains besoins se font sentir clairement, aux-quels il faut répondre:

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le relevé et la présentation des cas et de leurs caractéristiques dans le système des services sociaux, sanitaires et de protection. À l’heure actuelle, il semble impossible de connaître le nombre et les problèmes des femmes qui s’adressent à ce genre de services; la connaissance et la diffusion de méthodes gender sensitive et d’outils com-muns d’intervention intégrés parmi les différentes agences locales qui partent des modèles développés par l’expérience des Centres antiviolence au niveau national ou international ou des centres suivant une approche de genre, spéciali-sés dans les interventions sanitaires ou sociales au niveau national ou interna-tional;le démarrage ou le soutien des services des femmes, des centres antiviolence et des Maisons refuge qui accueillent les victimes et leurs enfants, garçons et fil-les, s’appuyant sur les outils les plus appropriés et sur des financements; la structuration d’espaces réservés dans tous les services pour accueillir les femmes leur garantissant le respect de la confidentialité et une attention appro-priée; le démarrage et la création de réseaux locaux contre la violence permettant de construire une culture d’intervention commune et de mettre au point un système intégré susceptible de faciliter les parcours d’abandon et de sortie de la vio-lence, s’écartant petit à petit de la logique de l’envoi pour aboutir à la logique de l’accompagnement ; une formation appropriée à impartir à tous les opérateurs qui interviennent ou qui peuvent intervenir dans le phénomène, par la rédaction de formulaires de mise à jour de la formation destinés à tous les opérateurs, à travers notamment l’introduction de connaissances et de compétences spécifiques pour agir dans les cas de violence. Les opérateurs interviewés proposent en fait : d’améliorer le système, de garan-

tir la priorité de ce thème, d’améliorer les compétences, de permettre des échan-ges de production, de construire des services spécialisés capables de garantir une prise en charge efficace ainsi que la coordination des interventions d’aide. Mais si nous prenons la peine de les écouter plus attentivement, ils disent que tout cela n’est possible qu’à une condition. Que les décideurs participent à ces choix et que les ministères dont ils dépendent définissent clairement les lignes d’intervention visant à atteindre les objectifs indiqués plus haut.

2. Conseils pour régler les politiques antiviolence

Des changements importants sont intervenus dans la société italienne entre la

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première et la deuxième phase de la recherche. Ces dernières années, on a beau-coup parlé de la violence contre les femmes et les enfants, nombreux sont les épi-sodes qui ont fait réfléchir l’opinion publique sur ce phénomène, mais plus en-core sur sa véritable ampleur et sa diffusion, permettant de comprendre et de per-cevoir sa gravité. Le nombre de Centres antiviolence a augmenté. Leur diffusion croît dans le centre et dans le sud, même si l’écart entre le nord et le reste de l’Italie reste toujours important. Nous assistons ainsi à un effet plus fort de sensi-bilisation en la matière et à la diffusion des données qui font état d’une image de la violence de genre exercée tout près de nous. Il est plus difficile de prendre ses distances du problème ou de le placer hors de son contexte, donc de le lier à une condition de malaise économique ou à la pathologie, ou encore aux victimes mê-mes.

Le gouvernement a relancé le thème et les actions nécessaires pour le prévenir et le combattre. En 2005, il a lancé l’Appel d’offres GUCE 2005/S 120 118610 pour la création d’un « Réseau national antiviolence » ainsi que l’organisation et la gestion d’un service de centre d’appels. Un numéro vert expérimental à l’appui des femmes victimes de la violence familiale et non familiale a été mis en fonc-tion, dépendant de la Présidence du Conseil des Ministres – Département pour les Droits et l’Égalité des chances – visant à mettre en place un service téléphonique de premier accueil et à construire une autre phase pour définir un système d’intervention capable d’intégrer différentes actions et différents niveaux dans un contexte harmonieux de développement de mesures et de services pour les fem-mes victimes de la violence9. Cette initiative est en cours depuis le mois de dé-cembre 2005 et se pose en tant qu’élément de continuité avec le Projet Urban.

Le phénomène, quoi qu’il en soit, n’a été qu’effleuré et n’a pas encore été af-fronté dans toute sa complexité10. Le sens commun, les opérateurs ainsi que les

9 L’Appel d’offres, fortement caractérisé par une approche de genre, remporté par une RTI avec Le Onde Onlus comme chef de file et LeNove srl et COS communication service Spa comme partenaires, est maintenant en cours de réalisation par le projet Arianna Attivazione Rete nazIonAle aNtivioleNzA, qui gère le numéro Antiviolenza donna 1522, un site internet www.antiviolenzadonna.it (auquel nous renvoyons pour plus d’informations détaillées), l’assistance technique à la définition d’un réseau national, un observatoire et la définition des principes utiles pour un plan d’action national. Ce projet se propose aussi de faire participer 20 villes pilotes dans un parcours intégré permettant de déterminer des synergies entre les actions réalisées au niveau national et celles qui sont destinées aux réalités locales, visant spécifique-ment le renforcement des réseaux et des services présents, dans une logique gender oriented. Cette expérience, bien monitorée, est conçue pour fournir des indicateurs et des modèles d’intervention à transférer à d’autres villes italiennes.

10 Un exemple européen d’excellence par rapport à la planification nationale est représenté par l’Espagne, qui propose des interventions à tous les niveaux, du plan juridique (par la créa-tion de Tribunaux de genre) au soutien émotionnel et économique, avec une forte participation des femmes et des organisations non gouvernementales des femmes.

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décideurs ne cessent de partager une attitude qui s’exprime à travers la solidarité émotionnelle et la douleur participée, mais qui n’offre pas d’espaces et des servi-ces pour accueillir et répondre aux demandes d’aide des femmes victimes de la violence. Il est possible que les femmes parlent davantage et dénoncent plus fré-quemment les cas de violence (les données nationales sur les dénonciations de cas de violence sexuelle soulignent cet aspect), mais il est sûr qu’elles ne trouvent pas encore un support adéquat et elles se résignent souvent à leur existence, trou-vant pas d’alternatives praticables ou bien sur conseil de l’opératrice qui les ac-cueillies. Le fait de minimiser ou de rappeler les valeurs de la famille unie et du bien pour les enfants ne vaut pas seulement pour les forces de l’ordre, mais aussi pour les services sociaux et sanitaires. Parfois il suffit de ne pas dire pour suggérer le silence, l’omission d’informations ou l’invention d’excuses. L’effet obtenu est celui d’un voile sur la question réelle que la femme pose aux services et la garantie pour l’opérateur de faire face à un problème « af-frontable » sur le plan personnel aussi bien que du travail, qu’il s’agisse de bleus, de fractures ou de demandes d’aide économique.

Il est clair que le travail à faire, au niveau local comme au niveau national, est donc considérable -il passe par certains éléments évidents dans les recher-ches et dans les réflexions produites par le projet, qui se conjuguent à autant d’objectifs à atteindre à court ou moyen terme:

mettre au point un système national d’intervention, par un Plan d’action in-tégré de lutte contre la violence envers les femmes qui adopte les principes internationaux énoncés par de différentes sources (ONU – OMS – UE) et développe un tableau comprenant des initiatives juridiques, de recherche, de formation, de service, de prévention et de sensibilisation au phénomène, a-dressées aux femmes italiennes et étrangères qui souffrent de problèmes de violence intra et extra familiale et de violence sexuelle. Ce plan d’action est à développer de manière conjointe avec les organisations non gouvernemen-tales qui opèrent depuis des décennies sur ce thème, apprenant sur la base de leur expérience et la mettant en valeur, comme cela est clairement indi-qué par la REC(2002)5 du Conseil de l’Europe et par les expériences les plus significatives au niveau communautaire (ex. Espagne, Suède, France). Ce plan doit définir de manière claire les fonctions et les compétences, au-delà de la base économique disponible, et doit faire participer tous les mini-stères concernés de par leurs compétences à intervenir dans le domaine sa-nitaire, social, de justice et de protection; promouvoir et mener des campagnes d’information et de sensibilisation sur le phénomène de la violence, pour faciliter le relevé des demandes d’aide,

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renforcées par des campagnes visant à faire connaître les services existants et aussi les mécanismes de victimisation ou les lieux communs les plus fré-quents par l’utilisation d’outils diversifiés (médias, affiches et brochures par exemple), pour des destinataires différents : la population, les opérateurs, les femmes victimes de la violence, les auteurs; adapter les programmations régionales d’amélioration des systèmes locaux,par l’introduction du thème et de sa prise en charge, aussi bien dans la phase de dénonciation que de sortie de la violence, donc dans la longue phase du projet qui réalise le changement individuel ; le but étant de soutenir et d’accompagner les femmes, mais aussi leurs enfants, garçons et filles, vers la compréhension de l’épisode qui s’est vérifié et leur fournissant les in-struments appropriés pour identifier les solutions adéquates pour chaque si-tuation;promouvoir et soutenir les réseaux locaux contre la violence envers les femmes et les mineurs, par des mesures appropriées de formation et de fi-nancement, visant surtout l’acquisition d’approches et de modèles nova-teurs, l’analyse des processus d’intervention dans chaque service, l’intégration et la comparaison entre les outils de travail différents, la con-ception d’actions communes de lutte et de prévention. Pour les modèles, uti-liser et diffuser des modèles expérimentés sur le territoire italien, qui pour-raient être adoptés comme de bonnes pratiques; adapter les compétences professionnelles par la mise au point d’une offre de formation gender sensitive, qui offre des connaissances orientées par une approche critique aux connaissances et aux outils d’intervention spécifiques pour les professions sociales, sanitaires et de protection, mais en même temps capable de garantir le développement d’un modèle d’action intersec-toriel et intégré. Il serait possible de penser à structurer des modules de for-mation à gérer à distance, de manière à faciliter le processus d’autoformation individuelle et d’échange entre les différentes professions; diffuser les bonnes pratiques gender sensitive les plus consolidées et vérifier les protocoles d’intervention déjà validés au niveau communautaire ou par des expériences nationales, surtout par rapport aux secteurs où la criticité des phénoménologies est plus élevée: santé (hôpitaux et services d’urgences) et forces de l’ordre; valoriser l’expérience et les connaissances des Centres antiviolence et des Maisons refuge, garantissant la diffusion de leurs connaissances et de leurs pratiques, en plus des produits de formation mis au point et localement uti-lisés par ces derniers. Les centres peuvent être le point de départ d’un pro-cessus de diffusion des pratiques au niveau national, ils encouragent la dif-fusion vers les territoires encore dépourvus de toute activité de service, par

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une action de tutorage à des groupes de femmes, ou par la spécialisation d’un service local; renforcer et intégrer les initiatives présentes aussi bien au niveau national que régional. Il s’agit de connaître et d’accepter les résultats de ce qui a déjà été réalisé ou est actuellement en cours de réalisation sur le territoire, per-mettant sa diffusion et garantissant un support approprié pour la mise en œuvre dans toutes les régions de politiques d’intervention de lutte contre la violence de genre conformément aux activités menées au niveau national. Il sera intéressant de vérifier la mise en place de cette hypothèse à partir de sa structuration dans le projet expérimental Arianna - Attivazione Rete nazIo-nAle aNtivioleNzA, qui peut être le terrain de contrôle et le banc d’essai de la possibilité d’intégration entre les niveaux national et local en vue de son renforcement;promouvoir la diffusion sur tout le territoire national de services gender sensitive spécialisés dans l’accueil et l’hospitalité des femmes en difficulté à cause de la violence et de leurs enfants, garçons et filles, garantissant une couverture financière et faisant une évaluation de leurs exigences. Égale-ment, définir des outils de support technique, de formation, de monitorage et d’évaluation pour le développement des services dans les zones où il n’existe pas d’organismes compétents pour la gestion de ces initiatives; soutenir des recherches quantitatives et qualitatives nationales et locales,suivant une approche de genre, pour améliorer la connaissance et pour ga-rantir la définition de stratégies d’intervention et de propositions opération-nelles démarrant de l’acquisition de données et d’informations sur tous les aspects du phénomène et des interventions effectuées pour l’affronter. Dans ce cas, il vaut la peine de souligner que dans le cadre d’Urban, une recher-che importante a été menée sur les opérateurs. Des interviews ont été faites aux témoins privilégiés et aux femmes. Les objectifs énumérés plus haut peuvent tous être atteints à court et à

moyen terme, s’ils sont transposés de manière appropriée et supportés par la volonté politique d’intervenir sur le phénomène de la violence et de sa com-plexité. Certes, une bonne partie du territoire national est prêt à les transposer et à adopter des mesures appropriées au niveau régional pour les réaliser. L’expérience Urban nous apprend, pourtant, qu’il faut passer à un modèle d’intervention différent et qu’à présent il faut renforcer les stratégies nationa-les et mettre au point un système donnant un rôle aux régions et aux munici-palités, mais définissant en même temps le contexte où ils peuvent agir et le cadre de support national des interventions. Cette exigence s’exprime dans de nombreux rapports locaux, notamment dans le sud de l’Italie. Elle a fait l’objet des conclusions des congrès réalisés à la fin du travail du projet. Sou-

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haitons que l’expérience serve à nous apprendre et que tout ce qui a été illus-tré par ce projet, imposant au niveau des temps et des lieux de réalisation, puisse être capitalisé et devenir une base de connaissances pour la program-mation et le gouvernement.

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Annexe

Les villes Urban de la deuxième phase du projet

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ANNEXE 1: VILLE DE BARI

Société de mise en œuvre: Associazione Temporanea di Scopo (ATS) CO.FE.MED. Italia (Délégation italienne de CO.FE.MED. “Confédération de femmes de la Méditerranée”) – D.ANTHEA s.r.l. – En.A.P Puglia; Projet réalisé sur les quartiers Murat San Nicola, IX circonscription de Bari, centre historique de la ville; Habitants au 21/10/2001: (Recensement ISTAT) zone Urban: 19.771, Bari 342.509; Interviews opérateurs/trices: 77 (45 femmes et 32 hommes); Interviews population: 1.303 (1.000 femmes et 303 hommes); Interviews témoins privilégiés: 11 (7 femmes et 4 hommes); Interviews des femmes ayant subi des violences: 5 femmes entre 35 et 49 ans et 1 entre 25 et 34 ans; Titre du Rapport: Pas seulement des bleus…. sur l’âme, Mars 2004, Zages; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Il ressort de la recherche que les violences contre les femmes sont essentiel-lement les violences perpétrées au sein de la famille, par l’homme (maris, fiancés, pères, frères) ou par des proches des victimes. Elles sont consommées presque exclusivement dans les murs domestiques. Les rares violences contre les hommes sont également perpétrées presque complètement par des hommes. La recherche confirme en fait les données na-tionales.La collaboration des institutions locales et des services s’est révélée efficace alors que des difficultés de rapport se sont présentées avec une partie de la population du centre historique et avec les victimes de violence. Positive, la considération sur les quartiers Urban par une partie de l’échantillon intervie-wé, qui les juge en moyenne sûrs, sauf le fait que les femmes se sentent moins sûres que les hommes et la perception d’insécurité s’aggrave pour tous sur la base d’épisodes de criminalité organisée qui ont secoué la ville de Bari. Absence marquée d’une coordination formelle entre les services du territoire. Manque d’instruments de travail communs. De même manque de vérification des protocoles éventuels d’intervention - à l’intérieur des services et entre les services - pour les cas de violence qui ne sont affrontés que grâce à la bonne volonté des opératrices/eurs. Considérée bonne mais insuffisante la présence dans le quartier Murat d’un centre antiviolence pour les femmes et pour les mineurs qui ont subi des violences. Pas un seul service spécialisé pour répon-dre au besoin d’aide ressenti dans la ville, malgré les silences et la réticence

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rencontrés. Évident par ailleurs le faible recours aux services de base, tels que par exemple les Centres de Consultation et les Services Sociaux de la part des victimes de violences, ce qui témoigne d’une information insuffisante ou one d’une véritable une véritable défiance du contact avec les structures pu-bliques. Les opératrices/teurs ont très fortement conscience du besoin d’une préparation spécifique et poussée permettant d’aider concrètement les fem-mes en difficulté qui demandent de l’aide. Nous sommes en présence d’une nette dénonciation de la difficulté d’interaction entre les services à l’intérieur tout autant qu’à l’extérieur de la zone Urban et du manque, dans tous les ser-vices, de la conservation des informations ou d’un relevé correct des cas de violence qui débouche sur l’absence de données mises à jour et sur des don-nées désagrégées. Recommandations: Promouvoir la conception d’interventions locales en adoptant notamment une optique de genre transversale aux politiques à adopter; prise de respon-sabilités par rapport à la violence de genre de la part de tous les secteurs im-pliqués (services sociaux et sanitaires, secteur judiciaire et Forces de l’Ordre) et tout particulièrement les services qui ont un très grand impact et qui ne sont pas encore suffisamment sensibilisés, les Urgences et les Forces de l’Ordre; adoption de stratégies communes afin de coordonner et d’intégrer les inter-ventions pour répondre efficacement aux demandes d’aide des femmes vic-times de violences; adoption, par les services, d’un système commun de re-levé et de conservation des informations. Adapter les effectifs de certains services, tout particulièrement les services de base, aux exigences et aux besoins plus grands des femmes et de les doter de personnel spécialisé, formé à ces fins. Travailler à la constitution du Ré-seau Antiviolence au niveau local à travers un Protocole d’Entente signé par les services locaux et par la Municipalité de Bari. Favoriser la connaissance des services par la population de la ville, améliorer la communication et la possibilité de jouir de ces services. Stimuler la diffusion des informations sur la législation et sur les activités/actions accomplies, au niveau international, européen et national, contre la violence de genre et/ou à l’appui des victimes. Mettre en place des campagnes d’information susceptibles de changer la culture patriarcale et d’impliquer tous les secteurs de la société, les institu-tions ainsi que le système scolaire et juridique. Intervenir dans les écoles à travers des campagnes d’information/formation relatives aux droits humains et à la sexualité aux fins de prévenir et de lutter contre la “culture de la vio-lence”.Adapter la réponse des institutions au danger et aux proportions prises par le phénomène

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ANNEXE 2: VILLE DE BRINDISI

Société de mise en œuvre: IPRES; Projet réalisé sur tout le territoire communal avec une analyse spécifique de la zone Centre correspondant à la circonscription 1; Habitants au 31/12/2001: Total 89.081; Interviews opérateurs: 80 (53 femmes et 27 hommes); Interviews population: 1.300 (1.000 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés: 17; Interviews des femmes ayant subi des violences: 10 femmes entre 28 et 57 ans. Rapport: Femmes et Violence, Octobre 2003, Progetti editoriali snc; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Le manque de services antiviolence publics sur le territoire communal est constaté.Le réseau des services à Brindisi est adéquat en ce qui concerne le nombre et la typologie mais pas en ce qui concerne le phénomène de la violence domes-tique: dans la pratique, les quelques services présents opèrent dans le cadre du privé social. Le seul service antiviolence présent, le Centro CrisALIde est suspendu pour l’instant. En revanche, depuis plus de 20 ans c’est Io Donna, une association gérant une ligne téléphonique, qui opère. Cette situation défi-nit tout un cadre de carences structurelles: 1. absence d’un système de relevé des données; 2. manque de préparation du personnel qui a des difficultés à reconnaître le phénomène de la violence; 3. manque d’instruments de travail validés et de vérification des protocoles éventuels d’intervention adoptés par les opérateurs. La présence est signalée d’un réseau informel d’opérateurs servant à faire face au manque de réseaux formels d’intervention. C’est là, certes, un signal positif, mais il ne suffit pas à combler les carences pratiques et les instru-ments gender sensitive au niveau des services publics territoriaux. Les carences structurelles se reflètent au niveau culturel. À Brindisi, les femmes ont du mal à parler de violence notamment du fait d’un manque de solidarité, de compétence et de ressources du système local. L’existence est mise en évidence d’un “fil très fin” qui relie les conditions culturelles et psy-chologiques des femmes à la faiblesse de qualité du système urbain en géné-ral.Il se dégage, de la recherche sur la perception des femmes et des hommes, l’affirmation de vieux stéréotypes sur les femmes qui subissent des violences, d’attitudes de justification, de stigmatisation et d’héritages culturels qui ca-ractérisent toute la ville, sans différences significatives. Ce qui semble être en

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contraste considérable avec ce qui ressort en revanche des interviews appro-fondies des femmes, à tel point qu’il est fait recours à l’expression de “clan-destinité culturelle” dans laquelle vivent les femmes de Brindisi: sans le moindre service d’appui, dans un contexte encore hautement discriminant. Le femmes qui subissent la violence à Brindisi ont des difficultés à raconter leur expérience à des étrangers mais aussi à des parents et à des amis du fait justement du parcours connu comme victimisation secondaire dont parle la littérature: les femmes sont d’autant plus stigmatisées si elles dénoncent la violence subie. Le processus de stigmatisation est pratiqué par toute la popula-tion et ne dépend nullement des statuts culturels, sociaux ou d’état civil des interviewés et interviewées.

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ANNEXE 3: VILLE de CAGLIARI

Société de mise en œuvre: CSRPS – Centre Scientifique Régional de Préven-tion Sanitaire de Cagliari; Projet réalisé : Zone Urban, circonscription Pirri; Habitants au 30/06/2004: 27.902 soit environ 15,9% des habitants de Caglia-ri (183.659 recensement 2001); Interviews opérateurs: 50 (31 femmes et 19 hommes); Interviews population: 1.333 (978 femmes et 355 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10; Interviews des femmes ayant subi des violences: 20 femmes entre 24 et 59 ans ; Rapport: La violence contre les femmes – Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie – Rapport sur la ville Cagliari, Commune de Cagliari, 2005;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Sous-estimation du phénomène de la violence: les résultats de la recherche ont fourni une dimension du phénomène (15,4% cas déclarés) supérieure à la perception des habitants de la ville mais confirmée par les témoins privilé-giés. Le besoin est notamment constaté de sensibiliser et d’impliquer le per-sonnel des services opérant sur le territoire qui révèle une marginalité de la question violence par rapport à la perception des tâches institutionnelles de chaque service aussi à travers une formation adéquate qui s’est avérée ex-trêmement insuffisante. Insuffisance du réseau: il s’est dégagé tant des recherches que du travail ac-compli par les séminaires, une difficulté de travailler en réseau et de coordon-ner les interventions à travers des Protocoles d’Entente et de collaboration entre les services; dans les services mêmes il a été procédé à mettre en évi-dence les “maillons manquants” du réseau concernant essentiellement les médecins des Urgences, les médecins et les pédiatres généralistes, les profes-sionnels de haut niveau. L’engagement institutionnel exprimé à l’occasion de plus d’une rencontre par l’Assessorat Régional de la Santé et par la Commis-sion Régionale pour l’Égalité des Chances devrait donner le feu vert à des solutions destinées à une formation orientée vers la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes de la part du personnel sanitaire. Une certaine résistance au travail de réseau s’est notamment manifestée par-mi les responsables des forces de l’ordre, essentiellement parmi les hommes. À la suite de la série de rencontres de formation organisées au cours du pro-jet, où la présence du personnel des forces de l’ordre a été constante et atten-tive, le Corps des Carabinieri aussi bien que la Police se sont engagés à orga-

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niser des cours spéciaux sur la violence pour leurs opérateurs. La prise de conscience du phénomène de la violence contre les femmes est très répandue chez la population de la zone impliquée dans la recherche, mal-gré une certaine réticence à le considérer comme un élément de la réalité et à prendre explicitement position. De plus, le contexte environnemental de la vie du quartier n’est pas perçu comme étant violent et peu sûr. Les inter-views avec les opérateurs et les témoins privilégiés ont fait apparaître une clé d’interprétation liée aux spécificités de la culture locale (Sardaigne): la per-sistance de modèles culturels agricoles et pastoraux concernant la condition féminine qui jouit d’une reconnaissance sociale de l’autonomie que les fem-mes ont à l’intérieur du groupe familial. Il est apparu en même temps une situation de contrôle social étroit exercé par la communauté. Recommandations: Le rapport révélait le besoin de planifier des actions de service d’accueil des femmes victimes de violences. Au terme du projet, l’implication directe de l’Assessorat des Politiques Sociales de la Commune de Cagliari et l’identification d’une association de volontariat féminin disposée à se charger dans l’immédiat de l’assistance aux femmes ayant subi des violences ont permis de mettre en place un processus de concertation destiné à convention-ner un service d’accueil géré par une ONG de femmes.

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ANNEXE 4: VILLE DE CATANZARO

Société de mise en œuvre: Associazione temporanea di scopo (ATI) entre “Associazione tra le righe Onlus” et “Centro calabrese di solidarietà di Catan-zaro”;Projet réalisé : en partie par le centre historique comprenant les quartiers de Fondachello (en partie), Grecia, Pianicello, Coculi, Zingarello et le quartier de Fontanavecchia;Habitants au 21/10/2001: (ISTAT 2001) zone Urban: 8.443, Catanzaro 97.251;Interviews opérateurs/trices: 47 ; Interviews population: 1.300 (1.000 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10 (9 femmes et 1 homme); Interviews des femmes ayant subi des violences: 12 femmes entre 18 et 49 ans ; Rapport: Les violences cachées - Recherche sur la perception de la violence contre les femmes dans les quartiers Urban de la ville de Catanzaro, Catanza-ro 2004. Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Si dans l’ensemble la réponse de l’échantillon de population interviewé a montré la persistance, dans certains cas d’une façon pas tout à fait consciente de stéréotypes sexistes tendant à culpabiliser les femmes et à minimiser la responsabilité des hommes, les vécus des femmes interviewées soulignent leur prise de conscience que l’action violente n’est pas un mode d’interaction et de relation adéquate et légitime entre les sexes, au-delà de toute motiva-tion et justification. Les femmes expriment également la difficulté de mettre fin à la relation violente dont les tentatives sont vécues et soulignées comme étant difficiles et dans la plupart des cas n’aboutissant à rien. La difficulté personnelle d’opérer un changement radical et définitif est accrue et soute-nue par un sens très fort de honte qui tend souvent à suffoquer le besoin de revanche et de rachat dans une solitude exaspérée. La première démarche importante, soulignée par les témoignages, est celle où la femme abat pour la première fois la barrière du silence. Le type de réponse obtenue a un fort pouvoir de conditionnement et d’orientation pour les démarches à venir. Il s’en dégage une attitude sceptique vis-à-vis des services et des autorités du fait du parcours bureaucratique difficile à suivre et de l’exposition sociale qu’elle comporte inévitablement. Très forte la demande d’un téléphone ami garant de l’anonymat mais capable d’accueillir, de soutenir et d’orienter. D’autres femmes ont expressément demandé la naissance d’une Maison d’accueil cachée dans laquelle se réfugier en présence de ce problème et où

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trouver un réconfort immédiat aussi bien qu’un support qualifié. Recommandations:Tous les acteurs impliqués dans la recherche se sont révélés d’accord sur le besoin d’une forte action destinée à créer un contexte de réseau et de protec-tion afin que les femmes puissent exprimer leur malaise et à la fois pour faire émerger auprès des institutions une capacité de répondre les aidant à affronter la violence sans pénaliser davantage encore les femmes (victimisation se-condaire). Le support institutionnel apparaît à ce jour épisodique, morcelé et n’aide pas à prendre en charge les besoins des femmes et à les soustraire au contexte de violence en activant toutes les ressources territoriales existantes. Il faut pouvoir offrir aux femmes qui demandent de l’aide des services de ré-seau, des opérateurs/trices spécialisés connaissant bien les mécanismes de cette violence particulière et de ses conséquences, spécialement formés sur les dynamiques et sur les problèmes des relations entre les genres. L’activité d’accueil devra donc être resituée dans un cadre institutionnel opérant pour un accueil efficace, à travers la rédaction d’un Protocole d’Entente sur l’initiative de la Municipalité de Catanzaro, susceptible d’impliquer tous les services présents sur le territoire. L’accent a été fortement mis par ailleurs sur le besoin de campagnes de sensibilisation indiquant clairement que la vio-lence, y compris la violence domestique, est un crime.

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ANNEXE 5: VILLE DE CARRARE

Société de mise en œuvre : Cooperativa Microcosmos – Sienne; Projet réalisé: zone Urban, définie dans les deux circonscriptions de Carrare Centre et des villages en amont, ainsi que dans les circonscriptions d’Avenza, adjacences et Marina di Carrara; Habitants au 31/12/2002: 37.741 soit 57,6% des 65.528 résidents au 31 dé-cembre 2002; Interviews opérateurs: 54 (34 femmes et 20 hommes); Interviews population: 1.300 (1.000 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés: 13; Interviews des femmes ayant subi des violences: 14 femmes entre 24 et 59 ans ; Rapport: Ce que les femmes ne disent pas – Renforcement du Réseau Anti-violence entre les villes Urban Italie – Rapport sur la violence subie par les femmes dans la ville de Carrare – Commune de Carrare, 2004; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Dimensionnement du phénomène: dans 7,5% des cas, il y a eu des femmes qui ont déclaré avoir subi une violence, 4,9% au cours des deux dernières années. Il existe dans la ville une conscience diffuse du problème: il n’est pas de service ou d’institution qui aient dû faire des efforts pour cerner le thème de la discussion, il n’est pas de personne rencontrée qui se soit déclarée ignare du phénomène. Le problème de la violence à Carrare est un problème aussi répandu qu’enraciné dans l’histoire et dans la culture. Il se dégage en même temps une sorte d’acceptation générale, une espèce de résignation parce que “de toutes manières, c’est comme ça et ça a toujours été comme ça”, à un point tel qu’on en arrive à traiter avec superficialité et détachement des comportements et des situations présentant des aspects d’une violence parfois intense. Les services ne sont pas habitués à travailler sur le réseau et à affronter le problème d’une manière holistique, chacun selon ses compétences et ses res-ponsabilités. Au cours de la recherche et des séminaires, les nœuds critiques du réseau ont fait surface: Forces de l’Ordre, Urgences, personnel médical de base et pédiatres en tête. L’absence des deux premiers acquiert notamment des aspects préoccupants car ils se configurent comme les premiers points de référence pour les femmes maltraitées qui décident, à un moment donné, de franchir le seuil du domicile et de présenter les signes des violences subies à l’attention de la communauté locale. Il n’existe pas de bonnes pratiques locales auxquelles se référer et il n’existe pas davantage de Centres Antiviolence. Il s’impose donc d’entamer immé-

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diatement le travail sur le territoire à commencer par la détermination d’un pool de personnes identifiables qui prenne en charge le problème et déve-loppe un réseau d’opérateurs et d’opératrices à même d’affronter le phéno-mène de la violence. Le système de protection sociale est structurellement sain qu’il s’agisse de nombre de responsables, d’expérience, de professionna-lisme et de diversification des tâches. Il devrait néanmoins réussir à mieux intégrer ses ressources à travers un travail patient de couture. À cet égard, le point faible le plus grand du système examiné semble justement résider dans le manque de pratiques de genre établie. Recommandations:Le besoin de formation d’opérateurs s’est manifestement révélé, formation qui peut représenter la clé de voûte d’une nouvelle perspective dans le sens d’une croissance des compétences culturelles et techniques et d’une occasion d’acquérir une nouvelle mentalité allant au-delà des objectifs et des fonctions du service d’appartenance pour se projeter dans l’idée d’instituer des instruments communs de travail. Points faibles:a) le modèle de développement bureaucratique, celui sur lequel s’est cons-truit le grand réseau actuellement utilisé qui en fait ajoute à celui qui existe déjà le système manquant (le Centre Antiviolence); b) la petite révolution qui consiste à dépasser la vision spécialisée de secteur, la subdivision en services, en secteurs, en zones de compétence, différenciés, bien distincts et séparés entre eux. Points forts:Une présence diffuse du Troisième Secteur et, plus encore, du volontariat, ce dernier déjà actif et en mesure de peser positivement sur le problème de la violence contre les femmes. La vision stratégique tient compte de son impli-cation dans le système à réseau élargi, à l’intérieur duquel est comprise la contribution que le volontariat peut apporter notamment s’il est mis en me-sure de supporter le service public.

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ANNEXE 6: VILLE DE CASERTE

Société de mise en œuvre : Associazione Spazio Donna ONLUS; Projet réalisé sur toute la ville et la Zone Urban; Habitants au 31/12/2003: zone Urban 21.502 soit 28,7% de la population de Caserte (78.965 habitants); Interviews opérateurs: 59 (52 femmes et 7 hommes); Interviews population: 1.333 (978 femmes et 355 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10; Interviews des femmes ayant subi des violences: 20 femmes entre 24 et 59 ans ; Rapport: Au-delà du silence, la voix des femmes - Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie - Rapport sur la ville de Caserte, Commune de Caserte, 2005;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Caractéristiques des services:- carences sur l’information relative à l’activité des services présents sur le territoire. La recherche effectuée auprès des responsables des centres de gar-nison interviewés a relevé le manque de collecte et de connaissance des données relatives aux utilisateurs;- carences graves dans la formation spécifique du traitement des victimes de la violence parmi les opérateurs des services; - manque de protocoles spécifiques intra et inter services. Perception de la violence par les témoins privilégiés. L’analyse des inter-views faites aux témoins privilégiés révèle nettement la réticence et la diffi-culté des victimes à communiquer l’expérience de la violence ainsi que la non disponibilité d’interventions de prévention et de lutte. Il ne ressort pas une spécificité de la zone Urban en ce qui concerne du moins la diffusion et l’incidence de phénomènes de violence contre les femmes. Perception de la violence par les habitants de la ville: on enregistre chez la population un sens élevé d’insécurité qui augmente parmi les femmes de la zone Urban, et une conscience diffuse de comportements violents au sein de la famille. Dimensionnement du phénomène. La prédominance de violences tout au long de la vie, dans la ville (17,5%) est plus élevée que la moyenne de l’ensemble des villes de la 2ème phase. Construction du réseau. Le 25 juillet 2005, Protocole d’Entente entre la Commune et les services impliqués dans les actions de réseau pour la réalisa-tion de cours de formation, de campagnes d’information et de communica-

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tion. La Commune s’est par ailleurs engagée à instituer un Centre d’Accueil et d’hospitalité pour les femmes victimes de violence.

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ANNEXE 7: VILLE DE COSENZA

Société de mise en œuvre: Centro contro la violenza alle donne Roberta Lanzino de Cosenza; Zone Urban intéressée au projet: Centre historique, Via Popilia, Via Pane-bianco, Via degli Stadi, San Vito; Interviews opérateurs/trices: 63 (47 femmes et 16 hommes); Interviews population:1.300 (1.000 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés:11 (7 femmes et 4 hommes); Interviews des femmes ayant subi des violences: 12 femmes entre 19 et 50 ans;Titre du rapport: La ville différente, Cosenza 2003; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Dans le quartier, décrit comme sûr pour les femmes, il se dégage que la quasi totalité des interviewés ont connaissance du phénomène et estiment qu’il y a sous-estimation de la violence sexuelle. Les opérateurs des services ont rele-vé, en 2002, 40 cas de violence sexuelle. Les 18 derniers mois, 150 femmes se sont adressées au Centro contro la violenza alle donne Roberta Lanzino dont 80% ont subi des maltraitances et des harcèlements de la part de leur compa-gnon. Plus de 50% de l’échantillon tendrait à justifier l’homme qui a des comportements violents en tant que peu sain d’esprit, sujet aux stupéfiants ou à l’alcool, enfin de niveau culturel faible; en revanche, 40,2%, estiment qu’il s’agit d’un homme normal qui s’écarte du normal pour se marginaliser dans une relation affective s’exprimant à travers la violence. Des 234 femmes (sur 1.000) qui ont déclaré avoir subi quelque forme de violence, 117 n’ont de-mandé l’aide ou le soutien de personne et des 59 autres, seules 22 se sont adressées aux Institutions. Les services sont insuffisants mais il en existe: Centro contro la violenza alle donne Roberta Lanzino qui gère également une Maison Refuge et une An-tenne Publique Antiviolence de l’administration communale. L’échantillon tout entier identifie dans les services sociaux, dans les organisations volon-taires et dans la famille les principaux référents pour les femmes victimes de violence. Moins d’un tiers du groupe d’opérateurs interviewés a eu la possibi-lité de participer à des cours de formation spécifique sur la violence de genre. Aucun service ne possède de protocole pour le traitement des cas ou de procédures de collecte des données. Pour les témoins privilégiés, la violence réside dans une mentalité teintée de “mafieux”, conformément à laquelle les femmes sont en quelque sorte proté-gées et respectées tant qu’elles acceptent les règles très sévères qui les sou-mettent totalement à la famille tandis qu’elles deviennent des victimes poten-

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tielles aussitôt qu’elles se soustraient au “contrôle -pouvoir” et à la “tutelle-protection”.Recommandations:Adoption de protocoles d’accueil et institution d’un Réseau Communal ayant pour objectif de construire des pratiques et des parcours coordonnés et parta-gés, d’accueil et d’aide. Sensibilisation et prévention, dans les écoles surtout. Plus grande répression et aggravation des peines pour les violents. Mise en place d’une réflexion impliquant également les hommes pour qu’ils s’interrogent eux-aussi sur les comportements masculins et sur la difficulté d’affronter les instances de changement en cours dans la société. Renforce-ment du système d’aides aux femmes, compte tenu de la condition de chô-mage qui rendrait difficile la construction d’une autonomie. Adaptation du personnel dans les services.

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ANNEXE 8: VILLE de CROTONE

Société de mise en œuvre: Département de Sociologie et de Science Politique de l’Université de la Calabre; Projet réalisé: toute la ville Habitants au 20/10/2001: Tot. 60.010 dont 21.338 hommes et 22.919 fem-mes;Résidents dans la zone Urban: Tot. 50.537 dont 24.581 hommes et 25.956 femmes Interviews opérateurs: 70 (41femmes et 29 hommes); Interviews population:1.304 (1.004 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10; Interviews des femmes ayant subi des violences: 8 femmes entre 14 et 50 ans ; Rapport: Femmes et violence. Rapport sur la ville de Crotone, Rubettino edi-tore, 2005; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Il ressort de l’analyse des réponses des opérateurs et des opératrices des Ser-vices territoriaux des indications très claires sur les caractéristiques de la vio-lence sur le territoire. Les femmes et les enfants sont indiqués comme étant les catégories le plus fréquemment sujettes à violence. Les auteurs sont essentiellement des mem-bres de la famille et/ou des connaissances. Les cadres le plus à risque sont le domicile et la rue. Ceux qui subissent des violences sont plus disposés à en parler avec des amis ou des enseignants. Le rôle que pourraient jouer les as-sociations antiviolence serait très important. Les habitants de la ville perçoi-vent la présence de la violence sur le territoire qui est essentiellement décrite comme une violence psychologique et économique. Un habitant de Crotone sur trois estime que dans la ville, il y a des zones (les quartiers les plus dé-gradés) où la violence se manifeste d’une manière explicite au point de ren-dre ces lieux violents. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à estimer qu’une femme peut être violée plus facilement par une connaissance que par un inconnu. La violence vécue peut être difficile à communiquer. Il se dégage toutefois des réponses obtenues, de fortes différences entre les hommes et les femmes. Selon les indications des interviewés hommes, les sujets auxquels on peut s’adresser le plus facilement en cas de violence sont les frères et les sœurs alors que l’incommunicabilité est totale vis-à-vis des voisins. Quelques possibilités existent vis-à vis des amis, du médecin, de son curé ou des membres de sa famille. Les femmes affichent une fermeture pratiquement

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totale: dans 10% des cas environ elles seraient disposées à en parler avec leur curé et dans moins de 5% avec les membres de leur famille. Pour ce qui est de la disponibilité obtenue aux cours des interviews télépho-niques, seules huit ont abouti. Dans les autres cas, les femmes contactées ont préféré ne pas parler directement de l’expérience vécue. Souvent, le fait de se confronter à des formes de violence plus manifestes, connues à travers la télévision ou les journaux, pousse les femmes à sous-estimer les violences dont elles sont victimes. Mais il faut dire aussi que raconter son expérience est comme la revivre et les femmes qui ont beaucoup souffert n’y sont pas toujours disposées. Celles qui racontent le font souvent parce qu’elles espè-rent interrompre la spirale de violence dans laquelle elles se sont trouvées et elles le font afin que les autres femmes et/ou enfants n’aient pas à souffrir pour les mêmes causes injustifiables. Les histoires de violence collectées se consomment pour la totalité des cas dans des contextes dégradés, sur le plan culturel et économique où le fond est touché par l’abus d’alcool et la dépen-dance du jeu. L’étude des services présents sur le territoire et la construction d’un plan ont permis de mettre en évidence une faiblesse structurelle des services. L’existence d’un seul centre de consultation dans une ville de 60.000 habi-tants ainsi que le manque de structures d’intervention spécifiques pour la vio-lence contre les femmes ne peuvent être compensés qu’en partie par l’activisme de certaines associations ou coopératives. Recommandations:Adoption de protocoles d’accueil et institution d’un Réseau communal. Sensibilisation et prévention, dans les écoles avant tout. Création de services. Renforcement du système d’aide économique et de soutien de l’autonomie du travail.

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ANNEXE 9: VILLE DE GÊNES

Société de mise en œuvre: UDI Unione Donne Italiane; Projet réalisé sur Zone Medio Ponente (Urban) et Zone Centro-Est; Habitants au 31/12/2001: Zone Urban 64.401 et 93.522 Centro Est; Interviews opérateurs: 75 (61 femmes et 14 hommes); Interviews population: 1.310 (1.008 femmes et 302 hommes); Interviews témoins privilégiés: 9; Interviews des femmes ayant subi des violences: 20 femmes entre 21 et 63 ans ; Rapport: Un pas après l’autre, surmonter la peur. La perception de la vio-lence contre les femmes à Gênes, 2005. Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:L’analyse du rapport fait ressortir un certain nombre de mots clés : préven-tion, intégration entre institutions et services, formation/information, relevé et information données. La recherche détermine en particulier des “pistes de tra-vail pour le futur” qui peuvent se résumer comme suit: - développer l’intégration horizontale à travers l’utilisation de Protocoles d’Entente entre les institutions pour surmonter le danger de la réflexivité. Ceci peut se faire à travers un renforcement du travail de réseau avec les ser-vices sociaux et sanitaires mais également avec les forces de l’ordre, les agents de police et les hôpitaux pour mener à la définition de protocoles opérationnels et à des projets de territoire dans une optique de plans d’intervention pour la ville; - poursuivre dans la direction de pactes territoriaux susceptibles de dévelop-per une intégration et des formes de travail intégré entre services. La voie à suivre est celle de la création du groupe travaillant sur l’abus et la maltrai-tance, financé par la loi 285 et par la suite institué dans la Direction des servi-ces à la personne; - développer le travail de réseau mis en place à l’occasion des séminaires de formation de la recherche Urban. Cette possibilité devra être soutenue à l’aide de la reconnaissance des institutions. Les opérateurs impliqués dans les séminaires ont mis en évidence le besoin de formation, en particulier les be-soins de parcours de formation à différents niveaux et en fonction des profes-sions spécifiques (ex. opérateurs dans les Services d’Urgences). Il s’agit donc d’une piste fondamentale à suivre; - créer les conditions pour intervenir également sur les hommes qui maltrai-tent, en sachant bien qu’une politique réelle d’égalité des chances part de la prise de responsabilité des deux aspects du problème.

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Recommandations:Une première recommandation est de type général et voit le besoin d’opérer un travail culturel impliquant non seulement la population des femmes mais également et surtout les jeunes générations dans les contextes d’éducation et de formation. Dans cette optique, il est utile d’impliquer le récent Assessorat de l’Égalité des Chances. La seconde recommandation est liée à la construction d’un Plan Régulateur Social de l’administration communale, récemment approuvé, qui constituera un ensemble raisonné et intégré, participatif et interactif, pour favoriser le développement d’instruments et de projets, capables de garantir la croissance d’une participation de plus en plus active et consciente de tous les sujets im-pliqués. Au centre du PRS nous trouvons donc le citoyen et son bien-être. Le PRS est le conteneur le plus approprié pour recueillir non seulement les sa-voirs acquis par la recherche mais également pour produire de nouveaux sa-voirs et de nouvelles significations sur les thèmes de la violence contre les femmes.Dans le cadre du PRS, il est effectivement possible de travailler tant pour une meilleure coordination que pour une plus grande confrontation à l’intérieur de l’administration communale mais également en tenant compte des réalités sociales et des citoyens en général.

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ANNEXE 10: VILLE DE MISTERBIANCO

Société de mise en œuvre: Département d’Analyse des Processus Politiques et Sociaux (DAPPSI) de l’Université de Catane; Projet réalisé: toute la ville; Habitants en 2001: Tot. 43.464 (22.098 femmes et 21.366 hommes); Interviews opérateurs: 55 (22 femmes et 33 hommes); Interviews population: 1.253 (984 femmes et 269 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10; Interviews des femmes ayant subi des violences: 16 entre i 23 et 50 ans; Rapport: La violence contre les femmes à Misterbianco. Entre expériences de vie et visibilité sociale, Lombardo&Ricciarello, 2004;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Parallèlement à la perception diffuse d’une bonne qualité de vie et d’une grande sécurité du quartier où ils vivent, les habitant/tes de la ville intervie-wés/es manifestent l’opinion générale que les cas de violence sexuelle contre les femmes ne sont pas fréquents. Hommes 84,5% et femmes 92,7%. Dans l’ensemble, une homogénéité considérable a été constatée dans les réponses des hommes et des femmes, de même que la tendance à prendre des posi-tions ne culpabilisant pas les femmes. Par rapport au phénomène de la vio-lence domestique nous constatons l’importance de la présence d’une forte dis-cordance de genre dans la perception de l’ampleur du phénomène: tandis que les femmes estiment dans 80% des cas que les maltraitances dans le cadre de la famille sont fréquentes, 50% environ des hommes partagent cette opinion. Selon les indications des interviewés hommes, les organismes auxquels on peut s’adresser le plus facilement en cas de violence subie sont les institu-tions et les forces de l’ordre alors que pour les femmes, ceux qui peuvent fournir l’aide la plus grande sont les services socio-sanitaires et la famille. Il se dégage des interviews approfondies que le processus pour se sortir de la violence est toujours lent et que les rapports avec les services, les forces de l’ordre et le système judiciaire sont toujours fragmentaires et entravés par des longueurs bureaucratiques et des contradictions. Loin de sauvegarder l’unité de la famille, c’est justement l’insuffisance des interventions de sou-tien des femmes victimes de violence qui gangrène et précipite les relations familiales ou qui rend dramatique l’issue de situations familiales insoutena-bles. Le fil du récit déclenche petit à petit la capacité de réfléchir et de faire des propositions, à travers un regard jeté sur son vécu qui acquiert dans cer-tains cas l’aspect d’une découverte, parfois douloureuse parfois orgueil-leuse, la découverte d’avoir réussi à sauver non seulement son corps mais également sa dignité. On constate, sur le territoire, une absence pratiquement

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totale de services destinés à accueillir et/ou garder les femmes victimes de violence. Il ressort des réponses des responsables des services - publics ou privés - objet de la recherche que le phénomène n’est ni relevé ni catalogué de sorte qu’il est difficile de programmer des interventions spécifiques. Des protocoles d’intervention interinstitutionnels manquent et les rapports de soutien sont basés sur le réseau informel des relations entre opérateurs. Il y a lieu notamment de souligner la carence de formation spécifique de tous les opérateurs interviewés (2 sur 55 ont eu l’occasion d’avoir une mise à jour sur le thème), qui affirment le besoin d’avoir des cours de formation ad hoc en la matière et en particulier, ceux qui accueillent dans leurs services des fem-mes victimes de violences et de maltraitances à savoir les Carabinieri (équiva-lent de la Gendarmerie Nationale) et les assistantes sociales. À travers les séminaires du projet, l’intervention a consisté à corriger cette situation et de plus un réseau d’opérateurs locaux a été constitué. Recommandations: Adoption de protocoles d’accueil et institution d’un Réseau communal. For-mation des opérateurs. Sensibilisation et prévention. Création de services. Renforcement du système d’aide économique et de soutien de l’autonomie de travail.

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ANNEXE 11: VILLE DE MOLA DI BARI

Société de mise en œuvre: Fondazione Lelio e Lisli Basso Issoco – Sezione Internazionale en partenariat avec Disamis s.r.l. et en collaboration avec l’Association “G.I.R.A.F.F.A”. de Bari; Projet réalisé sur tout le territoire de Mola di Bari; Habitants au 21/10/2001: (Recensement ISTAT): 25.919; Interviews opérateurs/trices: 32 (19 femmes et 13 hommes); Interviews population: 1.348 (1.048 femmes – 77,7% du total - et 300 hom-mes);Interviews témoins privilégiés: 13 au total; Interviews des femmes ayant subi des violences: 14 femmes entre 25 et 57 ans; Titre du Rapport: Violence contre les femmes. Au-delà de la parole. Une recherche – action à Mola di Bari, Mola di Bari, décembre 2004; Observa-tions et recommandations à partir des conclusions du rapport: Collaboration et participation aux activités des institutions locales, des servi-ces, de la population et des victimes de violences. Absence d’une coordina-tion formelle entre les services du territoire et manque de protocoles d’intervention pour affronter les cas de violence. Tout est laissé à la bonne volonté des opératrices/teurs. Avoir réussi à en définir un à la fin du projet est incontestablement un résultat important. Absence d’un centre antivio-lence et d’une Maison de refuge pour les femmes et les mineurs ayant subi des violences. La recherche a mis en évidence un nombre assez bas de fem-mes s’étant adressées aux services dans les cas de violence, attestant de la sorte la faible propension des victimes à un contact avec les structures qui devraient être chargées de leur protection et de leur défense. Les opératri-ces/teurs ont conscience du besoin pour elles/eux d’une préparation spécifi-que et précise permettant d’éviter d’infliger des torts supplémentaires – par inexpérience ou par superficialité ou les deux à la fois - aux femmes qui de-mandent de l’aide. Facilité d’interaction du fait de la proximité géographique entre les services. Certains des services pris en considération (Centre de Consultation, Centre de Santé Mentale et Secours d’Urgence 118), se trouvent dans le même immeuble ce qui rend plus simple une collaboration factuelle et efficace entre eux. Manque de données mises à jour et séparées par âge et par sexe. Certains services n’ont pas accordé l’attention due à la conservation des informations ou à un relevé correct des cas de violence. Confirmation des données nationales. Il se dégage de la recherche que les violences sont essen-tiellement des violences domestiques perpétrées par les hommes (maris, fian-cés, pères, frères), les plus proches des victimes et presqu’exclusivement dans le cadre familial.

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Recommandations: Promouvoir des projets d’interventions locales adoptant une optique de genre transversale aux politiques à mettre en place. Une prise de responsabili-té par tous les secteurs impliqués et tout particulièrement les services respon-sables des urgences. Favoriser la connaissance des services locaux par les ha-bitants, améliorer leur jouissance à travers, entre autres choses, l’adaptation des effectifs du service, promouvoir l’adoption de stratégies communes afin de coordonner et d’intégrer les interventions. Réaliser une structure ad hocd’accueil et une maison refuge pour les victimes des violences. La structure d’accueil pourrait servir également de catalyseur et de point de référence pour les autres services et pour toutes les activités/actions contre la violence. Sti-muler la constitution du Réseau Antiviolence envisagé par le Protocole d’Entente signé par les services locaux et par les Communes de Mola di Bari, Noicattaro et Rutigliano. Réaliser des campagnes d’information sur la base d’une approche multidisciplinaire impliquant tous les secteurs de la société. Renforcer l’efficacité du Protocole d’Entente à travers la formation des opéra-teurs/trices des services généraux qui peuvent entrer en contact avec les vic-times de violences. Promouvoir l’adoption, par les services, d’une banque de données ou, en tout état de cause, d’un système commun de relevé et de conservation des informations relatives aux cas de violence.

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ANNEXE 12: VILLE DE PESCARE

Société de mise en œuvre: Chaire de Méthodologie des Sciences Sociales de la Faculté de Sciences Sociales de l’Université “G. d’Annunzio” de Chieti-Pescare; Projet réalisé sur tout le territoire de la ville; Habitants au 31/12/2001: 116.286; Interviews opérateurs: 50 dont 29 hommes et 21 femmes; Interviews population: 1.303 (1.008 femmes et 295 hommes); Interviews témoins privilégiés: 10 (3 femmes et 7 hommes); Interviews des femmes ayant subi des violences: 10; Rapport: Vies souterraines, paroles retrouvées – Violence contre les femmes: perception, expériences, réponses sociales dans la ville de Pescare, Pescare, 2004;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport:Pour commencer, la caractéristique qui se dégage avant tout est la concentra-tion des principaux services socio-sanitaires (notamment le Ser.T, le Centre de Santé Mentale, les Centres de Consultation Familiale, le Service Alcoolo-gie, les Urgences) dans un “pôle territorial” (à savoir la zone du vieil hôpital municipal, extérieure au territoire Urban). Deuxièmement, nous constatons une absence évidente sur tout le territoire de la ville - et tout particulièrement dans la zone Urban - de centres et/ou de Maisons “d’intervention immédiate” et/ou d’accueil destinés aux femmes ayant subi des violences. Parallèlement, il y a lieu de signaler une quantité relativement bonne d’associations fémini-nes opérant au niveau de la ville; deux associations – Telefono Rosa et On the Road – s’occupent tout particulièrement des femmes subissant des violen-ces et des maltraitances. La recherche sur les services montre: - une tendance à traiter les cas possibles de violence sexuelle ou physique en demandant essentiellement l’intervention des services sanitaires ou des forces de l’ordre; - une réponse non adéquate précisément des services tels que les services so-ciaux et les centres de consultation; - l’affirmation d’une pratique opérationnelle menant à mettre en évidence les cas de violence par la voie “indirecte” dans la constatation d’autres for-mes de malaise, à la demande explicite de l’utilisateur; - souvent, c’est presque par hasard que l’on a connaissance d’épisodes de violence en présence desquels, déconcerté, l’opérateur tend à déléguer; - il se diffuse de plus en plus, de la part des opérateurs, une pratique opéra-tionnelle autonome en l’absence de Protocoles d’Entente ou de conventions;

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- le manque de coordination entre les services publics aussi bien qu’entre les services et d’autres associations de volontariat ou gender oriented.La recherche a également souligné les difficultés à relever les faits ainsi que les interventions encore limitées en matière de violence. Les causes ne doi-vent toutefois pas être attribuées uniquement à la définition de stéréotypes et de préjugés culturels – en tout état de cause fortement enracinés - qui influen-cent incontestablement les opérateurs et les habitants de la ville (leur percep-tion), mais également à: - des carences dans la formation/information des opérateurs; - une non diffusion sur le territoire de services spécialisés; - des difficultés dans la construction d’un réseau comprenant plusieurs struc-tures, plusieurs compétences et des modèles d’intervention différenciés. C’est dans cette direction que l’on entend orienter les efforts scientifiques et pratiques des experts et des opérateurs. Ainsi, et en guise de conclusion, il y a lieu de souligner le besoin d’un parcours intensif pouvant compter sur des stratégies multiples, intégrées et synergiques (sur le plan des services et des structures, sur le plan des systèmes judiciaire, économique et politique, sur celui des comportements sociaux et culturels) ainsi que sur l’action dune plu-ralité de sujets institutionnels (notamment la famille, la communauté locale, l’Ecole, l’Église, l’État, les institutions de base). L’expérience de cette recherche a révélé le besoin inévitable d’adopter des stratégies de réseau impliquant un grand nombre de compétences, afin de sensibiliser au problème, afin de former des personnes pour le gérer, afin de développer des ressources et des gisements de capital social. Il s’agit donc d’orientations, essentiellement d'ordre sociopolitique et culturel, vers un engagement contre les logiques unilatérales et les asymétries des re-lations entre sexes à travers la sollicitation chez les hommes à “trahir” les pri-vilèges de leur sexe et chez les femmes “à prendre conscience de leur rôle de victimes potentielles pour essayer de le modifier”.

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ANNEXE 13: VILLE DE SALERNE

Société de mise en œuvre: Université de Salerne – Département de Sociolo-gie et des Sciences de la politique; Projet réalisé: Zone Urban et quartiers Europa, Sant’Eustachio et Centre His-torique, circonscrite, reconnaissant comme limites les rues suivantes: Via In-dipendenza, Via Roma, Via Silvatico, à la limite nord-est; Habitants au mois d’octobre 2002: (source : état civil municipal) Tôt. 145.923 dont 69.383 hommes et 76.540 femmes; Zone Urban: 16.596 (8.491 femmes et 8.105 hommes); Interviews opérateurs: 72 (36 femmes et 36 hommes); Interviews population: Tot 1302 (femmes 1.000 et hommes 302); Interviews témoins privilégiés: 13; Interviews des femmes ayant subi des violences: 25 femmes entre 20 et 59 ans ; Rapport: Violence de genre contre les femmes de Salerne, De Rosa&Memoli, 2005; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Il ressort de la recherche un lien très fort entre la violence contre les femmes et le contexte de dégradation de la ville. L’échantillon interviewé souligne que les institutions publiques jouent un rôle central dans l’aide des femmes victimes de violence et notamment les servi-ces sociaux mentionnés par deux tiers des interviewés. Une différence de genre est constatée dans les réponses concernant l’aide pouvant provenir des forces de l’ordre, de préférence choisies par les hommes. La réponse rede-vient pour ce qui est du soutien pouvant être fourni par la famille (26,5%). Le femmes proposent, dans une mesure plus large, en tant que lieux d’aide, les Centres antiviolence et les organisations de volontariat féminin. Il se dégage des récits que la violence est un mode de relation à travers lequel il nous est possible de nous rapporter aux autres. Souvent, les victimes sont affaiblies par le contexte social de provenance et de vie. Elles ont donc be-soin des autres pour définir leur place dans le monde. Les signes physiques passent tandis que les perceptions de la violence se stratifient, s’imbriquent et se souviennent, dans un processus déterminé par le fait que les personnes ré-ussissent à réélaborer leurs expériences relationnelles à l’intérieur de nou-veaux systèmes de référence appris au fil du temps et des interactions avec des acteurs sociaux ayant un système différent de valeurs. Recommandations:Une chose s’impose dans toute son évidence. L’inaptitude évidente des pro-cédures d’intervention et d’assistance qui existent actuellement dans la ville faute de protocoles et de procédures de traitement des cas. Il en découle le be-soin d’un processus de formation spécifique et continu des opérateurs. Le be-

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soin est souligné d’accentuer l’attention sur la subjectivité des victimes et sur la programmation de l’intervention publique, non seulement par rapport aux modes d’accueil mais également par rapport aux espaces qui lui sont réservés, à la confidentialité, à la disponibilité d’un temps d’écoute adéquat de la vic-time.

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ANNEXE 14: VILLE DE SYRACUSE

Société de mise en œuvre: Daera Piccola Società Cooperativa Sociale a.r.l. – ATI avec Associazione Femminile La Nereide Onlus; Projet réalisé: toute la ville; Habitants en 2001: 123.657 (e 61.664 femmes et 61.993 hommes); Interviews opérateurs: 70 (51,4% femmes et 48,6% hommes); Interviews population: 1.300 (1.000 femmes et 300 hommes); Interviews témoins privilégiés: 11; Interviews des femmes ayant subi des violences: 18 femmes entre 21 et 59 ans ; Rapport: Générant la violence. Formes locales de représentation du phéno-mène, Arti Grafiche Le Ciminiere, Catane, 2004; Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Il s’est dégagé de la recherche des modèles différents de perception de la vio-lence: comme quelque chose de négatif, à exclure totalement des relations; comme une pratique que les femmes ne peuvent que subir du fait de leur constitution; comme un mode de relation réciproque où le genre n’a pas d’importance. L’appartenance à une classe sociale basse et un faible niveau de scolarité facilitent le récit de leur expérience de violence: dans un contexte relationnel qui reste de type patriarcal, la femme s’auto-représente comme victime et en même temps comme forte et capable de supporter. Le mécon-naissance du phénomène passe également à travers l’imaginaire collectif qui le situe comme un fait extérieur à des relations affectives et de confiance. La violence contre les femmes est perçue comme un aspect de malaise social global. L’image qui prédomine parmi les opérateurs des services publics, partagée par le sens commun des gens, est celle de l’agression dans un endroit anonyme (comme la rue) de la part d’un inconnu. La recherche analysait les réactions au phénomène par rapport à un compor-tement privé-amical, dont il résulte que plus de 70% de l’échantillon - tant hommes que femmes - inviterait l’amie à s’adresser à quelqu’un. Le titre de l’étude souligne le fait que l’invitation de s’adresser à quelqu’un augmente alors que le choix de ne pas intervenir diminue progressivement. À partir des récits des femmes, le rôle déterminant joué par le vécu d’impuissance et d’acceptation apparait clairement. Une sorte de sens salvi-fique - auquel se succèdent des sens de culpabilité - se développe à l’intérieur de la relation violente, qui ne favorise ni la résignation ni la justifi-cation. Si le contexte social impose de “garder la famille unie ”, les attentes d’affection niées et les agressions vécues se manifestent par une corporéité dévastée dans le physique et dans le mental.

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Très souvent, la difficulté à prendre des distances conditionne les demandes d’aide. Le comportement des figures institutionnelles et des liens parentaux eux-mêmes poussent à minimiser et ne soutiennent pas la femme qui dénonce les maltraitances. La capacité de réseau des services publics locaux se carac-térise par une intégration professionnelle difficile, l’absence de formes stan-dardisées d’intervention, la forte prédominance du point de vue, des valeurs et des modèles culturels subjectifs dans l’intervention, l’inévitable disconti-nuité de l’intervention de réseau, l’impossibilité de construire une mémoire collective de l’expérience accumulée par chacun, la difficulté de nouer des rapports stables et non personnels avec des organismes privés s’occupant du phénomène spécifique et ayant des contacts avec leur typologie d’utilisateurs. Il existe dans la ville deux Centres antiviolence gérés par des organismes fé-minins.Recommandations:Adoption de protocoles d’accueil et institution d’un Réseau Communal. Sensibilisation et prévention, dans les écoles essentiellement. Renforcement du système d’aide économique et de soutien dans l’autonomie du travail. Ren-forcement des services antiviolence déjà existants. Formation des opérateurs.

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ANNEXE 15: VILLE DE TARENTE

Société de mise en œuvre: Fondazione Lelio e Lisli Basso Issoco – Section Internationale - AT.I. avec Disamis s.r.l.; Projet réalisé dans les Quartiers historiques Borgo, Città Vecchia et Tamburi; Habitants Zone Urban au 31/12/2001: 46.539 Urban, 202.033 Tarente; Interviews opérateurs/trices: 53 (42 femmes et 11 hommes); Interviews population: 1.343 (1.042 femmes - 77,6% du panel global, et 301 hommes); Interviews témoins privilégiés: 12 personnes; Interviews des femmes ayant subi des violences: 10 femmes entre 21 et 57 ans;Titre du Rapport: Rompre le silence. La violence contre les femmes à Ta-rente. Perception, dimension et lutte, Tarente, octobre 2004;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Il a été constaté une faible collaboration des institutions locales et une parti-cipation partielle des services. Sur le territoire, une absence de coordination formelle entre les services et un manque de protocoles d’intervention pour affronter les cas de violence, mais il existe un réseau informel sur une base volontaire entre les opératrices/teurs. Peu d’attention est réservée au phéno-mène de la violence domestique qui apparaît encore insuffisamment prise en considération. Les résultats de la présente recherche montrent une société particulièrement intéressée par le phénomène de la violence et ressentant donc un grand besoin de trouver des mesures adéquates pour la combattre. 89% de l’échantillon des opérateurs demande une formation adéquate et spé-cifique.À signaler l’absence d’un centre antiviolence. La seule maison d’accueil, “Centro Arianna” a été fermée en décembre 2002, du fait de l’échéance de la convention avec la Commune. De nombreuses associations existent mais aucune d’elles n’est déléguée à faire face aux cas de violence envers les femmes. Le Consultorio Borgo a réalisé d’importantes activités de prévention de la violence dans les écoles des quartiers le plus à risque. À signaler égale-ment la présence active de la “Section spécialisée en crimes sexuels ” de la Brigade Mobile de la Gendarmerie qui intervient sur la violence sexuelle, les maltraitances en famille et les crimes au détriment des mineurs. En 2002, 35 personnes dont 30 femmes se sont adressées à cette section pour dénoncer des violences sexuelles et des maltraitances en famille. Les données officielles mises à jour, séparées par âge et surtout par sexe, importantes pour une lec-ture de genre, manquent.

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Recommandations:Promouvoir les projets d’interventions locales et adopter une optique de genre transversale aux politiques. Les institutions, les instituts de recherche, les associations, les forces de l’ordre, les opérateurs sociaux et judiciaires doi-vent apprendre à travailler ensemble pour partager leurs savoirs, leurs connaissances et leurs bonnes pratiques. Il est indispensable de partager les responsabilités et de préparer les effectifs des services. Il faut mettre en place des actions de formation continue destinée aux opérateurs/trices des services pouvant entrer en contact avec les victimes de violences, afin d’assurer le professionnalisme indispensable et fournir les méthodologies nécessaires à permettre de connaître et de re-connaître les cas de violence pour accueillir et aider les victimes, italiennes et étrangères dans leur parcours pour se sortir de la violence. Promouvoir l’adoption, par les services, d’un système commun de relevé et de conservation des informations relatives aux cas de violence. Réac-tiver la structure d’accueil pour les femmes victimes de violences et réaliser une maison refuge. L’ouverture récente du “Centro Ascolto Donna”, peut être vue comme une première démarche dans cette direction. Promouvoir la création d’une table interinstitutionnelle locale sur ce thème de même que la rédaction d’un protocole d’action partagée qui semble diffi-cile du fait de l’attitude de l’administration communale tout autant que de celle de certains responsables de service.

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ANNEXE 16: VILLE DE TURIN

Société de mise en œuvre: CIRSDe – Centre Interdisciplinaire de Recherches et d’Études des Femmes de l’Université de Turin; Projet réalisé: Zone Urban, Quartiere Mirafiori Nord; Habitants au 31/12/2001: 24.150 soit 2,7% des habitants de Turin (899.806) Interviews opérateurs: 72 (47 femmes et 25 hommes); Interviews population: 1.302 (femmes 1.001 et hommes 301); Interviews témoins privilégiés: 10; Interviews des femmes ayant subi des violences: 20 femmes entre 24 et 59 ans ; Rapport: Violence contre les femmes – Perceptions, expériences et frontières – Rapport sur la Zone Urban de Turin, Commune de Turin, 2004;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport. Les données révèlent la nature capillaire de la diffusion de la violence en ce qui concerne les maltraitances et la violence dans le cadre de la famille. Les tentatives de viol et les harcèlements perpétrés par des étrangers sont en plein essor, ce que les services préposés ne relèvent pas. À Turin, les servi-ces spécialisés dans la lutte contre la violence subie par les femmes sont nombreux – il existe également une Table de Coordination de la Ville - mais ils sont concentrés dans le centre de Turin et difficilement accessibles compte tenu des limites des horaires. Dans la Zone Urban ils sont presque totalement inconnus. Point faible dans l’attention institutionnelle: l’indicateur de ce manque d’attention réside dans la diffi-culté de relever les données inhérentes à l’utilisation spécifique des services. Dans la plupart des cas, les services ne sont pas encore équipés de systèmes d’information informatisés permettant une lecture rapide de la demande. Ce “silence” des services ne comporte toutefois pas une inattention des opéra-teurs dont la participation à la recherche sur leur perception de la violence - avant et après les rencontres pour la construction d’un réseau local - a été en revanche extrêmement active et intéressée. Si d’une part, le service social est le service auquel la population des femmes et des hommes accorde la plus grande confiance, de l’autre, au moment du be-soin, peu nombreuses sont les personnes qui y recourent. Les interviews ap-profondies révèlent une véritable défiance vis-à-vis du service social. La manque de confiance quant aux possibilités d’y trouver de l’aide frise la crainte de la possibilité que “sa situation de violence” ne puisse être considé-rée comme un préjudice pour la croissance des enfants et aboutir, le cas échéant, à leur éloignement.

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La recherche permet de constater que l’interview téléphonique reste un ins-trument efficace pour sonder la situation de la sécurité des femmes et suggère que les recherches de ce type pourraient être utilement mises à profit par les organismes publics, à travers notamment la constitution d’un Observatoire Permanent. Recommandations:Promouvoir, par tous les moyens de communication possibles, le niveau d’information sur les services existants au niveau de la population, mais éga-lement au niveau des opérateurs. Encourager tous les services à réaliser un système de relevé et de mémorisation des utilisatrices femmes présentant des problèmes relevant de quelque type de violence que ce soit: sans un système d’information à ce niveau, il devient difficile de penser à une conception sé-rieuse de services et de méthodologies partagées. Formation spécifique impliquant les opérateurs mais également les écoles dans les parcours de prévention destinés aux jeunes futurs/es hommes et femmes engagés dans des relations quotidiennes et des face-à-face de plus en plus délicats et complexes. Les femmes dénoncent peu: elles sont découra-gées par les opérateurs qui devraient accueillir leurs demandes. L’action de formation doit impliquer et se mettre en relation avec les différentes cultures non seulement des forces de l’ordre mais également de la magistrature. Le travail de réseau devrait être développé. Le travail de formation tout au-tant que celui d’intervention devraient suivre des méthodologies de travail de réseau accompagnées d’un échange constant de compétences entre différents professionnels et différents services. Les Maisons Refuge pour les femmes qui - ayant ou n’ayant pas d’enfants - subissent des violences sont une carence que la Municipalité, accompagnée des associations de femmes turinoises, essaie de pallier. Une recherche continue et le monitorage de la situation sont une initiative importante pour élargir les connaissances mais également pour soutenir et stimuler le développement de la formation et celui des actions destinées à combattre la violence. Une Table locale de travail interinstitutionnel sur ce thème particulier ainsi que la création d’un protocole d’action de lutte partagée seraient extrême-ment utiles.

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ANNEXE 17: VILLE DE TRIESTE

Société de mise en œuvre: Associazione G.O.A.P. Centro Antiviolenza, TriesteProjet réalisé: sur le territoire urbain de la Ville de Trieste; Habitants au 31/12/2001: 214.120; Interviews opérateurs: 101 (77 femmes et 24 hommes); Interviews population totale: 1.300 (femmes 1.000 hommes 300); Interviews témoins privilégiés: 11; Interviews des femmes ayant subi des violences: 11 femmes entre 37 et 59 ans;Rapport: Violence contro les femmes: question privée ou problème public? Expériences et réponses sociales dans la ville de Trieste, Trieste, octobre 2003;Observations et recommandations à partir des conclusions du rapport: Les données révèlent une perception diffuse du phénomène de la violence parmi la population, confirmant de la sorte le travail accompli au cours de ces années par le mouvement des femmes. La présence du Centre Antivio-lence à Trieste, ouvert depuis 1999 en est le témoignage direct. Face toutefois à cette donnée générale, le rapport n’est pas sans souligner bien des lumières et des ombres. Ce sont en particulier les stéréotypes culturels encore présents qui ne favorisent pas la formation de réponses nouvelles, la production de comportements non traditionnels et la création de traits de continuité et de discontinuité par rapport à des modèles homme-femme historiquement consolidés. Le rapport souligne notamment l’homogénéité des réponses entre hommes et femmes, confirmant de la sorte le conditionnement créé par un système social encore fortement discriminant où la violence est reproduite à tous les niveaux des hiérarchies institutionnelles. Recommandations. L’importance du phénomène est, à n’en pas douter, sous-évaluée dans la me-sure où pratiquement aucun service ne dispose de données certaines. Nous sommes en présence d’un groupe d’opérateurs qui a, d’une manière générale, des difficultés à se relationner avec le phénomène de la violence contre les femmes fondamentalement à cause d’un manque structurel de formation adé-quate. Ce que les opérateurs indiquent est donc la coordination des actions des différents sujets au niveau institutionnel sans la prétention de faire face au phénomène. Il s’agit donc du besoin d’un réseau comblant la carence actuelle en matière de violence exercée sur les mineurs. Des rencontres périodiques entre ceux qui travaillent et des stratégies partagées entre les services sont quelques

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unes des indications proposées. Le besoin est par ailleurs exprimé de forma-tions précises par rapport au domaine psychologique. La présence dans les différents services de méthodologies de travail et de conceptions différentes dans l’approche du phénomène mène à l’exigence d’une réponse plus efficace où les services les plus importants coordonnent, tous, les expériences et fondent des réponses séparées dans une approche plus cohérente. Il en découle la recommandation - tâche difficile - de coopé-rer et de construire des alliances par rapport à ce phénomène. Souvent, les services opèrent selon des approches et des idéologies différen-tes. D’où le besoin de reconnaître les différences et ses propres objectifs en tant que service et permettre de les faire exister, en guise de première démar-che, en vue d’une collaboration formelle et informelle entre les différents su-jets opérant sur le territoire. Les opérateurs s’obligent fréquemment à rester neutres et impartiaux mais cela ne permet pas à l’approche de genre de péné-trer dans les services traditionnels ce qui ne fait que confirmer les stéréoty-pes habituels et discriminants à l’égard des femmes. Il s’impose donc de revoir cette approche neutre dans le cadre d’intervention en matière de femmes qui subissent des violences.

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Auteurs

Alberta Basaglia, psychologue, est responsable, pour la Commune de Venise, du ServicePartecipazione giovanile e culture di pace ainsi que du Centro Antiviolenza dans le cadre du Centro Donna. Elle a participé dès le début (1998) au groupe de conception des recherches et des actions prévues par le projet “Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie” dont elle a suivi les publications: Liberté féminine et violence à l’égard des femmes. Instruments de travail pour des interventions avec des orientations de genre Franco Angeli 2000 avec Adami C., Bimbi F., Tola V. et À l’intérieur de la violence : culture, préjugés, stéréotypes – Rapport national “Réseau Antiviolence Urban”Franco Angeli 2002 avec Adami C., Tola V.

Maria Rosa Lotti,. est Président de l’Association LE ONDE Onlus de Palerme et coordinatrice du Projet “ARIANNA – Activation de la Réseau Nationale An-tiviolence, Nombre Unique 1522 contre la violence à l’égard des femmes du Département pour les Droits et l’Egalité de Chances – Presidenza del Consi-glio dei Ministri. Elle s’occupe du problème de la violence a l’égard des femmes dés la fin des années ’80 pour la promotion d’interventions de pré-vention et de contraste du phénomène, d’étude et de formation des opéra-teurs.

Maura Misiti, démographe social à l’Institut de Recherch sur la Population et Politiques Sociales du Cnr et professeur à contrat de Politiques Sociales de l’Université de Padoue. Elle a participé dès le début (1998) au groupe de conception des recherches et des actions prévues par le projet rogetto “Réseau Antiviolence entre les villes Urban Italie”. Elle a publié Laperception de la violene envers les femmes, entre stéréotypes et tolérance, dans À l’intérieur de la violence : culture, préjugés, stéréotypes – Rapport national “Réseau Antiviolence Urban” Franco Angeli 2002 par Adami C., Basaglia A, Tola V.

Vittoria Tola, bibliothécaire et directrice dans l’Institut Central de Catalogage unique (MiBAC), et responsable des politiques sociales du Département pour l’Egalité de Chances (1996 – 2001), a élaboré et coordonné les Projet « Ré-seau Antiviolence entre les villes URBAN Italie » , dont a suivi les suivants

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publications : « Liberté féminine et violence à l’égard des femmes. Instru-ments de travail pour des interventions avec des orientations de genre » Franco Angeli 2000 avec la collaboration de Adami C., Basaglia A., Bimbi F. et « À l’intérieur de la violence : culture, préjugés, stéréotypes – Rapport national « Réseau Antiviolence URBAN » Franco Angeli 2002 avec la col-laboration de Adami C., Basaglia A. A travaillé dés 1976 a la connaissance du phénomène de la violence à l’égard des femmes et des mineurs, soit dans le contexte familière soit extra familière, et au development du débat et des réponses culturelles, politiques et institutionnels sur ce thème.A crée le pre-mier centre antiviolence en Rome et a proposé la premier Loi régional finali-sée au financement de ce centres dans la Région du Lazio. A été membre du Groupe d’experts contre la violence à l’égard des femmes de la CDGC du Conseil d’Europe. A présidé, dans le Département pour les Droits et l’Egalité de Chances, la premier Commission Interministériel pour la réalisation de l’art. 18 du Texte Unique sur l’immigration pour l’intégration des victimes de traite. Sur ces thèmes est actuellement consultant du Département pour les Droits et l’Egalité de Chances.