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L’HOMME ET LA MATIERE (Tome 1) André Leroi-Gourhan INTRO Technologie = branche importante de l’ethnologie car c’est la seule avec totale continuité dans le temps (possible de suivre de millénaires en millénaires des acteurs proprement humains). Seuls éléments de technique et d’art demeurent (pas comme oralité ou écrit) voire que seulement technique quand pas d’art. Homo faber (caractéristique humaine unique = possession de l’outil) est une créature théorique qui enveloppe tous les anthropiens dont homo sapiens est sorti. Circulation dans la préhistoire = plus des outils que des hommes. ex : moitié de la vie matérielle japonaise est d’inspiration chinoise mais pas de conquête du Japon par la Chine. L-G a multiplié les expériences sur les techniques dont il parle. Si classification des techniques possible en ethnologie, c’est parce que l’homme n’a qu’un nombre limité de prise sur le bois par ex (couper, exercer une pression dans tel angle etc) > déterminisme technique (comme en zoologie) d’où prévision possible à partir de forme de la lame d’un outil de la forme du manche et de l’emploi de l’outil complet. Mais attention, similitude d’outil ne signifie pas parenté ethnique : réalisation par ex d’une « tendance chasse » mais de façon différente selon espace géo ou temporel. Attention : usage du mot « primitif » n’a pas de sens pour technique : même évolution complexe que nous (la différence est sur le plan économique : vivent des ressources de la nature). I- Structure technique des sociétés humaines Restes des activités techniques sont comme vestiges de squelettes = seuls témoins proprement humains d’une évolution. Outils s’enchaînent dans le temps dans un ordre assez logique et chronologique (comme évolution d’une espèce). Tendance vs faits : 2 ordres de phénomènes. Tendance : caractère inévitable, prévisible : ex : silex > manche ; ballot traîné sur 2 perches > roues ; présence de pierres > mur > levier pour l’ériger. Faits : imprévisible et particulier : rencontre d’une tendance et de 1000 coïncidences du milieu (invention) ou emprunt à autre peuple compromis tendance/milieu. ex : pas de « tendance forge » mais un fait universel, résultat d’un compromis entre virtualités en pratique inutilisables (feu, métal, combustion, fusion, commerce,

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L’HOMME ET LA MATIERE (Tome 1)André Leroi-Gourhan

INTROTechnologie = branche importante de l’ethnologie car c’est la seule avec totale continuité dans le temps (possible de suivre de millénaires en millénaires des acteurs proprement humains). Seuls éléments de technique et d’art demeurent (pas comme oralité ou écrit) voire que seulement technique quand pas d’art. Homo faber (caractéristique humaine unique = possession de l’outil) est une créature théorique qui enveloppe tous les anthropiens dont homo sapiens est sorti. Circulation dans la préhistoire = plus des outils que des hommes. ex : moitié de la vie matérielle japonaise est d’inspiration chinoise mais pas de conquête du Japon par la Chine. L-G a multiplié les expériences sur les techniques dont il parle. Si classification des techniques possible en ethnologie, c’est parce que l’homme n’a qu’un nombre limité de prise sur le bois par ex (couper, exercer une pression dans tel angle etc) > déterminisme technique (comme en zoologie) d’où prévision possible à partir de forme de la lame d’un outil de la forme du manche et de l’emploi de l’outil complet. Mais attention, similitude d’outil ne signifie pas parenté ethnique : réalisation par ex d’une « tendance chasse » mais de façon différente selon espace géo ou temporel. Attention : usage du mot « primitif » n’a pas de sens pour technique : même évolution complexe que nous (la différence est sur le plan économique : vivent des ressources de la nature).

I- Structure technique des sociétés humainesRestes des activités techniques sont comme vestiges de squelettes = seuls témoins proprement humains d’une évolution. Outils s’enchaînent dans le temps dans un ordre assez logique et chronologique (comme évolution d’une espèce). Tendance vs faits : 2 ordres de phénomènes. Tendance : caractère inévitable, prévisible : ex : silex > manche ; ballot traîné sur 2 perches > roues ; présence de pierres > mur > levier pour l’ériger. Faits : imprévisible et particulier : rencontre d’une tendance et de 1000 coïncidences du milieu (invention) ou emprunt à autre peuple compromis tendance/milieu. ex : pas de « tendance forge » mais un fait universel, résultat d’un compromis entre virtualités en pratique inutilisables (feu, métal, combustion, fusion, commerce, mode, religion…). Mécanisme d’individualisation progressive du fait. ex : propulseur se définit d’abord par une extrémité pour la préhension et un autre pour point d’appui de l’arme de jet ; puis différents degrés de classification en fonction des matières, types de ligature, signification symbolique de l’objet. 1er ° : 1 fait quasi universel (sur tous les continents). 2e ° : zones géographiques plus précises de cette tendance réalisée. 3e ° : division des différentes tribus d’un même espace selon différents modèles de propulsion. etc Le 1er degré du fait = sa fonction et correspond à la tendance car fait partie de la division logique de l’activité humaine.Difficulté d’une hiérarchie des techniques historiques comme hiérarchie des espèces : la « régression » est possible et technique n’est donc pas une marque fiable de l’époque d’une tribu.Il n’y a pas des techniques mais des ensembles de techniques commandés par des connaissances mécaniques, physiques ou chimiques générales. Ex : quand on a le principe de la roue, on peut avoir char, tour de potier, rouet… pas de peuples spécialement chasseurs, pasteurs ou agriculteurs mais des peuples plus ou moins bien équipés.

II- Moyens élémentaires d’action sur la matière1/ Les préhensions : opération à main nue dans certaines techniques : vannerie, formes de tissage et dans diverses chaînes d’opération. Catégories de gestes : accrocher avec doigts, saisir à pleine main, pincer entre doigts, contenir dans les mains. Une des caractéristiques les plus frappantes dans évolution humaine est libération de l’outil, substitution aux outils naturels d’outils artificiels

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amovibles et plus efficaces. Outils de substitution pour préhension sont tardifs, sauf moyens élémentaires qui correspondent à des gestes de préhensions extériorisés. ex : hameçon = substitut du doigt en crochet. Catégories assez floues : poulie à crochet appartient à « saisir » et « accrocher » et une poulie dans un puits à « contenir » alors que dans un grenier à grains à « saisir ». « Pincer » : baguettes, pincettes… « Saisir » : faucille, étau… « Contenir » : poterie, contenants de bois, feuilles, écorce voire cages, nasses, enclos.2/ Les percussions : dégager moyens très limités qui commandent toute fabrication : certes, élément (feu, air, eau) mais avant tout actes violents qui impriment forme utilisable à matière (= meilleur de l’intelligence technique) dans un seul moyen global : percussion. Quasi aucun produit sans intervention d’un outil et rôle de percussion est prépondérant dans fabrication des outils. Supériorité de percussion posée avec percuteur (type marteau burin) : combine précision de percussion posée et puissance de percussion lancée.3/ le feu : symbole du combat spectaculaire vs éléments. On ne sait rien des origines du feu domestique. Critère majeur d’humanité comme outils de pierre taillée. Silex contre silex ne produit pas d’étincelles exploitables pour feu d’où il faudrait silex contre fer. Or pas de fer pendant longtemps chez préhistoriques. Blocs de pyrite naturelle mais si rarement retrouvés que difficile d’en faire une généralité. Les techniques (frapper des pierres, frotter du bois) dépendent du milieu, pas d’antériorité et/ou de supériorité de l’une sur l’autre (XIXe : encore bois frotté chez paysans russes et suédois). Mais peuples abandonnent bois quand on leur offre briquet de silex. Raisons religieuses pour manière d’allumer le feu : ex : Suède : frotter bois pour le feu curatif vs battra briquet pour usage courant ; Japon encore auj : allumettes pour courant, briquet dans certaines occasions, friction de bois dans certains temples. Importance de la percussion dans acquisition du feu. Manière de le faire dépend du milieu et des échanges avec autres peuples. ex : toute l’Amérique = bois frotté sauf Eskimos par contact via Groenland avec Sibériens : pyrite de fer. Une des inventions les plus étonnantes de l’homme « sous-développé » est briquet à air comprimé d’Indonésie. Une fois produit, le feu fait partie des moyens techniques élémentaires. Alimenté quasi tjs de la même manière (liquide de combustion d’auj inconnus) et tirage naturel ou forcé grâce à l’air + mesures de sécurité pour éviter propagation (terre nue, brasero, poterie, suspension). Pb de la conservation du feu : difficile à produire et aspect religieux d’où perte entraîne châtiment/pas de bienveillance. Consommation du feu : chauffage, éclairage, cuisine. Acquisition améliore chasse (rabattage, attirer poisson), écarter insectes par fumée, débroussailler terrain agricole. Intervention dans la plupart des techniques de fabrication.4/ Eau : principal état = liquide. Glace = seulement civilisation du froid ou rafraichissement chez peuples qui ont moyen de la conserver été (Iran, Chine, Japon). Vapeur = surtout usage inconscient et tjs peu répandu. Classifier usages de l’eau selon réalité d’usage : laver, dissoudre, rafraîchir, réchauffer (imprégnation ou dissolution). Eau fraîche (surtout métallurgie) et chaude (alimentation surtout) sont assez limitées d’usage. Effets dynamiques de l’eau : enquête ethnologique pour savoir si c’est conscient ou non + support chimique par excellence.5/ Air : aviver le feu mais nb restreint d’objets adaptés à son exploitation. Comme support  : cerf-volant, bannière, armes de jet ; rêve de voler se voit dans art figuratif et légendes : il y a eu forcément des tentatives infructueuses depuis des millénaires. Cerf-volant = ce qui a le + marché  : bcp de jeux pour adultes et enfants surtout dans Pacifique avec un cas pratique : pêche à la ligne (néo-hébridais). Navigation à voile : usage mondial tout comme instrument à vent. Sarbacane = cas quasi unique d’emploi d’air comprimé ; objet d’invention facile mais qui exige conditions de milieu telles que sa réalisation est limitée, du moins dans usage comme arme de chasse. + bcp d’emplois de la fumée. Séchage : universel et multiplication des emplois (surtout bcp de dispositifs de tirage pour le feu : cheminée, chalumeau, soufflets…)6/ Force motrice et transmission. : force musculaire humaine, animale + poids, ressort ; mouvement de fluide, expansion de gaz, électromagnétisme. La division du monde moderne vs monde

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préhistorique /ancien est artificielle, de commodité, mais l’intérêt d’étudier phénomène d’adaptation mécanique des forces mécaniques est le même. Aller de l’éclat de silex au couteau en acier n’est pas moins intéressant que d’aller du couteau à la machine à trancher automatique. Une des voies principales du progrès mécanique est passage d’un mouvement rectiligne (homme, animal, élément) à un mouvement circulaire puis à nouveau rectiligne vers le point agissant. ex : poinçon tourné à la main => dispositif pour améliorer action des mains (planchettes) puis courroie de transmission avec différents degrés de perfectionnement (main, archet, pompe, pédale) : mouvement circulaire alternatif. Puis invention du mouvement circulaire continu, puis régulier en fonction des besoins : fuseau/rouet puis tour à potier/moulin. 2 tendances du mouvement circulaire : vers la vitesse si la matière ne résiste pas ; vers la masse (ex : meule du moulin) si résistance importante. Influence réciproque des différentes inventions : sans rouet, pas de locomotive car technique existe déjà : traction à vapeur au lieu de manuelle et changement d’échelle et de vitesse.Discuter existence de l’invention individuelle pure : acquisition tirée du néant, le nouveau absolu. C’est par une abstraction commode que le progrès nous semble une route jalonnée d’inventions. Peut-être qq cas dans l’histoire (et même pas sûr qu’ils résistent à examen). Automatisme : pb résolu par le plus gd nombre de peuples par moyens simples. 1- conserver la force pour la libérer (ex : coin conserve force des coups de maillet) 2- suspendre un poids qui restituera le moment venu la force employée à le soulever (piège à trappe, horloge à poids) 3- élasticité d’un ressort (pièges, jouets mécaniques de bambou). D’un point de vue ethnologique, pas d’intérêt à donner une définition technologique de l’instrument : terme d’usage utile car conserve un sens à la fois large et précis (arme, machine, outil sont instruments d’une certaine technique). Pas de valeurs technologique de la différence outil/arme : même couteau utilisé dans le même mode de percussion est outil ou arme suivant nature de l’objet traité (couper gorge d’un mouton = outil ; d’un homme = arme). Caractéristique non technologique de ces mots d’où recourt à usage commun dans sa classification. Mais définition de la machine sollicite un examen technologique. Dans conscience commune, distinction outil/machine s’établit par rapport au seuil de complication mécanique. Machine suppose organes de transmission et de conversion de la force mais pas nécessairement d’amplification. D’où : instrument à force humaine immédiate, à transmission rectiligne directe et amplifiée n’est pas machine (couteau, scie, harpon…) mais instrument à transmission rectiligne convertir en circulaire = machine (perçoirs à corde, presse à vis…). Machine = dispositif qui incorpore fréquemment un outil mais avant tout un ou plusieurs gestes (ex : métier à tisser devient une machine quand le fil n’est pas levé à la main mais où il y a levée collective des fils via dispositifs de préhension substitués au geste des doigts de l’exécutant).

III- Les transportsOn les place souvent à la fin des techniques mais lui en fait un moyen d’acquisition de techniques. C’est par objets transportés d’un point à un autre que migrations nous sont sensibles. 2 aspects très différents du mouvement : 1- pacifique qui apporte le meilleur des acquisitions techniques via commerce et missions religieuses 2- guerrier et migratoire. Objets de transports en lien avec voies de communication et aménagements. Usage de l’animal de portage pose pb de domestication : équidés, bovidés, camélidés + renne, chien, éléphant. Usage des différents animaux dépend du milieu physique et social plus que de constitution physique de l’animal. Renne : ex d’adaptation anatomique du portage : totalement différent du bât du cheval = un fait d’apparition réelle, de matérialisation d’une tendance indépendante des solutions déjà posées par cette tendance sur des animaux différents. Idem pour éléphant : taille et proportions excluent tt influence des autres animaux porteurs.

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Portage animal fait ressortir complexité du pb d’histoire des techniques : conformation et comportement de l’animal ont entraîné surgissement du bât à différents endroits en même temps comme une solution. Véhicules à traction : 2 états : traînage puis roulage avec progression car 2e suppose acquisition mécanique de la roue qui suppose outillages puissants d’où postérieur. Cpdt, pas forcément une hypothèse pertinente car correspondent à des besoins différents et sol commande emplois. Travois  : traînage le plus simple = 2 perches traînées avec charges en travers : soit un trait de civilisation, soit un fait de convergence par rapport à nature du sol, existence de piquets de tente etc… Sûrement un certain rôle dans invention du char. Cpdt, roue de voiture est une révolution technique complexe où se mêlent rouleau, tour de potier, rouet, roue hydraulique : invention s’est faite dans un monde bien préparé puis s’est diffusée. Question des voies de communication/itinéraires : plus permanents que survivance commune des techniques et des traditions. Routes/pistes doivent souvent peu à l’homme : relief est maître. Villes et villages s’effacent mais routes restent. Pls de nos routes nationales ont origine préhistorique et gd artère des gd cités n’ont svt pas varié depuis fondation de la ville. Signalisation existe mais rarement artificielle et organisée, sauf en forêt (marques ou brisées perceptibles svt qu’aux indigènes). Repose surtout sur gd repères naturels + traces laissées par prédécesseurs. Signalisation indispensable dans pays hautement civilisé. Avt : points sensibles sont marqués par monuments religieux, stèles, amas de pierres. Efforts intéressants dans franchissement des cours d’eau : construction nécessaire quand distance est supérieure à celle d’un tronc abattu en travers. Système forestier  : liane avec passage par les mans puis téléphérique avec un panier et une poulie, puis pont avec deux lianes pieds/mains) puis ponts suspendus. Pont suspendu vient de la liane en travers et pont à pile du tronc d’arbre abattu : conditions de relief très différentes.

IV- Les techniques de fabricationTechniques qui par moyens élémentaires d’action tirent de la matière première des objets propre à un usage de fabrication, d’acquisition ou de consommation. Si matière commande inflexiblement la technique, 2 matériaux empruntés à des corps différents mais aux mêmes propriétés physiques générales entraîneront même manufacture. ex : fil de chanvre, de rotin et de fer si on veut en faire un tissu par entrecroisement entraînent le même schéma technique. D’où classification selon propriété physique des corps au moment du traitement.ex : solides stables : matière première dont constitution et propriétés physiques ne varient pas avant, pendant et après traitement. Seule manière de les faire changer de forme est d’enlever de la matière (dosage des forces de percussion). Pierres dures : 4 usages : lame d’outils, objets de parure, construction, sculpture. Polissage ou non de la pierre selon usage final de l’objet  : décoratif, rituel ou besoin de régularité : oui vs percer par pointes, trop facilement perdu comme flèches : non. Rôle de la pierre dans technique de fabrication a cessé dès introduction des métaux mais avant, capacité merveilleuse des peuples à la tailler : vases, lampes (Eskimos), statue de l’île de Pâques.Pas de science suffisamment développée auj pour connaître origine de métallurgie. 1 er stade : homme utilise métaux natifs du sol mais en fait, pas de vrais métaux natifs sauf or (universellement natif). Martelage des métaux natifs a produit quelques lames. Accident géologique ou commercial met du métal à disposition d’une civilisation de tailleurs d pierres qui n’ont pas les traits techniques caractéristiques de la métallurgie. Pas d’indice qui permet de supposer une suite logique entre utilisation d’une pièce native d’or ou de cuivre et l’ensemble technique complexe qui d’un caillou ferrugineux obtient un lingot de fer : fonderie et forge. Mélange cuivre, bronze, fer alternés dans différents ordres ou contemporains fait qu’il est difficile de parler d’un âge du cuivre, plus du bronze, puis du fer.

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Une chose claire et universellement valable : fondeurs et forgerons sont des spécialistes socialement puissants, maîtres de matières rares. Au début, seules armes sont forgées et pas ouillage ordinaire encore en pierre ou bois. Absence de gd développement du verre alors que toutes les gd civilisations avaient tout l’outillage technique nécessaire montre que le « manque à inventer » est bcp plus fréquent que l’invention elle-même. Inertie technique n’est pas forcément une maladie sociale. Traitement du métal ne nécessite pas plusieurs outils mais un seul : forge, décomposable seulement pour commodité de l’énumération : mise en œuvre de la totalité des moyens élémentaires d’action sur la matière : percussion (marteau, enclume, burin), feu (foyer), eau (trempe, refroidissement), air (soufflet), leviers et perçoirs = composantes universelles, indissociables de la forge. Une harmonie qui explique le caractère religieux progressivement associé aux œuvres des forgerons.Caractéristiques des solides souples (écorce, fil, peau, feuille) : outillage non pas déterminé par matière mais pas assemblage recherché mais outil de base = poinçon d’os.Rouet matérialise accès des sociétés humaines au mouvement circulaire continu. C’est un fuseau à main mais pourvu d’un dispositif de rotation : évolution du fuseau ? Pas d’étape concevable entre fuseau simple et appareil compliqué qu’est rouet : saut brutal entre les 2 étapes comme une mutation biologique = une invention. INVENTION = de l’intelligence qui coïncide avec le sens même d’une tendance. Avenir du fuseau = tendance vers un appareil à mouvement continu. Invention = créer un objet qui réalise cet avenir. Attention : c’est une illusion commode de dire que cette tendance appartient au fuseau, que rouet préexiste dans fuseau. En fait, tendance permanente = tordre du fil plus vite et plus commodément, une série d’hommes inventeurs d’objets de + en + complexes pour satisfaire le désir qui les pousse. Invention fait à partir d’éléments préexistants par une série d’associations géniales mais où rien ne sort du néant. C’est le milieu (roue + fuseau) qui fournit éléments préexistants mais pas la tendance. ex : les différentes formes du moulin à farine (eau, vent, traction animale ou à bras) dépendent du milieu. Invention = acte volontaire de création.Extension de la tendance technique qui porte à appliquer à des corps différents la même forme technique (déversoir/goulot) et extension du milieu technique qui fait profiter des techniques différentes de la même acquisition matérielle.

V- Premiers éléments d’évolution technique3 aspects de la technologie inégalement développés :

1- techniques elles-mêmes 2- instruments de la techniques : témoins possibles (si recueillis et traités correctement) sur les

techniques elles-mêmes3- place des techniques dans la société. Donner à économie sa part d’articulation entre les

techniques et la société.Pour L-R, pas de coupure entre monde civilisé et non civilisé et du coup, fin de l’ethnologie est artificielle. La technologie s’étend de la TV au silex taillé. Sur le plan des idées gl, avec moyens traditionnels de l’ethnologie, un travail d’ensemble réellement ethnologique sur Amérique et Europe modernes/industrielles auraient des conséquences sérieuses sur notions acquises en matière de civilisation. Pb : homme moderne jouit du contrôle des idées gl à son sujet, vécu par auteurs et dans l’inconscient. Situation ambiguë de l’outil dans la technique, ni cause, ni effet et dans la chaîne des force-outil-matière, n’est que le témoin de l’extériorisation d’un geste efficace.L’emprunt explique diffusion des objets techniques ; l’inertie technique explique leur conservation indéfinie. Pas de gd différence entre invention autonome et emprunt pur au voisin car aboutissent à création du même milieu technique. On n’invite le rouet ou on l’emprunte qui si on est en état de l’utiliser = base de toute construction d’évolution technique.

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Pb d’un déterminisme technique ? (puisque les objets qui apparaissent pour répondre à des tendances sont souvent semblables à des endroits différents). Montrer que l’herminette est la matérialisation inévitable d’un certain milieu technique équivaudrait à poser la multiplicité des centres créateurs de l’herminette. S’il y a déterminisme, multiples obstacles et il faut faire la part de la symbiose et du milieu technique et naturel. La ppt des peuples qui pourraient avoir l’herminette ont l’herminette. Important n’est pas de savoir si inventée ou reçue mais si fixée. 6000 ans de documents militent en faveur du déterminisme. Pour les exceptions, d’autant plus frappantes que ces peuples sont entourés d’herminettes, l’inertie technique svt commandée par des par des causes extérieures. En fait, herminette, par ses caractéristiques, répond au besoin de tt homme moyen devant un bout de bois à débiter, répond seule harmonieusement aux diverses exigences par rapport aux autres outils qu’on pourrait réaliser à la place.Nb des objets de fabrication, de transports ou d’outils est donc réduit : 1 centaine de termes définissent clairement les innombrables cas particuliers. A partir de chaque objets techniques de chaque ethnie, on peut remonter jusqu’au 1er degré du fait technique. Ex : propulseur inexistant qui est l’origine de tous les autres et qui est la tendance. Tendance = somme des virtualités qui ne deviennent réalités que dans les conditions de milieu favorables, symbolisation de la pente que suite tout monde vivant dans les besoins d’une survie aux modalités d’une survie aux modalités de + en + complexes.