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Les 75 ans du bpa Magazine anniversaire

Les 75 ans du bpa

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Page 1: Les 75 ans du bpa

Les 75 ans du bpaMagazine anniversaire

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Moosseedorf (BE), 17.10.1951. Des fonctionnaires de l’Office fédéral des transports, de l’Office fédéral de la police et du bpa examinent un signal stop à un passage à niveau.

Couverture: du passé au présent sur la Viaduktstrasse à Bâle. La couverture se compose de quatre photographies:l’image en quatrième de couverture a été prise le 25 février 1939, l’homme et l’affiche datent de 1958.Le vélo électrique et la photo de la page de titre ont vu le jour en 2012.

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BONJOUR!Puis-je me présenter? Je m’appelle Vi-viane Lüthi, j’ai 17 ans et j’ai commencé mon apprentissage au bpa en août 2011. Avant, je ne m’étais guère intéressée aux accidents. Je n’en ai jamais eu, et mes proches n’ont jamais subi d’accident grave. A part dans mon club de hand-ball, où il y a eu quelques blessures. J’ai eu de la chance. Avant de venir au bpa, je connaissais seulement l’ange Franky Slow Down. Il m’était vraiment sympa-thique.

Maintenant, je suis au cœur de la pré-vention des accidents. Et je remarque qu’elle ne s’arrête pas aux anges. Je suis fascinée par tout ce que nous faisons. Avant, je n’avais jamais réfléchi au fait que la prévention des accidents reposait sur des résultats scientifiques. J’ai pris conscience que nombre de partenaires soutiennent le bpa. Dans ma commune aussi, il y a un délégué bpa à la sécurité.

Parfois, je dois expliquer à mes co-pains ce que fait le bpa. Je dis alors: «Nous sommes là pour qu’il y ait moins d’accidents et nous disons comment y parvenir.» Nous avons une tâche vrai-ment passionnante – quel autre travail a ainsi pour objectif que les gens vivent en sécurité? Des collaborateurs formi-dables s’en occupent au bpa. J’ai tout de suite été bien accueillie et je m’y sens très bien. J’espère travailler à l’avenir dans un endroit comme le bpa. Et à pro-pos d’avenir: je souhaite au bpa et à la prévention des accidents plein succès pour les 75 prochaines années.

VIVIANE LÜTHI

Apprentie en deuxième année

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La sécurité en ligne de mire. Depuis 1938, les collabora­teurs du bpa s’engagent en faveur de la sécurité, par la recherche, le conseil, la formation et la communi­cation. Et aussi pour les 75 prochaines années. «75 ans, et en avant», embarquement immédiat pour un voyage en 60 pages.

DES SUCCÈS INCONTESTÉS

Le bpa a toujours donné le la en matière de sécurité. Petit florilège. 8

UNE PRÉVENTION UTILE

Comment des personnalités suisses perçoivent le bpa. 10

ENTRE DIRECTEURS

La directrice Brigitte Buhmann rencontre son prédécesseur Peter Hehlen – souvenirs, instantanés et perspectives. 12

10

2212

8

Postfach 8236, CH 3001 Bern, www.bfu.ch

75 ans, et en avant

75 Jahre mit Voraussicht

Altri 75 anni al tuo fianco

75 Jahre mit Voraussicht

75 ans, et en avant

Altri 75 anni al tuo fi anco

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SOMMAIRE

DES BASES SCIENTIFIQUES

Les travaux de recherche forment la base d’une prévention réussie. Le bpa les réalise. 22

UNE EXPOSITION CAPTIVANTE

Pourquoi la limite de l’alcoolémie a­t­elle été fixée à 0,5 pour mille? Comment éviter les accidents de baignade? Une exposition passionnante consacrée à la prévention livre des réponses. 30

DES PARTENAIRES DE LONGUE DATE

Délégués à la sécurité, instructeurs de la circulation et chargés de sécurité en entreprise – un aperçu de leur engagement en faveur de la sécurité. 36

DES COUSSINS D’AIR SALVATEURS

Comment les airbags peuvent aussi prévenir les accidents de sport. 44

EN AVANT VERS 2038

Trois visionnaires envisagent les défis futurs de la prévention des accidents. 48

33

30

44

33

48

3630

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L’accidentalité hier et aujourd’huiCHIFFRES EN ÉVOLUTION Le bpa a vu le jour en 1938. A l’époque, il y avait près de 124 000 véhicules à moteur en Suisse. Plus de 4,2 millions de voitures de tourisme circulent aujourd’hui sur nos routes; et pourtant, le nombre d’accidents de la route a diminué. Pas seulement, mais aussi grâce au bpa. Dans l’ensemble, les accidents non professionnels se sont néanmoins multipliés suite au développement des loisirs et de la palette d’activités proposées. Quelques chiffres intéressants de ces 75 dernières années.

Evolution des accidents non professionnels et professionnels1938–2010

Fréquence des accidents des assurés Suva – Accidents pour 1000 assurés

1938

74

187

ANP AP

1986

145 145

ANP AP

1968

15999

ANP AP

99137

2010

ANP AP

Accidents non professionnels (ANP) Accidents professionnels (AP)

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ACCIDENTS NON PROFESSIONNELS En 1938, 74 assurés Suva sur 1000 avaient un accident non professionnel. Au milieu des années 80, le nombre d’accidents non pro-fessionnels a égalé celui des accidents pro-fessionnels, prépondérants jusque-là (près de 266 000). Depuis lors, la tendance à la hausse des accidents non professionnels s’est encore renforcée parallèlement à la baisse du nombre d’accidents professionnels. Au-jourd’hui, deux tiers environ des accidents se produisent durant les loisirs. En chiffres: ces dernières années, près de 120 assurés sur 1000 ont eu un accident non profession-nel. Si, de surcroît, on tient compte des en-fants, des seniors et des personnes sans acti-vité lucrative, le rapport entre accidents non professionnels et professionnels atteint 8 à 2. Les six programmes prioritaires actuels qui sont brièvement présentés ci-après com-portent une large palette de mesures per-mettant au bpa et à ses partenaires de lutter contre les accidents de loisirs.

AUTOMOBILE En 1938, 634 personnes ont perdu la vie sur les routes, alors que le parc automobile comptait 124 195  véhi-cules. Après un pic peu glorieux en 1971, le nombre de tués n’a cessé de diminuer. En 2011, 320 personnes sont décédées suite à un accident de la route, avec un parc auto-mobile atteignant 4,2 millions d’unités. Les

nouveaux conducteurs âgés de 18 à 24 ans constituent le groupe le plus problématique.

MOTOCYCLE Un blessé grave sur trois et un tué sur cinq l’est à moto, bien que seuls 2 % des kilomètres soient parcourus avec ce moyen de transport. Par rapport aux oc-cupants de voitures de tourisme, les moto-cyclistes présentent un risque 30 fois plus élevé d’avoir un accident grave par kilo-mètre parcouru.

VÉLO Ce dernier lustre, près de 40 cy-clistes sont décédés chaque année dans un accident en Suisse. Avec un peu plus de deux tués pour 100 millions de personnes-kilomètres, la Suisse se classe au troisième rang européen derrière le Danemark et les Pays-Bas. L’Espagne et le Portugal sont les lanternes rouges. Près de la moitié des per-sonnes concernées ont plus de 60 ans et deux tiers sont impliquées dans des col-lisions avec d’autres usagers de la route, la plupart du temps sans en porter la respon-sabilité.

SPORTS DE NEIGE Chaque année, quelque 67 000  personnes domiciliées en Suisse ont un accident en faisant du ski ou du snowboard. Plus de 30 000  touristes étrangers se blessent aussi sur les pistes hel-vétiques chaque année. Chez les skieurs, le

genou est le plus souvent touché en cas d’ac-cident (34 %), tandis qu’il s’agit pour près de la moitié des extrémités supérieures (des épaules aux mains) chez les snowboarders. La plupart des blessures résultent de chutes. En revanche, les collisions sont plutôt rares (10 % des accidents).

SPORTS DE MONTAGNE Un Suisse sur trois randonne en moyenne 20 jours l’an, avec une tendance à la hausse. Dans l’ensemble, la population suisse pratique les sports de montagne pendant quelque 150  millions d’heures chaque année. Les accidents ne sont pas particulièrement fréquents, mais les conséquences souvent graves: sur 122 tués par an dans le do-maine du sport, 53 sont imputables aux sports de montagne, sans compter plus de 10 000 blessés.

CHUTES 81 % des accidents dans le do-maine de l’habitat et des loisirs résultent d’une chute. Il est frappant de constater que 90 % de ces 1500 personnes sont âgées de plus de 65 ans et que la chute se produit de plain-pied dans 70 % des cas. L’évolution démographique et le vieillissement de la po-pulation requerront d’importants efforts pour pouvoir maintenir ne serait-ce que le statu quo.

ROLF MONING

ACCIDENTALITÉ

Accidents de sport mortelsParc des voitures de tourisme et nombre de tués dans un accident de la route

représente 100 000 voitures de tourisme

représente 1 personne tuée dans un sport de montagne

représente une personne tuée dans un autre sport

représente 100 tués dans des accidents de la route

Ø 2005 – 2009

69

53

1938

2011

4 200 000

320

124 195

634

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1938 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975

1949: Afin d’amé­liorer la qualité des patrouilleurs sur les pistes de ski, le bpa et la Fédération suisse de ski édictent un règlement qui prévoit la remise de fanions d’honneur aux patrouilleurs bien préparés.

1951: Le bpa lance l’idée de la création de patrouilles sco­laires.

1967: Au vu de l’intérêt croissant pour la lutte contre les accidents de ménage, le bpa met à dispo­sition des diapositives pour sensibiliser aux risques.

1946: Le bpa publie les Directives pour

l’aménagement et l’équipement des pistes et iti­néraires de ski. C’est la naissance des pistes bleues, rouges et noires.

1959: Se basant sur l’exemple sué­dois, où le nombre de morts sur la route a diminué de moitié grâce à la ceinture, le bpa en­courage le port de cette dernière dans notre pays.

1976: En collaboration avec l’EMPA de Saint­Gall et l’Institut de médecine légale de Zurich, le

bpa définit des exigences minimales pour la sé­

curité des casques (moto et vélomo­teur) et crée un la­bel de qualité.1950: 1re campagne nationale

consacrée à la sécurité routière – «Son sort … La mort?»

1949: L’arrêt obligatoire est introduit dans l’ordon­nance sur la signalisation routière après avoir été testé et promu par le bpa et la Fédération routière suisse.

1973: S’inspirant d’un modèle anglais, le bpa crée le réseau des délégués bpa à la sécurité, au nombre de 1200 environ fin 2012.

1950: En raison d’une forte aug­mentation des accidents de la circulation, le bpa envisage de demander aux autorités l’obliga­tion de munir tous les véhicules d’un enregistreur de vitesse. 1961: Le bpa

diffuse le 1er ap­pareil de réglage des fixations de ski dans les ma­gasins de sport.

1938: 1re recommandation du bpa pour un produit du domaine ménage / agri­

culture: un protège­faux destiné à dimi­nuer le risque d’accident lors des transports à vélo.

8 Les 75 ans du bpa

Les succès au fil du tempsHONNEURS La sécurité est un plus incontestable pour la qualité de vie dans notre pays. En 75 ans d’existence, le bpa a largement contribué à ce qu’il en soit ainsi. Que l’on parle d’infrastructures, d’équipement de sécurité, de produits ou d’éducation, il s’est engagé sans relâche pour la prévention des accidents. Florilège des succès qui ont marqué son histoire.

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1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2012

1984: La limitation à 50 km/h à l’intérieur

des localités est intro­duite et cinq ans plus tard, c’est au tour des 80 et 120 km/h d’être confirmés en votation populaire.

1994: L’action «Cheva­lier de la Route» fête ses

25 ans d’existence. Elle récompense le courage de personnes ayant porté secours à des usagers de la route en danger. Fin 2012, les Chevaliers de la route étaient au nombre de 444.

1980: Le Courrier bpa enfants informe les

jeunes parents, à un rythme semestriel, sur les possibili­

tés de prévenir les accidents des petits jusqu’à l’âge de 6 ans. Dès 2007, la série inclut des conseils pour les enfants jusqu’à 8 ans.

2012: Le Parlement entérine le pro­gramme de sécu­rité Via sicura, pour lequel le bpa avait réalisé le rapport de base au début des années 2000.

1991: La vignette de ski du bpa fait son appari­tion et encourage les skieurs à faire régler leurs fixations avant le début de chaque saison.

2005: Le taux limite d’alcool toléré au volant passe de 0,8 à 0,5 pour mille; le sys­tème en deux phases pour l’obtention du permis de conduire entre en vigueur.

1988: Le bpa fête ses 50 années d’exis­tence. Il affrète des wagons CFF et un véhi­cule d’exposition des PTT où les voyageurs découvrent une expo­sition présentant ses activités.

1981: Le port de la ceinture sur les sièges avant de même que le port du casque pour les motards de­viennent obligatoires.

2002: Avec cinq autres institu­tions, le bpa présente Signal­Douleur sur le site d’Yverdon de l’Expo 02.

2011: De 16 % en hiver 2002 / 2003, le taux de port du casque de ski est passé à 81 %

Les 75 ans du bpa 9

CIRCULATION ROUTIÈRE Après la Se-conde Guerre mondiale, le nombre de voi-tures de tourisme et de deux-roues motori-sés augmente considérablement. Les effets sur l’accidentalité ne tardent pas: on recense 1694 morts sur les routes suisses en 1970. Dans ce contexte, le bpa consacre plus de la moitié de ses ressources à la lutte contre l’insécurité routière: suppression d’endroits dangereux, amélioration de la signalisation, éducation routière, promotion de la cein-ture de sécurité, lutte contre l’alcool au vo-lant sont ses chevaux de bataille. Alors que le parc de véhicules continue d’augmenter, les accidents diminuent chaque année da-vantage. Jusqu’à nos jours.

Depuis les années 1950, les campagnes se succèdent à un rythme annuel. Les visuels du bpa font désormais partie du paysage routier suisse.

SPORT Le ski est une thématique impor-tante, avec le développement des fixations de sécurité dès le milieu des années 1940 déjà. Dans le souci d’en garantir un fonc-tionnement optimal, les appareils de réglage apparaissent au début des années 1960. En 1970, le bpa crée un label de qualité des fixations. En 1988, le Département fédéral de l’intérieur (DFI) décrète que seules les fixations munies de ce label peuvent être vendues en Suisse. Dans le courant des an-nées 1990, les normes internationales (ISO) et européennes (CEN) entrent en vigueur, remplaçant ainsi les règlements techniques du bpa.

Jusqu’aux années 1980 environ, le bpa fait aussi la part belle aux sports nautiques. Dans les années 1960, il communique sur ce thème en italien, afin de sensibiliser les tra-vailleurs immigrés transalpins aux noyades.

HABITAT ET LOISIRS Les activités s’in-tensifient avec la montée du pouvoir d’achat et l’avènement de la société de loisirs. Les accidents dans l’habitat et les loisirs se mul-tiplient, avec, en tête, les chutes. Thème en-core et toujours d’actualité étant donné le vieillissement de la population.

En 1976, la loi fédérale sur la sécurité d’installations et d’appareils techniques (LSIT) entre en vigueur. Elle confère au bpa le soin de surveiller une large palette de pro-duits du domaine non professionnel, avec le but de retirer du marché les produits ne sa-tisfaisant pas aux exigences de sécurité. Le bpa se dote d’un label de qualité. En 1997, le «Label de sécurité» du bpa prend la relève; il promeut les produits et appareils ayant une fonction protectrice ou construits de ma-nière à assurer la sécurité des utilisateurs.

MAGALI DUBOIS

SUCCÈS

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PERSONNALITÉS Leurs visages sont bien connus et ils ont des affinités avec la prévention des accidents. A l’occasion du 75e anniversaire du bpa, ils nous adressent leurs messages.

Cher bpa …

«Sport, trajet scolaire, travaux manuels: ce ne sont que trois exemples de la prévention des accidents à l’école. Avec son offre foisonnante de supports pédagogiques, le bpa fournit une contribution indispensable dans l’optique d’une prévention efficace. Je le félicite chaleureusement pour son anniversaire!»

Isabelle Chassotprésidente de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), conseillère d’Etat du canton de Fribourg

«Afin de dissuader les jeunes de boire et conduire, des sta­ges dans des hôpitaux qui soignent des blessés graves de la route devraient leur être imposés; cela aurait certainement un meilleur effet sur leur prise de conscience. En outre, le taux d’accidents sur les autoroutes étant de loin le plus fai­ble, la construction de voies supplémentaires devrait être envisagée, pourquoi pas au­dessus des autoroutes exis­tantes, étant donné le manque de place dans notre pays.»

Manuele Bertoliconseiller d’Etat du canton du Tessin

Maurice Turrettini président du Salon international de l’auto et accessoires de Genève

«La prévention des accidents est avant tout une question de bon sens. C’est de plus un signe d’attention à l’égard de soi et des autres. Mais une chose est sûre: le risque zéro n’existe pas. Pourtant, on pourrait souvent éviter bien des souf­frances à peu de frais. Nous devons sans cesse y réfléchir de manière approfon­die et agir en conséquence. Pour cette raison, le travail de longue date du bpa est très précieux.»

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«Il m’est arrivé de penser que le bpa remplissait sa mission de prévention avec un zèle excessif. Pourtant, à en croire les chiffres des accidents, de nombreux comportements sûrs ne sont pas encore ancrés à 100 %: porter systématiquement la ceinture de sécurité, régler son appuie­tête, surveiller les enfants au bord de l’eau … Toutes choses qui paraissent évidentes. Je remercie donc le bpa pour les piqûres de rappel de bon sens qu’il nous propose à travers ses campagnes.»

PERSONNALITÉS

«Les accidents de la route causent bien des souffrances à l’ensemble des personnes impliquées, souvent avec des conséquences étendues. Par son travail, le bpa fournit une contribution importante à la prévention des accidents. Celle­ci requiert l’attention personnelle de tous, la prévoyance d’organisations tel le bpa de même que l’engagement du monde politique. En adoptant Via sicura, le Conseil fédéral et le Parlement ont fait un pas supplémentaire afin de renforcer la sécurité dans la circulation routière. A l’avenir, ce sera un défi important de définir clairement les responsabilités entre la technique et l’être humain. Par exemple là où des systèmes d’assi s tance aident le conducteur à se rendre du point A au point B en sécurité. Conduire, c’est assumer une responsabilité. Celui ou celle qui conduit de manière responsable se concentre sur le véhicule, la route et les autres usagers. Je remercie le bpa de nous le rappeler encore et toujours par le biais de ses campagnes.»

Doris Leuthard conseillère fédérale et cheffe du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication

«Des performances phénoménales sont uniquement possibles si le risque est correctement évalué. Pour moi, la sécurité est primordiale, tant à vélo que dans la vie privée. C’est pour­quoi je m’engage comme ambassadeur de la campagne du bpa consacrée au casque cycliste.»

Fabian Cancellaramultiple champion du monde et champion olympique de cyclisme

Muriel Sikijournaliste et productrice indépendante

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LA DIRECTRICE DU BPA ET SON PRÉDÉCESSEUR Brigitte Buhmann et Peter Hehlen sur des faits originaux du passé, des nouvelles réjouissantes du présent et des surprises pour l’avenir.

«Le bpa ne manquera pas de travail»

Madame Buhmann, Monsieur Hehlen, êtes-vous des personnes prudentes? Brigitte Buhmann: Je n’aime pas prendre de risques incontrôlés, ni en privé ni sur le plan professionnel. Je ne quitterais jamais la piste en cas de danger d’avalanches ou ne condui-rais jamais sans la ceinture de sécurité. En revanche, je relève volontiers des défis qui présentent des risques quantifiables, par exemple quand il s’agit de développer un nouveau domaine d’activité au bpa. Peter Hehlen: Je suis aussi plutôt une per-sonne prudente et consciente des risques. Mais je ne suis pas craintif – c’est autre

chose. Je crois que le bpa ne devrait pas me réprimander dans la vie de tous les jours, même si j’ai déjà roulé trop vite ou me suis mal parqué. (sourires)

Le travail au bpa influence-t-il le compor-tement personnel?Hehlen: Oui. En fin de compte, les collabo-rateurs jouent aussi un rôle de modèle au-près de la famille et de la population. Buhmann: C’est clair. A plus forte raison en tant que directrice, j’assume un rôle de modèle. Avant d’arriver au bpa en 2004, je n’avais par exemple jamais porté de casque

de ski ou de casque cycliste. Je suis désor-mais consciente des risques et sais comment vivre en sécurité.

Madame Buhmann, que représente l’ère de Peter Hehlen comme directeur du bpa?Buhmann: Peter Hehlen a notamment dé-veloppé la recherche. Des chiffres objectifs ont permis de montrer où la prévention des accidents devait amorcer des mesures. Il est ainsi parvenu à amener de l’objectivité dans le débat sur la prévention des accidents de la route. Cette approche a nettement renforcé la crédibilité et l’acceptation du bpa dans le monde politique et la société, mais a aussi

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ENTRETIEN

établi notre réputation de centre de compé-tences reconnu. Les conseils, recommanda-tions et exigences politiques du bpa sont au-jourd’hui factuels, et donc convaincants et moins attaquables.

Monsieur Hehlen, comment évaluez-vous le travail de votre successeur?Hehlen: J’ai encore des liens assez étroits avec le bpa, bien que je sois à la retraite de-puis dix ans. Madame Buhmann a déve-loppé le bpa dans sa structure et sa teneur de manière systématique dans l’optique d’un centre de compétences et de coordina-tion fort. Elle a en outre veillé à ce que le bpa dispose d’excellents réseaux. La voix du bpa compte dans le système de prévention suisse, ce qui ne va pas de soi dans la société actuelle.

Avez-vous des souvenirs particuliers ou des anecdotes croustillantes de votre temps au bpa, Monsieur Hehlen?Hehlen: En principe, je peux dire que j’ai toujours bien aimé travailler au bpa. La col-laboration interdisciplinaire avec d’autres scientifiques et spécialistes m’a particulière-ment fasciné. Parfois, nous avons dû étudier des choses hors du commun: nous avons par exemple creusé la question de savoir quelles peintures présentaient une sécurité au glissement élevée pour le marquage des

passages pour piétons. Une autre fois, nous avons dû nous mettre nous-mêmes au vo-lant pour tester le temps que l’on perd en respectant les limitations de vitesse sur au-toroute par rapport à celles et ceux qui ne le font pas.

Comment perceviez-vous le bpa avant d’en être la directrice, Madame Buhmann? Buhmann: Bien avant de devenir directrice du bpa, j’ai eu une expérience saisissante avec lui. Mon mari et moi venions d’emmé-nager dans notre nouvelle maison lorsque le délégué bpa à la sécurité de la com-mune nous a rendus attentifs aux lacunes en termes de sécurité, que nous avons bien sûr immédiatement corrigées. Comme à l’époque, je suis toujours impressionnée par l’engagement des quelque 1200 délégués bpa à la sécurité. J’aimerais cependant leur of-frir encore plus de connaissances et de com-pétences, raison pour laquelle nous sommes en train d’enrichir leur formation. J’appré-cie aussi beaucoup le contact personnel avec eux. Il m’importe d’apprendre quels sont leurs besoins.

Est-ce l’une de vos plus belles expériences dans votre travail?Buhmann: Oui, absolument. J’estime que l’échange avec les partenaires est fonda-mental. Mais nos campagnes sont aussi tou-jours des moments forts, comme celle avec

«Franky Slow Down». L’ange a réussi à deve-nir un ambassadeur sympathique de la vi-tesse adaptée dans la circulation routière. Il représente de surcroît un bpa moderne qui ne prend pas de ton moralisateur mais veut inciter les gens à adopter un comportement sûr. «Slow down. Take it easy» est du reste un excellent slogan pour réduire le nombre d’accidents dans d’autres domaines de la vie.

Quel est votre plus beau souvenir au bpa, Monsieur Hehlen?Hehlen: La collaboration avec les personnes. Au sein du bpa, j’ai toujours essayé d’encou-rager la créativité et l’esprit d’initiative des collaborateurs tout en gardant un œil sur la stratégie globale. Un plaisir et un défi à la fois.

Et le plus difficile?Hehlen: Dans le domaine de la limite d’al-coolémie, du port obligatoire de la ceinture ou des limitations de vitesse, nous avons dû poser des exigences qui étaient bien sûr à chaque fois impopulaires. Par contre, il n’était pas toujours facile de supporter les protestations, certaines attaques étaient en dessous de la ceinture.

Avez-vous aussi fait face à cela, Madame Buhmann?Buhmann: Oui, une fois à ce jour. Mais pour les questions politiques, j’arrive assez bien

J’estime que l’échange avec les partenaires est fondamental.

Brigitte Buhmann

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14 Les 75 ans du bpa

à faire la distinction entre la fonction et la personne. Je suis consciente qu’avec des exi-gences relatives à la prévention des accidents, nous ne pouvons pas contenter tout le monde – je dois pouvoir vivre avec de l’opposition. En général, nous recherchons le dialogue avec les organisations ouvertes à la discussion et, bien sûr, avec le monde politique. Nous avons par exemple activement accompagné le pro-cessus politique relatif à «Via sicura», le pro-gramme d’action de la Confédération visant à renforcer la sécurité routière. Et ce, en fa-veur de la prévention des accidents.

En sus de l’introduction de l’étude scienti-fique des mesures de prévention, quels ont été les autres événements marquants des 75 ans d’histoire du bpa?Hehlen: Au début des années 1970, nous avons introduit en Suisse le système des dé-légués à la sécurité dans les communes se-lon le modèle anglais, d’abord en Suisse romande, puis en Suisse alémanique. Autre-fois, les délégués à la sécurité étaient le plus souvent des policiers à la retraite que le bpa ne pouvait former que de manière rudimen-taire. Le système est aujourd’hui bien plus professionnel et efficace. Les délégués à la sécurité sont aussi actifs dans le domaine de la construction.

Buhmann: Depuis 1984, le bpa a un man-dat légal pour son travail de prévention et il est organisé sous la forme d’une fonda-tion. Voilà aussi un événement majeur. Et l’été dernier, le Parlement a adopté le paquet de mesures «Via sicura» après des années de lutte. Nous avons posé les bases scienti-fiques en l’espèce avec la stratégie «Vision zéro».

Quels sont les plus grands défis et opportu-nités de l’avenir?Buhmann: Les nouveaux développements technologiques vont jouer un rôle cen-tral dans la prévention des accidents. La construction sûre et l’équipement élec-tronique des voitures permettront bien-tôt d’éviter des accidents mortels dans une large mesure. Dans le domaine du sport, je vois pour nous de toutes nouvelles pos-sibilités dans le développement de la tech-nologie d’airbag. La technologie joue aussi un rôle dans la manière de transmettre nos connaissances en matière de prévention. J’ai initié un projet consacré aux futures formes et canaux de communication. Hehlen: Nous ne pourrons cependant pas réussir si nous ne continuons pas à placer les gens au centre de nos activités. Bien sûr,

nous pouvons obtenir de nombreux succès dans la «prévention situationnelle», c’est-à-dire en adaptant l’infrastructure et la tech-nique. Nous ne pouvons par contre pas sim-plement construire de nouveaux systèmes et procéder de l’idée que les gens s’y adaptent et se laissent rééduquer. Cette approche ne fonctionne pas.

Buhmann: Je donne raison à Monsieur Hehlen. Les jeunes hommes notamment cherchent souvent le frisson de manière ci-blée et dépassent consciemment les limites de sécurité. Les chutes nous occuperont aussi pendant longtemps encore. Bien plus de la moitié des accidents mortels découlent aujourd’hui d’une chute. Vu le vieillisse-ment de la société, ce problème devrait en-core se renforcer à l’avenir. Nous ne man-querons donc pas de travail.

Hehlen: Je le pense aussi. De nouveaux dan-gers que nous ne connaissons pas encore vont apparaître de surcroît. La prévention reste une tâche permanente.

PETER BADER

Brigitte Buhmann, 53 ans, docteur en sciences économiques et sociales, a travaillé à l’Université de Bâle et au Centre de recherche de référence au Grand­Duché de Luxembourg dans le domaine de la recherche en sciences sociales avant de rejoindre l’Office fédéral de la statistique en 1988. Elle y a notamment été responsable des statistiques du marché du travail. Elle est directrice du bpa depuis 2004.

Brigitte BuhmannDirectrice du bpa

Peter Hehlen, 73 ans, directeur de 1994 à 2003, s’est formé en génie civil à l’EPF de Zurich. Il est aussi ingénieur en transports SVI. Il a commencé à travailler au bpa en 1966, assumant plusieurs fonctions, notamment au sein de la section Recherche et statistique..

Peter HehlenAncien directeur du bpa

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Il passait pour être très doué en communi-cation et a fait connaître le bpa à l’échelle nationale: Eugen F. Schildknecht, porte-

parole du bpa de 1961 à 1985. Avec élo-quence et une grande force de persuasion, il a expliqué pendant des années à l’émis-sion matinale de la radio alémanique com-ment se protéger contre les accidents. Toute la Suisse alémanique l’écoutait. Son dialecte bâlois raffiné et ses grandes connaissances avaient du succès – il était docteur en droit. S’il était convaincu d’une chose, à l’instar des glissières de sécurité médianes sur les autoroutes, controversées à l’époque, il pou-vait même devenir passionné.

«Le bpa était sa vie, se rappelle son an-cienne collaboratrice Eva Keller. Il tra-vaillait inlassablement et m’appelait parfois le week-end pour dicter un texte.» C’était toujours une personne aimable. Les colla-borateurs du bpa l’appréciaient et laissaient tout en plan quand il fallait apporter à la gare l’un des nombreux envois exprès entre Berne et Bâle – Schildknecht avait son bu-reau à Bâle. «C’était une période passion-nante et plaisante», ajoute Eva Keller.

A côté de son emploi au bpa, Eugen F. Schildknecht était actif comme journaliste dans plusieurs quotidiens et revues spé-cialisées. Bénéficiant d’excellents contacts parmi les médias, il était aussi présent lors de la production des premières émissions de télévision en Suisse. A l’occasion d’un jeu télévisé dans les années 1970, il est par-venu à expliquer des questions liées à la circulation routière à un large public de

manière divertissante et facilement com-préhensible.

Par cet engagement extraordinaire en qua-li té de porte-parole et de journaliste – une combinaison impensable à présent, Eugen F. Schildknecht a contribué à la réputa-tion et à l’acceptation du bpa. Aujourd’hui

encore, de nombreuses personnes associent les noms du bpa et de Schildknecht. Dans la vie privée, il était marié à la célèbre actrice Marianne Hediger. Il est subitement décédé en 1985 pendant ses vacances, un an avant la retraite.

URSULA MARTI

PERSONNAGE

EUGEN F. SCHILDKNECHT Le légendaire porte­parole a permis au bpa d’accéder à la radio et à la télévision et, ainsi, d’entrer dans la conscience de la population suisse.

Eugen F. Schilknecht (à droite) en discussion avec le directeur du bpa Robert Walthert (à gauche), et avec Peter Hehlen, directeur de 1994 à 2004 et Peter Remund.

Il a vécu pour le bpa

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TROIS QUARTS DE SIÈCLE: UNE ÉPOQUE RICHE EN CHANGEMENTS.Hier, aujourd’hui et demain, l’objectif du bpa reste le même: la sécurité en ligne de mire. C’est dans la manière que l’engagement du bpa a évolué. Voici un petit voyage au gré d’instantanés de la prévention des accidents. En voiture!

Cours d’éducation routière dans une école, Bümpliz, 30.06.1950.

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La prévention en images …

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RisquesAUCUNE DISCIPLINE sur les routes, des fixations de ski rigides ou des accidents dus au gaz à la maison. 75 ans plus tard, les points noirs ont en partie changé. L’engagement du bpa en faveur de la sécurité dans le sport, l’habitat, les loisirs et la circulation routière subsiste. Car la vie nous enseigne une chose: elle est pleine de risques. L’avantage, c’est qu’on peut prévenir les accidents.

Accident dans le canton des Grisons, année inconnue.

Sauvetage d’un amateur de sports d’hiver dans le canton de Saint-Gall, Quarten, Alp Gamperdon, 05.03.1946.

Hier comme aujourd’hui, ce n’est qu’avec un escabeau que l’on atteint certains endroits peu accessibles en toute sécurité lors des nettoyages de printemps.Zollikofen, 29.01.1950.

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LA PRÉVENTION EN IMAGES

1. Ferdi Kübler. 1971. «Ferdi national» montre comment se protéger en voiture grâce à la ceinture de sécurité à trois points. 2. Le diablotin. Emblème du jubilé du bpa, il signale les dangers, même des années après. 3. Turbosiesteur. Depuis 2011, il montre que 15 minutes de turbosieste sont le seul moyen efficace de lutter contre la fatigue au volant. 4. Nella Martinetti. En 1986, elle éclaire la jungle routière à la télévision. Avec zèbres, éléphants et rhinocéros. 5. Pirmin Zurbriggen. Skieur suisse. En piste en 1985 pour prôner la bonne attitude. 6. Didi. 2011. Didi la douche asperge d’eau les parents négligents. Car les enfants qui jouent au bord de l’eau doivent être surveillés. 7. Des chansons de Peter Reber et Jacky Lagger accompagnent les enfants dans la circulation routière en 2002. 8. Roger Moore. 1997. L’acteur de James Bond en mission officielle en faveur de la vignette de ski du bpa. 9. Faigaffe. 1980 – 2015. Poupée poil-de-carotte d’origine autrichienne. Sillonne les écoles en faveur de la sécurité dans la circulation routière. 10. Franky Slow Down. Depuis 2009, l’ange du bpa sur les routes suisses et au hit-parade: «Slow down. Take it easy.»

CrédibilitéPOUR LES SKIEURS ET LES CONDUCTEURS PRESSÉS. Pour les petits et les grands enfants. Tantôt merveilleusement angéliques, tantôt diablement méchants. Des ambassadeurs réels ou imaginaires se sont adressés à la population suisse au fil des années sur mandat du bpa. Vous en découvrirez quelques­uns sur cette page.

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1955, André ClosetUne automobile pour 20 habitants. La «grande» densité de véhicules requiert une solution pour que les routes soient sûres: «Maîtrise et discipline dans le trafic».

1960, Hans HartmannLe bpa tempère le message en optant pour le chapeau et la distinction: «Des égards pour chacun». Le rapport annuel de l’époque doute déjà que ce geste soit encore compris.

1987/1995, créateur inconnuPlus de la moitié des automobilistes ne bouclent pas leur ceinture de sécurité. Une affiche vise à faire «clic» chez les groupes cibles. Le sujet est repris en 1995, l’année suivant l’introduction du port obligatoire de la ceinture sur les sièges arrière.

1953, ThöniLes autorités sont invitées à poser les nouveaux panneaux de signalisation pour que les citoyens s’y familiarisent. Le sujet de l’affiche illustre le propos.

1966, Hans HartmannLes cyclistes préoccupent fortement les spécialistes de la sécurité, notamment en matière de signes de la main. De plus, l’état des vélos laisse souvent à désirer.

1988, créateur inconnuLes piétons, et en particulier les seniors, comptent parmi les usagers de la route les plus vulnérables, raison pour laquelle le bpa en appelle aux égards et à la prudence de la part des conducteurs.

1964, Hans HartmannDu «coup dans le mille» à l’«offense au public», le panneau de la campagne «Seules les poules errent sur la chaussée» a été gratifié de toutes les qualifications possibles et imaginables.

1976, Hans HartmannLe bpa est très préoccupé par les nombreuses blessures à la tête. Le slogan «Les têtes intelligentes se protègent» voit le jour en 1976. Il est encore dans toutes les mémoires.

1993, Hanspeter WyssLa question de la visibilité de nuit est particulièrement im­portante en hiver. La «Journée de la lumière» le rappelle aujourd’hui encore chaque année à la fin novembre.

LES NOMBREUSES AFFICHES de prévention du bpa étaient visibles un peu partout. Certaines ont obtenu des prix, d’autres ont irrité. Autrefois, la propagande se satisfaisait d’affiches, tandis qu’il faut aujourd’hui de vastes campagnes par le biais de plusieurs canaux pour changer les comportements. En voici quelques points forts:

Influence

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Le graphiste bâlois a créé l’une des affiches les plus connues du bpa. En son honneur, celui-ci la fait revivre dans plusieurs produits à l’occasion de son anniversaire.

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Comment être certain que les ap-proches des diverses activités de prévention du bpa sont vraiment

les bonnes? Parce que le travail concer-nant la sécurité repose systématiquement sur des résultats scientifiques. Pour cela, le bpa a une section Recherche qui se consacre aux questions fondamentales liées aux do-maines de la circulation routière, du sport, de l’habitat et des loisirs. Combien d’acci-dents se produisent? Pourquoi? Comment les éviter? «L’interdisciplinarité de l’équipe constitue notre force, explique Roland Al-lenbach, responsable de la section. Chez nous, les ingénieurs, spécialistes en sciences sociales et experts en sciences du mouve-ment œuvrent main dans la main.» Cette approche permet d’étudier les causes des

accidents et les mesures visant à les éviter sous différentes perspectives.

Depuis les débuts du bpa il y a 75 ans, la recherche accidentologique a beaucoup évo-lué, à l’instar de l’obtention des données de base. Pendant de nombreuses années, les collaborateurs du bpa se tenaient eux-mêmes au bord des routes et recensaient le nombre de personnes portant un casque ou ayant bouclé leur ceinture en faisant des traits sur une feuille. Ils déterminaient les taux à l’aide d’une calculatrice. Aujourd’hui encore, on procède à des comptages, mais on dispose de tablettes numériques avec des masques de saisie et des programmes qui enregistrent les diverses informations et les relient entre elles. Et ce ne sont plus les em-ployés du bpa qui effectuent les comptages

au bord des routes ou des pistes de ski, mais des personnes externes spécialement for-mées.

«La recherche accidentologique dans son ensemble est devenue plus systématique et interconnectée», déclare Steffen Niemann, chercheur au bpa. Le bpa collabore étroi-tement avec des offices fédéraux, univer-sités et organisations et participe à des co-mités internationaux tels que l’OCDE ou EuroSafe. Les résultats de la recherche sont échangés et comparés à l’échelle internatio-nale. «Factuel» est un mot-clé essentiel. On entend par là des travaux factuels. Au lieu de ne faire appel qu’à des études isolées, on détermine des résultats génériques à partir de plusieurs projets de recherche plurian-nuels. «Quand les rapports se révèlent sans

Le pilier du travail de préventionRECHERCHE ACCIDENTOLOGIQUE Base du travail de prévention, la recherche est un élément clé de l’activité du bpa. Car une fois connues les causes des accidents et démontré le potentiel de prévention, le bpa émet des recommandations en matière de sécurité.

Bientôt, nous allons pouvoir relier les données entre elles d’une nouvelle façon qui nous révélera de manière encore plus ciblée où amorcer les mesures de prévention.

Roland Allenbach

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RECHERCHE

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cesse identiques, on sait enfin qu’il en va vraiment ainsi, explique Steffen Niemann. Pour ce faire, nous disposons aujourd’hui d’outils totalement différents. Autrefois, quand sont apparus les premiers ordina-teurs, les spécialistes du bpa ont développé leurs propres programmes, aujourd’hui nous pouvons recourir à des logiciels stan-dardisés.»

Pour pouvoir développer des pro-grammes de prévention efficaces, il est né-cessaire de connaître les points noirs en matière d’accidents, qui ressortent de la sta-tistique des accidents. Cela ne va du reste pas sans poser des problèmes: la majorité des données proviennent des assureurs- accidents qui assurent obligatoirement la population active – les enfants et les retraités

ne sont donc pas recensés par la statistique. Voici donc un événement-clé de l’histoire de la recherche au bpa: le recensement, pour la première fois, de l’accidentalité en général chez les enfants et les seniors dans les années 1990 dans le cadre d’études de grande enver-gure de même que les objectifs et mesures de prévention concrètes qui en découlent. En 2011, le bpa a de nouveau effectué une étude globale. La tranche d’âge des seniors s’est ré-vélé être un défi particulier pour l’avenir. Il y a un nombre croissant de personnes âgées, qui sont spécialement sujettes aux blessures de par leur constitution physique.

Quelles nouveautés la recherche nous prépare-t-elle ces prochaines années? Ro-land Allenbach: «Nous allons de plus en plus faire de la recherche appliquée afin de

réagir aux nouveaux développements, par exemple dans la technique des véhicules, les tendances en matière de loisirs ou les évo-lutions démographiques. Mais ce n’est pas tout: bientôt, nous allons pouvoir relier les données entre elles d’une nouvelle façon qui nous révélera de manière encore plus ci-blée où amorcer les mesures de prévention.» L’appariement des données des accidents de la route enregistrés par la police avec les données médicales des hôpitaux en est un exemple concret. Cette approche permet de nouvelles conclusions, à l’instar de la façon dont certaines vitesses influent sur la gra-vité des blessures et le processus de guérison suite à un accident. La recherche accidento-logique reste donc captivante.

URSULA MARTI

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Territoires

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NUANCES La différence titille la curiosité, dans le domaine de la prévention des accidents aussi. Parce qu’ils alimentent toutes sortes de clichés, deux thèmes font ici l’objet d’un éclairage: les hommes et les femmes au volant et la répartition des accidents de la route selon les régions linguistiques. Alors, femmes et Latins, des dangers publics?Territoires

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La part d’hommes condamnés selon la loi sur la circulation routière est de 87 %, contre 13 % de femmes. «Les

jeunes hommes notamment contreviennent plus souvent aux règles que les femmes. Ils représentent le plus grand groupe à risque», déclare la directrice du bpa Brigitte Buhmann. Dans les faits: les hommes de 18 à 24 ans sont surreprésentés parmi les conducteurs de voitures de tourisme

griève ment blessés et tués par milliard de véhicules-kilomètres. Les chiffres s’harmo-nisent proportionnellement avec l’âge.

La consommation d’alcool et une vitesse excessive sont à l’origine des accidents les plus graves. Dans ces deux catégories, et de manière particulièrement marquée dans le cas de l’alcool, les hommes se font remar-quer dans le mauvais sens du terme. Plu-sieurs études montrent que les hommes font

preuve de comportements plus risqués que les femmes (tabagisme, consommation ex-cessive d’alcool, consommation de drogues illégales, sports dangereux et conduite ris-quée). Les différences sont surtout impor-tantes dans la recherche de sensations in-tenses, qui inclut aussi la propension au risque.

«Si l’on occulte le facteur de la recherche de sensations, les disparités entre les sexes

Les hommes, les femmes et le risqueQUESTIONS DE GENRE Les statistiques le montrent sans équivoque: le comportement à risque est aussi influencé par le sexe. Les hommes abordent les dangers et évaluent les risques autrement que les femmes – mais quelle est la raison de cette différence de comportement?

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TERRITOIRES

s’estompent considérablement en termes de comportements risqués», explique Janine Bosak. Dr en psychologie et enseignante à la Dublin City University en Irlande, elle a étudié cette question de genre en détail. Mais quelle est la raison de cette différence en ce qui concerne le désir du grand fris-son? D’après Janine Bosak, on suppute une cause biologique: «Des études ont révélé un lien entre l’hormone de la testostérone et la recherche de sensations. Ce qui explique pourquoi les hommes tendent plus aux comportements risqués que les femmes – et ce, indépendamment de la socialisation, de l’éducation et d’autres facteurs.»

Le secret biologique de la recherche d’ex-citation n’est toutefois pas complètement

percé. Les neuropsychologues supposent que les adeptes de sensations ont plus be-soin d’excitations extérieures du fait de leur plus faible niveau de dopamine pour pro-duire les hormones du bonheur. «De nom-breux éléments plaident pour l’hypothèse qu’ils tirent une plus grande récompense de leur système hormonal en cas de nouvelles stimulations», affirme le professeur émérite de psychologie Falko Rheinberg.

Les biologistes de l’évolution imputent l’agressivité et le plaisir du risque chez les jeunes hommes à la compétition repro-ductive parmi les ancêtres de sexe mascu-lin. Les hommes ont ainsi pu démontrer leur vaillance et leur force pour apparaître comme des partenaires sexuels séduisants aux yeux des femmes. Les approches socio-culturelles soulignent par contre que les disparités entre les sexes dans le com-portement agressif ont leur origine dans la socialisation, qui renforcerait la capa-cité à s’imposer et la concurrence chez les hommes, la prévoyance et la soumission chez les femmes. Le fait est que la différence en termes d’évaluation du danger explique aussi la plus grande prise de risque de la part

des hommes. Des études montrent que les hommes attendent un plus grand bénéfice des activités risquées que les femmes, qui y mettent de moins grandes espérances et craignent plus les conséquences négatives que leurs pendants masculins.

Pour expliquer les différences en matière de comportement à risque, Janine Bosak in-dique de plus les rôles des sexes. On entend par là les attentes sociales relatives à la façon dont un homme ou une femme sont censés se comporter. Les adolescents apprennent par conséquent déjà tôt que conduire vite, fumer et consommer de l’alcool est consi-déré comme viril. C’est précisément dans le cadre de ces rôles que peuvent intervenir mesures et prévention. Et c’est le cas, comme le déclare la directrice du bpa Brigitte Buh-mann. «La page Facebook interactive ‹Date Nina›  de RoadCross est un bon exemple de sexospécificité. Les jeunes hommes n’y réussissent qu’en se comportant de manière responsable. Mais il est aussi important que l’on conforte les jeunes passagères dans l’idée que la vitesse excessive et l’alcool au volant ne sont pas cool.»

THORSTEN KALETSCH

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Les Suisses ne sont pas égaux face aux accidents. C’est le constat dressé par une étude du bpa, qui révèle l’exis-

tence de grandes disparités régionales. Le rapport publié en 2010 montre en effet que les Latins sont beaucoup plus à même de subir de graves dommages physiques sur la route que les Alémaniques. Le risque est même deux fois plus élevé au Tessin qu’en Suisse alémanique. Et si le nombre de per-sonnes impliquées dans des accidents

graves a diminué ces dix dernières années, la baisse est plus marquée côté alémanique (-33 %) que chez les Romands (-23 %) ou les Tessinois (-23 %).

Derrière ces chiffres se cache une réalité: chaque région linguistique a ses compor-tements propres en termes de circulation routière. Les statistiques montrent que l’al-cool est une cause d’accident importante en Suisse romande et au Tessin, mais moins en Suisse alémanique. A l’inverse, la vitesse fait

de plus gros dégâts des deux côtés de la Sa-rine que dans la partie italophone du pays.

Pour le conseiller national vaudois Jacques Neirynck (PDC), ces différences de compor-tement ont une origine culturelle. «La culture dans les pays du nord – et aussi en Suisse alé-manique – valorise la responsabilité indivi-duelle. Pour ces populations, la loi est un plan-cher sous lequel on ne peut pas descendre. Dans le sud, en revanche, c’est un plafond, un idéal auquel il faut essayer de se conformer.»

DISPARITÉS RÉGIONALES Les Suisses ne sont pas égaux face aux accidents. Le domaine des accidents de la route présente par exemple d’importantes différences de comportement en fonction des régions du pays. Le bpa doit donc adapter sa prévention à chaque communauté linguistique.

Autres régions, autres mœurs

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Des différences culturelles que confirme Christoph Büchi, le correspondant de la Neue Zürcher Zeitung à Lausanne. Il constate que la relation à l’alcool n’est par exemple pas la même à Genève, Zurich ou Lugano. Mais les choses sont en train de changer, affirme-t-il, grâce à une vague de fond qui uniformise les comportements au niveau international. On remarque dans tout le monde occidental les mêmes pré-occupations en matière de promotion de la santé, qui passent par une interdiction de fumer dans les lieux publics et une dimi-nution de la consommation d’alcool, sou-ligne-t-il. Et cela se traduit de manière très concrète. «Il y a trente ans, en Suisse ro-mande, il était assez difficile de ne pas boire d’alcool à l’apéro ou à midi. Désormais, il arrive assez souvent que plusieurs per-

sonnes se contentent de boire de l’eau», note le journaliste.

Les campagnes de prévention en faveur de la sécurité routière contribuent sans doute à cette tendance. Il faut dire que le bpa adapte sa communication aux diffé-rentes régions du pays. Et cela induit, petit à petit, des changements de mentalité. Pour preuve, il y a près de 30 ans, la votation sur l’obligation de boucler sa ceinture de sécu-rité avait été rejetée d’un bloc dans toute la Suisse latine. Or, aujourd’hui, la proportion de Suisses qui disent avoir adopté le «réflexe ceinture» est quasiment similaire des deux côtés de la barrière de röstis. En 2010, chez les conducteurs de voitures de tourisme, le taux de port était de 90 % en Suisse aléma-nique, de 83 % en Suisse romande et de 77 % au Tessin. Si la différence des taux de port entre la Suisse alémanique et le Tessin était de 26 points de pourcentage en 2000, elle n’était plus que de 13 points en 2010. Ce qui faisait dire il y a quelques années à Renato Gazzola, porte-parole du TCS au Tessin: «En matière de limitation de vitesse comme

pour la consommation d’alcool, l’automobi-liste tessinois est devenu plus prudent.» Et lui aussi évoquait une uniformisation des comportements routiers, sur le modèle alé-manique.

Une prudence accrue qui aplanit les dis-parités régionales: cela se constate dans d’autres domaines que celui de la circulation routière. Il y a dix ans, seule une poignée de skieurs et de snowboarders arboraient un casque de protection. La proportion a ex-plosé depuis. Mais une fois encore, dans ce domaine, les Alémaniques font figure de «bons élèves» par rapport au reste de la Suisse. Quatre adeptes des sports de neige sur cinq s’y protègent la tête, contre 67 % chez les Romands.

Les disparités régionales ont donc la vie dure. D’où la nécessité pour la Confédéra-tion de miser encore plus sur les campagnes de prévention. Car, si le Romand reste plus méfiant vis-à-vis de ces campagnes que l’Alémanique, le fédéralisme et l’attitude critique «anti-Berne» se sont beaucoup atté-nués, souligne Christoph Büchi.

Et puis, changer une culture, c’est un processus lent. Il doit s’apprendre aussi bien à l’école qu’en famille. Mais «l’argent dé-pensé dans ces campagnes est économisé ailleurs», conclut Jacques Neirynck.

SANDRINE ROVERE

TERRITOIRES

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EXPOSITION Pour son anniversaire, le bpa s’aventure en terre inconnue: une exposition montre la prévention des accidents grâce aux outils les plus modernes de l’électronique de divertissement. Paul Reichardt, membre de la direction et responsable du projet d’exposition, nous en explique le fonctionnement.

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Un beau matin de juillet, un homme est assis sur un banc avec son chien, au bord d’un étang dans

un parc. Des saules pleureurs trempent leur chevelure vert argenté dans l’eau et des canes sortent leurs rejetons duvetés. Sou-dain, un adepte de patins à roulettes corpu-lent fait irruption dans ce cadre idyllique, bouscule l’homme et le chien et s’esquive aussitôt. «Attaque, Filou!» Le chien suit l’importun et revient avec une genouillère. «Brave!», le félicite son maître, qui ajoute en examinant l’objet avec un sourire cynique: «Pas mal, mais mal mis, sinon tu n’aurais pas réussi à l’attraper.»

«Et coupez!» L’équipe du film applau-dit avec enthousiasme. Filou est la «star» du tournage. C’est un mâle de quatre ans et demi, croisement entre un Border Collie et un chien de berger, incroyablement intel-ligent. Ce sont ses débuts à l’écran, mais le responsable du projet Paul Reichardt et la

personne qui a imaginé la scène, le direc-teur de la création Mike Krüll, ne le savent pas, fort heureusement. Ils sont bien assez nerveux: «Avec le tournage animalier, on ne sait jamais!» Ils regardent maintenant la scène avec soulagement sur le moniteur.

Filou n’est pas le seul à s’aventurer en terre inconnue pour l’exposition anniver-saire. Paul Reichardt et son équipe ont déjà entamé ce voyage il y a deux ans. Il profite d’une pause pour jeter un regard rétrospec-tif au lancement du projet. La volonté de mi-ser sur le multimédia et l’interaction pour l’exposition anniversaire s’est rapidement affirmée. «Mais les appareils avec des bou-tons et des manettes sont vite endommagés, nos expériences au Musée des transports l’ont démontré. Nous ne voulions pas infli-ger ce travail de maintenance à nos parte-naires», explique le responsable du projet. Et comme souvent, on a fait de nécessité vertu, avec une idée d’exposition inédite.

«Déplacer des objets à l’écran sans les tou-cher? Et sans télécommande? Ce doit être possible!» Paul Reichardt a persévéré et a trouvé. Il a découvert Kinect, un petit appa-reil doté d’une caméra, d’un capteur infra-rouge et d’un logiciel intelligent. A ce mo-ment, ce système de commande inédit était seulement disponible pour la console de jeux X-Box. Mais le mordu de technique s’en rend compte aussitôt: d’ici à l’anniversaire, cette technologie sera prête pour les appli-cations PC. La question de l’interface uti-lisateur ainsi résolue, ne manquait qu’une idée d’exposition adéquate.

La réponse est venue de Su Jost, concep-trice d’expositions expérimentée. Paul Rei-chardt sourit en pensant à la première séance. «Nous avons causé bien quelques tracas à Su avec notre longue liste d’exi-gences: l’exposition doit être interactive et multimédia. Mais aussi compacte, facile à transporter et simple d’accès. Elle doit

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Les créatifs entre eux: Paul Reichardt, Mike Krüll et Alexandre Jacquet discutent de la prochaine scène.

Daniel Rohr reçoit la dernière touche. L’acteur a joué dans de nombreux films et téléfilms.

Raphael Schläppi dirige la caméra et le micro vers l’action.

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Quelques gestes et la «boîte métallique» est en place.

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Le système de contrôle de l’exposition: les observateurs naviguent à travers les sujets passionnants par des gestes de la main.

Paul Reichardt et le constructeur métallique Christoph Mooser discutent de détails concernant le prototype de l’exposition.

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accomplir un travail de prévention actuel, mais aussi offrir une vue d’ensemble des 75 ans du bpa et, ah oui, être bien entendu captivante et intéressante.» Docteur en ethno logie, Su Jost a relevé le défi et élaboré, de concert avec l’équipe de projet, une solu-tion qui trouve un dénominateur commun à l’ensemble des exigences. Ainsi sont nés les différents éléments de l’exposition, boîtes métalliques sur roulettes qui se déploient rapidement contre le mur de projection. Sur les écrans, on pourra voir des scènes sur les six thèmes de prévention, pleines d’hu-mour et de rythme. En déplaçant les objets à l’écran sans les toucher, les visiteurs pour-ront intervenir dans l’histoire et approfon-dir les thèmes en fonction de leurs envies et de leurs centres d’intérêt.

Assez parlé du passé, le responsable du projet se replonge dans le tournage. Tout se déroule pour le mieux. Filou est vraiment doué et le tournage avance rapidement. Il s’acquitte de sa tâche en deux temps trois mouvements. Avant la pause de midi, toutes les scènes concernant le thème «Equipe-ments de protection individuelle» sont dans la boîte. L’équipe se félicite en allant déjeu-ner. Le débutant Filou est déjà dans les bras de Morphée, il est vrai que la matinée s’est révélée quelque peu excitante. A l’heure de

l’expresso, il reste encore un peu de temps pour des considérations d’ordre général sur le travail de prévention. Le directeur de la création Mike Krüll a depuis longtemps du succès dans la publicité. Quelle est donc la différence entre la publicité et la prévention? Son avis: «Il n’y en a pas. Franchement, qui d’entre nous se comporte toujours de ma-nière raisonnable? Et qui veut y être rendu attentif par un doigt accusateur?» Partant, il mise sur des scènes inattendues et drôles et sur des personnages anguleux qui doivent marquer les esprits pour accomplir leur tra-vail de prévention au moment décisif.

En fin de journée, Paul Reichardt doit encore rendre visite au constructeur mé-tallique. Les éléments de l’exposition sont encore en phase d’essai. Une personne doit pouvoir les monter sans aide. Paul Rei-chardt montre la boîte magique avec l’in-terface utilisateur inédite, et toutes les per-sonnes présentes se prennent au jeu avec fébrilité. Chacun veut être actif devant l’écran, en dépit de la chaleur accablante qui règne dans l’atelier. Et une fois de plus en ce jour, l’enthousiasme du responsable du pro-jet se transmet à son environnement. Car il est frappant de constater que l’ensemble des collaborateurs sont disposés à en fournir plus que demandé pour le succès de l’expo-

sition et qu’ils sont tous curieux et heureux de découvrir la destination du voyage ex-ploratoire: les acteurs, la conceptrice de l’ex-position, le directeur de la création, l’équipe du film, le constructeur métallique, l’équipe de projet au bpa ...

Une journée intense consacrée à l’expo-sition touche à sa fin. Paul Reichardt replie soigneusement la surface de projection et la range à nouveau dans la boîte métallique. Il enfile sa veste de motard et disparaît dans la tiédeur de la soirée estivale.

ELISABETH HUBER

EXPOSITION

Déplacer des objets à l’écran sans les toucher? Et sans télécommande? Ce doit être possible!

Paul Reichardt

L’exposition du bpa

Thèmes

• Equipements de protection individuelle

dans le sport • Alcool et fatigue au volant

• Circulation routière • En voiture • Chutes

• Sécurité dans et autour de la maison

Dates

• Le 22 mars 2013, participation du bpa à la

Nuit des musées à Berne

• Dès le printemps 2013 au Musée des

transports à Lucerne, dans les villes et com­

munes, les services des automobiles et les

centres commerciaux de toute la Suisse

Retrouvez les lieux d’exposition sur

www.75.bpa.ch

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36 Les 75 ans du bpa

Une vie pour la sécuritéSADY ZANNI Il parle de la fonction de chargé de sécurité et de délégué bpa à la sécurité comme l’une de ses tâches les plus intéressantes ces 30 dernières années. Car pour Sady Zanni de Bellinzone, la sécurité était et reste une vraie philosophie de vie. Entretien.

bpa: On a l’impression que vous avez consacré toute votre vie à la sécurité. Sady Zanni: Je travaille depuis 30 ans pour le compte de la commune de Bellin-zone, je fais partie de la «famille». J’ai été officier de police pendant près de 20 ans avec des missions à l’extérieur. Depuis dix ans environ, je dirige le bureau chargé de la sécurité, de la signalisation routière et des contrôles techniques. Le bureau s’occupe de sécurité au travail, de signaux routiers, de mesures du bruit, de protec-tion-incendie, de conseils publics et privés, etc.

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AU QUOTIDIEN

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Les communes ne sont pas tenues de pourvoir le poste de délégué bpa à la sécurité, mais nombre d’entre elles le font car la sécurité est devenue un sujet important.

Voilà qui semble être une tâche variée et enrichissante.Quand j’étais délégué bpa à la sécurité de la ville, j’ai attiré l’attention sur les dan-gers dans les bâtiments communaux et sur les routes, mais aussi conseillé des particu-liers et d’autres services de la commune. On m’appelait aussi quand il s’agissait de salles de sport, de bâtiments privés et publics, de biotopes, de bains, d’écoles et ainsi de suite. Les communes ne sont pas tenues de pour-voir le poste de délégué bpa à la sécurité, mais nombre d’entre elles le font car la sécu-rité est devenue un sujet important. Les dan-gers sont généralement sous-estimés, raison pour laquelle j’ai toujours essayé d’exposer avec précision les risques que court une per-sonne ou l’administration si elle ne respecte pas les normes correspondantes.

Racontez-nous votre récent projet qui découle du travail avec le bpa? A l’occasion d’un cours de perfectionne-ment du bpa, l’architecte Federica Corso Ta-lento, responsable du projet cantonal «Me-glio a piedi» (mieux à pied), a montré ce que

la commune de Caslano a réalisé pour la sé-curité des trajets scolaires. Le projet m’a tout de suite intéressé et je me suis aussitôt ren-seigné pour savoir si je pouvais aussi lancer un tel projet à Bellinzone. Après un examen préalable, l’administration communale m’a permis d’élaborer un plan pour l’ensemble des écoles obligatoires. Nous avons divisé la ville en secteurs et, avec l’aide des directions des écoles, des enseignants, des parents, de la police communale et de spécialistes, nous avons déterminé les problèmes existants en matière de sécurité sur les trajets scolaires. Puis nous avons rédigé un vaste dossier avec toutes les propositions d’amélioration. Du reste, cette analyse a obtenu le prix canto-nal «Comune innovativo 2011» (commune innovatrice).

Et a-t-on effectivement noté des améliorations?Bien sûr! Nous avons amélioré la signalisa-tion aux passages pour piétons et aménagé des zones «Scendi e Vivi» (descends et vis) en plusieurs endroits de la ville. Ces zones, situées à proximité des écoles, sont signalées

par des dessins d’enfants et sont à la dispo-sition des parents qui conduisent leurs en-fants à l’école. Les enfants qui sont déposés dans cette zone peuvent arriver à l’école sans danger et les automobilistes ne circulent pas devant le complexe scolaire. Le plan des transports prévoit aussi des trottoirs prati-cables où les piétons ont néanmoins la prio-rité. De surcroît, de nombreuses autres amé-liorations sont en cours.

Quel est votre plus beau souvenir? En sus des nombreuses expériences et des amitiés que j’ai nouées en tant que délégué bpa à la sécurité, le plan des transports pour les trajets scolaires reste la plus belle réali-sation à mes yeux et l’un de mes plus beaux souvenirs. J’espère que mon successeur le poursuivra avec passion. Car ce plan doit être activement maintenu, mais aussi modi-fié et actualisé de manière régulière.

ALESSANDRO PESCE

Sady Zanni

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«En 2009, le bpa a organisé un concours pour les entreprises afin d’encourager la sécurité dans les sports de neige. Je m’en souviens très bien, car j’ai gagné! Dans notre entreprise, la plus­value que nous apportent les activités de préven­tion du bpa est manifeste: un faible taux d’absences et des collaborateurs motivés.»

Marcel GillerChef du service de sécurité, Coop Suisse romande

«La police peut toujours recourir au sou-tien précieux du bpa, que ce soit dans divers groupes de travail, pour l’inter pré­tation et l’instruction des questions juridiques en lien avec les transports ou par ses brochures d’informations et supports pédagogiques. Dans mon activité d’instructeur notamment, le bpa m’a apporté sécurité et optimalisation. Pour moi, les congrès des instructeurs de la circulation et les événements avec les délégués à la sécurité sont très précieux.»

Armin NäfChef instructeur de la circulation auprès de la police cantonale saint­galloise

AU QUOTIDIEN

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Quand sécurité rime avec esthétiquePRODUITS Petits et grands, ils nous simplifient la vie. Les produits sur le marché sont toujours plus intelligents et renforcent la sécurité. Cerise sur le gâteau: ils ont fière allure. Découvrez quelques héros du quotidien, distingués par le label de sécurité du bpa.

Yaktrax Walker Pour un meilleur appui dans la vieSi le yéti vous poursuit, vous avez l’avantage. Ce dispositif antidérapant pour toutes les chaussures (ou presque) prévient les glissades sur la neige et le verglas. Pour des pointures entre 32 et 48.Disponible dans le commerce

Reusch Booter Une sacrée protectionLe protège­poignets pour snowboarders ne prévient pas les chutes, mais protège efficacement votre poignet en cas de chute. L’élément stabilisateur permet d’empêcher une hyper­extension du poignet tandis qu’un élément amortisseur réduit l’impact.www.dfshop.com

Casques cyclistes KED Parce que les têtes intelligentes se protègent en beauté Les casques cyclistes de KED convainquent non seulement par leur design élégant, mais aussi par la sécurité accrue grâce à l’éclairage intégré. Pour être visible de nuit.www.ked­helmsysteme.ch

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PRODUITS

Towispick®- 2500 De belles perspectives Les conducteurs de poids lourds ont de meilleures perspectives: un système de miroir avant pour parfaire l’équipement. Sa cour­bure leur offre un plus grand champ de vision.www.blaserwbc.ch

Schmidlin Antigliss Pour des pieds exigeants Un mélange de quartz et de sable vous empêche de glisser dans la baignoire ou la douche. Brûlé dans la surface en émail, il rend les fonds de baignoire et les bacs de douche durablement antidérapants.www.schmidlin.ch

Film de sécurité pour vitrages Des débris, par chanceLe petit Kevin aurait pu envoyer son ballon ailleurs que dans la fenêtre du voisin. Par chance, la vitre était dotée d’un film de sécurité, qui l’empêche de se briser en cas de choc, évitant ainsi des blessures par éclats de verre. Plusieurs fournisseurs dans le commerce spécialisé

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Main courante Suivez la lumière «Metalight» Comment une main courante devient­elle un bijou éclatant? Grâce au module LED intégré, disponible dans les couleurs blanc chaud et froid. Pour les escaliers, les rampes et les passerelles à l’intérieur comme à l’extérieur. www.metamont.ch

Veste imperméable Rukka Pour voir les têtes intelli-gentes dans l’obscuritéLes vestes Rukka protègent de la pluie et des accidents; elles sont agrémentées de matériel réfléchissant de tous les côtés. Vous êtes donc particulièrement bien visible de nuit.www.rukka.ch

Sacs à dos FUNKI destiné aux écoliers La sécurité dans les bagagesPour se rendre tout guilleret à l’école. Tant le design que l’excellente visibilité de certains modèles font de ces sacs à dos des compa­gnons appréciés des enfants.www.funke.ch

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Allume-feux Tout feu, tout flammePourquoi se brûler les doigts? Ces allume­feux pra­tiques en bois, laine de bois ou paraffine, dé­clenchent le feu en un clin d’oeil. Disponible dans le commerce

Pavés Novaroc Un jalon pour la sécurité De la couleur sur les routes suisses! Ces pavés conviennent pour le marquage et la signalisation routière des pavements. Disponible en sept couleurs.www.carloag.ch

PRODUITS

Cannes télescopiques Voyant et pratiqueCette canne pour non­voyants télescopique se range parfaite­ment dans un sac. Le matériel réfléchissant garantit une bonne visibilité de nuit. www.szb.ch

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Des coussins d’air salvateursAIRBAG POLYVALENT Inventés par des ingénieurs de la NASA pour la navigation spatiale habitée, l’airbag fait son apparition dans les voitures à partir des années 1970. Aujourd’hui, il s’est imposé dans l’industrie automobile, mais se prête aussi à de nombreuses autres applications, à l’instar de la protection contre les avalanches.

Il était une fois un chasseur qui avait abattu un chamois dans les montagnes et le portait sur ses épaules pour rentrer chez lui. Sur le chemin du retour, il fut soudain pris dans une avalanche. Gagné par une effroyable panique,

il s’agrippa à sa prise, prêt à ne plus rien attendre de la vie. Mais à son grand étonnement, il ne fut pas enseveli sous les masses neigeuses, il resta en surface. Comment était-ce possible? Avait-il vraiment eu une chance fabuleuse? Ou un ange gardien particulier?

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AIRBAG

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En cas d’avalanche, on tire sur une poignée et, en quelques secondes, l’airbag se déploie.

En effet, le chamois sur ses épaules. S’il ne s’y était pas agrippé, il ne s’en serait vrai-semblablement pas tiré à si bon compte. L’explication? Grâce à l’animal qu’il portait, le chasseur formait un «corps» bien plus grand. En vertu de ce principe physique, les plus grandes parties d’une masse en mou-vement tendent à s’élever pendant un cer-tain temps. C’est un phénomène que nous connaissons dans la vie quotidienne: si, par exemple, on secoue assez longtemps un pa-quet de muesli, les gros morceaux sont en haut, tandis que ne restent au fond que les miettes. On parle d’effet de «ségrégation in-verse».

Chaque année, en Suisse, vingt adeptes de sports de neige ont moins de chance que ce chasseur; ils périssent dans des avalanches en pratiquant du hors-piste, des randonnées à ski ou de la raquette. Pour des raisons pra-tiques mais principalement éthiques, on ne peut mettre un chamois mort sur les épaules de chaque adepte de hors-piste ou de ran-donnée à ski. Nonobstant, il est possible de recourir au principe de la ségrégation in-verse, à l’aide de l’airbag anti-avalanche. Il

s’agit d’un dispositif qui se range dans un sac à dos. En cas d’avalanche, on tire sur une poignée et, en quelques secondes, l’airbag se déploie. De la sorte, la victime de l’ava-lanche est propulsée à la surface grâce au phénomène précité.

L’entreprise Snowpulse, qui fait partie de Mammut Sports Group depuis l’automne 2011, est l’un des leaders du marché de ce type d’airbags. Pierre-Yves Guernier, qui a fondé la société en 2005 avec Yan Bechtel, assure la visite dans l’atelier de production à Martigny. Partout, on peut voir les ballons rouges des airbags, tantôt détendus, tantôt gonflés. «Chaque sac à dos est soumis à un contrôle qui requiert au moins une demi-heure», explique Pierre-Yves Guernier. La qualité est le maître mot: «Si vous êtes pris dans une avalanche, il vaut mieux que tout le système fonctionne parfaitement.»

En même temps, les systèmes doivent être conçus de sorte à pouvoir être em-menés sans problème. «Ce qui distingue notre système: il est très compact et très lé-ger», poursuit Pierre-Yves Guernier. En ef-fet, le dispositif prend peu de place dans le

sac à dos. C’est une caractéristique décisive d’après le fondateur de la société Snowpulse: «Alors que les airbags anti-avalanche font désormais presque partie de l’équipement standard chez les adeptes du hors-piste, les randonneurs à ski ont de la peine à s’y mettre car ils ne veulent pas de poids sup-plémentaire dans leur sac à dos». Il estime ce faisant que le poids du dispositif a dimi-nué de 40 % depuis l’invention de cet air-bag. Snowpulse attache de l’importance à ce que les adeptes du ski de randonnée sur-montent leur scepticisme à l’égard du «sac à dos avec airbag anti-avalanche». Partant, l’entreprise propose depuis septembre 2012 des sacs à dos ultralégers destinés spéciale-ment à ce groupe cible. Ceux d’une capacité de 30 litres pèsent à peine 2,3 kg, soit près de 1,1 kg de plus qu’un sac à dos traditionnel. «On obtient aussi ce poids supplémentaire en prenant une veste, un pullover ou un truc du genre», souligne Pierre-Yves Guernier.

L’airbag est conçu de sorte à éviter les lé-gers traumatismes crâniens. Mais attention: cet effet protecteur est limité, et le sac à dos avec airbag anti-avalanche ne remplace en

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aucun cas le casque de sports de neige. De manière générale, il convient de remarquer que du point de vue de la prévention des ac-cidents, il est recommandé d’emporter un sac à dos avec airbag anti-avalanche pour pratiquer le hors-piste, le ski de randonnée et la raquette. Le choix d’itinéraires protégés contre les avalanches figure au premier plan s’il s’agit de réduire le risque d’avalanche. Si l’on ne s’y connaît pas en avalanches et que l’on manque d’expérience, on met sa vie en jeu en pratiquant son sport hors des pistes et itinéraires balisés.

Ce sac à dos montre de manière exem-plaire l’importance de la technologie de l’airbag pour éviter des blessures graves. Le travail de recherche-développement bat son plein. A l’instar de la circulation routière: il existe déjà des premiers modèles de voitures avec un airbag piéton placé sous le capot. En cas de collision avec un passant, l’airbag se déploie et protège principalement la tête et le corps de la personne accrochée, mais aussi le pare-brise et les montants avant. Les gilets airbag pour les motocyclistes sont de-puis longtemps sur le marché.

La technologie de l’airbag est aussi utilisée dans les sports aquatiques: celui ou celle qui nage longtemps seul court le risque de se noyer même en cas de léger malaise. Les nageurs ont aussi la possibilité de boucler une ceinture simple qui peut rapidement se gonfler en cas d’urgence et empêche de sombrer. Un autre airbag est en cours de dé-veloppement, où le flotteur est piloté de ma-nière entièrement automatique. Il est activé si le corps est immobile pendant un certain temps à une certaine profondeur.

Les gilets airbag pour l’équitation sont déjà connus. A présent, des airbags sont testés pour les skieurs, permettant de pro-téger l’ensemble du torse en cas de chute. Cette technologie devrait être opération-nelle pour les Jeux olympiques d’hiver 2014 à Sotchi.

Une entreprise japonaise a même déve-loppé un airbag dorsal portable afin de pro-téger les personnes âgées contre les blessures graves en cas de chute. Les coussins d’air se gonflent alors et couvrent l’arrière de la tête et les hanches, quoique uniquement lors de chutes sur le dos. Enfin, un airbag devrait

aussi protéger une partie de la tête des cy-clistes. Porté comme un col ou un foulard, il se gonfle en un rien de temps en cas de chute et forme une sorte de casque-coussin. Reste à savoir si ce dispositif peut vraiment satisfaire aux exigences biomécaniques re-latives à un tel article de protection. Pour l’instant, il ne pourra en tout cas pas rem-placer le casque cycliste classique.

Les prochaines années nous réservent encore de nombreux casse-tête, mais aussi des solutions efficaces qui confèrent une importance supplémentaire à l’air, de toute façon vital quand il s’agit de nous protéger contre les blessures.

DANIEL MENNA

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DANS 25 ANS, LE BPA SOUFFLERA 100 BOUGIES

Carte blanche à trois personnalités pour ébaucher le futur. Laissons-nous guider jusqu’en 2038 …

Visionpré vention

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pré vention

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L’«Internet des choses» met de plus en plus d’appareils et de systèmes en réseau et les rend nettement plus

simples et sûrs d’emploi – moins de bou-tons, une approche intuitive et, souvent, un contrôle plus aisé (et opérationnel) des langues ou des gestes. Le recours à l’intel-ligence domestique réduit aussi la pression sur la société vieillissante, pour qui le ma-niement des appareils ménagers, des outils et de l’électronique de divertissement est souvent source de stress, et constitue ainsi

une contribution active à la prévention des accidents dans l’habitat.

Mais encore: nos appartements et mai-sons deviennent «futés», et dans une am-pleur et à une vitesse qui ne cesseront de nous surprendre. Les appareils ménagers défectueux annoncent eux-mêmes un inci-dent au propriétaire voire au service après-vente. La consommation d’énergie diminue, car les espaces et la maison s’adaptent auto-matiquement aux besoins et aux habitudes des habitants et que la lumière, le chauf-

fage et les appareils s’allument et s’éteignent de manière automatique. Nous piloterons de nombreux appareils par la voix ou des gestes. Et quand nous sommes en route et nous demandons soudain si nous avons bien éteint la cuisinière: un coup d’œil au smartphone suffit pour nous renseigner. Et en cas d’urgence, nous pouvons aussi inter-venir en cours de route.

Nous atteignons de nouvelles dimen-sions. Ainsi, l’intelligence artificielle per-mettra aussi le recours aux robots ménagers

La maison du futurINTELLIGENCE ARTIFICIELLE Les développements technologiques montrent que l’on dépasse sans cesse des paliers que l’on pensait infranchissables auparavant. Et voilà le prochain: cette décennie encore, la plupart des appareils techniques seront équipés d’une telle puissance de calcul et d’une telle interconnexion qu’ils pourront «réfléchir».

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ser sur les choses auxquelles il attache beau-coup d’importance: ce peut être une jour-née de libre dans la nature, une rencontre insouciante entre amis ou une vie en toute sécurité chez soi, même à un âge avancé. Sur ce point, la technologie du futur est un ja-nus, tantôt bienveillante, tantôt menaçante. En tant qu’êtres humains, nous allons de-voir choisir l’aspect que nous voulons – et je suis à peu près sûr que nous choisirons la bienveillance.

LARS THOMSENLe fondateur et chef futurologue de la société future matters, Inno­vation und Zukunftsforschung (à Zurich), est l’un des chercheurs d’expression allemande les plus influents en matière de tendances et d’avenir.

à compter de 2017 environ. Ce sont des ma-chines ménagères comme les autres, à la pe-tite différence qu’elles peuvent se mouvoir, monter les escaliers, nettoyer les fenêtres et maîtriser 200 autres activités en lien avec l’habitat. Ces appareils apprendront dès le premier jour ce qui prévaut dans une mai-son précise. Si le robot devait effectivement avoir l’idée de passer une fois l’aspirateur à trois heures du matin, un simple regard fu-ribond et un «ne fais plus jamais ça la nuit» suffisent, il laisse tomber.

Vu les perspectives que nous offrira la tech-nique dans le domaine de l’intelligence ar-tificielle ces prochaines années, nombre d’entre nous se demandent sûrement ce qu’il advient de l’homme avec tous ces dé-veloppements. Nous asservissons-nous à la technique? Ne pourrons-nous une fois plus faire les choses les plus élémentaires sans elle?

Eh bien, cela dépend de nous en fin de compte. Car on a inventé la technologie afin de permettre à l’homme une vie plus sûre, plus agréable et encore plus précieuse. Et peut-être pour lui permettre de se focali-

VISION PRÉVENTION

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L’ancienne directrice et présidente d’honneur du Conseil de fondation du bpa, Brigitte Buhmann, dresse le

bilan de ce résultat impressionnant de cent ans de travail incessant en faveur de la sé-curité routière en Suisse: «La vision zéro est aujourd’hui devenue réalité! De la vision originelle et de ses innombrables dérivés à travers le monde est né pour la première fois un système routier national qui épargne fa-milles et proches. La Suisse peut être fière d’offrir aux personnes qui se déplacent dans le pays une mobilité presque exempte de

dangers pour la vie et l’intégrité corporelle, et ce comme premier pays au monde!»

Le succès des Confédérés dans la «Zero Death Race», une campagne mondiale lan-cée en 2021 par les Nations Unies à Genève, n’est pas fortuit. Comme aucun autre Etat, la Suisse est parvenue, sous la houlette du bpa comme «Lead Agency» à l’échelle na-tionale, à mobiliser l’ensemble des acteurs majeurs des transports pour cette course. Ce n’est qu’ainsi que les véhicules intelli-gents et de plus en plus à propulsion élec-trique peuvent, avec leurs systèmes de sé-

curité actifs et passifs, fusionner avec les infrastructures routières analogiques et di-gitales en un système de sécurité industriel. Celui-ci protège l’être humain des consé-quences de ses propres erreurs et de celles d’autrui. «Swiss Safety System» est devenu une marque universelle qui révolutionne le travail et la politique en matière de sécurité publique sur l’ensemble de la planète, sans pour autant mettre l’homme sous tutelle ou restreindre sa mobilité.

Le système a valeur de symbole pour l’approche de la Confédération dans le tra-

2038: une année qui change la mobilité VISION ZÉRO «La fin d’un traumatisme historique: plus aucun mort sur les routes suisses», telle est la une de la Nouvelle agence de presse suisse le 6 février 2039 à l’occasion de la publication de la statistique des accidents par le bpa – Bureau de prévention des accidents.

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JÖRG BECKMANNJörg Beckmann est le directeur de l’Académie de la mobilité du TCS, un centre de compétences pour la mobilité. Il s’est formé en aménage­ment du territoire et en sociologie de la circulation routière.

vail relatif à la sécurité routière: la consi-dération inconditionnelle des usagers de la route les plus vulnérables. Chaque Hel-vète connaît aujourd’hui le «principe de vulnérabilité» comme pendant du «prin-cipe du pollueur- payeur» dans la politique environne mentale. Par-delà les années, l’impératif «déplace-toi de sorte que ta mo-bilité individuelle puisse en tout temps ser-vir de base pour un comportement général et prévenant»  a défini chaque aspect par-tiel de la sécurité routière, de la politique des transports au sein des parlements à la formation à la mobilité dans les écoles et les entreprises.

A présent, le résultat est une culture de la sécurité sur les routes suisses qui n’a pas d’égal au plan international. Alors qu’à la fin du dernier millénaire, l’opinion prédo-minante estimait que sécurité et mobilité étaient incompatibles, on comprend au-

jourd’hui la sécurité comme une qualité de la mobilité – une mobilité peu sûre ne rime pas avec mobilité. Les accidents peuvent toujours se produire, mais ils n’ont plus d’is-sue fatale et ne brisent plus la vie des per-sonnes impliquées et de leurs proches.

Le succès de la Suisse montre clairement à quel point la sécurité routière diverge à l’échelle mondiale. Dans les pays industria-lisés, la mise en œuvre sans réserve des ré-sultats de l’accidentologie, les professions de foi univoques des décideurs politiques et un marché de produits et services en lien avec la sécurité routière qui est en expansion ont permis de poursuivre sans cesse la réduc-tion du nombre de blessures graves et mor-telles. A l’inverse, un nombre croissant de personnes sont victimes de la hausse du tra-fic dans de nombreux pays émergents et en voie de développement en raison de la mo-torisation. Partant, près d’un million de personnes décèdent chaque année sur les routes de notre planète. La première place de la Suisse dans la course mondiale n’est donc aucunement une rai-

son pour le bpa de se reposer sur ses lau-riers. Cette pole position a un corollaire, la responsabilité générale d’exporter cette recette du «Swiss Safety System» où cela s’avère nécessaire. En tout cas, Brigitte Buh-mann est attirée par le reste du monde; elle se réjouit des nouveaux défis et se fonde sur le deuxième rang occupé par la Suède dans la «Zero Death Race»: «Même si les Sué-dois n’ont pas encore entièrement concré-tisé la vision zéro chez eux, ils constituent un grand modèle pour nous. Leur enga-gement à l’échelle internationale ces der-nières années a peut-être permis de sauver plus de personnes d’un accident mortel en Chine, au Vietnam ou en Thaïlande que la Suède a jamais compté de morts sur ses routes. Nous nous solidarisons avec notre plus grand ‘concurrent’ et tentons d’obtenir en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud ce qui nous a réussi à ce jour entre Genève et Romanshorn: enterrer à jamais le trau-matisme du décès sur les routes à l’échelle mondiale.»

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Dans la vie quotidienne, et au-delà, dans les activités technologiques ou scientifiques, économiques

ou politiques, le risque est associé plutôt au danger. En revanche, s’il est librement choisi, il est perçu comme motif d’épa-nouissement, occasion de se mesurer à une situation inédite, ressource pour redéfinir son existence, éprouver ses capacités per-sonnelles, rehausser l’estime de soi, ou obte-nir une reconnaissance des autres. Le risque délibérément pris est une école de caractère. En lui se loge une intensité d’existence, une attente passionnée. Il est un outil propice pour bouleverser la fixité des choses, les po-sitions établies, ouvrir de nouvelles pistes.

Cette donnée anthropologique ne ces-sera de s’étendre dans une société où l’indi-vidu est de plus en plus renvoyé à lui-même comme foyer de sens et de valeur de son existence. Si l’on se projette en 2038, avec les

données sociales et culturelles qui sont les nôtres, je vois pour ma part une formidable extension de ces jeux avec le risque. Que ce soit de manière heureuse, dans un engage-ment physique ou sportif, ou au corps dé-fendant de l’individu, à l’image de ce qui est vécu par une part de la jeunesse à travers ce que la santé publique nomme les conduites à risque.

La multiplication des activités physiques et sportives à risque va de pair avec une so-ciété où, pour un nombre grandissant de nos contemporains, vivre ne suffit plus. Il faut éprouver le fait de son existence et faire ses preuves pour décider de la valeur de cette dernière. Ces activités, apparues dans les années 1980, connaissent un vif succès: sport-aventure, raids, courses d’orientation, marathons, courses ultra, parcours de nata-tion en longue distance, etc.; bref, des défis de toutes sortes.

Les risques pour se sentir vivant

L’individu moderne cherche délibérément des obstacles. En se mettant à l’épreuve, il se donne l’occasion de trouver les repères dont il a besoin pour produire son identité. Dans l’affrontement physique au monde, il cherche ses marques, s’efforce de tenir entre les mains une existence qui lui échappe. Les limites de fait prennent alors la place des limites de sens qui ne parviennent plus à s’instaurer. En s’affrontant au pire, il cherche à gagner le meilleur, à convertir sa peur, son épuisement, en détermination. Dans nos sociétés où les repères se fragmentent et se multiplient, le corps est toujours une réserve pour savoir qui l’on est et ce que l’on peut at-tendre du monde. Dans la douleur, la souf-france, le harassement, l’individu éprouve son existence avec une folle intensité. Le jeu avec le risque multiplie ses sensations et le sentiment d’échapper à sa condition an-cienne, de se remettre pleinement au monde.

ÉPREUVES DE COURAGE L’homme moderne recherche les obstacles et veut réussir des épreuves. Sa propension au risque est toujours plus grande, car il veut ressentir son existence physiquement. L’envie d’enfreindre les règles et l’ignorance des prescriptions soulèvent la question de la responsabilité personnelle et civile.

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DAVID LE BRETONDavid Le Breton est professeur de so­ciologie à l’Université de Strasbourg et membre de l’Institut universitaire de France. Il est notamment l’auteur de Conduites à risque. Des jeux de mort au jeu de vivre (PUF), et de La sociologie du risque (PUF, collection «Que sais-je?»).

L’équation la plus difficile à prendre en considération est celle de l’évolution des technologies et de leur rapide démocratisa-tion, l’affinement des matériaux multipliant les possibilités de jeux avec la mer, la mon-tagne, la terre, la neige ou même les airs. Le goût de la prouesse, de la vitesse, de l’expéri-mentation, de même que la volonté d’ouvrir de nouvelles voies avec des outils inédits ne peuvent que s’élargir dans les décennies à venir.

La volonté de sécuriser certains lieux ou certaines pratiques se heurtera sans doute de plus en plus à l’indifférence de certains usagers, qui revendiqueront une liberté ra-dicale d’agir selon leur volonté et de satis-faire leurs désirs, mais aussi à la méconnais-sance des lois ou des conseils. Le goût de la transgression, ou l’ignorance des consignes

de sécurité, se conjuguent aujourd’hui pour que des pratiques dangereuses pour soi ou pour les autres se déroulent couramment en mer ou en haute montagne. L’individu est souverain quant à son existence et à la mise en œuvre de sa volonté, selon lui l’Etat ne doit pas intervenir en la matière.

Les défis risquent de se multiplier en pleine nature ou dans les villes, sous le re-gard d’un groupe de pairs ou en solitaire. Ils toucheront surtout les jeunes généra-tions mais s’élargiront à d’autres classes d’âge. Dans un tel contexte, on peut s’at-tendre à une méfiance grandissante des as-surances et à leur refus de couvrir des frais après un accident survenu lors de ces mises à l’épreuve de soi. Le débat s’est amorcé depuis quelques années. De vives polé-miques sont apparues au regard des coûts de certaines entreprises de sauvetage et des risques pris par ceux qui s’y engagent pour des personnes en difficulté parfois volontai-

rement oublieuses des consignes de sécurité les plus élémentaires. Les sauveteurs sont souvent choqués de ces attitudes désinvoltes qui mettent leur propre existence en dan-ger. L’idée va son chemin que celui qui en-tend se forger une réputation en multipliant les expériences périlleuses ne doit finale-ment, en toute logique, répondre que de lui-même ou bien assumer une responsabilité humaine et/ou économique dans les coûts engagés pour le mettre hors de péril. Mais si ces types de défis, le plus souvent indivi-duels, se multiplient, les organismes privés ou publics deviendront plus vigilants dans l’examen des conditions d’exercice ayant donné lieu à une intervention ou à une hos-pitalisation.

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MUSIQUE D’AVENIR Stefan Siegrist, directeur suppléant, commente les trois visions de l’accidentalité en 2038 esquissées par Beckmann, Thomsen et Le Breton dans la perspective du bpa.

En avant pour les 25 prochaines années

En 2009, les pilotes de locomotive ont grillé un feu rouge 123 fois en Suisse, se mettant en danger de même que

leurs passagers. Les sportifs, usagers de la route et bricoleurs, en partie à dessein, prennent nettement plus de risques. Il n’est pas rare qu’ils se sentent dépassés.

Rien ne va fondamentalement changer ces 25 prochaines années. Les limites de la capacité humaine en termes d’évalua-tion et de performances sont constantes et donc une cause d’accidents importante. La part de personnes âgées et impotentes croî-tra par ailleurs, tout comme l’utilisation des installations sportives et de loisirs. L’hété-rogénéité des activités, des formes d’acti-

vité physique et des moyens de transport, elle aussi, devrait augmenter. Tant la vie en commun que, par conséquent, le défi de la prévention des accidents gagneront en com-plexité. Comment Beckmann et Thomsen parviennent-ils à dépeindre un tableau si idyllique?

Nous ne savons pas encore quels pro-grès nous aurons réalisés en 2038. Je par-tage cependant l’avis des deux auteurs que les innovations techniques et l’aspiration à une plus grande qualité de vie vont considé-rablement réduire le nombre de personnes grièvement ou mortellement blessées.

Un regard rétrospectif montre comment accélérer cette évolution: la prévention rem-

porte des succès quand elle découle de dé-couvertes scientifiques, se fonde sur l’inter-disciplinarité et vise à éviter ou du moins à réduire les blessures graves de manière sys-tématique.

L’exemple prometteur des systèmes d’as-sistance à la conduite révèle que les ingé-nieurs et les spécialistes du comportement sont en mesure de développer des innova-tions techniques efficaces qui sont perçues comme un soutien et non comme une am-putation du besoin de liberté et de mobilité.

Ou le désir croissant de risque dont parle Le Breton contrecarre-t-il les plans en ma-tière de prévention, du moins dans le sport? Les efforts de prévention dans le domaine

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KORNEL STADLERAprès des études de graphisme et un Master en design dans le domaine de l’illustration, ce jeune créateur bernois de 26 ans travaille comme indépendant et enseigne le «design des caractères» et «l’art de l’es­quisse».

de la technique, de l’organisation et de l’in-formation sont-ils perçus comme une at-teinte à l’autonomie et sont-ils rejetés? Je ne le pense pas. D’autres raisons que la seule recherche du sens de la vie apparemment perdu expliquent le besoin grandissant d’ex-périences et d’activité physique. De plus, la population ne définit pas la liberté comme la possibilité de se mettre en difficulté ainsi que la communauté solidaire, mais de pou-voir faire ce qui lui plaît en toute sécurité. Partant, la prévention des accidents a no-

STEFAN SIEGRISTStefan Siegrist a étudié la psycholo­gie et le droit pénal à l’Université de Berne. Membre du European Forum of Road Safety Research Institute (FERSI), il s’est également formé dans les domaines de la santé publique et de l’économie d’entreprise.

tamment pour tâche d’expliquer aux déci-deurs que de bonnes conditions-cadre n’en-traînent pas de restrictions de la liberté, mais la rendent pour ainsi dire possible.

VISION PRÉVENTION

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58 Les 75 ans du bpa

Chère lectrice, cher lecteur,

LE MOT DE LA FIN

Chaque année, près d’un million de personnes se blessent en Suisse dans l’habitat, dans le cadre des

acti vités sportives et de loisirs de même que dans la circulation routière. Et ce, en dépit du fait que les enquêtes attestent d’une forte conscience du problème chez les Suisses: ils perçoivent le risque d’accident comme une plus grande menace que la maladie ou le chômage. Et ils approuvent aussi souvent les mesures visant à éviter des accidents, même si elles sont liées à des conséquences répres-sives.

La statistique des accidents le montre: la perception subjective et une sensibilité générale pour la problématique des acci-dents ne garantissent pas encore que les personnes se comportent en tout temps en étant conscientes des risques. Nous suresti-mons bien trop souvent nos propres capaci-tés à maîtriser une situation dangereuse et à éviter un accident. Et en même temps, nous sous-estimons les risques auxquels nous nous exposons inconsciemment ou délibé-rément. Les conséquences: d’importantes souffrances et des coûts élevés pour l’éco-nomie et la société.

Le bpa a pour mission de montrer aux gens comment éviter des risques en adop-tant un comportement responsable et es-quiver les situations dangereuses. Bien sûr, cette «prévention comportementale» a des limites. En règle générale, la préven-tion est durablement efficace quand elle prend aussi en compte la situation, c’est-à-dire le cadre technique et juridique, en sus du comportement. «Prévention situation-nelle», tel est le terme consacré. Partant, le bpa influe sur les normes et lois perti-nentes, tout en sachant que la prévention a aussi un impact sur la liberté individuelle. Dans le cadre de leur activité de conseil, les ingénieurs de la circulation et les in-génieurs en dispositifs de sécurité trans-mettent leur savoir de manière ciblée pour améliorer l’infrastructure.

Nonobstant, cela ne veut pas dire que le bpa n’en appellera plus à la responsabilité individuelle et renoncera aux campagnes d’information. Ce sont des outils essen-tiels afin de transmettre les connaissances concernant les risques dans l’habitat, le sport et pendant les loisirs. Qui connaît les risques est généralement plus disposé à ac-

cepter des mesures visant à renforcer la sé-curité et à se comporter en conséquence.

Il n’est pas surprenant que le bpa, comme aucune autre institution, jouisse d’une grande estime dans ce domaine d’activité en tant que centre de compétences indépen-dant. Il a acquis cette confiance grâce à l’en-gagement incessant et compétent de ses col-laborateurs en faveur de la prévention des accidents depuis 75 ans.

C’est une fierté pour moi d’offrir une modeste contribution en ma qualité de pré-sident du Conseil de fondation pour que le bpa puisse aussi assumer sa mission capi-tale à l’avenir. Car même si la vie de la po-pulation est devenue nettement plus sûre au cours de ces 75 dernières années, le bpa ne manquera pas de travail de sitôt.

ULRICH FRICKER

Président du Conseil de fondation du bpa

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IMPRESSUM

Magazine anniversaire

Les 75 ans du bpa

Editeur: bpa – Bureau de prévention des accidents,

Hodlerstrasse 5a, CH-3011 Berne, [email protected],

www.bpa.ch, tél. +41 31 390 22 22

Rédaction: Magali Dubois et Tom Glanzmann (bpa)

Mise en page: Vera Studer (bpa)

Avec la participation Peter Bader (Textatelier.ch)

active de: Urs Bader (misterprint.ch)

Jörg Beckmann

Lionel Felchlin (bpa)

Ulrich Fricker (président du conseil de fondation du bpa)

Barbara Hahn (Von B und C)

Elisabeth Huber

Thorsten Kaletsch (Textatelier.ch)

David Le Breton

Viviane Lüthi (bpa)

Ursula Marti (wortreich gmbh)

Daniel Menna (bpa)

Rolf Moning (bpa)

Alessandro Pesce

Loredana Pettanice

Silvia Rechsteiner (si dice)

Sandrine Rovere

Hedy Rudolf (bpa)

Stefan Siegrist (bpa)

Kornel Stadler

Lars Thomsen

Nicole Wulf (Wulf Übersetzungen)

Retouches d’images: Lithwork Phoenix AG

Illustrations et photos: bpa;

Couverture, page 23: Andrea Campiche

Page 3: Iris Andermatt

Pages 10, 11, 37, 39: Ruben Wyttenbach

Page 10 photo Isabelle Chassot: © La Liberté

Page 11 photo Doris Leuthard: © Keystone

Page 11 photo Fabian Cancellara:

Steffen Müssiggang (Radsportphoto.net)

Pages 12, 14, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 46, 47: Simone Wälti

Pages 40, 41, 42, 43: Hans Minder (Lithwork)

Page 44: © Sunday Photos.

Impression: UD Print AG, Lucerne, impression climatiquement neutre

Tirage: 40 000 exemplaires en allemand, français et italien.

Parution unique.

ISSN 2235-8862 (version imprimée) / ISSN 2235-8870 (PDF)

© L’utilisation et la citation d‘articles ne sont possibles

qu’avec l’accord de la rédaction et moyennant

l’indication exacte des sources.

Pour en savoir plus sur les 75 ans du bpa:

www.75.bpa.ch

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