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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe 1 LES ACTIONS VOLONTAIRES PROMUES PAR LES AUTORITES LOCALES EN FAVEUR DE LA PREVENTION DES DECHETS EN EUROPE

LES ACTIONS VOLONTAIRES PROMUES PAR LES AUTORITES … · 2006-06-09 · Eric Schamp Jean-Pierre Hannequart Directeur Général adjoint Directeur Général. Les Cahiers de l’IBGE

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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LES ACTIONS VOLONTAIRES PROMUES

PAR LES AUTORITES LOCALES

EN FAVEUR DE LA

PREVENTION DES DECHETS EN EUROPE

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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AVANT-PROPOS

Réduire significativement la quantité de déchets que nous produisons, est-ce possible ?La réponse est bien sûr positive car nos déchets ne sont pas une fatalité ! Ainsi, desexpériences pilotes menées un peu partout chez nous et en Europe nous démontrent que«faire maigrir nos poubelles» est un objectif réalisable. Mais que pouvons-nous faire pra-tiquement, quels sont les «bons» gestes ?

L’information, la sensibilisation sont indispensables pour nous permettre, suivant nos pos-sibilités, de participer à la réduction de nos déchets. Nous sommes tous concernés, lesménages, les administrations, les entreprises, les écoles, les commerçants, les pouvoirspublics, … Tous, suivant nos activités, nos responsabilités, nous pouvons agir, que ce soità la source, à la conception des biens de consommation, au moment de nos achats, lorsde la consommation, …

Mais si réduire la quantité de déchets demeure plus que jamais une priorité, produire desdéchets «de qualité» en est une autre. En effet, des déchets, nous en aurons toujours.Nous pouvons néanmoins en tirer le meilleur parti pour préserver au mieux nos ressour-ces naturelles. Trier nos déchets, éviter les déchets dangereux et être vigilant à ne pas lesmélanger aux autres déchets, composter quand on en a la possibilité avec l’aide desmaîtres-composteurs, …. Mettre en place des filières spécifiques pour permettre laréutilisation et le recyclage de qualité, donner une deuxième vie aux biens que nous nedésirons plus, mettre en place les obligations de reprises (pour les piles, les emballages,les déchets électriques et électroniques, les médicaments, et bien d’autres déchets) sontautant d’actions qui sont progressivement mises en oeuvre. La valorisation énergétiquedoit être utilisée avec vigilance et parcimonie. Quant à l’élimination en centre d’enfouisse-ment technique (décharge), il s’agit de la réserver aux déchets ultimes, ceux dont nous nepouvons plus rien faire.

Je salue avec enthousiasme la publication de cet ouvrage qui retrace les actions dynami-ques que l’IBGE mène de longue date en Région de Bruxelles-Capitale tant en matière deprévention que de gestion de nos déchets. Vous tenez en mains une mine d’informationsbien nécessaire pour nous permettre d’être des acteurs responsables dans ce domaine.L’originalité de cette publication est aussi d’enrichir notre connaissance et notre expé-rience bruxelloise par un état des actions menées dans diverses villes d’Europe confron-tées elles aussi à ce volume sans cesse croissant de déchets.

Ensemble, et avec l’appui de cet outil, nous poursuivrons au quotidien le défi de la gestionde nos déchets dans le respect de notre qualité de vie et de notre environnement.

La Ministre de l’Environnement et de l’Energiede la Région de Bruxelles-Capitale

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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PREFACE

Le présent rapport est une double synthèse.

En premier lieu, il tend à présenter les idées et le contenu des actions d’information –éducation - sensibilisation qui ont été développées au cours des dix dernières années autitre de la prévention des déchets par l’administration de l’environnement de la Région deBruxelles-Capitale.Sous la plume de Joelle Van Bambeke, adjointe de Division à l’IBGE, est explicitée unephilosophie politique qui englobe progressivement l’ensemble des comportements desménages, des écoles et des bureaux par rapport aux déchets, aux produits et auxressources : il s’agit de faire évoluer la société vers une économie basée sur le recyclage,l’éco-consommation et la dématérialisation.

En deuxième lieu, ce rapport comporte un travail visant à répertorier les principaux typesd’actions volontaires développées jusqu’à présent au titre de la prévention des déchetsau niveau des villes en Europe. Ce travail a été réalisé par Sophie Marguliew, chargée demission pour l’Association des Cités et des Régions pour le Recyclage (ACRR). Il souligneque la plupart des autorités locales et régionales sont aujourd’hui engagées dans desactions qui, au-delà de la bonne organisation de la gestion des déchets et des ressources,ont pour finalité une citoyenneté responsable dans une perspective de développementdurable.

En publiant cette double synthèse, nous entendons ouvrir un processus d’échanged’informations et d’expériences auquel nous vous invitons à participer que ce soit encontactant l’IBGE ou l’ACRR.

Eric Schamp Jean-Pierre HannequartDirecteur Général adjoint Directeur Général

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS p. 3

PREFACE p. 5

PREMIERE PARTIEINTRODUCTION: LA PREVENTION ET LES LIMITES DE CE RAPPORT p. 13

1.1. Croissance continue de la production de déchets en Europe p. 15

1.2. Un enjeu global p. 151.2.1. La face cachée des déchets: les ressources naturelles p. 151.2.2. L’impact des modes de vie et l’iniquité sociale p. 16

1.3. Prévention: des actions à mener à différents stades p. 17

DEUXIEME PARTIEL’ACTION DE L’IBGE EN REGION DE BRUXELLES-CAPITALE p. 19

2.1. Contexte des actions menées p. 21

2.2. Méthodologie p. 22

2.3. Actions réalisées au niveau des ménages p. 242.3.1. Situation et objectifs en matière de prévention des déchets ménagers

à Bruxelles p. 242.3.2. Susciter la réflexion par rapport aux besoins et au style de vie p. 252.3.3. Réduire les déchets lors de l’achat p. 26

2.3.3.1. Par la promotion des alternatives aux sacs de caisse jetables p. 262.3.3.2. Par l’identification des produits «sans déchets» p. 28

2.3.3.2.1. Citer les marques en partenariat avec les associations deconsommateurs p. 28

2.3.3.2.2. Agir sur les lieux de vente p. 292.3.3.3. Par l’identification de produits sans déchets dangereux p. 30

2.3.3.3.1. Les alternatives aux piles jetables p. 302.3.3.3.2. Le geste «planète propre» p. 30

2.3.4. Moins de gaspillage de papier avec l’autocollant p. 312.3.5. Moins de gaspillage alimentaire p. 322.3.6. Promouvoir la réutilisation p. 33

2.3.6.1. La réparation en vue de la réutilisation p. 332.3.6.2. Les dons et achats en seconde main p. 34

2.3.7. Promouvoir le compostage décentralisé p. 352.3.7.1. Les maîtres-composteurs et leurs activités p. 352.3.7.2. La promotion du compostage à domicile p. 372.3.7.3. Le vermicompostage p. 382.3.7.4. Le compostage de quartier p. 38

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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2.3.8. Des outils d’information et de sensibilisation p. 392.3.8.1. Un journal trimestriel pour informer la population p. 402.3.8.2. La brochure «Achetez malin pour jeter moins» et sa déclinaison

en folders thématiques p. 402.3.8.3. Le site internet «poubelle.org» p. 412.3.8.4. Des animateurs de proximité p. 41

2.3.9. Evaluation p. 432.3.9.1. Les projets pilotes p. 43

2.3.9.1.1. Quatre familles pilotes p. 442.3.9.1.2. Un immeuble pilote p. 442.3.9.1.3. Un quartier pilote p. 44

2.3.9.2. Les évaluations ponctuelles et le baromètre des déchets p. 452.3.9.3. Les sondages d’opinions et l’indice éco-comportement p. 472.3.9.4. Et globalement p. 49

2.4. Les actions réalisées au niveau des écoles p. 502.4.1. Situation et objectifs en matière de déchets dans les écoles à Bruxelles p. 502.4.2. La promotion du papier recyclé et autres fournitures écologiques p. 52

2.4.2.1. La rentrée scolaire écologique p. 522.4.2.2. La promotion du papier recyclé p. 54

2.4.3. La prévention des déchets d’emballage p. 552.4.3.1. Moins de déchets de boisson avec les fontaines à eau p. 552.4.3.2. Moins de déchets d’emballages avec la gourde et la boîte

à tartines p. 562.4.4. La prévention des déchets de papier p. 572.4.5. Les outils p. 57

2.4.5.1. Pour les écoles et les professeurs p. 572.4.5.1.1. Education relative à l’environnement et appel à

projets «MEDERE» p. 572.4.5.1.2. Réalisation et diffusion d’outils pédagogiques sur la

prévention et la gestion des déchets p. 582.4.6. Evaluation p. 60

2.5. Actions volontaires réalisées au niveau des entreprises p. 632.5.1. Situation et objectifs p. 632.5.2. Actions spécifiques déchets p. 64

2.5.2.1. La circulaire pour l’éco-consommation et la gestion des déchetsde bureau destinée aux administrations régionales p. 64

2.5.2.2. Les achats publics p. 652.5.2.3. La charte pour l’éco-consommation et la gestion des déchets

de bureau p. 652.5.2.4. La «dématérialisation dans les bureaux» ou l’utilisation éco-performante

des technologies de bureau p. 662.5.3. Un exemple d’action intégrée: le label «entreprise éco-dynamique» p. 672.5.4. Evaluation

2.6. Perspectives p. 70

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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TROISIEME PARTIEACTIONS DE MUNICIPALITES ET DE REGIONS EUROPEENNES EN MATIEREDE PREVENTION p. 71

3.1. Moyens d’action des municipalités et régions européennes pour éviter laproduction de déchets p. 733.1.1. Changement de priorité dans la politique européenne: des déchets aux

ressources p. 733.1.2. Les municipalités doivent maintenant s’occuper des modes de consommation et

de production p. 733.1.3. Possibilités d’actions pour les autorités locales et régionales p. 74

3.1.3.1. Sensibiliser aux conséquences des modes de vie p. 743.1.3.2. Soutenir les changements de mode de vie p. 753.1.3.3. Encourager les changements de comportement de consommation p. 753.1.3.4. Promouvoir des pratiques différentes de gestion des déchets p. 77

3.2. Catalogue des bonnes pratiques municipales et régionales pour promouvoirla consommation durable, la prévention des déchets et le recyclage p. 783.2.1. Sensibiliser aux conséquences des modes de vie p. 78

3.2.1.1. L’empreinte écologique illustre l’impact des comportementsindividuels sur l’environnement global p. 783.2.1.1.1. Londres: mesurer l’impact de la ville sur l’environnement p. 793.2.1.1.2. Villes néerlandaises: comparaison entre municipalités p. 80

3.2.1.2. Impliquer les citoyens dans les choix politiques et leur mise en oeuvre p. 803.2.1.2.1. Les principaux acteurs et les enfants expriment leur point de

vue à Milton-Keynes p. 813.2.1.2.2. Des intermédiaires pour l’échange d’information avec

les citoyens en Région flamande p. 823.2.1.2.3. Gembloux, Oupeye et Havelange en Région wallonne

impliquent les citoyens dans leur plan de prévention desdéchets p. 83

3.2.1.3. Sensibiliser le public grâce à des actions à grand retentissement p. 853.2.1.3.1. Turin: exposition pour percevoir les déchets comme des

ressources plutôt que comme des ordures p. 863.2.1.3.2. «Charleroi propre et sans déchets»: un mois de sensibilisation

à la prévention p. 863.2.1.3.3. Province de Bergame: concours entre pouvoirs locaux et

films sur la prévention des déchets p. 883.2.2. Soutenir les changements de mode de vie p. 89

3.2.2.1. Remettre en question les besoins des consommateurs et promouvoir laconsommation immatérielle p. 893.2.2.1.1. Vienne encourage le passage à la consommation

immatérielle p. 893.2.2.1.2. Nuremberg: ville sans déchets p. 91

3.2.2.2. Encourager le remplacement des produits par des services p. 933.2.2.2.1. Munich: lutter contre le gobelet jetable p. 943.2.2.2.2. Nuremberg: prêt gratuit de vaisselle réutilisable

aux particuliers p. 953.2.2.2.3. Région des Marches: donner le choix entre la vaisselle

réutilisable ou biodégradable dans les festivals et les foires p. 96

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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3.2.2.2.4. Catalogne: système communal de location et de lavage devaisselle p. 97

3.2.2.2.5. Milton-Keynes: service de lavage de couches-culottes p. 983.2.2.3. Prendre des mesures en faveur de la dématérialisation p. 99

3.2.2.3.1. Dématérialiser les documents municipaux grâce aux TIC p. 993.2.2.4. Eduquer les enfants pour qu’ils deviennent de futurs consommateurs

responsables p. 1003.2.2.4.1. Hasselt: accords environnementaux volontaires entre l’admi-

nistration municipale et les écoles p. 1013.2.2.4.2. Comté de Hampshire: prévention des déchets dans les

programmes scolaires p. 1033.2.2.4.3. Province de Varèse: concours scolaire d’actions de prévention

des déchets p. 1043.2.2.4.4. Landeskreis Darmstadt-Dieburg: groupe de travail dans

les écoles p. 1043.2.2.4.5. Charleroi invite les élèves à signer la charte du

Chevalier Vert p. 1053.2.2.4.6. Bologne: campagne scolaire annuelle pour l’environnement p. 1063.2.2.4.7. Pampelune: formation au compostage depuis 1982 p. 106

3.2.3. Encourager les changements de comportement de consommation p. 1073.2.3.1. Promouvoir les produits écologiques dans les magasins p. 107

3.2.3.1.1. Charleroi: partenariat avec les supermarchés pour l’étiquetagedes produits limitant les déchets p. 107

3.2.3.1.2. Meudon & Mérignac: labels au triple message p. 1093.2.3.1.3. Savigliano: Ecolabel du Re.Re. «Réduire et Recycler» p. 1093.2.3.1.4. Eindhoven: l’achat écologique p. 1103.2.3.1.5. Promouvoir les alternatives aux sacs plastiques jetables p. 111

3.2.3.2. Récompenser le choix de consommation durable p. 1123.2.3.2.1. Rotterdam: projet NU p. 112

3.2.3.3. Suivre les progrès vers une consommation durable p. 1143.2.3.3.1. Région flamande: le projet Ecolife p. 1153.2.3.3.2. Barcelone: indicateurs de changement de comportements

pour l’offre et la demande p. 1173.2.3.3.3. Charleroi: le projet «Puzzle de la prévention» p. 118

3.2.3.4. Eduquer à utiliser de manière rationnelle p. 1193.2.3.4.1. Kolding: utiliser les produits nettoyants avec modération p. 1213.2.3.4.2. Bas-Rhin: 67 gestes pour l’environnement p. 1213.2.3.4.3. Comté du Hampshire: «Trash Attack» p. 1213.2.3.4.4. Malaga: les 10 commandements écologiques p. 121

3.2.3.5. Encourager la réparation et la réutilisation p. 1223.2.3.5.1. Munich: guide, journée de la réparation et marché

aux puces p. 1223.2.3.5.2. Vienne: campagnes d’information et plate-forme d’échange

sur Internet p. 1233.2.3.5.3. Barcelone: récupération des bouteilles de champagne p. 125

3.2.3.6. Montrer l’exemple: les achats publics écologiques p. 1263.2.3.6.1. Barcelone: une ville durable consomme de manière

écologique p. 1263.2.3.6.2. Kolding: un pionnier des marchés publics écologiques p. 128

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.4. Promouvoir différentes pratiques de la gestion des déchets p. 1303.2.4.1. Encourager le compostage à domicile des déchets organiques p. 130

3.2.4.1.1. Subsides et démonstration à Milton-Keynes p. 1313.2.4.1.2. Bristol: un projet pilote de compostage à domicile p. 1323.2.4.1.3. Expérimentation pratique du compostage, un outil éducatif

essentiel à Porto p. 1323.2.4.1.4. Martellago, Santa Giustina in Cole et la Région Veneto:

avantages fiscaux pour les citoyens et les communes p. 1343.2.4.1.5. Province de Bergame: stopper la croissance des déchets

grâce au compostage p. 1353.2.4.1.6. Région des Marches: le compostage à domicile est plus

rentable que les collectes sélectives p. 1363.2.4.1.7. Haut-Rhin: une campagne de communication pour soutenir

le compostage domestique p. 1363.2.4.1.8. Anvers: les liens sociaux pour promouvoir le

compostage p. 1373.2.4.1.9. L’île d’Arousa: compostage domestique dans les maisons

unifamiliales p. 1373.2.4.1.10.Barcelone consacre des espaces publics au compostage p. 138

3.2.4.2. Réduire la demande des entreprises pour des matières premièresvierges p. 1383.2.4.2.1. Bâle: audits en matière de déchets et accords de coopération

entre la ville et les entreprises p. 1383.2.4.2.2. Nuremberg et Munich: service d’information aux ménages et

aux entreprises en ce qui concerne les déchets p. 1393.2.4.2.3. Helsinki: analyse du potentiel de prévention des entreprises p. 141

3.2.4.3. Trouver des débouchés pour les produits et matériaux recyclés desentreprises p. 1413.2.4.3.1. London Remade - Développer des marchés pour les produits

recyclés p. 1423.2.4.3.2. Kalundborg - La symbiose industrielle réduit la consommation

des ressources p. 1443.2.4.4. Développer des partenariats avec le secteur de l’économie sociale p. 145

3.2.4.4.1. Strasbourg: ENVIE offre un service de traitement des déchetset contribue au développement social p. 147

3.2.4.4.2. Offenbach: GOAB - l’intégration a commencé par la réparationdes réfrigérateurs p. 148

3.2.4.4.3. Turin: une ancienne entreprise municipale à vocationsociale p. 150

3.2.4.4.4. Région flamande: subsides pour les communes qui soutien-nent les centres de recyclage des DEEE (kringloopcentra) p. 151

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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PREMIÈRE PARTIE

INTRODUCTION : LA PRÉVENTION ETLES LIMITES DE CE RAPPORT

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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1. INTRODUCTION : LA PRÉVENTION ETLES LIMITES DE CE RAPPORT

1.1 CROISSANCE CONTINUE DE LA PRODUCTION DE DÉCHETS EN EUROPE

La quantité totale de déchets produite annuellement dans l’Union Européenne avoisineactuellement un milliard trois cents millions de tonnes (2,5 milliards de tonnes si l’on tientcompte des déchets agricoles), soit de 3,5 à 7 tonnes par habitant et par an. Outre lesdéchets des mines et carrières, les déchets industriels et les déchets de construction etdémolition, les déchets municipaux représentent 15 à 20% de cette production. Les déchetsmunicipaux représentent donc près de 500 kg/habitant/an, soit une production de quelques200 millions de tonnes/an1.

Dans les années soixante, la production européenne de déchet municipaux avoisinait les200 kg par habitant et par an. Maintenant elle avoisine les 500 kg par habitant et par an.La production totale de déchets dans les pays européens membres de l’OCDE a augmentéde près de 10% entre 1990 et 1995. Et on s’attend à une poursuite de cette augmentation,malgré une légère tendance au découplage entre la production de déchets et la croissanceéconomique.

1.2 UN ENJEU GLOBAL

Au-delà des chiffres qui témoignent, sauf exceptions, d’une croissance exponentielle detoutes les catégories de déchets et en particulier des déchets municipaux, il convient decomprendre que l’enjeu est :a) une question d’épuisement des ressources;b) une question d’équité dans la répartition des ressources.

1.2.1 LA FACE CACHÉE DES DÉCHETS: LES RESSOURCES NATURELLES

Tous les déchets produits dans une ville ont une face cachée. Les 500 kg de déchetsmunicipaux produits annuellement en moyenne par chaque Européen correspondent enréalité à une consommation de 50 tonnes de ressources matérielles dont 90% se retrouventimmédiatement à l’état de déchets2.

Si on prend par exemple l’aluminium, on ne doit pas oublier qu’il faut déplacer de grandesquantités de terre pour extraire du sol la bauxite nécessaire à sa production. Puis que la

1 Agence Européenne de l’Environnement, Environmental Signals 2002 - Waste and material flows,http://reports.eea.eu.int/environmental_assessment_report_2002_9/en/signals2002-chap12.pdf2 American Association for the Advancement of Science, 2000, Atlas of population and environment 2000,chapter on Natural resources and waste, http://www.ourplanet.com/aaas/pages/overview04.html

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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bauxite est transportée pour être purifiée et transformée en oxydes d’aluminium lesquelssont traités en fonderie pour donner des lingots d’aluminium. Ensuite que, souvent aprèstransport, les lingots sont chauffés, aplatis en feuillets et roulés, et après stockage, ànouveau roulés et aplatis avant d’être transformés en canettes. Ainsi, pour 1 kg d’aluminiumutile, on peut compter 5-6 kg de déchets ou de ressources consommées.

Si on tient compte de la face cachée, une brosse à dents pèse près de 2 kg ; une montre20 kg ; un téléphone mobile 75 kg3 ; une machine à café 300 kg ; une bague en or2.000 kg4. Sans doute, une bonne partie des ressources naturelles est renouvelable etd’importantes réserves de ressources non renouvelables restent à découvrir. Mais, il esttout aussi vrai que certaines ressources sont limitées et qu’en particulier les ressourcesénergétiques en pétrole risquent d’être épuisées dans quelques décennies. Certainesressources renouvelables telles que forêts, eau douce, sols fertiles, biodiversité, poissonsde mer, air pur, …montrent des signes inquiétants de détérioration. Elles sont peut-être lesigne que les limites de l’utilisation de la planète par l’homme ont été atteintes voiredépassées.

Par ailleurs, il importe d’observer que la consommation actuelle des ressourcess’accompagne d’importantes pollutions et nuisances et va souvent de pair avec desémissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. A elle seule, l’exploitation des métauxnon ferreux représente actuellement plus de 20% de la consommation mondiale enélectricité.

1.2.2 L’IMPACT DES MODES DE VIE ET L’INIQUITÉ SOCIALE

Un des aspects les plus alarmants de notre mode de vie actuel est illustré par le conceptd’empreinte écologique, la dite empreinte étant «la surface biologiquement productivenécessaire pour fournir toute l’énergie et les matières premières consommées…et pouréliminer tous les déchets produits». En effet, on calcule que l’empreinte écologique moyenne d’un Européen est de l’ordre de5 hectares alors que l’empreinte écologique «équitable» - susceptible d’assurer un justepartage entre tous les habitants de la planète – est actuellement de l’ordre de 2 hectares.Autrement dit, si les 6 milliards d’êtres humains vivaient et consommaient comme lesEuropéens, il faudrait 3 planètes Terre5.

En d’autres termes, les 20% les plus riches de la planète consomment 85% des ressources(et génèrent plus de 50% du CO2) tandis que les 20% les plus pauvres ne représententqu’1,3% du produit intérieur brut (et 3% du CO2).

3 Federico A. et al, Material input per Unit Service (MIPS) for the Italian mobile telephone network, abstract,13th Discussion Forum on Life Cycle Analysis, Environmental impact of telecommunication system andservices, April 25, 2001, Swiss Federal Institute of Technology, Lausanne4 Simonen K., 1999, Kultasormuksen ekologinen paino 2000 kiloa, Kuluttaja-lehti 5/1999, in Motiva, Kuluttaja,The World Game – every choice makes a difference

5 WWF, 2002, Living Planet Report, http://www.panda.org/news_facts/publications/general/livingplanet/lpr02.cfm

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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1.3 PRÉVENTION : DES ACTIONS À MENER À DIFFÉRENTS STADES

Les déchets municipaux apparaissent en réalité au bout d’une chaîne de consommationde produits précédée d’étapes de fabrication et d’exploitation de matières premières. Lavéritable stratégie préventive consiste à englober l’ensemble de cette chaîne et à faire ensorte que le recours aux ressources et aux produits soit limité autant que possible. Elle estun complément essentiel aux stratégies qui visent à développer une boucle fermée par lerecyclage des déchets – autrement dit leur transformation en matières premièressecondaires.

Le concept de prévention des déchets n’est pas univoque. Tout d’abord, il peut s’entendreen termes tant quantitatifs que qualitatifs. La prévention quantitative tend à réduire lepoids, le volume ou le nombre d’unités de déchets. La prévention qualitative vise à réduirecertains déchets déterminés (dangereux ou posant des problèmes particuliers) au sein dela masse des déchets. Dans ce rapport, l’attention principale sera portée sur la préventionquantitative des déchets municipaux mais certaines références seront aussi faites à laprévention qualitative.

Ensuite, le concept de prévention se rapporte tantôt uniquement au stade de la productionde déchets (prévention à la source), tantôt au stade final de la mise en décharge (le terme«minimisation» étant alors souvent utilisé). Le champ de la (re)valorisation des déchetsvia leur recyclage ou leur valorisation énergétique est bien entendu intéressant par rapportà l’élimination au sens propre. Toutefois, «le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit»et la prévention à la source est donc une opération qui justifie une attention spécifique ettout à fait prioritaire. Dans ce rapport, on s’efforcera de se focaliser sur la prévention à lasource, tout en admettant la prise en considération de toutes les actions qui permettentde réduire les quantités à collecter et traiter par les pouvoirs publics : ainsi, les efforts faitsen faveur du compostage individuel ou de quartier seront inclus.

Sous le concept même de «prévention à la source», on peut faire quelques distinctionshiérarchiques. Ainsi, on peut préférer la «suppression pure et simple» du déchet à sa«diminution ou réduction partielle». Songeons à l’achat de fruits en vrac plutôt que pré-emballés ou encore à des montres mécaniques plutôt qu’avec des piles-boutons. Parailleurs, il est évident que la prévention des déchets municipaux tend à se rapprocher dela politique des «éco-produits» ou encore du «découplage» de la croissance économiquepar rapport à la consommation de ressources naturelles : on peut mettre l’accent sur cesaspects en situant l’éco-consommation comme priorité des priorités. Il s’agit de développerla consommation de services et de produits permettant de satisfaire les besoins essentielset d’améliorer la qualité de la vie, tout en limitant l’utilisation des ressources naturelles,des substances dangereuses, et l’émission de polluants et de déchets tout au long ducycle de vie, de façon à ne pas mettre en danger la satisfaction des besoins des générationsfutures.

La dématérialisation – ou utilisation de moins de ressources pour parvenir à un mêmeniveau de bien-être – s’inscrit dans cette logique d’éco-consommation.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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La pyramide des actions en toile de fond à ce rapport devrait donc prendre la formesuivante (de la base vers le haut) :

ELIMINATION

VALORISATION ENERGETIQUE

RECYCLAGE

REUTILISATION DES PRODUITS

REDUCTION DES DECHETS

SUPPRESSION DES DECHETS

ECO-CONSOMMATION/DEMATERIALISATION

Une bonne politique préventive se doit d’inclure, il va de soi, tant des mesures coercitivesou contraignantes que des mesures incitatives et des mesures éducatives.

L’angle de vue du présent rapport est fondamentalement limité AUX ACTIONSVOLONTAIRES POUR PROMOUVOIR LES CHANGEMENTS DE COMPORTEMENTSDE LA POPULATION, au niveau des ménages, dans les écoles, les bureaux…car c’est làsans conteste un champ d’action qui relève des compétences de toutes les autoritésrégionales et locales.

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DEUXIÈME PARTIE

L’ACTION DE L’IBGE EN RÉGION DEBRUXELLES-CAPITALE

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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2. L’ACTION DE L’IBGE EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE

2.1. CONTEXTE DES ACTIONS MENÉES

Actuellement, chaque Bruxellois produit en moyenne 360 kg de déchets chaque année,soit 1 kg/habitant/jour, tous âges confondus. Sans compter les déchets assimilés, ceuxdes bureaux, des commerces, …Ainsi, les déchets municipaux avoisinent les 500kg/hab/an.

Depuis sa création en 1989, la Région de Bruxelles-Capitale a élaboré successivement 3plans de prévention et de gestion des déchets. Dans chacun d’eux, la réflexion a étéguidée par la hiérarchie de gestion de déchets avec une priorité à la prévention à lasource des déchets et au réemploi, préalablement à leur traitement à des fins deréutilisation, de recyclage et d’autres formes de valorisation et ensuite leur éliminationrespectueuse de l’environnement.

Le premier plan (1992 – 1997) a lancé au niveau régional les premières actions d’envergureen matière de gestion des déchets : collectes sélectives, installations de tri et de recyclage,etc. Les actions de prévention à la source restaient marginales.

Le deuxième plan (1998 – 2002) a complété le 1er plan en matière de recyclage via laresponsabilisation du producteur, mais a surtout insisté sur la prévention des déchets etla promotion du compostage individuel. De nombreuses prescriptions et un budget annuelde près de 1.12 millions d’euros ont été réservés aux actions préventives. Cette initiativeest clairement justifiée quand on observe que, dans le cadre de l’enquête publique sur le2ème Plan «déchets», de multiples réactions se sont manifestées en faveur d’un axe«prévention» encore plus important.

Dans le troisième plan (2003 – 2007), l’action préventive est développée dans uneperspective plus large de développement durable.En effet, la prévention fait logiquement pencher la politique des déchets vers les produitsétant à la source de ces déchets et même encore plus en amont de la chaîne du cycle devie, vers les ressources naturelles. Ce qui conduit notamment au constat du caractèrelimité de certaines ressources. Il en découle le besoin d’une approche stratégique quicouvre l’ensemble du cycle de vie.

L’ensemble des approches – prévention à la source de déchets ; contrôle des modes deproduction, de consommation et d’utilisation rationnelle ; gestion des ressources en bouclefermée – peuvent être regroupées sous le terme d’une politique de «dématérialisation».La dématérialisation vise à atteindre un même niveau de développement économique oude bien-être en consommant moins de ressources matérielles et énergétiques. Dans cetteperspective, le 3ème Plan dégage deux cibles d’actions privilégiées: les ménages et lesbureaux.

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En se focalisant sur une politique de dématérialisation, la Région fera le lien essentielentre la politique de déchets et les politiques de produits et de ressources, et contribueraà découpler la croissance de la production des déchets de la croissance économique.

Une voie de dématérialisation qui a, en outre, le mérite de répondre simultanément à desobjectifs environnementaux, sociaux et économiques, est celle de la réutilisation. Le planprévoit donc de favoriser la réutilisation et la réparation des produits, en attachant uneimportance particulière au rôle des acteurs de l’économie sociale dans ce domaine.

L’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (l’administration del’environnement et de l’énergie de la Région de Bruxelles-Capitale) est chargé à la foisd’établir ces plans et de mettre en application différents aspects, dont la politique deprévention.

2.2. MÉTHODOLOGIE

Les plans «déchets» développent des objectifs et des axes d’actions prioritaires. Ils setraduisent en prescriptions qui tiennent plus de lignes directrices que de méthodologiesprécises de mise en œuvre.

Ainsi, pour mettre en œuvre les plans «déchets», l’IBGE a adopté une méthodologiebasée sur une large expertise sans cesse enrichie notamment par des appels à projets etune évaluation périodique.

Cette méthodologie répond à la structure suivante :

CHOIX DES ACTIONSEn fonction des analyses poubelles, enquêtes ou expériences étrangères

TEST A ECHELLE PILOTEVia la réalisation de projets pilotes

MISE EN ŒUVRE GLOBALE DES ACTIONSPar des campagnes globales déclinées en actions thématiques

Par la globalisation des actions pilotes

MISE EN PLACE D’OUTILS D’EVALUATIONEn effectuant des sondages, comptages et analyses poubelles

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A partir des prescriptions et objectifs du plan, les actions sont donc affinées en fonctiondes éléments suivants :- flux prioritaires compte tenu de l’analyse de la poubelle;- potentiel théorique en matière de prévention;

· selon les enquêtes de comportement;· selon les résultats d’expériences connues.

Pour chacun des publics cibles (ménages, écoles, entreprises), les résultats des analyses«poubelles» et enquêtes seront présentés en introduction des différentes sections duprésent rapport.

Dans certains cas, des expériences pilotes ont été menées afin de valider la pertinencedes actions envisagées. L’IBGE lance alors des «appels à projets» auprès d’acteurs locaux,privés comme publics ou associatifs. Ces appels à projets délimitent le champ d’actionpour lequel une expérience est recherchée mais en appellent à la créativité des acteurslocaux afin de développer de manière originale les outils, approches ou actions.

C’est ainsi que, parmi les actions développées dans la suite de ce document, de trèsnombreuses sont issues des résultats de ces actions pilotes :- l’installation de fontaines à eau dans les écoles;- la promotion de la gourde et de la boîte à tartines dans les écoles;- la promotion du matériel scolaire écologique;- la promotion de la «dématérialisation» dans les bureaux;- la promotion du compostage individuel;- la promotion du compostage de quartier;- la collaboration avec les «town center manager» (associations de commerçants de

quartier);- …

D’autres projets pilotes ont montré ainsi leurs limites et ne seront pas promus à l’échellede la Région :- la promotion du vermicompostage;- la réalisation de compostage à l’école;- les collations collectives dans les écoles;- …

Les projets pilotes ont également permis de mesurer le potentiel de prévention en fonctiondes moyens (humains, financiers) investis. La partie «évaluation des actions envers lesménages» (voir point 2.3.9) est explicite à ce sujet.

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2.3. ACTIONS RÉALISÉES AU NIVEAU DES MÉNAGES

2.3.1. SITUATION ET OBJECTIFS EN MATIÈRE DE PRÉVENTION DESDÉCHETS MÉNAGERS À BRUXELLES

La Région de Bruxelles-Capitale compte environ 1 million d’habitants répartis en 475.000ménages.

La production de déchets ménagers en 1999 a été de 343 506 tonnes/an (mesure enpoids humide) ou 360 kg/hab/an. Il s’agit ici des déchets produits par les ménagesuniquement (nous ne parlons donc pas de déchets municipaux qui eux comprennentaussi les déchets assimilés aux déchets ménagers).Les fractions de la poubelle sur lesquelles des actions de prévention peuvent être menéesont été analysées comme suit en 1999.

Composition des déchets ménagers à Bruxelles (% poids - 1999)

Par rapport à un potentiel en matière de prévention, les principales conclusions suivantesont été tirées :- les sacs de sortie de caisse représentent 1% de la poubelle ménagère, soit 3 kg/hab/an

ou 3.300 tonnes au total;- les gaspillages alimentaires (des produits alimentaires en partie entamés et/ou périmés)

ont été chiffrés à 7,5% de la poubelle ménagère, soit un total de 14.200 tonnes dedéchets évitables;

- les publicités toutes-boîtes représentent près de 10.000 tonnes par an;- 3.000 tonnes/an d’objets (bibelots, vaisselle, livres, jouets, …) jugés potentiellement

réutilisables par les acteurs de l’économie sociale se retrouvent dans les déchetsménagers tout-venant;

- près de 5.000 tonnes de textiles, vêtements, maroquinerie réutilisables tels quels ou entant que chiffons se retrouvent dans le sac tout-venant.

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On peut donc estimer qu’il existe un potentiel de prévention de plus de 25.000 tonnes/an sur ces quelques flux ! Ils sont la cible privilégiée d’actions récurrentes en Régionbruxelloise.

Afin de valider ce potentiel avec ce que les ménages bruxellois sont réellement prêts àadopter comme comportements, une enquête réalisée en 2000, 2001 et 2003 auprès de600 Bruxellois (par Sonecom) a montré l’existence de gestes que les gens sont prêts àposer et d’autres non.Par exemple :

«Quels comportements seriez-vous prêt à adopter personnellement» 2000 2001 2003

Ne plus utiliser de sacs jetables de sortie de caisse 66% 71% 87%

Refuser les publicités toutes-boîtes 48% 57% 61%

Compte tenu de ce qui précède, l’IBGE s’est attaché à agir en priorité au niveau de cesflux-là, tout en considérant bien sûr la nécessité de sensibilisation plus générale sur lesnotions de besoins, de gaspillage, de suremballage, …

2.3.2. SUSCITER LA RÉFLEXION PAR RAPPORT AUX BESOINS ET AU STYLEDE VIE

Nos différents styles de vie ont des impacts très variables sur l’environnement, et notammentsur la préservation des ressources et la génération des déchets.

Une manière d’aborder la prévention est donc d’informer et de sensibiliser les ménagessur l’impact de leurs choix quotidiens et sur les limites de la consommation : si tout lemonde consommait comme un Européen, il nous faudrait 3 planètes, or, nous n’en avonsqu’une !

On peut interpeller la population sur ces constats globaux à partir d’outils comme le calculde l’empreinte écologique. A Bruxelles, ce calcul a été réalisé pour l’empreinte deshabitants de la Région en 2003. Un questionnaire pour que chacun calcule et puisse êtreconscient de son empreinte est diffusé sur papier et via le site Internet de l’IBGE depuismars 2004. Y figure notamment une question relative à la quantité de déchets produite.

Un autre moyen de sensibiliser sur ce thème est, par exemple, de dénoncer le caractèreartificiel de certains phénomènes de publicité ou de mode, ou encore de développerdifférents scénarios de consommation répondant à un même besoin en montrant tantleurs coûts et leurs efficacités que leurs impacts environnementaux. Il s’agit ainsi de susciterla réflexion : «de quoi ai-je vraiment besoin ?».

C’est le thème de l’exposition «Au rayon de l’inutile et du gaspillage» réalisée parl’IBGE en 2003 et présentée en complément à l’exposition «La terre, mode d’emploi»réalisée par l’ACRR (Association des Cités et Régions pour le Recyclage) dans le cadred’un projet européen sous une dénomination globale : «Planète à vivre … ou à jeter ?»

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Cette exposition fait voyager le consommateur dans notremonde de consommation effrénée dans lequel les gadgetset les produits les plus farfelus et les plus absurdes sontprésentés comme indispensables par la publicité. Des miroirsdéformant y interpellent le public sur l’infini de ses désirs parrapport à ses véritables besoins ; des vitrines y mettent enscène des objets qui représentent de véritables aberrationsau niveau de la consommation quotidienne : dentifrice enunidoses, glaçons à l’eau de source emballés individuel-lement, tourne-sucette à piles, …

Cette exposition développe aussi 3 scénarii alternatifs deconsommation de produits pour lesquels la publicité a suconvaincre qu’ils correspondent à des besoins :- les repas tartines, en dénonçant les « lunchables » et le

suremballage;- le nettoyage du sol, en dénonçant les lingettes jetables et

les produits «hygiénisants»;- les jouets à piles, en dénonçant les piles jetables.Cette exposition existe sous forme de CD-ROM et estdisponible gratuitement à l’IBGE.

miroirs cd

2.3.3. RÉDUIRE LES DÉCHETS LORS DE L’ACHAT

Au-delà de susciter la réflexion, il s’agit également de promouvoir et d’aider lesconsommateurs à identifier les éco-produits et les éco-services.

2.3.3.1. Par la promotion des alternatives aux sacs de caisse jetables

Les sacs de caisse jetables ne constituent que 1% de la poubelle ménagère mais ilsreprésentent véritablement un gaspillage injustifié et une source de pollution pour lapopulation : 54% des Bruxellois les trouvent fort dommageables pour l’environnement(Sonecom, 2003). Derrière le symbole, il y les impacts par exemple sur les ressources,sur la vie marine, …

Afin de promouvoir les alternatives aux sacs jetables, des actions de communication onteu lieu en 1999 et en 2000 (et sont relancées en 2004).

Ces actions ont été à la fois médiatiques (spots radio) et de terrain (folder diffusé par desanimateurs sur les lieux de ventes, soutien de la distribution avec notamment des « pointsavantages », sacs réutilisables gratuits et/ou autres systèmes réutilisables vendus à basprix). Un acteur de la grande distribution (Super GB) ayant collaboré sur la durée, unecomparaison sur les mêmes magasins a été possible. En voici les résultats.

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Entre la première campagne et la fin de l’action en 2000, le pourcentage de ménagesutilisant des sacs réutilisables a évolué de plus de 2% dans ces magasins, soit uneaugmentation relative de 63% ! Ces résultats issus des analyses de GB sont confirméspar les enquêtes de comportement effectuées sur la Région.

Les sacs jetables représentent aussi un problème au niveau des petits commerces. LaRégion a donc également développé des actions à ce niveau, via notamment des « appelsà idées » auprès d’associations locales ou de commerçants.

Ainsi, 3 projets locaux ont vu le jour :- en 2000, l’asbl «Art’chi» a lancé une action «je n’ai pas toujours besoin d’un sac jetable»

auprès de 69 commerçants qui donnaient en récompense à leurs clients qui évitaient lessacs jetables des signets dédicacés par des personnalités bruxelloises;

- en 2000 toujours, l’asbl «Cellule de développement de Helmet» a diffusé aux commer-çants du quartier une farde d’information sur la prévention et des sacs réutilisables enpapier;

- en 1999, l’asbl «Town Center Manager» (en collaboration avec la commune d’Ixelles) amené un projet auprès de 140 commerçants qui s’engageaient dans une charte àpromouvoir les alternatives : ils distribuaient gratuitement des sacs réutilisables fabriquésà cet effet.

Si toutes ces actions ont eu des résultats intéressants, les comportements changentcependant peu et lentement, comme le montrent les résultats des enquêtes auprès de lapopulation (Sonecom) :

1999 2000 2001 2003

% de ménages n’utilisant jamais de sacs jetables 18.6% 20.4% 22.1% 20%

Notons que, en 2003, si le nombre de ménages n’utilisant jamais de sacs jetables alégèrement chuté, le nombre de ménages en utilisant toujours a également chuté (de61% en 1999 à 56% en 2001 et 52% en 2003).

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2.3.3.2. Par l’identification des produits «sans déchets»

Les enquêtes le montrent : près de 60% de la population trouve que les produits écologiquessont difficiles à identifier et près de 80% pensent qu’il faudrait un coin «produits éco»dans les magasins. Pour répondre à ce problème, la Région bruxelloise a développé desactions en partenariat avec les associations de consommateurs d’une part et les commercesd’autres part.

2.3.3.2.1. Citer des marques, en partenariat avec les associations de consommateurs

L’Observatoire Bruxellois pour la Consommation Durable (partenariat IBGE et CRIOC –Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs) a pourobjectif de rassembler une information objective en matière de consommationresponsable. Cette information, basée sur une recherche approfondie et des déshabillagesde produits (composition et pesée du contenu et de l’emballage, prix, recyclabilité,nocivité…) consiste, entre autres, à citer des marques. Citer des marques, c’est êtreconcret : c’est réellement répondre à une demande de la population. Le consommateur,mieux informé, est ensuite susceptible de changer ses comportements.

L’OBCD a mené entre 1999 et 2003 des recherches sur les thèmes suivants : logos,lessives, cosmétiques, piles et chargeurs, nettoie-tout, produits avec javel, déboucheurs,nettoie-four, pesticides, collations, ampoules, produits WC, lingettes, gadgets, sur-emballage.

Ces recherches ont abouti, par exemple dans le domaine des lessives, à pouvoir citer desmarques «médailles d’or, d’argent ou de bronze écologiques».

Une campagne a été menée à ce sujet à partir de fin 1999. Une brochure et un folder ontété diffusés (plus de 300.000 exemplaires), notamment dans les grandes surfaces, et viaun encartage dans la revue des consommateurs « Test-Achat ». Cette campagne a trouvéun prolongement dans le cadre de la journée internationale des consommateurs (30.000échantillons de poudre concentrée distribués, accompagnés d’une carte postale dont le

Constatant les limites des actions de sensibilisation qu’ellea menées, la Région bruxelloise a initié fin 2003 un débatsur l’instauration d’une taxation des sacs de caissejetables, qui a abouti, en 2004, à un engagement volontairedu secteur de la distribution (FEDIS) à réduire (de 20 à25% en poids) l’usage de ces sacs jetables. Dès lors, lesRégions et la FEDIS collaborent à des actions de com-munication.

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retour doit marquer l’engagement de la population). D’après l’enquête de l’OBCD, 1/3 desgens touchés ont changé de comportement d’achat suite à cela. Une extrapolation surl’ensemble de la Région nous donne 3.6% des ménages bruxellois ayant changé decomportement. Ce qui nous donne en poids une prévention emballage de 32 T /an pourl’ensemble des Bruxellois. Sans compter les impacts positifs au niveau de la préservationdes ressources et des rejets dans l’eau.

Au niveau des résultats du secteur de la distribution, Delhaize avait doublé ses ventes dela poudre Delhaize écologique (médaille d’or dans la brochure) juste après la diffusion dufolder dans les Delhaize en novembre et décembre 99.

Les principales informations techniques rassemblées sont diffusées via le site internet del’Observatoire (www.observ.be).

2.3.3.2.2. Agir sur les lieux de vente

Une fois un produit identifié comme produisant moins de déchets, on peut communiquercette information aux consommateurs. L’endroit le plus adéquat pour cela c’est dans lemagasin. Ceci implique une collaboration étroite avec les commerces.

• L’étiquetage en magasin de produits concentrés et rechargeables a été testé encollaboration avec la chaîne de grande distribution «Carrefour». Des wobblers (affichettesd’identification) étaient apposés dans les rayons près des produits correspondant auxcritères (recharges pour lessives liquides ou en poudre, produits concentrés pour lessivesou produits d’entretien, piles rechargeables, …) et étaient soutenus par une campagnede sensibilisation (spot radio, folder). L’évaluation a été faite via les chiffres de vente(comparaison de la même période en 2000 et 2001). Malheureusement, si les chiffresde vente des produits concernés sont à la hausse entre 2000 et 2001, un effet propre àla campagne n’a pu être décelé.Notons que cet étiquetage a aussi été utilisé dans les actions de promotion du matérielscolaire écologique (voir 2.4).

• La carte de fidélité récompensant les achats «moins de déchets» a été testée au coursde la campagne intitulée «Mini-Déchet». Elle s’est déroulée sur 12 quartiers commerçantsen 2000, grâce à l’initiative de l’asbl «Town Center Manager» soutenue par l’IBGE. Ellevisait à fidéliser le comportement d’achat qui produit moins de déchets, en vue d’induireune modification de comportement durable chez les consommateurs. 250 commercesont utilisé la carte de fidélité.Le principe était le suivant : la carte de fidélité est valable chez tous les commerçants participants.Une série de comportements d’achat se voit récompensée par l’apposition d’un cachet sur lacarte (venir avec son sac réutilisable, son sac à pain, acheter certains produits marqués d’uneétiquette spéciale, etc.). Vingt cachets donnent droit à participer à un tirage au sort (un parsemaine). De nombreux cadeaux encourageant la diminution des emballages sont à remporter.Dans les magasins, des étiquettes mettent en exergue des produits dont les emballages sontréduits ou minimisent les déchets. 720 cartes de fidélité complètes ont été rentrées. Ellescontiennent toutes 20 cachets. On peut donc estimer qu’au moins 14.400 gestes ayant unimpact sur la production de déchets ont été posés.

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2.3.3.3. Par l’identification de produits sans déchets dangereux

Si les déchets dangereux ne représentent que 1% des déchets ménagers, et malgrél’existence de collectes sélectives spécifiques, 80% d’entre eux se retrouvent toujoursdans le sac tout-venant, et donc à l’incinérateur. Il s’agit des piles, peintures, encres,pesticides, certains produits d’entretien, …

2.3.3.3.1. Les alternatives aux piles jetables

Les alternatives aux piles jetables existent et sont avantageuses. Il s’agit de promouvoirles achats de produits ne nécessitant pas de piles en priorité (jouets, montres, balances,calculatrices … sans piles), puis de favoriser le recours aux piles rechargeables.Une campagne intitulée «Sans pile, c’est mieux pour l’environnement» s’est déroulée en2001. Elle comprenait une brochure (diffusée à 5000 exemplaires), un spot radio, del’affichage, des contacts presse. Cette campagne a été perçue par 25% des Bruxellois eta permis une sensibilisation de ceux-ci à la dangerosité des piles plus que, dans cettepremière phase de sensibilisation, à un réel changement dans les actes d’achats. Deplus, des animations dans les magasins ont permis de discuter avec près de 7000Bruxellois.

La campagne a permis de conscientiser la population sur le fait que se passer de piles estpossible (31% d’accord avant campagne, 48% d’accord après campagne). Enfin, la popu-lation s’engageait à être attentive à utiliser peu de piles (37% avant campagne, 47% après).

En 2002, cette campagne a été reprise avec un objetsymbolique : la montre sans pile. Une campagne «Et sivotre prochaine montre était aussi élégante sur vousque pour l’environnement» a été menée en collaborationavec les bijoutiers. Elle a rencontré un succès plus quemitigé, avec notamment une faible participation desbijoutiers. 2400 folders ont été diffusés via les anima-tions de terrain.

2.3.3.3.2. Le geste «planète propre»

A l’occasion de la journée des consommateurs 2004(15 mars), la Région bruxelloise a mené une actiondestinée à promouvoir les alternatives aux produitsengendrant des déchets dangereux, et, en particulierceux liés au nettoyage. Cette action se voulait ludique :des studios photos photographiaient les gens avec unealternative de leur choix, symbolisant par là leur engage-ment à «faire le geste planète propre», avec de l’informa-tion concrète et un concours pour ceux qui s’engageaientà la clé. Sur le site Internet de l’IBGE, où il était possibled’envoyer sa photo en e-carte à des amis, 889 photosont été diffusées pour des contacts avec la populationestimés à 2000 personnes.

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Cette action était aussi technique, basée sur une recherche de l’OBCD (voir 2.3.3.2.1.) etassociée par là à une interpellation des secteurs concernés et des pouvoirs publics. Enfin,une affichette «15 mars, journée internationale des consommateurs – un bon jour pourchanger ses habitudes d’achat» avec le sous-titre «Nettoyage de printemps sans danger,sans polluer» déclinait 6 scénarii de consommation avec alternatives écologiques à desproduits dangereux. Elle a été diffusée à 10.000 exemplaires.

2.3.4. MOINS DE GASPILLAGE DE PAPIER AVEC L’AUTOCOLLANT ANTI-PUB

Parmi les conseils de prévention des déchets, la cibledes papiers occupe une place prioritaire : le flux despublicités toutes-boîtes est important en Région bruxel-loise (12 400 tonnes/an). Or, des enquêtes montrent queprès de 50% des Bruxellois se disent envahis contre leurvolonté par les toutes-boîtes.

Dès le début de la mise en œuvre du 2ème plan déchets,un autocollant régional anti-toutes-boîtes a été réaliséavec un soutien législatif rendant son respect obligatoire.Les actions ont consisté, entre autres, à distribuer cetautocollant anti-pub avec un folder explicatif en toutes-boîtes (avril 1999 ), à susciter des retours dans la presse,à diffuser un spot télé (avril 1999 à janvier 2000), à réaliserune campagne médiatique d’envergure (novembre 2000)et une campagne de rappel plus restreinte (2003).En voici les résultats en terme d’autocollants apposéspar la population :

Oct Oct Juin Oct Juin Oct Oct Oct1998 1999 2000 2000 2001 2001 2002 2003

Comptages de boîtes aux lettres

Quartier pilote 2.4% 6.2% - 20% - - - -

Région (comptage de la poste) - - 6.7% - 11% - 13% 13.3%

Enquêtes

Région 5%* 17%** - 17%** - 19%** - 19%

* source : enquête auprès des sociétés de distribution** source : enquêtes Sonecom 1999, 2000 et 2001, résultats pondérés selon le profil de la

population.

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En terme de quantité de déchets évitée, nous pouvons estimer une certaine diminution detonnage en fonction du nombre de ménages ayant apposé un autocollant (51.500 ménages,soit 11%). 67% d’entre eux refuseraient les publicités et les journaux gratuits, 29%uniquement la publicité et 3% uniquement la presse gratuite (Sonecom 2001). Le totalainsi évité est de 1800 tonnes par an.

2.3.5. MOINS DE GASPILLAGE ALIMENTAIRE

Comme mentionné au point 2.3.1., une analyse de la poubelle a montré que 14.200tonnes de nourriture (60% entamée et rebuts, 40% périmée non entamée) sont jetéesdans le sac tout-venant, ce qui représente 7.5% du poids total des déchets tout-venant !

Il s’agit là d’un flux ayant un réel potentiel de prévention, mais aussi d’un sujet délicat enmatière de sensibilisation puisque les solutions s’envisagent au niveau de la liste descourses, de la bonne gestion du frigo, mais surtout des habitudes culturelles liées àl’alimentation. Avant toute action, une parfaite maîtrise de la situation s’imposait donc.

Ainsi, en 2003, une enquête de comportement (Sonecom) tentait d’analyser ce gaspillagealimentaire. En compilant les réponses à une série de questions sur ce que les gensjettent comme aliments, un indice de gaspillage a été établi. Il montre que :- 21% des ménages ne gaspillent pas ;- 52% des ménages présentent un gaspillage modéré ( 1 à 3 catégories d’aliments

gaspillés) ;- 27% des ménages présentent un gaspillage important (4 catégories et plus d’aliments

gaspillés).

Notons un niveau de gaspillage particulièrement élevé auprès des étudiants (47%). Parailleurs, les ménages avec enfants gaspillent également plus.

En 2004, l’IBGE a lancé une analyse de la poubelle(réalisée par le bureau d’étude RDC-Environnement)dans l’objectif d’affiner cette notion de gaspillagealimentaire et de répondre à la question : «qui gaspillequoi ?». Les premiers résultats renforcent la prise deconscience de l’ampleur du problème : par exemple, aulendemain des fêtes de fin d’année, le gaspillageatteignait 19% du sac tout-venant et représentait déjà16% pour les ménages à revenu bas ou moyen.

En attendant les résultats finaux qui permettront d’élaborer des campagnes et outils mieuxadaptés, l’IBGE profite de chaque occasion pour conscientiser et informer les ménagesde ce problème, via le journal «Ma ville, notre planète» (2.3.8.), le calcul de l’empreinteécologique (2.3.2.), l’exposition «Au rayon de l’inutile et du gaspillage» (2.3.2.), via exposéslors d’événements locaux, …

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2.3.6. PROMOUVOIR LA RÉUTILISATION

Dans notre société du «prêt-à-jeter», le défi de promouvoir la réutilisation est essentiel.Pour rappel, 3.000 tonnes d’objets et près de 5.000 tonnes de textiles, le tout réutilisables,se retrouvent chaque année dans les déchets ménagers tout-venant. Et ceci sans parlerdes encombrants !

La réutilisation est un moyen d’éviter que des biens deviennent des déchets. De nombreuxopérateurs économiques sont actifs en matière de réutilisation. Parmi ces acteurs,«l’économie sociale» joue un rôle qui intéresse à plusieurs titres la Région : en pratiquantla collecte, la revalorisation des biens ou le démantèlement des biens en vue du recyclage,ils permettent de financer des actions sociales de formation et de remise dans le circuit dutravail de chômeurs de longue durée, … ou de coopération avec les pays du Sud. C’estpourquoi différentes actions ont été prévues pour soutenir ce secteur : campagned’information sur les services offerts par l’économie sociale, sensibilisation des habitantsaux achats en seconde main, soutien au développement d’ateliers de réparation d’électro-ménagers (machine à laver, séchoir, cuisinière, micro-onde, etc.), soutien financier à lacollecte des biens en vue de leur donner une seconde vie.

2.3.6.1. La réparation en vue de la réutilisation

L’asbl «Les Petits Riens» dispose d’un atelier deformation par le travail relatif à la réparation desélectroménagers de seconde main.En 2002, l’asbl a obtenu une aide de la Région pourdévelopper un atelier de réparation des grosappareils électroménagers dits «blancs» en vue deleur réutilisation. 4 personnes ont été engagéesdans cet atelier qui répare avec garantie de 6 mois.

En 2003, 2681 appareils électriques et électroniquesont été collectés soit environ 125,5 tonnes. Parmices «objets» 57 % ne sont pas réparables. Ceux-cisont envoyés vers la filière de l’obligation de reprise,RECUPEL, où ils seront dépollués et recyclés.Initié en janvier 2003, l’atelier de réparation a permisen 1 an la réparation de 429 machines destinéesinitialement à la filière des déchets.Par ailleurs, 729 machines ont été réparées parl’atelier de formation.

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2.3.6.2. Les dons et achats en seconde main

Depuis le début des années 90, la Région soutient les acteurs de l’économie socialedans la collecte des textiles et maroquineries, en porte-à-porte, par guérites ou à lademande.

Depuis 2003, cinq associations sont subsidiées par la Régionpour leur action de revalorisation des biens de seconde main,toutes catégories confondues : Terre, Les Petits Riens, Oxfam–Solidarité, La Poudrière-Emmaüs, L’Armée du Salut. Toutesces asbl collectent, sur appel téléphonique, des biens usagésafin de les réutiliser.

Ces 5 associations ont collecté en 2003, 4297 tonnes de«biens usagés» (en majorité du textile). 70% de ces biensont été réutilisés, 15% recyclés et le reste éliminé commedéchet.

Mais le soutien des acteurs doit être associé à une commu-nication pour inciter à donner et à acheter en seconde main.

En 1999, une exposition «le matériel électrique a plus d’une vie» a été organisée à Bruxelles.Cette exposition présentait les opportunités en matière de réutilisation, réparation etrecyclage de ce type de matériel.En parallèle, une petite campagne comprenant un spot radio et un folder «La secondemain, c’est plus malin» a été réalisée. Le folder a été diffusé à 10.000 exemplaires.

Par la suite, pour favoriser la réutilisation, la Région bruxelloise a voulu améliorer l’imagedes biens de seconde main, car cette image influence fortement tant la qualité des donsque les achats en biens de seconde main.

En 2002 et 2003, l’IBGE a alors développé une nouvelle campagne avec pour slogan«donner ou revendre, la première idée avant de jeter» via affichage et spots radio.

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L’image de la seconde main, c’est aussi l’image des acteurs de l’économie sociale actifsdans ce domaine. La Région a ainsi soutenu en 2003 un projet ayant pour objectif deprofessionnaliser l’accueil d’une structure existante (magasins de l’asbl «Les Petits Riens»via des travaux de rafraîchissement, des formations du personnel, …). L’objectif étaitd’améliorer la vente des biens de seconde main mais aussi d’améliorer l’accueil desdonateurs (recueillir des biens de meilleure qualité pour diminuer le rebut) et ce globalementpour rajeunir l’image des «Petits Riens». Les résultats sont encourageants : une enquêtede satisfaction auprès des clients a montré une perception globale positive de 85%. Parailleurs, on a pu mesurer une augmentation de 5% du chiffre de vente en meubles (miseen scène des meubles à vendre) et électroménagers (suite à l’atelier) entre 2002 et 2003.

2.3.7. PROMOUVOIR LE COMPOSTAGE DÉCENTRALISÉ

Plus de 30% des Bruxellois disposent d’un jardin. L’analyse annuelle de la poubelle desménages bruxellois montre que la fraction des déchets organiques représente 25 à 30%de la production globale des déchets ménagers. Cette fraction organique s’élèverait jusqu’à36% chez les habitants possédant un jardin. Or, la quasi-totalité de ces déchets organiques(90 à 110 kg/hab./an en moyenne) peut être valorisée en compost.

Il existe plusieurs techniques de valorisation des déchets organiques (cuisine et jardin) :le compostage décentralisé (individuel ou collectif) et le compostage centralisé (à grandeéchelle). La Région bruxelloise développe complémentairement les deux approches.

Le compostage décentralisé n’est pas de la prévention au sens strict : c’est en fait durecyclage à domicile mais qui concerne une fraction qui n’a plus à être prise en charge parla collectivité (pas de transport ni traitement) et est donc indissociable, au niveau desrésultats, de la prévention à la source.

2.3.7.1. Les maîtres-composteurs et leurs activités

Plus de 60% des Bruxellois disent connaître le compostage qui est une technique ancienne.Ils connaissent le principe général du compostage (décomposition des déchets organiques)mais pas suffisamment ses aspects techniques et pratiques qui permettent d’obtenir unbon compost sans odeur.C’est pourquoi un des outils mis en place est un réseau de maîtres-composteurs,bénévoles formés à la technique du compostage et pouvant diffuser des conseilstechniques concrets.L’IBGE, en partenariat étroit avec les communes, organise une formation gratuite enéchange de laquelle ces maîtres-composteurs formés et regroupés par équipe communaleoffrent un peu de leur temps libre pour promouvoir le compostage auprès de leurs famille,proches et voisins. C’est l’asbl «Comité Jean Pain» avec l’asbl «Bon…jour sourire» quiont été chargées par l’IBGE de dispenser ces formations.

Les premiers maîtres-composteurs ont été diplômés début 2000. Début 2004, ils sont256.

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Le rôle de la Région est de sensibiliser la population au compostage et de faire connaîtreces maîtres-composteurs. Le rôle de la commune est de coordonner les équipes de maîtres-composteurs de chaque commune, de leur proposer des animations à réaliser et de mettreà leur disposition un centre communal de démonstration du compostage. Lesadministrations communales sont donc un partenaire privilégié de ce réseau. Chacunede ces communes possède un ou plusieurs sites de démonstration où sont présentéesles différentes techniques de compostage. Ces sites sont ouverts aux Bruxellois afin deleur montrer concrètement à quoi ressemble un compost et de balayer leurs «préjugés».La fréquence des permanences assurées par les maîtres-composteurs sur ces sites varied’une commune à l’autre (de 1 à 4 fois par mois).

Pour «faire vivre» ces maîtres-composteurs, une lettre de liaison trimestrielle leur estconsacrée : il s’agit d’«Action Compost». Un organe de relais a été mis en place à partirde 2001 afin de coordonner et dynamiser ce réseau : «Inter-Compost», qui est coordonnépar Inter-Environnement Bruxelles (la fédération francophone des associations environne-mentales à Bruxelles), avec la collaboration du BRAL (la fédération néerlandophone) etdu Comité Jean Pain.

Les actions des maîtres-composteurs sont variées : permanences aux sites dedémonstrations, stand d’information lors de marchés, brocantes ou autres événements,promotion du compostage dans les écoles, coordination ou «parrainage» de projets decompostage collectif, soirées d’information de la population, participation aux actionsrégionales (fête de l’environnement, opération «jardins ouverts», actions d’information auniveau des magasins de matériel de compostage, etc. ).

Chaque année, les maîtres-composteurs accueillent les Bruxellois dans leur jardin pourparler de compostage : c’est le Week-end découverte «le compost sous toutes sesformes».

En 2000, 14 maîtres-composteurs ouvraient leur jardin à 300 visiteurs.En 2001, 36 maîtres-composteurs ouvraient leur jardin à plus de 1000 visiteurs.En 2002, les 49 sites ouverts ont accueilli un peu moins de 700 visiteurs.En 2003, 23 sites accueillaient 700 visiteurs.

Selon les sondages effectués lors des ces WE, plus dela moitié des visiteurs ne compostaient pas avant leurvisite. Après la visite, 90% d’entre eux se disaient prêts àcomposter.

Ce résultat caractérise bien le fait que les candidatscomposteurs manquent souvent de détails techniques etpratiques adaptés à leur situation pour réellementcommencer à composter. Par ailleurs, certaines craintes(odeurs, vermine, difficulté, temps consacré, etc.) s’estom-pent après avoir vu concrètement comment fonctionnaitun vrai compost.

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Les enquêtes auprès de la population montrent qu’en 2001, 26% de la population a déjàentendu parler des maîtres-composteurs. En 2003, ils étaient 40%.Actuellement, sur les 256 maîtres-composteurs formés, on peut considérer que 30% restentréellement actifs quant à leur rôle de participer à des actions de promotion dépassant leniveau tout à fait local : soit ils se sont engagés dans des initiatives personnelles, soit ilsrépondent régulièrement présents lors de sollicitations de la part de la commune ou del’IBGE.

Certaines initiatives de maîtres-composteurs ont eu des répercussions multiples : ainsi,l’asbl «Jeunes Schaerbeekois au travail», à l’initiative d’un maître-composteur et avec lesoutien de la Région, a profité de la formation de jeunes au métier du jardinage pour lessensibiliser et les former au compostage. Ces «jardiniers» pourront sensibiliser lespropriétaires de jardins qu’ils entretiennent.

2.3.7.2. La promotion du compostage à domicile

Outre le réseau de maîtres-composteurs, la Région adéveloppé différents outils pour promouvoir lecompostage individuel auprès de la population :- des brochures et folders d’information («Com-

postez, la nature fait le reste» diffusée à plus de33.000 exemplaires ; «Composter, une idée degénie !» diffusé à plus de 25.000 exemplaires) etpanneaux d’information;

- des campagnes d’information (radio, TV, presse);- des actions de sensibilisation initiées au niveau local

et soutenues par la Région (dans la communed’Auderghem, le quartier de Helmet à Schaerbeek,…).

Par ailleurs, l’IBGE développe depuis 2002 des formations courtes de la population (soiréethéorique et visite pratique sur site de démonstration).329 personnes ont été formées en 2002 et 200 de plus en 2003 (en 8 sessions, chaqueannée).Une enquête auprès des 329 participants à la formation 2002 a montré que :- 53% ne compostaient pas avant la formation;- 91% d’entre eux ont effectivement commencé un compost ensuite.

En pratique, suite à toutes ces actions, différentes enquêtes ont permis d’évaluer lesrésultats obtenus auprès de la population.

Ainsi, d’après plusieurs enquêtes effectuées auprès des ménages bruxellois (Dimarso2000 et Sonecom 2000 et 2001), 6 à 15% des ménages (27.600 à 69.000 ménages)interrogés «disent» composter leurs déchets organiques.

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Par ailleurs, quand on demande «Que faites-vous de vos déchets de jardin ?»(aux 32%de la population qui produisent des déchets de jardin), on observe les chiffres suivants :

Toujours/souvent Parfois Jamais

Compost à domicile ou dans le quartier 28% 10% 62%

Collecte sélective et apports 43% 15% 42%

Sac tout-venant 18% 13% 69%

Autre (jardinier, brûler …) 3% 1% 96%

Ces chiffres mettent notamment en évidence la complémentarité, en Région bruxelloise,du compostage décentralisé par rapport aux collectes de déchets verts en vue ducompostage centralisé.

2.3.7.3. Le vermicompostage

70% des Bruxellois ne disposent pas d’un jardin. Certains pourtant souhaitent faire uncompost. Le vermicompostage permet de faire un compost sur un balcon ou dans unecave par exemple. Sans vouloir promouvoir le vermicompost à large échelle, la Région asoutenu des projets pilotes testant cette technique.

Un des projets concernait un immeuble de standing moyen dans la commune d’Ixelles.L’asbl «Inter-Environnement Bruxelles» y a développé une sensibilisation et formation viaune éco-team. Plusieurs familles de l’immeuble ont lancé un vermicompost qui a permisles réductions de la poubelle espérées mais a aussi mis en évidence les problèmestechniques liés au vermicompostage (vers qui s’échappent, …). Suite à cela, plusieursménages volontaires et une école ont testé différents modèles de bacs.

Sur base de ces expériences, des outils ont été développés pour les convaincus quisouhaitaient se lancer dans la démarche : fabrication de vermicompostières, fourniturede vers adaptés, publication sur la technique du vermicompost.

Parmi les ménages qui compostent, 3,3% disent «vermicomposter» à l’intérieur de leurhabitation.

2.3.7.4. Le compostage de quartier

Dès 1999, l’IBGE a soutenu des projets pilotes dedéveloppement de compostage collectif et de quartier.Un premier projet a permis le développement d’un com-postage de quartier accessible aux habitants du quartier«Tillens-Rosendael» dans la commune d’Uccle. Unequarantaine de participants compostent quelque 4.800tonnes par an, le tout ayant concouru a de nouvellesrelations de voisinage qui se (re)créent autour du projet.

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En 2000, un projet de l’asbl «Citoyens contre l’incinération» (dans la commune de Forest)a permis de développer un compostage collectif pour la «Cité Messidor» (trois immeublesde 160 appartements et une cité jardin de 280 maisons) . Le projet a vu la mise à dispositiondes habitants d’un mini parc de compostage au pied des immeubles. Il a été annoncé parcourrier et via le journal de l’association. Une cinquantaine d’habitants ont participé auxréunions de présentation ainsi qu’aux visites de projets équivalents. Parmi ces intéressés,22 habitants de maisons avec jardin ont acheté une compostière. Après deux ans, leprojet se poursuit : les compostières sont toujours utilisées, les habitants des immeublessont maintenant une vingtaine à composter et 6 nouvelles compostières unifamiliales ontété vendues à des habitants des maisons. Via ce projet, la cohésion sociale du quartier aété renforcée, selon les coordinateurs, surtout au niveau des habitants des maisons.

Un autre projet de l’asbl «Soleil du Nord» a concerné un immeuble de Schaerbeek (environ300 appartements / 1000 habitants), dans un quartier en difficulté où la gestion des déchetsétait quasi inexistante et sauvage. Le projet a consisté en la mise à disposition des habitantsde l’immeuble de compostières collectives pour leurs déchets organiques avec lasupervision quotidienne de l’équipe des PTP (Programme de Transition Professionnelle)de «Soleil du Nord». Le projet a été annoncé par un toutes- boîtes et via un affichage auxvalves de l’immeuble. Seule une 15aine d’habitants a participé aux deux réunions deprésentation et de démonstration. Parmi ces habitants, il semble que seulement 5 à 10d’entre eux ont utilisé les compostières. C’est une très faible participation par rapport aupotentiel. Les raisons ne manquent pas : public difficile à toucher, quartier déjà en difficulté(le compostage est une difficulté supplémentaire dont l’intérêt leur paraît sûrement futileen regard de leurs préoccupations), question d’insécurité et d’isolement dans un immeubleà la population hétéroclite. Après 3 ans, les compostières sont toujours utilisées par lemême groupe d’habitants.

Dès 2003, la Région a prévu de soutenir d’autres initiatives de compostage de quartier.Mais les projets restent difficiles à monter (recherche de sites adéquats, …).

2.3.8. DES OUTILS D’INFORMATION ET DE SENSIBILISATION

La notion de prévention ou de minimisation est peucompréhensible pour le grand public. Afin d’essayerde la rendre accessible, un slogan «moins de déchets»avec un visuel simple et parlant (une poubelle diminuéepar l’action d’une main) a été conçu.

Par ailleurs, différents outils de sensibilisation etd’information ont été développés en appui à toutesles actions précitées.

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2.3.8.1. Un journal trimestriel pour informer la population

Dans le cadre de la mise en œuvre du 2ème plan déchets, l’IBGE a créé un journal deliaison grand public intitulé «Le minimum déchets, on y arrivera». Ce journal était alorscentré uniquement sur la problématique déchets.

Rapidement, il s’est avéré qu’il était essentiel de dépasser cette problématique «déchets»pour intégrer plus largement les ressources et même l’équité. En bref, l’élargir à laconsommation durable.Il s’agit là à la fois de l’attente du grand public qui ne met pas de barrière «thématique»dans ses préoccupations d’achat écologique, bio, commerce équitable… mais aussi cellede l’autorité régionale qui cherche progressivement à mieux intégrer les politiquesthématiques, notamment au niveau des actions de sensibilisation, dans un souci decohérence et d’efficacité.

Dès lors, un nouveau journal est né : «Ma ville …notre planète».Le sens du nouveau titre ? A partir d’un constatenvironnemental global, proposer des gestesconcrets pour agir chez soi. Les rubriques sontpratiques : «ma ville en parle» (actualité environne-mentale de l’IBGE), «éco-action» (propositiond’actions concrètes auxquelles participer), «éco-budget» (comparaison de scénarii de consom-mation plus ou moins écologique en mettant enévidence les avantages financiers), «éco-shopping» (critères d’achat écologiques), «éco-logis» (conseils sur les comportements liés àl’habitat), «vos questions», «côté enseignants» et«le coin des enfants».

Ce journal – gratuit et trimestriel - compte quelque12.000 abonnés début 2004. Une enquête auprèsdes lecteurs a permis de montrer que 64%déclarent avoir changé certains comportementssuite à la lecture du journal et 87 % se sententconvaincus de pouvoir agir à leur niveau pouraméliorer l’environnement.

2.3.8.2. La brochure «Achetez malin pour jeter moins» et sa déclinaison en foldersthématiques

Afin de rendre la notion de prévention plus concrète, ce concept a été décliné en unesérie de conseils pratiques repris dans une brochure «10 conseils pratiques pour éviterla prolifération des déchets». Ces 10 conseils sont :

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- «Dites non aux sacs de sortie de caisse jetables»;- «La consigne, une solution qui respecte l’environnement»;- «Arrêtons le gaspillage du papier et la publicité toutes-boîtes»;- «Les emballages rechargeables, ça existe»;- «Le suremballage, c’est aussi du gaspillage»;- «L’eau du robinet est bonne pour la santé»;- «Stop aux produits à usage unique, longue vie aux produits durables»;- «Les piles ? Moins on en utilise, mieux c’est»;- «Les produits d’entretien concentrés, c’est tout bénéfice pour l’environnement»;- «Et bien entendu, le premier réflexe à avoir : stop au gaspillage».

Une première campagne générale a été lancéeen mars 1999. La brochure «10 conseils» y a étélargement diffusée par des animateurs engageantle dialogue, puis sur demande (30.000 exemplairesà ce jour).Depuis, les campagnes sont thématiques (baséessur les «10 conseils pour arrêter la prolifération desdéchets»). L’idée des campagnes thématiquessemble efficace : ne pas noyer la population sousune masse de conseils, mais les développer un àun par des outils simples, concrets, soutenus parde vastes campagnes média.

2.3.8.3. Le site internet «poubelle.org»

Ce site a été réalisé par le «Réseau Idée», grâce au soutien financier de la Région dansle cadre d’un appel à idées. Il s‘agit d’un site qui représente un magasin virtuel. Leprincipe : dans un magasin aux rayons virtuels, on achète des produits mais surtout leursdéchets d’emballage que l’on peut faire livrer à d’autres! Derrière ce clin d’œil humoristiquese cache une information bien réelle et des conseils pour éviter ces déchets d’emballage.

La mise en ligne s’est déroulée en septembre 2000.Depuis lors, les visiteurs augmentent un peu chaque année, et ce sans aucune promotiondu site. Ils étaient 3.210 en moyenne par mois en 2002 et 3.250 par mois en 2003.

2.3.8.4. Des animateurs de proximité

Le deuxième plan déchets de la Région prévoyait de développer des animateurs deproximité. Suite à un appel d’offres général, une agence en communication a étésélectionnée et a constitué une équipe de 6 personnes. Cette équipe a été formée et a étéopérationnelle sur le terrain entre octobre 1999 et mi-2002.

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Le travail de l’équipe était de dispenser les conseilsélaborés par l’IBGE ainsi que les publications yafférentes pour inciter la population à éviter les déchets,à composter et à trier. L’équipe d’animateurs a étébaptisée «les Eco-Guides».Il s’agissait pour les Eco-guides de proposer desanimations de sensibilisation générales et des anima-tions récurrentes permettant de répéter les messages.Les cibles de ces actions étaient les ménages, lesécoles et les petits commerces de proximité. Cetteéquipe a permis d’offrir à la population une réponseindividuelle : les contacts de proximité permettaient des’adapter et de répondre spécifiquement à chaquedemande.

La stratégie d’action de proximité a consisté à travaillerà deux niveaux de sensibilisation (générale de type«one-shot» et approfondie, récurrente).

Il s’agissait de :- rendre les Eco-guides efficaces dans leurs contacts en assurant des présences régulières

dans un même lieu;- toucher un public diversifié et notamment les familles et des populations moins favorisées,

en ne négligeant aucune cible puisqu’une population déjà sensibilisée n’est pasnécessairement agissante;

- multiplier les points de contacts de proximité (cabinets médicaux, magasins de quartier,…) avec les informations «Moins de déchets».

Les Eco-guides ont assuré des animations attractives dans les lieux à forte fréquentationà l’échelle de la Région : salons, évènements grand public, centres commerciaux etgaleries, associations et fermes pédagogiques, écoles, commerces de quartier, professionslibérales, parcs publics, grandes surfaces, marchés, …

Des actions régulières ont été menées dans un quartier pilote à Watermael-Boitsfort(mi-1999 à mi-2000) afin de toucher de manière approfondie et répétée la majorité deshabitants du quartier. Les cibles étaient non seulement les habitants au sens large, maisaussi les écoles du quartier, les associations ainsi que les professions libérales médicales.

A partir de mi-2000, un même type de démarche de sensibilisation répétée a été réalisé àl’échelle de noyaux commerciaux, auprès des mêmes cibles. Il s’agissait d’aborder unquartier commercial limité et d’y être présent régulièrement pour sensibiliser les riverainset impliquer un maximum de relais de proximité (habitants, écoles, associations, professionslibérales médicales et commerçants). Chaque action se déroule sur une période d’unmois et se termine par un week-end «Moins de déchets» au cours duquel les Eco-guidesaccueillent les riverains et leur donnent astuces et infos pour éviter les déchets. Cesnoyaux sont également le reflet d’une volonté de toucher un public plus diversifié, d’un

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point de vue à la fois socio-économique mais aussi de degré de sensibilité différent parrapport aux déchets.Fin 2001 et début 2002, 8 noyaux répartis équitablement sur la Région ont fait l’objet decette démarche. Tant pour les noyaux que pour les autres activités (animations en associations et écoles),les éco-guides ont veillé à dialoguer avec un public varié : CPAS, cours d’alphabétisation,associations féminines de réinsertion, enseignement spécial (par exemple pour sourds &muets), maisons de quartier pour jeunes défavorisés, primo-arrivants ou public fragilisésocialement, population immigrée, …

Au total, en 3 ans et avec les 3 sortes d’actions précitées, les Eco-guides ont effectuéprès de 1000 animations, réparties sur 970 lieux différents pour toucher près de 95 000personnes.

Ils ont visité 121 écoles sur la Région et effectué 287 animations avec les classes pourtoucher 8 600 élèves (de la maternelle au secondaire).

D’après l’enquête Sonecom réalisée en septembre 2001, 15% des Bruxellois connais-saient les Eco-guides et 4% disaient les avoir rencontrés.

2.3.9. EVALUATION

S’il est relativement facile de mesurer un nombre d’outils utilisés ou le nombre de partici-pants à un événement, il est très difficile d’obtenir des résultats globaux attribuables auxchangements de comportements et non à d’autres facteurs (la croissance économique, etc.).

Ainsi, les objectifs des Plans peuvent être répartis en 3 catégories :- des objectifs quantitatifs «classiques» en terme de poids de déchets;- des objectifs qualitatifs en terme de modifications de comportement;- des objectifs éducatifs en terme de nombre de personnes conscientisées par la

problématique.

Tout au long du document, chaque action est présentée avec les résultats spécifiques àcette action. Nous tenterons de développer ici les résultats globaux ou à l’échelle de laRégion, afin de démontrer le potentiel de certaines actions et surtout la façon dont cepotentiel varie en fonction des moyens (humains et financiers) investis.

2.3.9.1. Les projets pilotes

Différents appels à projets ont été initiés pour identifier et quantifier les actions possiblesen matière de prévention de déchets. Ces actions «pilotes» ont permis d’obtenir desrésultats intéressants par exemple à l’échelle d’une famille, ou d’un quartier, mais lesmoyens humains et financiers liés sont extrêmement importants : de 12.500 Euros pour 4familles à 20.000 Euros pour 470 familles (dont la moitié sensibilisée) ou encore 279.000Euros pour 9.500 habitants. A ce prix-là, il faudrait 40.000.000 Euros pour obtenir un

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résultat de «-10% en poids de déchets» à Bruxelles ! Or, le budget annuel prévu par leplan et consacré à la sensibilisation à la prévention pour les ménages (y compris com-postage et réutilisation) est (en 2003) de 425.000 Euros.

2.3.9.1.1. Quatre familles pilotes

En 1998, un projet mené par Inter-Environnement Bruxelles en collaboration avec la Liguedes Familles et le Réseau Eco-Consommation portait sur l’évolution des comportementsde 4 familles pilotes à Berchem-Ste-Agathe ayant bénéficié de soirées d’information enmatière de prévention des déchets et de compostage individuel. Ces 4 familles volontairessensibilisées de façon approfondie ont pu diminuer globalement leurs déchets : 58% deréduction globale et 65% de réduction sur le sac gris en 1 an, et ceci grâce au compostage,au meilleur recyclage et aux gestes de prévention à la source (l’eau du robinet, les grandsconditionnements, les emballages consignés, la gourde, …). La prévention se marqueaussi au niveau du sac jaune (papier : réduction de 34%) et du sac bleu (emballages :réduction de 15%).

Evolution du poids des déchets collectés (moyenne)

2.3.9.1.2. Un immeuble pilote

En 1999, Inter-Environnement Bruxelles a mené un projet sur un immeuble de 25 appar-tements à Ixelles : les ménages ont été sensibilisés via la constitution d’une éco-teamdans l’immeuble. Résultats ? On observe une diminution radicale du sac gris, jusqu’à44%, essentiellement par le compostage de la fraction organique (vermicompostage).

2.3.9.1.3. Un quartier pilote

• Les éco-guides ont mené durant 1 an des actions intenses dans un quartier pilote, àWatermael-Boitsfort (octobre 1999 à septembre 2000). Pour juger de leur impact sur cequartier, l’IBGE a comparé les résultats de différentes actions sur ce quartier pilote parrapport aux résultats de l’ensemble de la Région à partir de l’enquête réginale d’éco-comportement (Sonecom menée en 2001).

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Quartier pilote Moyenne Région

% de la population qui a entendu parler 81% 57%des actions de minimisation

Abonnés au journal (2.3.8.1) 12% 5.4%

% de la population ayant rencontré un éco-guide 14% 4%

ECO-COMPORTEMENT GLOBAL

Faible 9.1% 30%Moyen 44.2% 57.3%Fort 46.6% 16.4%

En 2001, nous observons donc un éco-comportement global fort, nettement supérieur àWatermael-Boitsfort que sur la moyenne de la Région (WB vient d’ailleurs en 1er lieu descommunes bruxelloises), ce qui souligne l’impact des actions répétées et de proximité.

• En 2001, l’asbl «Eco-Action» a mené des actions de sensibilisation de proximité surtout un quartier, à Woluwe-St-Lambert (total de 470 maisons.) Lors des pesées depoubelles, il a été possible de faire une distinction entre les habitants qui ont pu êtresensibilisés lors du projet, c’est-à-dire ayant eu un contact approfondi avec les animateurset les non-sensibilisés qui n’ont pas pu être abordés. Si on regarde l’évolution du poidsdu sac gris chez tous ces ménages, on observe que les ménages sensibilisés ont produit10% de moins que les non-sensibilisés sur l’ensemble des trois mois de sensibilisation !Ceci semblerait dû en majeure partie au compostage et apports de déchets verts.

2.3.9.2. Les évaluations ponctuelles et le baromètre des déchets

Les évaluations ponctuelles des différentes actions, mais aussi l’évolution de quelquescomportements clés, sont la base d’un outil destiné à montrer comment, par l’addition desgestes de prévention, il est possible d’atteindre une diminution globale de la quantité dedéchets produits.

Cet outil est le baromètre bruxellois des déchets ménagers. Le baromètre inclut la volontéde faire prendre conscience du fait que la prévention n’est pas uniquement une questionde poids. Que derrière la production des déchets, il y a des questions de choix deconsommation, de tendances du marché, de modes de vie durables et même de partageéquitable des ressources. Partant de l’importance des choix de consommation, lesindicateurs du baromètre se veulent être des indications concrètes et parlantes en relationavec des actions que chacun peut mener. Les comportements, traduits en quantité dedéchets évitables, permettent alors d’expliquer comment on peut arriver aux 10% en poidsde prévention. Le baromètre comprend 13 indicateurs, dont 9 relatifs à «moins de déchets».

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Evolution des indicateurs repris dans le baromètre des déchets

9 indicateurs Où en est-on ? source

12/98 12/99 12/00 12/01 12/02 12/03

Sensibiliser Nombre d’abonnésau journal «le mini- 0 5900 10800 10500 10900 11900 IBGEmum déchets,on y arrivera »

Ménages conscients - 45% 50% 54% / 45% enquêtede l’impact de leurs Sonecomachats sur l’environ-nement

Prévenir à Ménages déclarant 5.5% 17% 17% 19% / 19% enquêtela source avoir apposé l’auto- Sonecom

collant anti-toutes-boîtes

Ménages achetant 23.6% 33.6% 26.3% / 29% enquêtedes lessives Sonecomconcentrées

Ménages privilégiant 11.5% 12% 18.7% / / / panel con-la consigne pour sommateursl’achat de l’eau en GFKbouteille / 8% 7.6% / / 4.4% enquête

Sonecom

Ménages n’utilisant - 18.6% 20.4% 20.8% / 19.5% enquêtejamais de sacs de Sonecomcaisse jetables

Réutiliser Quantités (kg/hab) 2.3 2.7 2.5 2 2.1 1.9 Asbl Terre etde textiles collectés Les Petitspour en extraire la Riensfraction réutilisable

Composter Nombre de ménages - - 6.5% / / / enquêtecompostant leurs Dimarsodéchets à domicile / / 10.1% 12.2% / 12.3% enquête

Sonecom

Nombre de maîtres-composteurs 0 144 174 234 234 241 IBGEbénévoles formés ou en formation

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2.3.9.3. Les sondages d’opinions et l’indice d’éco-comportement

Pour changer de comportement, il faut d’abord être conscientisé et informé. Il faut doncavoir eu connaissance des actions de communication menées.

La notoriété des campagnes de prévention a varié dans le temps : de 47% des Bruxelloisen 2000, elle est passée à 57% en 2001 pour redescendre à 54% en 2003 : on peut y voirla diminution de l’ampleur des campagnes en 2003 (année de l’enquête publique) et doncégalement l’indication de la nécessité d’une récurrence des messages de prévention.

En 2003, l’IBGE a demandé aux Bruxellois s’ils avaient l’impression de faire «moins dedéchets» que 5 ans auparavant (Sonecom, 2003).A cette question, 48.7% disent avoir cette impression.Ils précisent par quels gestes ils pensent faire moins de déchets, présentés ci-dessouspar ordre décroissant :

Gestes %

Trier les déchets 90.5%

Lutter contre le gaspillage alimentaire 85%

Favoriser la réutilisation 83%

Favoriser la réparation 73.5%

Acheter des produits moins emballés 68%

Acheter des produits éco-labellisés 57%

Favoriser la location de matériel 47%

Mettre un autocollant anti-pub 27%

Autres gestes 3%

On peut y constater encore une fois que, pour beaucoup, trier les déchets équivaut à«faire moins de déchets».

Par ailleurs, l’IBGE a souhaité se doter d’un indice d’éco-comportement «moins de déchets»afin de visualiser, par un seul chiffre, le niveau d’action de la population bruxelloise enmatière de prévention, et son évolution au cours du temps.

Cet indice a été réalisé sur base des 9 indicateurs «moins de déchets» du baromètre desdéchets :- abonnés au journal «Ma Ville, notre planète»;- ménages conscients de l’impact de leurs achats sur l’environnement;- ménages déclarant avoir apposé l’autocollant anti-pub;- ménages achetant des lessives concentrées;- ménages privilégiant la consigne pour l’achat de l’eau en bouteille;- ménages n’utilisant jamais de sacs de caisse jetables;- ménages participant à la collecte des textiles usagés;

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Cet indice a également été analysé en fonction du profil socio-économique des ménages.

L’analyse est intéressante : peu de gens ne font aucun des gestes «moins de déchets», lamajorité pose 2 gestes, quelques-uns plus. Le rôle de l’âge est frappant : les jeunes sontle moins éco-consommateurs, les 41-60 ans le plus. Le statut socioprofessionnel joueégalement un rôle : les ouvriers et personnes au foyer sont plus nombreuses à avoir unéco-comportement faible; les professions libérales sont plus nombreuses à avoir un éco-comportement fort, de même que les universitaires. Enfin, c’est dans les maisons unifami-liales que les éco-comportements sont les plus forts, et dans les immeubles à appartementsqu’ils sont les plus faibles.

Cet indice a été établi pour la première fois en 2000 et est resté quasi stable en 2001 et en2003.

- ménages compostant leurs déchets à domicile;- ménages connaissant des maîtres-composteurs.

Sur base d’une échelle allant de 0 à 9, la moyenne de l’indice pour la population bruxelloiseest de 2.15L’indice a été regroupé en classes :- 29% de la population a un éco-comportement faible (0 à 1 geste)- 55% a un éco-comportement moyen (1.5 à 3 gestes)- 16% a un éco-comportement fort (3.5 à 9 gestes)

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2.3.9.4. Et globalement ?

La prévention par les changements de comportements est possible. Les résultats desprojets pilotes le prouvent : avec suffisament de moyens, la prévention est effective !Globalement, à l’échelle de la Région, il est plus difficile de mesurer avec certitude leseffets des actions de prévention indépendammant d’autres impacts (croissance parexemple).Les chiffres de collectes de Bruxelles-Propreté, l’opérateur de collecte des déchetsménagers en Région bruxelloise, montrent l’évolution suivante :

Collectes de Bruxelles-Propreté (déchets ménagers et assimilés) - 1.000 tonnes

1998 1999 2000 2001 2002

Tout-venant 409 397 395 389 385

Tot (y compris collectes sélectives) 466 475 480 477 469

Si la quantité de déchets tout-venant collectée diminue chaque année, c’est essentiellementgrâce au développement des collectes sélectives (papier, emballages, déchets verts,textiles, encombrants, déchets dangereux).

L’observation de l’évolution de la quantité totale de déchets ménagers et assimilés produitsmontre une augmentation jusqu’en 2000, suivie d’une légère baisse. Cependant, ceschiffres incluant les déchets assimilés (de professions libérales, d’écoles, …) qui peuventvarier en fonction des contrats commerciaux de Bruxelles-Propreté, la part d’une réelleprévention dans ces chiffres n’est donc pas aisément identifiable.

En quelques années d’information et de sensibilisation à «moins de déchets» (depuis mi-98), de nombreux résultats encourageants ont été mesurés : des comportements «moinsde déchets» progressent de quelques pourcents, la sensibilisation et la conscientisationdes gens augmentent. Mais parlant de changements de comportements d’achat entreautres, atteindre les objectifs nécessite la progressivité et donc du temps et des rappelsrécurrents. Il s’avère que la plupart des objectifs déterminés pour 2002, dans le 2ème plandéchets, ont été trop ambitieux et seraient à reporter de quelques années. Des rappelsrécurrents sont nécessaires jusqu’à ce qu’un mouvement clair de consommateurs avertisaccélère la tendance positive vers la consommation responsable.Notons que, indépendamment des déchets non produits, la prévention, même d’un tonnageminime, a des effets fondamentaux quand on s’intéresse à l’économie des ressourcesréalisée.

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2.4 . LES ACTIONS RÉALISÉES AU NIVEAU DES ÉCOLES

2.4.1. SITUATION ET OBJECTIFS EN MATIÈRE DE DÉCHETS DES ÉCOLES ÀBRUXELLES

La Région bruxelloise compte quelque 656 établissements scolaires (niveau fondamentalet secondaire) qui sont fréquentés par 203.700 écoliers, dont 170.815 dans des écolesfrancophones et 32.885 dans des écoles néerlandophones. Les niveaux supérieurs n’ontpas encore fait l’objet d’actions sinon en tant qu’entreprises.

Nbre d’élèves Maternel Primaire Secondaire(données 2001-2002)

Francophones 33.494 68.201 69.120

Néerlandophones 8.840 12.281 11.769

Nbre Maternel Primaire Maternel Secondaire Ens. Totauxd’établissements + Primaire spécial

Francophones 25 31 219 111 51 437

Néerlandophones 47 12 107 41 12 219

On estime à 10.000 t/an la quantité de déchets produits par les écoles. Une composition-type de ces déchets est difficile à donner tant elle dépend de l’établissement : âge desélèves, présence d’une cuisine, organisation d’activités artistiques, …. L’étude de lacomposition moyenne d’une poubelle d’école a néanmoins été menée sur une vingtained’écoles et permet de mettre en évidence que les déchets de papier-carton sont de l’ordrede 17% et les déchets de boisson de l’ordre de 30%. Notons qu’une analyse systématiquedes poubelles des écoles primaires s’est terminée fin juin 2004 (sur 30 écoles primaireschoisies suivant des strates identifiées à partir de leurs caractéristiques telles que cantine,fontaine à eau, .. et suivies durant 6 mois).

Composition des déchets dans 20 écoles pilotes (% en poids) (Coren)

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Cette analyse montre le potentiel de prévention au niveau des flux papier/carton, organiqueset emballages (plastique, composites, …).

En ce qui concerne le flux papier, une enquête réalisée fin 2003 a montré qu’une écolephotocopie jusqu’à 100.000 feuilles par an et que par ailleurs le papier recyclé estpratiquement absent dans les écoles bruxelloises. Le papier est donc, dans les écolescomme dans les bureaux, une cible d’action prioritaire.

Par ailleurs, et bien que cela ne soit pas l’objet duprésent document, les pratiques de tri ne sont pasvraiment bien installées dans les écoles bruxelloises :si toutes les écoles (ou presque) sont équipées deconteneurs pour les papiers/cartons et pour les embal-lages, peu trient correctement. Or, pour beaucoupd’écoles, il n’est pas envisageable de venir parler deprévention tant que le problème de tri n’a pas été réglé.L’amélioration de la qualité du tri semble donc un pré-requis ou à tout le moins un élément indissociable dela sensibilisation à la prévention. C’est pourquoi certainsoutils présentés ci-après reprendront à la fois laprévention et la gestion des déchets.

Ce n’est que récemment, dans le 3ème plan déchets,que les actions jusqu’alors orientées uniquement versles écoles primaires, ont été élargies aux niveauxsecondaire et maternel.

Le 3ème plan déchets contient des objectifs chiffrés par rapport à la cible «écoles», ce quin’était pas le cas des 2 plans précédents.Ces objectifs sont :- réduction de 10% en poids du papier;- réduction de 30% en poids des emballages.

Les objectifs des actions «écoles» dépendent bien évidemment du potentiel de l’analysede la poubelle, mais aussi du potentiel au niveau des comportements, des élèves commedes enseignants. Il s’agit alors d’identifier ce que les jeunes et les enseignants sont prêtsà faire et quels sont leurs besoins.

Dès 1999, une table-ronde menée avec les enseignants a débouché sur des premierséléments, comme la nécessité d’élaborer des outils éducatifs «clé sur porte».Par ailleurs, une enquête menée en 2002 par l’IBGE auprès de 657 jeunes (12 à 25 ans)a montré que :• les gestes qu’ils sont prêts à poser sont, par ordre décroissant :

- utiliser des piles rechargeables (95%);- utiliser du papier recyclé (78%);- boire de l’eau du robinet (74%);- acheter des vêtements en seconde main (24%).

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• le mode d’information qu’ils préconisent est en priorité les animations spécialisées enclasse (animateurs de proximité).

Une enquête menée en 2002 par l’IBGE auprès de 257 professionnels de l’éducation amontré que :• l’éducation à la consommation durable peut être intégrée à tous les niveaux scolaires,

du maternel (93% de oui) au supérieur (70% de oui), avec effectivement une ouvertureplus aisée au niveau primaire (96% de oui);

• les types d’outils dont souhaitent disposer les éducateurs sont en priorité, à tous lesniveaux, des «outils prêts à l’emploi»;

• le mode d’information demandé par les professionnels de l’éducation est en priorité unerencontre avec des personnes spécialisées.

Une autre enquête réalisée en 2002 par le CEE-UCL (300 professeurs et 60 directeurs) amontré le potentiel de ce secteur quant à l’intégration de deux comportements clés :• envisager l’intégration du papier recyclé dans l’école :

- 63% des directions d’accord;- 37% pas d’accord, à cause d’une perception de la mauvaise qualité du papier et de

son prix supposé plus élevé;• envisager l’intégration des gourdes dans l’école;

- 23% des directions et 30% des enseignants d’accord;- 70% pas d’accord pour des problèmes d’hygiène ou de gourdes qui coulent.

Enfin, dans les écoles, l’objectif n’est pas uniquement de mesurer une prévention effectivedes déchets : il s’agit aussi d’éduquer les citoyens de demain ! Les jeunes doivent êtresensibilisés dès le plus jeune âge aux enjeux environnementaux et être éduqués à poserles bons gestes. L’éducation à l’environnement doit donc se concrétiser dans les écoles.

2.4.2. LA PROMOTION DU PAPIER RECYCLÉ ET AUTRES FOURNITURESÉCOLOGIQUES

Le papier, on l’a vu, est une cible d’action privilégiée au niveau des écoles. Mais pour allerà l’école, les enfants doivent s’équiper de matériel scolaire (matériel d’écriture, …), souventacheté par les parents en début d’année scolaire. C’est donc l’occasion d’agir et desensibiliser à la fois les parents et les enfants.

2.4.2.1. La rentrée des classes écologique

Dans le cadre du plan déchets 1998-2002, l’IBGE a rencontré le secteur de la distributionpour mettre au point des actions communes. L’idée de promouvoir les fournitures scolairesplus respectueuses de l’environnement et plus durables (testées au préalable lors d’unprojet pilote) a reçu un accueil très favorable du secteur de la distribution à condition quecelle-ci soit menée sur l’ensemble de la Belgique. Depuis juillet 1999, la campagne «Jesuis en classe verte toute l’année» a donc été menée par les trois Régions, avec la

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collaboration du secteur de la distribution et le soutien de la Communauté française. Quatrecampagnes ont été organisées, lors de la rentrée des classes 2000, 2001, 2002 et 2003.Si la base des conseils dispensés durant ces campagnes concerne la prévention desdéchets (quantitative et qualitative), c’est aussi l’occasion de développer des arguments«santé » et « gains financiers». Il s’agit, en pratique, de promouvoir les marqueurs, colleset correcteurs sans solvants nocifs, le papier recyclé, la gourde et boîte à tartines, lescrayons sans vernis aux métaux lourds, ..

La campagne s’articule autour de deux axes :- augmenter l’offre en matériel dans les magasins;- augmenter la demande de ce matériel au niveau des

écoles et des particuliers

Pour augmenter la demande, les écoles primaires sontinvitées à diffuser des dépliants reprenant 12 conseilspratiques d’achat, et à aborder ce thème avec leursélèves, avec le soutien d’un dossier pédagogique. Lesprofesseurs sont également invités à intégrer lesconseils de «RYC» (la mascotte de la campagne) dansleur liste de fournitures scolaires. En 2001, un appel desoutien à la campagne a été lancé vers les communes.Comme un élève primaire sur deux dépend du réseaucommunal, avoir l’implication des communes tant pourguider les directeurs et enseignants que pour fournirdirectement aux élèves du matériel conforme aux con-seils diffusés permet de donner une image de cohé-rence au public cible.

Pour augmenter l’offre, les Régions ont, dans un premier temps, recherché la collaborationde la grande distribution pour ensuite étendre la démarche auprès des coopératives etdes magasins indépendants. L’objectif est avant tout d’assurer aux consommateurs laprésence des produits recommandés et que la campagne soit visible dans les folderspublicitaires ainsi que dans les magasins pendant la pérode d’achat (fin août – débutseptembre).

La notoriété de cette campagne est passée de 39% des personnes interrogées en 2000 à48% en 2003 (enquêtes Sonecom).En 2002 :- 50% des élèves du primaire ont reçu le dépliant via leur école (selon l’enquête réalisée

en septembre 2002, on peut estimer que 40% des dépliants sont diffusés à la fin del’année scolaire en même temps que les listes de matériel pour l’année suivante, que20% de ces élèves en ont discuté en classe avec leur professeur, et finalement que 19%des professeurs des établissements qui ont commandé les outils ont modifié la listequ’ils donnent à leurs élèves);

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- 2000 enseignants ont commandé le dossier pédagogique;- 3 communes pilotes ont soutenu la campagne;- 5 grandes chaînes de distribution et près de 80 magasins indépendants se sont portés

partenaires;- l’offre en produits écologiques a réellement augmenté jusqu’à doubler chez certains;- les magasins sont satisfaits : les produits se vendent (la vente du matériel scolaire

recommandé a clairement augmenté, jusqu’à 25% pour certains produits).

Mais en 2003, malgré un soutien que l’on peut encore qualifier de considérable, laparticipation des écoles semble stagner. En effet, d’une participation exceptionnelle lapremière année (60 000 dépliants diffusés par les écoles en 2000, soit 78% des élèves duprimaire à Bruxelles), la participation est tombée à 28 000 dépliants en 2003, soit 36% dupublic cible.La participation des magasins s’est quant à elle essoufflée : beaucoup de magasins n’ontpas participé ; la visibilité de «RYC» dans les magasins actifs était très insuffisante, certainsmagasins ne disposaient pas d’une gamme complète (pas de papier ou de cahier enpapier recyclé).

Par ailleurs, cette campagne se heurte à un obstacle fondamental car il est difficile detraduire les principes de «RYC» par des conseils concrets d’achats en magasins : lesproduits correspondant aux critères mentionnés dans les principes généraux du folder nesont pas aisément identifiables (étiquetage lacunaire, vocable trop technique pour le grandpublic, voire mentions mensongères sur l’emballage).

Vu ce problème, pour 2004 et les années suivantes, l’IBGE compte travailler plus enprofondeur avec les écoles et les fournisseurs de celles-ci, en priorité sur le papier recycléqui est pratiquement absent des écoles bruxelloises.

2.4.2.2. La promotion du papier recyclé

Si la promotion du papier recyclé n’est pas de la prévention en soi, il s’agit de montrer auxenfants l’intérêt du tri, de la préservation des ressources, et de «boucler la boucle». L’aspectéducatif de la promotion du papier recyclé est donc très important.

En pratique, cette promotion a été longtemps cantonnée aux animations éducatives enclasse, avec l’organisation d’ateliers de fabrication du papier recyclé.

Si cette activité très ludique sensibilise les enfants, elle n’incite pas les enseignants et lesdirections d’école à modifier les listes scolaires et les achats de papier pour l’école.

Au niveau de la liste scolaire, la campagne précitée («Je suis en classe verte toute l’année»)y contribue, mais avec relativement peu de succès pour le moment.

En ce qui concerne les achats de papier pour l’école, la décision peut être dépendante dupouvoir organisateur (les administrations communales pour la moitié des écoles). Lesactions à entreprendre sont alors liées à la «verdurisation des marchés publics» (voirpoint 2.5.2.2.).

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2.4.3. LA PRÉVENTION DES DÉCHETS D’EMBALLAGES

2.4.3.1. Moins de déchets de boissons avec les fontaines à eau

Les déchets de boisson représentent en moyenne 30%des déchets d’une école. Ce chiffre peut monter jusqu’à50% dans certaines écoles, sans compter le nombrede berlingots mis à la poubelle à moitié pleins et quiconstituent, de plus, un gaspillage alimentaire. L’objectif«moins de déchets de boisson» s’est donc révéléprioritaire.

Dans le cadre des appels à projets «moins de déchets»,la commune de Bruxelles-Ville a proposé en 1999d’équiper une de ses écoles de robinets-fontaines afinde diminuer les déchets de boisson. Les robinets-fontaines sont directement branchés sur le réseau dedistribution et proposent ainsi une eau de qualité et bonmarché aux élèves. Résultat : 50% de diminution desdéchets de boissons produits dans cette école.

Pour répondre à la demande suscitée entre autres par cet exemple, pour diminuer lesdéchets de boisson et offrir également aux élèves bruxellois un meilleur accès à l’eau dedistribution, la Région de Bruxelles-Capitale et l’IBDE ont lancé en mars 2002 unecampagne d’installation de robinets-fontaines dans les écoles bruxelloises primaires.En 2 ans, 121 écoles ont été sélectionnés après appel à candidature et 180 «robinets-fontaine» ont été installés.

Francophone Néerlandophone Total

Nbre décoles – 2002 41 19 60

Nbre décoles – 2003 44 17 61

Total 85 36 121

Des actions d’accompagnement ont également été réalisées (analyse de l’eau, accompa-gnement pédagogique et fourniture d’outils de sensibilisation). C’est ainsi qu’un systèmede suivi des quantités de déchets des classes «relais» a permis de mettre en évidenceune diminution de 43% des déchets produits. Il faut néanmoins pondérer ces chiffrescar ils ne reflètent pas le comportement de l’ensemble de l’école moins sensibilisée que laclasse relais. De plus, la diminution concrète des déchets n’est due que pour moitié à lafontaine, le reste est dû à la promotion d’autres gestes comme celui de permettre auxenfants de se désaltérer au lavabo de la classe ou d’utiliser des gourdes ou des petitesbouteilles réutilisables.

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2.4.3.2. Moins de déchets d’emballages avec la gourde et la boîte à tartines

Un projet pilote réalisé en 1999 a montré que, parmices emballages, on trouve 64% de Tetra Brick (oude canettes dans les écoles qui disposent d’un distri-buteur) et 15% de films plastiques et alu.

A l’encontre de ce problème, on peut :- inciter les écoles à modifier leur règlement interne

(éliminer le distributeur, interdire les films alu,imposer la boîte à tartines, …);

- favoriser les changements de comportement desenfants en leur offrant des gourdes et boîtes àtartines.

L’IBGE a donc décidé de réaliser des gourdes et boîtes à tartines attractives et portant unmessage de prévention. Depuis 1999, 13.500 boîtes à tartines et 2.000 gourdes ont étédistribuées aux enfants dans le cadre de projets concrets encadrés par l’IBGE ou par desassociations mandatées par l’IBGE (voir 2.4.5.).Des évaluations de ce genre d’actions ont été menées notamment dans le cadre de projets«Medere» 2002/2003 :- l’emploi de gourdes ou autres bouteilles réutilisables avant action est une exception

dans pratiquement toutes les écoles : 9,5% des élèves en utilisent;- dans 6 écoles qui ont mené une action spécifique aux emballages de boisson, leur

utilisation est montée en moyenne à 44,5% (variation observée entre 10 et 80%).

Le principal obstacle est de convaincre les parents. C’est pourquoi, les écoles qui marquentun changement conséquent en matière de boisson ont imposé la gourde soit en offrantcelles de l’IBGE, soit en en achetant d’office à tous les élèves, soit en la stipulant dans lerèglement de l’école. Dans ces écoles, on observe en parallèle une diminution importantedes Tetra Brick et canettes consommés : en moyenne 45% de diminution des canettes etTetra Brick. Il est à remarquer que la généralisation de la gourde s’accompagne d’autresactions telles que l’utilisation de carafes d’eau, de gobelets réutilisables, l’installation derobinets-fontaines, l’emploi de bouteilles consignées, … .Ainsi, dans ces mêmes écoles, l’usage de gobelets lavables est passé de 22% à 51%.

L’utilisation de la boîte à tartines est par contre dès le départ très répandue, mais le papieraluminium et le film plastique sont encore largement utilisés à l’intérieur de celle-ci.Les projets amènent une généralisation de son emploi. Dans les 10 écoles où un projet aété mené et mesuré en 2002/2003, voici les résultats :- de 72 % des élèves qui l’utilisent, on passe en fin de projet à 89%;- en parallèle, l’utilisation d’aluminium chute de 34% à 8%;- celle des films plastiques de 14% à 5%;soit aussi une diminution nette de la quantité de déchets.

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2.4.4. LA PRÉVENTION DES DÉCHETS DE PAPIER

Le papier représente entre 15 et 20% de la poubelle de l’école. Cependant, de nombreuxpapiers aboutissent au domicile privé en fin d’année scolaire et ne se retrouvent jamaisdans la poubelle de l’école. Il est donc important d’analyser le flux papier des écoles auniveau de la consommation également.

Ce n’est pourtant que récemment que l’IBGE s’est intéressé à agir à cet égard, des objectifsen la matière ayant été intégrés dans le 3ème plan déchets.

Des premières actions de sensibilisation (avec mini-audits) ont été réalisées dans le cadrede projets concrets encadrés par l’IBGE ou par des associations mandatées par l’IBGE(voir 2.4.5.)On peut constater que, pour les années 2002-2003 :- sans action de prévention, 5 écoles produisaient chacune en moyenne environ 100 000

photocopies par an;- après des messages simples comme la photocopie recto/verso, la récupération des

rectos, ces quantités ont été très fortement diminuées (entre 35% et 65% selon l’école).

Depuis fin 2003, l’IBGE soutient un projet pilote destiné à mettre en place un système demanagement environnemental dans 2 écoles bruxelloises (une primaire, une secondaire),en centrant les actions tant au niveau de l’analyse de la situation initiale qu’au niveau duplan d’action, sur le flux papier. Les enseignements de ce projet et d’autres études sur leflux papier dans les écoles permettront d’affiner un plan d’action plus global.

2.4.5. LES OUTILS

2.4.5.1. Pour les écoles et les professeurs

2.4.5.1.1. Education relative à l’environnement et appel à projets «MEDERE»

Depuis 1999, l’IBGE soutient financièrement 2 associations d’éducation à l’environnement(une francophone, le Réseau Idée, et une néerlandophone, NME-Link) pour :

- le développement d’un centre d’information sur l’éducationà l’environnement pour les professionnels de l’éducation;

- la réalisation d’un appel annuel à projets «en route pourune école en développement durable» (projet MEDERE-«Mon école dorlote l’éducation relative à l’environne-ment»).

Le but de l’appel à projets «En route pour une école endéveloppement durable....» proposé aux écoles primairesdepuis l’année scolaire 1999-2000, est de convaincre lesprofesseurs que développer un projet sur le thème de

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l’environnement est à la portée de tous et que les thèmes sont aussi nombreux que lesoutils pédagogiques. L’appel concerne, en effet, tous les thèmes de l’environnement,dont la prévention des déchets.L’appel à projets offre également un soutien financier aux écoles. Un budget annuel de31 000 Euros est réparti entre les écoles qui développent les projets (achat de matérielpédagogique ou technique) et les associations spécialisées en Education relative àl’Environnement (qui assurent les animations et/ou un encadrement pédagogique pourles écoles suivant le thème du projet).Le travail de NME-link et du Réseau-Idée, les deux associations mandatées par la Régionpour gérer la campagne, a été de la concevoir, d’en faire la publicité auprès des enseignants,de juger des projets remis, d’aider les professeurs à rédiger et réaliser ces projets, defaire le lien entre les animations reçues et les professeurs, d’évaluer les projets et lesmodalités de la campagne afin de la faire évoluer positivement.Depuis 2001, l’appel à projets, outre l’objectif d’amener de nouvelles écoles à aborderl’environnement, a reçu pour objectif d’orienter les projets vers des réalisations concrètesmenant à une amélioration de l’environnement bruxellois. Afin d’orienter les projets versces nouveaux objectifs et de mesurer leurs effets sur l’environnement, des questionnairesont été conçus, dont un sur les «Déchets». Il est proposé en début et en fin de projet.

De 1999 à 2003, 180 projets ont été réalisés. Au total, 26.000 élèves ont développé unprojet sur le thème de l’environnement.La multiplication des outils et initiatives pédagogiques sur le thème des déchets fait la partbelle aux projets déchets : 75 projets déchets en 5 ans soit 42% des projets retenus.

Les résultats de certains de ces projets, en terme de prévention papier et emballages,sont présentés aux points 2.4.3. et 2.4.4.

2.4.5.1.2. Réalisation et diffusion d’outils pédagogiques sur la prévention et la gestiondes déchets

Les premiers appels à projets déchets concernant les écoles ont eu un rôle d’étu-de d’adaptation du thème «moins de déchets» à la réalité de l’école.Cette phase d’étude a permis de définir les messages à porter dans le monde enseignantet de rassembler une série d’outils pédagogiques «clé-sur-porte», principalement destinésaux élèves du cycle primaire, plus réceptifs et plus faciles à toucher via leur professeurtitulaire.La finalisation de ces outils (et donc le début de leur diffusion) s’étend de décembre 1999à décembre 2001. Ils se regroupent suivant leur fonction.

• Les outils de formation des enseignants :Chaque école dispose de deux à trois journées pédagogiques dans le courant d’uneannée scolaire. Pendant ces journées (qui sont en fait dans la plupart des cas desmatinées de 9h à 13 heures), seul le corps enseignant est présent dans l’école, lesenfants étant en «congé». Suivant le pouvoir organisateur, les écoles sont plus ou moinslibres du choix des thèmes de leurs journées. La formation proposée par l’IBGE se

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déroule en deux parties. La première est consacrée à la gestion des déchets et la secondeà la prévention. Très participatives, ces journées abordent les problèmes très pratiqueset spécifiques à l’établissement en question, ce qui entraîne une prise de conscience etun intérêt accru des professeurs ainsi qu’une formulation de premières pistes concrètesd’action.La formule journée pédagogique peut être adaptée. En effet, les écoles peuvent recevoirces formations également lors de réunions de concertation. La seule demande est delibérer un minimum de deux heures.

• Les outils d’information des enseignants :Plusieurs dossiers d’information ont été rédigés en sup-port des formations enseignants :

- les cahiers “prévention des déchets”, “gestion des déchets”et “expériences et adresses ressources”

- le cahier “rentrée des classes écologique”- le cahier “collations collectives”.

Par ailleurs, les enseignants ont accès à une informationrécurrente via le journal «Ma ville, notre planète» (voir2.3.8.1.) : dans chaque numéro, des articles de fond relatifsaux initiatives des écoles en matière de déchets et unedemi-page réservée aux enfants informent régulièrementles professeurs. Près de 400 enseigants y sont abonnés.Ils peuvent aussi s’informer via le site internet IBGE : uneentrée «éducation» a été conçue pour le nouveau siteIBGE. Elle permet aux professeurs d’être informés rapi-dement de toutes les initiatives de l’IBGE et de la Régionen lien avec l’école et l’environnement.Enfin, depuis 2003, l’IBGE développe des outils d’infor-mation intégrés sur l’éducation à l’environnement engénéral : un calendrier scolaire avec événements environ-nementaux mis en évidence et un classeur «vivre l’environ-nement à l’école», présentant l’ensemble des outilspédagogiques disponibles.

• Les animations en classe et les outils pour les enfants :Pour soutenir les enseignants qui souhaitent développer une action de prévention desdéchets à l’école, l’IBGE a développé une série d’outils pratiques pour les enfants : unjeu de cartes «9 familles de la prévention», un livre jeu/épreuves «combattre l’arméedes déchets», une boîte à tartines, une gourde, une cassette vidéo «ras la poubelle», undiaporama apportant un soutien concret pour illustrer la prévention des déchets auprèsdes enfants, un spectacle «Lise, le roi et Tartinou» qui a été adapté en cassette vidéode façon à pouvoir répondre à moindre coût à la demande importante des écoles.

Les outils pratiques sont offerts aux enfants dans le cadre de projets concrets en lien avecla prévention et la gestion des déchets. La boîte à tartines a par exemple été diffusée à13.443 exemplaires !

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Toujours pour soutenir les enseigants, des animationsde proximité sont proposées aux écoles.Ainsi, entre 1999 et 2002, les éco-guides (animateursde terrain, voir 2.3.8.4.) ont créé des animations spécifi-ques au public enfants pour les maternelles (via le trides poubelles grandeur nature), les primaires (via le jeude l’incinérateur) et pour les secondaires (via le jeu dupictionnary de la prévention). Ces animations proposéesdans les écoles ont été adaptées aux demandes

extrascolaires dans le cadre d’événements publics, ou d’activités et stages de vacances(animations dans certaines fermes pédagogiques, dans des associations responsablesd’enfants,…).Ils ont au total visité 121 écoles sur la Région et effectué 287 animations avec les classespour toucher 8 600 élèves (de la maternelle au secondaire).

2.4.6. EVALUATION

Depuis 1999, les actions éducatives sont progressivement associées à une quantificationdes résultats environnementaux.

Des évaluations thématiques et ponctuelles relatives à la quantification en poids ou enpourcentage des déchets évités sont présentées en regard des descriptions des différentesactions développées.

Le tableau suivant permet de situer le nombre d’écoles et d’élèves impliqués dans desprojets de prévention des déchets, par exemple pour 2003.

Rentrée des classes Robinets-fontaines Medere : projets2003 2003 déchets 2002-2003

fr nl bxl fr nl bxl fr nl bxl

Nbre d’écoles 88 15 103 44 17 61 10 15 25

Nbre d’élèves 25.807 2.092 27.899 19.099 2.578 21.677 2.371 2.521 4.891

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Plus globalement, des enquêtes auprès des écoles du primaire ont permis d’identifier lepourcentage d’écoles concernées par les projets prévention déchets. Ainsi, une enquêtemenée en 2002 (par le CEE-UCL, auprès de 300 enseignants et 60 directeurs) comprenantdes questions sur les politiques «vertes» menées à l’école, a montré les résultats suivants :

% Directions concernées % Enseignants concernés

Tri des déchets 90% 89%

Compostage 10% 6%

Prévention 74% 57%

Matériel scolaire écologique 20% 11%

Afin d’affiner ces résultats, une autre enquête menée début 2004 (par RDC-Environment,auprès des directions de 212 écoles) a permis d’identifier les mesures de préventioncitées par les directeurs d’écoles comme ayant cours chez eux :

Boîte Emballages Fontaines Sensibilisation Autresà tartines boissons

Ecoles 39% 55% 39% 15% 16%

Elèves 36% 48% 42% 15% 13%

En général, 72% des élèves sont concernés par au moins une mesure de prévention,bien qu’aucune mesure ne concerne plus de 50% des élèves.

Par ailleurs, on le dit souvent, l’éducation des parents passe aussi par celle des enfants.Afin d’évaluer cet aspect des choses, une enquête a été réalisée (enquête éco-comportement - Sonecom 2003) à l’adresse des parents. Il leur a été demandé : «A votreconnaissance, durant les 2 dernières années, vos enfants ont-ils bénéficié d’informations/ de projets sur …»

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Une enquête complémentaire a été réalisée par le Réseau Idée, en 2004, auprès de 350parents dont les enfants ont bénéficié d’un projet «Medere». Elle démontre l’impact certain,au niveau familial, d’un projet d’environnement dont bénéficie l’enfant.

oui

Etiez-vous au courant que votre enfant participait à un projet 67%environnement à l’école ?

Avez-vous remarqué un changement de comportement chez votre enfant ? 75%

Votre enfant a-t-il fait passer un message à la maison ? 56%

Son message a-t-il entraîné un changement de comportement chez vous ? 67%

En conclusion, si aucun effet global sur la poubelle n’a été mesuré à ce jour (les analysespoubelles initiales étant en cours début 2004), les résultats ponctuels et les résultatsd’enquêtes montrent tous des résultats concrets, encourageants, démontrant à tout lemoins un grand potentiel de prévention des déchets produits par les écoles, mais aussi unpotentiel éducatif pour les enfants et leurs parents.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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2.5. ACTIONS VOLONTAIRES RÉALISÉES AU NIVEAU DES ENTREPRISES

2.5.1. SITUATION ET OBJECTIFS

En 2001, les secteurs primaire, secondaire et tertiaire représentaient respectivement 0,1%,11% et 88,9% de l’emploi salarié en Région bruxelloise. Les secteurs de l’administrationpublique, de l’immobilier/locations/services aux entreprises, du commerce/réparations ainsique des activités financières représentent ensemble près de 54% de l’emploi salarié dansla Région. La Région bruxelloise se caractérise donc par l’importance du secteur tertiairede façon générale et des administrations publiques en particulier (16% des travailleurs dela Région) (BRES 2003).

Le secteur tertiaire a fait l’objet d’actions volontaires ciblées, plus spécifiquement au niveaudes activités «de bureau».

Les déchets «de bureau» sont estimés, d’après l’IBGE, à quelque 100.000T/an, soit environ380kg de déchets par travailleur dont 35 à 40% de papier/carton se retrouvent effectivementdans la collecte sélective papier. Mais l’Ademe (en France), dans une publication relativeà la «Haute qualité environnementale des bâtiments» évoque un ratio de tri de 71%, cequi laisserait penser que les bureaux ne trient pas tous – correctement – les papiers/cartons.

Le flux papier, au niveau des bureaux, est en tous cas unflux à haut potentiel d’action. Ainsi, une étude restreintesur le potentiel de «dématérialisation» du papier dans lesbureaux a été menée en 2002 : 10 organisations à carac-tère administratif (privée, publique, ONG – au total 231personnes) ont été auditées par RDC-Environnement. Cetteexpérience montre que le potentiel de réduction desconsommations de papier serait compris entre -10% et –30% en jouant uniquement sur les modifications des com-portements individuels pour bien utiliser les outils informa-tiques et bureautiques disponibles.

En effet, une majorité des employés suivis ne connaissent pas les outils mis à leurdisposition et n’utilisent pas les fonctionnalités qui permettent de limiter le nombre depages imprimées :- l’impression deux pages/feuille : 10% des personnes interrogées utilisaient cette fonction

(mais près de 80% à l’issue du test !);- l’impression ou photocopie recto/verso : en moyenne, seulement 25% des personnes

interrogées utilisent systématiquement cette fonction;- l’ impression en qualité draft : 15% des personnes interrogées utilisent cette fonction.

Le taux de réduction des consommations de papier serait vraisemblablement nettementsupérieur à 30% à condition de mettre en place une approche intégrée :. formation & sensibilisation;. introduction de nouveaux outils comme les copieurs multi-fonction;

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. organisation interne et gestion optimisée des flux de documents pour l’ensemble del’entreprise.

Par extrapolation grossière à l’ensemble des travailleurs du secteur des bureaux, ladiminution potentielle des quantités de papier en Région bruxelloise serait comprise entre1.900 et 5.700 tonnes de papier par an. La réduction des cartouches d’encre et des tonersserait comprise entre 26.500 et 79.200 cartouches et/ou toners par an.

Les résultats de cette étude restreinte ont été traduits en ob-jectifs dans le 3ème plan déchets qui prévoit de réduire de 10à 30% les consommations de papier (et de réduire de 5%les consommations d’énergie dans les bureaux).Si au niveau du secteur tertiaire, en ce compris les admi-nistrations publiques, le flux papier est la cible privilégiéed’actions, l’IBGE a aussi mené des actions au niveau desachats publics. En effet, le rôle des pouvoirs publics en tantque consommateur est important. En Belgique, plus de 14%du PIB concerne les achats par les pouvoirs publics. EnRégion bruxelloise, les administrations publiques représen-tent 16% des travailleurs bruxellois. Et, dans cette catégoriene sont pas encore comprises toute une série d’autresinstitutions (par exemple, la poste, les télécommunications,

les transports en commun, …) qui sont également soumises aux règles des marchéspublics.Les questions de prévention déchets, et plus largement d’éco-consommation, sont doncà intégrer dans les actions de promotion des marchés publics écologiques.

Ainsi le 3ème plan déchets prévoit d’introduire des critères environnementaux dans tousles marchés publics.

Donc, sans aucune ambition d’exhaustivité, cette partie «entreprises» présenteraessentiellement les actions volontaires développées pour les activités «de bureau» bienque d’autres «secteurs» aient fait l’objet d’actions spécifiques en matière de préventiondes déchets également (déchets hospitaliers ou de constructions par exemple).

2.5.2. ACTIONS SPÉCIFIQUES DÉCHETS

2.5.2.1. La circulaire pour l’éco-consommation et la gestion des déchets de bureaudestinée aux administrations publiques régionales

Le 1er plan déchets (1992) prévoyait déjà de mener des actions prioritaires au niveau desactivités de bureau à Bruxelles et mettait l’accent sur la réalisation d’un code de bonneconduite pour les administrations publiques.L’IBGE a ainsi développé une «circulaire ministérielle pour l’éco-consommation et la gestiondes déchets dans les administrations publiques régionales». Elle a été publiée au Moniteurbelge en 1993.

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La circulaire demandait :- de promouvoir l’éco-consommation, en particulier l’utilisation du papier recyclé ;- de limiter la production de déchets ;- de trier les déchets.Les 11 administrations régionales étaient concernées (3.500 emplois). 9 administrationscommunales ont également volontairement participé.Cette initiative a, dès 1994, été généralisée à tous les organismes ayant des activités debureau (voir 2.5.2.3.).

2.5.2.2. Les achats publics

L’IBGE développe différentes actions destinées à promouvoir les achats publics : cesactions sont en effet prévues au niveau de chaque plan déchets.

Les premières actions ont été entreprises dans le cadre précité de la circulaire et la charteéco-consommation et gestion des déchets. Elles ont ensuite été développées dans lecadre de la charte et du label «entreprise éco-dynamique» (voir ci-dessous).

Parallèlement, l’IBGE prépare actuellement des actions plus spécifiques afin de «verdu-riser» les marchés publics bruxellois, et compte par ailleurs commencer par lui-mêmedans une première phase. Ainsi, un marché d’étude est en cours. Il est destiné à définird’un côté des critères à intégrer dans les cahiers des charges pour une série de produits,d’un autre côté des mesures connexes sur la façon d’intégrer ces critères dans la sensibi-lisation des acheteurs…

2.5.2.3. La charte pour l’éco-consommation et la gestion des déchets de bureau

Pour généraliser l’initiative précitée de «circulaire éco-consommation et gestion des déchetsde bureau» à tous les organismes ayant des activités de bureau, l’IBGE a développé la«charte pour l’éco-consommation et la gestion des déchets» en 1994. Cette initiative amobilisé 240 adhérents, soit environ 30.000 à 40.000 emplois. Cette charte est basée surles mêmes principes que la circulaire.

Afin d’aider les entreprises, différents outils ont été déve-loppés et diffusés :- poubelle en carton pour le tri du papier ;- affiches de tri : «recyclons-les» ;- affiche de prévention papier : «pensons-y» ;- guide de gestion des déchets de bureau ;- petits-déjeuners thématiques de formation.

Fin 1998, 8 prix ECO-IRIS «bureau» ont récompensé lesmeilleures réalisations en matière de prévention et degestion des déchets.

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En pratique, les résultats étaient, en 1998, les suivants :- 52% des entreprises participantes utilisaient le papier recyclé;- 75% menaient des actions de prévention papier. Plusieurs exemples chiffrés ont montré

des réductions allant de 20 à 35%.

En 1999, la charte «bureau» a donné naissance à une charte intégrant tous les domainesde l’environnement et s’adressant à tous les secteurs d’activité : la charte et le label«entreprise éco-dynamique» (voir 2.5.3.).

2.5.2.4. La «dématérialisation dans les bureaux» ou l’utilisation éco-performantedes technologies de bureau

Plus de 240.000 tonnes de papier de type «impression» sont consommées annuellementen Belgique. Les nouvelles technologies (Internet, e-mail, etc.) auraient pu engendrer unediminution de la consommation de papier. On parlait même du «bureau sans papier».

C’est pourtant l’inverse qui s’est produit. Manifestement, ces avancées technologiques,extrêmement rapides, ne se sont pas encore accompagnées de nouvelles attitudes detravail. Un travail d’information et de formation doit donc être entrepris pour exploiter pluset mieux le potentiel virtuel des technologies bureautiques.

C’est bien l’ambition du plan déchets qui a été traduite,après une phase pilote (décrite au point 2.5.1.) dansl’action «To print or not to print ?» lancée début 2004par l’IBGE.

L’action «to print or not to print» se concrétise par uneexploitation optimale des nombreuses potentialités dela bureautique. Chaque entreprise peut agir à diversniveaux :- privilégier le matériel bureautique éco-performant (ap-

pareils multifonctions, imprimantes recto-verso, logiciels…);

- promouvoir, notamment par la formation, une utilisation rationnelle individuelle des techno-logies de l’information et de la communication (impression de 2 pages par feuille, visuali-sation et suivi des corrections sur écran, éteindre correctement l’ordinateur, …);

- effectuer des modifications organisationnelles internes (archivages, classements, feuillesde paie, bons de commande, …).

En terme de déchets, c’est le papier qui est visé prioritairement avec comme conséquencedes impacts sur des flux tels que les consommables de bureau liés aux impressions etphotocopies (les cartouches d’encre) ou encore les rebuts de matériel bureautique etinformatique (ordinateur, imprimante, …).

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En pratique, cette action d’envergure se déroulera sur plusieurs années. En 2004, l’IBGElance le mouvement sur base d’une approche à 2 niveaux.

Le 1er niveau d’action est global, avec une première étape d’information/sensibilisation del’ensemble des entreprises bruxelloises concernées par les activités de bureau. Débutmars 2004, ces entreprises ont reçu un courrier les informant de l’action et leur proposantde commander le kit d’outils pour les aider à agir. Ce kit évoluera en fonction des besoinsexprimés par les entreprises participantes. 108 organismes ont marqué leur intérêt à parti-ciper au projet à ce stade.

Un niveau d’action pointu mais restreint à 25 organismes a pour objectif d’approfondir lesconnaissances sur le potentiel de dématérialisation que l’on peut atteindre et ce, en fonctiondu profil d’activité d’un organisme / d’un service spécifique d’un organisme. Pour y parvenir,un encadrement poussé est proposé aux entités choisies et se compose d’une séquencede mini-audits – coaching – évaluations.

Cette action ne fait que démarrer et les seuls résultats disponibles à ce jour sont ceux del’étude restreinte citée au point 2.5.1 (RDC-Environnement, 2001) ou ceux liés à la miseen place d’actions relatives à cette thématique par des organismes labellisées «entrepriseséco-dynamiques» (voir 2.5.3).Ces résultats montrent que :- la promotion de gestes simples comme l’impression en recto-verso, l’impression de 2

pages par feuille, le suivi de modifications à l’écran, l’archivage électronique, a permis àdiverses structures de diminuer la consommation de papier jusqu’à 30%;

- les modifications organisationnelles permettent également des économies : 365.000feuilles économisées par an uniquement en n’imprimant plus les rapports que s’échan-geaient les équipes de nuit et de jour dans un hôtel. Au niveau d’une entreprise d’assuran-ces, diverses mesures comme la diffusion des tarifs par voie électronique ou l’envoi durapport annuel « à la demande » ont permis de diminuer le nombre de copies de 33%en 3 ans, alors que la clientèle a augmenté de 24%. Economie annuelle : 2.300 feuillespar employé;

- quant à la politique d’achat, le copieur multifonction par exemple (associé bien sûr à dela formation) a permis à un siège social d’une grosse entreprise des réductions jusqu’à20% de la consommation de papier, près de 5.000 feuilles par employé et par an ainsiévitées !

En fonction de la taille de la structure et du niveau de mesures, les cas cités ont étéassociés à des économies financières allant de 800 à plus de 15.000 Euros.

2.5.3. UN EXEMPLE D’ACTION INTÉGRÉE : LE LABEL «ENTREPRISE ÉCO-DYNAMIQUE»

En 1998, une concertation de tous les adhérents de la « charte pour les déchets de bureau »a mis en évidence le souhait d’une démarche plus globale, basée sur la mise en placed’un système de management environnemental, intégrant la problématique des déchetsaux autres domaines de l’environnement.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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C’est ainsi que la charte et le label «Entreprise éco-dynamique» ont été proposés dès mai1999 aux entreprises privées et publiques implantées en Région bruxelloise. La charte«Entreprise éco-dynamique» intègre depuis lors la charte «éco-consommation».

Début 2004, 148 organismes sont candidats au label, pour 181 sites différents.Cela représente 55.000 travailleurs, soit environ 9% des travailleurs en Région bruxelloise.Depuis 2000, 77 labels ont été attribués et renouvelés pour 18 des premières entreprisesà l’avoir obtenu (le label est octroyé par période de 3 ans).

Les candidats au label émanent de tous les secteursd’activités : activités commerciales (informatique – télécom-munications – architecture – vente d’appareils électriques,électroniques – hôtellerie – ou encore banques & assu-rances), activités de type industriel (entreprises graphiques,de la construction, de production ou de tri des déchets), etactivités administratives (ministères, administrations com-munales, organismes publics autonomes, écoles, fédéra-tions professionnelles, asbl, …)

Le programme «Entreprise éco-dynamique» fait l’objet d’actions de promotion régulièresauprès des entreprises privées / publiques et est caractérisé, entre autres, par des mesuresd’accompagnement gratuit des candidats au label, dispensées par des spécialistes. Pouraider les entreprises à appliquer les critères de labellisation, notamment en matière dedéchets, le programme «Entreprise éco-dynamique» organise des formations et un suiviindividuel des candidats au label, contribuant à la réalisation d’«audits déchets» dans cesentreprises.

Les déchets constituent, avec l’énergie et l’eau, un des domaines environnementaux quiconcernent toutes les entreprises. En la matière, les critères prévalant à l’octroi du labelportent sur :- les pratiques de gestion;- les choix technologiques;- les comportements qui permettent de promouvoir en priorité la prévention quantitative

et qualitative des déchets.Il s’agit en pratique de la :- limitation des consommations de matières premières ;- limitation à la source de la production de déchets ;- réduction de la production de déchets dangereux ;- gestion adéquate des déchets produits.

Ces critères impliquent au départ un suivi des consommations de matériaux, produits quigénèrent des déchets, ainsi qu’un suivi des différents flux de déchets. L’objectif final étantde pouvoir faire le constat d’une prévention efficace (prévention quantitative et qualitative)et d’une évolution favorable des fractions triées.

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Dans les entreprises éco-dynamiques, les pratiques de tri existent plus souvent que cellesde suivi chiffré des achats (donc consommations) et de la production de déchets (plusdifficile à mettre en oeuvre par une PME avec des activités de bureau) et une procédured’achats écologiques (souvent des choix environnementaux sont intégrés, mais passystématiques ni formalisés).

On voit apparaître des exemples variés de prévention chez les labellisés «entreprise éco-dynamique». Citons quelques exemples en matière d’emballages : palettes consignées,bouteilles consignées, bacs plastiques réutilisables, cartons d’emballages réutilisables,re-remplissage de fûts, …

L’IBGE a élaboré, via une convention avec l’Institut Eco-Conseil, un outil télématique derecueil d’exemples de retours économiques positifs découlant des actions de managementenvironnemental. Les exemples chiffrés cités à propos des économies financièresatteignables par des actions de «dématérialisation» du flux papier en sont issus.

2.5.4. EVALUATION

Les évaluations de chaque action spécifique sont présentées en regard des descriptionsdes actions.

Il faut savoir que les quantités de déchets mentionnées en introduction sont des quantitésestimées via des modèles mathématiques, et non des quantités réellement mesurées.Par conséquent, à l’échelle régionale, les effets des différentes actions ne pourront pasêtre établis de façon précise.

C’est pourquoi, dans le 3ème plan déchets, les objectifs(en matière de dématérialisation) sont liés à chaqueentreprise individuellement. La généralisation d’un outilde mini-audit par rapport à l’action «to print or not toprint» permettra une évaluation à ce sujet.

Parallèllement à cela, des enquêtes de comportementpeuvent être menées. Ainsi, une première enquêtemenée en 2003 (par Sonecom) nous donne de pre-mières indications quant aux comportements des em-ployés dans les bureaux :

Au travail, lors d’activités de bureau, faites-vous … ? Toujours/souvent Jamais

Trier les déchets de papier 68% 19%

Limiter l’impression de documents 36% 30%

Imprimer recto/verso 34% 36%

Photocopier recto /verso 35% 30%

Corriger à l’écran plutôt que sur papier 58% 20%

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Si ces résultats semblent confirmer que le tri du papier est une pratique plus répandueque l’éco-consommation dans les bureaux, les chiffres absolus sont cependant à prendreavec précaution : ils ne concernent que les déclarations de 300 personnes.Par comparaison, selon les chiffres du collecteur de déchets Agence Bruxelles-Propreté,seuls 40% de leurs contrats commerciaux avec les entreprises incluent la collecte despapiers/cartons triés ! Il semble donc y avoir encore beaucoup de travail à accomplirmême à ce niveau.

Pour l’évaluation des actions préventives proprement dites, on se référera plutôt àl’évolution de ces chiffres de comportement dans le temps, auxquels on ajoutera lesrésultats entreprise par entreprise des actions réalisées.

2.6. PERSPECTIVES

L’IBGE dispose actuellement d’une dizaine d’années d’expérience en actions de préventiondes déchets.

Ces actions, démarrées timidement dans le cadre du 1er plan déchets (centré surtout surle tri), se sont intensifiées dans le cadre du 2ème plan déchets, et exploitent des perspectivesplus larges dans le cadre du 3ème plan déchets.

Ces perspectives sont issues d’une réflexion dépassant la prévention des déchets sensustricto (la prévention en poids) pour s’intéresser à la surconsommation, à la limitation desressources et à l’équité entre le Nord et le Sud.

Cela implique de nouveaux axes d’action, dénonçant, par exemple, la publicité ou lesphénomènes de mode. Ainsi, il s’agit d’éduquer – et ce dès le plus jeune âge – les gens àla publicité et à la notion de besoins. Il s’agit aussi de «dématérialiser», de répondre à unmême besoin avec autant d’efficacité mais en consommant moins de ressources et enproduisant moins de déchets.

Faire réfléchir aux besoins, agir sur la façon dont chacun satisfait ses besoins : voilà doncles nouveaux défis qui auront un impact à la fois sur la limitation des déchets produits,mais plus en amont sur la préservation des ressources.

Ces défis sont d’ampleur : ils nécessitent du temps et des moyens.

En 10 ans, la conscientisation à la problématique environnementale, et plus particulièrementaux déchets, a favorablement évolué.Mais entre l’évolution de la conscientisation et le passage à l’acte, il y a encore une marge :les gens sont conscients, informés, mais n’agissent pas OU TROP PEU !

Il y a là des défis par rapport aux stratégies de communication mises en œuvre. De là toutl’intérêt des échanges et partages d’expériences.

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TROISIÈME PARTIE

ACTIONS DE MUNICIPALITÉS ETDE RÉGIONS EUROPÉENNESEN MATIÈRE DE PRÉVENTION

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3. ACTIONS DE MUNICIPALITÉS ET DE RÉGIONS EUROPÉENNESEN MATIÈRE DE PRÉVENTION

3.1. MOYENS D’ACTION DES MUNICIPALITÉS ET RÉGIONS EUROPÉENNESPOUR ÉVITER LA PRODUCTION DES DÉCHETS

3.1.1. CHANGEMENT DE PRIORITÉ DANS LA POLITIQUE EUROPÉENNE :DES DÉCHETS AUX RESSOURCES

Les pouvoirs locaux et régionaux ont pour mission de mettre en œuvre les politiques degestion des déchets. Leur rôle s’est modifié pour s’adapter au changement d’approche dela politique européenne. L’accent s’est déplacé de la gestion des déchets, en aval, versl’amont et la gestion durable des ressources naturelles. Il est vrai que face à la productioncroissante de déchets, la politique communautaire des déchets a fixé des objectifs derecyclage de plus en plus contraignants ainsi que des normes de gestion des déchetsplus sévères.

3.1.2. LES MUNICIPALITÉS DOIVENT MAINTENANT S’OCCUPER DES MODESDE CONSOMMATION ET DE PRODUCTION

Les pouvoirs locaux et régionaux doivent modifier leurs pratiques de gestion des déchetss’ils veulent rencontrer les objectifs de l’UE. Plutôt que de traiter des déchets mélangés, ils’agit maintenant de collecter des déchets préalablement triés destinés au recyclage.L’amélioration du tri est indispensable pour atteindre des taux de recyclage plus élévés etpour diminuer les coûts. Or cela ne peut se faire sans la participation des citoyens. Etencore le recyclage à lui seul ne semble pas suffire pour endiguer la prolifération desdéchets. A la fin de cette chaîne qui part de la production pour finir au déchet, lesmunicipalités doivent gérer les conséquences de nos modes de production et de consom-mation actuels. C’est pourquoi leur attention se porte également sur l’origine du déchet :l’acte de consommation. Afin de prévenir la production de déchets, il convient donc detenir compte non seulement des comportements de consommation, mais aussi des modesde vie.

De toute évidence, les municipalités ne peuvent relever seules un tel défi.Il faut cependant souligner leur rôle dans la gestion durable des ressources naturelles.Les pouvoirs locaux et régionaux, qui sont en contact direct avec le citoyen, disposentd’atouts majeurs :• en tant qu’interlocuteurs privilégiés du citoyen, ils sont en mesure d’infléchir l’évolution

culturelle;• ils peuvent développer les instruments juridiques, économiques et volontaires de la gestion

des ressources et des déchets;• ils peuvent servir d’intermédiaire entre tous les acteurs de la chaîne de production et de

consommation au niveau local : consommateurs, industries, ONG et entreprises d’écono-mie sociale.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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3.1.3. POSSIBILITÉS D’ACTIONS POUR LES AUTORITÉS LOCALES ETRÉGIONALES

Les autorités locales et régionales disposent de tout un éventail d’actions en matièred’approches volontaires, et plus particulièrement du côté de la demande. Malgré leurscontextes politiques et culturels très divers, des approches semblables peuvent apparaîtredans différentes villes et régions de toute l’Europe. Les initiatives décrites ci-après sontregroupées par objectif de changements poursuivis :• sensibiliser aux conséquences des modes de vie;• soutenir les changements de modes de vie;• encourager les changements de comportements de consommation;• promouvoir certaines pratiques de gestion des déchets.

3.1.3.1. Sensibiliser aux conséquences des modes de vie

Les modes de vie, s’ils résultent de choix individuels, n’en ont pas moins des conséquencescollectives, notamment par la production croissante de déchets et par la dégradation del’environnement.Les modes de vie déterminent dans une large mesure la consommation d’une série deproduits qui ne participent pas directement à la satisfaction de besoins fondamentaux(nourriture, abri, logement, eau et assainissement, soins de santé). Une bonne partie dela consommation des pays occidentaux est consacrée au plaisir, aux loisirs, au confort,au divertissement et à la représentation sociale. Les loisirs, l’éducation, l’habillement, lessoins personnels ainsi que la maison et l’intérieur comptent pour un tiers dans le contenude nos poubelles1.

Sans avoir à intervenir dans les choix privés, il semble cependant légitime que les autoritéslocales et régionales (ALR) s’interrogent sur les besoins réels sur lesquels est basée laconsommation et puissent illustrer le fait que différents styles de vie sont possibles avecdes impacts très différents sur l’environnement.

Il s’agit en particulier d’informer sur les limites à la croissance économique, sur l’opportunitéde consommer certaines ressources plutôt que d’autres – compte tenu de leur caractèrelimité ou illimité, renouvelable ou non renouvelable, polluant ou non – et sur les possibilitésd’atteindre un même niveau de vie et de bien-être tout en consommant moins de ressourcesmatérielles et/ou énergétiques.

Les actions peuvent prendre la forme de :

1. L’empreinte écologique illustre l’impact des comportements individuels surl’environnement global

2. Impliquer les citoyens dans les choix politiques et leur mise en oeuvre3. Sensibiliser le public grâce à des actions à grand retentissement

1 SITA Environmental Trust, Rubbish – or Resources, Green Futures Special Feature, July/August 2002.

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3.1.3.2. Soutenir les changements de mode de vie

Provoquer une prise de conscience de l’impact des modes de vie sur la production dedéchets et sur la consommation des ressources naturelles est nécessaire. Cependant,encourager le changement dans cette voie implique une profonde remise en question deschoix quotidiens les plus courants et représente un défi culturel pour la société urbaine.Les ALR sont souvent confrontées à une forte résistance au changement dans ce domaine.D’autre part, le changement des modes de vie pourrait non seulement contribuer à protégerl’environnement au niveau mondial, mais aussi à améliorer le bien être au niveau local.Accroître les interactions sociales, développer les compétences personnelles et la créativitépeuvent contribuer à réduire la détresse et la solitude, le chômage et peut-être la violenceet le crime, voire même aider les citoyens à chercher à changer.

Afin d’aider les particuliers à changer leurs modes de vie et leurs comportements, lescommunes peuvent :

4. Remettre en question les besoins des consommateurs et promouvoir laconsommamation immatérielle

5. Encourager le remplacement des produits par des services6. Prendre des mesures en faveur de la dématérialisation7. Éduquer les enfants pour qu’ils deviennent de futurs consommateurs responsables

3.1.3.3. Encourager les changements de comportement de consommation

Grâce à une information croissante, les citoyens sont de plus en plus conscients des en-jeux environnementaux. Pourtant, le nombre de consommateurs qui achètent des produitsà faible impact environnemental reste réduit.La réticence à la consommation de biens et de services durables peut provenir de ce que:• Les produits durables sont généralement moins vendus et donc plus chers que leur

alternative non-durable.• Acheter des produits durables demande plus d’efforts qu’acheter leur correspondant

non-durable. Souvent, les consommateurs manquent d’information pour les aider àidentifier ces produits2.

• L’image des produits et services durables est négative, en comparaison des produits etservices non-durables. Pour beaucoup de consommateurs, le développement durableet l’écologie évoquent des problèmes, des limitations, une pénurie et des économies, cequi heurte leur perception de la qualité de vie.

• Les informations sur la durabilité des produits ne répondent pas aux besoins spécifiquesde ceux qui suivent les modes.

2 MacCain Erickson, Pulse Study, in European Association of Communication Agencies, World Federationof Advertisers, United Nations Environment Programme, Industry as a partner for sustainable development– Advertising, 2002

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La réticence à adopter des comportements durables peut être due au fait que :• Beaucoup de consommateurs n’ont pas de vision pratique des choix et comportements

plus durables; ils ont besoin d’un accompagnement clair du gouvernement, de l’industrieet des médias3.

• Changer son comportement quotidien demande souvent beaucoup d’efforts.• La plupart des consommateurs n’ont pas intégré le développement durable dans leur

réflexion.• L’attention du public pour les questions écologiques diminue.• Pour la plupart des consommateurs, les principaux aspects de la «qualité de vie» sont la

santé, la liberté de choisir, la sécurité, le luxe et le confort. L’environnement est secondaire.

De plus, les entreprises, et plus particulièrement les PME, manquent souvent d’incitantspour fournir des produits durables. Et les gouvernements ont peu d’incitants pour promou-voir le comportement durable.

Une étude danoise (mai 2002) a révélé que les consommateurs ont besoin d’un labelécologique et d’une information environnementale pour s’y retrouver dans leurs décisionsd’achat.

Consommateurs :• 59% des hommes et 68% des femmes déclarent vouloir donner la priorité aux consi-

dérations écologiques quand ils achètent des produits électroniques, pour autantque ceux-ci soient porteurs d’informations environnementales ;

• 50% n’ont pas une vision claire de l’impact sur l’environnement des PC ou des appareilsde radio et de télévision. Environ 1 personne sur 3 pensait que la production, l’utilisationet la mise au rebut des produits électroniques n’ont pas d’impact sur l’environnement(!) ;

• 33% paieraient plus cher pour un produit moins nocif pour l’environnement ;• 58% s’informent dans les magasins.

Détaillants :• Plus de 50% ignorent quel est l’impact sur l’environnement des équipements électroniques

qu’ils vendent. Ils pensent qu’il n’y a pas de demande de la part des consommateurspour des produits électroniques écologiques4.

Les consommateurs sont peut-être prêts à changer leur comportement. Mais ils ont besoind’aide pour orienter consciemment leurs choix vers des produits plus respectueux del’environnement et pour générer ainsi une demande suffisante pour que les producteursadaptent leur offre.

3 ibid4 Danish Environmental Protection Agency http ://www.mst.dk/homepage/

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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Les éco-labels sont un outil utile, qui aide les consomma-teurs à identifier et à acheter les produits durables. Ilsexistent au niveau de l’UE et de différents Etats membres,mais on les connaît encore trop peu et on ne les rencontreguère sur les produits. L’écolabel européen pourraitintéresser les consommateurs car il est identique dans tousles pays. Un nombre croissant de produits bénéficient de laFleur UE, notamment des chaussures, du papier toilette oudes matelas. Ce qui n’empêche que ce label souffre toujoursd’un manque de visibilité. Les ALR peuvent contribuer àdévelopper un marché pour les produits européensécolabélisés :

• en privilégiant ces produits dans les marchés publics ;• en informant les consommateurs et en les encourageant à utiliser leur pouvoir d’achat

et «voter avec leur porte-monnaie», afin de soutenir la demande de produits portantl’éco-label.

Les autorités locales et régionales tentent de soutenir les consommateurs dans leurschoix de produits et dans leur adoption de comportement positif. Il s’agit de:

8. Promouvoir les produits écologiques dans les magasins9. Récompenser les choix de consommation durables10. Suivre les progrès vers une consommation durable11. Eduquer à utiliser de manière rationnelle12. Encourager la réparation et la réutilisation13. Montrer l’exemple par les achats publics écologiques

3.1.3.4. Promouvoir des pratiques différentes de gestion des déchets

Quand un consommateur ne souhaite plus utiliser un produit, celui-ci se transforme endéchet. Pourtant, sa vie n’est peut-être pas terminée. Prolonger la vie des produits ettrouver des débouchés aux matériaux obtenus à partir des produits en fin de vie, sont desalternatives qui contribuent à réduire la quantité ultime de déchets qui devront être traitéspar les ALR. Aujourd’hui, la plupart des pouvoirs publics ont mis en place des systèmesde collecte sélective pour les flux de déchets spécifiques, et ils organisent des campagnesintensives d’information pour les soutenir. Ces actions de gestion des déchets rapprochentles ALR des consommateurs et des industriels. Elles sont l’occasion d’amener le secteurprivé à adapter la conception de ses produits. Elles sont aussi un moyen pour les ALRd’influencer la demande de produits recyclés.

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Les ALR peuvent adopter différentes approches :

14. encourager le compostage à domicile des déchets organiques15. réduire la demande des entreprises pour des matières premières vierges16. trouver des débouchés pour les produits et matériaux recyclés des entreprises17. développer des partenariats avec l’économie sociale

3.2. CATALOGUE DE BONNES PRATIQUES MUNICIPALES ET RÉGIONALESPOUR PROMOUVOIR LA CONSOMMATION DURABLE, LA PRÉVENTIONDES DÉCHETS ET LE RECYCLAGE

La section suivante présente une série d’initiatives élaborées par les autorités locales etrégionales afin d’encourager la consommation écologique, la prévention des déchets et lerecyclage. Bien que les pays qui ont développé ces initiatives connaissent des contextespolitiques et culturels différents, ils ont cependant élaboré des approches semblables, cequi permet de les regrouper en fonction des objectifs poursuivis.

Cet ensemble de bonnes pratiques vise à fournir une base de réflexion, où les experts engestion des déchets et les représentants politiques des pouvoirs locaux et régionauxpourront puiser leur inspiration et trouver matière à réflexion.

3.2.1. SENSIBILISER AUX CONSÉQUENCES DES MODES DE VIE

3.2.1.1. L’empreinte écologique illustre l’impact des comportements individuels surl’environnement global

Malgré une prise de conscience environnementale croissante, les habitants des paysindustrialisés ont du mal à concevoir leur responsabilité propre dans la dégradation del’environnement local et mondial. Les ALR ont un rôle éducatif important et doivent aiderles citoyens à comprendre les répercussions de leurs comportements individuels sur lesproblèmes de l’environnement local et planétaire.L’empreinte écologique constitue un indicateur utile à cet effet. Cette méthode permetaux institutions de comprendre leur situation telle qu’elle est et les implications de leurschoix politiques. L’empreinte écologique traduit des informations scientifiques complexesen des termes relativement simples. Elle permet de saisir la relation entre la consommationhumaine et l’environnement naturel, et de relier perspective mondiale et perspective locale.Les Pays-Bas, la région de Trêves en Allemagne, Toronto, l’île de Wright, le Pays deGalles, la Finlande et la Suède ont été les pionniers de cette méthode. En 2002, Londresa calculé avec beaucoup de précision son empreinte écologique. Cette étude sert deréférence pour l’élaboration des politiques de Londres, en matière de développementdurable.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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Le projet “De Mondiale Voetafdruk”, réalisé par différentes communes néerlandaises,illustre l’utilisation de l’empreinte écologique en tant qu’outil de communication importantpour les pouvoirs publics. Beaucoup d’autres institutions utilisent l’empreinte écologiqueau niveau national, régional ou local.

Bonnes pratiques :

• Londres : mesurer l’impact de la ville sur l’environnement• Villes néerlandaises : comparaison entre municipalités

3.2.1.1.1. Londres : mesurer l’impact de la ville sur l’environnement

Le City Limits Report (Rapport sur les Limites de la Ville) a été lancé le 10 septembre2002 par le maire de Londres.Il révèle que chaque Londonien a une empreinte écologique de 6,63 hectares globaux(gha). Ce qui représente plus de trois fois la part des ressources qui lui revient sur Terre.Les principaux facteurs qui pèsent sur l’empreinte écologique des Londoniens sont lesmatériaux et les déchets, ainsi que l’alimentation. L’énergie, les transports et l’eau inter-viennent relativement peu. Le papier et les plastiques sont les éléments les plus marquantsdans l’empreinte concernant les matériaux et déchets. Par exemple, les Londoniens con-somment, chaque année, 94 millions de litres d’eau minérale. Ce qui engendre 2 260tonnes de déchets de plastique.

Londres est la première grande ville britannique qui mesure saconsommation de ressources et son empreinte d’une façon aussidétaillée. Le City Limits Report décrit tous les schémas de con-sommation et de déchets qui contribuent à l’empreinte desLondoniens, et il suggère des possibilités de scénarios pour ré-duire leur impact dans le futur.Il montre que si les Londoniens persistent dans leur comportementactuel, les déchets ménagers augmenteront de 3% chaque

année. D’ici 2020, les ménages auront produit 5 672 000 tonnes, en comparaison des3 400 000 tonnes en 2000. Même si les objectifs de recyclage cible sont atteints, celasignifie la mise au rebut de 3 628 000 tonnes - une quantité supérieure à celle mise endécharge en 2000. Même si des taux de recyclage plus importants sont réalisables, lerapport préconise un autre objectif politique, à savoir des efforts accrus pour la réductionà la source des déchets. Le transport d’aliments, l’électricité et le transport des particulierssont également examinés dans des scénarios futurs.

Ken Livingstone, le maire de Londres, déclare :«J’accueille cette initiative à bras ouverts, car ce sera une contribution importante autravail des autorités du Grand Londres. L’analyse des flux de ressources et le calcul del’empreinte écologique de Londres fourniront un contexte de base crucial au développementde mes stratégies. Il s’agit d’un travail révolutionnaire et je suis heureux que les autoritésdu Grand Londres contribuent à l’étude. Mon projet est que Londres devienne l’exemple

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d’une ville mondiale durable. L’empreinte écologique est un instrument vital que nouspouvons utiliser pour mesurer nos progrès vers la réalisation d’un avenir durable».

L’initiative City Limits a été lancée en septembre 2002. Le site Internet qui lui est consacrépermet de télécharger le rapport complet de l’étude et les fichiers de données. Il comprendégalement un outil interactif pour le calcul de l’impact de nos styles de vie.

Pour plus d’informationshttp ://www.london.gov.uk/GLAhttp ://www.citylimitslondon.com

3.2.1.1.2. Villes néerlandaises : comparaison entre municipalités

Le projet «De Mondiale Voetafdruk» (l’empreinte mondiale) a été développé dans 8 villesnéerlandaises, en 2000 et 2001. Ce projet, financé par les autorités nationales et certainesautorités provinciales, a aidé ces villes à organiser des expositions itinérantes, à développerun site Internet, à distribuer des documents et des dépliants, à organiser des réunions dediscussion et à entamer des débats, au cours de rencontres spéciales, en soirée ou dansles écoles. Le calculateur automatique de l’empreinte, disponible sur Internet, a aussipermis aux organisateurs de compiler des données et de comparer les empreintesmoyennes, enregistrées dans plusieurs villes.

Ces événements ont donné une impulsion à d’autres initiatives, développées par desmunicipalités, des ONG et des entreprises. Le Conseil national des jeunes pour l’environne-ment et le développement (Nationale Jongerenraad voor Milieu en Ontwikkeling), parexemple, a lancé un pari positif avec les politiciens, en vue de réduire leur empreinteécologique.

Pour plus d’informationshttp ://www.voetenbank.nl/home.htm

3.2.1.2. Impliquer les citoyens dans les choix politiques et leur mise en oeuvre

Les politiques locales influencent très directement la vie des citoyens. Un défi importantpour les déideurs locaux est de faciliter l’accès des citoyens au processus de prise dedécision politique de leurs villes. Beaucoup de pouvoirs locaux et régionaux organisentune consultation de leurs électeurs à propos de leurs projets politiques. Le processus deconsultation de Milton-Keynes montre comment on peut progressivement impliquerdavantage les citoyens dans la préparation des programmes de gestion des déchets. Ilillustre l’importance des organisations de la société civile, à vocation écologique ou non,en tant que relais d’opinions. En Belgique, la Région flamande a bien compris cela etimplique des intermédiaires, telles des associations de consommateurs, en guise de relaisde discussion avec les citoyens.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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Bonnes pratiques :

• Milton-Keynes : les principaux acteurs et les enfants expriment leur pointde vue

• Région flamande : des intermédiaires pour l’échange d’informations avecles citoyens

• Gembloux, Oupeye et Havelange en Région wallonne font participer leurscitoyens à leur plan de prévention des déchets

3.2.1.2.1. Les principaux acteurs et les enfants expriment leur point de vue àMilton- Keynes

• Premier tour de consultationsEn septembre 1998, le conseil municipal de Milton-Keynes a dû lancer un processusconsultatif à propos de sa nouvelle stratégie en matière de déchets. Celui-ci s’avéraitnécessaire, étant donné que le conseil municipal venait d’être chargé de la collecte etde l’élimination des déchets. Le gouvernement britannique recommandait d’intégrer la ggestion des déchets dans une stratégie globale, s’inscrivant dans l’«Agenda 21 local»(la stratégie locale intégrée pour un développement durable). La consultation des citoyenset des groupes de parties prenantes est un élément essentiel du processus de mise enplace des stratégies intégrées, et notamment de l’Agenda 21 local.

Cette première période de consultation a duré près d’un an. La première stratégie deMilton-Keynes en matière de déchets a été publiée en juillet 1999, et elle portait sur lapériode 2000-2010. Toutefois, une procédure d’examen s’est avérée nécessaire dès2001 en raison de nouveaux objectifs nationaux, des derniers indicateurs qualitatifspour les services liés aux déchets, du lancement de nouveaux contrats, des résultatsd’un audit détaillé réalisé montrant des tendances alarmantes, et d’une multiplicationprobable des obligations en matière de déchets.

• Processus consultatif des grands groupes d’intérêtEn janvier 2002, un projet de consultation a été envoyé à une liste de parties prenanteset de consultants, et les commentaires étaient attendus jusqu’à la fin mars. En février,une conférence, comprenant trois petits ateliers, a été organisée. Les participants auxateliers ont examiné les principaux aspects des actions à court et long terme. Les résultatscomplets sont publiés sur Internet ou disponibles sur papier, sur simple demande; ilssont également résumés dans une annexe à la stratégie finale en matière de déchets.

• Résultats de la consultationLa consultation a révélé que les mesures à court terme proposées dans le projet étaientfermement soutenues, en particulier la limitation des déchets. Beaucoup de participantsestimaient même qu’elles devraient être renforcées. Ils préconisaient également lerecyclage hebdomadaire, le lancement d’un programme de compostage à domicile etplus de formation. Le concept «zéro déchets» a été évoqué pendant la consultation, etil a été choisi comme devise de la stratégie, aujourd’hui, la stratégie Zéro Déchets.

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Les personnes interrogées se sentaient moins à l’aise pour les actions à long terme.Leurs opinions divergeaient quant à la manière de traiter les déchets résiduels, aprèsmaximisation du recyclage et du compostage. Les résidents étaient préoccupés parl’impact des traitements thermiques sur la santé et la sécurité, et ils estimaient manquerd’informations sur l’impact des technologies disponibles. Les questions relatives auxdécharges de pneus et au recyclage dans les appartements étaient aussi une source depréoccupation.

• Point de vue des enfants sur la gestion des déchetsCe type de processus consultatif touche principalement les experts, les grands acteursde la société, alors que les citoyens individuels ont peu d’occasions de s’exprimer. Pourtenter d’y remédier, une initiative a été lancée par les enfants, baptisée «CommonwealthCommon Waste» . En juillet 2002, les écoliers ont tenu une assemblée des «chefs degouvernement du Commonwealth des écoliers», pour étudier le problème des déchetset la manière de les traiter dans les différentes parties du Commonwealth. Ils ont demandéque leurs conclusions de la journée soient insérées dans la consultation. Cette initiativea clairement contribué à sensibiliser les enfants aux problèmes de la gestion des déchets,non seulement dans leur ville, mais aussi dans leur pays. Elle a aussi élargi leur vision etconféré une perspective mondiale au problème. À noter que leurs conclusions montrentqu’ils ont compris les disparités entre le style de vie des pays riches et pauvres, et lamanière dont cela influence la production respective de déchets.

Pour plus d’informations :Milton-Keynes Council – Mme Gill KingCivic Offices - 1 Saxon Gate East - Milton Keynes MK9 3 HN, UKTel. +44.19.08.22.70.70- Fax : +44.19.08.25.24.72 - [email protected] ://www.mkweb.co.uk/waste

3.2.1.2.2. Des intermédiaires pour l’échange d’informations avec les citoyens enRégion flamande

Les organisations de consommateurs, les ONG et les entreprises publiques peuvent servird’intermédiaires pour relayer le message de la consommation durable et de la préventiondes déchets. Le STIP (centre d’information sur la prévention des déchets mis en placepar la Région flamande de Belgique) s’adresse directement à ces groupements d’acteurs,avec trois objectifs :- diffuser l’information- travailler en réseau- faire remonter l’information vers les décideurs politiques

Le STIP diffuse des informations sur les produits réutilisables et respectueux de l’envi-ronnement au moyen de deux bulletins d’information, de son site Internet et de son serviced’assistance. Il propose également un guide des marchés publics.Le STIP organise des journées d’étude et des ateliers à l’attention des membres desdifférentes organisations intermédiaires (p.ex. de consommateurs, d’entreprises, etc.) surdes thèmes particuliers tels que les couches-culottes réutilisables, l’éco-efficacité, lesévénements et manifestations respectueux de l’environnement, etc.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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Le STIP réalise aussi des projets pilotes en coopération directe avec les organisations deconsommateurs en vue de diffuser les résultats à l’utilisateur final.

Par exemple, l’utilisation de tasses réutilisables est activement promue dans les établis-sements publics tels que les hôpitaux ou les écoles et dans le secteur touristique.

Les organisations de consommateurs sont très demandeuses d’activités et d’informationspratiques.

Le STIP a également préparé une banque de données qui reprend les initiatives et actionsde prévention des déchets dans le but de relier tous les acteurs de la prévention desdéchets.Ces activités sont très populaires : il y a en moyenne 2400 abonnés à au moins l’un desbulletins d’information, une centaine de participants à chaque conférence, les ateliers de25 personnes travaillent à guichet fermé, environ 1100 personnes visitent le site Internetchaque mois et quelque 230 questions par an sont adressées au centre d’assistance.

Pour plus d’informations :OVAM - M. Peter LonckeStationsstraat 110 – B-2800 MechelenTél : +32.15.284.181 - [email protected]

3.2.1.2.3. Gembloux, Oupeye et Havelange en Région wallonne impliquent lescitoyens dans leur plan de prévention des déchets

Selon un Décret régional de 1991, les villes wallonnes doivent s’acquitter envers la Régiond’une taxe si elles dépassent un seuil de production de déchets. D’année en année, lepoids maximum admissible diminue tandis que la taxe augmente, ce qui constitue unemotivation forte pour s’atteler à la prévention des déchets. Plusieurs communes de laRégion wallonne en Belgique ont donc mis en œuvre des plans de prévention couronnésde succès et qui s’enorgueillissent de résultats concrets. Certaines de ces communes ontbénéficié de l’aide d’une association régionale expérimentée, «Espace Environnement».

• Gembloux invite ses habitants à signer un formulaire d’engagementA Gembloux, le plan de prévention adopté en 2002 vise à- réduire les quantités de déchets pour devenir la commune wallonne «qui produit le

moins de déchets ménagers, triés ou non»;- réduire la pollution (dépôts sauvages, incinération à l’air libre);- ralentir l’augmentation des coûts pour les ménages en diminuant l’impact sur l’envi-

ronnement;- faire contribuer les ménages au principe du pollueur-payeur;- donner l’exemple dans le secteur public.

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Un groupe de coordination suit la réalisation du plan de prévention. Il comprend l’échevinde l’environnement, le service municipal de l’environnement, un représentant de l’orga-nisation intercommunale chargée de la gestion des déchets et des représentants del’association Espace-Environnement.La mise en œuvre du plan passe par- la réduction des déchets d’emballage;- la réduction des déchets générés par les services communaux;- la promotion du compostage à domicile;- le développement de programmes d’éducation scolaire;- le développement de partenariats locaux.

Afin de garantir le succès du plan de prévention, la commune s’appuie fortement sur laparticipation de ses habitants. Pour lancer le plan, elle a commencé par une campagnede sensibilisation de quatre mois. Les citoyens participent à des degrés divers, les plusmotivés d’entre eux se rencontrant au sein du groupe de sensibilisation pour discuter etaméliorer les actions en cours et pour soumettre de nouvelles propositions. D’autrespeuvent se porter volontaires pour commencer à composter chez eux. Tous les intéresséssont invités à formaliser leur participation en complétant un formulaire avec leurs nomset adresse. Ce procédé permet à la commune d’identifier les habitants les plus motivés.Ils serviront plus tard d’intermédiaires dans les actions de prévention des déchets. Lasignature de ce formulaire permet aux citoyens de manifester leur soutien à la politiquelocale.

• Facteurs ayant contribué à la réduction impressionnante des déchets à OupeyeLe commune d’Oupeye fut la première commune wallonne à réaliser un plan de préventiondes déchets en 1997. Ce plan a permis de diminuer de 61% les déchets produits entrejuillet et septembre 1999 par rapport à la même période en 1998.Dans un rapport ADEME5 récent, la commune livrait ses 9 clés de la réussite :- éviter toute ambiguïté concernant le concept de prévention : priorité à la consommation

verte, ensuite réutilisation, puis tri, et enfin élimination des déchets;- faire de la prévention l’affaire de tous : administration communale, ménages, entre-

prises, associations, écoles ; pour chaque groupe cible, des «groupes intermédiaires»ont été créés, qui doivent relayer les actions et sensibiliser les membres de leur groupe;

- communiquer quant aux actions locales : conférences, actions en petits groupes,dans le voisinage, etc.;

- montrer le bon exemple et maintenir les efforts de communication afin de toujoursproposer des alternatives aux administrés;

- envisager des incitants financiers initiateurs de changement (taxes pour les mauvaisélèves, aides pour les bons élèves);

- accompagner tout changement important par une campagne d’information d’envergure- allouer les moyens appropriés pour rencontrer les objectifs : le budget de prévention

doit être vu comme un investissement ; le budget annuel de prévention d’Oupeyeétait de 25.000 Euros/an entre 1997 et 1999, et un conseiller spécial a été engagépour gérer le plan de prévention des déchets;

5 Genty B., Prévention de la production des déchets – exemples de politiques locales menées en Europe,ADEME Editions, Angers 2004.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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- développer des outils de contrôle et prendre le temps nécessaire pour atteindre lesobjectifs;

- proposer une réglementation adéquate visant à généraliser les comportements deprévention.

• Les habitants d’Havelange formulent des propositions de prévention des déchetsLa commune d’Havelange a décidé de prendre à bras le corps la prévention des déchetsà la source et n’a pas souhaité souscrire au système « Point vert» belge. En 1998, pourpréparer la rédaction de son plan de prévention des déchets, la commune a demandé àl’association «Espace Environnement» de procéder à un audit des déchets. Suite à unegrande campagne d’information, la commune a organisé des réunions avec la populationet les associations locales, et constitué 4 groupes de travail : Écoles, Sensibilisation,Commerces et Guide du compostage. Une réduction de 10 kg de déchets par habitant aété atteinte dès la fin de l’année. Un an plus tard, la production de déchets diminuait de53%. Le coût de l’opération, qui s’élevait à 50.000 Euros pour 1998 et 1999, se voitcompensé par des économies de gestion des déchets, d’un montant de 37.500 Eurosrien que pour 1999. En mars 2001, la production de déchets par habitant était estimée à142 kg par habitant. Les clés du succès se trouvent sans doute dans le solide processusde consultation concomitant à l’élaboration du plan de prévention, les sacs-poubellespayants et la possibilité de proposer de véritables alternatives6.

3.2.1.3. Sensibiliser le public grâce à des actions à grand retentissement

Films et expositions évoquent généralement l’art, la beauté et la culture. Ces instrumentspopulaires et universels offrent un moyen intéressant de communiquer sur des sujetsimpopulaires tels que les déchets. Il n’est pas rare de rencontrer des expositions présentantdes créations à base d’ordures ménagères. Cependant, certaines communes, telles que Turinet Charleroi, vont bien plus loin dans la mise en place d’expositions permanentes à des finséducatives. La province de Bergame, pour sa part, a choisi de communiquer par des films.

Bonnes pratiques :

• Turin : Exposition pour percevoir les déchets comme ressources plutôtque comme ordures

• «Charleroi propre et sans déchets» : un mois de sensibilisation à laprévention.

• Province de Bergame : concours entre pouvoirs locaux et films sur laprévention des déchets

6 Genty B., Prévention de la production des déchets – exemples de politiques locales menées en Europe,ADEME Editions, Angers 2004.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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3.2.1.3.1. Turin : exposition pour percevoir les déchets comme des ressourcesplutôt que comme ordures

La municipalité de Turin a créé une exposition permanente, intitulée «R come… refuti»(D comme … déchets). L’exposition s’adresse aux élèves des écoles primaires etsecondaires. Elle se concentre sur les problèmes de déchets dans la ville de Turin. Ellevise, en outre, à modifier l’attitude des enfants vis-à-vis des déchets pour qu’ils lesconsidèrent plutôt comme des ressources. Des visites guidées sont organisées pour lesclasses, pendant la semaine. Le dimanche, l’exposition est ouverte aux familles.

La mascotte de l’exposition s’appelle «R», et elle guide les enfants parmi de superbesvitrines, interactives et ludiques, qui présentent différents problèmes liés aux déchets etaux ressources. Par exemple, les enfants peuvent soulever des sacs contenant soit desdéchets non triés, soit divers types de déchets triés. Ils comprennent rapidement l’intérêtdu tri : les sacs contenant les déchets triés sont beaucoup plus légers. Ils montrentsymboliquement pourquoi le tri des déchets peut réduire leur pression sur l’environnement.L’exposition présente les différents systèmes de collecte et les installations de traitementdes déchets, qui existent à Turin. L’intérêt du recyclage, en tant que moyen de fournir desmatériaux secondaires et d’économiser les ressources, est expliqué au moyen d’exemplesconcrets, par exemple, une installation miniature qui présente le tri du PET et le processusde déchiquetage. Une section est consacrée à la prévention des déchets d’emballages.Les enfants peuvent aussi faire leurs courses dans un mini-supermarché, pour tenter d’ychoisir les produits qui limitent les déchets. La visite de l’exposition est complétée par desactivités pratiques destinées aux enfants et basées sur la réutilisation des déchets.

Pour plus d’informations :AMIAT - M. Alberto PAGLIERO - Dirretore Servizi OperativiVia Germagnano, 50I-10156 TORINOTél.: +39 011 222 36 03 – Fax: +39 011 222 36 04 - [email protected]://www.comune.torino.it/musei/erre_come/

3.2.1.3.2. «Charleroi propre et sans déchets» : un mois de sensibilisationà la prévention

Fort du succès rencontré en 2002, l’Echevin de l’Environnement, de la Propreté et del’Ecologie Urbaine a réédité l’initiative en partenariat avec l’ICDI. Cette action, intitulée«Balayons nos mauvaises habitudes», a duré un mois. De nombreuses activités ont étéproposées aux habitants :- L’exposition «Immunditia» présentée dans le hall de la Maison Communale de Marcinelle

a vu défiler plusieurs milliers de curieux qui se sont laissés prendre à la poésie de cesvêtements «made in déchets»;

- L’exposition «La Terre, mode d’emploi», prêtée par l’Association des Cités et Régionspour le Recyclage (ACRR), a accueilli près de 3.500 visiteurs. Pour compléter les visitesguidées, l’ICDI a organisé un atelier du tri des déchets (du papier au départ des embal-lages de boissons, jeu de la maison du tri, découverte des cycles de recyclage des

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matériaux, etc.), ainsi qu’un atelier de prévention des déchets («dégustation» d’eau durobinet, jeu du «caddy futé», etc.). L’exposition fut complétée par l’adjonction de vitrineset de «couvercles-poubelles», un jeu de questions/réponses basé sur des chiffres frap-pants en matière le gaspillage des ressources, de coût de l’eau, de statistiques de gestiondes déchets à Charleroi, etc.;

- Les conférences, combinées avec l’inauguration, en soirée, des deux expositions, furentune réussite. Des experts y ont commenté le «développement durable» selon troisaxes : le commerce équitable, le réchauffement de la planète et les pratiques domestiquesqui contribuent à la pollution urbaine. 250 personnes ont participé aux trois soirées deconférence;

- Le week-end spécial sur la place de l’Hôtel de ville a attiré nombre de familles, qui ontassisté à un spectacle de marionnettes écrit pour l’occasion «Le vœu du chevalierImmondo Pollu». Quelque 2.500 personnes ont participé à un rallye, sans compter lesnombreux spectateurs qui ont parcouru les différents stands et qui ont ainsi pu découvrircomment les déchets sont recyclés, comment composter, comment graver sur le verre,comment déguster l’eau du robinet, comment réparer des appareils électriques ménagers,etc. Pendant ce temps, des comédiens déambulaient dans la zone piétonnière pourinterpeller les passants quant aux problèmes des déchets au moyen de scénettes satiriques.

L’action «Achats futés, déchets limités» a été relancéelors du mois de prévention des déchets dans différentsgrands magasins de la région. Il s’agit, dans cette opéra-tion, de fixer des étiquettes sur les produits qui génèrentmoins de déchets d’emballage. Elle est renforcée par desexplications directes aux consommateurs dans le magasinet aux caisses, et par la diffusion de brochures explicatives.

Après des phases de contrôle, les étiquettes explicatives sont retirées et une enquêtedétermine si les clients comprennent la signification de l’étiquette. Dans cette action, l’équipeprévention de l’ICDI coopère avec l’ONG locale «Espace Environnement» (voir le point3.2.3.1.1. «Charleroi : partenariat avec les supermarchés pour l’étiquetage des produitslimitant les déchets»).Les résultats sont très positifs et, bien sûr, la lutte de Charleroi contre les déchets continue.De nombreuses initiatives prolongeront l’impact de ces réunions tout au long de l’année.

Pour plus d’informations :ICDI – Mrs Nathalie BrizyService communication et prévention – rue de la Vieille Place 51 – B-6001 MarcinellesTél. : 00.32.71.60.04.98 – Fax : 00.32.71.47.07.91 – [email protected] ://www.icdi.org

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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3.2.1.3.3. Province de Bergame : Concours entre pouvoirs locaux et films sur laprévention des déchets7

Dans sa campagne pour la prévention des déchets 2000-2003, la province de Bergameembrasse tous les détenteurs d’enjeux : le grand public, les administrations locales et lescommerçants.

La province de Bergame a réalisé, à l’attention du grand public, 9 petits dessins animéssur la surproduction de déchets, et un petit documentaire sur le rôle de la prévention.Ceux-ci ont été mis à la disposition des écoles, des services publics et des individusintéressés. Trois programmes télévisés en direct ont été diffusés sur la chaîne localepour sensibiliser les consommateurs.

La province a aussi visé les pouvoirs locaux en tant qu’intermédiaires pour la promotionde la prévention des déchets. La Région a publié une charte et organisé un concours –avec prix en espèces à la clé – pour les meilleures initiatives communales de préventiondes déchets. 12 pouvoirs locaux ont ainsi été primés. En outre, des ateliers techniquesont vu le jour dans le but de promouvoir la taxation municipale des déchets basée sur laquantité de déchets produits.

Les dernières initiatives de la province concernaient le suivi de l’évolution de la productionde déchets dans la région, l’analyse des potentiels de réduction des déchets et des appelsà initiatives auprès des institutions publiques et des ONG.

Ces mesures furent parmi les premières actions concrètes de prévention des déchets enItalie et ont contribué à faire remonter cette problématique dans les priorités nationales.

Pour plus d’informations :Province de Bergame – Services de l’environnementMme Gloria Gelmi – Via Camozzi 95 – I-24121 Bergame – Tél : +39.035.38.75.57 –[email protected]

7 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.2. SOUTENIR LES CHANGEMENTS DE MODES DE VIE

3.2.2.1. Remettre en question les besoins des consommateurs et promouvoir laconsommation immatérielle

Les sciences économiques associent traditionnellement la qualité de vie au bien-êtrematériel, et cette qualité de vie est directement liée au développement économique, c’est-à-dire à la production et à la consommation de biens matériels. Mais en plus du confortet du bien-être matériel, la qualité de vie peut impliquer :- la qualité de vie civique : des activités sociales et des relations dans la famille, la

communauté et la société;- la profondeur culturelle et l’authenticité : la participation à la vie culturelle, l’apprentissage

de nouvelles aptitudes et la pratique de la créativité;- la qualité de vie spirituelle et religieuse.

La remise en question de notre conception de la qualité de vie et des facteurs qui l’aug-mentent, est au cœur du débat sur le développement durable8.

À Vienne, des chercheurs et des scientifiques étudient ces aspects de nos schémas deconsommation. Le style de vie des Viennois a un impact important sur la quantité dedéchets produits. C’est pourquoi Vienne a décidé d’encourager ses citoyens à modifierleur style de vie et à réduire leur consommation matérielle. Vienne encourage un nouveaustyle de vie, basé sur la consommation de biens ou de services immatériels, comme laculture, les loisirs, le bien-être. La ville de Nuremberg en Allemagne a adopté une approchesimilaire, en ce qui concerne les cadeaux de Noël.

Bonnes pratiques :

• Vienne : encourager le passage à la consommation immatérielle• Nuremberg : ville sans déchets

3.2.2.1.1. Vienne encourage le passage à la consommation immatérielle

• L’augmentation des déchets nécessite une vigoureuse approche de préventionRéduire les déchets est une priorité à Vienne. Depuis 2000, un budget de 3 millionsd’euros par an, pendant une période de 10 ans, est affecté à cette approche. Cettedécision politique a été prise sur la base d’études scientifiques.

Sans une bonne prévention des déchets et sans recyclage, la production totale dedéchets, en poids, augmenterait de 40% entre 2000 et 2010. Alors que dans le meilleurdes cas, la prévention des déchets pourrait limiter leur augmentation à 6% seulement(35% de déchets évités).

8 UNEP, Consumption opportunities – Strategies for change – A report for decision-makers, Geneva 2001

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Les études ont montré qu’au lieu d’investir dans de nouveaux incinérateurs pour faireface à l’augmentation de la production de déchets, des mesures de prévention seraientbeaucoup plus rentables pour la ville, financièrement parlant. C’est pourquoi la ville adécidé d’allouer la moitié du coût estimé de ces nouvelles installations (25 millions d’euros)à des actions de prévention des déchets sur les dix années à venir. L’objectif est d’évaluerle potentiel de réduction des déchets.

• La prévention des déchets adaptée aux groupes-ciblesEn Europe, les solutions actuelles, axées sur le produit, visent souvent la réutilisation oul’utilisation continue, le prolongement de la vie utile, ainsi que l’enlèvement des substancesnocives, avant la récupération ou la mise au rebut. Vienne va un peu plus loin et envisagela prévention des déchets dans la perspective plus large du style de vie. En effet, enfonction de leurs revenus, les citoyens contribuent différemment à la production ou à laprévention des déchets. La population autrichienne peut être scindée en 2 groupes,correspondant à 2 approches de prévention des déchets :- 50% d’Autrichiens qui gagnent 80% des revenus du pays (dont 25% qui gagnent 53%

des revenus);- 50% qui gagnent les 20% restant.

Les revenus plus faibles contribueraient davantage par une consommation optimaledes ressources. Ils ont besoin d’informations sur les produits, pour pouvoir choisir lesplus rationnels du point de vue écologique et économique. Cette approche couvre, parexemple, la consommation de produits de qualité, la consommation de biens durables,les produits de qualité, réparables ou réutilisables, etc. Elle comprend, par exemple, laconsommation de produits miniaturisés ou à usages multiples.

• Consommation immatérielle : un nouveau style de vie ayant des avantages individuelset collectifsD’autre part, les gens plus fortunés devraient être encouragés à dépenser leur argentdans des services plutôt que des produits, étant donné que le passage à la consom-mation immatérielle n’est possible que quand les besoins élémentaires sont satisfaits.Développer la consommation immatérielle correspond à l’adoption d’un nouveau stylede vie, principalement par ceux qui ont des revenus élevés. Il s’agit d’accroître la demandepour des services dans les domaines de la culture, des affaires sociales, de l’éducationet des loisirs. Aucun produit matériel n’est nécessaire pour satisfaire cette demande.Par conséquent, comme le pouvoir d’achat dans une région est constant, l’augmentationde la consommation immatérielle réduit automatiquement la consommation matérielle,l’utilisation des ressources naturelles et la quantité de déchets produits. À l’avenir, laconsommation matérielle ne devrait plus se concentrer que sur la satisfaction des besoinsessentiels.

En ce qui concerne les loisirs, souvent passés à regarder la télévision, la ville adopteune attitude plus radicale et dénonce la passivité et l’isolement qui résultent de cetteactivité. Aussi les habitants de Vienne sont-ils encouragés à passer d’une consommationpassive des loisirs à une consommation active et éducative. Ils sont invités à saisir lesnombreuses occasions qu’offre Vienne et à profiter des activités sociales et amicales,comme les concerts et le théâtre, ou les jeux chez soi.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• La consommation immatérielle crée des emploisLa promotion des services et de la culture devrait contribuer à améliorer non seulementla situation écologique mais aussi le bien-être individuel et collectif des consommateurs,tout comme le nombre et la qualité des emplois offerts.

D’après une étude de l’université de Vienne, la demande pour la consommation imma-térielle peut augmenter indéfiniment, sans nuire à l’environnement et sans surcon-sommation des ressources, tout en présentant des avantages évidents pour la situationlocale, économique et sociale. En effet, puisque la consommation immatérielle prendsurtout la forme de services sociaux et culturels, elle ne peut être satisfaite que par laproduction locale, et, par conséquent, elle entraîne la création d’emplois locaux.Contrairement aux biens matériels, les biens et services culturels encouragent ainsil’utilisation commune des installations existantes (par exemple, l’opéra de Vienne, vieuxde plusieurs siècles), et l’intensité en main-d’œuvre y est plus forte que pour les produitsmanufacturés.

Pour plus d’informations :Vienna University of Economics and Business Administration - Prof. Dr. Gerard VogelDepartment of Technology and Commodity ScienceTél. +43.1.313.36.48.09 Fax. +43.1.313.36.706 - [email protected]

3.2.2.1.2. Nuremberg : ville sans déchets

• 99 cadeaux sans déchetsNuremberg, une ville allemande du Nord de la Bavière, compte environ 500 000 habitants(quelque 268 000 ménages). La ville prend l’exemple des cadeaux de Noël pourencourager la dématérialisation.

Pour Noël 1999, la ville a publié un dépliant visant àpromouvoir les produits limitant les déchets et peupolluants. Dans ce dépliant, la ville encourage lacréativité dans le choix des cadeaux et de leuremballage. Elle donne également quelques conseilssur la manière de choisir le sapin et les décorations,d’éviter le gaspillage de nourriture, et elle encouragela consommation de produits locaux.

Plusieurs approches sont suggérées pour le choix des cadeaux :- des cadeaux ayant un faible impact sur l’environnement et une longue durée de vie,

comme les montres sans pile, le papier à lettre recyclé, les produits organiques, parex. le vin;

- les présents faits maison, comme un livre de cuisine personnalisé, de la confiture;- des services comme des bons pour des cours de dessin, une visite chez le coiffeur,

un massage;- des cadeaux utiles, comme une carte de téléphone, un abonnement aux transports

en commun.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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Une liste de 99 cadeaux, qui respectent cette approche alternative, vient compléter labrochure. Il s’agit d’exemples très concrets de ce que l’on peut choisir pour dématérialiserNoël. Il y a même les contacts utiles pour le théâtre, les cours de langue, etc.Toujours en rapport avec les cadeaux de Noël, la ville organise, chaque année, le marchédes «longues figures», en collaboration avec le magasin de seconde main «Mach mit».Les citoyens peuvent y déposer les cadeaux de Noël dont ils n’ont vraiment pas envie etles mettre aux enchères ; 10% des bénéfices sont versés à un projet écologique.

• Information permanente afin de soutenir la prévention des déchetsCette campagne s’inscrit dans une stratégie globale de prévention des déchets que laville de Nuremberg développe depuis 1990. Nuremberg est la première ville allemandeà avoir lancé ses propres règlements municipaux pour encourager la réduction desdéchets. Le règlement municipal relatif à la gestion des déchets couvre la préventiondes déchets et leur tri en vue de leur recyclage. Le conseil communal contrôle sonapplication, et les entreprises sont obligées d’agir en respectant la loi. Un système deredevance pour l’élimination des déchets est conçu afin de compléter et de renforcerces règlements municipaux. Il accorde un solide avantage financier aux ménages et auxentreprises qui réduisent et trient leurs déchets.

Toutefois, pour que les différentes mesures de gestion des déchets soient mieux accep-tées, il est essentiel de bien informer les citoyens. Des informations sont égalementnécessaires pour faire mieux connaître les différentes alternatives de prévention et d’éli-mination des déchets. Un pilier de cette information permanente est le contact directavec les citoyens. Avec l’infocar, les citoyens comme les entreprises peuvent bénéficierd’une consultation mobile sur les déchets. En 2001, l’infocar a été présent dans le quartierpiétonnier, dans les centres commerciaux et les grands ensembles, dans les réunions etles célébrations, dans les écoles et les jardins d’enfants, etc.Des brochures et des dépliants sont régulièrement publiés à propos d’un certain nombrede sujets et dans plusieurs langues, pour répondre aux besoins de la population multi-culturelle de Nuremberg.

Pour plus d’informations :Ville de Nuremberg - Michael WebersinnTél.: +49. 911. 231.49.77 – 39,77 - Fax: +49.911.231.33.91 - [email protected]://www.nuernberg.de/schluessel/referate/ref3.htmlhttp://www.asn.nuernberg.de

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.2.2. Encourager le remplacement des produits par des services

Le remplacement de produits par des services se base sur la notion que c’est la fonctionqui satisfait le besoin du client, et non pas le produit lui-même. Cela peut conduire à deprofonds changements dans les modes de consommation. Cette approche entraîne denouvelles options de propriété, comme la location ou le leasing. Dès lors, il est possiblede réduire fortement la consommation des ressources et la production de déchets.

Certains auteurs ont décrit les bénéfices pour l’environnement d’une telle transition. Voiciquelques exemples.

Si on le compare à la lessive à domicile, le nettoyage industriel des vêtements de travail 9:- consomme 52% d’énergie primaire en moins;- consomme 73% d’eau en moins;- consomme 85% de détergents en moins;- émet 33% de CO2 en moins;- émet 36% de NOx en moins.

L’impact sur l’environnement de la musique téléchargée légalement sur Internet peut êtredeux fois moins important que l’achat d’un CD préenregistré. Voici 3 méthodes différentespour acheter 56 minutes de musique préenregistrée, avec leur utilisation de ressources10:

Matériel utilisé (kg) Équivalent dans la productionde boîtes de boisson enaluminium

Achat d’un CD en ligne 1,31 5

Achat d’un CD dans le commerce 1,56 6

Téléchargement de musique 0,67 < 3en ligne

Les pouvoirs publics assurent nombre de services qui représentent des alternatives auxachats individuels:- les bibliothèques publiques pour les livres, la musique, les jouets, etc.- les services municipaux tels que les transports en communPour accroître l’utilisation de certains produits et réduire le nombre total de produits utilisés,les ALR peuvent encourager l’utilisation de ces services municipaux.

9 Life-cycle assessment from the Öko-Institute quoted by the European Textile Services Association http ://www.etsa-europe.org/homefs.htm

10 Wuppertal Institute, Digital Europe : virtual dematerialisation and factor X, March 2003 http ://www.digital-eu.org/publications/

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Les consommateurs ont besoin d’être informés sur les différentes possibilités et sur lesavantages qu’il y a à remplacer les produits par des services. Des consommateurs informéscontribueront à stimuler le développement d’un marché pour des services éco-efficaces.Les ALR peuvent également stimuler directement le marché en utilisant elles-mêmes desservices, par exemple en recourant à une blanchisserie industrielle pour les uniformescommunaux.

Confrontées à une quantité importante de déchets provenant d’articles à jeter, denombreuses villes ont lancé des initiatives destinées à modifier le comportement desconsommateurs et à augmenter la durée de vie utile des produits grâce à la «consom-mation» de services. Elles proposent non seulement l’utilisation de produits réutilisables– les langes pour bébés ou la vaisselle - mais aussi un service de nettoyage connexe, quifacilite l’utilisation de ces produits durables par les consommateurs.Par exemple, les villes de Munich, Nuremberg, et les régions des Marches et de Catalognenon seulement encouragent l’utilisation de vaisselle réutilisable lors des festivals publics,mais offrent également un service de nettoyage qui facilite l’utilisation par les consomma-teurs de ces objets durables. De façon similaire, la ville de Milton-Keynes et de Louvainproposent aux jeunes parents d’essayer d’utiliser des langes lavables et le service denettoyage associé.

Bonnes pratiques :

• Munich : Lutter contre le gobelet jetable• Nuremberg : Prêt gratuit de vaisselle réutilisable aux particuliers• Région des Marches : donner le choix entre la vaisselle réutilisable ou

biodégradable dans les festivals et les foires• Catalogne : système communal de location et de lavage de vaisselle• Milton-Keynes : service de lavage des couches-culottes

3.2.2.2.1. Munich : lutter contre le gobelet jetable

• Interdiction de la vaisselle jetableMunich, la capitale de la Bavière, Allemagne, a mis en place une approche de préventiondes déchets, afin de résoudre le problème de la vaisselle jetable et des déchets associés.Dès 1991, les pouvoirs locaux ont interdit l’utilisation des assiettes en carton jetables,ainsi que des gobelets, fourchettes et couteaux en plastique, pendant les grands évé-nements publics. Ils doivent être remplacés par des articles réutilisables, pour lesquelsles consommateurs paient une caution qu’ils récupèrent quand ils les ramènent. Cetteapproche a considérablement réduit le volume des déchets générés par des événe-ments tels que les Fêtes d’Octobre, le marché de Noël, la foire «Auer-Dult» et le marathonde la ville de Munich.En 9 ans, la quantité de déchets résiduels, pendant les seules Fêtes d’Octobre, a étédivisée par 20 (de 11 000 tonnes en 1990 à 550 tonnes en 1999). Le fait que toutes lesentreprises impliquées dans les Fêtes d’Octobre aient participé à l’introduction de la

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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vaisselle réutilisable, a contribué fortement à ce succès. Aujourd’hui, cet événementrepose sur un concept écologique bien accepté, et, en 1997, il a obtenu «l’oscar de l’en-vironnement», octroyé par le gouvernement fédéral allemand.

• Un service de location de vaisselle et de lave-vaisselle pour les événements de petiteenvergureIl se peut que les organisateurs d’événements plus modestes estiment qu’achetersuffisamment de vaisselle réutilisable coûte cher. Pour résoudre ce problème, la ville deMunich coopère avec la société MobielSpiel e.V. qui loue pour un prix modéré de lavaisselle réutilisable, ainsi que 2 lave-vaisselle mobiles. Ils conviennent pour 200 à 300personnes.

Faire appel à ce service présente de multiples avantages pour les organisateurs :- une réduction des dépenses liées à l’achat de vaisselle à usage unique;- le verre et la porcelaine présentent mieux;- il est inutile de faire la vaisselle à la main;- les coûts de la gestion des déchets sont réduits;- cela évite les détritus sur le sol – aspect plus propre;- cela protège l’environnement puisqu’on évite les déchets.

Cette approche a contribué à mieux faire accepter et respecter l’interdiction.

Cependant, les pouvoirs législatifs des villes sont limités par la loi fédérale. La ville deMunich ne pouvait pas interdire l’utilisation des emballages de boissons à usage unique.C’est pourquoi, en 1991 et en 1992-1993, elle a mené deux vastes campagnes, afin depromouvoir les bouteilles de boissons consignées. Depuis 1994, la ville collabore avecles détaillants, afin de renforcer l’impact des campagnes municipales. Cette collaborationa abouti à l’organisation des «semaines du réutilisable», en 1998.

La stratégie de prévention des déchets à Munich a entraîné une forte diminution de laproduction de déchets. Ce succès est dû principalement au changement de flux desmatériaux, qui ne sont plus jetés mais réutilisés.

Pour plus d’informations :Ville de Munich – M. Günther LangerOffice de gestion des déchets - Georg-Brauchle-Ring 29 - D-800992 MunichTél. +49.89.233.31.920 Fax. +49.89.23331.902 - [email protected]

3.2.2.2.2. Nuremberg : Prêt gratuit de vaisselle réutilisable aux particuliers

La ville de Nuremberg va encore plus loin dans le service offert pour encourager l’utilisationde la vaisselle réutilisable : tous les habitants – y compris les ménages privés - peuventemprunter gratuitement à la Croix rouge, des assiettes, des verres, des couteaux etc. Illeur suffit de payer une caution qu’ils récupèrent quand ils ramènent la vaisselle. Pour deplus grandes quantités ou pour les célébrations en plein air, la ville de Nuremberg met à

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disposition deux caravanes complètement équipées, qui permettent de transporter lavaisselle, ainsi qu’un lave-vaisselle, avec tous les raccordements nécessaires. On peutaussi louer une échoppe à bière. Ce service peut être réservé dans un des parcs àconteneurs de la ville.

Il est obligatoire d’utiliser des emballages réutilisables et consignés, ainsi que desconteneurs, pour tous les événements qui se déroulent dans les lieux publics ou dans lesorganismes de la ville. Depuis 1992, des gobelets en plastique réutilisables et disponiblescontre une caution, sont utilisés dans toutes les piscines en plein air de la ville, au zoo etau palais des expositions, ainsi que dans le stade.

En outre, les organisateurs doivent trier leurs déchets. Avant l’événement, ils sont tenusde soumettre un projet en la matière. Ils doivent expliquer comment ils préviendront lesdéchets et comment ils trieront ceux qu’ils ne peuvent éviter. Dans cette tâche, lesorganisateurs de grands événements reçoivent l’appui de conseillers, spécialisés dansles déchets.

Pour en savoir plus sur les conseillers-déchets de Nuremberg, voir aussi le point 3.2.4.2.«Réduire la demande des entreprises pour les matières premières vierges».

Pour plus d’informations :Ville de Nuremberg – M. Reinhold Stauffer, conseiller en matière de déchetsCommerce et industrieTél.: +49.911.231.21.17 - Fax: +49.911.231.40.12 - [email protected]

Ville de Nuremberg – M. Michael WebersinnTél.: +49. 911. 231.49.77 – 39.77 - Fax: +49.911.231.33.91 - [email protected]://www.nuernberg.de/schluessel/referate/ref3.htmlhttp://www.asn.nuernberg.de

3.2.2.2.3. Région des Marches : donner le choix entre la vaisselle réutilisable oubiodégradable dans les festivals et les foires11

La Région des Marches (Italie) connaît de nombreuses foires et autres festivals, dont onconnaît la grande consommation de vaisselle jetable et d’emballages. De plus, cesmanifestations produisent de grandes quantités de déchets non triés et impropres aurecyclage. L’initiative veut encourager l’utilisation de vaisselle réutilisable et de lave-vaisselleportables, ou de vaisselle biodégradable lors des manifestations publiques. Un systèmede collecte sélective a été mis en place pour faciliter ce changement (papier, plastique,verre, aluminium et déchets organiques). Il s’adapte selon les flux de visiteurs et lesquantités de repas prévus. Il comprend une campagne de communication comportantdeux volets et vise :

11 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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- d’une part, les opérateurs, les organisateurs de festivals, les travailleurs ainsi que lesautorités locales et les entreprises de collecte et de récupération des déchets ; et

- d’autre part les visiteursLe message est communiqué au moyen de posters, de tracts, de nappes papier et destations mobiles qui informent directement sur la gestion des déchets.L’opération est contrôlée par des spécialistes de la coordination des services de collectepour de tels événements.Le projet est soutenu par les Fonds structurels de l’UE et représente un budget total de143.575 Euros.

Pour plus d’informations :Arch. Isarema Cioni – Dirigente del Servizio Aree Naturali Protette e Ciclo dei RifiutiTél. : +39.071.80.63.473 – [email protected] ://www.ambiente.marche.it/rifiuti/

3.2.2.2.4. Catalogne : système communal de location et de lavage de vaisselle12

En Catalogne, plusieurs communes disposent de vaisselle réutilisable (en plastique ou enverre), qu’elles louent aux organisateurs d’événements. Dans certains cas, elles laissentaux ONG le soin de gérer le service de location et le lavage de la vaisselle. Dans d’autrescas, ce sont les communes elles-mêmes qui gèrent l’ensemble de la prestation.En général, les prix de location sont très démocratiques. Parfois, la commune ne demandemême qu’une garantie, remboursée après déduction du coût de la vaisselle manquanteou brisée.

12 Source : Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

Dans ce cas, les clients payent une consigne lorsqu’ilsprennent une boisson, qui leur est remboursée lorsqu’ilsramènent leur verre. Le montant de la consigne dépassele prix du verre, mais comme il est décoré d’un slogan oud’un dessin, beaucoup de visiteurs le gardent commesouvenir.Parmi les communes qui appliquent ce système, on compteSant Andreu, (Barcelona Sostenible), Cardedeu, Girona,Molins de Rei, Sant Celoni, Sant Cugat del Vallés, SantVicen dels Horts.

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3.2.2.2.5. Milton-Keynes : service de lavage de couches-culottes

Chaque année, plus de 10 millions de langes à jeterse retrouvent dans les décharges de Milton-Keynes.En volume, ils représentent 6% des déchets ména-gers. Le conseil municipal a décidé de solutionnerce flux en lançant une campagne pour encouragerl’utilisation des langes en coton réutilisables. Cettecampagne a été lancée en 1999.

Un tel produit aurait pu se heurter à une vive résistance, étant donné qu’il évoque fortementl’ancien temps et la saleté. Pour surmonter cette répugnance, le conseil municipal deMilton-Keynes a publié un petit guide sur son site Internet, sous forme de «forum auxquestions» : «Gardez bébé heureux dans un lange en coton !»:- on y explique les différents types de langes et la manière de les utiliser;- on montre les avantages financiers des langes réutilisables : en 2 ans et demi, il est

possible d’économiser environ 360 EUR en lavant les langes à domicile;- le site encourage l’utilisation des services de lessivage privés. Les langes sont enlevés

à domicile pour être lessivés. Faire appel à ce service entraîne des coûts supplémentaires,sans pour autant qu’ils ne dépassent le coût des langes à jeter;

- on insiste sur l’absence de produits chimiques absorbants et sur la possibilité d’avoirdes langes en coton biologique.

Les parents peuvent assister à une démonstration et les tester gratuitement. Depuis 2002,les femmes enceintes ont la possibilité de réserver un service de lessivage avant d’êtrehospitalisées. Quand elles rentrent chez elles, elles bénéficient d’un tarif réduit pour ceservice.

De même, la ville de Munich subventionne l’utilisation et un service de lessivage deslanges réutilisables. Et la municipalité de Leuven propose aux jeunes parents d’essayerd’utiliser les langes à la maternité. Lorsqu’ils adoptent le système (environ 5% d’entreeux), ils reçoivent une «allocation de naissance» sous forme de bons d’achats d’unevaleur de 100 Euros pour des langes réutilisables et le service de nettoyage.

Pour plus d’informations :Conseil municipal de Milton-Keynes – M. Andy HudsonBureaux administratifs - 1 Saxon Gate East - Milton Keynes MK9 3 HN, UKTél. +44.19.08.25.25.77 - Fax: +44.19.08.25.24.72 - [email protected]://www.mkweb.co.uk/waste

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.2.3. Prendre des mesures en faveur de la dématérialisation

Un autre débat fait rage parmi les experts : les technologies de l’information et de lacommunication (TIC) bénéficieront-elles à l’environnement ? Rien n’est moins simple. Cepoint mérite d’être discuté non seulement entre experts mais aussi avec les utilisateurs.En effet, de nombreux bénéfices potentiels peuvent résulter de l’utilisation appropriée destechnologies. C’est pourquoi il est si important que les ALR suscitent une discussion etgénèrent des idées quant à la manière dont les TIC pourraient encourager uneconsommation plus durable. En outre, les ALR sont directement impliquées dans la miseen œuvre de changements. Les employés municipaux doivent apprendre la meilleurefaçon d’utiliser les ordinateurs, les imprimantes et autres dispositifs électroniques, afin delimiter la consommation d’énergie et les déchets. La tentative de la Région de Bruxelles-Capitale à ce propos, offre une illustration de toutes les possibilités. (voir page 64)

Bonnes pratiques:

• Kolding : dématérialiser les documents municipaux grâce aux TIC

3.2.2.3.1. Dématérialiser les documents municipaux grâce aux TIC

La ville danoise de Kolding s’efforce de réduire la consommation de papier, en utilisantrationnellement les technologies de l’information et de la communication.

Les contrats généraux pour le matériel IT (photocopieuses, imprimantes) permettent lamise à dispositin de produits à double fonction dans toutes les institutions. Néanmoins,l’utilisation de cette fonction n’est pas contrôlée. Par conséquent, le maire a engagé desefforts supplémentaires, en vue de réduire la consommation de papier dans certainessituations. Traditionnellement, les documents pour les réunions du conseil municipal étaientdistribués sur papier à un grand nombre de destinataires : les membres du conseil municipalet des différents comités, le directeur de la municipalité, la presse et le directeur del’information, les bibliothèques, etc. Tous ne s’y intéressent pas – ou ils n’ont pas le tempsde les lire; la plupart des documents sont parfaitement inutiles et il est probable qu’ilsfinissent très vite dans la corbeille à papier.

Aujourd’hui, un décret du maire stipule que les documents imprimés ne sont remis qu’auxmembres permanents des comités concernés et à la bibliothèque. Les autres membresdu conseil municipal et le directeur de la municipalité les reçoivent par e-mail; les autresparties intéressées peuvent les consulter sur la page d’accueil du site web de la municipalité.

En 2002, cette mesure a entraîné une diminution significative d’environ 10% de la con-sommation de papier de l’administration. Ce qui correspond à 1 800 kg de papier, dont412 kg ont été économisés à la mairie. Pourtant, il reste un potentiel important d’économiesde papier, si on évite la distribution de copies imprimées inutiles ou celles en doubleexemplaire.

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L’utilisation des e-mails et d’Internet réduit non seulement les déchets de papier, mais elleaugmente également la productivité du travail, en réduisant le temps consacré aux copieset à l’expédition. Elle assure, par ailleurs, une communication beaucoup plus rapide etplus large, en particulier, vers la presse et les citoyens. Toutefois, cette approche supposeégalement que les destinataires respectent l’environnement et qu’ils n’impriment que lesdocuments nécessaires.

Pour plus d’informations :Municipalité de Kolding - M. Per Bodker Andersen - Maire de KoldingMairie - Akseltorv 1 - DK-6000 Kolding - DanemarkTél. + 45 75 50 15 00, ext. 2000 - Fax + 45 79 30 20 02 - [email protected]://www.kolding.dk

3.2.2.4. Eduquer les enfants pour qu’ils deviennent de futurs consommateursresponsables

Les enfants sont les citoyens de demain. L’éducation à l’environnement, ciblée sur lesenfants, se développe de plus en plus, puisqu’on suppose que les bonnes habitudesacquises pendant l’enfance subsistent à l’âge adulte. Éduquer les enfants à la protectionde l’environnement contribue à sensibiliser leurs parents et leurs proches. Dans tous lespays européens, les municipalités interagissent étroitement avec les écoles. Un certainnombre d’autorités locales saisissent l’occasion d’expliquer aux enfants et aux enseignants,les problèmes que les déchets posent à l’environnement, et elles les encouragent à leséviter et à les recycler. Les exemples de Hasselt et Charleroi en Belgique et du comté deHampshire au Royaume-Uni, illustrent comment impliquer les écoles et les élèves dans lagestion durable des ressources. A Varèse, le concours d’actions de prévention des déchetsstimule la créativité des enfants tout en attirant leur attention sur le sujet. Depuis 1982,Pampelune enseigne aux enfant l’art du compostage.

Bonnes pratiques :

• Hasselt : accords environnementaux volontaires entre l’administrationmunicipale et les écoles

• Comté de Hampshire : prévention des déchets dans le programme scolaire• Province de Varèse : concours scolaire d’actions de prévention des déchets• Landeskreis Darmstadt-Dieburg : groupe de travail dans les écoles• Charleroi : invitation aux élèves à signer la Charte du Chevalier Vert• Bologne : campagne scolaire annuelle pour l’environnement• Pampelune : formation au compostage depuis 1982

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.2.4.1 Hasselt : accord environnementaux volontaires entre l’ administrationmunicipale et les écoles

Dans la ville de Hasselt, une grande campagne de prévention des déchets à l’école s’estdéroulée en 1998-1999 et en 1999-2000. Les objectifs étaient triples :- sensibiliser les enfants, leurs parents et leurs enseignants,- induire un changement de comportement,- diminuer la quantité de déchets à traiter par les services municipaux.

• ContexteHasselt se trouve en Belgique, dans la région flamande, et compte environ 68 000 habi-tants et 59 écoles. La campagne reposait sur des accords environnementaux volontairesentre l’administration municipale et les écoles. En concluant cet accord, les écoless’engageaient à réduire leur production de déchets. Elles avaient le choix entre 3 typesde contrats : de petite, moyenne ou grande envergure. Un grand contrat demande leplus d’efforts et nécessite davantage de soutien que les autres. Les écoles pouvaientchoisir parmi de nombreuses mesures de soutien, comme les composteurs et les vermi-composteurs, les fontaines à eau, les jeux éducatifs sur l’environnement et les déchets,les gobelets durables, les conférences sur le compostage données dans les écoles pardes experts…

Le conseil municipal s’était engagé à offrir son appui logistique et une récompensefinancière. Pour s’assurer du soutien et de la coopération des écoles, le plan de campagneinitial, développé par le service de l’environnement, avait été discuté avec les responsablesscolaires et adapté en fonction de leurs remarques. Un logo et une affiche ont été crééspour rendre le projet visuellement attrayant et reconnaissable.Dans les contrats avec les écoles, le budget convenu pour l’organisation des activités,représentait environ 55 000 Euros par année scolaire.

• DéroulementLa campagne ciblait les 59 écoles locales, qui regroupent 18 050 élèves. Chaqueétablissement a été contacté individuellement et a reçu un dossier d’information complet.Le département de l’environnement a guidé les écoles au début du projet. En janvier,une première évaluation a estimé dans quelle mesure elles se conformaient à leursaccords. Cette évaluation a permis de discuter de leurs difficultés et de suggérer dessolutions. À la fin de l’année scolaire, une dernière évaluation a été effectuée au moyende visites personnelles et de «preuves solides» fournies par les écoles. Un rapport aété publié pour chacune d’elles. Sur la base de ces rapports, le conseil municipal adécidé si les écoles s’étaient conformées ou non à leur accord environnemental.Les résultats ont été présentés au public lors d’une cérémonie de clôture. Les écoles onteu la possibilité de présenter leurs résultats et d’expliquer leurs expériences. Le bourg-mestre a récompensé chacune des écoles retenues par un prix en espèces, en fonctionde leur contrat.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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• Activités et changement de comportement- Utilisation modérée du papier :

La plupart des écoles utilisaient le papier avec modération, pour des raisons financièreset éducatives. Avant le projet, les enseignants et l’administration réglementaientl’utilisation du papier. À présent, les élèves sont impliqués, puisque chaque classequ’ils disposent dans chaque classe d’un conteneur pour les déchets de papier etqu’ils ont compris qu’il valait mieux utiliser une feuille des deux côtés.

- Papier recyclé :Vingt écoles ont commencé à utiliser du papier recyclé, et onze d’entre elles n’utilisentplus que ce papier-là.

- Gobelets réutilisables :L’introduction de gobelets réutilisables a soulevé des difficultés. Des raisons financièreset des doutes quant au bénéfice écologique étaient les principaux obstacles.Finalement, les participants ont reconnu que les emballages grand format coûtentmoins cher que les emballages individuels et que les bouteilles et boissons consignéesproduisent moins de déchets à long terme.

- Boîtes à tartines :Les étudiants des écoles secondaires étaient les plus réticents à utiliser des boîtes àtartines, mais les efforts constants des professeurs et des associations d’étudiantsont réussi à convaincre les élèves.

- Fontaines à eau :Elles contribuent à éviter les emballages jetables. Le conseil municipal et la compagniedes eaux ont subsidié l’investissement. Les enfants les ont trouvées vraiment amu-santes et les ont beaucoup utilisées.

- Compostage à l’école :Le projet a fait comprendre à quel point les composteurs, les vermicomposteurs et lespoules peuvent contribuer à réduire les déchets organiques. Le soutien d’experts encompostage a été crucial pour le succès de cette mesure.

- Organisation d’événements écologiques :Beaucoup d’écoles ont adopté la vaisselle au lieu des couverts et gobelets à jetables,en dépit de la surcharge de travail que cela entraîne. Les efforts pour de réduire lesdéchets se sont poursuivis pendant les voyages scolaires.

- Règlements scolaires :Des mesures pour limiter les déchets ont été incorporées aux règlements scolaires.Le soutien du projet par le conseil municipal en a facilité l’intégration. Les parentsdoivent signer les règlements : en plus d’être informés, ils marquent leur accord surles mesures de prévention des déchets.

- Recommandations aux élèves et aux parents pour limiter les déchets :Beaucoup d’écoles ont lancé une rubrique écologique dans leur journal, afin d’informerles parents et les élèves sur les efforts fournis par l’école en faveur l’environnementet sur les règlements adoptés. La plupart des parents ont apprécié que les écoles sesoucient de questions écologiques.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• RésultatsPendant la première année (1999-2000), 31 écoles sur 59 ont participé. Au total, la villea récompensé 28 écoles, pour un montant total de 20 000 Euros. Trois écoles ont aban-donné au cours du projet. Trois écoles, qui avaient signé le contrat moyen, et une école,qui avait signé le grand contrat, n’ont pas respecté les conditions et n’ont réussi qu’àhonorer le petit contrat.

La campagne a touché 9.586 enfants. Leurs parents, leurs grands-parents et leursgardiennes ont également reçu le message, par le biais des règlements scolaires, dulogo, des affiches et de plusieurs activités écologiques.Pour réduire leur charge de travail, les écoles n’étaient pas tenues de mesurer la dimi-nution de leurs déchets. Toutefois, elles ont certifié les avoir réduits de 50 %, en s’appuyantsur le nombre de conteneurs et de sacs-poubelles produits.

• ÉvaluationLes écoles ont apprécié la valeur éducative des activités. Le soutien financier et personnelest un excellent encouragement à la participation. Les résultats obtenus sur le plan de lasensibilisation et du changement de comportement sont satisfaisants. Pourtant, cetteforme de projet demande beaucoup de travail. Le service de l’environnement de Hasselta décidé de le remplacer par un autre, plus léger.

Pour plus d’informations :Municipalité de Hasselt – Mme Hilde Pootemans Dr. Willemsstraat, 34 - B-3500 HASSELTTél. +32.11.23.90.11 – Fax: +32.11.22.33.63 – [email protected]

3.2.2.4.2. Comté de Hampshire : prévention des déchets dans le programme scolaire

En 1998, le conseil régional du Hampshire a lancé une campagne«Stop aux déchets dans les écoles», dans le cadre du projetINTEGRA. Il s’agit d’un projet de gestion intégrée des déchets,qui encourage leur réduction, leur réutilisation et leur recyclage.Un dossier éducatif a été distribué aux écoles. Le dossier estconstitué d’information et d’études de cas sur les déchets et estdestiné aux élèves de 8 à 14 ans. Il peut également servir de

point de départ et de stimulant pour un travail avec des élèves plus âgés. Ce dossier,basé sur des activités, présentait des idées écologiques, directement liées aux principauxsujets du programme scolaire, notamment les sciences, la géographie, les maths et latechnologie.Le dossier comprend plusieurs sections, avec des notes pour les enseignants, des feuillesd’activités de départ pour les élèves, des fiches d’information et des notes sur des étudesde cas. Les études pluridisciplinaires, la prise de conscience écologique, la réalisationd’enquêtes et les activités de terrain, basées sur les sites de gestion des déchets et lescentres d’étude du Hampshire ont pour objectif de renforcer les compétences des élèves.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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La plupart des écoles du Hampshire ont également reçu une vidéo de 10 minutes, intitulée«Stop aux déchets - un regard sur les ordures et le recyclage dans le Hampshire». Elle aété réalisée dans le cadre du Projet Integra, avec le Théâtre pour la jeunesse Romsey, lesservices du Hampshire pour le traitement des déchets et Storyboard Films. De jeunesacteurs et actrices du Théâtre pour la jeunesse Romsey ont emmené le public visiter lessites de gestion dedéchets et de recyclage du Hampshire, allant de la décharge au centrede récupération des matériaux. Ils ont cité des faits et des chiffres sur la manière dontchacun peut réduire, réutiliser et recycler ses déchets.

Pour plus d’informations :Hampshire County Council - M. Paul Laughlin - Coordinateur pour la sensibilisation enmatière de dé[email protected] - http://www.integra.org.uk - http://www.hnri.co.uk/

3.2.2.4.3. Province de Varèse : concours scolaire d’actions de prévention des déchets13

La province de Varèse (Italie) organise un concours scolaire sur la prévention des déchetsen coopération avec le Bureau de l’éducation de Varèse, le Centre de référence pourl’éducation à l’environnement (CREA) de Varèse et cinq entreprises locales de gestiondes déchets.Les écoliers entre 6 et 18 ans sont invités à se mesurer dans l’une des catégories suivantes:- «Communication» : en développant une campagne de communication;- «Savoir» : en produisant du matériel didactique sur la réduction des déchets dans les

écoles;- «Planification» : en élaborant un véritable plan de prévention à l’école, dans les

bâtiments municipaux ou dans un magasin;- «Jeu» : en créant un jeu sur la prévention des déchets.En octobre 2002, un atelier a permis de présenter le problème de la prévention des déchetsaux écoliers. Ils avaient six mois pour préparer leurs projets et concourir pour l’un des 12prix de 2.500 Euros. Les prix, pour un total de 30.000 Euros sont offerts par la province deVarèse et les cinq entreprises de gestion des déchets impliquées.

Pour plus d’informations :Observatoire des déchets de la province de VarèseTél : +39.03.32.25.28.29 – Fax : [email protected]

3.2.2.4.4. Landeskreis Darmstadt-Dieburg : groupe de travail dans les écoles14

Le Landkreis Darmstadt-Dieburg (dans le Land allemand de Hesse) a introduit dès 1992le principe d’un tri sélectif des déchets dans les écoles accompagné d’une série d’actions

13 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)14 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire URBAL, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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de sensibilisation sur les déchets et les possibilités de les réduire : matériel didactique adhoc, pièces de théâtre, posters d’information-sensibilisation,…Des questionnaires visant à rassembler de multiples informations statistiques et autresont été distribués avec un prix (de l’ordre de 2.000 Euros) pour les meilleurs suggestionsen matière de prévention de déchets.La campagne appuyée par un consultant spécialisé comporte des recommandations telsque :- l’organisation d’un compostage des déchets organiques sur le site de l’école;- l’achat et la distribution de matériel «bon pour l’environnement» surtout en période de

rentrée scolaire;- l’organisation de petits déjeuners «sans déchets»;- l’utilisation de vaisselle réutilisable.Depuis 1997, un groupe de travail «école écologique» rassemble toute personne intéresséepar des échanges d’information et d’expérience en la matière. Divers outils pédagogiquesen ce compris des vidéos sur la prévention des déchets ont été élaborés.A noter qu’entre 1995 et 1997, 13% des établissements scolaires ont pu réduire leurbudget «déchets» de 50% .

3.2.2.4.5. Charleroi invite les élèves à signer la Charte du Chevalier Vert

L’ICDI, organisme chargé de la gestion des déchets de la région de Charleroi (Belgique)a créé un service de prévention des déchets qui a pour mission de sensibiliser différentsgroupes cibles : enfants et jeunes, ménages, et personnes en insertion sociale et culturelle.

Si le message reste identique, ses moyens de diffusion varient selon le groupe ciblé (jeux,traductions en turc ou en arabe, activités interactives, expositions, formation de personneséco-relais, etc.)

Des animateurs polyvalents se relaient sur le terrain. Chaqueaction de sensibilisation commence par une concertation avecles pouvoirs locaux afin de définir la meilleure approche. Audébut de l’année, une réunion permet de définir le calendrier.Une deuxième réunion réunit les pouvoirs locaux et les repré-sentants de l’éducation, des seniors, des commerçants, desservices sociaux, des associations locales et éventuellementdes communautés d’immigrés, etc., afin de préparer un pland’action.

L’équipe de prévention entreprend différentes activés dans les écoles et les adapte àl’âge des enfants (de 4 à 20 ans). Chaque activité théorique est suivie d’une activitépratique, qui permet aux élèves de mettre leur savoir en application : visite de parcs àconteneurs, installation d’un site de compostage à l’école, etc.

Il est important de susciter l’enthousiasme nécessaire à produire un changement decomportement face aux déchets dans l’ensemble de l’école. L’ICDI propose une rencontre

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avec les enseignants afin de discuter des activités possibles, peuvant porter sur un projetde classe ou d’école. Le personnel de l’économat, de la cuisine et du nettoyage peut êtreformé à la prévention des déchets dans le cadre de leurs activités d’achat. Autant quepossible, les animateurs rencontrent aussi les représentants des parents. Enfin, les écolesse voient offrir conseils et assistance dans la gestion de leurs déchets.

L’ICDI accueille également les enfants lors d’événements spécifiques : expositions,semaines de la propreté, etc. L’intercommunale crée des outils spécifiques pour cesmanifestations, par exemple la Charte du Chevalier Vert, qui encourage les enfants entre5 et 12 ans à adopter un comportement respectueux de l’environnement tout au long del’année scolaire. Chaque mois, 55.000 enfants découvrent un thème environnemental,avec un glossaire, un poster de conseils et un concours. Les enfants peuvent participersoit individuellement, soit dans le cadre d’un projet scolaire.

Pour plus d’information :ICDI - Mme Nathalie Brizy - Service communication et préventionRue de la Vieille Place 51 - B-6001 Marcinelle, BelgiumTel. : +32. 71.60.04.98 - Fax : +32.71.47..07.91 - [email protected]

3.2.2.4.6. Bologne : campagne scolaire annuelle pour l’environnement15

En Italie, à Bologne, un projet «Scuolambiente» a été lancé dès 1993 dans près de 700établissements pré-universitaires en relation avec l’Agenda 21 local.Parmi les différentes actions inclues dans cette campagne renouvelée chaque année,relevons :- l’analyse avec les élèves des déchets produits en milieu scolaire ainsi que de leurs

déchets à domicile;- le remplacement de la vaisselle jetable par de la vaisselle réutilisable;- la conception de pièces de théâtre telle que «Le roi du déchet» pour les enfants entre 3

et 7 ans en 1994/1995;- la mise au point d’un camion-laboratoire «Rifiuti…ma non troppo», avec une exposition

interactive principalement à la disposition des écoles;- la conception d’un livre «L’histoire du Magicien Puant» qui transforme son château entouré

de déchets en espace vert magnifique rempli de jeux faits avec des produits recyclés.

3.2.2.4.7. Pampelune : formation au compostage depuis 198216

Les élèves apprennent la construction avec des matériaux de récupération, le jardin bio,le compostage, la prévention ou la réutilisation des déchets. Une stratégie a été définiesur base de ces projets pilotes, afin de multiplier ces activités et de les étendre à l’ensemble

15 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.16 Ibid

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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de la zone de Pampelune. Ce travail de diffusion est soutenu par de nombreusesexpositions, du matériel pédagogique – livres, vidéos, bandes dessinées – et des activitésvoient le jour sous la houlette de la “Mancomunidad de la Comarca de Pamplona”, quiregroupe les communes de Pampelune et de Comarco.

3.2.3. ENCOURAGER LES CHANGEMENTS DE COMPORTEMENT DECONSOMMATION

3.2.3.1. Promouvoir les produits écologiques dans les magasins

L’offre de produits écolabellisés reste limitée dans les rayons des magasins. Un nombrecroissant de pouvoirs locaux et régionaux mettent en place une information et des systèmesde marquage alternatifs pour des produits présentant un impact environnemental réduiten termes de déchets, par rapport aux autres produits en rayon. Les communes coopèrentavec les magasins locaux pour que le consommateur puisse identifier ces produits. Unelarge couverture médiatique accompagne ces actions, ce qui encourage les magasins àparticiper. Ce type d’initiatives présente l’avantage d’agir tant au niveau de l’offre qu’auniveau de la demande.L’intercommunale chargée de la gestion des déchets dans la région de Charleroi (Belgique),consolide ses actions de prévention en fournissant des informations pratiques auxconsommateurs, dans les points de vente et à certaines périodes de l’année. Des étiquettessignalent les produits qui limitent les déchets. Cette initiative ponctuelle aide lesconsommateurs à visualiser les conseils prodigués tout au long de l’année. De même,trois régions européennes, la vallée de Sangone (Italie), Sant Adreu de Llavaneres(Espagne), et la Communauté des Communes du Pays de Sorgues et des Monts deVaucluse (France) – ont mis en place une coopération avec les magasins, les hôtels et lesrestaurants locaux, afin de modifier l’offre de produits ainsi que les habitudes de consom-mation des clients.

Bonnes pratiques:

• Charleroi : partenariat avec les supermarchés pour l’étiquetage desproduits limitant les déchets

• Meudon & Mérignac : labels au triple message• Savigliano : écolabel du Re.Re. «Réduire et Recycler»• Eindhoven : l’achat écologique• Arzignano (I), Cornella & Baix Camp (E), Corse : promouvoir des

alternatives aux sacs plastiques jetables

3.2.3.1.1. Charleroi : partenariat avec les supermarchés pour l’étiquetage des produitslimitant les déchets

Comment les clients peuvent-ils reconnaître en faisant leurs courses les produits qui occa-sionnent moins de déchets d’emballages directs ? Pour les y aider, une grande campagne

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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s’est déroulée dans 170 supermarchés de la région de Charleroi (Belgique). Elle étaitorganisée par l’ICDI, une intercommunale pour la gestion des déchets, et par une ONGécologique locale, Espace Environnement.

La campagne consistait à :- apposer des étiquettes «déchets limités» en dessous de chaque produit générant moins

de déchets d’emballages directs et ce, pendant 2 mois maximum;- mettre des prospectus d’information à disposition aux caisses des supermarchés

pendant une semaine (3 fois par an);- diffuser un message pour informer les consommateurs à propos de la campagne (toutes

les 30 minutes);- évaluer l’impact sur les ventes des produits concernés;- organiser une «semaine de minimisation», pendant laquelle on exposait les produits qui

limitent les déchets;- visiter des supermarchés avec des groupes d’adultes.

Espace Environnement était chargé de l’étiquetage. En complément, l’équipe de préventionde l’ICDI effectuait des enquêtes auprès des clients, après l’enlèvement des étiquettes,pour vérifier s’ils avaient bien compris leur signification. Chaque fois que c’était possible,l’ICDI affichait également des informations complémentaires, et l’équipe de prévention del’ICDI rencontrait les clients dans les magasins, pour leur expliquer ses objectifs.

L’étiquetage était décidé par les organisateurs de la campagne, en étroite collaborationavec les gérants et le personnel des supermarchés. Son exactitude était vérifiée deux foispar mois. Par ailleurs, la campagne a fait l’objet d’une promotion dans les différentesmunicipalités de la région.

La campagne s’inscrivait dans une stratégie de limitation des déchets adoptée par leconseil provincial du Brabant wallon et par l’intercommunale de Charleroi chargée de lacollecte et de la gestion des déchets.

Le succès de la campagne s’explique par l’étroite collaboration entre l’ICDI – les pouvoirspublics responsables de la gestion des déchets - Espace Environnement – une ONGécologique locale - et les gérants et le personnel des supermarchés. Une telle collaborationest un bon moyen complémentaire d’inciter les citoyens à s’impliquer dans la préventiondes déchets.

Pour plus d’informations :Espace Environnement - M. Jean-Marie Savino29 rue de Montigny – B-6000 Charleroitel. : +32.71.300.300 - [email protected] ://www.espace-environnement.be

I.C.D.I. - Mme Nathalie BrizyService communication et prévention - Rue de la Vieille Place 51, B-6001 MarcinelleTél. : +32.71.600.498 - Fax : +32.71.47.07.91 - [email protected] ://www.icdi.org

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.3.1.2. Meudon & Mérignac : labels au triple message17

En France, les communes de Meudon et Mérignac se sont engagées aux côtés de«Monoprix», et avec l’ADEME – l’Agence nationale publique pour l’environnement etl’énergie, dans des opérations d’étiquetage des produits. Concrètement, Monoprix aretranscrit sur l’étiquette de ses produits un triple message illustré par des pictogrammes:- «je choisis (ce produit car il présente des impacts moindres lors de sa fabrication)»;- «j’utilise (ce produit au mieux pour limiter ses impacts sur l’environnement)»;- «je trie (ce produit ou son emballage après utilisation car de mon geste dépend le

recyclage)».

3.2.3.1.3. Savigliano : Ecolabel du Re.Re. «Réduire et Recycler»

Le projet Re.Re. a été mis en œuvre entre novembre 2002 et mars 2004 et mené pa-rallèlement en différents endroits – à Sant Andreu de Llavaneres, en Catalogne; dans laCommunauté de Communes des Pays de Sorgues et des Monts de Vaucluse, en Provence;à Savigliano, dans la vallée de Sangone, dans le Piedmont – avec le soutien financier dela Commission européenne. Trois organismes de protection de l’environnement – la Escolade Natura (Espagne), le Centre méditerranéen de l’Environnement (France) et E.R.I.C.A.s.c.r.l. (Italie) – ont coordonné la réalisation du projet dans leur pays respectif, en coopérationavec les municipalités locales, les associations professionnelles et de consommateurs, etavec les commerçants. Cette approche avait pour but d’agir tant sur l’offre que sur lademande, et de comparer les résultats d’une série d’initiatives visant à encourager laréduction des déchets, le compostage domestique et la collecte sélective des déchetsdans les trois pays.

• MéthodologieLe travail a débuté par une analyse sociale et technique de la situation, suivie de troiscampagnes d’information. La première concernait la réduction des déchets et s’adressaitaux chalands, aux marchands, ainsi qu’aux directeurs d’hôtel et de restaurant. Cesderniers ont été invités à des réunions au cours desquelles on leur expliquait commentils peuvent contribuer à préserver l’environnement et les solutions pratiques à cet effet.La deuxième campagne traitait du compostage domestique, avec des sessions d’infor-mation et une réduction fiscale pour les participants. La dernière campagne rappelait lesrègles de la collecte sélective des déchets. Les résultats ont été présentés aux citoyenset aux administrateurs publics à l’occasion de trois conventions en avril 2004.

• Offre et demande de produits vertsSuite aux propositions formulées par les gérants des magasins, des restaurants et deshôtels locaux lors de ces réunions, les pouvoirs publics ont créé un label de qualité envi-ronnementale. De nombreux magasins ont signé une convention élaborée par les muni-cipalités et les associations professionnelles et de consommateurs.

17 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

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Ils se sont ainsi engagés à proposer des produits plusrespectueux de l’environnement, c’est-à-dire sans embal-lages ou rechargeables. Ils sont convenus de respecter laCharte environnementale et ont reçu le label Re.Re.«Réduire et Recycler», un autocollant illustrant une fourmiverte, à apposer à leur vitrine. Les hôtels et les restaurantsse sont efforcés d’avoir moins de produits à usage unique.Parallèlement, les consommateurs recevaient des infor-mations sur la signification du label de qualité par publi-postage, affiches publicitaires et lors de réunions d’informa-

tion. A cette occasion, ils ont reçu chacun un sac à provisions réutilisable et un prospectusproposant des trucs et astuces pour acheter avec moins de déchets.

• Suivi des résultatsGrâce à l’évolution de l’offre de produits et des choix de consommation ainsi qu’à lapratique croissante du compostage ménager, la production de déchets a commencé àdiminuer.C’est ainsi qu’en 2003, par rapport à 2002, la quantité de déchets à éliminer définitivementpar rapport à la production totale de déchets a diminué de 6% pour Savigliano, de 15%pour la vallée de Sangone, de 5% pour Sant Andreu de Llavaneres et de 13% pour laCommunauté des Communes du Pays de Sorgues. Au total, la diminution s’élevait à3.563,7 tonnes en 2003.Le projet prouve que les campagnes d’information intensives, menées de pair avec desactions pratiques sur l’offre et la demande de produits, contribuent à freiner la productionde déchets.

Pour plus d’informations :E.R.I.C.A. s.c.r.l. - M. Roberto CavalloVia Acqui 17 – I-12051 Alba (CN) - [email protected] ://www.cooperica.it - http ://www.envi.info

3.2.3.1.4. Eindhoven : l’achat écologique18

Aux Pays-Bas, la ville d’Eindhoven a aussi mené en 1998 une importante campagne enfaveur d’achats écologiques. Quatre grands centres commerciaux ont été sélectionnés etdes actions de sensibilisation ont été développées avec tous les instruments possibles(posters, brochures, newsletter, cartons d’identification de certains produits dans les rayons,communiqués de presse, interview-radio , stands d’information,…) Un budget de 13.000Euros a été affecté à cette campagne «Winkelen in een goed milieu»…qui ne s’est soldéecependant que par des changements durables de comportement d’achats de l’ordre de 2%.

18 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.3.1.5. Promouvoir les alternatives aux sacs plastique jetables

• Sacs de caisse biodégradables à Arzignano19

Cette campagne a commencé par une sensibilisation du public aux problèmes des dé-chets. Ensuite, l’administration contacte les marchands et leur propose de signer un ac-cord. Les organisations de commerçants s’engagent à utiliser et à distribuer des sacs àprovisions en matériaux biodégradables et renouvelables. En échange, leurs noms sontrepris et publiés dans le journal local. Les habitants d’Arzignano ont bien accueilli l’initiative,et les commerçants ont acheté et utilisé 10.000 sacs biodégradables en 3 mois.

Pour plus d’informations :Municipalité d’Arzignano - M. Danilo [email protected]

• Sacs à provisions biodégradables ou en tissu en Espagne20

Cornella (Barcelone) et Baix Camp (Tarragone), font également la promotion du remplace-ment des sachets d’emballage en plastique par des sacs à provisions biodégradables.On peut ensuite les utiliser pour contenir la fraction organique des déchets. Une cam-pagne, lancée dans les communes de Molins de Rei, de Castelbajac, de Santal Colombade Granet et dans le quartier de Sant Andreu del Palomar à Barcelone, a encouragé lesclients à passer au sac à provisions en tissu. Cette campagne a été réalisée en coopé-ration avec un réseau de commerçants (voir le point 3.2.3.3. «Suivre les progrès versune consommation durable»). A La Caruaru, des sacs à provisions en tissu sont distribuésgratuitement. Ils portent le slogan «Emmène-moi pour faire tes courses – sans sacheten plastique !».

• Halte aux sacs plastiques en Corse21

19 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)20 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.21 Comité 21

Le 15 mai 2003, l’Assemblée de Corse votait à l’unanimitéune motion contre la mise à disposition dans les circuitscommerciaux de sacs jetables en plastique non biodégra-dables. Les 23 et 24 mai, la grande distribution (Carrefour,Système U, Géant Casino), la Collectivité territoriale de Corseet l’Office de l’Environnement de la Corse ont organisé uneconsultation auprès des consommateurs afin qu’ils choisis-sent leur solution de substitution aux sacs plastiques (sac àprovisions consigné, sachet en amidon de maïs, sac enpapier). 30.448 votes ont été enregistrés dans les 8 magasinsparticipants.

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Des sacs à provisions consignés (61% des votes) et des sacs en papier (19%) ontensuite été mis à disposition dans les magasins. Ce résultat est le fruit d’une actionlancée depuis 1999 par le Festival du Vent à Calvi.

Pour plus d’informations :Serge Orru – tél. : 01.53.20.93.01 – fax : 01.53.20.93.05 – [email protected]://www.lefestivalduvent.com

3.2.3.2. Récompenser les choix de consommation durables

La prise en compte des barrières au changement de comportement des consommateursa conduit la municipalité de Rotterdam à mettre sur pied le projet NU. Celui-ci vise à aiderles consommateurs à adopter un comportement quotidien durable. Le choix d’un produitou d’un comportement durable clairement identifié est récompensé à chaque fois par unegratification durable. Ce qui tend à créer un cercle vertueux.Accroître la demande pour des produits durables, encourager le comportement écologiquedes citoyens au quotidien, stimuler le tri des déchets et leur réutilisation, encourager lestransports en commun et augmenter l’offre de produits durables par les PME, tels sont lesprincipaux objectifs que la municipalité de Rotterdam poursuivait en lançant la carte NU.

Rotterdam est la seconde ville des Pays-Bas par la taille avec 600 000 habitants, et leplus grand port du monde. Rotterdam se veut une ville durable de premier plan. En mai2002, le département de l’environnement, l’organisation municipale des transports encommun RET et la société de déchets urbains Roteb ont formé un partenariat, afin delancer le projet d’une carte NU. Ce projet était soutenu financièrement par la Commissioneuropéenne ( LIFE ) et par la province de Hollande méridionale. Il bénéficiait égalementdu soutien de la coopérative Rabobank Rotterdam & Group et de l’agence de développe-ment Barataria.

Bonnes pratiques :

• Rotterdam: le projet NU

3.2.3.2.1. Rotterdam : le projet NU

• Instrument : la carte de fidélité durableLa carte NU est une carte qui encourage les consommateurs à acheter de manièredurable. Elle repose sur la technologie de la carte à puce. Des points NU sont offertsaux détenteurs d’une carte pour les remercier de certaines actions et de l’achat de cer-tains biens et services durables. Les points sont échangés contre d’autres produits favo-rables à l’environnement.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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La carte encourage le comportement durable à deux moments : lorsqu’on économise despoints par un comportement (d’achat) durable et lorsqu’on les dépense pour des biens etservices durables.

• Liste des économiesLa liste des économies comporte des achats de produits durables (intéressants pour lesecteur privé) et des comportements durables (intéressants pour les pouvoirs locaux) :- Énergie renouvelable, matériaux d’isolation, équipement portant le label A, radiateurs

à haut rendement, etc.;- Produits écolabélisés (comme les aliments issus de l’agriculture biologique);- Produits financiers écologiques;- Tri des déchets.

• Listes des dépensesLa liste des dépenses comprend des biens et services durables qui constituent unerécompense attrayante, comme :- Les transports en commun et autres formes de transport durable en ville (location de

vélos, voitures en multipropriété, partage des voitures);- Les produits écoefficaces, essentiellement des produits à faible intensité énergétique,

y compris la culture et l’éducation;- Les produits réutilisés et services de réparation.Ainsi, la carte NU stimule une nouvelle fois le comportement durable des consommateurs.

• Résultats espérésLe projet NU est significatif, parce qu’il s’agit d’un outil puissant pour :- Inciter ceux qui suivent les tendances à adopter un comportement plus durable;- Accroître les parts de marché des biens et services durables;- Faire bouger le public sur certaines questions de développement durable et d’environ-

nement, là où aujourd’hui, les autorités manquent souvent d’outils efficaces.Alors que de nombreux instruments se situent du côté de l’offre ou au niveau de l’informa-tion, la carte de gratification durable fonctionne du côté de la demande. L’instrumentmodifie réellement le comportement quotidien et la demande pour des produits durables.

• Avantages de la carte NULa carte NU diffère fondamentalement de bon nombre d’autres instruments. Elle offrenotamment les atouts suivants :- Positifs : NU est un instrument positif. Les consommateurs sont récompensés et non

pénalisés;- Comportement : on espère souvent que l’information débouchera sur un changement

d’attitude, qui conduira ensuite au changement de comportement. La carte NU partde la position inverse. Une récompense est offerte pour un comportement (d’achat)durable. Les détenteurs d’une carte sont plus ouverts aux informations (pour êtrerécompensés davantage). Ce qui, à la longue, leur permet d’intérioriser le développe-ment durable.

- Déterminés par la demande : alors que beaucoup d’instruments se situent du côté del’offre ou au niveau de l’information, la carte NU travaille du côté de la demande. NUstimule la demande pour des produits durables, au lieu d’offrir davantage de produits.

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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- Outil de marketing : la carte NU est un outil de marketing pour des modes de consom-mation durable.

Pour plus d’informations :Bureau NU-Spaarpas –Postbus 21650 – NL-3001 AR [email protected] - http://www.NUspaarpas.nl

3.2.3.3. Suivre les progrès vers une consommation durable

Plusieurs pouvoirs publics ont lancé des projets pilotes au niveau régional, visant àpromouvoir le changement du comportement de consommation des citoyens. Ces initiativesse basent sur un principe simple : obtenir des gens qu’ils s’engagent vis-à-vis de leurspairs, à réaliser certaines actions et à indiquer régulièrement leurs progrès. Cette approcheaide les habitants à lutter contre le sentiment d’isolement et d’impuissance qui résultesouvent d’actions isolées. Elle vise à amener les consommateurs à se rendre compte quechaque petite action isolée compte et que, ensemble, ils ont vraiment le pouvoir d’influencerl’offre de produits et de services. C’est pourquoi le suivi des actions est crucial.

Cette approche est largement utilisée par Eco Life, une organisation sans but lucratifflamande, qui a commencé à travailler au début des années ’90. Elle organise descampagnes avec le soutien et la coopération des villes, des provinces, de la région, etd’autres acteurs locaux et régionaux. Elle présente des exemples pratiques et aide lesclients dans la mise en œuvre d’actions pas à pas, afin d’atteindre des objectifs réalisteset mesurables.

Dans la province de Barcelone, non seulement les consommateurs sont invités à modifierleurs comportements, encore les magasins sont encouragés à modifier leur offre. Leschangements de comportement sont suivis au moyen d’études et de comptages objectifsauprès des deux groupes d’acteurs.

C’est en coopération avec la Région wallonne qu’une autre organisation sans but lucratif,Espace Environnement, a impliqué un groupe de 30 ménages dans l’accomplissement etle suivi, pendant 12 semaines, d’autant de gestes de prévention des déchets que possible.A noter aussi que la Région wallonne a introduit en 2002 l’application du concept «écolesde consommateurs» en tant que lieux d’accueil pour tous ceux – en particulier les plusdémunis – qui cherchent à consommer moins, ou autrement, ou mieux, dans le but degérer le mieux possible leur budget en même temps que leur vie quotidienne.

Bonnes pratiques :

• Région Flamande: le projet Ecolife• Barcelone : indicateurs de changements de comportement pour l’offre et

la demande• Charleroi : le projet «Puzzle de la prévention»

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3.2.3.3.1. Région Flamande: le projet Ecolife

• Des campagnes sur mesureEcolife est une association flamande sans but lucratif, qui a commencé ses activités audébut des années 90. Elle organise des campagnes qui encouragent les gens à adapterleur style de vie et leurs modes de consommation. Ces campagnes sont développéesavec le soutien et en collaboration avec les villes, les provinces, la région et d’autresacteurs locaux et régionaux.

Grâce à son expérience unique et à ses compétences dans le développement etl’animation de campagnes d’information, Ecolife a mis en place plusieurs programmesavec des partenaires des pouvoirs locaux et régionaux, afin d’aider les citoyens et lesconsommateurs à adopter un style de vie plus écologique. Chaque campagne est adaptéeau public spécifique et à ses besoins et intérêts.

Ecolife a ainsi développé des campagnes pour les consommateurs, les étudiants, lesdétaillants, le personnel des administrations ou des petites entreprises, le secteur de laconstruction… Les campagnes portent aussi bien sur la production des déchets que surla consommation d’électricité ou d’eau, la mobilité, le chauffage, la construction ou l’isola-tion thermique.

• Des éco-équipes pour changer de mode de vie Avec ses partenaires, Ecolife a lancé les écoéquipes. Chaque équipe comprend unedizaine de personnes qui se réunissent environ 8 fois. Les thèmes de discussion peuventêtre sélectionnés parmi les sujets suivants : les déchets, la consommation d’électricitéou d’eau, la mobilité ou le chauffage domestique. L’équipe choisit elle-même la date etla fréquence des réunions, ainsi que le thème discuté. En 6 ans, plus de 250 écoéquipesse sont constituées. Chacune bénéficie du soutien d’un guide, un des dix collaborateursd’Ecolife, qui participe à la première réunion et à trois autres séances thématiques.Chaque participant reçoit un manuel de travail, qui lui donne des informations de fond etde nombreux conseils pratiques.La participation à ces séances n’est pas gratuite. Chaque participant doit payer environ18 Euros. Mais il récupère rapidement cette somme. Les équipes ont calculé qu’enmoyenne, les participants économisent entre 150 et 250 Euros sur leur facture d’électricité,d’eau et de déchets, pendant leur participation à l’écoéquipe.

• Mesurer c’est savoirD’après son expérience, Ecolife estime qu’un élément-clé du succès de ses campagnesest la mesure correcte des résultats obtenus. Dans les écoéquipes, chaque ménageparticipant est invité à effectuer régulièrement - et à noter dans un carnet - le relevé descompteurs d’eau ou d’électricité, à estimer le volume de ses déchets et le nombre dekilomètres parcourus en voiture.

Plusieurs actions développées par Ecolife permettent aux participants de définir, à l’a-vance, des objectifs de changement mesurables et de quantifier les progrès réalisés :- les écoéquipes peuvent évaluer leurs économies en % (de la consommation

d’électricité ou d’eau, des dépenses de chauffage et de la production de déchets);

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- la campagne Ecoscore, qui utilise l’empreinte écologique, permet aux gens d’estimerle nombre de m² de surface terrestre qu’ils épargnent;

- les participants à «The Bet», un défi entre des étudiants universitaires et le ministrebelge de l’environnement, calculent leurs économies en kg de CO2.

À la fin du programme, un «écoéquipier» a réduit ses déchets, en moyenne, de 1,47 kgà 1,0 kg par semaine (32%), sa consommation d’électricité est passée de 26,8 kWh/semaine à 23,5 kWh/semaine(12,5%), et sa consommation d’eau de 73 litres/jour à 64litres/jour (12,5%).

• Ecoscore – Sauvez quelques hectares de la planète !

Chaque ménage a reçu des méthodes de calcul et des données lui permettant d’évaluerles progrès accomplis.

Ces méthodes s’appuient sur l’empreinte écologique. Elle permet. aux gens d’estimerla surface de la Terre préservée grâce à diverses initiatives d’économie, ce qu’illustrentles différents exemples du tableau ci-dessous :

1 kWh 2,6 m²

1 L d’huile 8,9 m²

1 L d’essence 11,6 m²

1 kg de bœuf bio 261,0 m²

1 kg de haricots frais 9,7 m²

1 kg de haricots surgelés 14,5 m²

1 m³ de gaz (40MJ/m³) 7,4 m²

1 kg de papier blanc 20,8 m²

1 kg de papier recyclé 7,15 m²

Ceci permet de calculer qu’une journée avec un autocollant «pas de publicité», apposésur la boîte aux lettres, économise 2,26 m². Ou qu’une journée sans viande entraîne uneéconomie de 5,8 m² par personne. Ou que le remplacement des fruits cultivés en serrepar des fruits de saison réduit l’empreinte écologique de 8,99 m² par kg22.

En octobre 2001, 13 communes de la région de Courtraiont lancé le projet Ecoscore. Parmi les 260.000 habi-tants de la région, 116 ménages se sont engagés àtester, pendant 100 jours, certaines initiatives choisiesparmi les mesures conseillées pour le chauffage, l’eauchaude, l’alimentation, la cuisson, l’électricité, lesdéchets ou la mobilité.

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À l’issue du premier projet à Courtrai, les participants avaient réussi à sauver une zonecorrespondant à plus de 100 terrains de football. Ce qui représente une diminution moyen-ne de 10% par rapport au début du projet et environ 25% de moins qu’un ménage fla-mand moyen. Pendant le projet, la plupart des conseils prodigués concernaient lanourriture, le chauffage domestique et la consommation d’eau. Les mesures qui ontobtenu les résultats les plus significatifs concernaient l’alimentation (29% du total deséconomies), le chauffage (26%) et la mobilité (23%).

• Une initiative qui se développe rapidementLes participants sont généralement satisfaits du projet. La mise en pratique de conseilsfaciles à suivre et l’évaluation immédiate des résultats contribuent à définir des mesurespermettant d’atteindre les objectifs ; elles montrent que chaque petit geste compte etqu’ensemble, ils peuvent faire la différence : «Un voyage de mille kilomètres doitcommencer par un seul pas».

À la fin du premier projet, un autre a démarré avec 78 ménages participants, et unetroisième initiative a été lancée en février 2003, dans la province du Brabant flamand(250 ménages devaient y prendre part). Le projet s’étend déjà à la région wallonne, oùdes initiatives devaient démarrer en 2003.

Pour plus d’information :EcolifeBlijde Inkomststraat 109 – B-3000 LeuvenTel. : +32.16.23.26.49 - Fax : +32.16.22.21.31 - [email protected] ://www.ecolife.be/home.asp

3.2.3.3.2. Barcelone : Indicateurs de changement des comportements pour l’offre etla demande23

En 2001, la province de Barcelone a été la première en Espagne à développer une séried’indicateurs fondés sur une méthodologie bien définie et sur une méthode efficaced’évaluation des résultats. Ce projet pilote a été lancé dans trois municipalités : Molins deRei (20.198 habitants), Castelbisbal (8.967 habitants) et Santa Coloma de Gramenet(116.604 habitants). En 2002, une expérience similaire de courte durée a été réalisée àSant Andreu del Palomar, un autre quartier de Barcelone.

Des indicateurs destinés à évaluer les résultats par rapport aux objectifs visés ont étédéveloppés. Ceux-ci ont été élaborés côté offre et côté demande, selon les types decomportements recherchés: suppression ou évitement des emballages, réduction desemballages, consommation de produits respectueux de l’environnement, comportementsrespectant l’environnement, évaluation de la gestion de la campagne par les consomma-

22 http://www.ecoscore.be/nl/tips23 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

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teurs. Des sous-indicateurs devaient permettre d’affiner l’évaluation et de distinguer lecôté de l’offre du côté de la demande.

Par exemple, côté consommateur, supprimer ou éviter les emballages peut se faire :- en utilisant des sacs à provisions en toile;- en utilisant des boîtes réutilisables (Tupperware);- en évitant les barquettes en polystyrène;- en évitant les sachets en plastique.

Et du côté de l’offre, les efforts de diminution d’emballages sont mesurés par :- la substitution d’emballages en PVC;- l’évitement d’emballages en polystyrène;- l’augmentation de l’offre en produits contenus dans des emballages en matériaux

renouvelables;- l’arrêt ou la limitation de l’offre de sacs plastiques gratuits;- la perception de la réduction de la demande de sachets en plastique.

En outre, chaque sous-indicateur peut être ou non utilisé selon le type d’établissement :magasin, restaurant, supermarché, magasin d’alimentation ou de vêtements, épicerie,droguerie, papeterie.

Les résultats varient selon les communes. Dans celles qui connaissent déjà le tri desdéchets, la population est sensibilisée à cette problématique, et la campagne y a renforcéles comporte-ments et les bonnes habitudes. La campagne de promotion s’est avéréeefficace et bon nombre de personnes étaient au courant de celle-ci. Le niveau d’acceptationétait également élevé. A Molins de Rei, 47% de la population étudiée considéraient quela clé pour diminuer l’impact environnemental des emballages se trouvait dans la moindreconsommation de produits emballés. La demande de sachets en plastique a diminuésemblablement.

Pour plus d’informations :Programma de Minimización de Residuos del Programa Metropolitano de Gestión desresiduos municipales de Barcelona (PMGM) de [email protected]

3.2.3.3.3. Charleroi : le projet «Puzzle de la prévention»

En 2003-2004, l’ONG Espace Environnement de la région de Charleroi a réalisé, encoopération avec la Région wallonne et le réseau «Eco-consommation», un «Puzzle de laprévention». Ce projet européen implique 30 ménages dans un effort commun de modifierleurs comportements de consommation, avec des effets positifs sur leur propre qualité devie et sur l’environnement.

Il se base sur le même principe que celui utilisé pour arrêter de fumer ou pour perdre dupoids. Les ménages s’engagent, devant leurs pairs, à prendre des mesures. On leur

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demande de contrôler leurs tentatives. Chaque ménage fixe son objectif, selon le scorefinal de prévention qu’il croit pouvoir atteindre et reçoit différents outils pour contrôler lesefforts de prévention des déchets réalisés : balance pour peser les déchets, thermomètrepour vérifier la température du frigo, carafe d’eau, et un compteur-enregistreur, dans lequelil doit, chaque jour, enregistrer les gestes positifs réalisés ou omis pour éviter les déchets.Les résultats sont compilés hebdomadairement.

Plusieurs types d’activités sont organisées pour aider les ménages à modifier leurscomportements, pour leur donner des informations contextuelles et des conseils pratiques,ainsi que pour leur permettre d’échanger leurs expériences.- une réunion de lancement,- une visite de l’exposition de l’ACRR «La terre, mode d’emploi» sur l’impact qu’ont les

modes de vie sur la consommation des ressources naturelles,- une visite de parcs de recyclage et d’un supermarché pour mieux comprendre comment

choisir des produits respectueux de l’environnement.Les résultats sont encourageants, tant en termes de modification des comportementsqu’en termes d’appréciation des ménages. Les comportements positifs augmentent aprèsla deuxième semaine et jusqu’à la neuvième semaine. Ainsi, les ménages commencent àboire de l’eau du robinet ou achètent des biscuits en vrac. Après 2 mois (la durée moyenned’éveil pour tout projet de communication), l’intérêt diminue et les participants cessentd’enregistrer leurs gestes. Les ménages étaient très enthousiastes à l’idée de pouvoiraller plus loin encore dans leurs pratiques de prévention des déchets, puisqu’ils se sonttous portés volontaires et la grande majorité d’entre eux faisait du compostage. Ils ontproposé d’améliorer le système par l’enregistrement des quantités absolues d’évitementde déchets – p.ex. le renoncement aux sacs de caisse en plastique – ou la diminution desvolumes de déchets. Cette dernière approche est d’autant plus intéressante que lesménages sont taxés sur le nombre de sacs-poubelles utilisés. Ce projet est aussi appliquéà Rennes (France), à Brno (République Tchèque), Vienne (Autriche) et Varsovie (Pologne).

Pour plus d’informations :Espace EnvironnementTél. : +32.71.300.300 - [email protected] ://www.espace-environnement.org/puzzle.htm

3.2.3.4. Eduquer à utiliser de manière rationnelle

Le mode d’utilisation des produits contribue de manière significative à leur impact total surl’environnement. En les choisissant, il est donc important de tenir compte de la manièredont on les utilise. Ceci vaut quand on décide de réutiliser un produit plutôt que d’opterpour l’usage unique. Cela importe aussi pour la consommation d’énergie ou de papier. Eneffet, pour les appareils électroniques, l’impact principal de la phase d’utilisation porte surla consommation d’énergie (électricité, gaz). Pour les détergents, l’impact vient de la naturedes produits et des quantités utilisées.

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L’industrie des détergents mène une campagne d’information pour enseigner aux consom-mateurs la meilleure manière d’utiliser leur lave-linge et les détergents, afin de protégerl’environnement24. Les pouvoirs locaux ont également une responsabilité importante dansl’éducation des utilisateurs. La municipalité de Kolding a rédigé un protocole à l’intentiondes préposés au nettoyage, afin de limiter les quantités de produits utilisés et de réduireleur impact sur l’environnement et la santé. De plus, la commune n’achète que des produitsde nettoyage écologiques.

Le développement d’outils d’information pour le grand public est essentiel dans la diffusiond’information de fond sur les questions d’actualité et les événements importants liés àl’environnement, ainsi que sur les possibilités qu’ont les citoyens de s’impliquer dans laprotection de leur environnement au niveau local. Même si la plupart des administrationsdisposent d’un site Internet comprenant quelques pages destinées au grand public,l’information imprimée reste un moyen primordial de diffusion. Des brochures municipalesad hoc ainsi qu’un bulletin régulier font donc partie des outils utilisés pour mettre en œuvreles stratégies de sensibilisation environnementale des autorités locales et régionales. Ilest intéressant de voir le nombre de publications des villes et régions européennescontenant des conseils et astuces sur les comportements écologiques, le choix des produits(réutilisables, évitant les produits toxiques), leur utilisation (économie d’eau, de papier) etleur fin de vie (produits d’occasion). Par exemple dans le Land du Bas-Rhin, dans leComté de Hampshire ou dans la ville de Malaga.

Bonnes pratiques :

• Kolding : utiliser les produits nettoyants avec modération• Bas-Rhin : 67 gestes pour l’environnement• Comté du Hampshire : « Trash Attack »• Malaga : les 10 commandements écologiques

3.2.3.4.1. Kolding : utiliser les produits nettoyants avec modération

Kolding se préoccupe de limiter l’impact des produits nettoyants sur l’environnement. Laville fixe des critères quant aux composants, afin d’acheter des produits moins toxiquespour l’environnement. En outre, le centre de médecine du travail a développé une méthodepour que l’unité centrale des services de nettoyage limite leur consommation.

Le produit de nettoyage est mélangé à l’eau, en respectant les instructions de dosage.Une serpillière propre est fixée au manche télescopique, et le mélange est versé sur laserpillière. Après le nettoyage, la serpillière humide est remplacée par une serpillière sèche,pour sécher le sol et ramasser la saleté. La procédure est répétée ensuite, jusqu’à ce quele sol soit propre. Lorsqu’une des serpillières est trop sale ou trop humide, elle est placéedans un sac pour être lavée plus tard. Une journée de travail moyenne produit 2 kg de

24 Wash-right campaign http://www.washright.com

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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serpillières sales par préposé au nettoyage. Cette procédure est très avantageuse, puis-qu’elle économise le produit de nettoyage et l’eau.

Pour plus d’informations :Municipality of Kolding - Mr Per Bodker Andersen – Maire de KoldingCity Hall - Akseltorv 1 - DK-6000 KoldingTel. + 45 75 50 15 00, ext. 2000 - Fax + 45 79 30 20 02 [email protected] - http ://www.kolding.dk

3.2.3.4.2. Bas-Rhin : 67 gestes pour l’environnement25

En France, le Conseil Général du Bas-Rhin a réalisé dès 1991 une campagne de com-munication autour de 67 gestes pour l’environnement parmi lesquels :- «je porte mes vieux vêtements aux associations caritatives»- «j’évite la consommation d’assiettes, couverts et gobelets jetables»- «je préfère les produits rechargeables»- «je fais mes courses avec un panier»- «j’utilise des rasoirs à lames rechargeables»

3.2.3.4.3.Comté du Hampshire : «Trash Attack»26

Dans le Hampshire (UK), un guide «Trash Attack» a été lancé en 1997 dans le cadre d’unprojet global de sensibilisation à la prévention et à la gestion des déchets (projetINTEGRA). Ce guide formule diverses suggestions pour réduire au quotidien les déchets ;il répond notamment aux questions :- comment réduire les publicités envoyées par la poste ?- pourquoi acheter des produits réutilisables et/ou sans emballages ?- comment éviter les déchets au bureau ?

3.2.3.4.4. Malaga : les 10 commandements écologiques27

Dans le contexte de sa campagne «ville durable» , relevons que la ville de Malaga (E) etla Fundación CIEDES ont publié en 1996 un livre de contes «Suenos de Noctiluca». Ilcomporte entre autres un conte «Un mundo de color» qui induit dix commandementsécologiques, dont plusieurs relatifs à la prévention des déchets :- épargne l’énergie à la maison en éteignant la lumière;- ferme le robinet afin d’économiser l’eau;- ne produit pas, autant que possible, des déchets;

25 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.26 Ibid27 Ibid

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- utilise des emballages «bons pour l’environnement»;- ne stocke pas des produits chimiques dangereux pour l’eau;- limite l’utilisation de sacs plastiques;- épargne le papier;- utilise la voiture avec modération;- ne jette pas de déchets dans la nature;- pense globalement et agis localement … pour que Malaga soit toujours en couleur !

Pour plus d’informations :http://www.ciesdes.es

Bon nombre d’autres villes ont aussi mis au point et diffusé des guides d’éco-compor-tements, comme la ville d’Helsinki en 2000.

3.2.3.5. Encourager la réparation et la réutilisation

Dans nos sociétés axées sur les consommateurs, beaucoup de produits perdent leurattrait avant que leur vie «naturelle» ne prenne fin. Prolonger leur vie utile en les réparantet en les réutilisant peut fortement contribuer à économiser les ressources. Cette approcheprésente plusieurs avantages :- elle contribue à réduire les déchets;- elle maintient l’artisanat local;- elle donne accès à des produits moins chers.

Beaucoup de villes encouragent les secteurs des produits d’occasion et de la réparationen les incorporant à leur stratégie de prévention des déchets. Munich en Allemagne etVienne en Autriche sont des pionniers en la matière.

Bonnes pratiques

• Munich : guide, journée de la reparation, et marchés aux puces• Vienne: campagnes d’information et plate-forme d’échange sur Internet• Barcelone : récupération des bouteilles de champagne

3.2.3.5.1. Munich : guide, journée de la reparation, et marchés aux puces

Dès 1994, la ville de Munich, en partenariat avec la Fédération pour la Conservation de laNature, a publié et distribué une liste complète des magasins de réparation de la ville.Cette initiative répondait à une demande réelle du public : la première édition du Guide dela réparation fut épuisée en quelques jours à peine.

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Le concept de la «Journée de la réparation» a été lancé en juin 1997. Tous les habitantssont invités à apporter leurs appareils électroménagers en panne pour les faire réparer(gratuitement) par des artisans locaux. Une première estimation a montré que les 2/3 desappareils pouvaient être réparés avec un minimum de travail (et pour un faible coût). Cequi signifie que la plupart des produits valaient vraiment la peine d’être réparés. Parconséquent, la «Journée de la réparation» est maintenant organisée chaque année.

En 2001, Munich et 4 autres villes allemandes ont collaboré àl’édition et à la distribution d’une soixantaine de milliers deguides de la réparation, contenant environ 650 adresses.Cette expérience prouve que les consommateurs sont plusaccessibles qu’on ne pourrait le croire aux conseils deprévention qui portent sur les produtis. Les magasins deréparation et les organisations telles que les associationsprofessionnelles, les commerçants et les artisans soutiennentl’initiative en offrant un service de conseil compétent.Vienne, Salzbourg et Helsinki ont également publié des guidesde réparation à la fin des années 1990.

• Développement du marché de l’occasionA partir de l’idée de réparation, un guide des biens d’occasion a été publié à Munich, en1998. Il présente toute sortes de possibilités d’achats de seconde main : les marchésaux puces permanents, réguliers et occasionnels, les magasins de seconde main pourdivers groupes de produits, les petites annonces des journaux, les brocantes dans lescentres de recyclage municipaux…La ville même vend des biens d’occasion par le biais de son département «Revented’articles de seconde main». En 2001, sur une période de 9 mois, le département avendu 133.678 articles, collectés dans les 12 centres de recyclage municipaux et lors dela collecte sélective des encombrants.

Pour plus d’informations :Kommunalreferat Abfallwirtschaftsbetrieb München – M. Helmut [email protected] - http://www.awm.muenchen.de

3.2.3.5.2. Vienne : campagnes d’information et plate-forme d’échange sur Internet

• Promotion de la réparation, de la réutilisation et de la locationÀ Vienne, la promotion de la réparation s’inscrit dans une campagne en 3 volets, quiencourage les consommateurs à réparer, à réutiliser grâce aux produits d’occasion, et àlouer plutôt qu’acheter. L’objectif final de Vienne est de susciter un changement de modede vie, de modifier le comportement et les attitudes des consommateurs pour passer àune «société de la réparation», où les gens garderaient les produits jusqu’à ce que leurvie s’achève réellement.

Deux guides de la réparation ont été publiés à Vienne en 1997 et en 1998. Le derniercontient 850 adresses pour 13 corps de métier, ainsi que des conseils de réparation

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généraux pour chaque secteur. 75 000 brochures avaient été distribuées à la fin del’année 2002. Une nouvelle édition, combinant les 2 guides revus et complétés, a étépubliée en 2003.Un réseau viénnois de la réparation a été crée par vingt-trois petites boutiques deréparation. Le service de gestion des déchets de la ville a assuré sa promotion. Lesboutiques doivent satisfaire à certaines conditions. Elles proposent un numéro vert etelles fot suivre les commandes de réparation aux boutiques membres, suivant leurspécialité.

Une étude réalisée auprès de 75 utilisateurs des guides de Vienne (guides de la réparationmais aussi de la location et de l’occasion) montre que les journaux sont la principalesource d’information sur cette brochure. Celle-ci est surtout utilisée pour les outils debricolage et les appareils électroménagers. Aujourd’hui, 13% des personnes interrogéesont davantage recours aux réparations et 60% l’ont recommandé à d’autres personnes.

Avec cette campagne permanente, Vienne veut sensibiliser à la fois les consommateurset les entreprises au fait que la réparation est un aspect important de la réduction desdéchets. Elle contribue à la protection de l’environnement, tout en ayant un effet positifsur l’économie régionale et la situation de l’emploi. L’entretien des biens peut égalementfaire passer des emplois du secteur de la fabrication vers celui des services. Ce qui aideà décentraliser les emplois, à augmenter le nombre de personnes occupées et àpromouvoir l’économie régionale. Un autre aspect positif est l’augmentation de la de-mande en personnel qualifié. À cet égard, la ville a ouvert un «Centre de réparation etde services», où les chômeurs peuvent trouver un emploi. Vienne organise égalementun marché aux puces.

• Une plate-forme d’échanges pour les produits de seconde mainÀ Vienne, le souci de promouvoir le marché de l’occasion a évolué pour se transformeren une plate-forme d’échange de biens de seconde main sur Internet. Le service a étémis en place en mars 1999, par le département municipal 22 de Vienne (protection del’environnement), en collaboration avec le département municipal 48 (Déchets).

Le système d’échange se subdivise en quatre «marchés» : les biens de seconde main,le compost, les ours en peluche (jouets) et les informations. Le marché de l’informationfournit une version en ligne des guides pratiques : le guide de la réparation, le guide desmagasins de location et le manuel sur l’élimination des déchets. L’échange de biensd’occasion est ouvert aux utilisateurs privés comme aux opérateurs commerciaux, auxmagasins de seconde main comme aux jardiniers paysagistes. (voir site: http://service.wien.gv.at/wab/

• Évaluation de l’expérience de VienneL’équipement électrique et électronique représente une partsignificative du marché de la réparation et de la réutilisation.En effet, le «Centre de réparation et de services» de Viennerépare, chaque année, des appareils électriques correspon-dant à un volume total de quelque 400 tonnes. Le marchéaux puces municipal vend environ 450 tonnes d’articlesd’occasion par an. L’un dans l’autre, tout ceci contribuesignificativement à la diminution des déchets.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• Potentiel de prévention des déchets à VienneOn a évalué la contribution potentielle du guide de la réparation et du marché d’occasiondans la prévention des déchets. Les calculs sont basés sur la quantité de machinesréparées, louées, vendues d’occasion, et sur le poids moyen par produit. Puis, les chiffresont été projetés sur l’ensemble des entreprises viennoises.

Potentiel de prévention des déchetsdu guide de la réparation : du marché d’occasion :

Pour plus d’information :Ville de Vienne – M. Peter Frybert – [email protected] ://www.magwien.gv.at/index/abfall.htm

3.2.3.5.3. Barcelone : récupération des bouteilles de champagne28

Plusieurs communes de la zone métropolitaine de Barcelone ont monté un système decollecte et de réutilisation des bouteilles de champagne en 1996-1997. La Catalogneconsomme quelque 7 millions de bouteilles de champagne par an, sur 20 millions pourl’ensemble de l’Espagne. Chaque citoyen qui rend une bouteille vide reçoit 0,03 euro.Une entreprise d’économie sociale participe à la collecte et au lavage des bouteilles etreçoit 0,06 euro par bouteille. En 1997, plus de 10.000 bouteilles ont ainsi été récupérées.

28 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

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3.2.3.6. Montrer l’exemple : les achats publics écologiques

Les organismes publics ne sont pas seulement des organismes de contrôle, des législateursou des décideurs. Ce sont aussi des consommateurs. On estime que les marchés publicsreprésentent environ 14% du PNB de l’UE (environ 1.000 milliards d’Euros par an). Cettepart significative de la consommation confère un pouvoir particulier aux ALR : par leurschoix de consommation, elles peuvent être les moteurs d’un changement du marché. Lademande du secteur public pour des produits écologiques pourrait accroître les parts demarché des produits existants et stimuler l’offre pour de nouveaux produits «verts».

Pour saisir cette opportunité, tout en garantissant la libre circulation des biens, le respectde la législation sur les marchés publics, etc. les marchés publics écologiques sont traitésau niveau de l’UE. Une communication interprétative de la Commission européenneexplique en quoi la législation actuelle de la Communauté offre de nombreuses possibilitésaux acheteurs qui souhaitent intégrer des considérations écologiques dans les procéduresde leurs marchés publics. Un manuel destiné aux pouvoirs publics a été publié en août2004.

Les achats écologiques sont aussi un exemple de comportement durable pour les citoyens.Quelques villes pionnières ont déjà compris que demander à leurs habitants d’adopter uncomportement écologique ne portera ses fruits que si elles-mêmes agissent de cettefaçon. C’est notamment le cas de Barcelone, en Espagne, et de Kölding, au Danemark.

Bonnes pratiques:

• Barcelona : une ville durable consomme de manière écologique• Kolding : un pionnier des marchés publics écologiques

3.2.3.6.1. Barcelone : une ville durable consomme de manière écologique

Barcelone, capitale de la Catalogne, en Espagne, occupe 12 000 fonctionnaires et possèdequelque 1 000 centres d’activité (administrations, écoles, musées, etc.).Barcelone aspire à être une ville durable, et le conseil municipal développe une politiqueglobale à cette fin. Toutes les parties prenantes doivent fournir des efforts pour arriver àun développement durable, et la municipalité ne fait pas exception à la règle. Ainsi, leconseil municipal de Barcelone se bat pour mette en place une administration durable.Celle-ci intègrera les principes de développement durable dans les services administratifslocaux. Elle sera cohérente avec l’Agenda 21et aura un impact réduit sur l’environnement.Elle montrera l’exemple, influencera le marché et optimalisera ses ressources financières.L’approche visant à améliorer les pratiques municipales en matière d’environnement suitle processus de consommation: que faut-il acheter, comment utiliser les produits et quefaire des déchets.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• Six stratégies de «verdissement»- Diagnostic et audits environnementaux :

Le point de départ essentiel a été l’audit environnemental de 1997, qui concernait lesbâtiments du conseil municipal et l’Institut de Formation.L’analyse des déchets, par exemple, a montrél’importance du papier et du carton dans les fluxde déchets internes : avec une part d’environ 90%,le papier constitue l’élément le plus important desdéchets. Parallèlement, le papier et les produitsen papier représentent plus de 40% des dépensesannuelles en matériel de bureau. L’audit a révélépar ailleurs que bien que les employés trient leursdéchets de papier, ils jettent en même temps 30%des trombones achetés par la municipalité. Par conséquent, modifier le comportementdu personnel est aussi important que modifier les habitudes d’achat.

- Information et sensibilisation :Pour informer et sensibiliser les employés, un guide du bureau écologique a été publié,avec des conseils et des informations pratiques. Il a été distribué à tous les fonction-naires. D’autres actions ciblées fournissent des informations actualisées à tous lescollègues et utilisateurs ; parmi celles-ci, des autocollants sur les photocopieusespour copier recto-verso, une fiche d’information sur le café du commerce équitable,des cours de formation et des actions permanentes, comme la page Internet consacréeau bureau écologique.

- Règlements et décrets :Le «Programme Bureau écologique» est réglementé par une mesure gouvernementalesur «l’environnementalisation des services administratifs locaux», adoptée en 2001par le conseil municipal. La législation locale relative aux produits garantit le soutienpolitique du développement du «Programme Bureau écologique». Il y a notammentdes déclarations institutionnelles sur le commerce équitable ou la limitation des produitschlorés et un décret sur l’utilisation du papier recyclé.Suite à ce décret, la consommation de papier recyclé, par exemple, a augmenté pourpasser de moins de 10% à plus de 50%.

- Achats écologiques dans les contrats des pouvoirs locaux :Un pilier fondamental du «Programme Bureau écologique» est l’inclusion de critèresenvironnementaux dans les spécifications des appels d’offres. Des critères écologiquessont fixés pour le nettoyage urbain et la gestion des déchets, pour l’approbation del’équipement informatique et des produits consommables, des rames de papier et dumatériel de bureau, et pour le nettoyage des bâtiments. Les spécifications peuventconcerner les soumissionnaires ou les distributeurs (capacité technique, certification),les produits (écolabels, définition spécifique, comparaison), le service global (conditionsde service, gestion, caractéristiques des produits ou des outils utilisés). Par exemple,un critère porte sur la limitation des déchets, sur les emballages et leur gestion.Une matrice permet ensuite d’évaluer les soumissionnaires en fonction de ces critères,et des contrats peuvent être attribués en fonction de ces performances écologiques.

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- Prévention des déchets :

- Investissement dans les bâtiments locauxUn autre champ d’action concerne les investissements dans l’électricité verte, leremplacement des systèmes d’éclairage et l’installation de dispositifs permettantd’économiser l’eau dans les bâtiments locaux. La publication mensuelle d’indicateursde base, comme la production d’électricité par des capteurs solaires ou les économiesde CO2, permet de visualiser les résultats.

Pour plus d’informations :Municipalité de Barcelone - M. Txema Castiella i Viu - Director Educació Ambiental iParticipacióC/ Torrent de l’Olla, 218-220, pl. 3a. - E-08012 BarceloneTél. +34 93 291 41 24 - Fax + 34 93 291 40 25 - [email protected]://www.bcn.es/agenda21/oficinaverda

3.2.3.6.2. Kolding : un pionnier des marchés publics écologiques

Kolding, la sixième ville du Danemark, met tout en œuvre pour rendre ses marchés publicsplus écologiques. Elle participe notamment au projet européen RELIEF, et elle préside leréseau BIG-Net, un réseau de villes qui travaillent sur les marchés publics écologiques.

• Une politique nationale solide visant à rendre les marchés publics écologiquesLa municipalité de Kolding bénéficie d’un contexte national encourageant. Depuis 1994,le Danemark poursuit une politique de marchés publics écologiques, dans le cadre du«Plan d’action pour une stratégie de marchés publics durables». La préparation dedirectives environnementales compte parmi les principales activités du Plan depuis 1996.

La prévention et la limitation des déchets, en particulierdes déchets de papier, jouent un rôle significatif dansdes achats municipaux plus écologiques. La limitationet la gestion des déchets par les soumissionnairesentrent dans les critères d’évaluation. La préventiondes déchets est également prise en compte grâce auchoix des produits achetés et au comportement dupersonnel. Outre l’organisation de la collecte sélectivedes déchets dans les bureaux administratifs locaux,l’utilisation du papier recyclé s’est intensifiée. Le per-sonnel est encouragé à utiliser de plus en plus Internetpour faire circuler l’information, et à éviter d’imprimerinutilement. Les achats comportent également desenveloppes à usages multiples et des fardes en poly-propylène pour éviter celles en PVC.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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En 2000, elles couvraient une cinquantaine de segments de produits. La directiveenvironnementale pour l’achat de bureaux et de tables, destinée aux acheteurs publics,est disponible en anglais, sur le site Internet : http://www.mst.dk/homepage/

• Collaboration entre les gouvernements nationaux, régionaux et locauxLes autorités nationales collaborent étroitement avec les pouvoirs locaux et régionaux,afin de mettre en œuvre le Plan d’action. En 1995, leur travail a débouché sur la publicationd’un manuel général pour les marchés publics. Sur cette base, le développement desdirectives danoises est aujourd’hui un processus permanent.

1998 a marqué un tournant dans la politique danoise sur les marchés publics écologiques,la coopération avec les ALR étant formalisée par un accord-cadre environnemental. Parcet accord, les ALR s’engagent à tenir compte des aspects environnementaux et énergé-tiques dans leurs achats. Un groupe de coordination a également été mis en place pourpromouvoir les marchés publics écologiques auprès des ALR. Le groupe organisenotamment des campagnes d’information et des programmes de formation.

• Collaboration entre les services municipaux : la clé du succès de KoldingLa municipalité de Kolding cherche à inclure des considérations environnementales dansses contrats d’approvisionnement généraux. Les principales difficultés rencontrées pouratteindre cet objectif résidaient dans la fiabilité des livraisons et dans les normesqualitatives des produits. Développer la confiance entre la ville et ses fournisseurs étaitcrucial pour renverser cette barrière.Un autre élément-clé a été la coopération au sein des différents départements municipaux.En effet, le service des achats n’avait aucune idée de l’impact des produits sur l’en-vironnement, ni des problèmes de production écologique. C’est pourquoi la consultationdu département de l’environnement est cruciale.

Les achats publics de nombreux produits écologiques ont certainement une forte influencesur le développement de leur marché. L’expérience de Kolding montre que le prix desproduits traditionnels et écologiques différait de 15%, alors qu’aujourd’hui, cet écart n’estplus que de 5-6%, certains produits écologiques étant même moins chers.En termes de consommation et d’impact sur l’environnement, la manière dont ces produitsécologiques sont utilisés par le personnel municipal est tout aussi importante. À Kolding,les efforts en matière d’achats écologiques vont de pair avec ceux visant des comporte-ments écologiques (voir point 3.2.3.4.1. p. 121).

Pour plus d’informations :Municipalité de Kolding - M. Per Bodker Andersen - Maire de KoldingCity Hall - Akseltorv 1 - DK-6000 Kolding - DanemarkTél. + 45 75 50 15 00, ext. 2000 - Fax + 45 79 30 20 02 - [email protected]://www.kolding.dk

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3.2.4. PROMOUVOIR DIFFÉRENTES PRATIQUES DE GESTION DES DÉCHETS

3.2.4.1.Encourager le compostage à domicile des déchets organiques

Les déchets organiques représentent entre 30 et 40% des résidus urbains solides enEurope. Leur traitement approprié contribue de manière significative à la gestion durabledes ressources. Le compost peut être utilisé dans l’agriculture et l’horticulture, afin demaintenir ou de restaurer la capacité des sols. Dans les zones urbaines européennes, il ya de nombreux exemples de systèmes de collecte sélective pour les déchets organiqueset des usines de traitement collectives. Le compost municipal peut alors être utilisé pourdes activités agricoles ou dans les jardins privés.

Une alternative à la collecte sélective de déchets organiques est d’impliquer les citoyensdans le traitement de leurs déchets. Un soutien technique et financier peut être mis enoeuvre, en plus d’actions informatives et éducatives.

Mais le compostage à domicile peut sembler ambitieux dans les zones urbaines, où lesjardins privés sont plus rares. Pourtant, il représente de plus en plus un élément à partentière des stratégies de prévention des déchets municipaux, et il offre de multiplesavantages économiques. Alors que l’investissement en matériel est minime, l’implicationdirecte des citoyens dans le traitement de leurs déchets réduit considérablement la chargede la collecte et du traitement pour les municipalités. Les citoyens peuvent utiliser leurpropre compost pour fertiliser leur jardin privé ou leurs jardinières.

De nombreuses villes encouragent donc le compostage à domicile, comme Porto et Milton-Keynes. En Italie, où les autorités locales et régionales sont responsables de la préventiondes déchets, celles-ci ont la possibilité d’accorder des avantages fiscaux locaux à ceuxqui pratiquent le compostage. C’est dans ce contexte que les Régions Veneto et desMarches ainsi que la province de Bergame ont encouragé le compostage domestique pardifférents moyens. En Belgique, les trois Régions soutiennent le programme de formation«Maîtres-Composteurs». Les volontaires sont formés gratuitement au compostage et –en échange – s’engagent à former leurs amis.

Bonnes pratiques:

• Milton-Keynes : subsides et démonstration• Bristol : projet pilote de compostage à domicile• Porto : expérimentation pratique du compostage, un outil éducatif essentiel• Martellago, Santa Giustina in Colle et la Région Veneto : avantages fiscaux

pour les citoyens et les communes• Province de Bergame : stopper la croissance des déchets grâce au

compostage• Région des Marches : le compostage à domicile est plus rentable que les

collectes sélectives

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• Haut-Rhin : une campagne de communication pour soutenir le compostagedomestique

• Anvers: les liens sociaux pour promouvoir le compostage• L’île d’Arousa : compostage domestique dans les maisons unifamiliales• Barcelone : consacrer des espaces publics au compostage

3.2.4.1.1. Subsides et démonstration à Milton-Keynes

Depuis 1997, les résidents de Milton-Keynes, au Royaume-Uni, sont impliqués dans lecompostage à domicile. Ils peuvent se procurer des composteurs individuels auprès duconseil municipal, à un prix proche du prix de revient, ou encore fabriquer leur proprecomposteur. Une vaste campagne d’information a été menée, principalement par le biaisdu bulletin municipal «Messenger» deux à trois fois pas an, et en permanence sur le siteInternet du conseil municipal.

• Vente de composteurs individuelsLes composteurs sont fabriqués dans du plastique HPDE, produit dans l’usine derecyclage de la municipalité. Le conseil municipal achète ces composteurs en gros àl’usine et les distribue en partenariat avec un centre de jardinage. Celui-ci stocke lescomposteurs et les remet aux résidents en échange de reçus qu’ils se procurent auconseil municipal contre paiement (environ 17 euro).

• Jardin-témoinLa campagne de compostage à domicile s’associe également aux questions plus vastesde développement durable. Elle encourage la culture d’espèces sauvages et insiste surla nécessité de réduire l’utilisation de la tourbe. En effet, un jardin-témoin consacré aucompostage a été développé dans un centre d’éducation à l’environnement, situé auxenvirons de la ville. Ce centre est géré par le conseil municipal et combine une réservenaturelle et un centre d’étude de terrain. Il a été aménagé grâce aux fonds liés à la«Landfill tax». Dans ce jardin, le service de recyclage organise des ateliers gratuits toutel’année, pour enseigner aux participants comment fabriquer leur propre compost.

• RésultatsEntre 1997 et juin 2003, 11 000 résidents ont acheté leur composteur individuel auprèsdu conseil municipal. Chaque ménage participant réduit ainsi sa production de déchetsd’environ 100 kg par an.

Pour plus d’informations :Conseil municipal de Milton-Keynes : M. Andy HudsonCivic Offices - 1 Saxon Gate East - Milton Keynes MK9 3 HN, UKTél. +44.19.08.25.25.77 - Fax: +44.19.08.25.24.72 [email protected] - http://www.mkweb.co.uk/waste

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3.2.4.1.2. Bristol : projet pilote de compostage à domicile 29

La ville de Bristol a aussi mené une expérience-pilote en faveur du compostage individuelen 1998. 32% des déchets ménagers étant considérés comme putrescibles: 8% de déchetsde jardin et 14% de déchets de cuisine.La vente subventionnée de compostière a atteint 8000 unités en 1998-1999, trois typesdifférents (130,220 et 280 litres) étant distribués à un prix de 18 Euros/pièce. A noter quele prix d’une poubelle «normale» avoisine 60 Euros.La promotion du compostage individuel a fait l’objet d’une vaste campagne d’information-sensibilisation («Rubbish Revolution») au terme de laquelle près de 50% de la populationont répondu positivement.

3.2.4.1.3. Expérimentation pratique du compostage : un outil éducatif essentiel àPorto

• Le compostage : un pilier de la stratégie de gestion des déchets dans la région de PortoLa région de Porto est un pionnier de la gestion des déchets au Portugal. LIPOR est leservice intercommunal pour le traitement des déchets de la région de Porto. Il est res-ponsable de la gestion, du traitement et de la transformation des déchets ménagerssolides des 8 arrondissements municipaux. Cette région compte près de 1 million d’habi-tants, qui produisent, chaque année, environ 480 000 tonnes de résidus urbains solides.

LIPOR prépare et met en œuvre une stratégie de gestion des déchets dans la région dePorto, baptisée «la Voie multiple». Cette stratégie intégrée de transformation, de traite-ment et d’élimination des résidus urbains solides, vise à limiter les dépôts mis en décharge.L’approche repose sur la politique des 4 R : Réduire, Réutiliser, Recycler, Récupérer.Elle se traduit par la transformation des déchets au moyen de 3 processus : le recyclagede nombreux matériaux, la valorisation énergétique et le compostage.

Le compostage est mis en œuvre dans la région de Porto depuis les années 70. Dans laseconde moitié des années ‘80, l’ancienne usine de compostage a été complétée parune seconde ligne de compostage, d’une capacité de 250 tonnes/jour, et par un parc dematuration. En 2003, on entamait la construction d’une nouvelle usine de compostagepour remplacer l’ancienne. Dans cette nouvelle usine de compostage de LIPOR, lescomposants organiques, qui représentent environ 40% de la totalité des résidus urbainssolides, seront transformés en compost biologique, naturel et correctif, par un processusbiologique naturel et dans des conditions strictement contrôlées.

Le nouveau centre de compostage est devenu opérationnel en 2004, et il peut recevoiret traiter 60 000 tonnes de déchets organiques par an, collectés dans les filières decollecte sélective. Il peut assurer la production annuelle de 20.000 tonnes d’engrais dehaute qualité.

29 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 May 2003.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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Le nouveau Centre de Compostage est devenu opérationel en 2004. Il peut recevoir ettransformer 60.000 tonnes de déchets organiques par an, ramassés au cours des collec-tes sélectives. Il garantit une production annuelle de 20.000 tonnes d’engrais de hautequalité.

Une campagne permanente d’information et d’éducation au compostage domestiquecomplète la mise en place de cette nouvelle installation de compostage et des collectessélectives.

• Site de compostage à domicile – Horta da FormigaPour éduquer et sensibiliser la population à la nécessité de réduire la quantité de déchetsproduits chaque jour, LIPOR a créé un site-témoin pour le compostage à domicile, baptisé«Horta da Formiga». L’objectif de ce projet est de promouvoir les visites d’écoles, lesséminaires et les programmes.

Une zone d’agrément a été aménagée à côté du nouveau centre de compostage. Lesécoliers et autres groupes-cibles peuvent la visiter et apprendre en quoi consiste lecompostage, quels sont ses avantages et ses différentes utilisations. En outre, un jardinbiologique, avec des légumes, des arbres fruitiers et des plantes aromatiques, est cultivéen utilisant le compost fabriqué sur le site.

Les visiteurs sont reçus dans la salle d’accueil, où ils reçoivent des informations sur lesite-témoin, avant d’entamer le «circuit du compostage». Celui-ci commence par lazone de compostage, où les visiteurs peuvent découvrir 16 types de composteursdifférents. Ainsi, ils peuvent choisir celui qui leur convient le mieux. Puis viennent la maturation,le contrôle et la mise en sac du compost. Enfin, ils traversent le potager, le verger et le jardinaromatique.

En plus des visites, LIPOR donne des cours gratuits d’agriculture biologique aux pro-fesseurs et aux adultes, dans le but d’améliorer la qualité de vie et la santé par le respectdes lois de la nature.Le site-témoin de compostage à domicile est un outil essentiel pour éduquer la population,étant donné qu’il fournit une expérience pratique.

Pour plus d’informations :LIPOR - Serviço Intermunicipalizado de Gestão de Resíduos do Grande PortoMme Paula Mendes - Apartado 1510 – P-4435-996 Baguim Do MonteTél. +351.229.77.01.00 - Fax+ 351 22 975 60 38 [email protected] - http://www.lipor.pt

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3.2.4.1.4. Martellago, Santa Giustina in Colle et la Région Veneto : avantages fiscauxpour les citoyens et les communes

En Italie, diverses initiatives en faveur du compostage individuel ont été prises vers lemilieu des années 90, la masse des déchets organiques au sein des déchets municipauxétant évaluée à 30-35% du total avoisinant 450 kg/hab/an.

• Martellago et Santa Giustina in Colle : expériences pilotes30

Les municipalités de Martellago et Santa Giustina in Colle (en Lombardie) ont mené desexpériences-pilote basée sur la distribution gratuite de compostières (de 300, 400 ou600 litres de capacité) pour accompagner des brochures explicatives, des débats publicset des affiches. Une réduction de la taxe sur la fraction restante des déchets a été offerteavec des résultats significatifs en termes de participation :

MUNICIPALITE REDUCTION FISCALE POURCENTAGE DES MENAGESPARTICIPANTS

Santa Giustina in Colle 33% 75%

Martellago 20% 45%

Quant aux quantités de déchets organiques restant à collecter après l’organisation ducompostage à domicile, elles ont été réduites de près de 70% dans le cas de SantaGiustina in Colle et de 53% dans le cas de Martellago. Par ailleurs, il a été calculéqu’une famille moyenne (de 3-4 personnes) mettait environ 1.300 kg de matièresorganiques dans sa compostière, dont 1.000 kg de déchets de jardin et 300 kg de déchetsde cuisine. Sur le plan budgétaire, la campagne d’information a été évaluée à 0,5 Europar habitant.

• Région Veneto: compostage à domicile pour mettre en oeuvre l’obligation italienne deprévention des déchets31

La Région Veneto encourage le compostage des déchets dans le but de réduire laquantité finale de déchets qui ira en décharge. L’action consiste à faire bénéficier lesmunicipalités d’une réduction de l’éco-taxe lorsqu’elles parviennent à réduire les quantitésde déchets mis en décharge grâce au compostage.En premier lieu, les municipalités informent les citoyens sur les façons de faire du compostà domicile par des campagnes d’information et des réunions publiques. Les citoyenssont ensuite invités à signer un accord avec leur autorité locale. En signant ce document,ils s’engagent à faire du compostage à domicile et reçoivent en échange des avantageset des obligations. Ils reçoivent notamment des compostières publicitaires et bénéficientd’une réduction sur les taxes de collecte et de traitement des déchets ménagers. Lesmunicipalités enregistrent le nombre de citoyens participant ainsi que les pourcentagesde collecte sélective et font rapport à l’observatoire régional des déchets et à la régionVeneto, qui applique alors la réduction de l’éco-taxe pour les autorités locales.

30 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.31 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)

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Cette action a eu pour résultat de réduire les quantités de déchets mis en décharge et lesquantités de déchets organiques. La fréquence de la collecte a diminué et les circuits decollecte sont devenus plus efficaces. En conséquence, les coûts de gestion des déchetsont diminués et les autorités ont aussi réalisé des économies grâce à la réduction del’éco-taxe.

Pour plus d’ informations :ARPAV - Agenzia Regionale per la Prevenzione e Protezione Ambientale del VenetoOsservatorio Regionale RifiutiMme Lorena Franz - Via Baiocchi 9 – I-31033 Castelfranco Veneto (TV)[email protected] - http ://www.arpa.veneto.it

3.2.4.1.5. Province de Bergame : stopper la croissance des déchets grâce aucompostage32

La Province de Bergame a atteint les taux de recyclage les plus élevés en Italie en 1997et 1998, et 48,3% des déchets étaient collectés sélectivement en 2002. En dépit de cestrès bons résultats, les quantités de déchets collectées et traitées par les municipalités necessent d’augmenter. Pour s’occuper de ce problème, la Province a mis en place unconseil technique pour la prévention. Ce conseil a préparé un plan d’action pour arrêter lacroissance de la production de déchets.Les très bons resultants de la Province sont le résultat d’une série d’initiatives. Le premierjeu d’actions a été lancé entre 1993 et 1998 et ciblaient les citoyens :- La promotion du compostage à domicile était un élément central et a été réalisée grâce

à des cours pour les éducateurs, un soutien financier des municipalités pour l’achat decompostières, et la publication d’un manuel technique;

- La Province a formé un groupe de consultants sur les déchets – dans le cadre de l’initiativedes gardes écologiques volontaires de la Province de Bergame – pour sensibiliser lesconsommateurs, au moyen de réunions publiques sur la prévention et de cours sur lecompostage à domicile;

- En complément deux guides pratiques sur la prévention des déchets à la maison et aubureau ont été publiés.

Pour plus d’information :Province de Bergame - Département EnvironnementMme Gloria Gelmi – Via Camozzi 95 – I-24121 Bergamo – Tél. : +39.035.38.75.57 –[email protected]

32 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)

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3.2.4.1.6. Région des Marches : le compostage à domicile est plus rentable que lescollectes sélectives33

Dans certaines zones sub-urbaines de la Région des Marches, il n’est pas rentableéconomiquement d’organiser des collectes selective. Là-bas, la pratique du compostageà domicile est une alternative intéressante, qui permet de réduire la quantité de déchetsqui doit être traitée par les autorités locales. D’autant plus que les déchet organiquesreprésentent 25 à 40% des déchets municipaux solides et que chaque personne produiten moyenne entre 54,75 kg et 109,5 kg de déchets.Le compostage est encouragé en trois étapes :- identification de zones pilotes et implication des autorités locales et des familles;- information, fourniture d’un kit de compostage, et formation des gens grâce à des réunions

publiques et des cours pratiques et théoriques;- assistance téléphonique aux familles et vérification de leurs résultats de compostage.

Une évaluation finale des données collectées et des progrès de l’initiative devrait êtrepubliée fin 2004.Le projet est réalisé par la Région des Marches avec le soutien financier des FondsStructurels (objectif 2) et de l’Etat Italien. Le coût total du projet se monte à 355 680 euros.

Pour plus d’informations :Arch. Isarema Cioni – Dirigente del Servizio Aree Naturali Protette e Ciclo dei RifiutiTél. : +39.071.80.63.473 – [email protected] ://www.ambiente.marche.it/rifiuti/

3.2.4.1.7. Haut-Rhin: une campagne de communication pour soutenir le compostagedomestique34

En France, le Conseil Général du Haut-Rhin a soutenu activement le développement ducompostage individuel auprès de plus de 10.000 ménages. Dès 1995, une plaquetteexplicative a été diffusée à 200.000 exemplaires. Des compostières individuelles ont étéattribué l’année suivante aux écoles participant à l’opération «Haut-Rhin Propre». En 1997,une exposition en la matière a été présentée lors d’un Salon interrégional des fournisseursdes collectivités publiques. L’année 1998 a vu la création d’une Association tri-nationalepour la promotion du compostage individuel, suite à un colloque organisé à Bâle avecl’aide du Conseil Général. Cette association a notamment pour vocation les échangesd’expérience et la formation de «maîtres en composteurs».

34 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

33 Ibid

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.4.1.8. Anvers utilise les liens sociaux pour promouvoir le compostage35

• Développement d’un réseau de maîtres composteursA Anvers (B), en 1998, le Service Environnement de la ville a organisé, avec l’aide del’OVAM –Agence publique régionale pour les déchets, des cours gratuits de compostagepour les habitants. Ces cours comportait une partie théorique ainsi qu’une partie pratique.Au terme de la première année d’expérience, près de 75 personnes sont devenues dela sorte des « maîtres-composteurs » s’engageant à promouvoir eux-même le compos-tage individuel auprès des autres habitants de la ville. Dès 1999, on évaluait que parrapport aux 70.000 propriétaires avec jardin, près de 10.000 personnes compostaient àdomicile.Les membres du réseau des maîtres-composteurs se retrouvent régulièrement en grou-pes de travail spécialisés. La publicité en faveur du projet est réalisée de multiplesfaçons : cartes-postales de sensibilisation, articles dans les journaux locaux, soirées-débats, stands d’information et service téléphonique gratuit.Pour l’ensemble de la Flandre (B), c’est près de 3.000 maîtres-composteurs qu’onrecensait fin 2001. Cette initiative est à présent menée dans les trois Régions belges (laFlandre, la Wallonie et Bruxelles).

• Ilots de quartier pour le compostageOutre le concept de maîtres-composteurs, la ville d’Anvers a lancé le concept decompostage de quartier. Dans des zones urbaines relativement défavorisées, des sitescollectifs de compostage ont été subsidiés. L’objectif visé est à la fois une réduction desdéchets et la revitalisation d’un espace vert via une fonction sociale.Dès octobre 1999, trois îlots «compostage » étaient opérationnels avec une aide financièremaximale de 1.250 Euros.

3.2.4.1.9. L’île d’Arousa : compostage domestique dans les maisons unifamiliales36

Sur l’île d’Arousa, (4.642 habitants sur 7km²), un projet pilote a été élaboré en 2001 avecle soutien du programme LIFE de l’UE. Il faisait partie d’un projet ambitieux visant laréduction des déchets d’emballage et le recyclage des matériaux. La production quotidiennetotale de matières organiques sur l’île s’élevait à 2.500kg, dont 1.500kg provenaient de600 maisons unifamiliales.Dans une première phase, une formation de «Maîtres-composteurs» a été organiséeavec différentes méthodes de compostage afin de sélectionner la meilleure approche.Une fois le modèle de compostage choisi, 600 poubelles de compostage ont été distribuéesaux 600 familles. Les résultats ont été très encourageants. Aucun problème n’est apparuquant à l’utilisation des poubelles ou quant au produit composté. La commune a doncvalidé l’expérience et est en train de la poursuivre.Plusieurs régions en Espagne promeuvent également le compostage à domicile et publientdes brochures et des guides pour donner des informations techniques aux citoyens (Galicie,Majorque, Barcelone).

35 Ibid.36 Ibid

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3.2.4.1.10. Barcelone consacre des espaces publics au compostage37

La commune de Barcelone a mis à disposition différents espaces dans des parcs publicspour l’installation de poubelles de compostage où les ménages du voisinage peuventapporter leurs déchets organiques. Une campagne d’information invite les habitants àutiliser ces sites et un technicien communal contrôle l’évolution du compost.

3.2.4.2. Réduire la demande des entreprises pour des matières premières vierges

Pour diminuer la consommation des ressources dans la chaîne de production, les entre-prises devraient réduire leurs déchets, grâce à une prévention active et au recyclage desdéchets. Les municipalités peuvent les y aider utilement. Il est clair que ce sont surtout leséconomies financières qui inciteront les entreprises à participer. Pour les municipalités, laquantité de déchets résiduels à traiter sera beaucoup plus faible, et les activités de recyclagepeuvent même entraîner la création d’emplois. Les villes peuvent donc utiliser un ensembled’instruments de contrôle, d’outils volontaires et de communication pour accroître laprévention des déchets dans les entreprises.

Bonnes pratiques :

• Bâle : Audits en matière de déchets et accords de coopération entre laville et les entreprises

• Nuremberg : Service d’information sur les déchets pour les ménages etles entreprises

• Helsinki : analyse du potentiel de prévention des entreprises

3.2.4.2.1. Bâle : Audits en matière de déchets et accords de coopération entre laville et les entreprises

Afin d’encourager les mesures de prévention des déchets, Bâle a voté une résolutionparlementaire, qui prévoit le remplacement de l’usine locale d’incinération des déchetspar une usine d’une capacité plus faible (200 000 tonnes au lieu de la capacité nécessaireestimée à 320 000 tonnes). En conséquence, des mesures énergiques étaient nécessairespour réduire réellement la quantité de déchets résiduels à incinérer. Une redevance pourl’élimination des déchets a d’abord été instaurée en 1993, pour les résidus urbains solides(RUS). Des conteneurs de proximité ont été installés en plus grand nombre en vued’encourager le recyclage, et différentes campagnes d’information et de motivation ont eulieu. Suite à la pression des consommateurs, l’industrie a mis en place une nouvellepolitique d’emballage, réduisant ainsi les déchets ménagers de 40%.

37 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

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Mais ce n’était pas suffisant. En effet, à Bâle, plus de 60% de la totalité des RUS proviennentdu commerce, de l’administration et des activités industrielles. Par conséquent, unprogramme de limitation des déchets dans le commerce et l’industrie s’imposait dans lecanton de Bâle. En 1997, un programme de limitation des déchets en trois étapes étaitlancé. Il se basait sur des audits de gestion des déchets, auxquels succédèrent des accordsde coopération entre les pouvoirs publics et les entreprises et une évaluation de contrôlefinale, à l’issue de la période définie.

Pour participer au programme, 200 entreprises ont été sélectionnées sur les 10 000identifiées, et ce, en fonction de critères tels que la quantité annuelle de RUS, le tonnagede déchets au cours des dernières années et le quota total de recyclage. Les identifier neposait pas de problèmes, car déjà à l’époque, chaque entreprise, qui livrait des déchets àl’usine d’incinération devait également déclarer quels efforts elle fournissait en matière derecyclage. Les bases de données provenaient de là.Une visite de chaque entreprise était prévue. Pour chacune un document spécial étaitpréparé, afin de réduire le temps d’inspection, et la réunion était fixée par téléphone.

L’audit sur site, en présence du responsable des déchets de l’entreprise, a permis d’évaluerla situation actuelle de la gestion des déchets, de décrire la logistique de la collecte et decomprendre l’organisation de l’entreprise. Des solutions pour améliorer la gestion desdéchets ont été identifiées sur cette base et convenues avec les entreprises. Ces accordsont été conclus avec plus de 80 sociétés - qui produisaient environ 50 % des RUScommerciaux.

Une évaluation du programme a suivi, afin d’estimer l’efficacité de ces mesures lors d’uneseconde visite. La moitié de ces accords ont été complètement finalisés, les autres nel’ont été qu’en partie, parce que le potentiel de recyclage avait été surestimé ; pour quelquesrares unités, cela s’expliquait par des raisons de réorganisation. En conséquence, laprévention et le recyclage ont permis d’observer une diminution d’environ 15 % des déchetscommerciaux incinérés. L’équipe de conseillers de l’administration ne comptait que 2personnes.

Entre 1993 et 2000, ces mesures ont permis de passer de 117 000 tonnes de RUS àincinérer à 89 000 tonnes.

Pour plus d’informations :Industrielle Werke Basel : M. Jean-Claude GfellerHagenaustrasse 40 - CH-4054 BaselTél. +41 61 275 50 96 - Fax +41 61 322 61 71 - [email protected]

3.2.4.2.2. Nuremberg et Munich : service d’information aux ménages et auxentreprises en ce qui concerne les déchets

Munich et Nuremberg sont deux villes allemandes qui ont créé, à l’intention des ménages,un service d’information en matière de déchets. Pour réduire davantage les déchets, ceservice a été étendu aux entreprises.

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• Munich forme des consultants spécialisés en déchets industrielsÀ Munich, 6 consultants municipaux, spécialisés dans les déchets industriels, assistentles entreprises dans le traitement et l’élimination de différents types de déchets. Ilsutilisent une ligne téléphonique spéciale et visitent directement les entreprises pour desconsultations. Ils publient régulièrement des prospectus d’information sur les nouvelleslois ou encore des conseils. Ils organisent, en outre, des séances d’information spécialespour les entreprises.

• Nuremberg informe pour améliorer l’acceptation et le respect des règlesLe « Système 2000 pour l’élimination des déchets » de Nuremberg vise au développementcomplet et général des installations d’élimination des déchets, avec une priorité pour lerecyclage. En 1990, la ville a instauré ses propres règles afin d’encourager la réductiondes déchets, à savoir un règlement municipal sur la gestion des déchets et un systèmede redevance pour leur élimination.

Les organisateurs reconnaissent qu’une bonne information de la population sur lesdifférentes possibilités est un prérequis pour l’acceptation et le succès du système. C’estpourquoi dès 1987, la ville a créé un service d’information sur les déchets, destiné auxménages privés, ainsi qu’à l’industrie, au commerce et aux entreprises de service. Lesméthodes vont des entretiens individuels jusqu’aux conférences pour groupes. Des outilsde relations publiques, comme des dépliants et des affiches, et la participation à desévénements de toutes sortes, permettent d’adapter le transfert d’informations en fonctiondes groupes cibles.

Le service occupe 12 conseillers qui informent la population à propos des déchets.Depuis 1992, un groupe de conseillers honoraires est venu renforcer cette équipe.

• Un service adapté aux besoins des entreprisesLe service d’information occupe 8 écoconseillers sur 12 employés. Ils soutiennent lesentreprises dans leurs stratégies de réduction des déchets. En effet, les 23 000 sociétéscommerciales ont des obligations sévères en vertu du règlement municipal de 1990.Elles doivent trier leurs déchets en vue du recyclage, et elles paient une redevance enfonction du volume de déchets produits. La plupart des entreprises produisent peu dedéchets et ceux-ci sont collectés via le même système que celui des ménages. Les1 500 plus grandes entreprises ont des obligations plus sévères pour le tri des déchets.Toutes les entreprises, qui en produisent plus de 50 tonnes par an doivent égalementpréparer un rapport et définir des stratégies en vue de les réduire l’année suivante.

Grâce au service d’information sur les déchets, les entreprises commerciales et lesorganismes publics bénéficient d’un soutien dans le traitement correct des déchets, leurcollecte et leur recyclage. Des contacts directs et individuels contribuent à garantir qu’ellesremplissent leurs obligations quant à la redevance pour l’enlèvement des déchets. Lesconseillers aident également les responsables de déchets commerciaux à établir lesrapports nécessaires sur l’élimination des déchets.

En outre, des stratégies spécifiques ont été développées pour les adapter aux parti-cularités des divers secteurs d’activité. Pour ce faire, la ville a travaillé avec des

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représentants de chaque secteur : le bâtiment et la construction, l’industrie automobile,les hôtels et restaurants, les menuisiers, les peintres, les associations sportives, leshôpitaux et le conseil municipal même.

• RésultatsL’un dans l’autre, l’utilisation de la «carotte» et du «bâton» – le règlement municipal et lesystème de redevance - s’est avérée utile pour encourager à la fois la réduction desdéchets et le tri des matériaux recyclables. La production de déchets a diminué de 15%entre 1989 et 1994 (pour passer de 149 000 tonnes à 127 000 tonnes). Si les activitéss’étaient poursuivies comme d’habitude, 200 000 tonnes de déchets auraient été produitesen 1994 – par conséquent, l’approche de Nuremberg pourrait avoir évité 37% de déchets.Le succès remporté par les mesures de prévention des déchets est surtout dû auxefforts des ménages. Mais les résultats des entreprises sont aussi très bons : leur tauxde recyclage varie entre 20% et 90%. La plupart des entreprises trient le carton, le verre,les métaux et le plastique, mais elles sont peu nombreuses à trier les déchets de cantine.

Pour plus d’informations :Ville de Nuremberg – M. Michael WebersinnTél.: +49. 911. 231.49.77 – 39,77 - Fax: +49.911.231.33.91 - [email protected]://www.nuernberg.de/schluessel/referate/ref3.htmlhttp://www.asn.nuernberg.de

3.2.4.2.3. Helsinki : analyse du potentiel de prévention des entreprises38

YTV, rassemblant en Finlande les villes d’Helsinki, Espoo, Vantaa et Kauniainen, adéveloppé a la fin des années 90 un réseau d’entreprises engagées dans la réduction desdéchets. Un modèle de bonnes pratiques a été mis au point avec une dizaine d’entreprises-grossistes dont les données déchets ont été intégrées dans un système d’évaluation.Puis une campagne d’information a été menée pour toute l’industrie en coopération avecles associations répresentatives des grands magasins et du commerce. Toutes les entre-prises sont invitées à rentrer leurs données déchets dans un formulaire Internet et desrapports en retour leur sont transmis en ce qui concerne leur potentiel de prévention.Les administrations publiques font l’objet d’une campagne particulière au sujet des lignesdirectrices. Elles sont destinées à être intégrées dans les procédures de marchés publics etles exigences écologiques pour différents produits.

3.2.4.3. Trouver des débouchés pour les produits et matériaux recyclés des entreprises

Afiin de promouvoir et encourager la consommation durable, les ALR ont d’énormespossibilités d’influencer la demande pour des produits écologiques, et plus précisémentdes produits au contenu recyclé. Les ALR peuvent elles-mêmes acheter des produitsrecyclés, en précisant leurs exigences en la matière dans leurs appels d’offres. Elles

38 Hannequart, Betancourt, Rapport introductif au Séminaire Urbal, Malaga, 8 & 9 mai 2003.

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peuvent également encourager les consommateurs individuels, tout comme le secteurprivé, à acheter et à utiliser des produits au contenu recyclé. Mais elles ont aussi lesmoyens d’influencer l’offre. En coopérant avec l’industrie, les ALR peuvent soutenir à lafois l’offre et la demande; ainsi, leurs actions ont un effet plus marqué et plus prolongé surla création des marchés.La municipalité de Kalundborg au Danemark et la ville de Londres au Royaume-Uni sontdeux villes qui collaborent étroitement avec l’industrie en vue de développer des marchéspour les produits recyclés.

Bonnes pratiques :

• LondonRemade : développer des marchés pour les produits recyclés• Kalundborg : la symbiose industrielle réduit la consommation des

ressources

3.2.4.3.1. London Remade – développer des marchés pour les produits recyclés

• Un partenariat aux multiples parties prenantesEntre 1997 et 2000, le programme londonien pour le recyclage des déchets a été appliqué,en vue d’augmenter les taux de recyclage à Londres. Pourtant, la quantité croissante dedéchets produits dans la ville demande encore de doubler le taux de recyclage actuel,c’est-à-dire de recycler 250 000 tonnes de déchets supplémentaires en 2003/2004.Toutefois, le recyclage produit des matériaux qui doivent être réinjectés dans le circuitéconomique. C’est pourquoi un nouveau programme a démarré en 2000, le programmeLondon Remade, qui se concentre plutôt sur les débouchés de ces matériaux. Leprogramme est financé à hauteur de 5,4 millions de livres sterling (environ 7,7 millionsd’Euros) par l’Agence londonienne pour le développement.

L’organisation London Remade travaille en étroite collabo-ration avec les autorités du Grand Londres. C’est un partena-riat entre les organisations du secteur commercial, lespouvoirs locaux et régionaux, l’industrie de la gestion des dé-chets et le secteur associatif. Son objectif est triple :- améliorer l’efficacité de la collecte et du tri des matériaux

recyclables;- encourager les investissements privés dans des capacités

supplémentaires de reconditionnement ;- stimuler la demande pour des produits recyclés.

• Programme pour des marchés publics écologiquesLe développement de nouveaux marchés pour les produits recyclés nécessite égalementd’encourager les organisations à s’assurer que leurs politiques d’approvisionnementfavorisent l’utilisation de matières premières secondaires. Ce programme London Rema-de implique à la fois le secteur public et le secteur privé. L’objectif est de veiller à que cesoit la demande, plutôt que l’offre, qui détermine la production des produits recyclés, etde garantir des marchés commercialement durables.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• Le Code du maire pour des marchés publics écologiques

L’élément-clé du programme, le Code du maire pourdes marchés publics écologiques, a été lancé en juin2001 par le maire de Londres. Plus de 360 organisa-tions l’ont signé, y compris la grande majorité despouvoirs locaux londoniens et la plupart des grandesentreprises britanniques. En signant, les organisa-tions s’engagent à adopter des politiques d’approvi-sionnement écologiques, avec différents niveauxd’implication possibles, depuis le simple échange d’in-

formations avec London Remade jusqu’à l’engagement de respecter des objectifs fixéset d’évaluer les progrès.L’objectif final du Code est de parvenir à augmenter, de manière vérifiable, l’achat desmatériaux et des produits fabriqués à partir de matériaux de recyclage.

• Créer des liens entre professionnelsAinsi, des professionnels les plus divers sont réunis : le personnel chargé de l’approvi-sionnement (clients), les concepteurs, les fabricants et les détaillants. Pour leur trouverdes débouchés, il faut rehausser le profil des produits recyclés auprès des clientspotentiels. Mais il faut aussi que les nouveaux clients aient confiance dans les produitset les fournisseurs. C’est pourquoi le programme London Remade, relatif aux marchéspublics écologiques, crée des liens entre les différents acteurs, grâce à toute une gammede services :- études de marché pour mettre en valeur les produits au potentiel important;- présentation des produits recyclés et de leurs fournisseurs;- présentation de produits et conseils techniques de qualité;- programme de marketing à l’échelle de Londres;- compilation de fiches spécifiques aux produits recyclés;- présentations directes aux organisations qui cherchent des produits recyclés;- développement d’un site Internet comme plaque tournante des sources d’information.

Cette approche permet d’identifier les opportunités de développement de nouveauxproduits et d’élargir le marché des produits existants.

• Le service de courtageLe service de courtage de London Remade est un pilier du travail efficace du programme.Une équipe spécialisée de London Remade propose des services gratuits aux signatairesdu Code. Elle aide les organisations à développer des politiques d’approvisionnementécologique, à se fixer des objectifs, à se procurer des produits recyclés de haute qualitéà des prix concurrentiels, et à évaluer leur succès.

• Présentation des procédésPour présenter toute une gamme de techniques de traitement et de refabrication et pourpromouvoir le transfert de technologie, quatre «sites écoindustriels» ont été développés,avec des partenaires du secteur privé. Ils se concentrent sur les matériaux, et ils recondi-tionnent et refabriquent le verre, le papier, les déchets de construction et de démolition

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et les déchets biodégradables. Ils s’occupent également de formation et proposent desinstallations pour les visiteurs et l’éducation.

Après 2 ans, le programme a pu rehausser l’image des produits à contenu recyclé, et ila aidé les fournisseurs de ces produits à trouver de nouveaux marchés. Le prochainobjectif consistera à créer un centre d’excellence, qui présentera et prouvera les méritescommerciaux et écologiques de l’achat de produits recyclés.

Pour plus d’informations :London Remade Ltd – MrsTina Perfrement1 Hobhouse Court - Suffolk Street - London SW1Y 4HH - UKTél. +44.20.7665.1429 - [email protected]://www.citylimitslondon.com

3.2.4.3.2. Kalundborg – La symbiose industrielle réduit la consommation de ressources

À Kalundborg, une petite ville danoise de 20 000 habitants, un réseau de coopérations’est créé avec 6 entreprises de transformation, une entreprise de traitement des déchetset la municipalité. Les entreprises exploitent mutuellement leurs résidus ou leurs sous-produits, sur une base commerciale. Ainsi, les déchets d’une entreprise deviennent uneressource importante pour les autres. De ce fait, la consommation des ressources diminue,la pression sur l’environnement s’allège et les entreprises en tirent également des bénéficesfinanciers. Au tout début, dans les années soixante, la ville de Kalundborg a pris laresponsabilité de construire le premier oléoduc, financé par la raffinerie de pétrole.

Les sous-produits résultant des activités des entreprises sont principalement la vapeur, lachaleur, l’eau, le gaz de raffinerie, le gypse, les cendres, les enzymes fertilisants, lesboues, les eaux usées et d’autres déchets (papier, matériaux de démolition et béton,déchets de jardin, biodéchets, fer et métal, verre et bouteilles). Tous ces déchets sontéchangés entre les entreprises.

• GypseLa centrale électrique installée à Kalundborg, possède une usine de désulfuration quiextrait le dioxyde de soufre (SO2) du gaz de combustion. Le gypse est fabriqué pendantce processus chimique. Ce qui correspond, chaque année, à 200 000 tonnes de gypse.Le gypse est vendu à une entreprise qui fabrique des plaques de plâtre pour le secteurde la construction. Il couvre la majeure partie de sa consommation. Cette symbioseréduit considérablement les importations de gypse naturel. En outre, le gypse de lacentrale électrique est plus uniforme et plus pur que le gypse naturel et, par conséquent,il convient mieux à la production des plaques de plâtre.

Une autre source de gypse provient de la station de recyclage de Kalundborg. Ellecontribue, plus modestement, à réduire la consommation des ressources et la quantitéde déchets solides mis en décharge.

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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• CendresLa centrale électrique trie également les cendres et la fumée. Ce qui entraîne environ30.000 tonnes de cendres volantes chaque année.Les cendres dérivées de l’orimulsion sont recyclées dans une usine britannique. Lenickel et le vanadium sont régénérés à partir de ces cendres. Les cendres sont égalementrecyclées dans l’industrie du ciment.

• EngraisLa production d’enzymes repose sur la fermentation de matières premières, comme lafarine de pommes de terre et l’amidon de maïs. Il reste environ 150 000 m3 de biomassesolide et 90 000 m3 de biomasse liquide qui sont inactivés et nettoyés. Le produit final,le NovoGro®, contient de l’azote, du phosphore et de la chaux. Il sert à fertiliser environ20 000 hectares de surfaces agricoles. Il remplace la chaux et une partie des engraiscommerciaux.

• ConclusionLes bénéfices dus aux échanges de ressources entre sociétés industrielles – ce qu’onappelle la symbiose industrielle – sont quadruples :- le recyclage des déchets produits par les entreprises- la réduction de la consommation de ressources :

· 2,1 millions m3 de sol,· 1,2 million m3 d’eau du lac,· 20 000 tonnes de pétrole,· 200 000 tonnes de gypse naturel.

- la diminution de la pression sur l’environnement;- l’utilisation rationnelle de l’énergie.

Les économies financières sont impressionnantes, elles aussi :- en 2002, il y a eu au total 90 millions US$ investis dans des projets;- les économies dépassent 15 millions US$ par an;- les économies totales jusqu’en 2002 s’élèvent à 200 millions US$.

Les facteurs de réussite de l’expérience de Kalundborg sont dus au fait que les entreprisesse cimplètent bien, qu’elles sont proches l’une de l’autre et se font confiance.

Pour plus d’informations :Symbiosis Information and Consulting -v/Erling PedersenSoendergaards Banke 20 - DK- 4400 KalundborgTél. +45.59.55.00.55 - Fax +45.59.51.22.55 - [email protected]://www.symbiosis.dk

3.2.4.4. Développer des partenariats avec le secteur de l’économie sociale

La réparation de produits et le marché des produits d’occasion se sont traditionnellementdéveloppés avec une dimension sociale, dans le secteur dit de «l’économie sociale». Descommunes européennes en nombre croissant soutiennent aujourd’hui ces initiatives en

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développant des partenariats avec des entreprises de réparation et de recyclage quicombinent des objectifs sociaux et économiques.

Les entreprises sociales sont apparues en Europe autour de la Seconde guerre mondiale,avec l’organisation du ramassage systématique des vêtements et des meubles. Dans lesannées 70 et 80, des organisations respectueuses de l’environnement ont contribué àleurs efforts dans la communauté locale, la plupart du temps sur une modeste échelle.Leurs activités se concentraient sur le tri des déchets, la réparation/revente et larécupération de matériaux. Dans les années 90, des activités de réparation et de recyclageont démarré, en plus de la revente. Certaines entreprises ont commencé à s’organiser.Ceci en raison du problème croissant des déchets, au niveau local et régional, de la criseéconomique et de la reconnaissance de l’économie sociale en tant que secteur à partentière.L’économie sociale est reconnue dans les stratégies européennes pour l’emploi (2002),même si la définition des entreprises de l’économie sociale varie d’un pays à l’autre. Cesentreprises travaillent pour le marché ; pourtant, leur compétitivité est influencée par leursobjectifs sociaux supplémentaires. Souvent, elles encouragent la réinsertion des groupesà risque sur le marché du travail, grâce à une formation et un emploi. En Europe, cesgroupes de gens peu ou pas qualifiés et ces chômeurs de longue durée occupent lesdeux tiers des 40 000 emplois fournis par les entreprises sociales de recyclage. Ce quireprésente environ 10% de l’emploi dans le secteur de la gestion des déchets. Ellespermettent également aux ménages aux revenus modestes d’accéder à des biens et desservices, de qualité garantie, pour un faible coût. Du point de vue économique, ellesfournissent des emplois de proximité, qui ne peuvent pas être délocalisés.

Actuellement, les entreprises de l’économie sociale traitent 3 grands flux de déchets :- les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE),- le textile,- les encombrants des ménages.Dans le secteur de la réparation et de la réutilisation, ces entreprises protègentl’environnement. Elles contribuent à économiser les ressources et elles bouclent le cercledes matériaux : la vie utile des biens est prolongée et les DEEE sont traités et recyclés.

Pour Strasbourg, Offenbach, Turin et la Région flamande, il était clair que soutenir ledéveloppement de ce secteur est devenu une des manières de mettre en œuvre ledéveloppement urbain durable.

Bonnes pratiques :

• Strasbourg : ENVIE - Offrir un service de traitement des déchets etcontribuer au développement social

• Offenbach : GOAB – l’intégration sociale a commencée par la réparationdes réfrigérateurs

• Turin : une ancienne entreprise municipale à vocation sociale• Région Flamande : subsides pour les communes qui soutiennent les

centres de recyclage des DEEE (Kringloopcentra)

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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3.2.4.4.1 Strasbourg : ENVIE offre un service de traitement des déchets et contribueau développement social

En 1984, ENVIE Strasbourg a entamé des activités de collecte, de réparation et de vented’appareils électroménagers. ENVIE affichait clairement son intention d’encourager laréinsertion sociale et professionnelle des personnes en détresse : ENVIE signifie«Entreprise nouvelle vers l’insertion économique». Elle était basée sur un partenariatavec Emmaüs, des travailleurs sociaux et un grand distributeur français d’appareilsélectroménagers (DARTY). ENVIE propose un contrat de 2 ans et une formation aux per-sonnes peu qualifiées et aux chômeurs, et elle vend des produits de seconde main, assortisd’une garantie d’un an.

En 1995, la communauté urbaine de Strasbourgsignait un contrat de service avec «ENVIE 2E -Environnement et Emploi», une filiale de ENVIE.ENVIE 2E récupère les appareils électroména-gers, les démantèle et en retire les fluides dange-reux. Ces déchets d’équipements électriques etélectroniques (DEEE) sont collectés dans tousles parcs à conteneurs de la ville et chez les

distributeurs d’appareils électroménagers. Les produits sont soit réparés, soit démantelés,en vue de réutiliser et de recycler les matériaux qu’ils contiennent. Cette dernière activitéa créé 15 emplois pour des personnes en détresse sociale et professionnelle. En cinqans, la quantité de biens collectés par ENVIE 2E a été multipliée par six.Les pouvoirs publics soutiennent d’au moins trois façons le développement de ENVIEStrasbourg :- en lui donnant accès aux DEEE collectés par les services municipaux ;- par le financement, par la ville de Strasbourg, du programme local d’emplois temporaires

(redistribution des fonds européens) ;- grâce à la mise à disposition de personnel par les services sociaux municipaux.

• Résultats obtenus à StrasbourgEn collectant et en démantelant de vieux appareils électroménagers, comme les frigos,ENVIE contribue à réduire la quantité de CFC et d’huiles de compresseur, qui sinonseraient libérés dans l’environnement. En 1996, après une année de fonctionnement àStrasbourg, les quantités collectées étaient estimées à :- 200 kg de CFC- 1 500 kg d’huiles de compresseur- 980 kg de condensateurs- 1 600 kg de verre (provenant des écrans de téléviseurs, par exemple)- 3 080 appareils ont été réparés en vue de leur réutilisationIl semble que ce système réduise également les décharges sauvages.Cette même année, ENVIE Strasbourg a occupé 8 employés permanents et 20 travailleursoccasionnels. Plus de 10 ont trouvé un emploi à la fin de leur contrat avec ENVIE.

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• Reproduction au niveau nationalDepuis 1984, c’est-à-dire en 18 ans, 30 entreprises similaires ont été créées dans toutela France. Elles forment actuellement le réseau ENVIE. L’organisation-ombrelle ENVIEDéveloppement coordonne les activités et cherche à faire adopter, dans les entreprisesENVIE locales et autonomes, une logistique commune de formation, de marketing etd’achats.

Le réseau ENVIE emploie 750 personnes : 200 bénéficient d’un emploi permanent et550 sont sous contrat temporaire de 2 ans. Depuis la création de la première entrepriseENVIE, 1 800 personnes ont été formées dans toute la France.Chaque année, le groupe collecte 300 000 appareils électroménagers (surtout des appa-reils blancs) et vend plus de 6 000 produits de seconde main, en France, au prix moyende 150 Euros.Neuf autres municipalités françaises, dont Rennes, Le Havre, Angers et Nantes, ontsuivi l’exemple de Strasbourg et conclu un contrat avec ENVIE 2E, afin de gérer lesDEEE.

• PerspectivesEn s’appuyant sur l’expérience de ENVIE Nantes, l’entreprise développe un projet-piloteen vue d’appliquer la directive européenne sur le recyclage des déchets d’équipementsélectriques et électroniques, en collaboration avec l’organisme chargé de collecter lesredevances sur les nouveaux appareils et d’organiser le traitement des anciens.

Actuellement, il existe des entreprises sociales pour la gestion des déchets dans laplupart des pays européens, et certaines ont financé RREUSE, un réseau d’échanged’expériences et de collaboration dans ce secteur.

Pour plus d’informations :ENVIE Développement : M. Christian Valadou293 avenue du Président Wilson – F-93210 Saint Denis La [email protected]

3.2.4.4.2 Offenbach : GOAB – l’intégration sociale a commencée par la réparationdes réfrigérateurs

Offenbach est une ville allemande de 117 444 habitants, située près de Francfort-sur-le-Main, dans la région du Rhin/Main, qui compte au total 1 600 000 habitants.À Offenbach, le problème du chômage s’explique principalement :- par le déclin du secteur industriel et par un passage structurel aux services,- par une forte proportion de personnes peu qualifiées et de chômeurs de longue durée,

dont une part importante d’immigrés (42,1% des chômeurs d’Offenbach sont des étrangers).

En 1985, la fondation « Gemeinnützige Offenbacher Ausbildungs- und Beschäftigungs-gesellschaft GmbH (GOAB GmbH) », voulait apporter une réponse à ces problèmes. GOABGmbH est une association sans but lucratif, dont le but est de promouvoir l’éducation, laqualification et l’emploi des personnes défavorisées (jeunes et adultes) ou des chômeurs

Les actions volontaires promues par les autorités locales en faveur de la prévention des déchets en Europe

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de longue durée, afin de les (ré)insérer sur le marché de l’emploi.GOAB GmbH est une société qui dépend de la commune d’Offenbach et qui emploie :- 70 personnes sous contrat permanent,- 75 stagiaires,- 150 salariés sous contrat à durée déterminée.Le chiffre d’affaires s’élève à 10 millions d’Euros par an (situation en 2002).

• Centre de recyclage de GOABAvec ses 81 salariés, le centre de recyclage de GOAB est la branche principale de la so-ciété. Il existe depuis 1989 et, depuis 1992, il se spécialise dans le recyclage d’équipe-ments électriques et électroniques.Soixante-dix employés sont engagés dans le cadre de contrats à durée déterminée. Laplupart sont des chômeurs de longue durée ou bénéficient d’un revenu de soutien. Lepersonnel du centre accueille également des handicapés physiques ou mentaux.

Les DEEE, qui sont traités par GOAB, proviennent de la collecteà domicile de la municipalité, des parcs de recyclage (65%) etdes centres commerciaux, des banques, des universités, descompagnies d’assurances etc. (35%). GOAB ne trie et ne dé-mantèle que les DEEE. La plupart des appareils sont démante-lés à la main, mais un système technique spécifique a été ins-tallé pour démanteler et trier les réfrigérateurs et congélateurs,par exemple. Les appareils réparables sont livrés à une organi-sation partenaire à Francfort (Werkstatt Frankfurt e.V.), qui ases propres débouchés pour les appareils réutilisables. Environ5 000 tonnes de DEEE sont traitées chaque année.

L’aluminium, le cuivre, la ferraille, les matériaux synthétiques triés etc. sont vendus à dessociétés qui les utilisent comme matières premières secondaires, ou encore à desferrailleurs. D’autres composants sont jetés dans une décharge agréée ou sont utiliséspour la valorisation thermique.

GOAB est financièrement autonome à 50% ; quant au centre de recyclage de GOAB, ill’est aux deux-tiers environ. Le reste des fonds provient d’un mélange de subsides, destinésà des projets ou à des salaires et provenant du Fonds social européen, du «Bundesanstaltfür Arbeit», des fonds publics de la république fédérale, des Länder ou de la municipalité.

L’équipe de Goab a développé son propre programme de formation et de qualification :après une formation de six mois, les stagiaires reçoivent un certificat, qui est reconnu parla Chambre de Commerce et d’Industrie, et ils obtiennent alors le titre de «technicien enrecyclage».

Pour plus d’informations :GOAB GmbH - Mme Annette MüllerLammertstraße 15-19 – D-63075 Offenbach am MainTél.: +49.69 98 64 88-0 – http://www.goab.de - [email protected]

Les Cahiers de l’IBGE n°23 – novembre 2004

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3.2.4.4.3. Turin : une ancienne entreprise municipale à vocation sociale

À la fin de l’année 1996, le Ministère de l’environnement et le Ministère de l’emploi, encollaboration avec l’Association nationale des municipalités italiennes (ANCI) et laConfédération des services publics (CISPEL), ont conclu un accord pour la création, àl’échelle nationale de 12 plates-formes de récupération, de traitement et de recyclage desbiens de consommation durables et ce, conformément aux prescriptions du décret Ronchi(Décret 22/1997). L’accord prévoyait également la création d’emplois pour les chômeursde longue durée, dans la catégorie des travailleurs sociaux utiles (LSU).

En 1997, Amiat Spa, une société par actions, a créé une filiale pourla récupération et le traitement des réfrigérateurs. À la fin de l’année2000, 31 personnes y travaillaient, dont 29 LSU. La même année,Amiat Spa a fondé Amiat TBD Srl, avec un capital de plus de 1million d’Euros. Amiat TBD a absorbé la filiale de la société crééepar Amiat Spa, et les 29 salariés qui y travaillaient déjà ont étéengagés par la nouvelle société.

Afin de réduire les pertes prévues dans le plan d’entreprise 2001-2003, la société a adoptéune stratégie pour réduire ses coûts et augmenter ses revenus. La gamme de déchetscollectés s’est élargie pour passer des seuls réfrigérateurs à tous les types de DEEE. Leprix du traitement a diminué, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de clients, dela quantité de déchets entrants et de la couverture géographique de la collecte.L’amélioration de la logistique, de la production et de la formation du personnel a égalementcontribué à une diminution générale des coûts.

• Progrès rapidesÀ présent, AMIAT-TBD collecte tous les types de DEEE repris dans le décret Ronchi 22/1997 et dans la récente directive européenne 96/2002 du 27/01/2003. La couverturerégionale de la collecte est passée de 36% en 2000 à 63% en 2003. Les clients et lesventes de matières premières recyclées augmentent sans cesse. La collecte des déchetsest passée de 850 tonnes, en 2000, à 2 240 tonnes en 2002, et 3 000 tonnes sontprévues pour 2003.

En outre, AMIAT-TBD :- est un partenaire dans le projet de recherche de la CEE sur le traitement et l’exploitation

des DEEE;- a entamé une collaboration avec l’institut polytechnique de Turin, pour le développe-

ment d’une technologie de récupération des matières premières des CD et des CD-Roms;

- a planifié, pour la fin de l’année 2003, le transfert de l’unité industrielle vers une nou-velle usine, dont la capacité de production est 4 fois supérieure et dont le niveaud’automatisation du processus de production est plus élevé;

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- a été désigné, par la société d’auditing Archimède, comme le pôle potentiel de lacollecte et du traitement des DEEE du consortium Vitalia, qui regroupe les entreprisesde collecte des déchets de Turin, Gênes, Florence, Rome et Ancona.

Pour plus d’information :AMIAT-TBD Srl – M. Arch. Marcello Vindigni, Président Directeur GénéralVia Umbria 30,10099 San Mauro T.se (TO)Tél.:+39.011.2236765.11.66 Fax: +39 011 2744513 - E mail: [email protected]://www.tbdtorino.it

3.2.4.4.4. Région Flamande : subsides pour les communes qui soutiennent lescentres de recyclage des DEEE (Kringloopcentra)39

En Belgique, la Région flamande conclut des accords de partenariat avec les communes.En échange d’un subside de minimum 1 euro par habitant, les communes s’engagent àprendre des mesures de prévention des déchets, de réutilisation et de recyclage. Une desmesure consiste en un accord de partenariat entre les communes et les Kringloopcentra,qui sont des centres de démontage, de réparation et de recyclage des équipementsélectriques et électroniques, gérés par des entreprises d’économie sociale. Il existeaujourd’hui 40 kringloopcentra et 90 magasins de produits d’occasion en Flandre. En2001, ceux-ci ont collecté quelque 3,5kg par habitant (plus de 20.000 tonnes), dont 70%ont été réutilisés. En outre, ces centres ont généré 1.300 emplois équivalents tempsplein.

Pour plus d’informations :OVAM - M. Peter LonckeStationsstraat 110 – B-2800 MechelenTél : 00.32.15.284.181 - [email protected]

39 European Topic Centre on Waste and Material Flows (European Environment Agency)