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Santé publique volume 25 / N° 3 - mai-juin 2013 263 Politiques, interventions et expertises en santé publique Recherche originale Les affections en service liées aux sports chez les militaires français Sport-related injuries and conditions among French military personnel Typhaine Ressort 1 , Guillaume Desjeux 2 , Philippe Marsan 2 , Véronique Thevenin-Garron 2 û Résumé Introduction : l’entraînement physique militaire et sportif est une composante indispensable à la préparation du militaire. Bien que bénéfique pour la santé, on ne peut exclure son rôle dans la survenue de pathologies. Une étude des affections liées au sport a été menée dans les armées au cours de l’année 2011 afin d’en évaluer la fréquence. Matériels et méthodes : afin de permettre la prise en charge financière des affections présumées imputables au service, les médecins militaires déclarent à la Caisse nationale militaire de sécurité sociale l’ensemble des accidents. À partir de ces décla- rations, le type de sport, l’âge, le sexe, le temps de service, l’armée du militaire et les lésions ont été décrits et analysés. Résultats : 8 157 déclarations ont été recensées sur le premier semestre 2011 soit un taux d’incidence de 4 472 p 100 000 PA. Un militaire de l’armée de terre avait 2,1 fois plus de risques de se blesser qu’un marin. Les affections survenaient plus souvent chez les hommes sauf lors des quatre premiers mois de service. La course à pied était le sport le plus traumatique (21,5 %). Les traumatismes représentaient 92 % des affections, les maladies 3 %, les lésions d’hypersollicitation 3 %. L’atteinte du membre inférieur était la plus fréquente (63 %) avec une majorité de lésions à la cheville puis au genou. La fréquence des lésions musculosquelettiques était de 75 %. Discussion : une nouvelle doctrine de préparation sportive est mise en place avec progressivité et adaptabilité des activités afin de réduire la fréquence des affections. Mots-clés : Personnel militaire ; Aptitude physique ; Sport ; Pathologies. û Summary Introduction: Physical and military training is an essential component of training in the armed forces. Although there is considerable evidence for the health benefits of training, the negative impacts cannot be ignored. A study was conducted to determine the frequency of sport-related injuries and conditions in the French armed forces in 2011. Materials and method: To cover the cost of treating injuries and conditions related to military service, medical officers report all accidents to the Caisse Nationale Militaire de Sécurité Sociale. Based on this evidence, the following information was collected: type of sport, age, sex, length of service, service branch and type of lesion. Results: 8,157 injuries and conditions were reported in the first six months of 2011, giving an incidence rate of 4.472 per 100,000 person-years. An army soldier was found to be 2.1 times more likely to suffer an injury than a member of the navy. The study also found that men were more likely to be injured, except during the first four months of service. Running was the most common cause of exercise-related injury (21.5%). Traumas accounted for 92% of all conditions, diseases for 3%, and overuse injuries for 3%. Lower limb injuries were the most common problem (63%), with a majority of ankle lesions, followed by knee lesions. The frequency of musculoskeletal lesions was 75%. Discussion: A new approach to exercise has been developed to reduce the frequency of sport-related injuries and conditions. Keywords: Armed forces personnel; Physical fitness; Sports; Injuries. 1 École du val de grâce 1 place A. Laveran 75005 Paris. 2 Caisse nationale militaire de sécurité sociale 247 av J Cartier 83090 Toulon Cedex 09. Correspondance : T. Ressort Réception : 02/07/2012 – Acceptation : 06/05/2013 [email protected]

Les affections en service liées aux sports chez les ...fulltext.bdsp.ehesp.fr/Sfsp/SantePublique/2013/3/263.pdf · Introduction : l’entraînement physique militaire et sportif

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Santé publique volume 25 / N° 3 - mai-juin 2013 263

Politiques, interventions et expertises en santé publique Recherche originale

Les affections en service liées aux sportschez les militaires françaisSport-related injuries and conditions among French military personnelTyphaine Ressort1, Guillaume Desjeux2, Philippe Marsan2, Véronique Thevenin-Garron2

ûRésuméIntroduction : l’entraînement physique militaire et sportif estune composante indispensable à la préparation du militaire.Bien que bénéfique pour la santé, on ne peut exclure son rôledans la survenue de pathologies. Une étude des affections liéesau sport a étémenée dans les armées au cours de l’année 2011afin d’en évaluer la fréquence.Matériels et méthodes : afin de permettre la prise en chargefinancière des affections présumées imputables au service, lesmédecins militaires déclarent à la Caisse nationale militaire desécurité sociale l’ensemble des accidents. À partir de ces décla-rations, le type de sport, l’âge, le sexe, le temps de service,l’armée du militaire et les lésions ont été décrits et analysés.Résultats : 8157 déclarations ont été recensées sur le premiersemestre 2011 soit un taux d’incidence de 4472 p 100000 PA.Unmilitaire de l’armée de terre avait 2,1 fois plus de risques dese blesser qu’unmarin. Les affections survenaient plus souventchez les hommes sauf lors des quatre premiersmois de service.La course à pied était le sport le plus traumatique (21,5 %). Lestraumatismes représentaient 92 % des affections, les maladies3 %, les lésions d’hypersollicitation 3 %. L’atteinte du membreinférieur était la plus fréquente (63 %) avec une majorité delésions à la cheville puis au genou. La fréquence des lésionsmusculosquelettiques était de 75 %.Discussion : une nouvelle doctrine de préparation sportive estmise en place avec progressivité et adaptabilité des activitésafin de réduire la fréquence des affections.Mots-clés : Personnel militaire ; Aptitude physique ; Sport ;Pathologies.

ûSummaryIntroduction: Physical and military training is an essentialcomponent of training in the armed forces. Although there isconsiderable evidence for the health benefits of training, thenegative impacts cannot be ignored. A study was conducted todetermine the frequency of sport-related injuries and conditionsin the French armed forces in 2011.Materials and method: To cover the cost of treating injuries andconditions related to military service, medical officers report allaccidents to the Caisse Nationale Militaire de Sécurité Sociale.Based on this evidence, the following information was collected:type of sport, age, sex, length of service, service branch and typeof lesion.Results: 8,157 injuries and conditions were reported in the firstsix months of 2011, giving an incidence rate of 4.472 per100,000 person-years. An army soldier was found to be 2.1 timesmore likely to suffer an injury than a member of the navy. Thestudy also found that men were more likely to be injured, exceptduring the first four months of service. Running was the mostcommon cause of exercise-related injury (21.5%). Traumasaccounted for 92% of all conditions, diseases for 3%, and overuseinjuries for 3%. Lower limb injuries were the most commonproblem (63%), with amajority of ankle lesions, followed by kneelesions. The frequency of musculoskeletal lesions was 75%.Discussion: A new approach to exercise has been developed toreduce the frequency of sport-related injuries and conditions.

Keywords: Armed forces personnel; Physical fitness; Sports;Injuries.

1 École du val de grâce – 1 place A. Laveran – 75005 Paris.2 Caisse nationale militaire de sécurité sociale – 247 av J Cartier – 83090 Toulon Cedex 09.Correspondance : T. Ressort Réception : 02/07/2012 – Acceptation : 06/05/[email protected]

Santé publique volume 25 / N° 3 - mai-juin 2013264

T. Ressort, G. Desjeux, P. Marsan, et al.

Introduction

Au sein d’une armée professionnelle, la préparationphysique dumilitaire est devenue une nécessité opération-nelle, permettantde rester efficacedans ladurée au combat.Cette préparation commence dès l’entrée dans l’institutionet doit être maintenue tout au long de la carrière, en dépitdes difficultés rencontrées pourmaintenir un entraînementrégulier et/ou adapté. En effet, si dans certaines unités lesport est intégré dans l’activité quotidienne, il est parfoisdifficile dans d’autres unités d’introduire dans leur plan-ning de travail des séances de sport. De plus, le manque dedisponibilité ou l’absence d’infrastructure sportive peuventêtre également un frein à la pratique de sport. Enfin, l’en-traînement physique doit être adapté lors d’une reprisesportive après une lésion en accord avec le médecin et lesmoniteurs de sport. L’entraînement physique se composed’activités physiques militaires (marche avec sac à dos,parcours d’obstacles, sauts enparachute, escalademilitaire,entraînement commando, aguerrissement, etc.) et d’acti-vités sportives (course à pied, natation, marche-course,renforcement musculaire, etc.). En parallèle des besoinsopérationnels, la pratique régulière de l’activité physique aaussi des effets bénéfiques pour la santé ; une pratiquesportive régulière est maintenant parfaitement reconnuecomme facteur de prévention de la survenue de trèsnombreuses pathologies (dysmétabolisme, diabète, hyper-tension artérielle, cancers, etc.) [1]. L’activité physiquerégulière peut être à l’origine de risques pour la santé, dontla gravité varie entre deux extrêmes : la mort subite et lesaccidentsmusculosquelettiques bénins [2, 3]. Pour lesmili-taires, la survenue de lésions est d’une importancemajeurecar elles sont à l’origine d’une baisse des performancesphysiques et peuvent influencer sur leur capacité de travail.Ainsi, la survenue de blessures musculosquelettiques liéesà l’entraînement militaire est un problème majeur entermes de coûts, de journées de travail perdues et de baissede la capacité opérationnelle dans les armées [4].De 1997 à nos jours, de nombreux auteurs français ontexploré le domaine du risque de la préparation physiquedu militaire [2-3, 5]. Ainsi, ils ont montré que le pourcen-tage de sujets déclarant une pratique sportive chez lesmili-tairesétait plus importantquedans lapopulation française :79 %versus 48 % [2]. Demême, le nombre d’affections liésaux sports dans l’armée de terre était estimé entre 38 % et40 % [3]. Cependant, ces études se limitaient à un type depopulation particulier (en période d’incorporation ou encentre de formation) ou concernaient l’ensemble de la

préparation dumilitaire (activités sportives, manœuvre…).Pour autant aucun travail français ne décrit la fréquence desurvenue de ces affections dues à la pratique physiquesportive du militaire et liées au service.L’objectif de l’étude était d’évaluer la fréquence et letype de lésions liées à l’entraînement physique et sportifdesmilitaires français, ainsi que le type d’activité pratiquéelors de la lésion.Méthodes

Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptiveprospective.L’étude a été menée du 1er janvier au 30 juin 2011 pourtous les militaires français sur le territoire national. Lepersonnel civil, les familles des militaires et les réservistesainsi que les affections survenues en opération extérieureou à l’étranger étaient exclus.Tous les accidents survenus au cours d’une activité consi-dérée comme activité physique et sportive par le CentreNational des Sports de la Défense [6], imputable au serviceet entraînant une affection étaient inclus. Tout médecinmilitaire, exerçant au sein des 55 centres médicaux desarmées et de leurs antennes de métropole, constatant uneaffection survenue pendant le temps de service était tenude remplir une fiche de déclaration d’affection présuméeimputable au service (DAPIAS), quels que soient le typed’activité physique pratiqué et le type de lésion. Seules lesdéclarations relatives aux sports étaient incluses dansl’étude. L’imputabilité au service était du ressort ducommandement. Cette déclaration était ensuite envoyée àla Caisse nationale militaire de sécurité sociale (Cnmss)pour ouvrir les droits à remboursement des frais quiseraient occasionnés en milieu civil. Le recueil de donnéesconsistait à extraire de cette déclaration les renseigne-ments sociodémographiques (âge, sexe, arme, temps deservice), l’activité physique pratiquée et le diagnosticmédical (nature et siège des lésions) à partir du certificatinitial rédigé par le médecin d’unité. Celui-ci étant rédigéen texte libre, un enquêteur médecin à la Cnmss standardi-sait les activités physiques et codait les affections.Étaient considérées comme affection trois types delésions : les lésions traumatiques (chute, torsion…), leslésions d’hypersollicitation (tendinite, fracture de fatigue…)et les maladies liées à la pratique sportive sans trauma-tisme associé (coup de chaleur d’exercice, infarctus dumyocarde…).

Santé publique volume 25 / N° 3 - mai-juin 2013 265

LES ACCIDENTS DE SPORT CHEZ LES MILITAIRES

Les types de lésions étaient codés selon qu’elles soientun traumatisme ou une maladie. Les traumatismes étaientcodés selon la classification AIS (Abbreviated Injury Scale)version 1998 et les lésions d’hypersollicitation ainsi que lesmaladies selon la classification internationale desmaladiesversion 10. Les disciplines sportives étaient regroupées enquatre catégories selon la doctrine de l’entraînementphysique militaire et sportif [5]. Les activités physiquesfondamentales se définissaient comme des activités essen-tielles à la mise en condition physique générale : course àpied, musculation et natation. Les activités physiques mili-taires regroupaient l’ensemble des activités de pleinenature concourant à l’aguerrissement et au renforcementde savoir-faire opérationnel : marche-course, méthodenaturelle, parcours d’obstacles et d’audace, courses d’orien-tation, raids et franchissements. Les activités sportivescomplémentaires regroupaient les activités permettant ledéveloppement de la condition physique générale. Ellescomprenaient les sports collectifs, les sports de combat etles autres disciplines sportives. La dernière catégoriecorrespondait aux techniques militaires : techniques d’in-tervention opérationnelle rapprochée et techniques d’opti-misation du potentiel.Des informations complémentaires étaient demandéesaumédecin déclarant lorsque les affections ou le type d’ac-tivité physique étaient imprécis ou non précisés. Une véri-fication des codages était réalisée par un deuxièmeenquêteur. Une même personne pouvait avoir plusieurslésions et plusieurs accidents.Les coûts des prestations sanitaires adressées pourremboursement à la Cnmss étaient recueillis pendant unepériode de 6 mois après la date de l’accident, à l’exceptiondes indemnités journalières (compensation liée à l’arrêt detravail) et des coûts des soins pratiqués dans une structuredu service de santé des armées.L’analyse des résultats était réalisée à l’aide de statis-tiques descriptives et d’une régression de Poisson pour lacomparaison des taux d’incidence. Le risque alpha était de5 %. L’adéquation du modèle a été recherchée.Résultats

Caractéristiques socio-démographiquesEntre le 1er janvier et le 30 juin 2011, 8157 déclarationsétaient recensées, soit un taux d’incidence de 4 472 p100000 PA.

La population de l’étude est décrite dans le tableau I.Le tableau II décrit les affections en fonction du sexe, del’arme et du type d’activités physiques pratiquées. Les acci-dentés étaient majoritairement des hommes (85 %). L’âgeétait en moyenne de 27 ans +/– 7,6.Les femmes avaient plus de risque de se blesser que leshommes en début d’engagement (0-4mois). Par contre, surl’ensemble de la période d’engagement, un homme avait1,47 fois (intervalle de confiance à 5 % du risque relatifvariant de 1,37 à 1,58) plus de risques qu’une femme de seblesser, quelle que soit l’armée.Le nombre d’affections chez les hommes augmentaitfortement lors de la première année de service pourensuite décroître progressivement en fonction du tempsde service, excepté dans la gendarmerie où le nombred’affections ne cessait de diminuer dès la fin de la périodeinitiale de service. Il en était de même pour les femmes oùle nombre d’affections décroissait progressivement enfonction du temps de service quelle que soit l’armée(Figure 1).L’armée de terre avait la fréquence d’affections la plusélevée. À temps de service et sexe confondus, un militairede l’armée de terre avait 2,1 fois (intervalle de confiance à5 % du risque relatif variant de 1,63 à 2,77) plus de risquede se blesser qu’un marin.Tableau I : Description de la population de l’étude en fonction del’armée

Arme Renseignements sociodémographiques 2011

GendarmerieEffectif en pourcentage 29,7%1

TerreEffectif en pourcentage 37,6%2

AirEffectif en pourcentage 15,3%2

MarineEffectif en pourcentage 11,9%2

AutresEffectif en pourcentage 5,5%2

Toutes armes Âge moyen des militaires 32,6 ans2

Temps de service moyen 11,8 ans2

Proportion de femme 15 %2

1 données issues du ministère de l’Intérieur.2 données issues du bilan social de la Défense 2011.

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T. Ressort, G. Desjeux, P. Marsan, et al.

Type de sportLe sport le plus traumatique était la course àpied (21 %),suivi du football (15 %) et des parcours militaires (9 %).Les activités physiques fondamentales représentaient36 % des affections, suivies des activités sportives complé-mentaires (36 %), réparties en 30 %pour les sports collec-tifs, 3 % pour les sports de combat et 3 % pour les autresdisciplines sportives, puis des activités physiquesmilitaires(21 %). Les techniques d’intervention opérationnellerapprochée représentaient 4 % des affections.Type de lésionLe nombre de lésions était de 8856, ainsi 93 %des affec-tions étaient monolésionnelles. La localisation la plus

Tableau II : Taux d’incidence pour 100 000 PA1 en fonction du sexe, de l’arme et du type d’activité physique

Arme Sexe Effectif2 Nombre dedéclarations3

Activitésphysiquesfondamen-

tales4

Activitésphysiquesmilitaires4

Activitésphysiques

complémen-taires4

Techniquesmilitaires4

Tauxd’incidence

pour 100 000PA

Gendarmerie Femme 14 685 182 96 17 58 11 2 479

Homme 82 151 1 187 505 118 516 48 2 890

Total 96 836 1 369 601 135 574 59 2 827

Terre Femme 19 857 463 204 105 143 11 4 663

Homme 144 286 4 845 1 717 1 260 1 735 133 6 716

Total 164 143 5 308 1 921 1 365 1 878 144 6 468

Air Femme 11 419 117 39 14 63 1 2 049

Homme 42 629 702 159 116 408 19 3 294

Total 54 048 819 198 130 471 20 3 031

Marine Femme 6 031 52 27 7 17 1 1 724

Homme 38 751 511 140 69 277 25 2 637

Total 44 783 563 167 76 294 26 2 514

Autre5 Femme 158

Homme 476

Total 634 98 21 16 59 2

Total Femme 52 150 814 366 143 281 24 3 122

Homme 308 293 7 245 2 521 1 563 2 936 225 4 700

Total 360 601 8 059 2 887 1 706 3 217 249 4 4721 Personnes-années.2 Chiffres annuels donnés par la CNMSS.3 Premier semestre 2011.4 Selon la classification du CNSD.5 Personnes non rattachées à une armée (service).

mois< 4 < 12 < 5

Temps de servicemois

Taux

d’in

ciden

cepour10

0000

PA

0

2 000

4 000

6 000

8 000

10 000

12 000

Gendarmerie hommesTerre hommesAir hommesMarine hommesGendarmerie femmesTerre femmesAir femmesMarine femmes

ans> 5ans

Figure 1 : Nombre de lésions en fonction du temps de service

Santé publique volume 25 / N° 3 - mai-juin 2013 267

LES ACCIDENTS DE SPORT CHEZ LES MILITAIRES

fréquente des lésions était le membre inférieur (63 %),suivi du membre supérieur (21 %).On retrouvait 92 %de traumatismes, 5 %de lésions d’hy-persollicitation et 3 % de maladies.Le traumatisme le plus fréquent était l’atteinte de lacheville (29 %) avec 1648 entorses de cheville et 953 casde traumatismes de la cheville sans lésion anatomiqueprécisée. L’atteinte du genou arrivait en deuxième positionavec 1208 lésions (14 %) comprenant 381 entorses et 827lésions du genou sans lésions anatomiques précisées.Les lésions du rachis représentaient 451 affections (5 %),toutes localisations confondues avec une prédominancelombaire (54 %),puis cervicale (27 %)et thoracique (19 %).Concernant les lésions d’hypersollicitation, la localisationla plus fréquente était le membre inférieur avec 90 %des lésions. Les lésions tendineuses, toutes localisationsconfondues, étaient les plus nombreuses (33 %).Les lésions musculosquelettiques comprenaient leslésions atteignant les muscles, tendons et ligaments. Leurnombre était de 6597 lésions (75 %). Elles touchaientpréférentiellement le membre inférieur (77 %).Pour lesmaladies, quatre évènements cardiaques étaientrecensés soit un taux d’incidence de 2 p 100000 PA ; undécès était constaté. Le nombre d’hyperthermies malignesd’effort était de 26 affections soit 16 p 100000 PA.CoûtsLe coût total pour la Cnmss était de 3,52millions d’euros.Pour autant, 35 % des affections n’engendraient pas decoûts en milieu civil. L’atteinte ligamentaire du genou étaitla plus coûteuse (coût médian de 4215 euros). Les coûtsdes lésions les plus fréquentes sont représentés dans lafigure 2. La lésion la plus fréquente n’était pas la pluscoûteuse au vu des remboursements de la Cnmss.

Discussion

Il s’agit de la première étude épidémiologique nationaleréalisée dans l’armée française pour décrire de manièreexhaustive les affections imputables au service et liées à lapratique de l’entraînement physique militaire et sportif.Incidence des affectionsLe taux d’incidence des affections, 4472 p 100000 PA,était bien moins élevé que les taux retrouvés dans la litté-rature. Ceci pouvait être expliqué par une différence deméthodologie en matière de population étudiée. En effet,les nombreuses études américaines exploraient trois typesde populations. David M Wilkinson étudiait les affectionsen servicemais toutes causes confondues : le «military trai-ning », incluant les activités physiques et sportives, les acti-vités militaires pures et les activités de bureau, retrouvantun taux d’incidence de 88 lésions p 100 PA [7]. L’étude desaffections liées aux sportsmais non en servicemontrait uneincidence de 142 lésions p 100 PA [8]. Enfin, le taux d’inci-dence issu d’une population issue des centres de formationet d’incorporation était de 10 à 15 p 100 recrues hommepar mois et 15 à 25 p 100 recrues femme par mois [4]. Parailleurs, il n’existait pas de définition consensuelle etuniverselle de l’entraînement physique militaire et sportif.Notre étude s’est basée sur la définition du Centre Nationaldes Sports de la Défense. Celle-ci prenait en compte 4 caté-gories [6] : activités physiques fondamentales, activitésphysiques militaires, activités sportives complémentaireset techniquesmilitaires. Lesmanœuvresmilitaires (terrain,marche de nuit…) étaient exclues. Or ces activités étaientfréquemment réalisées au niveau des centres d’incorpo-ration et étaient génératrices d’affections.Dans notre étude, un militaire de l’armée de Terre avait2,1 fois plus de risques de se blesser qu’unmarin ; il existaitune différence significative de risques d’affections selon lesexe et le temps de service. Dans la littérature [8-13], lesfemmes étaient plus à risque que les hommes dans lesquatre premiersmois de service.A contrario, sur la périodetotale de service, les femmes se blessaient moins que leshommes [2]. Ces différences retrouvées, pouvaient s’expli-quer par un niveau d’aptitude initial différent à l’engage-ment et un niveau d’entraînement sportif propre à chaquearme et spécialité en termes de volume et de niveau decompétences minimales requises. En effet, plusieursauteurs montraient qu’il existe une relation entre la

1 200

1 000

800

600

400

200

0traumatisme

de la cheville

entorse

de la cheville

traumatisme

de l’épaule

traumatisme

du genou

entorse

du genou

Euro

s

Figure 2 : Coût en euros des affections les plus fréquentes

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T. Ressort, G. Desjeux, P. Marsan, et al.

pratique sportive avant l’engagement et le risque d’affec-tion [8, 11, 12, 14, 15]. On pouvait supposer que les femmesavaient un niveau sportif plus faible à l’engagement que leshommes par manque d’entraînement mais aussi par diffé-rence de constitution physique. Par ailleurs, le niveausportif exigé à l’engagement n’était pas lemêmeen fonctionde l’armée : l’armée de Terre requérait un niveau physiqueplus élevé que les autres armes. En outre, plusieurs étudesaméricainesmontraient une corrélation entre traumatismeet quantitéd’activités [1, 7-11, 16-18]. Bien que notre étuden’ait pas permis de recueillir le volume horaire de pratiquesportive, on pouvait supposer que le temps consacré à lapratique de l’entraînement physique militaire et sportifétait plus important dans l’armée de terre que dans lamarine, entraînant ainsi plus de lésions. Onnepouvait aussinégliger le fait que la pratique sportive est propre à chaquearme (type d’activité, entraînement différent…) : unefréquence des affections liées aux sports était plus élevéedans les unités à terre, Coastal Artillery, que dans lamarine,Navy, [9-10, 19-20] car le niveau et les compétencesphysiques exigées n’étaient pas globalement comparablesen situation à terre et/ou sur un bâtiment à la mer.La prise en compte du temps et du type de pratique spor-tive dans chaque armepermettrait de confirmer cesnotionset d’obtenir ainsi une meilleure évaluation des risques liésaux sports.Type d’activité physique

La course à pied et les autres activités physiques fonda-mentales étaient les activités les plus à risque, suivies dessports collectifs et des activités militaires. La course à piedétait également retrouvée comme le sport le plus trauma-tique dans la littérature [7, 9, 13, 15, 17, 21]. Ceci s’expli-quait probablement par le fait qu’il s’agissait de l’activitéphysique de base pratiquée dans les armées.Par ailleurs, Rudzki montrait qu’une diminution de ladistance de course à pied permettait une réduction signifi-cative du nombre d’affections desmembres inférieurs et deleurmorbidité dans 2 groupes à temps d’activités sportivestotales comparables [22]. Ilmontrait aussi que le fait d’aug-menter les kilomètres de course àpied au-delàd’unnombreseuil était plus à risque de lésions sans bénéfice supplé-mentaire sur les performances physiques [18]. Donc lenombre de kilomètres parcourus par personne et parsemaine au-delà d’une distance seuil, serait à l’origine del’augmentation du nombre d’affections.

Ainsi deuxmesures préventives devraient être retenues :un seuil optimal de kilomètres parcourus en course à piedet une diversification de l’entraînement physique militaireet sportif afin de ne pas dépasser ce seuil optimal depratique de la course à pied sans pour autant réduire laquantité de pratiques sportives et diminuer les capacitésphysiques de chacun.Les activités militaires incluant la marche avec port decharge lourde étaient également retrouvées comme facteurde risque dans plusieurs études [6, 9, 16, 18, 20].Enfin, il faudrait tenir compte des conditions de pratiquede l’activité physique : les facteurs de risques de blessuressurvenant au Centre national d’entraînement commandone pouvaient être comparables à ceux des unités « conven-tionnelles » et nécessitaient des mesures de préventionpropres et adaptées aux conditions d’exercice [5].LocalisationComme dans d’autres études [4, 7-9, 15, 20-24], lesatteintes du membre inférieur étaient les plus fréquentes(63 %). La fréquence élevée de l’atteinte au niveau deschevilles, notamment l’entorse, de même que l’atteinte dugenou en deuxième localisation étaient également décrites[11, 13, 25], ce qui correspond à une pratique intensive dela course à pied et de la marche dans toutes les arméesconfondues.Type de lésionsLes lésions musculosquelettiques représentaient 75 %des affections. La prédominance de ce type de lésions dansles affections liées à la pratique sportive était égalementmontrée par d’autres auteurs [2, 16]. Kaufman retrouvaitune incidence de 6 à 12 p 100 pour les recrues de sexemasculin concernant les lésionsmusculosquelettiques lorsde l’entraînement physique sportif et militaire [4]. EnFrance, Cravic estimait que le taux de blessures musculo-squelettiques liées à l’entraînement physique était de 10 à15 p 100 recrues par mois pour les sujets masculins, et15 à 25 p 100 pour les sujets féminins [3].La plupart des études montraient une fréquence plusimportante pour les maladies d’hypersollicitation quenotre étude (5 %) [8, 11, 13, 16, 19, 24]. Cette différenceobservée pouvait être expliquée par la méthode de recueilemployée dans notre étude : l’absence d’événement trau-matique initial pour ce type de pathologie pouvait remettreen cause ou du moins différer l’idée de l’imputabilité au

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LES ACCIDENTS DE SPORT CHEZ LES MILITAIRES

service. Il était également difficile de faire la part entre lesmaladies d’hypersollicitation dues aux activités sportivesen service et celles provoquées ou aggravées par la pratiquepersonnelle d’une activité physique. De plus, les méca-nismes lésionnels n’étaient pas toujours correctementdécrits dans la déclaration et ainsi une affection sans préci-sion lésionnelle pouvait aussi bien correspondre à un trau-matisme ou à une maladie d’hypersollicitation. Enfin, lespathologies d’hypersollicitation engendraient des soinspeu coûteux, possiblement effectués entièrement enmilieumilitaire ce qui n’impliquait pas forcément une déclarationd’affection présumée imputable au service.Lecoupdechaleurd’exerciceestunepathologie fréquentedans le milieu militaire compte tenu des conditions d’en-traînement (en tous lieux et tous temps) et du port destenues militaires (treillis, protection balistique, équipe-ments de protection spéciaux…). Il s’agit de la forme la plusgrave des pathologies liées à la chaleur avec un risqueimportant de décès. L’épidémiologie de cette pathologie estbien connue, faisant l’objet d’une surveillance épidémiolo-gique spécifique par le Service de santé des armées depuis1995. L’incidence de cette maladie est évaluée à 31 p100000 en moyenne dans l’armée française, l’incidenceoutre-mer étant 2,5 fois plus élevée qu’en métropole [15].D’une manière générale, la bibliographie internationalemilitaire ne s’intéressait qu’à la mort subite du sportif [3,15]. Les données disponibles sur lamort subite chez lemili-taire montraient un taux d’incidence annuel variant de 2,1à 1,9 p 100000 recrues sans notion de survenue à l’effort[25]. Dans cette même étude, Massoure concluait que lamort subite était un évènement rare en service (inférieur à5 cas par an dans l’armée française) survenant essentielle-ment à l’effort. Une étude basée sur une population civilede jeunes athlètes retrouvait une incidence de mort subited’origine cardiovasculaire de 0,61 p 100000 PA [26]. Enrevanche, la littérature ne rendait pas compte des évène-ments cardiaques non létaux (en particulier ischémiques).En termes de mortalité, cette étude montrait l’existenced’un décès au cours dupremier semestre 2011directementlié à l’activité sportive et 4 accidents cardiovasculaires soit2/100000PA. La prévention des accidents cardiovasculaireau cours de l’entraînement physique et sportif dans lesarmées était un sujet largement étudié, du fait de sonimportance majeure [27].CoûtsPlus d’un tiers des affections (35 %) n’engendraient pasde coût remboursé par la Cnmss. En effet, soit la lésion

n’entraînait réellement aucun coût, soit la prise en chargeétait totale par le Service de santé des armées et donc nonsoumise au remboursement par la Cnmssmais avec un coûtréel, ou bien la lésion était remboursée à tort par le budgetde l’assurance maladie car le lien à l’accident en servicen’était pas renseigné sur les feuilles de remboursement.La variabilité des coûts selon le type de lésion était liéeégalement à l’absence de précision dans la description de lalésion et la gravité. L’entorse du genou pouvait inclure uneentorse bénigne sans rupture de ligaments jusqu’à la déchi-rure complète de plusieurs ligaments, avec éventuellementune fracture associée non signalée initialement lors de larédaction de la déclaration. Pour une même entité cliniqueselon notre étude, la prise en charge sera donc complè-tement différente et les coûts engendrés très variables.Le systèmededéclaration nepermettait pas le recueil desjournées d’absentéisme, qui sont un indicateur de nonproductivité important pour les armées.Conclusion

Afin de diminuer la fréquence et donc le coût des affec-tions en service et d’augmenter la capacité opérationnelledes armées, des mesures préventives doivent être envisa-gées à différents niveaux. Tout d’abord, notre étude permetde cibler le type de population le plus à risque : les femmeset lesnouvelles recrues.Eneffet, unentraînementprogressifdoit leur être proposé et adapté à leur niveau physiqueinitial. De plus, le type d’entraînement physique doit êtreadapté à chacun, et le type d’activité physique doit êtrediversifié. Il serait intéressant de mener une étude afin dedéfinir le seuil optimal du nombre de kilomètres de courseà pied parcourus.Une nouvelle doctrine a été mise en place dans ce sensfin 2011 dans les armées, elle a pour but d’améliorer l’effi-cacité de l’entraînement physique militaire et sportif,essentiel à la préparation opérationnelle, dans un soucipermanent de préservation du potentiel humain [6]. Cetteétude permet de faire le constat initial de l’accidentologieen service liée aux sports afin de pouvoir suivre la mise enœuvre et les bénéfices de cette doctrine grâce à une évalua-tion ultérieure suivant lamêmeméthodologie. Demêmeunsuivi à plus long terme devrait être envisagé afin de mieuxpréciser le type de lésions engendrées par les activitésphysiques dans l’armée.L’amélioration de la déclaration doit permettre demieuxsuivre les affections en service.

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T. Ressort, G. Desjeux, P. Marsan, et al.

Un observatoire va être mis en place au niveau descentres d’incorporation et des écoles de formation afin demieux appréhender les affections lors de la période deformation initiale du jeune engagémilitaire et de quantifierle volume horaire de pratique sportive pour établir desfacteurs de risque de survenue des lésions dans l’arméefrançaise.Aucun conflit d’intérêts déclaré

Remerciements :Les auteurs remercient Mesdames Colonna d’Istria, Laverne etCamous pour leur participation à l’étude.

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