Les armées britanniques. Un modèle en crise

8/7/2019 Les armes britanniques. Un modle en crise

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Les armes britanniquesUn modle en crise

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Pierre Chareyron

Juillet 2010

.

FFooccuuss ssttrraattggiiqquuee nn2233

Laboratoirede Recherchesur la Dfense


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LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche,dinformation et de dbat sur les grandes questions internationales. Cr en1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue dutilitpublique (loi de 1901).Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

LIfri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarcheinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), lIfri simpose comme un desrares think tanksfranais se positionner au cur mme du dbat europen.

Les opinions exprimes dans ce texte nengagent que la responsabilit de lauteur.

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Focus stratgique

Les questions de scurit exigent dsormais une approcheintgre, qui prenne en compte la fois les aspects rgionaux et globaux,les dynamiques technologiques et militaires mais aussi mdiatiques ethumaines, ou encore la dimension nouvelle acquise par le terrorisme ou lastabilisation post-conflit. Dans cette perspective, le Centre des tudes descurit se propose, par la collection Focus stratgique , dclairer par

des perspectives renouveles toutes les problmatiques actuelles de lascurit.

Associant les chercheurs du centre des tudes de scurit de lIfri etdes experts extrieurs, Focus stratgique fait alterner travauxgnralistes et analyses plus spcialises, ralises en particulier parlquipe du Laboratoire de Recherche sur la Dfense (LRD).

Lauteur

Officier suprieur de larme de Terre, le Chef de bataillon Pierre

Chareyron est dtach comme chercheur au sein du Laboratoire deRecherche sur la Dfense (LRD). Il est diplm de lEcole Spciale Militairede Saint-Cyr, du Cours Suprieur d'Etat-major et du Collge Interarmesde Dfense (CID).

Le comit de rdaction

Rdacteur en chef : Etienne de Durand

Rdacteur en chef adjoint : Marc Hecker

Assistante ddition : Caroline Aurelle

Comment citer cet article

Pierre Chareyron, Les armes britanniques : un modle en crise , Focus

stratgique, n 23, juillet 2010.


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Sommaire

Introduction _____________________________________________ 5Orientations gnrales de la politique de dfense ______________ 7Adaptations et tensions

lies la nature des guerres de Blair _____________________ 17Consquences de la faiblesse des budgets de dfense ________ 25Conclusion _____________________________________________ 35Annexes _______________________________________________ 37Rfrences _____________________________________________ 43


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Introduction

es armes britanniques ont acquis au fil des sicles une richeexprience de la guerre et des expditions militaires. Depuis la

constitution de la New Model Army en 1645, on ne compte quune seuleanne sans perte, 19671. Depuis 1945, lengagement sur les thtresdoprations extrieurs est permanent, lexception de lanne 19682

En raison de son efficacit oprationnelle, le modle britannique alargement influenc les systmes militaires des autres nations. Cestparticulirement vrai en France car la taille similaire des armes et desambitions quivalentes facilitent les comparaisons. La modernisation de ladfense, initie par Pierre Joxe et qui aboutit la professionnalisationvoulue par le prsident Chirac, est directement les consquences dudcrochage par rapport au Royaume-Uni constat lors de la guerre du

Golfe de 1991

. Enoutre, les conqutes coloniales, les guerres de dcolonisation en Asie et au

Moyen Orient, et surtout le conflit en Irlande du Nord ont forg une vritableexpertise des guerres asymtriques, que ce soit Outre-mer ou sur leterritoire national.

3

Les armes de Sa Majest sont aujourdhui engages depuis dixans dans des oprations de guerre intensives en Irak et en Afghanistan,que lhistoire militaire britannique retiendra semble-t-il sous le nom deBlairs Wars

.

4

Le Royaume-Uni est entr dans l're post-11 septembre avec unmodle darme repens la fin des annes 1990 en fonction de deuxgrands axes de rflexion. L'absence de menace conventionnelle majeure aparu justifier labandon des gros bataillons et des investissementsimportants consacrs la dfense. La Revolution in Military Affairset lesnouvelles technologies ont, en parallle, suscit lespoir que des units

. Alors que presque tous les systmes militaires occidentauxsont confronts aux rductions deffectifs, aux restrictions budgtairesengendres par la drive des comptes publics et aux difficultsstratgiques imposes par le retour des campagnes contre-insurrectionnelles, quels enseignements tirer de lexprience britannique ?

1Jean-Sylvestre Mongrenier, L'arme britannique, projection de puissance et

gopolitique euratlantique , Hrodote, vol. 116, n 1, 2005, accessible ladresse : http://www.cairn.info/revue-herodote-2005-1-page-44.htm.2

Thomas Rid et Marc Hecker, War 2.0: Irregular Warfare in the Information Age,US, Praeger Security International, 2009, p. 79.3

Jean-Sylvestre Mongrenier, op. cit.4 John Kampfner, Blair's wars, London, Free Press, 2003.

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P. Chareyron / Les armes britanniques

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interarmes polyvalentes et projetables, mises en synergie par des rseauxd'information et capables deffets militaires prcis, pourraient emporter lavictoire sur tout le spectre conflictuel. Ces rflexions entranent lesorientations dfinies dans le document stratgique majeur de la dcennie,la Strategic Defence Review(SDR) de 1998.

Ce modle est remis en question partir de 2005 par lenlisement et l'usuredes armes dans deux conflits simultans o elles peinent produire desrsultats positifs. La crise financire de 2008 et le cot de la guerreachvent le processus, au point que le modle de dfense britannique nesemble dsormais plus viable. La nouvelle SDR, annonce dans lesprochains mois, va devoir concrtiser des choix difficiles, dans un contextefinancier particulirement contraint. Lavenir des armes britanniques estdonc en question.


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Orientations gnralesde la politique de dfense

prs plus dune dcennie de pouvoir, le bilan du parti travailliste enmatire de dfense est pour le moins mitig. On doit au gouvernement

Blair la modernisation des forces armes et ladaptation de la dfensebritannique au contexte stratgique de laprs-guerre froide. Cependant,

lengagement controvers en Irak et la difficile campagne en Afghanistan,conjugus un effort budgtaire insuffisant pour financer cetinterventionnisme militaire, ont peu peu conduit le systme militairebritannique dans une impasse.

Cadre gnral du modle britannique

Avant dtudier plus en dtail les volutions de cette dernire dcennie, ilnous faut prciser succinctement quelques lments structurants dumodle militaire du Royaume-Uni. Cest Oliver Cromwell que lon doitlacte fondateur de larme britannique moderne, lorsquil cre en 1645 laNew Model Army5. Contrairement aux autres nations europennes, le

Royaume-Uni refuse le recours la conscription en raison notamment delimportance de la tradition librale et de la philosophie de lHabeas Corpus(1679), qui font apparatre la conscription comme une soumissionattentatoire aux liberts de lindividu6

Aprs la guerre de Crime, et lapproche de la Premire Guerre

mondiale, les responsables politiques et militaires prennent conscience desbesoins grandissant en effectifs

. En outre, la situation insulaire dupays permet de se passer dune arme de masse. Nayant euquexceptionnellement recours la conscription, larme britannique atoujours eu pour vocation dintervenir hors de la mtropole, soit pour enprotger les abords, soit pour garantir les possessions coloniales, soit enfinpour prvenir les tentatives hgmoniques sur le continent europen.

7

5

Sur lhistoire militaire britannique, voir David Chandler et I.F.W. Beckett, The

Oxford History of the British Army, New edition, Oxford Paperbacks, 1996.

. Sous lgide de Cardwell, des rformesfondamentales sont entreprises, avec notamment la cration du systmergimentaire toujours en vigueur. Chaque bataillon de mtropole est li une zone gographique particulire. Les milices de lpoque sontassimiles ce systme, et forment le socle de la future Territorial Armycre en 1907 pour fournir des renforts larme professionnelle. LeRoyaume-Uni recourt ainsi exceptionnellement la conscription de 1916 1918 et nouveau en 1940, puis le service national disparat ds 1963.

6Voir les thses de John Locke, Second trait sur le gouvernement civil, 1690.

7Hew Strachan, The First World War: A New History, London, Free Press, 2006.

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Reposant sur le couple Territorial / Professional Army, ancr localementautour du Regimental System8

Aux cts de lArmy, la Royal Navy fut cre ds le XVIe sicle,sous le rgne d

et soud par de trs fortes traditions, laremarquable stabilit de lorganisation de larme britannique contribue lui donner un esprit de corps probablement sans quivalent.

Henry VIII, avec un ministre propre, des arsenauxmilitaires et une flotte permanente de navires de guerre. Forge par unevritable culture stratgique maritime, elle a largement contribu lapuissance de lempire. La marine britannique est donc une institutionprestigieuse qui occupe une part prpondrante dans lhistoire militaire dupays. La Royal Air Force, la plus ancienne arme arienne indpendantedu monde, est quant elle fonde le 1er avril 1918. Aussi glorieuse que sesanes, elle peut notamment se prvaloir davoir sauv le royaume lors dela bataille dAngleterre en 1940.

Ce modle darme professionnelle, avec une faible empreinteterritoriale et destin lintervention Outre-mer, a engendr une relationspcifique entre larme et la socit civile : le Military Covenant9. Parailleurs, en raison de la faiblesse des effectifs et de labsence de servicenational, les lites politiques sont peu familires de la chose militaire et il ya, au fond, peu de diffrence entre les partis politiques sur les questions dedfense10. Les officiers sont issus des mmes collges aristocratiques quelensemble des lites civiles et, commissionns par la Reine, ils sonttraditionnellement peu politiss11

Cest avec cet outil militaire sculaire que le Royaume-Uni aborde

les dfis stratgiques du XXIe sicle et, en particulier, la srieparticulirement intense dinterventions lance par le parti travailliste aupouvoir. Il importe enfin de rappeler que ce modle militaire sinsre lui-mme dans un cadre stratgique largement conditionn par la SpecialRelationship avec les Etats-Unis. Cette politique de partenariatprivilgi , initie par le discours de Winston Churchill du 5 mars 1946,constitue la cl de vote de la stratgie du Royaume-Uni depuis lesaccords de Nassau en 1962. Les Anglais tirent en effet du fiasco de Suezune interprtation oppose celle de la France, qui avec le gnral DeGaulle choisit darc-bouter lindpendance nationale et le rayonnementinternational sur lautonomie de la dissuasion. Pour conserver leur rang depuissance mondiale, les Britanniques optent linverse pour une politiquedinfluence vis--vis des Etats-Unis, ce qui suppose de devenir leur alliindfectible et de maintenir des forces militaires classiques suffisammentcrdibles pour prtendre jouer ce rle.

.

8Recrutement dans une aire gographique prcise et stabilit des cadres qui sont

commissionns pour toute leur carrire au sein dun mme rgiment.9

Helen McCartney, The civil-military contract in Britain , International Affairs,

vol. 86, n 2, March 2010, pp. 411-428.10Entretien avec Christopher Langton, IISS, Londres, avril 2010.

11Entretien avec la mission militaire franaise, Londres, avril 2010.
http://en.wikipedia.org/wiki/Henry_VIII_of_Englandhttp://en.wikipedia.org/wiki/Henry_VIII_of_Englandhttp://en.wikipedia.org/wiki/Henry_VIII_of_England


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1998-2005 : entre RMA et contrainte budgtaire

Lorsque les travaillistes de Tony Blair gagnent les lections du 1er mai1997, avec la plus grande majorit de lhistoire du Labour, ils ambitionnentdouvrir une nouvelle re politique pour le Royaume-Uni. Dans le domaine

de la dfense, ils hritent dune dcennie de diminution des dpensesmilitaires permise par la disparition de la menace reprsente par le Pactede Varsovie. Les documents stratgiques Options for Changede 1991et1993, et Frontline First: The Defence Costs Study de 1994 ont moinsanalys les consquences de la chute du mur de Berlin que mis laccentsur les problmatiques budgtaires, avec pour objectif des conomiessubstantielles. Le budget de la dfense diminue de 23 % entre 1990 et199812, les effectifs militaires sont rduits dun tiers (de 306 000 211 000),le nombre de chars de bataille de 50 % et celui des sous-marins de 57 % 13

La marge de manuvre stratgique du nouveau gouvernement est

considrablement rduite par les grands programmes d'armement, dcids lpoque de laffrontement des blocs. Lavion de chasse Eurofighterestcommand en 1984, les Sous-marins Nuclaires Lanceurs dEngins(SNLE) de classe Vanguarden 1986, le char Challenger IIest tudi ds1986. Mme si le budget a nettement baiss dans les annes 1990, lesgrands programmes de renouvellement dquipements ont t maintenus.La majeure partie de la rduction des formats a t ralise par ledmantlement des forces en Allemagne. En outre, lIrlande du Nordcontinue de mobiliser dimportantes ressources

.

14. Cest en tenant comptede ces ralits conomiques et industrielles, tout en ayant lambition de prparer les forces armes aux challenges du XXIe sicle15, queladministration Blair se lance dans la rdaction dun document majeur pour

la dcennie suivante : la SDRde 199816

Modern Forces for the Modern Worldconstitue la premire analysefondamentale du nouveau contexte apparu aprs la dissolution de lURSS.Ce Livre blanc britannique sappuie sur les leons des oprations militairesconduites dans le Golfe et dans les Balkans depuis 1991. Cette analyse estune russite dans nombre de domaines, bien que des failles soientsoulignes par les spcialistes

.

17. L'ambition affirme travers le documentest de rester la nation europenne leader de l'OTAN, pierre angulaire de lascurit britannique. Les grandes orientations rvlent une vision nouvellede l'emploi des forces armes, dans la droite ligne de la nouvelle politique

trangre lance par le Labour : force for good18

12

Malcolm Chalmers, Preparing for the Lean Years, Future Defence ReviewWorking papers , RUSI, July 2009, p. 9, accessible ladresse :

. Les armes doivent

http://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdf13

Military Balance 1990, vol. 90, n 1, 1990. Military Balance 1998, vol. 98, n 1,1998. MoD, Strategic Defence Review 1998: White Paper, July 1998, p. 6.14

Environ 20 000 hommes en permanence pendant les annes 1990.15

MoD, Strategic Defence Review 1998, op. cit.16

Ibid.17

Andrew Dorman, A new SDR must not repeat the mistakes of 1998 ,Parliamentary Brief,mars 2010, accessible :http://www.parliamentarybrief.com/2

010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1.18Voir le discours de Robin Cook du 7 mai 1997, accessible :http://www.guardia

n.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicy.
http://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdfhttp://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdfhttp://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdfhttp://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdfhttp://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.guardian.co.uk/world/1997/may/12/indonesia.ethicalforeignpolicyhttp://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.parliamentarybrief.com/2010/03/a-new-sdr-must-not-repeat-the-mistakes-of-1998#page_1http://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdfhttp://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdf


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tre construites dsormais non plus en fonction d'une menace clairementidentifie mais comme un rservoir de capacits adaptables pour rpondre une varit de scenarii. Lanalyse souligne donc le besoin de disposer deforces flexibles et projetables et de rquilibrer les capacits pour rpondre un spectre d'action plus large.

En matire dquipement, le constat est svre. En 1998, leRoyaume-Uni consacre 9 milliards de par an aux quipements mais ledlai moyen entre la date prvue et la date effective de livraison est de 37mois. Lord Robertson lance donc linitiative du smart procurementqui vise diminuer les cots de 20 % l'horizon 2002 en adoptant les techniquesde management moderne. De telles initiatives de rationalisation despolitiques dquipement avaient dj t mises en uvre par lesconservateurs ds les annes 1980, mais sans grand succs jusqualors19

Malgr sa pertinence et son ambition, ce document stratgiquenest pas, proprement parler, une vision d'avenir, car il tire surtout lesenseignements des expriences rcentes

.

20. Le scnario dimensionnantpour lengagement militaire britannique reste la guerre du Golfe de 1991,avec une vision trs oriente par la Revolution in Military Affairs (RMA)dveloppe en parallle aux Etats-Unis. L'analyse qui transparat dansl'ensemble du document est que seules des forces quipes et entranespour la guerre de haute intensit, sappuyant sur les bnfices engendrspar le gap technologique, ont la capacit et l'aspect dissuasif pour treefficaces dans tout le spectre de la conflictualit, allant de l'imposition de lapaix aux oprations humanitaires. Ds lors, un faible intrt est port auxoprations asymtriques et la counterinsurgency (COIN). A laube du

XXIe

sicle, le Royaume-Uni fonde sa scurit et sa prosprit sur lesconcepts de promotion internationale de la libert et de dveloppement 21

Les attentats du 11 septembre 2001 constituent donc une surprisestratgique pour les armes britanniques. Paradoxalement, les documentsdits jusqu'en 2004 avalisent plutt les orientations prises en 1998, touten prenant acte de la menace terroriste et en tenant compte d'un contextebudgtaire fortement marqu par le cot croissant de la guerre en Irak. En juillet 2002, le gouvernement dcide donc de publier la SDR : a NewChapter

.Elle compte sappuyer sur des forces polyvalentes, numriquement faibleset technologiquement avances. Rien ne laisse cependant prsagerl'engagement dans deux guerres de contre-insurrection majeures en moinsd'une dcennie.

22

19Gianni de Fraja et Keith Hartley, Defence Procurement: Theory and UKPolicy , Oxford Review of Economic Policy, December 1996.

. Ce document considre que les travaux de 1998 sont validspar les engagements rcents au Kosovo en 1999, en Sierra Leone en2000, et en Afghanistan en 2001. Pour autant, il prend acte de l'apparitionde menaces asymtriques, essentiellement envisages sous la forme duterrorisme, qui ne font plus seulement partie du spectre tactique mais quipeuvent avoir un effet stratgique. Le document prne l'usage de forces

20Andrew Dorman, Transforming to Effects-Based Operations: Lessons from the

United Kingdom Experience, Strategic Studies Institute, January 2008, p. 9.21MoD, Strategic Defence Review: A New Chapter, July 2002.

22Ibid.


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d'interventions projetables et ractives fournissant des effets militairesdvastateurs obtenus avec une vitesse et une prcision ingalesjusqu'ici23 par la mise en rseau d'armes de prcision et de technologiesde partage de l'information grce au Network Centric Capability24

En fait, le gouvernement Blair ne tire les leons du changementengendr par les attentats du 11 septembre 2001 qu' travers lesenseignements des oprations limites en Afghanistan et de l'oprationTelic

. Il appelleen outre une meilleure coordination et comprhension entre les acteursmajeurs du gouvernement qui doivent jouer un rle dans la lutte contre leterrorisme : Dfense, Affaires Etrangres, Dveloppement, Finances,agences de renseignement, Intrieur.

25en Irak (voir annexes). Cette opration majeure, qui est initialementun succs, valide en effet les orientations de la rforme de 1998. Le corpsexpditionnaire britannique de 46 000 hommes participe la nouvelledmonstration de la supriorit des armes occidentales face celles de

Saddam Hussein. Les suites de la guerre d'Irak et l'enlisement enAfghanistan montrent que ces leons ont pourtant t tires trop vite.Toujours est-il qu'en dcembre 2003 et juillet 2004, deux nouveauxdocuments, le Defence White Paper Delivering Security in a ChangingWorld 26 et sa partie consacre l'analyse capacitaire FutureCapabilities 27

Le White Paper de 2003 prend dsormais acte d'un engagementoprationnel plus soutenu, plus long et sur des thtres d'oprations plusvaris et lointains que ce qui avait t anticip. Les forces armes doiventdsormais tre capables de s'engager simultanment dans trois oprationsde faible moyenne ampleur

, ont pour ambition de synthtiser la vision stratgique de1998 avec les enseignements des oprations en cours, tout en essayant defaire face aux drives budgtaires qui s'accumulent. Ces travaux sontcomparables, par l'importance des rformes, ceux de 1998 mais n'ontpas t dnomms SDR sans doute parce que l'administration Blair nevoulait pas reconnatre l'obsolescence partielle de son uvre stratgiquemajeure.

28

23New Chapter, p. 14 precision weapons and shared information technologiescould be linked together to produce devastating military effects with unparalleledspeed and accuracy , nous traduisons.

, alors que la SDR n'en prvoyait que deux.En outre, le succs dans la gestion des crises requiert dsormais uneplanification intgre entre les acteurs militaires, diplomatiques etconomiques, au niveau national et international, ce qui est formalis plustard sous le concept d'approche globale . Dans la droite ligne de lapense RMAiste, le concept d'oprations bases sur les effets (EBAO)

est formellement adopt, concrtisant lvolution entreprise ds 2002. La

24Concept de guerre en rseau driv du Network Centric Warfare amricain et

qui est plus tard dclin sous le terme de Network Enabled Capability.25

MoD, Operation Telic: UK Military Operation in Iraq , National Audit Office,December 2003.26

MoD, Delivering Security in a Changing World, December 2003,http://merln.ndu.edu/whitepapers/UnitedKingdom-2003.pdf.27

MoD, Delivering Security in a Changing World, Future Capabilities, July 2004,

http://www.livreblancdefenseetsecurite.gouv.fr/IMG/pdf/future_capabilities.pdf.28Classification des niveaux d'engagement ; faible : l'engagement britannique en

Macdoine ; moyen : Afghanistan en 2001 ; important : l'opration Telicen 2003.


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ncessit de disposer d'un Network Enabled Capability qui permette dedominer le tempo oprationnel de l'adversaire, y compris asymtrique, est nouveau souligne. Cette capacit savre en outre indispensable pourrester interoprable avec lalli amricain, mme si le cot engendr par cebesoin nest pas valu. Ce document reconnat dailleurs explicitementque la participation britannique une opration de grande ampleur(type Telic) n'est envisage qu'aux cts des Etats-Unis.

L'exercice est surtout marqu par les contraintes budgtairesengendres par le cot de la guerre en Irak. En 2003, le gouvernementconstitue une Special Reserve de 3 milliards de livres pour financer laguerre, rserve porte 5 milliards en 2005, hors budget courant duMinistry of Defence (MoD)29. Il sagit l dune dmarche qui na riendexceptionnel, si ce nest par son ampleur, pour financer les oprationsimprvues. Le gouvernement doit donc stabiliser le budget et cherche faire des conomies. A titre d'exemple, le nombre de civils de la dfense

doit diminuer de 10 000 avant avril 2008. Le Head Officedu ministre estrduit 5 200 personnes et concentr dans trois btiments londoniens30.Les quipages d'avions de chasse baissent de 20 %. Six navires de guerresont retirs du service par anticipation. Mme les bataillons d'infanterie,pourtant constamment engags en Irak et en Afghanistan, passent de 40 3631

Nous ne sommes alors qu'en 2004, deux ans avant l'engagementdans le Helmand, quatre ans avant la crise financire. Le gouvernement semontre encore optimiste et, dans la prface du White Paper, le secrtaired'Etat la Dfense

. Pour justifier ces rductions, le document prcise que le choix dumodle d'arme doit tre fait en fonction deffets militaires atteindre et decapacits interarmes associes pour les obtenir, plutt que sur un nombrede plateformes (avions, navires, rgiments) dtenir. Les dtracteurs duWhite Paperestiment surtout qu'il s'agit d'une manire dguise de justifierles rductions drastiques du format, rductions engendres par le cotcroissant et non anticip de la guerre.

32

2005-2010 : remise en cause du modle et fin des illusions

Geoff Hoon estime que le gouvernement a russi fournir la nation britannique les forces armes de haute qualit dont ellea besoin pour rpondre aux incertitudes du monde d'aujourd'hui .

L'anne 2005 marque trs certainement le tournant de cette dcennie pour

le Royaume-Uni. Le 7 juillet 2005, les attentats de Londres, qui font 56morts et 700 blesss, remettent en cause la stratgie de containment duterrorisme hors des frontires nationales, fonde sur une politique deguerre premptive. Selon un sondage paru dans le journal TheIndependent, 46 % de la population estime que cette stratgie a fragilis lascurit du pays en crant de la rancune et du ressentiment dans le monde

29Iraq Analysis Group, The Rising Costs of the Iraq War, mars 2007 accessible

: http://www.casi.org.uk/200306-cost of war.pdf.30

A titre de comparaison, en 1990, il se composait de 12 500 personnes au sein

de 30 btiments publics de la capitale.31MoD, Strategic Defence Review 1998, op. cit.

32Equivalent du ministre de la Dfense en France.


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musulman33. En outre, les Britanniques, qui revendiquaient une meilleureexpertise des oprations de contre-insurrection que leurs allisamricains34, perdent petit petit le contrle de la rgion de Bassorah. Le19 septembre 2005, la ralit clate35

En 2006, alors que larme est dj essouffle par leffort fourni enIrak, le ministre de la Dfense John Reid annonce lengagementbritannique dans la province du Helmand en Afghanistan

lorsqu'un raid mcanis lanc pourlibrer deux SAS capturs par une milice irakienne dgnre en meutespopulaires. Pour l'opinion publique, c'est l'chec de l'opration Telic. Pourle gouvernement, il s'agit dsormais de quitter l'Irak en minimisant lesconsquences politiques ngatives. Pour les militaires, c'est un constatamer marqu par une double frustration, vis--vis de la classe politiquecomme des allis amricains.

36. Lesresponsabilits de lISAF stendent et il sagit de compenser politiquementle dsengagement britannique qui sannonce en Irak. Certains

responsables militaires, comme le gnral Dannatt, sont sceptiques quant la capacit de soutenir deux engagements simultans37. Toutefois, lahirarchie militaire, en raison de sa neutralit politique, de la mentalit cracking on38 et dun excs de confiance dans ses capacits, nesoppose pas une telle dcision. John Reid annonce que le dploiementdoit protger la reconstruction39, alors que la brigade britanniquedploye, la 16e Air Assault Brigade, va consommer en six mois un demi-million de cartouches et 13 000 obus40

De 2005 2008, malgr les difficults croissantes et les critiquessur la conduite de la guerre, il ny a pas de redfinition des orientations

stratgiques. Il faut attendre 2008 pour que soit publie la National SecurityStrategy, document interministriel de porte gnrale, qui prend acte dece que l'on appelle en France le continuum scurit-dfense . Cetteanalyse cherche laborer une vision interministrielle de la scurit duRoyaume-Uni. Ce qui frappe par rapport au New chapterde 2002, c'est lagrande prudence quant la ncessit d'intervenir l'tranger pour assurerla scurit du territoire. L'action militaire doit tre envisage dsormais

.

33Entretien de lauteur avec Terri Judd, journaliste pour The Independent, Londres,

avril 2010.34

Nigel Aylwin-Foster, Changing the Army for Counterinsurgency Operations ,

Military Review, November, December 2005. Accessible :http://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdf.35

Richard Norton-Taylor et Ewen MacAskill British Tanks Storm Basra Jail toFree Undercover Soldiers , TheGuardian, 20 septembre 2005 disponible http://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.military.36

Voir discours du 26 janvier 2006 la chambre des communes, accessible :http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htm.37

Entretien de lauteur avec Christopher Langton, IISS, Londres, avril 2010.38

Littralement, faire avec , expression utilise par les soldats britanniquespour aller de lavant et accomplir la mission quoi quil advienne, quels que soientles tats dmes.39

John Reid, UK troops 'to Target Terrorists' , BBC News, 24 avril

2006, accessible :http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4935532.stm.40Michel Goya, Res militaris : de l'emploi des forces armes au XXI

esicle, Paris,

Economica, 2010, p. 234.
http://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdfhttp://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdfhttp://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdfhttp://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdfhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htmhttp://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htmhttp://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4935532.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4935532.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4935532.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4935532.stmhttp://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htmhttp://www.publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmhansrd/vo060126/debtext/60126-10.htmhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.guardian.co.uk/world/2005/sep/20/iraq.militaryhttp://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdfhttp://www.au.af.mil/au/awc/awcgate/milreview/aylwin.pdf


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avec ralisme41. Lenlisement en Irak et en Afghanistan a refroidilenthousiasme britannique du dbut des annes 2000. Comme le montrentPaul Cornish et Andrew Dorman, ce document rvle au fond que lapolitique dclaratoire de dfense du gouvernement Blair na pas t enphase avec la ralit des vnements et de lengagement oprationnel, ceque confirme dailleurs labsence de toute rfrence au White Paper de2003 et 200442

Enfin, en fvrier 2010, au moment o deux nouveaux soldats tusdans le Helmand portent le total des pertes en Afghanistan 255, soit aumme niveau que durant la guerre des Falklands en 1982, legouvernement Brown publie le Green Paper

.

43

Enfin, il marque une rupture avec la logique de la RMA, qui avaitpourtant servi de socle toutes les analyses stratgiques prcdentes. Legaptechnologique face, notamment, aux nations mergentes ne peut plustre assur. Le moteur de l'volution technologique tant dsormais enmajorit civil, les forces armes disposeront, lavenir, dune moins bonnematrise et visibilit de cette volution. Selon cette analyse, il fautdsormais reconnatre que la technologie ncessaire aux armes n'estpas un absolu mais qu'elle dpend des menaces combattre . C'estadmettre implicitement que la course la domination technologique

constitue un facteur d'puisement pour les conomies de dfense despuissances moyennes. Dailleurs, le Gray Report montre que l'obsessiondes armes viter un gaptechnologique trop grand avec les Amricains,au nom de l'interoprabilit, a conduit privilgier des quipements

. Il sagit dun documentprparatoire la prochaine SDR, sans orientation politique et qui ne seprononce pas quant aux choix venir. Il reste toutefois important dans lamesure o il dresse, en quelque sorte, le bilan de laction du Labour enmatire de dfense. Reconnaissant la pertinence de la modernisation

conduite en 1998, mais aussi le bouleversement du contexte stratgique, legouvernement admet que les forces armes ont d voluer rapidementdans de nombreux domaines, avec des contraintes financiresimportantes. Plutt sombre, mais aussi honnte, l'analyse montre que ladfense britannique est au pied du mur. La prochaine quipegouvernementale doit dsormais faire des choix douloureux et deschangements radicaux. Le constat suivant est en effet nonc dans leGreen Paper: nous ne pouvons plus continuer avec les activits et lesprogrammes auxquels nous aspirons tout en soutenant simultanment lesoprations en cours et en investissant sur les capacits dont nous avonsbesoin. Les Etats-Unis restent un partenaire privilgi, mais le documentprend aussi acte du rle de l'Union europenne et de l'opportunit ouvertepar le retour plein et entier de la France dans l'OTAN.

41Cabinet Office, National Security Strategy, mars 2008, p. 6, accessible :

http://interactive.cabinetoffice.gov.uk/documents/security/national_security_strategy.pdf.42

Paul Cornish, Andrew Dorman, Blairs wars and Browns Budgets: fromStrategic Defence Review to Strategic Decay in less than a Decade , International

Affairs, vol. 85, n 2, 2009, p. 250.43MoD, Green Paper 2010, February 2010, accessible ladresse:http://www.mod

.uk/defence_green_paper_cm7794.pdf.
http://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdfhttp://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdfhttp://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdfhttp://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdfhttp://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdfhttp://www.mod.uk/defence_green_paper_cm7794.pdf


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sophistiqus peu en phase avec les besoins rels et les ressourcesbudgtaires du Royaume-Uni44

Au final, de 1998 2010, six ministres se sont succd la tte de

la dfense britannique. Sous leur direction, les armes de Sa Majest ontt engages dans une centaine d'oprations de toutes tailles et ont perduen Irak et en Afghanistan 457 soldats et plusieurs milliers de blesss

.

45

En tout tat de cause, lhritage laiss par les travaillistes risque dese rvler difficile grer pour la nouvelle quipe gouvernementale. Les

Blairs Wars ont en effet gnr certains dysfonctionnements majeursquil convient dexaminer plus en dtail.

. Surle plan politique, les travaillistes se sont retrouvs la veille des lectionsdu 6 mai 2010 dans la situation des conservateurs en 1997. Ces derniersleur reprochent les imprities de la politique de dfense et affichentlambition de conduire une SDRexemplaire, tout en nayant pas vraimentpropos de solutions ce stade.

44Bernard Gray, Review of Acquisition for the Secretary of State for Defence,

October 2009, pp. 27-32.45

Voir les statistiques du MoD accessible ladresse:http://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htm.
http://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htmhttp://www.mod.uk/DefenceInternet/FactSheets/OperationsFactsheets/OperationsInAfghanistanBritishCasualties.htm


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Adaptations et tensions lies la nature des guerres de Blair

a mutation des systmes militaires sacclre traditionnellement enpriode de guerre parce quil faut rpondre dans lurgence une

situation critique46. Les conflits agissent en effet comme rvlateur desproblmes structurels des organisations politico-militaires. Les Blairs Wars

sont des guerres au sein des populations 47

Contre-insurrection : redcouvrir son propre hritage

, aux enjeux politiqueslimits et qui contrairement aux oprations de la dcennie prcdente,notamment dans les Balkans, causent des pertes sensibles. Elles secaractrisent en outre par un retour aux stratgies de gurilla etdinsurrection pour contourner la puissance militaire occidentale. Dans lecontexte propre ce type bien particulier de conflit, trois domainesprennent une importance majeure et mritent ce titre une analyse pluspousse : la contre-insurrection, lapproche intgre et les relationscivilo-militaires.

Calwell, Kitchener, T.E. Lawrence, Templer, Kitson lhritage intellectuelet pratique des Britanniques en matire de COIN est considrable voireunique. Renforce en Irlande du Nord pour une mission de 48 heures en1969, le temps de restaurer l'ordre et de protger les minoritscatholiques48, larme y est, en fait, continuellement en opration pendant39 ans. Fin 2003, faisant rfrence cette exprience, les Britanniques semontrent volontiers donneurs de leons49 alors que leurs camaradesamricains affrontent en Irak une insurrection grandissante, en partie cause de leurs erreurs danalyse et de comportement 50. Ce sentiment desupriorit, dailleurs partag par nombre dofficiers franais, amne considrer que les Amricains, culturellement enclins faire un usageimmodr de la force, selon le paradigme de Grant51

46

Stephen Peter Rosen, Winning the Next War: Innovation and the ModernMilitary, Cornell University Press, 1994. pp. 22-39.

, sont bien moinsefficaces lorsquil sagit dobtenir le soutien des populations. Pourtant,

47Selon lexpression de Rupert Smith, L'utilit de la force : l'art de la guerre

aujourd'hui, Paris, Economica, 2007.48

Colonel Richard Iron in Counterinsurgency in Modern Warfare, p. 167Counterinsurgency in Modern Warfare, Oxford, Osprey, 2008.49

Nigel Aylwin-Foster, op. cit.50

Sur ce sujet voir Thomas Ricks, Fiasco: the American Military Adventure in Iraq,

New York: Penguin Press, 2006.51Russell Weigley, The American Way of War, Bloomington, Indiana University

Press, 1977.

L


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lanalyse de la campagne britannique Bassorah et dans le Helmandconduit relativiser ce jugement.

Les difficults commencent ds 2004 en Irak, o la rvolte de

Moqtada al-Sadr se rpercute dans le bastion chiite du sud, souscommandement britannique. L'arme du Mahdi infiltre les organes descurit et prend petit petit le contrle de la population 52. Le raid du 19septembre 2005 nest que le rvlateur de lincapacit des forcesbritanniques contrler leur zone daction en raison du manque detroupes. Partageant lanalyse politique amricaine selon laquelle la guerreserait de trs courte dure et se transformerait rapidement en missiondaide militaire, le gouvernement ramne les effectifs de lopration Telicde46 000 hommes lors de lintervention en mars 2003 environ 8 500 en2004, puis 5 700 en 2007. En 2004, une seule brigade mcanise de5 000 hommes est charge du district de Bassorah, ville de 2,5 millionsd'habitants. Le ratio entre le nombre de troupes et le volume de population

contrler est alors de 2 pour 1 000, bien loin des 20 pour 1 000 souventconsidrs comme un minimum pour esprer mettre en uvre unestratgie de contre-insurrection viable53

Cet chec constitue une dsillusion pour les militaires britanniquesau regard de leur stratgie dinfluence vis--vis des allis amricains.Richard Dannatt reconnat que la rputation et la crdibilit vis--vis [du]plus important alli [du Royaume-Uni] a t remise en question plusieurs

niveaux suite certains aspects de la campagne en Irak

. Les Britanniques perdent donclogiquement le contrle de Bassorah et en mars 2008, lchec estconsomm. L'arme irakienne, appuye par les troupes amricaines, doitreprendre le contrle de la ville aux mains des milices chiites.

54

. Desdocuments classifis rvlent que le commandement britannique Bassorah s'est oppos la stratgie du gnral Sanchez 55 mais que lesAmricains sont rests sourds tout dialogue concernant la conduite desoprations. Le colonel Tanner, chef d'tat-major britannique Bassorahdclare : en dpit de notre soi-disant Special Relationship, je reconnaisque nous n'avons pas t mieux considrs que les Portugais 56

En janvier 2006, 3 300 soldats sont dploys dans le Helmand dansle cadre delUK Joint Helmand Plan. Le ratio est alors de 4 pour 1 000. La

. Malgrlexprience acquise en Irak, les mmes erreurs se produisent enAfghanistan.

52Michel Goya, Res militaris : de l'emploi des forces armes au XXI

esicle, Paris,

Economica, 2010, p. 230.53

Steven M. Goode, A Historical Basis for Force Requirements inCounterinsurgency , Parameters, vol. 34, n 4, Winter 2009-10, p. 46 ; titre decomparaison, voir galement James F. Mattil, From Belfast to Baghdad: Lessonsfrom Northern Ireland, 7 May 2004, accessible :http://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis %20& %20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htm.54

Richard Dannatt, op. cit.55

Alors commandant militaire de la coalition.56

Voir les documents classifis rvls par le Telegraph:http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-

three.htmlet John F Burns, U.K. Documents Show Friction With U.S. onIraq, New York Times, 23 novembre 2009 :http://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.html
http://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htmhttp://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htmhttp://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htmhttp://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htmhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.nytimes.com/2009/11/24/world/europe/24london.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/6632588/Iraq-war-files-the-documents-part-three.htmlhttp://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htmhttp://www.flashpoints.info/issue_briefings/Analysis%20&%20Commentary/Analysis-Belfast_to_Baghdad.htm


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stratgie britannique des Platoon Houseest un chec (voir annexes). Lescombats sont trs violents et les pertes lourdes 57. Face aux difficults etaux pressions des militaires, 1 500 hommes supplmentaires sont engagsen fvrier 2007. En dpit de lenvoi de matriel lourd puis de lvolutionvers une stratgie plus subtile58, notamment sous le commandement dugnral Andrew Mackay, les Britanniques ne russissent pas diminuer lerecours aux frappes ariennes (entre 500 540 en moyenne pour unebrigade davril 2007 mars 2009) et perdent environ un soldat par semainedepuis 4 ans59. Le contingent britannique comprend aujourdhui 7 353hommes, dont plus de 486 sont fournis par la Territorial Army60

Finalement, les militaires britanniques ont d redcouvrir dans ladouleur les old tricks de la contre-insurrection

. Depuis juin2009, plusieurs milliers de Marines amricains sont venus en renfort desBritanniques dans le Helmand. De grandes oprations sont lances contreles insurgs, comme lopration Mushtarak en mars 2010, o 15 000hommes reprennent la zone de Marjah. Dsormais, les Britanniques nedirigent plus la stratgie mise en uvre dans la province du Helmand.

61. Lexprience en Irlandedu Nord, trs oriente sur les oprations de police, na pas forcment putre transpose dans des pays de langues et de cultures trs diffrentes.Lchec en Irak et les revers en Afghanistan sont dus principalement lafaiblesse constante des effectifs engags, au manque crucial dhlicoptreslourds62 et labsence de cohrence dans laction successive des brigadesainsi quentre les diffrents ministres63. La consquence estinvitablement le recours aux moyens amricains avec, comme corollaire,ladoption de leurs modes daction et la remise en question de lefficacittactique britannique. Le matre est finalement surpass par l'lve64

Parmi les principes traditionnels de la contre-insurrection, il en estun qui savre particulirement difficile appliquer. Il sagit de lapprocheintgre des oprations visant coordonner les oprations militaires avecles actions ncessaires pour amliorer la gouvernance et ledveloppement.

.

57Patrick Bishop, 3 Para, HarperPerennial, 2008. 31 Britanniques ont t tus de

mai septembre 2006 et lOtan estime 1000 le nombre de combattants talibans

tus durant cette priode dans la province du Helmand.58Stephen Grey, Operation Snakebite, London, Viking, 2009.

59276 tus en 206 semaines dopration (entre le 01 janvier 2006 et le 15 avril

2010).60

Ces effectifs (en date du 13 janvier 2010) sont ajouter aux 226 de la Navy(la3rd Royal Commando Brigade), aux 1 301 de lAir Forceet aux 1 322 civils pouratteindre le total de 10 202 personnes dployes en Afghanistan.61

Victoria L. Nolan, Command and Culture: Military leadership and the Evolution ofthe British Armys Approach to Small Wars, PhD thesis, Kings College London,2009.62

A ce sujet, voir les dbats qui ont suivi la mort du caporal Mark Wright le 6septembre 2006, qui tait all secourir pied des camarades pris dans un champde mines parce quil ny avait pas dhlicoptre disponible. Wright a reu la George

Cross titre posthume pour son hrosme.63Mark Urban, How to win Helmand , BBC Blog Newsnight, 19 juin 2008.

64Theo Farrell et Stuart Gordon, op. cit., p. 666.
http://www.bbc.co.uk/blogs/newsnight/markurban/mark_urban/http://www.bbc.co.uk/blogs/newsnight/markurban/mark_urban/


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Une approche intgre hsitante

Au dbut des annes 1990, les conflits des Balkans ont rvl un besoinaccru de coordination sur le terrain entre les diplomates du British Foreign& Commonwealth Office (FCO), les civils servants et les militaires du

MoD65. Pourtant en 1997, ladministration Blair dtache l'OverseasDevelopment Administration, hritire du ministre du Dveloppementbritannique cr en 1964 et fusionn en 1979 avec le FCO, en crant leDepartment for International Development(DFID). Le nouveau ministre apour objectif de combattre la pauvret. Le dveloppement devient unobjectif en soi et n'est plus corrl une stratgie de dfense de lintrtnational. En outre, deux lments acclrent lautonomisation croissantedu nouveau ministre : la volont du DFID, sous Clare Short, de jouer unrle plus important dans les questions de scurit ltranger et celle derationaliser le gaspillage de ressources alors que trois programmesdentranement et de formation pour les forces de scurit trangresexistent au sein de trois ministres diffrents. Deux fonds pour le

dveloppement sont crs, le Global Conflict Prevention Pool sous laresponsabilit du FCO et lAfrica Conflict Prevention Pool sous celle duDFID. Ces fonds sont fusionns en 2007 pour une meilleure coordination.Pour le MoD, influenc par le concept amricain doprations bases surles effets, le dveloppement doit pourtant sinscrire dans unecomprehensive approach, et donc finalement servir les buts stratgiquesdes oprations. Pour certains membres du DFID, lis au milieu des ONG,cette volont de prise en compte du dveloppement par les militaires estune instrumentalisation de laide aux populations66

Lapparition dun troisime acteur aux cts du MoD et du FCO

complique la coordination sur les thtres doprations. En Irak, lesfonctionnaires du DFID, peu favorables un engagement militaire, seretirent des travaux de planification de lintervention ds 2002

.

67. Lactioncivile Bassorah est un chec68. En Afghanistan, les difficults etrticences se cristallisent lors de la mise en place des PRT qui donnentpourtant des rsultats, notamment Mazar-e-Sharif 69. Pour les militaires,les projets du DFID sont horizon trop lointain et paraissent tropdcorrls des proccupations immdiates pour avoir un effet bnfiquesur la situation scuritaire. Pour le DFID et le FCO, la natureessentiellement coercitive de la campagne britannique dans le Helmandsoulve le doute quant la relle comprhension du dveloppement parles militaires et leur implication dans les projets70

65

Rupert Smith, op. cit.

. De plus, les conditions de

scurit freinent le dploiement des experts, ce qui fragilise le processusde reconstruction envisag en parallle des oprations militaires.

66Entretien avec Christopher Langton, Londres, avril 2010.

67Theo Farrell et Stuart Gordon, COIN Machine: The British Military in

Afghanistan , Rusi Journal, vol. 154, n 3, juin 2009, p. 680.68

Hilary Synnott, Bad days in Basra my turbulent time as Britain's man in southernIraq, London, New York, I.B. Tauris, 2008.69

Laurent Fromaget et Paul Hari, Stabiliser autrement ? Les quipes

provinciales de reconstruction (PRT) en Afghanistan , Focus stratgique, n 4, Ifri,janvier 2008, p. 19.70

Theo Farrell et Suart Gordon, op. cit.


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Prenant acte du besoin de coordination, le gouvernement cre unestructure ad hoc en 2004 : la Post Conflit Reconstruction Unit (PCRU)renomme Stabilisation Unit(SU) en 2007. Finance conjointement par lestrois ministres (FCO, MoD et DFID), cette structure a pour mission derecruter et dployer des experts civils en zone de guerre, faciliter laplanification intergouvernementale pour la stabilisation et identifier lesLessons Learned71. En octobre 2005, la PCRU est charge de coordonnerla rdaction du plan interministriel britannique pour lengagement dans lesud de lAfghanistan, lUK Joint Plan for Helmand. Malgr de srieuseslacunes72 et en dpit des difficults des militaires britanniques assurer levolet scurit, limpulsion donne des rsultats en matire de coordinationcivilo-militaire, mme si le niveau souhait nest pas encore atteint 73. Lenombre de civils est pass de 25 en 2007 91 en 2010. Le processus destabilisation passe sous le contrle de la partie civile et politique delopration74

Finalement, la ncessit de mettre en uvre lapproche intgresur le terrain est une des difficiles leons de cette dcennie. LesBritanniques ont mis en place des structures pragmatiques et innovantes,mme si les difficults subsistent, suscitant les critiques des militaires

. Concrtement, ltat-major militaire et les experts civils sontintgrs au sein de la Combined Civil-Military Mission in Helmand(CMMH)

place sous lautorit dun civil du Foreign Officeauquel est subordonn lecommandantmilitaire de lopration.

75.Cette ncessit vitale de coordonner laction civilo-militaire et de disposerdexperts sur le thtre dopration se traduit par lambition de crer auniveau national une Combined Civilian Capacity denviron un millierdexperts et de promouvoir un tel vivier au profit d'oprationsmultilatrales76

Dans les conflits irrguliers, la ncessit dune approche intgrelargit le champ daction des militaires. Ds lors, la thorie du contrleobjectif

.

77

71

Voir le site :

, formule par Samuel Huntington, ne sapplique plus. Il ny aplus de sparation nette entre le rle respectif des chefs militaires et celuides responsables politiques et il est difficile disoler les soldats de lapolitique. Cela nest pas sans consquence sur les relations civilo-militaires.

http://www.stabilisationunit.gov.uk/index.php/about-us.72

Theo Farrell et Gordon, op. cit., p. 67073

Entretien de lauteur avec Christopher Langton, Londres, avril 2010.74

Peter Dahl Thruelsen, Implementing the Comprehensive Approach in Helmand Within the Context of Counterinsurgency , Faculty of Strategy and MilitaryOperations, Institute for Strategy, Royal Danish Defence College, October 2008,p. 19.75

Terri Judd, The British base called Stalingrad , The Independent, 18 octobre2009.76

National Security Strategy, op. cit., p. 39.77Samuel Huntington, The soldier and the State, Cambridge, Harvard University

Press, 1957.
http://www.stabilisationunit.gov.uk/index.php/about-ushttp://www.stabilisationunit.gov.uk/index.php/about-ushttp://www.stabilisationunit.gov.uk/index.php/about-ushttp://www.stabilisationunit.gov.uk/index.php/about-us


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Dtrioration des relations civilo-militaires

A partir de 2005, une forme d'incomprhension entre chefs militaires etdcideurs politiques apparat en Irak, suite la divergence entre l'objectifpolitique rel du gouvernement et le but affich de l'opration militaire78.Cest pourtant avec lassentiment des chefs des armes que le Premierministre britannique, Tony Blair, a engag le Royaume-Uni dans la guerre.A l'approche des lections de mai 2005, le gouvernement cherche limiterles consquences politiques des pertes qui se font toujours plussensibles79. Pour le gouvernement, il s'agit de plus en plus de se retirer auplus vite d'une guerre dont la lgitimit est controverse80

Lengagement dans le Helmand en 2006 acclre la surchauffe de loutil militaire et rvle les lacunes en matire dquipements etdeffectifs. Les rancurs et la mfiance grandissent. A partir de 2009,lorsque le dsengagement dIrak propulse lAfghanistan sur le devant de lascne, lopinion publique reoit un choc avec le pic de pertes enregistr lt lors de lopration Panchir Palang

. Pour lesmilitaires, dont la crdibilit est en jeu, il s'agit au contraire dallouer lesmoyens ncessaires une vritable stratgie de COIN, dont ils ontl'exprience et qui est d'ailleurs mise en uvre par les Amricains travers

le surgedu gnral Petraeus.

81. Les images des convois decercueils dans les rues de Wootton Bassett82 marquent durablement lesesprits. Les sondages refltent linquitude de lopinion. Pour 60 % desBritanniques, Gordon Brown ne donne pas les moyens adquats auxmilitaires et mne une guerre bon march 83

78

Entretien de lauteur avec X, officier gnral britannique, janvier 2010.

, prs de 58 % desBritanniques ne croient plus une victoire en Afghanistan et 52 % sontfavorables un retrait immdiat. David Cameron, chef du particonservateur, dnonce le scandale du manque d'hlicoptres. Lesmilitaires prennent alors conscience du poids que peut leur donner lopinionpublique. Le gnral Richard Dannatt saisit ce moyen pour faire avancer lacause de ses troupes et critique ouvertement le gouvernement, alors mme

79Entre 2004 et 2007, les troupes britanniques en Irak diminuent de 8 500 5 700,

alors que les pertes passent de 23 morts en 2004 47 en 2007.80Voir Chilcott Inquiry, enqute confie en 2010 une commission indpendante

sur la lgalit de lengagement en Irak, accessible ladresse : http://www.iraqinquiry.org.uk/.81

Lors de lopration Griffes de panthre , 8 soldats sont tus en 24 heures. Lenombre de morts passe de 30 tus en moyenne lt, lors dune rotation de sixmois, 70 pour le seul t 2009.82

Wootton Bassettest une petite ville proche de la base arienne de Lynehamosont rapatris les corps des militaires tus en Afghanistan. La foule a prislhabitude de se rassembler sur le passage des convois pour manifester sonsoutien aux troupes, avec comme corollaire une visibilit mdiatique accrue despertes. Voir article du Dailymail, accessible :http://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-

towns-honouring-war-dead.html.83Rose Claverie, Afghanistan, malaise dans larme britannique , Le Figaro, 20

juillet 2009.
http://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.htmlhttp://www.dailymail.co.uk/news/article-1213953/Queen-asks-Gordon-Brown-consider-rewarding-Wootton-Bassett-towns-honouring-war-dead.html


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quil est le chef d'tat-major de lArmyen activit84. Le parti conservateursempresse de rcuprer ses propos en politisant la guerre, ce qui ntaitpas lusage jusque-l. Le chef des libraux dmocrates, Nick Clegg, romptmme le consensus politique vieux de huit ans sur la prsence britanniqueen Afghanistan en mettant au dfi Gordon Brown de prouver que lessacrifices ne sont pas vains85. Le gouvernement est contest au sein mmedu parti travailliste, lorsque Kim Howells, ancien ministre des Affairestrangres, s'exprime dans le Guardian86

Parmi les hommes du rang et les jeunes officiers, la classe politiquesemble aujourdhui massivement rejete

en plaidant pour un retrait destroupes et une stratgie antiterroriste renouvele, faisant apparatre augrand jour le courant isolationniste renforc par le cot politique de laguerre.

87. Au sein des responsablesmilitaires de plus haut niveau, la situation est plus nuance. La prise deconscience du poids nouveau que confre le soutien de lopinion publique,

conduit les lites militaires prendre plus facilement la parole pourdfendre leurs armes, sur fond de rivalits interarmes 88. Lors de saretraite, le gnral Dannatt se voit dailleurs proposer un poste de conseillerauprs des conservateurs avec un statut potentiel de ministrable qui faitfinalement long feu. Son successeur David Richards mne une action plusen souplesse, mais semble poursuivre des ambitions politiquespersonnelles alors quil est un candidat srieux pour le poste de chef dtat-major des armes89

Dans son discours Chatham House, le gnral Dannatt estimefinalement que l'hritage des Blair's Wars est une gnration politiquequi considre que l'intervention militaire a un cot prohibitif, en termes decapital politique, financier et surtout humain

. Cette politisation nouvelle des hauts responsablesmilitaires britanniques gnre videmment des tensions au sein du pouvoir,dautant que si les hommes politiques sont constamment accabls detoutes les critiques par lopinion publique, les chefs militaires sontparadoxalement exonrs bon compte de toute responsabilit danslchec des oprations.

90

84

John F. Burns, Scarcity of Copters Fuels British Debate Over War ,New YorkTimes, 15 juillet 2009, accessible :

. Il y voit donc un risque deparalysie lors de crises futures. Pour nombre dexperts consults, cettetendance isolationniste parat tout de mme peu probable compte tenu dela culture stratgique britannique. Toutefois, au del des relations politico-militaires, cest bel et bien lensemble du contrat entre les militaires et lasocit britannique, le Military Covenant, qui a t altr par ces dix ans de

http://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nyt.85

Rose Claverie, op. cit.86

The Guardian, dition du 3 novembre 2009.87

Entretien de lauteur avec Terri Judd, Londres, avril 2010.88

Ibid.89

Entretien de lauteur avec Y, officier suprieur, avril 2010.90

First, the legacy of Blairs Wars is a political generation who may have formedthe view that military intervention is prohibitively costly - in terms of both politicaland financial capital and above all in the human cost. Richard Dannatt, A

Perspective on the Nature of Future Conflict, Chatham House, London, 2009,p. 4, accessible :http://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdf.
http://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nythttp://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nythttp://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nythttp://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nythttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.chathamhouse.org.uk/files/14009_150509dannatt.pdfhttp://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nythttp://www.nytimes.com/2009/07/16/world/europe/16britain.html?_r=1&scp=1&sq=dannatt&st=nyt


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conflits, suite en particulier aux conditions de lengagement en Irak et auxaccusations de torture faites lencontre des soldats britanniques91

La nature des Blairs Wars a oblig le systme de dfense

britannique tenter de sadapter rapidement, avec pour corollaire de fortestensions, notamment dans le domaine des relations civilo-militaires.Ladaptation sest rvle dautant plus difficile quelle intervient dans uncontexte de restrictions budgtaires particulirement mal vcues par lacommunaut militaire. Celles-ci psent en effet lourdement tout au long dela dcennie avec des consquences majeures pour les armes.

.

91Helen McCartney, op. cit.


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Consquences de la rductiondes budgets de dfense

e gouvernement Labour donne une vision trs positive de laprogression du budget de la dfense depuis 1998. Il prsente une

augmentation de 10 % des dpenses consacres la dfense92, laquelleil faut ajouter 18 milliards de de la rserve du Trsor pour financer les

guerres et plusieurs milliards dachats en urgence oprationnelle93

Effort budgtaire insuffisant, rductions massives deffectifs

.Pourtant, les chiffres avancs masquent une ralit moins glorieuse. Lesrestrictions budgtaires dsquilibrent le modle darme, amnent lesunits lextrme limite de leurs capacits et exacerbent la comptitioninterarmes lapproche des invitables rductions qui sannoncent.

En 2010, le budget de la dfense, avec 38 milliards de hors pensions, estle cinquime plus haut poste de dpenses du gouvernement, loin derrirele budget de la sant qui arrive en tte avec plus de 100 milliards de . Ladfense reprsente 2,6 % du PIB. A partir des chiffres publics 94, lanalyse

du budget rel consacr la dfense95

Cet effort na jamais t aussi faible depuis les annes 1930 (voirfigure 2), et ne cesse de dcrotre depuis la fin de la Seconde Guerremondiale : de 5,83 % du PIB en moyenne durant les annes 1960, 4,75 %

dans les annes 1970, 4,47 % dans les annes 1980, 3,01 % dans lesannes 1990 pour stablir une moyenne de 2,28 % durant la derniredcennie. Les 18 milliards de de la rserve spciale du Trsorreprsentent depuis 2003 un financement de leffort de guerre hauteur de0,19% du PIB en moyenne par an, cest--dire moins que le sursaut de0,23 % observ en 1982, pendant la guerre des Malouines. Malgr le chocstratgique des attentats du 11 septembre 2001, et alors mme que les

appelle les commentaires suivants.Si lon tient compte de linflation, laugmentation est denviron 10,3 %depuis 1997, chiffre annonc par le Green Paper. En fait, le seul primtredes dpenses militaires a stagn autour de 24,5 milliards de (voir figure1), la R&D autour de 0,5 milliard. De 1998 2010, le budget de la dfensestricto sensu, cest--dire hors coopration conomique avec des paystrangers, se situe une moyenne de 2,33 % du PIB.

92Green Paper, op. cit., p. 12.

93Green Paper, op. cit., pp. 15, 16.

94Voir le site : http://www.ukpublicspending.co.uk/, et les Public Expenditure

Statistical Analyses:http://www.hm-treasury.gov.uk/pespub_pesa09.htm95

En effet, le budget global regroupe les dpenses civiles et militaires, larecherche, mais aussi une part de laide au dveloppement et de laide aux armestrangres.

L
http://www.ukpublicspending.co.uk/http://www.ukpublicspending.co.uk/http://www.hm-treasury.gov.uk/pespub_pesa09.htmhttp://www.hm-treasury.gov.uk/pespub_pesa09.htmhttp://www.hm-treasury.gov.uk/pespub_pesa09.htmhttp://www.hm-treasury.gov.uk/pespub_pesa09.htmhttp://www.ukpublicspending.co.uk/


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troupes sont engages en nombre en Irak et en Afghanistan, on assisteainsi un dcrochage de linvestissement en faveur de la dfense. Cedcrochage est encore plus frappant si lon compare avec les autres postesmajeurs du budget britannique (voir figure 3). Ainsi, de 1998 2010, lebudget du systme de sant britannique est pass de 42,5 milliards de 119 milliards. Gordon Brown, Chancellor of the Exchequerde 1997 2007,puis Premier ministre, est considr comme le principal responsable de cettat de fait. Lancien chef dtat-major, Lord Guthrie96

Mme budget constant, le pouvoir dachat du ministre diminueen raison notamment de laugmentation des cots de possessioncapacitaire. Entre 1998 et 2008, le cot de possession dune capacit(navire, avion, ou unit) a augment en moyenne de 1,7 % par an. Durantla mme priode, le cot dun fonctionnaire (civil ou militaire) a augmentde 2,1 % par an

, sest fait lcho deces critiques lapproche des lections.

97. Le MoD a pris l'habitude d'quilibrer ses comptes court

terme en introduisant des dlais dans le paiement et les commandes. Cettepolitique du save now, pay later a fait augmenter le cot global desprojets. Le programme des porte-avions Queen Elizabeth, ralenti pourconomiser 450 millions de sur les 4 ans, a augment de 1,12 milliard de, soit une augmentation nette de 674 millions pour un retard dentre enservice dun deux ans. Introduit ds les annes 1980 par le particonservateur, le recours intense au Partenariat Public-Priv et lexternalisation a li les mains de Whitehall. Ce qui nest pas stipulinitialement dans les contrats engendre systmatiquement des surcots etil est difficile de prvoir sur plusieurs dcennies les besoins en capacitscls98

96

Lord Guthrie, Lord Guthrie: Gordon Brown did not give all we asked for , TheTelegraph, 6 mars 2010, accessible :

. Par exemple, le contrat pass avec AirTanker Limited pourseulement 14 avions de transport Future Strategic Tanker Aircraft (FSTA)cotera la bagatelle de 13 milliards de sur 20 ans.

http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.html, et Hlne Mulholland, Lord Guthrie renews attack on Gordon Brown'sspending record , The Guardian11 mars 2010, accessible :http://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boyce.97

Malcolm Chalmers, Preparing for the Lean Years, Future Defense Review

Working Papers, RUSI, July 2009, p. 3.http://www.rusi.org/downloads/assets/FDR_Working_Paper_1.pdf.98

Entretien de lauteur avec Trevor Taylor, RUSI, 7 avril 2010, Londres.
http://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.guardian.co.uk/politics/2010/mar/11/gordon-brown-criticism-guthrie-boycehttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.htmlhttp://www.telegraph.co.uk/news/newstopics/politics/defence/7380333/Lord-Guthrie-Gordon-Brown-did-not-give-all-we-asked-for.html


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Figure 1: dpenses militaires en livres constantes 2003(source : ukpublicspending.co.uk)

Figure 2 : part du PIB consacr la dfense depuis 1920(source : ukpublicspending.co.uk)


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Figure 3 : comparaison avec les secteurs budgtaires majeurs (enmilliards de livres ; source : ukpublicspending.co.uk)

De gauche droite : dfense, sant, retraites, ducation.

Invitablement, afin de compenser le cot croissant desoprations99 et de matriser la drive budgtaire, le gouvernement procde la diminution drastique des effectifs et des capacits. Sur la dcennietudie, les capacits militaires britanniques chutent numriquement de18 %100

Le tableau joint en annexe compare les rductions deffectifs et dematriels au cours des vingt dernires annes. On constate dune partlampleur de la rduction des formats et dautre part lhomothtie de cesrductions, le choix tant fait de conserver un ventail de toutes les

capacits. Une partie des rductions est dailleurs assure parlexternalisation massive des fonctions, dont le besoin na pas disparu. Silon en croit le Green Paper, cette diminution du format nest pas encoretermine. Les civils du ministre pourraient notamment encore diminuer,

malgr les 45 000 postes supprims depuis 1997, dont 23 000 entre 2006et 2010.

. La diminution du format des armes a videmment commencbien avant 1998. Le volume de personnel de la Royal Navya, par exemple,

t rduit en moyenne de 2,25 % par an depuis 1950. Mais le fait marquantest que les rductions conduites durant cette dcennie, mises en uvre enparticulier dans le cadre du White Paper2003-2004 (voir annexes), sont dumme ordre de grandeur que celles effectues durant la dcennieprcdente o lon pensait pouvoir profiter des dividendes de la paix (1990-1998).

99

Le cot de la guerre en Afghanistan passe de 750 millions de en 2006-07 1,5milliard en 2007-08, puis 2,6 milliards de en 2008-09.100

Chalmers, op. cit., p. 4.


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Units exsangues et modle capacitaire dsquilibr

La premire consquence de ces rductions est que larme britanniquena plus les reins assez solides pour supporter lusure engendre par letempo oprationnel actuel. En temps de guerre, il faudrait logiquement

augmenter les effectifs pour remplacer les pertes au fur et mesure. Aucontraire, en diminuant les effectifs, et en ne licenciant pas les blessspour des raisons morales bien comprhensibles, on augmente le rythmepour ceux qui restent oprationnels et donc mcaniquement lusuresacclre. Ce phnomne a t mal valu, tant avait t oubli le poidsdes pertes dans les armes occidentales.

Aujourdhui, le volume de blesss britanniques en convalescenceou inaptes aux oprations reprsente globalement deux bataillons 101.Certains sont trs lourdement handicaps, comme les sept triples amputsvtrans de lAfghanistan. A ces blesss, il faut aussi ajouter des

traumatismes moins graves mais dont le volume nest pas ngligeable. Parexemple, 30 % des effectifs de la premire rotation du 2e bataillon duMercian Regimentont subi des traumatismes sonores, ce qui a dailleursconduit ladoption de nouvelles protections. Le cas de linfanteriebritannique est particulirement critique. Sollicits en permanence depuisune dizaine dannes pour des oprations au cours desquelles environ70 % des blesss et morts sont des fantassins 102, 19 bataillons (sur les 36existants) ont moins de 500 soldats dployer et 5 000 fantassinsbritanniques, soit environ 25 % des effectifs de l'infanterie, ne peuvent pastre engags en opration103. Par ailleurs, fin 2009, il manquait 2 000fantassins aux effectifs, soit environ 10 % des droits ouverts104

Prise dans son ensemble, la situation de sous-effectif chronique destrois armes ne semble pourtant pas trs proccupante

.

105. Les flux derecrutement et de dpart sont quilibrs106 et la crise a plutt eu un effetpositif sur le nombre de volontaires pour les armes. La disparit estnanmoins relle en fonction des armes, linfanterie tant de loin la plusdstabilise, avec certaines spcialits particulirement sollicites, commeles dmineurs. A ces chiffres, il faut rajouter les traumatismespsychologiques qui engendrent des problmes de drogue, dalcool et dedlinquance dont on ne mesure pas encore prcisment limpact, mais quisont en train dmerger107

101

1 164 blesss au combat rien quen Afghanistan : voir les statistiques despertes sur le site du MOD, op. cit.

. La frquence de rotation sest aussi acclre,remettant en cause la rgle dune projection par cycle de 24 mois. Le

102General R. W. Dennis, Director of Infantry, Foreword , The Infantryman

2008-2009, p. 7.103

Voir larticle au sujet de la question parlementaire de Bernard Jenkin surBBC News, 12 janvier 2010, accessible :http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stm.104

Droit ouvert : effectif maximal thorique accord.105

MoD UK Armed Forces Quarterly Manning Report , April 2010, p. 11,

accessible :www.dasa.mod.uk.106Ibid., pp. 24-25.

107Entretien de lauteur avec Terri JuddLondres, avril 2010.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stmhttp://www.dasa.mod.uk/http://www.dasa.mod.uk/http://www.dasa.mod.uk/http://www.dasa.mod.uk/http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8453369.stm


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stress des familles augmente, ainsi que les taux de divorce108. Pour pallierles manques deffectifs, il faut faire appel plus de rservistes de laTerritorial Army109, qui sont aujourdhui prsents en oprations jusque dansles units de forces spciales. Les problmes de disponibilit et de cotpour lemployeur augmentent, surtout lorsque ces rservistes sontblesss110

Pour revenir un quilibre durable, certains responsables militairesprnent laugmentation des effectifs de lArmy 108 000

.

111, ce quicorrespond une augmentation de 6 000 soldats par rapport leffectifactuel de 102 000 personnels entrans112

Sur le plan des capacits, lchec du Smart Procurementest patent,comme le rvle le Gray Report. Lauteur souligne ironiquement : Lesystme narrive pas produire les quipements dont nous navons pas

besoin . Ltude de Bernard Gray montre que les dpassements de cotsatteignent 40 % du montant des contrats initiaux. Quelles que soient lesperspectives budgtaires venir, le programme dquipement tel quil estenvisag nest pas ralisable. En raison du manque de ressourcesbudgtaires, le MoD a concentr ses dpenses sur les besoins oprationnelsen cours, notamment travers les procdures dachat en urgenceoprationnelle (AUO), au dtriment dune vritable vision des capacits long terme

. Dautres franchissent une lignerouge en proposant radicalement de mettre fin au contrat des blesss pourengager de nouvelles recrues effectifs constants. Derrire cette solutionse cache videmment un problme moral dlicat pour la nation britannique.A lheure o les oprations militaires montrent que la technologie ne peutremplacer la ncessit davoir des boots on the ground, la diminution

constante des effectifs trouve ses limites face aux impratifs oprationnels.Dans limmdiat, pour remdier linsuffisance de troupes dans certainesfonctions oprationnelles, lArmy a lanc lopration Kitchenerqui vise transformer des units dartillerie en fantassins. Il sagit dun passupplmentaire franchi dans ladaptation de lArmy qui jusquici navaitprocd qu du rerolling, cest--dire ladaptation une autre fonction ausein de la mme arme.

113. Le total des AUO pour lAfghanistan depuis 2001 se monte 3,2 milliards de . 1,3 milliard a ainsi t investi pour lachat de 600 vhiculesblinds114

108Le taux de divorce est deux fois plus lev dans les armes que parmi le restede la population voir Marco Giannangeli, Secret Plight of Soldiers' lost Children ,Express.co.uk, 23 mai 2010.

entre 2006 et 2009. Aujourdhui, lintgralit de lquipementindividuel du combattant britannique en Afghanistan est fournie grce aux

1096 % aujourdhui dans lopration Herrick.

110Cest en effet la couverture sant de lemployeur qui doit prendre en charge les

soins une fois la priode de rserve termine.111

Terri Judd, Military Chiefs say more Troops Needed for Conflict , TheIndependent, 24 fvrier 2010, accessible :http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.html.112

MoD, UK Armed Forces Quarterly Manning Report , op. cit., p. 10.113

A titre de comparaison sur les achats en urgence oprationnelle, voir Louis-Marie Clouet, Achat en Urgence Oprationnelle contre programmation.

Lefficacit des oprations darmements en temps de guerre , Focus stratgique,n 15, Ifri, mars 2009.114

En particulier 150 Ridgbacket 271 Mastiffs.
http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.htmlhttp://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.htmlhttp://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.htmlhttp://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.htmlhttp://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.htmlhttp://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/military-chiefs-say-more-troops-needed-for-conflict-1908530.html


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AUO115

Cette politique dachat gnre aussi une disparit du parcdquipement, avec comme corollaire une augmentation des cots desoutien. Linfanterie britannique est dsormais dote de 9 types devhicules diffrents, allant du Land Rover WMI-K au Warrior, 11 si loncompte les vhicules haute mobilit des Royal Marines. Le problme estdintgrer ces flottes de vhicules dans le plan global dquipements et demettre en cohrence cette disparit avec lambition des grands

programmes tels que le FRES et le FIST

. La procdure est sduisante car elle est ractive et fait appel desfonds hors budget de la dfense. En contrepartie, cependant, lesquipements doivent tre utiliss uniquement sur le thtre pour lequel ilsont t financs. Ils ne sont donc pas disponibles en quantit suffisante pourlinstruction en mtropole et les soldats les dcouvrent trs souvent surplace. En outre, rien nest prvu quant lintgration de ces systmesdarmes en matire demploi (doctrine, parcours professionnel) et de soutien(formation des mcaniciens, gestion des pices dtaches, etc.).

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Cette vision court-termiste conduit le ministre concentrer lesressources dont il dispose sur le seul conflit afghan, mettant en danger lereste des capacits et des comptences. En matire de raction rapide parexemple, les deux brigades dintervention, la 16eAir Assaultet la 3eRoyalMarines ont besoin de moyens importants de transport tactique et

stratgique qui sont aujourdhui engags en Afghanistan. Par ailleurs, cesdeux brigades prennent rgulirement leur tour au sein de loprationHerrick et ne sont donc pas toujours disponibles pour des oprationsinopines. Enfin, elles ne sentranent pratiquement plus aux oprationsaroportes et amphibies. Pour la RAF et la Navy, moins engages enAfghanistan, cela se traduit par une rduction drastique des crdits et laremise en cause des grands programmes dquipement.

. En dcembre 2009, lesecrtaire d'tat la Dfense, Bob Ainsworth, a annonc un nouveau plande modernisation des forces pour lAfghanistan dun milliard sur trois ans.En contrepartie, il a prvu des coupes dans les secteurs non directementassocis aux oprations.

Une comptition interarmes exacerbe

La logique de rduction homothtique des capacits nest plus aujourdhuisuffisante pour faire entrer ldredon capacitaire dans la valise

budgtaire . Au fond, les stratges britanniques doivent dsormaistrancher entre Rupert Smith, partisan du nouveau paradigme de la guerreau sein des populations , et Colin Gray qui croit au contraire au retour dela guerre tatique117. Lapproche des travaux de rflexion de la prochaineSDR gnre des tensions interarmes en vue des choix difficiles quis'annoncent118

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Entretien de lauteur avec la mission militaire franaise, Londres,mai 2010.

. Au sein de lorganisation britannique, les armes

116Futur Rapid Effect Systemet Future Infantry Soldier Technology.

117Rupert Smith, op. cit. et Colin S. Gray, La guerre au XXI

esicle : un nouveau

sicle de feu et de sang, Paris, Economica, 2008.118

Caroline Wyatt, UK Military Chiefs Fight for Future of their Services , BBCNews, 19 janvier 2010, accessible :http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stm.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stmhttp://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/8466970.stm


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conservent des prrogatives budgtaires importantes, mme si, depuis1985, la dfinition des besoins oprationnels et des concepts, ainsi que lagestion des programmes et des budgets, sont confies au tout-puissantCentral Staff, qui dpend directement du chef dtat-major des armes.Malgr cette centralisation croissante du systme, il ny a pas vraimentdesprit interarmes, chaque institution restant le creuset des carrires etde lavancement119. Les travaux de prparation du Green Paper ontsoulign labsence de cohsion interarmes et le document appelledailleurs renforcer l'autorit du chef d'tat-major des armes pour que lesdcisions prises refltent vraiment les besoins oprationnels, ce qui na past toujours le cas jusquici120

Pour larme de Terre, plutt tenante du modle smithien ,lAfghanistan prfigure les conflits du futur o il sagit plus de scuriser deszones et de stabiliser des rgimes que de conduire des gu