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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006 Etude FESIA pour la FNSEA 2005 – 2006 Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la profession Synthèse d’une enquête nationale menée auprès de 505 agriculteurs

Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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Etude FESIA pour la FNSEA 2005 – 2006

Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la profession

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Etude menée par le groupe de travail suivant : Raymond BELLOC, ESAP – Purpan, Chef de Projet, Sophie CHARPIN, FESIA – Paris, Secrétaire Général Benjamin CHASSAGNE, enquêteur Catherine DELHOUME, ISAB – Beauvais, Enseignant-Chercheur en sociologie Nathalie DEPUY, étudiante ESAP Pascal DESAMAIS, FESIA – Paris, Président de la Commission Recherche Annie DUFOUR, ISARA – Lyon, Enseignant-Chercheur en sociologie Michel DURAND, agriculteur, intervenant à l’ISAB en économie agricole Florent DUYME, ISA – Lille, Enseignant-Chercheur en statistique Gaëlle GEOFFREY, étudiante ISARA Aude GUITTON, étudiante ISARA Isabelle KARCHER, FESIA – Paris, Chargée d’Etudes Roger LE GUEN, ESA – Angers, Enseignant-Chercheur en sociologie Emmanuel NOWAK, ISA – Lille, Enseignant-Chercheur en statistique Céline PELTIER, ESAP – Purpan, Enseignant-Chercheur en économie

Contacts : Sophie CHARPIN, [email protected]

Raymond BELLOC, [email protected]

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REMERCIEMENTS

L’équipe de travail de la FESIA tient à remercier l’ensemble des personnes qui ont permis la réalisation de cette étude : les agriculteurs enquêtés, les FDSEA et FRSEA, les représentants d’OPA ainsi que toutes les autres personnes ressources, les participants FNSEA au Comité de Pilotage FNSEA-FESIA et plus particulièrement Christian DECERLE, Vice Président ; Dominique BARRAU, Secrétaire Général ; Francis MIGNONNEAU, Directeur Adjoint du Département Syndical et Nancy FAURE, Chargée de Missions au Département Syndical. La confiance mutuelle et le souci d’une collaboration constructive ont permis de réaliser cette étude dans des conditions optimales.

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AVERTISSEMENT Ce document est le fruit du travail de plusieurs rédacteurs. A partir d’un plan conçu en commun, ceux-ci ont travaillé par chapitre. Une harmonisation a ensuite été réalisée.

De manière à ne pas déformer les idées des auteurs et à en conserver toute leur richesse, nous avons conservé un style rédactionnel qui peut

différer d’un chapitre à l’autre.

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LISTE DES ABREVIATIONS ACM Analyse des Correspondances Multiples ADASEA Association Départementale pour l’Aménagement des Structures des Exploitants

Agricoles

BEP/BEPA Brevet d’Etudes Professionnel (Agricoles) BTA Brevet de Technicien Agricole BTS Brevet de Technicien Supérieur CAP/CAPA Certificat d’Aptitude Professionnelle (Agricole) CDJA Centre Départemental des Jeunes Agriculteurs CETA Centre d’Etudes Techniques Agricoles CIVAM Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural CNJA Centre National des Jeunes Agriculteurs CUMA Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole DDAF Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt DPU Droits à Paiement Uniques EARL Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée FDSEA Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles FESIA Fédération des Ecoles Supérieures d’Ingénieurs en Agriculture FNSEA Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles FRSEA Fédération Régionale des Syndicats d’Exploitants Agricoles GAEC Groupement Agricole d’Exploitation en Commun GEDA Groupe d’Etudes et de Développement Agricole GVA Groupement de Vulgarisation Agricole Ha Hectare JA Jeunes Agriculteurs MODEF MOuvement de Défense des Exploitants Familiaux MSA Mutualité Sociale Agricole OCM Organisation Commune de Marché OMC Organisation Mondiale du Commerce OTEX Orientation Technico-économique de l’EXploitation PAC Politique Agricole Commune PACA Provence-Alpes-Côtes d’Azur PECO Pays d’Europe Centrale et Orientale Q Question RA Recensement Agricole SAU Surface Agricole Utile SCEA Société Civile d’Exploitation Agricole UE Union Européenne UTA Unité de Travail Annuel Vs Versus

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SOMMAIRE

page Introduction générale …………………………………………………………………… 15 Chapitre 1 – Problématique et méthode de l’étude ………………………………… 19 1. Approche des aspirations des agriculteurs et des évolutions de leurs rapports à la profession, à partir de quelques références bibliographiques …………………… 22

1.1. Conditions de travail, d’emploi et organisation du travail en exploitation agricole 22 1.2. Le métier d’agriculteur et les identités professionnelles ………………………… 23 1.3. Les organisations professionnelles agricoles …………………………………… 24

2. Objet et méthode de l’étude ……………………………………………………………...... 25 2.1.Objet …………………………………………………………………………………. 25 2.2.Méthodologie de l’enquête ………………………………………………………… 26

Chapitre 2 – La diversité de la population d’enquête …………………………… 31 1. Caractéristiques des individus ……………………………………………………………. 33

1.1. L’âge des individus ………………………………………………………………… 33 1.2. Le sexe des individus ……………………………………………………………… 34 1.3. La situation de famille ……………………………………………………………… 34 1.4. Trajectoire personnelle ……………………………………………………………. 38

2. Caractéristiques des exploitations ………………………………………………………. 41 2.1. Statut juridique ……………………………………………………………………… 41 2.2. SAU et faire-valoir …………………………………………………………………. 42 2.3. Les productions ……………………………………………………………………. 43

3. Comparaison aux exploitations du RA 2000 …………………………………………… 44 Chapitre 3 – Les rapports au travail ……………………………………………….. 47 1. La charge de travail ………………………………………………………………………… 49

1.1. En période normale ……………………………………………………………….. 49 1.2. En période de pointe ……………………………………………………………… 51 1.3. Une charge conséquente mais maîtrisée ………………………………………. 54

2. Le temps libre ……………………………………………………………………………….. 58 2.1. Le temps libre facilité par la flexibilité …………………………………………… 58 2.2. Une prise de congés majoritaire ………………………………………………… 62 2.3. Une durée des congés limitée par l’astreinte ………………………………….. 64 2.4. Une organisation des congés inhérente à la catégorie de production ……… 66

3. La comparaison des conditions de vie et de travail avec la génération des parents 68 3.1. De meilleures conditions de travail ……………………………………………… 68 3.3. De meilleures conditions de vie …………………………………………………. 69

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4. La distinction entre vie professionnelle et vie privée ………………………………… 69 4.1. Volonté de distinction entre vie professionnelle et vie privée …………………. 69 4.2. Distinction effective ………………………………………………………………… 71

Chapitre 4 – Le métier d’agriculteur ……………………………………………….. 75 1. Le choix du métier ………………………………………………………………………….. 78 2. Les avantages et les inconvénients du métier ………………………………………… 80

2.1. Les avantages : des points de vue qui diffèrent malgré une opinion largement partagée, la liberté d’organiser son travail comme on l’entend ……...................... 80 2.2. Des inconvénients qui se rejoignent autour de la question du travail et des revenus …………………………………………………………………………………… 83

3. Les rôles des agriculteurs et les attentes de la société …………………………….. 86 3.1. La diversité des rôles souhaités par les agriculteurs ………………………….. 87 3.2. Des attentes multiples …………………………………………………………….. 89

4. Des identités professionnelles différentes …………………………………………….. 91 4.1. La perception du métier …………………………………………………………… 91 4.2. La comparaison avec d’autres professions …………………………………….. 97

5. Les projets ……………………………………………………………………………………. 99 Chapitre 5 – L’univers informationnel des agriculteurs ……………………….. 107 1. Les médias professionnels ……………………………………………………………….. 110 2. La presse générale ………………………………………………………………………….. 111 3. Les médias audiovisuels ………………………………………………………………….. 112 4. Interne …………………………………………………………………………………………. 114 5. Un fort décalage identitaire ……………………………………………………………….. 117 Chapitre 6 - Les agriculteurs et le contexte politique international …………. 123 1. Des interprétations contrastées de la réforme de la PAC …………………………… 126

1.1 La réforme de 2003 et son contexte ……………………………………………… 126 1.2. La réforme de la PAC de juin 2003 : entre adaptation et refus ………………. 126 1.3. Les critiques formulées ……………………………………………………………. 130

2. Une éco-conditionnalité des soutiens publics globalement acceptée ……………. 130 2.1. Le conditionnement des aides par rapport à des règles d’environnement et d’aménagement du territoire ………………………………………………………….. 131 2.2. Les conditions de mise en œuvre des contrôles qui en découlent soulèvent de fortes réticences ………………………………………………………………………… 131

3. La PAC et les relations avec les OPA …………………………………………………… 132 4. La perception de la place des agriculteurs dans les décisions de politique agricole133 5. Une libéralisation commerciale internationale redoutée …………………………….. 135

5.1. La concurrence venant des nouveaux membres de l’Union Européenne …… 135 5.2 ….et celle des autres agriculteurs du monde dans le contexte de libéralisation du commerce ……………………………………………………………………………… 135 5.3. Un sentiment de solidarité européenne peu spécifique et globalement faible .. 136

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Chapitre 7 – L’engagement …………………………………………………………… 139 1. L’engagement syndical …………………………………………………………………….. 142

1.1. Les attitudes des agriculteurs face au syndicalisme ……………………………. 142 1.2. Les logiques d’engagement syndical …………………………………………….. 148 1.3. La perception du syndicalisme ……………………………………………………. 154

2. Les autres engagements ……………………………………………………………………. 155 2.1. L’adhésion dans les autres Organisations Agricoles ……………………………. 155 2.2. Le rôle des organisations ………………………………………………………….. 159 2.3. L’implication dans la vie locale …………………………………………………….. 162

Chapitre 8 – Typologie des différentes formes d’engagement ………………… 169 1. Analyse …………………………………………………………………………………………. 171 2. Synthèse ……………………………………………………………………………………….. 175 Synthèse générale et pistes de réflexion …………………………………………… 181 Références bibliographiques …………………………………………………………. 193 Annexes ………………………………………………………………………………….. 199

Annexe 1 - Cahier des charges ………………………………………………… 201 Annexe 2 - Guides d’entretien ………………………………………………….. 205 Annexe 3 - Description des grandes tendances issues de la préenquête….. 215 Annexe 4 - Questionnaire phase quantitative …………………………………. 221

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Introduction générale

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Introduction générale

L’idée de réaliser une étude nationale sur l’avenir de l’engagement syndical des agriculteurs résulte de discussions initiées en 2004, entre des représentants du Service syndical de la FNSEA et de la Commission recherche des écoles de la FESIA.

Le Service syndical de la FNSEA souhaitait entamer une démarche prospective sur les attentes des agriculteurs, concernant leur métier, leur environnement professionnel et la politique agricole1. Cette réflexion se plaçait dans la continuité d’un débat d’orientation du syndicat (Congrès du Grand Bornand de 2004) et, de façon plus prosaïque, dans la perspective des élections professionnelles de 2007 (Chambres d’Agriculture)2.

Les préoccupations exprimées par le commanditaire Les représentants de la FNSEA ont constaté que, parallèlement aux réformes de la PAC et aux accords commerciaux internationaux, le monde agricole traverse depuis une dizaine d’années une période de forte déstabilisation de toute une culture professionnelle héritée des années 1960.

Cela entraîne chez les agriculteurs un changement du regard qu’ils portent sur la PAC et sur l’organisation de la profession agricole ; ils seraient en attente de visibilité, de sens sur leur métier, et cette recherche serait souvent vécue négativement. Eprouvant de grandes difficultés à redéfinir les « fondamentaux » de leur profession (l’accès au métier, la construction du revenu - et en particulier la possibilité de rémunérer le travail -) ; dans un contexte de mutation, ils auraient l’impression que leur profession « subit » plutôt qu’elle n’agit de façon déterminante. Cette réflexion se situe dans un contexte institutionnel agricole dans lequel les organisations professionnelles mettent de plus en plus en place des services marchands qui les placent en compétition les unes avec les autres. Difficile alors de répondre aux attentes des adhérents !

Il paraissait nécessaire aux commanditaires de sortir d’une vision du syndicalisme trop souvent réduite à un instrument de « cogestion » avec l’Etat (au même titre que les Chambres d’Agriculture …). D’où leur question : comment les OPA - le syndicalisme en particulier - peuvent-elles être (ou se remettre) à l’écoute / en accompagnement des agriculteurs ?

La FNSEA attendait donc de cette étude, à travers les réflexions qui en résulteraient, des préconisations en termes d’évaluation de ses discours, de son image, de son organisation. Des retombées étaient aussi attendues en termes de consolidation des relations entre les 5 écoles de la FESIA et les structures professionnelles et syndicales, tant au niveau national que régional. 1 Cf. cahier des charges en annexe 1. 2 Un rapport d’orientation de « Jeunes Agriculteurs » publié en 2004 sur l’avenir des OPA concernait un débat en partie similaire.

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En replaçant cette demande dans le contexte sociologique de déstructuration /

restructuration du champ professionnel agricole3, nous avons d’emblée envisagé une perspective dynamique (hier, aujourd’hui, demain …) pour analyser les comportements et les attentes des agriculteurs en matière de métier, d’organisation du travail et de perception des politiques. Si le champ concerné était a priori très large, la question sous-jacente était clairement identifiable : comment évoluent les rapports des agriculteurs à leur profession, ou plus clairement, comment peut-on appréhender la question de l’engagement professionnel aujourd’hui ? La compréhension et l’analyse de la dynamique des aspirations professionnelles des agriculteurs ont nécessité d’observer l’évolution de leurs modes d’accès à l’information, de leurs pratiques de l’organisation collective, en particulier au niveau des collectifs nouveaux / pertinents. Ceci a été fait grâce à des méthodes d’enquêtes capables de mesurer et d’analyser la diversité de leurs points de vue, diversités régionales, par production, locales...

Ce rapport commencera par une présentation succincte de la problématique définie initialement et de la méthodologie mise en œuvre. Nous y synthétiserons les conclusions de la phase de préenquête. Puis, nous présenterons la population enquêtée, pour traiter ensuite, successivement, des trois parties principales du questionnaire : les rapports au travail, les rapports au métier, les rapports à la profession. Nous aborderons pour finir la présentation des résultats, l’analyse de deux dimensions contextuelles de l’engagement : l’univers informationnel, la perception du contexte politique international.

Enfin, nous tenterons de dégager une typologie générale des formes d’engagement des agriculteurs.

3 Les constats abondent pour l’évoquer : éclatement identitaire, déclin de la notion d’engagement, séparation croissante entre sphère professionnelle et sphère de la vie sociale locale, perception des OPA en terme de bureaucratisation du métier, valorisation de la notion de nature sauvage, résurgence symbolique des métiers de la terre, etc.

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Chapitre 1

Problématique et méthode de l’étude

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Chapitre 1

Problématique et méthode de l’étude

L’objet de l’étude porte sur les aspirations professionnelles et sociales des agriculteurs et l’évolution de leurs rapports à la profession. Leurs engagements professionnels seront envisagés comme l’ensemble des relations pratiques et symboliques qu’ils entretiennent avec les organisations professionnelles actuelles, compte tenu de l’émergence de nouveaux collectifs d’exercice du métier et de la profession.

Le monde agricole se caractérise aujourd’hui par une multiplicité d’intervenants (Chambres d’Agriculture, Coopératives, Instituts Techniques, Services de gestion technique et économique,…). Ce dispositif met en œuvre des mécanismes de coordination et de régulation entre agriculteurs, en lien avec les pouvoirs publics et le secteur agroalimentaire. On ne trouve pas d’équivalents dans d’autres secteurs comme l’artisanat ou l’industrie. Mais toutes ces organisations professionnelles et économiques sont à présent confrontées aux évolutions profondes de la politique agricole et du métier d’agriculteur, en particulier en ce qui concerne :

- les modèles productifs (normalisation des pratiques, concentration des exploitations4, etc.), - les modèles économiques (réforme de la PAC, bouleversement de la formation du revenu), - l’environnement sociétal (transformations de la main d’œuvre, aspirations des agriculteurs au travail, nouvelles attentes des consommateurs et des citoyens).

Comment les rapports des agriculteurs à leurs organisations évoluent-ils dans ce contexte ? Quelles nouvelles formes de coordination et de régulation émergent-elles parmi les agriculteurs ? Dans quelles conditions d’environnement et avec quels acteurs s’opèrent-elles ?

Pour tenter de répondre à ces questions, nous avions proposé à l’origine de considérer trois principaux niveaux d’analyse :

- les changements du travail dans les exploitations agricoles, - leurs incidences sur les formes d’exercice du métier et sur les identités professionnelles, - la place et le rôle des organisations professionnelles.

Ainsi, nous avons appréhendé l’engagement professionnel des agriculteurs selon trois axes essentiels : le travail, le métier et la profession. Notre approche a privilégié l’analyse des représentations, des attentes (conseil, assistance, préconisation, normalisation des pratiques, formation,…), des aspirations et des objectifs et de leur degré de formalisation.

4 50% entre 1988 et 2000.

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1. Approche des aspirations des agriculteurs et des évolutions de leurs rapports à la profession, à partir de quelques références bibliographiques

1.1. Conditions de travail, d’emploi et organisation du travail dans l’exploitation agricole

Le premier angle d’analyse documentaire a porté sur l’évolution des caractéristiques de la main d’œuvre dans les exploitations. Les exploitants sont de moins en moins nombreux (le nombre de personnes travaillant de manière permanente sur les exploitations agricoles en France a diminué de 3,6 % par an de 1988 à 2000). Le nombre des jeunes agriculteurs tend à diminuer dans la population agricole totale.

Si l’agriculture familiale demeure prépondérante (en 2000, 87 % des actifs agricoles permanents demeuraient familiaux), elle est cependant tendanciellement en baisse. Ceci est dû notamment au travail du conjoint à l’extérieur de l’exploitation, à la croissance de la taille des exploitations amenées à employer de la main-d’œuvre salariée, et par ailleurs au maintien du taux de célibat. L’aide de la famille est devenue plus ponctuelle, et parfois difficilement planifiable. Parallèlement, l’entraide entre agriculteurs s’est fortement institutionnalisée (CUMA, groupements d’employeurs…), et la production se trouve de plus en plus assurée par des structures sociétaires. Mais, comme le collectif familial ne permet plus de répondre aux besoins de travail, dans des exploitations qui s’agrandissent, le nombre de salariés permanents et temporaires progresse régulièrement depuis 20 ans. Au total, si les exploitations se concentrent, le nombre d’Unités de Travail Annuelles (UTA) par exploitation a donc tendance à augmenter significativement (1,4 en 2000 contre 1,1 en 1998).

Devant ces constats, nous nous sommes donc interrogés sur l’évolution du travail :

a) Quelles sont les nouvelles normes de conception et de gestion du travail ? Quelles nouvelles compétences émergent chez les agriculteurs, par exemple en gestion des ressources humaines ? L’augmentation des UTA engendre en effet des besoins pour résoudre les difficultés de recrutement et de fidélisation de la main d’œuvre, dans un contexte de faible attractivité du secteur. Quelles sont alors les attentes de conseil et de formation, exprimées par les exploitants, tant au niveau de l’apprentissage du métier, que de l’acquisition de compétences managériales ?

b) En quoi ces évolutions de la main d’œuvre sont-elles un frein ou bien un levier dans la recherche d’une plus grande flexibilité du travail et dans l’expérimentation de nouvelles formes d’organisation du travail ? (diversification de l’exploitation, réduction de la pénibilité du travail, des travaux d’astreinte, etc.)

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c) La transmission des exploitations : même si celles-ci ont tendance à s’agrandir, la crise démographique (Purseigle, 2003) et le manque d’attractivité du secteur posent la question de la pérennité des structures de production.

Ces évolutions du travail renvoient au rôle des OPA : en quoi aident-elles ou peuvent-elles aider les agriculteurs à maîtriser ces transformations voire à les anticiper, au niveau de l’organisation de l’entraide, de l’aide au recrutement, de la formation ?

- Quelles sont les attentes, formalisées ou non, collectives ou individuelles, des agriculteurs en matière d’appui ?

- Comment considèrent-ils les acteurs susceptibles de leur fournir des aides / conseils / formations pour organiser leur travail, en améliorer les conditions, gérer la main d’œuvre, etc. ?

Ces deux aspects concernent trois thèmes principaux : l’emploi et sa gestion, les conditions de travail, l’organisation de ce travail.

1.2. Le métier d’agriculteur et les identités professionnelles

De nombreuses réflexions de chercheurs en sciences sociales ont montré la crise des identités professionnelles agricoles et celle du modèle de développement autour duquel s’est effectuée la modernisation des années 1950-1980. Cette crise renvoie à la question de la place de l’agriculture dans la société. De son côté, B. Hervieu a identifié cinq ruptures : démographique, du modèle de l’exploitation familiale, du territoire agricole, entre agriculture et alimentation et enfin entre agriculture et nature. Ces différents types de ruptures se traduisent dans l’exercice et la recherche de sens du métier d’agriculteur.

B. Lémery (2003) propose des hypothèses sur les formes de recompositions émergentes. Trois figures d’agriculteurs, qui entretiennent des relations différentes aux organisations professionnelles. semblent se dessiner : les agriculteurs attachés à la tradition, les agriculteurs entrepreneurs et ceux en quête d’une revalorisation civique de leur activité.

A partir de ces hypothèses typologiques, nous nous sommes posés, dans le cadre de l’étude, une série de questions concernant le métier d’agriculteur, leurs perceptions et leurs attentes dans l’absolu et à l’égard des OPA :

- comment les demandes sociales, notamment en matière d’environnement et de qualité et sécurité alimentaires, sont-elles intégrées par les agriculteurs dans la construction du sens de leur métier et dans leurs pratiques ?

- quelle place pour les actifs agricoles, en particulier ceux dont l’activité est peu reconnue : conjointe d’exploitant, enfants d’agriculteur,… ?

- les recompositions territoriales en cours laissent une place croissante à l’agriculture périurbaine : comment les attentes des agriculteurs de ces territoires peuvent-elles être prises en compte ?

- quelles formes d’action collective, et plus particulièrement quelle place pour le syndicalisme à vocation générale ?

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1.3. Les organisations professionnelles agricoles

La plupart des travaux de sciences sociales et politiques sur l’histoire agraire de la seconde moitié du 20ème siècle ont souligné que, même si le syndicalisme agricole français n’a historiquement jamais été uni, il a été dominé à partir des années 1960 par une conception généraliste et co-gestionnaire, issue d’une sorte de compromis historique intervenu avec l’Etat sur la modernisation de l’agriculture5. Placé sur la voie de modernisation impulsée par la puissance publique nationale et européenne, il a occupé d’une part, une position de gestionnaire de ses effets sociaux, d’autre part une position d’arbitre entre les organismes spécialisés par production.

Au fur et à mesure que ce relatif consensus sur la modernisation s’est fissuré, à la fin des années 1960, le syndicalisme à vocation générale a été traversé par des conflits chroniques pour se fractionner ensuite en organisations de plus en plus concurrentes. Parallèlement, de plus en plus engagé dans des démarches de filières, il s’est spécialisé en autant de branches qui, tendanciellement, se sont autonomisées entre elles et se sont liées à des partenaires industriels dans la défense des producteurs spécialisés aux dépens des enjeux transversaux de la profession. Ces deux piliers essentiels du syndicalisme général dominant – la cogestion et l’arbitrage entre secteurs de production – se sont donc trouvés progressivement contestés.

Autre orientation récurrente des analyses de l’engagement : la « crise du syndicalisme ». Expression en usage pour l’ensemble du monde du travail, y compris pour le syndicalisme patronal, cette crise n’est pas tant rattachée à des conflits idéologiques et stratégiques entre syndicats (qui au fond existent depuis des dizaines d’années), qu’au faible taux de syndicalisation du monde salarié. En France, ce taux est non seulement très bas traditionnellement (< 10 %), mais aussi, semble-t-il, en baisse constante. Ainsi posée, s’agissant des agriculteurs, la question paraît donc peu pertinente : ceux-ci restent syndiqués à plus de 50%, et ils sont très impliqués dans l’animation et la gestion des Organisations Professionnelles Agricoles6. La question de l’engagement syndical et de sa crise éventuelle concerne donc plutôt l’évolution du taux des adhésions, le poids respectif des syndicats et le sens donné aux conceptions syndicales de chacun d’eux.

Enfin, plusieurs analyses ont aussi abordé la thématique de l’engagement en terme de « notabilisation » des responsables professionnels agricoles : responsable de CDJA, puis de FDSEA et de Chambre d’Agriculture, ou encore de Coopérative et de Caisse de Crédit et, dans le champ politique, maire ou conseiller général. Ce cumul de mandats a entraîné de vifs débats professionnels sur la « production de notables », devenus des professionnels de la responsabilité et sur l’ impact de ces « notables » dans les relations entre la profession et l’Etat.

5 De nombreux travaux de sociologie, de sciences politiques et d’histoire ont été menés sur des organisations professionnelles agricoles dans les années 1960-80. Par contre, depuis les années 90, l’intérêt de la recherche sur ce type de question s’est nettement ralenti. 6 Des enquêtes locales disponibles montrent qu’environ 40 % d’entre eux y exercent des responsabilités et au moins 20 % exercent par ailleurs des responsabilités non professionnelles. Ces différents engagements sont bien entendu attachés à des pratiques et des symboles très différents selon les types d’agriculteurs et selon leurs positions dans des trajectoires socioprofessionnelles.

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A partir de ces réflexions, nous avons décidé d’interroger les agriculteurs sur les trajectoires et les sens qu’ils donnaient à l’engagement dans les OPA et dans la cité, aujourd’hui :

- quelle diversité d’adhésion syndicale ? - émerge-t-il d’autres formes de défense collective ? - quels sont aujourd’hui les trajectoires et les types d’engagements des agriculteurs sous

forme de responsabilités professionnelles et non professionnelles ? - quelle place pour le syndicalisme spécialisé / à vocation générale ?

Nous venons d’évoquer ci-dessus le contexte de l’épuisement du modèle familial de l’exploitation agricole, celui d’une spécialisation croissante des métiers dans et autour de l’agriculture avec une multiplication des interlocuteurs des agriculteurs (industriels, élus, voisins, consommateurs, citoyens, etc.). Ceci oblige à appréhender la question de l’engagement des agriculteurs sous deux angles complémentaires : la retransmission de l’expérience organisationnelle entre générations et le sens actuel / virtuel de cet engagement pour les acteurs eux-mêmes, qu’il s’agisse de leurs relations avec les OPA existantes ou dans le cadre de nouveaux collectifs professionnels.

2 - Objet et méthode de l’étude

2.1. Objet

a) Les aspirations des agriculteurs La période de l’enquête, 2005-2006, correspondait à des années charnière pour

beaucoup d’agriculteurs : elle suivait l’élargissement de l’Europe ; elle précédait l’application de la nouvelle PAC ; elle était enfin annoncée comme l’aboutissement du Cycle de l’OMC de Doha.

Ce contexte politique suscitait d’autant plus d’inquiétudes que les prix étaient orientés à la baisse dans plusieurs secteurs importants de l’agriculture, comme le lait, les vins, les légumes, les céréales. Les sondages effectués lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen ont montré que la majorité des agriculteurs, pourtant considérés comme des privilégiés de la politique européenne (la PAC dépense plus de 40 % du budget de l’Europe, pour moins de 5 % de sa population active, répètent à l’envie maints responsables politiques, journalistes et intellectuels), s’est prononcée contre dans des proportions encore plus fortes que la moyenne de la population.

Enfin, de nombreux agriculteurs voyaient de fortes évolutions industrielles et commerciales se réaliser dans plusieurs de leurs filières agricoles : concentration d’abattoirs, fusion de coopératives, délocalisation d’approvisionnements avicoles…

Ce n’était donc pas une opération banale que d’interroger dans ce contexte 500 agriculteurs, dans différentes régions, sur leurs préoccupations et leurs projets. Mais à la différence de sondages, notre idée était de porter l’attention sur les relations entre leurs représentations et leurs pratiques et sur les liens avec leurs trajectoires professionnelles et sociales.

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Observer les aspirations des agriculteurs, c’est recueillir les écarts entre la vision qu’ils expriment sur leur réalité présente et leurs visions de réalités virtuelles, autrement dit de leurs objectifs plus ou moins explicites et de leurs projets.

b) L’évolution de l’engagement Rajoutée aux réformes de la politique publique, la dernière réforme de la PAC en 2003

semblait vécue par beaucoup d’agriculteurs comme une rupture. Le contexte peut inciter les agriculteurs comme les pouvoirs publics à remettre à plat les objectifs et les modes d’action des OPA. Celles-ci n’ont plus pour seul, ni même, principal interlocuteur l’Etat. Elles sont amenées à reconstruire leur politique et leurs offres de services avec des industries, des distributeurs, des collectivités territoriales, et de nouvelles formes d’organisations de la société civile (associations de consommateurs ou défenseurs de l’environnement, etc.).

Nous faisons l’hypothèse que le monde professionnel agricole, et plus particulièrement ses syndicats, se trouvent devant une nouvelle alternative : ou bien les organisations agricoles intègrent les évolutions des aspirations et des modes d’engagement professionnel des agriculteurs, et elles suscitent alors de nouvelles formes de coordination entre elles avec des méthodes adaptées de management ; ou bien, leur inertie incitera de plus en plus d’agriculteurs à s’engager professionnellement à l’extérieur de leurs institutions traditionnelles.

Pour cela, nous avons voulu analyser leurs rapports au travail et à la vie sociale, leurs perceptions du métier, de l’univers informationnel et du contexte politique international et regarder les liens avec la diversité des formes d’engagement des agriculteurs dans leur profession et dans la société.

2.2. Méthodologie de l’enquête L’enquête reposait donc sur trois niveaux d’analyse :

- les changements du travail dans les exploitations agricoles ; - leurs incidences sur les formes d’exercice du métier et sur les identités professionnelles ; - la place et le rôle des organisations professionnelles.

La méthode adoptée a combiné une phase qualitative par préenquête, menée auprès de quelques dizaines d’agriculteurs et d’experts et une phase quantitative d’enquête menée auprès de 505 agriculteurs.

a) La préenquête La préenquête correspondait à une phase qualitative dont l’objectif était d’appréhender

la diversité des points de vue des agriculteurs, mais sans l’ambition de la représentativité. Elle a reposé sur deux types d’entretien7 :

- 48 entretiens semi-directifs répartis dans les 5 régions des écoles de la FESIA ; - des entretiens avec des « personnes ressources » pour obtenir un panorama de

l’organisation de la profession dans les différentes zones.

7 Cf. guides d’entretien de préenquête en Annexe 2.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

27

Les enquêtés ont été choisis pour présenter la diversité nationale des agriculteurs, notamment en termes de région, sexe, âge, productions, engagement, statut de l’exploitation et milieu physique.

Même s’il s’agissait d’organiser des entretiens les plus ouverts possible au cours de cette phase, nous avons défini quelques grands thèmes à aborder avec les agriculteurs. Après avoir invité l’enquêté à se présenter, nous lui demandions comment il caractérisait ce qui change dans son travail. Nous l’interrogions ensuite sur ses relations professionnelles et ses activités en dehors du travail. Enfin, nous concluions sur le thème de l’avenir.

Nous avons ensuite rassemblé les propos des agriculteurs dans une fiche récapitulative pour chaque enquête, avant de les réorganiser dans une grille de lecture commune. Nous avons enfin dégagé les grandes questions et préoccupations8 dans les réponses énoncées par les agriculteurs.

La phase qualitative a donc débouché sur l’élaboration d’un questionnaire de 250 questions, comprenant les différents thèmes abordés par les agriculteurs lors des entretiens, concernant le travail, le métier et l’engagement, avec différentes modalités de formulation des questions (questions fermées informationnelles, binaires, à choix multiples, à échelles d’attitude ; questions ouvertes) 9.

b) L’enquête quantitative

Les zones d’enquêtes Nous avons retenu sept zones d’enquête (voir aussi tableau 1.1 et figure 1.1):

- zone Nord : Ardennes et Pas-de-Calais : 104 enquêtes - zone Picardie, Ile de France 63 enquêtes - zone Ouest : régions Bretagne et Pays de la Loire : 100 enquêtes - zone Sud-Ouest : région Midi-Pyrénées : 100 enquêtes - zone Massif Central : Auvergne : 40 enquêtes - zone Sud-Est : région PACA : 51 enquêtes - zone Rhône-Alpes : région Rhône-Alpes : 47 enquêtes - zone Bassin Parisien : régions Picardie, Ile de France 63 enquêtes

8 Cf. la synthèse des thèmes de la préenquête en Annexe 3. 9 Cf. le questionnaire d’enquête en Annexe 4.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

28

Ecole Départements

ESAP

(100 enquêtes)

Tarn-et-Garonne Lot-et-Garonne

Aveyron Gers

ISARA (98 enquêtes)

Haute-Savoie Loire Isère

Vallée du Rhône Bouches du Rhône

Vaucluse

ESA (100 enquêtes)

Sarthe Loire Atlantique

Vendée Maine et Loire

Finistère Ille et Vilaine

Côtes d’Armor

ISAB

(103 enquêtes)

Seine-et-Marne Yvelines

Aisne Oise

Auvergne

ISA (104 enquêtes)

Ardennes Nord-Pas-de-

Calais

Tableau 1.1. Répartition des zones d’enquête

Accueil de l’étude, attente d’un retour

En général, nous avons été bien reçus lors des entretiens d’enquête. Les agriculteurs nous ont fréquemment fait part de leur satisfaction d’avoir la parole et d’être écoutés. Ils avaient souvent beaucoup à dire sur les thèmes du questionnaire. Certains ont souligné l’intérêt qu’ils avaient eu pour cet entretien qui leur avait permis de réfléchir à des questions qu’ils n’avaient pas pris le temps de se poser : par exemple, ce qu’ils attendaient vraiment de leur syndicat, ou encore leur position face à l’entrée de nouveaux pays dans l’Union Européenne.

En moyenne, l’entretien à proprement parler a nécessité 1 h 30 de face à face, mais la durée des rencontres avec les agriculteurs a varié de 45 minutes à plus de 3 heures.

Au début de l’entretien, nous présentions l’objet et la démarche de l’étude et nous expliquions que les résultats seraient communiqués au commanditaire, la FNSEA. Quelle que soit leur appartenance syndicale, les agriculteurs n’ont semblé ni surpris ni dérangés par le fait que la FNSEA ait accès aux résultats de l’étude. Cependant, certains ont dit que si le nom du commanditaire leur avait été communiqué au téléphone, ils auraient refusé, doutant en particulier de la volonté ou de la capacité de ce syndicat à changer ses façons de voir ou son mode de fonctionnement. D’autres nous ont parfois paru se censurer pour répondre à certaines questions.

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29

Figure 1.1 : Carte localisant les zones d’enquête La proposition d’adresser une synthèse de notre travail aux personnes ayant accepté d’être interviewées a été bien accueillie ; beaucoup attendent avec impatience un retour sur les thèmes abordés.

Les refus Les taux de refus ont été extrêmement variables selon les zones d’enquête :

- 41% dans le Sud-Ouest ; - 50 % dans le Nord ; - 55 % en Rhône-Alpes ; - 60 % pour le Bassin Parisien ; - 34 % en Provence ; - 51 % dans le Massif Central. - non calculé dans l’Ouest.

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30

Globalement, la moyenne, supérieure à 40 %, peut être considérée comme élevée par rapport au taux habituellement constaté, autour de 30 %.

Les motifs de refus sont extrêmement divers :

- Certaines périodes d’enquête correspondaient à des pointes de travail pour les agriculteurs et celles-ci ont justifié certains refus.

- Le planning de l’étude et les contraintes en découlant ont également été un motif de refus (non concordance des agendas enquêteurs / enquêtés).

- Le thème de l’enquête a parfois rebuté : trop vaste pour certains agriculteurs, décalé par rapport à leurs préoccupations pour d’autres.

Le traitement des données

Les 505 questionnaires d’enquête ont été saisis à travers un masque de traitement, avec le Logiciel SPHINX. Un recodage des questions a été réalisé, à partir d’un commentaire méthodologique effectué sur la base des entretiens réalisés et donc des questionnaires remplis. Les Enseignants Chercheurs de chaque école ont contrôlé la saisie des questionnaires de leur zone d’enquête respective.

Puis, à partir de fichiers établis par zone, nous avons analysé les résultats par région, ce qui a donné lieu à un document d’analyse succinct par région, fin janvier 2006.

Parallèlement, un fichier national a été constitué en fusionnant les différents fichiers des écoles. Nous avons alors effectué une analyse nationale des résultats de l’enquête : tris à plat, tris croisés, pour déboucher sur un premier commentaire collectif des données et structurer l’analyse en chapitres. Simultanément à leur rédaction par les uns et les autres, un noyau s’est attaché à effectuer une analyse multivariée des données portant sur l’engagement, qui a abouti à la typologie présentée dans le dernier chapitre de ce rapport.

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31

Chapitre 2

La diversité de la population d'enquête

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33

Chapitre 2

La diversité de la population d'enquête

L'objet de ce chapitre est d'appréhender la diversité de la population enquêtée, tant au

niveau des personnes interrogées, qu'au niveau de leurs exploitations.

1. Caractéristiques des individus La description des 505 individus ayant fait l'objet de l'enquête prend en compte plusieurs

critères : l'âge, le sexe, la situation familiale et la trajectoire personnelle, celle-ci intégrant le niveau de formation et le type d'installation.

1.1. L'âge des individus

L'échantillon est constitué de personnes de 19 à 69 ans, dont l'âge moyen est de 46 ans. Les catégories d'âge les plus représentées sont les classes centrales avec 36% d'individus pour la classe des 40-50 ans, 20% pour les 30-40 ans et 19% pour les 50-55 ans (Figure 2.1).

Les "60 ans et plus" représentent 4% de l'ensemble des personnes enquêtées. Cette moindre représentation des classes "60-65 ans" et "65 ans et plus", par rapport au Recensement Agricole de 2000, tient au fait que ces personnes ont plus rarement accepté de participer à l'enquête. En outre, lors de la prise de rendez-vous, les enquêteurs n'ont pas fait preuve d'insistance à leur égard. En effet, une partie du questionnaire étant axée sur les aspirations des agriculteurs et leur perception de l'avenir, il paraissait peu opportun d'interroger des personnes proches de la retraite ou déjà retraitées.

27

101

182

96

75

17

7

0 50 100 150 200

Moins de 30ans

De 30 à 40ans

De 40 à 50ans

De 50 à 55ans

De 55 à 60ans

De 60 à 65ans

65ans et plus

nombre de citations

Figure 2.1. : Répartition des individus par classes d'âge10 10 La figure 2.1. est réalisée à partir du traitement de la question 209.

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34

1.2. Le sexe des individus

La répartition des individus de l'échantillon, selon leur sexe, est présentée dans le tableau 2.1.

Sexe Fréquence

Masculin 85% (430)11 Féminin 15% (75)

Total 100% (505)

Tableau 2.1. : Répartition des individus par sexe12

Sur les 505 personnes interrogées, 15% sont des femmes. Cette faible proportion tient au fait que les agricultrices enquêtées devaient être responsables ou coresponsables de l'exploitation afin d'être en mesure de répondre à l'ensemble du questionnaire. Ainsi, parmi ces 75 femmes, 26% sont chefs d'exploitation, 29% co-exploitantes et 35% conjointes collaboratrices.

1.3. La situation familiale

La majorité des personnes interrogées vit en couple, soit 84%. Cette proportion doit être rapprochée de la composition de l'échantillon (Figure 2.2). En effet, seuls 5% des individus ont moins de 30 ans et 55% ont entre 40 et 55 ans.

64

426

11

4

0 100 200 300 400 500

Célibataire

Marié(e) / En concubinage

Séparé(e) / Divorcé(e)

Veuf(ve)

nombre de citations

Figure 2.2. : Répartition des individus par situation de famille13

Le croisement, présenté au tableau 2.2, montre que les célibataires sont, en moyenne, plus jeunes que les individus mariés ou en concubinage. En effet, leur âge moyen est environ de 10 ans inférieur à celui des exploitant(e)s vivant en couple, et de 15 ans inférieur à celui des exploitant(e)s divorcés. 11 Les nombres entre parenthèses représentent les effectifs observés correspondant aux fréquences présentées dans le tableau. 12 Le tableau 2.1. est réalisé à partir du traitement de la question 208. 13 La figure 2.2. est réalisée à partir du traitement de la question 210.

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35

Situation de famille Moyenne d'âge

Célibataire 37,4 En concubinage /

Marié(e) 46,6

Séparé(e) / Divorcé(e) 52,7 Veuf(ve) 55,5

Total 45,7

Tableau 2.2. : Moyenne d'âge selon la situation de famille14 La majorité des personnes interrogées (83%) a des enfants (2 en moyenne). Il faut souligner ici que l'âge des enfants n'a pas été demandé, tout comme leur présence au sein de la cellule familiale (Tableaux 2.3 et 2.4).

Enfant Effectif Fréquence

Oui 419 83% Non 85 17% Total 504 100%

Tableau 2.3. : Répartition des individus selon l'existence ou non d'enfants15

Nombre d'enfants Effectif Fréquence

Non réponse 87 17% 1 65 13% 2 203 40% 3 115 23% 4 28 6%

5 et plus 7 1% Total 505 100%

Minimum = 1 / maximum = 9 Moyenne = 2 / Ecart-type = 1

Tableau 2.4. : Répartition des individus par nombre d'enfants16

Sur les 505 individus enquêtés, 35% (soit 175) sont des couples pluriactifs, déclarant que leur conjoint travaille à l'extérieur de l'exploitation (Tableau 2.5). 39% (soit 195) travaillent ensemble sur l'exploitation. Enfin, sur les 135 individus restants, 41% sont mariés ou en concubinage et leur conjoint(e) n'exerce pas d'activité professionnelle. Enfin, 59% sont célibataires, séparés, divorcés ou veufs.

14 Le tableau 2.3. est réalisé à partir du croisement des réponses aux questions 209 et 210. 15 Le tableau 2.4. est réalisé à partir du traitement de la question 221. 16 Le tableau 2.4. est réalisé à partir du traitement de la question 222.

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Travail du conjoint sur l'exploitation agricole Effectif Fréquence

Non réponse 135 27% Oui 195 39% Non 175 35% Total 505 100%

Tableau 2.5. : Répartition des individus selon la pluriactivité du couple17 Une proportion importante des conjoints, travaillant à l'extérieur de l'exploitation (36%), exerce une profession intermédiaire (enseignant, infirmière, …), ou est ouvriers ou employés (32%). Viennent, ensuite, les professions libérales et les cadres supérieurs avec 13% des cas. Par ailleurs, 10% des conjoints sont agriculteurs (15 individus exerçant leur activité hors de l'exploitation agricole de leur conjoint(e)) (Figure 2.3).

Dès lors, deux niveaux sociaux différents apparaissent, puisque pratiquement la moitié (49%) des exploitants agricoles ont un conjoint(e) cadre et environ un tiers (35%) ont un conjoint(e) ouvrier(e) ou employé(e).

Figure 2.3. : Activité professionnelle du conjoint hors exploitation agricole18

Les couples pluriactifs sont plus jeunes en moyenne (43 ans) que les couples travaillant ensemble sur l'exploitation agricole (Tableau 2.6). Ainsi, plus les couples sont jeunes, moins le conjoint travaille sur l'exploitation agricole. En somme, on assiste à un déclin, voire à une disparition progressive du caractère familial de l'exploitation agricole.

Travail conj. exploit. Moyenne d'âge

Oui 49,1 Non 43,0 Total 46,2

Tableau 2.6. : Moyenne d'âge des conjoints selon l’activité sur l’exploitation19 17 Le tableau 2.5. est réalisé à partir du traitement de la question 213. 18 La figure 2.3. est réalisée à partir du traitement de la question 214. 19 Le tableau 2.6. croise les réponses aux questions 213 et 209.

21 56

8 15

50 5

2

0 10 20 30 40 50 60

Profession libérale / Cadre supérieur

Profession intermédiaire

Artisan / Commerçant

Agriculteur(rice)

Ouvrier / Employé

Employé agricole / para-agricole

Sans emploi / Au chômage

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

37

Les exploitants agricoles dont le(a) conjoint(e) exerce une profession libérale ou est cadre supérieur ont une SAU moyenne significativement plus élevée ; tandis que ceux dont le(a) conjoint(e) est artisan ou commerçant ont une SAU moyenne significativement plus faible (Tableau 2.7).

Activité professionnelle du conjoint

hors de l'exploitation agricole SAU (ha) Profession libérale / Cadre supérieur 181,3 Profession intermédiaire 84,9 Artisan / Commerçant 46,5 Agriculteur(rice) 76,5 Ouvrier / Employé 75,3 Employé agricole / para-agricole 48,9 Sans emploi / au chômage 58,0

Total 90,5

Tableau 2.7. : SAU moyenne par type d'activité professionnelle du conjoint de l'exploitant agricole20

Le tableau 2.8 concerne les conjointes des 356 hommes mariés ou en concubinage. Il présente le croisement entre l'exercice (ou non) d'une activité professionnelle par la conjointe de l'exploitant et le travail (ou non) de la conjointe de l'exploitant sur l'exploitation. Il apparaît que, lorsque la conjointe travaille, c'est sur l'exploitation pour 48% et hors exploitation pour 51%.

Activité professionnelle de la

conjointe Travail de la conjointe sur l'exploitation agricole

Non réponse Oui Non Total Oui 1 147 156 304 Non 42 0 1 43

Congés maladie / parental 1 1 7 9 Total 44 148 164 356

Tableau 2.8. : Croisement de l'activité professionnelle avec son lieu d'exercice pour les 356 hommes mariés ou en concubinage21

Le même croisement, réalisé pour les conjoints des 69 femmes mariées ou en concubinage, est présenté au tableau 2.9.

Activité professionnelle du

conjoint Travail du conjoint sur l'exploitation agricole

Non réponse Oui Non Total Oui 2 46 10 58 Non 8 0 0 8

Congés maladie / parental 1 1 1 3 Total 11 47 11 69

Tableau 2.9. : Croisement de l'activité professionnelle avec son lieu d'exercice pour les 69 femmes mariées ou en concubinage22

20 Le tableau 2.7. croise les réponses aux questions 214 et 244. 21 Le tableau 2.8. croise les réponses aux questions 212 et 213. 22 Le tableau 2.9. croise les réponses aux questions 212 et 213.

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38

Lorsque le conjoint masculin travaille, c'est sur l'exploitation dans la majorité des cas (soit 79%) et hors exploitation pour 17%.

Parmi les 10 conjoints masculins travaillant hors de l’exploitation, 2 exercent une profession libérale ou sont cadres supérieurs, 2 sont ouvriers/employés et 3 sont artisans/commerçants (non réponse pour les 3 autres).

Ce phénomène de pluriactivité du couple tient au fait que les conjoints exerçaient cette activité professionnelle avant leur mariage pour 49% des couples pluriactifs. D'autres raisons pour ce choix de vie, telles que le refus d'exercer un travail dans l'agriculture ou le souhait d'un revenu supplémentaire, viennent ensuite avec environ 15% des couples pour chacune de ces modalités.

Enfin, les 23 couples restant évoquent diverses autres raisons expliquant leur pluriactivité telles que la recherche ou la conservation de l'autonomie du conjoint, la passion du conjoint pour son métier, etc.

1.4. Trajectoire personnelle La majorité des agriculteurs23 ayant fait l'objet de l'enquête a des parents

agriculteurs (82%). Il en va de même pour leur conjoint(e) même si la proportion est moindre (56 %). Par ailleurs, la majorité des agriculteurs interrogés avait un statut d'aide familial avant la reprise de l'exploitation (48%) ou de salarié (36%, dont salarié agricole : 16% ; salarié non agricole : 20%) (Figure 2.4).

4

243

82

102

12

62

0 50 100 150 200 250 300

Non réponse

Aide familial

Salarié agricole

Salarié non agricole

Sans emploi

Autres

nombre de citations

Figure 2.4. : Statut de l'agriculteur avant la reprise de l'exploitation agricole24

L'installation se fait principalement dans le cadre familial. L'âge moyen à l'installation est de 26 ans. Dans 70% des cas, les agriculteurs enquêtés ont entre 20 et 30 ans lors de leur installation (Figure 2.5). Avant l'âge de 20 ans et après 35 ans, l'installation est un phénomène plus marginal puisque seules 6% des personnes interrogées s'installent avant 20 ans et 7% après 35 ans. 23 Cette information est issue de l'exploitation des réponses à la question 223. 24 La figure 2.4. est réalisée à partir du traitement de la question Q228.

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39

7

28

185

168

84

19

14

0 50 100 150 200

Non réponse

Moins de 20 ans

De 20 à 25 ans

De 25 à 30 ans

De 30 à 35 ans

De 35 à 40 ans

40 ans et plus

nombre de citations

Figure 2.5. : Age de l'agriculteur lors de son installation25

L'installation se fait, dans 74% des cas, dans le cadre familial si nous retenons les successions des parents et celles des beaux-parents (Figure 2.6).

3

343

28

56

54

21

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Non réponse

Succession familiale

Succession beaux-parents

Installation hors cadre familial

Création d'exploitation

Autres

nombre de citations

Figure 2.6. : Type d'installation26

Plus les périodes d'installation sont récentes, plus l'âge des exploitants agricoles à l’installation est élevé (Tableau 2.10). Ainsi, de 1970 à 1980, les exploitants s'installent en majorité avant 30 ans, avec 85% environ entre 20 et 30 ans. De 1980 à 2000, si les agriculteurs s'installent toujours en majorité avant 30 ans, la part des agriculteurs s'installant entre 20 et 30 ans diminue puisqu'elle est de l'ordre de 66%. En outre, une part non négligeable d'exploitants s'installe entre 30 et 35 ans : 21% de ceux qui s’installent entre 1980 et 1990, 23% entre 1990 et 2000.

25 La figure 2.5. est réalisée à partir du traitement des questions Q209 et Q234. 26 La figure 2.6. est réalisée à partir du traitement de la question Q235.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

40

Date installation Age installation

Avant 1970 De 1970 à 1980

De 1980 à 1990

De 1990 à 2000

En 2000 et plus Total

Moins de 20ans 14% (3) 9% (11) 7% (12) 1% (1) 2% (1) 6% (28) De 20 à 25 ans 52% (11) 46% (56) 35% (64) 29% (37) 37% (17) 37% (185) De 25 à 30 ans 33% (7) 39% (47) 32% (58) 38% (48) 17% (8) 34% (168) De 30 à 35 ans 0% (0) 6% (7) 21% (38) 23% (30) 20% (9) 17% (84) De 35 à 40 ans 0% (0) 0% (0) 2% (4) 7% (9) 13% (6) 4% (19) 40 ans et plus 0% (0) 1% (1) 3% (5) 2% (3) 11% (5) 3% (14)

Total 100% (21) 100% (122) 100% (181) 100% (128) 100% (46) 100% (498)

Tableau 2.10. : Relation entre l’âge des agriculteurs lors de leur l’installation

et la date d’installation27 Concernant le niveau de formation des agriculteurs lors de leur installation, 36% des agriculteurs enquêtés ont un BEP/BEPA, 15% un BTA, 15% un BTS et seulement 7% sont ingénieurs (Figure 2.7).

38

41

28

180

22

8

74

78

34

0 50 100 150 200

Pas de formation

Autres formations

CAP/CAPA

BEP/BEPA

Bac Pro

Bac D'

BTA

BTS

Ingénieur

nombre de citations

Figure 2.7. : Effectifs par niveaux de formation28

27 Le tableau 2.10. croise les réponses à la question Q234 avec l'âge de l'installation. 28 La figure 2.7. est réalisée à partir du traitement de la question Q230.

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41

Le tableau 2.11 montre que les agriculteurs de moins de 40 ans ont, principalement, un niveau de formation BAC ou BAC+2, tandis que ceux de plus de 40 ans ont, eux, majoritairement une formation de niveau BEPA.

Age

Formation Moins de

30ans De 30 à 40ans

De 40 à 50ans

De 50 à 55ans

De 55 à 60ans

De 60 à 65ans

65ans et plus Total

CAP/CAPA 0% (0) 2% (2) 6% (10) 3% (3) 16% (12) 6% (1) 0% (0) 6% (28)

BEP/BEPA 7% (2) 25% (25) 37% (67) 42% (40) 49% (37) 41% (7) 29% (2) 36% (180)

Bac pro 44% (12) 4% (4) 1% (3) 2% (2) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 4% (22)

Bac D' 0% (0) 0% (0) 2% (4) 3% (3) 0% (0) 6% (1) 0% (0) 2% (8)

BTA 3% (1) 20% (20) 17% (31) 15% (14) 11% (8) 0% (0) 0% (0) 14% (74)

BTS 37% (10) 34% (34) 15% (28) 3% (3) 3% (2) 0% (0) 14% (1) 15% (78)

Ingénieur 3% (1) 10% (10) 6% (11) 7% (7) 3% (2) 6% (1) 29% (2) 7% (34) Pas de formation 0% (0) 4% (4) 7% (12) 8% (8) 9% (7) 29% (5) 29% (2) 8% (38)

Autre formation 3% (1) 2% (2) 9% (16) 16% (15) 7% (5) 12% (2) 0% (0) 8% (41)

Total 100% (27) 100% (101) 100% (182) 100% (96) 100% (75) 100% (17) 100% (7) 100% (505)

Tableau 2.11. : Relation entre le niveau de formation selon l’âge des agriculteurs29

2. Caractéristiques des exploitations La diversité des exploitations agricoles est appréhendée au travers de trois variables :

le statut juridique, la SAU et les productions.

2.1. Statut juridique L'échantillon est majoritairement constitué d'exploitations individuelles (54%), même si

les formes sociétaires ne sont pas négligeables avec 23% d'EARL et 17% de GAEC (Figure 2.8).

272

86

115

31

0 50 100 150 200 250 300

Exploitation individuelle

GAEC

EARL

Autres sociétés

nombre de citations

Figure 2.8. : Statut juridique de l'exploitation agricole30

29 Le tableau 2.11. croise les réponses aux questions Q230 et Q209. 30 La figure 2.8. est réalisée à partir du traitement de la question Q237.

Page 42: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

42

47% des formes sociétaires ne comprennent que 2 associés (Tableau 2.12). Viennent ensuite les structures sociétaires unipersonnelles, avec 18% des exploitations et les associations à 3 avec 16 %.

Statut juridique de l'exploitation

Nombre d'associés Non

réponse Au plus

1 2 3 4 et plus Total

GAEC 3% (3) 12% (10) 48% (41) 31% (27) 6% (5) 100% (86) EARL 20% (23) 22% (25) 52% (60) 5% (6) 1% (1) 100% (115) Autres 36% (11) 19% (6) 29% (9) 16% (5) 0% (0) 100% (31) Total 16% (37) 18% (41) 47% (110) 16% (38) 3% (6) 100% (232)

Tableau 2.12. : Nombre d'associés par type de statut juridique de l'exploitation agricole31

2.2. SAU et faire-valoir La SAU totale moyenne des exploitations de l'échantillon est de 86 ha. 62% des

exploitations ont une SAU totale de 50ha et plus, 29% de 50 à 100 ha, 25% de 100 à 200 ha et 8% de 200ha et plus (Figure 2.9).

Il faut souligner que les agriculteurs, ayant des exploitations dont la SAU est inférieure à 10ha, n'ont souvent pas accepté de participer à l'enquête, s'estimant en décalage avec les problèmes généraux de l'agriculture et/ou peu reconnus au sein de la profession.

32

38

117

147

126

38

0 50 100 150 200

Moins de 10ha

De 10 à 20ha

De 20 à 50ha

De 50 à 100ha

De 100 à 200ha

200ha et plus

nombre de citations

Figure 2.9. : Répartition des individus par SAU32

31 Le tableau 2.12 croise les réponses aux questions 237 et 239. 32 La figure 2.9. est réalisée à partir du traitement de la question Q244.

Page 43: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

43

16% des agriculteurs enquêtés sont propriétaires de la totalité de leurs terres (Figure 2.10). La part moyenne de SAU en fermage est de 64% dans l’échantillon enquêté. 59% des exploitants ont 50% et plus de leur SAU en fermage et 25% ont moins de 50%.

58

69

117

104

78

0 50 100 150

De 0 à 25%

De 25 à 50%

De 50 à 75%

De 75 à 100%

100%

nombre de citations

Figure 2.10. : Part de la SAU en fermage33

2.3. Les productions

La figure 2.11 répertorie les exploitations de l'échantillon par catégories de productions.

Il faut souligner qu'il ne s'agit pas des OTEX mais d'un recodage des différentes associations de productions rencontrées sur les exploitations. Ce recodage a été nécessaire étant donné le mode de collecte de l’information (réponses multiples autorisées).

Le lait constitue l'activité principale de 26% des agriculteurs interrogés. L'élevage est présent dans 52% des exploitations. Les cultures de vente représentent 48% de l'échantillon.

18

20

36

82

68

95

54

132

0 20 40 60 80 100 120 140

Autres associations culture-élevage

Ovins, caprins et autres herbivores

Granivores + autres productions

Grandes cultures + cultures spéciales

Cultures spéciales

Grandes cultures

Bovin viande spécialisé ou dominant

Bovin lait spécialisé ou dominant

nombre de citations

Figure 2.11. : Répartition des exploitations par catégories de productions34

33 La figure 2.10. est réalisée à partir du traitement des questions Q244 et Q245. 34 La figure 2.11. est réalisée à partir du traitement de la question Q241.

Page 44: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

44

3. Comparaison avec les exploitations du RA 2000 La comparaison de l'échantillon obtenu à celui du RA 2000 est biaisée et ce, pour

plusieurs raisons.

En effet, les données du RA datent de 2000, alors que l'échantillon a été réalisé en 2005. Cinq années séparant ces deux échantillons, il est clair que les données concernant la répartition des exploitations et leur statut juridique ont changé. En effet, dans l'échantillon, les exploitations individuelles apparaissent sous-représentées par rapport aux données nationales, tandis que les GAEC et les EARL sont sur-représentés. Par conséquent, le développement des formes sociétaires au détriment des formes individuelles observé ces dernières années explique vraisemblablement ces écarts (Tableau 2.13).

Statut juridique de l'exploitation

Fréquence échantillon

Statistique nationale

Exploitation individuelle 54% 81%

GAEC 17% 6% EARL 23% 8%

Autres sociétés 6% 5% Total 100% 100%

Tableau 2.13. : Répartition des exploitations par statut juridique De plus, les données recueillies lors de l’étude n'ont pas permis d'appliquer des modes de calcul similaire à ceux du RA 2000 pour certaines variables. En effet, dans l'échantillon, les catégories de production n'ont pas été déterminées comme les OTEX du RA 2000, rendant ainsi la comparaison peu significative.

De ce fait, l'échantillon obtenu fait apparaître une sur-représentation des exploitations en bovins lait par rapport aux données nationales (Tableau 2.14). Par contre, les cultures spéciales et les ovins, caprins et autres herbivores sont sous-représentés. En regroupant les catégories de production "cultures spéciales" et "grandes cultures + cultures spéciales", l'échantillon est comparable aux données RA 2000 pour les exploitations en grandes cultures.

Catégories de productions Fréquence

échantillon Statistique nationale

Bovin lait spécialisé ou dominant 26% 13% Bovin viande spécialisé ou dominant 11% 12%

Grandes cultures 19% 20% Cultures spéciales 13% 20%

Grandes cultures + cultures spéciales 16% 5% Granivores + autres productions 7% 3%

Ovins, caprins et autres herbivores 4% 23% Autres associations culture-élevage 4% 4%

Total 100% 100%

Tableau 2.14. : Répartition des exploitations par catégories de productions

Page 45: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

45

Enfin, certaines contraintes inhérentes à notre étude, telles que les refus ainsi que l’objectif même de l’échantillon, ont limité la représentativité de notre échantillon à une représentativité de la diversité du monde agricole. Ainsi, la comparaison des données de l'échantillon et des données nationales montre une sous-représentation des petites exploitations de moins de 20ha et, inversement, une sur-représentation des exploitations de plus de 50ha (Tableau 2.15).

SAU (ha) Fréquence échantillon

Statistique nationale

Moins de 20 14% 49% De 20 à 50 23% 21% De 50 à 100 29% 18% De 100 à 200 25% 10% 200 et plus 8% 2%

Total 100% 100%

Tableau 2.15. : Répartition des exploitations par classes de SAU

Page 46: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

46

Synthèse

Les personnes interrogées sont majoritairement des hommes, d'une moyenne d'âge de

46 ans, issus, le plus souvent, du milieu agricole. Ils vivent principalement en couple. 39% des couples travaillent ensemble sur l'exploitation, cependant, la proportion de couples pluriactifs est tout de même conséquente (35%).

La SAU moyenne des exploitations de l'échantillon est de 86 ha. Les exploitations de moins de 20 ha sont sous-représentées et, inversement, celles de plus de 50 ha sont sur-représentées. Peu d'agriculteurs sont propriétaires de la totalité de leurs terres. La part moyenne de SAU en fermage de 64% dans l’échantillon enquêté est pratiquement similaire à la moyenne nationale de 63%.

L'échantillon est majoritairement constitué d'exploitations individuelles, la part des formes sociétaires n'étant toutefois pas négligeable.

L'objectif de cet échantillon était de représenter la diversité du monde agricole aujourd'hui, tant au niveau des agriculteurs eux-mêmes qu'au niveau des exploitations.

Page 47: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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47

Chapitre 3

Les rapports au travail

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48

Page 49: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

49

Chapitre 3

Les rapports au travail

En agriculture, traditionnellement, le travail ne se comptabilisait pas car il était inhérent au mode de vie adopté par les agriculteurs. Il se matérialisait à travers le produit fini et sa valorisation. Depuis quelques années, l'évolution du monde agricole a conduit à considérer le travail comme un facteur clé tant au niveau de la production que de la qualité de vie des agriculteurs (Mendras H., 1970 ; Rambaud P., 1969 ; Dedieu B., 2004).

L'objectif de ce chapitre est d'appréhender le ressenti des exploitants par rapport à leur travail. Pour ce faire, quatre axes ont été abordés : leur charge de travail, la comparaison de leurs conditions de vie et de travail avec la génération de leurs parents, leur temps libre et, enfin, la distinction entre vie professionnelle et vie privée.

1. La charge de travail La charge de travail est difficilement quantifiable dans les petites entreprises, a fortiori en

agriculture. En effet, elle peut varier de manière très importante selon les activités (catégories de productions), les choix des exploitants et la période de l'année. Par ailleurs, les agriculteurs ont une conception du terme "travail" qui diffère de l'un à l'autre. Certains vont y inclure les moments passés en famille, alors que d'autres vont jusqu'à exclure le temps consacré aux tâches administratives ou aux réunions.

Enfin, les agriculteurs ne comptabilisent pas les heures qu'ils effectuent. Le métier d'agriculteur requiert un temps considérable d'astreinte sur l'exploitation. Par contre, il est difficile d'estimer le temps consacré aux repas, aux courses, à la famille, aux moments d'échange, …

De ce fait, sa variabilité et ses différences de conception rendent la charge de travail difficilement quantifiable et relativement subjective. Néanmoins, les éléments collectés donnent des indications intéressantes.

1.1. En période normale

La charge de travail moyenne en période normale est de 8h30 par jour. 47% des enquêtés estiment travailler entre 8 et 10 heures par jour, alors que 22% évaluent leur temps de travail entre 10 et 12 heures par jour (Figure 3.1 et Tableau 3.1).

Page 50: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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50

Si la majorité des agriculteurs ne considère pas leur charge de travail excessive, elle souligne le fait que leur semaine de travail est de 6, voire 7 jours. Nombreux sont ceux qui se sentent alors en décalage par rapport aux salariés réalisant 35 heures par semaine.

45

108

228

73

18

12

0 50 100 150 200 250

12h et plus

De 10h à 12h

De 8h à 10h

De 6h à 8h

De 4h à 6h

Moins de 4h

nombre de citations

Figure 3.1 : Charge de travail moyenne en période normale (en heures par jour)35

Charge travail période normale Effectif Fréquence

12h et plus 45 9% De 10h à 12h 108 22% De 8h à 10h 228 47% De 6h à 8h 73 15% De 4h à 6h 18 4% Moins de 4h 12 2%

Total 484 100% Moyenne = 8,5h Ecart-type = 2,1h

Tableau 3.1 : Charge de travail moyenne en période normale36

Il apparaît que la charge moyenne de travail en période normale est plus élevée pour les exploitations spécialisées en bovins lait, bovins viande ou associant culture et élevage (avec, respectivement, 9h20, 8h50 et 8h50 de travail par jour – Tableau 3.2). La charge de travail moyenne en période normale est plus faible pour les agriculteurs orientés en grandes cultures ou en cultures spéciales, avec environ 8h10 de travail par jour. Enfin, les élevages de granivores et d'ovins, caprins nécessitent la charge moyenne de travail la plus faible avec, respectivement, 7h40 et 7h10 de travail par jour en moyenne.

35 La figure 3.1. est réalisée à partir du traitement de la question 25. 36 Le tableau 3.1. est réalisé à partir du traitement de la question 25.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

51

Charge travail normale Catégories de productions

Temps de travail moyen (période

normale) Bovin lait spécialisé ou dominant 9,4h Bovin viande spécialisé ou dominant 8,8h Grandes cultures 8,2h Cultures spéciales 8,0h Grandes cultures + cultures spéciales 8,3h Granivores (+ autres productions) 7,7h Ovins, caprins, et autres herbivores 7,2h Autre association culture-élevage 8,8h

Total 8,6h

Tableau 3.2 : Moyenne de la charge de travail en période normale par catégories de productions37

Quelle que soit la catégorie de production, la majorité des agriculteurs enquêtés estime sa charge de travail moyenne en période normale comprise entre 8 et 10h (Tableau 3.3).

94% des exploitations « autres associations culture-élevage », ainsi que 80% des exploitations agricoles spécialisées en élevage de bovins lait, ont une charge de travail quotidienne en période normale comprise entre 8h et 12h.

Catégories de productions

Charge travail normale

Moins de 4h

De 4h à 6h

De 6h à 8h

De 8h à 10h

De 10h à 12h

12h et plus Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 1% (1) 1% (1) 5% (7) 43% (56) 37% (48) 13% (17) 100% (130) Bovin viande spécialisé ou dominant 2% (1) 4% (2) 17% (9) 38% (20) 25% (13) 13% (7) 100% (52) Grandes cultures 3% (3) 4% (4) 16% (14) 52% (46) 18% (16) 7% (6) 100% (89) Cultures spéciales 0% (0) 3% (2) 28% (18) 53% (34) 9% (6) 6% (4) 100% (64) Grandes cultures + cultures spéciales 3% (2) 1% (1) 20% (16) 54% (43) 14% (11) 9% (7) 100% (80) Granivores (+ autres productions) 6% (2) 20% (7) 14% (5) 29% (10) 23% (8) 9% (3) 100% (35) Ovins, caprins, et autres herbivores 17% (3) 6% (1) 17% (3) 44% (8) 11% (2) 6% (1) 100% (18) Autre association culture-élevage 0% (0) 0% (0) 6% (1) 69% (11) 25% (4) 0% (0) 100% (16)

Total 2% (12) 4% (18) 15% (73) 47% (228) 22% (108) 9% (45) 100% (484)

Tableau 3.3 : Charge de travail en période normale par catégories de productions38

1.2. En période de pointe Si pour la majorité des interviewés, la charge de travail est maîtrisée, il n'est pas rare

qu'ils réalisent plus de 14 heures de travail par jour en période de pointe (38% des exploitants agricoles). Ainsi, en période de pointe, la charge moyenne de travail est de 13h10 par jour. 67% des agriculteurs interrogés estiment alors leur temps de travail supérieur à 12h par jour (Figure 3.2 et Tableau 3.4).

37 Le tableau 3.2 croise les réponses aux questions 25 et 260. 38 Le tableau 3.3. croise les réponses aux question 25 et 260.

Page 52: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

52

La durée de ces périodes de pointe peut varier entre 2 semaines et 6 mois, surtout en arboriculture selon la diversité des variétés.

59

133

147

81

11

3

0 20 40 60 80 100 120 140 160

16h et plus

De 14h à 16h

De 12h à 14h

De 10h à 12h

De 8h à 10h

Moins de 8h

nombre de citations

Figure 3.2 : Charge moyenne de travail pendant les périodes de pointe (en heures/jour)39

Charge travail période pointe Effectif Fréquence

16h et plus 59 13% De 14h à 16h 133 31% De 12h à 14h 147 34% De 10h à 12h 81 18% De 8h à 10h 11 3% Moins de 8h 3 1%

Total 434 100% Moyenne = 13,1h Ecart-type = 2,5h

Tableau 3.4 : Charge moyenne de travail en période de pointe40

Il apparaît que la charge moyenne de travail en période de pointe est plus élevée en grandes cultures (Tableau 3.5). Par contre, la charge moyenne de travail est significativement plus faible pour les exploitants élevant des granivores avec une moyenne de 11h18 par jour en période de pointe.

39 La figure 3.3. est réalisée à partir du traitement de la question 24. 40 Le tableau 3.4. est réalisé à partir du traitement de la question 24.

Page 53: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

53

Charge travail période pointe Catégories de productions

Temps de travail moyen (période pointe)

Bovin lait spécialisé ou dominant 13,2h Bovin viande spécialisé ou dominant 13,3h Grandes cultures 13,9h Cultures spéciales 12,7h Grandes cultures + cultures spéciales 13,4h Granivores (+ autres productions) 11,3h Ovins, caprins, et autres herbivores 12,2h Autre association culture-élevage 13,0h

Total 13,1h

Tableau 3.5 : Charge de travail moyenne en période de pointe par catégories de productions41

36% et 53% des personnes interrogées en grandes cultures ou spécialisés en bovins viande estiment que leur charge de travail moyenne en période de pointe est comprise entre 14 et 16h (Tableau 3.6). Pour les autres catégories de production, la charge moyenne de travail en période de pointe se situe plutôt entre 12 et 14h, avec 38% pour les éleveurs de granivores jusqu'à 50% pour les exploitants élevant des ovins, caprins et autres herbivores.

Par contre, les exploitants associant grandes cultures et cultures spéciales ont une charge de travail quotidienne en période de pointe de 12 à 14h pour 32% et 14 à 16h pour 32%. Il en va de même pour les exploitants "autres associations cultures-élevages", qui eux ont une charge de travail quotidienne en période de pointe de 12 à 14h et 14 à 16h pour 33%.

Enfin, les exploitants spécialisés en bovins lait ont une charge de travail quotidienne en période de pointe comprise entre 12 et 16h, avec 34% entre 12h et 14h et 30% entre 14 et 16h.

Charge travail période

pointe Catégories de productions

Moins de 8h

De 8h à 10h

De 10h à 12h

De 12h à 14h

De 14h à 16h

16h et plus Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 1% (1) 1% (1) 19% (23) 34% (41) 30% (36) 16% (19) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 0% (0) 4% (2) 17% (8) 19% (9) 53% (25) 6% (3) 100% (54) Grandes cultures 0% (0) 0% (0) 9% (8) 34% (29) 36% (31) 21% (18) 100% (95) Cultures spéciales 0% (0) 2% (1) 28% (17) 41% (25) 20% (12) 10% (6) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 0% (0) 5% (3) 16% (10) 32% (20) 32% (20) 15% (9) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 3% (1) 10% (3) 34% (10) 38% (11) 10% (3) 3% (1) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 6% (1) 6% (1) 13% (2) 50% (8) 13% (2) 13% (2) 100% (20) Autre association culture-élevage 0% (0) 0% (0) 25% (3) 33% (4) 33% (4) 8% (1) 100% (18)

Total 1% (3) 3% (11) 19% (81) 34% (147) 31% (133) 14% (59) 100% (505)

Tableau 3.6 : Charge moyenne de travail en période pointe par catégories de productions42

41 Le tableau 3.5 croise les réponses aux questions 24 et 260. 42 Le tableau 3.6 croise les réponses aux questions 24 et 260.

Page 54: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

54

1.3. Une charge conséquente mais maîtrisée

Pour la grande majorité des personnes enquêtées (85%), la charge de travail apparaît maîtrisée. En effet, 57% des agriculteurs enquêtés estiment avoir beaucoup de travail, mais parviennent à s'organiser. 28% pensent ne pas être trop débordés avec néanmoins des périodes de pointe. 3% ne sont jamais en surcharge de travail. Enfin, seuls 11% admettent être dépassés par leur charge de travail (figure 3.3).

Figure 3.3 : Perception de la charge de travail43

Les exploitants estimant n'être jamais en surcharge de travail ont un âge moyen de 52 ans (Tableau 3.7). Ainsi, ils sont en moyenne plus âgés que les agriculteurs ayant une charge de travail conséquente et arrivant ou non à la gérer, puisque ceux-ci ont un âge moyen de 45 ans.

Perception travail Age

moyen Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout maîtriser 43,8ans J'ai beaucoup de travail mais j'arrive à m'organiser 45,3ans Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes de pointe 46,5ans Je ne suis jamais en surcharge de travail 51,6ans Autre 45,2ans

Total 45,7ans

Tableau 3.7 : Age moyen selon la perception de la charge de travail44 43 La figure 3.3. est réalisée à partir du traitement de la question 22. 44 Le tableau 3.7 présentant la moyenne d'âge des agriculteurs par modalité de la perception de la charge de travail est réalisé à partir du croisement des variables, issues des questions 22 et 209.

54

289

141

16

5

0 50 100 150 200 250 300 350

Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout maîtriser

J’ai beaucoup de travail mais j'arrive à m’organiser

Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes de pointe

Je ne suis jamais en surcharge de travail

Autre

nombre de citations

Page 55: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

55

La répartition de la perception de la charge de travail par classes d'âge est présentée dans le tableau 3.8. Les agriculteurs les plus âgés (60 ans et plus) sont plus nombreux à estimer qu’ils ne sont pas en surcharge de travail, alors que les 30-50 ans, pensent, majoritairement, avoir beaucoup de travail mais arrivent à s’organiser.

Age Perception travail

Moins de 30

De 30 à 40 De 40 à 50 De 50 à

55 De 55 à

60 De 60 à

65 65 et plus Total

Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout

maîtriser 11% (3) 14% (14) 12% (22) 8% (8) 7% (5) 12% (2) 0% 11% (54)

J’ai beaucoup de travail mais j'arrive à m'organiser 48% (13) 58% (59) 65% (118) 49% (47) 56%

(42) 35% (6) 57% (4) 57% (289)

Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes

de pointe 37% (10) 26% (26) 21% (39) 31% (30) 37%

(28) 35% (6) 29% (2) 28% (141)

Je ne suis jamais en surcharge de travail 0% 1% (1) 2% (3) 8% (8) 0% 18% (3) 14% (1) 3% (16)

Autre 4% (1) 1% (1) 0% 3% (3) 0% 0% 0% 1% (5)

Total 100% (27) 100% (101)

100% (182)

100% (96)

100% (75)

100% (17)

100% (7)

100% (505)

Tableau 3.8 : Perception de la charge de travail par classes d’âge45

Quel que soit le type de production, la grande majorité des agriculteurs arrive à s'organiser. La part des individus estimant parvenir à gérer leur charge de travail varie de 70% pour les exploitations d'élevage d'ovins, caprins, … jusqu'à 94% pour celles de granivores (Tableau 3.9).

Certaines catégories de production génèrent une charge de travail difficile à maîtriser pour l'exploitant agricole. C'est notamment le cas des exploitations d'élevage d'ovins, caprins ou autres herbivores avec 25% d'individus débordés par leur charge de travail, mais également des exploitations en cultures spéciales avec 18%.

Par contre, pour les exploitations spécialisées en bovins lait (ou à dominante bovins lait), on observe une charge de travail quotidienne importante régulière, à laquelle la majorité des exploitants (soit 67%) fait face en s'organisant.

45 Le tableau 3.8 est réalisé à partir du croisement des réponses aux questions 22 et 209.

Page 56: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

56

Catégories

de productions Perception travail

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures

+ cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout maîtriser

8% (11) 7% (4) 8% (8) 18% (12) 12% (10) 3% (1) 25% (5) 17% (3) 11% (54)

J'ai beaucoup de travail mais j'arrive à m'organiser

67% (88) 50% (27) 54% (51) 46% (31) 60% (49) 61% (22) 50% (10) 61% (11) 57% (289)

Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes de pointe

21% (27) 33% (18) 34% (32) 34% (23) 27% (22) 33% (12) 20% (4) 17% (3) 28% (141)

Je ne suis jamais en surcharge de travail

3% (4) 9% (5) 2% (2) 3% (2) 1% (1) 3% (1) 5% (1) 0% (0) 3% (16)

Autre 2% (2) 0% (0) 2% (2) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 6% (1) 1% (5)

Total 100% (132) 100% (54)

100% (95)

100% (68)

100% (82) 100% (36) 100% (20) 100% (18) 100% (505)

Tableau 3.9 : Perception de la charge de travail par catégories de productions46

Il n'y a pas de différences d'opinions marquées sur la perception de leur charge de travail entre les exploitants selon le statut juridique de leur exploitation (exploitation individuelle, GAEC, SCEA, EARL) (Tableau 3.10).

Perception travail

Statut juridique de l'exploitation

Je suis débordé par mon travail et

j'ai du mal à tout

maîtriser

J'ai beaucoup de travail

mais j'arrive à

m'organiser

Je ne suis pas trop

débordé, j'ai juste

quelques périodes de

pointe

Je ne suis jamais en surcharge de travail

Autre Total

Exploitation individuelle 12% (32) 52% (141) 31% (85) 4% (12) 1% (2) 100% (272)

GAEC 12% (10) 59% (51) 26% (22) 1% (1) 2% (2) 100% (86) SCEA 8% (2) 62% (16) 27% (7) 4% (1) 0% (0) 100% (26) EARL 8% (9) 68% (77) 21% (24) 2% (2) 1% (1) 100% (113) EURL 0% (0) 100% (2) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 100% (2) Autre 20% (1) 20% (1) 60% (3) 0% (0) 0% (0) 100% (5)

Total 11% (54) 57% (289) 28% (141) 3% (16) 1% (5) 100% (505)

Tableau 3.10 : Perception de la charge de travail selon le statut juridique de l’exploitation47

46 Le tableau 3.9 croise les réponses aux questions 22 et 260. 47 Le tableau 3.10 croise les réponses aux questions 22 et 237.

Page 57: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

57

De même, il n'y a pas de différences d'opinions sur la perception de leur charge de travail entre les exploitants selon que leur conjoint(e) exerce ou non une activité professionnelle. En effet, la majorité des agriculteurs arrive à maîtriser leur charge de travail, même si elle est conséquente. Il apparaît toutefois que 12% des exploitants, dont le(la) conjoint(e) a une activité professionnelle, ont des difficultés à gérer leur charge de travail. Par contre, ceux dont le(a) conjoint(e) n'a pas d'activité professionnelle sont beaucoup plus rarement débordés par leur charge de travail (1 individu sur 51).

Travail conjoint

Perception travail Non

réponse Oui Non Congé maladie/parental Total

Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout maîtriser 11% (9) 12% (43) 2% (1) 8% (1) 11% (54)

J'ai beaucoup de travail mais j'arrive à m'organiser 43% (34) 59% (215) 65% (33) 58% (7) 57% (289)

Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes de pointe 38% (30) 25% (92) 31% (16) 25% (3) 28% (141)

Je ne suis jamais en surcharge de travail 8% (6) 3% (9) 2% (1) 0% (0) 3% (16)

Autre 1% (1) 1% (3) 0% (0) 8,3% (1) 1% (5) Total 100% (80) 100% (362) 100% (51) 100% (12) 100% (505)

Tableau 3.11 : Perception de la charge de travail selon que le conjoint exerce ou non une

activité professionnelle48

La perception de la charge de travail diffère peu entre les exploitants dont le(la) conjoint(e) travaille sur l'exploitation et ceux dont le(la) conjoint(e) travaille hors de l’exploitation (à savoir 370 individus sur 505) (Figure 3.12).

Le conjoint travaille sur l’exploitation

Perception travail 0ui Non Total

Je suis débordé par mon travail et j'ai du mal à tout maîtriser 12% (25) 10% (18) 12% (43)

J'ai beaucoup de travail mais j'arrive à m'organiser 62% (121) 57% (99) 60% (220)

Je ne suis pas trop débordé, j'ai juste quelques périodes de pointe 23% (44) 29% (51) 25% (95)

Je ne suis jamais en surcharge de travail 2% (4) 3% (5) 2% (9) Autre 1% (1) 1% (2) 1% (3)

Total 100% (195) 100% (175) 100% (370)

Tableau 3.12 : Perception de la charge de travail selon que le conjoint travaille ou non sur

l’exploitation49

48 Le tableau 3.11 croise les réponses aux questions 22 et 212. 49 Le tableau 3.12 croise les réponses aux questions 22 et 213.

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58

2. Le temps libre

Après avoir appréhendé le ressenti des exploitants agricoles face à leur charge de travail, intéressons-nous à leur temps libre.

2.1. Le temps libre facilité par la flexibilité

Les agriculteurs aspirent à pouvoir se détacher de leur travail durant certaines périodes. 90% des agriculteurs interrogés arrivent à le faire (hors prise de congés). Cette souplesse dans l'organisation de travail pour les agriculteurs est inhérente au métier et constitue d'ailleurs l'un de ses principaux avantages (Figure 3.4 et Tableau 3.13).

Figure 3.4 : Temps libre dégagé50

Temps libre Effectif Fréquence

Oui 455 90% Non 48 10%

Total 503 100%

Tableau 3.13 : Temps libre dégagé51 Un tiers des agriculteurs interrogés arrive à dégager quelques heures par semaine de temps libre, et un quart d'entre eux un jour par semaine (Figure 3.5 et Tableau 3.14).

Figure 3.5 : Répartition du temps libre dégagé52

50 La figure 3.4. est réalisée à partir du traitement de la question 35. 51 Le tableau 3.13. est réalisé à partir du traitement de la question 35.

47

124

78

150

54

0 20 40 60 80 100 120 140 160

2 jours par semaine

Un jour par semaine

Une demi-journée par semaine

Quelques heures par semaine

Quelques heures par jour

nombre de citations

455

48 Oui Non

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59

Oui temps libre Effectif Fréquence 2 jours par semaine 47 10% Un jour par semaine 124 27% Une demi-journée par semaine 78 17% Quelques heures par semaine 150 33% Quelques heures par jour 54 12%

Total 453 100%

Tableau 3.14 : Répartition du temps libre dégagé53

Le temps libre dégagé est d’abord dédié à la famille, puisque cette modalité est présente dans 43% des citations (rang 1 ou rang 2), avec 56% de premier choix. La seconde modalité la plus citée est celle des loisirs, avec 35% des citations totales. Cette modalité est la plus fréquemment citée en second choix (45%). Les engagements professionnels arrivent en 3ème position avec 13% des citations (rangs 1 et 2 totalisés) (Figure 3.6 et Tableau 3.15).

Figure 3.6 : Utilisation du temps libre dégagé54

Répartition temps libre

Effectif (1ère

citation) Fréquence Effectif (2è

citation) Fréquence Effectif (somme) Fréquence

Vos engagements extra-professionnels 23 5% 46 14% 69 9% Vos engagements professionnels 48 11% 57 17% 105 13% Vos loisirs 128 28% 145 44% 273 35% Votre famille 256 56% 78 24% 334 43%

Total 455 100% 326 100% 781 100%

Tableau 3.15 : Utilisation du temps libre dégagé55

52 La figure 3.5. est réalisée à partir du traitement de la question 36. 53 Le tableau 3.14. est réalisé à partir du traitement de la question 36. 54 La figure 3.6. est réalisée à partir du traitement de la question 37. 55 Le tableau 3.15. est réalisé à partir du traitement de la question 37.

69

105

273

334

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Vos engagements extra-professionnels

Vos engagements professionnels

Vos loisirs

Votre famille

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

60

La relation entre le temps libre dégagé par l'exploitant et l'existence d'une activité professionnelle de son(sa) conjoint(e) est peu significative (Tableau 3.16).

Travail conjoint Temps libre

Non réponse Oui Non Congé

maladie/parental Total

Oui 94% (74) 90% (327) 86% (43) 92% (11) 90% (455) Non 6% (5) 10% (35) 14% (7) 8% (1) 10% (48)

Total 100% (79) 100% (362) 100% (50) 100% (12) 100% (503)

Tableau 3.16 : Relation entre le temps libre dégagé et le travail du conjoint56 De même, aucun lien n'apparaît entre le temps libre dégagé par l'exploitant et l'activité professionnelle de son(sa) conjoint(e) sur l'exploitation (Tableau 3.17).

Travail conjoint exploitation

Temps libre

Non réponse Oui Non Total

Oui 90% (120) 89% (173) 93% (162) 90% (455) Non 10% (13) 11% (22) 7% (13) 10% (48)

Total 100% (133) 100% (195) 100% (175) 100% (503)

Tableau 3.17 : Relation entre le temps libre dégagé et le fait que le(la) conjoint(e) travaille ou non sur l’exploitation57

Il ne semble pas y avoir de lien évident entre le nombre d'enfants ou l'âge des agriculteurs, avec le temps libre dégagé par ces derniers (tableaux 3.18 et 3.19).

Temps libre/Enfant

Non réponse Oui Non Total

Oui 100% (1) 90% (376) 93% (78) 90% (455) Non 0% (0) 10% (42) 7% (6) 10% (48)

Total 100% (1) 100% (418) 100% (84) 100% (503)

Tableau 3.18 : Relation entre le temps libre dégagé et le fait que l'exploitant agricole ait des enfants58

Temps libre/Age

Age moyen

Oui 45,5ans Non 47,3ans

Total 45,7ans

Tableau 3.19 : Relation entre le temps libre dégagé et l’âge moyen des agriculteurs59

56 Le tableau 3.16 croise les réponses aux questions 35 et 212. 57 Le tableau 3.17 croise les réponses aux questions 35 et 213. 58 Le tableau 3.18 croise les réponses aux questions 35 et 221. 59 Le tableau 3.19 croise les réponses aux questions 35 et 209.

Page 61: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

61

Quelle que soit la catégorie de production, 9 agriculteurs sur 10 arrivent à dégager du temps libre (Tableau 3.20). Toutefois, les éleveurs sont plus nombreux à dégager du temps libre : de 89% pour les éleveurs de granivores à 92% pour ceux de bovins lait, voire 100% pour les agriculteurs élevant des ovins et des caprins. Les cultivateurs sont environ 88% à dégager du temps libre quel que soit le type de culture considéré.

Temps libre Catégories de production Oui Non Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 92% (122) 8% (10) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 91% (49) 9% (5) 100% (54) Grandes cultures 90% (84) 10% (9) 100% (93) Cultures spéciales 87% (59) 13% (9) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 88% (72) 12% (10) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 89% (32) 11% (4) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 100% (20) 0% (0) 100% (20) Autre association culture-élevage 94% (17) 6% (1) 100% (18)

Total 90% (455) 10% (48) 100% (503)

Tableau 3.20 : Temps libre dégagé par catégories de production60

En revanche, le tableau 3.21 montre que, si les éleveurs sont plus nombreux à dégager du temps libre (majoritairement quelques heures par semaines), celui-ci est d’une durée inférieure à celui des cultivateurs (un jour par semaine en majorité).

Temps libre

Catégories de production

Quelques heures par

jour

Quelques heures par

semaine

Une demi-journée par

semaine Un jour par

semaine 2 jours par

semaine Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 15% (18) 42% (52) 18% (22) 24% (29) 2% (2) 100% (123) Bovin viande spécialisé ou dominant 14% (7) 37% (18) 27% (13) 20% (10) 2% (1) 100% (49) Grandes cultures 11% (9) 31% (26) 20% (17) 24% (20) 13% (11) 100% (83) Cultures spéciales 10% (6) 19% (11) 10% (6) 47% (27) 14% (8) 100% (58) Grandes cultures + cultures spéciales 6% (4) 27% (19) 11% (8) 35% (25) 21% (15) 100% (71) Granivores (+ autres productions) 16% (5) 28% (9) 22% (7) 16% (5) 19% (6) 100% (32) Ovins, caprins, et autres herbivores 10% (2) 50% (10) 10% (2) 20% (4) 10% (2) 100% (20) Autre association culture-élevage 18% (3) 29% (5) 18% (3) 24% (4) 12% (2) 100% (17)

Total 12% (54) 33% (150) 17% (78) 27% (124) 10% (47) 100% (453)

Tableau 3.21 : Durée du temps libre dégagé par catégories de production61

60 Le tableau 3.20 croise les réponses aux questions 35 et 260. 61 Le tableau 3.21 croise les réponses aux questions 36 et 260.

Page 62: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

62

2.2. Une prise de congés majoritaire

La majorité des agriculteurs (67%) prennent des vacances (Tableau 3.22).

Vacances Effectif Fréquence Oui 337 67% Non 168 33%

Total 505 100%

Tableau 3.22 : Prise de congés62

Le fait que le(la) conjoint(e) travaille sur l'exploitation ne favorise pas la prise de vacances par le couple. En effet, 58% des exploitants travaillant avec leur conjoint(e) sur l'exploitation prennent des vacances, alors qu'ils sont 80% lorsque leur conjoint(e) travaille hors de l'exploitation. Dés lors, il est intéressant de noter qu'au sein des couples dits "pluriactifs", la prise de congés apparaît plus systématique. Ce tableau (Tableau 3.23) concerne les individus interrogés dont le(la) conjoint(e) a une activité professionnelle, soit 370 sur 505.

Travail conjoint

exploitation Vacances

Oui Non Total

Oui 58% (113) 79% (139) 68% (252) Non 42% (82) 21% (36) 32% (118)

Total 100% (195) 100% (175) 100% (370)

Tableau 3.23 : Prise de congés et activité professionnelle du conjoint sur l'exploitation agricole63

La situation familiale a une influence sur la prise de vacances (Tableau 3.24). Un exploitant marié ou en concubinage sera plus enclin à prendre des vacances qu'un exploitant célibataire, séparé ou divorcé. Ainsi, on peut observer que, sur 426 exploitants mariés ou en concubinage, 69% prennent des vacances, tandis que, sur 79 exploitants célibataires, séparés ou divorcés, seulement 56% prennent des vacances.

Vacances

Situation famille Oui Non Total

Célibataire 55% 45% 100% En concubinage/marié(e) 69% 31% 100% Séparé(e)/divorcé(e) 55% 45% 100% Veuf(ve) 75% 25% 100% Total 67% 33% 100%

Tableau 3.24 : Prise de congés et situation familiale64

62 Le tableau 3.22 est réalisé à partir de la question 32. 63 Le tableau 3.23 croise les réponses aux questions 32 et 213. 64 Le tableau 3.24 croise les réponses aux questions 32 et 221.

Page 63: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

63

Par ailleurs, il semblerait que le fait d'avoir des enfants favorise la prise de vacances (tableau 3.25). En effet, 68% des agriculteurs ayant des enfants prennent des vacances, tandis que 59% des agriculteurs sans enfant en prennent.

Vacances

Enfant Oui Non Total

Oui 68% (286) 32% (133) 100% (419) Non 59% (50) 41% (35) 100% (85)

Total 67% (336) 33% (168) 100% (504)

Tableau 3.25 : Prise de congés et le fait d‘avoir des enfants65

Le tableau 3.26 présente le rapport aux vacances en fonction des tranches d'âge. La prise de congés apparaît liée à l'âge. Les 55-60 ans sont moins nombreux à prendre des vacances que les 30-40 ans. Les 30-40 ans sont les plus nombreux à prendre des vacances (78%), suivis des moins de 30 ans (74%). Plus les tranches d'âge sont élevées, plus la proportion d'agriculteurs prenant des vacances diminue.

Vacances

Classe d’âge Oui Non Total

Moins de 30ans 74% (20) 26% (7) 100% (27) De 30 à 40ans 78% (79) 22% (22) 100% (101) De 40 à 50ans 69% (125) 31% (57) 100% (182) De 50 à 55ans 64% (61) 36% (35) 100% (96) De 55 à 60ans 55% (41) 45% (34) 100% (75) De 60 à 65ans 53% (9) 47% (8) 100% (17) 65ans et plus 29% (2) 71% (5) 100% (7)

Total 67% (337) 33% (168) 100% (505)

Tableau 3.26 : Prise de congés par classes d’âge66 Si l'on croise le rapport aux congés avec le type de productions, on remarque que les exploitants qui prennent le moins de vacances sont ceux dont les exploitations correspondent aux catégories de production suivantes (tableau 3.27) :

• "autre association culture-élevage" avec 61%, • bovins lait avec 43%, • bovins viande avec 35%.

65 Le tableau 3.25 croise les réponses aux questions 32 et 210. 66 Le tableau 3.26 croise les réponses aux questions 32 et 261.

Page 64: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

64

Pour ce qui est des autres catégories de production, ce sont les exploitants en grandes cultures qui prennent majoritairement des vacances (78%), suivis des éleveurs de granivores (75%).

Vacances

Catégories de production Oui Non Total Bovin lait spécialisé ou dominant 57% (75) 43% (57) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 65% (35) 35% (19) 100% (54) Grandes cultures 78% (74) 22% (21) 100% (95) Cultures spéciales 72% (49) 28% (19) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 68% (56) 32% (26) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 75% (27) 25% (9) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 70% (14) 30% (6) 100% (20) Autre association culture-élevage 39% (7) 61% (11) 100% (18)

Total 67% (337) 33% (168) 100% (505)

Tableau 3.27 : Prise de congés par catégories de productions67

2.3. Une durée des congés limitée par l'astreinte

Si la majorité des agriculteurs prend des congés, ceux-ci resteront d'une durée relativement courte.

En moyenne, les agriculteurs prennent 13 jours de vacances par an. La majorité des personnes interrogées, soit 26%, prend entre 8 et 15 jours de congés (Figure 3.7). Les classes "moins de 8 jours" et "de 15 à 22 jours" regroupent environ le même nombre de personnes enquêtées avec, respectivement, 17% et 18% des individus.

Par contre, il nous faut souligner que les non-réponses correspondent à une prise de congés pratiquement inexistante (inférieure à 5 jours consécutifs) relevant plus du temps libre. Dès lors, 51% des exploitants prendraient moins de 8 jours de vacances par an.

Figure 3.7 : Nombre de jours de congés par an68

Le nombre de jours de congés dépend du type de productions. Ainsi, les vacances des exploitants agricoles ayant une activité d'élevage sont d'une durée inférieure, en moyenne, à celles des agriculteurs ayant une activité de culture (Tableau 3.28).

67 Le tableau 3.27 croise les réponses aux questions 32 et 260. 68 La figure 3.7. est réalisée à partir du traitement de la question 33.

170 86

131 92

26

0 50 100 150 200

Non réponse

Moins de 8j

De 8j à 15j

De 15j à 22j

22j et plus

nombre de citations

Page 65: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

65

Vacances

Catégories de production Nb jours

Bovin lait spécialisé ou dominant 11,0 Bovin viande spécialisé ou dominant 9,5 Grandes cultures 14,0 Cultures spéciales 17,7 Grandes cultures + cultures spéciales 14,8 Granivores (+ autres productions) 11,0 Ovins, caprins, et autres herbivores 10,7 Autre association culture-élevage 9,5

Total 13,0

Tableau 3.28 : Nombre moyen de jours de congés par catégories de production69

Le nombre moyen de jours de congés est de 13 jours lorsque le(la) conjoint(e) de l'agriculteur a une activité professionnelle, sur l'exploitation ou hors exploitation, tandis qu'il est de 11 jours si le(la) conjoint(e) n'en a pas (Tableau 3.29). La différence apparaît peu significative.

Vacances

Travail conjoint Nb jours

Oui 13,4 Non 11,3 Congé maladie/parental 10,5

Total 13,0

Tableau 3.29 : Nombre moyen de jours de congés selon l'activité professionnelle du(de la) conjoint(e) 70

69 Le tableau 3.28 croise les réponses aux questions 33 et 260. 70 Le tableau 3.29 croise les réponses aux questions 33 et 212.

Page 66: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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66

2.4. Une organisation des congés inhérente à la catégorie de production

37% des agriculteurs partent en période "creuse", c'est-à-dire quand leur charge de travail ne nécessite pas de remplacement sur l'exploitation (Figure 3.8). Pour ceux dont la charge et/ou le type de travail nécessitent une présence sur l'exploitation, différentes modalités de remplacement, lors de leur prise de congés, peuvent se mettre en place :

• 20% des agriculteurs s'organisent avec leur famille, qu'il s'agisse de leurs parents ou de leurs enfants ;

• 13% s'arrangent avec leurs associés ;

• 13% se font remplacer par le salarié de l'exploitation ;

• 8% font appel au service de remplacement.

Figure 3.8 : Organisation de la prise de congés71

Il apparaît clairement que, sur les exploitations à orientation végétale, les agriculteurs ont tendance à prendre leurs congés en période "creuse", n'ayant ainsi pas recours à un remplacement quel qu'il soit (famille, salarié, …). Ainsi, c'est le cas de 68% des agriculteurs en "grandes cultures", 53% en "cultures spéciales" et 70% en "cultures spéciales / grandes cultures" (Tableau 3.30).

71 La figure 3.8. est réalisée à partir du traitement de la question 34.

13

125

26

43

17

67

45

0 20 40 60 80 100 120 140

autre

Personne ne me remplace, je les prends quand il y a moins de travail à faire et que ça peut attendre

Je fais appel au service de remplacement

Je me fais remplacer par le salarié de l'exploitation

Je me fais remplacer par des voisins (amis)

Je m'organise avec mes parents/enfants/famille

Je planifie avec mes associés

nombre de citations

Page 67: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

67

Par contre, pour les exploitations à orientation animale, le recours à un remplacement apparaît pratiquement incontournable. En élevage bovin, le remplacement est principalement assuré par la famille, pour 44% des agriculteurs en bovins viande, ou par le salarié de l'exploitation (21%). Par contre, les éleveurs en bovins lait privilégient la planification avec leurs associés (28%), l'organisation avec la cellule familiale (17%) ou le voisinage (13%). Il faut souligner que c'est cette catégorie de production qui fait le plus souvent appel au service de remplacement, avec 23% des agriculteurs interrogés.

Les exploitants élevant des granivores s'organisent avec leur famille (31%), leurs associés (15%) ou le salarié de l'exploitation (15%) pour organiser leurs congés. Par contre, les agriculteurs spécialisés dans l'élevage en ovins et caprins utilisent tous les modes de remplacement : associés (29%), famille (14%), voisinage (14%), salarié de l'exploitation (14%) et le service de remplacement (21%).

Catégories de

production Organisation congés

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciale

s

Grandes cultures

+ cultures spéciale

s

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et autres herbivore

s

Autre association culture-élevage

TOTAL

Je planifie avec mes associés 28% (21) 9% (3) 7% (5) 8% (4) 4% (2) 15% (4) 29% (4) 29% (2) 13% (45)

Je m'organise avec mes

parents/enfants / famille

17% (13) 44% (15) 9% (7) 27% (13) 11% (6) 31% (8) 14% (2) 43% (3) 20% (67)

Je me fais remplacer par

des voisins (amis)

13% (10) 6% (2) 1% (1) 0% 2% (1) 4% (1) 14% (2) 0% 5% (17)

Je me fais remplacer par le

salarié de l'exploitation

9% (7) 21% (7) 12% (9) 10% (5) 14% (8) 15% (4) 14% (2) 14% (1) 13% (43)

Je fais appel au service de

remplacement 23% (17) 6% (2) 0% 0% 0% 12% (3) 21% (3) 14% (1) 8% (26)

Personne ne me remplace, je les prends quand il

y a moins de travail à faire et

que ça peut attendre

3% (2) 9% (3) 68% (51) 53% (26) 70% (39) 15% (4) 0% 0% 37% (125)

Autre 7% (5) 6% (2) 3% (2) 2% (1) 0% 8% (2) 7% (2) 0% 4% (13)

TOTAL 100% (75) 100% (34) 100% (75)

100% (49)

100% (56)

100% (26)

100% (14)

100% (7)

100% (336)

Tableau 3.30 : Mode d'organisation des congés par catégories de production72

72 Le tableau 3.30 croise les réponses aux questions 34 et 260.

Page 68: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

68

3. La comparaison des conditions de vie et de travail avec la génération des parents

3.1. De meilleures conditions de travail

Près des ¾ des agriculteurs considèrent que leurs conditions de travail se sont améliorées par rapport à la génération de leurs parents (Figure 3.9 et Tableau 3.31). Cette amélioration concerne surtout le travail physique (plus forte mécanisation notamment). Par ailleurs, certains notent un accroissement du stress, lié aux cadences de travail, aux tâches administratives, à une valorisation économique moindre, etc.

Figure 3.9 : Comparaison des conditions de travail par rapport à la génération

précédente73

Conditions travail Effectif Fréquence Se sont améliorées 358 74% Sont restées les mêmes 40 8% Se sont détériorées 52 11% Parents non agriculteurs, ne se prononce pas 33 7%

Total 483 100%

Tableau 3.31 : Comparaison des conditions de travail par rapport à la génération précédente74

Quelle que soit la catégorie de production, les agriculteurs estiment que leurs conditions de travail se sont améliorées par rapport à la génération précédente (Tableau 3.32). Il faut souligner que cette tendance est écrasante dans les exploitations élevant des granivores ou des bovins lait avec, respectivement, 86% et 80% des exploitants agricoles abondant dans ce sens.

73 La figure 3.9. est réalisée à partir du traitement de la question 26. 74 Le tableau 3.31. est réalisé à partir du traitement de la question 26.

358

40

52

33

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Se sont améliorées

Sont restées les mêmes

Se sont détériorées

Parents non agriculteurs, ne se prononce pas

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

69

Par contre, pour les exploitations dédiées aux cultures spéciales ou associant grandes cultures et cultures spéciales, une part non négligeable des agriculteurs estiment que les conditions de travail se sont détériorées avec, respectivement, 22% et 20% des enquêtés.

Enfin, pour l'élevage d'ovins, caprins et autres herbivores et les exploitations en grandes cultures, si 65% des agriculteurs estiment que les conditions de travail se sont améliorées, il faut tout de même noter que, pour 15%, elles sont restées les mêmes.

Conditions de travail

Catégories de production

Non réponse

Se sont améliorées

Sont restées les

mêmes Se sont

détériorées

Parents non agriculteurs,

ne se prononce

pas

Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 2% (2) 80% (106) 8% (10) 4% (5) 7% (9) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 7% (4) 78% (42) 6% (3) 9% (5) 0% (0) 100% (54) Grandes cultures 3% (3) 65% (62) 15% (14) 8% (8) 8% (8) 100% (95) Cultures spéciales 7% (5) 57% (39) 3% (2) 22% (15) 10% (7) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 5% (4) 63% (52) 7% (6) 20% (16) 5% (4) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 3% (1) 86% (31) 3% (1) 3% (1) 6% (2) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 10% (2) 65% (13) 15% (3) 0% (0) 10% (2) 100% (20) Autre association culture-élevage 6% (1) 72% (13) 6% (1) 11% (2) 6% (1) 100% (18)

Total 4% (22) 71% (358) 8% (40) 10% (52) 7% (33) 100% (505)

Tableau 3.32 : Perception des conditions de travail par catégories de production75

3.2. De meilleures conditions de vie

Plus de la moitié des agriculteurs (58%) enquêtés trouvent leurs conditions de vie meilleures que celles de leurs parents (Figure 3.10 et Tableau 3.33). Contrairement aux conditions de travail, les conditions de vie ne sont donc pas toujours forcément ressenties comme meilleures.

Figure 3.10 : Comparaison des conditions de vie par rapport à la génération précédente76

75 Le tableau 3.32 croise les réponses aux questions 26 et 260. 76 La figure 3.10. est réalisée à partir du traitement de la question 38.

279

93

74

32

0 50 100 150 200 250 300

Meilleures

Equivalentes/similaires

Moins bonnes

Parents non agriculteurs, ne se prononce pas

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

70

Conditions vie/Parents Effectif Fréquence Meilleures 279 58% Equivalentes/similaires 93 19% Moins bonnes 74 15% Parents non agriculteurs, ne se prononce pas 32 7%

Total 478 100%

Tableau 3.33 : Comparaison des conditions de vie par rapport à la génération précédente77

4. La distinction entre vie professionnelle et vie privée

4.1. Volonté de distinction entre vie professionnelle et vie privée

La volonté des agriculteurs de distinguer leur vie professionnelle de leur vie privée est forte, puisque 72% des agriculteurs cherchent à le faire (Tableau 3.34). Cependant, 28% ne cherchent pas à opérer cette distinction. Pour la majorité de ces individus, le métier d'agriculteur n'est pas seulement une activité professionnelle, c'est un mode de vie. Dés lors, cette scission entre le privé et le professionnel leur paraît impossible.

Distinction vie

prof-privée Effectif Fréquence

Oui 360 72% Non 143 28%

Total 503 100%

Tableau 3.34 : Distinction vie professionnelle / vie privée78

Il semblerait que plus les agriculteurs sont jeunes, plus ils cherchent à opérer cette distinction. En effet, avant 40 ans, 78% des exploitants agricoles tentent de distinguer vie professionnelle et vie privée (Tableau 3.35). Par contre, à partir de 50 ans, cette proportion, bien que toujours majoritaire diminue.

Distinction vie prof-privée Classe d’âge

Oui Non Total

Moins de 30ans 78% (21) 22% (6) 100% (27) De 30 à 40ans 79% (79) 21% (21) 100% (100) De 40 à 50ans 75% (137) 25% (45) 100% (182) De 50 à 55ans 63% (60) 37% (35) 100% (95) De 55 à 60ans 67% (50) 33% (25) 100% (75) De 60 à 65ans 65% (11) 35% (6) 100% (17) 65ans et plus 29% (2) 71% (5) 100% (7)

Total 72% (360) 28% (143) 100% (503)

Tableau 3.35 : Distinction vie professionnelle / vie privée par classes d'âge79

77 Le tableau 3.33. est réalisé à partir du traitement de la question 38. 78 Le tableau 3.34 est réalisé à partir du traitement de la question 28. 79 Le tableau 3.35 croise les réponses aux questions 28 et 261.

Page 71: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

71

La volonté de distinguer vie professionnelle et vie privée semble s'afficher plus nettement depuis quelques années avec la rupture du modèle familial agricole. En effet, aujourd'hui, la tendance croissante à la pluriactivité des couples laisse supposer l'émergence de nouvelles aspirations. Ainsi, il semblerait que l'activité des 2 membres du couple tende à renforcer la volonté des agriculteurs de distinguer vie professionnelle et vie privée. Ainsi, si les agriculteurs cherchent toujours dans leur majorité à réaliser cette distinction, la proportion des couples, dont les 2 membres ont une activité professionnelle, est de 75%, alors que celle des autres couples est de 63% (Tableau 3.36).

Distinction vie prof-privée

Travail conjoint

Oui Non Congé

maladie/ parental

Total

Oui 75% 63% 83% 72% Non 25% 37% 17% 28%

Total 100% 100% 100% 100%

Tableau 3.36 : Distinction vie professionnelle / vie privée et activité professionnelle du(de la) conjoint(e)80

La volonté de distinguer la vie professionnelle et la vie privée n'apparaît pas liée à la situation de famille de l'exploitant agricole (Tableau 3.37). En effet, quelle que soit la situation familiale, cette volonté reste importante puisque, que les agriculteurs soient séparés (ou divorcés), en couple (ou en concubinage) ou veufs, la majorité d'entre eux affiche ce souhait avec, respectivement, 73%, 74% et 75%. Quant aux célibataires, la proportion est moindre, mais elle reste tout de même conséquente avec 56%.

Situation de famille

Distinction vie prof-privée

Célibataire En

concubinage / Marié(e)

Séparé(e) / Divorcé(e) Veuf(ve) Total

Oui 57% (36) 74% (313) 73% (8) 75% (3) 72% (360) Non 43% (27) 26% (112) 27% (3) 25% (1) 28% (143)

Total 100% (63) 100% (425) 100% (11) 100% (4) 100% (503)

Tableau 3.37 : Distinction vie professionnelle / vie privée et situation de famille81

4.2. Distinction effective

Malgré la volonté affichée de distinguer vie professionnelle et vie privée par la majorité des agriculteurs, beaucoup avouent ne pas vraiment arriver à effectuer cette séparation, car le métier ne le leur permet pas. Certains agriculteurs condamnent l'astreinte tant physique que mentale qui pèse sur eux. Ils ne peuvent jamais vraiment partir ou s'arrêter de penser à leur exploitation, notamment dans le cadre de productions axées sur l'élevage.

Ainsi, 67% des personnes cherchant à distinguer vie professionnelle et privée y arrivent à peu près ou n'y arrivent pas vraiment et 4% pas du tout (Figure 3.11 et Tableau 3.38).

80 Le tableau 3.36 croise les réponses aux questions 28 et 212. 81 Le tableau 3.37 croise les réponses aux questions 28 et 210.

Page 72: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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72

Figure 3.11 : Distinction vie professionnelle / vie privée effective82

Distinction vie prof./privée Effectif Fréquence

Pas du tout 15 4% Pas vraiment 86 24% A peu près 156 43% Tout à fait 103 29%

Total 360 100%

Tableau 3.38 : Distinction vie professionnelle / vie privée83 Par contre, aucun lien n'apparaît entre l’âge et le fait que l'agriculteur parvienne à distinguer sa vie professionnelle et sa vie privée (Tableau 3.39). Il en va de même pour la situation de famille (Tableau 3.40) et le fait que le(la) conjoint(e) travaille sur l’exploitation ou non (Tableau 3.41).

Distinction vie prof./privée Age

moyen Pas du tout 44,9 ans Pas vraiment 45,7 ans A peu près 44,4 ans Tout à fait 44,8 ans

Total 45,7 ans

Tableau 3.39 : Distinction vie professionnelle / vie privée et moyenne d’âge84

82 La figure 3.11. est réalisée à partir du traitement de la question 29. 83 Le tableau 3.38 est réalisé à partir du traitement de la question 29. 84 Le tableau 3.39 croise les réponses aux questions 29 et 209.

15

86

156

103

0 50 100 150 200

Pas du tout

Pas vraiment

A peu près

Tout à fait

nombre de citations

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73

Situation de famille

Distinction vie prof. /privée

Célibataire En

concubinage / Marié(e)

Séparé(e) / Divorcé(e) Veuf(ve) Total

Pas du tout 6% (2) 4% (13) 0% (0) 0% (0) 4% (15) Pas vraiment 17% (6) 24% (76) 38% (3) 33% (1) 24% (86) A peu près 33% (12) 45% (140) 25% (2) 67% (2) 43% (156) Tout à fait 44% (16) 27% (84) 38% (3) 0% (0) 29% (103)

Total 100% (36) 100% (313) 100% (8) 100% (3) 100% (360)

Tableau 3.40 : Distinction vie professionnelle / vie privée et situation de famille85

Travail conjoint exploitation Distinction vie prof./privée

Oui Non Total

Pas du tout 6% (8) 2% (3) 4% (11) Pas vraiment 26% (35) 23% (33) 25% (68) A peu près 41% (54) 47% (67) 44% (121) Tout à fait 27% (36) 28% (41) 28% (77)

Total 100% (133) 100% (144) 100% (277)

Tableau 3.41 : Distinction vie professionnelle / vie privée et travail du(de la) conjoint(e) sur l’exploitation86

85 Le tableau 4.40 croise les réponses aux questions 29 et 210. 86 Le tableau 4.41 croise les réponses aux questions 29 et 213.

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74

Synthèse

La charge de travail apparaît importante pour la grande majorité des agriculteurs interrogés. Ainsi, ils l'estiment, en moyenne, à 8h30 par jour en période normale et à 13h10 en période de pointe. Cependant, elle ne semble pas constituer une difficulté majeure de l'exercice du métier d'agriculteur puisque 88% des exploitants interrogés arrivent à la maîtriser.

Si les agriculteurs se sentent en décalage par rapport aux autres professions, c’est plutôt sur l’astreinte inhérente à leur activité. En effet, leur semaine de travail est de 6 voire 7 jours ; en élevage, la présence d’une personne sur l'exploitation est quasi-permanente. Enfin, ils déplorent l’inadéquation entre leur charge de travail et le revenu que l’exploitation dégage.

La majorité des agriculteurs considère que les conditions de travail se sont améliorées par rapport à la génération de leurs parents. Mais c’est beaucoup moins le cas pour les conditions de vie. Le stress inhérent aux contraintes pesant aujourd'hui sur les exploitants agricoles fait que ceux-ci n'ont pas toujours la sensation de vivre mieux que leurs parents.

La plupart des agriculteurs interrogés (90%) arrive à dégager du temps libre. Cette souplesse dans l'organisation de leur travail constitue un véritable avantage du métier d'agriculteur. Par contre, l'astreinte freine la prise de congés mais aussi leur durée et surtout permet difficilement les coupures auxquelles ils aspirent.

Ainsi, 66% des exploitants agricoles prennent des vacances, d'une durée moyenne de 13 jours. Cette durée moyenne est inférieure pour les éleveurs, puisqu’une présence quotidienne est nécessaire sur l’exploitation. Elle est supérieure pour les agriculteurs dont les exploitations orientées "cultures" permettent une prise de congés en période creuse.

Plusieurs facteurs favorisent la prise de congés : • le fait que l'agriculteur soit marié ou en concubinage ; • la pluriactivité du couple ; • le fait d’avoir des enfants ; • l'âge de l'agriculteur ; • la catégorie de production.

Le mode de remplacement privilégié est familial, tandis que le service de remplacement (formule la plus onéreuse) est le moins utilisé.

Les agriculteurs n'arrivent pas à distinguer entre leur vie professionnelle et leur vie privée (71%), même si la volonté de le faire est affirmée (71% des individus). Cette volonté est d'autant plus marquée que l'agriculteur est jeune et que son conjoint exerce également une activité professionnelle.

La perception que les agriculteurs ont de leur travail n'est donc pas totalement négative, en ce sens qu'ils acceptent leur charge de travail et arrivent à la maîtriser. Par contre, dès qu'ils se comparent à d'autres professions, ils ne peuvent accepter le décalage existant, selon eux, en termes de charge de travail, de durée des congés, de revenu. Dès lors, l'insatisfaction que les agriculteurs manifestent à l'égard de leur travail ne provient pas de la charge de travail elle-même, mais du décalage de leurs conditions de travail, d’un côté avec leurs aspirations et, de l’autre, avec le reste de la société.

Page 75: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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Chapitre 4

Le métier d’agriculteur

Page 76: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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77

Chapitre 4

Le métier d’agriculteur

La finalité du métier telle qu’elle a été définie pendant la période de modernisation de l’agriculture (fonction nourricière) a permis des progrès considérables de ce secteur d’activité mais « face à cette réussite sans précédent mais désormais devenue inopérante pour l’avenir, les agriculteurs se trouvent en panne de projet . Diminution du nombre d’agriculteurs, départs anticipés, discours récurrents des professionnels et des agriculteurs sur le « blues des campagnes », l’agriculture française traverse une crise sans précédent. » (Hervieu, 2004). Cette crise perdure, cependant dans le même temps, diverses recherches ont montré les recompositions en cours du métier d’agriculteur, notamment avec la prise en compte des problèmes environnementaux, la mise en place de dispositif pour garantir la traçabilité des produits et le développement des activités de service. Ces transformations ont été observées dans des contextes de production divers. Des recherches effectuées auprès d’éleveurs bovins allaitants du charolais (Dégrange (2001), Lémery (2003)) débouchent sur le constat d’une segmentation du monde de l’élevage en 3 groupes : des éleveurs se réclamant d’un métier menacé dans un univers devenu insensé, des entrepreneurs animés par le souci d’accéder à un statut de vrais professionnels et des éleveurs à la recherche d’une revalorisation de leurs activités fondée sur une conception « civique » de leur métier. D’autres recherches menées en territoire périurbain mettent également en évidence l’existence de trois profils assez proches (Dufour et al., 2003), liées aux productions, à leur mode de commercialisation et à l’appartenance à des réseaux professionnels ou non (Bernard et al., 2005).

La montée en puissance des notions d’agriculture multifonctionnelle, de développement durable, de qualité des produits et de protection de l’environnement interroge les agriculteurs sur les finalités de leur métier et ses modalités d’exercice ainsi que sur les relations qu’ils entretiennent avec les autres acteurs sociaux. Cette enquête, menée à l’échelon national, se propose d’analyser comment les agriculteurs perçoivent leur rôle dans la société et comment ils se situent par rapport aux autres acteurs sociaux. Au préalable on se demandera quels sont les motifs pour lesquels les agriculteurs exercent ce métier et comment se hiérarchisent les avantages et les inconvénients qu’ils lui attribuent.

En synthèse de ce chapitre, nous nous interrogeons sur les recompositions en cours du métier d’agriculteur et sur la notion d’identité professionnelle.

Page 78: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

78

1. Le choix du métier

Dès le début de l’entretien, les agriculteurs ont été sollicités pour exprimer les raisons

pour lesquelles ils ont choisi leur métier. Pour chaque entretien, 2 réponses ont été codées. Les réponses ont été classées selon 10 items (Figure 4.1).

Figure 4.1. Question 4 : « Pourquoi avez-vous choisi le métier d’agriculteur (trice) » ?

La passion (31% -1ère citation) et la continuité de l’exploitation des parents (29%) constituent les deux motifs placés spontanément au premier rang et largement partagés (respectivement 48% et 51% 1ère et 2ème citations). Ces réponses montrent la prégnance de l’attachement affectif au métier et de l’héritage perçu plutôt positivement, mais pas toujours : 13% des agriculteurs estiment ne pas avoir eu le choix. Les autres spécificités du métier : l’indépendance (21%), la vie près de la nature (18%), la possibilité de travailler avec son conjoint (9%), ou encore la polyvalence du métier (5%) ne figurent pas parmi les éléments décisifs du choix.

Cette hiérarchie des réponses est inchangée quelles que soient les productions des exploitations. En revanche, elle est à nuancer selon les différents facteurs que sont l’âge (Tableau 4.1), le sexe (Tableau 4.2) et le niveau de formation (Tableau 4.3) pour lesquels on observe des différences significatives.

37 12

64

241

25 46

256

24 104

93

0 50 100 150 200 250 300

Autre

Je n'aimais pas l'école, je ne me voyais pas faire autre chose

Je n'ai pas vraiment eu le choix

Par passion

Pour gagner ma vie

Pour travailler avec mon conjoint, vivre avec ma famille

Pour continuer l'exploitation des parents(beaux-parents)

Parce que c'est un métier polyvalent

Pour être indépendant / mon propre patron

Pour vivre près de la nature, la terre ,être au contact des animaux/végétaux

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

79

Age Choix métier

Moins de 30ans

De 30 à 40ans

De 40 à 55ans

55 ans et plus Total

Pour vivre près de la nature, la terre, être au contact des animaux/végétaux 15% 9% 10% 11% 10% Pour être indépendant / mon propre patron 23% 17% 10% 7% 12% parce que c'est un métier polyvalent 2% 4% 3% 1% 3% Pour continuer l'exploitation des parents (beaux-parents) 19% 26% 28% 35% 28% Pour travailler avec mon conjoint, vivre avec ma famille 0% 4% 6% 5% 5% Pour gagner ma vie 4% 3% 3% 1% 3% Par passion 31% 29% 25% 28% 27% Je n'ai pas vraiment eu le choix 6% 3% 8% 8% 7% Autre 0% 4% 5% 3% 4% Je n'aimais pas l'école, je ne me voyais pas faire autre chose 0% 1% 2% 1% 1%

Total 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 4.1. : Le choix du métier d’agriculteur (trice) en fonction de l’âge

Les plus jeunes sont davantage attirés par l’indépendance et le fait d’être leur propre patron : ces arguments sont plus souvent cités par les agriculteurs ayant moins de 40 ans (17% / 12%) et plus encore par les moins de 30 ans (23% / 12%). Ils se différencient ainsi des plus âgés (55ans et +) pour qui la reprise de l’exploitation familiale (35%/28%) a été une raison forte de leur choix.

Sexe Choix métier Masculin Féminin Total

Pour vivre près de la nature, la terre, être au contact des animaux/végétaux 11% 9% 10% Pour être indépendant / mon propre patron 12% 9% 12% Parce que c'est un métier polyvalent 3% 1% 3% Pour continuer l'exploitation des parents (beaux-parents) 29% 25% 28% Pour travailler avec mon conjoint, vivre avec ma famille 2% 22% 5% Pour gagner ma vie 3% 4% 3% Par passion 29% 15% 27% Je n'ai pas vraiment eu le choix 6% 12% 7% Autre 4% 2% 4% Je n'aimais pas l'école, je ne me voyais pas faire autre chose 1% 1% 1%

Total 100% 100% 100%

Tableau 4.2. : Le choix du métier d’agriculteur (trice) en fonction du sexe Pour les femmes agricultrices, le travail avec leur conjoint et la possibilité de vivre avec leur famille (22% / 5%) constitue le deuxième facteur de choix après la reprise de l’exploitation familiale (Tableau 4.2).

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

80

Formation

Choix métier

CAP/ CAPA

BEP/ BEPA

Bac pro

Bac D' BTA BTS Ingé-

nieur Pas de

formation Autre

formation Total

Pour vivre près de la nature, la terre, être au contact des animaux/végétaux 12% 11% 18% 8% 7% 12% 13% 6% 7% 10% Pour être indépendant / mon propre patron 13% 7% 18% 15% 10% 19% 20% 9% 11% 12% Parce que c'est un métier polyvalent 0% 2% 8% 8% 2% 4% 0% 2% 3% 3% Pour continuer l'exploitation des parents (beaux-parents) 35% 31% 15% 38% 33% 19% 19% 35% 30% 28% Pour travailler avec mon conjoint, vivre avec ma famille 8% 5% 8% 0% 2% 5% 3% 8% 7% 5% Pour gagner ma vie 2% 2% 3% 8% 5% 3% 0% 5% 1% 3% Par passion 19% 30% 23% 15% 32% 28% 28% 14% 18% 27% Je n'ai pas vraiment eu le choix 8% 6% 5% 0% 7% 6% 5% 11% 16% 7% Autre 4% 3% 3% 8% 2% 4% 13% 6% 7% 4% Je n'aimais pas l'école, je ne me voyais pas faire autre chose 0% 2% 0% 0% 1% 0% 0% 5% 1% 1%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 4.3. : Le choix du métier d’agriculteur (trice) en fonction du niveau d’études

Les motifs pour lesquels les agriculteurs ont choisi ce métier varient également en fonction de la formation : les agriculteurs sans bagage scolaire déclarent plus souvent que les autres qu’ils ne se voyaient pas faire autre chose (5% / 1%) et citent moins souvent la passion. Les personnes titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou d’un BTS sont en proportion plus nombreuses à choisir leur métier pour l’indépendance qu’il procure (20 et 19% / 12%) tandis que les titulaires d’un BEP sont proportionnellement les moins nombreux à retenir ce motif. La reprise de l’exploitation familiale est moins fréquemment citée par les ingénieurs et techniciens. Les agriculteurs ayant un bac professionnel sont plutôt attirés par la polyvalence du métier (8% / 3%) tandis que la reprise de l’exploitation familiale est beaucoup moins citée (15% / 28%) (Tableau 4.3).

Ces résultats montrent que le poids de l’héritage familial dans sa dimension affective est sans doute moindre aujourd’hui que dans le passé. Le niveau de formation n’est pas sans incidence sur la manière d’entrer dans le métier d’agriculteur.

2. Les avantages et les inconvénients du métier

2.1 Les avantages : des points de vue qui diffèrent malgré une opinion largement partagée, la liberté d’organiser son travail comme on l’entend

Les agriculteurs ont été invités à citer spontanément les avantages et les inconvénients de leur métier. Les avantages ont été classés selon 14 items (Figure 4.2) et les inconvénients selon 12 items (Figure 4.3). Le nombre de citations est légèrement plus important pour les inconvénients (890/862).

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

81

Figure 4.2. : Question 40 : « Quels sont aujourd’hui les principaux avantages de votre

métier » ? Les avantages sont regroupés autour de 3 items principaux : la liberté d’organiser son travail comme on l’entend arrive largement en tête et constitue aux yeux des agriculteurs le véritable avantage de leur métier (1ère et 2ème citations : 77%). La vie au contact de la nature apparaît pour un peu plus du tiers des agriculteurs (1ère citation 14%, 2ème citation 22%). Enfin, pour un peu plus d’un agriculteur sur cinq, l’avantage du métier réside dans le fait d’être chef d’entreprise au sens de gérer et avoir des responsabilités (1ère citation 9%, 2ème citation 13%). Notons que certains agriculteurs ne trouvent aucun avantage particulier à leur métier (4%).

L’ancienneté dans le métier ou le niveau de formation initiale des agriculteurs n’ont pas d’effet sur la hiérarchie des réponses. Le fait de travailler auprès de sa famille est le seul avantage qui émane plus souvent des réponses des femmes que de celles des hommes.

Les différences d’opinions sur les avantages du métier varient en fonction de l’orientation des productions des exploitations, en lien avec des conditions particulières de fonctions et de tâches qui ont une incidence sur le vécu du métier. Le fait de vivre auprès de sa famille est plus souvent perçu comme un avantage par les agriculteurs ayant des productions ovines et caprines (12% contre 4% pour l’ensemble). Les agriculteurs dont les exploitations sont orientées vers la production de granivores se différencient par le fait qu’ils estiment avoir un revenu satisfaisant (6% / 1%). Le travail avec le vivant et la relation avec les animaux est surtout cité par les éleveurs laitiers (3% / 1%) (Tableau 4.4).

29 21

8 9 6

19 4 11

3 32 37

113 388

182

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

Autres Aucun

Un revenu satisfaisant Le travail avec le vivant/les animaux

Produire de la nourriture et entretenir le paysage La possibilité d'innover/de créer dans mon métier

Les échanges avec d'autres agriculteurs Vendre mes produits, être en contact avec les clients

Produire dans un environnement protégé La polyvalence des tâches Vivre auprès de ma famille

Etre chef d'entreprise (gérer et avoir des responsabilités) Organiser mon travail comme je l'entends (je n'ai pas de patron)

La vie au contact de la nature/à la campagne

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

82

Catégories de productions Avantages

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

La vie au contact de la nature/à la campagne 18% (41) 24% (21) 24% (43) 21% (23) 26% (35) 14% (9) 18% (6) 15% (4) 21% (182) Organiser mon travail comme je l'entends (je n'ai pas de patron) 45% (102) 45% (40) 45% (80) 46% (51) 45% (60) 45% (29) 39% (13) 48% (13) 45% (388) Etre chef d'entreprise (gérer et avoir des responsabilités) 16% (36) 11% (10) 14% (25) 11% (12) 13% (17) 13% (8) 6% (2) 11% (3) 13% (113) Vivre auprès de ma famille 5% (12) 3% (3) 3% (6) 5% (6) 1% (1) 6% (4) 12% (4) 4% (1) 4% (37) La polyvalence des tâches 4% (9) 2% (2) 6% (11) 4% (4) 2% (3) 3% (2) 3% (1) 0% (0) 4% (32) Produire dans un environnement protégé 0% (0) 0% (0) 1% (1) 0% (0) 1% (1) 0% (0) 3% (1) 0% (0) 0% (3) Vendre mes produits, être en contact avec les clients 0% (1) 2% (2) 1% (1) 3% (3) 0% (0) 3% (2) 3% (1) 4% (1) 1% (11) Les échanges avec d'autres agriculteurs 0% (1) 1% (1) 1% (1) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (4) La possibilité d'innover/de créer dans mon métier 3% (6) 2% (2) 2% (3) 2% (2) 3% (4) 2% (1) 3% (1) 0% (0) 2% (19) Produire de la nourriture et entretenir le paysage 0% (0) 2% (2) 0% (0) 0% (0) 1% (1) 5% (3) 0% (0) 0% (0) 1% (6) Le travail avec le vivant/les animaux 3% (6) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 3% (1) 4% (1) 1% (9) Un revenu satisfaisant 1% (3) 0% (0) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 6% (4) 0% (0) 0% (0) 1% (8) Aucun 2% (4) 2% (2) 0% (0) 4% (4) 4% (5) 2% (1) 6% (2) 11% (3) 2% (21) Autres 3% (6) 3% (3) 3% (6) 5% (5) 5% (6) 2% (1) 3% (1) 4% (1) 3% (29)

Total 100% (227) 100% (89) 100% (178) 100% (111) 100% (133) 100% (64) 100% (33) 100% (27) 100% (862)

Tableau 4.4. : Avantages du métier selon les catégories de productions

Page 83: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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83

Les avantages du métier peuvent être rapportés à deux dimensions opposées qui expriment la diversité de l’expérience sociale du métier : pour une large fraction des agriculteurs, la liberté d’organiser son travail comme on l’entend et le fait de ne pas avoir de patron sont primordiales tandis que pour d’autres le fait d’être chef d’entreprise, le fait de gérer et de prendre des responsabilités, constituent l’intérêt principal du métier.

2.2 Des inconvénients qui se rejoignent autour de la question du travail et des revenus

Les inconvénients que les agriculteurs attribuent à leur métier s’inscrivent dans des registres qui se regroupent autour de la question du travail et de sa rémunération (Figure 4.3).

Figure 4.3. : Question 42. « Quels sont les principaux inconvénients du métier » ?

Les désavantages en terme de revenu et de travail sont les plus souvent évoqués : le revenu trop bas par rapport au travail fourni (1ère et 2ème citations : 35%), l’importance des tâches administratives (1ère et 2ème citations : 27%), l’astreinte (1ère et 2ème citations : 22%) et enfin un temps de travail trop élevé (1ère et 2ème citations : 20%). Le travail, que ce soit sur la question du temps, de l’astreinte ou de son contenu, est devenu aujourd’hui la première préoccupation des agriculteurs (1ère et 2ème citations : 62%). Les contraintes climatiques qui constituaient naguère l’une des premières sources d’incertitude du métier se trouvent désormais très en retrait (15%).

46

75

110

45

71

20

15

37

50

138

176

102

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

Manque de vision d'avenir/difficultés pour faire des projets

Autre

L'astreinte

Pas de maîtrise de la commercialisation/mévente

Les contraintes climatiques

Les contraintes environnementales

L'isolement dans le travail / le célibat

Importance de l'investissement/risques financiers

Limitation de la liberté d'entreprendre (politiques, réglementations...)

L'importance prise par les tâches administratives

Un revenu trop bas par rapport au travail fourni ("on ne vit plus de notre travail »)

Un temps de travail trop élevé

nombre de citations

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Ce classement reflète les changements en cours du métier d’agriculteur et de sa place dans la société. Le métier est évalué en fonction de normes et de valeurs liées au travail, valeurs qui concernent la société dans son ensemble et qui font l’objet de controverses.

Les inconvénients du métier d’agriculteur ne sont pas dépendants des caractéristiques individuelles des personnes enquêtées : formation initiale, sexe, à l’exception de l’âge. Les plus jeunes (moins de 30 ans) et les plus âgés sont proportionnellement plus sensibles à la limitation de la liberté d’entreprendre liée à la PAC et aux règlementations. Cet item est placé parmi les 3 ou 4 premiers inconvénients. Soulignons que les plus jeunes sont également préoccupés par la question du célibat. Les agriculteurs âgés de 30 à 40 ans sont plus nombreux à déplorer le travail d’astreinte et également les problèmes de commercialisation et de mévente des produits (Tableau 4.5).

Age Inconvénients

Moins de 30ans

De 30 à 40ans

De 40 à 55ans

55 ans et plus Total

Non réponse 0% 1% 0% 1% 0% Manque de vision d'avenir/difficultés pour faire des projets 16% 14% 10% 11% 12% Autre 21% 16% 21% 21% 20% L'astreinte 11% 14% 16% 17% 16% Pas de maîtrise de la commercialisation/mévente 11% 3% 4% 10% 6% Les contraintes climatiques 2% 2% 5% 4% 4% Les contraintes environnementales 7% 2% 1% 1% 2% L'isolement dans le travail / le célibat 2% 3% 2% 2% 2% Importance de l'investissement/risques financiers 5% 8% 7% 11% 8% Limitation de la liberté d'entreprendre (politiques, réglementations...) 5% 8% 5% 4% 5% L'importance prise par les tâches administratives 11% 17% 12% 10% 12% Un revenu trop bas par rapport au travail fourni ("on ne vit plus de notre travail") 7% 9% 11% 3% 8% Un temps de travail trop élevé 2% 3% 6% 5% 5%

Total 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 4.5. : Les inconvénients du métier en fonction de l’âge Ces inconvénients sont également perçus différemment par les agriculteurs selon l’orientation des productions. Le travail d’astreinte est un inconvénient majeur (22% contre 12% pour le total) pour les éleveurs laitiers, le manque de vision d’avenir et la difficulté de faire des projets sont surtout ressentis par les agriculteurs ayant des grandes cultures (13%/5%). Les agriculteurs, dont les exploitations sont orientées vers les grandes cultures et les cultures spéciales, sont davantage préoccupés par le fait qu’ils n’ont pas la maîtrise de la commercialisation de leurs produits et également par les tâches administratives (Tableau 4.6).

Page 85: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

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Catégories de productions

Inconvénients

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Un temps de travail trop élevé 14% (33) 9% (8) 6% (11) 17% (20) 12% (17) 14% (9) 9% (3) 3% (1) 12% (102)

Un revenu trop bas par rapport au travail fourni ("on ne vit plus de notre

travail") 15% (35) 21% (19) 21% (36) 26% (30) 24% (34) 20% (13) 9% (3) 20% (6) 20% (176) L'importance prise par les tâches

administratives 21% (50) 20% (18) 21% (36) 4% (5) 8% (11) 12% (8) 12% (4) 20% (6) 16% (138) Limitation de la liberté d'entreprendre

(politiques, réglementations...) 5% (12) 11% (10) 4% (7) 4% (5) 6% (8) 6% (4) 6% (2) 7% (2) 6% (50) Importance de

l'investissement/risques financiers 5% (12) 3% (3) 2% (4) 4% (5) 4% (6) 9% (6) 0% (0) 3% (1) 4% (37) L'isolement dans le travail / le célibat 2% (5) 0% (0) 4% (7) 0% (0) 0% (0) 2% (1) 6% (2) 0% (0) 2% (15) Les contraintes environnementales 2% (5) 1% (1) 2% (4) 3% (4) 1% (2) 2% (1) 0% (0) 10% (3) 2% (20)

Les contraintes climatiques 4% (10) 6% (5) 8% (14) 13% (15) 11% (16) 5% (3) 18% (6) 7% (2) 8% (71) Pas de maîtrise de la

commercialisation/mévente 3% (6) 2% (2) 2% (3) 10% (11) 10% (14) 6% (4) 12% (4) 3% (1) 5% (45)

L'astreinte 21% (51) 17% (15) 6% (10) 4% (5) 8% (11) 11% (7) 18% (6) 17% (5) 12% (110) Autre 7% (17) 7% (6) 11% (20) 7% (8) 9% (12) 11% (7) 9% (3) 7% (2) 8% (75)

Manque de vision d'avenir/difficultés pour faire des projets 1% (2) 2% (2) 13% (22) 6% (7) 6% (9) 3% (2) 3% (1) 3% (1) 5% (46)

Total 100% (238) 100% (89) 100% (174) 100% (115) 100% (140) 100% (65) 100% (34) 100% (30) 100% (885)

Tableau 4.6. : Les inconvénients du métier en fonction des catégories de productions

Page 86: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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86

On n’observe pas de variations statistiques selon l’appartenance syndicale ou bien le fait d’exercer des responsabilités syndicales. On note également que le statut juridique de l’exploitation n’influe pas sur les opinions exprimées.

Il est difficile de dire si les avantages du métier compensent ses inconvénients. Le croisement des réponses : avantages – inconvénients, montre que les points de vue des agriculteurs se rejoignent sur les inconvénients du métier, quels que soient les avantages qu’il lui attribue. Les variations des points de vue sur les avantages et les inconvénients du métier d’agriculteur peuvent être rapportés à deux ensembles distincts :

- l’orientation des productions des exploitations à laquelle se trouvent associées des manières différentes de vivre le métier ;

- les caractéristiques propres aux enquêtés : le sexe et l’âge Les femmes qui choisissent plus souvent ce métier pour travailler aux côtés de leur conjoint, apprécient ensuite l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale.

3. Les rôles des agriculteurs et les attentes de la société Les agriculteurs ont été questionnés sous forme ouverte sur le rôle qu’ils souhaitent

remplir à l’égard de la société. Les réponses ont été ventilées a posteriori selon 9 rubriques (Figure 4.4). Ils se sont ensuite exprimés sur les attentes de la société à leur égard.

Figure 4. 4. : Question 50 : « Pour vous, quels sont les rôles que vous souhaitez remplir

par rapport à la société » ?

19

62

63

45

16

183

112

103

243

0 50 100 150 200 250 300

Rien / Aucun rôle

Donner une meilleure image / communiquer

Autre

Participer au dynamisme du milieu rural

Créer des emplois

Garantir la qualité des aliments

protéger la nature / la biodiversité

Entretenir le paysage

Produire de la nourriture

nombre de citations

Page 87: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

87

3.1 La diversité des rôles souhaités par les agriculteurs

La répartition des réponses et leur hiérarchie montre la diversité des rôles souhaités par

les agriculteurs. La production de nourriture (48% des agriculteurs, 1ère et 2ème citations) reste une fonction centrale, mais elle n’est plus seule. Les agriculteurs associent à ce rôle d’autres fonctions : garantir la qualité des aliments (36% - 1ère et 2ème citations), protéger la nature et la biodiversité (23%) et entretenir le paysage (21%). Pour une fraction des agriculteurs (12%), la priorité est de donner une meilleure image de leur métier à la société. Ces résultats montrent une évolution de la représentation professionnelle du métier d’agriculteur, dont les finalités sont aujourd’hui multiples. 9% des agriculteurs sont sensibilisés à leur rôle dans le milieu rural. La fonction sociale à travers la création d’emplois est moins affirmée (3%).

La hiérarchie des réponses n’est pas en lien avec les caractéristiques individuelles des enquêtés : âge, sexe ou niveau de formation. En revanche, elle varie selon les catégories de production : les agriculteurs dont les exploitations sont tournées vers les grandes cultures et cultures spéciales déclarent plus souvent que les autres qu’ils souhaitent protéger la nature et la biodiversité (18%/13%) alors qu’ils sont en proportion moins nombreux à être attirés par la fonction d’entretien du paysage. Les agriculteurs producteurs de volailles sont en proportion plus nombreux que les autres à estimer que leur rôle est de mieux communiquer avec la société (Tableau 4.7).

Page 88: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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Catégories de productions

Rôle

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Produire de la nourriture 31% (69) 27% (25) 28% (47) 27% (28) 33% (42) 19% (12) 23% (8) 39% (12) 29% (243) Entretenir le paysage 15% (35) 16% (15) 14% (23) 6% (6) 7% (9) 11% (7) 9% (3) 16% (5) 12% (103) Protéger la nature / la biodiversité

10% (23) 9% (8) 14% (24) 11% (11) 19% (24) 16% (10) 20% (7) 16% (5) 13% (112)

Garantir la qualité des aliments

18% (40) 29% (26) 20% (34) 28% (29) 18% (23) 24% (15) 29% (10) 19% (6) 22% (183)

Créer des emplois 2% (4) 0% (0) 2% (4) 2% (2) 3% (4) 2% (1) 0% (0) 3% (1) 2% (16) Participer au dynamisme du milieu rural

3% (7) 4% (4) 10% (17) 2% (2) 5% (6) 8% (5) 9% (3) 3% (1) 5% (45)

Autre 9% (20) 3% (3) 8% (13) 15% (15) 5% (7) 6% (4) 3% (1) 0% (0) 7% (63) Donner une meilleure image / communiquer

10% (22) 10% (9) 2% (3) 6% (6) 8% (10) 13% (8) 9% (3) 3% (1) 7% (62)

Rien / aucun rôle 3% (6) 1% (1) 2% (4) 4% (4) 3% (4) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 2% (19) Total 100% (226) 100% (91) 100% (169) 100% (103) 100% (129) 100% (62) 100% (35) 100% (31) 100% (846)

Tableau 4.7. : Les rôles souhaités par les agriculteurs selon les catégories de productions

Page 89: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

89

3.2 Des attentes multiples

Questionnés sous forme ouverte sur les attentes de la société à leur égard (Figure 4.5), les agriculteurs estiment que la garantie de la qualité (52%, 1ère et 2ème cit.) et de la traçabilité (15%) des aliments est la première attente suivie par la production de nourriture à bas prix (31%). La fonction nourricière reste donc primordiale, mais la société a également d’autres attentes : la protection de la nature et l’absence de pollution (29%), l’entretien du paysage (21%). Du point de vue des agriculteurs, la société n’a pas vraiment intégré les fonctions culturelles et sociales des agriculteurs (participer au dynamisme du milieu rural, 3% - créer ou maintenir des emplois 1%). Soulignons la détresse exprimée spontanément par 9% des agriculteurs qui considèrent que la société n’attend rien d’eux, sinon leur disparition.

Figure 4. 5. : Question 48 : « Pour vous, quelles sont les principales attentes de la société

à l’égard des agriculteurs » ? Les caractéristiques des enquêtés : l’âge, le sexe ou le niveau d’études, n’ont pas d’incidence sur les réponses. En revanche, ces attentes sont perçues différemment par les agriculteurs selon les catégories de production. Les éleveurs ovins et caprins estiment que la société attend d’eux qu’ils entretiennent le paysage (24%/12%) tandis que les agriculteurs dont les exploitations sont tournées vers les grandes cultures ou grandes cultures et cultures spéciales estiment que la société attend d’eux qu’ils protègent la nature et la biodiversité (22 et 23%/16%). Du point de vue des agriculteurs producteurs de lait, aliment de base, les attentes de la société portent principalement sur la production de la nourriture à bas prix (23%/18%) (Tableau 4.8).

17 53

47 74

16 5

262 143

154 104

0 50 100 150 200 250 300

Ne sait pas Rien/que l’on disparaisse

Autre Garantir la traçabilité des aliments

Participer au dynamisme du milieu rural Créer ou maintenir des emplois Garantir la qualité des aliments

Protéger la nature/qu'on ne pollue pas Produire de la nourriture à bas prix

Entretenir le paysage

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

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Catégories de productions

Attentes société

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Entretenir le paysage 12% (28) 13% (12) 14% (25) 9% (10) 9% (12) 9% (6) 24% (9) 7% (2) 12% (104) Produire de la nourriture à bas prix 23% (51) 16% (15) 18% (31) 15% (16) 14% (20) 17% (12) 14% (5) 14% (4) 18% (154) Protéger la nature/qu'on ne pollue pas 12% (27) 16% (15) 22% (39) 15% (16) 23% (32) 12% (8) 5% (2) 14% (4) 16% (143) Garantir la qualité des aliments 37% (83) 28% (26) 26% (45) 26% (28) 26% (36) 38% (26) 24% (9) 32% (9) 30% (262) Créer ou maintenir des emplois 1% (2) 0% (0) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 3% (2) 0% (0) 0% (0) 1% (5) Participer au dynamisme du milieu rural 2% (5) 1% (1) 1% (2) 0% (0) 1% (1) 3% (2) 8% (3) 7% (2) 2% (16) Garantir la traçabilité des aliments 5% (11) 7% (6) 11% (19) 11% (12) 11% (15) 9% (6) 11% (4) 4% (1) 8% (74) Autre 4% (9) 8% (7) 3% (6) 8% (9) 6% (8) 7% (5) 0% (0) 11% (3) 5% (47) Rien/que l'on disparaisse 3% (7) 7% (6) 4% (7) 13% (14) 8% (11) 3% (2) 8% (3) 11% (3) 6% (53) Ne sait pas 1% (2) 4% (4) 1% (1) 4% (4) 3% (4) 0% (0) 5% (2) 0% (0) 2% (17)

Total 100% (225) 100% (92) 100% (176) 100% (109) 100% (139) 100% (69) 100% (37) 100% (28) 100% (875)

Tableau 4.8. : Les attentes de la société en fonction des catégories de productions

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On observe, à partir de ces résultats, les évolutions respectives et une concordance (classement des premiers items) entre les rôles souhaités par les agriculteurs et les attentes de la société. La fonction nourricière est toujours au cœur du métier, mais elle se trouve enrichie de part et d’autre par d’autres composantes, plus spécifiquement par les fonctions environnementales. Les agriculteurs souhaitent garantir aux consommateurs la qualité des produits, mais certains expriment leur inquiétude sur les réelles possibilités de valorisation des produits alimentaires, notamment les producteurs laitiers.

4. Des identités professionnelles différentes ?

4.1. La perception du métier

Le métier d’agriculteur s’inscrit dans un champ sémantique large : selon la place de l’agriculture dans la société et les appartenances politiques, l’agriculteur se nomme tour à tour paysan, exploitant familial, chef d’entreprise ou encore producteur, partenaire de l’industrie et de la distribution, gestionnaire de l’environnement et du paysage. Pour cette enquête, le parti a été pris de proposer cette liste de termes. Ceux-ci mettent l’accent tantôt sur une fonction : producteur, un statut : chef d’entreprise, un rôle : partenaire de la distribution, gestionnaire de l’environnement, ou encore sur toutes ces dimensions réunies : paysan, l’objectif étant de voir les connotations les plus facilement acceptées et celles les plus fortement repoussées (Figure 4.6).

Figure 4. 6. : Question 202 : « Parmi ces termes, quel est celui que vous revendiqueriez le

plus pour qualifier votre métier » ?

Les réponses se répartissent selon trois ensembles distincts : paysan, chef d’entreprise ou producteur.

11

33

53

13

155

130

108

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

Autre

Gestionnaire de l'environnement et du paysage

Exploitant familial

Partenaire de l'industrie et de la distribution

Paysan

Chef d'entreprise

Producteur

nombre de citations

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Cette répartition illustre la diversité des connotations associées au métier. Vivement rejeté pendant la phase de modernisation de l’agriculture, le terme paysan est le plus fréquemment revendiqué pour qualifier le métier d’agriculteur (31% des agriculteurs).

L’interprétation de ce résultat est délicate en raison de la polysémie du terme qui renvoie à une sorte de nostalgie identitaire mais également qui s’inscrit dans la modernité. Un certain nombre d’agriculteurs choisit le terme de chef d’entreprise (26%) et enfin, d’autres retiennent le terme de producteur (22%) qui peut être interprété comme une manière de mettre l’accent sur la spécificité du métier. Le modèle de l’exploitant familial trouve un écho plus faible parmi les agriculteurs (11%). Cette relative dispersion des réponses montre que chacun tente de trouver un compromis entre ses attentes et la manière de se situer dans l’espace professionnel.

Ce classement ne varie pas selon les caractéristiques individuelles : l’âge, le sexe et la formation ou selon les catégories de production.

L’évolution des fonctions de l’agriculture précédemment observée qui intègre, outre la fonction alimentaire, les fonctions environnementale et de gestion de l’espace, peut être mise en lien avec le retour du terme « paysan » que les agriculteurs utilisent avec une connotation positive dans le but de mettre l’accent sur les liens entre l’activité agricole et les territoires.

Les agriculteurs ont ensuite été interrogés sur les connotations qu’ils rejetaient le plus pour désigner leur métier, à partir d’une liste de 6 items (Figure 4.7).

Figure 4.7. : Question 205 : « Parmi ces termes, quel est celui que vous revendiqueriez le

moins pour qualifier votre métier » ?

Plus du tiers des agriculteurs (36%) refuse l’idée d’être partenaire de l’industrie et de la distribution; ce résultat soulève la question de la confiance accordée aux structures coopératives chargées de négocier avec les distributeurs. Clients des agriculteurs, les distributeurs seraient perçus comme des adversaires et non comme partenaires. Une partie des agriculteurs refusent donc l’idée d’être au service de la distribution ou de l’industrie.

9 24

67 23

62 29

182 58

20 13

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

Aucun (non proposé) Ne sait pas (non proposé)

Pollueur (non proposé) Autre

Gestionnaire de l'environnement et du paysage Exploitant familial

Partenaire de l'industrie et de la distribution Paysan

Chef d'entreprise Producteur

nombre de citations

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D’autres agriculteurs rejettent l’idée d’être cantonnés dans un rôle de gestionnaire de l’environnement et du paysage (12%). Le terme de pollueur qui n’a pas été proposé a été cité par 13% des agriculteurs. Enfin, le terme paysan, par ailleurs le plus souvent accepté pour se définir, est rejeté par certains (11%).

Les réponses varient en fonction des productions. Les agriculteurs ayant des cultures spéciales refusent très nettement d’être partenaires de la distribution (60%/38%), sans doute en raison de modes de commercialisation spécifiques à ces productions. Les producteurs de lait rejettent le terme de pollueur (24% / 13%) tout comme les éleveurs de volailles (28% / 13%). Les agriculteurs dont les exploitations sont tournées vers les grandes cultures ne se reconnaissent pas dans un rôle de gestionnaire de l’environnement et du paysage (20% / 12%) (Tableau 4.9).

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Catégories de

productions Qualificatif métier

Bovin lait spécialisé ou

dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Producteur 3% (4) 2% (1) 4% (4) 2% (1) 1% (1) 3% (1) 0% (0) 7% (1) 3% (13) Chef d'entreprise 5% (7) 0% (0) 3% (3) 3% (2) 5% (4) 3% (1) 11% (2) 7% (1) 4% (20) Paysan 12% (15) 15% (8) 10% (9) 11% (7) 14% (11) 15% (5) 11% (2) 7% (1) 12% (58)

Partenaire de l'industrie et de la distribution 28% (36) 38% (20) 26% (24) 62% (41) 43% (35) 21% (7) 56% (10) 60% (9) 37% (182) Exploitant familial 4% (5) 6% (3) 8% (7) 5% (3) 7% (6) 9% (3) 6% (1) 7% (1) 6% (29)

Gestionnaire de l'environnement et du paysage 8% (10) 17% (9) 21% (19) 12% (8) 14% (11) 12% (4) 6% (1) 0% (0) 13% (62) Autre 4% (5) 4% (2) 13% (12) 0% (0) 2% (2) 3% (1) 6% (1) 0% (0) 5% (23) Pollueur (non proposé) 24% (31) 13% (7) 12% (11) 2% (1) 5% (4) 29% (10) 6% (1) 13% (2) 14% (67) Ne sait pas (non proposé) 10% (13) 2% (1) 2% (2) 5% (3) 5% (4) 3% (1) 0% (0) 0% (0) 5% (24) Aucun (non proposé) 2% (3) 2% (1) 1% (1) 0% (0) 4% (3) 3% (1) 0% (0) 0% (0) 2% (9)

Total 100% (129) 100% (52) 100% (92) 100% (66) 100% (81) 100% (34) 100% (18) 100% (15) 100% (487)

Tableau 4.9. : Les termes les moins revendiqués pour qualifier le métier selon les catégories de productions

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Soulignons que l’appartenance syndicale, le fait d’exercer une responsabilité syndicale ou bien d’être engagé dans la vie locale n’ont pas d’incidence sur les qualificatifs les plus ou les moins revendiqués par les agriculteurs.

Les identités professionnelles sont des manières socialement reconnues et permettent aux individus de se situer les uns les autres dans le champ du travail et de l’emploi (Dubar, 2000).

Parmi les éléments qui concourent à la construction des identités professionnelles, certains agriculteurs sont très attachés à la fonction nourricière du métier, d’autres sont attentifs à la diversité des fonctions du métier d’agriculteur (Q.50). Certains, et ils sont les plus nombreux, tiennent à rappeler que leur fonction est liée à leur présence sur le territoire et à son entretien et se définissent par le terme « paysan », d’autres valorisent les dimensions de gestionnaire et d’entrepreneur ou bien mettent l’accent sur une fonction spécifique du métier en choisissant le terme « producteur » (Q.202). Par ailleurs, les agriculteurs, qui se définissent par le terme paysan, sont plus de la moitié à refuser le terme « partenaire de la grande distribution ». Les agriculteurs « chefs d’entreprise » rejettent en proportion plus forte le qualificatif de paysan ou encore celui de partenaire de la grande distribution (Tableau 4.10. Croisement Q202 et Q205). Cette variété d’approches suggère des profils professionnels différents.

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Qualificatif métier

Qualificatif métier+

Producteur Chef d'entreprise Paysan

Partenaire de

l'industrie et de la

distribution

Exploitant familial

Gestionnaire de l'environnement et du paysage

Autre Pollueur

(non proposé)

Ne sait pas (non proposé)

Aucun (non

proposé) Total

Producteur 0% 4% 10% 37% 8% 13% 4% 10% 11% 2% 100% Chef d'entreprise 4% 0% 20% 23% 10% 11% 5% 22% 5% 1% 100% Paysan 3% 6% 1% 53% 3% 15% 5% 10% 2% 2% 100%

Partenaire de l'industrie et de la distribution 8% 8% 23% 0% 8% 31% 8% 15% 0% 0% 100% Exploitant familial 0% 6% 15% 44% 0% 12% 4% 13% 4% 2% 100%

Gestionnaire de l'environnement et du paysage 3% 9% 27% 30% 6% 0% 6% 9% 6% 3% 100% Autre 13% 0% 13% 25% 0% 25% 0% 25% 0% 0% 100%

Total 3% 4% 12% 37% 6% 13% 5% 14% 5% 2% 100%

Tableau 4.10. : Les qualificatifs du métier

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4.2. La comparaison avec d’autres professions

Une autre manière de définir son métier est de se situer par rapport aux autres. Les agriculteurs ont été invités à choisir parmi 7 professions, celle dont ils se sentaient les plus proches (Figure 4.8).

Figure 4.8. : Question 44 : « Parmi la liste des professions que je vais vous proposer,

quelle est celle dont vous vous sentez la plus proche »? Très majoritairement, les agriculteurs se sentent proches des professions indépendantes : une petite moitié des agriculteurs se dit chef d’entreprise (47%), valorisant ainsi l’esprit d’entreprise indispensable à l’exercice de leur métier et un tiers environ se sent proche de la catégorie « artisan/ commerçant » (32%). Outre l’indépendance, les agriculteurs et les artisans partagent une culture de métier que l’on peut caractériser notamment par la notion d’entreprise familiale de métier (Auvolat, 1997). Quelques uns s’estiment proches des professions libérales (6%) et d’autres des ouvriers (5%).

L’âge, le sexe ou encore le niveau d’études ne font pas varier l’image que les agriculteurs ont de leur métier. La distribution des réponses n’est pas en lien avec les productions.

Les agriculteurs n’ont pas les mêmes façons de concevoir leur rôle en fonction des productions (cf. Tableau 4.7), mais en revanche, ils se rassemblent au niveau du rapport au travail, notamment l’autonomie dans le travail et l’indépendance qui représentent des pôles d’identification.

Les agriculteurs, qui se sont définis par les termes « paysan » ou « producteur » (Q.202) se rapprochent, dans les mêmes proportions que l’ensemble des enquêtés, des chefs d’entreprise (un peu plus de 40%).

Les agriculteurs ont également indiqué la profession dont ils se sentent le plus éloignés (Figure 4.9).

12 16

3 16

5 29

236 162

25

0 50 100 150 200 250

Autre Ne saiT pas

Ingénieur Technicien

Employé Profession libérale

Chef d'entreprise Artisan/commerçant

Ouvrier

nombre de citations

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Figure 4.9. : Question 46 : « Parmi la liste des professions que je vais vous proposer,

quelle est celle dont vous vous sentez la plus éloignée » ? Les professions, dont les agriculteurs se sentent plus éloignés, sont plus diversifiées : par ordre décroissant, les professions libérales (24%), les fonctionnaires, catégorie non proposée mais citée par 17%, les ouvriers (15%), les ingénieurs (14%) et les employés (12%). De ces réponses, il ressort qu’un niveau de revenu élevé généralement associé aux professions libérales ou encore le temps de travail réduit associé à « fonctionnaire » ne figurent pas parmi les attributs de la profession « agriculteur ». Les éleveurs laitiers sont en proportion plus nombreux à se sentir éloignés des « fonctionnaires ».

Les réponses ne varient pas en fonction de l’âge, du sexe. En revanche, le niveau d’études a une incidence sur les opinions, c’est-à-dire qu’il joue sur la manière de se situer socialement. Les agriculteurs ingénieurs se sentent plus éloignés des ouvriers, les titulaires d’un CAP sont en proportion beaucoup plus nombreux à se percevoir éloignés des professions libérales, les titulaires d’un B.T.S se sentent plus que les autres éloignés de la catégorie « employé » (Tableau 4.11).

Formation PCS éloignée

CAP/ CAPA

BEP/ BEPA

Bac pro

Bac D' BTA BTS Ingé-

nieur Pas de

formation Autre

formation Total

Ouvrier 7% 16% 18% 38% 5% 16% 33% 11% 21% 16% Artisan/Commerçant 0% 1% 0% 0% 3% 3% 0% 0% 0% 1% Chef d'entreprise 0% 1% 0% 0% 0% 0% 3% 0% 3% 1% Profession libérale 43% 24% 32% 13% 32% 19% 12% 32% 13% 25% Employé 4% 9% 14% 0% 14% 24% 15% 5% 18% 13% Technicien 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 3% 0% Ingénieur 18% 20% 9% 0% 14% 8% 3% 19% 15% 15% Ne sait pas 11% 10% 9% 25% 11% 15% 9% 16% 3% 11% Autre 0% 3% 0% 0% 3% 1% 12% 0% 3% 3%

Fonctionnaire (non proposé) 18% 16% 18% 25% 19% 15% 12% 16% 23% 17%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 4.11. : Professions dont les agriculteurs se sentent éloignés en fonction du niveau d’études

84 14

54 72

1 62

122 3 5

78

0 20 40 60 80 100 120 140

Fonctionnaire (non proposé) Autre

Ne sait pas Ingénieur

Technicien Employé

Profession libérale (médecins, avocats, vétérinaires...) Chef d'entreprise

Artisan/Commerçant Ouvrier

nombre de citations

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5. Les projets Sous la forme d’une question ouverte, les agriculteurs ont été interrogés sur leur projet à

court terme (Figure 4.10). Les réponses ont été regroupées selon 18 items. On observe une très forte diversité des informations recueillies : de nombreuses modalités sont citées par moins de 10% des agriculteurs. Par ailleurs, la modalité « autre » concerne 20% des réponses des agriculteurs.

Figure 4.10. : Question 56 : « Quels sont vos projets à court terme » ?

44

19

15

24

32

11

36

5

199

29

10

5

40

9

69

25

97

73

30

0 50 100 150 200 250

Dégager du temps libre, aménager mon temps de travail

Créer/étendre une activité d'accueil

Créer/étendre la transformation de mes produits

Créer/étendre la vente par circuit court

Rembourser les emprunts le plus vite possible

Des techniques nouvelles de production pour mieux protéger l'environnement

Augmenter la taille de l'exploitaiton pour faire des économies d'échelle

Augmenter la taille de l'exploitation pour désintensifier

Maintenir l'exploitation comme elle est

Changer/réorienter mes productions

Rechercher un associé

Embaucher un salarié (seul ou avec d'autres)

Créer / agrandir des bâtiments

Mécaniser / automatiser certaines tâches

Mise aux normes

Diminuer, ralentir l'activité

Autre

Trouver un repreneur/installer un fils (fille)

Arrêter l'activité

nombre de citations

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100

A court terme, 40% des agriculteurs ont répondu qu’ils souhaitaient maintenir l’exploitation comme elle est. Ensuite, vient la recherche d’un repreneur (15%) et la mise aux normes (14%). Les projets autour de la création ou du développement de nouvelles activités ou productions concernent 20% des agriculteurs (créer/étendre une activité d’accueil, transformation des produits, vente par circuit court, réorientation des productions). Parmi les préoccupations à court terme, l’augmentation du temps libre n’a été citée que par 9% des agriculteurs. Les projets sont en lien avec l’orientation des productions, les éleveurs laitiers sont davantage préoccupés par la mise aux normes, les agriculteurs ayant des cultures spéciales envisagent de développer la vente par circuit court (Tableau 4.12.).

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Catégories de productions Projet court terme

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande spécialisé ou

dominant Grandes cultures

Cultures spéciales

Grandes cultures + cultures

spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Autre association

culture-élevage

Total

Dégager du temps libre, aménager mon temps de travail 7% (15) 4% (3) 8% (12) 1% (1) 2% (3) 9% (5) 10% (3) 7% (2) 6% (44)

Créer/étendre une activité d'accueil 3% (6) 0% (0) 5% (7) 1% (1) 2% (2) 4% (2) 3% (1) 0% (0) 2% (19)

Créer/étendre la transformation de mes produits 1% (2) 3% (2) 3% (5) 1% (1) 2% (3) 4% (2) 0% (0) 0% (0) 2% (15)

Créer/étendre la vente par circuit court 1% (3) 1% (1) 3% (4) 8% (8) 6% (7) 2% (1) 0% (0) 0% (0) 3% (24)

Rembourser les emprunts le plus vite possible 2% (5) 4% (3) 3% (5) 3% (3) 6% (7) 7% (4) 3% (1) 15% (4) 4% (32) Des techniques nouvelles de production pour mieux protéger l'environnement 1% (3) 1% (1) 1% (2) 0% (0) 2% (2) 2% (1) 3% (1) 4% (1) 1% (11)

Augmenter la taille de l'exploitation pour faire des économies d'échelle 5% (10) 4% (3) 6% (9) 2% (2) 7% (8) 2% (1) 10% (3) 0% (0) 5% (36)

Augmenter la taille de l'exploitation pour désintensifier 1% (2) 3% (2) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 0% (0) 1% (5) Maintenir l'exploitation comme elle est 17% (37) 33% (26) 26% (39) 31% (29) 33% (40) 16% (9) 26% (8) 41% (11) 26% (199)

Changer/réorienter mes productions 3% (7) 3% (2) 3% (4) 3% (3) 7% (8) 7% (4) 0% (0) 4% (1) 4% (29) Rechercher un associé 2% (4) 3% (2) 1% (1) 0% (0) 1% (1) 2% (1) 0% (0) 4% (1) 1% (10)

Embaucher un salarié (seul ou avec d'autres) 1% (2) 0% (0) 1% (2) 0% (0) 0% (0) 2% (1) 0% (0) 0% (0) 1% (5) Créer / agrandir des bâtiments 7% (14) 12% (9) 5% (7) 2% (2) 0% (0) 7% (4) 10% (3) 4% (1) 5% (40)

Mécaniser / automatiser certaines tâches 2% (5) 1% (1) 1% (1) 1% (1) 0% (0) 2% (1) 0% (0) 0% (0) 1% (9) Mise aux normes 21% (44) 12% (9) 3% (5) 1% (1) 2% (3) 5% (3) 6% (2) 7% (2) 9% (69) Diminuer, ralentir l'activité 2% (4) 3% (2) 2% (3) 7% (7) 5% (6) 5% (3) 0% (0) 0% (0) 3% (25) Autre 9% (19) 4% (3) 13% (20) 23% (22) 14% (17) 16% (9) 16% (5) 7% (2) 13% (97)

Trouver un repreneur/installer un fils (fille) 11% (23) 10% (8) 12% (18) 7% (7) 7% (9) 9% (5) 3% (1) 7% (2) 9% (73) Arrêter l'activité 3% (7) 1% (1) 3% (5) 7% (7) 5% (6) 2% (1) 10% (3) 0% (0) 4% (30)

Total 100% (212) 100% (78) 100% (150) 100% (95) 100% (122) 100% (57) 100% (31) 100% (27) 100% (772)

Tableau 4.12. : Les projets à court terme selon les catégories de productions

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102

Figure 4.11. : Question 58 : « Envisageriez-vous de changer de métier » ?

Les agriculteurs sont seulement 7% à répondre par l’affirmative et de manière positive à la question envisageriez-vous de changer de métier (pour voir autre chose et c’est un de mes projets) (Figure 4.11). La grande majorité n’envisage pas de changement professionnel principalement parce qu’ils ont choisi ce métier et qu’ils l’exercent par passion (29%) ou encore pour des raisons liées à l’âge ou bien aux investissements effectués sur l’exploitation. Un agriculteur sur cinq se dit prêt à changer de métier en cas d’extrêmes difficultés professionnelles, proportion qui atteint 41% pour les plus jeunes. Ces réponses ne varient pas en fonction de l’orientation des productions des exploitations.

Figure 4.12. : Question 60 : « Si c’était à refaire, est-ce que vous vous réinstalleriez » ?

16

102

22

13

18

147

40

119

26

0 20 40 60 80 100 120 140 160

Oui, pour voir autre chose

Oui, en cas d'extrême difficulté professionnelle/économique

Oui, c'est un de mes projets

Non,ce serait perçu comme un échec professionnel

Non, car on a fait trop d'investissements

Non, ce métier est ma passion

Autre

Non, pas à mon âge

Non, je ne saurais pas faire autre chose

nombre de citations

239

123

61

74

0 50 100 150 200 250 300

Oui, c'est sûr

Oui, peut-être

Non, peut-être pas

Non, sûrement pas

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

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Plus des deux tiers des agriculteurs interrogés ont choisi la modalité oui : pour 47% c’est sûr et 25% nuancent leur réponse en choisissant oui, peut-être. 27% des agriculteurs répondent qu’ils ne se réinstalleraient pas (Figure 4.12). Les catégories de production n’influent pas les réponses.

Figure 4.13. : Question 61 : « Si vous aviez aujourd’hui un enfant en âge de vous

succéder et qu’il vous demandait conseil, que lui diriez-vous » ? A un enfant en âge de s’installer qui demanderait conseil (Figure 4.13), les agriculteurs sont assez peu nombreux à dire qu’ils encourageraient leur enfant à s’installer (9%). La plupart laisserait leur enfant choisir après l’avoir informé des inconvénients du métier (31%) ou en lui conseillant de voir autre chose (30%). Du point de vue des agriculteurs, l’image du métier véhiculée par l’environnement familial joue sur son attractivité, mais elle n’est pas suffisante pour déterminer le choix. La prise de distance par rapport à cet environnement constitue désormais un élément indispensable pour éclairer un choix professionnel. Ceux qui les décourageraient (9%) sont en proportion plus nombreux à dire qu’ils ne souhaiteraient pas se réinstaller.

11

155

83

45

13

151

43

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180

Autre

Je le mettrais en garde des risques/inconvénients, tout en le laissant décider

C'est lui qui choisirait

Je le découragerais de s'installer

Je lui conseillerais de s'associer à d'autres

Je lui conseillerais de voir autre chose avant de prendre sa décision

Je l'encouragerais à s'installer

nombre de citations

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Synthèse

Nous étions partis d’une interrogation sur les finalités du métier et les relations des agriculteurs avec les autres acteurs. Le métier d’agriculteur se trouve au carrefour de plusieurs déterminations dont les plus significatives sont, d’après les résultats de cette enquête, les productions des exploitations auxquelles sont associées des cultures professionnelles qui déterminent des manières de faire et des manières de voir le métier, puis les caractéristiques et l’histoire personnelles des agriculteurs appréhendées ici par l’âge, le sexe et le niveau d’études et l’interprétation qui en est faite au regard de la manière dont chacun se situe dans l’espace professionnel et social.

Les trajectoires personnelles n’ont pas été approfondies dans cette enquête quantitative, toutefois nous retenons la diversité des manières d’entrer dans le métier et les évolutions en cours en lien avec l’âge et le niveau d’études. Nous observons deux tendances générales d’installation : l’une correspond à une succession et à un héritage familial ; elle caractérise principalement les agriculteurs plus âgés ou les personnes sans bagage scolaire, l’autre est liée au goût du métier et à l’indépendance qu’il procure. Le regard des femmes sur le métier se différencie de celui des hommes. La possibilité d’articuler vie familiale et vie professionnelle constitue un facteur attractif du métier, ce qui, par ailleurs, est une aspiration forte dans notre société tant pour les hommes que pour les femmes.

Le recours à l’approche statistique nous a permis de mieux comprendre, d’une part, comment et dans quels lieux se construisent les identités professionnelles et d’autre part, de mettre en évidence le poids du modèle du chef d’entreprise pour les agriculteurs.

Les identités professionnelles se façonnent dans des ensembles de normes, de valeurs et de règles professionnelles liées aux filières mais également par l’adoption progressive de nouvelles fonctions de manière à répondre aux attentes de la société. La perception que les agriculteurs ont de leur rôle est déterminante et différenciée : pour certains agriculteurs, la fonction nourricière reste centrale et essentielle dans l’approche qu’ils ont de leur métier, mais pour d’autres, le métier est envisagé à travers d’autres fonctions. A titre d’exemple, les éleveurs d’ovins et caprins souhaitent un rôle d’entretien du paysage, les agriculteurs dont les exploitations sont tournées vers les grandes cultures ou les cultures spéciales mettent en avant le rôle de protection de la nature et de gestion de la biodiversité. Le caractère multifonctionnel de l’agriculture est reconnu par une fraction importante des agriculteurs. Cette reconnaissance qui se confirme par le choix du terme « paysan » (1er choix pour 31% des agriculteurs) pour qualifier le métier pourrait faire l’objet de débats et déboucher sur de nouvelles formes de contractualisation avec la société.

Parmi les éléments qui participent à la construction des identités professionnelles, les résultats de cette enquête nous permettent d’observer que le fait d’appartenir à tel ou tel syndicat ou bien d’exercer des responsabilités syndicales ne joue pas un rôle fondamental dans cette construction identitaire. L’émergence des nouveaux profils de métier, en lien avec les situations

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concrètes de travail dans lesquelles les agriculteurs se trouvent impliqués, ne se fait pas dans les discussions collectives syndicales mais plutôt dans des lieux de discussion divers et pluriels.

Les agriculteurs, pour la moitié d’entre eux, se comparent à des chefs d’entreprise, terme auquel se trouvent associées les notions d’indépendance, de gestion, de responsabilité, de capacité d’entreprendre, d’innovation mais également la notion de profit, également associée à l’entreprise. Le métier d’agriculteur ne remplit pas ce dernier objectif économique pour un tiers environ des agriculteurs, ce qui peut être source de malaise ou d’insatisfaction en raison de l’écart entre la réalité du métier et le modèle de référence.

Par ailleurs, face aux évolutions en cours, la situation professionnelle d’une minorité d’agriculteurs (environ 10%) se caractérise par un rapport social symbolique négatif. L’enquête ne permet pas de savoir si ces agriculteurs se trouvent ou non dans des situations économiques difficiles, mais apporte des informations sur les perceptions de soi, des autres et de l’avenir. Sur différentes questions, une fraction minoritaire des agriculteurs a répondu que la société n’avait pas d’attentes à leur égard sinon celle de leur disparition, qu’ils décourageraient des jeunes qui souhaiteraient s’installer et qu’eux-mêmes ne referaient pas ce choix.

Les agriculteurs apprécient leur travail par comparaison avec d’autres références, notamment celles des métiers auxquels ils se comparent. En se rapprochant des chefs d’entreprises et des artisans, les agriculteurs se situent par rapport à des professions auxquelles se trouvent associés le travail indépendant et non comptabilisé de manière précise, mais également des situations où les rapports de travail et le rapport familial sont étroitement imbriqués comme dans les très petites entreprises du milieu rural. Cette évolution est sans doute à confirmer, mais elle pose des questions sur les points communs qu’agriculteurs et artisans pourraient partager en tant qu’acteurs du milieu rural.

Au terme de ce chapitre, nous voulons ouvrir la réflexion sur les évolutions en cours pour deux points essentiels qui fondent la culture du métier : le rapport au travail et la question des finalités du métier. L’autonomie et l’indépendance dans le travail constituent des fondements collectifs de la représentation du métier et un pôle d’identification pour les agriculteurs. Le rapport au travail est un élément qui permet aux agriculteurs de se situer dans la société : les agriculteurs se sentent proches des chefs d’entreprise et des artisans mais éloignés des ouvriers, des professions libérales et des fonctionnaires. Un autre élément central de la représentation est la finalité du métier. Les résultats de l’enquête montrent la diversification des finalités du métier d’agriculteur en fonction des contextes socio-professionnels dans lesquels les agriculteurs travaillent et des capacités des acteurs à intégrer les demandes de la société. Cet élément donne son sens au métier. La capacité à reconnaître et à faire reconnaître le caractère multifonctionnel de l’activité agricole constitue donc un enjeu essentiel pour le devenir des agriculteurs, des organismes qui les représentent et des territoires.

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Chapitre 5

L’univers informationnel des agriculteurs

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Chapitre 5

L’univers informationnel des agriculteurs

L’information est aujourd’hui considérée dans le monde du management de l’entreprise

industrielle ou commerciale comme un véritable facteur de production. Ainsi, dans la plupart de ces secteurs, l’expression « intelligence économique » recouvre toute une série d’activités informationnelles qui mettent en jeu des domaines très importants pour la compétitivité des entreprises : technologies, innovations, concurrence, marketing, législations, achats, lobbying, sécurité, qualité, hygiène, politique de ressources humaines, finances, etc. Selon l’accès à ce type de ressources, les analystes de l’information parlent de « fracture informationnelle » entre types d’entreprises ou de territoires, tout en soulignant le rôle clé des organisations publiques et professionnelles dans sa résorption. Mais pour autant, l’enjeu de l’univers de l’information ne peut être réduit à la dimension économique, car en agriculture, comme dans d’autres milieux sociaux, l’information interagit avec la communication des entreprises économiques et des acteurs sociaux ; elle influe aussi sur la dimension culturelle des métiers, et notamment sur l’identité et le mode de vie des acteurs professionnels.

Si, depuis les années 1950, l’information professionnelle en agriculture reposait sur des medias spécialisés principalement écrits, secondairement audiovisuels, les agriculteurs sont aussi des usagers de medias généralistes. Et, depuis la fin des années 1990, comme dans d’autres secteurs professionnels, les agriculteurs ont commencé à utiliser Internet pour s’informer sur leur métier et communiquer entre eux et avec les organismes professionnels et économiques proches d’eux (Tableau 5.1).

Les moyens d’accès à l’information des

agriculteurs Fréquence

Presse professionnelle 88% Télévision 77% Radio 64% Presse quotidienne générale 63% Internet (équipement) 41%

Internet (utilisation) 32%

Tableau 5.1. : L’usage des medias par ordre d’importance (plusieurs réponses possibles)87

87 Le tableau 5.1 est établi à partir de la question 185.

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1. Les medias professionnels A travers l’édition et l’achat de centaines de revues hebdomadaires ou mensuelles, la

profession agricole a construit en France depuis un demi-siècle un véritable système d’informations professionnelles, concernant les domaines techniques, économiques, juridiques ou sociaux de leurs métiers. Deux niveaux territoriaux d’organisation des moyens d’information dominent, qui recoupent ceux mis en œuvre dans la politique agricole :

- des revues nationales indépendantes (La France Agricole) ou éditées par les organisations professionnelles nationales : par exemple, L’information agricole, Chambres d’Agriculture, Jeunes Agriculteurs.

- des revues départementales éditées par les organisations professionnelles à ce niveau de territoire : journaux des Chambres d’Agriculture et / ou des syndicats agricoles (principalement FDSEA) ; bulletins de MSA, de centres de gestion, de contrôle laitier, etc.88

Enfin, de nombreux medias agricoles existent également au niveau régional, voire multirégional, principalement édités sous la forme de bulletins mensuels par des coopératives ou par des entreprises agroalimentaires. Mais, globalement, ici comme ailleurs dans l’univers des medias, l’évolution va vers une concentration de l’offre en journaux ou en revues.

Cette offre médiatique se retrouve dans les pratiques des agriculteurs. Ainsi, dans la population d’enquête, plus de quatre agriculteurs sur cinq disent lire la presse professionnelle, principalement hebdomadaire. Trois grands types de medias professionnels se dégagent nettement, en lecture cumulée retenant les deux premiers choix (tableau 5.2) :

- un hebdomadaire national généraliste, La France Agricole : près de la moitié des agriculteurs ;

- les journaux départementaux : également près de la moitié des agriculteurs ;

- la presse agricole spécialisée (réseau « Réussir », les revues spécialisées) vient légèrement derrière, avec plus de quatre agriculteurs sur dix.

La presse professionnelle 1er choix 2ème choix Total

La France Agricole 41% 8% 49% Le journal départemental 23% 23% 46%

Le réseau « Réussir » 7% 12% 19% Les revues spécialisées 11% 12% 23%

Autres journaux / revues 7% 8% 15%

Non réponse 11% 25% 36%

Tableau 5.2. : La lecture de la presse professionnelle (en % des interviewés, plusieurs réponses possibles)89

88 Le titre « Réussir » est concurrent du groupe La France Agricole. Il correspond à un groupe de presse départementale et régionale constitué de 37 titres diffusés sur 53 départements, couplés avec des revues mensuelles pour les filières fruits et légumes, céréales, viticulture, élevage ... complétant le journal professionnel départemental. Ce réseau est donc à la fois national et départemental. 89 Le tableau 5.2 est établi à partir des résultats de la question 186.

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L’hebdomadaire La France Agricole est davantage lu par les producteurs de grandes cultures (40%) que par les éleveurs bovins (1/3 environ) et surtout que par les producteurs de cultures spéciales (4%), dont beaucoup ont par ailleurs accès à une presse spécialisée (37%). L’hebdomadaire est aussi plus lu par les membres de Jeunes Agriculteurs (60%), de la FNSEA (55%) et des syndicats spécialisés (54%) que par les membres de la Coordination Rurale (43%) et surtout par ceux de la Confédération Paysanne (30%) et que par les non syndiqués (36%). Les différences selon l’âge sont moins nettes, même si la lecture de la presse spécialisée augmente en proportion chez les jeunes.

Par contre, les journaux professionnels départementaux sont lus dans des proportions proches, quelles que soient les catégories de production (de 21% à 37%). La presse agricole spécialisée se trouve dans une position opposée, avec des taux très différents selon les productions :

- d’un côté, 53% pour les Cultures spéciales et 45% dans le secteur laitier ;

- de l’autre, 11% pour les Polyculteurs éleveurs et 10% pour les Ovins / Caprins / Autres Herbivores ;

- en position intermédiaire, les Bovins viande (39%) et les Mixtes (33% à 35%).

Les membres de Jeunes Agriculteurs, de la FNSEA et des syndicats spécialisés lisent un peu plus assidûment la presse départementale que les membres de la Coordination Rurale et de la Confédération Paysanne (les non syndiqués sont dans les mêmes proportions que ces derniers).

La plupart des agriculteurs lisent plusieurs medias professionnels (1,64 de moyenne par agriculteur, pour l’ensemble de la population). Mais selon les catégories de producteurs, ce chiffre varie sensiblement :

- le maximum correspond aux Grandes cultures (1,83), suivi des Bovins lait spécialisé ou ruminants (1,73),

- et le minimum aux Ovins / Caprins / Autres Herbivores (1,35) et aux Cultures spéciales (1,43).

Globalement, dans une population agricole qui s’informe beaucoup à travers une presse spécifique, les pratiques se différencient donc surtout par l’orientation de production et par l’appartenance syndicale.

2. La presse générale Comme tous les citoyens, les agriculteurs peuvent accéder à une multitude de quotidiens

et d’hebdomadaires généralistes. Ainsi, près des deux tiers des agriculteurs disent lire régulièrement des quotidiens (contre 90% pour les media professionnels), presque toujours locaux ou régionaux, moins de 10% disant lire des quotidiens nationaux90(tableau 5.3).

90 La question n’a pas été posée concernant la presse hebdomadaire.

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Presse quotidienne 1ère citation 2ème citation Total

Locale / Régionale 54% 3% 56%

Nationale 5% 4% 9%

Autres journaux 5% 6% 11%

Aucun / sans réponse 37% 50% 37%

Tableau 5.3. : La lecture de la presse quotidienne générale (plusieurs réponses possibles) 91

L’appartenance syndicale, le niveau de formation et l’orientation de production expliquent fortement les différences de taux de lecture de la presse générale, alors que l’âge différencie peu les agriculteurs, si ce n’est les plus de 60 ans qui la lisent davantage :

- l’appartenance syndicale montre de fortes différences de pratiques de la presse : les adhérents de la FNSEA lisent davantage la presse locale que la moyenne (65% / 56%) ; ceux des syndicats spécialisés, davantage Le Figaro (31% / 4%) ; ceux de JA lisent un peu plus Le Figaro également (8%) ; ceux de la Confédération Paysanne Le Monde et Libération (15% / 5%). Enfin, les adhérents de la Coordination Rurale ont ici des pratiques tout à fait spécifiques puisque aucun d’entre eux ne lit de journaux nationaux et seuls 14% lisent des quotidiens locaux ou régionaux ;

- la formation est une variable explicative forte : moins de 3% de lecture de la presse quotidienne pour les agriculteurs sans formation ; 5% pour les titulaires de CAP / BEP ; 10% pour les agriculteurs de niveaux bac. / BTS ; enfin, 33% pour les agriculteurs de niveau ingénieur ;

- l’orientation de production :

o d’un côté : en grandes cultures, le taux de lecture de la presse quotidienne nationale monte à 17% ; en catégorie de production ovins – caprins, 14% ;

o d’un autre côté, 3% en bovins viande et 1% en lait ; on trouve en position intermédiaire, 6% en cultures spéciales.

3. Les medias audiovisuels Près des deux tiers des agriculteurs (64%) disent s’informer par l’intermédiaire de la

radio et plus des trois quarts d’entre eux (77%) aussi par la télévision. L’écoute de la radio est donc aussi répandue que la lecture de la presse quotidienne.

91 Le tableau 5.3 est établi à partir de la question 187.

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Radios citées (en %) Citée au 1er rang

Total (3 citations possibles)

Radios locales 15% 21%

Total radios nationales 38% 65%

RTL 10% 17%

France Inter 10% 14%

Europe 1 5% 10%

Radio Bleue 6% 9%

France Info 3% 8%

RMC 4% 7%

Nostalgie 1% 6%

France Musique + Culture 1% 4%

Pas de radio en particulier 5% 8%

Non réponse 38% 38%

Tableau 5.4. : Ecoute des radios (en % des interviewés)92

Si, en les cumulant, les grandes radios nationales dominent, un cinquième des agriculteurs écoute des radios locales (Tableau 5.4). Les différences sont faiblement expliquées par les orientations de production, contrairement aux medias précédents ; mais elles sont ici encore fortement déterminées par les appartenances syndicales et par les niveaux de formation93 :

o les appartenances syndicales :

- les membres de la FNSEA écoutent surtout des radios locales (25%) ou RTL (20%) ;

- ceux de JA, les stations Europe 2 (25%) et France Inter (25%) ;

- ceux de la Confédération Paysanne écoutent très majoritairement France Inter (55%) ;

- ceux de la Coordination Rurale écoutent moins la radio (43% / 64% au global) ; quand ils le font, ils se branchent très majoritairement sur des radios locales (43%) ;

- enfin, les non syndiqués sont les moins nombreux à écouter la radio (notons que 45% n’ont donné aucun nom de station).

o les niveaux de formation :

- une majorité importante des Sans formation ou de niveau CAP ne donne pas de nom de radio (respectivement 66% et 57%) ;

- les niveaux BTS et Ingénieur citent davantage trois radios nationales : France-Inter, Europe 1 et RTL.

92 Le tableau 5.4 est établi à partir de la question 189. 93 Les classes d’âge différencient peu les enquêtés : les moins de 40 ans écoutent nettement plus Europe 2 et un peu plus des radios locales, tandis que les plus de 50 ans écoutent davantage Nostalgie.

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Concernant la télévision, le taux de ceux qui disent s’informer par ce moyen décline légèrement avec l’élévation du niveau de formation (tableau 5.5).

Sans formation

CAP / BEP Bac. / BTA BTS /

ingénieur Autres

formations

82% 79% 79% 68% 71%

Tableau 5.5. : Proportion de ceux qui disent s’informer par la télévision selon le niveau de formation94

La télévision semble donc un media particulièrement utilisé par les agriculteurs dont la formation a été plus courte, à l’inverse de la presse et de la radio. On n’observe pas de relation avec le taux de syndicalisation, ni avec le type d’adhésion syndicale.

4. Internet

Un tiers des agriculteurs dit s’informer par Internet (Tableau 5.6), ce qui est un taux un peu plus faible que la moyenne française, si l’on se réfère à des enquêtes nationales indiquant que 50% d’entre eux accédaient à Internet en 2005, contre 40% dans cette enquête.

Utilisation professionnelle d’Internet Fréquence

Oui 32%

Non ou pas de réponse 68%

Total 100%

Tableau 5.6. : Connexion professionnelle à Internet 95

Le taux d’usage d’Internet chez les agriculteurs s’explique très fortement par leur niveau de formation (Tableau 5.7). Ainsi, parmi les 109 agriculteurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, 58% sont connectés à Internet et 51% sont utilisateurs.

Niveau formation Internet

Pas de formation

CAP / BEP

BAC / BTA

BTS / ingénieur

Autres formations

% connectés 24% 32% 41% 58% 52%

% utilisateurs 13% 21% 38% 51% 39%

Total (effectif) 38 208 102 109 46

Tableau 5.7. : Taux de connexion à Internet selon le niveau de formation96

On peut considérer que la variable formation a d’autant plus de poids sur les taux de connexion (et d’usage) à Internet que, contrairement aux niveaux de formation qui ont tendance à décroître

94 Le tableau 5.5 est établi à partir des questions 185 et 230. 95 Le tableau 5.6 est établi à partir de la question 188. 96 Ce tableau reprend des résultats de la question 185, 188 et 230.

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avec l’âge, le degré de connexion à Internet n’est pas lié à l’âge : 42% des moins de 40 ans sont connectés, contre 44% des 40-55 ans et 31% des plus de 55 ans.

Les orientations de productions apparaissent également jouer un rôle important dans l’explication de ces différences : seuls 10% des éleveurs Ovins – Caprins et Autres Herbivores sont connectés, contre 53% des éleveurs de Granivores et presque la moitié pour les producteurs de Grandes Cultures et de Cultures Spéciales (respectivement 48% et 47%) ; enfin, les éleveurs Bovins sont un peu plus du tiers à l’être (35% en Lait et 43% en Viande).

Par contre, les appartenances syndicales semblent influer très peu sur ce taux. Le seul clivage perceptible à ce niveau renvoie au fait d’être ou non syndiqué : 45% pour les syndiqués, contre seulement 34% pour les non syndiqués.

Autrement dit, la connexion à Internet est plutôt fonction de la dotation en capital culturel agricole.

La diversité des pratiques informationnelles des agriculteurs répertoriées dans l’enquête peut finalement être expliquée par deux grands axes de différenciation : la position dans le champ professionnel (appartenance syndicale et orientation de production) et le niveau de formation (Figure 5.1).

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Position professionnelle

Position centrale

Forte connexion à Internet

Lecture de la presse locale Forte écoute des

grandes radios nationales

Lecture de la presse nationale

Niveau de formation Radios locales

(-) (+)

Peu de lecture de La France Agricole

Peu de lecture de quotidien national

Fort usage de la télévision pour s’informer

Faible écoute des radios

Position périphérique

Figure 5.1. : Les deux axes de différenciation des pratiques informationnelles des agriculteurs

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5. Un fort décalage identitaire Comment les agriculteurs perçoivent-ils l’image que leur renvoient les media ?

Implicitement, la plupart d’entre eux distinguent nettement les media agricoles des autres. Pour eux, les media spécialisés en agriculture font partie de leur monde, même s’ils apprécient diversement leurs orientations ou leur qualité. Il n’en va pas de même pour les media non professionnels. Ainsi, quand 79% pensent que les media ont une vision faussée ou décalée de leur métier, ils pensent presque toujours à la télévision, à la radio, ainsi qu’aux journaux et aux revues nationales (Tableau 5.8).

Le jugement des agriculteurs sur leur perception

par les medias Effectif Fréquence

Ils ont une vision juste de mon métier 29 6% Ils sont une vision faussée / décalée … 398 79% Ils n’ont pas de vision 16 3% Autre réponse 36 7% Je ne sais pas / pas de réponse 26 5%

Total 505 100%

Tableau 5.8. : La vision qu’ont les agriculteurs des medias97

Les griefs des agriculteurs, souvent vigoureusement exprimés dans les verbatim, tiennent à des facteurs tantôt spécifiques à l’agriculture comme les crises alimentaires, la pollution entraînée par la production, les grosses exploitations, la chasse à la prime, l’assistanat économique issu de la PAC, tantôt ces facteurs sont globaux : les excès critiques des medias à des fins d’audience, leur mise en exergue du spectaculaire, l’hyper valorisation de la tradition agricole ou alimentaire, etc. Pour autant, une proportion importante d’entre eux se garde bien de généraliser ses critiques, disant qu’elles sont parfois justes, que le traitement médiatique de leur profession s’améliore ou qu’ils ne mettent pas tout le monde médiatique sur le même plan...

Cette perception est indépendante de l’âge, même si la critique semble un peu plus forte chez les jeunes (Tableau 5.9).

Le jugement des agriculteurs sur leur perception par les medias

Moins de 40 ans

De 40 à 55 ans

55 ans et plus

Vision faussée / décalée (%) 80% 79% 77% Total (effectif) 128 278 99

Tableau 5.9. : La vision qu’ont les agriculteurs des medias en fonction de l’âge98

97 Le tableau 5.8 est établi à partir de la question 183. 98 Le tableau 5.9 est établi à partir des questions 183 et 209.

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Elle est également quasiment indépendante de l’appartenance syndicale. Notons cependant que les membres de la Confédération Paysanne sont un peu moins critiques (Tableau 5.10).

Le jugement des agriculteurs sur leur perception par les medias FNSEA JA Confédération

Paysanne Coordination

Rurale

Vision faussée / décalée (%) 80% 83% 65% 100% Total (effectif) 235 24 20 7

Tableau 5.10. : La vision qu’ont les agriculteurs des medias en fonction de l’appartenance syndicale 99

La relation de cette vision avec la catégorie de production de l’exploitation joue légèrement, car les agriculteurs en relation directe avec le marché ou communiquant collectivement vers les consommateurs paraissent un peu moins critiques que les autres (Tableau 5.11).

Les medias ont une vision faussée / décalée

Fréquence

Bovins lait 75% Bovins viande 80% Grandes cultures 86% Cultures spéciales 75% Grandes cultures + Cultures spéciales 77% Granivores 81% Ovins, Caprins et autres Herbivores 75% Autres associations culture - élevage 89%

Tableau 5.11. : La vision qu’ont les agriculteurs des medias en fonction de leur catégorie de production 100

Pour autant, en matière de communication vers la société, la plupart des agriculteurs ne se situe pas dans une attitude de repli, bien au contraire. Beaucoup participent à des actions locales pour expliquer leur métier ou entretenir des liens commerciaux ou de dialogue avec les autres ruraux. De plus, ils sont nombreux à émettre des souhaits, à faire des propositions.

Alors quelles pistes pour mieux communiquer dans la société ? La communication vers d’autres acteurs de la société est très nettement conçue comme étant avant tout un investissement de proximité : les fermes ouvertes sont citées par un agriculteur sur deux, les écoles par plus de quatre sur dix et les liens de voisinage par plus d’un agriculteur sur six (Tableau 5.12).

99 Le tableau 5.10 est établi à partir des questions 183 et 72. 100 Le tableau 5.11 est établi à partir des questions 183 et 260.

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Pistes de communication 1er choix 2ème choix Total

Opérations « fermes ouvertes » 38% 9% 47%

Intervenir dans des écoles 19% 23% 41%

Articles dans la presse (locale / nationale) 11% 13% 24%

Renforcer les relations de voisinage 8% 8% 16%

Animer les marchés 8% 8% 15%

Engagement dans une association de consommateurs

5% 7% 12%

Engagement dans une association environnementale

3% 7% 9%

Réponses spontanées : développer des structures d’accueil, interventions télévisées

3% 4% 7%

Autres 6% 3% 9%

Tableau 5.12. : Quelques pistes pour mieux communiquer avec les autres101

Pour mettre en œuvre ces moyens d’amélioration de la communication avec la société, les agriculteurs pensent très nettement, en priorité à eux-mêmes, sans nommer leurs institutions professionnelles (plus de la moitié au total)102. Ils désignent ensuite les quatre grands types d’institutions qui les environnent : la Chambre d’Agriculture (plus d’un sur cinq), les Syndicats (un sur cinq), les Coopératives / les Groupements de producteurs (un sur huit). Par contre, moins d’un sur dix attend des grands medias qu’ils le fassent, ce qui paraît logique vu leur vision dominante précédente (Tableau 5.13).

Qui ? 1er choix 2ème choix Total

Les agriculteurs 46% 8% 54%

La Chambre d’Agriculture 11% 11% 22%

Les syndicats 13% 7% 20%

Les coopératives / groupements 6% 7% 13%

Des groupes locaux d’agriculteurs 6% 4% 11%

Les media (radio, télé) 5% 4% 10%

L’éducation nationale 2% 2% 10%

Les collectivités territoriales 1% 1% 2%

Autres 7% 5% 12%

Non réponse 3% 51% 3%

Total 100% 100% 100%

Tableau 5.13. : Les mieux placés pour mener des actions de communication sur le métier d’agriculteur103

Les acteurs mis en avant sont les mêmes, quelles que soient les classes d’âge.

101 Le tableau 5.12 est établi à partir de la question 190. 102 Précisons que les modalités de réponse n’étaient pas suggérées. 103 Le tableau 5.13 est établi à partir de la question 192.

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Leur hiérarchie varie quelque peu selon l’appartenance syndicale : les membres de la Confédération Paysanne sont plus nombreux que les autres à parler des agriculteurs en général (75%), suivis des membres des syndicats spécialisés (61%). Avec ceux de la Coordination Rurale (0%), ils sont aussi moins nombreux à citer les syndicats (10%). Le poids de la formation paraît plus net : les niveaux élevés citent davantage que les autres la Chambre d’Agriculture, les groupes locaux et d’autres acteurs.

Ajoutés aux résultats du tableau précédent sur les démarches possibles pour communiquer, ces choix sont le signe que, malgré le sentiment très répandu parmi les agriculteurs interviewés que le monde de la communication dévalorise leur métier, la majorité de ces agriculteurs ne considère pas pour autant qu’elle se trouve dans une « citadelle assiégée ». Tout au contraire, une forte proportion des agriculteurs voudrait s’impliquer davantage pour communiquer sur leur métier dans le public, essentiellement sur le plan local.

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Synthèse

Si l’univers informationnel des agriculteurs demeure encore essentiellement structuré par l’offre des medias agricoles, la majorité des agriculteurs affirme continuer à lire des quotidiens, à écouter la radio, à regarder la télévision. Toutes ces pratiques rythment leur journée de travail, et leur soirée. Il est donc logique que les contenus informationnels des grands medias généralistes, qui leur semblent souvent dévalorisants pour leur profession agricole, suscitent de vives réactions de leur part.

S’il y a lieu de parler de « fracture informationnelle », le problème de pose d’abord en termes de coupure avec les media généralistes, non professionnels, avec le monde des journaux et des revues nationales, de la télévision et de la radio. Beaucoup d’agriculteurs ressentent la nécessité de s’adresser à un public, y compris dans leur entourage immédiat, qui ne les connaît pas ou plus et qui donc les ignore.

Ces résultats d’enquête montrent par ailleurs que la population agricole manifeste dans ce domaine de l’information comme dans d’autres, des comportements très divers. Les principales différences sont fonction des orientations de production et des tailles économiques des exploitations. Elles apparaissent majoritairement dépendantes du niveau de formation et du type d’adhésion aux institutions professionnelles.

Ceci est vrai plus particulièrement pour Internet. Vu la révolution informationnelle qui s’amorce, le poids de la formation et de l’insertion dans les institutions professionnelles pourrait prendre une importance croissante dans l’exercice du métier, ce qui pose avec d’autant plus d’acuité la question des disparités des niveaux de formation en particulier chez les plus jeunes, le quart étant de niveaux inférieurs au BTA (Tableau 5.14).

Pas de formation

CAP / BEPA

BAC / BTA

BTS / ingénieur

Autres formations

Moins de 40 ans 3% 23% 30% 41% 6%

Total 8% 41% 20% 29% 9%

Tableau 5.14. : Part des moins de 40 ans par niveau de formation104

104 Le tableau 5.14 est établi à partir des questions 209 et 230.

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Chapitre 6

Les agriculteurs et le contexte politique

international

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125

Chapitre 6

Les agriculteurs et le contexte politique international

Pour l’agriculture française, l’évocation du contexte international renvoie d’abord à la politique agricole commune (PAC). Beaucoup d’observateurs économiques ont montré que c’est à partir de l’organisation européenne que la grande majorité des marchés agricoles et alimentaires sont aujourd’hui constitués et peuvent se développer (L. Bourgeois, 2005). Depuis les années 60, l’engagement des agriculteurs a été marqué par cette dimension géopolitique, pour ou contre l’Europe agricole, pour ou contre ses évolutions. Depuis les années 1980, en France, les diverses réformes mises en place ont cristallisé les débats d’orientation de l’agriculture autour de l’avenir de la PAC et de son insertion dans les règles internationales de commerce.

Pour analyser la vision que les agriculteurs avaient de leur contexte politique, nous avons retenu cinq variables correspondant à différentes questions du guide d’entretien :

a) Les questions sur la vision de la PAC (Q145 à 150) avaient pour but de mesurer les opinions des agriculteurs sur son évolution récente, les critiques qu’ils émettent à son encontre et les conséquences de la dernière réforme envisagées sur leurs relations avec les OPA.

b) La perception des contraintes de la politique publique européenne (Q152 à 154) concerne l’éco conditionnalité et les contrôles PAC.

c) L’évolution de l’espace commercial international (Q163 à 167) comprend deux thèmes :

- la concurrence des pays nouveaux de l’UE et celle des autres pays du monde ;

- la solidarité avec les agriculteurs de ces deux types de pays.

d) La perception du poids des agriculteurs (Q158 à 161) : comment se sentent-ils écoutés, compris, consultés et pris en compte dans les décisions sur l’agriculture ?

e) La perception de l’avenir (Q199) : les agriculteurs ont été invités à dire de qui dépendait le plus leur avenir.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

126

1. Des interprétations contrastées de la réforme de la politique agricole commune

Il s’agissait de mesurer de quelle façon les agriculteurs interprétaient la dernière réforme de la PAC, qui datait de juin 2003.

1.1. La réforme de 2003 et son contexte

Depuis les années 1950, la profession agricole était considérée comme particulièrement privilégiée par la construction politique européenne, notamment parce que le marché commun agricole institué en 1957, devenu la politique agricole européenne (PAC) en 1962, a absorbé pendant un quart de siècle les trois quarts du budget européen et qu’elle en représente encore plus de 45% aujourd’hui.

Cette politique reposait jusqu’aux années 1990 sur trois types d’instruments d’intervention communautaires : les organisations communes de marché (OCM) ; les outils de commerce extérieur, la politique des structures agricoles. S’y sont ajoutés deux secteurs d’intervention dont l’importance va croissante depuis une dizaine d’années : la politique agri-environnementale et la politique de développement rural.

Succédant à celles de 1984 (réforme de l’OCM lait), de 1992 (réformes des OCM céréales et viande bovine) et de 1999 (volet agricole de Agenda 2000), la réforme de la PAC de juin 2003, était envisagée à l’origine comme une révision de la politique européenne à mi-étape. Elle a débouché sur des propositions ressenties comme une véritable rupture, aussi bien par les organisations professionnelles agricoles que par les industries agroalimentaires. Rappelons-en les principales composantes : le découplage des soutiens publics a été quasiment généralisé ; leur éco-conditionnalité a été instituée ; à travers le principe des Droits à Paiement Uniques (DPU), l’assise des paiements des aides directes a été modifiée. Enfin, la réforme était placée dans le contexte des négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), susceptibles d’accentuer la perspective de désengagement des interventions publiques sur les marchés après 2010.

1.2. La réforme de la PAC de juin 2003 : entre adaptation et refus

La PAC occupe un poids important dans les évolutions actuelles de l’agriculture puisqu’elle régule une grande partie de ses productions (céréales, protéo-oléagineux, lait viande bovine) et détermine directement la majorité des revenus d’exploitation105 . Il était donc essentiel de connaître le point de vue des agriculteurs sur la dernière réforme pour comprendre les évolutions qu’ils redoutent ou au contraire qu’ils souhaitent.

105 Cf. travaux économiques de l’INRA menés par V. Chatelier et A. Gohin.

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Quatre types de positions étaient proposés aux interviewés :

- optimiste, considérant que la réforme était une bonne chose ; - fataliste, considérant que la réforme était une chose inévitable ; - contestataire, considérant que la réforme était une mauvaise chose ; - réactionnelle, considérant que la réforme allait à l’inverse de ce qu’il fallait faire106.

Malgré une nette domination du nombre d’opinions négatives, les résultats (Tableau 6.1) montrent une dispersion importante des positions sur les trois derniers items qui précédent.

L’affirmation qui correspond le mieux à ce que vous pensez … Fréquence C’est une bonne solution pour adapter la production aux marchés 2%

Item positif 2% C’est dans le cours des choses, c’est à moi de m’adapter 28% Elle entraîne une évolution radicale de mon métier, avec laquelle je ne suis pas d’accord

29%

Il faut faire marche arrière et revenir au protectionnisme et à des prix rémunérateurs 21% Items négatifs 51%

Productions non régulées par la PAC ; je ne dépends pas des aides 14% Autre réponse 6%

TOTAL 100%

Tableau 6.1. : Parmi les affirmations suivantes sur l’évolution de la PAC, laquelle

correspond le mieux à ce que vous pensez ?107 Si la tendance dominante des agriculteurs est de rejeter la réforme de 2003, avec 50% des réponses (items 2 et 3 – tableau 6.2), plus d’un quart d’entre eux la juge inéluctable et pose le problème en terme d’adaptation. Globalement, en 2005, la majorité des agriculteurs ne semblait donc pas prête à changer de politique agricole ; elle semblait plutôt camper sur des positions d’opposition à la réforme de 2003.

106 Ces possibilités étaient complétées par une cinquième, relative au fait que certaines productions étaient peu encadrées par la PAC. 107 Le tableau 6.1 est établi à partir de la question 145.

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Catégories de

productions Réactions PAC

Bovin lait spécialisé

ou dominant

Bovin viande

spécialisé ou

dominant

Grandes cultures

Cultures spéciales

Granivores (+ autres

productions)

Ovins, caprins, et

autres herbivores

Total

C'est une bonne solution…

5% 6% 0% 2% 3% 0% 3%

C’est dans le cours des choses … 35% 37% 30% 4% 22% 35% 28%

Elle entraîne une évolution radicale de mon métier…

30% 28% 36% 12% 33% 30% 29%

Il faut faire marche arrière…

24% 28% 22% 13% 14% 15% 21%

Mes productions n'ont jamais été régulées…

2% 0% 0% 69% 17% 15% 14%

Autre réponse108 5% 2% 12% 0% 11% 5% 6% Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 6.2. : Les réactions à la PAC selon les principales catégories de production109

La distribution des opinions des agriculteurs varie fortement en fonction des productions, ce qui s’explique par les différences d’application de la PAC (les OCM) : en général, plus leur revenu en dépend, plus les agriculteurs expriment un rejet de la réforme.

Cette distribution des opinions ne varie pas significativement pour l’âge, même si les plus de 60 ans apparaissent un peu plus critiques que les autres.

Le niveau de formation ne semble pas non plus très significatif, sauf sur la modalité « Il faut faire marche arrière et revenir au protectionnisme et à des prix rémunérateurs », pour laquelle la proportion de ceux qui choisissent cette opinion diminue quand le niveau de formation augmente : près de 40% des CAP et 25% des BEP, contre 10% seulement des BTS et ingénieurs. Une faible formation va donc davantage dans le sens d’un rejet de l’évolution de la PAC.

108 Les critiques de la PAC classées « autres » sont souvent constituées de trois types d’arguments :

- la dimension morale du découplage : « on sera payé à rien faire ! » ; - ceux qui mêlent plusieurs de ces items : par ex. « je ne suis pas d’accord du tout, mais il faut bien

que je m’adapte ! » ; - ceux qui en soulignent les aberrations (par ex. : l’institution d’une concurrence déloyale entre

agriculteurs). 109 Le tableau 6.2 est établi à partir des questions 145 et 260.

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129

Par contre, l’engagement syndical laisse entrevoir des variations plus significatives (Tableau 6.3). Syndicat Réactions PAC

FNSEA JA Confédération

Paysanne Coordination

Rurale Syndicat

spécialisé Pas de

syndicat Total

C’est une bonne solution …

3% 0% 5% 5% 0% 2% 2%

C’est dans le cours des choses …

34% 25% 15% 0% 23% 27% 29%

Elle entraîne une évolution radicale de mon métier …

29% 33% 40% 57% 39% 24% 29%

Il faut faire marche arrière …

20% 21% 0% 43% 0% 24% 21%

Mes productions n’ont jamais été régulées

9%

8%

25%

0%

23%

19%

14%

Autre réponse 5% 13% 15% 0% 8% 5% 6% Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 6.3. : Les réactions à la PAC selon les appartenances syndicales110 Si les adhérents de la FNSEA et de JA ont des opinions proches, ils sont néanmoins très partagés entre trois positions : le fatalisme, l’opposition, le rejet. La distribution des opinions des adhérents des deux autres syndicats paraissent bien différentes : ceux de la Confédération Paysanne sont moins critiques, alors que ceux de la Coordination Rurale se placent dans une vive opposition.

L’appréciation critique varie également entre ceux qui exercent des responsabilités syndicales, qui sont plus nombreux à dire que leurs productions sont régulées par la PAC, et les autres : - 36% des responsables disent qu’elle « entraîne une évolution radicale de mon métier, avec

laquelle je ne suis pas d’accord », alors que les autres syndiqués ne sont que 28% ; les non syndiqués sont 26% ;

- 26% des responsables disent aussi que « c’est dans le cours des choses, c’est à moi de m’adapter », contre 31% pour les autres syndiqués et 26% pour les non syndiqués ;

- l’opinion « Il faut faire marche arrière et revenir au protectionnisme et à des prix rémunérateurs » est choisie par 19% des responsables, 19% des autres syndiqués, contre 24% pour les non syndiqués.

Les responsables syndicaux expriment donc plus souvent des opinions volontaristes critiques, mais de compromis, alors que les non syndiqués se placent plus volontiers dans le rejet.

110 Le tableau 6.3 est établi à partir des questions 145 et 72.

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1.3. Les critiques formulées

Au cours des entretiens de préenquête, les agriculteurs avaient souvent émis de vives critiques sur la PAC : nous les avons répertoriées en thèmes principaux pour mesurer leur fréquence dans la phase quantitative des 505 entretiens.

Les critiques formulées Fréquence

Les papiers, les contrôles que cela entraîne 17%

La baisse des prix 12%

Les injustices entre les agriculteurs sur les aides 12%

Une PAC à la fois trop complexe et changeante 10%

La baisse ou l’arrêt de certaines primes 8%

Des normes imposées d’en haut, loin du terrain 6%

La remise en cause de la PAC dans son ensemble 6%

Autres critiques 14%

Ne sait pas ou non réponse 15%

Total 100%

Tableau 6.4. : Les réactions à la PAC111 Les critiques émises s’avèrent donc très diverses (tableau 6.4):

- elles sont d’abord économiques, les prix et les primes, représentant près de 20% des interviewés ;

- mais ces dernières sont suivies de près par les critiques administratives, gestion lourde et suspicieuse, qui représentent plus de un interviewé sur six ;

- les critiques sociales, les injustices représentent un peu plus de 10% des interviewés ; - enfin, des critiques politiques (la logique descendante, le démantèlement de la PAC)

représentent elles aussi un peu plus de 10% des interviewés.

2. Une éco-conditionnalité des soutiens publics globalement acceptée

L’institution de conditions sanitaires et environnementales pour percevoir les aides, reprise dans un cahier des charges, a entraîné un système de conseil et de contrôles publics. C’est un changement majeur de l’intervention publique en agriculture, reposant précédemment sur l’efficacité technique ou économique des exploitations ou sur des compensations avec leur inefficacité relative.

111 Le tableau 6.4 est établi à partir de la question 150.

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2.1. Le conditionnement des aides par rapport à des règles d’environnement et d’aménagement du territoire

Le conditionnement du versement des aides à des règles d’environnement et d’aménagement du territoire semble donc largement accepté par les agriculteurs, moins d’un tiers d’entre eux s’y opposant (Tableau 6.5).

La vision de l’éco-conditionnalité Fréquence

Oui, car on doit encourager les agriculteurs respectueux des bonnes pratiques et pénaliser ceux qui ne respectent pas les règles 26%

Oui, car aujourd’hui ce sont des enjeux importants 16%

Oui, quand on est aidé, il faut bien qu’il y ait une contrepartie 14%

TOTAL des Oui 56%

Non, car on devrait nous faire confiance 13%

Non, car on n’a pas à nous dicter notre manière de produire 6%

Non, on ne devrait pas toucher des aides pour cela 10%

TOTAL des Non 29%

Autres 10%

Non réponse 5%

Total 100%

Tableau 6.5. : La vision de l’éco-conditionnalité112

2.2. Les conditions de mise en œuvre des contrôles qui en découlent soulèvent de fortes réticences

Contrairement au principe de conditionnalité, majoritairement accepté, les modalités de sa mise en œuvre sous la forme de contrôles soulèvent de fortes réticences chez une partie importante des agriculteurs. Ceux-ci considèrent que l’Etat est en quelque sorte « sorti par la porte » en abandonnant la régulation des marchés et qu’il est « rentré par la fenêtre » en contrôlant par le détail le versement de compensations financières qu’ils n’avaient pas demandées (Tableau 6.6).

112 Le tableau 6.5 est établi à partir de la question 152.

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Les contrôles PAC 1er choix Total Ils sont légitimes, puisqu’on bénéficie des aides publiques 33% 43%

Vision positive 33% 43%

Ils révèlent une suspicion a priori vis-à-vis des agriculteurs 12% 19%

Ils sont trop stricts et les sanctions trop sévères 12% 21%

Vision négative 24% 40%

Ils doivent correspondre à des exigences réalisables 9% 21%

Ils doivent être réalisés par des contrôleurs compétents 7% 22%

Vision conditionnelle 16% 42%

Pas encore vécu cela 16% 20%

Pas concerné 4% 4%

Autres réponses 1% 4%

Non réponse 6% 6%

Total 100% 100%

Tableau 6.6. : La vision des modalités de mise en oeuvre de l’éco-conditionnalité113.

3. La PAC et les relations avec les OPA Toutes les grandes organisations professionnelles agricoles (les Syndicats, les Chambres d’Agriculture, les Coopératives, etc.) se sont souvent exprimées sur l’évolution de la PAC et sur sa dernière réforme. Certaines d’entre elles en ont débattu publiquement avec leurs adhérents agriculteurs avant et après l’annonce de juin 2003. Dans cette mesure, on peut se demander quelles peuvent être les conséquences de l’annonce et de la mise en œuvre de cette dernière. Nous l’avons constaté, cette annonce est souvent jugée de façon très critique par les agriculteurs.

L’impact de la réforme de la PAC sur les relations avec les OPA Fréquence

Oui 37% Non 52%

Ne sait pas / sans réponse 11%

TOTAL 100%

Tableau 6.7. : Les réformes de la PAC ont-elles eu un impact sur vos relations avec les OPA ?114

Les réponses sont donc assez partagées (Tableau 6.7). Près de la moitié reconnaît que cela n’a rien changé sur ce plan. Cependant, pour plus d’un tiers des agriculteurs, les réformes de la PAC ont eu des conséquences sur leurs relations avec les OPA. Aucune corrélation n’est décelable avec les classes d’âges, les appartenances syndicales ou les productions.

113 Le tableau 6.6 est établi à partir de la question 154. 114 Le tableau 6.7 est établi à partir de la question 147.

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Si donc, la PAC a eu une influence sur les relations avec les OPA pour une partie des agriculteurs, on peut ensuite se demander sous quel angle (Tableau 6.8).

Les changements induits par la réforme de la PAC sur les relations avec les OPA Fréquence

Je m’engage davantage afin de m’adapter 14% Je m’engage pour être défendu et faire valoir mes intérêts 7%

Items « augmentation de l’engagement » 21% Je n’ai plus confiance dans les OPA 5% Je m’engage moins car les OPA m’ont déçu 6% Ce n’est plus très important de se mobiliser collectivement 1%

Items « diminution de l’engagement » 12% Autre réponse 4% Non réponse 63%

Total 100%

Tableau 6.8. : Quel impact les réformes de la PAC ont-elles eu sur vos relations avec les OPA ? 115

Parmi le gros tiers qui soulignait un impact, à peu près la moitié des enquêtés, soit 21% du total, s’engagent davantage afin de s’adapter ou pour être défendu. A l’opposé, un huitième des enquêtés dit se désengager des OPA. Les autres, qui ne répondent pas, correspondent à deux positions : les enquêtés qui ont dit que la réforme de la PAC n’influençait pas leurs relations avec les OPA, et ceux qui n’avaient pas d’opinion.

Globalement, l’engagement professionnel des agriculteurs n’est donc pas très modifié par une réforme par ailleurs très critiquée. On peut faire l’hypothèse que c’est essentiellement parce qu’ils considèrent que les OPA pèsent finalement peu dans les décisions de politique européenne116. C’est ce que les variables suivantes tentaient précisément de mesurer.

4. La perception de la place des agriculteurs dans les décisions de politique agricole Au cours des préenquêtes, plusieurs agriculteurs avaient parlé de la PAC et des décisions

de politique nationale en terme de fait accompli : « nous subissons ». Dans le questionnaire, nous avons donc essayé de préciser et de mesurer leurs sentiments par rapport aux instances politiques, à travers quelques termes susceptibles de traduire leurs divers états d’esprit.

Une très forte majorité d’agriculteurs exprime un sentiment d’impuissance face aux décisions de politique agricole (Tableau 6.9). Par contre, la majorité (61%) estime que leur façon de voir les choses n’est « pas du tout » prise en compte.

115 Le tableau 6.8 est établi à partir de la question 148. 116 Notons que les adhérents de la FNSEA et de JA sont ceux qui insistent le plus sur « s’engager pour s’adapter », les adhérents de la Coordination Rurale sur « s’engager pour faire valoir ses intérêts », et que les adhérents de la Confédération Paysanne sont ceux qui s’abstiennent le plus sur cette question.

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Ecouté Consulté Compris Pris en compte Local 31% 27% 26% 22% Départemental 22% 17% 16% 14% National 7% 6% 5% 4%

Européen 2% 1% 1% 1%

Pas du tout 51% 56% 56% 61% Non réponse 7% 8% 8% 8%

Tableau 6.9. : Vous sentez-vous politiquement écouté / compris, etc. …au niveau local, départemental, etc.117

Dans les verbatim, de nombreuses réponses s’accordent à souligner l’existence de démarches de consultation et d’expression surtout organisées à l’échelon local ou départemental. Celles-ci émanent des Syndicats, des Chambres d’Agriculture, des Coopératives et des Conseils Généraux. Mais au-delà, l’idée prévaut que la politique agricole est imposée à leur profession et que leurs organisations sont impuissantes. Ces expressions sont formulées en termes souvent très violents. Les pouvoirs publics les reçoivent, recueillent leur opinion puis prennent des décisions dans lesquelles ils ne retrouvent pas de prise en compte de leurs points de vue. Lorsqu’ils sont évoqués, les personnels de l’administration publique sont considérés comme des agents actifs de l’exécution de la politique.

Si beaucoup insistent sur le déclin global de l’influence de la profession agricole, certains soulignent plutôt les inégalités de traitement politique entre les « gros » et les « petits » agriculteurs. A l’inverse des premiers, les seconds ne sont ni écoutés ou ni consultés : « nous les petits, on n’existe pas pour eux ».

Contrairement à la formation, l’âge intervient significativement dans ces perceptions. Par exemple, pour le terme « écouté », les plus jeunes sont moins pessimistes que les plus vieux : un peu plus d’un tiers des moins de 40 ans ne se sentent pas du tout écoutés, contre plus de 60% au-delà de 50 ans.

Une autre variable intervient de même sur les réponses : les adhérents des syndicats minoritaires sont plus optimistes, valorisant davantage le niveau local.

Enfin, selon les orientations de production, les sentiments exprimés varient également significativement : les éleveurs d’ovins – caprins, les producteurs de lait et de grandes cultures sont les plus critiques (de 60% à 50% disent qu’ils ne sont pas du tout écoutés, contre 30% à 40% pour les autres).

117 Le tableau 6.9 est établi à partir des questions 158 à 161.

Page 135: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

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5. Une libéralisation commerciale internationale redoutée

Dans le contexte de dérégulation impulsée par l’Organisation Mondiale du Commerce, la concurrence internationale, qu’elle soit interne ou externe à l’UE, inquiète fortement une grande majorité d’agriculteurs français enquêtés. Un sentiment prévaut à l’égard des autres agriculteurs, qu’ils soient européens ou issus de pays tiers : ils représentent pour eux des concurrents.

5.1. La concurrence venant des nouveaux membres de l’Union Européenne…

Plus des quatre cinquièmes des agriculteurs interviewés sont donc, peu ou prou, inquiets de la concurrence des nouveaux agriculteurs de l’Union Européenne (Tableau 6.10). Seuls un sur sept d’entre eux se disent complètement sereins.

Craignez-vous … Fréquence Beaucoup 46% Assez 18%

Un peu 21% Pas du tout 13%

Non réponse 2%

Total 100%

Tableau 6.10. : La vision de la concurrence avec les agriculteurs des nouveaux pays de l’UE118

5.2. …et celle des autres agriculteurs du monde, dans le contexte de libéralisation du commerce

Les proportions d’agriculteurs inquiets sont certes un peu plus élevées que pour la PAC, mais l’état des opinions est fondamentalement le même (tableau 6.11). Autrement dit, l’Europe ne donne plus aux agriculteurs le sentiment que la PAC représente pour eux une sécurité commerciale face au contexte concurrentiel mondial. Cette sécurité était auparavant symbolisée par la notion de « préférence communautaire ».

118 Le tableau 6.10 est établi à partir de la question 163.

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Craignez-vous … Fréquence Beaucoup 49% Assez 24% Un peu 16%

Pas du tout 9%

Non réponse 2%

Total 100%

Tableau 6.11. : La vision de la concurrence avec les autres agriculteurs du monde119

5.3. Un sentiment de solidarité européenne peu spécifique et globalement faible

Le sentiment de solidarité vis-à-vis des agriculteurs nouvellement entrés dans l’Union Européenne paraît faible, avec seulement 30% d’opinions « beaucoup ou assez solidaire » (Tableau 6.12). La réponse la plus fréquente est nettement « pas du tout solidaire », avec plus du tiers des réponses.

Vous sentez-vous solidaire … Fréquence

Beaucoup 8% Assez 22% Un peu 29% Pas du tout 37% Non réponse 4%

Total 100%

Tableau 6.12. : Le sentiment de solidarité envers les agriculteurs des nouveaux pays de l’UE 120

Le sentiment de solidarité vis-à-vis des agriculteurs des autres pays du monde est à peine différent (un peu plus faible) de celui envers les nouveaux agriculteurs de l’Union Européenne (tableau 6.13), confirmant le résultat précédent.

Vous sentez-vous solidaire … Fréquence

Beaucoup 6% Assez 16% Un peu 28%

Pas du tout 45%

Non réponse 5%

Total 100%

Tableau 6.13. : Le sentiment de solidarité envers les autres agriculteurs du monde121 119 Le tableau 6.11 est établi à partir de la question 164. 120 Le tableau 6.12 est établi à partir de la question 165. 121 Le tableau 6.13 est établi à partir de la question 166.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

137

La mesure des sentiments de « concurrence » ou au contraire de « solidarité » exprimés par les agriculteurs enquêtés envers leurs pairs de l’Union Européenne et des pays Tiers montre donc qu’une double défiance s’est massivement installée parmi eux :

- Malgré la perspective tracée depuis le début des années 1990, les agriculteurs français n’ont pas véritablement intégré le processus de l’élargissement de l’Union Européenne vers l’Est. Ils le craignent, alors même que les enseignements issus de toutes les statistiques existantes, montrent que ce sont au contraire les anciens pays socialistes, les PECO, qui, depuis 15 ans, ont perdu en compétitivité. Ceci se vérifie tant au niveau de leur agriculture que de leurs industries agroalimentaires avec plus d’importations, et moins d’exportations ; de plus, on assiste à l’achat des principales firmes agroalimentaires par des firmes de l’Ouest.

- Face à la perspective de dérégulation économique générale, beaucoup d’agriculteurs sont convaincus que d’une part, ils se trouvent désormais inéluctablement placés dans une dynamique de risque prix croissant. Ceci peut engendrer un déclin quasi général de leur secteur d’activité. D’autre part, face à cette menace, la PAC ne leur assure plus le rôle protecteur, tel qu’ils le ressentaient avant.

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138

Synthèse

Si la grande majorité des agriculteurs se situe donc en opposition avec la politique publique qui régit de plus en plus la formation de leurs revenus, ils ne sont pas pour autant arc- boutés sur des acquis d’un autre âge : par exemple, ils admettent en nombre l’éco-conditionnalité des soutiens publics européens. Ce qu’ils remettent en cause, c’est d’abord l’effet économique de la réforme (« nous devenons des assistés »). C’est ensuite la direction prise par l’agriculture européenne (« ils vont démanteler tous les fondamentaux de la PAC ») et enfin les aspects administratifs de cette réforme (l’esprit et la démarche des contrôles).

En même temps, les agriculteurs sont très partagés entre eux sur certaines dimensions de ce mouvement. De la diversité d’opinions décrite, aucune variable explicative majeure ne se dégage d’ailleurs sur ce qu’il conviendrait maintenant de faire. Les réponses sont corrélées ici aux âges, là aux productions, ou encore aux niveaux de formation ou aux types d’adhésions professionnelles, parfois syndicales, même si l’on a observé des divergences, par exemple à l’intérieur de la FNSEA.

Prospective

Finalement, on peut se demander si les points de vue des agriculteurs sur la PAC et ses effets ne préfigurent pas une sorte de rupture des rapports traditionnels de la majorité d’entre eux à l’Europe économique et politique. Cette hypothèse rejoint l’interprétation du vote paysan sur le traité européen, en mai 2005122. Leur opposition à la banalisation de la PAC exprime d’un côté une incompréhension vis-à-vis de l’élargissement de l’Europe et de l’autre une critique de sa dilution progressive dans des accords commerciaux mondiaux.

Mais, plus globalement encore, n’est-elle pas significative d’une double difficulté ? - celle de la profession à se placer dans un contexte nouveau, dominé par des

préoccupations plus globales au plan politique et plus urbaines au plan culturel ; - celle des pouvoirs publics et des sociétés européennes, à définir une perspective

concernant l’agriculture qui serait propre à l’Union, cohérente et positive pour les uns et les autres.

Même si une partie des agriculteurs interviewés se retrouve dans l’esprit de la réforme de la PAC de 2003, en général ils n’intègrent pas ou alors très mal les changements qu’ils vivent dans leurs exploitations comme nouvelle perspective de développement de leur métier. Autrement dit, un gros travail d’aggiornamento reste à faire par les organisations professionnelles pour définir de nouvelles stratégies et éviter que la réforme annoncée par l’Union pour 2003 et par certains responsables avant 2010 ne débouche à nouveau sur ce que l’on pourrait appeler un « marché de dupes », où la majorité s’inscrit dans un refus de principe avant la réforme et dans un opportunisme pratique après.

122 Cf. par exemple, « Le non français du 29 mai 2005 : comprendre, agir », Revue Notre Europe, Etudes et Recherches, n°44, octobre 2005.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

139

Chapitre 7

L’engagement

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140

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141

Chapitre 7

L’engagement

Etre agriculteur, ce n’est pas seulement produire sur son exploitation. C’est aussi gérer, acheter, vendre, s’informer, penser aux évolutions, à l’avenir. Pour assurer toutes leurs fonctions, les agriculteurs font appel à des services, adhérent à des organismes mutualistes, s’investissent dans des structures professionnelles. Bref, dans l’exercice de leur métier, ils s’engagent dans leur profession, en dehors de leur exploitation. Cette notion d’engagement va être déclinée selon quatre axes :

- l’identification, c'est-à-dire la tendance spontanée des agriculteurs enquêtés à se reconnaître dans une organisation professionnelle,

- l’adhésion, c'est-à-dire la volonté de s’identifier à un projet et à la défense du métier (aspect formel aussi),

- la participation, c'est-à-dire l’implication directe des agriculteurs aux activités de leur syndicat ou organisation professionnelle,

- la responsabilisation, c'est-à-dire la prise de responsabilités au sein de ces structures.

Ainsi nous allons préciser les relations qu’entretiennent les agriculteurs enquêtés avec les syndicats agricoles et les autres organisations professionnelles, avec le tissu associatif et politique local. La description des formes d’engagement qui se dégagent de leurs réponses doit nous renseigner sur leurs évolutions possibles.

Cette analyse étant faite sur l’échantillon national, le critère régional n’est pas pris en compte comme élément distinctif des formes d’engagement car il a fait l’objet de commentaires dans les différents rapports régionaux.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

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1. L’engagement syndical

1.1. Les attitudes des agriculteurs face au syndicalisme La façon dont les agriculteurs s’identifient à tel ou tel syndicat est importante pour saisir

le lien entre les agriculteurs et les syndicats.

Tendance syndicale Effectif Fréquence FNSEA 205 41% Confédération Paysanne 61 12% Jeunes Agriculteurs 31 6% Coordination Rurale 22 4% Syndicats Spécialisés 12 2% Autre 9 2% Modef 6 1% Aucun 159 32% Total 505 100%

Tableau 7.1. : Les sympathies syndicales des agriculteurs123

L’échantillon national confirme la sympathie en premier rang pour la FNSEA (41%) puis pour la Confédération Paysanne (12%) puis pour les Jeunes Agriculteurs (6%). La Coordination Rurale ne recueille que 4% et le MODEF 1%. Les Syndicats Spécialisés ne sont cités que par 2% des enquêtés (Tableau 7.1).

Par ailleurs, 31% des agriculteurs interrogés ne font état d’aucune sympathie syndicale affirmée.

Il semble donc qu’il y ait un travail de fond à faire pour expliciter les objectifs et les actions engagées par la FNSEA aux niveaux départemental et régional, pour faire connaître au plus grand nombre ses projets pour l’avenir de leurs secteurs, les négociations en cours et les résultats obtenus aux plans national et européen.

123 Le tableau 7.1 est établi à partir de la question 66.

Page 143: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

143

a) La tendance syndicale

Figure 7.1. : Quelles raisons expliquent cette tendance syndicale ?124

Le choix de la tendance syndicale repose avant tout sur le partage des idées et la vision commune du métier avec les autres adhérents (Figure 7.1). Les actions et le fonctionnement du syndicat viennent respectivement au deuxième et troisième rang. Les convictions syndicales étant au cœur de l’identification de l’engagement, il est important de pouvoir préciser régulièrement les positions essentielles du syndicat sur ses visions du métier et de l’environnement de l’agriculture pour permettre aux agriculteurs de se questionner et de clarifier leur choix. Les catégories d’âge, de situation familiale, de situation professionnelle du conjoint n’apportent pas de différences significatives à ces observations sur la sympathie syndicale. Par contre, on peut noter des différences sensibles de taille d’entreprises selon les tendances syndicales (Tableau 7.2.) : les agriculteurs proches de la FNSEA et de la Coordination Rurale ont en moyenne des exploitations supérieures à 100ha, les agriculteurs proches des Jeunes Agriculteurs, de la Confédération Paysanne et des syndicats spécialisés (syndicats par produits) ont des structures inférieures à 100ha, ceux proches du MODEF ont les structures les plus petites.

Tendance syndicale SAU moyenne FNSEA 105,7 ha Confédération Paysanne 58,1 ha Jeunes Agriculteurs 87,2 ha Coordination Rurale 113,0 ha Syndicats Spécialisés 90,2 ha Autre 130,1 ha Modef 25,3 ha Aucun 68,3 ha

Total 86,4 ha

Tableau 7.2. : La tendance syndicale et la superficie moyenne exploitée125 124 La figure 7.1 est établie à partir de la question 69. 125 Le tableau 7.2 est établi à partir des questions 66 et 244.

57

36

97

36

88

204

0 50 100 150 200 250

Autre

Vos parents (beaux-parents) étaient adhérents

Les actions menées par ce syndicat vous paraissent pertinentes

Vous appréciez les discours des responsables

Vous appréciez son mode de fonctionnement (proximité des adhérents, écoute,...)

Vous partagez les même idées,la même vision que les autres adhérents

nombre de citations

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

144

b) L’adhésion syndicale Se pose ensuite la question de savoir quelles sont les relations entre la sympathie

syndicale et l’adhésion au syndicat.

Adhésion syndicale Effectif Fréquence FNSEA 236 47% Confédération Paysanne 20 4% Jeunes Agriculteurs 24 5% Coordination Rurale 7 1% Syndicats Spécialisés 15 3% Autre 8 2% non réponse 2 0% Aucun 193 38%

Total 505 100%

Tableau 7.3. : Le pourcentage d’adhésion aux syndicats126 Dans la population enquêtée, 61% des agriculteurs adhèrent volontairement à un

syndicat. On peut considérer que c’est un résultat encore élevé dans une société où la désaffection syndicale est régulièrement mise en avant par les media. 47% des agriculteurs adhérent à la FNSEA et 38% n’adhèrent à aucun syndicat. La FNSEA occupe une position majoritaire mais la proportion des agriculteurs non-syndiqués est également importante. Les Jeunes Agriculteurs rassemblent environ 5% des enquêtés, la Confédération Paysanne 4%, la Coordination Rurale 1% (Tableau 7.3). On peut donc faire le constat d’une forte prégnance de la FNSEA et d’une faible présence des autres syndicats. Mais ce constat d’une frange importante d’agriculteurs non-syndiqués peut légitimement inquiéter car il montre que l’engagement syndical n’existe pas vraiment pour plus d’un tiers des agriculteurs. Sans doute ouvre-t-il la porte à des réponses de plus en plus diversifiées et difficiles à anticiper lors de consultations électorales professionnelles.

Syndicat Tendance syndicale

Non réponse FNSEA Jeunes

Agriculteurs Conf.

Paysanne Coord. Rurale

Syndicats Spécialisés Aucun Autre Total

FNSEA 0% 86% 2% 0% 0% 1% 11% 0% 100% Confédération Paysanne 0% 13% 2% 33% 0% 2% 49% 2% 100% Jeunes Agriculteurs 0% 32% 42% 0% 0% 3% 23% 0% 100% Coordination Rurale 0% 23% 0% 0% 32% 9% 27% 9% 100% Syndicats Spécialisés 0% 17% 8% 0% 0% 58% 17% 0% 100% Aucun 1% 20% 3% 0% 0% 1% 75% 1% 100% Autre 0% 33% 11% 0% 0% 0% 44% 11% 100% Modef 0% 0% 0% 0% 0% 0% 50% 50% 100%

Total 0% 47% 5% 4% 1% 3% 38% 2% 100%

Tableau 7.4. : Le pourcentage des sympathisants qui adhèrent volontairement à chacun des syndicats127

126 Le tableau 7.3 est établi à partir de la question 72. 127 Le tableau 7.4 est établi à partir des questions 66 et 72.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

145

L’analyse de la relation entre la sympathie syndicale et l’adhésion amène les remarques suivantes (Tableaux 7.4 et 7.5):

- certains agriculteurs adhèrent à la FNSEA sans sympathie immédiate ; - seuls 86% des agriculteurs sympathisants de la FNSEA y adhèrent ; - les Jeunes Agriculteurs ne rassemblent que 42% de leurs sympathisants ; - la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale ne regroupent qu’un tiers de leurs

sympathisants.

Sans doute pourrait-on en déduire qu’un travail d’explicitation est à réaliser pour traduire une sympathie en adhésion et créer les conditions d’une identification pratique.

Ceci est surtout vrai pour la FNSEA. On remarque dans le tableau ci-dessous que 14% des adhérents à la FNSEA ne se sentent proches d’aucun syndicat et que seuls 75% des adhérents sont en sympathie avec elle, d’où une proportion non négligeable d’agriculteurs dont les choix syndicaux peuvent facilement évoluer, au moins le jour d’un vote professionnel.

Syndicat Tendance syndicale

Non réponse FNSEA

Jeunes Agricul-

teurs Conf.

Paysanne Coord. Rurale

Syndicats Spécialisés Aucun Autre Total

FNSEA 0% 75% 17% 0% 0% 20% 11% 0% 41% Confédération Paysanne 0% 3% 4% 100% 0% 7% 16% 13% 12% Jeunes Agriculteurs 0% 4% 54% 0% 0% 7% 4% 0% 6% Coordination Rurale 0% 2% 0% 0% 100% 13% 3% 25% 4% Syndicats Spécialisés 0% 1% 4% 0% 0% 47% 1% 0% 2% Aucun 100% 14% 17% 0% 0% 7% 62% 13% 31% Autre 0% 1% 4% 0% 0% 0% 2% 13% 2% Modef 0% 0% 0% 0% 0% 0% 2% 38% 1%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 7.5. : Répartition des adhérents selon leur tendance syndicale128

Ce tableau montre clairement que l’adéquation entre l’adhésion syndicale et la tendance syndicale n’est pas automatique. Si les convictions syndicales sont l’élément déterminant de l’adhésion à la Confédération Paysanne ou à la Coordination Rurale (100% des adhérents sont des sympathisants), c’est seulement 86% des sympathisants de la FNSEA et 42% de ceux des Jeunes Agriculteurs qui adhèrent effectivement.

Comme dans certains rapports régionaux, il se dégage une segmentation dans la cohérence de l’adhésion syndicale :

- des agriculteurs syndiqués en accord avec leurs convictions ; - des agriculteurs syndiqués non convaincus qui adhèrent à un syndicat différent de leur

tendance syndicale ; - des agriculteurs non syndiqués sympathisants dont la tendance syndicale affirmée ne se

concrétise pas par une adhésion effective ; - des agriculteurs non syndiqués indifférents.

128 Le tableau 7.5 est établi à partir des questions 66 et 72.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

146

Il est donc important de préciser davantage les motivations de l’engagement car on peut craindre que les ruptures évoquées dans les autres chapitres ne conduisent à un accroissement de ces deux dernières catégories d’agriculteurs. Classe d’âge Adhésion

Moins de 30ans

De 30 à 40ans

De 40 à 50ans

De 50 à 55ans

De 55 à 60ans

60 ans et plus Total

FNSEA 30% (8) 41% (41) 49% (90) 48% (46) 53% (39) 50% (12) 47% (236) Jeunes Agriculteurs 33% (9) 13% (13) 1% (1) 1% (1) 0% (0) 0% (0) 5% (24) Confédération Paysanne 0% (0) 4% (4) 4% (8) 4% (4) 5% (4) 0% (0) 4% (20) Coordination Rurale 4% (1) 2% (2) 1% (2) 2% (2) 0% (0) 0% (0) 1% (7) Syndicats Spécialisés 4% (1) 3% (3) 3% (5) 3% (3) 4% (3) 0% (0) 3% (15) Aucun 26% (7) 37% (37) 40% (73) 40% (38) 35% (26) 50% (12) 38% (193) Autre 4% (1) 0% (0) 2% (3) 2% (2) 3% (2) 0% (0) 2% (8)

Total 100% (27) 100% (100) 100% (182) 100% (96) 100% (74) 100% (24) 100% (503)

Tableau 7.6. : Pourcentage des agriculteurs syndiqués selon les syndicats et les classes d’âge129

Classe d’âge Adhésion

moins de 30ans

de 30 à 40ans

de 40 à 50ans

de 50 à 55ans

de 55 à 60ans

60 ans et plus Total

OUI 74% (20) 63% (63) 60% (109) 60% (58) 65% (48) 50% (12) 62% (310) NON 26% (7) 37% (37) 40% (73) 40% (38) 35% (26) 50% (12) 38% (193)

Total 100% (27) 100% (100) 100% (182) 100% (96) 100% (74) 100% (24) 100% (503)

Tableau 7.7. : Pourcentage d’agriculteurs syndiqués selon les classes d’âge130

La proportion d’agriculteurs syndiqués est plus forte dans la tranche d’âge des moins de 30 ans (Tableaux 7.6 et 7.7). Notons que, dans les tranches d’âge jusqu’à 40 ans, il y a déjà globalement dans notre population enquêtée plus d’adhérents à la FNSEA qu’aux JA. Il semblerait donc pertinent d’accroître l’effort de convictions syndicales auprès de ces classes d’âge pour les faire adhérer aux projets de la FNSEA aussi bien qu’à ceux des JA. Un travail de communication pourrait aussi être réalisé auprès des plus jeunes agriculteurs pour montrer les proximités de convictions et de projets entre la FNSEA et les JA, sachant que l’engagement syndical pour les plus jeunes est probablement important pour se reconnaître dans un groupe, surtout localement, dans un canton puis un département, et définir leur projet professionnel en le confrontant avec celui d’autres agriculteurs.

Entre les adhérents, les surfaces exploitées sont assez proches et supérieures à 100ha en moyenne au sein de la FNSEA, des JA et des Syndicats Spécialisés (syndicats par produits), elles sont plus petites et inférieures à 100ha en moyenne au sein de la Confédération Paysanne, de la Coordination Rurale et des non-syndiqués (Tableau 7.8).

129 Le tableau 7.6 est établi à partir des questions 72 et 209. 130 Le tableau 7.7 est établi à partir des questions 72 et 209.

Page 147: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

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Adhésion syndicale SAU

moyenne FNSEA 104,0 ha Confédération Paysanne 51,0 ha Jeunes Agriculteurs 107,0 ha Coordination Rurale 85,7 ha Syndicats Spécialisés 120,2 ha Autre 102,8 ha Aucun 61,7 ha

Total 86,4 ha

Tableau 7.8. : La SAU moyenne des adhérents selon chaque syndicat131

Le croisement de l’adhésion syndicale avec les types de production montre une plus forte adhésion des éleveurs au sein de la FNSEA, les systèmes de grandes cultures ainsi que ceux des cultures spécialisées sont plus dispersés et se retrouvent davantage au sein de la Coordination Rurale et des non-syndiqués. La Confédération Paysanne regroupe davantage d’éleveurs, en particulier d’ovins et de caprins et peu d’agriculteurs de systèmes de grandes cultures (Tableau 7.9).

Adhésion Catégories de productions

FNSEA Jeunes Agricul-

teurs Conf.

Paysanne Coord. Rurale

Syndicats Spécialisés Aucun Autre Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 52% 5% 4% 1% 0% 34% 1% 100% Bovin viande spécialisé ou dominant 57% 8% 0% 0% 4% 34% 0% 100% Grandes cultures 30% 4% 0% 0% 7% 53% 7% 100% Cultures spéciales 34% 3% 5% 0% 5% 48% 6% 100% Grandes cultures + cultures spéciales 24% 3% 7% 8% 4% 52% 0% 100% Granivores (+ autres productions) 40% 5% 9% 0% 0% 51% 0% 100% Ovins, caprins, et autres herbivores 41% 0% 12% 0% 0% 47% 0% 100% Autre association culture-élevage 50% 0% 0% 0% 6% 44% 0% 100%

Total 47% 5% 4% 1% 3% 38% 2% 100%

Tableau 7.9. : Le taux de syndicalisation selon les catégories de production132

c) Le changement de syndicat L’adhésion se caractérise par une grande stabilité, donc une forte fidélité de

l’engagement syndical, seuls 9% des agriculteurs enquêtés déclarant avoir changé de syndicat (tous syndicats confondus) (Tableau 7.10). Une fois l’adhésion effective, la trajectoire d’engagement syndical s’inscrit dans la durée sans remise en cause fréquente, ce qui bien entendu n’empêche pas les critiques.

131 Le tableau 7.8 est établi à partir des questions 72 et 244. 132 Le tableau 7.9 est établi à partir des questions 72 et 260.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

148

Changement syndicat Effectif Fréquence

Oui 47 9% Non 458 91%

Total 505 100%

Tableau 7.10. : Le pourcentage d’agriculteurs ayant changé de syndicat133

1.2. Les logiques d’engagement syndical

a) Les motivations de l’engagement

La première raison invoquée pour justifier l’adhésion syndicale est le fait de bénéficier de services (Figure 7.2). La continuité familiale dans le sillon des parents ou des beaux-parents est la deuxième raison la plus citée, c’est seulement ensuite qu’interviennent la défense du métier au travers d’actions collectives et les convictions sur le projet professionnel. Cette situation pourrait peut-être signifier un changement d’état d’esprit chez les agriculteurs syndiqués où le pragmatisme semble l’emporter sur l’action collective. L’adhésion représente en quelque sorte un coût qui doit être rentabilisé au mieux. Du coup, l’action organisée du syndicat doit se mettre aux services des aspirations individuelles.

44

46

69

42

44

57

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Autre

Pour défendre le métier au travers d'actions collectives(l'union fait la force!)

Pour obtenir des services (défense, information,...)

Pour l'ambiance et la proximité des autres adhérents ("on estvenu me chercher")

Par conviction car vous partagez les mêmes idées, la mêmevision que le syndicat

Vos parents étaient adhérents et vous avez continué

nombre de citations

Figure 7.2. : Les raisons de l’adhésion syndicale134

Le tableau 7.11 montre que les agriculteurs syndiqués à la FNSEA sont plus souvent issus d’installations dans le cadre familial (parents et/ou beaux-parents). A l’inverse, les agriculteurs syndiqués à la Confédération Paysanne et à la Coordination Rurale sont plus souvent issus de schémas d’installation hors cadre familial ou de schémas liés à des créations d’entreprise.

133 Le tableau 7.10 est établi à partir de la question 86. 134 La figure 7.2 est établie à partir de la question 84.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

149

Cela souligne bien l’importance qu’a représenté jusqu’à maintenant l’environnement familial pour prolonger l’ancrage syndical à la FNSEA. Des installations familiales plus tardives, des expériences professionnelles avant de s’installer agriculteur, et des schémas d’installation de plus en plus diversifiés et hors du cadre familial, sont des éléments qui risquent de modifier l’ancrage rapide au sein de la FNSEA. Les motivations individuelles, les influences sans relations directes avec la FNSEA pèseront de plus en plus et pourront amener à des choix plus variés.

Type d'installation Adhésion

Non réponse

Succession familiale

Succession beaux-parents

Installation hors cadre

familial Création

d'exploitation Autre Total

FNSEA 100% 48% 57% 39% 33% 62% 47% Confédération Paysanne 0% 5% 4% 4% 4% 5% 5% Jeunes Agriculteurs 0% 3% 0% 5% 13% 5% 4% Coordination Rurale 0% 1% 0% 7% 0% 0% 1% Syndicats Spécialisés 0% 3% 0% 0% 6% 5% 3% Aucun 0% 38% 36% 43% 43% 14% 38% Autre 0% 1% 4% 2% 2% 5% 2%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 7.11. : Les différents modes d’installation selon les adhérents des syndicats135

b) Les raisons données par les agriculteurs à leur non-syndicalisation Si les raisons de la non-syndicalisation sont multiples, elles sont souvent peu explicites.

Ainsi 22% des agriculteurs enquêtés citent des raisons « autres », peu en rapport avec le syndicat proprement-dit (figure 7.3).

Par ordre décroissant, c’est d’abord la primauté des intérêts particuliers sur la solidarité qui explique la non-adhésion, suivent une vision différente des problèmes et des solutions pour l’agriculture ainsi que l’inutilité des actions syndicales. Ces résultats montrent que les raisons de la non-syndicalisation sont hétérogènes, tout en étant plutôt fondées sur des enjeux économiques : l’économie du coût de l’adhésion est immédiate et sans conséquences apparentes sur le devenir de l’entreprise agricole.

135 Le tableau 7.11 est établi à partir des questions 72 et 235.

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Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

150

Figure 7.3. : Les raisons données à la non-syndicalisation136

c) La prise de responsabilités syndicales Plus d’un tiers des adhérents des syndicats y exerce une responsabilité (Tableau 7.12).

Cette proportion élevée ne signifie pas pour autant que la responsabilité soit active. En tout cas, la représentation syndicale des agriculteurs est donc encore forte et s’appuie sur une prise de responsabilités importante dans ses rangs, même si cela ne rend pas compte de la participation effective de l’ensemble des adhérents.

Resp. Syndicale Effectif Fréquence Non réponse 7 2% Oui 114 37% Non 191 61%

Total 312 100%

Tableau 7.12. : La proportion d’agriculteurs syndiqués ayant des responsabilités au sein de leur syndicat137

136 La figure 7.3 est établie à partir de la question 81. 137 Le tableau 7.12 est établi à partir de la question 96.

33

9

4

23

46

15

32

63

29

25

13

0 10 20 30 40 50 60 70

Vous n'avez pas la même vision, pas les mêmes idées

Vous ne vous reconnaissez pas dans les préoccupations des autres adhérents

Le syndicat duquel vous vous sentez le plus proche n'est pas représenté dans votre commune/canton

Vous estimez ne pas avoir assez de retour par rapport à la cotisation

Les intérêts particuliers priment sur la solidarité

Vous obtenez les informations sans avoir besoin d'adhérer

Vous estimez que leurs actions sont inutiles

Autre

Je ne me sens pas représenté (taille et/ou productions)

Les décisions sont prises trop haut, c'est trop politique

Les syndicats sont trop divisés

nombre de citations

Page 151: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

151

Dans les systèmes de production les plus représentés, c’est environ un quart des agriculteurs syndiqués qui prennent des responsabilités (Tableau 7.13).

Resp.syndicale Catégories de productions

Non réponse Oui Non Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 31% (41) 24% (32) 45% (59) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 28% (15) 30% (16) 43% (23) 100% (54) Grandes cultures 35% (33) 26% (25) 39% (37) 100% (95) Cultures spéciales 41% (28) 16% (11) 43% (29) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 43% (35) 21% (17) 37% (30) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 50% (18) 14% (5) 36% (13) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 45% (9) 20% (4) 35% (7) 100% (20) Autre association culture-élevage 39% (7) 22% (4) 39% (7) 100% (18)

Total 37% (186) 23% (114) 41% (205) 100% (505)

Tableau 7.13. : Part des agriculteurs syndiqués ayant des responsabilités

syndicales selon les catégories de production138

d) Les attentes à l’égard des syndicats Deux attentes principales se dégagent des réponses de l’échantillon (Figure 7.4):

- la défense des agriculteurs au plan politique, - un meilleur appui et une meilleure défense du métier.

Ces attentes peuvent sans doute être qualifiées de très classiques, toutes classes d’âge confondues. Il s’agit d’abord de défendre une profession à travers une action organisée mais elles se conjuguent avec une plus faible motivation à l’action collective. Cette action organisée, à défaut de pouvoir modifier une mutation très rapide du métier et éviter la remise en cause identitaire des agriculteurs, doit apporter un service concret.

138 Le tableau 7.13 est établi à partir des questions 96 et 260.

Page 152: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

152

Figure 7.4. : Les attentes syndicales des agriculteurs syndiqués139

En déclinant les attentes selon les classes d’âge, on remarque que les agriculteurs les plus jeunes (avant 40 ans) sont plus sensibles aux échanges et aux actions de communication au sein du syndicat et qu’ils sont plus demandeurs de conseils (tableau 7.14).

139 La figure 7.4 est établie à partir de la question 99.

22

147

173

32

30

23

5

40

61

22

51

20

0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200

Des conseils juridiques

Un meilleur appui/défense du métier

Une défense des agriculteurs au plan politique (national, européen)

Un lieu d'échange, de dialogue entre les agriculteurs

Des actions de communication sur le métier, les produits, les pratiques

Un appui pour des tâches administratives

Des formations diverses

Information sur les règlements et orientations politiques agricoles

Une écoute de nos problèmes/idées et une remontée vers les décideurs

Des services et des conseils (gestion/économie/organisationnels/DRH/

stratégiques/réflexion)

Autre

Rien, les syndicats n'ont plus de pouvoir

nombre de citations

Page 153: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

153

Classe d’âge Attentes syndicat

Moins de

30ans

De 30 à

40ans De 40 à 50ans

De 50 à 55ans

55ans et

plus Total

Non réponse 19% 20% 25% 26% 27% 24% Des conseils juridiques 5% 5% 2% 2% 1% 3% Un meilleur appui/défense du métier 9% 22% 15% 19% 18% 18% Une défense des agriculteurs au plan politique (national, européen...) 23% 18% 21% 23% 21% 21% Un lieu d'échange, de dialogue entre les agriculteurs 7% 7% 2% 4% 1% 4% Des actions de communication sur le métier, les produits, les pratiques 7% 3% 4% 3% 4% 4% Un appui pour des tâches administratives 0% 4% 2% 2% 3% 3% Des formations diverses 2% 1% 1% 0% 1% 1% Information sur les règlements et orientations politiques agricoles 7% 6% 5% 3% 4% 5% Une écoute de nos problèmes/idées et une remontée vers les décideurs 5% 8% 8% 8% 6% 7% Des services et des conseils (gestion/économie/ organisationnels/GRH/stratégiques/réflexion prospectives) 9% 2% 2% 3% 2% 3% Autre 7% 4% 8% 5% 6% 6% Rien, les syndicats n'ont plus de pouvoir 0% 0% 4% 2% 4% 2%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 7.14. : Les attentes syndicales selon les classes d’âge140

e) La participation aux réunions 52% des agriculteurs enquêtés participent au moins à une réunion sur deux au sein de

leur syndicat (Tableau 7.15), mais ce chiffre moyen s’appuie sur la très forte participation des agriculteurs qui y exercent une responsabilité (Tableau 7.16). Ces chiffres confirment bien que l’adhésion est un préalable de moins en moins suffisant à engendrer une participation motivée. De plus en plus, les agriculteurs jugent difficile d’investir du temps en dehors de l’entreprise. Ce phénomène indique un certain repli sur soi dans le monde agricole, tout comme dans le reste de la société, le mode de vie et de travail devient plus individuel, les pressions vécues dans l’organisation du travail réduisent la recherche d’ouverture sur l’extérieur.

Fréquence participation Effectif Fréquence

Jamais 57 19% 1 réunion sur 5 48 16% 1 réunion sur 3 39 13% 1 réunion sur 2 68 22% A toutes 91 30%

Total 303 100%

Tableau 7.15. : La fréquence de participation aux réunions des agriculteurs syndiqués141

140 Le tableau 7.14 est établi à partir des questions 99 et 209. 141 Le tableau 7.15 est établi à partir de la question 93.

Page 154: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

154

Responsabilité syndicale Fréquence participation Oui Non Total Jamais 4% (4) 28% (53) 19% (57) 1 réunion sur 5 6% (7) 22% (41) 16% (48) 1 réunion sur 3 10% (11) 15% (28) 13% (39) 1 réunion sur 2 24% (27) 22% (41) 22% (68) A toutes 57% (64) 14% (27) 30% (91)

Total 100% (113) 100% (190) 100% (303)

Tableau 7.16. : La fréquence de participation aux réunions des agriculteurs exerçant une responsabilité syndicale142

1.3 La perception du syndicalisme L’image des échelons de représentation montre que sur le plan local, l’information et la

représentation dominent (Tableau 7.17)

0 sur 5 1 sur 5 2 sur 5 3 sur 5 4 sur 5 5 sur 5 Total Ecouté 10% (28) 9% (26) 17% (48) 25% (71) 24% (66) 14% (40) 100% (279) Entendu 12% (33) 7% (18) 21% (58) 26% (71) 22% (59) 11% (31) 100% (270) Consulté 20% (55) 12% (32) 19% (53) 21% (57) 19% (51) 9% (25) 100% (273) Informé 5% (14) 3% (9) 7% (20) 23% (64) 37% (102) 25% (70) 100% (279) Défendu 10% (28) 8% (21) 17% (47) 24% (64) 27% (73) 14% (38) 100% (271) Représenté 12% (32) 9% (24) 14% (38) 21% (57) 24% (65) 20% (55) 100% (271) Ensemble 12% (190) 8% (130) 16% (264) 23% (384) 25% (416) 16% (259) 100% (1643)

Tableau 7.17. : L’évaluation des différentes missions des syndicats sur le plan local143 En globalisant les résultats supérieurs à 3 sur 5, on obtient que dans la population enquêtée, sur le plan local :

- les trois quarts des agriculteurs se sentent bien informés ; - 65% d’entre eux considèrent être bien représentés et défendus ; - 60% d’entre eux environ estiment être écoutés et entendus ; - mais la moitié d’entre eux seulement pense être consultée.

Il semble bien que les agriculteurs soient en attente de davantage de consultation et de prise en compte de leurs points de vue sur les enjeux syndicaux.

Les réponses sur la perception du syndicalisme montrent que les missions d’information, de défense et de représentation sont bien reconnues par les adhérents sur le terrain. Par contre, les missions d’écoute et de reformulation des attentes des agriculteurs restent plus lointaines et mériteraient donc un important effort de communication et peut-être de débat avec les adhérents.

142 Le tableau 7.16 est établi à partir des questions 93 et 96. 143 Le tableau 7.17 est établi à partir des questions 101 à 106.

Page 155: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

155

2. Les autres engagements

2.1. L’adhésion dans les autres Organisations Agricoles

a) Les appartenances Coopératives, Centres de gestion et CUMA constituent les trois grandes institutions, à

part presque égales, d’adhésion des agriculteurs enquêtés (Figure 7.5). Sans doute la prégnance de la dimension économique dans les logiques professionnelles explique ces choix privilégiés. 9 agriculteurs enquêtés sur 10 adhèrent à une Coopérative, 4 sur 5 adhèrent à un Centre de gestion et de comptabilité, 8 sur 10 adhèrent à une CUMA, 4 sur 10 adhèrent à un Groupement de producteurs, près de 3 sur 10 adhèrent à un Groupe de développement et 1 sur 10 à un Groupement d’employeurs

Figure 7.5. : Les adhésions des agriculteurs aux organisations professionnelles

agricoles144

Le tableau 7.18 montre bien la corrélation entre l’adhésion aux OPA et l’adhésion au syndicalisme. Les agriculteurs syndiqués adhèrent à la plupart des OPA de leur environnement local, les agriculteurs non syndiqués en grande majorité n’y adhèrent pas. L’engagement syndical est donc bien plus qu’une question d’adhésion, c’est un état d’esprit, une forme de projet de vie professionnelle qui rend participant voir acteur des OPA locales.

144 La figure 7.5 est établie à partir de la question 112.

16 100

57 402

155 182

454 399

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Aucun

Autre

Groupement d'employeurs

Centre de gestion-comptabilité

Groupe de développement (CETA, GEDA, GVA,CIVAM)

Groupement/association de producteurs

Coopérative CUMA

nombre de citations

Page 156: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

156

Syndicat Adhésions OPA Oui Non Total

CUMA 61% (244) 39% (154) 100% (398) Coopérative 63% (284) 37% (169) 100% (453) Groupement/association de producteurs 68% (124) 32% (58) 100% (182) Groupe de développement (CETA, GEDA, GVA,CIVAM) 79% (122) 21% (33) 100% (155) Centre de gestion-comptabilité 66% (264) 34% (136) 100% (400) Groupement d'employeurs 77% (44) 23% (13) 100% (57) Autre 72% (72) 28% (28) 100% (100) Aucun 25% (4) 75% (12) 100% (16)

Total 66% (1158) 34% (603) 100% (1761)

Tableau 7.18. : Le pourcentage d’agriculteurs adhérents d’une OPA selon qu’ils sont syndiqués ou non-syndiqués145

b) Le rapport plus particulier aux Coopératives La coopération demeure un principe à défendre pour un cinquième des agriculteurs

enquêtés. Mais il est aussi pour 18% d’entre eux un outil économique qui sécurise la relation commerciale aux marchés. Enfin 17% considèrent que l’intérêt de la coopération réside dans le prix auquel elle peut rémunérer les productions de ses adhérents. Ces réponses confirment que le choix de la coopération demeure celui d’un contrat mutualiste qui apporte une sécurité par rapport à l’environnement de plus en plus concurrentiel. Mais elles montrent également que ce choix se confronte de plus en plus à la nécessité de rémunérer au mieux les productions agricoles.

145 Le tableau 7.18 est établi à partir des questions 112 et 72.

Page 157: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

157

Figure 7.6. : Le rapport des agriculteurs aux coopératives146

c) L’héritage familial Il semble que la continuité familiale soit très forte dans les appartenances aux OPA.

Toutefois, dans la génération des parents, les agriculteurs étaient encore plus nombreux à adhérer aux coopératives. Ce changement s’explique par l’environnement économique de plus en plus concurrentiel vis-à-vis des coopératives et aussi par le fait que la coopération a décliné, voire disparu dans certaines régions ; globalement elle recule en aval de l’agriculture. On note également que les adhésions aux CUMA, pour réduire le coût de la mécanisation, et aux Centres de Gestion, pour le développement du conseil économique et juridique, apparaissent de plus en plus nécessaires (Figure 7.7).

146 La figure 7.6 est établie à partir de la question 114.

36

83

101

165

37

137

146

69

19

0 50 100 150 200

Non réponse

Autre

Les coopératives sont dépassées, elles doivent s'adapter au plus vite à l'évolution de l'agriculture

La coopération est un principe à défendre, parce que les agriculteurs y ont davantage leur mot à dire

La coopération favorise ceux qui ont des difficultés et ne valorise pas assez ceux qui travaillent le mieux

Le statut d'une entreprise n'est plus important, c'est le prix payé à l'agriculteur qui compte ou le prix des

produits achetés

La coopération permet d'avoir moins de soucis pour acheter ou pour vendre

La coopération permet de progresser techniquement

La coopération, c'est trop de contraintes

nombre de citations

Page 158: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

158

91

30

3

180

72

53

317

147

0 50 100 150 200 250 300 350

Aucun

Autre

Groupement d'employeurs

Centre de gestion-comptabilité

Groupe de développement (CETA, GEDA, GVA,CIVAM)

Groupement/association de producteurs

Coopérative

CUMA

nombre de citations

Figure 7.7. : Les adhésions des parents ou beaux-parents aux autres OPA147

d) Quelles prises de responsabilités ? La prise de responsabilité dans les OPA est assez uniforme selon les systèmes de

production (Tableau 7.19) avec :

- une plus grande propension dans les systèmes de grandes cultures, probablement en raison d’une plus grande capacité à se libérer du temps ;

- une moindre propension dans les cultures spéciales et les systèmes ovins-caprins.

Resp. OPA Catégories de productions

Non réponse Oui Non Total

Bovin lait spécialisé ou dominant 23% (30) 23% (30) 55% (72) 100% (132) Bovin viande spécialisé ou dominant 24% (13) 19% (10) 57% (31) 100% (54) Grandes cultures 22% (21) 29% (28) 48% (46) 100% (95) Cultures spéciales 46% (31) 16% (11) 38% (26) 100% (68) Grandes cultures + cultures spéciales 24% (20) 22% (18) 54% (44) 100% (82) Granivores (+ autres productions) 22% (8) 28% (10) 50% (18) 100% (36) Ovins, caprins, et autres herbivores 65% (13) 0% (0) 35% (7) 100% (20) Autre association culture-élevage 33% (6) 17% (3) 50% (9) 100% (18)

Total 28% (142) 22% (110) 50% (253) 100% (505)

Tableau 7.19. : La prise de responsabilités au sein des OPA (hors syndicat) selon les catégories de production148

147 La figure 7.7 est établie à partir de la question 130. 148 Le tableau 7.19 est établi à partir des questions 122 à 128 et 260.

Page 159: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

159

2.2. Le rôle des organisations

a) Les attentes en matière de services Les attentes en matière de services sont conformes aux missions actuelles des

principales OPA (Tableau 7.20) :

- la communication, le conseil en matière de techniques de production, de stratégie et d’organisation du travail sont principalement réalisés par les Chambres d’Agriculture ;

- le conseil économique et de gestion, l’appui stratégique et juridique sont principalement attendus de la part des Centres de Gestion ;

- les missions plus particulièrement attendues auprès des syndicats sont le conseil juridique et la communication.

Aspects juridiques

Comptabi-lité

Gestion, conseil

économi-que

Conseil technique

Conseil organisation-nel et main

d'œuvre

Conseil stratégique/

réflexion prospective

Communi-cation

Syndicats 26% 1% 3% 2% 5% 7% 17% Gpmt/assoc. de producteurs 2% 1% 1% 11% 4% 7% 14% CUMA 0% 0% 0% 1% 2% 0% 0% Coopérative 1% 1% 3% 37% 3% 8% 19% Gpe de développement 0% 0% 3% 17% 6% 8% 5% Gpmt d'employeurs 0% 0% 0% 1% 13% 0% 1% Organisme cité en Q113 1% 1% 1% 1% 1% 1% 0% Chambre d'Agriculture 22% 4% 13% 18% 16% 20% 22% Centre de gestion 35% 82% 61% 1% 9% 20% 2% MSA 2% 0% 0% 0% 7% 1% 1% Ne sait pas 4% 2% 5% 3% 10% 10% 6% Autre 3% 3% 3% 3% 4% 2% 2% Aucun 2% 1% 4% 1% 12% 10% 6%

Total 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%

Tableau 7.20. : Les attentes de services des agriculteurs vis-à-vis des différentes OPA149

Ces attentes sont de nature à poser la question d’un élargissement et d’un renforcement des missions du syndicalisme. Faut-il que la FNSEA rentre davantage dans une logique concurrentielle et renforce ses missions traditionnelles en se confrontant aux offres des autres OPA, avec l’avantage d’une relative gratuité au-delà des cotisations syndicales ? Ou faut-il chercher à nouer davantage de partenariats départementaux et régionaux avec les autres OPA pour apporter la compétence des fédérations départementales à des démarches plus globales ?

149 Le tableau 7.20 est établi à partir des questions 138 à 144.

Page 160: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

160

b) L’aide aux obligations administratives 26% des agriculteurs de l’échantillon ne souhaitent pas d’aide extérieure pour remplir

les dossiers administratifs PAC tandis que 21% demandent l’aide de la DDAF, 19% souhaitent les conseils de leur Centre de Gestion et 12% de la Chambre d’Agriculture. Les syndicats ne sont cités que par 5% d’entre eux, confirmant ainsi le rôle d’information plutôt que de conseils. 31% sont donc prêts à payer une prestation de services auprès des OPA comme les Centres de Gestion et les Chambres d’Agriculture (Figure 7.8).

Figure 7.8. : Les OPA et l’appui aux obligations administratives PAC des agriculteurs150

Les adhérents de la Coordination Rurale sont les plus réfractaires à bénéficier d’un appui extérieur (43%). Parmi les adhérents de la FNSEA et des JA dans notre population enquêtée, c’est ¼ d’entre eux qui ne souhaite pas d’aide pour remplir les obligations administratives. Quelle que soit l’adhésion syndicale, il ressort de l’enquête que s’il doit y avoir un appui aux obligations administratives celui-ci doit venir en priorité de la DDAF, puis des Centres de Gestion et des Chambres d’Agriculture (Tableau 7.21).

150 La figure 7.8 est établie à partir de la question 156.

27

129

7

14

105

5

61

23

96

0 20 40 60 80 100 120 140

Autre

Je ne souhaite pas d'aide

Une secrétaire employée par plusieurs agriculteurs

Une structure spécialement dédiée à cela

La DDAF

L'ADASEA

Chambre d'Agriculture

Syndicats

Centres de gestion

nombre de citations

Page 161: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

161

Syndicat Organisations professionnelles

FNSEA Jeunes Agriculteurs

Confédération Paysanne

Coordination Rurale

Syndicats Spécialisés Aucun Autre TOTAL

Non réponse

5,1% (12)

4,2% (1)

5% (1)

0% (0)

0% (0)

11,4% (22)

25% (2)

7,6% (38)

Centres de

gestion

19,9% (47)

8,3% (2)

15% (3)

14,3% (1)

26,7% (4)

20,2% (39)

0% (0)

19,1% (96)

Syndicats

8,1% (19)

8,3% (2)

0% (0)

0% (0)

0% (0)

0,5% (1)

0% (0)

4,4% (22)

Chambre

d’Agriculture

11% (26) 8,3% (2)

20% (4)

0% (0)

6,7% (1)

13,5% (26)

25% (2)

12,1% (61)

ADASEA

1,3% (3)

0% (0)

5% (1)

0% (0)

0% (0)

0,5% (1)

0% (0)

1% (5)

DDAF 21,6% (51)

37,5% (9)

25% (5)

28,6% (2)

20% (3)

17,1% (33)

12,5% (1)

20,7% (104)

Structure spécialement dédiée à cela

2,5% (6)

4,2% (1)

5% (1)

0% (0)

6,7% (1)

2,6% (5)

0% (0)

2,8% (14)

Secrétaire

employée par plusieurs

agriculteurs

1,3% (3)

0% (0)

0% (0)

0% (0)

0% (0)

2,1% (4)

0% (0)

1,4% (7)

Je ne souhaite

pas d’aide

22,9% (54)

25% (6)

20% (4)

42,9% (3)

33,3% (5)

28% (54)

37,5% (3)

25,6% (129)

Autre

6,4% (15)

4,2% (1)

5% (1)

14,3% (1)

6,7% (1)

4,1% (8)

0% (0)

5,4% (27)

TOTAL

100% (236)

100% (24)

100% (20)

100% (7)

100% (15)

100% (193)

100% (8)

100% (503)

Tableau 7.21. : Les OPA et l’appui aux obligations administratives PAC selon les adhérents des différents syndicats151

151 Le tableau 7.21 est établi à partir des questions 72 et 156.

Page 162: Les aspirations des agriculteurs et leurs rapports à la

Etude FESIA FNSEA – Juin 2006

162

c) Les sources d’échanges entre agriculteurs

Le tiers des agriculteurs enquêtés considère que leurs échanges privilégiés se déroulent de manière informelle entre voisins, puis 11% citent les Coopératives, 9% les CUMA, 8% les Groupements de développement (figure 7.9). Seuls 5% nomment les Syndicats. Ces résultats montrent à nouveau un besoin de dialogue et d’échange exprimé par les agriculteurs, sans citer le syndicat comme un lieu qui puisse y répondre en priorité.

Figure 7.9. : Les sources d’échanges entre agriculteurs152

2.3. L’implication dans la vie locale Il est intéressant d’observer si les agriculteurs s’impliquent également dans les structures

de la vie locale. Cette implication est-elle en relation avec l’engagement professionnel ? Est-elle distincte de la relation aux OPA ?

a) Dans quelles structures ? La participation à la vie locale est élevée parmi les agriculteurs enquêtés : 45%

d’entre eux adhèrent à une structure de la vie locale, seuls 2% des conjoints s’impliquent localement. Il y a donc une forte volonté affirmée d’être acteur du monde rural, surtout quand on en regarde les raisons (Figure 7.10).

152 La figure 7.9 est établie à partir de la question 129.

15 86

245 13 15

4 22

56 37

79 63

37

0 50 100 150 200 250 300

Sur les marchés Aprés les réunions

De manière informelle avec les voisins Au sein d'organisations non professionnelles

Autre cité en Q113 Groupement d'employeurs

Centre de gestion / comptabilité Groupement de développement

Groupement/association de producteurs Coopérative

CUMA Syndicat

nombre de citations

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163

Figure 7.10. : L’adhésion aux structures de la vie locale153

Contrairement aux engagements professionnels, le niveau de formation n’est pas un critère permettant de différenciation des comportements des agriculteurs dans leur participation aux engagements extra-professionnels. b) Pour quelle prise de responsabilité ?

66% des agriculteurs enquêtés n’ont pas de responsabilité locale, 31% exercent une responsabilité dans leur environnement rural, principalement au travers des conseils municipaux et des commissions intercommunales.

Cette prise de responsabilité, probablement en diminution chez les agriculteurs, peut être considérée comme encore élevée au regard de l’évolution du reste de la société (Figure 7.11).

153 La figure 7.10 est établie à partir de la question 168.

32 46

7 63

6 58

45 125

81 59

96 15

5

0 20 40 60 80 100 120 140

Commission intercommunale Comité des fêtes

Comice Association de chasse

Associations citadin/agriculteur Associations sportives

Parents d'élèves Pas d'adhésion car pas le temps Pas d'adhésion car pas d'intérêt

J'ai adhéré mais ce n'est plus le cas Autre

Pas d'adhésion, c'est mon conjoint qui s'en occupe Foyer rural

nombre de citations

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Figure 7.11. : La prise de responsabilités des agriculteurs dans les structures de la

vie locale154

La formation n’apporte pas de critère distinctif à la prise de responsabilité des agriculteurs dans les structures de la vie locale.

d) Avec quelles motivations ?

La première motivation des agriculteurs enquêtés pour participer à la vie locale est l’animation de leur commune. Leurs réponses confirment la solidarité de beaucoup d’agriculteurs vis-à-vis d’une collectivité sociale sur la base du territoire communal et leur sens de l’utilité sociale.

Le goût du contact, le besoin de participation à des actions en dehors du cadre agricole sont des motivations également importantes (c’est probablement une demande des autres : les agriculteurs sont potentiellement des acteurs locaux par excellence). De nouvelles motivations apparaissent comme l’occasion de favoriser le dialogue avec les ruraux non-agricoles et de faire mieux connaître le métier d’agriculteur.

154 La figure 7.11 est établie à partir de la question 170.

9 56

60 92

123 11

16 1

18 5

15 22

92

0 20 40 60 80 100 120 140

Pas de responsabilité, mais mon conjoint en a Autre

J'en ai eu mais je n'en ai plus Pas de responsabilité car pas d'intérêt Pas de responsabilité car pas le temps

Parents d'élèves Associations sportives

Associations citadin/agriculteur Association de chasse

Comice Comité des fêtes

Commission intercommunale Conseil municipal

nombre de citations

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Figure 7.12. : Les motivations de l’engagement dans les structures de la vie locale155

155 La figure 7.12 est établie à partir de la question 172.

26

29

53

18

28

77

9

76

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Pour moi (détente, loisir, plaisir)

Autre

Me rendre utile aux autres, être solidaire

Favoriser le dialogue entre citadins et agriculteurs

Défendre la place des agriculteurs

Faire vivre la commune

Faire connaître mon métier, mon exploitation

Avoir des contacts en dehors du monde agricole, échanger des points de vue

nombre de citations

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Synthèse

L’engagement avait été souligné par François Purseigle selon quatre dimensions (cf .François PURSEIGLE, L’engagement professionnel des jeunes agriculteurs dans les organisations professionnelles agricoles) : l’identification, l’adhésion, la participation, la responsabilisation.

a) Notre enquête montre que l’adhésion reste élevée en agriculture, seuls 38% des agriculteurs interrogés n’adhèrent à aucun syndicat. La FNSEA est bien majoritaire (47% de taux d’adhésion), elle rassemble beaucoup d’agriculteurs pragmatiques. Leurs comportements de plus en plus gestionnaires les amènent à raisonner en termes de coût d’adhésion et de retour direct sur le fonctionnement de l’entreprise. Les agriculteurs indifférents à l’adhésion syndicale progressent car ils se définissent comme déçus par les syndicats, ne percevant plus les retombées directes de leurs actions. La dimension régionale est probablement un facteur important mais cette variable n’a pas pu être prise en compte globalement, elle est abordée qualitativement dans les rapports régionaux.

b) L’identification se complexifie : la sympathie vis-à-vis d’un syndicat n’est plus synonyme d’adhésion et l’adhésion n’est pas synonyme de sympathie. Les raisons de l’adhésion sont de plus en plus concrètes, c’est la demande de services qui l’emporte sur le partage des idées. La FNSEA rassemble de plus en plus d’adhérents qui ne sont pas d’abord des sympathisants. Il importe donc de pouvoir expliciter de mieux en mieux les projets, les visions d’avenir, les enjeux politiques portés et défendus par la FNSEA pour capter la sympathie des agriculteurs, montrer la cohérence des services apportés vis-à-vis de ces projets et ainsi conforter l’adhésion des agriculteurs, en particulier des plus jeunes. L’enquête montre bien qu’une fois l’adhésion effective, les agriculteurs sont en majorité fidèles à leur syndicat. Par contre, cette notion d’identification n’a pas le même sens dans le cas des syndicats minoritaires où l’adhésion est synonyme de sympathie et s’appuie fortement sur le partage de convictions communes.

c) La participation des agriculteurs à défendre leur métier, une agriculture en pleine mutation mais aussi un mode de vie demeure mais s’appuie davantage sur des aspirations individuelles guidées par les modifications des structures familiales (travail du conjoint, présence auprès des enfants…) et surtout par le resserrement des marges économiques qui imposent des évolutions des systèmes de production. Cela se traduit par une moindre participation aux réunions, hormis ceux qui exercent une responsabilité au sein du syndicat, et par une perte de motivation pour les actions collectives de moins en moins considérées comme efficaces. L’engagement professionnel et l’ouverture sur l’extérieur qu’il propose et nécessite n’est plus perçu comme un moyen de renforcer ses capacités à conduire son projet professionnel mais d’abord comme une source de concurrence, voire de conflit, dans l’organisation quotidienne du travail. Cette situation se trouve confirmée par les engagements dans les autres OPA et organismes extra-professionnels, qui restent nombreux mais qui sont concurrencés par les priorités du métier. Le niveau de formation n’est pas un critère explicatif d’une participation qui diminue. Le besoin d’échanges, de dialogue, de conseils, d’appui administratif se révèle de plus en plus présent dans l’esprit des agriculteurs enquêtés mais ils ne

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citent pas les syndicats comme la structure prioritaire pour y répondre. L’héritage familial pèse encore fortement dans la participation actuelle mais il est petit à petit remis en cause par la diversité des schémas d’installation s’appuyant moins sur l’entourage familial.

d) La responsabilisation est encore forte dans les engagements des agriculteurs mais elle tend à diminuer car les agriculteurs adoptent de plus en plus une position de participation utilitaire dans les institutions. Les valeurs de celles-ci passent au second plan après leurs aspirations individuelles guidées par des exigences économiques plus fortes. Des enseignements similaires peuvent être tirés des engagements extra-professionnels. Ils peuvent être source de contacts et de communication sur le métier mais ils sont en concurrence avec toute l’énergie nécessaire à la mise en œuvre du projet professionnel. En particulier face aux actions syndicales collectives qui perdent de leur efficacité, des agriculteurs les considèrent inutiles. Cette perte de mobilisation est à prendre comme un élément qui peut accélérer la baisse des adhésions, surtout chez les agriculteurs les plus jeunes plus sensibles dans leurs raisons d’adhésion à la défense du métier en tant que tel.

Au moment où les agriculteurs se définissent majoritairement comme des chefs d’entreprise, il est cohérent de constater une tendance à des engagements plus pragmatiques, guidés par une logique de contrat et d’assurance vis-à-vis des pressions économiques et politiques. Par ailleurs, le besoin de dialoguer exige probablement davantage de consultation et d’écoute sur le plan local dont les conclusions pouvant aboutir sur de nouvelles propositions de réunions, groupes de travail, formations…

Quant aux agriculteurs enquêtés qui estiment qu’ils n’ont plus ni le temps ni le regard porté en avant pour s’extraire des urgences quotidiennes, ils traduisent dans leurs réponses un sentiment d’impuissance face aux ruptures évoquées mais aussi d’impuissance des OPA vis-à-vis des évolutions économiques et politiques. Ils sont à la recherche de nouvelles assurances pour conforter leur identité et leur projet professionnel. Ils aspirent à être acteur à un niveau qu’ils peuvent maîtriser, à savoir leur entreprise et son environnement. Ils ont des attentes de soutien à la gestion, aux choix juridiques, au développement économique et commercial. A défaut, le repli sur soi l’emporte et s’inscrit dans une logique où le traitement des enjeux stratégiques (gestion, enregistrements, informations, formation..) est de plus en plus externalisé.

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Chapitre 8

Typologie des différentes formes d’engagement

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Chapitre 8

Typologie des différentes formes d’engagement

Dans les chapitres précédents, les différents angles d’analyse de la population enquêtée ont mis en évidence une grande diversité et même une hétérogénéité des perceptions et des pratiques au sein de la population agricole interviewée : rapports au travail et au métier, perception de la société, de l’univers informationnel, des politiques publiques internationales et de leur identité professionnelle. L’engagement, professionnel ou non, est également caractérisé par de fortes différenciations. Nous avons donc cherché à mieux appréhender dans leur ensemble ces différences, en tentant de dégager leurs principaux déterminants sociologiques.

1. Analyse Une Analyse des Correspondances Multiples (ACM), suivie d’une typologie, permet de

dégager six classes en ce qui concerne le thème de l’engagement. Chacune de ces classes peut être décrite à l’aide des questions relatives à ce thème, mais aussi à l’aide de celles portant sur les autres thèmes : profils des enquêtés, perception du travail, perception du métier, vision de la politique publique. Classe 1 : « Les non engagés » (39% de l’échantillon)

Cette première classe de l’analyse des données peut être distinguée nettement du reste de l’échantillon, par le fait que 98% des individus qui la composent ne sont pas syndiqués, et que 53% n’exercent aucune responsabilité, professionnelle ou extra-professionnelle.

Majoritairement (62%), ces non syndiqués n’expriment pas non plus de tendance syndicale, et leurs parents étaient également moins souvent syndiqués (45%). Les raisons de non adhésion principalement évoquées sont multiples : les intérêts particuliers priment sur la solidarité, 16% d’entre eux la citent en première réponse ; les actions syndicales sont inutiles (13%), ou encore « ils n’ont pas la même vision, les mêmes idées » (14%). Enfin, au sujet de la prise en compte de leur point de vue sur l’agriculture, 60% d’entre eux ne se sentent ni écoutés, ni compris, ni consultés, ni pris en compte. A propos des coopératives, 23% disent en première réponse que la coopération permet d’avoir moins de soucis pour acheter ou vendre, mais seulement 14% estiment que c’est un principe à défendre en priorité.

Ces agriculteurs s’engagent autant que les autres dans des organisations collectives non professionnelles, dans lesquelles ils exercent cependant moins de responsabilités, 33% contre 41%. Ils consacrent davantage de temps libre aux loisirs, 33% vs 25%, mais prennent moins de vacances, 40% n’en prennent pas. Les membres de cette classe pensent davantage que la

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société n’attend rien d’eux, 13% vs 9% ; et ils craignent beaucoup la concurrence économique des nouveaux pays de l’Union Européenne, 53% vs 46%.

L’âge moyen des agriculteurs de cette classe est de 46 ans, et la répartition hommes / femmes est de 85% / 15% (moyenne de l’échantillon). La SAU est plus faible que la moyenne (62 ha vs 86 ha) ainsi que le chiffre d’affaires (163 000 euros vs 200 000). Cette classe comporte davantage d’exploitations individuelles (64% vs 54% dans l’ensemble). Ils sont plus orientés que la moyenne en cultures spéciales et en cultures spéciales + grandes cultures. Leur niveau de formation est plus rarement élevé (BTS / Ingénieurs : 14% vs 22% dans l’ensemble).

Notons que cette classe rassemble en forte proportion des enquêtés du Sud-Ouest. Classe 2 : « Les autres engagés syndicaux » (11% de l’échantillon) Des professionnels multi-engagés majoritairement non FNSEA.

Cette classe regroupe essentiellement des syndiqués non FNSEA : Confédération Paysanne (31%), Jeunes Agriculteurs (24%), Syndicats spécialisés (19%), Coordination Rurale (11%). La raison première d’adhésion est la conviction pour 37% d’entre eux, car ils partagent les mêmes idées, la même vision que leur syndicat, puis l’ambiance et la proximité avec les autres adhérents (22%).

Leur première attente vis-à-vis du syndicat est une défense des agriculteurs au plan politique, pour 39% d’entre eux. Ils ont déjà changé de syndicat pour 28% d’entre eux et participent davantage aux réunions syndicales : 39% d’entre eux participent à toutes les réunions. Ils s’y sentent davantage écoutés, plus de la moitié indiquent une note supérieure ou égale à 3 sur 5 ; et informés, près des 3/4 indiquent une note supérieure ou égale à 3 sur 5. Ils exercent des responsabilités diverses, syndicales, professionnelles ou extra-professionnelles : peu (19%) n’ont aucune responsabilité. Parmi les responsabilités professionnelles, on en rencontre ici davantage au sein de Groupements de producteurs (17%).

Ils sont en général motivés : ils sont prêts à se réinstaller ; « si c’était à refaire » (c’est sûr pour 61% d’entre eux). Ils pensent que l’agriculture occupe une très forte place dans l’économie locale, 35% d’entre eux vs 23% dans l’ensemble ; et que les mieux placés pour mener des actions de communication sont les agriculteurs eux-mêmes, 44% vs 36%.

Les individus de cette classe sont un peu plus jeunes que la moyenne (43 ans vs 46), plus diplômés (44% de formations BTS/Ingénieur vs 22% dans l’ensemble), avec davantage d’hommes, répartition hommes/femmes de 89%/11%. On constate davantage de créations d’exploitation (20% vs 11%) ou d’installations hors cadre familial (17% vs 11%). La SAU moyenne est de 82 ha et le chiffre d’affaires un peu plus faible que la moyenne (150 000 euros vs 200 000). Ils sont nettement plus orientés que la moyenne en cultures spéciales et en cultures spéciales + grandes cultures.

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Classe 3 : « Les professionnels multi-engagés » (13% de l’échantillon) Les « fidèles » FNSEA, multi-engagés et responsables.

Presque tous, soit 99%, syndiqués à la FNSEA, les individus de cette classe se caractérisent tout d’abord par des engagements multiples : 31% ont des responsabilités syndicales associées à d’autres responsabilités professionnelles, et 24% associent responsabilités syndicales, professionnelles et extra-professionnelles.

Ils adhèrent d’abord par conviction (24%), puis pour défendre le métier au travers d’actions collectives (21%), et attendent de leur syndicat un véritable appui et une meilleure défense du métier (40%). Leurs parents étaient déjà plus souvent responsables syndicaux (32%), à la FNSEA (72% y adhéraient). La grande majorité (90%) dit participer à toutes les réunions, et se sent entendue, écoutée, informée. Une place relativement importante est laissée au syndicat en ce qui concerne la communication puisque 25% (vs 13% dans l’ensemble) pensent que les syndicats sont les mieux placés pour mener des actions de communication sur le métier d’agriculteur, et 13% (vs 4% seulement dans l’ensemble) pensent qu’ils sont également les mieux placés pour les échanges entre agriculteurs. La coopération est un principe à défendre pour 37% d’entre eux (vs 24% dans l’ensemble).

Les individus de cette classe sont légèrement plus âgés (49 ans vs 46) avec davantage de formes sociétaires (GAEC : 28% vs 17% dans l’ensemble). La SAU moyenne est de 96 ha et le chiffre d’affaires de 208 000 euros. La répartition hommes/femmes est de 85%/15% et presque tous (97%) ont des enfants. Ils consacrent leur temps libre à la famille pour 59% mais aussi aux engagements professionnels pour 19% d’entre eux (vs 9% dans l’ensemble). Ils sont davantage orientés que la moyenne en productions bovines et en grandes cultures. Classe 4 : « Les syndiqués pour les services » (11% de l’échantillon) Des FNSEA désabusés…

Tous les individus de cette classe sont syndiqués, le plus souvent à la FNSEA (91%), mais sont très peu participatifs : 78% n’exercent aucune responsabilité professionnelle (syndicale ou autre) et seulement 18% ont une responsabilité extra-professionnelle. Ils ne se sentent ni entendus, ni écoutés, ni consultés et ils adhèrent davantage au syndicat pour obtenir des services (36% d’entre eux) mais ni par conviction ni pour l’ambiance. Une part non négligeable d’entre eux (16%) n’attend plus rien des syndicats dont ils disent qu’ils n’ont plus de pouvoir, et ne participent pas aux réunions par manque d’intérêt (27%), par manque de temps (20%) ou parce qu’ils obtiennent les informations sans y aller (16%). A propos des coopératives, 20% disent en première réponse qu’elles sont dépassées et qu’elles doivent s’adapter au plus vite à l’évolution de l’agriculture. Selon eux, l’agriculture occupe une forte place dans l’économie locale (62% vs 46% dans l’ensemble).

Cette classe contient beaucoup plus de femmes, 29% vs 15% dans l’ensemble. L’’âge moyen est de 47 ans. Par rapport à la moyenne, les exploitations sont de SAU un peu plus élevée (94 ha) et de chiffre d’affaires moyen (202 000 euros). Le niveau d’étude est plus faible : 13% n’ont pas de formation vs 7,5% dans l’ensemble, ou une formation non répertoriée dans le questionnaire, 11% vs 8,5% dans l’ensemble, ce qui correspond en général à une formation très peu poussée ou non spécifique à l’agriculture. Ils sont nettement plus orientés que la moyenne en productions bovines et, secondairement, en cultures spéciales.

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Classe 5 : « Les syndiqués peu militants » (17% de l’échantillon) Engagés dans leur syndicat, ils en attendent plus d’écoute.

Tous syndiqués, presque tous à la FNSEA (98%), les individus de cette classe ont relativement peu de responsabilités syndicales (27%) avec, par contre, des engagements autres : 17% ont d’autres responsabilités professionnelles, 16% ont des responsabilités extra-professionnelles, et 23% associent les deux. Beaucoup (35%) ont adhéré par héritage parental. Ils se sentent assez peu entendus, écoutés et consultés (2/5 pour la majorité) mais se sentent davantage représentés et informés (4/5 ou 5/5 pour la majorité), et participent, en moyenne, à une réunion sur deux pour 60% d’entre eux (vs 13% dans l’ensemble). Concernant l’évolution de la PAC, 40% (vs 28% dans l’ensemble) pensent que c’est dans le cours des choses et qu’il faut s’adapter.

L’âge moyen est de 46 ans, avec une répartition hommes/femmes de 90%/10%. La SAU est beaucoup plus élevée (119 ha) ainsi que le chiffre d’affaires (295000 euros), et les grandes cultures sous-représentées (7% vs 16%). Ils sont nettement plus orientés que la moyenne en bovins viande. Classe 6 : « Nouveaux syndiqués » (9% de l’échantillon)

Cette classe est constituée de syndiqués à la FNSEA essentiellement (73%) ou aux Jeunes Agriculteurs (19%). Les individus y appartenant sont tous syndiqués mais ont relativement peu de responsabilités syndicales (25%). Ils adhèrent avant tout pour l’ambiance et la proximité des autres adhérents (38%), ainsi que pour obtenir des services (33%) et défendre le métier à travers des actions collectives (23%). Ils attendent avant tout de leur syndicat une défense au niveau politique (42% d’entre eux). Ils participent peu (1 réunion sur 3 pour 75% d’entre eux) surtout par manque de temps (22%).

Ils sont davantage coopérateurs : 40% (vs 24% dans l’ensemble) pensent que la coopération est un principe à défendre, parce que les agriculteurs ont davantage leur mot à dire.

Ils n’envisageraient pas en général de changer de métier et percevraient cela comme un échec professionnel pour 10% d’entre eux (vs 3% seulement dans l’ensemble).

La SAU (108 ha) et le chiffre d’affaires (214000 euros) sont beaucoup plus élevés que la moyenne. La répartition hommes/femmes est de 90% / 10%. L’âge est inférieur à la moyenne (40 ans vs 46 ans dans l’ensemble) et le niveau de formation plus élevé (40% de BTS/Ingénieurs). Ils sont davantage orientés que la moyenne en grandes cultures et surtout en cultures spéciales + grandes cultures.

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2. Synthèse Ces six classes, constituées à partir de la population des 505 agriculteurs enquêtés,

peuvent être interprétées à travers trois grandes figures d’engagement dans la profession (Figure 8.1).

La population d’enquête (100%)

Les professionnels Les professionnels Les professionnels « croyants et pratiquants » « pragmatiques » « distants »

24% 28% 39%

Multi-engagés

Peu militants

Les non engagés

Autres engagés

syndicaux

Syndiqués pour les

services

Nouveaux syndiqués ? (9%)

Le degré d’investissement

Figure 8.1. : Les trois figures de l’engagement Trois grands types de rapports à la profession se dégagent, dans des proportions relativement comparables :

- les agriculteurs au cœur du champ professionnel, engagés à la fois aux plans idéologique et pratique : ils constituent 24% de la population d’enquête ;

- les agriculteurs dont l’investissement est avant tout à finalité pratique : ils constituent 28% de la population d’enquête ;

- les agriculteurs non motivés par un quelconque engagement : ils constituent 39% de la population d’enquête.

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a) Les agriculteurs du premier type, placés au cœur du champ professionnel (appelés pour cette raison les « croyants et pratiquants ») apparaissent en fait très divers dans leurs conceptions de l’engagement, se scindant en deux variantes bien typées, les multi-engagés et les engagés autrement :

- « multi-engagés FNSEA » : environ 1/8 des agriculteurs de l’échantillon ont de multiples engagements : ils adhèrent, participent, prennent des responsabilités, revendiquent des convictions, ont le sentiment d’être acteurs dans l’orientation de l’agriculture. Leurs profils socioéconomiques renvoient aux normes d’excellence mises en avant par la profession depuis 40 ans : syndiqués FNSEA (99%) ; souvent syndiqués à la suite de leurs parents (72%) ; l’écart entre adhésion et sympathie syndicales FNSEA est faible (adhésion – sympathie = + 6%). Ils sont aussi très coopérateurs et fortement engagés dans les OPA. Leur niveau d’information est élevé et ils sont partisans d’une forte communication externe de la profession. Leur engagement dans l’action civique et culturelle locale est moins important que leur engagement professionnel : ils adhèrent moins à ce type d’organisation et y exercent moins de responsabilités que la moyenne, invoquant le manque de temps, mais surtout le fait qu’ils ont renoncé à ce type d’engagement ; enfin, en dehors du sport, les agriculteurs de cette catégorie sont les moins nombreux à pratiquer des activités non professionnelles. Notons qu’ils sont les plus âgés (près de 50 ans en moyenne). Leur SAU est un plus élevée que la moyenne et leurs exploitations plus sous forme sociétaires.

- « engagés autrement, hors FNSEA » : syndicalistes de conviction, plus souvent

adhérents de syndicats minoritaires (Confédération Paysanne = 31% ; Coordination rurale = 11% et aussi Jeunes Agriculteurs = 14%°) ; notons qu’une proportion non négligeable d’entre eux ont quitté la FNSEA. L’écart entre adhésion et sympathie syndicales est faible (adhésion – sympathie = + 2%). Les agriculteurs de ce type exercent souvent des responsabilités professionnelles ; ils sont très motivés par leur métier, par son impact local, ils sont partisans d’une communication externe de proximité maîtrisée par eux. Ils se sentent écoutés et informés. Leurs profils socioéconomiques traduisent les nouvelles tendances du recrutement agricole : moins d’origine agricole familiale, niveaux de formation plus élevés, plus de créations d’exploitation. Leurs exploitations sont de taille moins importante, mais ils sont davantage que la moyenne orientés en cultures spéciales.

b) Si d’un point de vue institutionnel et politique, le premier type (« croyants et pratiquants ») représente donc un type que nous pourrions appeler « de référence » quant à l’engagement dans la profession agricole (avec deux sous-catégories : les classiques et les alternatifs) ; le second type, les professionnels « pragmatiques », s’avère lui presque aussi important en nombre. Il regroupe deux variantes finalement assez proches :

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- « syndiqués pour les services », 11% de la population totale : tous ces agriculteurs,

syndiqués à la FNSEA, participent peu aux réunions, d’abord par manque d’intérêt. En fait, ils se disent mécontents de la façon dont leur syndicat fonctionne (ni entendus, ni écoutés, ni consultés) ; ils y adhèrent essentiellement pour les services. Une partie dit ne plus rien en attendre par ailleurs, arguant son absence de pouvoir. Logiquement, la différence entre adhésion et sympathie FNSEA est ici très forte (adhésion – sympathie = + 53%). Par ailleurs, la majorité des agriculteurs de ce type (46%) ne se sentent proches d’aucun syndicat. Bien que leur adhésion coopérative soit dans la moyenne, ils ont tendance à dire que les coopératives sont dépassées. Leur adhésion à des centres de gestion est supérieure à la moyenne. Leur profil socioéconomique est peu différent de la moyenne (un peu plus de surface d’exploitation, plus de productions bovines, un peu plus de cultures spéciales), mais leur formation est moindre et plus souvent non agricole ; de même, la proportion d’agricultrices est ici le double de la moyenne. Si ce type d’engagement paraît donc avant tout à finalité pratique, sa logique relève davantage de la résignation que du choix positif.

- « les peu militants », environ un sixième de la population totale : eux aussi sont

presque tous syndiqués à la FNSEA, ils y exercent peu de responsabilités syndicales. Ils se sentent aussi peu acteurs que les précédents mais se disent moins mécontents (peu entendus ou écoutés, mais plus représentés et informés), ils participent cependant un peu plus aux réunions. L’écart entre adhésion et sympathie syndicales FNSEA est assez élevé (adhésion – sympathie = + 15%). Ils pensent davantage que les autres que la réforme de la PAC est inéluctable et qu’il faut s’y adapter. En fait, ils s’engagent avant tout dans d’autres organisations : professionnelles (fort pourcentage de responsabilités en CUMA), mais surtout non professionnelles. Les profils socioéconomiques de ces agriculteurs sont plus favorisés (+ 50% de tailles d’exploitation, plus de grandes cultures et de bovins viande).

Le type « nouveaux syndiqués » se trouve dans une position intermédiaire entre les deux figures précédentes : tous syndiqués, presque tous FNSEA ou JA, ces agriculteurs adhèrent avant tout à un syndicat pour l’ambiance locale et les services. De plus, ils attendent du syndicat une défense politique de l’agriculture. L’écart entre adhésion et sympathie syndicales FNSEA est assez élevé (adhésion – sympathie = + 15%), au bénéfice de la Confédération Paysanne et de la Coordination Rurale. Ils sont volontiers coopérateurs. Ils participent peu aux réunions et exercent peu de responsabilités. Ces agriculteurs sont en moyenne les plus jeunes de toutes les catégories, avec des niveaux de formation plus élevés et des moyens économiques nettement supérieurs. Au total, ils forment donc un profil d’agriculteurs jeunes, très impliqués dans leurs exploitations, qui conçoivent l’organisation de leur profession comme un outil complémentaire leur permettant d’être plus forts et plus efficaces dans leur métier. A leur égard, les questions suivantes pourraient être posées : - deviendront-ils à terme des « multi-engagés » comme leurs aînés, ou à l’inverse des « peu

militants » comme ci-dessus ? - quelles actions permettraient de les faire basculer d’un côté ou de l’autre ?

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c) Nous avons vu précédemment que la majorité des agriculteurs « distants » présentait, en fait, sur les variables de profil, des caractéristiques qui n’étaient pas très différentes de la moyenne de l’échantillon, un peu inférieures économiquement et en niveau de formation, et plus orientés en cultures spéciales.

En examinant leurs raisons de non adhésion à des OPA, on s’aperçoit qu’elles manifestent avant tout des critiques sur les valeurs, les méthodes et les résultats des organisations professionnelles : primauté des intérêts particuliers sur la solidarité, inutilité des actions syndicales, vision / idées différentes ; ni écoutés, ni compris, ni consultés, ni pris en compte pour les décisions sur l’agriculture. Ensuite, ces agriculteurs apparaissent un peu plus inquiets des nouvelles concurrences commerciales ; plusieurs réponses au questionnaire vont dans le sens d’une certaine distanciation par rapport aux organisations professionnelles dans l’exercice du métier. S’ils sont un peu plus coopérateurs que la moyenne, c’est plus « pour avoir moins de souci de marché ». Les deux tiers d’entre eux ne se sentent proches d’aucun syndicat. Le score de la FNSEA apparaît parmi eux plus faible que celui de la Confédération : 12% contre 15%.

Par contre, ces agriculteurs sont dans la moyenne pour ce qui concerne l’adhésion à des structures collectives non professionnelles de la vie locale (47% n’y adhèrent pas, contre 47% en moyenne), même si la proportion d’agriculteurs qui prennent des responsabilités est un peu inférieure à la moyenne, 33% contre 41%.

Dans l’ensemble, on ne peut donc comprendre cette troisième figure de l’engagement en la plaçant simplement en négatif de la première. Plus généralement, cette structure générale de l’engagement implique de sortir des oppositions du sens commun qui font encore florès aujourd’hui, entre les organisés et les individualistes, entre les dynamiques et les traditionnels.

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Synthèse

Globalement, ces trois figures de l’engagement professionnel conduisent donc à considérer l’engagement comme une réalité multiforme et sans doute mobile dans le temps. Mais nous avons vu que ces variations de l’engagement n’étaient pas pour autant de purs produits des volontés individuelles, dépourvues de déterminants. Au contraire, à travers des variables socioéconomiques toutes simples comme l’âge, la formation, la production, la taille de l’exploitation, etc., nous nous sommes rendus compte de logiques d’engagement renvoyant à des positions professionnelles et sociales. Ceci pourrait donner lieu à des études complémentaires pour caractériser plus finement les « types » dégagés, en particulier en les appréhendant au niveau régional.

Ces figures de l’engagement conduisent aussi à relativiser sensiblement les rapports que les agriculteurs entretiennent avec le syndicalisme. Ces rapports sont souvent représentés dans les champs médiatiques et politiques à travers des images dominantes privilégiant la référence à des valeurs morales et politiques plutôt qu’à des rapports sociaux, à la fois historiques et concrets. Elles interrogent en même temps sur la prégnance institutionnelle de la FNSEA, identifiée en positif ou en négatif, comme une place forte, qui serait garante du pouvoir agricole face à l’Etat : pouvoir légitime pour certains, pouvoir tentaculaire et monolithique pour d’autres (cf. Luneau G., 2004). L’organisation professionnelle de l’agriculture nous apparaît ainsi comme un système qui d’une part impressionne par le nombre et la complexité de ses institutions. D’autre part, cette organisation professionnelle doit refonder son contrat avec un milieu agricole divers et changeant.

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Synthèse Générale et

Pistes de Réflexion

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Synthèse générale et pistes de réflexion

A travers cette enquête nationale, l’objectif de notre étude était de répondre à deux types de questions complémentaires :

- A quoi aspirent aujourd’hui les agriculteurs dans l’exercice de leur métier et dans leur vie sociale ? Qu’est-ce qui les préoccupe ? Comment se projettent-ils dans l’avenir ?

- Comment et à propos de quoi sont-ils prêts à se mobiliser ? Comment s’engagent-ils dans leur profession et dans la société ? Et en particulier, qu’attendent-ils de leurs organisations professionnelles ?

Dans un premier temps, nous synthétiserons les principales réponses de l’étude à ces questions. Puis, nous tenterons d’élargir leur portée, en nous interrogeant sur l’avenir des formes d’engagement professionnel et social des agriculteurs, en esquissant des pistes de réflexion à la préoccupation centrale de la FNSEA : en fonction du nouveau visage des agriculteurs, quelles figures d’organisation de la profession se dessinent pour demain ? Quels sont les facteurs clé de réussite pour ces organisations, quels changements sont possibles ou souhaitables ?

1. Synthèse Deux types de résultats nous semblent à souligner :

- les évolutions des rapports au travail et au métier des agriculteurs, dans un environnement en plein bouleversement, souvent perçu comme menaçant ;

- les permanences et les mutations, la diversité de leur engagement à l’intérieur et à l’extérieur de la profession, les attentes exprimées.

1.1. Des rapports au travail et au métier à la fois communs et diversifiés,

dans un contexte perçu plutôt négativement

De plus en plus d’agriculteurs vivent avec un conjoint qui exerce une autre activité ; ce conjoint est souvent d’origine non agricole. A partir d’un choix de plus en plus personnel, même si l’héritage parental reste décisif, les agriculteurs mettent particulièrement en avant la passion du métier. Celle-ci repose sur la liberté dans le travail et sur l’indépendance décisionnelle, éléments qui renvoient au statut de chef d’entreprise et d’artisan. Certes, la conduite du travail et la gestion de l’exploitation traduisent une volonté de plus en plus forte de distinction entre l’activité professionnelle et la vie sociale. Néanmoins, pour une partie importante d’entre eux, la possibilité d’articuler vie familiale et vie professionnelle reste l’un des facteurs attractifs du métier.

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L’exercice du métier implique pour une grande majorité des enquêtés une charge de travail importante, en moyenne de 8H30/jour sur 6 jours. Lors de certaines périodes (dites « de pointe ») on relève des durées particulièrement élevées, en moyenne de 13H10/jour sur 6 jours. Néanmoins, 85% considèrent maîtriser cette contrainte. Par ailleurs, pour presque tous, prendre du temps libre est devenu non seulement une aspiration croissante mais une réalité. D’autant que la vie en dehors du travail se traduit par des pratiques de départ en congés majoritaires, sur des durées non négligeables (près de deux semaines par an en moyenne). Notons que certains considèrent que leurs engagements professionnels relèvent du temps libre et que ces derniers sont assez fréquents dans le cadre de la vie locale. Les orientations de productions jouent un rôle majeur dans les différences observées de rythme et de gestion du temps.

Bien que près des trois quarts des agriculteurs soulignent l’amélioration de leurs conditions de travail par rapport à leurs parents, ils sont plus partagés sur l’évolution de leurs conditions de vie. En effet, un peu plus de la moitié d’entre eux souligne leur amélioration depuis une génération, tandis qu’un dixième d’entre eux apparaît profondément découragé par leur situation professionnelle actuelle. En filigrane, c’est souvent un rapport négatif à l’avenir qui est en cause et qui démobilise ceux dont les motivations sont moindres.

Nous avons vu que les rapports au métier étaient fortement influencés par deux types de facteurs socioéconomiques :

- les caractéristiques et l’histoire personnelle des agriculteurs, appréhendées par l’âge, le sexe et le niveau d’études ont une incidence sur leur rapport au métier et sur la manière dont ils se situent dans l’espace professionnel et social. La période d’installation, l’expérience professionnelle antérieure et l’origine socioprofessionnelle sont autant de variables complémentaires contribuant à expliquer leur rapport au métier.

- les orientations de productions des exploitations déterminent diverses cultures professionnelles, c’est-à-dire des modèles de travail et de vie en interaction avec des activités économiques. Etre éleveur laitier, être céréalier ou être maraîcher, c’est exercer un métier spécifique au sein de l’agriculture.

Si l’identité professionnelle est liée aux profils sociaux des agriculteurs et aux filières de production dans lesquels les exploitations sont impliquées, elle dépend aussi des objectifs des agriculteurs : le niveau de revenu, la maîtrise de l’installation, la recherche de productivité ou de croissance, la résistance à un contexte économique risqué ou hostile, le mode vie, etc. Cette identité reflète aussi les façons dont ils perçoivent leur rôle économique et social : l’enquête fait apparaître une correspondance assez forte entre le rôle souhaité et le rôle perçu au sein de la société. Enfin, l’identité dépend des différents univers de discussion dont ils font partie. A ce niveau, le syndicalisme ne semble pas jouer un rôle majeur.

Pendant les périodes d’enquête (entre l’automne 2005 et le printemps 2006), la majorité des interviewés a exprimé de fortes inquiétudes sur l’évolution de l’environnement économique et politique de l’agriculture. Ainsi la baisse des prix organisée par la réforme de la PAC, l’ouverture de l’espace économique européen vers l’Est et le Sud, la perspective des retombées des négociations de l’OMC, le retrait progressif des pouvoirs publics de la gestion des marchés au profit de préoccupations environnementale les préoccupent. Tous ces facteurs convainquent la

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majorité des agriculteurs que leur métier est de plus en plus dominé par des règles défavorables à leur revenu, règles de surcroît tatillonnes et instables, appliquées parfois d’une manière ressentie comme arbitraire. Certes, ils continuent de penser très majoritairement que l’agriculture ne peut survivre sans régulation publique. Ensuite, ils sont très peu nombreux à considérer que les relations avec l’industrie et la distribution puissent être partenariales. Enfin, beaucoup d’agriculteurs ne sont pas loin de penser que les pouvoirs publics délaissent des enjeux agricoles autrefois considérés comme vitaux. L’une des grandes conséquences de ce « spleen professionnel » nous semble être la rupture symbolique des liens privilégiés que beaucoup d’agriculteurs avaient le sentiment d’avoir avec l’Europe au plan économique et politique. Néanmoins, plus d’un quart d’entre eux juge l’évolution inéluctable et pose le problème en terme d’adaptation. Par ailleurs, le conditionnement du versement des aides à des règles d’environnement et d’aménagement du territoire semble largement accepté par les agriculteurs, moins d’un tiers d’entre eux s’y opposant.

Enfin, bien que les rapports des agriculteurs à leur environnement médiatique restent organisés à partir d’une offre d’information professionnelle qui leur est proche et familière, la relation à l’univers des medias accentue ce sentiment de dépossession du monde ; ils perçoivent souvent négativement une information générale qui leur donne l’impression d’une instrumentalisation de leur métier, érigeant en scandales les crises sanitaires des années 1980-1990 et les dysfonctionnements environnementaux de l’agriculture.

Si les rapports au travail et au métier exprimés par les agriculteurs enquêtés sont donc fortement marqués par le contexte médiatisé de la réforme de la PAC et des négociations commerciales internationales, nous voyons qu’ils dépendent également d’évolutions engagées sur la longue durée. Deux types de temporalité se combinent donc pour donner forme à diverses logiques d’engagement professionnel.

1.2. Permanences, diversité et mutations de l’engagement dans et en dehors de la profession

Le taux de syndicalisation des agriculteurs interviewés est élevé (61%), et ceci quelles que soient les classes d’âge (par contre, l’orientation de production et le niveau de formation jouent significativement). La FNSEA demeure fortement prédominante (47% du total des agriculteurs et 76% des syndiqués). Les syndicats plus récents, comme la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale, qui avaient réalisé une percée significative aux élections Chambres d’Agriculture de 2000 (32% des voix) demeurent très minoritaires en taux d’adhésion (5%).

L’adhésion à un syndicat est déterminée certes par l’héritage parental et les choix d’engagement effectués à l’installation varient peu par la suite. L’adhésion dépend aussi des attentes personnalisées, dans lesquelles la dimension pragmatique des services utiles pour le métier domine. Mais l’adhésion aux orientations de l’organisation syndicale et la recherche d’une dimension collective dans la défense du métier se trouvent placés juste derrière.

Nous l’avons vu, l’indicateur de l’adhésion volontaire est loin de recouvrir correctement l’enjeu de l’engagement. Il doit être tempéré par le fait qu’une part des adhérents de la FNSEA ne se déclare pas pour autant sympathisante de ce syndicat (seuls 87% des adhérents se disent

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aussi sympathisants …). D’autre part la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale se trouvent en situation inverse, recueillant un taux de sympathie beaucoup plus élevé que celui des adhésions (pour ces syndicats, le taux sympathie / adhésion atteint en effet 306% !).

Trois grands types de positions syndicales peuvent être caractérisées à travers ces expressions métaphoriques : « croyants pratiquants » ; « pratiquants non croyants » ; « croyants non pratiquants ». Et force est de constater que les plus croyants ne sont pas forcément les plus pratiquants…

Nous avons vu que ces positions syndicales étaient à recouper avec d’autres types d’engagement : dans les autres OPA, dans la vie sociale en dehors de la profession. Au total, la moitié des agriculteurs enquêtés exerce des responsabilités professionnelles et près d’un tiers exerce des responsabilités en dehors de leur profession. Ces proportions sont élevées, au moment où dans les organisations et dans les medias professionnels, on souligne l’individualisme et le désenchantement collectif croissants des agriculteurs. Ce regard sur l’engagement doit être complété par l’importance que les agriculteurs accordent aux liens informels qui les lient localement à leurs pairs. La moitié d’entre eux met fortement l’accent sur cette sociabilité de proximité, en regard de l’impression de perte d’influence de leurs organisations traditionnelles.

Mais quelles sont finalement les logiques collectives qui traversent l’ensemble des comportements d’engagement ? Ce fut l’objet de la typologie effectuée au cours de la phase de synthèse. Cette phase a mis en évidence la diversité, pressentie dans l’analyse par thème, des conceptions et des pratiques des agriculteurs dans leurs rapports à la profession.

Rappelons que l’analyse typologique a permis de dégager six classes d’engagement parmi les agriculteurs :

- « les non engagés » (39% de l’échantillon) - « les autres engagés syndicaux » (11% de l’échantillon) - « les professionnels multi-engagés » (13% de l’échantillon) - « les syndiqués pour les services » (11% de l’échantillon) - « les syndiqués peu militants » (17% de l’échantillon) - « nouveaux syndiqués ? » ( 9% de l’échantillon)

Ces six classes, constituées à partir de la population des 505 agriculteurs enquêtés, ont ensuite été synthétisées en trois figures d’engagement dans la profession :

- les agriculteurs au cœur du champ professionnel, engagés à la fois aux plans idéologique et pratique, constituant un peu plus d’un cinquième de la population d’enquête ;

- les agriculteurs dont l’investissement repose avant tout sur une finalité pratique, constituant entre un quart et un tiers de la population d’enquête ;

- le type intitulé « nouveaux syndiqués ? », représente près du dixième de la population enquêtée et occupe une position intermédiaire entre les deux figures précédentes ;

- enfin, les agriculteurs « distants » constituant près de 40% de la population d’enquête.

En proposant une lecture dynamique des attentes et des comportements des agriculteurs, cette typologie aboutit d’une part à atténuer la prédominance de la FNSEA dans le syndicalisme. Elle pouvait être dans un premier temps jugée écrasante. D’autre part cette typologie met en

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évidence des logiques d’engagement, qui par leur diversité contredisent, ou en tout cas, relativisent la plupart des discours institutionnels proclamant le déclin des valeurs collectives des agriculteurs.

Pour autant, il ne faut pas perdre de vue que les engagements des agriculteurs sont placés dans une conjoncture qui leur apparaît comme étant souvent hostile, difficile à maîtriser car complexe et de plus en plus instable :

- la grande majorité d’entre eux perçoit comme menaçant le contexte politique récent de l’agriculture, avec la réforme de la PAC 2003, l’attente d’un accord à l’OMC, l’élargissement en cours de l’Union Européenne, la libéralisation des politiques publiques;

- en revanche, ils ont intégré dans les exploitations et dans leur vie en dehors du travail un contexte sociétal dont les composantes essentielles sont en place depuis une dizaine d’années (montée de la demande de sécurité sanitaire et de qualité des aliments, multifonctionnalité de l’agriculture, renforcement des besoins de temps libre).

Beaucoup d’agriculteurs aspirent en fait à être acteurs là où ils peuvent en quelque sorte maîtriser leur investissement humain. Ce qui est en jeu dans les jugements positifs ou négatifs des agriculteurs à propos de leurs organisations professionnelles, c’est donc autant leurs façons d’opérer que l’objet de leurs actions ou leurs compétences. Il y a donc ceux qui sont au cœur du système, pour ou contre son orientation, qui par leur pouvoir de représentation ont tendance à se faire une doctrine de l’engagement, y compris par rapport aux « hors système ». Et il y a ceux qui se sentent peu acteurs, voire hors jeu : certains, admettant l’état du système, se placent dans une conception utilitaire des organisations ; d’autres aspirent à un monde différent qui puisse sécuriser leur propre avenir. On peut alors se demander si, comme dans le champ politique, la tentation de certains de ces derniers ne serait pas de simplifier leurs rapports à un monde réputé trop complexe et surtout hostile aux agriculteurs, en faisant référence soit à des contre-valeurs soit à des valeurs à restaurer. La dynamique actuelle du champ professionnel agricole peut ainsi créer des espaces pour le développement de conceptions professionnelles intégrales.

2. Quelques pistes de réflexion stratégique En terminant cette étude, nous proposons à la FNSEA quelques pistes de réflexions

issues de la synthèse qui précède. a) Comment les agriculteurs peuvent-ils tirer bénéfice des changements réalisés ou en cours, dans et autour de leurs exploitations ? - Ils ont intégré, certes diversement mais majoritairement, la multifonctionnalité dans

l’exercice de leur métier. - Ils acceptent également majoritairement le principe d’éco-conditionnalité lié à la poursuite

des soutiens publics. - Beaucoup d’entre eux veulent investir dans des dialogues localisés avec le reste de la

société : avec la jeune génération, avec les voisins, etc.

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- Mais simultanément, la majorité d’entre eux vivent ces changements négativement, en tout cas sur le mode de la contrainte présente et de l’inquiétude de l’avenir.

Le syndicalisme pourrait les aider à tirer parti, auprès d’autres groupes professionnels, de collectivités territoriales, de collectifs citoyens, des changements qu’ils mettent en œuvre dans leurs exploitations, leurs filières de production et leurs territoires de travail et de vie. Ils devraient en quelque sorte parvenir à capitaliser le fait que le groupe professionnel qu’ils constituent est capable de changements rapides et profonds dans les exploitations et souvent incliné à les formuler sur un mode négatif face aux pouvoirs publics et, de fait, face à une opinion publique qui ne les connaît plus a priori.

Autrement dit :

- comment s’appuyer sur les éléments positifs pour en faire des leviers de l’action ?

- comment intégrer la diversité des métiers, logiques et structures ?

- quelle communication institutionnelle, quels liens avec les médias ?

- quels outils développer pour aider les agriculteurs à conduire une réflexion stratégique ? b) Comment gérer la diversité des aspirations syndicales ?

Nous avons vu que les syndicalistes ont des attentes très diversifiées à l’égard de leur organisation : - Celles-ci ne sauraient être hiérarchisées a priori, sans exclure de fait les aspirations de telle ou

telle catégorie d’adhérents. Mais de plus en plus, une autre catégorie intervient dans cette gestion des attentes, c’est celle des sympathisants.

- Mais en même temps, les attentes des agriculteurs renvoient à des formes de syndicalisme différents, qui peuvent même se contredire : syndicalisme de conviction (avec deux variantes fort différentes : gestionnaire, protestataire), syndicalisme de services, syndicalisme de sociabilité.

Ceci peut se traduire par deux questions : - comment capitaliser sur les attentes ? - comment rendre les agriculteurs acteurs de leurs actions, en en contrôlant le cadre ? c) Comment personnaliser la relation syndicale ?

Les adhérents des syndicats travaillent de moins en moins souvent en couple ou en famille. Ils ont fait des choix de métier individuels, spécifiques, à partir de références socioprofessionnelles très diverses. Le syndicalisme agricole se trouve donc devant une double nécessité : - marquer l’adhésion syndicale au moment de la succession / reprise : il semble que ce soit de

plus en plus des personnes et non pas des exploitations qui se syndicalisent ; bien que la continuité avec les parents soit forte, il serait sans doute positif de refonder le lien syndical. Il serait ici plus personnalisé et de fait davantage renouvelé ;

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- accueillir des candidats à l’adhésion issus d’horizons de plus en plus hétérogènes, dont la diversité recèle un potentiel humain précieux pour son organisation.

d) L’avenir de la relation coopérative

La participation à des coopératives ou à des groupements de producteurs est très nettement majoritaire parmi les agriculteurs. Les raisons sont bien entendu fort diverses. Mais beaucoup ont le sentiment d’une banalisation des relations commerciales avec ces organisations, donc d’une dérive du lien coopératif. Ce phénomène est à la fois la cause et l’effet de la perte de pouvoir des producteurs, dans des structures commerciales ou industrielles qu’ils considéraient auparavant comme le prolongement collectif de leur fonction de producteurs.

Si l’avenir du métier d’agriculteur dépend notamment de la maîtrise des marchés, alors la relation coopérative comporte un enjeu fondamental, tout autant que la politique publique.

- Comment faire en sorte que la domination croissante de la production agricole par l’industrie et la distribution ne soit pas ressentie comme une fatalité, comme une absence totale de marge de manœuvre pour les agriculteurs ?

Dans le fond, la nécessaire réflexion sur le syndicalisme et sur la coopération se rejoignent : il s’agit de réfléchir à cette conviction, de plus en plus répandue parmi les agriculteurs, que ces structures collectives n’auraient plus d’avenir parce qu’elles disposeraient de moins en moins de pouvoir sur leur environnement politique et économique. e) Renouveler la culture managériale des organisations professionnelles agricoles, et

notamment du syndicalisme

Les agriculteurs aspirent à être acteurs de leur propre devenir, dont l’enquête a montré qu’ils se sentaient parfois dépossédés. Ceci renvoie à plusieurs niveaux d’interrogation : - comment mettre en œuvre, dans la vie syndicale, les valeurs de liberté d’organisation ou

d’entreprise avec celles de sécurité ou de solidarité ? - comment favoriser l’émergence d’acteurs professionnels, c’est-à-dire d’agriculteurs travaillant

sur leurs objectifs collectifs, le sens de leur profession et sur les actions nécessaires qui en découlent ?

Les enseignements issus de l’enquête amènent à esquisser une sorte de « carré magique » du management dans les organisations agricoles :

Personnalisation Proximité

Confiance Efficacité

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f) Ruraliser les syndicats ?

Cette question repose sur un constat paradoxal concernant les rapports des agriculteurs à la vie locale :

- D’un côté, les agriculteurs sont souvent préoccupés par la vie collective locale. Ils considèrent comme une de leur mission la multifonctionnalité de leur secteur. Beaucoup s’identifient fortement au statut de chef de petite entreprise et se placent donc en collègues des artisans ou des autres entrepreneurs de leur commune.

- D’un autre côté, cette dimension les divise entre eux : la multifonctionnalité n’est pas toujours reconnue positivement parce que, pour certains, elle éloigne des préoccupations strictement agricoles. Et la vie collective locale suppose des arbitrages avec des réalités où l’agriculture pèse moins qu’auparavant. Par ailleurs, le statut de chef d’entreprise nécessite de raisonner davantage en gestionnaire qu’en homme / femme « du pays ».

- Enfin, l’agriculture attire de plus en plus d’actifs et de retraités qui privilégient un mode de vie proche de la nature, surtout en territoires périurbains de seconde couronne. Des activités comme l’élevage ou les loisirs liés au cheval se développent particulièrement vite. Le foncier agricole, les habitations des anciens agriculteurs sont donc l’objet de convoitises ; et simultanément, les agriculteurs sont sollicités par ces nouveaux ruraux pour des services.

Les syndicats agricoles doivent donc s’interroger sur la façon d’appuyer ce type de réflexion et de débat et d’aider leurs membres à prendre position sur ces nouvelles dimensions de l’acteur rural.

Une autre manière de se poser la question serait :

- comment créer une dimension citoyenne du développement ?

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3. Quelques ouvertures

Nous n’avons pas pu réaliser une approche régionalisée des aspirations des agriculteurs et de leurs engagements. Cet angle d’étude serait sans doute très bénéfique pour approfondir notre approche, car il permettrait de replacer les réponses des agriculteurs dans des contextes sociaux localisés et dans le cadre des institutions d’une profession organisée encore essentiellement au plan départemental.

Deux sous populations mériteraient sans doute une analyse plus poussée, car elles semblent manifester sur plusieurs points des comportements différents : les agricultrices et les pluriactifs. Des études pourraient être poursuivies en reprenant certaines des données existantes mais également par des travaux de terrain plus poussés.

Sur un autre plan, la dimension administrative et gestionnaire du métier qui est l’objet de préoccupations pour beaucoup, voire de rejet pour certains et qui est même vilipendée par certaines organisations professionnelles mériterait une enquête spécifique approfondie. En effet, nous pensons que sa maîtrise devient un facteur-clé de réussite du métier. Son lien fort avec le niveau de formation suggère par ailleurs une interrogation plus fouillée sur l’impact du capital culturel à ce niveau.

La plupart des spécialistes de l’histoire et de la sociologie rurales soulignent que le

syndicalisme agricole a joué dans les années 1950-1960 un rôle moteur, à la fois au plan des personnes - il a été un vecteur essentiel de promotion sociale - et au plan de l’orientation de l’agriculture. A leurs yeux, les changements qu’a provoqués le CNJA au sein de la FNSEA ont permis à celle-ci de se poser en arbitre des secteurs et des régions de production agricole en France et de participer de façon active, participation qui a été fortement discutée, à l’organisation économique et sociale de la modernisation agricole des années 1945-1990.

Pour le syndicalisme, il ne s’agit pas de revenir à un âge d’or des OPA - qui n’a d’ailleurs jamais existé -. Mais l’appartenance à un syndicat étant encore le signe d’une position active dans le champ professionnel, imaginer un futur qui ne se limite pas à l’adaptation de personnes à des structures et de structures à des marchés reste un enjeu pour le syndicalisme. Un futur qui soit une perspective à construire dans la complexité et la mobilité croissantes du monde.

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Références bibliographiques

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Annexes

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Annexe 1

Cahier des charges

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Paris, mardi 1er juin 2004 mis à jour en novembre 04

DEPARTEMENT SYNDICAL Service des Affaires Dles et de l'Action Syndicale NF

ENQUETE AUPRES DES AGRICULTEURS Contexte. L’agriculture a entamé un large virage depuis une dizaine d’années, elle doit aujourd’hui relever le défi de s’adapter au nouveau contexte européen dessiné le 26 juin à Luxembourg. La réforme de la PAC est subie par les agriculteurs, elle remet en cause leur fonctionnement. Ils ont déjà eu à relever des défis de cette ampleur dans le passé. Le syndicalisme doit les accompagner. Dans ce contexte, les FDSEA, qui sont au contact des paysans, doivent s’adapter et évoluer en fonction de leurs attentes. La FNSEA doit aussi prendre en compte ces évolutions dans la définition de sa stratégie. Cette réflexion s’inscrit dans la suite des travaux engagés lors des derniers Congrès de la FNSEA et en particulier celui du Grand Bornand en mars 2004 dont le rapport d’orientation a pour titre “ Quel syndicalisme demain ? ”. Objectif. Dans le cadre des travaux conduits par les secrétaires généraux et l’équipe syndicale sur le fonctionnement du réseau, sur la vie associative des FDSEA, il est nécessaire de mieux connaître les attentes des paysans. Cette analyse doit aujourd’hui aller plus loin que ce nous pouvons ressentir par notre réseau : nous proposons de réaliser une enquête qualitative et quantitative auprès des agriculteurs. Ainsi, la nécessaire adaptation de ce réseau pourra se faire dans de meilleures conditions et en connaissance de cause. Les résultats de cette étude serviront aussi dans le cadre de la campagne pour les élections aux chambres d’agriculture. Prestations attendues et choix du prestataire L’atout de la FNSEA réside dans la force d’un réseau présent sur tout le territoire et au plus proche des agriculteurs. La réalisation d’une enquête nécessite une méthodologie particulière : détermination des questions appropriées au regard de l’objectif, échantillonnage, réalisation des enquêtes sur le terrain, exploitation des enquêtes. La FNSEA propose à la FESIA la réalisation de cette étude, les avantages de la FESIA résidant dans la bonne répartition des écoles sur le territoire, dans sa connaissance et ses relations avec le milieu agricole et dans l’aide méthodologique que peuvent apporter les équipes pédagogiques. Ce type de convention ne peut que faciliter le travail d’ouverture de la FNSEA souhaité par les élus. On peut très bien envisager d’autres projets par la suite entre les écoles d’ingénieurs et le syndicalisme.

CAHIER DES CHARGES

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Cette enquête pourrait se décliner autour de trois thèmes :

• L’Europe et la PAC : leurs évolutions vues par les agriculteurs, • Le métier d’agriculteur : quel avenir, quelles orientations pour cette profession ? • L’environnement professionnel des agriculteurs : connaissance de cet environnement, quelles

attentes ?, quelles évolutions ? Le thème général défini étant : “ Aspirations des agriculteurs et évolutions de leurs rapports à la profession ” La réalisation d’un premier sondage qualitatif permettrait de cadrer au mieux l’enquête quantitative. Ce projet est à l’étude et devrait démarrer au plus tard à partir de la fin d’année 2004 , une fois que les agriculteurs auront une meilleure connaissance des enjeux de la nouvelle PAC.

Calendrier à établir Proposition de la FESIA. La FESIA propose de mobiliser des équipes dans les écoles pendant toute la durée du projet, soit 20 mois. Il y aurait un chef de projet par école et un coordonnateur. Une personne ressource de la FESIA sera désignée pour faire le lien avec la FNSEA. L’étude se ferait en trois temps :

1- Une pré-enquête qualitative auprès d’une soixantaine d’agriculteurs pour préparer l’enquête quantitative.

2- Une phase quantitative avec réalisation d’entretiens directifs chez 500 agriculteurs. 3- Un traitement global et une analyse des données intégrant vraisemblablement la réalisation de

quelques mémoires de fin d’étude.

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Annexe 2

Guides d’entretien

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Guides d’entretien « agriculteurs » Enquête FNSEA février 2005 Phase préalable (qualitative)

Présentation (de soi, du but de l’étude, des règles de l’entretien…)

La présentation de soi et de son travail permet de donner suffisamment d'informations pour que l’interviewé accepte l'entretien, son but, ses règles, ce à quoi il va servir. Il est donc important que chacun se sente à l'aise avec ce qu'il va dire et n'ait pas le sentiment de cacher quelque chose pour des raisons qui ne sont pas les siennes.

La présentation répond aux questions classiques de qui, quoi, comment, pour qui. Qui : étudiante, ingénieur d'étude ou enseignant d'une école, ce qui permet ensuite de mettre en avant le caractère régional de l'enquête (ou de la FESIA si cela convient mieux, mais ce n'est sans doute pas très connu sur le terrain). Quoi : une étude sur le métier d'agriculteur et les relations des agriculteurs avec les organisations professionnelles. Pour qui : Il ne faut pas être trop abrupt et dire sans plus d'explications, on travaille pour la FNSEA. Il faut donner un certain niveau d'informations et savoir que l'interlocuteur a toujours la possibilité de poser des questions s'il le souhaite, notamment je pense que certains demanderont pourquoi ils ont été choisis. Je crois que l'on pourrait dire qu'il s'agit d'une étude à la demande de la fédération régionale des syndicats qui souhaite mieux connaître comment les agriculteurs perçoivent les évolutions en cours, comment ils voient l'avenir de leur métier et quelles sont leurs attentes vis-à-vis des organisations professionnelles agricoles. Il n'y a pas de comité de pilotage multi-partenarial, que ce soit au niveau national ou régional, il me semble donc difficile de ne rien dire sur le commanditaire. Je pense que cette phase de présentation doit permettre de susciter l'intérêt des interlocuteurs sur le contenu de l'étude.

Comment : des entretiens ouverts sur votre métier et ses évolutions, et vos liens avec l'environnement professionnel. Préciser que ce n'est pas un questionnaire. C'est alors qu'il convient d'indiquer les diverses consignes156 - notamment durée- anonymat - puis parler du magnétophone.

Les différents points seront plus ou moins développés selon les personnes, mais il faut avoir en tête que ce qui est important est de donner du sens à ce que l'on fait.

L'expression doit être spontanée et fluide. Pour l'usage du magnétophone, ce n'est pas le genre de sujet à aborder lors de l'entretien téléphonique. En revanche, après avoir précisé l'usage qui sera fait de l'entretien, on peut demander d'enregistrer l'entretien en expliquant que c'est important pour le travail d'analyse de disposer des informations de manière la plus complète possible. Il arrive que certains agriculteurs refusent, c'est rare mais on peut tout de même conduire l'entretien en prenant des notes. Généralement, si celui qui propose d'enregistrer est mal à l'aise avec le magnéto ou avec cette pratique d'enregistrement, ça renforce l'hésitation ou déclenche le refus de la personne interviewée. Pendant l'entretien, utiliser les diverses techniques de conduite de l'entretien ouvert : respect des silences, signe d'approbation du discours, reformulation, effet miroir, synthèse partielle...

156 Bien rappeler la confidentialité et l’anonymat (les droits de l’interviewé en général) de l’entretien en expliquant qu’il sert à une étude globale et proposer l’envoi d’une courte synthèse (2 à 4 p.) de nos résultats qualitatifs au terme de la phase préalable.

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GUIDE D’ENTRETIEN PREALABLE AUPRES DES AGRICULTEURS Vous êtes agriculteur (agricultrice)… Est-ce que vous pouvez vous présenter ? But de cette question : - Voir de quelle manière il se présente sur un plan social et professionnel ; donc le laisser libre

de procéder comme il veut, mais en centrant l’entretien sur la personne, plutôt que l’exploitation et les productions.

- Ensuite, bien entendu, on s’adapte à ce qu’il dit. - Ne pas tomber dans l’ornière de rechercher des réponse à une liste de renseignements sur

la personne / l’exploitation. Relances : En tant qu’agriculteur, quelles sont vos préoccupations, vos craintes actuelles ? Quels sont vos souhaits, vos espoirs, vos projets ? …(relance : ce qui ne va pas, ce qui pourrait aller mieux…) Comment voyez-vous les évolutions actuelles de votre métier ? (consigne plus large, renvoyant à la perception des changements professionnels à un niveau plus collectif)157 Pourriez-vous me dire quels sont vos principaux objectifs pour votre exploitation, dans votre vie professionnelle ? (relance plus abstraite, mais qui peut faire comprendre sa logique et la vision de sa trajectoire / plan professionnel) Finalement, pour vous, c’est quoi être agriculteur aujourd’hui ? (consigne renvoyant à l’identité socio-professionnelle) Comment caractérisez-vous ce qui change dans votre travail, dans votre exploitation ? But : dans cette partie, on l’invite à parler du travail (comment il s’organise, mais surtout comment il le conçoit, comment il voit son évolution) : le rapport aux autres, au temps, aux conditions de travail, les difficultés, les changements, etc.

157 Si ces trois questions de relance viennent tout de suite, on prend le risque d’enclencher un discours « politique » ou un discours de plainte en début d’entretien, ce qui peut conditionner les réponses aux relances suivantes, notamment pour la dernière. Relancer avec la question Pourriez-vous me dire quels sont vos principaux objectifs pour votre exploitation, puis comment voyez-vous les évolutions actuelles de votre métier, puis question sur souhaits, espoirs, préoccupations, craintes et finalement, pour vous, ….

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Relancer sur les changements évoqués (récents ou en cours) : - comment sont-ils perçus ? - quel sens il leur donne : par ex., sont – ils pour lui positifs, négatifs ; subis,

voulus ; inéluctables, incertains, faisant débat, etc. ? - à cette occasion, comment il se compare à d’autres : agri., voisins, etc. Est-ce qu’il vous arrive de parler de ces changements avec d’autres agriculteurs ? Si oui, dans quel cadre ? comment sont-ils perçus ? (par ex. : en famille ; collègues de l’exploitation ; groupes, organisations) (c’est une question de transition / Q. 3) Vous êtes sans doute amené à rencontrer des collègues / d’autres agriculteurs, et travailler avec certains d’entre eux.

- Quel travail en commun ? - A quelles occasions en rencontrez-vous ? - Au sein de quelles structures ? - Comment ressentez-vous l’ambiance ? et son évolution ?

Noter quelles sont les organisations citées : - de proximité ou plus éloignées - pour travailler, vendre, acheter, se défendre etc. Reprendre ensuite ces organisations, une par une :

- Pourquoi en faites-vous partie ? - Quelles sont vos attentes ? - Qu’est ce que ça vous apporte ? - Vous sentez-vous écouté/compris ? - Y exercez-vous des responsabilités ?

- Lesquelles ? - Pourquoi ? - Depuis quand ?

Au plan professionnel, comment ça se passe avec votre voisinage ? Quels sont les sujets de débat ? est-ce que sur les thèmes discutés, il y a plutôt accord, convergences ou divergences des points de vue, pour quelles raisons ? Si pas ou peu de sujets de débat, rechercher le pour quoi. S’il ne parle pas de syndicat : « Vous ne parlez pas de syndicat agricole … ? » Il semble préférable d’introduire un zoom sur le syndicat et de reprendre les questions précédentes : pourquoi en faites-vous partie (adhésion « héritée ou choisie ») …etc. Si attitude de retrait, chercher à en comprendre les raisons. Si l’interviewer perçoit un décalage entre les préoccupations de l’interviewé et les actions syndicales, vérifier ce décalage puis poser une question pour aller plus loin : quelles solutions vous voyez pour améliorer la situation ? (débats, actions,….) qu’est-ce qui vous paraît possible de faire ?

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Est-ce que vous avez des activités / des engagements en dehors de votre travail ? - Activités - Organisations - Responsabilités éventuelles - Qu’est-ce que ça vous apporte ? Voir ici quel type de relations il a avec l’espace social local (la famille au sens restreint et élargi, le, voisinage, les collectivités locales, …) Votre avenir d’agriculteur, l’avenir de votre exploitation Comment voyez-vous votre exploitation d’ici à quelques années ? Avez-vous des projets (si oui, lesquels) ? Si l’un de vos enfants était à même de devenir agriculteur aujourd’hui, que lui diriez-vous ?

Les encourager à parler de leurs projets, du rapport qu’ils ont avec l’avenir de leur exploitation, de leur avenir professionnel / social, de leur milieu de travail et de vie, de leur coin / région…

*

Petit talon sociologique à prévoir - Age - Profession des parents - Formation professionnelle* - statut matrimonial (activité du conjoint) - enfant (nb., âge) - responsabilités (professionnelles, collectivités locales, associations) - syndiqué (quel …) - …

Petit talon sur l’exploitation

- Statut juridique de l’exploitation - Date installation - SAU - Statut du foncier - Productions - Activité de transformation - Circuits de commercialisation - Activité de tourisme - Cahiers des charges de production - Contrat environnemental (CTE,CAD,..) - Programme de mise aux normes des installations

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Guides d’entretien « personnes ressources » Représentants de syndicats (FNSEA, CNJA, Confédération paysanne, Coordination rurale) Voir en priorité le directeur ou l’animateur responsable (demander des brochures et rapports d’orientation récents) - Quels sont vos objectifs / priorités / orientations syndicaux actuels ? - En quoi se différencient-ils d’autres syndicats ? - Ont-ils connu des évolutions ces 10 dernières années (depuis les années 90-95) ? - Comment percevez-vous l’évolution actuelle des activités, de la vie de votre

syndicat ? Quels sont les débats actuels qui traversent votre syndicat (dans les différents départements de la région et au plan régional) ?

- Pourriez-vous nous faire rapidement une typologie de vos adhérents ? Est-elle en évolution aujourd’hui ?

- Comment caractériseriez-vous l’engagement de vos adhérents ? Autrement dit, pourquoi les agriculteurs se syndiquent-ils chez vous actuellement ?

- De votre point de vue, quelles sont les principales préoccupations des adhérents ?

- Quelles démarches met en œuvre votre syndicat pour être à l’écoute des préoccupations de vos adhérents ?

- Comment prenez-vous en compte ces préoccupations ? Quelles sont les actions que vous menez ou que vous comptez mener ?

- Pour une action donnée, poser des questions pour que la personne parle de manière précise. L’action a été menée dans quels buts, avec qui, comment, avec quels résultats, quels impacts sur le terrain (adhérents ou autres acteurs). Chercher à savoir ce qui est important pour l’interlocuteur et ce qui l’est moins.

- De votre point de vue, quelles sont les forces, les atouts de votre syndicat, quelles sont ses faiblesses ?

- Observez-vous sur le terrain des évolutions dans les formes collectives d’organisation et d’engagement des agriculteurs ? (syndicats, CUMA, GEDA : CIVAM, coopératives, etc.). Observez-vous des formes nouvelles de mobilisation collectives ?

- Quels sont les principaux moyens dont dispose votre organisation (adhérents, personnel, budget …) ?

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En dehors de son action de défense professionnelle, un syndicat agricole doit-il selon vous proposer des services aux agriculteurs ? Si oui pourquoi, comment ? Si non, pourquoi) - Avez-vous des liens de partenariat / coopération avec d’autres organisations

(syndicales ou non) ? si oui, la/ les quel(le)s ?

- Comment voyez-vous l’avenir du syndicalisme agricole ? et celui de votre syndicat ? Avez-vous des projets pour l’avenir ?

- Pour les FRSEA, quelles sont vos attentes par rapport à cette étude ?

Conseiller Régional chargé de l’agriculture - Pourriez-vous me présenter succinctement votre mission ? - Quel est le rôle du Conseil Régional par rapport aux agriculteurs ? Quelles sont ses

attributions et ses orientations en la matière ? - Quelles sont les missions du Conseil Régional par rapport aux agriculteurs ?

Quelles sont les thématiques qui sont jugées prioritaires ? (emploi, environnement, tourisme, …)

- Il y a-t-il des actions engagées par rapport aux agriculteurs ? avec quels partenariats ? quel est le niveau d’implication des organisations agricoles dans ces actions ?

- Quelles sont les relations qu’il entretient avec les organisations professionnelles agricoles ?

- Comment caractérisez-vous l’organisation de la profession agricole dans votre région ? Comment analysez-vous ses orientations, ses évolutions, ses difficultés ?

- Comment voyiez-vous l’avenir de l’agriculture régionale ?

Personne appartenant à un réseau émergent - Comment est né ce mouvement ? A quels besoins répondait-il ou répond-t-il ? - Quels sont ses objectifs ? points forts / faibles ? - Quelles sont les caractéristiques des membres ? leurs motivations et leur niveau

d’engagement. - Quelle est son organisation ? quels sont les moyens ? - Quelles sont les relations qu’il entretient avec les organisations professionnelles

agricoles ? et notamment avec les syndicats agricoles ? avec les autres agriculteurs du territoire ?

- Existe-t-il une concurrence entre votre réseau et des programmes / stratégies de certaines organisations professionnelles agricoles ?

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Président (ou personne du CA) de la Chambre Régionale d'Agriculture - Quelle est la politique de la CRA ? - Quelles sont vos actions prioritaires au niveau régional ? - Quelle est l’organisation de la CRA, comment s’effectue la répartition des

compétences selon les différents thèmes ? - Pouvez-vous nous faire un panorama de l’organisation de la profession agricole

dans votre région ? - Quelle est la composition / organisation du Conseil d’administration (répartition

entre FNSEA, CNJA, Conf…) ? - Existe-t-il des problèmes d’engagement de la part des agriculteurs ? - Dans le contexte actuel de multiplicité des agents de développement et de

restructuration probable des OPA, quel est l’avenir et le rôle des Chambres ? - Pourriez-vous me dire quelles sont les questions qui font débat au sein des

organisations professionnelles agricoles ?

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Annexe 3

Description des grandes tendances issues de la

préenquête

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1. Le rapport au travail

Beaucoup d’agriculteurs font état de la longueur et de la pénibilité de leur travail. L’astreinte notamment est une préoccupation souvent évoquée, surtout par les éleveurs et les maraîchers, alors que les céréaliers semblent beaucoup plus libres pour organiser leur travail dans le temps.

Les agriculteurs enquêtés se comparaient volontiers à des salariés à 35 h :

- certains semblent regretter leur écart avec eux et voudraient travailler à un rythme comparable

- d’autres considèrent que la durée de travail est une caractéristique propre et immuable de leur activité, qu’ils disent accepter par « passion du métier ».

Les agriculteurs manifestent une volonté de concilier vie professionnelle et vie personnelle et de s’organiser pour dégager du temps libre. Même s’ils peuvent rarement prendre plusieurs semaines de vacances, ils se considèrent libres de gérer leur temps : « J’ai moins de vacances que les autres, mais quand il y a un problème, je peux venir ».

Quant à la nature du travail, l’attachement au travail physique purement agricole des agriculteurs (hommes) les entraîne à l’opposer au travail administratif, qui est dévalorisé. Notons que les tâches administratives et de gestion sont en majeure partie des cas assurées par des femmes ; on comprend donc que la diminution de leur proportion dans les exploitations puisse poser problème.

On peut, à l’issue de cette partie, construire trois types de perception du travail :

- les gens qui sont restés dans le mode de vie paysan « traditionnel » et qui en sont très satisfaits, malgré les conditions de travail difficiles.

- les gens qui cherchent à mieux séparer leur travail de leur mode de vie, en mettant l’accent sur une meilleure organisation

- les gens qui ont déjà effectué cette séparation. 2. La conception du métier

Le deuxième axe que nous avons étudié est la conception que les agriculteurs ont de leur métier. Tout d’abord, le choix du métier semble lié à la recherche à la fois d’un mode de vie et à une certaine conception de l’agriculture. On rencontre trois grandes motivations :

- un mode de vie en accord avec la nature et les animaux : « être agricultrice, c’est une façon de vivre, plus proche de sa famille, de la nature et des animaux. » - la liberté et la capacité d’entreprendre qu’il permet : « être agriculteur, c’est être polyvalent. C’est intéressant de toucher un peu à tout. » - l’origine agricole : « j’ai repris l’exploitation de mes parents »

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En ce qui concerne la perception du rôle, on peut définir trois catégories suivant le sens que les agriculteurs veulent donner à leur métier :

- ceux qui font explicitement référence à une fonction de production de nourriture, pour qui « c’est la vocation première » - ceux qui insistent sur la valorisation de leurs productions (alimentation « de qualité », produits du terroir,…) - ceux qui évoquent d’autres fonctions comme la gestion de l’environnement, les productions non alimentaires…

On peut donc reconstruire plusieurs définitions du métier d’agriculteur :

- les producteurs, attachés à un mode de fonctionnement passé. On peut faire l’hypothèse qu’ils rejettent la conception du métier qu’on voudrait leur imposer et ont tendance à peu s’engager ou à s’engager plutôt pour manifester leur mécontentement ;

- les chefs d’entreprise ont décidé d’aller de l’avant en jouant sur leur capacité d’adaptation pour atteindre la réussite professionnelle. On peut émettre l’hypothèse qu’ils élaborent plutôt des stratégies individuelles et qu’il y a donc une distanciation avec les organisations professionnelles ;

- les paysans - qu’on devrait peut-être qualifier de nouveaux -, intègrent leur rôle d’acteur dans le pays, notamment pour la valorisation de leur terroir. Ils seraient plutôt à la recherche de solutions économiques et sociales innovantes.

3. Les relations avec l’environnement professionnel

En ce qui concerne les relations avec l’environnement professionnel, on peut étudier l’engagement sous différents angles :

- en terme d’implication : adhésion, participation en tant que membre, responsable de différents niveaux… - en terme de logique sociale : par rapport à des valeurs, des buts ou des moyens - en terme de fonctions : représentative / de solidarité, gestion collective ou orientation politique de la profession - en terme de trajectoire (passé, présent, projet)

Nous avons abordé ces angles d’analyse et débouché sur trois types d’engagement :

3.1. En accord avec les orientations des organisations auxquelles ils adhèrent

Leur engagement correspond à des valeurs : ils parlent de « même vision » et ils sont donc plus enclins à prendre des responsabilités. Les responsabilités sont plutôt locales, pour les retombées concrètes ou la proximité avec les adhérents. Au niveau national, ils parlent de l’information et des contacts enrichissants dont ils bénéficient.

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3.2. Critiques à l’égard des organisations

Ces agriculteurs sont engagés dans un but précis, dans l’idée d’obtenir un service. Par exemple, pour les syndicats, certains adhèrent « pour être défendus ».

3.3. Non-engagés

Ils ne se reconnaissent dans aucun groupe, que ce soit pour une question d’idées différentes des autres adhérents, de fonctionnement de la structure, d’attentes auxquelles ils ne pensent pas trouver de réponses ou même d’inexistence de l’organisation qui leur conviendrait dans leur région. 4. La vision des politiques agricoles

On remarque que les agriculteurs sont en général d’accord avec les objectifs fondamentaux de la PAC, même s’ils parlent souvent de l’éloignement entre le niveau de prise de décision et la base. En revanche, ils expriment différentes perceptions des évolutions de la PAC : on peut en distinguer trois types :

4.1. L’attitude de révolte et de rejet

Cette attitude est présente chez ceux qui sont déçus des évolutions de la PAC, notamment depuis 1992. Si les nouveaux changements suscitent des craintes (baisse ou arrêt des primes), ils ravivent aussi des regrets, notamment celui de ne plus bénéficier de prix rémunérateurs. On peut faire l’hypothèse que certains militants de FDSEA, se soient engagés en réaction à la Coordination Rurale, tandis que d’autres, démobilisés, se sentant impuissants, ne croient plus à l’efficacité de l’action globale.

4.2. Les agriculteurs prêts à s’adapter

Certains agriculteurs ne pensent pas pouvoir infléchir les décisions politiques, et ils ont pris le parti de s’adapter à ce qui leur est imposé. Ils envisagent donc de s’agrandir, de se diversifier, voire même de se reconvertir. On peut faire l’hypothèse que ce sont plutôt des agriculteurs de profil chef d’entreprise, s’engageant pour des retombées concrètes ou individuelles.

4.3. Les agriculteurs peu concernés par les évolutions de la PAC

Ces agriculteurs ont des productions non concernées par la PAC ; ceux qui ont anticipé se sont positionnés très tôt sur des marchés de niches. On pourrait les rapprocher des chefs d’entreprise ou des paysans.

Les agriculteurs ont des réactions différentes par rapport aux évolutions de la PAC. En revanche, ils critiquent presque tous ses modalités d’application. Alors qu’ils ont déjà du mal à accepter d’être rémunérés par des aides, ils rejettent les contraintes administratives de plus en plus lourdes. Les contrôles qu’on leur impose sont perçus comme un manque de confiance,

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comme une suspicion généralisée : « on est considéré comme des bandits ». Ils ont peur de ces contrôles, notamment des sanctions, jugées trop sévères.

En ce qui concerne l’ouverture de l’Europe, plus qu’un rejet, les agriculteurs expriment la crainte d’une concurrence qu’ils jugent déloyale, les pays concurrents n’ayant pas des règles aussi contraignantes qu’eux. Face à l’élargissement, certains aimeraient des règles plus souples et plus d’autonomie.

5. L’environnement social et les engagements extra-professionnels

Enfin, notre dernier axe d’étude était la perception de l’environnement social et les engagements extra-professionnels qui en découlent.

Les agriculteurs, en se comparant aux « autres », définissent leur différence et donc leur identité. Les « autres » sont :

- les consommateurs aux exigences trop éloignées de la réalité de production, - la population salariée (parfois y compris la famille), au travail et au mode de vie

complètement différent, - et même les personnes d’origine agricole

Ils parlent d’un écart qui se creuse, ils se sentent incompris, voire accusés de leurs pratiques, notamment en milieu péri-urbain, et ont le sentiment d’avoir une image négative, dévalorisée. Ils notent ainsi le manque de communication, qui doit se faire aussi bien au niveau local que global.

C’est pourquoi une partie des agriculteurs s’engage au sein de collectifs rapprochant agriculteurs, autres ruraux ou citadins, pour expliquer leurs modes de production et de vie. D’autres ressentent également le besoin de représenter le point de vue des agriculteurs, notamment dans les instances traitant de l’aménagement du territoire et de l’urbanisation.

Enfin, l’engagement en dehors de la profession peut parfois aussi représenter un moyen de « penser à autre chose », une sorte d’« échappatoire » par rapport au travail et au milieu agricoles.

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Annexe 4

Questionnaire phase quantitative

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