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22 juin 2011 | MedActuel DPC | www.ProfessionSante.ca | L’actualité médicale | 39 DPC et spécialités Mise à jour sur une pathologie invalidante chez les sujets actifs après la quarantaine : L’arthrose de la base du pouce par le Dr Jean-Paul Brutus* Épidémiologie L’arthrose de la base du pouce est une pathologie douloureuse et invalidante, souvent bilatérale, qui affecte les fem- mes d’âge moyen et les hommes une dizaine d’années plus tard (ratio 6:1). Elle s’associe souvent à d’autres condi- tions comme le syndrome du tunnel carpien (syndrome du canal carpien) et à l’arthrose scaphotrapézienne ou encore les doigts à gachette (doigt à res- saut ou ténosynovite sténosante) 1 . Une étude a révélé que 43 % des patients opérés pour une rhizarthrose souffraient aussi d’un syndrome du tun- nel carpien. Les modifications osseuses et l’in- flammation de l’articulation peuvent causer une réduction de calibre du canal carpien ou une augmentation du volume de son contenu (ténosynovite des fléchisseurs), à l’origine d’une aug- mentation de la pression canalaire 1 . Il est donc important d’évaluer la fonc- tion du nerf médian chez les patients souffrant d’ostéoarthrite du pouce. Clinique La douleur se localise à la base du pouce et irradie à l’éminence thénar et vers l’ar- ticulation métacarpophalangienne. Elle est aggravée par l’activité, en particulier par des mouvements répétés impli- quant la pince pouce-index (comme lorsqu’on manipule une clef ou lorsqu’on épluche une pomme de terre) contre résistance ou encore par la manipula- tion avec force d’objets volumineux comme lors de l’ouverture d’un bocal dont le couvercle est serré ou lorsqu’on manipule une poignée de porte. L’écri- ture prolongée peut aussi accentuer la douleur 2,3 . . Avec la progression de l’ostéoarthrite, la douleur peut devenir constante. Outre la douleur, les patients se plai- gnent souvent d’une perte de force et de mobilité. Une subluxation de l’articula- tion trapézométacarpienne apparaît souvent et peut être à l’origine d’une dif- ficulté d’abduction du pouce, de fai- blesse et d’une détérioration de la fonc- tion de la main 4,5 . Le pouce et l’index ne peuvent alors plus s’écarter l’un de l’autre pour ouvrir la main et prendre des objets volumi- neux et une hyperextension compensa- toire de l’articulation métacarpophalan- gienne (MCP) du pouce apparaît par étirement des structures ligamentaires palmaires de cette dernière. Le pouce prend alors une forme en pseudo « col de cygne » que l’on appelle le « pouce en Z ». Cette instabilité en extension de la MCP est responsable d’une perte de force importante. Diagnostic Le diagnostic est aisé à poser et repose sur l’anamnèse et l’examen physique. L’inspection peut révéler un œdème ou une proéminence dorsoradiale à la base du pouce, liée à l’inflammation ou à la subluxation articulaire ou encore à des ostéophytes 6,7 . La déformation en Z est évidente dans les formes avancées. La palpation démasquera une dou- leur au niveau de l’interligne trapézo- métacarpien. Des manœuvres provocatrices peu- vent être utilisées pour reproduire les symptômes au niveau de l’articulation dégénérative qui est le siège d’une syno- vite : La mise en compression de celle-ci (test du piston). La distraction de l’articulation peut causer de la douleur en mettant de la tension sur une capsule enflam- mée 6,7 . Une crépitation douloureuse peut être perçue lors de la mise en com- pression et la rotation simultanée de l’articulation sur l’axe longitudinal (Grind test ou test du rabot) 6,7 . . La stabilité de la MCP en extension doit être testée de manière passive et aussi en demandant au patient de pincer fortement un crayon entre le pouce et l’index. Examens complémentaires Les radiographies sont essentielles pour confirmer le diagnostic et évaluer le stade de la pathologie. Elles démontre- ront l’amincissement de l’interligne arti- culaire, la subluxation de l’articulation Objectifs pédagogiques Savoir définir la rhizarthrose et la diagnostiquer adéquatement. Reconnaître la sévérité de la rhizarthrose. Choisir le traitement adapté au patient. Mots-clés Rhizarthrose, articulations métacar- pienne et trapézométacarpienne, subluxation. Vol. 11 Nº 10 22 juin 2011 Cas clinique Mme B, 60 ans, se présente en consultation en rapportant une douleur bilatérale au niveau de la base des pouces, lorsqu’elle tourne une clef ou ouvre un bocal de confitures. Elle se plaint d’avoir perdu de la force et elle remarque une déformation qui l’inquiète. Sa radiographie montre une disparition de l’interligne articulaire trapézométacarpien et une subluxation de la base du premier méta- carpien. Quelle est votre conduite ? Votre d éveloppement p rofessionnel c ontinu Les cahiers * Chirurgien de la main et spécialiste de la main et du poignet, Institut de chirurgie spécialisée de Montréal www.drbrutus.com Suite à la page 40 Conseil de rédaction et révision scientifique La faculté de médecine de l’Université Laval Le Collège québécois des médecins de famille Président du conseil Dr François Croteau Médecin de famille, hôpital Santa-Cabrini, Montréal; Membre du Comité de formation médicale continue de Médecins francophones du Canada; Directeur médical du Groupe Santé, Québec, Rogers Média. Dre Johanne Blais Membre du Conseil de FMC de la faculté de médecine de l’Université Laval; Responsable du Comité de FMC du dépt. de médecine familiale de l’Université Laval; Professeur titulaire de clinique, CHUQ, hôpital Saint-François d’Assise. Dr Roger Ladouceur Responsable du Plan d’autogestion de DPC, Collège des médecins du Québec; Professeur agrégé de clinique du dépt. de médecine familiale de l’Université de Montréal; Médecin de famille, Hôpital de Verdun du CSSS du Sud-Ouest-Verdun. Dre Francine Léger Médecin de famille; Professeur adjoint de clinique au département de médecine familiale de l’Université de Montréal; Service de périnatalité du CHUM. Dre Diane Poirier Médecin, M.Sc.; Chef du service des soins intensifs au CSSS Richelieu-Yamaska; Professeur d’enseignement clinique au CHUS; Membre du comité de FPC de l’AMLFC. Radiographie montrant une rhizarthrose de grade III de la classification de Eaton. trapézométacarpienne et des ostéophy- tes selon la gravité de la pathologie. Elles permettront aussi d’évaluer les articula- tions MCP et scaphotrapézienne. Des incidences en compression peuvent être utiles pour démasquer une instabilité de l’articulation trapézométacar- pienne. Une classification radiologique en quatre stades a été décrite par Eaton 8 et peut être utile pour expliquer la patho- logie au patient et planifier le traite- ment. Stade I : Rétrécissement léger de l’es- pace articulaire ou sclérose sous- chondrale. Absence de subluxation ou d’ostéophyte. Stade II : Rétrécissement de l’espace articulaire, sclérose sous-chondrale, apparition d’ostéophytes du côté cubital de la surface trapézienne. Légère subluxation. Stade III : Rétrécissement sévère de l’espace articulaire et modifications kystiques et sclérose. Ostéophytes proéminents. Subluxation modérée. Hyperextension possible de l’arti- culation métacarpophalangienne. Arthrose scaphotrapézienne pos- sible. Stade IV : Destruction articulaire de l’articulation trapézométacarpienne avec arthrose scaphotrapézienne. Ankylose articulaire. La résonance magnétique nucléaire n’est pas indiquée dans l’évaluation de routine d’un cas typique. Les études de conductions nerveuses sont indiquées s’il y a des plaintes neu- rologiques de la part du patient.

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22 juin 2011 | MedActuel DPC | www.ProfessionSante.ca | L’actualité médicale | 39

DPC et spécialitésMise à jour sur une pathologie invalidante chez les sujets actifs après la quarantaine :

L’arthrose de la base du poucepar le Dr Jean-Paul Brutus*

ÉpidémiologieL’arthrose de la base du pouce est une pathologie douloureuse et invalidante, souvent bilatérale, qui affecte les fem-mes d’âge moyen et les hommes une dizaine d’années plus tard (ratio 6:1). Elle s’associe souvent à d’autres condi-tions comme le syndrome du tunnel carpien (syndrome du canal carpien) et à l’arthrose scaphotrapézienne ou encore les doigts à gachette (doigt à res-saut ou ténosynovite sténosante)1.

Une étude a révélé que 43 % des patients opérés pour une rhizarthrose souffraient aussi d’un syndrome du tun-nel carpien.

Les modifications osseuses et l’in-flammation de l’articulation peuvent causer une réduction de calibre du canal carpien ou une augmentation du volume de son contenu (ténosynovite des fléchisseurs), à l’origine d’une aug-mentation de la pression canalaire1.

Il est donc important d’évaluer la fonc-tion du nerf médian chez les patients souffrant d’ostéoarthrite du pouce.

CliniqueLa douleur se localise à la base du pouce et irradie à l’éminence thénar et vers l’ar-ticulation métacarpophalangienne. Elle est aggravée par l’activité, en particulier par des mouvements répétés impli-quant la pince pouce-index (comme lorsqu’on manipule une clef ou lorsqu’on épluche une pomme de terre) contre résistance ou encore par la manipula-tion avec force d’objets volumineux comme lors de l’ouverture d’un bocal dont le couvercle est serré ou lorsqu’on manipule une poignée de porte. L’écri-ture prolongée peut aussi accentuer la douleur2,3..

Avec la progression de l’ostéoarthrite, la douleur peut devenir constante.

Outre la douleur, les patients se plai-gnent souvent d’une perte de force et de mobilité. Une subluxation de l’articula-tion trapézométacarpienne apparaît souvent et peut être à l’origine d’une dif-ficulté d’abduction du pouce, de fai-blesse et d’une détérioration de la fonc-tion de la main4,5.

Le pouce et l’index ne peuvent alors plus s’écarter l’un de l’autre pour ouvrir la main et prendre des objets volumi-neux et une hyperextension compensa-toire de l’articulation métacarpophalan-gienne (MCP) du pouce apparaît par étirement des structures ligamentaires palmaires de cette dernière.

Le pouce prend alors une forme en pseudo « col de cygne » que l’on appelle le « pouce en Z ». Cette instabilité en extension de la MCP est responsable d’une perte de force importante.

DiagnosticLe diagnostic est aisé à poser et repose sur l’anamnèse et l’examen physique.

L’inspection peut révéler un œdème ou une proéminence dorsoradiale à la base du pouce, liée à l’inflammation ou à la subluxation articulaire ou encore à des ostéophytes6,7. La déformation en Z est évidente dans les formes avancées.

La palpation démasquera une dou-leur au niveau de l’interligne trapézo-métacarpien.

Des manœuvres provocatrices peu-vent être utilisées pour reproduire les symptômes au niveau de l’articulation dégénérative qui est le siège d’une syno-vite :▪ La mise en compression de celle-ci

(test du piston). ▪ La distraction de l’articulation peut

causer de la douleur en mettant de la tension sur une capsule enflam-mée6,7.

▪ Une crépitation douloureuse peut être perçue lors de la mise en com-pression et la rotation simultanée de l’articulation sur l’axe longitudinal (Grind test ou test du rabot)6,7..

La stabilité de la MCP en extension doit être testée de manière passive et aussi en demandant au patient de pincer fortement un crayon entre le pouce et l’index.

Examens complémentairesLes radiographies sont essentielles pour confirmer le diagnostic et évaluer le stade de la pathologie. Elles démontre-ront l’amincissement de l’interligne arti-culaire, la subluxation de l’articulation

Objectifs pédagogiques

⦁ Savoir définir la rhizarthrose et la diagnostiquer adéquatement.

⦁ Reconnaître la sévérité de la rhizarthrose.

⦁ Choisir le traitement adapté au patient.

Mots-clésRhizarthrose, articulations métacar-pienne et trapézométacarpienne, subluxation.

Vol. 11 Nº 10 22 juin 2011

Cas cliniqueMme B, 60 ans, se présente en consultation en rapportant une douleur bilatérale au niveau de la base des pouces, lorsqu’elle tourne une clef ou ouvre un bocal de confitures. Elle se plaint d’avoir perdu de la force et elle remarque une déformation qui l’inquiète.

Sa radiographie montre une disparition de l’interligne articulaire trapézométacarpien et une subluxation de la base du premier méta-carpien. Quelle est votre conduite ?

Votre développement professionnel continu

Les cahiers

* Chirurgien de la main et spécialiste de la main et du poignet,

Institut de chirurgie spécialisée de Montréal

www.drbrutus.com

Suite à la page 40

Conseil de rédac tion et révi sion scien ti fi que

La faculté de médecine de l’Université Laval

Le Collège québécois des médecins de famille

Président du conseil

Dr François CroteauMédecin de famille, hôpi tal Santa-Cabrini, Montréal;

Membre du Comité de formation médicale continue de Médecins francophones du Canada;

Directeur médical du Groupe Santé, Québec, Rogers Média.

Dre Johanne BlaisMembre du Conseil de FMC de la faculté de médecine de l’Université Laval;

Responsable du Comité de FMC du dépt. de médecine familiale de l’Université Laval;

Professeur titulaire de clinique, CHUQ, hôpital Saint-François d’Assise.

Dr Roger Ladouceur Responsable du Plan d’autogestion de DPC, Collège des médecins du Québec;

Professeur agrégé de clinique du dépt. de médecine familiale de l’Université de Montréal;

Médecin de famille, Hôpital de Verdun du CSSS du Sud-Ouest-Verdun.

Dre Francine LégerMédecin de famille;

Professeur adjoint de clinique au département de médecine familiale de l’Université de Montréal;

Service de périnatalité du CHUM.

Dre Diane PoirierMédecin, M.Sc.;

Chef du service des soins intensifs au CSSS Richelieu-Yamaska;

Professeur d’enseignement clinique au CHUS;

Membre du comité de FPC de l’AMLFC.

Radiographie montrant

une rhizarthrose de grade III

de la classification de Eaton.

trapézométacarpienne et des ostéophy-tes selon la gravité de la pathologie. Elles permettront aussi d’évaluer les articula-tions MCP et scaphotrapézienne. Des incidences en compression peuvent être utiles pour démasquer une instabilité de l’articulation trapézométacar-pienne.

Une classification radiologique en quatre stades a été décrite par Eaton8 et peut être utile pour expliquer la patho-logie au patient et planifier le traite-ment.◾ Stade I : Rétrécissement léger de l’es-

pace articulaire ou sclérose sous-chondrale. Absence de subluxation ou d’ostéophyte.

◾ Stade II : Rétrécissement de l’espace articulaire, sclérose sous-chondrale, apparition d’ostéophytes du côté cubital de la surface trapézienne. Légère subluxation.

◾ Stade III : Rétrécissement sévère de l’espace articulaire et modifications kystiques et sclérose. Ostéophytes proéminents. Subluxation modérée. Hyperextension possible de l’arti-culation métacarpophalangienne. Arthrose scaphotrapézienne pos-sible.

◾ Stade IV : Destruction articulaire de l’articulation trapézométacarpienne avec arthrose scaphotrapézienne. Ankylose articulaire.

La résonance magnétique nucléaire n’est pas indiquée dans l’évaluation de routine d’un cas typique.

Les études de conductions nerveuses sont indiquées s’il y a des plaintes neu-rologiques de la part du patient.

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40 | L’actualité médicale | www.ProfessionSante.ca | MedActuel DPC | 22 juin 2011

TraitementLes premières mesures thérapeutiques consistent à mettre l’articulation de la base du pouce au repos par une modi-fication de certaines activités, comme l’utilisation d’instruments adaptés pour faire certaines tâches ou en modifiant le diamètre du stylo ou du crayon utilisé pour l’écriture.

Le port d’orthèses est recommandé pour mettre au repos l’articulation douloureuse. Il est préférable de pres-crire une orthèse adaptée et faite sur mesure par un orthésiste ou un ergo-thérapeute plutôt que de choisir une orthèse standard achetée chez le phar-macien.

Le port de l’orthèse doit être continu pendant trois à quatre semaines, puis un sevrage progressif peut être consi-déré.

L’administration d’antalgiques et d’anti-inflammatoires est souvent asso-ciée à la prescription de l’orthèse.

La physiothérapie (renforcement de la musculature extrinsèque)9 peut être utile également pour diminuer le risque de récidive douloureuse.

Les infiltrations articulaires de corti-costéroïdes avec ou sans contrôle fluo-roscopique peuvent être utiles lorsque les mesures précédemment décrites sont dépassées7,10.

La viscosuppléance par injection d’acide hyaluronique dans l’articulation trapézo-métacarpienne a été récemment étudiée et plusieurs études suggèrent que ce trai-tement serait efficace pour soulager la

douleur pendant une période plus longue que le fait la cortisone.

Le soulagement de la douleur est sou-vent obtenu pendant une période variant entre quelques jours et quelques mois.

La répétition des infiltrations est à évi-ter, car elle pourrait, du moins en théo-rie, conduire à un affaiblissement des structures capsulaires qui stabilisent l’articulation et elle pourrait compro-mettre le cartilage articulaire7.

Plusieurs études ont évalué le rôle des agents chondroprotecteurs, comme la glucosamine et la chondroïtine sulfate. dans le traitement ou la prévention de la dégradation des lésions d’ostéoarth-rite. Leurs résultats ne sont toutefois pas concluants11.

En l’absence d’amélioration après deux à trois mois, un traitement chirurgical peut être envisagé12.

Suite de la page 39

Leonora Lalla, M.D., CM, CCMFPrésidente du comité de développement professionnel continu

Collège québécois des médecins de famille

Mainpro®: la fl exibilité dans votre programme de développement professionnel continu

Collège québécois des médecins de familleUne section du Collège des médecins de famille du Canada

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« Développer, valoriser et promouvoir l’excellence en médecine familiale »

Liens utiles • Collège québécois des médecins de famille, www.cqmf.ca

• Collège des médecins de famille du Canada, www.cfpc.ca/MainPro

• CMQ Le développement professionnel continu, www.cmq.org/fr/MedecinsMembres/Dpc.aspx

Le programme Mainpro® comprend une série d’outils d’apprentissage novateurs que les médecins de famille peuvent utiliser, afi n de personnaliser leur formation professionnelle continue, conformément à leurs besoins d’apprentissage spécifi ques.

P armi les programmes de dévelop-pement professionnel continu dont

peuvent se prévaloir les médecins québé-cois, on compte notamment Mainpro®, le programme de maintien de la com-pétence professionnelle du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC). Le programme Mainpro® offre de nom-breuses opportunités d’apprentissage dans différentes catégories.

Catégories de crédits

Mainpro-M1 et (ou) Mainpro-CActivités accréditées par le Collège québécois des médecins de famille, organisme agréé par le Collège des médecins du Québec, et par le Collège des médecins de famille du Canada.

Mainpro-M2

Activités non accréditées qui compren-nent certaines activités autodirigées comme l’enseignement, la lecture de périodiques, etc.

Activités Mainpro-C

Autoapprentissage®

En conclusion, le programme Mainpro® du CMFC confère une certaine souplesse au processus de développement professionnel continu tout en permettant un mode d’apprentissage personnalisé fondé sur l’autoréfl exion.

Les activités de développement professionnel continu compre-nant un élément d’autoréfl exion documenté peuvent être admis-sibles aux crédits Mainpro-C. Ces activités comprennent notam-ment certains congrès approuvés par le CMFC, les programmes de techniques spécialisées de maintien des fonctions vitales et le programme « Apprentissage en petit groupe basé sur la pratique » (APGBP). Mainpro-C comprend également un nombre de pro-grammes autodirigés dont PerlesMC et Relier l’apprentissage à la pratique.

• PerlesMC PerlesMC est un exercice fondé sur la preuve clinique dans lequel le médecin identifi e d’abord une question clinique se rapportant à sa

propre pratique. Appliquant ensuite un processus en cinq étapes, le médecin analyse la question, prend une décision clinique et étudie par la suite l’impact de cette décision sur sa pratique.

• Relier l’apprentissage à la pratique À l’instar de PerlesMC, ce module amène encore une fois le méde-cin à identifi er et analyser une question en lien avec sa pratique. Cependant, ces questions peuvent se rapporter à n’importe quel aspect légitime du rôle du médecin de famille, comprenant entre autres la recherche, l’enseignement, ou les fonctions administra-tives. Par exemple, le médecin pourrait choisir d’analyser une question soulevée à la suite d’une visite d’agrément à laquelle il a participé.

Autoapprentissage® est une activité d’apprentissage offerte en li-gne. Souple, pratique et fondée sur la preuve clinique, cette activité permet aux médecins d’évaluer leur maîtrise des renseignements publiés dans la littérature médicale courante. Les modules renfer-

ment des questions tirées de revues médicales évaluées par des pairs. Les apprenants font ensuite l’objet de suivi sous forme de commen-taires sur leurs réponses avec des renvois vers des références prati-ques permettant d’approfondir l’apprentissage.

Les différentes interventions chirurgicales

◾ La synovectomie par arthrosco-pie de l’articulation trapézomé-tacarpienne est une approche récente minimalement invasive qui permet un diagnostic précis, l’exérèse partielle ou complète de la synovite, la résection des souris articulaires et des ostéophytes.

L’arthroscopie permet aussi de réa-liser la résection de la surface articu-laire endommagée du trapèze et d’in-terposer différents matériaux autologues ou artificiels pour préve-nir le contact osseux entre le méta-carpien et le trapèze. Une immobili-sation de quatre à six semaines est requise. Un effet est observé après environ trois mois13,14.

◾ Une ostéotomie du premier métacarpien peut être associée à la synovectomie arthroscopique dans les formes un peu plus avancées. Son but est de modifier la distribution des contraintes sur les surfaces articulaires. La fixation après l’ostéotomie est confiée à une broche trans-osseuse temporaire pendant six semaines15.

◾ Le remplacement articulaire complet par un implant ressem-blant à une prothèse de hanche miniaturisée. Cette reconstruction

Radiographie postopératoire du pouce gauche de notre patiente, quatre mois après la chirurgie.

Radiographie postopératoire du pouce droit de notre patiente, six mois après la chirurgie.

L’implant modulaire IVORY (Memometal) se compose de quatre pièces pouvant chacune être choisie en fonction de l’anatomie de la patiente.

L’arthrose de la base du pouce

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de l’articulation permet de préserver le trapèze et la hauteur du pouce, ce qui accélère la récupération qui sur-vient en environ deux à trois mois par rapport à l’intervention radicale de la trapézectomie. La rééducation n’est habituellement pas nécessaire et la force normale est restaurée. Les premières prothèses ont été posées récemment au Québec (Prothèse IVORY, Dr Jean-Paul Brutus, 2010), alors que cette chirurgie est prati-quée depuis plus de 10 ans en Europe et dans d’autres pays occi-dentaux16-18.

◾ La trapézectomie est l’intervention à considérer pour les stades avancés lorsque l’ostéoarthrite s’est étendue autour du trapèze. Elle consiste en la résection du trapèze. Cette chirurgie crée une cavité qui sera ou non com-blée par un tendon prélevé à l’avant-bras, puis par du tissu fibreux auto-logue au cours des semaines postopératoires. L’intervention est relativement efficace et 80 % des patients sont satisfaits. Elle nécessite toutefois une longue période de convalescence. Les résultats maxi-maux s’obtiennent après 6 à 12 mois et une rééducation exigeante est requise19.

◾ L’arthrodèse est une option qui sup-prime la mobilité de l’articulation tra-pézométacarpienne par fusion osseuse. Elle est préférée chez cer-tains travailleurs20.

En conclusion, plusieurs options chirurgicales sont maintenant disponi-bles pour aider les patients souffrant de rhizarthrose.

Des progrès récents dans le domaine de l’arthroscopie des petites articula-tions et du remplacement articulaire de l’articulation trapézométacarpienne permettent d’adapter l’intervention au stade d’évolution de chaque patient, en favorisant une récupération plus rapide et plus complète avec moins de morbidité, tout en considérant d’autres interventions en cas de détérioration.

Quand et à qui adresser les patients souffrant de rhizarthrose ?Le traitement médical et conservateur est prescrit et effectué par le médecin de famille, le rhumatologue ou le phy-siatre. Lorsque cette approche conser-vatrice ne suffit pas à soulager les symptômes (lorsque le patiente devient dépendant de son orthèse ou des infil-trations), une opinion chirurgicale devrait être obtenue pour déterminer les options disponibles en fonction de la situation individuelle et du stade d’évolution radiologique de chaque patient. D’autres options que la trapé-zectomie radicale sont maintenant dis-ponibles pour les stades moins avan-

cés. Ces opinions peuvent être obtenues auprès d’un chirurgien plas-ticien ou orthopédiste ayant une for-mation et une expérience particulière en chirurgie de la main. ◾

Références1. Melone CP, Beavers B, Isani A. The basal joint

pain syndrome. Clin Orthop Relat Res 1987. 220, 58-67.

2. Lasserre C, Pauzat D, Derennes R. Osteoarthritis of the trapeziometacarpal joint. J Bone Joint Surg [Br] 1949. 31, 534-536.

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4. Burton RI. Basal joint implant arthroplasty in osteoarthritis. Indications, techniques, pitfalls, and problems. Hand Clin 1987. 3, 473-487.

5. Swanson AB. Disabling arthritis at the base of the thumb: treatment by resection of the trapezium and flexible (sillicone) implant arthroplasty. J Bone Joint Surg [Am] 1972. 54, 456-471.

6. Pomerance JF. Painful basal joint arthritis of the thumb. Part I: anatomy, pathophysiology, and diagnosis. Am J Orthop 1995. 24, 401-408.

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9. Pomerance JF. Painful basal joint arthritis of the thumb. Part II: treatment. Am J Orthop 1995. 24, 466-472.

10. Pellegrini VD. Osteoarthritis of the base of the thumb. Orthop Clin North Am 1992, Jan;23 (1):83-102.

11. Wandel S, Juni P, Tendal et al. Effects of glucosamine, chondroitin, or placebo in patients with osteoarthritis of hip or knee:network meta-analysis. BMJ 2010 Sep 16:341:c4675.

12. Swigart CR, Eaton RG, Glickel SZ et al Splinting in the treatment of arthritis of the first carpometacarpal joint. J Hand Surg 1999. 24, 86-91.

13 Furia JP. Arthroscopic debridement and synoviectomy for treating basal joint arthritis. Arthroscopy 2010 Jan (26):34-30.

14. Edwards SG, Ramsey PN. Prospective outcomes of stage III thumb carpometacar-pal arthritis treated with arthroscopic hemitrapeziectomy and thermal capsular shrinkage modification without interposition. J Hand Surg Am 2010 Apr:35 (4):566-571.

15. Badia A, Khanchandani P. Treatment of early basal joint arthritis using a combined arthroscopic debridement and metacarpal osteotomy. Tech Hand Up extreme Surg 2007. June;11(2):168-173.

16. Brutus JP, Kinnen L. Short term results of total carpometacarpal joint replacement surgery using the ARPE implant for primary osteoarthritis of the thumb. Chir Main 2004, Oct;23(5):224-228.

17. Ulrich-Vinther M, Puggaard H, Lange B. Prospective 1-year follow up study comparing joint prosthesis with tendon interposition arthroplasty in treatment of trapeziometacarpal osteoarthritis. J Hand surg Am 2008 Oct;33 (8):1369-1377.

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19. Fitzgerald Bt, Hofmeister EP. Treatment of advanced carpometacarpal joint disease:trapeziectomy and hematoma arthroplasty. Hand Clin 2008 Aug 24 (3):271-276.

20. Rizzo M, Moran SL, Shin Ay. Long term outcomes of trapeziometacarpal arthrodesis in the management of trapeziometacarpal arthritis. J Hand Surg Am 2009 Jan;34(1):20-26.

* MEZAVANT est une marque de commerce déposée employée sous licence de Giuliani International Limited. * MMX est une marque de commerce déposée employée sous licence de Cosmo Technologies, Ltd. © 2011 Shire Canada inc. Tous droits réservés. MEZ-11-011-F www.mezavant.ca

† La rémission endoscopique (guérison de la muqueuse intestinale) était défi nie comme l’obtention d’un score ≤ 1 à la composante endoscopique de l’indice d’activité de la colite ulcéreuse (UC-DAI) modifi é. Le système d’évaluation utilisé lors de la sigmoïdoscopie a été modifi é de façon à le rendre plus rigoureux que le système UC-DAI standardisé, qui accorde un score sigmoïdoscopique de 1 aux patients qui présentent une légère friabilité1.

‡ Essai de non-infériorité, à double insu, avec répartition aléatoire, double placebo, traitement de référence et groupes parallèles, mené auprès de patients atteints de colite ulcéreuse d’intensité légère ou modérée afi n d’évaluer combien de patients présentaient toujours une rémission endoscopique après 6 mois de traitement à l’étude. Les 679 patients atteints de colite ulcéreuse ont reçu soit MEZAVANT à raison de 2,4 g 1 fois par jour, soit une préparation à base de mésalamine à libération retardée et à dissolution en fonction du pH à raison de 1,6 g par jour (0,8 g 2 fois par jour). MEZAVANT a satisfait au paramètre d’évaluation principal de la non-infériorité établi à –10 %, comparativement au traitement de référence1.

Veuillez consulter le Résumé des renseignements posologiques à la page

La proportion de sujets qui ont présenté une rémission durant l’étude et qui étaient traités par MEZAVANT à 2,4 g/jour, 1 fois par jour (83,7 %), était comparable à celle des patients qui ont reçu le traitement de référence (mésalamine à libération retardée et à dissolution en fonction du pH à 1,6 g/jour [0,8 g 2 fois par jour]; 81,5 %)1.

MEZAVANT doit être administré 1 fois par jour, par voie orale, avec des aliments. Les comprimés doivent être avalés entiers, avec du liquide. Il ne faut pas croquer ni écraser les comprimés1.

MEZAVANT est indiqué pour l’induction d’une rémission (clinique et endoscopique) chez les patients atteints de colite ulcéreuse évolutive, d’intensité légère ou modérée, ainsi que pour le maintien de la rémission clinique et endoscopique (guérison de la muqueuse intestinale) chez les patients atteints de colite ulcéreuse.

L’administration d’une dose unique de 4,8 g de MEZAVANT à des volontaires sains avec un repas riche en matières grasses a augmenté l’exposition générale à la mésalamine, par rapport à l’administration de cette dose à des sujets à jeun; il faut tenir compte de cette observation lorsqu’on prescrit MEZAVANT à des patients susceptibles de prendre des repas à forte teneur en gras. (Le repas à teneur élevée en matières grasses, ou l’équivalent, consistait en 2 œufs frits dans le beurre, 2 tranches de bacon, 2 rôties avec beurre, 4 onces [113 g] de pommes de terre rissolées et 8 onces [237 ml] de lait entier.)

Les effets indésirables le plus fréquemment signalés dans cette analyse des données groupées étaient la colite, les céphalées, la douleur abdominale, les résultats anormaux aux épreuves de la fonction hépatique, la diarrhée et les nausées (« fréquemment signalés » signifi e ≥ 1 % et < 10 %).

MEZAVANT est contre-indiqué chez les patients qui présentent une hypersensibilité aux salicylates (notamment la mésalamine) ou à l’un des ingrédients qui entrent dans la composition de ce produit ou de son contenant.

Veuillez consulter la monographie de produit pour obtenir les renseignements d’ordonnance complets.

Parmi les patients traités par MEZAVANT®* 1 fois par jour, ont présenté une rémission endoscopique (guérison de la muqueuse intestinale)† après 6 mois, avec seulement 2 comprimés par jour (2,4 g 1 fois par jour)1‡.

Nouvelles données!

83,7

RÉMISSIONACCOMPLIE

PATIENTS ATTEINTS DE COLITE

ULCÉREUSE À DÉCLARER AIDEZ VOS

MEZAVANT administré 1 fois par jour est maintenant indiqué pour le maintien de la rémission clinique et endoscopique (guérison de la muqueuse intestinale) chez les patients atteints de colite ulcéreuse1.

Référence : 1. Monographie de MEZAVANT. Shire Canada inc., 3 mai 2011.

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Retour sur le cas cliniqueNous sommes en présence d’une rhizarthrose bilatérale de grade II, invali-dante et réfractaire au traitement conservateur.

Les options disponibles pour cette patiente sont le remplacement articu-laire ou la trapézectomie avec ou sans interposition.

La patiente a fait le choix d’un remplacement articulaire avec un implant modulaire IVORY bilatéral en deux étapes avec un intervalle de deux mois.

L’immobilisation a été faite avec une orthèse pour chacune des mains pendant trois semaines puis la mobilisation libre a été autorisée. La patiente a été revue six mois après la première chirurgie et quatre mois après la seconde et elle était complètement soulagée des douleurs, avait une mobi-lité et une force de pince pouce-index et tripode normale des deux côtés. Elle est la première patiente au Canada à avoir bénéficié de cette arthroplastie bilatéralement.

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L’arthrose de la base du pouce