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Les Champions de la maitrise l’eau de pluies Histoires de Mali et Burkina Faso

Les Champions de la maitrise l’eau de pluies · bénéficié du potentiel attribué à la col-lecte des eaux de pluie. La plupart des gens savent que la pluie devient de plus en

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Les Champions de la maitrise l’eau de pluies

Histoires de Mali et Burkina Faso

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Edité par Laura Eggens (GUAVA stories)Avec la participation de Robert Meerman (RAIN)

L’éditeur a pris toutes les précautions pour garantir que le contenu de cette publication soit aussi précise que possible. Cependant, les auteurs ont la responsabilité ultime pour le contenu des articles individuels.

Toutes les photos: RAIN / auteursDésign: Laura EggensImpression: De Bunschoter, Pays-Bas

Décembre 2015

RAINBarentzplein 7, 1013 NJ AmsterdamPays-Bas+31 (0)20 58 18 250

[email protected]

GUAVAstories

Les Champions de la maitrise l’eau de pluies

Histoires de Mali et Burkina Faso

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Amélioration du micro-barrage de Fani

Développer les impluviums

L’autonomisation financière pour la santé et l’hygiène

Leur propre barrage de sable

Reproduire ce succès à Koro

6 A propos des auteurs

7 Avant propos

8 Introduction

En savoir plus

Impluvium 32

Etangs de collecte d’eau de pluie 33

Barrages de sable 34

Citernes enterrée 35

3R (Rétention, Recharge, Réutilisation) 36

Sommaire

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Cher lecteur,C’est pour moi un plaisir et un honneur d’écrire la préface de ce livret. Depuis sa fondation en 2003, RAIN a activement encouragé tous les aspects de la col-lecte des eaux de pluie. Nous travaillons sur les techniques, mais également sur l’élaboration d’un modèle opérationnel, le soutien politique et le renforcement des capacités. De plus en plus, nous plaçons l’approche 3R (se référer à la page 36) au cœur de nos projets, nous permettant ainsi d’intégrer la dimension paysagère dans notre travail. L’engagement de RAIN, dans la promotion de la collecte des eaux de pluie pour tous, fait appel à un large réseau de partenaires pour la mise en œuvre, le partage de connaissances et le développement. Cet engagement implique également notre volonté active de lobby-ing pour l’inclusion de la collecte des eaux de pluie dans les politiques et planifica-tions gouvernementales.

Nous assistons régulièrement dans notre travail la capacité des communautés rurales à façonner et à transformer leurs ressources productives et leur bien-être. Malgré cela, les initiatives, processus et logiques de ces communautés restent souvent invisibles pour les personnes extérieures.

Grâce à sa collaboration avec le Fonds international de développement agricole et l’Alliance WASH Néerlandaise, RAIN a ainsi eu l’opportunité de donner une plus grande visibilité à l’aspect personnel de la

collecte des eaux de pluie. Dans ce livret, nous vous présentons cinq personnes et groupes mettant tout en œuvre pour faire de la collecte des eaux de pluie une réalité, défendant leurs propres luttes et surmontant les difficultés. Ces individus et ces groupes sont des exemples à suivre en matière de collecte des eaux de pluie ! Ils récoltent les bénéfices de leur propre tra-vail, notamment une production alimen-taire plus grande et plus diversifiée, une réduction de l’érosion et une protection des écosystèmes, une meilleure hygiène, mais aussi une autonomisation locale. Ensemble, ces bénéfices permettent ainsi d’améliorer le bien-être à court et à long terme. Beaucoup de ces personnes ont été des sources d’information et d’inspiration pour ceux qui les entourent.

Cette publication fournit une plate-forme permettant à ces personnes exemplaires de partager avec vous leurs connais-sances, leurs expériences et leurs percep-tions. Nous recommandons ce livret à tous les professionnels et décideurs qui con-çoivent et mettent en œuvre des politiques, programmes et pro-jets. Nous espérons que, comme RAIN, vous aussi bénéficierez des idées et de l’inspiration que ces personnes nous ont donné pour vulgariser la collecte des eaux de pluie !

Annemieke BeekmansDirecteur, RAIN

A propos des auteurs

Banzoumana Coulibaly est un Ingénieur de Génie Civil et Spécialiste en Eau, Hygiène et Assainissement (EHA). Il a participé au Youngs Experts Programme Water (YEP Water) durant 14 mois. Il travaille pour la Fondation Akvo et RAIN au Mali. Contact: [email protected], (+223) 79413502, (+223) 69796323.

Maarten van Heems est le representant de RAIN au Mali et au Burkina Faso. Contact: [email protected], (+223) 94511686.

Yacouba Diallo est Coordinateur de projet du Centre d’Expertise et de Collecte de l’Eau de Pluie (CECEP) au Mali. Contact: (+223) 76073087.

Abdouramane Ousmane Diallo est Directeur de Volontaires pour le Développement du Sahel au Burkina Faso. Contact: (+226) 78021091.

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Après le livret « Exemples à suivre en matière de collecte des eaux de pluie » relatant des expériences en Éthiopie, au Kenya et en Ouganda, je suis très fier de présenter cet ouvrage réunis-sant des récits du Burkina Faso et du Mali. Le livret sur l’Afrique de l’Est a été favorablement accueilli, nous encour-ageant à mettre également en lumière les exemples à suivre en matière de collecte des eaux de pluie en Afrique de l’Ouest.

Permettez-moi de débuter en consta-tant que, même si nous sommes entou-rés de problèmes permanents auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui et auxquels nous le serons dans l’avenir, nous aimerions mettre en évidence cer-taines solutions. Ce livret met ainsi en avant les facteurs clés de réussite, qui sont le moteur de ce changement : les personnes, et en particulier les person-nes mises en vedette, ayant pleinement bénéficié du potentiel attribué à la col-lecte des eaux de pluie.

La plupart des gens savent que la pluie devient de plus en plus erratique et que le changement climatique est suscep-tible d’aggraver ces tendances, et lim-itera probablement à terme la disponi-bilité de l’eau pour les usages humains,

domestiques et liés à la production. La nécessité d’une gestion éclairée de l’eau et de son utilisation est donc une évidence.

Dans ce livret, nous présentons certaines de nos solutions 3R et la manière dont ces personnes ont adopté et reproduit leurs expériences par leur enthousiasme, leur compréhension et leur persévérance. L’impact de ces solu-tions sur l’eau et la sécurité alimentaire est énorme et ne se limite pas aux personnes, mais comprend également le bien-être animal et l’environnement au sens large.

Les 3R correspondent à des solutions de Recharge, Retenue et Réutilisation de l’eau : ils offrent un ensemble de technologies pour maintenir l’eau dans le système local. Les technologies 3R permettent de stocker l’eau de pluie pendant la saison humide, afin de la rendre disponible pendant la saison sèche. Les 3R favorisent l’accès à l’eau en remédiant aux phénomènes de dégradation des sols et d’érosion, et en améliorant la recharge et la retenue de l’humidité par les sols. La fonction tampon des foyers ou des paysages représente alors un point de départ, permettant aux personnes de faire face

Introduction

à la variabilité régulière de l’eau, ainsi qu’aux variations dramatiques liées au changement climatique.

Chaque expérience raconte une histoire personnelle, et je tiens à remercier sincèrement chacune de ces person-nes de les avoir partagées, ce qui est extrêmement important en vue d’exploiter pleinement le potentiel de la collecte des eaux de pluie. Je voudrais

également remercier Banzoumana Coulibaly, Maarten van Heems et Laura Eggens pour avoir permis à cette publication de voir le jour. Enfin, je tiens à remercier le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le ministère néerlandais des Affaires étrangères (DGIS) pour leur soutien financier dans ce processus.

.

Robert Meerman Senior Programme Officer, RAIN

Mali

Burkina Faso

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À Fani, un village situé dans la commune rurale de Doumba, dans la région de Koulikoro, au Mali, M. Wanama Traoré contrôle attentivement l’eau du micro-barrage récemment réhabilité. Cette structure produit des résultats spectaculaires en matière d’accès à l’eau et de maintien des écosystèmes dans la région. M. Traoré et les autres membres du comité de gestion de l’eau du micro-barrage ont représenté l’un des principaux facteurs de cette réussite.

Banzoumana Coulibaly

Localité de Fani,

Koulikoro, Mali

Technologie barrage de sable Wanama Traoré

Fani, village d’environ 2 300 habit-ants, est l’un des huit villages du sous-bassin hydrographique du Doumba Sirakorola, où RAIN et l’ONG nationale « Association d’Entraide et de Développement » (AED) sont intervenues avec un projet de collecte des eaux de pluie. Le projet avait pour objectif d’améliorer l’accès à l’eau dans chaque village, afin de satisfaire les besoins domestiques et agricoles. En mai 2014, le personnel du projet a ainsi réhabilité le micro-barrage (se référer à la section « Qu’est-ce qu’un barrage de sable ? », page 34) et plusieurs points d’eau, et a également construit des impluviums (cuves d’eau, se référer à la section « Qu’est-ce qu’un impluvium ? », page 32). Ils ont formé, mobilisé et sensibilisé les membres de la com-munauté concernant la gestion et la maintenance du micro-barrage et des points d’eau. Les pratiques de protec-tion des sols et de l’eau ont joué un rôle important dans le projet, améliorant la fertilité des sols, restaurant les éco-systèmes et protégeant les ressources

naturelles de la région. Enfin, le projet à permis de résoudre certains aspects liés à l’hygiène et à l’assainissement, grâce à la formation de personnes clés dans la communauté, qui à leur tour ont été responsables du partage de ces connaissances avec le reste de la communauté.

Afin de maximiser l’impact, il a été décidé de développer des impluviums au niveau des foyers, mais également de réhabiliter des micro-barrages dans la région, pour la communauté - une intervention inspirée par les expéri-ences réussies en Afrique de l’Est. Une grande partie de l’eau stockée dans le réservoir du barrage s’infiltre dans le sol et aide ainsi à recharger la nappe phréatique, restaurant le niveau des eaux souterraines pour servir la com-munauté. Le gouvernement local avait construit en 2004 un barrage présent-ant une hauteur insuffisante, mais également d’autres critères de mau-vaise conception, n’autorisant qu’un fonctionnement partiel du barrage.

Amélioration du micro-barrage de

Fani

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du barrage peut être mesurée au village ;

• la profondeur de l’eau retenue dans les réservoirs ; et

• la quantité d’eau évaporée.

Ces mesures sont prises avant, pendant et après la saison des pluies, permet-tant aux membres du comité d’estimer la quantité d’eau s’étant infiltrée dans le sol. Il est important que les com-munautés mesurent elles-mêmes ces variables, afin de se rendre compte des changements apportés par le micro-barrage.

M. Wanama TraoréM. Wanama Traoré s’est distingué tout au long du processus de réhabilitation et de suivi par son dévouement et son

grand intérêt dans le projet. Âgé de 55 ans et père de six enfants, il s’est pleinement engagé comme volontaire pour contrôler les changements appor-tés par le micro-barrage. Il a assumé le rôle de la collecte de l’ensemble des données sur les précipitations de la région. Il a également fait partie du comité de gestion du micro-barrage depuis sa construction et RAIN a également capitalisé sur son exper-tise et sa connaissance du terrain. M. Traoré a, par exemple, toujours indiqué au personnel du projet le meilleur itinéraire pour accéder à Fani pendant la saison des pluies, l’accès au village par la route devenant difficile à cette période. C’est également M. Traoré qui a informé le personnel du projet con-cernant le calendrier des cérémonies

AED et RAIN ont mené une étude pour diagnostiquer les problèmes du bar-rage et planifier des améliorations. La réhabilitation du barrage comprenait des mesures 3R (se référer à la section « Qu’est-ce que les 3R ? », page 36), ainsi que des travaux de maçonnerie et l’installation d’un écran étanche (revêtement) en amont de la fondation du micro-barrage. Cet écran est destiné à limiter l’infiltration horizontale sous le micro-barrage.

L’expérience de Fani montre claire-ment qu’il n’est pas toujours nécessaire d’investir dans de nouvelles infra-structures pour apporter des réponses aux besoins de la communauté. Il est souvent possible de s’appuyer sur les installations déjà existantes - et avec quelques améliorations, assurer un changement (de système) durable.

Un nouveau comité de gestionLa réhabilitation du micro-barrage de Fani est sans doute l’une des réalisa-tions majeures de cette intervention. Afin d’assurer un impact à long terme et la viabilité du projet, des « comités de gestion » ont été mis en place dans chaque village. Grâce aux connais-sances sur le barrage, à sa maintenance et à son fonctionnement, ils assurent que l’approvisionnement en eau potable et en quantité suffisante à la communauté reste constant. Le CECEP (Centre d’Expertise pour la Collecte des Eaux de Pluie au Mali) a formé les comités de gestion dans le contrôle de l’eau du réservoir du barrage. Les membres du comité sont ainsi chargés de mesurer :• le niveau d’eau dans le micro-bar-

rage, en utilisant des « piézomè-tres », pour mettre en évidence l’influence du barrage sur le niveau des eaux souterraines ;

• le niveau de l’eau dans le puits du village, afin d’évaluer si l’influence

Il est souvent possible de bâtir sur

l’existant

Les villageois de Fani sont engagés à tenir le micro-barrage fonctionnelle

Deux types de labour dans le réservoir du micro-barrage: parallèle (à gauche) et perpendiculaire (à droite) à la pente

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Micro-barrage de Fani lors de la reception technique

L’impact du micro-barrageLe réservoir à proximité du barrage retient désormais l’eau pendant quatre mois après la fin de la saison des pluies, au lieu de deux mois avant l’intervention. Après la réhabilitation, à pleine capacité, le réservoir a une superficie de 93 000 m² et un volume de 87 m³, selon une étude réalisée en 2014 par le cabinet-conseil SETADE.

En plus de l’augmentation du niveau de l’eau, les gens de Fani ont observé d’autres changements aux alentours du barrage. Des centaines de bovins et d’autres ani-maux domestiques provenant de Fani et des villages voisins convergent mainten-ant autour du micro-barrage de Fani pour s’abreuver, créant alors des tensions entre éleveurs et agriculteurs, en compétition pour l’accès à l’eau. De nouvelles cultures, comme le riz, sont actuellement cultivées autour du micro-barrage. Le sol argileux est maintenant utilisé pour la fabrication de milliers de briques d’argile, utilisées pour améliorer le cadre de vie du village. Des plans sont donc actuelle-ment réalisés sur la façon de gérer ces changements d’une manière durable.

Le micro-barrage a également favorisé la biodiversité. Un microclimat s’est formé, avec le retour d’espèces animales et végétales qui avaient auparavant disparu. On peut maintenant y observer des oiseaux, tels que le héron garde-bœufs (Bubulcus ibis), l’aigrette garzette (Egretta garzetta), le vanneau du Sénégal (Vanellus senegallus), l’ombrette africaine (Scopus umbretta), le chevalier guignette (Actitis hypoleucos), le héron cendré (Ardea cinerea) et la grande aigrette (Casmerodius alba). Les membres de la communauté ont également commencé à observer davantage de types de poissons, comme le poisson-chat, le tilapia, la carpe et le marbré.

Le sol s’est également revitalisé. Un couvert végétal dense d’arbres, de graminées vivaces (herbes) et d’espèces annuelles, telles que millet et le sorgho, montre la fertilité accrue du sol. Une telle couverture naturelle protège ainsi le sol contre le vent et l’évaporation.

traditionnelles dans le village, afin de ne pas déranger la communauté au cours de ces manifestations culturelles.

Dans le passé, M. Traoré a eu l’opportunité de voyager dans la région, ainsi que dans d’autres pays, comme la Côte-d’Ivoire. Il a ainsi eu l’occasion, au travers de ces voyages, de constater les avantages pouvant être obtenus à partir de projets similaires. Cet échange d’expériences résulte de son engage-ment dans le projet depuis le début et a fait de lui le porte-parole du projet. Il a accompagné avec enthousiasme l’équipe du projet sur l’ensemble des

activités de sensibilisation et de part-age des connaissances sur le barrage, dans les différentes communautés. Tout au long du processus de réhabili-tation, M. Traoré a facilité l’acquisition de matériaux locaux et de main d’œuvre locales, et peut donc être considéré comme un exemple à suivre. Son enthousiasme a encouragé les mem-bres de la communauté à s’investir pleinement, pour faire de ce projet un succès. Il a ensuite partagé dans d’autres communautés son expérience et les avantages de ce type de pro-jets, dans divers ateliers de formation organisés par RAIN.

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Bougoula est un village situé dans la région de Sikasso, dans le sud du Mali. Il dispose d’une école de quatre salles de classe, avec un total de 250 élèves (135 garçons et 115 filles)

recevant un enseignement primaire. La communauté de Bougoula avait déjà reçu l’appui de HELVETAS et de l’UNICEF, afin de faciliter l’application de l’Assainissement total piloté par la

Les écoliers du village de Bougoula ne manquent aujourd’hui plus d’eau. Depuis cette année, ils ont de l’eau dans leur école, leur permettant de boire, se laver les mains et faire la vaisselle. Face au succès des petits impluviums dans les foyers ruraux du Mali, RAIN a donc décidé de piloter la construction de ce même système pour desservir l’ensemble d’une école dans la région.

Banzoumana Coulibaly

l’école de Bougoula

Localité de Bougoula,

Sikasso, Mali

Technologie impluvium

communauté (Community Led Total Sanitation), une méthodologie inno-vante destinée à mobiliser les commu-nautés pour éliminer complètement les pratiques de défécation en plein air. Les écoliers et les enseignants de l’école du village avaient donc déjà adopté un comportement approprié en matière d’hygiène, mais ne disposaient toujours pas d’eau pour profiter pleinement d’un tel comportement. La municipalité s’est alors tournée vers RAIN et son Centre local d’Expertise pour la Collecte des Eaux de Pluie, afin de trouver une solution.

Un plus grand impluviumRAIN s’emploie, depuis 2006, à construire des impluviums de faible capacité, de l’ordre de 10, 12 et 14 mètres cubes dans les régions de Sikasso, Koulikoro et Mopti (se référer à la section « Qu’est-ce qu’un impluvium ? », page 32). En réponse à la demande de Bougoula, RAIN a donc construit, en mai 2015, un impluvium de 50 mètres cubes pour l’école. En plus de fournir de l’eau à l’école et de renforcer la capacité technique des maçons dans la région, l’initiative a servi d’expérimentation

Développer les impluviums

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pour la construction et l’utilisation d’impluviums à grande capacité.

Un plus grand impluvium augmenterait le nombre d’utilisateurs bénéficiant de la structure, ainsi que la durée de disponibilité de l’eau pendant la saison sèche. Mais pour maintenir la pression et garder la stabilité, un tel impluvium doit être construit partiellement sous terre et dans des dimensions adaptées. Les ingénieurs du CECEP sont capables de dimensionner de telles structures, et de fournir un suivi technique pendant leur construction.

Eau, hygiène et participationLa construction a été quelque peu retardée, limitant alors la quantité d’eau dans le réservoir lors de la première saison sèche qui a suivi. Néanmoins, après la première saison des pluies, les résultats se sont révélés très encourageants. Les écoliers et les

enseignants ont pu bénéficier de la proximité d’une source d’eau améliorée pendant les mois d’octobre et novem-bre. L’eau de l’impluvium a été utilisée deux fois par jour, sur des journées complètes de l’école et une fois par jour, sur des demi-journées (jeudi et samedi). Une fois le réservoir complète-ment rempli, les écoliers devraient donc être en mesure de bénéficier d’eau salubre pendant toute la saison sèche.

L’impluvium a eu des impacts majeurs, notamment en termes de pratiques d’hygiène améliorées, mais égale-ment en entraînant une baisse de l’absentéisme au cours de ces deux mois. Certains élèves, qui devaient autrefois s’absenter de l’école pour aller chercher ailleurs de l’eau pour

leurs familles et pour l’école, peuvent désormais suivre de nouveau les cours, étant à proximité de leur nouvelle source d’eau. Comme le directeur de l’école, M. Camara Kabola, s’en félicite : « Cet impluvium est arrivé à temps pour l’école, parce qu’il libère les éco-liers de la collecte de l’eau »

Une solution durableUn comité de gestion de l’école a été mis en place, composé de parents et de membres du personnel de l’école, afin de soutenir le personnel enseignant dans le fonctionnement et la main-tenance de l’impluvium. Des maçons locaux ont été formés et l’association des parents a mis en place un fonds pour la maintenance de la structure. Ces mesures améliorent fortement la durabilité de l’intervention, la com-munauté possédant ainsi les capacités nécessaires pour maintenir l’impluvium en bon état.

La communauté a par ailleurs été impli-quée depuis le début dans ce processus de construction et de mise en fonc-tionnement de cette nouvelle source d’eau pour l’école, la demande de soutien ayant été formulée par la com-munauté elle-même. Bien que le CECEP ait nourri l’idée d’expérimenter un plus grand impluvium, l’école a toutefois profité de cette opportunité.

Enfin, l’impluvium a plus de chance d’avoir un impact majeur, car il découle d’une prise de conscience accrue de la nécessité d’améliorer le com-portement en matière d’hygiène et d’assainissement. Et inversement, l’amélioration du comportement en matière d’hygiène et d’assainissement ne peut se faire sans accès à une source d’eau de qualité. C’est pourquoi ces trois éléments, l’eau, l’hygiène et l’assainissement, constituant les interventions WASH, sont considérés comme un tout indissociable.

Élèves de l’école de Bougoula assistant à l’inauguration de l’impluvium

La communauté s’est investie depuis le

début

L’association des parents a mis en place un fonds pour l’entretien de la structure

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Les Champions de la maitrise l’eau de pluies20 Histoires de Mali et Burkina Faso 21

Localité de Manacoroni,

Koulikoro, Mali

Technologie Microcredit p

our EHA

(Eau, Hygiène, Assainissement)

Manacoroni est un village faisant partie de la commune rurale de Mountoungoula, dans la région de Koulikoro, au sud du Mali. Depuis 2012, grâce au démarrage de leur propre activité commerciale, 30 femmes de Manacoroni sont arrivées à améliorer la santé et l’hygiène de leur foyer. Une de ces femmes, en particulier, a rencontré un certain succès en démontrant un réel engagement.

Banzoumana Coulibaly

Fatoumata Koumaré

Mme Fatoumata Koumaré, 42 ans, mère de six enfants, vend des beignets et des gâteaux. Comme les 29 autres femmes de Manacoroni, elle a créé son activité commerciale au moyen d’un prêt de microcrédit du programme Bio-rights, financé par la fondation RAIN, en étroite collaboration avec Wetlands Mali. Ce programme, mis en œuvre par l’ONG locale « Association Libre pour la Promotion de l’Habitat et du Logement » (ALPHALOG), attribuait initialement des prêts aux populations rurales faisant usage des ressources naturelles, dans l’objectif de réduire les pressions sur les écosystèmes. Son succès a encouragé RAIN à appliquer ce même principe dans d’autres domaines, en aidant financièrement les femmes à acheter des kits d’hygiène et d’assainissement pour leurs familles. Ces kits - comprenant un balai, du savon, un seau, de l’eau de Javel et une éponge - ainsi que les connaissances et les revenus supplémentaires acquis

par les femmes, ont considérablement amélioré la vie à Manacoroni.

Investir dans les femmesDans les zones rurales du Mali, les femmes sont celles qui garantissent l’hygiène et l’assainissement au sein du foyer. RAIN a décidé d’investir dans les femmes, celles-ci étant les premières victimes ou bénéficiaires de la propreté de leur environnement. Ce sont elles qui prennent soin des enfants malades en raison de mauvaises conditions d’hygiène, les privant alors dans de tels cas de la possibilité d’entreprendre des activités génératrices de revenus. Elles sont également les plus susceptibles de s’engager à investir dans l’amélioration des conditions d’hygiène de la famille.

Dix femmes, de chacune des trois principales familles de Manacoroni - la famille Doumbia, la famille Fane et la famille Samaké - étaient éligibles aux prêts de microcrédit. Chacune

L’autonomisationfinancière pour la

santé et l’hygiène

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Les Champions de la maitrise l’eau de pluies22 Histoires de Mali et Burkina Faso 23

Elle a compris l’esprit et l’importance de

l’emprunt

d’entre-elles a reçu 30 000 francs CFA (environ 46 euros) à investir dans une activité commerciale. Il leur a été demandé de rembourser le prêt dans les six mois, avec un taux d’intérêt de 10%. L’une des principales condi-tions pour recevoir le prêt était que les femmes devaient investir une partie des profits acquis de leur activité com-merciale dans des mesures visant à améliorer l’hygiène et l’assainissement de leur foyer.

Mme Fatoumata KoumaréMme Koumaré s’est conduite de façon exemplaire au cours du projet. Elle a donné un bel exemple en se révélant sérieuse dans la gestion des prêts, assurant le taux de rembourse-ment de son groupe à plus de 90% et l’investissement de l’argent dans des équipements utiles de purification d’eau. Femme engagée, elle a démonté un réel intérêt concernant les possi-bilités d’étendre le programme. Mme Koumaré a été l’une des premières à témoigner, au nom de toutes les autres femmes, sur l’importance du pro-gramme. Son activité commerciale lui a permis de contribuer à la construction de latrines sur son terrain familial, au moyen de matériaux résistants (ciment, sable, gravier et fer). « Grâce au pro-gramme Bio-rights, j’ai pu développer mon petit commerce », a révélé Mme Koumaré. « Ces nouvelles latrines ont permis d’améliorer considérablement mon milieu familial. Le prêt s’est avéré

être un soutien très important pour moi. »

En plus du prêt, le personnel d’ALPHALOG a également formé Mme Koumaré et ses voisines sur les techniques de compostage simples. « Aujourd’hui, je sais comment produire du compost pour mon jardin, ce qui me permet de faire pousser ma nour-riture pour des repas beaucoup plus nutritifs pour ma famille. Maintenant j’économise également de l’argent que je dépensais auparavant dans les engrais. »

Son attitude positive à l’égard du programme résulte d’une com-préhension claire de l’esprit du prêt et de l’importance de l’hygiène et de l’assainissement pour la santé et le bien-être de sa famille. Tout comme de nombreuses femmes comme elle qui font face à de multiples priorités dans leur vie quotidienne, Mme Koumaré a décidé d’investir ses bénéfices dans la construction de latrines. Certains la considèrent aujourd’hui comme un exemple à suivre. De nombreuses béné-ficiaires pensaient que le prêt resterait trop faible pour un investissement adéquat, mais Mme Koumaré a prouvé,

avec son attitude et ses efforts sérieux, qu’il était suffisant pour permettre de réaliser quelque chose de significatif.

Un programme efficaceLe programme Bio-rights a connu un succès majeur dans la région de Koulikoro, où il a été mis en œuvre dans quatre villages de la commune rurale de Mountoungoula. À ce jour, 85% des prêts ont été remboursés. Ce succès peut être largement attribué à la présence durable dans la région d’ALPHALOG et de Wetlands Mali, ALPHALOG étant notamment en activité depuis des années dans la zone d’intervention du projet. Le person-nel de terrain d’ALPHALOG connaît donc parfaitement bien la commu-nauté. Sensibiliser et expliquer le but et le processus du projet accroit alors

son efficacité. ALPHALOG continue d’appuyer la population, même après la fin du projet. Certains éléments, tels que les techniques de compostage, sont toujours reproduits par les bénéficiaires initiaux du prêt, transmet-tant également leurs connaissances à d’autres.

Mme Koumaré, la région de Koulikoro et le programme Bio-rights prouvent ainsi qu’investir dans les femmes peut avoir un fort impact sur l’hygiène et la santé en milieu rural. Mais ils démon-trent surtout qu’aider financièrement les femmes, afin qu’elles puissent générer des profits et les investir dans leurs besoins en matière d’hygiène et d’assainissement, permet d’atteindre un degré élevé d’appropriation de leur situation.

Fatoumata et sa latrines

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Les Champions de la maitrise l’eau de pluies24 Histoires de Mali et Burkina Faso 25

Localité de Bandiédaga,

Dori, Burkina Faso

Technologie barrage de sable

M. Mamoudou Hama appelle régulièrement « Volontaires pour le Développement du Sahel » (VDS) pour faire le point sur le barrage de sable construit dans le vil-lage de Bandiédaga, dans le nord-est du Burkina Faso. Il estime avoir une grande responsabilité concernant le barrage : une structure qui permet aux gens de son village d’avoir accès toute l’année à une eau de qualité et en quantité suffisante. Les moyens nécessaires, ainsi que l’expertise, ont été apportés par VDS, mais la construction a été réalisée conjointement, avec la population locale.

Maarten van Heems et Abdouramane Ousmane Diallo

MaMoudou HaMa

Bandiédaga est un village de 725 habit-ants, situé dans la région de Dori, une partie assez aride du Sahel, près de la frontière du Niger. À chaque saison des

pluies se forme une rivière à proximité, mais l’érosion et l’élevage dans les champs la bordant contamine son eau. De 2012 à 2015, à Dori, RAIN et son

partenaire VDS ont construit un total de quatre barrages de sable, de nom-breux impluviums, des fosses à fumier, des digues filtrantes, des diguettes et ont mis en place de nombreuses autres techniques 3R avec la population locale (se référer à la section « Qu’est-ce qu’un barrage de sable ? », page 34, à la section « Qu’est-ce que les 3R ? », page 36, et à la section « Qu’est-ce qu’un impluvium ? », page 32).

La construction d’un barrage de sableUn barrage de sable est réalisé en con-struisant un mur de pierre en travers du lit de la rivière, descendant jusqu’au

fond rocheux de ce lit, ralentissant ainsi l’écoulement de l’eau. Le sable et d’autres petites particules transportées par l’eau s’infiltrent alors dans le sol, créant un réservoir souterrain toujours croissant de sable, derrière le barrage. Ce sable filtre l’eau. Ainsi, lorsque la rivière est à sec après la saison des pluies, les villageois ont accès à l’eau potable pour leur propre consom-mation et leur bétail, en utilisant des méthodes d’extraction, telles que des pompes manuelles, ou bien une corde et un seau à travers un puits creusé à la main.

Avant le barrage de sable, les habitants de Bandiédaga manquaient d’eau en

Leur propre barrage de sable

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Toute la communauté s’est

investie pour le micro-barrage

avril, deux à trois mois avant le début des pluies. Ils devaient alors parcourir de grandes distances pour obtenir des quantités d’eau suffisantes pour leur propre consommation et celle de leurs animaux. Ils dépendaient alors de la volonté des autres villages de partager la ressource. Avec l’aide du maire de leur commune, Sampelga, ils se sont alors tournés vers VDS, connu pour ses projets dans la région. La demande rentrait parfaitement dans le cadre du programme plus large que VDS avait mis en œuvre ; ils ont donc associé leurs forces dans la construction de ce bar-rage de sable.

L’appropriation communautaireMême si l’intervention proposée du barrage de sable était une nouveauté absolue dans la région, la communauté a adopté le projet avec beaucoup d’enthousiasme. Ils ont rapidement compris la valeur ajoutée d’un tel investissement à long terme, permet-tant d’augmenter les niveaux d’eau souterraine. Ils ont donc demandé eux-mêmes à VDS de les aider à construire ce barrage. L’accès à l’eau étant désormais entre leurs mains,

chaque personne était alors en mesure de creuser des petits puits dans ses champs, afin d’atteindre des niveaux d’eau souterraine à grande profondeur, sans être dépendant des techniques d’extraction techniquement complexes.

Une fois le barrage de sable terminé, tout le village s’est réunit pour une inauguration festive et une prière collective. L’événement correspondait au processus de construction dans lequel les hommes ont apporté les roches, creusé la tranchée et ont aidé les maçons professionnels ; les femmes ont quant à elles apporté de l’eau ; et les personnes âgées et l’imam ont encouragé tout le monde à contribuer. L’ensemble des membres de la com-munauté se sont donc investis dans le barrage, chacun ayant contribué de différentes manières.

M. Mamoudou HamaL’histoire du barrage de sable de Bandiédaga ne se termine pas là. La construction du barrage s’est révélée être le début d’une forte prise de conscience parmi les villageois sur leurs possibilités, en termes de gestion de leurs propres ressources en eau. M. Mamoudou Ham, Président de la Commission de développement du village et exemple à suivre en mat-ière de collecte des eaux de pluie à Bandiédaga, a joué à cet égard un rôle pivot. Il a pris l’initiative d’assurer la maintenance du barrage de sable et

des autres éléments du projet. Outre le barrage, des diguettes en pierre ont été mises en place pour gérer l’écoulement des eaux de crue sur les champs et un puits de large diamètre a été construit. Un potager a également été créé, juste à côté du puits, le barrage de sable ayant permis d’élever la nappe phréa-tique à un niveau où les personnes peuvent retirer manuellement l’eau au moyen de seaux.

Bandiédaga est aujourd’hui devenu un village avec un accès à l’eau sur toute l’année, permettant ainsi d’en partager une partie avec les habitants des villages voisins. Par ailleurs, les villageois commencent à observer des impacts économiques intéressants, grâce à l’augmentation de la quantité d’eau disponible pour l’irrigation et l’abreuvement de leur bétail. Cela

permet à M. Hama de mobiliser la communauté pour réparer le barrage, en cas de besoin. « Cette année, nous avons réuni ensemble une tonne de ciment et avons pu demander au maçon du village de nous aider à réparer les petites fissures apparues dans la struc-ture », explique t-il.

Au lieu de demander à VDS de venir prendre soin des réparations, le village a lui-même pris les choses en mains. Ce n’est seulement qu’après qu’ils nous ont contactés, pour nous informer fière-ment de leur initiative. Cela démontre bien comment la participation active des bénéficiaires dans la phase de prise de décision et dans la construction réelle conduit à une avancée concrète en termes de développement, de com-portement et d’attitude.

Le barrage de sable à Bandiedaga

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Localité de Koro,

Mopti, Mali

Technologie impluvium

Bien que les bénéfices attribués aux impluviums (cuves d’eau) soient nombreux, ces dispositifs restent difficilement abordables pour de nombreuses familles vivant dans les zones rurales du Mali. Améliorer l’accès à l’eau grâce à des impluviums peut donc rapidement devenir un objectif irréalisable pour les foyers individuels n’étant pas appuyés par des tiers. Mais tous ne sont pas si facilement découra-gés. À Koro, dans le sud du Mali, une championne inattendue de ce dispositif, a toutefois pris son propre destin en main avec dévouement et détermination.

Yacouba Diallo et Maarten van Heems

Dougnon ouroutou guinDo

Mme Dougnon Ouroutou Guindo est une veuve de 61 ans, vivant avec douze membres de sa famille, dans la ville de Koro. En 2012, elle a pris connaissance pour la première fois de ce qu’était un impluvium (se référer à la section « Qu’est-ce qu’un impluvium ? », page 32). Durant cette période, RAIN et le CECEP (Centre d’Expertise pour la Collecte des Eaux de Pluie au Mali) ont travaillé dans la région de Mopti sur l’installation de structures de collecte des eaux de pluie, dans le cadre du Programme de collecte des eaux de pluie au Mali. Le CECEP a choisi Mopti comme région la mieux adaptée pour la mise en place d’impluviums, en raison de la pénurie d’eau dans cette partie du Mali. De nombreuses collectivités rurales présentes dans cette région ont difficilement accès aux infrastruc-tures d’eau et souffrent de l’érosion généralisée des puits et de la mauvaise

qualité des eaux souterraines. Ces conditions font qu’il est difficile, voire impossible, pour elles de bénéficier de plusieurs structures conventionnelles d’approvisionnement en eau, telles que des forages ou des puits à grand diamètre.

En collaboration avec l’ONG « Association Recherche Action Femme et Développement » (ARAFD), le CECEP soutient des foyers dans la construction d’impluviums, dans plusieurs villages de la région de Mopti. Des maçons professionnels ont alors été contractés pour construire les structures, en col-laboration avec la population locale. Des membres de la communauté ont également été formés pour maintenir et reproduire les impluviums, et préserver la qualité de l’eau dans le réservoir. Les foyers paient 1 000 Francs CFA (1,50 euro) par mètre cube, et contribuent

Reproduire ce succès à Koro

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également en nature. De même, l’ONG contribue en nature et en espèces, tandis que le reste est financé par RAIN. Les foyers bénéficiaires sont sélectionnés démocratiquement par la communauté, en fonction de leurs nécessités et de la taille et de la qualité de leur toit. Après la construction, ce processus de sélection mobilise sou-vent les bénéficiaires à partager l’eau avec leurs voisins.

Une prise d’initiative Mme Guindo ne vit pas dans un des villages desservis par le programme, et n’appartient donc pas à l’un des foyers chanceux soutenus par le pro-gramme. Elle a donc décidé de visiter quelques-uns des foyers où un implu-vium avait été nouvellement installé, pour constater par elle-même les

avantages d’un tel dispositif. Fascinée par cette technologie, elle a contacté l’ARAFD à de nombreuses reprises, pour demander l’obtention de l’une de ces structures, obtenant à chaque fois la même réponse : le programme n’intervient pas dans la ville de Koro.

Mais Mme Guindo ne s’est pas rési-gnée. Elle a donc décidé d’économiser de l’argent pendant trois ans pour pouvoir finalement, en 2015, constru-ire un impluvium de 18 mètres cubes

dans sa cour. Elle a alors contacté l’équipe de terrain de l’ARAFD, qui lui a fourni un soutien technique. Elle a été en mesure de payer le travail accompli par un maçon local, formé par le CECEP. Elle a ainsi réussi tout cela sans contributions financières extérieures, motivée par la gravité de la pénurie d’eau qu’elle connais-sait chaque année pendant la saison sèche. Cet investissement s’est révélé important, mais crucial.

Une propagation naturelle du succèsMme Guindo n’est pas la seule a avoir reproduit le projet initial d’impluvium dans la région de Mopti. Trois ans après le début des activités du projet, de nouveaux impluviums ont commencé à apparaître de façon indépendante dans toute la région. Des personnes comme Mme Guindo ont cherché pro-activement des informa-tions sur cette nouvelle technologie. Aucun impluvium n’existait alors dans sa propre communauté lorsqu’elle en a entendu parler, elle s’est donc rendue au bureau de l’ARAFD pour se ren-seigner sur la faisabilité technique et financière pour sa propre maison.

La forte appropriation attribuée à l’impluvium au niveau des foyers - à la fois pour les bénéficiaires du projet et les foyers indépendants - a gran-dement contribué à la durabilité de l’intervention, les familles s’étant

engagées à maintenir leurs systèmes. La propagation naturelle de cette nou-velle technologie représente un aspect positif pour des organisations comme le CECEP et RAIN. Cela signifie que les impluviums ont un impact notable au niveau des foyers, partagés d’une communauté à l’autre. Cela montre par ailleurs que les coûts des impluviums, ayant été reconnus comme un facteur limitant au début du programme, sont un obstacle qui peut être surmonté - au moins par certains foyers. Mais, en fin de compte, des expériences, comme celle de Mme Guido, économiser jusqu’à plusieurs centaines d’euros dans le cadre des zones rurales du Mali, restent exceptionnelles.

Test de la qualité de l’eau

Des nouveaux impluviums ont commencé à apparaître dans toute la région

Cela a été un gros

investissement, mais crucial neanmoins

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Un impluvium est un système simple qui recueille l’eau de pluie à partir des toits et la stocke dans un réservoir. Ces réservoirs peuvent être complètement enterrés, ou seulement en partie, ou être hors sol. Les réservoirs sont faits d’une structure en fer et en ciment, ou avec des briques. L’eau est généralement accessible par un robinet. Au moyen de procédures relativement simples, l’eau peut être stockée sur des périodes de temps plus longues.

Généralement, les cuves de 10 à 14 mètres cubes coûtent en moyenne 700 000 Francs CFA. Une cuve est conçue pour desservir un foyer élargi tout au long de l’année, couvrant les besoins en eau potable et les

usages domestiques d’une famille pendant deux à trois mois durant la saison sèche. Les impluviums de ces foyers ont été un tel succès à Koro que d’autres personnes ont commencé à reproduire cette expérience indépendamment (se référer à la section « Reproduire ce succès à Koro », page 28). Au Mali et au Burkina Faso, RAIN a également commencé à expérimenter des solutions innovantes, telles que des réservoirs souterrains, des impluviums reliés à des biodigesteurs pour produire de l’énergie, et un système plus vaste visant à fournir de l’eau pour une école entière à Bougoula (se référer à la section « Développer les impluviums », page 16).

Depuis 2006, RAIN a construit 865 impluviums au Mali et 80 autres au Burkina Faso. En décembre 2014, le Laboratoire national des eaux, au Mali, a fait une étude sur la qualité de l’eau dans des dizaines d’impluviums présents dans la région de Mopti. Ils ont conclu que l’eau de pluie dans le Sahel est parfaitement potable et répond aux normes de l’OMS en mat-ière d’eau potable. Le CECEP (Centre d’Expertise pour la Collecte des Eaux de Pluie au Mali) a également analysé l’eau dans différents impluviums dans les régions de Mopti, Koulikoro et Sikasso, avec des résultats similaires.

Qu’est-ce qu’un impluvium ?

RAIN appuie également la construction d’étangs domestiques pour stocker l’eau de pluie. Ces étangs stockent les eaux de ruissellement et de pluie, coulant le long des routes et des chemins et dirigées vers les étangs au moyen de canaux creusés à la main. Les agriculteurs utilisent ensuite cette eau stockée dans l’étang pour l’arrosage des cultures et des arbres, ou pour leur bétail. Les étangs sont généralement construits en forme trapézoïdale, parfaitement adaptés pour les sols poreux, et nécessitent un revêtement pour éviter toute perte d’eau.

Ces revêtements s’avèrent être les princi-paux obstacles à la durabilité de l’étang, car leur réparation nécessite un certain investissement. Les populations rurales possédant ces étangs recommandent d’utiliser des revêtements d’au moins un millimètre d’épaisseur. Dans certaines régions, les étangs peuvent également fonctionner sans revêtements, lorsqu’ils sont creusés sur des sols argileux compacts imperméables.

Les pièges à limon ou les filtres jouent un rôle essentiel dans de nombreux types d’étangs, le limon et les débris pouvant facilement endommager les revêtements et les pompes. En plus de la pompe, le composant le plus coûteux du système

d’étang reste bien souvent l’excavation du réservoir - selon que le travail manuel ou une machine d’excavation est utilisé. Dans de nombreux cas, les agriculteurs organisent le travail en groupe et se relaient pour travailler ensemble, pour aider chacun de leurs membres. Avec un tel système, la reproduction dans la communauté de la technologie relative aux étangs devient alors plus facile.

Qu’est-ce qu’un étang de collecte des eaux de pluie ?

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Dans les régions où le lit des rivières saisonnières est sableux, tel que dans les villages de Bandiédaga au Burkina Faso, ou de Fani au Mali, les barrages de sable représentent alors une opportu-nité de stockage des eaux de pluie et de ruissellement. Un barrage de sable ne se construit pas avec du sable comme son nom l’indique, mais avec de la roche ou un mur cimenté. Ce mur se construit en travers du canal de la rivière, et est incrusté dans les berges, avec un déversoir dans le milieu pour maintenir la rivière dans son cours. Le barrage recueille le sable au cours de chaque inondation ; ce sable déposé commence alors à saturer d’eau. Cette eau reste dans les pores, entre les grains de sable, dans les berges et dans le lit de la rivière, en attendant d’être pompée au moyen d’un puits d’extraction. Le sable peut ainsi contenir jusqu’à un tiers de son volume en eau. Cette eau ne s’évapore pas et aucune maladie d’origine hydrique ne peut pénétrer dans cette nappe. Le sable agit également comme un filtre naturel, purifiant l’eau extraite.

L’expérience de différents barrages de sable a montré que l’emplacement, mais également la quantité et la qualité du sable, sont des facteurs cruciaux pour leurs succès. Dans certains cas, l’eau peut même être pompée vers un réservoir disposé sur un terrain en hauteur. De là, la gravité permet à l’eau de circuler vers des endroits désignés par les usagers de

l’eau. Aucun coût supplémentaire n’est alors nécessaire pour le pompage de l’eau pour l’irrigation.

Des changements remarquables sont observés concernant la disponibilité de l’eau, sur les sites où la gestion des bar-rages de sable est réussie. Les barrages de sable augmentent en effet l’humidité dans le sol, rechargent en eau les puits peu profonds et améliorent l’accès à l’eau potable pour la consommation humaine, l’irrigation, ou à d’autres fins.

Les nombreux avantages associés aux barrages de sable, en termes d’agriculture, d’environnement et d’eau potable, ont toutefois un coût. La construction de bar-rages de sable est relativement coûteuse et nécessite des ingénieurs formés. Il est donc difficile, pour les individus, ou même les communautés, d’investir eux-mêmes dans ce type d’infrastructure. Les communautés contribuent en nature, en fournissant la main-d’œuvre non qualifiée et des matériaux locaux. Une fois le barrage terminé, les communautés sont respon-sables de la maintenance de la pompe. Correctement construits, les barrages de sable sont reconnus pour durer plus de 60 ans sans besoin de maintenance.

Pour obtenir plus d’information, veuillez vous rendre sur le site : www.rain4food.net/wiki

Qu’est-ce qu’un barrage de sable ? Qu’est-ce qu’une citerne souterraine ?

Les citernes souterraines représentent une alternative aux impluviums en surface, utilisés dans des projets soutenus par RAIN en Afrique de l’Est et de l’Ouest. Ces citernes sont faites de ciment et sont recouvertes d’une tôle ondulée ou d’une plaque de ciment, empêchant ainsi l’évaporation et la contamination. La pluie tombant sur les toits ou sur les surfaces autour des cuves est alors dirigée vers la citerne, au moyen de petits fossés. L’eau passe ensuite à travers un système de filtrage permettant d’éliminer le limon, avant d’entrer dans les citernes. Les cuves sont équipées de pompes manuelles, posi-tionnées au-dessus de la couverture, ou reliées à un point d’eau avec des robinets.

Les citernes cylindriques peuvent varier en taille, allant de 20 à 60 mètres cubes. Cette dernière peut desservir plus de 100 foyers pendant plus de trois mois, pour leur usage domestique, ou pour le bétail et l’irrigation à petite échelle. La cuve et les pièges à limon doivent être nettoyés régulièrement, afin d’assurer une meilleure qualité de l’eau, par rapport aux étangs ou à d’autres sources d’eau ouvertes. Un traitement supplémentaire de l’eau au point d’utilisation peut être nécessaire pour assurer une eau potable, la plus grande contamination se produisant lorsque l’eau est récupérée.

La technologie est simple à comprendre et à maintenir par la communauté, et peut être construite par des artisans locaux - bien que le ciment ne soit pas toujours disponible ou abordable sur le marché local. La structure de ciment est durable, mais reste plus difficile à développer.

Jusqu’à présent, les principaux prob-lèmes structurels rencontrés par les communautés correspondent à la courte durée de vie de la pompe. Les citernes souterraines nécessitant des matériaux tels que du ciment, des tôles, des tuyaux et des pompes sont considérées par les personnes ayant peu de ressources comme un investissement important. Mais, en comparaison à d’autres systèmes d’eau, une citerne nécessite un investissement relativement faible et peut donc certaine-ment être reproduite ailleurs, avec un soutien apporté par des organisations et des gouvernements.

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Les 3R correspondent à des solutions de Recharge, Retenue et Réutilisation de l’eau : ils offrent un ensemble de technologies pour maintenir l’eau dans le système local. Les technologies 3R permettent de stocker l’eau de pluie pendant la saison humide, afin de la rendre disponible pendant la saison sèche. Les 3R favorisent l’accès à l’eau en remédiant aux phénomènes de dégradation des sols et d’érosion et en améliorant la recharge et la retenue de l’humidité par les sols. La fonction tampon des foyers ou des paysages représente alors un point de départ, permettant aux personnes de faire face à la variabilité régulière de l’eau, ainsi qu’aux variations dramatiques liées au changement climatique.

Les mesures 3R incluent différents types de terrasses et autres obstacles de pente, garantissant une plus grande absorption de l’eau par les sols grâce à la diminution du phénomène de ruissellement. Des diguettes en terre, par exemple, peuvent être construites le long de la colline, en creusant un fossé et en utilisant l’excès de terre pour former une crête sur le côté descendant de celui-ci. Des diguettes en pierre peuvent également être formées, grâce aux roches présentes sur le terrain, en créant ainsi des lignes de rochers sur les pentes afin de former des murs, ralen-tissant le ruissellement de l’eau de pluie

et permettant ainsi son étalement. Les bandes enherbées représentent également une mesure intéressante, exigeant moins de travail, utilisant l’herbe ou d’autres types de végétation pour protéger le sol et réduire ainsi l’érosion de la pente.

Des terrasses peuvent être formées suite à l’excavation des fossés, en plaçant la terre en haut des pentes pour former un talus, généralement stabilisé avec des graminées. Alternativement, la terre excavée peut être placée en dessous du fossé. Cette dernière option nécessite moins de travail initial, mais requiert davantage de maintenance, étant donné que les tranchées se remplis-sent au fil du temps de limons, alors que la première option stabilisera la terre en amont de la digue.

L’agroforesterie représente également une autre mesure 3R, ne se limitant pas nécessairement aux pentes. Des arbres comme le Gliricidia sepium, l’Acacia albida et le Tephrosia candida améliorent la fertilité des sols et brisent les croutes de battance (couches imperméables causées par de fortes pluies ou par le compactage des sols), permettant ainsi à l’eau de s’infiltrer dans le sol.

L’utilisation de ces mesures, ainsi que des autres solutions naturelles pour améliorer le sol, assure une végétation de qualité et

Qu’est-ce que les 3R ?

la recharge en eau. Dans un contexte de développement, ces technologies peuvent facilement être mises en œuvre par les communautés locales. Il est donc essentiel de communiquer clairement avec la com-munauté sur les projets et leurs impacts, pour assurer par la suite leur exécution et leur maintenance. Ce travail réalisé, ces mesures continuent par la suite d’animer à long-terme les pratiques agricoles. Sur certaines expériences de RAIN, les 3R ont, dans un premier temps, été mis en œuvre sur quelques terrains, afin de mettre en

valeur leurs impacts et encourager par la suite la reproduction de ces pratiques au sein de la communauté. Les expériences positives en Afrique de l’Ouest démon-trent que les mesures 3R restaurent de manière cohérente et appréciable les sols, permettant de retenir l’eau, mais également d’améliorer les rendements.

Pour obtenir plus d’information, veuillez vous rendre sur le site : www.bebuffered.com

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Pour en apprendre davantage sur les champions d’Afrique de l’Ouest et de l’eau de pluie et pour plus d’informations sur RAIN, les technologies de collecte d’eau de pluie et les stratégies RAIN en Afrique de l’Ouest, visitez www.rainfoundation.org.