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Bulletin 26 Avril 2019 Les clés d’une bonne gestion de l’herbe Une bonne valorisation de ses surfaces en herbe implique une certaine rigueur technique, mais le gain n’est pas à sous-estimer. L’herbe est devenue un enjeu incontournable Dans le développement de l’autonomie fourragère des exploitations, mais aussi dans la protection de la qualité de l’eau de manière durable. La bonne gestion de l’herbe passe 5 grands principes : Une mise à l’herbe maîtrisée, en fonction du temps et de la portance du sol ; Ne jamais trop charger avant le 1 er mai ; Un chargement optimisé pour faucher au moins 50% des surfaces ; Fertiliser assez et au bon moment en fonction de l’utilisation des parcelles ; Adapter les dates de fauches pour faciliter les repousses au besoin de pâturage des animaux (selon la dynamique de pousse de l’herbe) Adapter son chargement à la pousse de l’herbe La pousse d’herbe est chez nous très variable au cours de l’année, avec un arrêt hivernal suivi d’un redémarrage lent et progressif en avril, une explosion en mai, une pousse estivale très dépendante de la pluie et des températures et pour finir une pousse de fin d’été- automne souvent très intéressante tant en quantité qu’en qualité. INFOS N° Une Recrue sur la gestion de l’Herbe Afin de renforcer nos actions agricoles sur les captages dégradés, Alexandre VERMEULEN vient d’intégrer la MISSION CAPTAGE. Il sera notamment en charge des questions tournant autour de l’autonomie des systèmes d’élevage et de la gestion des surfaces fourragères, notamment l’Herbe. Nous lui souhaitons la bienvenue au sein de la Cellule « Captages » ! Source : G. LEMAIRE, INRA

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Bulletin

26

Avril 2019

Les clés d’une bonne gestion de l’herbe

Une bonne valorisation de ses surfaces en

herbe implique une certaine rigueur technique,

mais le gain n’est pas à sous-estimer.

L’herbe est devenue un enjeu incontournable

Dans le développement de l’autonomie

fourragère des exploitations, mais aussi dans

la protection de la qualité de l’eau de

manière durable.

La bonne gestion de l’herbe passe 5 grands principes :

Une mise à l’herbe maîtrisée, en fonction du temps et de la portance du sol ;

Ne jamais trop charger avant le 1er mai ;

Un chargement optimisé pour faucher au moins 50% des surfaces ;

Fertiliser assez et au bon moment en fonction de l’utilisation des parcelles ;

Adapter les dates de fauches pour faciliter les repousses au besoin de

pâturage des animaux (selon la dynamique de pousse de l’herbe)

Adapter son chargement à la pousse de l’herbe

La pousse d’herbe est chez nous très variable au cours de l’année,

avec un arrêt hivernal suivi d’un redémarrage lent et progressif en

avril, une explosion en mai, une pousse estivale très dépendante de

la pluie et des températures et pour finir une pousse de fin d’été-

automne souvent très intéressante tant en quantité qu’en qualité.

INFOS N°

Une Recrue sur la

gestion de l’Herbe

Afin de renforcer nos actions agricoles sur les captages dégradés, Alexandre VERMEULEN vient d’intégrer la MISSION CAPTAGE.

Il sera notamment en charge des questions tournant autour de l’autonomie des systèmes d’élevage et de la gestion des surfaces fourragères, notamment l’Herbe.

Nous lui souhaitons la bienvenue au sein de la Cellule

« Captages » !

Source : G. LEMAIRE, INRA

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Ceci impose beaucoup de réactivité, d’observations et de déplacements d’animaux (ou de clôtures…) pour coller au

maximum aux chargements de :

Mettre 50 ares/UGB toute l’année pour « pas être embêté »

n’est jamais payant (gaspillage au printemps, l’herbe de

mauvaise qualité en été, herbe insuffisante à l’automne, …)

Cas particulier des vaches laitières avec pâturage limitant

Si au 1er mai, les vaches laitières disposent de moins de 30 ares/VL, une complémentation à l’auge est indispensable. Dans ce cas, le maïs ensilage est le plus adapté, mais en quelle quantité ?

Après le 1er – 15 août, l’apport d’une ration complète totale peut s’avérer nécessaire.

En l’absence de maïs ensilage ou pour des vaches à productivité moyenne, l’ensilage d’herbe peut convenir en remplaçant le soja par de la céréale ou des pulpes.

Pensez aux pâturages tournants pour optimiser vos surfaces en herbe !

Il est possible de classifier les types de pâturage tournant :

Le pâturage tournant « simplifié » : Le pâturage se divise en 3-4 parcelles pour une durée de séjour de 8 à 10 jours

au printemps.

Le pâturage tournant « classique » : 6-8 parcelles. C’est dans les élevages laitiers ardennais le système le plus

utilisé avec 3 à 4 jours par parcelle au printemps.

Le pâturage tournant « dynamique » : Il faut compter 20 à 22 paddocks pour atteindre 1 jour de pâturage/paddock

au printemps.

Le pâturage tournant est une technique de pâturage calée sur la physiologie de la

pousse de l’herbe et qui facilite les repousses successives en réduisant le risque de

surpâturage, néfaste à la prairie.

Si on reprend la pousse de l’herbe, il faut 2,5 à 3 feuilles au printemps pour faire

pâturer. Avant, la plante n’a pas terminé la reconstitution de ses réserves et le

pâturage pénalise les repousses.

Après le stade 3-4 feuilles, les premières feuilles entrent en sénescence et la qualité de

l’herbe commence à chuter. Au stade 2,5-3 feuilles on trouve le meilleur compromis

entre qualité et quantité.

30 à 35 ares/UGB En mai-juin

50 à 60 ares/UGB De mi-juin à septembre

70 à 80 ares/UGB A l’automne

Du 01/05 au 15/06 Du 15/06 au 01 – 15/08

Ares /VL 15 20 25 20 25 30

VL/ha 6.6 5 4 5 4 3.3

Kg MS maïs/VL/j

8 5 3 10 8 5

Kg soja 1 0.5 / 2.5 1.5 0.5

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Bien prendre en compte l’objectif et le mode de récolte pour adapter sa fertilisation

Comme toute culture, c’est l’objectif de rendement qui détermine la dose d’engrais à apporter pour une prairie.

Cependant, il est également indispensable de prendre en compte son mode de récolte (fauche ou pâture). En effet, la dose

d’engrais à apporter est fonction à la fois du mode d’exploitation de la parcelle, du potentiel de production de la prairie et du

chargement prévu :

* Le 2ème apport sera réalisé uniquement si une pluie est prévue au moment de l’épandage et par une température inférieure à 25 °C.

L’analyse foliaire, un outil essentiel pour adapter sa fertilisation

Actuellement, la seule méthode adaptée pour déterminer au plus juste les besoins de vos prairies reste l’analyse

foliaire. Contrairement à l’analyse de sol, qui est un mauvais indicateur sur prairie, cette mesure fournit des indicateurs de

nutrition en phosphore et en potasse de la plante. Ceux-ci permettent d’évaluer la disponibilité en éléments fertilisants du

sol et leur capacité à être prélevés par les racines.

Réalisée entre le stade montaison et le début d’épiaison lorsque la prairie atteint un minimum de 2t de MS/ha, cette analyse

permet d’obtenir un conseil adapté en azote, phosphore et potasse.

C’est une analyse peu coûteuse (environ 25€) et facile à mettre en œuvre, alors pensez-y au mois de Mai !

Les apports annuels de plus de 20 t de fumier ou de 25 m3 de lisier à l’hectare conduisent à un gaspillage de potasse et de

phosphore sur les prairies, il semble intéressant d’effectuer une analyse foliaire pour optimiser la fertilisation en P,K et faire

des économies non négligeables sur son poste « fertilisation ».

Optimiser la fréquence de ses épandages d’effluents d’élevage

Etant donné la capacité des prairies à bien valoriser les effluents de ferme et leur utilisation fréquente sur ces surfaces, il

semble indispensable de travailler sur la gestion de ces matières fertilisantes.

En effet, les fournitures d’azote liées à la minéralisation des effluents

de ferme conditionnent les doses à apporter.

Conseils de fréquence des apports par système :

Le tableau ci-contre reprend les différentes préconisations faites

en termes de fréquence d’apports.

Source : Chambre d’Agriculture des Ardennes

Source : Chambre d’Agriculture des Ardennes

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Avec la participation financière

Récolter au stade optimum pour des fourrages de qualité

La gestion correcte des surfaces en herbe est un élément incontournable pour l’éleveur qui cherche la performance

aussi bien technique qu’économique. La fauche précoce est une pratique qui les favorise.

On entend par fauche précoce la récolte de l’herbe lorsque les espèces n’ont pas atteint un stade trop avancé. Le stade

bourgeonnement pour les légumineuses et le stade début épiaison pour les graminées (avant épiaison de 10 % des épis)

sont considérés comme des stades optimums permettant de concilier quantité et qualité des fourrages récoltés. Ces stades

sont atteints plus ou moins tôt selon les années lorsque la somme de température depuis le 1er février atteint 700° jour. Une

récolte plus précoce permet d’améliorer encore la valeur alimentaire du fourrage. Mais le coût du fourrage est augmenté car

la chaine de récolte est identique pour un tonnage plus faible. Néanmoins, cet ensilage peut présenter un intérêt pour des

animaux à fort besoin, comme les vaches laitières par exemple.

Rendement et valeurs alimentaires des fourrages (prairie naturelle) selon la date de récolte :

Le déclenchement de la date et le choix du mode de récolte sont bien évidemment dictés par les conditions

météorologiques. Les fenêtres de beau temps étant généralement insuffisantes en mai pour assurer un séchage en foin, l’enrubannage est une solution préconisée.

Ne pas faucher en dessous de 5-6 cm !

Pour faciliter les repousses, il est conseillé de ne pas faucher en dessous de 5-6 cm.

Une hauteur de coupe trop rase aura une influence négative sur la capacité de repousse de certaines plantes car elle risque :

D’endommager le plateau de tallage, d’où sont émises les feuilles ;

D’entrainer une perte importante des réserves nutritives de la plante stockées à cet endroit.

De plus, une fauche trop basse plaque le fourrage au sol, avec le risque de ramasser de la terre et de le contaminer avec

des spores butyriques. La récolte en fauche précoce doit s’accompagner d’un ajustement des conduites de pâturage.

Il sera possible de serrer davantage les animaux au printemps et donc d’augmenter la surface récoltée en première coupe.

En effet, il va être possible de proposer des repousses beaucoup plus rapidement que derrière des foins faits plus

tardivement.

La qualité de ces repousses permet d’améliorer les performances des animaux au pâturage. Par exemple, en élevage

allaitant, on constate fréquemment une amélioration de 200 à 300 g de GMQ, sans complémentation, sur les broutards qui

profitent de ce mode de gestion de l’herbe. A l’inverse, le manque d’herbe en été (aussi bien en quantité qu’en qualité) est

quasiment inéluctable si la récolte ne se base que sur des foins réalisés en juin. Une complémentation des broutards est

alors nécessaire dès début juin.

Rendement

(t MS/ha)

UFL PDIN (g/kg) PDIE

(g/kg)

Stade vert sur pied 0.99 123 95

Ensilage du 10 mai 1,5 à 2,5 t MS/ha 0.90 92 85

Enrubannage du 15-20 mai 2,5 à 3,5 t MS/ha 0.82 86 83

Foin début juin 3,5 à 4,5 t MS/ha 0.72 69 82

Foin mi-juin 4,5 à 5 t MS/ha 0.63 58 73

Depuis maintenant deux ans, un observatoire de la pousse de l’herbe a été mis en place par le Pôle Elevage

Ardennes. Chaque semaine la pousse de l’herbe est mesurée grâce à un herbomètre. L’objectif de cette action est

de vous donner des repères locaux dans le but d’optimiser aux mieux, grâce à la dynamique de pousse, votre

chargement ou votre complémentation à l’auge.

Toutes les semaines vous trouverez les hauteurs d’herbe mesurées et quelques conseils de gestion de l’herbe.

Contact : Alexandre VERMEULEN 03.24.33.71.16

Améli’EAUR – Chambre d’Agriculture des Ardennes 1 rue Jacquemart Templeux

08013 Charleville-Mézières cedex Tél : 03 24 56 89 40 – Fax : 03 24 33 50 77

[email protected]