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Les colites ischémiques en psychiatrie

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Page 1: Les colites ischémiques en psychiatrie

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astroentérologie Clinique et Biologique (2008) 32, 578—580

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

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nupméclEn revanche, il n’existait pas de corrélation significativeentre la durée de traitement par NL et le degré de gravitéde la CI (rho = 0,430 ; p = 0,215). Chez sept patients étaientassociés un ou plusieurs correcteurs anticholinergiques des

ETTRE À LA RÉDACTION

es colites ischémiques en psychiatrie

schemic colitis in psychiatry

ntroduction

’incidence de la colite ischémique (CI) chez les patientstteints de pathologie psychiatrique n’est pas connue. Unenquête par voie postale, suivie d’un entretien, a été menéeuprès des praticiens du centre hospitalier spécialisé (CHS)e Caen, pour retrouver les patients hospitalisés entre 1992t 2005 et ayant présenté une CI. L’objectif était d’évaluer’incidence de la CI dans l’établissement et d’en rechercheres facteurs favorisants.

ésultats

ur 27 112 patients admis durant cette période (sex-ratio/F : 1,07), le diagnostic de CI a été retenu chez huitommes et trois femmes, d’âge moyen 48 ans [min 27—maxi0], hospitalisés depuis en moyenne 12 ans [min 1—maxi1] pour une affection psychiatrique grave (schizophré-ie [n = 5], arriération mentale [n = 4], dépression [n = 1],sychose maniacodépressive [n = 1]). Les manifestations cli-iques étaient le plus souvent brutales et intenses (diarrhéen = 8], douleur abdominale [n = 7], vomissements [n = 6],ectorragie [n = 2], syndrome occlusif [n = 2]). Le diagnos-ic était histologique dans huit cas, parmi lesquels un seulatient présentait la triade typique d’Abell et Russel (dou-eurs abdominales + diarrhées + rectorragies). Dans les troisutres cas, il était clinique et endoscopique. La topogra-hie était le plus souvent gauche (8/11). Un seul patientvait des facteurs de risque cardiovasculaire (dyslipidémie,urpoids et tabac) et un seul avait un antécédent de CI. Septatients étaient constipés (Tableau 1), aucun traitementaxatif n’était renseigné. Dans huit cas sur 11, il s’agissait’une forme grave chirurgicale nécessitant une colectomieubtotale avec sigmoïdostomie et iléostomie. Deux patients

ont décédés, cinq ont eu un rétablissement de la continuitét un a conservé une stomie. Dans trois cas, le traitementtait médical. En l’absence de classification validée dans laittérature, nous avons élaboré une échelle qui nous a sem-lée logique pour attribuer un degré de gravité à chaque cas

FnRo

399-8320/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits roi:10.1016/j.gcb.2008.02.001

e CI :

colite ayant conduit au décès du patient (gravité 4, n = 2patients) ;pancolite avec état de choc (gravité 3, n = 3) ;pancolite sans état de choc (gravité 2, n = 3) ;colite segmentaire d’évolution favorable sous traitementmédicamenteux (gravité 1, n = 3).

Dix patients sur 11 étaient traités par un ou plusieurseuroleptiques (NL) au moment de la CI dont au moinsne phénothiazine, à des posologies maximales pour septatients, pendant une durée de traitement de 9,5 ans enoyenne (de deux à 20 ans) (Tableau 1). Le patient sans NL

tait constipé chronique. Il existait une corrélation signifi-ative entre le nombre de NL administrés à la date de la CI ete degré de gravité de la CI (rho = 0,908 ; p < 0,001 ; Fig. 1).

igure 1 Relation entre le degré de gravité de la CI et leombre de NL administrés au patient (n = 11 patients).elation between gravity score of ischemic colitis and numberf NL administered to patients (n = 11 patients).

éservés.

Page 2: Les colites ischémiques en psychiatrie

Lettreà

larédaction

579

Tableau 1 Traitement médicamenteux, constipation et degré de gravité de la CI.Medicinal treatment, constipation and gravity score of ischemic colitis.

Numéropatient

Traitement médicamenteuxau moment de la CI

Constipationau momentde la CI

Degré degravité de laCI

Neuroleptiques Correcteurs anticholinergiques Autres anticholi-nergiques

Spécialité/posologie Classe Durée dutraitement

Spécialité/posologie Durée dutraite-ment

1 — — — — — — Oui 12 Nozinan® 100 mg/j po Phénothiazine 7 ans — — — Non 13 Risperdal® 5 mg/j po

puisLeponex® 425 mg/j popuisPiportil L4® i.m200 mg/2 sem

BenzisoxazolepuisDibenzodiazépinepuisPhénothiazine

4 anspuis2 anspuis10 mois

Lepticur® 10 mg/j 6 ans — Oui 1

4 Nozinan® 250 mg/j po Phénothiazine 4 ans Akineton® 4 mg/jLepticur® 10 mg/j

2 ans3 semaines

Anafranil®

75 mg/jDepuis 3 ans

Non 2

5 Nozinan® 250 mg/j poModiten® 300 mg/j po

PhénothiazinePhénothiazine

2 ans6 mois

Lepticur® 20 mg/j 2 ans — Oui 2

6 Haldol® 24 mg/j poLargactil® 450 mg/j po

ButyrophénonePhénothiazine

7 ans7 ans

Lepticur® 10 mg/j 7 ans — Oui 3

7 Haldol® 2 mg/j poNozinan® 200 mg/j po

ButyrophénonePhénothiazine

17 ans17 ans

Artane® 5 mg/j 17 ans — Oui 3

8 Nozinan® 300 mg/j poThéralène® 25 mg/j poTerfluzine® 300 mg/j po

PhénothiazinePhénothiazinePhénothiazine

7 ans7 ans6 mois

— — — Oui 3

9 Nozinan®

Dogmatil®

Tercian®

PhénothiazineBenzamidePhénothiazine

20 ans20 ans20 ans

— — — Oui 3

10 Haldol® 2 mg/j poNozinan® 300 mg/j poLoxapac 150 mg/j poDroleptan® 30mg/j po,

ButyrophénonePhénothiazineDibenzodiazépineButyrophénone

5 ans5 ans5 mois1 mois

Lepticur® 20 mg/j 1 an — Non 4

11 Nozinan® 300 mg/j poModiten® 300 mg/j poTiapridal® 300 mg/j po

PhénothiazinePhénothiazineBenzamide

20 ans20 ans20 ans

Lepticur® 30 mg/j 20 ans — Non 4

Page 3: Les colites ischémiques en psychiatrie

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∗ Auteur correspondant.

80

ffets extrapyramidaux et chez un patient un antidépresseurricyclique. Poursuivis chez un seul patient, les NL étaientrrêtés transitoirement chez sept patients. Aucune récidive’a été observée pour une durée moyenne de suivi de 8,7 ansmin : trois ans, max : 14 ans, écart-type : 5).

iscussion

ne revue de la littérature portant sur quatre étudesécentes, menées selon des méthodologies différentes,ontre une incidence annuelle de la CI dans la population

énérale comprise entre 4,4 et 44/100 000 [1]. La moyennees incidences annuelles, égale à 45/100 000 dans notretude, se situe au niveau de la borne supérieure, accrédi-ant l’hypothèse du terrain psychiatrique comme facteur deisque, d’autant que les patients de notre étude s’avèrenttre plus jeunes que dans les autres études (48 ans enoyenne contre 60 à 75 ans [1]), sans terrain vasculairerédisposant. Aucune recherche de thrombophilie ni de car-iopathie emboligène n’avait été réalisée, [2,3] mais cesacteurs de risque n’étaient pas connus à l’époque où lesatients ont présenté une CI. Dans la majorité des cas, laI était étendue et gangréneuse, le plus souvent chirurgi-ale. Dans ce contexte d’urgence, le bilan étiologique étaitouvent négligé.

La corrélation entre le nombre de NL administrés et leegré de gravité de la CI suggère une toxicité directe desL. Cependant, le temps d’exposition au traitement NLe semble pas jouer de rôle et l’absence de récidive à laéintroduction des NL pour sept patients suggère que desofacteurs autres sont nécessaires tels que la constipationt la prise concomitante d’anticholinergiques. Le méca-isme le plus souvent évoqué est l’effet anticholinergiqueu traitement médicamenteux responsable d’une atonieigestive [4]. La majorité des patients recevait plusieursL, comme dans d’autres cas décrits en milieu psychia-rique [4]. Les phénothiazines, les dibenzodiazépines, laoxapine ont une action anticholinergique forte ; les cor-ecteurs des effets extrapyramidaux (sept patients sur 11)articipent à l’effet anticholinergique global du traite-ent. La constipation (sept patients sur 11), qui résultee l’effet parasympatholytique du traitement médicamen-eux et du mode de vie sédentaire des patients hospitalisés,erait responsable d’une distension digestive chroniquet d’une hyperpression intracolique pouvant conduire à’ischémie [6]. Par ailleurs, le blocage par les NL, quelleu’en soit la classe, des récepteurs DA1 dopaminergiquesésentériques, responsables de l’inhibition de la dilatation

éflexe des vaisseaux mésentériques contractés [5], pour-ait être impliqué, à l’origine d’une évolution rapide etrave.

onclusion

ans notre étude, l’incidence de la CI apparaît plus élevéen milieu psychiatrique que dans la population générale. LesL et la constipation semblent être deux facteurs de risque

Lettre à la rédaction

iés à la survenue de CI, le second justifiant une surveillanceédicale et un traitement laxatif systématique et efficace.

e plus souvent, il s’agit de formes gangréneuses chirurgi-ales mettant en jeu le pronostic vital de patients jeunes.a gravité de la CI, imposant l’hospitalisation directe en chi-urgie, ne devrait pas dispenser de la recherche de tous lesacteurs favorisants connus à ce jour.

éférences

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2] Koutroubakis IE, Sfiridaki A, Theodoropoulou A, KourourmalisEA. Role of acquired and hereditary thrombotic risk factorsin colon ischemia of ambulatory patients. Gastroenterology2001;121(3):561—5.

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L. Peyro Saint Paul ∗

B. MosquetCentre régional de pharmacovigilance de

Basse-Normandie, CHU de Caen,14033 Caen cedex 5, France

I. Hourmand-OllivierService de gastroentérologie, CHU de Caen,

14033 Caen cedex 5, France

D. PerrouxService intersectoriel de médecine polyvalente,

CHS de Caen, rue Caponière, 14000 Caen, France

R. MorelloUnité de biostatistique et recherche clinique,

CHU de Caen, 14033 Caen cedex 5, France

C. RobergeService pharmacie, CHS de Caen, rue Caponière,

14000 Caen, France

Adresse e-mail : [email protected](L. Peyro Saint Paul).

Disponible sur Internet le 20 mai 2008