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08/11/2010 Master 2 économie industrielle et veille stratégique | Claus Simon Innovation et Réglementation Environnementale LES CONSEQUENCES DE LA DIRECTIVE DEEE SUR LE SECTEUR DE LA MICRO-INFORMATIQUE

Les conséquences de la directive deee sur le secteur de la micro-informatique

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08/11/2010

Master 2 économie industrielle et veille stratégique | Claus Simon

Innovation et Réglementation

Environnementale

LES CONSEQUENCES DE LA DIRECTIVE DEEE SUR

LE SECTEUR DE LA MICRO-INFORMATIQUE

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:

Sujet : Les effets de la directive relative aux Déchets d’Equipements Electriques et

Electroniques1 sur le secteur micro-informatique (stratégie, modification de la politique…).

INTRODUCTION :

En 2003, les législateurs européens décident d’adopter une directive2 relative aux

Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE). Cette directive a été transposée

en droit français et mise en application par le décret n° 2005-829 du 20 juillet 2005. L’objectif

est d’apporter une réponse à la problématique du recyclage des appareils électriques et

électroniques.

Ainsi, depuis 2003, cette directive européenne DEEE impose aux fabricants et aux

importateurs d'équipements électroniques et électriques de prendre en charge les coûts de

ramassage et de traitement des déchets d'équipement électriques et électroniques.

Les EEE sont définis par la réglementation européenne comme étant des « équipements

fonctionnant grâce à des courants électriques ou à des champs électromagnétiques, ainsi que

les équipements de production, de transfert et de mesure de ces courants et champs ». Un

EEE devient un DEEE dès lors que son propriétaire l’a abandonné ou le destine à l’abandon

parce qu’il n’en a plus l’utilité.

On se situe dans des secteurs ou la nouveauté et l’innovation sont des caractéristiques très

importantes et des enjeux commerciaux et marketings de première importance.

L’obsolescence relativement rapide des produits entraine une réduction de la durée de vie de

ceux-ci et une accélération du taux de remplacement. Ce phénomène s’observe

particulièrement bien avec le téléphone portable. Chaque mois, un téléphone révolutionnaire

sort reléguant l’ancien à l’âge de pierre.

On a donc une croissance des déchets ce qui entraine certains risques quant à la préservation

de l’environnement. D’après l’ADEME3, « Chaque année, de 1,7 à 2 millions de tonnes de

déchets d’équipements électriques et électroniques sont générés par les entreprises et les

ménages. Ces déchets ont un taux de croissance élevé : de 3 à 5% par an ». De plus, ces

déchets peuvent contenir des matières très polluantes, voir toxiques (exemples : du cadmium,

du mercure, du plomb, de l'aluminium ou du cuivre).

Avec cette directive, le producteur est responsabilisé et se retrouve dans l’obligation de

modifier son comportement en prenant en compte la dimension environnementale.

Celui-ci est incité à opter pour une production durable notamment en intégrant à cette

production des composants facilement recyclables.

Dans ce travail, nous allons nous intéresser au secteur de la micro-informatique en cherchant à

connaitre les conséquences de cette directive sur ce secteur.

La micro-informatique désigne tout ce qui rentre en rapport avec les micro-ordinateurs. Un

micro-ordinateur est un ordinateur personnel (encore appelé ordinateur individuel). Celui-ci

est destiné à l'usage d'une personne et ses dimensions sont assez réduites pour tenir sur un

1 En anglais Waste Electrical and Electronic Equipment

2 La Directive 2002/96/CE

3 Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie

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bureau. L’arrivée de la micro-informatique et sa démocratisation ont eu pour effet d'introduire

l'informatique chez les particuliers, ce qui fait du micro-ordinateur, un produit de grande

consommation.

Longtemps considéré comme une industrie propre la micro-informatique et plus globalement

l’informatique se sont révélées être des industries très polluantes avec un impact

environnemental important. Les déchets engendrés par ce secteur appartiennent à la catégorie

trois du classement des DEEE qui regroupe les équipements informatiques et de

télécommunications.

Les produits de ce secteur évoluent très vite et peu de temps après achat sont considérés

comme obsolètes (2 à 5ans)4 et remplacés.

De plus, ceux sont des secteurs où l’on utilise beaucoup de produits toxiques et non-

biodégradables. Certains composants d’un ordinateur comme l’écran ou la carte électronique

sont très polluants et nécessitent des opérations de dépollution spécifiques. A titre d’exemple,

un ordinateur de bureau contient en moyenne 1,7 kilos de plomb, 50 grammes d'arsenic, de

chrome et de cobalt et 6,35 kilos de matières plastiques non dégradables.

L’objectif de la directive européenne est donc de limiter tout ces DEEE ainsi que leur

empreinte écologique. Dans ce travail, nous allons tacher d’analyser comment les acteurs du

secteur de la micro-informatique ont régit face à cette directive et tenter d’identifier les

stratégies de ceux-ci particulièrement en matière de conception et d’innovation. Ainsi, nous

pourrons voir si la directive DEEE incite réellement les entreprises de la micro-informatique à

produire « une informatique verte » (Green computing).

Le producteur de micro-informatique « éco-responsabilisé »

Comme nous l’avons dit précédemment, la directive DEEE impose aux producteurs

d'équipements électroniques et électriques de prendre en charge les coûts de ramassage et de

traitement des déchets d'équipement électriques et électroniques. Emmanuel Beaurepaire,

responsable des affaires publiques chez Recy'stem-Pro5, nous explique que « Par producteur,

il faut entendre l'entreprise qui met le produit sur le marché. Il peut donc s'agir de

l'importateur ».

Il est important de noter qu’aujourd’hui, l’environnement des firmes produisant de la micro-

informatique incite et même oblige ces firmes à adopter un comportement éco-responsable et

la directive DEEE n’est pas la seule incitation ou contrainte que l’on peut observer.

En effet, une démarche « écologique » s’impose de plus en plus aux sociétés produisant des

produits intégrant de l’électronique. Tout d’abord, ces firmes sont fortement sollicitées par la

mise en application de directives européennes environnementales en plus de la DEEE comme

la RoHS6, l’ISO 14001

7, la REACH

8 et la EuP

9 qui va généraliser l’éco-conception.

4 Selon une enquête de Greenpeace, le turn-over du matériel informatique est passé de 5 à 2 ans.

5 Un éco-organisme qui se charge, moyennant finances, de gérer les DEEE à la place des constructeurs et des

utilisateurs professionnels 6 La Restriction of the use of certain Hazardous Substances interdit l'usage du plomb, mercure, cadmium, ...

7 L’ISO 14001vise à garantir l'amélioration environnementale continue des fabricants

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Ensuite, on observe, depuis quelques temps, une multiplication des éco-labels, qui dans une

logique de signalisation, sont censés certifier du caractère écologique d’un produit. Pour ces

labels, la dimension "verte" d'un ordinateur ne se limite pas à sa consommation électrique

mais une conception écologique et la prise en compte de la valorisation des déchets (en

rapport avec la directive DEEE) sont toutes aussi importantes. Certains ordinateurs respectent

donc désormais des éco-labels tels que Blue Angel, Energy Star, TCO, EPEAT etc. Ceux-ci

peuvent être indépendants ou émaner directement des producteurs comme en témoigne le

consortium Green Grid (AMD, Intel, Microsoft, IBM...) qui vise à augmenter l'efficacité

énergétique des fabricants.

Cette pléthore d'appellations peut néanmoins laisser le consommateur dans une certaine

situation d’incertitude du fait de leur grand nombre et cette multiplication des labels ne l’aide

pas à avoir une vision précise de l'écologie appliquée aux composants informatiques.

Dans cette dynamique écologique, la directive DEEE oblige le producteur

à adopter un comportement éco-responsable. Avant la directive

2002/96/CE, le recyclage d’un produit du secteur micro-informatique

dépendait d’un organisme et les coûts étaient financés par l’état et les

collectivités locales. Cette pollution devient donc un coût pour la firme,

puisque c’est à elle de recycler le produit qu’elle vend. On retrouve dans

cette situation le principe de pollueur-payeur10

. La responsabilité du

recyclage est donc transférée au fabricant pour ce qui concerne les déchets ménagers et les

déchets professionnels mis sur le marché après le 13 août 2005.

Comme la directive 2002/96/CE instaure le principe de responsabilité du producteur celui-ci

est obligé de modifier sa stratégie et en particulier ses stratégies d’innovation et de production

ainsi que la conception de son produit. On a un instrument de type « command and control »

qui oblige le producteur à modifier son comportement et sa production.

De plus, opter pour un type de production dit vert peut devenir un argument efficace de vente.

Ainsi, intégrer des principes d’éco-conception et d’éco-innovation dans la conception du

produit est en passe de devenir (si cela n’est pas déjà le cas) cohérent voir inévitable avec un

objectif de maximisation du profit de la firme. Dès la conception du produit, le producteur va

devoir réfléchir à l’intégration de matériaux facilement recyclables.

L’éco-conception

implique de penser les produits « verts ».

8 La REACH porte sur l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques

9 L’Energy-using Products vise à réduire de 75% d'ici 2020 la consommation en veille des équipements de

bureau 10

Au final, c’est le consommateur qui paie puisque depuis le 15 novembre 2006 celui-ci paie une contribution

environnementale pour chaque nouvel équipement électrique et électronique qui correspond au coût de collecte

et recyclage des matériels.

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LES CONSEQUENCES DE LA DIRECTIVE DEEE SUR LES ENTREPRISES DE LA MICRO-

INFORMATIQUES

La directive DEEE oblige donc les entreprises à penser des produits respectueux de

l’environnement tout au long du cycle de vie de ceux-ci de leur genèse à leur mort (et surtout

après celle-ci).

Pour se faire, la firme doit réfléchir sur plusieurs niveaux. L’éco-conception consiste à

intégrer les problématiques environnementales dans la conception et la fabrication du produit.

Sous l’influence de réglementations, comme la directive DEEE, mais aussi dans une optique

marketing, plusieurs entreprises ont donc développé des programmes visant à faire de l’éco-

conception et de l’informatique verte et à en intégrer les principes.

Ainsi on retrouve des stratégies éco-responsables développées par certaines firmes comme le

programme design for environnement de HP, le programme Asset recovery services de Dell,

ou encore le programme Système de management environnemental global de Sony.

La réduction du cout environnemental lors de la fabrication du produit :

Tout d’abord, la firme peut chercher à maitriser ses coûts et à réduire les inputs

rentrant en compte lors de la fabrication du produit. Celle-ci entame une réflexion au niveau

de l’ensemble du processus de production.

La production d’un ordinateur de bureau de 24 kg nécessite au moins dix fois son poids en

combustibles fossiles et produits chimiques. Une équipe de scientifiques mandatée par l’ONU a établi

qu’au cours de sa production, un ordinateur de 24 kg consomme 1,8 tonne de matériaux : 240 kg

d’énergie fossile, 22 kg de produits chimiques et 1 500 litres d’eau. La principale cause de cette

consommation est la fabrication des microprocesseurs, qui nécessite de très importantes quantités

d’énergie et de produits chimiques.

Il s’agit donc pour le producteur d’opérer un « Greenwashing » au niveau du processus de

production. Des innovations de procédé peuvent être réalisées afin de réduire les coûts et

d’obtenir une production moins polluante.

Ensuite, une meilleure gestion des coûts et une politique d’achat adaptée aux besoins réels de

la firme permettront aussi de renduire cette consommation. Réfléchir à une consommation

plus raisonnée est importante dans un contexte où la course à la technologie pousse à des

achats informatiques et des moyens de fabrication toujours plus croissants.

A titre d’exemple, les constructeurs de puces Intel, AMD et SUN travaillent déjà sur

l’amélioration des performances tout en abaissant la consommation. En plus de réduire

l’impact environnemental, cette stratégie permet une baisse des coûts pour l’entreprise.

L’augmentation la duré de vie du produit et la réduction de sa consommation énergétique :

Les constructeurs du secteur de la micro-informatique ont aussi été amené à réfléchir à

comment augmenter le cycle de vie des produits tout en réduisant leur consommation

énergétique.

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Comme nous l’avons déjà expliqué la durée de vie des micro-ordinateurs tend à se réduire. La

recherche de technologies toujours plus performantes et d’innovations entraine un taux de

remplacement élevé. Les personnes ont tendance à se débarrasser rapidement de leurs produits

électroniques pour des appareils plus performants alors que les premiers ne sont pas morts.

Assurer une durée de vie plus longue des équipements et baisser leur taux de remplacement

permet une baisse des DEEE. Tout en essayant de rallonger ce temps les firmes vont aussi

tenter de produire des équipements moins voraces en énergie.

Par exemple, les écrans LCD qui apparaissent depuis quelques temps sur le marché dépensent

moins d´énergie par rapport aux écrans classiques. De plus, ceux ci ont l´avantage de ne pas

contenir de plomb.

Pour développer des équipements avec une consommation énergétique réduite et une durée de

vie plus longue, les producteurs (souvent en collaboration avec leurs sous-traitants)

réfléchissent au développement et à l’intégration de composants permettant ces économies.

Nous allons illustrer cette démarche en présentant trois exemples concrets et relativement

techniques.

Grâce à une faible consommation énergétique, le X3000 de Lenovo est un ordinateur portable

qui répond aux exigences du label Energy Star 4.0. Pour consommer moins, l’ordinateur

utilise un processeur Intel Core 2 Duo SL7100 cadencé à 1,2 GHz. Ce processeur

consommerait seulement 12 Wh (contre généralement 35 pour les processeurs destinés aux

PC portables). Il utilise également un stockage SSD pour réduire encore plus sa

consommation électrique.

On observe ici que le produit de base (l’ordinateur) a bénéficié d’innovations incrémentales

permettant une baisse de sa consommation énergétique. Ces innovations se font sur des

composants, des parties de l’ordinateur et améliore les performances générales de celui-ci.

Dans la même idée, HP a développé le RP5700. Le cycle de vie de ce PC de bureau est

optimisé pour cinq ans. Il respecte les principales normes de consommation énergétiques et de

conception : RoHS, WEEE, Epeat Gold (et donc Energy Star 4.0). Conformément au label

80Plus (intégré à Energy Star 4.0), le rendement de son alimentation électrique est supérieur à

80 %. Enfin, contrairement à la plupart des machines qui ne sont pas optimisées, son

empreinte énergétique est assez faible (63 watts/heure) contre 135 Wh en règle générale

Enfin, Fujitsu a présenté son modèle grand public Scaleo Li 2405 Green Edition recyclable à

90 % et consommant 20 à 30% d'énergie en moins qu'un PC traditionnel de même puissance.

Ainsi, l’innovation, dans le secteur micro-informatique, ne sert plus seulement à augmenter

les performances d’un ordinateur (résolution graphique, mémoire, etc.) mais elle doit aussi

permette d’obtenir des produits moins gourmands en énergie et dont la durée de vie

s’améliore.

Le développement de produits verts et recyclables :

L’enjeu principal de la directive DEEE reste le recyclage des déchets. Il s’agit donc de

penser des produits intégrant des composants non toxiques et facilement recyclables. Les

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concepteurs du secteur micro-informatique doivent

réfléchir en amont à des produits recyclables et plus

respectueux de l’environnement. La R&D est mis à

contribution pour obtenir des éco-innovations et les

concepteurs rivalisent d’imagination pour créer ces

produits verts.

Ainsi des marques comme Asus (EcoBook) ou Fujitsu ont

choisi de lancer leurs PC en bois. Ces firmes mettent en

avant un démarche écologique, en remplaçant le PVC et

les colles toxiques par du bambou, ou du cèdre. Les plastiques utilisés sont eux recyclés ou

d’origine végétale.

Bien évidemment l’ordinateur n’est pas entièrement composé de bois et entièrement faits de

produits « naturels » mais il symbolise bien cette démarche verte dans laquelle les firmes du

secteur s’inscrivent.

Le recyclage devient donc un objectif de premier ordre pour les firmes de la micro-

informatique. Il s’agit d’entamer une réflexion au niveau de la conception du produit et sur les

composants que l’on y intègre. Sous l’influence de la DEEE, les ordinateurs deviennent de

plus en plus recyclables du fait de l’intégration de produits moins polluants et l’utilisation de

matériaux verts.

Sony a ainsi adopté une démarche éco-responsable et propose depuis peu une version

écologique de son nouveau netbook. Le Vaio W21 dans sa version VPCW21M2E/WI intègre

désormais des matériaux recyclés (80% de ses pièces en plastique) et son emballage est

composé à 95% de matériaux recyclés. Il est à ce titre certifié Energy Star 5.0 et EPEAT

GOLD. Les produits sont améliorés dans le sens où ceux-ci deviennent plus facilement

recyclabes.

Dans la même idée que le pc en bois on trouve

une initiative intéressante avec le Recompute

PC : «le PC en carton ». En réalité, c’est le

boitier du Recompute PC qui est en carton.

Celui-ci est composé de matériaux recyclables,

non toxiques, fixés par de la colle blanche.

L’ordinateur dispose des éléments essentiels au

fonctionnement d'un ordinateur. On trouvera

ainsi un processeur, une carte-mère, de la

mémoire, un disque dur et une alimentation

c'est-à-dire, le stricte minimum. De plus, cette

tour est conçue pour supporter les vieux périphériques, avec ses huit ports USB facilement

accessibles. Tous ses éléments sont facilement démontables, sans outils (il n’y a pas de vis) et

chacun peut être indépendamment recyclé.

Les concepteurs de ce produit ont cherché à réaliser une machine ayant un très faible coût de

production, mais également un impact sur l'environnement qui soit minimalisé. Les fonctions

de cet ordinateur sont basiques et son utilité se réduit à celle d’un travail de bureau.

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Même si certaines interrogations demeurent au niveau des nuisances sonores, de la dissipation

thermique ou des performances de celui-ci, le Recompute pc répond clairement aux exigences

de la directive DEEE.

Ce type d’initiative rentre parfaitement en cohérence avec les objectifs de la directive DEEE.

Là encore, « l’intelligentsia » des créateurs et l’innovation ne sont plus seulement au service

de l’accroissement des performances des technologies mais aussi, servent à créer des

technologies plus facilement recyclables et dont l’empreinte environnementale est réduite.

Le développement de programmes de recyclages et de valorisation:

La valorisation d'un équipement informatique peut prendre

différentes formes : le re-conditionnement, le réemploi, le démantèlement

et le recyclage. Le re-conditionnement implique une modification de

certains composants de l'appareil pour améliorer ses performances. Le ré-

emploi désigne plutôt une simple remise en état. Dans les deux cas,

l'appareil est réutilisé pour sa fonction initiale, ce qui est le plus haut

niveau possible de recyclage.

Le re-conditionnement peu par exemple s’effectuer sur des cartouches d'encre.

Ces programmes vont de paire avec le développement d’une éco-conception et le producteur

doit réfléchir au recyclage et à la valorisation des DEEE au moment de la création du produit.

Comme nous l’avons déjà dit, la directive DEEE implique la reprise gratuite par les

distributeurs de matériels électriques et électroniques d’un appareil ancien pour tout achat

d'un équipement équivalent. Ensuite, Les fabricants devront à leur tour reprendre les DEEE

récupérés par les distributeurs et les collectivités locales.

En France, la collecte et la valorisation sont généralement opérées par des sous-traitants

spécialisés tels que Screlec, Ordi Recycling, Micronov, Environnement Recycling, EcoMicro

etc. Néanmoins, certains fabricants de matériel informatique à l’image de Dell et Hewlett-

Packard (HP) se sont déjà lancés dans des programmes mondiaux de recyclage et de

valorisation des DEEE. Ceux-ci ont décidé d’internaliser ces coûts en prenant en charge le

recyclage de leur DEEE. A titre d’exemple, HP possède deux usines de valorisation aux Etats-

Unis.

Nous allons maintenant étudier les politiques environnementales et stratégies de ces deux

leaders de la micro informatique que sont Dell et HP.

Comme d’autres entreprises du secteur Dell et HP ont été obligé de prendre en compte la

dimension environnementale dans leur stratégie et en particulier, réfléchir à la réduction des

DEEE et de leur impact environnementale. L’étude des ces entreprises est intéressante car

celles-ci avait prévu l’évolution de la réglementation et donc développent des politiques et des

programmes éco-responsables depuis un certains temps.

De plus, Dell et HP sont deux entreprises avec une dimension mondiale disposant de moyens

financiers importants ce qui permets de mettre en place des programmes de valorisation et de

recyclages à grande échelle.

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DELL

Comme d'autres constructeurs, Dell à depuis

longtemps initié des programmes en faveur du

développement durable et l'ensemble des usines Dell

dans le monde sont certifiées ISO 14001.

Chaque année, Dell se fixe des objectifs concrets afin de

limiter son impact sur l’environnement. La société agit

tout au long du cycle de vie des produits notamment

grâce à des stratégies d’éco-conception avec ses

ordinateurs et périphériques. Ces choix doivent permettre la réduction de la consommation

d’énergie de ses produits, l’élimination des substances nuisibles à l’environnement, la

contribution à l’efficacité du démantèlement et la réduction du poids des emballages.

Parmi les politiques mis en œuvre par dell on trouve un programme de réduction des

substances dangereuses. Les produits respectent les normes mis en place et anticipent même

sur les prochaines qui rentreront en vigueur à l’image des gammes Optiplex GX520 et 620.

Le principal programme éco-responsable de Dell est le programme Asset Recovery Services.

L’entreprise de micro-informatique offre à ses clients, qu'ils soient particuliers ou

professionnels, un service de recyclage des appareils en fin de vie tout système même non

Dell. Ce service propose aux clients de gérer, recycler ou revendre leurs matériels en

partenariat avec des prestataires audités par Dell et conformes aux réglementations en

vigueur. Le programme de collecte et recyclage de Dell a une dimension mondiale car celui-ci

fonctionne dans 57 pays. Bien que la directive DEEE ne soit qu’européenne, il existe d’autres

réglementations dans le monde. De plus, comme nous l’avons déjà dit, être éco-responsable

devient un argument de vente. Au cours de l’année 2007, Dell annonçait avoir recyclé plus de

46 000 tonnes d’équipements informatiques provenant de ses clients, soit une augmentation

de 20% par rapport à 2006.

Aux Etats-Unis, un classement, réalisé par l’Electronics TakeBack Coalition américaine, a

établi que Dell dispose du meilleur programme de recyclage de tous les fabricants de PC.

L’organisation a notamment examiné si une récupération des produits est possible partout

dans le pays, si le programme est efficace et transparent, si les entreprises peuvent y avoir

recours et enfin si la réutilisation de pièces est stimulée. Dell a obtenu une note 'B', la plus

élevée de tous les fabricants de PC, mais aussi des fabricants de téléviseurs, d’imprimantes et

de consoles de jeu.

Ainsi, Dell a su développer une politique écologique permettant de répondre efficacement aux

exigences de la directive DEEE allant même jusqu'à recycler des produits qui ne sont pas de

la marque.

Hewlett-Packard :

Depuis une vingtaine d’années, HP a fait le choix de s’engager dans une démarche

éco-responsable ce qui fait de cette entreprise informatique un précurseur dans le domaine. Le

programme de Conception pour l’Environnement (Design for Environment) a été élaboré avec

l’objectif de réduire l’impact environnemental des produits tout au long de leur cycle de vie.

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Les priorités de ce programme sont la consommation énergétique, les matériaux et le

recyclage. HP a donc commencé à développer ce programme il y a 20 ans, cette stratégie

permet, aujourd’hui, à l’entreprise de bénéficier d’une certaine expérience en ce qui concerne

le traitement des DEEE et l’éco-conception. Comme Dell, HP ne retraite pas que ses propres

déchets et s’occupe de déchets provenant de concurrents du secteur.

En 2002, HP s'est investi avec Braun, Electrolux et Sony dans l'European Recycling Platform,

dont l'objectif est de créer un modèle efficace de récupération et de traitement des DEEE en

Europe.

La firme a également mis en place le Planet Partners, qui est un programme important

permettant le recyclage des cartouches laser.

Au final, HP a collecté 114 000 tonnes de DEEE en 2007 et a même reçu les félicitations de

Greenpeace pour son attitude éco-responsable.

Nous venons donc de voir deux entreprises qui ont choisi d’adopter un comportement éco-

responsable relativement tôt. On observe des stratégies environnementales que l’on qualifiera

de proactives. Avant la mise en pace de normes et de réglementations environnementales Dell

et HP avaient déjà pris des mesures pour réduire leur impact environnemental.

CONCLUSION :

La directive DEEE a donc incité et obligé les grands assembleurs et producteurs du

marché de la micro-informatique (HP, IBM, Dell, SUN, etc.) à travailler sur la réduction de

l'impact environnemental tout au long du cycle de vie de leurs produits notamment grâce à la

réduction des DEEE ainsi que leur recyclage.

L’évolution du cadre réglementaire a entrainé une modification de la stratégie des firmes

notamment en matière d’innovation. Sur un marché où l’évolution et l’amélioration

performances des technologies sont des atouts compétitifs dont la survie de la firme dépend,

la directive européenne a contraint les firmes du secteur à intégrer la dimension

environnementale. L’innovation n’est plus seulement là pour améliorer les performances du

produit mais aussi pour réduire son impact environnemental. La réglementation DEEE a donc

eu pour effet d’obliger les firmes produisant de la micro- informatique de développer une

R&D environnementale et de créer des éco-innovations.

Deux nouveaux termes ont ainsi fait leur apparition dans le vocabulaire des constructeurs

informatiques : éco-conception et informatique verte. Il s'agit pour les firmes du secteur

d'intégrer les problématiques environnementales dès la création des produits : choix de

composants économes et recyclables, limitation des matériaux toxiques, facilité du

démantèlement en vue du recyclage, réduction des emballages, etc. Même si les micro-

ordinateurs restent encore polluants et engendrent de nombreux déchets, la directive DEEE a

permis de faire de la réduction de la quantité de DEEE, de leur meilleure valorisation et de la

traçabilité du devenir des produits des enjeux clefs.

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SOURCES :

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(site internet de HP rubrique éco solutions)

www.indexel.net : Dossier sur l’informatique verte

www.rsenews.com : La Directive DEEE - Déchets d'équipements électriques et

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