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 1 Les défenses de Paris 1840-1940 Cette évocation s’appuie sur la ressource des collections du Musée du génie.  La fortification des villes répond, dans les temps anciens, à l’insécurité généralisée. Paris n’échappe pas à ce phénomène. La consolidation de l’autorité royale, l’édification du ‘’Pré carré’’ , rendent ces fortifications coûteuses en entretien et, finalement, obsolètes. Louis XIV les condamnera. Mais les invasions de 1814 et de 1815 livrent la capitale sans capacité de défense aux armées coalisées. Le débat sur l’utilité de la fortification des villes  est relancé, conduisant à l a décision de ‘’re- f ortifier’’ la capitale. De 1840 à 1940, deux enceintes et une ligne fortifiée couvriront Paris à des distances qui s’accroîtront avec les performances de l’artillerie. Le développement de l’aviation scelle leur sort au début de la Seconde Guerre mondiale. I - Les enceintes anciennes   de Lutèce au Paris de la Révolution Le réduit gallo-romain - Au IV e  siècle, la création d’un réduit sur la partie est de l’île de la Cité répond aux invasions barbares. 9 hectares sur les 52 que compte Lutèce (8.000 habitants) sont ceints d’une muraille qui contrôle les deux ponts. La première enceinte médiévale -  Après le s iège de 8 85 par les Vikings, les faubourgs de la rive nord sont protégés par un fossé et un talus couronné d’une palissade en bois.  L'enceinte de Philippe Auguste - Edifiée de 1190 à 1213, de part et d'autre de la Seine, la muraille enclot 253 hectares (50 000 habitants). Flanquée de 67 tours, elle est percée de 13 portes ou poternes et inclut le château du Louvre. La partie septentrionale est renforcée à plusieurs reprises.  L'enceinte de Charles V étend la précédente sur la rive nord à partir de 1356. La population est alors de 200 000 habitants. La Bastille, qui protège la Porte St-Antoine, est achevée en 1383. Paris subira 7 sièges lors de la guerre de Cent Ans dont un par Jeanne d’Arc en 1429 . La fortification bastionnée s’impose aux points clés de la défense. Les trois premiers bastions sont construits de 1553 à 1559 au nord de la Porte St-Antoine en raison de la menace espagnole. En 1566, lors des Guerres de religion, un front de six bastions incorpore les faubourgs ouest et nord- ouest. Amélioré par Richelieu de 1630 à 1635, il est nommé enceinte de Louis XIII ou, plus communément, enceinte des Fossés jaunes en raison de la couleur des terrassements. Les portions d’enceintes médiévales désormais inutiles sont progressivement démolies et urbanisées. Paris ville ouverte - Louis XIV, chassé de Paris lors de la Fronde, fait raser les enceintes médiévales qu’il estime inutiles  de 1668 à 1705. Elles sont remplacées par un boulevard : le ‘’Nouveau-Cours’’. Quatre portes reçoivent des arcs de triomphe à la gloire du Roi. Le mur des fermiers généraux - Sous Louis XVI, le ministre Calonne fait entourer la ville d’un mur destiné, non pas à la défense, mais à la perception de l'octroi, taxe prélevée sur les marchandises entrant dans la ville, d’où son nom. Ce mur disparait lors de l'extension de Paris en 1860.  II - La ‘’re-fortification ’’ de la capitale La chute de Napoléon I er  en 1815 a montré que l’obsolescence des fortifications aux frontières rendait la capitale vulnérable. Il fallait donc à nouveau barrer les voies d’invasions. Paris, Lyon, Tours et Chalons-sur Marne devaient être fortifiés mais la décision est sans cesse reportée 1 , priorité étant accordée à la reconstitution des forces et la modernisation des places frontalières. 1  Seuls Paris et Lyon seront fortifiés.

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    Les dfenses de Paris 1840-1940

    Cette vocation sappuie sur la ressource des collections du Muse du gnie.

    La fortification des villes rpond, dans les temps anciens, linscurit gnralise. Paris nchappe pas ce phnomne. La consolidation de lautorit royale, ldification du Pr carr, rendent ces fortifications coteuses en entretien et, finalement, obsoltes. Louis XIV les condamnera. Mais les invasions de 1814 et de 1815 livrent la capitale sans capacit de dfense aux armes coalises. Le dbat sur lutilit de la fortification des villes est relanc, conduisant la dcision de re-fortifier la capitale. De 1840 1940, deux enceintes et une ligne fortifie couvriront Paris des distances qui saccrotront avec les performances de lartillerie. Le dveloppement de laviation scelle leur sort au dbut de la Seconde Guerre mondiale.

    I - Les enceintes anciennes de Lutce au Paris de la Rvolution

    Le rduit gallo-romain - Au IVe sicle, la

    cration dun rduit sur la partie est de lle de la Cit rpond aux invasions barbares. 9 hectares sur les 52 que compte Lutce (8.000 habitants) sont ceints dune muraille qui contrle les deux ponts.

    La premire enceinte mdivale - Aprs le sige de 885 par les Vikings, les faubourgs de la rive nord sont protgs par un foss et un talus couronn dune palissade en bois.

    L'enceinte de Philippe Auguste - Edifie de 1190 1213, de part et d'autre de la Seine, la muraille enclot 253 hectares (50 000 habitants). Flanque de 67 tours, elle est perce de 13 portes ou poternes et inclut le chteau du Louvre. La partie septentrionale est renforce plusieurs reprises.

    L'enceinte de Charles V tend la prcdente sur la rive nord partir de 1356. La population est alors de 200 000 habitants. La Bastille, qui protge la Porte St-Antoine, est acheve en 1383. Paris subira 7 siges lors de la guerre de Cent Ans dont un par Jeanne dArc en 1429.

    La fortification bastionne simpose aux points cls de la dfense. Les trois premiers bastions sont construits de 1553 1559 au nord de la Porte St-Antoine en raison de la menace espagnole. En 1566, lors des Guerres de religion, un front de six bastions incorpore les faubourgs ouest et nord-ouest. Amlior par Richelieu de 1630 1635, il est nomm enceinte de Louis XIII ou, plus communment, enceinte des Fosss jaunes en raison de la couleur des terrassements. Les portions denceintes mdivales dsormais inutiles sont progressivement dmolies et urbanises.

    Paris ville ouverte - Louis XIV, chass de Paris lors de la Fronde, fait raser les enceintes mdivales quil estime inutiles de 1668 1705. Elles sont remplaces par un boulevard : le Nouveau-Cours. Quatre portes reoivent des arcs de triomphe la gloire du Roi.

    Le mur des fermiers gnraux - Sous Louis XVI, le ministre Calonne fait entourer la ville dun mur destin, non pas la dfense, mais la perception de l'octroi, taxe prleve sur les marchandises entrant dans la ville, do son nom. Ce mur disparait lors de l'extension de Paris en 1860.

    II - La re-fortification de la capitale

    La chute de Napolon Ier

    en 1815 a montr que lobsolescence des fortifications aux frontires rendait la capitale vulnrable. Il fallait donc nouveau barrer les voies dinvasions. Paris, Lyon, Tours et Chalons-sur Marne devaient tre fortifis mais la dcision est sans cesse reporte

    1, priorit tant

    accorde la reconstitution des forces et la modernisation des places frontalires.

    1 Seuls Paris et Lyon seront fortifis.

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    Les tudes, entreprises ds 1818, tranent en longueur et ne permettent pas de trancher entre deux conceptions : faut-il faire de Paris une place au rle essentiellement dfensif ou un camp retranch ayant double vocation dfensive et offensive ? La polmique qui oppose les tenants de lenceinte continue ceux de la couronne de forts dtachs dborde dans la presse. En 1832, sur le constat quaucune des deux solutions nest satisfaisante, le compromis simpose.

    Les Commissions de dfense de 1836 et de 1839 prconisent la ralisation des deux systmes de dfense. Cependant le projet de loi sur les fortifications doit tre remis plusieurs reprises en raison de lopposition rpublicaine. Avec le soutien actif du roi, Thiers russit le faire adopter en 1841. Un crdit de 140 millions est accord. L'enceinte de Thiers La conception est luvre des gnraux Valaz et Bernard. Lexcution est confie au gnral Dode de la Brunerie, directeur suprieur de Travaux de fortification de Paris. Les fortifs sont construites de 1841 1844, englobant 7 802 hectares.

    Buste du gnral Dode de la Brunerie

    A voir, au muse : Buste du gnral Dode de la Brunerie Carte de lenceinte de Thiers

    Espace chronologique XIXme sicle

    Lenceinte urbaine, dune priphrie de 37 km, comprend 94 bastions dont 11 sont pourvus de casernes. Elle compte 17 portes, 23 barrires, 8 passages de chemins de fer, 5 passages de rivires et canaux, 8 poternes. La dfense est organise en 9 secteurs militaires.

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    La ceinture de forts, systme d'ouvrages dtachs inspir de Montalembert

    2, constitue une premire ligne de

    dfense, deux trois kilomtres en avant de lenceinte urbaine. Elle devait mettre Paris labri des bombardements, mais adapte pour une porte pratique des canons tir direct de 1200 mtres, elle est rapidement dpasse par les progrs de lartillerie. Elle comprend 16 forts et 11 ouvrages complmentaires. De forme trapzodale ou pentagonale 4 ou 5 bastions portant des batteries ciel ouvert et des lunettes simples comme ouvrages extrieurs, les forts accueillent une ou plusieurs casernes deux ou trois tages et un magasin poudre autour dune vaste cour.

    Plan du fort de Nogent

    Pour des raisons de politique intrieure, lartillerie de 2180 pices est, pour une large part, entrepose Bourges et ne serait mise en place quen cas de guerre.

    Le sige de Paris 1870-1871

    Tout est remis en cause par lavnement de lartillerie moderne partir des annes 1860. Mais il faut attendre le sige de Paris par les Prussiens pour en avoir la dmonstration. Leur artillerie de sige, dont les canons daciers rays chargement par la culasse portent jusqu 12 kilomtres, bouleverse les forts et frappe les quartiers priphriques de Paris sans crainte de riposte de son homologue franaise, totalement surclasse.

    Lenceinte de Thiers est dtruite de 1919 1929.

    III - Le camp retranch de Paris 1874-1918.

    Aprs la dfaite de 1870, la question de la fortification se pose nouveau. Elle est rsolue en 1874 par ladoption du systme Sr de Rivires

    3. Cette organisation dfensive concerne non seulement

    lensemble des frontires mais galement des places anciennes modernises de seconde ligne. Les dfenses de la capitale seront donc modernises.

    A voir, au muse Buste du gnral Sr de Rivires Portefeuille du Prsident du Comit des fortifications IIme Empire

    Espace chronologique XIXme sicle

    voir Fiches : Le redressement militaire de la France saccompagne du renouveau de la fortification permanente - Le systme Sr de Rivires Le systme Sr de Rivires modernis - 1885-1918

    Le camp retranch de Paris (CRP) est protg par une nouvelle ceinture de forts qui met la capitale hors de porte de lartillerie. Les forts de la ceinture de Thiers sont dvolus au soutien de la nouvelle ligne de dfense.

    Celle-ci, longue de 126 km, nest pas ferme car trop coteuse. Comme sur les frontires du Nord-Est, la dfense, qui sappuie sur les reliefs du Bassin parisien, est organise en trois rideaux dfensifs. Les troues (intervalles) tenues par les forces en campagne permettraient de manoeuvrer lennemi qui sy engagerait. Les 18 forts type 1874 et la plupart des ouvrages sont achevs en 1885. Ces forts, de forme polygonale simplifie, sont essentiellement des plateformes pour la nouvelle artillerie longue porte de Bange construites en maonnerie et terres profiles. Ils seront progressivement desservis par des rseaux ferrs voie troite relis aux rseaux ferrs de petite et de grande ceinture

    4.

    2 Le marquis de Montalembert (1714-1800), officier dartillerie, propose une alternative la fortification bastionne laquelle il reproche de

    laisser lartillerie dcouvert. Il prne la fortification perpendiculaire ( laxe dattaque de lennemi) o lartillerie est protge en casemates. La fortification prsente un trac polygonal. Il prconise, en outre, des ensembles fortifis, extrieurs aux places dont ils barreraient les accs. Ses thories, cartes en France jusqu la Restauration, connurent un certain succs ltranger (Fort de lEsseillon en Savoie, notamment).

    3 Le gnral Sr de Rivires (1815-1895) Polytechnicien, officier du gnie, a travaill aux fortifications de Toulon, de Metz et de Lyon et a command le gnie de l'Arme de l'Est en 1870. Secrtaire du Comit de Dfense puis directeur du gnie au ministre de la Guerre en 1874, il conoit puis met en uvre le systme qui porte son nom.

    4 Lquipement en voies troites (systmes Pchot et Decauville) sera parachev lors de la mise sur pied de guerre du CRP en 1914.

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    Sucy-en-Brie, fort de de premire gnration, non modernis.

    A gauche : Lentre, caractristique, battue par le feu de galeries de fusillade. Le foss sous les feux de revers dune galerie de contrescarpe et de deux caponnires.

    Au centre : Plateforme dartillerie (pour 2 pices de Bange de 120 ou de 155 mm) protge par un parapet de terre et des traverses et desservie par une voie de communication circulaire.

    A droite : Seule vritable protection pour les artilleurs : la traverse-abri .

    Mais partir des annes 1880, les progrs raliss dans le domaine de lartillerie notamment5,

    rendent les forts obsoltes. De 1883 1886, la crise de lobus-torpille bouleverse les certitudes. La modernisation des forts passe par lenfouissement des structures, la construction en bton

    6 et la

    mise de larmement sous blindage7. Leffort financier consentir est norme, il sappliquera

    essentiellement aux dfenses des frontires Nord-Est et du Sud-Est. Les places de seconde ligne et les dfenses de la capitale sont peu concernes. En 1884, 5 forts

    8 reoivent une tourelle rotative en

    fonte Mougin Mle 1876 pour deux pices de 155 mm Mle 1877 de Bange dune porte de 7 500

    mtres.

    5 Avec les dcouvertes de la poudre sans fume (la nitrocellulose) et de lexplosif brisant (la mlinite) et les progrs de la mtallurgie,

    lefficacit de lartillerie saccrot considrablement. Les constructions de maonnerie, mme enterres, sont condamnes, plus forte raison les plateformes dartillerie.

    6 Le bton est dcouvert dans les annes 1890, il est rapidement arm. 7 Trmies pour lartillerie en casemate, tourelles rotatives puis clipse. La sidrurgie faisant des progrs spectaculaires, les premiers

    blindages en fonte cdent rapidement le pas aux aciers spciaux. 8 Forts de Domont, Stains, Vaujours, St-Cyr, Villeneuve St Georges.

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    En 1911-1912, un plan de modernisation est tudi. Il prvoit larmement de 14 forts, essentiellement des rideaux Nord et Est, avec une trois tourelles-mitrailleuses et pour certains une deux tourelles pour 2 canons de 75, la fermeture des intervalles par des centres de rsistance avec des abris btonns pour l'infanterie et des batteries hors des forts. La dpense est estime 40 millions de francs. Le projet ne sera finalement pas excut pour ce qui concerne les forts.

    En 1913, la doctrine de larme franaise est offensive et la dsaffection pour les fortifications ne favorise pas la mise en uvre du camp retranch. Le plan de dfense est rvis, mais minima par le gnral Michel, gouverneur de Paris. Un dlai de 40 jours aprs louverture des hostilits est ncessaire pour la monte en puissance du camp retranch, notamment pour lexcution des travaux de campagne (abris, tranches, emplacement de batteries) sur la ligne de dfense extrieure. Le camp retranch de Paris pendant la Premire Guerre mondiale

    En 1914, le camp retranch de Paris est command par le gnral Gallieni. Les travaux de dfense sont lancs ds la dclaration de guerre. Loffensive allemande daot 1914 dbordant le camp retranch, lartillerie du CR na, en aucun point, eu loccasion dintervenir, mais les dfenses de Paris ont permis le regroupement et le dploiement de larme Maunoury dont la contre-attaque partir du 6 septembre permettra la victoire de la Marne

    9.

    Avec la guerre de position, les forts sont partiellement dsarms afin de pallier au dficit initial en artillerie lourde de larme franaise. Avec le dveloppement rapide de la menace arienne, la mission des forts volue. Ils reoivent des batteries de DCA (dfense contre avions) et des dispositifs de reprage des aronefs.

    En 1917, alors que les Allemands multiplient les raids nocturnes de bombardiers Gotha sur la capitale, lEtat-major gnral des armes fait tudier des leurres afin de dsorienter les avions ennemis. Il sagit de procds de dception

    10 simulant Paris. Le site de Villepinte-Sevran-Roissy est retenu et

    quip dune fausse Gare de lEst. Des points caractristiques comme le grand canal du chteau de Versailles sont camoufls. Ils seront les seules ralisations de ce projet ambitieux et, sans doute vain, mais on ne connat aucun bilan de son efficacit.

    IV - La dernire fortification permanente : la ligne Chauvineau

    En 1930, alors que la France est dcide quiper ses frontires dune ligne fortifie moderne, la constitution d'une ligne de dfense pour protger Paris fait nouveau lobjet dtudes. Mais la ligne Maginot et la mcanisation des forces mobilisent tous les efforts et, pour ce qui concerne la capitale, rien ne se concrtise. Un trac a t retenu mais, en 1938, le gnral Billotte, gouverneur militaire de Paris, en demande le raccourcissement (de 250 km 150 km) afin de tenir compte du volume de forces quil sera possible de lui affecter.

    Linvasion de la Pologne par la Wehrmacht a rvl la vulnrabilit de la capitale un raid blind venu du Nord. Tant que le rarmement du pays nest pas achev, la fortification semble la meilleure parade. Le gnral Chauvineau

    11, directeur du Gnie de la rgion de Paris, sous lautorit du gnral

    Hring, gouverneur militaire de Paris, est missionn pour sa ralisation.

    Sa construction tale sur 9 mois, le gros uvre est achev en mars 1940. 262 casemates ont t coules, 23 km de fosss antichars creuss, les ponts mins et des zones inondables amnages sur les cours de la Nonette et de la Grivette.

    9 Le dlai prvu pour la mise en dfense du CRP n'a pas pu tre tenu. Lachvement des travaux sest tale jusquen mai 1915. Aprs la

    victoire de la Marne et la stabilisation du front une centaine de kilomtres au nord de Paris, larmement du CRP ne figurait videmment pas dans les priorits de lEtat-major gnral.

    10 La dception consiste tromper lennemi et lamener la faute. Il peut sagir de dsinformation, dintoxication, de leurres (cas du faux Paris), de diversions. Lopration de dception Fortitude destine leurrer les Allemands sur le site retenu pour le dbarquement en France en 1944 est la plus clbre. Elle a combin tous les moyens daction de la dception (fausses informations diffuses par la Rsistance, fausse arme Patton, activit arienne dbordant largement le point dapplication retenu, )

    11 Le gnral Chauvineau, officier du gnie, a t professeur de fortification lEcole suprieure de Guerre aprs la Premire Guerre mondiale et a command lEcole militaire et dApplication du Gnie de Versailles. Il a expos ses thories sur la fortification dans un ouvrage paru en 1939 aux Editions Berger-Levrault : Une invasion est-elle encore possible ?, prfac par le Marchal Ptain. En dsaccord avec la politique qui a conduit la construction de la ligne Maginot, il est favorable la construction douvrages de campagnes sappuyant sur des petites casemates btonnes, difies selon les besoins de la manuvre densemble.

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    La ligne sappuie sur les coupures de lOise, de la Nonette, de la Grivette, de lOurcq et de la Marne et de fosss antichars sur les plateaux. Elle se limite la ligne principale de dfense. Celle-ci est essentiellement constitue de petites casemates de type STG

    12

    groupes en centres de rsistance (CR) et demplacements de batteries non arms, les troupes charges de la dfense devant lquiper avec leur armement organique (canons de 25 mm anti-char, mitrailleuses).

    Juin 1940, lultime coup darrt

    Aprs la perce Allemande qui a conduit lvacuation de Dunkerque et la destruction des armes allies du Nord, larme franaise, diminue, sest rorganise sur la ligne Weygand. Celle-ci est enfonce du 5 au 11 juin sur la Somme et sur le Chemin des Dames.

    Le 6 juin, les inondations de la ligne Chauvineau sont mises en uvre. A partir du 9 juin, 15 divisions dinfanterie franaises, en retraite, occupent la position.

    Les premiers combats ont lieu le 10 juin, louest du dispositif, en avant de LIsle-Adam. Le 11, les ponts sont dtruits et le contact avec lennemi est tabli sur lensemble de la ligne. Les Allemands attaquent vigoureusement lest dans le secteur dOrmoy-Villers et de Rosires et sont rejets par des contre-attaques. Le lendemain, ils conquirent une tte de pont sur lOise lIsle-Adam aprs trois tentatives de franchissement repousses. Au soir, le gnral Weygand donne lordre de repli aux troupes menaces dtre dpasses aux deux ailes. Le 14, Paris est dclar ville ouverte.

    Pour conclure :

    Les possibilits de manuvre par la troisime dimension, lefficacit des moyens dobservation et des armements rendent caduques les systmes de fortification permanente ds le dbut de la Seconde Guerre mondiale. Tout au plus permettent-ils de prserver des effectifs et de gagner des dlais. Lutilisation, au prix damnagements par le gnie-combat, de zones urbaines, dobstacles naturels, de zones de parcours difficiles : massifs forestiers, escarpements, coupures, savre, lexprience, dune grande efficacit. Les exemples ne manquent pas : le mur de lAtlantique, fortification permanente, perc ds le premier jour alors que le combat dfensif conduit par les Allemands dans le bocage normand a permis de contenir les Allis pendant plus dun mois, en dpit dun rapport de force sans cesse plus dfavorable et dune totale infriorit arienne.

    La contre-mobilit, composante de la manuvre, a clips la fortification permanente.

    Bibliographie :

    de Andia Batrice : Les enceintes de Paris - collection Paris et son patrimoine 2001, 262 pages, illustr.

    Le Halle Guy : Le Systme Sr de Rivires ou le tmoignage des pierres - ditions Ysec 2007, 224 pages, 149 photographies.

    Ortholan Henri (colonel) : Le gnral Sr de Rivires. Le Vauban de la revanche - Paris, Bernard Giovanangelli, 2003, in-8, 621 pages, illustr. Bibliographie.

    "Le travail des officiers du Gnie dans la ralisation des forts du systme Sr de Rivires", Vauban, n119, pages 8-10, dessins.

    Morel P. : Le systme fortifi 1874-1885, Sr de Rivires , Gazette des Armes n 74, septembre 1979, pages 30-35, illustr.

    Contact : Association "A la dcouverte du FORT DE SUCY" 14 Place du Clos de Pacy - BP58 - 94370 Sucy en Brie Tl : 06 14 96 37 20 Email : [email protected] - Site Internet : http://defenseparis.fr

    12 STG : Service technique du Gnie. Les blockhaus de la ligne Chauvineau sont de mme nature que ceux raliss le plus souvent par

    MOM (main duvre militaire) dans les intervalles de la ligne Maginot.