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1 Les écrivains de Marine Didier Decoin Isabelle Autissier Jean-Michel Barrault Amiral Bellec Michel Déon Loïc Finaz Olivier Frébourg Hervé Hamon Titouan Lamazou Yves La Prairie Simon Leys Erik Orsenna Patrick Poivre d’Arvor Yann Queffélec Jean Raspail Jean Rolin Daniel Rondeau Jean-Christophe Rufin Sylvain Tesson

Les Ecrivains de Marine

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Dossier de presse officiel

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Les écrivains de Marine

Didier Decoin Isabelle Autissier Jean-Michel Barrault Amiral Bellec Michel Déon Loïc Finaz Olivier Frébourg Hervé Hamon Titouan Lamazou Yves La Prairie Simon Leys Erik Orsenna Patrick Poivre d’Arvor Yann Queffélec Jean Raspail Jean Rolin Daniel Rondeau Jean-Christophe Rufin Sylvain Tesson

 

 

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Les Ecrivains de Marine : des auteurs d’exception Les Ecrivains de Marine ont été fondés en 2003 à l'initiative de Jean-François Deniau, en partenariat étroit avec la Marine nationale. Ils ont pour vocation de favoriser la propagation et la préservation de la culture et de l'héritage de la mer. Ils rassemblent vingt écrivains d'origines diverses liés entre eux par la connaissance et la pratique de la mer. Ils se cooptent à l'unanimité et soumettent leur choix à l'agrément du Chef d'Etat-major de la Marine. En signant la convention qui les lie au ministère, les auteurs se sont engagés « à servir la marine, favoriser la propagation et la préservation de la culture et de l’héritage de la mer, et plus généralement la promotion de la dimension maritime de la France ». À l’instar du corps des Peintres Officiels de la Marine bien qu'ils soient érigés en association, les Ecrivains de Marine sont autorisés à porter l'uniforme lors des Rencontres avec la mer ou lorsqu’ils choisissent d’embarquer à bord des navires de la marine nationale. Ils sont assimilés au grade de Capitaine de frégate.

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Le groupe des Ecrivains de Marine est constitué de vingt personnalités hors du commun Didier Decoin (de l’Académie Goncourt, prix Goncourt 1977 et Président des Ecrivains de Marine, Isabelle Autissier (navigatrice et écrivain), Jean-Michel Barrault (journaliste et écrivain), Amiral Bellec (de l’Académie de marine, Historien et écrivain), Michel Déon (de l’Académie française), Loïc Finaz (capitaine de vaisseau), Olivier Frébourg (romancier et éditeur), Hervé Hamon, Titouan Lamazou, Yves La Prairie (de l’Académie de Marine), Simon Leys (membre de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique), Erik Orsenna (de l’Académie française, prix Goncourt 1988), Patrick Poivre d’Arvor, Yann Queffélec (prix Goncourt 1985), Jean Raspail (Grand prix du roman de l'Académie française 1981), Daniel Rondeau, ambassadeur de France à Malte et écrivain, Jean Rolin, Jean-Christophe Rufin (prix Goncourt 2001), Sylvain Tesson (Goncourt de la nouvelle 2010). Marie Dabadie, déléguée aux Ecrivains de Marine. Le groupe des Ecrivains de marine a été endeuillé cinq fois : Bertrand Poirot-Delpech est décédé le 14 novembre 2006, son Président fondateur Jean François Deniau est décédé le 24 janvier 2007 et Bernard Giraudeau est décédé le 17 juillet 2010, Michel Mohrt décédé en août 2011, Pierre Schoendoerffer décédé en mars 2012.

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Les Rencontres avec la mer 2004 à La Trinité-sur-Mer La première édition des Rencontres avec la mer s’est tenue sur le port et a réuni 15000 visiteurs. Les Ecrivains de Marine ont participé à des conférences, fait le récit de leurs aventures maritimes, et dédicacé leurs livres. Bernard Giraudeau, Yann Queffélec, Olivier Frébourg et Patrick Poivre d’Arvor ont lu des extraits de leurs livres. Une vente aux enchères des photographies de Philip Plisson a été organisée sous la tente des Ecrivains de marine, dont les recettes ont été versées à la SNSM. Les Rencontres avec la mer 2005 au Havre Sur le site du départ de la Transat Jacques-Vabre, un public nombreux et enthousiaste de plus de 20.000 visiteurs a pu rencontrer ces auteurs prestigieux, écouter leurs récits et faire dédicacer leurs livres dans une atmosphère conviviale.

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Les Rencontres avec la mer 2007 à Saint-Tropez Pour la troisième édition des Rencontres avec la mer, les Ecrivains de Marine ont choisi de faire escale à Saint-Tropez, dans le cadre des Voiles latines, afin de partager avec le public, leur passion de la littérature et de la mer. Isabelle Autissier, Jean-Michel Barrault, Amiral Bellec, Didier Decoin, Michel Déon, Olivier Frébourg, Bernard Giraudeau, Hervé Hamon, Yves La Prairie, Patrick Poivre d'Arvor, Yann Queffélec et Jean Raspail étaient présents à Saint-Tropez. Les temps forts de cette édition furent les rencontres avec les auteurs (Patrick Poivre d’Arvor, Isabelle Autissier, Didier Decoin, Michel Déon…), la lecture de Bernard Giraudeau et la présentation par les auteurs de l’ouvrage collectif des Ecrivains de Marine, Nos mers, nos océans (éditions des Equateurs). Des séances de signatures sont également prévues tout au long du week-end. Les Rencontres avec la mer 2008 à Vannes Un succès exceptionnel pour les Ecrivains de Marine, un premier Salon du Livre adjacent, le tout sous des tentes dressées au bas des remparts. Le Président Didier Decoin, Isabelle Autissier, Jean-Michel Barrault, l’Amiral Bellec, Michel Déon, Loïc Finaz, Olivier Frébourg, Yann Queffélec, Jean Raspail, Jean Rolin et Pierre Schoendoerffer étaient à Vannes pour une série de conférences, débats et lectures. 20.0000 personnes ont été comptabilisées par la Mairie de Vannes. Les Rencontres avec la mer 2009 à Concarneau Une foule s’est pressée sous les deux chapiteaux face au port et à la ville close pendant le week-end du 25 et 26 avril pour la cinquième édition des Rencontres avec la mer qui s’est tenu pendant le 25° Festival Livre et Mer de Concarneau. Tables rondes et conférences des Ecrivains de Marine : La mer en littérature, par le président Didier Decoin, Les grands aventuriers des mers et des lettres, par Michel Déon, Patrick Poivre d’Arvor et Jean Raspail. L’aventure au large, par Isabelle Autissier et Jean-Michel Barrault, La condition du marin au cinéma, par Pierre Scoendoerffer, Le Bugaled Breizh, par Yann Queffélec, Les marins et les ports, par Jean Rolin.

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Les Rencontres avec la mer 2009 à Vannes Les Ecrivains de Marine reviennent à Vannes, sous les remparts, les 20 et 21 juin. Les Rencontres avec la mer 2010 à Bayonne Les Ecrivains de Marine se sont retrouvés à Bayonne samedi 12 et dimanche 13 juin. La Belle-Poule les a accueillis sur la base navale de Bayonne, puis les Ecrivains de Marine se sont rendus sur le mail Chao-Pelletier où pendant les deux jours, ils ont donné des conférences sous une première tente et ont signé leurs ouvrages sous une seconde tente. La manifestation a accueilli près de 20.000 personnes pendant le week-end. Deux films, Les Caprices d’un fleuve, de Bernard Giraudeau et Le Crabe Tambour, de Pierre Schoendoerffer ont été projetés au cinéma L’Atalante. Les Rencontres avec la mer 2012 à Bayonne

Les Ecrivains de Marine se retrouveront sur le quai Edmond Foy samedi 23 et

dimanche 24 juin. Le Bélem sera à quai au milieu d’un rassemblement de vieux

gréements. Le film de Patrick Poivre d’Arvor Mon frère Yves sera projeté sous

le chapiteau samedi soir à 20h30.

http://www.bayonne.fr/actualites/55-agenda/949-escales-marines.html

Les Rencontres avec la Mer. Contact : Marie DABADIE, déléguée aux Ecrivains de Marine 199 Boulevard St Germain Paris 75007 Tel : 01 4046 88 11 06 07 01 69 18 [email protected]

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Notices biographiques Isabelle Autissier Isabelle Autissier n'est pas née au bord de la mer, mais dans la région parisienne. L'océan pourtant est au centre de tous ses projets et de ses passions. A 31 ans, elle construit son propre voilier de croisière au bord duquel elle traverse l'Atlantique en solitaire. Cette aventure marque son entrée dans le cercle restreint des navigatrices au long cours, dans lequel elle s'illustre rapidement. En 1987, lors de sa première participation à une course océanique, elle remporte la première étape de la mini transat. L'année suivante, la navigatrice participe à la Solitaire du Figaro, et en 1990, elle essuie son premier démâtage pendant le BOC Challenge. À l’issue de ce périple, Isabelle Autissier devient la première femme à avoir couru autour du monde en solitaire. Les grandes courses s’enchaînent alors : la Course de l'Europe, New York-San Francisco par le Cap Horn, le Vendée Globe, la Route de l'Or, la Whitebread. Administratrice de la Fondation de France. Vice-présidente du groupe 1 du Grenelle de la mer. Ambassadrice de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme. En décembre 2009, elle est élue présidente de la branche française du World Wide Fund for Nature. Isabelle Autissier a également entamé une « carrière » d'auteur et de conteuse. Elle a publié en 2006 avec Erik Orsenna Salut au grand sud. En 2008, elle publie Versant Océan, Grasset. Et seule la mer s'en souviendra, roman Grasset, 2009. L'amant de Patagonie, Grasset, 2012. Jean-Michel Barrault Membre de l'Académie de Marine, navigateur accompli, Jean-Michel Barrault a effectué avec sa femme un tour du monde et demi et couvert, ces trente dernières années, pour Le Figaro ou Paris-Match, tous les grands événements nautiques. Un parcours qui l’a amené, presque naturellement, à créer la course en Solitaire du Figaro. Historiographe de la mer, Jean-Michel Barrault est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages évoquant aussi bien les grandes découvertes maritimes que les hommes qui sillonnent les mers (notamment Le Sacre et la Pensée, Magellan, Escales, Des bateaux et des hommes : l’aventure de la voile française de 1950 à 2000). Son livre Moitessier, le long sillage d’un homme libre rend hommage à son ami disparu il y a 10 ans. Au bar du Yacht club, 2007. Son dernier livre, Pirates des mers d’aujourd’hui. Grand prix de la mer de Concarneau (prix Henri Queffélec) pour Le Sacre et la Pensée, Dauphin d'Or du Yacht Club de France pour son roman Mer Misère.

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Amiral François Bellec Le parcours de l’Amiral Bellec, qui a su conjuguer une carrière d’officier de Marine avec celle de Peintre de la Marine, mêle tour à tour la Marine, la peinture et l’Histoire. Dès les années 60, il expose régulièrement dans les salons de Bretagne où il est remarqué par la critique et le ministre de la Défense. Ainsi, il deviendra, de 1975 à 1983, peintre agréé de la Marine. Dans les années 1980, sa carrière prend un nouveau tournant : directeur du Musée de la Marine, il est élu président de l’Association des Peintres Officiels de la Marine (et, en 1989, Peintre titulaire des Armées). Ses activités d’historien le font élire en 1992, membre titulaire de l’Académie de Marine dans la section Histoire, Lettres et Arts. Vice-président de l’Académie de Marine en 2000, l’Amiral Bellec a été distingué notamment par le Prix Renaissance des Arts en 1992 et le prix Puvis de Chavannes et celui de la Ville de Barbizon en 2001. Il a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels Carnets de voyages des peintres de la Marine, Marchands au long cours, La France des gens de mer, De la Royale à la Marine de France ou Les Terre-Nuevas, Vanikoro, sur les traces de Lapérouse. Sauveteurs et Arsenaux de Marine en France, Glénat 2008. L’arbre de nuit, JCLattès en 2012. Didier Decoin de l’Académie Goncourt Président des Ecrivains de Marine «Je pense que la nécessité de glisser de l’eau salée et des bateaux dans tous mes livres vient de là.» «Là», c’est l’œuvre d’Edouard Peisson, le «Simenon de la mer» que Didier Decoin a découvert dans sa jeunesse et qui n’est jamais trop loin de lui, comme la mer, d’ailleurs. Après des débuts comme journaliste à France-Soir, au Figaro, aux Nouvelles Littéraires et à Europe 1, il commence une œuvre romanesque qui le conduit au Goncourt, en 1977, pour John l’Enfer. Membre de l’Académie Goncourt depuis 1995, il a assuré à deux reprises la présidence de la Société des Gens de Lettres et il est l’un des fondateurs de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia). Scénariste, il travaille aussi bien pour le cinéma (avec Marcel Carné, Robert Enrico, Henri Verneuil ou Maroun Bagdadi) que pour la télévision. Il reçoit notamment en 1999, le Sept d’Or du meilleur scénario pour Le Comte de Monte-Cristo. Il a publié en 2005 Avec vue sur la mer et en 2006 Henri ou Henry, Le roman de mon père, La femme de chambre du Titanic. En 2009, Est-ce ainsi que les femmes meurent, Grasset. Dictionnaire amoureux de la Bible, Plon. En 2011, Une Anglaise à bicyclette, Stock. En 2012, Je vois des jardins partout, JCLattès.

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Michel Déon de l’Académie française C’est en pratiquant la voile dès son plus jeune âge avec son père que Michel Déon a contracté le goût de la mer et des voyages. Fin connaisseur de la Méditerranée, il en aime les îles et la mer qu’elle soit douce ou tourmentée. Il quitte Paris en 1946 pour devenir correspondant de presse en Suisse et en Italie, et de partir aux Etats-Unis et au Canada. Dès son retour en France, il se consacre au journalisme et commence à publier régulièrement des romans. Il poursuit son chemin entre littérature et voyages. Depuis 1969, Michel Déon partage son temps entre L’Irlande, la Grèce et Paris. Il a été distingué par de nombreux prix comme le prix Interallié en 1970 pour Les poneys sauvages, le grand prix de l’Académie française en 1973 pour Un taxi mauve ou encore le prix Giono en 1996 pour l’ensemble de son œuvre. Michel Déon siège à l’Académie française depuis 1978. Il a publié en 2005 Cavalier, passe ton chemin. Gallimard Quelques enchantements ou lettres de château, Gallimard, 2009 Cahier Déon, L'Herne, 2009. Journal 1948-1983, Gallimard, 2009 . De Marceau à Déon, de Michel à Félicien, Lettres 1955-2005, Gallimard, 2011. Loïc Finaz Officier de marine, Loïc Finaz a navigué sur des frégates anti-sous-marines et des sous-marins nucléaires d'attaque. Il a commandé le Bâtiment Ecole Tigre et l'aviso Jean Moulin. Il commande actuellement la frégate Latouche-Tréville. Il s’est également occupé de politique des ressources humaines, de conduite des Opérations et d’affaires européennes. Il a publié plusieurs ouvrages : Echouage en 1995, Des villes d'escale en 1997, Nous avions accosté à Guayaquil en 2003. L'or du soir aux éditions des Equateurs en 2007. Olivier Frébourg Fils de capitaine au long cours, directeur littéraire des éditions de la Table Ronde, Olivier Frébourg a créé sa propre maison, Les Editions des Equateurs. Il a collaboré en tant que grand reporter à Géo, Vogue, le Figaro Magazine et Grands Reportages. Récompensé par le prix des Deux-Magots en 1990 pour Roger Nimier, trafiquant d’insolence ainsi que des prix Henri-Queffélec et François-Mauriac de l’Académie française pour Port d’attache, il est l’auteur du très remarqué Un homme à la mer. Un homme à la mer, Mercure de France, 2004, Souviens-toi de Lisbonne, Table ronde 2008. Gaston et Gustave, Mercure de France, 2011.

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Hervé Hamon Hervé Hamon est écrivain, éditeur et cinéaste. Il a enseigné la philosophie pendant cinq ans, et obtenu un doctorat d’histoire sociale, avant de quitter l’Éducation nationale pour se consacrer à l’écriture et à l’édition. D’abord auteur de grandes enquêtes à caractère sociologique ou historique (Les porteurs de valises, Les Intellocrates, Tant qu’il y aura des profs, Génération, Tu vois je n’ai pas oublié avec Patrick Rotman, ou Nos Médecins et Tant qu’il y aura des élèves en solo), il s’est consacré à des essais et des récits plus personnels où la mer occupe une place prépondérante (Besoin de mer, L’Abeille d’Ouessant, Le Livre des tempêtes) ainsi qu’à un ouvrage autobiographique (Le Vent du plaisir). Il collabore notamment à Géo. En avril 2005, il a publié avec Anne Smith un livre d’art, Cargo, évoquant les « travaux et rêveries portuaires », et, en mars 2006, De l’Abeille à l’Abeille, la relève de l’Abeille Flandre, chronique de la construction d’un grand remorqueur de sauvetage. Hervé Hamon est écrivain de marine. Il publie en 2007 Paquebot, son vingt-sixième livre et son premier roman. En 2008, Demandons l’impossible (Le roman-feuilleton de mai 68). En 2009, Toute la mer va vers la ville, Stock. Besoin de mer, Seuil, Le Livre des tempêtes, Seuil. En 2010, La diagonale du traître, nouvelles, Editions Dialogues. En 2011, Comédie musicale, Editions JBZ et Cie. Titouan Lamazou «Peindre, photographier, raconter et naviguer», telle semble être la devise de Titouan Lamazou. Sa première traversée de l’Atlantique date de 1973. Coéquipier d’Eric Tabarly à bord de Pen Duick VI, il illustre également ses livres. Au tournant des années 1990, le navigateur remporte les trophées les plus prestigieux de la voile (le premier Vendée-Globe notamment, en 1990) et peint au fil des rencontres. En 1991, il crée le Trophée Jules-Verne et met en construction la goélette TAG Heuer «le plus grand monocoque du monde». Mais lorsque le bateau fait naufrage dans l’Adriatique, il décide d’arrêter la course au large pour se consacrer à l’art de voyager dont il livre régulièrement de fabuleux récits avec ses carnets de voyages. Ouvrages publiés : Sous les toits de terre, Faucompret 1988. Un hiver berbère, Jeanne Lafitte 1989. Carnets de voyage 1, Gallimard 1998, Carnets de voyage 2 Gallimard 2000. Rêves de désert avec Raymond Depardon, Gallimard 2000. Renaud par Titouan, Gallimard 2002. Congo Kinshasa, Gallimard 2001. Femmes du Monde, Gallimard 2007, Mulheres, Gallimard, 2008, Afghanes, Gallimard, 2009. A paraître : Mauve avec Fatou Diome chez Arthaud (oct 2010). Femmes, catalogue de photographies, Glénat (juin 2010). Histoire d’une exposition avec Michel Onfray, Gallimard (oct 2010).

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Yves La Prairie Le parcours d’Yves La Prairie est marqué par la mer et la recherche. Il débute sa carrière comme Officier de Marine et la poursuit comme ingénieur atomiste au Commissariat à l’énergie atomique. Nommé Directeur général et Président du Centre national pour l’exploitation des océans, il devient président d’honneur de l’Asteo (groupement interprofessionnel pour l’exploitation des océans) et membre titulaire de l’Académie des Sciences d’outre-mer. Ce parcours le conduit à présider l’Académie de Marine et l’Association internationale des amis de Pierre Loti (un auteur auquel il voue une réelle admiration comme en témoigne son livre Le Vrai visage de Pierre Loti). On doit à Yves La Prairie de nombreux ouvrages tels que Comme la vague offerte, La mer et ses poètes, les Margelles du temps, Une plume à la mer ou encore des Lambeaux d’éternité. Il a été distingué par le Grand Prix de la Maison de poésie en 1987 et le Grand Prix de poésie de la Société des poètes français en 1998. Il a récemment publié Les plus beaux poèmes sur la mer au Cherche midi éditeur. Simon Leys Simon Leys est un sinologue de réputation mondiale. On lui doit, notamment, une traduction en français et en anglais des Entretiens de Confucius. En 1971, fustigeant l’aveuglement des Occidentaux, il fut l’un des premiers à dénoncer les horreurs de la Révolution culturelle dans Les Habits neufs du président Mao. Ce livre, devenu un classique, sera suivi par Ombres chinoises, Images brisées ou La Forêt en feu. Il a publié également : Essais sur la Chine, Les Propos sur la peinture de Shitao, La Vie et l’œuvre de Sun Renshan, rebelle, peintre et fou (prix Stanislas Julien, Institut de France), Protée (prix Renaudot), La Mort de Napoléon, L’Ange et le Cachalot, Les Naufragés du Batavia, Les Idées des autres, sans compter une monumentale anthologie : La Mer dans la littérature française. En 2008, Le bonheur des petits poissons, chez Lattès. Erik Orsenna «J’ai appris à naviguer avec mon père sur son île, Bréhat. Enfant, j’y passais toutes mes vacances. C’était un rendez-vous avec la mer et la lecture, un rendez-vous de bonheur et de liberté. Les journées étaient ponctuées par les grandes marées, la pêche, les régates, les changements du paysage, d’heure en heure.» Conseiller d’Etat, conseiller culturel, «plume» de François Mitterrand et romancier, Erik Orsenna traite auprès de Roland Dumas de la démocratisation en Afrique et des relations entre l’Europe du Sud et le Maghreb.

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Comme romancier, il est notamment l’auteur de La Vie comme à Lausanne (prix Roger Nimier en 1978), de L’Exposition coloniale (prix Goncourt 1988) et de Madame Bâ. Erik Orsenna a été élu à l’Académie française en 1998. Il a publié en 2005 le très remarqué Portrait du Gulf Stream, et en 2006 Salut au grand sud avec Isabelle Autissier. En 2007, La révolte des accents, Voyage au pays du coton et La chanson de Charles Quint. L’Avenir de l’eau, Fayard, 2008. Sur la route du papier, Stock, 2012. Patrick Poivre d’Arvor, Vice-Président Depuis plus de 25 ans qu’il présente le journal de vingt heures, Patrick Poivre d’Arvor a gardé intactes ses passions: le journalisme, la littérature et la mer. Le plus populaire des journalistes français, également producteur et présentateur d’émissions littéraires (d’Ex Libris à Vol de nuit) est l’auteur de nombreux romans. Nous lui devons Les Enfants de l’aube, Coureurs des mers, Le roman de Virginie, La Traversée du miroir, Elle n’était pas d’ici, Une trahison amoureuse ou encore La mort de Don Juan. Il a publié en 2005 Confessions, un livre d’entretiens avec Serge Raffy. En 2006, Les aventuriers des mers, et, il a co-signé avec son frère Olivier, Disparaître. En 2007, J’ai tant rêvé de toi.2008, Petit prince du désert chez Albin Michel. En 2008, À demain ! En chemin vers ma liberté, éditions Fayard, Horizons lointains, Toucan. Fragments d'une femme perdue, éditions Grasset 2009, Et puis voici des fleurs, mes poèmes préférés, Le Cherche-Midi, 2009. L’Expression des sentiments, Stock, 2011. Rapaces, Cherche-Midi, 2012. Yann Queffélec Pendant qu’il amarrait son bateau, Françoise Verny, la «papesse de l’édition», lui tapa sur l’épaule et lui dit : «Chéri ! Tu as une tête d’écrivain, toi. Je t’invite ce soir à mon anniversaire!» La légende veut que ce soit ainsi que Yann Queffélec ait décidé de se consacrer à l’écriture. Il a alors 32 ans. Françoise Verny n’avait pas tort puisque, à peine quatre ans plus tard, Yann Queffélec reçoit le prix Goncourt 1985 pour Les Noces Barbares. Un énorme succès pour cet amoureux des livres et de la mer. Suivront Le Soleil se lève à l’ouest, Toi l’horizon, Et la force d’aimer, Boris après l’amour, Moi et toi. Ma première femme, Vents et Marées. En 2006, L’Amante et L’amour est fou. En 2007, Le plus heureux des hommes. En 2008, Passions criminelles avec Mireille Dumas. Tabarly aux éditions Fayard et Tabarly chez l’Archipel. La puissance des corps Fayard, 2009. Adieu au Bugaled Breizh, Rocher, 2009. Le piano de ma mère, L’Archipel, 2009. Les Sables du Jubaland, Plon , 2010 .

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Jean Raspail Jean Raspail est écrivain, grand voyageur, journaliste et a publié 35 livres, dont 17 romans parmi lesquels Le Camp des Saints, Qui se souvient des hommes, Le Roi de Patagonie, Sept cavaliers, Sire, L’Anneau du pêcheur, salués par diverses distinctions : Grand Prix du roman de l’Académie française (1981), Grand Prix Prince Pierre de Monaco (1996), T.S. Eliot Award (Chicago 1997), Grand Prix de Littérature de l’Académie française (2003)... Il a dirigé de nombreuses expéditions, notamment l’Expédition Marquette en canoë de Québec à La Nouvelle Orléans (1949), sur les traces des découvreurs français. l’Expédition automobile Terre de Feu-Alaska (1951), et des missions de découverte de minorités ethniques perdues, chez les Urus du lac Titicaca (Pérou), les Aïnos (Japon), les Caraïbes (Antilles), les Yaghang et les Alakalufs (Terre de Feu)… Officier de la Légion d’honneur, membre de la Société des Explorateurs français, Jean Raspail est consul général de Patagonie depuis 1977. Il a publié en 2005 En canot sur les chemins d’eau du Roi. Septentrion, R. Laffont, 2007. En 2008, BD, Sept cavaliers. Jean Rolin Jean Rolin est un écrivain et journaliste français. Il a reçu le prix Albert Londres pour le journalisme 1988 et son roman L'organisation a reçu le prix Médicis en 1996. Journaliste, il a surtout effectué des reportages, notamment pour Libération, Le Figaro, L'Evénement du Jeudi et Géo. Écrivain, il est l'auteur d'essais, de chroniques, de romans et de nouvelles. Il décrit souvent des mondes, des sociétés et des solidarités qui disparaissent, Terminal Frigo en est sans doute l'exemple le plus beau et le plus flagrant. En 2006, il reçoit le prix Ptolémée pour son livre L'Homme qui a vu l'ours lors du 17ème Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges. En 2007, L’Explosion de la durite. En 2008, Un chien mort après lui, P.O.L. 2011, Le ravissement de Britney Spears , P.O.L Daniel Rondeau Daniel Rondeau a écrit une vingtaine d’ouvrages parmi lesquels des livres autobiographiques (L’Enthousiasme), des romans, notamment Dans la marche du temps, et des textes sur la littérature et l’histoire. Il est l’auteur d’une série de récits sur les villes, commencée en 1987 par la publication de Tanger. Il n’a jamais cessé de voyager autour du Bassin Méditerranéen. Il publie Alexandrie en 1997, Istanbul en 2002 et Carthage en 2008 un essai littéraire sur notre héritage méditerranéen. Ses livres sont traduits en plusieurs langues, espagnol, italien, portugais, grec, turc et japonais. Il a reçu le grand prix Paul Morand de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

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Journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, éditorialiste à l’Express, il collabore à Paris Match, au Journal du Dimanche et au Monde En 1987, Daniel Rondeau fonde les Editions Quai Voltaire, maison consacrée à la littérature et aux voyages. Il a été également directeur de la Collection Bouquins. En avril 2008, il est nommé ambassadeur de France à Malte. Il a publié Chagrin lorrain (avec F. Baudin), Seuil, 1979, L’Âge-Déraison, Seuil, 1982, Trans-Europ-Express, Seuil, 1984, Tanger, Quai Voltaire, 1987, Livre de poche (6783) L’Enthousiasme, Les Cahiers Rouges, Grasset, 2006, Chronique du Liban rebelle 1988 – 1989, Grasset, 1991, La Part du diable, Grasset, 1992. Littérature notre ciel, souvenir de Heinrich Maria Ledig Rowohlt, Grasset, 1992, hors commerce. Les fêtes partagées, lectures et autres voyages, NIL éditions, 1994. Mitterrand et nous, Grasset, 1994. Des Hommes libres, La France libre par ceux qui l’ont faite, avec Roger Stéphane, Grasset, 1997. Alexandrie, NIL, 1997 ; Folio (341), Tanger et autres Marocs, NIL, 1997, Folio (3342) Johnny, NIL, 1999, Istanbul, NIL, 2002 ; Folio (4118). (Dans la marche du temps, Grasset, 2004; Livre de poche, Camus ou les promesses de la vie, Mengès, 2005. Les vignes de Berlin, Grasset, 2006. Journal de lectures, Transbordeurs, 2007 Carthage, NIL, 2008 . Folio (4948). Malta Hanina , Grasset (2012). Jean-Christophe Rufin Médecin engagé pour la cause humanitaire, Jean-Christophe Rufin accomplit sa première mission en Erythrée. Conseiller du secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, il publie Le Piège Humanitaire. Vice-président de Médecins sans Frontières de 1991 à 1993, il entre en 1993 au ministère de la Défense comme conseiller spécialisé dans la réflexion stratégique sur les relations Nord-Sud. Il quitte ce poste en 1995 et devient administrateur de la Croix-Rouge française. En 1997, Jean-Christophe Rufin publie L’Abyssin, roman qui reçoit le prix Goncourt du premier roman et le prix Méditerranée. Il obtient en 2001 le prix Goncourt pour Rouge Brésil. Après Globalia, publié en 2003 et La Salamandre en 2006, Le parfum d’Adam en 2007. Et, Un Léopard sur le garrot (2008). Le grand Cœur, Gallimard en 2012. Le 3 août 2007, il est nommé ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. Il est élu à l'Académie française le 19 juin 2008.

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Sylvain Tesson Écrivain voyageur français, né le 26 avril 1972. Géographe de formation, il effectue en 1993 un tour du monde à bicyclette et traverse l'Himalaya d'est en ouest, à pied, en 1997. En 1999, il traverse les steppes d’Asie centrale à cheval des Monts Célestes à la mer d'Aral. En 2004, il reprend, à pied et à cheval, l'itinéraire décrit dans le récit de Slawomir Rawicz : À marche forcée, de la Sibérie jusqu'en Inde. En 2006, il voyage à cheval de la mer d'Aral à la Méditerranée le long des oléoducs de la Caspienne et du Caucase. En 2010, après avoir fait allusion à ce projet de nombreuses fois, Sylvain Tesson passe six mois en ermite dans une cabane au sud de la Sibérie sur les bords du lac Baïkal. Selon ses propres dires : « Recette du bonheur : une fenêtre sur le Baïkal, une table devant la fenêtre". Il signe plusieurs documentaires pour la télévision tels que Autour de la mer Noire (France 5, 2012), Oman-Yémen, (France 5, 2009) et publie ses reportages sur l'Afghanistan, la Sibérie, les Andes ou l'Asie centrale dans la presse magazine. Il écrit des nouvelles, des récits, des essais : L'axe du loup, Robert Laffont, 2004, La chevauchée des steppes, Robert Laffont 2001, Nouvelles de l'Est, Phébus en 2002, Les Jardins d'Allah, Phébus , 2004, Petit traité sur l'immensité du monde, Equateurs en 2005, Éloge de l'énergie vagabonde, Equateurs en 2007, Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages, Equateurs,2008, Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit, Equateurs, 2011. Ciel mon moujik ! Manuel de survie franco-russe, Chiflet&Cie, 2011. Il obtient le Goncourt de la nouvelle en 2009 pour Une vie à coucher dehors Gallimard, le prix Médicis essai en 2011 pour Dans les forêts de Sibérie.

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Quelques extraits…

Jean François Deniau Extrait de La Mer est ronde (Gallimard) J’aime la mer et j’aime être en mer. J’aime partir, larguer l’amarre et passer les feux; j’aime naviguer, voir le vent tourner, la brise adonner, le ciel changer, la mer se former et se déformer; j’aime le bouillon chaud dans le thermos au pied du barreur et l’étoile qu’on prend, un temps, pour cap la nuit entre hauban et galhauban; j’aime quitter une côte de vue et, après un jour, huit jours, un mois, en voir apparaître une autre, qu’on attendait; j’aime arriver, entrer, mouiller, et quand tout est en place, fixé, tourné, amarré, ferlé, rabanté, être à terre. Je suis un amateur. […] Depuis plus de vingt ans, je fais du bateau comme un professionnel, mais avec plaisir. Je le dis. J’ai navigué un peu partout, en Manche, dans l’Atlantique, en mer du Nord, en Méditerranée, dans l’Océan Indien, dans le Pacifique. J’ai été sur des mouille-culs de cinq mètres de long non pontés, des goélettes, des chalutiers. Je vais le raconter. Parce que je ne suis qu’un amateur, et pour les autres amateurs seulement. Nous qui aimons souvent partir et aussi souvent arriver. Nous qui trouvons 360° d’horizon marin sous le ciel le plus riche paysage du monde, tout à tour hostile et bienveillant, connu et imprévisible, radieux de la paix des temples grecs et déchiré en un enfer dément, passant par toutes les couleurs du prisme et de l’âme, et qui, comme une âme, respire. Nous qui avons tenté d’accorder notre souffle à celui de la mer en ne lui demandant rien d’autre que de pouvoir, de temps en temps, vivre et survivre à son rythme. Nous qui aimons le chuintement de l’eau sous l’étrave, et la courbure de la voile travaillant au mieux de sa forme, et le sillage que la mer de l’arrière accourt noyer inlassablement. Nous qui sommes les derniers, confondant l’espace et le temps, à compter sur cette planète les distances en jours. Nous qui ne recherchons ni l’inconfort, ni la fatigue, ni le risque, mais les avons acceptés comme étant de notre lot, avec le sel dans les yeux et sur les lèvres, le vent qui refuse, l’aube qui ne se montre pas encore. Nous qui n’avons rien à gagner, rien à prouver, rien à battre, oui, nous devons être prudents, et pudiques, et discrets. Il faut toujours l’être quand on aime. Modestes, cela va de soi. Quand on a accompli quelque chose d’heureux en mer, petite croisière ou grand raid, cap Horn ou îles d’Hyères, c’est d’abord parce qu’on a évité de faire ce qu’il ne fallait pas faire. C’est ensuite parce qu’on a fait ce qu’il fallait faire. C’est enfin parce que la mer l’a permis.

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Isabelle Autissier Extrait de Versant Océan (Grasset) Géorgie, je voudrais te parler en tête à tête. Pourquoi me fascines-tu ? Quel est ce plaisir à venir se geler et parfois se faire peur pour un bout de caillou austral ? Je t’ai découverte enfant, quand les voiliers aux noms mythiques de Damien et Basile me tenaient éveillée des heures durant, la tête à l’envers dans le lit pour qu’on ne me surprenne pas à lire. Tu étais le bout du monde, mais quand je serai grande, j’irai en mer, autour du monde et jusqu’en ses bouts les plus extrêmes. Je n’en parlais pas, car à quoi bon, on ne dit pas son rêve. On ne le dit pas, on le prépare. Tu étais solidement campée dans mon panthéon personnel, mais les choses s’accomplissent en leur temps. Le rendez-vous était intimement pris, il a attendu mes quarante-deux ans. C’est beaucoup et si peu à la fois. (…) Il ne fallait pas trop écouter ce que l’on disait de toi : « 100 nœuds au mouillage…Le vent s’est levé en moins d’un quart d’heure. « Il a fallu passer la nuit à arpenter la plage en pleine tempête, impossible de rejoindre le bord…Et il s’est mis à neiger. « La houle nous a piégés, plus moyen de ressortir de la baie entre les cailloux, j’ai cru perdre le bateau. L’année dernière, je me suis enhardie et tu m’as laissée y conduire à mon tour, mon voilier. J’ai pris mes propres repères, aiguisé mes propres méfiances, appris à vivre sur le fil du rasoir. Est-ce du masochisme d’aimer ton exigence et de s’affronter aux cinquantièmes hurlants pour te mériter ? Je ne renie pas tes violences, tes airs sombres ni mes nuits sans sommeil dans des mouillages scabreux. Je sais aussi me ravir de tes douceurs éphémères, de tes aubes crues, de tes neiges, de tes vents, de tes habitants insolites à plumes et à poils. Je crois que nous avons une relation honnête maintenant, du respect mutuel en quelque sorte. Je ne baisserais jamais la garde et je sais qu’il faudra parfois renoncer mais en échange tu m’accueilles et chaque jour est un cadeau. J’aime que l’on t’ignore, qu’on ne connaisse comme Géorgie que tes cousines américaine ou caucasienne. « Ah bon, vous allez naviguer aux Etats-Unis ? » « Tiens, on peut naviguer dans le Caucase ? » (…) Géorgie, je vais te dire un secret. Quand j’étais petite, je rêvais d’être un oiseau pour son vol pur et simple et qui ne laisse aucune trace dans le ciel. Comme un sillage se referme, comme la neige efface les pas, j’ambitionne d’être suffisamment en harmonie pour n’être qu’une passante du ciel et de la terre. Tu es l’un de ces si rares lieux où je me sens habitée à la fois par la légèreté et le poids de la vie. L’oiseau est en équilibre dans l ‘air. Chacun de ses battements d’aile est pour lui vital, engagement total qui lui permet de vaincre la pesanteur, de se choisir une destination. Tout se perd pourtant instantanément dans l’azur. Cette intime union de l’infime et du global me remplit d’émotion. Ici, je suis tout et rien à la fois. Je suis une poussière pour les grands vents d’ouest, je suis un univers pour la mousse qui pointe sous le rocher. Ici, mon chemin est sans détours et sans artifices. J’avance les yeux ouverts, consciente que chacune de mes décisions m’engage, que rien n’est anodin dans cet univers sans affect.

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C’est un peu de ta grâce et de ta force que je viens chercher, pour qu’elles m’habitent ensuite et me gardent en éveil. Jean-Michel Barrault Extrait de Moitessier, le long sillage d’un homme libre (Seuil) – Il est fou ! Le mardi 18 mars 1969, l’officier de quart du petit pétrolier British Argosy mouillé dans la baie de Cape Town est alerté par un choc métallique. Il sort sur l’aile de passerelle, aperçoit un voilier, ce qui n’est pas rare dans les parages. Aux jumelles, il peut lire le nom inscrit en grosse lettres noires sur le roof blanc: Joshua. Il distingue un homme aux longs cheveux, à la barbe grise fournie, à l’allure de sage indien, qui bande un lance-pierres, vise le navire. Il se répète: – Il est cinglé ce mec! Envoyé avec adresse, un emballage de film, lesté, atterrit sur le pont du navire. Soudain, le marin du commerce comprend: le projectile contient un morceau de papier. Il le déplie, il lit: «Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme.» Le message, relayé vers la Grande-Bretagne, vers la France, déclenche chez la plupart la même réaction : – Il est devenu fou ! L’homme barbu qui attaque les navires au lance-pierre s’appelle Bernard Moitessier. Deux ans plus tôt, Francis Chichester, le vainqueur de la première course transatlantique, a réussi un tour du monde en solitaire avec une escale en Australie. Il est devenu un héros national, anobli par la reine. Dans le domaine des exploits maritimes ne reste à accomplir qu’une circumnavigation seul à bord et sans aucune escale. Ce suprême défi exigerait de fréquenter les quarantièmes rugissants aux vents de tempête, aux vagues monstrueuses, de doubler les trois caps mythiques que sont Bonne-Espérance, le cap Leeuwin, le cap Horn ; d’embarquer l’eau douce et les vivres pour huit à dix mois de mer ; d’éviter les avaries malgré les conditions les plus sévères. Par-dessus tout, d’endurer la solitude, la fatigue, les risques d’épuisement et d’instabilité physique. Pourtant, plusieurs marins songent à tenter l’aventure. L’un d’entre eux est le Français Bernard Moitessier. A bord de son ketch de 12 mètres en acier, Joshua, en compagnie de son épouse Françoise, il vient d’effectuer la plus longue navigation sans escale accomplie par un voilier de plaisance, 26 000 miles, de Tahiti à Alicante en doublant le cap Horn. Informé de ces projets, un hebdomadaire britannique, le Sunday Times, propose en 1968 à ces extrémistes la plus impitoyable des compétitions. L’enjeu: un globe doré pour le premier à achever cette circumnavigation, un chèque de 5000 livres sterling pour le plus rapide. Le règlement est simple: quitter un port des îles Britanniques entre le 1er juin et le 31 octobre et y revenir après avoir doublé les trois caps sans s’être arrêté et sans avoir reçu la moindre assistance.

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Amiral François Bellec Extrait de Les Terre-Neuvas (Chêne) J’ai eu le privilège d’accueillir souvent Anita Conti au Musée de la Marine dont elle était une amie fidèle ; d’entrevoir son biotope, un merveilleux capharnaüm dont les richesses visibles suggéraient l’ampleur de trésors cachés. J’ai fondu sous son charme, comme tous ceux qui succombaient à sa bonhomie joyeuse, qui admiraient son optimisme malgré les duretés de la vie, qui saluaient son allure modeste alors qu’elle s’imposait comme un personnage incontournable. Ambiguë car multiple, Anita Conti était-elle une pure scientifique spécialiste des ressources halieutiques, une généreuse économiste à la recherche d’une optimisation de la pêche hauturière, une ethnologue de terrain, une amie des bêtes, une humaniste chaleureuse, une écologiste exigeante et inquiète de la dépopulation des fonds marins, une artiste sensible, une femme de mer assez dure à la peine pour être acceptée dans le milieu viril de la grande pêche, ou bien un écrivain de talent ? Elle était tout cela simultanément, avec une étonnante capacité d’assumer ses contradictions. Elle haïssait jusqu’à la nausée le massacre des morues : «On tue partout. Dans les parcs, on pique les poissons vivants. A l’arrière, on pêche des oiseaux à la ligne pour améliorer le repas du soir et on leur scie le col. Il n’y a pas ici d’autre geste avantageux que celui de tuer. Tuer seul est rentable.» Ses lignes sur la mort des «faux poissons» rejetés comme inutiles, que l’on nomme châts, stymbicks ou anarhicas selon la science et les coutumes locales, sont pathétiques : «C’est vrai ce qu’a dit Bouboule, les morues meurent la gueule ouverte. Il n’a pas dû regarder mourir les anarhicas, il aurait trouvé un mot pour eux, plus fort peut-être. Les anarhicas ne veulent pas se laisser mourir ; ils sont isolés, rares parmi les morues entassées, et au milieu d’elles, ils se tordent, monstres solitaires. » […] Elle ressentait au contraire au même moment une estime profonde et une admiration enthousiaste pour ceux qui étripaient vifs sous ses yeux des poissons nobles, dans «la splendeur féroce des nuits morutières», et elle prenait un plaisir animal à leur excitation : «Ça c’est céleste! Enfin, on est sur le métier, on commence à vivre!» En marge de son travail professionnel d’information sur les bancs, conforme à son intention de témoigner par l’image et le récit de sa vie que les pêcheurs vivaient au quotidien sans avoir le loisir d’en rendre compte eux-mêmes, Anita Conti avait un superbe talent de romancière.

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Didier Decoin Extrait de Louise (Seuil) On ne sait pas exactement comment Américains et Canadiens se rappelèrent l’existence du petit archipel français si près de leurs côtes, mais six mois ne s’étaient pas écoulés depuis le rire de mon grand-père qu’un premier bateau vient mouiller dans le rade. Il était si noir et trapu, si laid, si couturé de partout, que ceux qui s’étaient massés sur le quai pour le regarder manœuvrer n’auraient pas été autrement surpris s’il avait amené son pavillon canadien pour envoyer à la place le drapeau noir des pirates. D’abord, ce vapeur resta immobile et silencieux comme un petit fauve sournois qui couve de mauvaises pensées. Jusqu’à ce jour, les navires qui nous visitaient exhalaient d’âcres puanteurs de saumure et d’huile de morue qui étaient synonymes de richesse. Désormais, l’odeur de la fortune serait pour longtemps indissociable de celle, chaude et boisée, qui s’échappait des cales du Sable I, si dense qu’elle brouillait légèrement les lignes du bâtiment comme l’aurait fait une buée de chaleur. Après un moment, le navire se décida enfin à mettre une chaloupe à la mer. Armée par six marins, elle courut jusqu’au quai de la Douane, embarquant de l’eau à chaque coup d’avirons et menaçant presque de sombrer à cause de tous les barils qui la chargeaient. – Ils arrivent, dit mon grand-père en se frottant les mains, nom de Dieu! ils arrivent. Préparez des palans, ouvrez les portes de l’entrepôt, et que quelqu’un s’occupe d’atteler mon cheval au chariot. – Tu n’as plus de cheval, Guiberry, tu l’as fait abattre. – Qu’on m’en trouve un autre. Ou qu’on accroche mon chariot au cul d’une foutue Ford, si une de ces mécaniques du diable est capable de démarrer. Sinon, que des hommes s’y mettent et tirent eux-mêmes le chariot jusqu’au wharf. Pour mieux goûter le bruit d’un premier tonneau de whisky canadien roulant sur le quai de la Douane, Gustin avait fait curer l’appontement et rejeter à la mer le varech qui le couvrait comme un tapis. Le vacarme du tonneau dépassa ses espérances et celles des hommes qui l’entouraient. Mon grand-père n’avait jamais entendu passer un train, mais il se dit que ça devait ressembler à ce tintamarre: un mélange de claquements métalliques, de chocs sourds, une résonance issue des profondeurs d’une lourde chose qui filait. Lorsque le tonneau de whisky fut enfin de course et s’arrêta, Gustin monta dessus. Il ôta son bonnet et l’envoya valser: – Longue vie au dix-huitième amendement! Jusqu’au soir, la chaloupe fit la navette entre le Sable I et le quai de la Douane.

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Michel Déon Extrait de Les Poneys sauvages (Gallimard) (Quand Ben et Caulaincourt prirent le quart suivant, une brise plus fraîche entraîna sans à-coup la Deborah qui conserva son allure toute la nuit. Au petit matin, de nouveau, le vent tomba et ils se traînèrent sur une mer calme semée de méduses dont l’ombrelle contractile mesurait bien un mètre de diamètre. Les bouches mauves des méduses s’ouvraient et se fermaient, délivrant un message de muet monté des profondeurs abyssales. Amaro en frappa quelques unes à la gaffe, et elles s’enfoncèrent aussitôt dans les fonds d’un bleu opalescent. Caulaincourt ne récriminait plus contre les lenteurs de la Deborah. Il en avait pris son parti et souffrait seulement de n’avoir rien à faire jusqu’à ce qu’Amaro lui apprît à pratiquer des épissures. Le vieux dundee, tout gémissant et craquant qu’il fut, leur imposait son rythme, naviguait à son allure, choisissait à peu près seul son cap avec l’obstination d’un cheval rentrant à l’écurie, offrait avec confiance une à une ses blessures à panser : rocambeau tordu, point d’écoute pourri par le sel et le vent, clan mangé par les vers. Ce n’était pas un aventurier comme ces sacolévas, montés par des équipages nubiens qui glissaient furtivement sur l’eau pendant la nuit et couraient se cacher dans les criques de la côte, avant l’apparition du soleil, pour y débarquer des chargements d’esclaves vendus en Arabie par les Etats de l’Afrique centrale. La Deborah se contentait de jouer avec la côte, tantôt s’en rapprochant, tantôt s’en éloignant jusqu’à ce qu’on ne vît plus qu’une poussière impalpable. Après Turba et le détroit de Mandeb, ils aperçurent de rares villages tapis au pied des hautes falaises ocres. Le troisième jour Ben commença de prendre des relevés réguliers et de se rapprocher du Yémen. Georges vit sur la carte l’endroit où Caulaincourt voulait être débarqué, quelques milles en dessous d’Hodéïda. Aucun port n’était indiqué, mais une multitude d’îlots et de récifs commandaient l’entrée de plusieurs passes. Enfin, Ben fit signe qu’ils arrivaient vers un chenal. La Deborah tira un long bord buissonnier vers l’ouest et retourna sur ses pas, tous feux éteints dès la nuit tombée. La mer devint un lac et le moteur au ralenti engagea le dundee dans le fouillis des îlots. Ben, assis à califourchon sur le beaupré, les pieds nus agrippés à la sous-barbe, commandait à voix très douce Maureen qui barrait. Vers minuit, ils pénétrèrent dans une crique dont le premier croissant de lune permettait à peine de discerner les contours déchiquetés. Le moteur se tut et la Deborah avança sur son erre, sans un bruit. Ben retira la chaîne de l’écubier et en laissa filer une vingtaine de mètres, maillon par maillon dans ses fortes mains. La crique était si bien protégée qu’on cherchait en vain le rassurant murmure du ressac.

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Loïc Finaz Extrait de L’Or du soir (Editions des Equateurs) La houle montait à la lune, et la toile claquait grand largue. Les feux familiers dessinaient à nouveau ce royaume intimidant, abandonné si longtemps. Ar-Men le premier s’était manifesté. A noir, E blanc, lettres et pierres sans mouches éclatantes ni golfes d’ombre, mais plus qu’ailleurs écume, terreur et hurlement du vent. Et plus à l’ouest encore, la bravoure têtue de la Bouée occidentale. Dans le nord avec Ouessant, Molène et son archipel, brillaienr Créac’h et la Jument. Les éclats rouges de Kéréon aussi. Et ceux du Stiff. I pourpre du sang des naufragés. Pour les lèvres belles il faudrait attendre l’accostage et ses bonnes fortunes. Mais la olère et les ivresses éclataient quotidiennes. Le Fromveur et la Helle rythmaient la marée. A l’orée des chaussées les Pierres Noires, et là-haut parmi les roches d’Argenton le Four, résistaient à l’assaut des grands boutoirs. Citadelles maritimes hallucinées de vagues quand le silence même est assourdissant, et que le courage vacille comme la pierre. A l’est sur les rives du Léon, Saint-Matthieu veillait la mer et les mânes de ces ruines où l’on chanta autrefois la foi de nos pères. Sous le vent lui répondaient, fidèles, Portzic et Minou. Au mitan d’un rayon lunaire, isolé, maudit, Tévennec noyait sa peine dans la houle. blancheur abandonnée sur son rocher sombre. Trop de E blanc là pour sa candeur, il ne lui restait que les frissons. De solitude et d’effroi. Au sud, la Vieille et la Plate solidaires s ‘épaulaient dans les volutes du Raz pour entretenir le mythe et la mémoire de ce passage, et les écrire avec le sang des courants. La lueur verte de Cornoc-an-Braden tenait bon aux portes d’An Ezodi. Humilité, U vert des cycles, des vibrements marins et des fronts studieux des vieillards de Sein. Notre destinée. Et sur l’île le grand phare, noir et blanc lui aussi, se dressait dans le ciel nocturne. Or blanc dans la nuit bleutée. O bleu, suprême clameur des océans étranges, rayon violet des feux qui veillent l’Iroise.

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Olivier Frébourg Extrait de Un homme à la mer (Mercure de France) Le piano et le violon expriment le mouvement ondulatoire des vagues. Nous le ressentons. Nous ne pouvons l’exprimer. La mer et la musique sont l’art absolu. Pour écrire La mer, Debussy s’est accroché au mât d’un bateau et a traversé une tempête entre Saint-Malo et Cancale. En quittant la maison de Bernard Cras, j’ai besoin comme chaque soir, surtout après avoir parlé de la figure de ce musicien tout en noblesse, d’entendre le ressac. S’ouvrir au monde, à son fracas, pas d’autre issue! La mer est la chambre d’écho de toutes les tempêtes. Notre époque condamne les vraies ivresses. J’en ai parlé avec Jim Harrison, que j’ai rencontré deux fois, toujours à Paris, autour d’une bouteille de côtes-du-rhône. Sensible à la saudade, l’auteur de Légendes d’automne a une gueule de pirate. Il longe souvent le littoral de la Floride. En France, à Saint-Malo c’est un pilier du Bar de l’Univers et de la plage: «L’océan lui-même devenant une arme incroyable contre la claustrophobie qui a terni et trop souvent contrôlé mon existence. Toutes mes valves s’ouvrent en grand lorsque je marche sur la plage de Saint-Malo.» Les livres de Harrison m’ont donné la discipline de descendre chaque jour à Sainte-Marguerite voir la mer et de résister à la folie. Auparavant, je n’avais jamais pensé à cette philosophie si claire. Je ne recherche pas un équilibre –notion physique à laquelle je n’ai jamais cru–, je veux simplement respirer une nature que l’on nous escamote. Je ne tourne pas le dos au monde, mais je l’appréhende avec recul, je l’ordonne car plus nous avançons, plus le doute nous envahit. La mer est le seul ordre auquel je crois. A Sainte-Marguerite, le naufrage est plus lent, plus doux aussi. Après tout, nous sommes poussés vers des récifs sans lesquels la vie n’aurait aucune saveur. «L’orgueil de la victoire m’est insupportable», écrivait Chateaubriand qui, devant la mer de Bretagne, avait juré de dire la vérité. Je marche à la frange de la mer. La lune réfléchit les falaises sur le sable lavé, vierge de toute trace, parcouru comme à l’origine du monde par des filets d’eau qui se fraient une voie dans le monde minéral. Le phare d’Ailly balaie le visage de craie des falaises. La musique résonne dans la nuit. J’entends la sirène de mon prochain embarquement.

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Hervé Hamon Extrait de Hervé Hamon Besoin de Mer (Seuil) Mais partir, ce qui s’appelle partir, j’ai besoin d’un bateau pour cela. Même si ne pars pas loin. Et d’autant plus que je ne pars pas vite. Car partir n’est pas seulement s’en aller, mettre de la distance entre un point et un autre. Partir, ce qui s’appelle partir, c’est assister à la transformation de ce qu’on abandonne, c’est découvrir, en partant, que le lieu qui s’éloigne n’est pas identique à lui-même. L’émotion du départ, en bateau, ne se réduit pas à l’appel de ces « horizons nouveaux » dont se repaissent les histoires de partance, les contes héroïques ou ensoleillés. L’émotion du départ, c’est avant tout l’altération progressive du paysage connu, qui devient inconnu autant que deviendra connu le paysage inconnu de l’autre rive. L’émotion du départ, c’est de laisser un doute derrière soi. Finalement, on n’emporte rien, on ne possède rien, la familiarité n’est que provisoire, elle se dilue comme la mémoire de la nudité d’une femme dont ne subsiste, ensuite, que la silhouette pâle et floue – ni les caresses ni le plaisir ne sont acquis, c’est justice, il faut recommencer. Et ce constat n’est source ni de déception ni de frustration ; c’est la plus valide des promesses : le monde est inépuisable, le plaisir est inépuisable, cela vaut la peine d’y revenir, bien qu’il nous échappe et parce qu’il nous échappe. Voyager, c’est ça. Titouan Lamazou Extrait, Demain, je serai tous mort (de Patrick Le Roux) C’est la troisième fois que je passe le cap Horn. À chaque fois ça a été quelque chose de différent. La première fois c’était avec Pen Duick. Tabarly-Cap Horn, ça ne pouvait pas être mieux. Le point d’orgue d’une histoire qui allait se terminer quelques mois plus tard. Il faut être cap-hornier quand on est marin. C’est un rendez-vous avec la mythologie de notre enfance, même si maintenant ça se dégrade un peu avec ces tour-opérators qui y organisent des voyages. J’ai toujours perçu le tourisme comme un signe de décadence. Notre passage avec Pen-Duick VI était un événement tout à fait naturel, qui collait à l’histoire que nous vivions. C’était une fierté, mais je ne sais pas si à l’époque ça représentait vraiment quelque chose au fond de moi. La deuxième fois, ça a été une autre paire de manches. C’était en 1987, il y a tout juste trois ans, pendant la troisième étape du Boc. Quand le cap Horn se profile à l’horizon, je suis en course, en solo et je sais que des journalistes m’y attendent pour faire des images au sortir des Quarantièmes, avant notre arrivée prévue à Rio. Ce coup médiatique me déstabilise un peu. Je suis à l’intérieur en train de converser en VHF avec le bateau des journalistes et des sponsors lorsque j’entends un vacarme effroyable. Je bondis sur le pont. Je suis persuadé

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d’avoir démâté ou d’être sur le point de couler après avoir heurté un caillou. Je jette un coup d’œil sur mon sondeur qui redescend à une vitesse vertigineuse jusqu’à soixante-dix mètres, niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter. Juste devant le Cap Horn, je viens bel et bien de heurter un caillou. Tous mes planchers se sont soulevés. La quille commence à bouger dangereusement, suffisamment pour que je le sente quand le bateau donne des contrecoups. Je soulève tous les planchers et affale le booster. Les boulons qui tiennent la quille sautent comme des pistons dans leurs cylindres. En faisant gîter le bateau sur un bord puis sur l’autre, je réussis à remonter la quille et revisser les boulons un par un mais elle est voilée dans la masse. J’ai dû laisser une bonne dizaine de kilos de plomb sur le rocher du cap Horn. Pour ce deuxième passage, j’ai vraiment d’autres préoccupations que de m’inquiéter du symbole que porte ce rocher. Je pense qu’à cette époque je ne devais pas être très bien. Je n’étais pas en tête de la course, et n’ai pas su affirmer ma personnalité en cédant au bon vouloir médiatique. Pour mon troisième passage, les choses sont claires entre le sponsors et moi. Quand je les ai eus par radio, ils m’ont dit de faire comme je le sentais, l’essentiel était que je gagne cette course. Patrick Poivre d’Arvor Extrait de La Mort de Don Juan (Albin Michel) En cet après-midi de mars, l’imagination débordante et les sens aiguisés par les ballets des figurantes, j’eus besoin une fois de plus de me rafraîchir le corps et les idées. Alan m’ayant abandonné pour partir à la recherche de Tadzio, je m’éloignai de la rive en quelques brasses énergiques et j’eus soudain l’idée de refaire, en sens inverse, le parcours accompli par Byron en son temps. Après tout, je n’étais pas infirme comme lui et l’entreprise ne me semblait pas hors de portée. Machinalement, je me dirigeai vers l’aéroport Nicelli, prêt à rejoindre la place Saint-Marc par la lagune. Mais une fois dépassés l’hôpital marin et les premières jetées, alors que les cabines de plages n’étaient plus guère visibles, la vanité de mon entreprise m’apparut. Le monde de Byron n’était plus. Un siècle et demi s’était écoulé depuis son exploit. La qualité des eaux ne s’était pas améliorée. Et les avirons avaient disparu au profit d’une nuée menaçante de vaporetti, taxis et autre hors-bord. Je me sentis pris au piège. Au loin, des gerbes d’écume m’avertissaient que les eaux n’étaient plus sûres. Je n’en continuai pas moins à allonger mes mouvements pour gagner l’un de ses pieux qui balisent le chenal des bateaux à moteur. Le souffle court, je cherchai à reprendre haleine en m’accrochant au premier que j’atteignis, mais ma consistance visqueuse m’en empêcha. Les herbes folles qui avaient été fatales à l’ami de Byron y pullulaient. Je me dégageai donc du pied et je fis un brusque mouvement de côté qui me repoussa face à la rive. En me redressant pour passer une main sur mes jambes et vérifier

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que rien ne risquait d’entraver mes mouvements, je distinguai une fumée dans le ciel. Ce que je ressentis alors n’avait plus rien de commun avec ces frayeurs contrôlées qui accompagnaient si souvent mes escapades nautiques. J’avais la sensation d’avoir voulu défier Byron, rivaliser avec lui; il me le faisait payer. Il avait déjà pareillement vaincu le chevalier Mengaldo Di Bassano qui avait voulu se mesurer à lui entre le Lido et le Grand Canal. L’homme s’était vanté d’avoir traversé le Danube et la Berezina sous les balles. Epuisé par le froid et la pestilence des eaux, il avait abandonné sous le pont du Rialto. Autour de moi, l’Adriatique était resplendissante, le ciel limpide, comme pour parer de majesté ma fin qui approchait. Sous cette colonne de fumée –peut-être un simple feu de broussailles brûlait mon bûcher, mes compagnons des wagons-lits allaient y déposer mon cadavre déformé, lorsque la mer me rejetterait sur la grève. Comme l’avaient fait Byron, Trelawny et Hunt pour leur malheureux ami. J’eus froid soudain, un froid que rien ne pouvait apaiser. Il paralysait mes membres, m’engourdissait peu à peu. Plus Shelley que Byron, j’avais cessé de lutter et me résignais à mourir. Les courants allaient m’entraîner au large, mon corps disparaître peut-être à jamais. J’allais sombrer lorsqu’un frisson d’écume, devant moi, me donna à penser qu’on venait à mon secours. Peut-être le fantôme de Byron, nageant «rassasié d’horreur», lorsque les flammes avaient commencé à lécher le cadavre de son frère d’écriture. Yann Queffélec Extrait de Les Noces barbares (Gallimard) Il marchait aussi beaucoup sur la plage. La mer basse lui prodiguait tous les jours un nouveau trophée. il portait en sautoir la visqueuse laminaire imitant le dos des alligators. Il ramassait la menue monnaie des océans que le ressac abandonne à la perplexité du flâneur : étoiles de mer, os de seiches, tignasses de varech, méduses lacérées comme de la gelée d'œil, branches d'arbres poncées par les vents. Il trouvait des galets façonnés par l'usure, il trouvait l'usure des bigorneaux blanchis dont seule avait survécu la spire, le dôme ondulé d'une tête de crabe, guillochée sur le pourtour ainsi qu'une tartelette , le vitrail flasque d'un poisson mort. Ludo fêtait ces arrivages providentiels de colifichets atlantiques, chaland solitaire des laisses de marée où, comme à la décharge, il s'en allait au marché. Le soir, sacrifiant à regret les bois d'épave, il dressait des flambées sur le sable désert et contemplait la mer à travers le feu. C'était sa mer, au vrai, qu'il contemplait toujours et tentait d'apprivoiser si loin qu'elle eût disparu. Les yeux agrandis par l'hypnose il rêvait qu'elle embarquait sur le Sanaga. Lui, à la barre du navire, était Marcus V Inicius, héros de Quo Vadis, officier romain, et c'est au glaive qu'il tranchait les amarres pour appareiller. Il pouvait rester ainsi jusqu'à l'aube en compagnie de sa mémoire et des flammes ; tout feu qui brûlait donnait à Ludo le sentiment d'approcher la vérité.

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Il s’amusait à défier la marée montante. Il établissait de gigantesques barrages à l’arrière du Sanaga, d’innocentes murailles de sable qui tenaient la mer en échec cinq ou dix minutes, et puis des infiltrations lézardaient les parois, sapaient les bases, et les flots retrouvaient en se ruant le lit qu’ils avaient affouillé depuis longtemps en aval du bateau. Alors, il se réfugiait à bord et regardait les clapotis sablonneux mousser autour de l’hélice et du gouvernail, cravacher la voûte, et toutes les vagues bientôt semblaient avoir fait le vœu de franchir l’océan pour inonder l’épave. Sylvain Tesson Extrait de Dans les forêts de Sibérie (Gallimard) Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J’ai acquis une isba en bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché d’être heureux. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.