Les Effets Langagiers Du Discours Politique

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  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

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    Alexandre Dorna

    CEPSP, Universit de Caen

    LES EFFETS LANGAGIERS DU

    DISCOURS POLITIQUE

    L'avalanche structuraliste (Dolle, 1992) restitue les questions du langage et du discours. Un

    cadre extrmement dense de thories et d'tudes sur l'argumentation, une nouvelle rhtorique et

    des techniques d'analyse de contenu se sont dvelopps un tel point qu'il n'apparat pas utile

    d'en faire l'inventaire et de rp ertorie r les auteurs ; malgr l'affaiblissement idologique du

    structuralisme, d'autres courants ont pris la relve. C'est le cas de l'approche cognitive. Elle s est

    impose. La notion de discours est ainsi rvise sous de multiples angles. Hlas, il n'y a pas

    (encore) de modle intgrateur. Les analystes du discours se sont trouvs dans la ncessit de

    bricoler , parfois d'une manire fort sophistique leurs outils d'tude. Cependant, ce travail

    fort intressant laisse curieusement sans rponse deux questions. L'une est mthodologique :

    quelle place pour l'exprimentation ? Et l'autre est thmatique : quelle place donner l'tude

    des consquences discursives ?

    Incontestablement, u n progrs a eu lieu. La langue et la parole occupent une place centrale

    dans le dispositif heuristique de l'analyse de la communication et par extension de la persuasion.

    L'tude de la production discursive gagne en ampleur et en prcision pistmologique. Or les

    effets discursifs restent (presque) inexplors d'un point de vue de l'appareil langagier. Seules les

    intuitions de l'ancienne rhtorique persistent et l'arsenal d'expriences ralises par l'quipe de

    l'Universit de Yale, dans les annes cinquante, restent un cadre de rfrence oblig. Avec un

    handicap de taille

    la rh torique a travaill le langage sans exprime nter, et les no -

    behavioristes ont experiment sans le langage. Ce parado xe est le leitmotiv de nos recherches :

    HERMS 16, 1995

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    Alexandre Dorna

    tudier la fois les traces langagires d'un discours ici politique, et ses effets sur une population

    identifie. Ces expriences s'inscrivent dans un cadre psychosociologique : la persuasion dis

    cursive idologique. Elles renseignent sur l'activit cognitive (sens, intentionalit, stratgie) mise

    en uvre par le locuteur, tout autant que l'impact sur la cible connue.

    Un mot encore : les expriences introduites sont une partie d'un programme de recherches

    en cours d'valuation. Elles sont choisies titre d'exemple. Elles montrent la porte du travail et

    certains rsultats. Or, elles ne se prtent pas la gnralisation. Conues pour voir , elles

    restent partielles ; disponibles pour rejoindre la srie d'expriences programmes, et ouvertes

    l'interprtation thorique.

    Les caractres du discours politique

    Le discours politique se trouve la croise des chemins : des sciences politiques, de la

    psychologie, de la sociologie, de la linguistique, et mme de la thologie. Peu d'auteurs se

    prononce nt clairement sur le statut de l'art du discours politique. Certains considrent qu'il n'est

    qu'un cas de figure du discours d'influence, obissant donc aux rgles et aux principes d'une

    thorie de la communication. N anmoins, d'autres thoriciens pensent qu 'il a des fonctions tout

    fait particulires. Le discours disait Gorgias est un despote puissant. Il s'utilise comme une

    arme

    aussi il marque d'une manire symbolique le dpassement de la guerre.

    Selon Morris (1946), l'enjeu du discours politique est la recherche de l'approbation d'une

    certaine forme d'organisation sociale. Tandis que Reboul (1980) fait de lui le vhicule des

    idologies. Instrument d'action donc, il est aussi outil de prescription et de valorisation.

    L'idologie donne en amont le sens et la direction. Le discours produit un effet de rapproche

    ment et d'adhsion. C'est le cas du discours fort dont parlent les rhtoriciens. C'est pour

    organiser un e ralit qu'il se donne voir. Il vise le changement ou le maintien d u statu-quo de

    l'ordre existant. Le discours politique produit un lien d'interaction entre les membres d'une

    socit. tre dans la socit, c'est participer une interaction. Tout individu nat dans une

    communaut, mais il n'en devient membre que bien aprs, par un double processus d'apprentis

    sage de la langue et des normes.

    La langue est dpositaire d'expriences individuelles. Elle impose un chemin la pense

    subjective pour devenir extrieure et commune. Il y a un vocabulaire, une grammaire, une

    syntaxe et des sons. Le discours est l'origine de l'objectivation de la ralit personnelle, donc

    de la mise en commun de l'opinion.

    Sur les fonctions du discours politique

    Diverses fonctions sont attribues aux discours politique :

    a) U ne fonction structurante. Le discours est le ciment du systme politique.

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    Les effetslangagiers du discours politique

    Almond et Powell (1966), se sont exprims largement ce propos. Po ur ces auteurs, le discours

    est la condition ncessaire de l'existence de la politique. Sans discours, il n'y a pas de politique.

    La parole est ainsi associe de nos jours d'autres thmes, comme par exemple

    les structures

    de communication au sein des organisations, les mass-mdias, les systmes de gouvernement, les

    contacts face face , etc.

    b) Une fonction d cisionnelle.Pour Deutsch (1963), le mcanisme essentiel du

    processus politique n'est autre que la dcision. Le discours y joue un rle central. Le pouvoir a

    toujours besoin de persuader, de convaincre, de produire, et de procurer de l'information.

    c) Une fonction pdagogique. C'est une consquence des autres fonctions. Le

    pouvoir politique, la politique tout court est faite d'une bonne dose de manipulation, mme

    quand elle est pdagogique. Le propre du politique est de fournir un discours structurant

    (cohrent de surcrot) afin d'entraner l'adhsion, de matriser l'information, et de faciliter le

    changement ou la reproduction du systme politique.

    d) Une fonction thrapeutique. Ansart (1976) d veloppe l'ide selon laquelle le

    discours politique (et l'idologie qu'il exprime) a vocation apporter une cohrence symbolique

    toute la masse idationnelle qui constitue l'organisation du moi. Le discours politique est

    donateur de sens et lutte contre le resurgissement des doutes, il tend fournir une rationalisation

    permanente de toutes les relations vcues. Ansart crit : lediscourspolitique tend viter

    ngoisse par le renouvellement descertitudesassumes .

    Finalit et mcanismes du discours politique

    Le discours politique n'a jamais cess de se rclamer de l'efficacit. Ce sont les effets qui

    sont viss par la technrhtorique. Et le but est bel et bien de faire agir l'autre. J. Go ebbels s'en

    est inspir fortement. Il dit :

    Nous neparlons paspour dire quelque chose, maispour obtenir un

    certain effet

    .

    Cette phrase est lourde de sens, elle donne le ton et la mesure

    le discours

    politique repose sur la volont absolue de convaincre. Ainsi, deux questions sont poses d'une

    manire rcurrente : Qu'est-ce que convaincre ? Qui convainc ?

    Jusqu' prsent, il n'y a pas eu de rponse thorique unificatrice. La recherche des

    mcanismes

    s est

    oriente trs tt psychologiquement

    le discours n'est-il pas la physionomie de

    l'me ? Snque le pense. Et ainsi, se dtermine une interprtation qui reste encore puissante.

    Elle s est transforme avec l'approche scientifique en psychologie. Cependant, que ce soit le

    no-behaviorisme (travaux de l'quipe de l'universit de Yale) ou le cognitivisme actuel, l'un et

    l'autre, tous les deux posent la mme question : D'o vient la persuasion ?

    La tradition mtaphysique grecque a rpondu par l'introduction d'une notion significa

    tions multiples : le

    logos.

    Espace d e paroles et de raisonnement, le

    logos

    ouvre la voie

    l'hypothtique, et perm et au sujet d e donn er u n sens objectivable sa pense. Avec lelogos, dit

    Isocrate, l'homm e discute propos du d oute et recherche l'inconnu. La capacit discursive est le

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    signe le plus important de la raison humaine. Cette entit omniprsente et complexe semble

    guider la pense et to ute activit, donc la persuasion. Avec le temps, c'est la raison qui pre ndra la

    place du logos, et l'interprtation des activits mentales (Vignaux, 1976 et 1992).

    La rvolution behavioriste (Guilbert et Dorna, 1982) remettra en question ces notions en

    psychologie gnrale, mais c'est en psychologie sociale que la persuasion est actualise. Epist-

    mologiquement, la psychologie sociale chappe l'influence dominante au behaviorisme. On

    peut dire que l'approche psychosociale est marque ds l'origine par un cognitivisme implicite

    (Beauvois, 1993), malgr l'adoption de la mthodologie fonctionnaliste.

    C'est une approche no-behavioriste (dont l'introduction des variables intermdiaires

    tmoigne d'un cart eu gard au behaviorisme fondateur) qui conduit Havland et ses collabora

    teurs (1953) proposer un programme de recherches exprimentales sur les effets de la

    persuasion. Les rsultats sont nombreux (Dorna, 1989) et reprsentent un progrs rel dans la

    connaissance des mcanismes responsables de l'impact

    persuasif.

    Nanmoins, la porte est

    limite. Mais, elle facilite l'mergence d'une approche cognitiviste qui met en vidence un autre

    aspect du prob lme. Si les effets restent la proccupation centrale des tudes, deux phnomnes

    nouveaux s'noncent :

    la prsence d'un processus actif de contre-persuasion chez le sujet rcepteur,

    le changement d'attitude des sujets lorsqu'ils peroivent une tentative de persuasion.

    Il s agit alors d'une nouvelle perspective d'interprtation dans laquelle le processus est

    bi-directionnel, et o les sujets dpassent le statut d'metteur-rcepteur pour devenir des

    interloc uteur s. Ainsi, le rcepte ur cesse d'tre passif et mut ique ; car l'interaction rvle

    l'importance d'un autre lment jusqu'alors pratiquement inexplor

    le langage.

    La rintroduction de la question langagire met fin un paradox e

    concevoir la persuasion

    sans discours. L'volution de ces dernires annes confirme la tendance, et le discours se

    retrouve au cen tre de la persuasion. Plusieurs courants convergent

    la philosophie du langage, la

    linguistique sociale et la psychologie de la cognition. Inutile de rappeler ici les mandres de leurs

    interprtations respectives. En revanche, on peut rsumer, partiellement, quelques conclusions

    auxquelles aboutit l'tude comparative dans diffrentes situations d'interlocution. En effet,

    certains mcanismes sont dgags (Ghiglione, Landre, Dorna et Bromberg, 1990) :

    a) L'homme politique apparat comme un communicateur (mcanisme de

    mdiatisation) et pour ce faire en tenant compte des variations personnelles il doit laborer

    une stratgie du faire comprendre qui tient compte d'une reprsentation du public et d'une

    utilisation du mdia.

    b) L'homm e p olitique se montre la fois lui-mme et porte-parole de son

    groupe (mcanismes d'individuation et d'identification). De ce fait, il apparat que les

    variations suivent l'image que l'homme politique veut donner, bien que le dterminisme de la

    fonction soit fort.

    c) L'homme politique se veut un constructeur de ralit (mcanisme de rfrentia-

    lisation) d'o une accumulation de faits et de causes par rapport auxquels le leader se positionne

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    et qui lui servent de dmonstration de la vrit de son raisonnement, la crdibilit tant assure

    par l'ancrage du leader et de son parti dans la ralite politique franaise.

    Il va de soi que ces tentatives d'explication ne prtendent pas tre gnralisables toutes

    les situations ni tous les hommes politiques, mais elles sont des repres importants pour de

    nouvelles recherches. Par ailleurs, ces explications ont permis de revenir sur les variables

    responsables des effets discursifs. L'analyse des discours politiques et d'autres montrent la

    prsence de traces langagires identifiables. Il s agit de vritables empreintes de l'activit

    cognitive de l'orateur. L'identification des traces langagires introduit de nouvelles questions :

    leur prsence joue-t-elle un rle persuasif

    ?

    Articulent-elles la mise en scne discursive ?

    Sont-elles responsables de l'impact plus ou moins grand du discours politique ?

    La force persuasive des figures rhtoriques

    De toutes les traces discursives, c'est la figure rh torique qui montre le mieux l'importanc e

    du processus cognitif dans l'laboration et la mise en scne du discours politique. C'est autour

    de cette figure que se construit le sens et s'oriente la stratgie. Toute l'architecture persuasive

    repose sur le socle figurai. La figure est la matrice de la rhtorique ancienne. Elle donne au

    discours un esthtisme : clat, grce. Le style fait la force et la vivacit de la parole, et aiguise la

    pointe persuasive

    estours qui s cartent des manires deparler ordinairessont construits

    par descaractres que les passions tracent dans le discours (Lamy, 1741). La figure voque

    l'motion, l'lan persuasif qui prend une forme. Tout langage a une forme, et de fait le discours

    s'effectue grce ces formes.

    L'effet figurai repose sur la multiplicit dclenche

    L argumentation se construit avec la

    schmatisation du logique plus quavec le logique lui-mme (Galey, 1972). Faut-il dire que les

    figures sont des preuves intrinsques ? Elles procdent par une logique du vraisemblable, et non

    par celle du vrai. Aussi, elles renforcent le souvenir, crent le sentiment d'vidence et fondent le

    rythme. Ce n'est donc pas par hasard que Brecht dchiffre la rhtorique fasciste, afin de

    rtablir la vrit en dmontant les figures. Le discours fasciste est une machine rhtorique

    forge coup de figures capables de matrialiser les problmes de l'esprit, et de spiritualiser les

    problmes de la matire.

    En effet, les expriences de laboratoire que nous allons prsenter justifient l'intrt port

    sur les figures rhtoriques, malgr la quasi-inexistance des tudes dans la littrature psycho

    sociologique.

    Effets des figures rhtoriques dans le discours politique

    Les antcdents de ces expriences remontent aux travaux de Victoroff (1955), Atkinson

    (1984),

    Heritage et Greatbach (1986), Billig (1987), Dorna (1987), et reposent sur le rle des

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    Alexandre D orna

    figures et de la rhtorique dans le processus de persuasion. Un aspect dont nous avons fait notre

    objet d'tude, est le phnomne des applaudissements. La question est pose ainsi : comment

    l'orateur dclenche-t-il les applaudissements ? Autrement dit

    les figures rhtoriques jouent-elles

    un rle dans les applaudissements ?

    Victoroff (1955), avait suggr l'existence de strotypes d'applaudissement dont les ora

    teurs se servent. Il ne fait pas mention des figures rhtoriques, car il parle des strotypes d'une

    manire trop imprcise. Mais, quelques lments nous laissent envisager des points communs

    avec la question rhtorique.

    Pour Atkinson, les ractions positives de l'audience correspondent des mcanismes

    rhtoriques. Il pense que la matrise de ces mcanismes est caractristique des orateurs charis

    matiques . Ils agit ainsi de sept catgories de figures rhtoriques, dont la plus redoutable serait

    l'antithse. La finalit de l'antithse est la suivante

    en crant de ux parties opposes m ais le plus

    souvent en quilibre de rythme et de longueur, le public est capable, en entendant la premire

    partie du discours, d'en deviner le prochain point d'achvement et partant, de pouvoir applaudir

    par anticipation.

    Comment vrifier les hypothses d'Atkinson, sur le rle des figures dans le dclenchement

    des applaudissements ? Pour ce faire, les chercheurs Heritage et Greatbach ont constitu une

    base de donnes partir d'un nombre important de discours du parti libral britannique. Les

    rsultats montrent que les figures rhtoriques sont associes aux 2/3 des applaudissements

    produits. Et surtout, que l'antithse est de loin la figure la plus applaudie, en recueillant prs de

    25 % des applaudissements.

    Globalement, l'analyse des rsultats de cette exprience plaide en faveur d'une stabilit

    gnrale de l'association entre l'utilisation de figures rhtoriques et la cration d'applaudisse

    ments. Les messages politiques emballs dans des formats rhtoriques ont

    plus

    de chances

    d'tre applaudis que les messages qui ne le sont pas. Ces rsultats suggrent qu'il y a une

    tendance, pour le public, ragir aux noncs politiques utilisant des mcanismes rhtoriques.

    Les hommes politiques expriments les mettraient plus souvent, ou de faon plus approprie

    donc plus efficace.

    Encourags par ces tudes, Chawadronow et Neveou (1993) ont mont (sous notre

    direction) une exprience dont le contexte comparatif est tout fait intressant

    le discours de

    deux hommes politiques (lors d'un congrs et devant les dlgus). L'un dput (A) et l'autre

    snateur (B) candidats la prsidence de leur parti. L'objectif tait de comparer les deux

    discours au regard des figures rhtoriques utilises et des grands thmes dvelopps. Nous

    limiterons l'analyse aux figures. Pour ce faire, la grille classificatoire des figures rhtoriques de

    Reboul (1980) a servi de rfrence. Elle tablit quatre grandes familles de figures :

    Figures de mots

    celles qui concernent le rythme de la phrase. Elles doivent

    accrocher l'attention et marquer la mmoire, persuader par le sentiment d'une vraisemblance.

    Figures

    de sens

    elles expriment un changement de sens sans pour autant le dire,

    par le remplacement d'un mot par un autre, par une ressemblance, par une exagration.

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    Les effetslangagiers du discours politique

    Figures de construction

    : certaines procdent par diminution de signifiants, ou par

    addition, d'autres par perm utation. Aussi, elles portent sur la syntaxe et sur Tordre du discours.

    L'antithse est l'exemple, et la figure la plus utilise.

    Figuresde pense

    elles prtendent noncer une vrit. Elles concernent le rapport

    global du message avec son rfrent.

    la question

    y-a-t-il un lien de cause effet entre le type de figure rh toriq ue utilise et les

    applaudissements du public ? Il suffit de se rfrer au tableau rcapitulatif des figures utilises

    par les deux orateurs, ci joint :

    Figures rhtoriques

    Figures de mot

    Pronomase

    Drivation

    Figures de sens

    Mtaphore

    Figures de construction

    Epanalepse

    Antithse

    Chiasme

    Figures de pense

    Prolepse

    Question oratoire

    Divers

    Figure oratoire

    Slogan

    Totaux

    Candidat A

    5

    5

    0

    2

    2

    6

    5

    1

    0

    1

    1

    0

    0

    0

    0

    14

    Candidat

    11

    1

    1

    2

    2

    21

    11

    9

    1

    1

    1

    2

    1

    1

    37

    Totaux

    16

    15

    1

    4

    4

    27

    16

    1

    1

    2

    1

    1

    2

    1

    1

    51

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    Alexandre Dorna

    Que constatons-nous ?

    Les figures de construction ont t les plus utilises. Ces figures constituent l'ossature du

    discours.

    Uepanalepse,

    figure de rptition d'un mot dans une phrase, a t la plus frquente

    chez nos deux orateurs. Quelle interprtation faut-il en avoir ? La rptition d'un mot bref

    intervalle frappe toujours l'oreille. Cette rptition rpond d'une part la volont de

    marquer l'auditoire, d'autre part la ncessit de faire p ntrer le discours dans l'esprit des

    gens. En frappant l'oreille, l'orateur rveille le public, le rendant actif, attentif la suite du

    message.

    Toujours dans les figures de construction, Y antithsea t employe onze fois (en intgrant

    le chiasme qui en est un driv). Cela confirme d'ailleurs les rsultats d'Atkinson. Enfin, en

    plaant une co ntradiction l'intrieur d'une rptition, l'antithse force et maintient encore p lus

    l'attention. Encore, en coutant le premier nonc d'une antithse, le public attentif est en

    mesure d'en deviner la seconde, adhrant implicitement au message vhicul.

    Les figures de mots sont importantes dans nos deux discours. Parmi elles, laparonomase

    revient imprativement. Cette figure est une rptition d'une ou plusieurs syllabes et/ou d'un ou

    plusieurs signifiants. Sa porte persuasive est vidente

    comme po ur la rptition de mots, il y a

    une volont de mettre en relief le discours. Mais surtout, la paronomase exploite la qualit

    phonique des mots en jouant avec le volume. Ainsi, une paronomase bien exprime doit tre

    celle o les volumes sonores augmentent sur chaque syllabe identique. Les figures de mots

    facilitent l'attention et le souvenir, dispositions recherches de tout orateur. Mais ce n'est pas

    parce que deux signifiants sont identiques que leurs signifis le sont. Pourtant, tout se passe

    comme si c'tait le cas La figure de mot instaure une harmonie apparente, suggrant que si

    les mots et les sons se ressemblent, le message doit tre vrai. Autrement dit, le candidat uti lise

    plus frquemment les figures rhtoriques. Le rapport est de 1 3 en faveur du candidat B.

    Paralllement, son discours connat une redondance massive de certains thmes mais aussi

    le dveloppement de thmes non abords par le candidat A. Si on croise ces rsultats avec les

    squences d'applaudissements de chaque candidat, nous voyons que ces dernires sont encore

    d'ingales importances avec un rapport de 1 2 (14 squences pour le candidat A, 31 pour le

    candidat B). Par ailleurs, pour chaque squence d'applaudissements, l'intensit en termes de

    dure varie de manire remarquable entre les deux candidats. A est en moyenne applaudi

    pendant 4 secondes, tandis que B est applaudi pendant 5 secondes.

    En fonction de ces rsultats, s'offre une conclusion sduisante

    si B a t incontestable

    ment applaudi plus, et plus longtemps, pour un temps de parole plus court, c'est au moins en

    partie parce qu'il a utilis la fois plus de figures rhtoriques et plus de thmes que son

    concurrent.

    Pour l'anecdote, c'est le candidat B qui remporta l'lection. Mais cela est-il une preuve

    extrinsque de la valeur persuasive et des effets redoutables des figures rhtoriques ?

    Les orateurs, mme de mtier, connaissent-ils tous cette nomenclature ? Cette volont de

    persuader au travers de mcanismes rhtoriques procde-t-elle d'une prdisposition ?

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    Les effetslangagiers du discours politique

    Lespatterns stratgiques et leurs effets dans le discours

    politique

    La notion de stratgie discursive est abondamment utilise, mais elle recouvre des probl

    matiques fort diverses. Dans no tre perspe ctive, elle fait rfrence (Dorna et Brom berg, 1985 ;

    Dorna, 1987, 1989 et 1991) tout ce qui prcde la production du discours : donc l'activit

    cognitive, la mise en forme et la mise en scne du discours.

    Notre recherches est ainsi oriente vers l'identification des traces langagires rvlatrices de

    l'activit cognitive pralable. Les rsultats ont permis de mettre en vidence que les sujets

    prsentent une forte polarit attitudinelle (positive ou ngative) par rapp ort un rfrent donn,

    et dveloppent une stratgie discursive. Cette stratgie est caractrise par des arguments

    polariss dans un sens convergent avec la polarit initiale, l'exclusion quasi-totale des argu

    ments de polarit inverse. Tandis que les sujets prsentant une polarit faiblement polarise par

    rappor t un rfrent d onn, dveloppent une stratgie discursive caractrise par des argum ents

    faiblement polariss et/ou la prsence d'arguments de polarit inverse.

    Nous avons pu montrer par ailleurs que :

    a) Les sujets non confronts une situation d

    }

    interlocution,mettent en uvre u ne

    stratgie discursive en fonction de la logique persuasive la plus conomique par rapport leur

    propre opinion.

    b) Les sujetsconfronts une situation d interlocution de type

    locut, mutique, et

    d'opinion oppose, mettent en uvre une stratgie discursive en fonction de la logique

    persuasive prsentant le moins de risque par rapport leur propre opinion.

    L'analyse de la polarisation des propositions des discours a permis de dgager trois types de

    patterns

    stratgiques :

    a) Le type monolithe, qui renvoie l'exposition continue d'une seule alternative

    connote positivement ou ngativement. La stratgie monolithique se caractrise par une trs

    grande fermet et une forte polarit attitudinelle. Elle ne laisse que peu de place l'ambigut.

    La ralit tant ainsi plus affirme.

    b) Le type bloc, qui renvoie la prsen tation successive et/o u itrative des

    diffrentes alternatives : positives, ngatives ou neutres. La stratgie de bloc prsente une faible

    polarit attitudinelle, car elle suggre une importante ambigut. De cette manire, elle permet

    l'ouverture des ralits multiples.

    c) Le type entonnoir, qui renvoie l'limination progressive de certaines

    alternatives pour ensuite conclure en termes nets et polarises (positifs ou ngatifs) en faveur de

    l'alternative. La stratgie de l'entonnoir est une sorte de compromis entre les deux prcde ntes.

    Elle propose donc une ouverture, mais se polarise la fin. De fait, elle raffirme une ralit au

    fur et mesure.

    139

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

    10/16

    Alexandre Dorna

    La figure suivante permet d'observer la forme que peut prendre les trois types de patterns

    stratgiques, en fonction de la polarisation des propositions :

    nsemble

    de

    stratgie

    type

    Entonnoir

    N"

    des

    Propositions

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    11

    etc.

    + +/

    *

    Bloc

    N"

    des

    Propositions

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    11

    etc.

    +

    +/ 1

    ^

    < \

    t*

    r

    N.

    \J

    Monolithe

    N des 1

    Propositions

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    11

    etc.

    +

    t

    k

    /

    Par consquent, le droulement de l'argumentation laisse des traces qui permettent de

    reconstituer la structure de la stratgie mise en place. Ceci se traduit pour les sujets dont

    l'opinion est conforme une norme dominante concernant le rfrent, par la possibilit

    d'ouverture (limite) aux opinions du locut. D'une certaine faon, le locuteur ne court aucun

    risque confront qu'il est la congruence la norme majoritaire avoir un discours plus

    ouvert

    pour les sujets dont l'opinion est contraire une norme dominante par un enferme

    ment redoubl dans cette opinion. D'une certaine faon, le locuteur court des risques non

    soutenu qu'il est par une appartenance une norme majoritaire avoir un discours

    ouvert

    ;

    et notamment le risque de voir sa propre logique affaiblie.

    Enfin, pour les sujets dont l'opinion est mdiane, par rapport une norme dominante,

    ouvrir

    encore davantage le discours aux arguments polariss conformment l'opinion du

    locut, tout en maintenant une logique des blocs. D'une certaine faon, la logique du locuteur,

    dgag de la norme majoritaire, se fait ainsi pour partie transparente la logique du locut.

    En somme, la prsence dans un discours de l'une ou l'autre des stratgies types semble, en

    priorit, renvoyer une ouverture plus ou moins grande des mondes cognitifs possibles. La

    140

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

    11/16

    Les effets

    langagiers

    du

    discours

    politique

    prsence des patterns (monolithe, bloc et entonnoir) tant confirme, nous avons tent de

    rpondre une autre question : ces stratgies produisent-elles des effets persuasifs ?

    Pour y rpondre, nous avons choisi le discours centriste. Une autre exprience (Dorna,

    1985) a dmontr le caractre peu persuasif de ce type de discours politique. En consquence,

    nous avons donc essay de vrifier si en modifiant des lments de la structure (tout en en

    conservant le sens) les effets pouvaient tre plus ou moins persuasifs. De manire synthtique,

    nous avons procd ainsi

    transformer le discours afin de le rendre adaptable aux patterns

    stratgiques, pour ensuite l'appliquer une population tudiante qui devait rpondre trois

    questions : identifier le discours, donner leur degr d'accord ainsi qu'une brve justification

    de l'opinion mise.

    Parmi les rsultats obtenus, deux sont significatifs :

    les

    patterns

    stratgiques provoquent effectivement des effets diffrents,

    les opinions (pour ou contre) des sujets exprimentaux sont en rapport avec leur

    attitude initiale.

    En fonction de ces rsultats, nous pouvons systmatiser la porte de l'impact des patterns

    stratgiques ainsi :

    Position politique

    Pour la gauche

    Pour le centre

    Pour la droite

    Pour l'extrme droite

    Stratgies

    Efficaces

    Monolithe (4.7)

    Monolithe (5.8)

    Monolithe (4.2)

    Monolithe (5.5)

    Moins efficaces

    Entonnoir (3.0)

    Entonnoir (4.4)

    Entonnoir (3.0)

    Monolithe (4.1)

    Qu e peut-on en dgager ? Une constatation : lespatterns stratgiques provoquent des effets

    diffrents, statistiquement significatifs, selon la position politique des sujets. Ainsi certains

    patterns s'avrent plus efficaces que d'autres.

    En somme, le discours centriste est le plus efficace, toutes tendances confondues, lorsqu'il

    se structure ainsi : M >

    > B. Le paradoxe veut que, selon ces

    rsultats, l'homme politique du

    centre pour tre persuasif doit renoncer sa stratgie (bloc) et en privilgier une autre, celle

    monolithe.

    En conclusion, faire le choix du pattern stratgique dtermine le type d'impact, condition

    de connatre la position de l'auditoire.

    141

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

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    Alexandre Dorna

    Le rle et les effets de l appareil, prdicatif dans le discours

    politique

    Le verbe ou le prdicat est la base du discours. Il opre la liaison entre les noms (objets

    dont on dit quelque chose) et le verbe qui organise la proposition. Lorsque le sujet est confront

    la mise en scne du rfrent, il doit, pour ce faire, slectionner les units lexicales que lui

    propose le code langagier et les relier entre elles. Selon Benvniste (1986), le verbe est cohsif et

    assertif, afin de doter l'nonc d'une ralit.

    Dans une exprience antrieure (Bromberg et Dorna, 1985) nous avons pu mettre en

    vidence la force persuasive d'un texte, selon qu'il se rfre une classe de prdicats plutt qu'

    une autre. L'appareil statif l'emporte sur les dclaratifs et lesfactifs lorsque l'interlocuteur est

    inconnu, l'enjeu indfini et que seul l'objet de transaction est caractris. Nous verrons plus loin

    que ce n'est pas le cas dans le contexte politique, ce qui conduit conclure l'impact de la

    relation entre les verbes factifs et le discours persuasif.

    Parmi les classifications des prdicats, nous avons choisi celle dcrite par Ghiglione,

    Mataln et Bacri (1985), car elle comporte des indications prcises sur l'ide d'action propose

    dans l'agir, le dire, l'tre et l'avoir :

    a)

    pp reilfactif : il est

    domin parYarchilme faire , donc l'agir. Ces verbes

    ne sont pas locutifs, mais axiaux. Us caractrisent la ralisation, une manire d'agir sur quelqu'un

    ou quelque chose, et surtout un effet intentionnel.

    b)

    l appareil

    statif \

    il indique l'ensemble des proprits, des tats, et des posses

    sions.

    Il est struc tur autou r des archilmes tre et avoir et se dfinit lexicalement en

    renvoyant la transcription langagire d'une manire d'tre. La fonction est donc celle d'affir

    mer une ralit.

    c)

    l appareildclaratif:

    les verbes dclaratifs sont domins par

    Yarchilme

    dire .

    Ils indiquent un comportement et renvoient une dclaration sur un tat, une action, un objet,

    un sentiment, une ide ou expriment une attitude. Ils marquent le type de rapport que le sujet a

    avec le monde et permetten t de signaler une position (pour ou contre), de vhiculer un jugement

    axiologique (vrai-faux) ou une apprciation (probable-improbable) eu gard au contexte et

    soi-mme.

    Dans une tude antrieure (Bromberg et Dorna, 1985) il tait apparu que les sujets

    exprimentaux pouvaient changer d'opinion l'gard d'un texte en fonction des variations dans

    l'appareil prdicatif.Le discours politique tant une m osaque de mondes possibles, nous avons

    voulu clairer dans quelle mesure la modification quantitative et proportionnelle des prdicats

    d'un texte politique (ici de type centriste) pouvait provoquer des effets statistiquement significa

    tifs). En effet l'hypothse gnrale est la suivante

    les formes verbales sont-elles des cls

    permettant d'ouvrir des mondes cognitifs divers ?

    La procdure a t la suivante

    partir du texte original, nous avons construit trois textes

    142

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

    13/16

    Les effets

    langagiers

    du

    discours

    politique

    diffrents en tenant com pte du pourcen tage des formes verbales de type

    statif,

    actif 'e t

    dclaratif.

    La population tait compose d'tudiants de l'Universit de Paris Vlll et d'une cole de

    Commerce. Les sujets taient groups en fonction de leur opinion politique pralablement

    teste

    gauche, centre, droite.

    Nous avons cherch rpondre deux questions :

    quel tait le degr d'accord (pour ou contre) avec le texte (l'un des trois) sur une

    chelle gradue (de 1 11) ?

    quelle tait le positionnement politique du texte (l'un des trois) sur l'chelle

    droite-gauche ?

    Les rsultats permettent de dgager deux grands axes de rponses :

    la position politique des sujets joue sur leur degr d'accord avec le texte,

    le type de prdicat a un effet sur la reprsentation que le sujet se fait de la position

    politique du texte.

    En consquence, on peut dire, eu gard au discours centriste, que le comportement des

    groupes est significativement diffrent (p < 05) ; ainsi la gauche est globalement contre, le centre

    est assez partag, et la droite plutt pour. D'ailleurs nous observons galement que l'appareil

    prdicatif de type dclaratif semble entraner (toutes tendances politiques confondues) le plus de

    rponses favorables au texte. Par opposition, le type statif en a le moins.

    En ce qui concerne la position attribue au texte (interaction entre le positionnement et le

    type d'appareil prdicatif mis en scne), l'effet est significatif (p < 05). Ainsi, on peut se reporter

    au tableau suivant qui montre la faon dont les sujets situent les textes politiquement.

    Faon dont les sujets situent politiquement des textes selonl appareilprdicatif

    Polarit

    politique

    des sujets

    Gauche

    Centre

    Droite

    Dclaratifs

    droite

    5

    8

    6

    centre

    3

    2

    3

    gauche

    2

    7

    1

    Statifs

    droite

    5

    1

    2

    centre

    2

    2

    3

    gauche

    3

    7

    5

    Factifs

    droite

    7

    1

    5

    centre

    2

    2

    4

    gauche

    1

    1

    On notera que :

    laGauchesitue les trois textes plus droite q ue les autres groupes. Et particulire

    ment dans le cas de type factif.

    143

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

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    Alexandre Dorna

    le Centre est particulirement sensible au discours dclaratif pour situer ce discours

    sa juste origine, tandis que dans les autres cas le positionnement droite l'emporte.

    la

    Droite

    est plus partage dans les positionnements des textes, sauf d 'une manire

    ponctuelle en ce qui concerne le type statif.

    Ces quelques rsultats semblent montrer que le rle du prdicat est important dans un

    discours et que selon la forme verbale utilise, la reprsentation peut tre modifie.

    Pour conclure

    quels grands principes guident nos recherches ?

    a) Le discours politique met en uvre un ensemble de reprsentations idolo

    giques complexes qui sont le produit des enjeux de la connaissance du monde, des savoirs

    antrieurs, des acteurs de l'interlocution vise persuasive, etc.

    b) Le discours politique s'inscrit dans un processus intentionnel et logifianto le

    principe est celui du vraisemblable et non celui du vrai.

    c) Le discours politique se donne voir et entendre dans une mise en scne

    lexico-syntaxique dont les empreintes observables permettent de dfinir l'activit cognitive qui

    prcde renonciation.

    d) Les traces discursives composent un programme stratgique, un plan dont les

    multiples combinatoires langagires provoquent des effets selon les caractristiques de l'audi

    toire, la situation d'interlocution et les enjeux politiques existants.

    e) Le discours politique s'inscrit dans une histoire, un contexte et une problma

    tique partage, donc dans une ralit co-construite et identifiable par l'ensemble des inter

    locuteurs ; il va de soi qu'ils ne la peroivent pas tous de la mme manire.

    Ces lments sont indispensables pour mieux comprendre la porte et les limites de notre

    recherche. Nous avons signal dans l'introduction que d'autres tudes sont en cours. Elles

    prolongent celles dcrites ici. D'autres types de discours politiques sont tudis

    {communiste

    et

    Front national), et d'autres traces langagires sont manipules exprimentalement

    formes

    conditionnelles, modlisations, formules ngatives, arguments intermdiaires. Il en va de mme

    pour la dimension non verbale de la persuasion : le geste et l'intonation rythme.

    De ce fait, c'est tout un systme de persuasion qui doit tre soumis l'vidence expri

    mentale. Il est donc indispensable de hirarchiser l'importance des rsultats obtenus afin de

    mieux cerner les mcanismes intervenant dans le processus de la persuasion et du changement.

    La tche est vaste. Il est urgent de donner la recherche sur le discours politique une assise

    thor ique c apable d 'intgrer les autres dimensions du p roblm e : la situation physique , les

    enjeux, les structures sociales, l'tat de la doxa ( un moment donn), les antcdents historiques,

    et incontestablement l'idologie.

    Alexandre DORNA

    144

  • 7/25/2019 Les Effets Langagiers Du Discours Politique

    15/16

    Les effetslangagiers du discours politique

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