25
CHRISTOPHE BOURSEILLER LES ENNEMIS DU SYSTÈME ÉDITIONS ROBERT LAFFONT PARIS

LES ENNEMIS DU SYSTÈME

  • Upload
    others

  • View
    6

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

CHRISTOPHE BOURSEILLER

LES ENNEMIS DU SYSTÈME

ÉDITIONS ROBERT LAFFONT PARIS

Page 2: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

Cet ouvrage est publié sous la direction de André Bercoff

© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1989 ISBN 2-221-05853-4

Page 3: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

À Chantal

Page 4: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 5: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 6: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 7: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 8: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 9: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 10: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 11: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 12: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 13: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

1.

LE RETOUR DE L'EXTRÊME GAUCHE

Page 14: LES ENNEMIS DU SYSTÈME
Page 15: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

La plupart des livres, articles ou opinions sur l'extrême gau- che se contentent aujourd'hui d'un constat lapidaire : le gau- chisme est mort avec la pensée 68. On ne compte plus les biographies de maoïstes ou de trotskistes repentis, et preste- ment reconvertis dans les grands partis, les rédactions, ou les agences de pub.

Quelle injustice ! Et quelle simplification ! En dépit des appa- rences, et des enterrements de première classe, le courant d'extrême gauche ne s'est pas éteint à l'aube des années 80. Confronté à une grave crise d'identité, affecté par la perte de ses principaux leaders, il a pu néanmoins survivre et se main- tenir en tant que force cohérente de 1979 à 1985, puis se déve- lopper à partir de 1986.

Il faut que les choses soient claires. Le gauchisme connaît à l'heure actuelle une phase d'expansion. Il y a une remontée des forces contestataires. Le congrès de 1987 de la Ligue communiste révolutionnaire est éloquent : « La fin de l'année 1986 et le début de l'année 1987 représentent un tournant dans la situation française. La conjugaison des mobilisations de la jeunesse scolarisée et des mouvements de grève ou de lutte de la SNCF, de la RATP, de l'EDF, des instituteurs, traduit une réactivation du mouvement de masse, une inflexion de la courbe des luttes. Ce changement de situation produit des effets décisifs. » Parmi ces effets, la LCR note surtout « l'appa- rition de plus en plus fréquente de formes d'organisation démo-

Page 16: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

cratiques des luttes ». En clair, le groupe trotskiste enregis- tre avec satisfaction le phénomène des « coordinations ». Depuis 1986, tous les grands conflits sont dominés par des coor- dinations extra-syndicales qui mènent le jeu et effraient sou- vent les grandes confédérations. On l'a vu à la SNCF, chez les instituteurs ou chez les infirmières. Dans tous les cas, les mili- tants gauchistes sont non seulement à la pointe du combat, mais à la tête des grèves. Hasard ou culte de la magouille ? Pas du tout. C'est en réalité la conséquence d'un patient tra- vail de taupe mené, à la base, au sein ou en dehors des syndi- cats traditionnels.

D'un point de vue plus général, l'extrême gauche s'est impo- sée sur plusieurs fronts. Elle intervient dans la mouvance éco- logiste, où un débat important oppose partisans et adversaires de la notion d'« écologie politique » : le combat pour l'environ- nement doit-il inclure l'élaboration d'un projet de société ?

Cela rejoint les recherches du courant « alternatif » : l'Alter- native est un vaste conglomérat de petits comités plus ou moins ciblés sur des actions parcellaires. En d'autres termes, un vivier de militants et un éventail de possibilités.

Les rénovateurs et reconstructeurs communistes représen- tent un autre « créneau porteur ». Pour certains révolutionnai- res, les exclus du PCF défendent un « socialisme à visage humain » qui ressemble au trotskisme o u à d'autres courants marxistes.

La candidature de Pierre Juquin aux présidentielles de 1988 s'inscrit dans cette pêche aux alternatifs, écolos et rénova- teurs : on remarque dans les comités Juquin des militants de la LCR, du Parti pour une alternative communiste (PAC), de l'Organisation communiste démocratique (OCD), du PSU, de la Fédération pour une gauche alternative (FGA), sans oublier de nombreux syndicalistes CGT, CFDT, FO et FEN. Détail important : la campagne voit la mobilisation de nombreux jeu- nes et inorganisés. C'est nouveau. Les inorganisés de l'extrême gauche représentent une force montante. On les trouve au sein de collectifs de lutte axés sur des problèmes concrets. Ils ani- ment de petits journaux et participent quelquefois aux réu-

Page 17: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

nions de la « Nouvelle Gauche » ou de l'Arc-en-ciel. Les lycéens et les étudiants fabriquent de minuscules « fanzines », petits périodiques sauvages où les infos rock se mêlent aux commu- niqués militants.

Les gauchistes sont présents dans toutes les zones de frot- tement : conflits sociaux, écologie, pacifisme, mouvements de chômeurs, école, racisme, immigration, tiers-mondisme... La liste est chaque jour un peu plus longue.

Mais, à dire vrai, une telle situation tient du miracle. Car ce courant politique sort aujourd'hui d'une terrible traversée du désert. Pour le comprendre, reparcourons les grandes éta- pes depuis 1968.

1968-1973 : L'APOGÉE De 1968 à 1973, l'extrême gauche connaît un développement

phénoménal. Des groupes comme la Gauche prolétarienne, la Ligue communiste, Lutte ouvrière ou l'Organisation commu- niste internationaliste arrivent à décupler leurs effectifs. Lors de l'enterrement du maoïste Pierre Overney, tué par un vigile devant les usines Renault de Billancourt en 1972, les organi- sations parviennent à mobiliser plus de cent mille personnes. L'intelligentsia tout entière soutient alors les gauchistes. Ils sont à la mode. Cette période, à la fois faste et désordonnée, aboutit à une première décomposition en 1973.

1973-1978 : SUCCÈS ET ÉCLATEMENT 1973 est une grande année charnière. Elle est marquée par

deux événements : l'interdiction de la Ligue communiste et l'autodissolution de la Cause du peuple. En réalité, les deux phénomènes ont les mêmes conséquences. La Cause du peu- ple s'est sabordée pour ne pas se transformer en parti, mais au contraire laisser les luttes ouvrières se diriger elles-mêmes. Cette disparition est un premier symptôme de l'éclatement du maoïsme. Les acquis soixante-huitards au niveau de la vie quo- tidienne poussent alors de nombreux militants à s'intéresser

Page 18: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

à la contre-culture américaine, aux luttes sexuelles, ou, tout simplement, à abandonner la politique. La dissolution de la Ligue communiste intervient après une manifestation armée, où elle a tenté de briser un meeting du mouvement d'extrême droite Ordre nouveau. La décision du ministre de l'Intérieur Marcellin porte un coup d'arrêt à la militarisation de l'orga- nisation. Certains militants, tentés par des actions de type latino-américain, se retirent progressivement de la Ligue. C'est la fin de l'enthousiasme romantique. L'extrême gauche va ten- ter d'arriver à maturité.

Les organisations les plus structurées connaissent alors de forts recrutements. A partir de 1976, on trouve ainsi quatre quotidiens d'extrême gauche dans les kiosques : L'Humanité rouge (liée au Parti communiste marxiste-léniniste de France), Le Quotidien du peuple (du Parti communiste révolutionnaire marxiste-léniniste), le quotidien Rouge (de la LCR), et bien sûr Libération. « Last but not least », Libé est évidemment le fleu- ron de la presse gauchiste. Il n'est lié à aucune organisation, mais la plupart de ses journalistes (Serge July, Marc Kravetz, Philippe Gavi, etc.) viennent des instances dirigeantes de l'ex- Cause du peuple.

Christian Piquet, actuel rédacteur en chef de Rouge (qui est rede- venu un hebdo), se rappelle très précisément cette période faste :

« L'apogée du gauchisme, on peut la fixer en mars 1977, puisqu'il y avait eu des élections municipales auxquelles par- ticipa l'extrême gauche, notamment sous la forme de la coali- tion "Pour le socialisme, le pouvoir aux travailleurs", et qui comprenait Lutte ouvrière, la Ligue communiste révolution- naire, et l'Organisation communiste des travailleurs, aujourd'hui disparue. Ces trois organisations s'étaient présen- tées au niveau national et avaient réalisé des scores impor- tants : par exemple 12 p. 100 à La Source, près d'Orléans. »

Le succès est là. Pourtant, la décomposition est déjà à l'œuvre. En 1977, l'Albanie rompt avec la Chine postmaoïste (Mao est mort en 1976). Pour le courant prochinois, c'est la chute finale. Le PCR- ML et le PCMLF disparaissent progressivement du paysage. Dans d'autres pays d'Europe, des groupes très puissants, comme le

Page 19: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

Parti des travailleurs espagnols, vont s'écrouler en quelques mois. Nous atteignons les zones arides.

1978-1986 : LE GRAND DÉSERT La grande traversée du désert s'explique globalement par

quatre facteurs : 1. La rupture de l'union de la gauche en septembre 1977

démobilise de nombreux militants et sympathisants gauchistes. 2. Les luttes du Sud-Est asiatique (Viêt-nam, Laos, Cambodge)

débouchent sur des États totalitaires : génocide khmer rouge, phénomène des boat-people, etc.

3. La Chine rouge perd son caractère « sacré » en se banali- sant et en se soviétisant, tandis que la querelle avec l'Albanie entraîne la rupture définitive de tous les accords en 1978.

4. Il n'y a pas de mouvement porteur : la lutte des sidérur- gistes en Lorraine se solde par un échec.

A l'époque, Christian Piquet (de la LCR) était responsable national d'un groupe disparu dans la tourmente, l'Organisa- tion communiste des travailleurs :

« Une partie de l'OCT rejoint la LCR en 1979. D'autres cama- rades défendent des positions qui visent à abandonner l'acquis historique de l'extrême gauche, en disant : "L'extrême gauche a fait faillite, il faut trouver autre chose." On retrouve certains de ces militants au PS ou dans diverses associations. Mais l'essentiel des gens qui défendaient cette position a arrêté de faire de la politique et vogué vers d'autres cieux. »

Ironie de la petite histoire. Les gauchistes post-soixante- huitards ont largement investi les belles et grandes fonctions directoriales : Philippe Barret (ancien trésorier de la Gauche prolétarienne) est inspecteur général de l'Éducation nationale. Jacques Broyelle (fondateur de l'Union des jeunesses commu- nistes marxistes-léninistes) est journaliste à Valeurs actuelles. Roland Castro (ancien leader UJC-ML) est un architecte bien vu à l'Élysée. Jean-Pierre Le Dantec (ancien directeur de La Cause du peuple) est l'un des présidents de l'École d'architec- ture de La Villette. Olivier Rolin (ancien activiste de la Nou-

Page 20: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

velle Résistance populaire) est éditeur. Quant à Henri Weber (ancien dirigeant de la Ligue communiste), il est maître de con- férences en sciences politiques, et proche parmi les proches de Laurent Fabius...

Des parcours exemplaires, et même de belles carrières pour ces brillants sujets qui voulaient, hier encore, « casser du bourgeois ».

On n'ose même plus mentionner leurs obscurs camarades d'antan, qui ont continué à militer en dépit des vents contrai- res. Car, si le PCMLF, le PCR-ML et l'OCT se sont désagrégés à l'aube des années 80, de petits groupes obstinés ont relevé le drapeau. Les héritiers du PCMLF sont aujourd'hui regrou- pés au sein du Parti pour une alternative communiste. De l'OCT, il reste une fantomatique Organisation communiste Combat révolutionnaire.

Les .groupes trotskistes et anarchistes ont mieux tenu le choc. Ils ont survécu, au milieu des interrogations, dans un isole- ment plus ou moins complet, tout en vieillissant ensemble. 1986 est arrivé, et le courant semble s'être inversé.

Mais l'extrême gauche de 1989 n'a plus grand-chose à voir avec les glorieux combattants de la Sorbonne. Le rouleau com- presseur des années 70 a écrasé bien des illusions. Le gau- chisme contemporain a largement tiré les leçons de sa traversée du désert.

VERS LA RÉVOLUTION MONDIALE ? Il y a vingt ans, les organisations trotskistes ou anarchistes

avaient, certes, des relations à l'étranger, mais sans aller jusqu'à travailler en commun. On découvrait avec ravissement qu'on avait des frères au Brésil ou en Inde. On tissait d'éphé- mères accords diplomatiques, mais chaque groupe restait maî- tre en son pays. Seule exception notable : la IV Internationale. Depuis sa fondation en 1938, l'Internationale trotskiste a tou- jours essayé de se constituer en « Parti mondial de la révolu- tion socialiste ». Avec des fortunes diverses. Les plus grosses sections trotskistes ont rarement dépassé les deux mille mem-

Page 21: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

bres. L'accroissement des effectifs aboutissait d'ailleurs sou- vent à une crise idéologique : à Ceylan, dans les années 60, le LSSP remporte ainsi d'importants succès électoraux. La crise à l'intérieur du mouvement provoque alors son éclatement : une minorité recrée une section de la IV Internationale, tan- dis que la majorité décide de se rallier à une coalition gouver- nementale de centre gauche, inaugurant ainsi la célèbre stratégie du recentrage. Plus récemment, dans les années 70, l'important PRT d'Argentine se lance dans une stratégie de gué- rilla après la venue des militaires au pouvoir. Son bras armé, l'ERP, multiplie les actions violentes. Une telle attitude abou- tit à l'éclatement du mouvement.

Le trotskisme est-il donc incapable de gérer de grosses orga- nisations ? Des cas récents prouvent le contraire. Nous y reviendrons plus loin.

Mais les groupes révolutionnaires ont tiré une leçon fonda- mentale de leur traversée du désert : il leur fallait vivre à l'heure du monde. Faibles dans leur pays, ils pouvaient trou- ver des aides inespérées en allant là ou leur tendance avait le vent en poupe. Le gauchisme s'est donc fortement internatio- nalisé dans deux directions.

Les conférences internationales et autres coordinations régionales ou mondiales se sont multipliées. L'Union des tra- vailleurs communistes libertaires a, par exemple, organisé, le 16 avril 1988, une rencontre internationale de syndicalistes libertaires à Paris. Étaient présents des militants de Hollande, de Suisse, de Suède, d'Espagne, etc. Ce n'est qu'une réunion parmi tant d'autres. Partout règnent la discussion et la négo- ciation. Entrer dans un groupe gauchiste, c'est aujourd'hui s'intégrer à un vaste réseau mondial de groupes, de journaux, de fractions.

Il existe aussi de véritables mouvements internationaux. Structurés et organisés. Nous avons pu relever, au minimum, vingt structures internationales, que nous analyserons au fil des chapitres.

L'internationalisme permet souvent aux groupes révolution- naires d'avoir accès à des logistiques sophistiquées. Certains

Page 22: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

courants démarrent en France grâce aux appuis extérieurs : la Ligue trotskiste de France, qui a réussi à présenter des can- didats aux élections législatives de juin 1988, est, par exem- ple, fortement aidée par les Américains de la Spartacist League. De même, le groupe Socialisme international bénéficie de l'aide du Socialist Workers Party britannique.

En dehors de la France, et même de l'Europe, certains par- tis ou mouvements réalisent actuellement des scores étonnants. Du côté des maoïstes, le Parti communiste du Pérou (dit « Sen- tier lumineux ») est une très importante force d'opposition au régime du président Garcia. Le PCP, dont le leader Gonzalo fait l'objet d'un véritable culte de la personnalité, défend une sorte de maoïsme invariant, très critique à l'égard de l'actuel gouvernement chinois et pas très éloigné, dans la pratique, du régime khmer rouge. Chez les anarchistes, la Confédération nationale du travail espagnole, bien qu'affaiblie par une scis- sion, reste une force puissante.

Les trotskistes rencontrent, pour leur part, un indéniable succès en Argentine. Le Parti socialiste des travailleurs de Moreno, section argentine de la Ligue internationale des tra- vailleurs, a donné naissance à un mouvement révolutionnaire unitaire, le MAS (Mouvement vers le socialisme), qui rassem- ble des foules d'environ cent mille personnes. Le Parti révolu- tionnaire des travailleurs mexicains, lié au Secrétariat unifié de la IV Internationale, a réussi à s'implanter durablement, notamment dans les couches paysannes. Au Brésil, le Parti des travailleurs est une force importante.

Les gros partis d'extrême gauche représentent un atout pour les plus petites formations : ils les stimulent et leur apportent souvent une aide matérielle.

LA MORT DES « PETITS LIVRES ROUGES » Inutile de se faire des illusions. Les années 80 n'ont pas mira-

culeusement accouché d'une extrême gauche virginale, sans aucun lien avec le passé. Un trotskiste reste un trotskiste. L'actuelle résurgence ne fait que réactualiser des constantes.

Page 23: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

Il y a pourtant un aspect nouveau. Cette fois-ci, le débat est ouvert entre modernes et archaïques.

Les partisans du dogme, adeptes d'un communisme liber- taire orthodoxe ou d'un pur trotskisme des années 30, n'ont évidemment pas disparu. Des groupes comme Lutte ouvrière ou le Parti communiste internationaliste n'ont pas vraiment changé depuis les années 60, ou même les années 50. Pour eux, la question ne se pose même pas. On ne change pas une méthode qui gagne. Et si elle ne gagne pas, on trouve des rai- sons scientifiques et dialectiques. Certains y verront une atti- tude saine : le courage de ne pas changer de cap au gré des vents contraires. Comme le dit avec emphase la minuscule Gazette prolétarienne, un bulletin pro-albanais :

« Le marxisme-léninisme n'est pas une mode. La mode se traîne lamentablement à la remorque de la vie. Tous les mou- vements à la mode : beatniks, hippies, maoïstes, autonomes, etc., ont ceci de commun d'être anti-parti, privilégiant la "nature humaine" et la société sans classes, en somme le bon- heur universel avec un peu de bonne volonté. (...) Il n'est pas étonnant que les médias impérialistes se pâment devant ces modes. L'impérialisme n'est pas menacé. L'idée de parti est révolutionnaire. Là, les médias se déchaînent ! Aucun qualifi- catif n'est assez fort pour dénoncer le "stalinisme", le "parti totalitaire". (...) Trente ans après sa mort, le camarade Staline cause toujours des cauchemars à la bourgeoisie, car Staline, c'est le parti ! » (1983).

Quelle richesse de style ! Quelle inimitable phraséologie !... Rassurez-vous. Tous ne s'expriment pas avec une telle langue de bois. Certains gauchistes défendent même une option « moderne ». Ils veulent sortir de ce qu'ils appellent une « inva- riance sectaire ». Pour eux, l'héritage est moins important que les faits. On se soucie peu des dogmes. Qu'on soit marxiste ou anarchiste, maoïste ou trotskiste, on met son grand théoricien de côté pour s'adapter à l'époque.

Les gauchistes modernes privilégient les combats à terme et les victoires parcellaires. Exit le Petit Livre rouge. Le secta- risme idéologique des années 60 a fait long feu. De coordina-

Page 24: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

Ils sont environ 20%, ces Français contestataires prêts à rejoindre les courants extrémistes pour tout changer et balayer le système, au prix de la violence, s'il le faut. Localisés aussi bien à l'extrême gauche qu'à l'extrême-droite, on les remarque lors des grandes élections (1988 :15% pour Le Pen) ou des grèves de la Fonction publique (animée par des militants révolutionnaires). Qui sont-ils? Où vont-ils, à travers les années Mitterrand ? Comment vont-ils évoluer face aux enjeux européens et aux échéances sociales, économiques de demain ? Christophe Bourseiller a mené l'enquête : passionnant et terrifiant tableau, fort documenté, de ce qui couve et grandit dans la France d'aujourd'hui.

Page 25: LES ENNEMIS DU SYSTÈME

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.