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Les figures féminines de l’Opéra.Les figures féminines de l’Opéra.Les figures féminines de l’Opéra.Les figures féminines de l’Opéra.

par Tania Bracq-Rosenberg, soprano lyrique léger, conférencière.

Diplômée de Sciences-Po après une Hypokhâgne et titulaire d‘un DEA d‘Histoire de l‘Art, Tania Bracq partage désormais son activité entre la conduite de projets culturels et l‘art lyrique.

Assistante parlementaire au Parlement Européen, chargée de communication au Conseil de l‘Europe elle est, depuis 2002, administratrice de

l‘ensemble instrumental néerlandais Barokopera Amsterdam. On l‘a vu interpréter avec un égal bonheur, Constance dans le Dialogue des Carmélites de

Poulenc, Suzanne dans les Noces de Figaro de Mozart, la première et la deuxième dame dans Zauberflöte, Clarice dans il Mondo della Luna de Haydn, Pepie et Hortense, soubrettes de Wienerblut de Strauss et Opernball de Heuberger, Denise dans Dédé de Cristiné et Clémence d‘Harville dans la comédie musicale « Les Mystères de Paris »…

Forte de sa double formation de chanteuse (auprès de Mady Mesplé, Yves Sotin et Gael de Kerret) et de comédienne (au CNR de Strasbourg et au Cours Florent), elle a également créé sa propre compagnie, « Lyrica Magica », afin d'aller au-devant de nouveaux publics. Elle travaille ainsi au confluent de la littérature, du théâtre et du chant comme « conteuse lyrique » dans de nombreuses structures comme les Opéras d'été de Dinard (35), le festival de musique de Dinard, etc…

Sommaire Les figures féminines de l’Opéra. ...................................................................................................................................................................... 1 I. Places et rôles traditionnels de la femme :............................................................................................................................................... 2

A. La jeune fille pure et martyre: ...................................................................................................................................................... 2 B. L’épouse malheureuse : ................................................................................................................................................................ 2 C. La mauvaise mère : ...................................................................................................................................................................... 2 D. Les travestis : un contre-exemple ?: ............................................................................................................................................. 2

II. Passion magnifiée / passion condamnée : Eros et Thanatos : ............................................................................................................. 3 A. Les femmes perdues par l’amour : ............................................................................................................................................... 3

1. L’innocence sacrifiée : ................................................................................................................................................................. 3 2. La femme déchue, rachetée par l’amour : ..................................................................................................................................... 3 3. aimer, désobéir, expier : catharsis et bouc émissaire : .................................................................................................................. 3

B. L’amour par delà la mort : ............................................................................................................................................................ 3 C. L’amour jusqu’à la folie, autre mort à soi même : ........................................................................................................................ 4 D. Renoncer à la passion : ................................................................................................................................................................. 4

III. Les marginales : ................................................................................................................................................................................. 4 A. La tentatrice, la femme fatale : ..................................................................................................................................................... 4 B. Les femmes de pouvoir : .............................................................................................................................................................. 4

1. La magicienne : ............................................................................................................................................................................ 4 2. Le pouvoir terrestre : .................................................................................................................................................................... 4

C. La meurtrière : .............................................................................................................................................................................. 4 D. La femme libre : ........................................................................................................................................................................... 4

1. La soubrette : ................................................................................................................................................................................ 5 2. La gitane : .................................................................................................................................................................................... 5

E. La femme clairvoyante, la femme guide : .......................................................................................................................................... 5 IV. Conclusion : ....................................................................................................................................................................................... 5

Filles, femmes, aimantes ou épouses, triomphantes ou délaissées, libres ou asservies, jeunes ou vielles… toutes les femmes prennent vie sur la scène de l’OPÉRA. À l’OPÉRA s’exposent des archétypes, des clichés, mais c’est aussi le lieu de toutes les passions, les transgressions…

La conférencière propose un parcours parmi plus de trois siècles d’opéra. Les personnages féminins rapportent le statut des femmes, car l’opéra fait la part belle aux

femmes. Et près d’elles, les hommes peuvent exprimer des sentiments qu’ils ont peu l’occasion d’exprimer autrement dans les sociétés contrôlées dans lesquelles ils vivent, et il en est de même pour les femmes.

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I. Places et rôles traditionnels de la femme :

A.A.A.A. La jeune fille pure et martyre:La jeune fille pure et martyre:La jeune fille pure et martyre:La jeune fille pure et martyre:

La première représentation d’Orphée et d’Eurydice fut donnée pour fêter François 1er de Habsbourg-Lorraine. Le thème de la mort intervient dès le début avec la mort d’Eurydice. Le personnage d’Eurydice n’est pas le moteur de l’action, mais prétexte à l’action.

Souvent la femme y est sacrifiée. Illustration avec l’interprétation de l’air de Juliette extrait de

Roméo et Juliette de Gounod (1867) : « Je veux vivre ».

B.B.B.B. L’épouse malheureuseL’épouse malheureuseL’épouse malheureuseL’épouse malheureuse ::::

Chez Bizet, Michaëla la fiancée mal aimée est face à Carmen. Comment peut-elle lutter contre la passion envahissante et dévorante de Carmen ? Chez Mérimée qui a écrit la nouvelle, Michaëla n’existe pas ; elle a été inventée par le librettiste pour donner plus de relief à Carmen.

A cette époque, dans la société, on valorise le modèle de la famille bourgeoise. Mozart, dans « Les noces de Figaro », évoque bien les désillusions qui suivent souvent le mariage.

Plus tard, on va dédoubler les choses et séparer le mariage de l’amour.

C.C.C.C. La mauvaise mèreLa mauvaise mèreLa mauvaise mèreLa mauvaise mère ::::

Au XIX° siècle, on va retrouver la femme dans son rôle traditionnel de mère. Or, il n’y a pas de personnages maternels à l’opéra. Les mères instrumentalisent au contraire leur enfant ; elles les utilisent pour assouvir leur passion. Souvent, ces héroïnes sont ensuite sacrifiées.

Air extrait de Suor Angélica de Puccini de 1918, « Senza Mamma ».

D.D.D.D. Les travestisLes travestisLes travestisLes travestis : un contre: un contre: un contre: un contre----exempleexempleexempleexemple ?:?:?:?:

Aux antipodes de la femme traditionnelle se trouve les travestis. A l’époque baroque, des femmes interprètent des rôles d’hommes, car on leur trouve plus de sensibilité.

On a des duos de femmes, dont l’une est déguisée en homme. Air de Chérubin extrait des Noces de figaro de Mozart en 1786, « Voi

che sapete ». Les femmes peuvent tenir des rôles d’hommes et être très convaincantes. A l’opéra, on a une vraie égalité hommes – femmes qui n’existe pas dans

la réalité.

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II. Passion magnifiée / passion condamnée : Eros et

Thanatos1 :

A.A.A.A. Les femmes perdues par l’amourLes femmes perdues par l’amourLes femmes perdues par l’amourLes femmes perdues par l’amour ::::

1. L’innocence sacrifiée :

A l’opéra, la passion est animée, passionnée, souvent exprimée par les femmes, car la sensibilité masculine n’a pas le droit de s’exprimer.

Lamento de Didon, extrait de Didon et Énée de Purcell (1689) : « When I am laid ». Outrée qu'il ait songé à la quitter, Didon repousse Énée et lui ordonne de s'en aller. Une fois

Enée parti, elle se donne la mort dans le poignant lamento "When I am laid in earth", où elle demande à Belinda de se souvenir d'elle mais d'oublier son destin.

Le destin est une cause pratique pour expliquer les drames. Chez Puccini, madame Butterfly, jeune épousée, attend le retour

de son mari et lui reste fidèle. Lorsqu’il rentre trois ans plus tard avec sa nouvelle épouse américaine, elle leur abandonne son enfant et se donne la mort.

Madame Butterfly est sacrifiée comme un papillon épinglé ; elle est l’innocente amoureuse trahie.

2. La femme déchue, rachetée par l’amour :

C’est Violetta dans la Traviata de Verdi, qui renonce à sa vie de courtisane par amour.

3. aimer, désobéir, expier : catharsis et bouc émissaire :

Les femmes assument seules les dérives masculines. Les passions introduisent le désordre dans la société ; il faut donc que la femme passionnée

meure pour expier le désordre. Le bouc émissaire (la femme) permet d’extérioriser les passions et ainsi calmer la société en

se défoulant. Désobéissance, expiation, retour au calme. Brunhilde est le bras armé des dieux. Elle va désobéir à Wotan, son père, et tomber amoureuse

de Siegfried. Après maintes aventures, elle finira par sacrifier sa vie. Avec l’irruption de la passion, c’est tout un cataclysme qui ravage tout, où tout retour est

impossible.

B.B.B.B. L’amour par delà la mortL’amour par delà la mortL’amour par delà la mortL’amour par delà la mort ::::

La mort est un lien entre les vivants et les morts. Tristan et Iseult fonctionnent en miroir l’un de l’autre. Si l’autre disparaît, le héros ne peut que disparaître. Ici c’est le dépassement de l’ego vers l’universalité.

La contemplation de la mort sur scène est peut-être une préparation à la mort humaine, en la dédramatisant.

Ariane à Naxos, face à Zerbinette : Ariane a été abandonnée par Thésée, sur l'île de Naxos. Elle passe le plus clair de son temps à dormir et désespère du sort que son amour lui a réservé. Zerbinette arrive et lui vante son mode de vie, la liberté et les infidélités, son amour immodéré des hommes. Mais la princesse n'entend pas.

Faut-il s’attacher à ce qui est perdu et continuer à vivre ? Ce n’est pas ce qu’en pensent les romantiques.

1 Dans la mythologie grecque, Thanatos est la personnification de la mort.

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C.C.C.C. L’amour jusqu’à la folie, autre mort L’amour jusqu’à la folie, autre mort L’amour jusqu’à la folie, autre mort L’amour jusqu’à la folie, autre mort à soi mêmeà soi mêmeà soi mêmeà soi même ::::

La folie est introduite à l’opéra. Une nouvelle voix existe aussi, le renoncement ; on redécouvre le stoïcisme avec Sénèque. « La raison a toujours raison, même quand elle échoue ».

D.D.D.D. Renoncer à la passionRenoncer à la passionRenoncer à la passionRenoncer à la passion ::::

Mozart propose le dépassement de la passion pour connaître l’apaisement.

III. Les marginales :

A.A.A.A. La tentatrice, la femme fataleLa tentatrice, la femme fataleLa tentatrice, la femme fataleLa tentatrice, la femme fatale ::::

Air de Musetta, extrait de La bohème de Puccini (1896) : « Quando men vo ». Musetta essaie de rappeler à son ancien amant Marcello, leurs amours passées.

Un autre personnage arrive à la fin du XIV° siècle : la poupée. La

femme est une mécanique faite pour perdre l’homme : la femme est la perte de l’homme.

Si l’autre ne cède pas à Salomé, il doit être détruit ; Salomé fait ainsi exécuter Jean Baptiste. Encore un effet de miroir.

Le personnage va fasciner la fin du XIX° siècle en peinture et en art. Avec l’arrivée de la psychanalyse, on va explorer les sentiments de la

femme. La femme fatale joue sur le couple séduction répulsion. Le côté

« culturel » fait passer ainsi des sentiments très ambigus.

B.B.B.B. Les femmes de pouvoirLes femmes de pouvoirLes femmes de pouvoirLes femmes de pouvoir ::::

1. La magicienne :

La femme séduit, elle est magicienne. Air extrait d’Armide de Lully (1686) : »Venez, Haine implacable ». La magicienne Armide va charmer Renaud pour le détourner de la croisade,

mais elle va en tomber amoureuse. Dans l’opéra, les magiciennes sont acculées à la mort.

2. Le pouvoir terrestre :

L’exposition, sur scène, du pouvoir des femmes, est à l’opposé de ce qui se passe dans la vie courante.

A l’opéra, les femmes s’affranchissent des contraintes et des usages, et affirment leur liberté.

C.C.C.C. La meurtrièreLa meurtrièreLa meurtrièreLa meurtrière ::::

La morale y est souvent ambiguë : tout désordre dans la société doit être puni.

D.D.D.D. La femme libreLa femme libreLa femme libreLa femme libre ::::

Pouvoir du libre arbitre.

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1. La soubrette :

Les soubrettes sont les premières à tirer leur épingle du jeu. La soubrette est transgressive ; elle permet à sa maîtresse d’obtenir ce qu’elle ne pourrait pas

faire seule. Sur scène, la lutte des classes et la lutte des sexes y sont illustrées. Dans l’opéra comique, au XIX° siècle, l’émancipation des femmes est magnifiée.

2. La gitane :

Carmen est libre, elle abandonne tout à sa passion, sans toutefois vouloir perdre sa liberté : elle en mourra.

E.E.E.E. La femme clairvoyante, la femme guideLa femme clairvoyante, la femme guideLa femme clairvoyante, la femme guideLa femme clairvoyante, la femme guide ::::

Chez Maeterlinck, Ariane voyage dans l’inconscient de Barbe bleue. Elle va essayer de lui faire découvrir que toutes ses femmes représentent la part féminine de Barbe Bleue, mais il ne peut la suivre.

Brunhilde est libre aussi en prenant ses distances avec son père. Elle révèle l’inconscient de l’homme.

Air extrait des Mamelles de Tiresias de Poulenc (1947) : « Non, Monsieur mon mari ».

IV. Conclusion : L’opéra permit des libertés qui n’ont pas été accordées au théâtre. L’opéra a t-il une mission pédagogique en montrant les conséquences des passions ? L’opéra devient une apologie de la transgression, peut-être pour apaiser les passions ?