ÉTUDE

SUR

LES FIGURINES DE TERRE CUITE

DE LA GAULE ROMAINE.

SUPPLÛMENT.

L

Dix années ont passé depuis la publication demon Étude'. L'accueil favorable fait autrefois àmes recherches, m'a encouragé h les poursuivre,et le supplément que je présente aujourd'huirésume les découvertes faites depuis 1891 et con-dense les résultats de nies lectures et de mesvoyages depuis cette époque.

On verra qu'un certain nombre de types nou-veaux ont été trouvés dans diverses régions. Lesfigurines de la Gaule romaine présentent mainte-

I. Mémoires de ta Sociéténationale des Antiquaires de Franco,t. LI, 1891, p. 65-224 (tir. à part à 50 ex.; Paris, 1891, in-8',160 p. et 2 pi. reproduisant 25 figurines).

Document

l I I II Il M I1 IIII II-oo0000,561477_

gTunE SUR LES FIGURINES 0E TERRE CUITE

nant une variété de sujets que l'ouvrage de Tudotne suffit plus à faire connaitre. Mais la fabricationindustrielle de cette céramique a malheureusementdonné des produits dont les détails sont souventpeu distincts, soit par suite de l'usure des moules,soit à cause de la négligence des modeleurs. C'estpour cela que les reproductions directes d'aprèsdes figurines de la Gaule seront souvent peu satis-faisantes.

II.

TECHNIQUE. ORIGINE DES TYPES.

1. On sait que les figurines de terre cuite de laGaule romaine sont fabriquées à l'aide de deuxmoules' dont les épreuves, face et revers, sontJointes et soudées au moyen de la barbotine.

Cependant, on a publié récemment une tête recou-verte d'un émail vert foncé, trouvée à Brionne etconservée au Musée d'Évreux2. Si cette tête n'estpas du moyen âge, elle serait, malgré le travailgrossier qui la caractérise, un exemple de mode-lage direct par les céramistes de la Gaule. Elle pré-sente en effet une grande ressemblance avec destêtes de statuettes archaïquS grecques; les yeuxsont figurés par des pastilles trouées au milieu,

1. On sait que les figurines athéniennes de style récent sontaussi moulées en deux parties (J. Martba, Galet. des fig . enterre cuite du Musée d'Atltènes, Introd., p. XXII).

2. L. Coutil, Les figurines en terre cuite des Eburovices,Vetioeasses et f.eajouii, 1809, p. 57, pl. XV, fig. 2.

FE LÀ GAULE ROMAINE. SUPPLSENT. 7

et la bouche a certainement été tracée à l'aided'un ébauchoir ou d'une estèque. II n'est pas dou-teux (lue, dans certaines régions, les céramistesont modelé directement leurs produits. Ainsi, uneVénus, trouvée dans la forêt de Compiègne',montre des yeux et des cheveux modelés certaine-ment à la main, et la bouche est formée d'un traitincisé (Musée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-baye, if 13106). Pour les figures degrandes dimensions, telles que celles ayant faitpartie de la balustrade de terre cuite trouvée àLezoux, dont plusieurs fragments viennent d'en-trer, avec la collection Plicque, au Musée deSaint-Germain', les retouches et les modelagesadditionnels étaient nécessaires et sont du restenettement visibles.

Bien que les céramistes de la Gaule romaineaient préféré fabriquer des statuettes relativementpetites, cependant on peut citer aujourd'hui plu-sieurs oeuvres d'une taille assez considérable. J'aidéjà décrit le c Fleuve du Musée de Moulins(hauteur P34). Je citerai maintenant la curieusefigure à double face de la collection Plicque (auMusée de Saint-Germain), haute de 0m38, ainsi

4. Les terres cuites de cette provenance sont souvent d'untravail grossier qui parait indiquer un centre particulier defabrication (voy. aussi une Vénus trouvée à la Rouverie,forêt de Compiègne, Musée de Saint-Germain, no 43705).Voy. mon Étude, p. 433.

2. 0e Musée en possédait déjà deux fragments (noS 18579et 22876). Voy. mon Étude, p. 133; Mém., L. LI, p. 497.

8ÉTUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

qu'une grande figure de Vénus (?), de la mêmecollection, qui devait avoir environ O'60 de hait-Leur'; un torse de Vénus, sans tête ni jambes(de la collection E. iluret, à'Boulogne-sur-Mer),mesure 096 de hauteur, ce qui convient à unefigurine de 03O environ. M. A. Bertrand, deMoulins, possède une Vénus trouvée à Vichy,dont la hauteur atteindrait Qm45 2 Le Pis pater duMusée de Bourg devrait avoir, entier, environØm27 de hauteur. Le curieux tronc du Musée deMoulins (voy. mon Étude, p. 131) mesure 032de hauteur. Le Musée de Spire possède une grandetête de femme à coiffure élevée. Enfin, en 1877,M. Ed. Herstatt, de Cologne, conservait une Vie-toire de I '25 de hauteur, trouvée à llingerbrûck,près l3ingen, en 18711-3.

11. J'avais déjà signalé quelques figurines gallo-romaines portant des traces de couleurs'. Celtequestion étant particulièrement importante, j'airecherché d'autres exemples relatifs au mêmedétail de fabrication, et je puis ajouter les sui-vants

4. La technique de ces deux figures, en terre rouge avecengobe blanc, est, du reste, particulière; les figures sontpresque pleines. Il s'agit de fragments d'une balustradeayant fait partie de la décoration d'un monument (trouvée& Lezoux).

2. F. Pérot, dans fluit. Soc. arch4ot, & l'Orléanais, t. VII,4878-1882, P. 34.

3. i3onncrJahrb2cher, fasc. 64, 4877, p. 448, n°164.4. Voy. mon Étude, p. 44 CL 45; Mém. Soc. des .dntiq. de

Francs, t. LI, p. 78.

J)E LA GAULE ROMAINE. SUPI'L1MEFÇT. 9

À Mayence, on a trouvé trois figures d'oiseauxou coqs, en terre blanc-jaunâtre, avec des tracesde peinture'. La statuette de Tigy était « enduite« sur toute sa surface d'une espèce d'encaustique« de couleur rougeâtre 2 . Une Vénus, trouvée àDijon en 1736, était couverte de couleur rouge 3 . Unbuste d'homme, couvert du euculius, porte sur levisage des traces de couleurs rouge et noire s . Unpetit personnage coiffé du cucullus et tenant deses deux mains un vase ou une corbeille laissevoir en plusieurs places des traces de peinturerouge5.

III. Certains pays ne possédaient pas l'argileblanche. Ainsi, plusieurs statuettes de terre rouge,de fabrique grossière, représentant Minerve éle-vant la main droite vers sa tète, ont été trouvéesà Deneuvre (Meurthe-et-Moselle)°. Beaucoup defigurines recueillies en Allemagne sont aussi fabri-quées avec de la terre rouge.

IV. J'ai déjà recherché les prototypes des fi-rines de ta Gaule romaine. Comme l'étude de

4. Westd. Zeitsehrift f. Gesch. u. Ktsnst, t. XVI, 1897, p. 349,Pl. XVII, 4.

2. Jollois et Vergnaud-Romagnési, Figurine antique trouweà Tigy (Loiret), 1833, P. 3.

3. MiSai. Comm. des Antiq. de la Côte-d'Or, t. VII, 1865-1869, P. LXXXIX.

4. Bonner .lahrb., fase. 19, 4885, p. 486.5. Trouvé à Vertault (Ltutt. Soc. archéol. et histor. du CM-

tillonnais, 1893-1894, p. 479).6. Bull. Soc. des Ântiq. de Fran ge, 1886, p. 202.

2

I OIlTUDE SUR LES FTCR1NES DE TEnUE CUITE

cette question est encore (brt difficile, je vaisexposer quelques observations nouvelles.

On commence à réduire le rôle exagéré qu'onattribuait à l'influence de l'ait alexandrin. C'estavec quelque raison que, dans un travail récent,M. Dragendorif u pu dire que l'art du rr siècleest romain, c'est-à-dire formé à Borne sous l'in-fluence des oeuvres grecques apportées en Italie'..

Cependant, en ce qui concerne l'influence pos-sible de l'art diexandrin sur les terres cuites de laGaule, je dois rappeler la communication que j'aifaite à la Société des Antiquaires de France 2 . JIs'agit d'une figurine conservée au Musée d'archéo-logie à Rennes. Elle représente liorus enfant,assis à terre, la jambe gauche repliée', portantun doigt de la main droite à ses lèvres et tenantsous le bras gauche un fruit (ou peut-être unvase) 4 . La tête porte une grosse couronne sur-montée du pschent entre les deux plumes et lesdeux cornes. A gauche d'Harpocrate se dresse un

L Die arretinischen Vasen und ihr Verhâttniss sur Angus-teisehen Kunst, dans les Banner Jahrb., fase. 403, 4898,p. 404-105.

2. Cf. finit. Soc. des Antiq de France, 4896, p. 356.3. La jambe droite manque par suite d'une cassure.4, « Le geste par lequel l eHoru.q égyptien porte lb doigt à

la bouche, comme font les petits enfants, avait inspiré àd'autres une idée de silence et de mystère; il Lui (à l'artiste)a inspiré une idée de gourmandise et l'a poussé à ajouter tevase » (G. Maspéro, Calai, du Musée égyptien de Marseille,4889, n° 4063).

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 11

urœus, portant une couronne surmontée de lacoiffure sacrée'; la partie inférieure du serpentest engagée sous la jambe gauche du jeune dieu.La base de cette figurine est en forme de soclerectangulaire (hauteur 01 5; voy. fig. 26) 2 . IIest bien évident que, d'après cette deséription,on pourrait considérer cette terre cuite commeun produit égyptien, fabriqué à l'époque ptolé-maïque ou même à l'époque romaine. Et, en effet,la plupart des musées conservent des figurineségyptiennes représentant le jeune brus dans unepose similaire. Mais la statuette du Musée deRennes a été trouvée dans les circonstances sui-vantes.

Vers 1850, dans ait voisin du village deCesson, près de Rennes, on trouva une grandequantité de statuettes de terre cuite, presquetontes brisées. La plupart étaient des Vénus etdes déesses-mères portant deux enfants. Parmices débris, il y avait aussi une tête jeune, imberbeet enfin la statuette d'Horus enfant que je viensde décrire. Quelques-unes des Vénus sont en terreblanche, mais la plupart des statuettes de Cessonsont en argile jaunâtre, tirant sur le rouge briqueclair, sans aucun lustre. On aurait reconnu, prèsdu lieu de la trouvaille, les restes d'un four à

4. Les détails ne sont pas nets et cette coiffure, sur la figu-rine de Bennes, ressemble plus au pschent qu'à I'atew.

2. Les numéros des figures font suite à ceux de t'Etude,sans indication de planches-

12tUBE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

potier. J'avais déjà signalé les monuments de latrouvaille de Cesson 1 , mais la description incom-plète du catalogue du Musée de Rennes' nem'avait pas permis de soupçonner l'intérêt de lastatuette d'Horus1

En effet, la trouvaille de Cesson permetd'émettre deux hypothèses.

La figurine d'Horus enfant peut avoir été fa-briquée en Gaule, dans le même atelier queles autres statuettes de Cesson, dont la plupartsont aussi en argile rouge, et ce serait parconséquent une réplique d'une figurine égyp-tienne importée en Gaule. J'ai déjà montré la rela-tion évidente qu'il y avait entre des statuettes deVénus gallo-romaines et de Vénus provenantd'Égypte. L'autre hypothèse est tout aussi vrai-semblable l'I-Iarpocrate de Cesson aurait étéimporté directement d'Égypte. Il y a lieu de faireremarquer que les figurines égyptiennes de labasse époque sont généralement en argile rou-geâtre.

Il est aujourd'hui superflu de démontrer la pos-sibilité de l'importation directe, car la diffusiondu culte des divinités alexandrines en Gaule estétablie par de nombreux fails 4 . Quelle que soit

I. Étude, p. 157. Cf. TIIém. Soc, des Antïq. de Francs, t. LI,P. 224.

2. A. André, Catat. rais, du Musée d'archéol. de Rennes,4876, ° 708.

3. Étude, p. 67. Cf. Mém., t. LI, p. 134.4. Voy. G. Lafaye, flisI. du culte des divinités d'Alexandrie

1W J,A CAIlLE IIOMATNE. SEPI'1,1METÇT..13

l'hypothèse admise au sujet de l'origine de la sta-tuette d'Harpocrate trouvée à Cesson, le monu-ment est intéressant, car, de toutes manières,c'est un document dont il convient de tenir compte1)011V l'étude des influences étrangères dans laGaule romaine.

Il est évident que, par suite du commercedéveloppé de l'empire romain au rr siècle denotre ère, les influences ont dû être diverses. Sicertaines figurines du Fayoum ont pu influer surles types de la Vénus gallo-romaine, l'Italie avaità cette époque de nombreuses statuettes dedéesses-mères 4 , et la figurine provenant de Cler-mont-Ferrand (fig. 20 de mon Êtude2) est trèsproche parente de deux statuettes conservéesdans la collection Campana et provenant d'Italie.D'autre part, la province d'Afrique nous donnede nombreuses déesses-mères 3 et aussi des Vénus

hors de l'Égypte, p. 162; A. Blanchet, Étude, p. 77 (cf. Mém.,t. LI, p, 144); Boscber, Lesicon der Myth., S. y . Isis; S. Rei-nach, Bronzes figurés de ta Gaule romaine, p. 13; E. Guimet,lisis romaine, dans [es Comptes-rendus de lAcad. des inser. etbelles-lettres, 4895, p. 465, et les isiaques de ta Gaule, dans laRevue arclidol., 4900, I, p. 75-86. Voy. aussi Richard Arnoldi,Ràmiscl,cr .Isiscult art de y Mosci, dans les !ionner Jahrb.,fasc. 87, 1899, p. 33-53.

'I. Étude, p. 10 et 71; Mém., t. T41, p. 435.9. F. 135. Cf. Mdvi. Soc, des Antiq. de France, t. LI, P

- La caricature a copié ce type; on connaît, en effet, un singelouani de la syrinx, qui provient également de Clermont-Fer-rand (Musée de Saint-Germain, n° 4657).

3. Terres cuites trouvées à Carthage (Bull. . arehéol. duComité, 4891, P. 157, Pl. XII et XIII).

14lTUl)E SUR LES FICUItINES DE TERRE CUITE

sous des portiques à fronton arrondi, analoguesaux édicules trouvés en Gaule.

La sculpture a eu sans doute quelque influencesur les types des figurines. Aux statues dedéesses-mères que j'ai rapprochées des figurinesde terre cuite, j'ajouterai celle qui fait parue d'ungroupe de trois déesses assises, trouvé à Ver-tillum1.

J'ai déjà rappelé qu'on avait recueilli des sta-tuettes de terre cuite, représentant des déesses-mères, dans la Grande-Grèce et en Campanie, àTarente et à Pompéi. On en a trouvé aussi à Pré-neste 2 qui paraissent être du 110 siècle avant notreère, et l'on en aurait recueilli plusieurs milliers àCapoue en 1820 3 . Or, près de Santa-Maria diCapua, en 1876, on trouva sept statues de tufreprésentant toutes une femme assise, vêtue d'unelongue tunique, tenant dans ses bras un ou plu-sieurs enfants emmaillotés dans des langes'.

N'est-il pas remarquable de constater que leculte de cette déesse se manifeste de la mêmemanière qu'en Gaule, par des statues et des figu-

1. Bull. Soc. archéot. et histor. du Chdtittonnais, 1893-4894,P. 174, Pl. III.

2. E. Ferniquc, dans la Rente archdol., 1878, 1, p. 240.3. Fr. Lenormant, dans la Gazette des beauz-arts, 4880,

t. XXI, P. 222.A. P. Girard, dans la Revue arehéot., 4876, il , p. 112. -

Ces statues ont un mètre de hauteur. Le Musée de Caponeen possède quatre-vingts seniblahles, recueillies en cinqannées dans les ruines d'un temple.

LE Li GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 15

rifles, dans une région qui a certainement fournides modèles aux céramistes de la Gaule?

Il n'est pas inutile de faire encore les rappro-chements suivants.

On connaît des figurines de bébés emmaillotéset couchés dans leurs petits lits, qui auraient ététrouvés dans le centre de la. France'. On a décritaussi un hochet en forme d'enfant au maillot 2.

Or, le type de l'enfant emmailloté a été signalépour l'italie 3 , et je l'ai retrouvé au Musée deSalzbourg. Il faut remarquer encore que la sculp-ture a fourni le même sujet découvert aux sourcesde la Seine et dans un temple près d'Arnay (Côte-d'Or). D'auires ex-voto de pierre représentantaussi des enfants emmaillotés ont été trouvésdans les ruines d'un temple romain de la forêtd'Halatte (Oise)'.

Le groupe des deux époux s'embrassant existeen pierre' aussi bien qu'en terre cuite.

Pour en finir avec ces rapprochements entre lasculpture et la céramique, je signalerai un bas-

4. I3utL archéol. du Comité, 4891, P. XLVII.

9. Bonner Jahrb., fase. 89, 4885, P. 187.3. E. Fernique, dans la Revue archéot., 4877, 11, p. 424.4. H. Baudot, Rapport sur tes decoutertes archéoL, 4845,

p. 24, pi. VIII, 12 à 18.5. liait. Soc, des Antiq, de France, 1875, p. 144. Cf., au

Musée. de Saint-Germain-en-Laye, un moulage d'un bronzereprésentant un enfant emmailloté (nO 15975) (S. Reinaeh,Bronzes figurés, p. 246, 110 204).

6. On en contrait plusieurs; l'un d'eux n été trouvéBourbon-Lancy (Buté. archéot. du Comité, 4892, p. 257).

16ÉTUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

relief représentant Vénus dans une niche, trouvérue du Chàteau, à Issoudun, très analogue auxédicules de terre cuite'.

Disons ici quelques mots d'une question qui estintimement liée à celle de l'origine des types.Dans mon Ei.ude2, j'avais fait remarquer que lemidi de la Gaule fournit peu de figurines de terrecuite analogues à celles du centre et du nord, etje m'étais contenté prudemment de signaler lalacune sans en proposer d'explication.

Peu après, on écrivit ce qui suitLa raison« de cette rareté semble cependant .fort simple.« Voisine de l'Italie, la Narbonnaise, plus ancien-« nement et plus complètement romanisée que les« autres provinces de la Gaule, recevait directe-« nient et probablement à bon compte tous les pro-« duits italiens. Les habitants, accoutumés aux« objets de fabrication ou d'imitation italiennes,« les préUéraient et n'éprouvaient aucun besoin« d'acquérir des terres cuites d'un style lourd et« provincial, alors qu'ils en avaient sous la main

d'autres plus élégantes et sans doute d'un prixégalement peu élevé. Celte remarque est appli-

« cable aux monuments de toute nature découverts« dans l'étendue de la Province romaine. On a

constaté, en outre, dans la Narbonnaise, l'exis-« tence d'une céramique locale totalement diffé-

4. Photographie exposée au Musée d'Tssoudun.2. P. lÀ?; Mérn. Soc. des Antiq. 4e Franco, t. LI, p. 206.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 47

• rente de celle qu'a étudiée M. Blanchet et dont• les principales (hbriques semblent avoir été dans• la vallée du Rhône, entre Orange et Vienne'. »

Ces conclusions ne, me paraissent pas emporterconviction. En effet, on signale bien rarementla découverte de statuettes de terre cuite, dequelque style qu'elles soient, clans la Narbonnaise,et il serait difficile de dresser, pour cette province,des inventaires analogues à ceux que j'ai commen-cés pour le centre et le nord de la Gaule. Et cepen-dant la Province, « plus ancienneihent et pins coin-« piètement romanisée, » devrait nous fournir desexemples en plus grand nombre.

En ce qui concerne le style des statuettes fabri-quées en Gaule, je prétends que beaucoup d'entreelles pourraient rivaliser avec les produits del'Italie, au r siècle de notre ère2.

Enfin, les ateliers de la vallée du Rhône pro-duisaient des vases ornés de médaillons et peut-être des médaillons séparés; mais on n'a pasencore signalé une statuette qu'on puisse rappro-cher de ces produits, soit au point de vue dustyle soit au point de vue de la technique.

Par suite, je crois que la question est encoreà étudier. Une des raisons que l'on pourrait invo-quer pour expliquer la lacune que je viens de

1. Rapport fait au nom de la Commission des Antiquités dela France. Paris, 1892, p. 14.

2. Bien entendu, les produits des deux pays sont indus-triels plutôt qu'artistiques.

18IlTIIDE SUIt LES FIGURINES DE TERRE CUITE

signaler serait de supposer, chez les populationsdu midi de la Gaule, une préférence pour lesstatuettes de bronze,.

M.

LES CENTRES DE FABRICATION.

I. On sait que, dès 1891, dans mon .Rtude e , jeconcluais à l'existence d'un centre de fabricationsitué claris l'Ouest et ayant produit des figurinesd'un style particulier (groupe Rextugenos) . Repre-nant cette idée, M. Léon Coutil a consacré récem-ment un travail aux figurines de ce groupe s , et,se basant sur quelques provenances, il a voululocaliser le centre de production des statuettes àgaine, dans le pays des Éburovices, des Vélio-casses et Lexovii.

Dans l'état actuel de nos connaissances, je nesaurais accepter cette hypothèse (lui s'appuie sen-lement sut' quelques provenances (Caudebec, Lil-lebonne, Lisieux, les Baux, Pitres). Remarquons

1. Je dois ajouter que je n'ai pas vu de figurines semblablesà celles de la Gaule dans les musées (le la Suisse. Je n'ai puvoir celui de Zurich.

2. P. 37 et 159; Môm. Soc. des .4ntiq. de France, t. LI,P. 101 et 223.

3. Les figurines en terre cuite des Eburovices, Veliocasses etLerovii. Étude générale sur les Vénus à gaines de la Gauleromaine. Évreux, 1899, in-8°, 88 p. et 23 pi., dont 5 defigures empruntées à l'ouvrage de Tudot. M. Coutil a repro-duit aussi des statuettes dont le style est semblable à celuides figurines de l'Altier.

I)E LA GAuLE ROMAINE. sui'Pi,tMENT. 19

que des figurines à gaine ont été trouvées dans laLoire-inférieure (butte de Bro-en-Fégréac, Quilly),le Morbihan (I'lle-aux-.Moines et Toulvern-Ba.den),le Finistère (Saint_Jean-TrolimOn), les Côtes-du-Nord (Corseul), le Maine-et-Loire (Anges), leLoir-et-Cher (Cièvres et Soings), le Cher (laGuerche), l'Allier (Vichy et. Toulon), la Seine-et-Oise (Ablis). Dans ces conditions, nous ne pou-vons accepter une hypothèse d'après laquelle cesstatuettes auraient été fabriquées dans une régioncorrespondant à la Normandie.

En parlant des Vénus à gaine, de style hiéra-tique, décorées de rosaces, du type de celles deCaudehec-lès-Elbeuf, M. .iullian a exprimé l'opi-nion que « cette Vénus est un type ancien et pri-« mitif, peut-être un des premiers types de figu-« rines céramiques de la Gaule'. Mais il ajouteen ce qui concerne la localisation dans l'Ouest« Il peut se faire que le culte de cette divinité fût« particulier à cette région et que les figurines« qui la représentent fussent fabriquées chez les« Arvernes ou ailleurs à l'usage des dévots de« l'Armorique. »

Quoique M. .lullian n'en dise rien, je supposeque cette dernière hypothèse est basée probable-ment sur la découverte d'un fragment de la col-lection A. Bertrand (de Moulins), qui a été trouvéedans les débris d'un four à Vichy 2 . Mais c'est là un

1. Revue des études anciennes, L. T, 4899, P. 149, note 4.2. Voy. mou Étude, p. 101, no 5; flIbrn., t. LI, p. 465. -

20TIJDE SUR LES PIGURTNES DE TERRE CUITE

fait dont 077 ne saurait rien conclure. Il n'estnécessaire de supposer que la fabrication avait lieuchez les Arvernes, puisque les ateliers de Rezé et deTreguennec, situés dans l'Ouest, sont certains'.

Je pense que nous 1flRflC1110fl5 encore de rensei-gnements permettant de fixer une date pour lafabrication des figurines « à gaine s. Mais il nieparait utile de faire remarquer de nouveauque les éléments de la décoration si partieii-hère de ces figurines « à gaine se trouventsoi- les monnaies gauloises, surtout sur celles del'ouest de la Gaule. Or, on sait que cette régionconserva longtemps de vieux usages, en particu-lier au point de vue des inhumations. Des tumu-lus du Morbihan ont donné des monnaies impé-riales romaines et des obiets de la même époque.Diverses statuettes, en particulier un fragment deVénus décorée de rosaces, ont été recueillies dansle tumulus de Toulvern-en-Baden (en 1852)2, et

Il faut citer aussi une figure à gaine ornée de rosaces (Vénusou déesse-mère) trouvée à Toulon-sur-Allier (Musée deSaint-Germain-en-Laye, n° 7283), et analogue à celle quej'ai décrite dans mon Étude (p. 111-412; Mém., L. LI, p. 475.Cette figurine, conservée au Musée de Montpellier, a étédécrite par J. Renouvier, dans les Mém. de la Soc. arcltéol.de Mont palier, t. III, 4850-1854, p. 333-342, pl.).

4. Étude, p. 38; film., t. LI, p. 102, - M. Léon Maître apensé que in lieu d'origine de certaines de ces statuettes, quiportent le mot Saluas, était le pays de Sully-sur-Loire (Bull.archéol. du Comité, 4887, p. 209. Cf. A. Le Moyne de la Bor-derie, Hist. de Bretagne, t. I, 1896, p- 95).

2. Le Mené, Gatat. du Musée de Vannes, 1881, p. 45, n-107à!47.

DE LA GAULE ROMAINE. SÎIPPLMENT. 24

des fragments de figurines blanches sont sortisdes fouilles du dolmen de Bé-er-Gouh ou Daul-er-Groah, en Locnrnriaker (1860) 1 . Dans ces con-ditions, il n'est pas téméraire de supposer queles populations de l'ouest de la Gaule, attachéesplus que d'autres à leurs vieux usages, et conser-vant le souvenir d'un art national, aient accordéla préférence à des statuettes qui ont un aspect« ancien et primitif, » parce que les céramistesont, pour les décorer, emprunté des motifs à unart déjà vieux d'un siècle peut-être. Je revien-drai plus loin sur cette question2.

11. Aux ateliers que j'ai indiqués dans monEtude, j'ajouterai celui de Cesson dont j'ai parléplus haut 3 et celui de Saint-Rémy, où l'on n trouvédeux moules de médaillons, portant au revers lamarque Sextus en écriture cursive, LIII moule dedéesse-mère, avec la marque C1I1IT 0 en lettrescapitales (Certino, marque recueillie par Ni. Ber-trand à Saint-Pourçain-sur-Bèvre); un rhyton àdouble visage féminin et masculin, marquéAVIT.. (Avitus), au bas de l'encolure; enfin, plu-

1. Rosenzwcig, Répert. archéot. du Morbihan, 1863, p. 7.2. Voy. ch. iv.3. Voy. aussi ce que j'ai dit plus haut (commencement du

chapitre xi) au sujet des produits grossiers trouvés dans ta forêtde Compiègne. Du reste, ana recueilli un manteau Mout.Cliy-prais (H-A. Mazard, Étude de ta oramiquc..., 1875, p. 304).CF. E. Woillez, Répert. arcittot. de l'Oise, 1ffl, p. 183.

4. J. Déchelette, dans la Revue archéot., 4901, I, p. 390-392, (1g.

22ÉTUDE SUE LES FIGIJBINES DE TERRE CUITE

sieurs figurines de Vénus et un buste de Panisque'ou enfant rieur.

Près tic Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire), enI 892, sur la bordure de la rouie de Moulins, ondécouvrit de nombreux moules et des statuettes2,Je citerai les pièces suivantes fragment d'unmoule de déesse-mère, signé (Urb)icus, nom fré-quent dans l'officine de la Forest (Toulon-sur-Allier); moules d'édicules; moules et fragmentsde médaillons; demi-moule de Panisque ou enfantrieur, signé : tint (Antonius ou Antoninn$, signa-ture fréquente à Saint-Pourçain-sur-Besbre);demi-moule de buste à tête grotesque, ridée, avecpèlerine à capuchon, signé U,'bicus; demi-mouled'Apollon debout tenant de la main gauche unepatère au-dessus d'une lyre et de la main droiteun piectruin (le même sujet a été trouvé à Saini-Pourçain-sur-Besbre) 3 ; plusieurs demi-moules deVénus et d'une déesse tenant une corne d'abon-dance; moule de Jupiter debout, tenant le foudresur le bras droit, l'aigle debout à sa gauche, enbas (type inédit) 4; fragment de moule d'un homme

..J'adopte le nom proposé par M. S. Reinach dans laRevue critique, 4891, P. 28$, note.

2. L'abhé Melin et Bertrand, Notice sur ente officine (lepotiers-modeleurs gallo-romains découverte à ïlourbon-Lancy(Saûne- et- toire), dans le huit. arehiol. du Comité, 4892,P. 264-265.

3. Moulage au Musée Rolin à Autun. La collection But-liot, conservée aussi au Musée d'Autun, contient une figu-nue analogue, avec la marque Pistillus (ccii sur la base.

4. Collection Bertrand, à Moulins; moulage au Muséed'Autun.

1)t LA GAULE ROMAINE. SVPPLIMENT. 23

(du d'une femme) à genoux, terrassé par unautre personnage (semblable complet à Saint-Pourçain); fragment de buste de Panisque,signé I'istillus'; fragment de moule d'édicule àfronton triangulaire, très aigu, dans le tympanduquel on voit un enfant nu, accroupi; au-des-sous est un homme nu, couché auprès d'unefemme ou d'un enfant'; trois demi-moules degroupes des époux s'embrassant (sur l'un, ilssont vêtus; sur le second, ils sont en partie nus,et l'homme cherche à découvrir la femme) ; frag-ment de moule de Minerve, avec l'égide sur lapoitrine et tenant une patère dans la main droite(type trouvé à Vichy, à Saint-Pourçain et auLarry); fragment de moule de Mars; demi-mouled'une figure à capuchon relevé, portant des deuxmains un plateau ovale (type fréquent dans lesofficines de l'Allier) fragments de moules decheval, de tête de bélier, de peut vase à anse(guttus); fragment d'une épreuve de grandmasque; tête de grotesque 3.

On vient de voir que l'atelier de Bourbon-Lancy a donné une figurine signée Pistillus. Cefait nous amène à rappeler que la ville d'Autuna fourni deux moules de Vénus, deux moules de

1. CC. mon Étude, p. 34, n° 18; MM., t. Li, P. 98.2. Les Musées de Saint-Germain et d'Autun possèdént un

moulage (le ce type qui est dune facture très négligée. Lemoule est conservé dans la collection Bertrand, à Moulins.

3. Je reviendrai plus bas ( 1.11) sur les signatures desmoules de cette officine.

24ÉTUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE COITE

déesse-mère et deux autres moules divers signésde ce nom et que la rnèine signature figure soi-plusieurs statuettes de terre cuite, qui pro-viennent, comme les moules, d'une trouvaillefaite en 1841 dans le pare de Saint-Jean-le-Grand,près de la porte d'Ar.roux, à Autun. On s'est auto-risé de cette découverte pourlocaliser dans cetteville l'officine de Pistillus t . En 1866, on décou-vrit, non loin du lieu de la trouvaille précédente,une dizaine de Vénus placées dans des niches etquelques autres objets de terre cuite'. Le Muséed'Autun conserve aussi un moule signé (Jrbicus3.

Un moule de déesse-mère à deux enfants (par-Lie supérieure de la face) a été trouvé dans unpuits romain à Chussenon (Charcute) 4 . A Vertu-luit (Vertault), les fouilles ont donné un moule demédaillon représentant trois personnages montéssur une galèreb.

li!. Un fragment de moule d'argile blanche aété trouvé à Meaux. Il porte l'inscription titi-lano 1 Sacrullos avot 1 ttnailos, en trois lignes eten écriture cursive

s. Les marques Atilano et

4. Harold de Fontenay, huer. céramiques gallo-romainesdécouvertes à Autun, 1874, P. 82 à 91, n°' 544 à 561,P1. XX.V àXXVII. - Voy. CC (lue j'ai dit dans mon Étude au sujet dela différence de style des figurines signées Pistiltus.

2. Ibid., p. 88.3. Ibid., p. 94, n0 564.4. J'en possède le moulage.5. Huit. Soc. arehéot. et histor. du GMtfiionnais, 4893-1894,

P. 480.6. G. Gassies, Inser. celtique trouvde â Meaux, dans la Revue

r

DE TA CAIllE ROMAINE. SUFPL1hTENT. 23

Sacrillos uvot étaient déjà connues. Quant aunom Ani1os, c'est, à ma connaissance, la premièrefois qû'il parait dans une marque de monte. Onconnaît les Lonnes Anailli F. (Autun), Anaili. f.(Augst), et Anaillos (Clermont), sur des vasesrouges1.

Le moule trouvé à Meaux soulève un problème.Paris quel but ces trois noms sont-ils inscritsl'un au-dessous de l'autre?

J'ai dit ailleurs que les noms tracés à la pointesur les revers des moules étaient des marques depropriétaires'. En adoptant cette manière de voir,on expliquerait l'inscription du moule trouvé àMeaux, qui aurait, appartenu successivement auxcéramistes, dont les marques sont 40 Atilano;

Sacrillos avot; 30 Anailos.M. Péchelette a proposé une autre interpréta-

tion relative aux marques inscrites au dos desmoules. il pense « qu'il y avait en Gaule, aussi• bien pour les poteries que pour les figurines,• un commerce spécial de moules... Cela explique• que des moules portant le même nom se soient• rencontrés dans des localités éloignées'. »

des études anciennes, 1900, p. 142-443. - L'auteur n'a connuni mon Étude ni ta remarque que j'ai faite au sujet dé lasignature Saci'itios Aval. Voy. Drill. Soc, des Antiq. de France,1890, P. 491-192.

t. Harold de Fontenay, Inser. céramiques gallo-romainesdécouvertes 4 Autun, p. 29,'no 44.

2. Étude, p. 24; Mém. Soc, des Antiq. de Franco, t. LI, p. 88.3. Revue arcltéot., 1901, 1, p. 389-390. - Cette théorie avait

3

26tTfl.DE 51311 LES FIGWIINES 11E TERUE CUITE

M. Bertrand a en effet recueilli à Saint-Rémy(Allier) deux fragments de moules de médaillonsmarqués Sextus en écriture cursive, tracée à lapointe dans la pàte fraiche, et il a constaté ensuiteque sa collection renfermait deux fragments demédaillons provenant de l'officine de Saint-Pour-çain-sur-Bèbre et appartenant à des médaillonstout à fait semblables. M. Déchelette en a concluque cette coïncidence témoignait « de la diffusion« des mêmes moules dans les ateliers du Bour-e honnais'. »

Pour que cette déduction fût incontestable, ilfaudrait prouver que les fragments de médaillonstrouvés à Saint-Pourçain-sur-Bèbre sont sortisd'un moule signé Sextus et non d'un moule pro-duit par simple surmoulage. De plus, les deuxlocalités précitées appartiennent à la même région,et l'on pourra toujours supposer que le céramistede .Saiut-Rémy avait émigré à Saint-Pourçain.Cette dernière observation est applicable à l'ate-lier de Bourbon-Lancy, qui a fourni des moulessignés de noms rencontrés dans l'Allier.

D'autre part, nous connaissons un moule deVénus portant dans le creux IOPPILLO et au

déjà été émise par MM. l'abbé Melin et Bertrand, à proposdes moules de Bourbon-Lancy « A l'examen attentif de cesmoules, nous avons acquis ta conviction que presque tousavaient étà fournis ou par les mouleurs des officines de l'Ai-lier ou par des fabricants de moules qui en avaient vendu desemblables à toutes ces fabriques (Bull. archéol. du Comité,1892, P. 256).

1. Bey . archéot., 1901, T, P. 391.

lIE LA GAULE ROMAINE. SUPPLIhIENT. 27

revers ATILANO. On ne peut nier que l'artistecréateur est, dans le cas présent, ioppilo. Atilano,dont le nom est inscrit au dos du moule, ne peutdonc être que celui d'un surmouleur ou d'un pos-sesseur du moule. Nous savons aussi que lesmoules portent au revers deux noms et mêmetrois noms (moule de Meaux)'. Or, on ne peutadmettre qu'un moule soit à la fois l'oeuvre dedeux ou de trois céramistes. Il est préférable derevenir à mon. hypothèse et de reconnaître desmarques de propriété dans les inscriptions gra-vées au revers des moules. Je ne saurais doncadmettre, quant à présent, que les moules aientfait l'oL jet d'un commerce spécial. Mais il est évi-dent que certains moules ont changé de proprié-taires, et il est utile de faire cette constatation,qui est de nature à jeter un jour nouveau sur ladissémination des types céramiques en Gaule; ilfaut du reste continuer l'élude de cette questionen notant avec soin la couleur de la terre dumoule recueilli, et la manière dont l'inscription aété gravée, si l'on peut reconnaître que les lettresont été tracées dans l'argile fraîche ou gravéespostérieurement à la cuisson.

En CC qui concerne la couleur de la terre, je

4. Les vases fabriqués.en Italie sont quelquefois signés d'unnom d'esclave à côté du non, du majtre (0. 1. L., t. XV,5791. Cf. Max Ihm, dans les Ilonner Jahrb., fasc. 102, 1898,p. 408). Mais ce fait ne petit expliquer les noms multiplessur les moules de la Gaule.

281T1JDE Suit LES FIGURINES DE TERRE CUITE

reconnais, par exemple, que le moule trouvé àMeaux peut être originaire du Bourbonnais,parce qu'il est en terre blanche, et que les moulesde cette région sont généralement en argile decette couleur. Ainsi, un moule trouvé à Vichy,portant au dos la marque Priscus, est cii terreblanche (Musée de Saint-Germain-en-Laye,n' 53). Mais le moule de Vénus signé Pris-eus, trouvé près de Troyes, est fait d'une terreferrugineuse très fine et très dure, et c'est pour-quoi je le considère comme étranger au Bour-bonnais.

IV. Je pense que le territoire correspondant àla province actuelle de Liège possédait des ateliersde figurines. En effet, le Musée archéologique deLiège conserve une statuette trouvée à Jusleuville(près de Theux, canton de Spa), qui représenteVénus dans une sorte de niche formée par unecoquille reposant sur deux colonnettes (voy.fig. 29). Celte disposition de la coquille formanten quelque sorte un nimbe autour de la tête de ladéesse ne se retrouve dans aucune autre région.Or, la partie supérieure d'une statuette de Vénusrecueillie à Tongres offre la même disposition(Exposition du Congrès archéologique de Tongres,août 1901). On peut conclure de là que des ate-liers du Belgiurn 2 ont créé ce type, qui est évi-

t. J. Gréau, Rapport sur les fouilles de la tombelle d'Aulnay,1873, p. 24 (extr. des Mém. de la Soc. acM. de l'Aube).

2. J'ai rappelè ailleurs que cette région avait possédé des

DE LÀ GAIIIt ROMAINE. SUPI'LMENT. 29

demrnent une forme simplifiée de celui de laVénus abritée sous une niche (voy. dans monÉtude la figure de l'exemplaire du Musée deDouai) t

V. Je vais étudier plus loin les produits desateliers de Cologne. La Germanie a possédé cer-tainement encore d'autres centres de fabricationpour les figurines. On trouve, en effet, dansdiverses régions de l'Allemagne, des figurines dedéesses assises, tenant souvent un animal. Or, cesstatuettes sont en terre blanchôtre ou en terrerouge, plus ou moins grossières et de poses dif-férentes, selon les régions.

En ce qui concerne les nombreuses statuettesde terre cuite du Musée de Salzbourg, bienqu'elles présentent plusieurs types semblables àceux recueillis en Gaule, l'ensemble me parait pro-venir d'une officine établie dans la région deSalzbourg2.

ateliers de céramique (vases, briques, etc.), car on y a trouvédes fours et des moules de vases (Mélanges d'archéol. gallo-romaine. Les ateliers de céramique).

1. Le cippe funéraire de Primilla, provenant des fouillesde Trion, présente le buste de ta défunte dans une nichedont le cintre est en forme de coquille et repose sur deuxpilastres (C. L L., t. XIII, n° 2242). - Rappelons quo plu-sieurs fontaines de Pompéi, en mosaïque de coquillages, ontun fronton en forme de coquille.

2. Adrien Blanchet, Rapport sur tes Musées d'Allemagne etd'Autriche, 1893, p. 26 (extr. des jYouv. areh. des missionsscient, et littér., t. 11, 1892).

30*TUPE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

Ateliers céramiques de Cologne.

VI. Je crois devoir réunir dans un seul para-graphe tout ce qui concerne les intéressantesdécouvertes de Cologne que je ne connaissais paslors de la rédaction de mon Étude. En juillet 1883,près de la « ilahnenthor, D ou trouva des tuiles,des clous et de nombreux fragments de vases, delampes et de statuettes de terre cuite, puis duc1fours bien conservés, construits en briques, ayanttin mètre de largeur, 0m50 de hauteur, et de laforme des fours de boulangers'. Parmi les débrisde cette officine, on a recueilli un Jupiter auvisage très expressif, des fragments de Mercure,d'un bon style; une grande figurine de Mars quitenait une lance de la main droite et probablementun trophée sur l'épaule gauche, la tête couverted'un casque. Puis une jolie tête de Bacchus et denombreuses répliques de Minerve, couverte d'unetunique et d'un manteau, portant le gorgoneionsur la poitrine, assise sur un siège è dossier droitet haut; sa main droite s'appuie sur le bras dusiège et la gauche tient un bouclier rond posé àterre 2 . Cette fabrique de Cologne a produit beau-coup de figurines de Vénus dans diverses atti-tudes, tantôt nue, se couvrant la poitrine de lamain droite, tantôt avec une draperie qui tombe

4. Josef Klein, dans les ionner Jahrb., fasc. 79, 4885,P. 170 et suiv.

2. J. Klein, toc. ait., p. 183.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLMENT. 31

des hanches jusqu'aux talons, tout en laissant leventre découvert. En général, le style des Vénusest grossier'.

Quelques fragments paraissent appartenir à desfigurines de Diane.

Un fragment de la base d'une statuette laisse voirla jambe gauche croisée sur la droite. M. Kleiny recourrait la figure d'un jeune satyre. Je pensequ'on doit rapprocher cet intéressant fragmentde la statuette provenant de Clermont-Ferrand,qui représente un enfant debout, la jambe gauchecroisée sur la droite et jouant de la syrinx2.

Un autre fragment de terre jaune-brun, d'unbon style, représente une figure d'homme (Atys?),les jambes couvertes de braies plissées et les piedschaussés de hautes hottes; à la gauche du per-sonnage est tin chien'.

Un fragment d'une Victoire (terre jaune), vêtued'une tunique et d'un peplum et tenant dans lamain gauche un trophée d'armes 4 . L'atelier n pro-duit de nombreuses figures de femmes coiffées demanières très diverses. Parmi ces figurines, l'une,conservée à deux exemplaires, montre une femme

1. J. Klein, toc. cit., P. 184.2. Voy. mon Étude, p. 135, fig. 20; Mérn. Soc, des Antiq.

de France, t. LI, p. 499.3. J. Klein, (oc. cit., p. 484-185.4. Cette figure, dont le type est à rapprocher de celui de

Mars décrit plus haut, porte au dos, sur les ailes, le motfecit, restes d'une signature. Voy. J. Klein, Donner .Jahrb.,face. 87, 4889, p. 83, n' 2900 du Musée de Bonn.

C-

32}TUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

vêtue d'un chiton et d'un manteau et tenant unenfiint dans ses bras. Un fragment donne le torsed'une femme tenant un enfant sur son brasgauche; le dos de la, main droite touche te seingauche.

Parmi les animaux, signalons un sanglier cou-rant, les soies hérissées; un beau fragment detête de lion, et la partie gauche d'une tête devache. Le type le plus charmant est celui d'unécureuil grignotant une noix'.

Nous connaissons le céramiste dont la produc-tion fut si variée, car on a retrouvé des soclesde figurines avec des inscriptions en relief.

10 Base carrée. On voit seulement les pieds dedeux personnages; celui de gauche est plus petit;derrière, on lit

VINDEX F.C C A A AD CAN T V N ASNOVAS

(Les A de la seconde ligne sont en forme de X.Celui de la troisième a la forme cursive a.)

l'index Ee(ôit) C(oloniae) C(laudiae) A(ugustae)A(grippinensiu;n), ad Cantunas novas.• (J. Klein, Bonner.Jahrb., fasc. 79, 1885, p. 181,et fisc. 81, 1889, p. 83, .110 2898 du Musée deBoni).)• 2° Base carrée avec restes d'une figure dont on

1. J. Klein, Donner Jahrb., fisc. 79, 1885, p. 186.

DE lÀ GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 33

voit le pied gauche chaussé et la jambe droite jus-qu'au genou; à droite est UI) animal accroupi,sans tête, posant la patte gauche sur le pied droitde la figure; derrière, sur la base

V1NDEX FEAD CANTVN

NOVAS CC.

(J. Klein, Donner Jahrb., fasc. 19, 1885, p. 188,et fasc. 87, 1889, p. 83, Musée de Bonn.)

30 Base carrée avec restes d'une figure ana-logue, derrière

VJNI)EX FEAD CAN

(J. Klein, Donner Jahrb., fasc. 79, 1885, p. 488,et fasc. 87, 1889, n 2905 du Musée de Bonn.)

4.0 Base carrée avec les restes d'une figurevêtue à gauche de laquelle on voit une colombe c?);derrière

ECITAI.ANTVNS

VAS

(J. Klein, Bonnet' .Jaltrb., fase. 87, 4889, n° 4349du Musée de Bonn.)

M. Klein, constatant que le mot eantuna ne se

N '

34ÉTUDE SUR LES rlGnnIr(ES DE TERRE CUITE

retrouvait pas dans le latin classique, a penséqu'il s'agit d'un mot de la langue populaire et l'arapproché de l'italien cantina (cantine)'.

Passons à un autre atelier dont les résidus ontété découverts au printemps de 1883, et dont lesfours, mal explorés, étaient disposés comme ceuxde Vindex et non loin de l'établissement de cedernier, dans la rue d'Aix-la-Chapelle. Cettefabrique produisait des statuettes analogues àcelles de Vindex. Parmi les plus remarquables,citons une Fortune, assise, tenant une corned'abondance dans la main gauche et appuyant samain droite sur un gouvernail!. Les médaillonsde cette fabrique se recommandent en généralpar un assez bon style. Le plus grand, ayant0'425 de diamètre, en terre blanche, représenteun triomphe'. On a recueilli le moule d'un autremédaillon, plus petit, représentant une tête deMéduse d'un excellent travail4.

Le nom du céramiste de cet atelier apparaîtsous quatre formes

10 Sur la base carrée d'une statuette dont il nereste que les deux pieds

1. J. Klein, Donner Jahrb., fasc. 79, 1885, p. 188.2. J. Xlein, Bonner .ïahrb., fasc. 79, 1885, p. 494.3. Je reviendrai plus loin sur cet objet.4. La description de M. Klein, op. cit., p. 194, répond

assez bien au type de la tête de Méduse trouvée à Saint-Honoré-les-Bains, type qui parait aussi sur un aureus deVictoria. Voy. Adrien Blanchet, Mélanges d'archdol. gallo-romaine, p. 7.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLIMENT. 35

SER VANDVS CCAAD FORVMHORDIA FE

(Les A de cette inscription et des deux sui-vantes ont la ibrme d'un I et ne sont pas barrés.)

Servandus, G(olonia.e) C(laudiae) A(grippinen-sium) 1 , ad forum hordiar(ium), fecit.

(Josef Klein, dans Ronner Jabrb., fasc. 87,1889, p. 82, n° 3251, Musée de Bonn. M. Kleinrectifie dans cet article la lecture HORDIA1U qu'ilavait donnée, en 1885, dans les Routier Jahrb.,fisc, 19, p. 192.)

2° Sur la hase carrée d'une figure dont il nereste que les jambes croisées accolées à un piliercarré; au revers

• ERVANDVS CCAAFECIT

(J. Klein, Donner Jahrb., ibid., p. 82, n° 3258du Musée de Bonn.)

3° Au revers de la base d'une Fortune, assise,tenant une corne d'abondance dans la maingauche et appuyant la droite sur un gouvernail

SERYANDVSFECITCC AA

t. Cette forme abrégée du nom de Cologne parait sur unemonnaie de Postume.

36tOUE SUR lES FIGURINES fit TERRE CUITE

(J. Klein, Bonner .Jahrb., fasc. 79, 1885, p. 192,et fasc. 87, 1889, p. 82, n° 2850 du Musée deBonn. Hauteur : 01°155.)

4° Sur le socle, au revers d'une figure de jeunehomme (?), qui tient une coupe dans sa maindroite; à ses pieds, un chien est accroupi

SERVANDVS F. (Vo!,'. fig. 27.)

(Westd. Zeitsehr. f. G. und Kunet, t. XVI,1897, p. 352, pl. XVII, n° 9.)

Il faut évidemment rapprocher les adressesS cantunas novas et S forum hordiapium decelles analogues ad Ninfas, S Ires Fortunas,post aedein Castors, a quattuor scaris, etc. Mais ilest probable que l'adresse fournie par les statuettesétait celle du dépôt de vente et non celle de lafabrique'.

Environ un mois après la découverte de l'atelierde Servandus, on trouvait, du même côté de larue, d'autres fours et divers fragments de terrecuite qui furent dispersés. Le Musée provincial deBonn et la collection Merken ont pu se procurerquelques figurines. Un buste d'enUant (terre jaune),dont le cou est orné d'un collier avec ornementen forme de croissant. La partie inférieure d'unestatuette de Diane; un sanglier; trois têtes defemme; une Vénus, drapée jusqu'aux hanches,les cheveux épars sur les épaules; elle lient de la

1. J. Klein, Donner Jahrb. fasc. 79, 1885, p. 193-494.

DE LA GABLE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 37

main droite une fleur de lotus devant le bas-ventre; à côté d'elle, un Priape de travail gros-sier, caractérisé par uti grand phallus. Puis unetête de femme avec une coiffure élevée, et le torsed'un honnie nu, d'un bon travail.

Ce qui fait le principal intérêt de cette décou-verte, c'est l'inscription qui se lit sur une basecarrée, au revers du fragment de statuel,te deDiane'

ALLIVÂLFIVS F E OU S F E

(J. Klein, Bonner Jahrb., fasc. 79, 1885,p. 196. Le même auteur a donné la deuxièmeforme dans les Bonner .Jahrb., fase. 87, 1889,p. 82, n° 2904. du Musée de Bonn.)

Allius ou Alfius est donc un troisième fabri-cant de figurines établi à Cologne.

Le Musée de Worms conserve la partie infé-rieure d'une figurine de terre blanche. Elle repré-sente une déesse qui a le pied droit sur unpilastre; à ses pieds est un oiseau (coq?). Aurevers, sur la hase, carrée et creuse comme d'ha-bitude, haute de 044, on lit l'inscription

LVCIVSFECITADCANTVNAS NOYAS

t. Klein, toc. cil., p. 196.

381T1JUE sua LES FIGURINES DE TERRE CETTE

(Les V sont ronds à la base; le C de Cantunasressemble à un G.)

Sur le pilastre, près du pied-droit, on lit enoutre

LVCIVS FECIT

(W Weckerling, dans le Korvespondenzblatt dei,Westd. Z. f. C. U. Kunst, t. IV, 4885; col, 84et 82. Trouvée à Maria-Munsier, à l'ouest dela voie romaine de Worms à Spire.)

Nous avons déjà lu l'adresse ad Cantunas novassur les produits de l'index, qui ont certainementété fabriques à Cologne. Il en résulte, avec la plusgrande vraisemblance, que Lucius, dont le dépôtde veule se trouvait dans un quartier du mêmenom, étaitaussi un industriel de Cologne.

Les fouilles de Cologne ont encore produit unestatuette qui est conservée dans une collectionparticulière de cette ville. C'est une figure defemme assise sur un siège à dossier élevé et tenantsur ses genoux une corbeille remplie de fruitsronds. Au revers, on lit -

VRS10-F

(J. Klein, dans les Donner Ja-hrb., fasc. 88,1889, p. 237-238.)

II est probable qu'il faut attribuer aussi à uneautre officine de Cologne la figurine trouvée àAndernach (Martinsberg). C'est une Fortune,

:nc LA BÂtIE ROMAINE. SUPPL1hFENT. 39

malheureusement en mauvais état; elle est assiseet tient une corne d'abondance dans la maingauche; sur le siège, on lit

VICTOR

(Koenen, dans Bonne, Ja/trb., fasc. 86, 1888,p. 176, pi. VI, fig. 36; J. Klein, Botiner Ja.hvh.,fasc. 87, 1889, p. 82, n°1 l 3 du Musée de Bonn;hauteur : 0I55.)

Je ferai remarquer que la dimension et le typede cette statuette correspondent è ceux de laFortune signée de Servandus.

Enfin, je crois fermement que le céramiste Fide-lis est aussi un fabricant de Cologne. J'avais déjàsignalé la signature FIDELIS FEC sur un frag-ment de siège provenant des bords du Rhin 1 . Onconnaît une statuette de terre blanche (hauteur:0m1 65) trouvée à Niederwampach, dans le Luxeni-bourg. Elle représente une déesse casquée, assisesur un siège et portant le yoryoneiou sur la poi-trine. Au dos, on lit

FIDELIS FECIT2

Outre que la statuette a été trouvée dans unerégion peu éloignée de Cologne et que la signa-turc se présente sous la même forme que cellesde Lucius et de Servandus, nous devons reniai,

1. Moulage au Musée de Moulins; Calai,, n' 108,2. Schuermans, Sigles figulins, n' 2232; Revue archéoi.,

4899, J, p. 407.

I

40IflTI)E SUR LES FIGIIRÎNES DE TERRE CUITE

quer que ce type de Minerve assise offre unegrande ressemblance avec celui de la Minervetrouvée en plusieurs exemplaires dans l'atelier deVindex 1.

On a trouvé ù Nimègue une lampe d'une bonnefabrication, ornée d'une tête de Bacchus et por-tant la marque VINDEX F'E 2 . Assurément, cenom a pu être porté par de nombreux céramistes.Mais nous pouvons conclure que ce fabricant delampes est le même que le céramiste des sta-tuettes ad Cantunas novas, car on a trouvé récem-ment à Trêves une lampe en terre cuite qui portel'inscription suivante VIN j DEX F j C CA A, en trois lignes'.

Ursio est un nom déjà connu comme celuid'un Ihhricant de lampes et d'ustensiles en terre.En ce qui concerne Servandus, on connaît bienun plat de terre cuite avec l'estampille SEft-VANDO 4 , trouvé à Wirnpfen. De même que lesnoms Allius, Victor, Fidelis, se retrouvent dansdes marques de vases provenant de diversesrégions. Mais de ces rapprochements on ne sau-rait rien conclure. -

Les Iuil1es de Cologne ont donné la moitié

4 , j'ai vu à Berlin, au Museum fur Vôlkerkunde, uneMinerve assise, terre cuite de style très grossier, trouvée àMayen.

2. H. Schuermans, Sigles figuiin-s, n' 5782.3. Westd. Zeitschr. j'. G. u. Kunst, t. XIX, 400, p. 410-.

444, Pl. XXfV, fig. 2.4. H. Schuermans, Sigles figutins, n° 5135.

DE LA flAttE ROMAINE. SUPPL1MENt.. 41

droite d'un moule de médaillon de terre rouge-brun, de OmI I de diamètre. Il représente Léda,debout à gauche, entourant de son bras droit le coudu cygne, qui o posé ses pattes sur la jambe gaucheportée en avant. Aux pieds de Léda, on voit Cu-pidon désigné par une inscription dont il reste

.PIDO. La place libre derrière le dos de la figureest remplie par la signature PIMIANYS FECIT.(la lecture est sûre, sauf pour la première lettrequi n'est pas venue nettement dans l'impression;il peut y avoir aussi bien P que R, ou même P etR liés, ce qui serait préférable, car le.nom Prirnia-nus est connu). Enfin, on lit autour du sujet ladeuxième moitié d'un hexamètre . .....M LEDAIVNXSIT AMOREM (R et E liés).

(J. Klein, dans les Donner Jahrb,, fasc. 81,1889,p. 84, n°4528 du Musée de Bonn. Trouvérue d'Aix-la-Chapelle.)

Un médaillon, trouvé aussi à Cologne, chausséeSaint-.Maurice, en 1881, montre Déjanire empor-tée par Nessus, qui tourne la tête vers Herculetendant son arc. Autour de ce sujet on lit

CENTAVRO VEHITVR RAPTA DEJA[n]IRAMARITO HERCYL.

(Ernst Mollenbach, dans le Rheinisehes fliuseumfilr Philologie, n. sér.. t. XLI, 1886, p. 319-320).

Ce médaillon, d'un art médiocre, est signéPIkIMIANVS FJECIT. C'est pourquoi on est auto-risé à lire de la même manière la signature du

A

42ITUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

médaillon précédent. Ce céramiste avait sansdoute modelé une série de médaillons à sujetsmythologiques.

J'ai dit plus haut, à propos de la découverte del'atelier de Servandus à Cologne, qu'on y avaittrouvé un médaillon de terre blanche, d'un dia-mètre de 0m4 2 et demi, représentant un triomphe.Un personnage, dans un bige, se dirige vers lagauche; derrière lui, la Victoire se prépare à Jecouronner; un chien aboyant court à côté deschevaux et un personnage précède ceux-ci. Onaperçoit au fond la base d'un monument quiparait être un arc de triomphe. À l'exergue, uneinscription de deux lignes, malheureusement peunette et dont la partie centrale a disparu par suitede la brisure du médaillon en deux parties

FEUX VIEN ... DE!VS FI ADFCRSI .... . DEA

(J. Klein, dans les Donner Jahrb., fasc. 79,1885, p. 191, et 87, 1889, p. 85-86, n° 3254 duMusée de Bonn. Figure (lui û été reproduite, maistrès réduite, dans la Bey . archéol., 1889, t. lI,p. 436, n° 163.)

La lecture donnée par M. Klein' diffère de celleque je - viens de proposer et qui répond mieuxau dessin de sa notice. L'inscription me parait eneffet préférable sur ce dessin et permettrait peut-

I. Ii'ELTXVJEN.... DEIVSFL.. 1 ECASL . .. IYAV.

DE LA GAULE DOMAINE. SUPPLtMENT. 43

être de retrouver le nom de Servandus. N'ou-blions pas que cc médaillon provient des résidusde l'atelier de ce céramiste. Or, on pourrait lire, àla fin de la première ligne, M), et, au commence-ment de la seconde, FOR, c'est-à-dire la mentionde l'adresse ail forum hordiarium, qui se lit préci-sément sur une hase de statuette de Servandus.

Bien que portant l'inscription Vienna Feux,qui se lit sur un fragment de vase trouvé àVienne', la matière (terre blanche) et le style, quiest médiocre, me portent à croire que le médail-lon trouvé à Cologne ne saurait provenir de lavallée du Rhône, dont les produits sont desmédaillons de vases de terre rouge, d'un artassez habile.

Il nie reste à signaler ici, à cause de sa prove-nance seule, un monument remarquable quipourrait être une oeuvre importée. En 1885, àCologne, sur la route d'Aix-la-Chapelle, devant la« 11ahnenthor 2 , » dans les substructions d'unehabitation romaine, on trouva un buste de terrecuite, représentant une tête d'homme, de gran-deur naturelle, caractérisée par une bouche puis-

1. Musée de Lyon (J. Roman, Euh. Soc, des Antiq. deFrance, 4877, p. 441 ; Ailmer, Revue Øpigr. du midi de taFrance, t. II, 1884.4889, p. 465; 0. 1. L., XII, n° 5687, 43).

- Cf. le nom Copia Petits inscrit sur la première monnaiede Lyon (H. de la Tour, dans les Comptes-rendus de t'Acad.des inser. et belles-lettres, 1901, p. 82).

2. C'est ta région qui a fourni les terres cuites dont ce chaSpitre a donné un essai de catalogue.

44ÉTUDE 51111 LES FIC.IJI1INES DE P11111111 CUITE

santé et des traits d'une expression remarquable.11 s'agit d'une réplique du buste dit de Sénèque,dont un exemplaire en bronze a été trouvé àHerculanum en 4754.

(H. Schaaflhiausen, dans les Bonner Jahrb.,fase. 85, 4888, p. 55-73, pl. III.)

VII. Liste de céramistes'.

Noms inscrits sur des moules.

Artailos. Moule de Meaux (voy. plus haut 5111).CHRT. .0 en lettres capitales (Certino; voy.

plus haut 511).Sextus, en écriture cursive (voy. pins haut

§ 11)2.

j\T01 inscrits sur des statuettes .

ALLIVS ou ALFIVS FE (voy. plus haut 5 VI)'.AVIT.. (Avitus; voy. plus haut 5 I1).ELVILVS. Sur une antéfixe décorée d'une pal-

mette et d'une tête (H. de Fntenay, Inscriptionscéramiques découvertes â Autun, p. 82, if 542)0.

4. Additions aux listes que j'ai données dans le chapitre inde mon Étude.

z. Cf. Schuermans, Sigles figulins, n0 5202 et suiv.3. La liste suivante porte à 33 In nombre des noms qui

peuvent être considérés comme appartenant à des artistesmodeleurs.

4. Cf. Sehuermans, n" 222; 220 et 221, 226.5. Cf. Ibid., n°' 684 à 690.G. Cf. Ibid., n° 2068.

DE LA GAULE ROMAINE. SUFPLItMENT. 45

FIDflIS FECIT. Statuette de Niederwainpach(voy. plus haut § VI)'.

LVCIVS FECJT AB CANTVNAS NOVAS. Sta-tuette du Musée de Worrns (voy. plus haut

MARCIILLO. Au bas du fauteuil d'une déesse-mère tenant un enfant, conservée au Muséearchéologique de Besançon (F. Bourquelot, dansles )lJém, de la Soc. des Antiq. de France,t. XXVI, 1862, p. 4142).

PIM1ANVS (ou mieux PRIMIANVS) (voy. plushaut VI).

SECVNDVS 1IVFI (N et D, V et F sont liés).Antéfixe ornée d'une tête (Jiém. de l'Acad. duGard, t. XLII, 1878, p. 119, pl. XXIi, I).

SER\TANDVS F et SERVANDVS FECIT CCAA,etc. (voy. plus haut VI)4.

Severi anus. Paniscjue ou enfant rieur tenant unchien, trouvé au Cliamp-Lary (F. Pérot, dans leBull. de la Soc. arehéol. de l'Orléanais, t. VII,4878-4882, P. 38)'.

1. Cf. Schuermans, n°' 2229 à 2232. Une Lampe porte cenom.

2. Cf. Ibid., nos 3054 à 3061. Fréquent dans la région duRhin. Lampes à Augsbourg et Ratisbonne.

3. Cf. Ibid., n°' 3261 à 3264.A. CI'. Ibid., n° 5135.5. cf. Ibid., n°' 5172 à 5175. - Le Corpus a signalé une

statuette trouvée à Grésine, portant l'inscription Severinus f(C. I. L., t. XII, flb 5689 2). Mais c'est 'Inc erreur résultantd'une lecture trop rapide (l'un passage d'un article de G. deMortillet 8cv, savoisienne, t. VIII, 1867, p. O). L'inscriptionest une marque de vase.

46IlTUPE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

V1IS1O F (voy. plus haut VI)1.VICTOR (voy. plus haut VI)2.VINDEX FE AD CANTYNAS NOVAS, etc.

(voy. plus haut § VI).

'V.

ÉPOQUK DE LÀ FABRICATION'.

L'atelier de Saint-Rémy (Allier), récemmentdécouvert, a. fourni des statuettes de Vénus dutype que j'ai décrit sous le n° 3 dans monÉtude, des moules de déesse-mère et de médail-lons et un vase à double tête. Comme ces objetsétaient associés à des fragments de vase de terreblanche dont la forme et la décoration paraissentdésigner le commencement de la fabrication enGaule, M. J. Déchelette a pu. écrire que la fabrica-tion des figurines d'argile parait avoir débuté enmême temps que celle des premiers vases moulés,entre la fin du principat d'Auguste et le milieudu 10r siècle'.

Toutefois, de ce que l'officine de Saint-Rémyn'a point fourni de fragments de vases rougesvernissés 0 , je crois que l'on ne saurait conclure,

1. Cf. Schuermans, n° 5938.2. Cf. ibid., n0' 5720 à 5723. Fréquent dans la région

du Rhin.3. Voy. aussi ce que j'ai dit plus haut, cli. "o.4 P. 93; AUm. Soc. des Antiq. de Franco, t. LI, p. 157.5. Revue archéot., 1901, t, p. 386 à 394.6. En réalité, on en a trouvé, en quantité relativement

minime, qui appartiennent à la première époque de la fabri-

DE LA GAULE ItOMAIN1. SUPPLÉMENT. 47

avec certitude, qu'elle est antérieure à la fabrica-tion de ces vases. En effet, il est possible que lecéramiste de Saint-Rémy se soit borné à fabri-quer des vases, des médaillons et des statuettesde terre blanche. Il pouvait en effet ne pas con-naître la fabrication de la céramique rouge, bienqu'elle fût déjà répandue. Et, de plus, l'argiledont il se servait ne convenait peut-être pas à lalhbrication des vases rouges.

En somme, l'étude des débris de l'atelier deSaint-Rémy jette peu de jour sur la date de lafbrication des figurines qui ont été recueillies surcet emplacement et ne modifie en rien les con-clusions que j'avais indiquées dans mon Étude'.Mais, en examinant la décoration de certains vasesqui appartiennent probablement à la premièrepériode et qui sont en terre blanche, on voit desdemi-cercles et des fleurons'. Je pense qu'il fautrapprocher cette ornementation de celle forméede cercles et d'étoiles qui couvre les gaines desfigures du groupe Rextugenos. La question mérited'être étudiée et fournira peut-être des rensei-

cation, selon le classement de M. Dragendorif. Voy. J. Dé-chelette, Revue archéok, 1904, I, p. 382. Mais M. Déchelettedit néanmoins, dans ses conclusions, que les potiers de Saint-Rémy semblent avoir ignoré tes secrets de la pàte et du ver-nis rouges (Ibid., p. 393).

1. Rude, p. 55; 31dm., t. LI, p. 119.2. Voy., par exemple, une bouteille trouvée à Suèvres

(Musée de Saint-Germain, n° 19549). cr. les figures 7 et 13du travail de M. Déchelette (Revue archéol., 1901, 1, p. 367et 374).

48IfruDE SUIt LES FIGURINES DE TERRE CUITE

gnements utiles pour le classement chronologiquede nos figuiines.

M. Josef Klein, citant une figure de Mars Gra-divus de la fabrique de Vindex, dit que cellereprésentation apparait pour la première fois surl'ârc de triomphe de Sepiime-Sévère et qu'ellefut très répandue par les monnaies depuisCaracalla. De plus, on aurait recueilli parmi lesdébris de l'atelier un denier usé de Julia AquiliaSevera, femme d'Élagabale. D'autre pari, bienque le caractère des lettres ne fournisse qu'unmoyen assez précaire de dater l'inscription, onpeut dire toutefois que ces lettres appartiennentà la fin du 1110 et au commencement du iv° siècle.De plus, la forme du nom de la ville C C A A(Colonia Claudia Augusta Agrippinensiuni) cor-respond bien t la période de la seconde moitié duIll siècle. On la trouve ainsi sur la « Pfa.ffenthor »de Cologne, élevée sous Gallien, et sur les mon-naies de Postume. Et l'on sait qu'au r siècle laville est nommée Colonia simplement. Toutes cesraisons conduisent M. Klein à placer la fabriquede Vindex dans la seconde moitié du ni ° siècle denotre ère'.

J'admets volontiers ces conclusions et j'ajouteque les produits céramiques de l'index me pa-raissent convenir parfaitement à la renaissance

1. Josef Klein, Kicinere Mittheitungen aus dom Provins fat-Muscum su Bonn, dans tes Donner Ja/Irb., fasc. 79, 1885,P. 188-190.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 49

artistique du règne de Postume dont le quartiergénéral était précisément à Cologne.

Voici quelques additions à la liste des terrescuites associées à des monnaies'. Bien • qu"on nepuisse encore tirer aucune conclusion de ces men-tions, je crois devoir les enregistrer

A Pont-du-Cher, on a trouvé une tête de déesse-mèredans une sépulture, avec des monnaies de la Républiqueromaine, sur la voie de Bordeaux (Bull. Soc. a.rckéol. duVendômois, 1812, p. 118).

A Tigy (Loiret), dans une cavité formée de fragmentsde tuiles à rebords, figurine de déesse-mère avec deuxenfants, couchée sur le dos, et à ses pieds un grand bronzefruste de Mare-Aurèle (Ci?. Vergnaud .Romagnési, Figu-rine antique trouvée à Tigy..., rapport, etc. Paris, 1833,P. 4-4).

Deux statuettes de figure assise, terre blanche, trouvéesà Theux (canton de Spa, Belgique), avec des monnaiesd'Antonin et de Commode (Musée de Liège).

A tcaquelon (Eure), en 1855, dans les ruines d'unehabitation, plusieurs Vénus, une Epona, un buste d'enfant,avec des monnaies d'Antonin et de Constantin (L. Coutil,Les figurines en terre cuite des Eburovices, p. 61, d'aprèsles notes de A. Le Prévost).

Dans les ruines d'une villa, à la Vente-des-Mielles, àJ'est de Cherbourg, on trouva douze ou quinze statuettesde Vénus, cinq ou six figurines de chevaux, une déesse-mère, un Pauisque et une grande quantité de monnaiesantérieures à Septime-Sévère (il! ém. Soc. acad. de Cher-bourg, t. 11, 1838, P. 465 et suiv4.

A Celles-sur-Aisne, en 1891, dans une sépulture à ici-

t. Étude, p. 44-47; if im., t. LI, p. 408.

50tUBE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

nération, une poupée et un coq, trouvés avec des frag-ments de terre cuite rouge et une monnaie de Julia Mama(Supplément à l'album Caranda, nouv. sér., pl. 438).

V et VI.

DESTINATION DES FIGURINES1.

Les nouvelles recherches que j'ai faites nemodifient en rien les conclusions de mon Étude.

J'ai cité plus haut une découverte importantede figurines dans les ruines d'une villa, près deCherbourg, ainsi que la trouvaille d'Ecaquelon.

Voici maintenant quelques additions au relevédes trouvailles faites dans des sépultures

Dans un puits funéraire, à Chanteau (commune de Saint-Martial-le-Mont, Creuse), plusieurs statuettes, parmi les-quelles un cheval sellé et bridé, un buste de Faune(Panisquefl et une Vénus (Revue des Soc. savantes, avril1877, p. 452).

Dans une sépulture, près d'Arcis.sur-Aube, groupe deVénus avec amour (Catat. du Musée de Cluny, p. 621,n° 7694. C'est le n° 30897 de Saint-Germain que j'aireproduit dans mon Étude, p. 103-104, fig. 22).

Dans une sépulture d'enfant, à la Hourre, près d'Auch,un lapin de terre cuite (Bull. monumental, 1882, p. 370).

Dans une sépulture, à Bourbon-Lancy, cheval de terrecuite (Bull. archéol. du Comité, 1892, p. 262).

Dans le cimetière de Briarres-sur-Essonne (Loiret), oùl'on a recueilli des monnaies d'Antonin à Constantin II,

1. J'ai reporté au chapitre n quelques observations nou-velles au sujet de l'origine des types (eh. y de mou Étude).

DE LA GAULE ROMAINE. SUIPLIhIE1'4T. 51

déesse-mère avec deux enfants (Congrès archéologique deFrance, LIXe session, à Orléans, en 1892, p. 243-215,fig. 66).

Dans un cercueil de plomb gallo-romain trouvé à Angers,bélier de terre cuite (Musée Saint-Jean; Revue arc/2éol.,1898, I!, p. 255).

Dans un tombeau, à Saintes, une déesse-mère (Bull.Soc. des Antiq. de France, 1872, p. 97. Cf. Revue archéol.,1873, I, p. 223, pi. VIT, fig. 10).

Dans une tombe d'enfant, aussi à Saintes, un petit che-val et une pomme percée de trous (EuH. Soc. des Antiq.de France, 1898, p. 373 et 394).

A Celles-sur-Aisne (voy. plus haut).A Boulogne-sur-Mer, au cimetière dit « le Vieil-Âtre,

deux déesses-mères (Musée de Boulogne, n" 1181 et 1182).A Rognée (province de Namur), dans des tombeauxd'en-

fants du iP siècle, chiens de terre cuite (A. Bequet, dansles Ann. de la Soc. arcluiol. de Namur, L. XXI, 1895,P. 81, pl.).

A Reims, en 4884, dans une sépulture d'enfant, singeformant récipient.

Je considère la découverte de Tigy (Loiret), dont j'aiparlé plus haut, comme celle d'une sépulture.

VII.

DESCRIPTION DE FIGURINES

(SUPPLIiMENT).

Vénus Anadyonzène.

Le Musée d'Évreux possède une statuette deVénus d'un type différent de ceux que j'ai inven-toriés précédemment. Celte figurine, trouvée au

52ÉTUDE SUR LES FJGTJJtINES DE TERRE CUITE

Vieil-.Ivreux, montre la déesse tenant sa cheve-lure des deux mains levées (la tête et les mainsmanquent); le bas-ventre et les jambes sont cou-verts d'une draperie décorée d'une bande verti-cale, ornée de croisillons et de points.

Socle circulaire'. Voy. fig. 28 (Th. Bonnin,Antiquités gallo-romaines des Eburoviques, Paris,1860, pi. XLVII, n° 3; L. Coutil, Les figurines en,terre cuite des Eburovices, Veijocasses et Leeovii,Évreux, 1899, pi. IX, n°5, p. 38).

Le Musée de Liège conserve une statuette deVénus dans une niche formée de deux colonnettessupportant une coquille; la déesse porte les deuxmains à sa chevelure (trouvée à Juslenville, can-ton de Spa. Voy. fig. 291).

Une autre statuette, trouvée à Tongres (coll.Iiuybrigts), n les deux mains abaissées le long ducorps. La même pose se retrouve dans la figu-rine de Vénus appartenant à la Société historiquedu Limbourg.

Le Musée d'Autun conserve une Vénus dont lamain droite baissée tient une situle.

Toilette de Vénus.

Vénus, de face, la tête surmontée d'un largediadème, les cheveux séparés au milieu du frontretombent sur les épaules; la jambe droite est

I. D'après une photographie que M. M. Prou a eu l'obli-geance de me communiquer.

DE TA GAULE IIOMA1INE. sui' puhïmçr.53

légèrement repliée. A droite de la déesse, sur unecolonnette, est assis un Éros qui tient sur sesgenoux un coffret (aiaba.strothè que). Au-dessous,un autre Éros, vêtu d'une légère draperie nouéesur l'épaule gauche, lève la tête vers la déesse etlui tend de la main gauche un alabastron conte-nant l'huile parfumée; de la main droite il tientune colombe. A gauche dé la déesse, sur unecolonnette, un troisième Éros se Lient debout,portant un arc dans la main droite et appuyant lagauche sur un cippe. Au-dessous, un quatrièmepetit personnage, féminin cette fois, regarde la.déesse en lui tendant de la main droite un miroirmuni d'un manche; sa main gauche repose surune draperie (lui parait placée sur un cippe. Labase antérieure du groupe est brisée et les piedsdes figurines manquent. Au revers du groupe,Vénus est couverte en partie par une draperiequi descend de l'épaule droite et remonte, pas-sant sur l'avant-bras gauche dont la main soutientle petit Éros portant mi arc comme attribut. Enregardant la face antérieure du groupe, On voiten effet les doigts de Vénus posés sur la cuissegauche d'Éros. Le bras droit de la déesse sertd'appui au petit gardien du coffret.

Au dos du groupe, on voit trois trous d'éventdisposés en triangle.

Hauteur: OmI 5; largeur: 007. Trouvé à Saint-Honoré-les-Bains, dans un puits, en même tempsque deux figurines de Vénus et divers autresobjets.

54ÉTUDE Suit LES F1CCRINES DE TERRE CUITE

Collection A. Blanchet. Voy. fig. 30 (Bey.archéol., 1893, T, p. 6-9, pi. H, et Adrien Blan-chel, Mélanges d'arehéol. gallo-romaine, 4°" fuse,,1893, p. 8-11, pl. II).

C'est une représentation remarquable de la« Toilette de Vénus » que des terres cuites,trouvées à Cologne et à Bordeaux (vo y. fig. 31),nous avaient déjà fait voir d'une manière moinscomplète'. De ces représentations, il faut rappro-cher le sujet du moule de Saint-Rémy (Vénus der-rière laquelle est une draperie soutenue par deuxÉros). Ces compositions sont sorties tout natu-rellement du type de la Vénus Anadyomène.

Divinités indéterminées.

Dans mon Êtude, j'ai signalé une figurine duMusée de Saint-Germain-en-Laye (no 1 4,706; pro-venance inconnue), représentant une déesse as-sise, tenant un quadrupède sur ses genoux; der-rière la tête, on voit une sorte de portique à

4. Voy. mon Étude, p. 104 et 406, et Mém. Soc, des Antiq.de France, t. LI, p. 169-$70. —A propos de la figurine dontje donne le dessin d'après un moulage de l'exemplaire de lacollection P. Miaihe, je ferai remarquer que Vénus tient leceste dans sa main droite (cf. E. IJabelon et A. Blanchet,Gatat. des bronzes antiques de la Bibi. nat., 1895, p. 104,n 241).

La signature PISTILLVS FECIT (lettres en creux), quifigure au revers de la coquille, parait semblable à celle dumoule de déesse-mère trouvé à Autun. Cf. II. de Fontenay,biser, céramiques dcouvertes â Autun, n0 557.

2. P. 129.130 511m. Soc, des ÀuUq. de France, t. LI,P. 193 à 49.

DE lÀ CAIJLE ROMAINE. SUPPLÉMENT.

c&onnade t . J'ai rapproché les figures de ce genredes terres cuites représentant Cybèle'. Je puisajouter aujourd'hui que la statuette dont je viensde parler provient certainement d'Allemagne. Eneffet., le Museum fûr Vôlkerkunde, à Berlin, con-serve une statuette idenLiquetrouvée à Binger-brtick, près de Bingen (n° IV 312). D'autrepart, le Musée de Mayence possède le moulaged'un exemplaire identique au précédent et trouvéaussi à Bingerbrùck (no 2525; coll. particulière àMayence) .

Puisque l'occasion s'en présente, je ferairemarquer que l'Allemagne a produit surtout4,au lieu de déesses-mères avec des enfants, desdéesses également assises portant un animal, -souvent peu distinct, sur leurs genoux. Auxexemples que j'ai cités dans mon Etude (fig. 7),j'ajouterai

Une statuette trouvée à Luxembourg (Musée de

1. Une figurine (le la collection Canipana, provenant pro-bablement d'Italie, offre une disposition analogue.

7. Rappelons aussi que Caylus a publié six statuettes deterre cuite représentant une femme tenant un quadrupède(petit cochon ?), figurines trouvées à Garnarina, en Sicile(Recueil riant., t. VI, 4704, pi. XXXVII).

3. Ces observations confirment donc l'indication du Cata-logue du Musée de Moulins (p. 25. n° 50), d'après laquelle lafigurine analogue, appartenant àTudot (op. dl., p. 35), seraitvenue des bords du Rhin. - On sait que M. Max Ibm necroit pas que ces figures représentent des matronac (DonnerJahrb., fasc. 83, 4887, p. 53).

4. Je ne connais de déesses-mères avec enfants, du typede celles de la Gaule, qu'au Musée de Salzbourg.

56TUDE SUR LES FIGURINES flIc TERRE CUITE

Luxembourg; moulage au Musée de Mayence;l'animal ressemble à un chien).

Une autre, trouvée à Rheinzabern (Musée deCarlsruhe, n° C898; l'animal ressemble à linlion. Le n° C 897 du même Musée m'a paru d'uneauthenticité douteuse).

liii autre exemplaire (Musée des Archives, àFrancfort- sur- Mein; l'animal ressemble à unchien).

Une autre, trouvée à Mayen, près d'Andernach,style dilîérent des statuettes de Bingerbriick(Museum fur Vblkerkunde, à Berlin, N°1, i 822).

Une autre, avec la tête radiée, provient desenvirons de Strasbourg et fait partie de la collec-lion de M. R. Mowat, à Paris.

Deux autres trouvées à Juslenville (canton deSpa) ; l'une tient un animal qui parait être unchien; l'autre est peu distincte (Muséè archéolo-gique de Liège).

Il est probable que le rapprochement des figu-rines de déesses-mères, avec les représentationsde la Vierge', a été fait de bonne heure et u pucontribuer à en faire honorer quelques spéci-mens. Toutefois, aucune sépulture postérieure auVe siècle ne renferme de statuettes de terre cuiteblanche.

1. Bull. Soc. des Àntiq. de France, 4870, p. 260.2. Benjamin F'illon u Fait la comparaison (L'art de terre

chez les Poitevins, 1864, p. 20). Cr. A. de Caumont, Coursd'antiq. monum., t. J!, 4851, P. 220.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPIAMENT. 51

Epona.

Depuis la publication de mon Étude, M. Salo-mon Reinach a réuni les monuments représen-tant Epona. Je vais indiquer brièvement les sta-tuettes de terre cuite, et je proposent unehypothèse ait de certaines de ces représen-tations.

1. Néris (Tudot, p. 24, fig. 24; S. Reinacli,11ev. archéol .,.1895, I, p. 165, 2, fig.).

2. Saint-Pourçain (S. Reinach, Ibid., p. 466,3, fig.).

fi.. Toulon-sur-Allier (Tudot, pi. XXXV; Cat.du Musée de Moulins, pi. XVII, n° 649; S. Rei-nach, p. 466, 4, fig.)':

5. Toulon-sur-Allier (S. Reinach, P. 166, 5,fig.).

6. Baux, mare de l'Argiliière (F. Rever, Ext'p,d'un 514m, sur quelques figurines antiques de terrecuite..., pi. III, 1, 2 et 32; Tudot, pi. XXXIV,C, D, E; S. Reinach, p. 168, 10, fig.; L. Coutil,

4. L'atelier de Bourbon-tancy a probablement fabriquédes statuettes de ce type. \Toy. Suit. archéol. du Comité, 1892,p. 257 et 259.

2, Je profite de l'occasion pour signaler que le mémoire deflever & paru aussi sous le titre Lettre de M. P. Rever, coi'-respondant de l'institut..., à MM. tes membres de ta Sociétéd'agriculture, sciences et arts de l'Eure, à Évreux, sur des figu.rifles découvertes dans ta forêt d'Évreux, commune des Baux-Sainte-Croix, et sur quelques autres objets du moyen tige, dansle Journal d'agric., de miel. et se. access., t. IV. Fvreux, 1827,P. 117.138, 4 pl. (extr. in-8°, 24 p.).

5

58tUBE SVII LES i'.IGIUIÎNES DE TESIIE CUITE

Les figurines en terre cuite des Eburovices, p. 60,pi. XVII, 6)'.

7. Écaquelon (Eure), en 1855, autre Epona;le cheval n les jambes brisées (L. Coutil, Lesfigurines en terre cuite des Eburovices, p. 61).

8. Le Mont-Frugy Finistère) (A. Héron de Vil-lefosse, Bull. de la Soc. des Antiq. de France,1892, p. 83, fig.; F. Moreau, Supplément à l'ai-buni Caranda; les fouilles de Crévières de Ciry-Salsogne, 30 aimée, 1892, fig. 3; S. Heinach,p• 169, 12, fig.).

9. Clermont-Ferrand (Musée de Saint-Germain,no 4664). La déesse tient dans ses mains une ro-sace et des fruits (ou un petit animal?) (S. Rei-nach, p. 477, 25, fig.).

10. Cluny (Musée de Saint-Germain, n° 9814)(S. Reinacb, p. 177, 27, fig.).

Il. Au Musée de Spire (Lindenschmit, Alter-thi4rner, L. III, X, 3, 2; S. Reinach, p. 483, 45,fig.).

12-13. Deux figurines de terre rouge, avec destraces d'une couverte blanche, découvertes en

4. La statuette de Baux, qui parait perdue (un moulageest conservé au Musée de Caen), ne porte pas d'attributs. Letype de la déesse est très analogue à celui de la femmeassise sur un taureau, statuette de terre cuite trouvée àSaint-Pourçain (Saint-Germain, n° 28033. - S. Reinacb,Revue arc1o1., 1805, J, p. 166, 3 bis, fig.). J'avais signalécette statuette comme représentant Europe; M. S. Reinachlui a donné le nom de Rubona (Revue critique, 1891, p. 281,note, et Revue archéol., 4895, T, p. 331).

DE LA CAULE 1tOIA1NE. SUPPLhIENT. 59

1880 près de Worms (Musée de Worms). Ilsemble que chacune tient un petit animal (Wec-kerling, Die rimisehe Abtheilung des Paulus-]Jiuseurns der Stadt Worms, 4885, p. 45, pl. I,fig. 4 et 5; S. Reinach, p. 484, 48 et 49, fig.).

14. Autre au Musée de Mayence (S. Reinach,p. 184, 49 bis).

15. Musée de Darmstadt (Lindenschmit, L. III,X, 3, 1; S. Reinach, p. 185, 50, fig.).

16. Castel près de Mayence (Musée de Mayence)(voy. mon Étude, fig. 47; S. Reinach, p. 185,54; fig.).

17. Marienfels (Musée de Wiesbaden). Sur lesgenoux de la déesse est un petit animal (BonnerJahrb., XXVI, p. 96; A. von Cohausen, Filhrer.p. 99, ri° 68; S. Reinach, p. 186, 55).

18. Près de la source de Hombourg (Musée deHombourg) (S. Reinach, p. 186, 57).

49. Boppard, près San-Goar (Musée de Bonn).La déesse parait tenir sur ses genoux deux petitsanimaux (S. Ileinacli, p. 486, 58, fig.).

20. Herrnscheim, près de Worms (Musée deMannheim); type grossier presque analogue à lastatuette de Darmstadt. Epona paraît tenir unlièvre sur ses genoux (S. Reinach, Bey . arcitéol.,1898, II, 193-191, fig.).

On remarquera que les n°' 12, 13, 44, lI, 49 et20' représentent une figure qui tient un ou plu-

t. Je laisse de côté le n' 9, d'ailleurs peu net, à cause desa provenance.

60g'rUDE suR LES F111UuIEs DE TEIntE CUITE

sieurs animaux dans son giron. Or, c'est précisé-ment le type des divinités assises si fréquentes enAllemagne. Comme les numéros précités ont ététrouvés aussi en Allemagne, je suis porté à croirequ'il faut établir un rapprochement entre cesfigurines, sinon au point de vue mythologique,du moins au point de vue de la fabrication. Lescéramistes ont probablement utilisé le type desdéesses assises pour fabriquer des statuettesd'Epona. Remarquons que, sur les bas-reliefs,Epona est souvent inclinée à droite ou à gauche;au contraire, sur les terres cuites de provenanceallemande, la déesse est figée dans une raideurhiératique, et, si on la détachait du cheval, ilserait à peu près impossible de reconnaitre quela statuette représentait une Epona. Mon hypo-thèse expliquerait fort bien la « housse » pen-dante que ces statuettes laissent voir' et dont lalongueur n'est pas aussi exagérée sur les bas-reliefs de pierre. Cette housse aurait pour ori-gine le siège des divinités dont j'ai parlé plushaut.

Aussi bien, ce que j'ai dit de la fabrication desfigurines d'Epona trouve une confirmation écla-tante dans la statuette provenant de Toulon-sur-Allier et conservée au Musée de Saint-Germain(n° 27962). Si l'on examine celte terre cuite, onvoit que les jambes d'Epona manquent par suite

t. Voy. fig. 47 de mon Étude.

DE LA GAULE aUMAJNE. SUPI'LlhIENT. 61

d'une cassure. Or, la partie du cheval que lesjambes et la tunique de la divinité recouvraientprimitivement, c'est-à-dire le poitrail, porte unharnachement semblable à celui de plusieursautres figurines de chevaux (même musée,

258I, deux exemplaires provenant. de Vi-chy). Ce détail indique bien que le cheval et ladivinité ont été moulés séparément'; du reste, criexaminant le groupe, on voit que, du côté du coudu cheval, le raccord est imparfait.

Dispater (Sucellos).

Lorsque j'ai écrit la première partie de ce tra-vail, je ne connaissais aucune statuette de terrecuite représentant le dieu au maillet.

Tout récemment, on en a signalé trois dontvoici la description

1° Le dieu est debout, nu-tête, avec la barbe etles cheveux épais. Il parait vêtu de la cavacalla,serrée à la taille et descendant à mi-jambe; sonpepluni est rejeté sur l'épaule gauche, qui sert depoint d'appui au maillet, très volumineux, dont lemanche brisé a laissé des traces visibles dans lesplis du pepluin. Le côté droit manque, ainsi quela partie inférieure à partir du milieu de la cuisse.Hauteur o'"ii.

4. Les figurines de la Gaule romaine offrent de fréquentsexemples de raccords. On connaît des moules donnant lecorps seul du cheval. Les jambes étaient raccordées ensuite.

62IhUDE SUIt LES rIOUKHYES 1)E TERRE CUITE

Trouvé probablement entre Brou et l'Hôpital.Voy. fig. 36 (Joseph Buche, dans le Bull. de laSoc. des Antiq. de France, 4899, p. 304-306,fig.),.

2° Le dieu est debout, avec barbe et cheveuxépais. Il tient de la main droite une patère, le basdu bras droit étant appuyé sur la hanche (lemilieu du bras manque). Le bras gauche estreplié en avant vers l'épaule contre laquelle iltient un maillet dont le manche disparaît, au-dessous du bras, dais les plis d'une tunique ser-rée à la ceinture. Cette statuette est brisée àhauteurdes cuisses et la partie inférieure manque.

Trouvé à Remis; Musée de la ville. Voy.fig. 37 (A. Héron de Villefosse, dans le Bull. dela Soc. des Arttiq. de Francs, 1899, p-317-318,

3° Le dieu est debout, avec barbe et cheveuxépais. Le bras droit tombant tient une olk peudistincte; le bras gauche tient, appuyé contre lecorps, le manche d'un maillet dont la tête estappuyée contre l'épaule. Le dieu porte uqe tu-nique et un pallium attaché sur l'épaule droite; lesjambes paraissent couvertes de braies. La sta-tuette est brisée au-dessous des genoux, et le basmanque.

Trouvé à Cologne; Musée Wallraf-Riehartz, à

• L Les clichés que je reproduis ici, fig. 36, 37 et 38, sontceux qui ont été publiés par le BuItetrt do la Société.

E LA GAULE ROMAINE. SUIPJiMENT. 63

Cologne. Voy. fig. 38 (J. Déchelette, dans leBull. de la Soc. des Antiq. de France, 1900,P . 221-222, fig.).

M. Héron de Villefosse a fait remarquer que lesdifférences entre ces statuettes et celles de bronzereprésentant la même divinité provenaient de ladifférence de matière; le bronze résistant laisseplus de latitude à l'artiste. M. Déchelette penseque la différence de technique devait avoir uneinfluence semblable'. Les statuettes de terre cuiteétant fabriquées à l'aide de moules, en deux par-ties, le maillet devait nécessairement être collé aucorps.

Figurine de Quilly.

Personnage imberbe, assis, les jambes croisées;les cheveux assez longs, surtout derrière la tête,descendent jusqu'au cou. Le bras gauche tombele long du corps; le bras droit est plié et la mainouverte s'appuie sur L'estomac. Au bout desdoigts on distingue une petite figure ressemblant,à un oiseau. Sous le coude droit, on voit troiscercles centrés d'étoiles. Au cou est un colliersous lequel on distingue de petits cercles centrésde points. Les pectoraux sont très développés etressemblent à des seins; cependant, les organesindiquent le sexe masculin. Sur le socle; il y a

1. Cf. ce que j'ai dit dans mon Étude, p. li; fifém., t. U,P. 75.

64gTUnK SUR LES FICUIIINES DE TEREE CULTE

quelques aspérités dans lesquelles on a voulureconnaitre deux animaux. Les jambes pliéesforment, par rapport au corps, une saillie de0 m 02 qui égale celle de la tête. Au revers, lafigurine est plate à partir du cou. La gaine estdécorée d'un grand cercle contenant quatorzeétoiles et un double cercle centré d'une autreétoile; le grand cercle est entouré de neuf doublescercles centrés d'une étoile'. Au-dessous, unerangée de traits verticaux, et, plus bas encore,deux rangées de demi-cercles et de cercles cen-trés d'étoiles; toute cette partie est peu distincte.Hauteur 0m136.

Trouvée à Quilly (arr. de Saint-Nazaire); col-lection de M. Léon Maître, à Nantes. Voy. fig. 322(L. Maître, note clans l'Association française pourl'avancement des sciences, Compte-rendu de la.270 session (p. 1898), 1899, p. 182; le même,dans les Bulletins de la Soc. d'anthropologie deParis, t. X, 40 série, p. 141-146; A. de Mortil-let, ibid., p. I 46-1 52; tir. à part sous le titreEd. Fourdrignier, Divinités accroupies; à proposdu dieu accroupi de Quilly, figurine gauloise, par111. Léon Maître, Paris, 1899. in-8°, 29 p.;L. Coutil, Les figurines en terre cuite des Eburo-

1. Cf. la décoration des fig. I et 3 de mou Étude.2. J'ai fait ce dessin d'après un moulage que je dois à

l'obligeance de M. Léon Maitre. Les reproductions en similiqui ont été publiées ne permettent pas devoir certains détailsde la statuette.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPI'L1hIJ1NT. 65

vices, Veliocasses et Lexovii, 1899, p. 77-83,pi. VU bis).

La signification de cette statuette, dans laquelleG. de Mortillet voyait un Hermaphrodite, meparait très énigmatique. On a fait, à propos decette découverte, l'inventaire des figures accrou-pies trouvées en Gaule. Mais on a omis de citer lastatuette de Cesson dont j'ai parlé plus haut. C'estun élément dont il faut tenir compte.

Figuine à double face.

Figure de femme, debout, vêtue d'une tunique;l'avant-bras gauche est nu et s'appuie sur unbouclier (?). Le revers de la statuette est formépar une autre épreuve du m

ême moule. Socle

rond, avec goujon et rainure médiane ayant serviau scellement. Hauteur 0m38• Voy. fig. 334•

Ancienne collection Plicque, aujourd'hui auMusée des Antiquités nationales, à Saint-Germain-en-Laye.

Cette statuette, de grandes dimensions, a pro-bablement fait partie de la décoration de la balus-trade de Lezoux et surmontait peut-être uneencoignure, car elle était destinée à être vue detous côtés. C'est sans doute pour cette raison quel'artiste a donné deux faces à cette figure de

1. D'après une photographie que M. J. Dèchelette a eul'obligeance de me communiquer.

66ITODE SUR LES Fjorrniu€s DE TERRE CUITE

femme dans laquelle on chercherait inutilement,Je crois, une signification mythologique.

J'ajouterai que le céramiste a été amené facile-ment à créer cette figure double, sans même pen-ser aux représentations de Janus ou de la tripleHécate. En effet, Tudot a publié des rhytons enforme de buste à double visage'. Un autre, àdouble visage féminin et masculin, a été trouvérécemnient dans l'atelier de Saint-Rémy (Allier);à la base de l'encolure commune, on distingue lamarque AVIT.. (Avitus) 2 A Gièvres, on avaitdéjà recueilli un vase de terre blanche, à doublevisage féminin', et les fouilles de Brionne ontfourni deux masques féminins adossés, sans base,(lui pourraient avoir appartenu à une statuette4.

Enfin, à Lezoux même, on a recueilli un réci-pient en forme de tête de nègre 5 , à doublevisage, dont les deux parties, bien que différantpar suite de l'affaissement de l'argile, sont certai-nement sorties du même moule.

1. Colt. de figurines, p. Si, fig. 406; cf. pi. XV; Casai, duMusée de Moulins, n0 600 bis.

2. J. Déehelette, dans la Revue arehéol., 1901, 1, p. 392.3. L. de la Saussayc, Antiq. de la Sologne blésoise, pi. X,

fiOS 4 et 5.4. Bonnin, Antiq. gallo-romaines des Eburoviques, pi. Iii,

fig. 4 et 3.5. D Phoque, dans le Bail. archéeS, du Comité, 4884,

p. 187, pi., et Mém. Acad. de Cterrnont, 1884, p. 603.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 67

G9'oupe sur un lit.

J'avais déjà signalé le groupe de la collectionBordes, trouvé à Bordeaux, d'après la courtenotice que M. Jullian lui avait consacrée 1 . Cetauteur n dit que cette terre cuite est une imitationvisible des beaux sarcophages de l'art étrusque.M. Th. Amtmann, qui l'a publiée après lui 2 , ndéveloppé cette idée qui est difficilement accep-table. En effet, tous les sarcophages étrusquesque l'on peut citer sont d'abord de dimensionsconsidérables, et de plus ces monuments appar-tiennent à une époque bien plus ancienne quecelle de la terre cuite gallo-romaine. Au rr sièclede notre ère, - époque probable de la fabrica-tion du groupe de la collection Bordes, - lessarcophages étrusques reposaient tous dans deshypogées, et il n'est pas logique de supposer quele céramiste gallo-romain Pistillus s'est inspiréde modèles qui devaient être beaucoup plus rarespour lui que pour nous, et dont la fabricationavait cessé depuis plusieurs siècles.

I. Voy. mon Étude, p. 28; Mérn. Soc. des Antiq. de Francs,t. LI, p. 192.

2. Lit nuptial; terre cuite gallo-romaine; collection V. Bordes.Bordeaux, 1802, gr. in-8', 8 p., I pi. (extr. des Public. de laSoc. arcb4ot. de Bordeaux, t. XVII, 2 face.). - Les sarco-phages do Vulci qu'on a cités plus particulièrement nopeuvent guère recevoir le nom détrusques. Ce sont desoeuvres étrusco-grecques, comme l'a dit M. Marth&(t/artétruique, p. 36), de la fin du Iv' ou du commencement du111 0 siècle.

68ÉTUDE $11K LES FIGURINES 11E TERRE CUITE

Le groupe de la collection Bordes (voy. fig. .94)n'est pas unique. En effet, on a signalé un autreexemplaire, trouvé à Autun, en 1872, dans lechamp Boudeau, près de la voie de Bourges'.Cet exemplaire, dont les pieds et les têtes man-quent, porte la marque PISTILLUS en creux.

D'autre pari, j'ai retrouvé le même type auMusée de Salzbourg, également en terre blanche,mais sans marque visible (exemplaire en mauvaisétat).

Enfin, le Musée de Saint-Germain possède unfragment de médaillon de terre blanche, mon-trant la partie supérieure du corps de deuxfigures s'embrassant, dans la même pose que surle groupe de la collection Bordes. Ce fragment aété trouvé à Saint-Pourçain-sur-Besbre (no 28059).

Ce type des deux personnages s'embrassant meparait dérivé 2 de celui du groupe debout que j'aireproduit dans mon Étude et que je considèrecomme imité du groupe d'Éros et Psyché. Onpourrait peut-être voir dans le groupe de Bor-deaux une étape vers la fabrication des groupesérotiques. Remarquons en effet que nous con-naissons

1 0 Le groupe de deux figures debout, entière-

4. Harold de Fontenay, lnscr. céramiques gallo-romainesdécouvertes à Autun, 1874, p. 84, n° 59, et Mém. Soc. éduenhie,nouv. sér., t. III, 187, p. 412, n' 559.

2. J'ai déjà exposé cette théorie dans le Pull, 4e la Soc, desAntiq. de Francs, 1893, p. 105.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 69

ment vêtues, se tenant enlacées et s'embrassant'.° Le groupe dans une pose semblable, où

l'homme est seul habillé et où la femme est nue2.30 Les groupes fournis par des demi-moules

trouvés à Bourbon-Lancy. L'homme et la femmesont debout, en partie nus; l'lioinnie entr'ouvrelégèrement la draperie qui couvre le corps de lafemme, et celle-ci avance la main droite commepour l'en empêcher'.

° Le groupe de deux personnages à demi nussur un lit.

50 Enfin, les médaillons et les vases à sujetsérotiques, provenant généralement de la valléedu Rhône, et auxquels il faut comparer les nom-breuses lampes qu'on rencontre dans toutes lesparties de l'empire romain.

Figurines formant vases.

Singe formant vase 4 . Il est assis; son museau

I. Voy. mon Étude, p. 127. Cf. Mém., L. LI, p. 191. - Ungroupe de ce type trouvé à Krenznaeh, en 4885, est conservéau Musée de Worms (renseignement communiqué par M. M.Prou). Un autre exemplaire a été trouvé à Andernach. Voy.Ijonner Jahrb., fasc. 86, 1888, pl. V!, fig. 35.

2. J'ai vu un autre exemplaire de ce groupe au Musée historique de Francfort-sur.Mein.

3. Bull. archéol. du Comité, 1893, P. 259 et 260. Collec-tion Bertrand, à Moulins; moulage au Musée d'Autun,n' 2383. - Le même atelier a fourni aussi un moule dutype des deux figures vêtues.

4. La collection Esmonnot, au Musée de Saint-Germain-

70ITIIDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

grimaçant laisse voir les dents; la collerette deson vêtement se relève à gauche pour former labordure du récipient. De la main droite, il tientun volumen; la main gauche repose simplementsur le côté. Les membres inférieurs de l'animal,qui portent des entraves, ressemblent plutôt auxpattes d'un chien. Hauteur 0m22. Voy. fig. 35.Terre rouge, avec traces d'engobe et de couleurnoire.

Trouvé à Reims, dans une sépulture d'enfanten 188k; col]. Léon Foucher.

Celte terre cuite paraît avoir été fabriquée dansla région rémoise,, car on en a trouvé trois exem-plaires à Remis même', etje n'en connais pas d'uneautre provenance. Je n'hésite pas à y voir la carica-ture d'un personnage officiel, d'un auteur à lamode ou même simplement d'un rnagz.ster.

Une figurine formant vase n'est du reste pasune anomalie dans la céramique gallo-romaine.Précisément, on connaît un autre singe formantvase, qui, bien que plus petit et d'un style un peudifférent, offre cependant . une grande analogieavec ceux de Reims. II est en terre blanche cltient UI) fruit de ses deux mains ramenées sur la

en-Laye, contient onze figurines de singes. IL n'y a donc paslieu de s'étonner que cet animal ait été 'représenté par uncéramiste de la Gaule.

1. L. Maxe.Werty, dans le finit. de ta Soc, des Antiq. deFrancs, 1886, p, 145-146. — Deux de ces vases ont été trou•vés sous des fragments de stèles, près de la voie romaine deReims à Monzon.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT.71

poitrine (Musée de Saint-Germain, if 7288; der-rière, on lit LVBRICVS) 1 . La collection deM. Huybrigts, à Tongres, renferme une figurinede femme assise, formant vase, avec anse et gou-lot. J'ai déjà cité plus haut des vases formés d'unetête double; je rappellerai encore qu'on a trouvéen Gaule un assez grand nombre de récipients deterre cuite vernissée, jaune ou verte, en formed'animaux accroupis sangliers 2 , lion (Musée deSaint-Germain, n° 19533, Suèvres; n° 474.04,Rouen) 3 , biche (n° 5503, Vichy), lapin (if 6884,Vichy), cerf (n° 6895), chèvre, chat.

Médaillons.

Les fouilles opérées à Vertilluni (Vertault)ont amené la découverte d'un moule de médail-lon représentant trois personnages montés surune galère dont il ne reste que la poupe et legouvernait immergé dans les flots légèrementondulés. La figure principale, assise à l'arrière,est barbue et porte une chevelure abondante rele-vée sur l'occiput et surmontée d'une sorte de

4. Tudot, Collection, pi. LXIV. - Cf. un autre singe assisdans un fauteuil d'osier (Musée de Saint-Germain, n o 23252).

2. L. Coutil, Les figurines en terre cuite des Eburovices,p. 66 (Musées dEvreux et de Lisieux; collections Brouet etU'erray).

3. Cf. Bonnin, Antiq. des Eburoviques, pi. III, S (Muséed'Évreux); H. Mazard, La céramique, p. '59, fig. 9; H. Dra-gendorit, Terra Sigillata, Bonn, 4895, p. 100.

12ÉTUDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

bourrelet analogue au modius; la main gauchetient un long sceptre. Le centre du médaillon estoccupé par une femme demi-nue, debout, por-tant sur le bras gauche une corne d'abondance;le bras droit est relevé dans la direction duvisage. Du troisième personnage, placé en face dela figure précédente, il ne reste que la tête dontles cheveux longs, noués au sommet, paraissentsurmontés d'une aigrette'.

Il est probable que nous avons dans ce monu-ment une représentation de la triade Sérapis-Isis-Harpocrate. On sait qu'Isis est représentéequelquefois sur une galère'.

L'atelier de Saint-Rémy (Allier) a donné deuxmoules de médaillons 1° Léda et le cygne; 2° \énus debout, devant une draperie que soutiennentdeux Eros. Je pense que ce dernier sujet rentredans la série des monuments relatifs à la. « Toi-lette de Vénus. »

Un fragment de médaillon représentant unefemme nue et signé (Pisti)llus fecit (lettres encreux) a été trouvé à Autun, où l'on a recueilliaussi des médaillons érotiques non signés3.

t. H. Lorimy, dans te Bull, de la Soc. archéol. et hist. duClzsititlonnais, 1893-1894, P. 180.

2. Monnaies attribuées à Hélène, femme de Julien II(Gohen 2 , t. VIII, p. 70, no ' 20 à 26).

3. H. de Fontenay, laser. céramiques découvertes à Autun,p. 84, no 558. - On sait qu'un vase, trouvé près de Chagny,porte te nom de PisUllus (Ibid., p. 85, n° 562). Mais cetteinscription est tracée à la pointe.

DE LA (MULE ROMAINE. SUPPLIIENT. 73

J'ai signalé plus haut les intéressants médail-lons trouvés à Cologne.

Masques et objets divers.

On avait déjà publié de curieux fragments demasques recueillis dans la région du Rhin'.A Cologne, parmi les débris provenant de l'ate-lier de Vindex, on a trouvé des fragments demasques. Le Musée provincial de Bonn en pos-sède qui sont de terre blanche ou de terre jau-nâtre. Certains paraissent avoir été destinés àêtre attachés, car ils sont pourvus de petits troussur le bord.

Un masque du Musée de Bonn représente unetête jeune, peut-être féminine, avec la bouchefermée. Mais la plupart des masques sont grima-çants, avec des nez bossués et de travers. On ena trouvé à Vechten et Wiesbaden' et plus récem-ment à Worms. Ces masques n'ont pas été faitspour le théâtre, car beaucoup d'entre eux ont depetits trous à la place des yeux et de la boucheou sont même complètement fermés. Avaient-ils

1. Ditschke, Roirnische Maskenfragmente, dans tes RonflerJ&trb,, fasc. 78, 1884, p. 126, pi. II. Cf. mon Étude, p. 433.

2. Annalen des Nassaulsehen Oesch. und Atterthumsvereins,t. V, p. 11, 35; A. von Cohausen, Führer du Musée de Wies-baden, p. 100, n° 77.

3. Eorrespondenzbtatt der Westd. Zeitschr. f. G. u. Kunst,t. X, 4891, p. 259,lig. Voy. aussi G.-C.-F. Liseb, 115m. Thon-mashe von Yriedrichshof bei Bukow, dans Meekle,nb. Jahrb.,t. X, p. 297.

6.

74}ÎODE SUR LES FIGVItINES DE TERRE CUITE

plutôt une destination funéraire'? Cette hypothèseest difficile à admettre, car ces masques n'ontaucune prétention à rappeler le visage desmorts', et l 'on a même recueilli une tête deMéduse. M. Joseph Klein a supposé avec raisonque ces masques avaient un but décoratif CL

qu'ils étaient placés sur les meubles ou pendusaux murs. On pourrait, je crois, penser qu'ilsont pu servir aussi comme oscilla.

La région du Rhin n'est pas la seule qui aitproduit des masques de ce genre, car l'or) asignalé, comme provenant des fabriques de l'Al-lier, un masque à front chauve et à grandesoreilles, qui fait parue de la collection Bertrand,à Moulihs, et qui est de terre jaunàtre 4 . On aaussi trouvé un fragment de masque à Bourbon-Lancy; il serait à peu près semblable à un autrede Vichy'.

1. J. Klein, dans les Bonntr Jahrb., fasc. 79, 4885, p. 179-480. Cf. Otto Henndor, Aruike Gesichtshelme und Seputcrat-masken. Vienne, 4878, in-4°, 77 p. (extr. du t. XXVJII desDenkschriften der phitos.-hislor. Riasse der Kaiseri. Aluidemieder Wissensch.).

2. J. Klein, toc. cit., P. 481-182.3. Bull. Soc. arcluoI. de i'Orieanais, t. VII, 4878-4882, P. 37.4. Bull. archéol. du Comité, 4891, P. XLVIII.

b. .Bull. archéot. du Comité, 1892, P. 260. - Le Musée deSaint-Germain-en-Laye possède un masque grimaçant, res-semblant à un masque japonais, et qui provient de Vichy(no 6881). Le Musée d'Autun en possède un semblable,f0 2427, à côté duquel est exposé un autre masque analogueen terre rouge vernissée. - Autun a donné un fragment de

DE LA GAULE TIOMAINE. 5UI'PLh!ErÇt. 75

J'ai parlé plus haut des diverses figurines de labalustrade de Lezoux. C'est, je crois, un exempleunique pour la Gaule de la céramique appliquéeà la décoration des édifices.

On peut rattacher à cette série des antéfixesd'un effet gracieux, formées d'une large palmetteavec une tète de face et la marque ELVILVS, quise rencontrent communément à Autun'.

Je citerai encore les chenets de terre cuite enforme de tête de bélier. M. J. Déchelette, qui leura consacré une étude remarquable, pense qu'ilsappartiennent pour la plupart à l'époque gallo-romaine et que le type a été inspiré par les figu-rines de béliers fabriquées dans la vallée del'Allier 1.

On a signalé « une sorte de lustre en terre« blanche, formé de dix-huit tètes grotesques« fixées au pourtour d'un cercle creux dans« lequel l'huile pénétrai[ par un petit godet.Ce curieux objet passe pour avoir été découvert« dans le centre de la Gaule'. » Du reste, le

masque (bas de tête d'homme barbu) (Catat. du Musse de Mou.tins, 1885, p. 23, n°5, pl. VIII).

1. Il. de Fontenay, Iriser, céramiques découvertes â Autun,p. 82, n° 542, pl. XXIV. - Des antéfixes analogues, pro-venant d'Orange, sont marquées Secundus liufi (35dm. del'Acad. du Gard, t. XLII, 4878, p. 119, p). XXII, 4).

2. Revue arehéot., 4898, 11, p. 72 et 250. - Je crois quel'époque de la fabrication de ces chenets n'est pas certaine,car on en a trouvé quatre exemplaires dans des fouilles duMont-l3euvray, qui n'ont donné que des monnaies gauloises.

3. huit. archeol. du Comité, 1801, p. xLvu.

76Tunr, 51111 LES FIGURINES DE TERRE CUITE

Musée de Saint-Germain-en-Laye conserve unfragment d'un lustre analogue, partie de bandeaucreux auquel sont encore fixées deux tètes gro-tesques dont la bouche est remplacée par untrou circulaire (n° I 63, Clermont-Ferrand).

Animaux.

Parmi les animaux, le boeuf de terre blanchetrouvé au sanctuaire romain d'Harfieur est inté-ressant, bien que de formes trop lourdes'.

J'ai déjà cité un attelage de chevaux; Vichy adonné un char attelé de deux boeufs qui doit êtredans la collection Bertrand de Moulins3,

Y".

INVENTAIRE SOMMAiRE DES FIGURINES

(SUPPLÉMENT).

Inventaires par trouvailles.

Aisne. - A Celles-sur-Aisne, en 1891, poupée et coq deterre cuite (Suppl. 4 l'album Garanda, nouv. sér., pl. 138).

Allier. - A Vichy, tireur d'épine, grande Vénus, charattelé de boeufs, animaux et fruits. Au Champ-Lary, ser-pent formant bracelet, petit panier, enfant tenant un

4. UnIt. Co,nnz. des Antiq. de la Seine-Inférieure, t. IX,4894-1893, p. 414, pl.; Bec. Soc, havraise d'études diverses,t. LXI, 4894, p. 40, fig.

2. Le boeuf provenant de Clermont-Ferrand est certaine-ment d'un style meilleur (Musée de Saint-Germain, & 4667).

3. Bull. Soc. arcitéol. de l'Orléanais, t. VII, 1878-1882, p. 37.

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPLMCNT. 77

chien et signé Severianus. A Varennes, moule de tête deloup d'un grand relief et d'un beau caractère, personnagecouché. A Beauvoir, figurines diverses (Full. Soc. arc /téo/.de l'Orléanais, t. Vit, 1878-4882, p. 34-391. A Saint-Rémy,moules de médaillons avec Vénus et Léda, plusieurs Vénus,moule de déesse-mère, tête de Panisque (Revue archdol.,4901, 1, P. 229.233).

Ardennes. - En 1824, à Mézières (2), on aurait trouvéune statuette « de la nature de la terre de pipe, figure defemme arrachant une épine de son pied gauche D (#fém.Soc. des Anliq. de France, L. VII, 1826, p. XLIII).

Aveyron. -Au Puech-de-Buzeins, nomb?eux fragmentsde figurines (Full. ,Soc. des A.ntiq. de France, 1877, p. 74).

Cantal. - A Vie (commune d'Ides), fragments de figu-rines (Môm. Soc. des Antig. de France, L. VII!, p. 169).

Charente- Inférieure. - A Saintes, cheval et pommepercée de trous (Full. Soc. des Antiq.rde France, 1898,p. 373 et 394).

Côte-d'Or. - Deux Vénus trouvées à Dijon en 1736(Lépine, ifém. Comm.. des Anliq. de la Côte-d'Or, L. VII,1865-1869, p. xcviii). A Moutigny-Saint-Barthélemy, figu-rines (J.-G. Bulliot, Mission de Saint -Martin, p. 62).

Côtes-du-Nord. - Diverses provenances (J. Gaultier duMottay, Jlcjoert. archéol. des Côtes-du-Nord, 4883-4884,p. 261, 267, 427, 455).

.Dordogne. - Près de Périgueux, une déesse-mère(l'abbé Audierne, dans les Ann. agric. et littér. de laDordogne, L. J, 1840, p. 219, pl.). Fragment de statuette,téta avec cheveux en S, trouvée aux environs de Bergerac.

Eure. - Base d'une Minerve trouvée au Grand-Ande-lys. Vénus à gaine décorée de rosaces trouvée à Pitres(coll. L. Coutil). A Écaquelon, en 1885, Vénus, Épona,

78IiTUI)E SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

buste d'enfant (L. Coutil, Les figurines..., p. 57). Au Gâte.lier de Criquebeuf-sur-Seine, figurines de Vénus (But!.arcitéol. du Comité, 1898, p. 313). Vénus à Brionne (coll.Coutil). A Condé-sur-Iton, vers 1880, un cheval. Au triagedu Grand-Parc, dans la forêt de Conches, un cheval avecbride (Coutil, Les figurines..., p. 65). AFeuguerolles, uneVénus (F. Rever, Lettre..., Évreux, 1827, P. z).

Eure-et-Loir. - A Mérouville, fragment de Vénus(Bu!!. Soc. des Antiq. de France, 4857, p. 154). Déesses-mères et Vénus (Procès-verb. Soc. arcluiol. Eure-et-Loir,L I, 1861, Pl. XII).

Finistère. - A Kerradenee (Saint-Frégant), chevaux deterre cuite (Bull. Soc. archée!. du Finistère, t. II, p. 28,243). Au Parc-an-Groas, dans des ruines d'habitationsromaines, quantité de Vénus, de déesses-mères, de che-vaux (finit. Soc. archéol. du Finistère, t. 11, p. 122-$47).

Gironde. - Près de la Porte-Médoc, four et statuettes.Loir-et-Cher. - Déesse-mère à Fontaine, commune de

Pézou (Catal. du Musée d'Orléans, n° 715).Loire-Inférieure. - A Quilly, statuette de terre blanche

représentant une figure accroupie (colt. Léon Maitre).A Blain, une vingtaine de Vénus (A. Le Moyne de la Bor-derie, Hist. de .Bretagne, t. I, 1896, p. 89).

Loiret. - A Tigy, près de Sully, déesse-mère dans unecavité formée de tuiles (voy. plus haut, trouvailles datées).A Marre, déesse-mère avec deux enfants (lin!!. Soc. desAntiq. de France, 1882, p. 166). C'est peut-être la mêmetrouvaille que celle de la déesse-mère du cimetière del3riarrcs-sur-Essonne (Congrès archéologique de France,LIXe session, à Orléans, 1892, p. 243, fig. 66). A Gannes,une Vénus (Bu!!. Soc. des Antiq. de France, 1894,p. 197). Au Vieux-Gien, phallus, déesse-mère et figurine

DE LÀ GAULE ROMAINE. SUPPLÉMENT. 79

de bélier, le tout de terre cuite (.1. Quicherat, Mél. dar-c/idol., t. I, P. 304).

Marne (haute-). - A flourbonne-les-Bains, on a trouvéun grand nombre de figurines de Vénus, Mercure, Her-cule, etc., recueillies pour la plupart dans la rue Velloneet dans la vigne dite du Château (1114m. Soc. des Antiq. deFrance, L. XXV, 1862, p. 69).

ftfeurthe-et-Atoselle. - Plusieurs statuettes de Minerveen terre rouge (1h11. Soc. des Antiq. de France, 1886,P. 202).

Morbihan. - A Sulis-Hennebont, statuettes diverses.A Duretie, Vénus, déesse-mère, enfant rieur (k. Le Moynede la Borderie, Hist. de Bretagne, t. I, p. 95 et 99).

Nièvre. - Quatre statuettes de femme et enfants trou-vées à Alluy, canton de Châtillon-en-Bazois, près de Nevers(Bull. monumental, t. IV, 1838, p. 448, pI.). A. Avril,déesse-mère et Vénus se pressant le sein gauche, la maindroite allongée le long du corps. A Saint-Honoré-les-Bains,trois Vénus (Morellet, Barrat et Bussière, Le Nivernois,1838-4842, pi. 84; figurines d'Aliuy, pl. 89).

Orne. - Près d'Argentan, une Vénus (Mém. Soc. desAntiq. de France, t. XIV, p. 61).

Pas-de-Calais. - Déesse-mère signée Pistillus, trouvéeà Arras (J. Quicherat, 11141. d'arc/&éol., t. I, p. 428).

Saône-et -Loire. - A Bourbon-Lancy, nombreux mouleset statuettes (Bull. archôol. du Comité, 4892, p. 225).

Seine. - A Paris, boulevard Port-Royal et rue Royer-Collard, Vénus, coq et déesse-mère (Bull. . de la Mon-tagne Sainte-Geneviève et ses abords, t. II, 1897-1898,P. 103, Pl.).

Seine-et-Marne. - Au Bois-Gautier, dans la forêt de

80hUDE sua LES FIGURINES DE TERRE CUITE

Fontainebleau, dans les ruines d'une maison romaine, têtede Vénus et fragment de déesse-mère avec deux enfants(Bull. Soc. des Antiq. de France, 4874, p. 125). A Meaux,moule de Sacritios (Revue des études anciennes, 4900,p. 442).

Seine-et-Oise. - A AMis, statuette de Vénus « àgaine », avec ornements sur la poitrine (en la possessionde M. Barbier-Muret, en 1899).

Seine-Inférieure. - Au temple romain d'Harflcur, boeufde terre cuite blanche, fragments de Vénus, téte de che-val, bases et jambes de figurines, console décorée de ner-vures et d'une bande de feuillages (Bec. Soc. havraised'études diverses, t. LXI, 1894, p. 40-43, fig.). AuTeurtre, près Saint-Sans, nombreuses Vénus.

Tarn. - A Montans, on a trouvé des statuettes mêléesà de nombreux débris de vases rouges (Lacroix, Revue dudépartement du Tarn, L. VI, 1887, p. 82,124, 216, 9 pi.).

Vaucluse. - A Vaison, groupe des époux s'embrassant(anc. coll. L. Merci).

Vendée. - A Troussepoil, une Vénus (Bull. Soc. desAntiq. de France, 1869, p. 74).

/f41wv'4 tVosges . - Au Châtelet, près Saint-Dizier, figurines (Gri-gnon, Buttin, 1774, p. LIT).

Inventaire par musées.

FBÀNCE.

Annecy (Musée). - Deux Vénus trouvées aux Fins;fragment d'une statuette signée Ptstitlus (Rev. savoisienne,1896, p. 34, n°289).

Anas (Musée). - Vénus trouvée à Étaples;autre trou-vée à Bavai.

FE LA GAULE ROMAINE. SUPPLÉMEnT. SI

Autun (Musée). - Moule de grand buste de femme aveccollier; moules de Vénus et déesse-mère; moule de laieou chienne d'assez bon style; Vénus tenant un vase dansla main droite baissée. La collection Bulliot, entrée auMusée en 1894, contient une cinquantaine de statuettesou de fragments.

.Besançon (Musée). - Statuette de déesse-mère avec unenfant, signée Marcello. (flfdm. Soc. des Antiq. de France,t. XXVI, 4862, P. 41-42).

Boulogne-sur-Mer (Musée). - huit Vénus (n o' 1183 à1186, 3812, 3659, 3960 et 4111); une Vénus (?) appuyantla main gauche sur un piédestal, la main droite ramenéesur l'épaule droite, le bas du corps couvert par une dra-perie, la tête manque (n

o k080); déesse-mère avec un enfant(no 1182), autre avec deux enfants (no 1181; ces deuxstatuettes provenant du cimetière de Boulogne dit le Vieil-Âtre). Buste de femme (trI 177); fragment de tête (rr 381 4);deux poules (no, 3845 et 3824); chien-loup assis, chevalmarchant (n°' 1169 et 2759); petite figurine de déesseassise, tenant sur ses genoux un chien à longues oreilles,en terre rouge avec engobe blanche (n o 1170); Mercuredebout tenant une bourse (n°2758). La plupart de ces figu-rines proviennent de Boulogne et de ses environs.

M. E. Hure( conserve dans sa collection le tronc d'uneVénus d'assez grandes dimensions, puisque ce fragment aseize centimètres de hauteur. La main droite est posée surla poitrine, entre les deux seins, qu'elle recouvre en partie;la gauche cache en partie le bas-ventre. Ce morceau, d'as-sez bon style, a été recueilli au milieu de débris dansFampbithéâtre romain de Boulogne. La collection Souquetrenferme une Vénus provenant d'Étaples Us dois les ren-seignements qui précèdent à l'obligeance de M. V.-J.Vaillant).

-t-

82-éruFe SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

Bourbon-Lancy (Mairie). - Terres cuites diverses (Bull.archéol. du Comité, 1892, p. 254).

Bourg (4m; Musée). - Vénus trouvée à Brou; grandestatuette de dieu au maillet.

C/tdtition-sur-Seine (Musée). - A Vertillum (Vertault),enfant coiffé du cucullus tenant une corbeille(?); moule demédaillon représentant trois personnages sur une galère(Buté. Soc. archéol. et /dstor. du Chétillonnais, 1893-1894, p. 179-180, pl. IV); Vénus (Buté. Sôc. des Antiq.de France, 1899, p. 291).

Cherbourg (Musée. - Cheval trouvé à Cherbourg.Étampes (Musée). - Figurine de déesse-mère (rensei-

gnemenl communiqué par M. M. Prou).Évreux )Musée). - Vingt-six figurines, dont quatre

trouvées au Vieil-Évreux et les autres à Feuguerolles et auxBaux; têtes trouvées à Brionne; sanglier trouvé à Brionne;cavalier (incomplet) trouvé au Vieil-Évreux.

Issoudun (Musée). - L' es deux faces d'un moule de terrecuite représentant un enfant les mains ramenées sur lapoitrine et les jambes croisées..

Lisieux (Musée). - Six Vénus; deux Vénus.dans desniches; deux déesses-mères (provenant toutes du Grand-Jardin de Lisieux); buste de femme à haute coiffure; san-glier formant vase; cheval trouvé rue Notta, à Lisieux;coq et paon; boeuf.

Louviers (Musée). - Fragment de statuette provenantde la trouvaille des Baux; Vénus trouvée à Feuguerolles.

Jtfdcon. - Collection F. Lacroix : deux statuettes dedéesses-mères signées Pistittus. Collection J.. Protat : sta-tuette enfant avec cucisilus; fragments divers.

ltfarsei lie (Musée). - Statuette de déesse-mère trouvée

DE LA GAULE ROMAINE. SUPPL1mMENT. 83

à Ânes ou à Trinquetaille (C. f. L., t. XII, n° 5689, 4).Cf. mon Élude, p. 144.

Montbéliard (Musée). - Une déesse-mère avec deuxenfants; un buste de femme; un lion (ces trois terrescuites trouvées à Mandeure et à Mathay).

Moulins. - Collection A. Bertrand Vénus de quarante-cinq centimètres de hauteur (trouvée à Vichy); un Mercureassis; un Hercule; un Gladiateur; un personnage couché(Varennes); un char attelé de deux boeufs (Vichy); unmasque grotesque (F. f

iérot, dans le Bull. de in Soc.

archéol. de l'Orléanais, t. VII, 1878-1882, p. 34-37). Lacollection de M. A. Bertrand est très riche en figurinesprovenant de la région de l'Allier et contient en outre leplus grand nombre des moules et fragments de la trou-vaille de Bourbon-Lancy.

Nancy (Musée). - Seize figurines bla pches trouvées àVichy, dont une signée Pestilta (Calai. du Musée de Nancy,4887, n°386).

Paris. - Cabinet des médailles, Bibliothèque nationale:trois Vénus; deux déesses-mères et un fragment; unPanisque (sans provenance). Collection H. ThédenatVénus; déesses-mères; bustes et fragments divers (prove-nant des environs de Vichy). Collection A. Blanchet: groupede la toilette de Vénus; deux Vénus; buste d'enfant (pro-venant de Saint-Honoré-les-Bains). Collection A. Maignan:une déesse-mère avec deux enfants, trouvée à Chassenay,près dArnay-le-Due (Bull. Soc. des Antiq. de France,4899, P. 328).

Reims (Musée).— Figurines diverses; Dispater (n°4816);Vénus (no 5335) (CalaI. du Musée arclséol. fondé parM. Th. ilabert, Troyes, 1901, p. 174 et suiv., et 214).

Saint-Dié (Musée). - Nombreux moulages de statuetteset un certain nombre d'originaux Bacchus (trouvé à filer.

84tilDE SUR LES FIGURINES DE TERRE CUITE

mont); Mercure (fragment) ; Cérès (fragment) déesses-mères; moules de Vénus, de déesses-mères et divers;chiens; coq; béliers; paons; taureau (trouvésà Saint-Just,Lyon). Pour le détail de cette collection, voy. Gaston Save,Calai, des terres cuites gallo-romaines du Musée de Saint-OS, dans le Buli, de la Soc. philomat/'ique vosgienne,L. XII, 1886-1887, p. 229-325 (pas de dessins). Cette sérierenfermerait des terres cuites de la collection Esmonnot(Annuaire des Musées, 1900, p. 324).

Saint-Germain-en-Laye (Musée des Antiquités natio-nales). - La collection Plicque, acquise en 1901, contientplusieurs mascarons, une figure à deux faces, une grandefigure de Vénus(?), deux têtes et divers fragments prove-nant de la balustrade trouvée â Lezoux. La collection cocu-prend, en outre: une déesse-mère, un Mercure debout, untireur d'épine (incomplet), une poule couvrant six poussinsde ses ailes, et divers fragments de statuettes et de niches.

BELGIQUE ET LUXEMBOURG'.

Bruxelles (Musée du Cinquantenaire). - Statuettesdiverses sans importance.

Gand (Musée communal). - Partie supérieure d'uneVénus, terre blanche.

Liège (Musée archéologique). - Vénus Anadyomène,provenant d'Auxerre. Vénus dans une niche formée dedeux colonnettes supportant une coquille (trouvée â Juslen-ville, près de Theux, canton de Spa; hauteur : 0m195).Déesse assise tenant sur ses genoux un animal (trouvée àJuslenville; hauteur omi 55); autre peu distincte, parais-

4. Les notes recueillies pour les pays voisins de la Francesont données ici à titre de renseignement et non comme UnEssai d'inventaire.

PE TA GAULE ROMAINE. SUPPLMENT.85

sant tenir un animal (même provenance; hauteur: 0n130).Femme drapée et voilée (provenant de Tongres; hauteur0m275. D'après l'aspect, je crois que cette statuette a étéimportée).

Tongres (Musée de la Société historique de Limbourg).- Vénus avec les bras abaissés, bracelets aux bras et auxjambes; socle carré; épreuve empâtée (hauteur : environ0 m20) . - Collection du chevalier Oscar Schaetzen Figure(Atys?) debout, entièrement vêtue, diadémée, la jambedroite croisée sur la gauche, socle rond (hauteur: 0L940).- Collection Huybrigts : Figure assise tenant un fruitdans la main droite; la main gauche posée sur le genou;cette statuette forme un vase dont l'anse et le goulot sontplacés en arrière de la téte (hauteur : rIS environ) par-tie supérieure d'une Vénus avec les deux mains abaisséeset la tête plaquée sur une coquille; chien ithyphallique.

Luxembourg. (Musée). - Figure tenant un chien surses genoux (trouvée à Luxembourg).

ALLEMAGNE.

Berlin (Antiquarium). - Quelques statuettes prove-nant du Rhin : déesse assise tenant une corne d'abon-dance; bustes d'enfants; singe; chien; coqs.

- (Museum fur Vôlk.erkunde). - Déesse assise avecanimal sur ses genoux, et autre, assise, tenant une corned'abondance, trouvées â Bingerbriick (IV, 312 et 313);déesse assise avec animal; Minerve assise, style très gros-sier; femme assise; Vénus, la main droite à sa chevelure;ces quatre statuettes trouvées à Mayen (1, i 822, 823, 821,824).

Bonn (Musée provincial). - Vénus avec Éros, trouvéeà Cologne (Jionner Jahrbf1chcr, LX, 1877, p. 97); Epona,

861TUhIK SUIt LES FIGURINES PC TERRE CuLTE

trouvée à Boppard; statuettes diverses provenant des ate-liers de Cologne.

Carlsruhc (Musée). - Vénus, partie supérieure, trouvéeà Pforzheim; déesse avec un lion sur ses genoux, deuxexemplaires trouvés à Ilheinzabern (C 897 et 898);petites têtes de satyre en terre rougeâtre, trouvées àWorms (C 6169 et 6170).

Cologne (Musée Watlraf-Richartz). - uispater-Sucel-les; statuettes diverses.

Darmstadt (Musée). - Une Epona.Francfort-sur-Main (Musée des Archives). - Panisque,

Vénus, coqs et poules, trouvés à Heddernheim; cavaliercasqué tournant la tête de côté; déesses tenant un animalou une corbeille; groupe d'homme et femme s'embrassant;Minerve.

Jtombourg (Musée). - Une Epona.Mann/scirn (Musée). - Epona trouvée à derrnseheim.Mayence (Musée). - Panisque; statuette assise cassée;

Epona, trouvée à Castel; autre trouvée à Worms; mou-lages divers.

- (Collection du « Verein zur Erforseliung der rhein.Geschichte und Alterthiimer »). - Un chien et troisoiseaux (poules), avec traces de peinture ( Wcstd. Z. f. G.und ICunsi, L. XVI, 1897, p. 349, pl.XVII, 4 et 6).

Metz (Musée). - Petite figure de cavalier (dieu?), trou-vée sur la rive droite de la Seille, devant la porte alle-mande, à Metz ( Westd. Z. f. G. und Kunsi, L. XIX, 1900,P. 358).

Munich (Antiquarium). - Trois Vénus dont une,haute de 0m20 pose la main droite sur un amour, qui ales bras relevés; une corne d'abondance à gauche de ladéesse (no 619); trois déesses-mères; trois bustes; troischevaux dont un harnaché (no 620); quatre oiseaux.

DE U GAULE ROMAINE. SUPPLÙENT. 87

Spire (Musée). - Minerve, terre blanche; grande têteavec une coiffure élevée; Epona.

Wiesbaden (Alterthums-Museum). - Environ soixante-dix statuettes, parmi lesquelles je citerai deux Vénusavec la main droite faisant le geste de la Vénus de Médi-cis; un groupe de Vénus avec plusieurs petits person-nages, haut de O"28 environ, du type de la figure 21 demon Étude (A. y . Gohausen, Antiquarisch-teehnischerFithrer durch dus Att/zcrthums-flfvseum xii Wiesbadenp. 99, n° 62); une Minerve (ibid., W 63); un Vulcain,debout, la main droite appuyée sur le marteau, la gauchesur les tenailles (Ibid., n° 64); plusieurs figures tenantune corne d'abondance (Ibid., n° 6i); déesses assises(ibid., n° 66); une Flore ou Pomone (ibid., n°67); uneEpona mal conservée (Ibid., n° 68; le Musée possèdedeux sculptures représentant lu mime divinité); un groupedes deux époux, trouvé à Windhausen (Ibid., n0 72); unedéesse-mère, une Vénus et une nymphe trouvées prèsd'une source, au pied du cliûteau, à Niederbiher (Ibid.,n° 71); des chevaux, lions, paon, poules, colombes, coqcôchant une poule (Ibid., nos 69 et 701; figure avec lecucullus (Ibid., n° 73); bustes (no 74); singe, chacal(no 75); masque grimaçant (Ibid., n' 77).

Worms (Musée). - Statuette signée de Lucius; ungroupe des deux époux; deux Epona.

AUTRICHE.

Salzbourg (Musée). - Groupe de six personnages(cf. mon Étude, fig. 21)1; fortune assise, tenant une corned'abondance; Mercure, la tête munie de deux grandesailes, tenant un grand caducée de la main gauche et une

I. F. Loewi, dans les Ârchologisch.Epigraphise1te Mitthei-hungen aus ÛEsterreieh, t. V, 1881, p. 185, pI. VII.

88ÉTUDE SUR LUS FIGURINES DE TERRE CUITE.

bourse de la droite; buste de Minerve; tigiire1àsisetenant un animal'; deux déesses-mères tènantzdeuxenfants; Vénus; personnage debout à côté d'un, bouque-tin; deux figures sur un lit funèbre; lit sur lequel sontétendus deux personnages, et, à leurs pieds, un chien.(tesfigures sont brisées); groupe de deux chiens accolés;groupe d'un homme debout, tête nue, les deux mainsramenée sur la poitrine, appuyée au côté droit d'un cheval(deux exemplaires); attelage de deux chevaux (deux exem-plaires, dont l'un entier et l'autre sans les jambes) ; grandsoiseaux ayant O m i 5 de hauteur; enfin, un « tireur d'épine B

entier.

t. F. Loewi, toc. cil., p. 184, dit que t'animai ressemble àune panthère. Cela m'a paru douteux.

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