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Les fêtes enfantines (1) - Numilog

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les fêtes ENFANTINES

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H. SOURGEN * M. LÉOPOLD * S. THEUREAU

les fêtes E N F A N T I N E S

Premier volume

PRÉFACE DE CHARLES VILDRAC

ÉDITIONS BOURRELIER 55, rue Saint-Placide, Paris-66

1953

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Certains des chapitres de cet ouvrage, consacrés aux costumes, ont paru dans « L'ÉDUCATION NATIONALE ».

En préparation :

DEUXIÈME VOLUME Fêtes de plein-air. Costumes traditionnels et de fantaisie : l'enfant de France à travers les âges ; les personnages tirés des chansons, des contes et de la comédie italienne ; les jouets ; les bêtes ; les plantes... Programmes.

Références musicales.

Copyright by Éditions Bourrelier, Paris 1953.

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PRÉFACE

De tous les aspects de l'éducation active, la fête scolaire est sans contredit le plus aimable pour les maîtres, le plus séduisant, voire le plus passionnant pour les enfants. Elle rapproche au maximum ceux-ci de ceux-là dans une entreprise commune. Encore que sa préparation participe des activités sco- laires proprement dites, les enfants ont le sentiment qu'elle est en marge de l'enseignement, qu'elle leur donne accès à une récréation exceptionnelle et fait une large part à leur initiative.

Leur nature s'y délivre, leurs dons s'y révèlent, leur sensibilité, leur sens inné de la poésie peuvent y donner toute leur mesure. Mais il ne faut pas oublier le rôle prépondérant de la fête scolaire dans l'éducation artistique; et, quelle que soit la liberté laissée aux enfants dans le choix ou l'invention d'une action dramatique, quel que soit leur apport de fraîcheur et de fantaisie, c'est au maître qu'il appartient d'assurer l'ordonnance du spectacle, son mou- vement, son unité, son harmonie. Rôle difficile et complexe : c'est à la fois celui du décorateur, du costumier, du metteur en scène, du maître de ballet, du maître à chanter. Encore faut-il ici tenir compte de la modicité des moyens matériels et des capacités inégales des jeunes participants.

Il s'agit moins de faire jouer la comédie à quelques sujets particulière- ment doués que d'engager de nombreux enfants dans un divertissement collectif où les mouvements d'ensemble, la mimique expressive et les chants suppléent autant que possible aux scènes dialoguées. Il faut que le spectacle soit vivant, avec du style, qu'il enchante les yeux par le dosage et l'harmonie des couleurs.

J'ai assisté à des jeux dramatiques scolaires et aussi à des représentations d' amateurs adultes où l'on avait pourvu les personnages de costumes éclatants, mais sans du tout prévoir que leur juxtaposition sur la scène produirait un bariolage discordant et que le coloris du décor aggraverait celle cacophonie. Les personnages se livraient à une gesticulation désordonnée ou s'agglutinaient sans raison sur un seul côté de la scène.

Tout spectacle se déroule en une succession de tableaux et chaque tableau exige, aussi bien que dans une œuvre picturale, un travail de composition, c'est-à-dire un équilibre des volumes et des couleurs, une ordonnance des plans, une mise en valeur des éléments essentiels. Et celle composition doit atteindre au plaisir des yeux dans la logique de l'action.

Si tels animateurs de fêtes enfantines ignorent ou négligent ces problèmes, d'autres les comprennent et les résolvent à merveille.

La transposition scénique du conte nivernais : Les trois pêches de Mai, devenu : Les trois pêches de Noël, réalisée lors d'un stage folklore-théâtre organisé par l'U. F. 0. L. É. A. dans l'école maternelle Jean-Jaurès, à Mala- koff, était un enchantement. Non seulement le conte populaire proposé et commenté par Paul Delarue comporte une action charmante et parfaitement accessible aux tout-petits, mais l'adaptation de Mlle Lucienne Cardit, les

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décors et costumes dessinés par Pierre Bogries témoignaient d'une compréhen- sion, d'un goût et d'une ingéniosité remarquables. Une cinquantaine de bam- bins, garçons et filles, participaient à ce jeu, vivaient leur personnage avec autant d'assurance que de grâce.

J'ai eu, d'autre part, la chance d'assister à un jeu délectable en tous points, exécuté par les petits de l'école maternelle de Saint-Tropez, sur le thème des Sept filles dans un pré.

Mais sans doute la préparation et les répétitions d'un spectacle exigent- elles plus d'art et d'expérience à mesure qu'elles concernent des enfants moins jeunes et capables d'aborder un répertoire plus étendu.

M. Rouveyre, professeur au lycée de Marseille-Veyre, qui a réalisé avec ses élèves une adaptation de l'Odyssée, a montré que, dans un jeu dramatique d'une haute ambition, des enfants de dix à douze ans pouvaient atteindre au pathétique et à la grandeur. Le spectacle se déroulait sur un fond de rideaux ocre et ne comportait qu'un minimum d'accessoires, d'éléments architecturaux . très simples et rapidement mis en place au cours de l'action. Les courtes tuniques grecques, les casques et les boucliers beaux de forme et de décor, la sobriété raffinée des coloris aussi bien que le rythme du jeu assuraient l'unité du style et sa qualité. Un récitant adulte, à l'avant-scène, donnait lecture des épisodes, exprimés par la seule animation des tableaux, la mimique et les attitudes des personnages, aussi éloquentes, aussi émouvantes que l'eussent été les paroles et qu'à la faveur du pick-up accompagnait dans toute sa plénitude une musique symphonique admirablement appropriée, empruntée aux plus grands maîtres, de Bach à Beethoven et de Moussorgsky à Debussy.

Évidemment, l'animateur ou l'animatrice de fêtes d'enfants ne sauraient atteindre d'emblée à la perfection sans de multiples recherches et tâtonnements.

Quoi qu'ils entreprennent et surtout s'ils s'engagent dans un domaine où ils n'ont que peu de lumières, ils ont besoin de conseils techniques, de maté- riaux, de documents que, le plus souvent, ils ne savent où trouver.

On ne saurait trop louer Mlle Sourgen, Mme Léopold et Mile Theureau d'avoir comblé une lacune en composant cet ouvrage avec autant d'amour que de compétence. Outre qu'il traite, dans sa généralité, le problème des fêtes d'enfants, c'est un trésor de conseils pratiques et d'informations, où l'image, à la fois vivante et clairement descriptive, accompagne le texte et que complètent une précieuse bibliographie, un répertoire de chants folkloriques et de disques.

Ce livre permettra aux maîtres de brûler les étapes; il orientera leur choix et leur enseignement, facilitera grandement leurs recherches. Il leur épargnera, notamment dans la réalisation des costumes régionaux, les erreurs ou l'indi- gence, tout en les aidant à éveiller le sens esthétique des enfants, ce qui, répé- tons-le, n'est pas le moindre objectif des fêtes scolaires.

Charles VILDRAC.

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INTRODUCTION Notre intention est d'apporler une aide pratique pour la préparation des fêles enfantines,

de donner des conseils aussi chargés que possible d'expérience et des matériaux pour la compo- sition des programmes en même temps que des maquettes pour les costumes des enfants.

Dans cet ensemble qui portera sur des indications de tous ordres, chacun, quel que soit l'âge des exécutants, pourra trouver matière utilisable.

Ce travail, qui a été conçu primitivement pour les enfanls d'âge maternel, peut très bien conve- nir, grâce à une adaptation intelligente des maîtres, à tous les enfants de l'école primaire.

Cet ouvrage sera suivi d'un autre qui présentera les costumes de fantaisie (fleurs, oiseaux, animaux légendaires, etc.) et traitera des fêtes scolaires d'un caractère spontané et des fêtes de plein air. -

DES DIFFÉRENTES FORMES DE FÊTES SCOLAIRES

Les fêtes de l'école font partie des traditions de toutes les écoles à travers le monde, et cela suffit, sans plus ample commentaire, à rendre compte de l'importance que l'on y attache généralement pour l'éducation de l'enfance et de la jeunesse. Ces fêtes revêtent des caractères particuliers dans chaque pays, elles se modèlent sur les mœurs, elles sont liées aux conditions de la vie sociale, politique, religieuse dans lesquelles l'école s'est développée ; mais, partout, on souhaite que les fêtes de l'école soient joyeuses et belles, et elles peuvent devenir un élément important de l'éducation esthétique et morale d'un peuple.

En France, les fêtes de nos écoles répondent à des fins diverses, mais elles prennent toutes, de nos jours, une importance de plus en plus grande dans la vie scolaire à mesure qu'on discerne mieux leur valeur particulière, ce qu'elles apportent à la formation intellectuelle et morale des enfants, à leur formation esthétique, à ce qu'on désigne par une expression très mal définie : 1'« éducation popu- laire ». Suivant les fins diverses qu'elles poursuivent, nous proposons la classification suivante :

FETES ENFANTINES SPONTANÉES Fêtes organisées pour les enfants eux-mêmes et

dans une large mesure par eux-mêmes — dont le cadre est la classe ou l'école ; les familles y sont parfois admises, mais ces fêtes ne sont pas un « spectacle pour grandes personnes ».

Ces fêtes, où s'épanouissent l'imagination, la fantaisie, l'humour, l'ingéniosité, où on trouve tous les costumes dans le « coffre aux trésors » de papiers, d'étoffes, de vêtements divers de l'école, où tous les décors sont symboliques, où le texte souvent sort de la libre interprétation d'un conte, d'une fable, d'un récit historique, ont une très grande valeur éducative ; elles ont, pour l'acqui- sition et la formation du langage, pour le dévelop- pement de la personnalité enfantine, pour l'éclosion des forces spirituelles de l'enfant, une importance dont les maîtres prennent peu à peu conscience ; elles sont souvent l'aboutissement d'une longue étude préalable : elles sortent de l'audition répétée de La Chèvre de AI. Seguin, ou de l'étude de la Fronde et de la lecture des Trois Mousquetaires, et elles en sortent comme le jaillissement de la joie des enfants qui mettent en action leurs visions intérieures.

Ces fêtes mériteraient une étude particulière que nous ferons, en donnant des comptes rendus divers dans un ouvrage suivant.

FÊTES SCOLAIRES - SPECTACLES, ORGANI- SÉES PAR DES ACTEURS ADULTES POUR DES ENFANTS

Ce sont parfois des fêtes d'anciens élèves pour leur école, pour les enfants et pour leurs familles ; ce sont des fêtes où les adultes s'associent à des enfants pour donner une fête commune ; ce sont

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enfin les représentations offertes par des troupes organisées pour des enfants (troupes de marion- nettistes, troupes d'acteurs).

Ces fêtes posent des problèmes difficiles à résou- dre qui sont « à l'ordre du jour » de l'opinion fran- çaise actuellement ; des essais heureux çà et là ont été faits. Nous examinerons dans un ouvrage sui- vant les questions qu'elles posent.

GRANDES FÊTES POPULAIRES Ce sont des fêtes dans lesquelles les enfants sont

acteurs et qui ont moins pour centre l'école qu'une ville, qu'un pays, qu'une région ; fêtes folkloriques suisses, françaises, tchécoslovaques, écossaises. En France, l'école, ses élèves, ses maîtres y sont étroitement associés ; fêtes de gymnastique ou de sports divers, en plein air, et donnant lieu à un spectacle imposant par la marche des exécutants, le rythme et l'ampleur bien réglés des mouvements.

Chacune de ces catégories de fêtes a ses règles, sa technique qu'il est bon de connaître, et les trans- positions d'une catégorie à une autre sont malaisées.

FÊTES ENFANTINES-SPECTACLES Elles sont organisées pour un public et par les

maîtres eux-mêmes — et leur caractère varie suivant l'importance de l'école ou des écoles inté- ressées, suivant l'importance numérique du public qui doit y assister, suivant le milieu, rural ou urbain, auquel appartient ce public, suivant l'âge des enfants acteurs, suivant la portée que l'on veut donner à la fête elle-même.

Ce sont des fêtes « à l'école », dans une grande salle, dans un préau ; fêtes au théâtre ou à la salle des fêtes de la ville ; fêtes d'une seule école, d'une école maternelle ou d'une école primaire ; fête des écoles et des anciens élèves réunis ; fêtes symbo- liques de l'école publique ; fête de toutes les écoles d'une ville.

Toutes sont des spectacles composés par les instituteurs et les institutrices, qui deviennent alors régisseurs, costumiers, metteurs en scène, directeurs du théâtre et aussi chefs des chœurs, etc. Le public est toujours bienveillant, chaque maman est heureuse de reconnaître « le sien » parmi les acteurs ; mais il est aussi désireux que le spectacle soit beau, intéressant, et même qu'il soit plus réussi que celui du quartier voisin ou de la ville voisine... D'autre part, l'instituteur directeur de théâtre est éducateur et il souhaite que, malgré tout, il reste du spectacle qui lui a coûté tant de peine des traces bienfaisantes, des souvenirs qui aident ses élèves à mieux vivre et qui y aident même les parents. Des organisations d'importance nationale comme celle de l'UFOLEA à la Ligue de l'enseignement, ou des organisations locales de formes diverses essayent de le soulager dans cette tâche accablante.

C'est à ces instituteurs et institutrices direc- teurs de théâtre que nous avons pensé surtout en publiant ce premier cahier ; nous savons bien que les fêtes enfantines-spectacles ont une incon- testable valeur éducative et sociale, mais nous savons aussi quel est leur poids. L'expérience de Mme Léopold, le talent de Mlle Theureau leur apporteront une aide certaine.

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PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA PRÉPARATION DES FÊTES ENFANTINES

Les critiques qui sont ordinairement faites de la préparation des fêtes scolaires, même par ceux qui pensent qu'on ne saurait y renoncer, sont les sui- vantes : qu'elle absorbe beaucoup de temps scolaire ; qu'elle empiète sur les loisirs nécessaires des enfants et des maîtres ; qu'elle dure beaucoup- trop long- temps ; qu'elle fatigue les enfants ; qu'elle épuise les maîtres. D'autre part, les spectateurs difficiles estiment souvent que cette préparation a été imprécise, imparfaite, imprévoyante ; ou que, trop longue, elle a abouti chez les enfants à un automa- tisme des mouvements qui a tué l'esprit, qui a étouffé toute spontanéité et partant toute joie...

La règle d'or me paraît être la suivante : toute préparation d'une fête, de sa mise en place avec des enfants, doit être courte, la plus courte possible, mais la vie scolaire bien comprise doit rendre les enfants agiles, souples, sensibles au rythme, à la musique, à la poésie, capables de bien dire, de se soumettre à la cadence d'un ensemble ; dans ces conditions, la préparation restera un jeu et gardera le reflet d'un jeu spontané et joyeux.

De plus, la préparation d'une fête par celui qui en est responsable se fait jusque dans les plus petits détails de la prévision, qu'il travaille seul ou avec une équipe peu nombreuse, dans un bureau, plume en main, l'imagination bien éveillée, et doit aboutir à une série de projets écrits : programme, maquettes de scène, de costumes, projets des mouvements de scène, projet chronométré. Quand ce travail est prêt on peut, l'esprit libre, les idées claires, faire appel à des collaborateurs, alerter les enfants, leur expliquer leur participation, ad- mettre des discussions, s'adapter aux circonstances, céder sur un point, tenir ferme sur un autre ; on peut travailler vite ; on peut ainsi surtout éviter ces hésitations, ces piétinements, ces recommen- cements où la patience s'use, où l'intérêt de l'entre- prise s'épuise, où les enfants, harassés, tombent dans l'hébétude. Pour la fête la plus simple, croyez-en mon expérience, il faut se soumettre à ce travail solitaire et précis.

Ces conditions remplies, une fête d'école mater- nelle est prête en deux ou trois semaines au p us, une fête d'école primaire en trois ou quatre semaines.

a. Que peut être la préparation « préalable » des enfants ? Comment la faire ? — Par une éducation physique bien comprise qui prépare à l'aisance des mouvements, à la précision et à la légèreté de la marche, à un port libre de la tête, à une allure dégagée, à la simplicité du geste exactement adapté à l'effort, à la maîtrise des muscles et des réactions nerveuses. (Y songe-t-on assez ? Y songe-t-on un peu ?...) — Par une éducation rythmique véritable : « La gymnastique rythmique est une incontestable maî- tresse d'élégance véritable, car elle assure la souplesse de la démarche, des réflexes rapides et sûrs, le pou- voir d'harmoniser l'action entreprise avec l'action, l'acte avec la pensée. Elle y ajoute une grâce juvénile, le rayonnement que donne aux visages l'éclat de la santé... » (1). Elle donne du rythme musical la valeur organique, elle lui soumet les muscles et les nerfs ; par elle, la musique prend vie, forme, et, à des enfants qui font de la gymnastique ryth- mique, tout est aisé. Pourquoi l'éducation physique lui fait-elle si peu de place, l'école maternelle quittée ? — Par une culture poétique suffisante et par de bons exercices de lecture à haute voix et de récita- tion correcte. Il est inutile de dire à la Belle au bois dormant : « Prends un air émerveillé ! La fée s'avance 1 » ; il faut qu'elle ait cru aux fées et qu'elle puisse y croire encore, avec ferveur. Il est aussi inutile de hurler : « Laissez-vous tomber comme des feuilles mortes », si on n'a pas donné aux enfants l'idée de la beauté de leur vol tourmenté et de leur chute, etc. On ne s'improvise pas bon récitant ; il faut avoir bien appris à lire, à arti- culer nettement, à bien accentuer, à saisir le rythme d'une phrase, la coupe des vers ; et cela s'acquiert

(1) Éducation du sens rythmique (5 ci 8 ans), par G. COMPA- GNON et M. THOMET (Bourrelier, édit.).

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par des exercices quotidiens. Que la fête vienne et le texte à dire sera rapidement bien dit. Il est toujours possible de faire apprendre, comme textes de récitation, à l'avance, peu à peu, ce qui sera textes de fête. — Par une culture musicale bien faite, par le soin que l'on apporte à bien choisir les chants scolaires, à bien les faire chanter chaque jour, par une audition judicieuse de bons disques, par l'étude faite au cours de l'année des chants qui seront ceux qu'on a choisis pour la fête de l'école.

La fête de l'école sera belle si la culture esthé- tique des enfants a été faite tous les jours depuis le premier jour où ils ont franchi le seuil de l'école maternelle. Y songe-t-on assez ? Songe-t-on assez à une éducation méthodiquement suivie ? Pour- quoi, parcourant nos classes, éprouvons-nous sou- vent de si vives inquiétudes à cet égard ?

b. Sur quels problèmes doit se porter le travail de préparation du maître directeur de troupe ? Avant tout, il doit imaginer le spectacle qu'il veut obtenir se déroulant... ; il faut qu'il arrive à le tenir vraiment sous son regard. Ce travail, il le conduit d'abord comme au hasard, en s'abandonnant aux circonstances, mais l'imagination sans cesse tendue, en parcourant toute la documentation qu'il a pu réunir : documentation qu'il a classée et que constituent l'apport de l'UFOLEA, des journaux pédagogiques, des études comme celles que nous vous soumettons, des journaux quotidiens ou hebdomadaires qui contiennent des renseignements intéressants, l'apport des auditions de T. S. F. notées avec soins, l'apport du cinéma, l'apport des renseignements fournis par des collègues expéri- mentés, l'apport des souvenirs et des expériences

1 qu'il a faites lui-même. Dans tout cela, s'il n'est pas lui-même artiste, mais s'il a beaucoup de bonne volonté, il saisira ce qui est « à sa portée » et à la portée de ses acteurs et de son auditoire (qu'il se gardera de sous-estimer) ; il en fera le tri. Ce sera la matière de son choix.

Si, par chance, il est artiste, il fera un tri diffé- rent, le tri de ce qu'il croira pouvoir faire sien et transformer, de rêverie vague en rêverie de plus en plus précise, en une fête qui porte sa marque propre.

Alors, les problèmes vont se poser, et il faudra les résoudre, partant d'une synthèse qui est la vision d'ensemble déjà précise, vers une analyse des problèmes particuliers, vers la solution de chacun d'eux, mais sans jamais perdre de vue l'ensemble. Il faudra : — Établir avec précision le programme et en ajuster les parties. — Voir les costumes et les voir par rapport au texte et par rapport à leurs groupements successifs. — Imaginer les décors et les voir par rapport au local dont on dispose, par rapport aux textes, aux costumes, aux mouvements de scène. — Imaginer les jeux de scène, leur succession, leur enchaînement, chronométrer leur durée. — Répartir les tâches de chacun, des autres maîtres participants, des enfants, des collabora- teurs bénévoles, des couturières et des peintres ; les conduire et leur laisser cependant quelque liberté, etc.

Nous essayerons d'aider cet instituteur qui devient sans préparation directeur de théâtre à résoudre ces problèmes, non du point de vue d'un théâtre d'adultes, mais du point de vue de l'école et des enfants acteurs d'un jour.

DES DECORS Tout dépend, pour le choix des décors, des

conditions dans lesquelles se déroule la fête : dans un théâtre ; dans une « salle des fêtes » communale ; dans une salle de l'école même ou sous un préau ; en plein air : dans un théâtre de verdure ou dans la cour de l'école.

Mais, quelles que soient ces conditions, il importe beaucoup :

10 Qu'il y ait le moins possible de changements

de décors. Il ne faut pas ralentir le rythme de la fête, rythme qui doit rester rapide.

2° Que le choix des décors permette un ensemble de lignes et de couleurs simples. Il ne faut pas que les jeunes acteurs soient rapetissés par les décors et il est souhaitable que leur jeu, néces- sairement simple, soit mis en valeur par un fond qui fasse valoir les ensembles, qui rehausse les couleurs. Mon expérience personnelle est

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que, au théâtre, le décorde forêt ou de jardin; hors du théâtre, un décor de verdure, sont ce qui convient le mieux à la plupart des fêtes seo... laires. Il est bon, quand on en a les moyens, de se procurer un « fond de scène » en rideaux de couleur unie et tendre (gris, beige, bleu doux, vert tendre, etc.) ; toutes les couleurs, toutes les lumières prennent alors leur vraies valeurs.

3° Que rien d'inutile n'encombre la scène, ne gêne les mouvements des acteurs; tout doit servir leur jeu.

40 Que le choix des décors serve l'esprit qui anime le spectacle, et l'enfance; il faut que le décor soutienne les jeunes acteurs, aide les spectateurs à entrer eux-mêmes dans le jeu. Il faut de la fantaisie pour encadrer l'action des enfants, la fantaisie est leur royaume ; rien n'est plus pénible, plus étouffant que le souci excessif de la recherche de l'ordinaire réalité dans la présentation d'une fête enfan- tine : on les installe dans le monde des adultes, et les voilà nains pitoyables. Les spectateurs qui jouent à interpréter les détails amusants, imprévus, symboliques de la mise en scène, sont des spectateurs qui participent à l'action des enfants, qui se laissent entraîner vers le monde de leur propre enfance ; ils y trouvent un plaisir amusé, attendri, une joie profonde. Tous les grands maîtres de notre théâtre contemporain, metteurs en scène, décorateurs, acteurs, se sont dégagés de la copie du réel; ils ont voulu donner au plaisir poétique une large place dans le plaisir complexe que donne un spectacle au théâtre ; il faut suivre leur impulsion ; les enfants nous conduiront bien au delà, si nous savons les suivre.

5° Que la disposition des décors ménage avec précision les entrées, les sorties des enfants; cela est indispensable au bon ordre de la représen- tation, à la rapidité, à la succession ininterrom- pue des numéros préparés ; il faut, dans tous les cas, au moins une sortie au fond de la scène et deux sorties de chaque côté de la scène.

CHOIX DE DÉCORS DANS UN THÉÂTRE a. Le plus souvent, il faut choisir parmi les

décors qui existent ; choisir un décor de nature,

un décor aux lignes simples ; un décor avec des portants qui permettent les passages ; n'utiliser que peu d'accessoires. Quel que soit le décor, dans une petite ville, les spectateurs « le » reconnaîtront ; qu'il tienne peu de place dans leur plaisir.

b. Un amateur local brosse des décors ; qu'il travaille en liaison constante avec le régisseur ; qu'il ait l'idée d'une maquette s'accordant avec le jeu des enfants.

c. Le théâtre dispose d'un jeu de rideaux de scène ; les préférer à des décors conven- tionnels.

ORGANISER UNE SCÈNE DANS UNE SALLE, DANS UN PRÉAU

a. Le plateau : il est construit sommairement avec des planches, sur des tréteaux ; il se compose de plusieurs estrades de classes ; il a été construit selon les indications des maîtres par des charpentiers ou des menuisiers, c'est le cas le plus favorable.

Quel qu'il soit, il doit être solide et d'accès facile autant que faire se peut; il faut pouvoir y accéder par des escaliers qui ont toute la longueur du plateau en arrière et à droite et à gauche ; des marches construites en avant de la scène permettent aux enfants des mouve-

. ments vers le public qui peuvent être fort jolis. Il est prudent, quand un groupe d'enfants

est en scène, de tendre des cordes pour empê- cher les chutes des enfants (des accidents se sont produits qui ont été sérieux).

La solution commode paraît être d'appuyer le plateau contre les murs du fond d'une salle ou d'un préau ; elle ne l'est pas toujours parce qu'elle ne ménage pas des accès suffisants.

b. Le décor de la scène : de la verdure, des fleurs, quelques toiles de couleur gaie ; au besoin des draps blancs souples sur lesquels on dispose avec « astuce » des papiers de cou- leur qui sont ciel, maisons, châteaux, ou forêts de chênes ou d'oliviers ou de palmiers — que le tout frémisse à tous les mouvements brusques, qu'importe ! Il y faut de l'esprit et du goût, le sens de la stylisation et du symbole.

c. Les accessoires doivent être peu nombreux, bien choisis.

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LE CASTELET ET LE MOULIN DE MARION Il faut une fenêtre pour la fille du roi, une

maison à la Poule rousse et aux Biquets, un moulin à Marion, une étable pour enfermer Blanquette...

Le castelet y suffira. Et même est-il toujours nécessaire ? Voici le moulin de Marion :

Il peut être, bien sûr, un vrai moulin, circu- laire, au toit pointu, construit sur une carcasse métallique ou sur une carcasse de bois, être peint ou recouvert de papier badigeonné, avoir une porte qui s'ouvre, une fenêtre garnie de volets ; alors, la porte s'ouvrira, le meunier se montrera à sa fenêtre, les ailes de son moulin tourneront. Mais il peut être aussi une maison carrée et les ailes sont alors fixées sur le côté du castelet de Guignol. Puisque les ailes seules sont indispensables, on peut encore supprimer la bâtisse, fixer les ailes sur le portique d'une balançoire, le moulin sera tout «à jour», qu'importe ! les ailes, grandes et légères, en papier ou en cellophane brilleront et tout le monde, les voyant tourner, verra le moulin.

De même, deux battants de cellophane fermant le castelet le transformeront en mai- son en haut de laquelle la fille du roi pourra apparaître, et si une énorme serrure de papier argenté s'applique sur la porte, les Biquets seront en sécurité, bien sûr, et la chèvre de M. Seguin bien enfermée...

Prenez le chevalet d'un tableau noir, avec des rideaux, du lierre grimpant, des fleurs, vous aurez une fenêtre fleurie...

Un paravent garni de feuillage, c'est un petit bois. Une corde tendue par des figurants limite le

cirque... Le pont d'un bateau, c'est la scène même

si un mât y est dressé, avec des cordages et des voiles, et si, à la poupe, il y a un gou- vernail... etc...

Si vous y réfléchissez bien, très peu d'acces- soires sont nécessaires ; beaucoup d'entre eux peuvent être apportés, installés, sous les yeux des spectateurs, par les enfants eux-mêmes, et cette mise en place, joyeusement réglée, avec quelque intention spirituelle, donne aux fêtes enfantines un caractère de liberté sans le-

quel elles ne sont que vaines parades. (Un tabouret, une toile découpée d'une fenêtre et décorée de gris et de rose, ou d'or, et la femme de Malbrough peut apparaître, entre ses pages ; si la toile est sombre ou rouge, c'est l'ogre qui habite le château, etc.)

Cette extrême simplicité du décor peut suffire dans presque tous les cas pour nos fêtes scolaires ; elle suffit pour tous les spectacles d'écoles maternelles. Dès que, dans un pro- gramme, on introduit le « théâtre » même, le décor peut paraître plus nécessaire ; mais que ne peut-on tenter quand on a, parmi les écoles en fête ou auprès d'elles, des classes de fin d'études, du C. C., des centres d'apprentis- sage ! Vous trouverez pour ces entreprises hardies d'excellentes suggestions dans la Petite collection des Arts et Métiers du théâtre, publiée sous la direction de Léon Chancerel (1) dans de très nombreux bulletins de l'UFOLEA, dans vos journaux pédagogiques. Si vous m'en croyez, cependant, soyez hardiment simples et, par grâce insigne, toujours pleins d'esprit ; les constructions de l'esprit sont les plus résistantes.

Autant et mieux qu'un décor, il faut essayer de créer le cadre qui convient à la fête, de suggérer des images qui en soient l'accompa- gnement intérieur, de la laisser se dérouler dans l'atmosphère qui lui convient. Choisissez bien les couleurs dominantes pour l'ornementation de la salle ou de la scène. Couleurs tendres pour une suite de printemps, couleurs éclatantes pour une féerie.

Et que, à cet accompagnement coloré, vous ajoutiez, si vous le pouvez, un « fond sonore » avec des musiciens, avec des disques bien choisis. Que ces soins délicats ne vous semblent pas superflus ; dans nos plus petits villages, on peut sentir avec une étonnante justesse ce qui est beau, si on ne l'exprime pas. Si vous le pouvez aussi, usez des fonds lumineux variés, avec des projecteurs si vous êtes riches, avec des lampes voilées si vous l'êtes moins.

A tous ces travaux d'artisans, associez les artisans du village. La fête de l'école, celle de leurs enfants, est leur fête.

(1) Voir Décors de Théâtre, par Xavier DE COURVILLE (Bourre- lier, édit.).

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EXTRAIT DU CATALOGUE DES

ÉDITIONS BOURRELIER

.Le Théâtre et la Jeunesse, parL. Chancerel. Préface de Ch. Vi Idrac- Comment construire et animer nos marionnettes, par M. Tem-

poral. PETITE COLLECTION DES ARTS ET MÉTIERS DU THÉÂTRE

Décors de théâtre. Invention, construction, peinture. Conseils d'un artisan aux amateurs, par X. de Courville.

Fabrication du masque, par H. Cordreaux. Fabrication des accessoires, par H. Cordreaux.

Gymnastique et danses rythmiques (4 à 8 ans), par L.-A. Carré et L. Adélaïde.

Éducation du sens rythmique (5 à 8 ans). « Cahier de Pédagogie moderne », par G. Compagnon et M. Thomet.

Chansons, rondes et jeux d'autrefois et de toujours (3 à 10 ans), par A. Ravizé.

La Chansonneraie, par P. Barret et S. Pregnon. La Clé des chœurs, par M.-R. Clouzot. Chantez, pinsons..., par R. Plantard. Initiation musicale par le chant (3 à 8 ans). « Cahier de Péda-

gogie moderne », par M. Roussel-Pouillès. L'Enseignement du chant et l'éducation musicale. « Cahier de

Pédagogie moderne », présenté par R. Loucheur. Les Activités dirigées. « Cahier de Pédagogie moderne », pré-

senté par M. Sorre.

3006-1-53. — Imp. CRÊTE, Corbeil.Essonnes (S.-et-O.). Dépôt légal : 1er trimestre 1953. P(l. n Q 304.

Page 17: Les fêtes enfantines (1) - Numilog

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