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SPÉCIA

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DÉCOUVERTE : L’ÉCOSSE DES CHÂTEAUX HANTÉS

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NUMÉRO 8 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012 QUI ÉTAIT LE VÉRITABLE JAMES BOND

GRANDS ESPIONS

du XXe siècle

LES

LAWRENCE D’ARABIE

KIM PHILBY

MATA HARI

“FAREWELL”

3:HIKSLI=XUZ^U[:?k@a@a@s@a;M 08183 - 8 - F: 5,90 E - RD

3les grands espions du XXe sièclenovembre- décembre 2012

avant-propos

avec James Bond 007 contre dr no, sor-ti en 1962, le grand public découvre les péri-péties de cet agent secret britannique atypique dont le matricule signifie qu’il peut tuer (pre-mier 0) et qu’il a déjà tué (deuxième 0). Le succès est au rendez-vous, et – malgré la mort, en 1964, de son créateur Ian Fleming, membre de l’Intelligence Service – indémodable avec

la sortie de Skyfall, le 23e film de la série, un demi-siècle après le premier opus cinématographique. Du grand écran à la réalité, il y a un gouffre qu’Historia spécial a sauté pour vous entraîner dans le monde fascinant – mais combien secret – des officiers traitants et des agents (et autres agentes) très spéciaux. Lawrence d’Arabie, le héros du désert ; Mata Hari, l’espionne d’opérette ; Sorge, l’homme de Staline qui finit pendu au bout d’une corde ; le couple mythique des Rosenberg, exécutés en 1953 malgré la pression internationale qui soutient leur innocence jusqu’en… 1995, date à laquelle des do-cuments secrets déclassifiés révèlent leur culpabilité. Sans oublier le célèbre « Farewell », un officier du KGB, qui donnera à l’Occident une quantité phénoménale d’informations sur l’ex-bloc de l’Est. Trans-fuge, taupe, infiltration, agent dormant… le vocabulaire s’est adap-té à la nouvelle guerre contre le terrorisme international. Les drones ont remplacé les pigeons, les logiciels informatiques l’encre sympa-thique et le polonium fait plus de ravage que le bon vieux parapluie bulgare ! Comme disait Montesquieu, dans L’Esprit des lois : « L’es-pionnage serait peut-être tolérable s’il pouvait être exercé par d’hon-nêtes gens. » Ce n’est pas demain la veille…

Patricia CrétéRédacteur en chef

Cherchez la taupe…

sommairen°8 novembre - décembre 2012

i découverte 92 L’écosse des châteaux hantés

par Victor Battaggion, Joëlle Chevé, Véronique Dumas et Robert Kassous.

6 Le saviez-vous ? 8 Le véritabLe james bond 18 Les dates cLés 20 repérage

i 1914-1918 héros maLgré eux 24 Lawrence d’arabie, L’archéoLogue au cœur de La tempête du désert

Pour contrer les Ottomans et les Allemands au Moyen-Orient, cet aventurier britannique oragnise le soulèvement d’une tribu de la péninsule arabique, par Gérald Arboit

32 mata hari, L’espionne d’opéretteElle croit pouvoir duper Français et Allemands… Elle va le payer de sa vie, par Jean-Yves Le Naour

36 Louise de bettignies, “the queen of spies”Polyglotte, formée à Cambridge, cette Française monte, pour le compte des Anglais, un réseau qui opère dans le nord de la France, en Belgique et en Hollande, par Rémi Kauffer

i 1939-1945 sur tous Les fronts 40 sorge, Le meiLLeur agent de staLine

Depuis le Japon où il a été envoyé en mission, il obtient la date de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne. Mais le « Petit Père des peuples » ne le croit pas, par Philippe Richardot

48 hans-thiLo schmidt, La cLé d’enigmaPour de l’argent, cet employé du chiffre livre à la France, dès les années 1930, les secrets de la machine à encoder de l’armée allemande, par Roger Faligot

52 capitaine arno, L’homme qui recrute dans Les bordeLsCet ex-légionnaire lorrain, au service de l’Abwehr, fait des « établissements » de Paris son terrain de chasse, par Roger Faligot

54 joséphine baker, son rôLe de L’ombreComment la célèbre meneuse de revue apporte son concours à la France libre, par Jacques Pessis

56 eLyesa bazna, Le vaLet du reichSurnommé Cicéron, l’homme photographie tous les documents qu’il trouve dans la mallette de son employeur, l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie, par François Kersaudy

i guerre froide des éLites à La manœuvre 62 Les rosenberg, beL et bien coupabLes

C’est seulement en 1995 qu’ont été déclassifiées les preuves de la culpabilité de ce couple mythique travaillant pour les Soviétiques, par Rémi Kauffer

70 kim phiLby passe aux rougesRecruté dans les années 1930 par le KGB, il profite de sa position au sein du MI 6 pour informer Moscou des secrets des services britanniques, par Roger Faligot

74 L’affaire fareweLL, Le tournant de La guerre froideCet officier du KGB livre à la France près de 3 000 documents montrant l’étendue de l’infiltration soviétique en Occident , par Hervé Gattegno

i et aujourd’hui… 82 L’invité du spéciaL

Au cœur des services secrets français avec Yves Bonnet, ancien patron de la DST, propos recueillis par Éric Pincas

84 Les nouveLLes guerres secrètesTerrorisme, espionnage technologique et économique… Le point sur les menaces actuelles et futures, par Yvonnick Denoël

86 aLLez voirExpositions, DVD, Internet, livres, jeux… la sélection de la rédaction par Véronique Dumas

110 mots fLéchés

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Création : 2 avril 1982. LoCaLisation : 141, boulevard Mortier, Paris 20e. origine : elle s’inscrit dans la continuité du BCra (1942), de la Dgss (1943), de la Dger (1944) puis du sDeCe créé en 1946. rôLe : surnommée « la Piscine » à cause de sa proximité avec le bassin des tourelles, la Dgse est le service de renseignement extérieur français chargé, entre autres, de la lutte contre le terrorisme. elle concentre ses moyens dans l’« arc de crise », large zone géographique allant de la façade atlantique de l’afrique à l’Himalaya. La DCri (ex-Dst et rg) est le service de renseignement intérieur ; et la DrM, le renseignement militaire. effeCtif : 4 898 emplois temps plein (source : projet de loi de finances 2012).

Création : 18 décembre 1991. LoCaLisation : Yasenevo (banlieue sud-ouest de Moscou). origine : il succède à la 1re direction générale du KgB. il se revendique comme l’héritier de la tchéka (1917), du guépéou (1922), du nKVD (1934), du MgB (1946) et enfin du KgB (1954). rôLe : le sVr est impliqué dans le renseignement politique, militaire, économique, scientifique et technologique. Le grU, le service de renseignement de l’armée, et le fsB, le service de sécurité intérieure, mènent eux aussi des missions à l’étranger et disposent de moyens importants, notamment en ce qui concerne la surveillance électronique. effeCtif : environ 13 000 (source : rapport du ministère allemand de l’intérieur, 21 juin 2010).

Création : 1er avril 1951. LoCaLisation : tel-aviv. origine : l’ancêtre du Mossad est le shai, le service de renseignement de la communauté juive de Palestine avant la seconde guerre mondiale. rôLe : spécialisé dans le renseignement, les opérations spéciales et le contre-terrorisme, le Mossad se concentre sur les organisations et nations arabes partout sur la planète. souvent qualifié de meilleur service secret au monde, il dispose aussi d’un très important réseau d’informateurs dans les pays étrangers. Le shin Beth est chargé de la sécurité intérieure, et l’organisation aman, du renseignement militaire. effeCtif : environ 1 500 (source : éric Denécé, Centre français de recherche sur le renseignement, Cf2r).

Création : 6 juin 1983. LoCaLisation : 14, Dongchang’an, Pékin. origine : il s’inscrit dans la suite du shihuibu, créé en 1928, et du Diaochabu, le service de renseignement extérieur des dirigeants communistes, fondé en 1961. rôLe : le guoanbu est chargé du renseignement extérieur, du contre-espionnage et de la lutte contre les opposants politiques. il est à la tête d’un service d’espionnage industriel mondialisé, ciblant particulièrement les états-Unis. Le Qingbao est le service de renseignement militaire. effeCtif : plusieurs dizaines de milliers de personnes (source : federation of american scientists).

La grande diversité des services secrets, tant en ce qui concerne leurs rôles, leurs structures et leurs budgets, rend difficile toute comparaison. Les effectifs, par exemple. Le faible nombre d’agents officiels d’un service peut ainsi cacher un important réseau de clandestins ou dissimuler une autre réalité : celle de la collaboration avec la sécurité intérieure, le renseignement militaire, etc. enfin, les services cités ici n’ont pas tous les mêmes fonctions : alors que les écoutes électroniques (appelées familièrement « grandes oreilles ») sont intégrées à la Dgse (france) ou au BnD (allemagne), ce n’est pas le cas de la Cia (états-Unis), du sis (grande-Bretagne) ou du sVr (russie), qui font appel à des organismes spécialisés. il faut donc manier toutes ces données avec précaution.

repérage

Déchiffrage. Ils apparaissent parfois à la une des journaux. Mais qui se cachent derrière ces services, et quelles sont leurs missions ?

Le MONDe De L’OMBre aU graND JOUr

Par Simon Veille

Illustration 3D réalisée par Loïc Derrien

Création : 21 février 1956. LoCaLisation : 30 Heilmannstrasse, Pullach (sud de Munich). origine : héritier de l’organisation gehlen (1946). Durant la guerre froide, le BnD avait pour adversaires les services soviétiques (KgB) et ceux de l’allemagne de l’est (stasi). rôLe : le BnD est le service de renseignement extérieur de la république fédérale d’allemagne. ses missions : lutte contre le terrorisme international, surveillance des pays « à risques » et protection des militaires allemands opérant dans le cadre de missions de maintien de la paix (onU). Le principal service de renseignement intérieur est le Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV), l’office pour la protection de la Constitution. effeCtif : près de 7 000 (source : éric Denécé, Centre français de recherche sur le renseignement, Cf2r).

Création : 1er octobre 1909. LoCaLisation : 85, Vauxhall Cross, Londres. origine : il s’inscrit dans la continuité du secret service Bureau avant la Première guerre mondiale et du soe (special operations executive) créé en 1940. rôLe : surnommé « the firm », le Mi 6 (Military intelligence, section 6, appelé également sis, secret intelligence service) opère à l’extérieur du royaume-Uni. sa mission est d’appuyer la politique du gouvernement britannique en matière de sécurité, de défense, de politique extérieure et de protection des intérêts économiques. Le ss (security service) ou Mi 5 est chargé de la sécurité intérieure, tandis que le gCHQ (government Communications Headquarters) est chargé des écoutes électroniques. Ce dernier, à l’origine du décryptage des messages nazis codés par la machine enigma en 1940, est associé au réseau américain d’interception échelon. effeCtif : environ 3 000 (source : éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, Cf2r).

Création : 26 juillet 1947. LoCaLisation : site de Langley, McLean, Virginie (40 km de Washington). origine : l’agence – son surnom – est l’héritière de l’oss (office of strategic services) créé en 1942 et du Cig (Central intelligence group) fondé en 1946. rôLe : la Cia collecte des informations sur les gouvernements, les entreprises et les individus jugés dangereux de tous les pays du monde. elle mène des opérations politiques (renversement de Mossadegh en iran, en 1953) et de propagande (financement de radio free europe, en direction du bloc de l’est, pendant la guerre froide). elle est un des maillons de la chaîne du renseignement américain constitué entre autres par le fBi (renseignement intérieur), la nsa (renseignement électronique et le réseau échelon) et la Dia (renseignement militaire). Le secret service est affecté à la protection du président des états-Unis et du… dollar. Les américains sont les spécialistes incontestés des écoutes électroniques (téléphones, ordinateurs, mails, etc.). effeCtif : au moins 24 000 (source : éric Denécé, Centre français de recherche sur le renseignement, Cf2r).

Création : avril 1952. LoCaLisation : tokyo. origine : les anciens services japonais ont été dissous en 1945, au lendemain de la guerre. Le Japon a, depuis, surtout compté sur les informations fournies par les états-Unis, sans créer sa propre agence de renseignement. rôLe : le naicho, placé directement sous les ordres du Premier ministre, est une petite équipe chargée d’analyser l’information extérieure. Mais il n’est pas un service de renseignement centralisé : chaque grand ministère dispose de ses propres services (environ 5 000 agents au total). effeCtif : environ 170 (source : the national institute for Defense studies news, mai 2006).

23Les grands espions du XXe siècLe Novembre-décembre 2012

La mémoire de la Première Guerre mondiale se limite trop souvent au des-tin des poilus enlisés dans leurs tranchées. À distance du front, les hommes de l’om-bre, recrutés par les services de renseigne-ment, entrent en scène. Une autre guerre se joue, parfois loin de l’Europe, dans laquelle Lawrence d’Arabie, à l’origine archéologue, va écrire sa légende dans les sables du désert. Plus surprenant est le rôle des femmes qui se révélent des agents « très spéciales ».

1914 -1918 Héros malgré eux

les grands espions du xxe siècle

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Lawrence d’Arabie

39Novembre-décembre 2012 Les grands espions du XXe siècLe

Ils sont partout ! Infiltrés en territoire étranger, introduits dans les soirées mon­daines, immergés dans les ambassades et même lovés dans les alcôves des bordels pa­risiens. Aucun théâtre d’opérations ne leur est inter dit. Leurs missions ? Récupérer, en toute discrétion, les systèmes de codage de l’ennemi, photo gra phier les documents top­secrets, transmettre de fausses informations pour intoxiquer l’adversaire… Leurs moti­vations ? Idéologi ques, patriotiques, voire bassement matérielles.

1939 -1945 Sur touS leS frontS

leS grandS eSpionS du XXe Siècle

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Joséphine Baker

82 les grands espions du XXe siècle

entretien

HISTORIA – À quAnd RemOnTenT leS ORIgIneS cOnnueS de l’eSpIOnnAge ?YveS BOnneT – À Moïse, lorsqu’il envoie des représentants des tribus reconnaître le pays des Cananéens. Il leur demande des renseigne-ments précis sur leur taille, leur corpulence et leur pugnacité, avant de leur déclarer la guerre. À leur retour, neuf de ces espions disent au patriarche que les Cananéens sont des gens adorables, trois avancent qu’il serait bien ins-piré de se méfier… C’est bel et bien la première opération de renseignement, puisqu’il s’agit de recueillir des informations sur les intentions de celui qui est en face. L’espionnage n’est que la manifestation d’une saine curiosité !

H. – cOmmenT A-T-Il évOlué ?Y. B. – Jusqu’au XXe siècle, c’est une affaire d’individus. Des noms se dégagent : Walshin-gam, maître espion d’Elisabeth Ire d’Angleterre au XVIe siècle ; Daniel Defoe, l’agent politique anglais auteur de Robinson Crusoé au XVIIIe siè-cle ; Stieber, l’espion de Bismarck ; Schulmeis-ter, celui de Napoléon. Quand les conflits se mondialisent et qu’ils ne se limitent plus à la seule chose militaire, on voit apparaître des organisations. Les premières naissent à la fin du XIXe siècle, notamment avec l’Okhrana, la police secrète des tsars de Russie.

H. – quel eST SelOn vOuS le pluS gRAnd eSpIOn du XXe SIècle ?Y. B. – Richard Sorge, l’espion de Staline. Pour-tant, non seulement il n’a pas été récompensé, mais il a été odieusement sacrifié (lire page 40). Son intervention a pu changer, en partie, le cours de la Seconde Guerre mondiale ou, du moins, en raccourcir les échéances. Il réunissait

toutes les qualités d’un bon espion : il avait une intelligence hors du commun, une extraordi-naire mémoire et une très grande loyauté vis-à-vis de celui qu’il servait.

H. – vOuS Avez dIRIgé lA dST enTRe 1982 eT 1985, quelleS éTAIenT vOS mISSIOnS ?Y. B. – Lutter contre les ingérences étrangères, aussi bien subversives (vols de secrets techno-logiques, scientifiques et techniques) que vio-lentes (actes de terrorisme visant à infléchir la politique de notre pays). Le combat contre la subversion non violente a absorbé 95 % de mon temps. L’adversaire désigné était l’Union sovié-tique. Je n’avais de cesse d’expliquer que le jour où l’on s’apercevrait du vol d’un grand secret de défense nationale, surtout en matière nucléaire, on aurait entre trente secondes et trois minutes pour le regretter… car, après, ce serait la fin du monde !

H. – vOTRe pluS gRAnd SuccèS eT vOTRe pRIncIpAl RegReT ?Y. B. – Le plus haut fait d’armes de la Direction de la surveillance du territoire est l’affaire Farewell (lire page 74). Grâce à elle, nous avons pu faire comprendre à nos alliés américains que les Soviétiques avaient pillé leur arsenal scientifique, technique et technologique. La Maison Blanche a aussitôt fait déployer le bou-

Grand patron de la DSt au début des années 1980, l’ancien préfet témoigne de son expérience au cœur des services de renseignement français. Un métier vraiment à part.

YVeS BOnnetL’inVité Du SpéciaL

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83les grands espions du XXe siècle

Propos recueillis par Éric Pincas

clier antimissile, franchissant un nouveau cap dans la lutte contre le bloc de l’Est. Lequel a voulu faire la même chose. Mais, financière-ment trop faible, il s’est écroulé. Le président Reagan a considéré qu’il s’agissait de la plus belle victoire d’un service occidental sur l’Europe de l’Est. Mon regret est de ne pas avoir réussi à organiser une communauté euro-péenne du renseignement qui aurait été en mesure de devenir la meilleure du monde.

H. – ExistE-t-il unE ExcEption culturEllE françaisE En matièrE dE rEnsEignEmEnt ?Y. B. – Le « bidouillage ». Pour les astuces et la manipulation, les Français sont inimitables.

H. – commEnt fonctionnEnt lEs rElations EntrE EspionnagE Et pouvoir ?Y. B. – Il est impérieux que le pouvoir soit informé en temps réel. Plus vous vous écartez de la règle et de la morale pour obtenir des informations, plus vous devez être proche de celui qui prend la décision. Les relations sont quotidiennes. Il appartient au chef du service de renseignement de définir des cibles opéra-tionnelles précises.

H. – En 2008, pourquoi la dst Et lEs rEnsEignEmEnts généraux sE sont-ils rapprocHés pour fondEr la dirEction cEntralE du rEnsEignEmEnt intériEur ?Y. B. – J’ai été le premier à préconiser cette fusion. Pour deux raisons : d’abord la nécessité de supprimer les Renseignements généraux, police politique héritière des services de Vichy. Puis le manque d’effectifs de la DST, dans sa lutte contre les ingérences étrangères. J’ai pensé qu’elle pouvait s’étoffer de la partie des RG spécialisée dans l’antiterrorisme. En les rattachant à la DST, on obtenait 70 % d’effectifs supplémentaires qui, redéployés, permettaient d’avoir un service de sécurité plus solide.

H. – intErnEt Est-il En passE dE tuEr l’EspionnagE ?Y. B. – Comme la langue d’Ésope, c’est la meilleure et la pire des choses ! Internet met le renseignement à la portée de tous. Cette extrême diffusion de l’information nécessite des instances de contrôle performantes pour ne pas sombrer dans la désinformation. L

YVES BONNET

« Mon regret est de ne pas avoir réussi à organiser une communauté européenne

du renseigne-ment qui aurait

pu devenir la meilleure du monde »

92 historia spécial novembre-décembre 2012

découvertel’écosse des châteaux hantés

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À l’entrée du loch Duich, près du village de Dornie (Highland), se dresse l’Eilean Donan Castle. Un soldat espagnol tué par les Anglais en 1719 y déambulerait à l’occasion, sa tête sous le bras…