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LES GUERRES - exultet.net · prendre pied au Maroc. Aussi, en 1577, quand le prétendant ... c’est à une levée en masse que l’on assista. ... Bambara du Kaarta étaient alors

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LESGUERRESD’AFRIQUE

Desoriginesànosjours

OUVRAGESDUMÊMEAUTEUR:

– LeSafariduKaiser,récit,encollaborationavecA.deLagrange,LaTableRonde,1987.

– LesVolontairesduroi,roman,encollaborationavecA.deLagrange,LesPressesdelaCité,1989.

– RobertdeKersauson:lederniercommandoboer,éditionsduRocher,1989.

– Villebois-Mareuil,leLaFayettedel’AfriqueduSud,éditionsduRocher,1990.

– CetteAfriquequiétaitallemande,éditionsPicollec,1990.– HistoiredelaLouisianefrançaise:1682-1804,Librairie

académiquePerrin,1994.

– Afrique:delacolonisationphilanthropiqueàlarecolonisationhumanitaire,éditionsBartillat,1995.

– Afrique:l’histoireàl’endroit,LibrairieacadémiquePerrin,1996.

– CesFrançaisquiontfaitl’AfriqueduSud,éditionsBartillat,1996.

– HistoireduRwanda:delapréhistoireànosjours,éditionsBartillat,1997.

– LaguerredesBoers:1899-1902,LibrairieacadémiquePerrin,1998.

– Atlashistoriquedel’Afriquedesoriginesànosjours,éditionsduRocher,2001.

– Histoiredel’Égypte,desoriginesànosjours,éditionsduRocher,2001.

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principalement défensive, l’armée égyptienne développaune très importante cavalerie ainsi qu’une charrerie,devenant une force offensive capable de mener descampagnesloindelavallée,etjusquedansleroyaumeduMitanni, l’actuelle Syrie. Sous le pharaon Ramsès II(1304-1213 av. J.-C.), plus de cinquante régimentscomposaientlacavalerieégyptienne.

La marine était également importante et sa vocationpremière était de pouvoir transporter les fantassins duDelta à la Nubie. Dans un second temps, la marineégyptienne s’aventura enMéditerranée et en mer Rouge.SousleNouvelEmpire,ellepermitdesexpéditionsjusquedansl’actuelLiban.

III.RomeetCarthage:lespremièresguerrescoloniales

En Afrique, les guerres qui opposèrent Rome et Carthageentraînèrentuneprofondemutationde la tactiquemilitaire.Cefurent des opérations interarmes mêlant actions navales etdébarquement, emploi combinéde la cavalerie légère et lourde(les éléphants) et recours auxmercenaires. Confrontés à deuximpérialismes rivaux, les Berbères furent emportés par cesguerres(carten°3).

Carthage fut d’abord une colonie phénicienne. EnAfriqueduNord, lesplusanciensétablissementsphéniciensdatentdesVIIIe – VIIe siècles av. J.-C. Les premiers furent fondés en

Tripolitaineavecles troiscomptoirs,deSabratha,d’Oea8 etdeLepcisMagna.L’expansion territoriale carthaginoise se fit auxdépens des Berbères, en l’occurrence les Numides, et plusprécisémentlesMassyles.

À la fin duVe siècle et au début du IVe siècle,Carthage,enrichiegrâceàsescomptoirsnord-africainsetibériques,décidade se lancer dans une vaste politique de recrutement demercenaires berbères, fantassins et cavaliers, les fameuxcavaliersnumides.LaforceprincipaledeCarthagerésidaitdanssamarinecomposéede trirèmesoudequinquérèmes(naviresàcinqrangsderames).

ÀlafinduIVesiècle,la«GrandeGrèce»9,épuiséedesonlongconflit avecCarthage,entraendécadence,cequi favorisal’essor de Rome qui se trouva bientôt face à l’expansionpunique. La confrontation fut tout d’abord évitée par lasignaturededeuxtraités,l’unen348etl’autreen306av.J.-C.,etparlefaitqueRomequinecontrôlaitpasencorelatotalitédusuddel’Italien’étaitpasencontactdirectaveclespossessionscarthaginoises. La situation changea en 272 av. J.-C., quandRome fut maîtresse de tout le sud de la péninsule. Un longconflitéclataalorsen264av.J.-C.,rythmépartroisguerresquieurent pour conséquence la destruction de la puissancecarthaginoiseen146av.J.-C.Cesguerressontconnuessouslenomde«guerrespuniques»10(LeBohec,1995).

La première guerre (272-241) fut à la fois terrestre etmaritime. En 255 av. J.-C., les Romains qui, par deux foisavaientvainculaflottecarthaginoise–en260av.J.-C.àMylaeet en 256 av. J.-C. àEcnome–, tentèrent un débarquement enAfriqueàproximitédeCarthage.

Le consul Marcus Atilius Regulus remporta une première

victoire, puis il fut battu par le Grec Xanthippe, chef desmercenaires carthaginois. Capturé puis libéré sur parole deuxansplus tardcontre lapromessedeseconstituerprisonnierencasd’échecdelamissiondepaixdontlesCarthaginoisl’avaientchargé, Regulus prit la parole devant le sénat romain et ildéfenditaucontrairel’optiondelaguerre.Respectantsaparole,il serait ensuite retourné à Carthage pour s’y constituerprisonnier.

PuislesortdesarmespenchaducôtédeCarthagequand,en249 av. J.-C., ses armées remportèrent coup sur coup deuxnouvellesvictoires :une surmeràDrepanumetuneautre, surterre,enSicile.L’artisandecettedernièreétaitHamilcarBarca.En241,lesRomainsrenversèrentlasituationenenvoyantparlefond la flotte carthaginoise aux îles Aegates, à l’ouest de laSicile, et Carthage fut contrainte de demander la paix. Rome,jusque-là puissance continentale, avait donc vaincu Carthage,puissance maritime, ce qui bouleversa en profondeur lesrapportsdeforceenMéditerranée.

Dans l’immédiat, Carthage renonça à la Sicile que Romeoccupa en totalité et accepta de verser un énorme tribut quidevaitêtreacquittéenvingtans.Ruinée,lavilleneputpayersesmercenaires, ce qui provoqua leur soulèvement. Durant deuxans, de 240 à 238, elle mena contre plusieurs dizaines demilliers de ses anciens soldats dirigés parMathô et Spendios,uneguerredifficileetimpitoyable.

Dans un premier temps, les villes carthaginoises furentassiégées,maisHamilcarBarcacontre-attaquagrâceàl’aidequelui procura son allié Massyle, le chef Naravas, qui mit sacavalerieàsadisposition1.

Puis, en 237, Hamilcar réussit à prendre au piège lesmercenairesetillesextermina.

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mer.La pratique administrative était fondée sur le déplacement

régulier des sultans accompagnés de leurmakhzen et de leurarmée, lamhalla, ce qui permettait un pouvoir direct et uneperceptiondesimpôts.Lesouverainpassaitpeuoupasdutoutdanslesrégionsbientenuesoubledmakhzenpourseconsacrerauxprovincesquiposaientproblème.

Une attention toute particulière fut accordée à lamodernisation de l’armée. Sous le règne de Mohammed ech-Cheikh(1554-1557),unefonderiedecanonsfutcrééeàFèsetl’arméemarocainefutdotéed’unparcd’artillerie.Elledisposaitd’unservicedesantépermettantde laclasserparmi lesarméesmodernesdel’époque.

a)Labatailledel’ouedel-Makhazen(4août1578)14:ladéfensedel’intégritéterritoriale.

Le roi Sébastien Ier du Portugal (1557-1578) rêvait deprendre pied au Maroc. Aussi, en 1577, quand le prétendantMohammedel-Moutaoukilvintluioffrirlareconnaissancedelasuzeraineté portugaise en échange de son appui militaire,l’impétueuxsouveraindécidad’intervenir.

LesultanmarocainMoulayAbdel-Malek(1576-1578)tentade le raisonner, et par tous les moyens, il chercha à lui fairecomprendre qu’il n’était dans l’intérêt, ni du Portugal, ni duMaroc, d’ouvrir les hostilités. Il lui proposa même de luiremettre un port marocain de son choix et d’élargir de treizelieuesl’hinterlanddesplacesquelePortugalconservaitencoresurlelittoralduMaroc.Rienn’yfitcarlesouverainportugaisvoulaitendécoudreetilconsidéramêmelessagespropositionsdeMoulayAbdel-Malekcommeautantd’aveuxdefaiblesse.

Tout en tentant de sauver la paix, Moulay Abd el-Malekpréparasonarméeàlaguerre.Aussi,lorsquelesultansemitenmarchevers les troupesportugaises qui venaient dedébarquer,c’estàunelevéeenmassequel’onassista.

Les Portugais qui disposaient de 36 canons alignèrentenviron20000hommesdontunpeuplusde1500cavaliers.Àces effectifs combattants il est possible d’ajouter environ dixmille domestiques ou personnels de charroi, ce qui permetd’expliquer que lesMarocains firent plus de prisonniers qu’iln’yeutdecombattants15.

LesMarocainsnedisposaientquede20piècesd’artillerie,maisilsavaientunenettesupérioriténumérique,14.Oubatailled’Al-Ksarel-Kebir,oubatailleditedes«TroisRois».Voiràcesujet Berthier (1985), Valensi (1992) et Nekrouf (2007). 15.Charles-AndréJulien(1978)parlede20000prisonniers (578-579),cequi seraitunchiffre insolite sinousnousbasions surlesseulseffectifscombattants.entre40à50000hommesdontplus de 30 000 cavaliers. L’infériorité portugaise était encoreaccentuéeparlalenteurdelaprogressiondueàlalourdeurdesconvois de ravitaillement alors que lesMarocains qui vivaientsurlepaysneconnaissaientpasceproblème.

L E S F O R C E S E N P R É S E N C E( B E R T H I E R ,1 9 8 5 )

Arméemarocaine

1. INFANTERIEFantassins 11750Détachementsd’irréguliers 4000Totalinfanterie 14750

2. CAVALERIE

Arquebusiersmontés16 3000

Cavalerie 9250Contingentsdestribus(réservesdecavalerie) 22000Totalcavalerie 35250EFFECTIFTOTALCOMBATTANT 5000017

Arméeportugaise18

1. INFANTERIE«Terços»portugais: 8000«Terços»desAventuriers: 1400

«Tercio»espagnol: 1600Régimentallemand: 2800CorpsdesItaliens: 600«Fronteiros»deTanger(arquebusiers): 200ArquebusiersdeMoulayMohammed: 200Totalinfanterie: 14800

2. CAVALERIECavalierscommandésparDomSébastien: 600Cavalierscommandésparleducd’Aveiro: 300«Fronteiros»deTanger(cavaliers): 400CavalierscommandésparMoulayMohammed: 250Totalcavalerie: 1550EFFECTIFTOTALCOMBATTANT: 16350

Accumulant les erreurs, ne tenant aucun compte desavertissementsoudesrenseignementsquiluiétaientdonnéspardes déserteurs de l’armée marocaine, le 4 août au matin lesouverainportugaiscommitunefautegrossièreenpositionnantses troupesenuncarrémassif,dosaufleuve,cequi,durant labataille empêcha son aile droite de manœuvrer et lui interditensuitetoutepossibilitéderetraite.

Plus mobile, tirant au maximum parti du terrain, Moulay

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constitual’empirepeulduMacina.Quandilmourut,en1844,Tombouctouselibèraetsonfils

Amadou Sékou (1845-1853) lui succéda. Pour s’imposer, cedernierdutaffronterlesBambaraduSaro,régioncompriseentreSégouetDjenné,quiétaienttoujoursréfractairesàl’islametquise soulevèrent, ainsi que les Touareg de la région deTombouctou.

c)Leroyaumed’El-HadjOmar(ouempireToucouleur34ouTorodbe)

OmarTall ditEl-HadjOmarnaquit dans leFouta-Toro, en1796, au sein d’une famille peul (fulbé) convertie à l’islam etmembredelaconfrériekadiriya.Encorejeunehomme,ilrompitaveccettedernière.IladhéraensuiteàlaconfrérietijaniyaavantdepartirpourvingtannéesdevoyagesquilemenèrentenArabieet en Afrique du Nord, se déplaçant grâce au réseauinternational de cette puissante confrérie. De 1830 à 1838, ilvécutdansl’empiredeSokotooùilfutreçuparMohamedBelloetoùilseformamilitairement.

En1847,deretouràl’ouestdufleuveSénégal,ils’établitauFoutaDjalon. Ayant été nommé grand calife de la confrérieTijaniya, il se fixa pour but l’islamisation de l’Ouest africain.En1847 il s’installa àDinguiraye ;vers1852 il s’attaquaauxBambaradeSégouetduKaartaquiavaientréussiàéchapperàlaconquêtedeSékouAmadou.

Pour El-Hadj Omar le moment était bien choisi car lesBambara du Kaarta étaient alors en pleine guerre dynastique.Profitantdecettedivision,ilpritNioro,lacapitaleduKaartaen1854.En juillet1857 il tentad’enleverMédine,poste françaistrès avancé situé sur le HautSénégal (carte n° 14), afin de

s’ouvrirunevoievers leBas-Sénégal,mais il futdéfaitpar lestroupesfrançaisescommandéesparlecolonelLouisFaidherbe.C’estalorsqu’ilpritladécisiondesetournerversl’est.

En1859ils’attaquaàSégou,laprincipalecitébambara.En1860, s’estimant en grand danger, cette dernière s’allia auMacina alors dirigé par Ahmadou Ahmadou, le petit-fils deSékouAmadou, le conquérant fulbé35. La ville fut néanmoinspriseen1861etlesouverainbambaraseréfugiaauMacinaquidevintdèslorslenouvelobjectifd’El-HadjOmar.

Lepremieraffrontemententre l’arméeduMacina renforcéede contingents bambara et celle d’El-Hadj Omar eut lieu en1861. La bataille tourna à l’avantage du second qui marchaensuitesurHamdallahiquifutpriseen1862.El-HadjOmarmitalorsàlatêteduMacinasonproprefilsAhmadouTall.

Tout leMacina n’était cependant pas conquis. C’est ainsiqu’àTombouctou,villecontrôléeparleclanarabedesKuntaetdontlechef,El-Bekay,étaitunnotabledelaconfrérieKadiriya,la résistance s’organisa. El-Bekay avait ainsi soutenu lesBambaraavantd’entrerlui-mêmeenguerreetc’estd’ailleursenlecombattantqu’en1864,El-HadjOmartrouvalamortsur lesplateauxdeBandiagara(Robinson,1988).

SonfilsAhmadouTallluisuccéda(1864-1878)mais,duranttout son règne, il lui fallut affronter d’abord ses frères, puisnombre de chefs de clans, cependant que les Bambara quin’étaienttoujourspasislamisésrefusaientl’autoritédel’Empiretoucouleur.

L E J I H A D D ’ E L- HA D J O M AR E T S O NS O U V E N I R

D A N S L A G U E R R E D UM A L I ( 2 0 1 2 -2 0 1 3 )

La conquête d’El-Hadj Omar aboutit, par l’amalgame depopulations différentes, à la création du royaume desToucouleurdontleslimitesallaientdesmargesduSénégalcontrôléparlesFrançaisjusqu’àTombouctou,soitdel’estde l’actuel Sénégal à l’ouest de l’actuel Mali. Or, lesouvenir de ces épisodes toujours présents dans lesimmensitésouest-africainesn’estpas lemêmeselonqu’ilestvuparlesconqué-rantsouparleursvictimes.Ainsi:

« Le Sénégal et le Mali gardent chacun un souvenirdiamétralementopposédujihad.PourlesSénégalais,Umaretsestalibés36furentdeshérosdelacauseislamique,descroisés contre les infidèles. Les Maliens, quant à eux,perçoivent leursancêtrescommedesdéfenseurs faceàunenvahisseurfutanké37quimasquaitsesviséesimpérialisteset sa cupidité sous le couvert de l’islam » (Robinson,1988:317).

d)Lemahdismeetl’Afriquenilotique

À l’appel d’un chef religieux originaire de Dongola,MuhammadAhmad ibnAbdAllah (1844-1885), qui était à latêtedesAnsar,unesectedontlenomsignifie«lesvictorieux»,et qui se faisait appeler Al-Mahdi38, un puissant mouvementconnusous lenomdemahdisme agita toute la régionduHautNil,danslesactuelsSoudanduNordetduSudetdébouchasurlaconstitutiond’unÉtatmilitariséetguerrier.

Muhammad Ahmad ibn Abd Allah proclama le jihad aumois d’août 1881.Lemouvement s’étendit commeune traînéedepoudreaprèsqu’aumoisdejuin1882,uneforcedeplusieurs

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futdésormaisdotédedeuxassegai.L’undestinéàêtrelancéendirection de l’ennemi et l’autre, àmanche court et à la lourdelame, utilisé pour le corps-à-corps.Comme protection, chaqueguerrier disposait d’un grand bouclier tressé lui couvrantl’ensembledubusteetlescuisses.

Chaque régiment, fortd’environunmillierde combattants,se distinguait sur le champ de bataille par les couleurs de sacoiffureoudesesboucliers.Tousavaientlemêmeuniforme:unbandeau à plumes ceignant le chef, des peaux de singe ou depetits félins autour de la taille, des bracelets aux bras et auxjambes,etc.

Lesdéplacementsdel’arméezuluétaientrapidespuisqu’elleétaitcapabledeparcourirdesétapesquotidiennesdeplusde60kilomètres, précédée d’un service de renseignement efficace.Quant au ravitaillement, il était assuré par des adolescents àraisond’unpourtroishommes.

Peu à peu fut ainsi mis sur pied un État militarisé danslequel les responsabilités administratives et territoriales étaientconfiéesauxchefsdeguerre,lesinduna.L’intégrationétaitainsiassuréeausommetentrelestribusetchefferiesannexéeset lesautres,maislepouvoirn’appartenaitqu’àdeshommesayantfaitleurspreuvesàlaguerreetquiétaientenprincipedesfidèlesdeShaka.

Leroyaumefutdiviséendistricts–umuzi–etenprovinces– izifunda) dont les chefs avaient, en plus de leursresponsabilités territoriales, un rôle essentiellement militaire.Plusieursgrandscampsfurentcréésoùdesgarnisonscomposéesdeguerriersvenusdetoutleroyaumeétaientenpermanencesurlequi-viveetplacéssouslesordresdesinduna.

Sesprincipauxadversairesendéroute,ShakafutlemaîtreaunorddelarivièreTugela.Àpartirdecemoment,ilselançaàla

conquêtedeschefferiesngunidelarégionafindelesincorporer,àcommencerparlesButhelezi,lesElangeni,lesGqokolietlesQwabe.Cellesquirefusèrentdereconnaîtresonautoritéfurentimpitoyablement massacrées et les rescapés, paniqués, seprécipitèrentsurlesterritoireslimitrophes.Devenuseux-mêmesdesenvahisseurs,ilsrépandirentlaterreurdeprocheenproche,ce fut le Mfecane. Cette panique s’expliquait car les Zulumassacraient les hommes, n’épargnant parfois que les jeunesgarçons, enrôlés comme supplétifs. Le système était cohé-rentcarnesurvivaientquelesfemmes,destinéesàmettreaumondedesenfantszulu.

Àlafindesonrègne,Shakadisposaitd’uneforcede30000combattants,sansrivaleparmilespeuplesdel’Afriqueaustrale,et son royaume s’étendait depuis la rivière Pongola au Nord,jusqu’ausuddel’actuellevilledeDurban.

Chez les Zulu, chants ou poèmes servaient à exalter lesprouesses guerrières. De retour de la guerre, le combattant sepurifiaitàlarivièrelaplusprochepuisilallaitdéposerarmesetbouclieraufonddesahutte;quandilenressortait,entouréparunefouleavidedel’entendrenarrersesexploits,ilsefaisaitunmomentprierpuisildéclamaitseshautsfaits.

Shakafutassassinéen1828dansdescirconstancesconfusespar plusieurs de ses demi-frères et l’un d’entre eux, Dingane,pritlepouvoir.

L E M FE C A N E ( 1 8 1 8 - 1 8 3 8 ) : Q U A N D L AG U E R R E R E C O M P O S E

L’ E S P A C E E T L E S P E U P L E S

EntrelafinduXVIIIesiècleetlesannées1840,l’Afriqueaustrale, depuis le plateau central sud-africain jusqu’auZambèze, fut bouleversée en profondeur par une marée

guerrière qui affecta tous les Nguni du nord et plusparticulièrement lesZulu, lesNdebele et lesNgwane.Cefut leMfecane46 (cart n° 11). L’onde des dévastations sepropagea chez lesSothoqui furent quasiment chassés dusuddecequifutleTransvaalainsiqued’unegrandepartiedel’ancienÉtatlibred’Orange.

Danstouteslesrégionsaffectées,lamosaïqueethniquesedélita et des réfugiés se formant en bandes pillèrent toutsur leur passage. Le plateau central sud-africain futlargement vidé de sa population sotho qui abandonnavillages,récoltesetréservesalimentaires;lafaminequienrésultafutterrible.C’estainsiqueles:

« […] tribus tswana et sotho qui, vers 1820, occupaientl’ensemble du sud du Transvaal, avaient été chassées,anéanties ou éparpillées à partir de 1830 par l’invasionmatabele. Après la défaite et la fuite des Matabele, cesrégionspouvaientêtreconsidéréescommeundéserthumain»(Videcoq,1978:187).

Le mouvement connut une accélération en 1817 ou en1818 quand Shaka attaqua les Ngwane deMatiwane quivivaientenamontdelaWhiteUmfoloziprèsdel’actuelleville deWakkerstroom.LesNgwanemirent leur bétail ensécuritéchezleurscousinshlubi,maisaprèslaguerre,cesderniers ayant refusé de leur rendre leurs troupeaux,Matiwane les attaqua et les chassa de leur territoire. LesHlubi fran-chirent alors le Drakensberg, pénétrèrent enpayssothoetfondirentsurlesThlaping.

Pendantcetemps,aumoisd’avril1818,Zwide,lechefdesNdwandwequi,alliéauxNgwane,venaitdel’emportersurlesMthethwa,attaquaShaka,maisilfutbattu.Àlafindel’année 1818, les Ndwandwe lancèrent une nouvelle

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L’école(…)yajoutaitunélémentdontonnesauraitassezsoulignerl’importance,àsavoirunenouvellefamillepourremplacercellequ’ilavaitperdue»(Ayalon,1996:24).

Une fois affranchi et devenu mamelouk, le jeune guerrierétait automatiquement assimilé à la caste supérieure, mais cestatutluiétaitliéetil:

« (…) ne pouvait transmettre à sa descendance ni son rang ni saqualité aristocratique. Il était un noble “à titre viager” et la sociétémamelouke,unenoblesse limitée àune seulegénération (…)c’étaitunenoblessejailliedel’obscurité,quiretournaitàl’obscurité.Lesfilsétaient éliminés de la classe supérieure et se perdaient dans lapopulation civile,même si le processus prenait un certain temps»4(Ayalon,1996:26).

Enréalité, lesfilsdemamelouksconstituaientunesortedecaste intermédiaire entre l’aristocratie mamelouke et lapopulationcivile.

Le prénom turc était un des signes distinctifs del’appartenance à la caste guerrière. Les mamelouks étaient eneffetseulsàporterdesprénomsturcs,mêmeceuxquin’étaientpasd’origine turque.Lecognomendumameloukmarquait sonrattachement à la troupe d’un chef prestigieux qui l’avaitsélectionné, acheté, formé, puis affranchi. C’est ainsi, parexemplequeles:

« (…) Mamlouks d’As-Salih Nagm ad-Din Ayyub étaient désignésparletermeas-Salihiya(singulieras-salihi).Ceuxd’Al-MusizzAybakse désignent par le terme Al-Musizziya (singulier : Musizzi), ceuxd’Al-Mansur Qalawun s’appellent à titre singulier al-Mansurill »(Mansouri1992:24).

Parmilesmamelouks,uneélitespécialeétaitconstituéeparle corps des mamelouks royaux. Composé de mamelouksachetés,forméspuisaffranchispar lesultanlui-même, il tenaitgarnison dans la ville du Caire d’où, en quelques jours de

marche, il pouvait intervenir partout où le service du sultan leréclamait.

Après une brève parenthèse ottomane, durant la secondepartieduXVIesiècle,l’autoritédelaPorteserelâchaenÉgypteetduranttoutleXVIIesiècle,leclimatredevintanarchique.Lesmamelouks reprirent alors de fait le pouvoir et le conservèrentjusqu’àl’expéditiondeBonaparteen1799.

II.LesBoers:unesociétéguerrièred’inspirationbiblique

De 1837 à 1839, afin de se soustraire à l’autoritébritannique,lesplusintransigeantsparmilesBoers5 chargèrentleursbienssurdelourdschariotsàbœufsetilsquittèrentleursfermes de la colonie anglaise du Cap pour s’enfoncer dansl’inconnu à la recherche de terres libres sur lesquelles, enhommeslibres,ilsvoulaientvivreselonlesprincipeshéritésdeleursancêtres(Lugan,2010).CefutleGrandTrek(Etherington,2001) (carte n° 12). Cette entreprise, qui réussit grâce à unesolide organisation militaire lentement élaborée au cours duXVIIIesiècle,leurpermitdefonderdesÉtatsaunorddufleuveOrange(Étatlibred’OrangeetTransvaal).

a)Unatoutmilitaire:lelaager(planche5)

LeGrandTrekréussitd’abordgrâceauchariotdetransportutilisé également comme pièce de défense et d’attaque. Cevéhicule-habitat à peine large de plus d’un mètre pour unelongueur de cinq environ était construit en planches ajustées

facilement démontables, ce qui lui donnait une grandesouplesse.Undoubletoitprotégeantdelapluieetdelachaleurétait fixéà lacaisseparunesériedecerceaux.Chaquefamilledisposantd’unchariot,lesfemmesetlesenfantss’yentassaientau milieu des ustensiles et du maigre déménagement. Leshommes étaient à cheval, carabine dans les fontes, soit enmissiond’éclaireurs,soitengardedesnombreuxtroupeauxquiaccompagnaientlesconvois.Lesattelagesétaientcomposésde4à8pairesdebœufsguidéspardeuxconducteurs,l’unjuchésurl’avantdutimonet l’autre,assissurunecaissedeboisservantdesiège.

En terrain plat les convois se déplaçaient à la vitesse d’unhomme au pas et chaque étape comptait entre 7 à 8 heures deroute. Chaque jour les Voortrekkers (littéralement, les« pionniers de l’avant ») s’éloignaient ainsi de 20 à 30kilomètres au maximum de la terre qui les avait vus naître etleurs parents avant eux. Ils se rapprochaient d’autant de la«Terre promise » que le «Créateur » leur réservait puisqu’ilsétaient persuadés qu’ils étaient le « Peuple élu ». La lecturequotidienne de la Bible les confirmait d’ailleurs dans l’idéequ’ils vivaient un moderne « Exode » au terme duquel ilstrouveraient la « terre de Canaan ». Leur vocabulaire étaitprofondément imprégné par les Saintes Écritures. Ainsi, poureux,leroid’Angleterreétait-il«Pharaon»etlacolonieduCapunenouvelleÉgyptequ’ilsfuyaient.

Les convois étaient précédés par des éclaireurs opérant àplusieurs jours de cheval, ce qui les mettait à l’abri desmauvaises surprises car les Nbebele et les Zulu pouvaientparcouriràlacourse60kilomètresenuneseuleétape.L’ennemirepéré, ils avaient donc le temps de se mettre en position delaager,sipossibleausommetd’unecolline.

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établissements du Sénégal, mais la Compagnie des Indesoccidentalesrecrutadessoldatsnoirspourprotégerlesmaisonsde commerce installées à la côte ou à l’intérieur, le long dufleuve.

ComposédeFrançaismétropolitains,lebataillond’Afrique,créé aumoisd’avril 1763par leministreChoiseul, futdécimépar les fièvres et rapatrié en France. Aussi, en 1765, DeMesnager,legouverneurdesétablissementsfrançaisduSénégal,leva une unité locale, les laptots de Gorée, dans laquelleservaient à des grades différents, toutes les composantes de lapopulationde lacolonie :colonsblancs,métis,Noirs libresetesclaves.

« Le terme laptot signifiant matelot ou mousse en langue wolofdésigneàl’origineenAfriquedel’ouestlesmatelotsoulesbateliersindigènes au service de l’armée française. Les laptots sont vêtusd’unelongueculotteàlamatelotedetoileblacheougriseetd’ungiletou veste courte demême étoffe, avec boutons blancs, col jaune etturban à la turque à fond blanc, revers jaune et houppe de lainejaune.Ilssontarmésd’unelancede2,43màbanderolejaune.Leurschefsportentunhabitcourtouunegrandevesteblancheaveccolletetparemement« à lapolonaise» jauneetunepetiteveste courte etjaune. Ils sont armés d’épées ou de sabres et de fusils avecbaïonnettesetgibernes»(ChampeauxetDeroo,2006).

Cette unité fut dissoute au début de la périoderévolutionnairequandledécretdu21juillet1791supprimalescorps spéciaux. En 1796, le Directoire envoya à Gorée undétachement de Noirs antillais et durant le Consulat, deuxcompagniesfurentrecrutéessurplace.

Lors de la campagne d’Égypte, le général Bonaparte quiavaitleprojetderecruter30000auxiliairesvolontaireslocaux,constitua un corps bien plus réduit composé de déserteursmamelouks qui formèrent le cœur des futursmamelouks de laGarde, et de quelques dizaines de cavaliers palestiniens, les

chasseurs d’Orient. Il constitua également un régiment deDromadaires.

En1802uncorpsdeVolontairesduSénégal futcréé,maissapiètreconduiteaufeuentraînalacapitulationdeSaint-LouisdevantlesAnglaisaumoisdejuillet1809.En1818futcrééle1erbataillond’AfriquequidevintbataillondeGoréeen1823.

En1831,souslamonarchiedeJuillet,naquirentlestroupescoloniales : infanterie de marine (marsouins), artillerie demarine(bigors)et légionétrangère.Pourcequiestdestroupesindigènes, leur création se fit enAlgérie avec les spahis, plustardaveclestirailleurs.EnAfriquenoire,lestroupesindigènes,notamment les tirailleurs sénégalais, furent créées en 1857(Champeaux et Deroo, 2006). Avec ces derniers, la Francedisposad’uneforceadaptéeàl’Afriquedel’Ouest:

« Commencé au Sénégal, le recrutement des tirailleurs s’étendrapidement à tous les territoires conquis par la France. Les soldatsrecrutés en Afrique ou à Madagascar sont appelés initialement enfonction de leur région d’origine tirailleurs sénégalais, haoussas,gabonais, malgaches, somalis. Par la suite on uti-lise pendantquelquesannéesl’expressiontirailleurscoloniaux.Danslapratique,c’est l’appellation générique tirailleurs sénégalais qui s’impose àtous, le Sénégal étant le premier pays ayant fourni des soldats àl’initiative de Faidherbe. Quant au terme tirailleur, désignant àl’origineuncombattantdotéd’unecertainelibertédemanœuvrequitire en dehors du rang, il s’applique indifféremment à des soldatsservant comme fantassins, cavaliers, artilleurs ou même encorecomme conducteurs, infirmiers, ouvriers des bataillons d’étape »…(ChampeauxetDeroo,2006:3.)

À la Chambre des députés, Jean Jaurès s’éleva contre laconstitutiond’unearméecolonialerecrutantdesindigènescarilyvoyaitunemenacepourleprolétariatfrançais:

«Quand120000hommespourrontêtrebrusquementmobilisésàlamoindre alerte des troubles civils et des antagonismes sociaux, ilsdeviendrontunearméeprétorienneauservicedelabourgeoisieetdu

Capital»(citéparDubois,1985:116).

L A C AM PAG N E D’ É G YP T E 1

U N E A R M É E P R I S O N N I È R E D E S AC O N Q U É T E

Le 5 mars 1798, le Directoire autorisa Bonaparte àentreprendre la conquête de l’Égypte. Mais pour cela, ilfallait commencer par relever le défi que représentait lerassemblement rapide d’une flotte de près de trois centsnavires, capables de transporter un corps expéditionnairede38000hommesdotéd’unmillierdepiècesd’artillerie,à unmoment où lamarine française sortait très éprouvéedes années révolutionnaires. L’expédition fut rassembléeenuntempsrecordetdanslanuitdu1erau2juillet1798,4000hommesdébarquèrentàl’ouestd’Alexandrie.

Le6juillet,l’arméesemitenmarche.L’amiralBrueysquinepouvaitutiliserlaraded’Alexandrie,troppeuprofonde,installa sa flotte à Aboukir. Le 14 juillet, le combat deChebreis, livréaupieddespyramidesà1200mamelouksengagés par Mourad Bey2, tourna à l’avantage desFrançais.Cettevictoirefutcompromisele1eraoûtàAboukirparladestructiondelaflottedel’amiralBrueysquiattendait laconfirmation de la prise du Caire pour faire voile versCorfou.PrivéedecommunicationsaveclaFrance,l’arméed’Égypteseretrouvaalorsprisonnièredesaconquête.L’entréeenguerredusultanottomanouvritentre-tempsunnouveau«front»aunordet,le10février1799,Bonapartequitta Le Caire pour marcher sur la Syrie, avec 13 000hommes. Dans la nuit du 14 au 15 février, il infligea, à

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atteignirent les franges de l’empire de Samory et comme, en1882, le colonel Borgnis-Desbordes lui avait fermé la rivegaucheduNiger,Samory(Person,1975)préféraalorsnégocieret il conclut avec lesFrançais les traités deKéniéba-Koura en1886 et de Bissandougou l’année suivante (Oloruntimehin,1971 : 67-92). Tranquille à l’Ouest, il porta alors ses regardsvers l’Est.En1887 il engagea ainsi les hostilités contre le roisénoufoTyébaetvintassiégerSikasso,maiscefutunéchec.

Louis Archinard qui succéda au colonel Gallieni en 1891commecommandantdes forcesduSoudan,obtintduministèredes Colonies l’autorisation de lancer une expédition contreSégou,lacapitaleduroyaumetoucouleursituéeaunord-estdeBamako. La ville fut prise au mois de février 1891 et lapuissancedesToucouleurdisloquée.

Toujoursen1891,lecolonelArchinardfranchit leNigeretpénétra dans les territoires de Samory. Ce dernier tenta deralentir l’avance des colonnes françaises en ordonnant unepolitique de la « terre brûlée » et en entraînant de force versl’Estlespopulationsquiluiétaientsoumises.Iltentaégalementdes’ouvriruncouloirverslacôted’oùluiarrivaientlesarmesàfeu. Il se déplaça ainsi dans une sorte de « longuemarche »,installantunenouvellecapitaleàDabakaladansl’actuelleCôted’Ivoire,à150kmausuddeKong,soità700kmàvold’oiseaudeBissandougouquiétaitsonpointdedépart(carten°8).LesSénoufoet lesGourofurentalorssoumisdelamanièrelaplusbrutaleetlacitédeKongrasée.

En1898,Samorytentadegagnerleterritoirelibérien,maisle9 septembre, le lieutenantWoelffel surpritunepartiede sesforces alors qu’elles s’apprêtaient à franchir la rivièreCavally.Les Français firent alors 1 800 prisonniers et récupérèrent degrandesquantitésd’armes.Le29septembreSamoryfutcapturépar un détachement commandé par le capitaine Gouraud et le

lieutenantMangin(Andurain,2012).Sur le littoral du golfe deGuinée, la France était présente

depuis1868àCotonouetàOuidah,maispouraccéderauBas-Niger,elledevaitfranchirl’obstacleprésentéparleroyaumefond’AbomeydontBéhanzinétaitlesouveraindepuis1889.

Undébarquementfrançaiseutlieuaumoisdefévrier1890etfin mars, les troupes françaises repoussèrent l’arméedahoméenne.Aumoisd’octobre1890l’ArrangementdeOuidahfutsignéentre lesreprésentantsfrançaiset leroiBéhanzinquireconnaissaitàlaFrancelapossessiondePortoNovoetquiluicédait Cotonou. Au mois de février 1891, Victor Ballot, quivenait d’être nommé lieutenant-gouverneur des établissementsduBénin,débarquaàCotonou.Lemoissuivant,Béhanzinlançaunerazziasurunerégiondépendantdel’établissementdePortoNovo et attaqua une cannonière française. Fin mai 1892, àCotonou, 2 000 hommes débarquèrent, commandés par lecolonelAlfredDodds.

Pour venir à bout du royaume fon, il fallut cependant à laFrancedeuxdifficilescampagnes.

La première débuta au mois de novembre 1892. Le 17novembreAbomeyfutpriseetBéhanzincontraintdesereplierdans l’intérieur du pays où il déclencha la guérilla. Nommégénéral,Doddslançalasecondecampagneaumoisd’août1893.Durant lemois de septembre, les troupes françaises prirent lecontrôle du nord du pays et fin janvier 1894 Béhanzin futcapturé9.

LaconquêteduDahomeyavaitouvertàlaFrancel’accèsauNiger. Mais il lui fallait auparavant réduire la principauté deNikki (ou de Borgou), également revendiquée par la Grande-Bretagne.La question de l’accès auNiger créa doncune fortetension entre les deux puissances. Finalement la raison

l’emporta et l’on négocia pour signer le 14 juin 1898 uneconvention réglant le contentieux régional franco-britannique,ce qui allait permettre aux Anglais de constituer l’immenseNigeria.LesFrançaisobtinrentNikkietdoncuneouverturesurle sud du Niger, tandis que les Anglais, qui voyaient leurpossessionduBas-Nigerreconnue,obtenaientenpluslecalifatdeSokoto(ouempiredeSokoto)aveclapossibilitédecréerunefenêtresurlelacTchad.

b)LacourseauTchad:coloniauxcontreesclavagistes(cartesnos15et16)

Dans les années 1880 il était devenu évident que le lacTchadétait laclefdevoûtedel’EmpireafricaindontlaFranceentendait se constituer.Laprogression françaisevers le lac futméthodique et se fit dans trois directions : depuis le Niger,depuis le Congo et depuis l’Algérie. Cependant, avantd’atteindre le lac Tchad, il fallut aux Français, triompher derudesadversairesdontRabah10.

L’ EM P I R E D ER A B AH : U N É TATG U E R R I E R E T E S C L AVAG I S T E

Rabah (ou Rabèh) naquit en 1845 à Salamat al-Bacha,l’actuelle Khartoum11. Il créa un empire guerrier dont larichessereposaitsurl’esclavagequi:

« (…) fournissait tout à la fois, la main-d’œuvre, lessoldats, les fonctionnaires, les hommes de confiance deschefs, un moyen de transport, un produit de luxe et unarticle d’exportation. L’esclavage soutenait cette

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milliers de bêtes de somme, bœufs, mulets et ânes tirant descentaines de chariots et de caissons. La progression fut doncextrêmement lente alors qu’il fallait affronter les impi zulu sedéplaçantavecrapiditéetpouvantattaquerlàoùilsn’étaientpasattendus.

Aprèsneufjoursdemarche,lordChelmsfordétablitsabaseau pied de la colline d’Isandhlwana, à 13 kmde son point dedépartseulement.Tôt,le22janvier,àlatêtede3000hommes,ilselançaàlarecherchedesZuludontlaprésenceluiavaitétésignaléeversl’est.

Labatailled’Isandhlwanaquieutlieule22janvier1879sedéroulasurlesiteducampdebaseanglaisavecseschariots,sesapprovisionnementsetsonparcàmunitionsquin’étaitdéfenduque par un peu moins de 1 800 hommes dont 400 recruesindigènespeuentraînées.LordChelmsfordquin’avaitpasprislaprécautiondeformercecampenlaager,ignoraitquel’arméezulu commençait à envelopper le camp qu’il venait juste dequitter.

Laprogressiondesdeuxforcesétaiteneffetbiendifférente.LesBritanniques,alourdisparleursconvois,n’avançaientqu’aupas des attelages. S’ils choisissaient la rapidité, alors, il leurfallait se séparer de leur train d’équipages,mais, dans ce cas,leur autonomie n’excédait pas une journée, voire deux, car ilfallait ravitailler hommes et chevaux. Toute la manœuvreconsista donc dans la création de camps à partir desquels desopérationspouvaientêtrelancées.

Les Zulu ne connaissaient pas ce problème puisqu’ilsportaientenpermanenceleurarmementetlavaleurdequelquesjours de vivres. Se déplaçant durant des heures en petitesfoulées,ilspouvaientattaquerlàoùilsn’étaientpasattendusetils combinaient à l’effet de surprise une attaque en tenaille,

enveloppant l’ennemi avant de le réduire. Cetteméthode avaitassurélestriomphesdeShaka,ainsiquenousl’avonsvu.

QuandlesZululancèrentleurpremierassautcontrelecampd’Isandhlwana, lord Chelmsford n’en était éloigné que de 16km. L’adversaire qu’il recherchait vers l’est venait doncd’attaquer sa base arrière. Les éclaireurs boers faisaient donccruellement défaut à l’armée britannique car il n’est pasconcevable,militairementparlant, que20000guerriersn’aientpasétésuivisenpermanencedansleursdéplacements.

Vers11h45,lepremierassautfutlancésurlesdéfensesducolonel Pulleine qui n’avait eu qu’un quart d’heure pour sepréparer à le soutenir, car ce ne fut qu’à 11 h 30 que seséclaireursluiannoncèrentleprochaindéferlementdemilliersdeZulu. Pourquoi les Britanniques ne formèrent-ils pas unlaager?Dejong (1981)abiendémontrédanssa thèseque lesdéfenseurs,prévenusdel’arrivéedesZulu,auraienteuletempsde mettre en laager leurs cinquante chariots sans avoir à lesattelerpuisqu’ilsétaientvides.

Vagueaprèsvague,lesguerriersfurentfauchésparlessalvesdes carabinesMartini-Henry.Mais, bientôt, lesZulu arrivèrentaucontact.L’ordredu«tiràvolonté»futdonnéetlesmodernescarabinesnepouvantplusretenirl’irrésistibleélandesguerriersde Cetshwayo, les baïonnettes durent être fixées au bout descanons brûlants. Ce fut la fin car, l’un après l’autre, lesdéfenseursfurentmassacrés.

À13h30,lederniercoupdefeufuttiré,puis,uneimmenseclameur fut poussée par les Zulu victorieux. Seuls trois centshommes purent se réfugier au Natal ; il s’agissaitessentiellementdesurvivantsducorpsdesvolontairesindigènesdu Natal (Natal Native Contingent) qui avaient cédé à lapanique lors du début de l’assaut zulu, ce qui avait d’ailleurs

permis aux impi de tourner les défenses anglaises. Surl’ensemble du champde bataille d’Isandhlwana, 1 329 soldatsbritanniquestrouvèrentlamort.

Quand lordChelmsfordparvint sur les lieuxde labataille,enfindesoirée,ildut,impuissant,secontenterd’écouterl’échod’une fusillade nourrie lui parvenant depuis la mission deRorke’s Drift située à une douzaine de kilomètres et où unecompagnie de fusiliers du 24e d’infanterie soutenait depuis lemilieu de l’après-midi l’assaut de 4 000 Zulu commandés parDubulamanzi, le frère de Cetshwayo. La nuit tombée, lescombats s’y poursuivirent à la lueur des incen-dies, puis, versminuit, lesassaillants se replièrent,abandonnant750cadavres.LesdéfenseursdeRorke’sDrift,quinecomptaientque15tués,avaientempêchélesZuludedéferlersurleNatal.

c)Lacolonnesud

Sanscontacts avec la colonnecentrale, le colonelPearson,commandant la colonne sud, c’est-à-dire l’aile droite dudispositifde lordChelmsford, remplitpointparpoint ledébutdesamission.IlfranchitainsilarivièreTugelale12janvieret,aprèsuneprogressiond’unetrentainedekilomètresàl’intérieurduterritoirezulu,ralentieparunconvoide384chariotsetde3400animauxdebât,ildécidademettreuntermeprovisoireàsamarche de treize jours. Il installa alors son camp à lamissiond’Eshoweoù,avecses4750hommesdont2250indigènesdesNatal Native Contingent et Natal Native Pioneer Corps, ilattenditlesordres.

Le28janvier,soitsixjoursaprèslabatailled’Isandhlwana,ilreçutunmessagedelordChelmsfordneluimentionnantpasledésastremaisl’informantquetouslesordresétaientannulés

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c)Lestroisphasesdelaguerre(cartesnos18-21)

LaguerredesBoers s’est déroulée en trois phases.Durantles deuxpremières, les vieux chefsboers qui accumulèrent leserreurs, eurent la chance d’avoir en face d’eux des générauxbritanniquesincompétents.Aveclatroisièmepériodeduconflit,celledelaguérilla,lesjeunescommandantsboersdonnèrentlamesuredeleurpugnacitédansuneguerrefaitedecoupsdemaindans laquelle les hommes des kommandos excellaient.Cependant, il était trop tard car le pays avait été broyé par lerouleaucompresseurbritannique.

Phase1

D’octobre1899àjanvier1900,lesBoerspassèrentpartoutàl’offensiveetilsenfoncèrentleslignesanglaises.

Lecommandantenchefboer,levieuxgénéralPietJoubert,futcependantdépasséparl’ampleurdelavictoireetilsemontraincapable de l’exploiter. Au lieu de poursuivre les Anglaisjusqu’à l’océan Indien et de prendre la ville de Durban, ilpréféra immobiliser ses meilleures troupes pour assiéger despoches anglaises isolées. Ce furent les sièges inutiles deLadysmith,deKimberleyoùCecilRhodessetrouvaencerclé,etdeMafekingoùs’illustralecolonelanglaisBaden-Powell,futurfondateurdes«BoysScouts».

Durant cette première phase de la guerre, les Britanniqueslancèrent une triple contre-offensive destinée à dégager lesgarnisons assiégées. Mais elle s’acheva par trois terriblesdéfaitesàStormberg, le10décembre1899,àMagersfontein le11décembreetàColenso le15décembre.Cefut la«semainenoire»BlackWeekquiprovoquaunvéritableséismeenEurope

où les caricaturistes ne se privèrent pas de ridiculiser lestroupiers de la reine Victoria affrontant des combattants plusredoutables que leurs habituels adversaires, les guerrierspathans, ashanti ou mahdistes. Cependant, soutenu par uneopinion acquise au parti de la guerre, le Premier ministreChamberlain fit parvenir d’importants renforts au corpsexpéditionnairequiatteignitbientôt270000hommes.

Phase2

Durant la seconde phase de la guerre, comprise entre lesmois de janvier et d’octobre 1900, lesBoers furent submergéssouslenombre.Leursvieuxchefsavaientcommisunenouvelleerreuren se laissantentraînerdansuneguerremodernevouluepar l’État-major britannique. Ils n’avaient en effet aucuneexpérience du déplacement coordonné de grosses unités, de laconcentration des moyens, de l’utilisation rationnelle del’artillerieoumêmedel’unitéducommandement.

Les voies ferrées eurent pour les Britanniques un intérêtstratégiquedepremièreimportancedanslamesureoùellesaboutissaientauxportsdanslesquelsétaientdébarquéslesrenforts.Pourprotégerlestrainsetlesvoiesferréesfurentutiliséesdans un premier temps des plates-formes armées bientôtremplacéespardestrainsblindés.Dansuntrainblindé,lalocomotiveetletenderdecharbonétaientblindésetplacésaumilieuduconvoi.Leconducteuretlemécanicienétaientprotégéspardesblindagesetchaquewagonétaitaménagéen fortin roulant avec desmeurtrières à l’abri desquellesles soldats pouvaient tirer. L’équipage d’un train blindé

étaitcomposédefantassins,d’artilleursetdemembresdugénie (lesRoyalEngineers), de deux télégraphistes, d’unsecrétaire, de deux conducteurs et de deux pompiers.L’armementd’un trainblindéétait composédecanonsdediverscalibres.

Phase3

Latroisièmephaseduconflit,celledelaguérilla,futlapluslongueetlaplusmeurtrière.Elles’étenditdenovembre1900àmai1902etvitlesjeuneschefsboers,JanSmuts,LouisBotha,Jacobus De La Rey, Christiaan De Wet, Manie Maritz, etc.,prendrelecommandementdesopérations.LesBritanniquesquipensaientavoirgagnélaguerresevirentpartoutattaquéspardesadversaires insaisissables surgis du Veld. Le corpsexpéditionnaire se trouva même bientôt en position délicate,engluéetfixélelongdesvoiesdechemindefer.

Nouveaucommandantenchefbritanniquedepuislemoisdenovembre1900,legénéralHoratioKitchener,quiavaitassissaréputationcomme«pacificateur»duSoudanen1898contrelesarméesduMahdi,devaitdonc,coûtequecoûte,tenterdelimiterl’autonomiededéplacementdeskommandos.

Ilfitalorsquadrillertoutlepayspardeslignesdebarbelésetdespointsfortifiés–lesblockhouses–,quidevaientprendreaupiégeleskommandosdansdessortesdedamiersoùpensait-il, il serait facile de les exterminer7. Ce fut un échec car lesBoers apprirent à couper et à franchir ces réseaux barbelés.Quant aux blockhouses, ils devinrent vite des pièges danslesquels se retrouvèrent isolés des milliers de soldatsbritanniques.

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reconnaître lesfrontièresquelesItaliensprétendaientdonneràcettedernière.

LaguerreéclatasurunmalentenduhabilementexploitéparRome et qui datait de la signature du traité d’« amitié »d’Ucciali(WuchalépourlesÉthiopiens) le2mai1889.Rédigéendeuxlangues,italienetamharique,sesdeuxversionsétaientdifférentes. Dans le texte amaharique, il était stipulé quel’empereur d’Éthiopie, Ménélik, pouvait, s’il le souhaitait, setournerversl’Italiepourqu’ellel’aideenmatièrediplomatiques’il éprouvait des difficultés à communiquer avec l’Europe.Laversionitaliennestipulaitquel’Éthiopieavaitl’obligationdesetourner vers l’Italie avant toute initiative diplomatique. Or, sil’Éthiopien’étaitplusmaîtressedesadiplomatie,celasignifiaitqu’elleétaitdoncdevenueunprotectorat.Le11octobre1889,alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, FranciscoCrispi demanda ainsi aux ambassadeurs italiens de porter à laconnaissancedesPuissancesquel’Italieplaçaitl’Éthiopiesoussonprotectorat.

Furieuxdedécouvrirqu’ilavaitétéabusé,Ménélikprotestaauprès du roi d’Italie ; en vain. En conséquence de quoi ilrompitpeuàpeules lienséconomiquesavecRomeetenfin, le12 février 1893, il dénonça le traité d’Ucciali, réaffirmant quel’Éthiopieétaitunenationsouveraine.

Les relations entre les deux pays s’envenimèrent ensuiterapidementcarlesItaliensnerespectèrentpaslafrontièreentrel’Éthiopieetleurcolonied’Érythréetellequ’elleavaitpourtantétédéfinied’uncommunaccordlorsdelasignaturedutraité.

Franchissant la rivière Mareb, les forces italienness’enfoncèrent ainsi dans le Tigré éthiopien. À partir de cemoment, l’Éthiopie qui avait compris que Rome cherchait laguerre, se mit à acheter de grandes quantités d’armes. Le 17septembre 1895, les empiétements italiens se poursuivant, elle

décréta la mobilisation générale à laquelle des centaines demilliersd’hommesrépondirent.

PourlesItalienslechoixétaitdèslorstrèsclair:stopperlaprogression en territoire éthiopien ou continuer à avancer.Comme lamobilisation éthiopienne était lente compte tenu del’immensitédupays, ilsdécidèrentdecontinueràavancer tantqu’ils ne rencontreraient pas de résistance. Or, le 7 décembre1895, une de leurs colonnes se fit surprendre et encercler àAmba-Alagi et elle laissa sur le terrainplusde2000hommessuruneffectifde2300.Cedésastrefutsuivid’unsecondle21janvier 1896, quand, encerclée et après deux semaines debombardement, la garnison italienne deMekele (Makalle), auTigré,capitula(carten°23).

Pour Francesco Crispi, Premier ministre depuis 1893, cesdeux graves échecs devaient impérativement et rapidement êtreeffacésparuneéclatantevictoireetc’estpourquoi,aumoisdejuillet 1895, il ordonna au général Baratieri d’engager laconquêtede l’Éthiopie.LadécisiondeCrispiétaitdoublementmotivée:

– pourdesraisonsdepolitiqueintérieure,révoltespaysannesetmouvementsrévolutionnairesd’inspirationsocialiste,ilnepouvaitaccepterleséchecsmilitairesquilemettaientendifficultédevantlesdéputés;

– ilredoutaitlesambitionsdeParisdanslarégion,orlaréalisationencoursduchemindeferDjibouti-Addis-Abebaallaitfaired’unecoloniefrançaiselepoumondel’ÉthiopieetcelaauxdépensdeMassawa,portitalien.

Lecommandantenchef italien, legénéralOresteBaratieri,gouverneurdel’Érythrée,étaitparfaitementconscientdelaforce

de l’armée éthiopienne. C’est pourquoi il avait privilégié ladéfensive en installant ses troupes à l’abri de fortifications.Crispi qui considérait ce choix comme timoré, avait décidé deremplacer Baratieri mais, dans l’immédiat, il lui ordonna delivrerbataille.Or,àcemoment-là,l’arméeéthiopienneavançaitendeux colonnesvers la lignededéfense italienne, l’uneversAdouaetl’autreversAsmara.

Cette stratégie offensive sur deux fronts était destinée àdétruire les concentrations italiennes à l’intérieur du territoireéthiopien. Ménélik qui voulait commencer par isoler lescolonnesitaliennesavaitdécidéd’enattaquerlespartieslesplusaventurées, toutencontournant lespositionsbiendéfenduesetcela,pourmarchersurAdoua.Autotalc’étaientplusde100000hommesbienéquipésenarmesàfeumodernesetgalvanisésparleurs précédentes victoires qui s’apprêtaient à fondre sur uncorpsdebatailleitalienprèsdedixfoisinférieurennombreetqui,deplus,allaitimprudemmentsortirdesesretranchements.

Or,siBaratieriavaitattendu,iln’yauraitpaseudebataillecarlesÉthiopiensavaientunpointfaible:leravitaillement.Lafaminecommençaitmêmeàpoindredansleursrangscarles100000hommesdel’arméeéthiopienneprojetéssansravitaillementavaient en effet épuisé lespossibilitésde la région etMénéliks’étaitdonnéjusqu’au3ou4marsavantdeleverlecamp.

b)Labatailled’Adoua(1ermars1896)(carten°24)

Alorsque,depuisle18février,lesdeuxarméesétaientà25kilomètres l’une de l’autre, Baratieri décida de lancer uneattaque surprise, non pour détruire l’ennemi, objectif jugéirréaliste compte tenu de la disproportion des effectifs, maispour lui tendre un piège en prenant position sur trois collines

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senoussistes attaquèrent les Italiens bien que Rome,pourtantalliéedel’Autriche-Hongrieetdel’AllemagneauseindelaTriplice,aitdécidéderesterneutre.

Les27et28novembre1914,lesforcessenoussistesprirentSebha où elles massacrèrent la garnison. Les Italiensévacuèrent alorsMourzouk etGhât pour se replier sur lacôte, ne tenant plus que les villes de Benghazi, Cyrène,Derna et Tobrouk en Cyrénaïque, Tripoli et Homs enTripolitaine. Le 21 août 1915, quand l’Italie déclara laguerreàlaTurquie,elleavaitquasimentperdulecontrôledelaLibye.

Le21février1915,enCyrénaïque,lefrèred’EnverPacha,Nury Bey, débarqua d’un navire grec de contrebandeaccompagnéd’unedouzained’officiers turcsetallemandsafin d’encadrer les combattants senoussistes. À la fin dumoisdenovembre1915, les forcessenoussistes,enappuide l’offensive turque en direction du canal de Suez,progressèrentversl’estetprirentSollumetSidi-BarranienÉgypte.Le25décembre,unecontre-attaquebritanniquelesrepoussa.Lesofficiersturcsfurentpresquetouscapturésetla Sanusiyya se divisa. Son chef, Idriss as-Senussi,s’entendit ainsi avec les Britanniques, reconnaissant auxItaliens la possession des territoires qu’ils occupaienteffectivement et demandant en échange que soit créé unÉtatdeCyrénaïque.

EnTripolitaineetauFezzan,souslesordreschefberbèreSoleimanel-Baruni,larésistancefutenrevanchetrèsforte,en partie encadrée par des officiers turcs, contraignant laFrance à immobiliser des troupes sur la frontièretunisienne. En 1916, tout le flanc saharien français fut

même menacé à partir du Fezzan. Au mois de décembre1916,lesFrançaisabandonnèrentleTassilidesAjjeretsereplièrent sur fort Flatters, cependant qu’Agadès étaitmenacée.Aumoisdejuin1916,lesItalienscontre-attaquèrent,maisilsneparvinrentpasàreprendrelaTripolitaine.Mourzoukdemeuraainsi souscontrôle turcet senoussiste jusqu’à lafindelaguerre.Au mois de janvier 1917, les Italiens remportèrent unevictoire surSoleiman elBaruni et le 17 avril 1917, par lepacte d’Acroma, l’Italie reconnut l’autonomie de laCyrénaïquesousl’autoritédel’émirIdrissas-Senussi,quiacceptadefaitlaprésenceitalienne.

I.LaguerreenAfriqueduNord:objectifSuez

Aumois de janvier 1915, le canal deSuez futmenacé parunepuissanteoffensivemenéeparlegénéralDjemalPas,a1,àlatête d’une armée de 80 000 hommes. Cette offensive étaitdestinéeàreprendrel’initiativemilitairecar,depuisledébutdeshostilités, l’armée turque subissaitune très fortepressiondanslegolfefaceauxBritanniquesquiavaientprisBassoraetFao,etfaceauxRussesdansleCaucase.

À l’Ouest, en s’appuyant sur la confrérie sénoussiste, lesTurcstentèrentdedéstabiliserunevastezones’étendantdepuislaTripolitaineaunord,leFezzanausud-ouestetleDarfourausud. Cette politique posa des problèmes aux Italiens enTripolitaine,auxFrançaisdansleSaharaorientaletauxAnglais

danslapartieoccidentaleduSoudan.Cesderniersréagirenten1916 en occupant le Darfour. Jusqu’à cette date, ils avaientlaissé la région vivre une existence quasi autonome, secontentant d’une vassalité plus que théorique.Mais, en 1916,quand le sultan du Darfour sembla se rapprocher des Turcsprésents en Libye, le gouverneur général Wingate décidad’intervenirafind’évitertoutrisquedecontagion.

AuMaghreb,l’Algérienefutpasdirectementtouchéeparlaguerre, à l’exception d’un bombardement naval effectué pardeuxcroiseursallemands, leBreslauet leGoeben audébutdumoisd’août1914.Lamobilisationàgrandeéchelleeffectuéeauseindelapopulationfran-çaiseeutd’importantesconséquencescar les cadres et les colons une fois mobilisés, le maillageeuropéen de l’Algérie intérieure se relâcha considérablement.Dans les zones de colonisation les plus récentes, l’on assistamêmeàunrepliverslescentresurbainsdenombredefamilleseuropéennes.

AuMaroc, la déclaration de guerre intervint à unmomentparticulièrementdifficilecarla«pacification»yétaitalorsloind’être achevée et les troupes françaises n’occupaienteffectivementqu’unepartiedupays.Deplus,biendes régionssoumises ne l’étaient que superficiellement. Or, le résidentgénéralLyauteyavaitreçudesordrestrèsclairs:replierverslacôte les unités qui tenaient les contreforts de l’Atlas afin depouvoirenvoyerlemaximumdetroupessurlefronteuropéen.Iln’ignorait pas qu’un tel repli entraînerait une révolte généralequi aurait des conséquences dans tout le Maghreb. Il réussitdoncà rallier legouvernementàuneautreoptionqu’ilbaptisad’unemanièreimagéede«politiquedelalangouste»:aucuneposition avancée ne serait abandonnée, mais les troupes depremière ligne qui les tenaient seraient remplacées par des

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faire face aux offensives ennemies et de lancer des contre-attaques.

a)Larésistanceallemande

Au point de vuemilitaire, la Schutztruppe allemande étaitsurtoutuneforcedepolice.Destinéeaumaintiendel’ordre,ellen’était pas une armée ayant vocation à participer à une guerremoderneàl’européenne.

La troupe était fractionnée en 14 compagnies dontl’armementétaitlargementdéclassé,lamajoritédesfusilsétantdumodèle 71 à poudre noire de calibre 8x8. Six compagniesétaientnéanmoinséquipéesdefusilsmodernesdumodèle98decalibre7x9mm,en servicedans l’arméeallemande.L’artilleriesecomposaitd’environ50canonsdetouscalibresallantdu105mm au 37 mm. Ce parc fut ultérieurement renforcé par lescanonsenlevésàdeuxnavires,leKönigsbergetlaMöwe.SurlelacVictoria, lesAllemandsdisposaientdedeuxvapeursarmés,leMwanza et leOtto-Heinrich et sur leTanganyika,dequatrenavires, le Hedwig von Wissmann, le Kingani, le Graf vonGötzenetleWami.

Au début de la guerre, von Lettow ne possédait que troiscamions bien vite hors d’état de servir et c’est pourquoi unearméedeporteursfutrecrutéepourravitaillerlaSchutztruppe ;en moyenne, trois porteurs par combattant furent nécessairesdurantlaguerre.

Ladisproportiondesforcesapparaîtnettementlorsquel’onconsidère le train des équipages.LaSchutztruppe ne disposaiten effet que de trois automobiles et de trois camions de troistonnesalorsquelesBritanniques,etplustardlesSud-Africains,entotalisèrentplusieurscentaines.Oruncamiondetroistonnes

remplaçait600porteurs.Lachargeutiledesporteursétaitde25kilos, mais comme il leur fallait un kilo de ravitaillement parjour, le déplacement des colonnes était conditionné parl’obligationdenetraverserquedescontréesoùilétaitpossiblede les nourrir. Disposant de nombreux véhicules, les Alliésn’eurentpasceproblème.Deplus, lescamionsnecraignantnilesmoustiques,nilamouchetsé-tsé,nilesmaladiestropicales,ilspouvaientemprunterdesitinérairesinterditsauxcaravanes.

Avantmobilisation, laSchutztruppe était composéede216officiers et sous-officiers allemands et de 2 540askaris.À cetotal,ilconvientd’ajouteruneforcedepolicede45Allemandsetde2140askaris.Chaquecompagnieétaitcommandéeparuncapitaine ayant sous ses ordres 16 officiers et sous-officiers,tous Allemands, et 160 askaris. Chacune de ces compagniesavait, en temps de paix, un effectif d’environ 250 porteurs etétaitdotéede2mitrailleuses.Aprèsmobilisationdescolonsetdes réservistes – environ 2 500 hommes –, et l’appel auxvolontaires noirs, von Lettow fut en mesure d’aligner 18compagniesaulieude14.Puis,àpartirde1915,quandles322marinsduKönigsbergetles102delaMöwefurentdébarqués,ildisposa de 60 compagnies d’infanterie et de deux compagniesmontées,chacuned’entreellesàeffectifde200askaris.

Audébutdelaguerre,lesBritanniquesdisposaientdetroisrégimentsdesKing’sAfricanRiflesàeffectifde1200hommeschacun,soit3600combattants.ParrapportauxAllemands, ilsétaient donc initialement en position d’infériorité numérique,mais la mobilisation des colons s’effectua et des renfortsarrivèrent de tout l’Empire, ce qui fit que les effectifsbritanniquesdépassèrentbientôtles80000hommes.

Pour contrôler leur immense colonieduCongo, lesBelgesdisposaient pour leur part de 18 000 hommes recrutés

localement. Il s’agissait plus d’une force de police destinée àmaintenir l’ordre que d’une armée apte à affronter un ennemieuropéen. En Afrique comme en Europe, la Belgique pensaitque sa neutralité était sonmeilleur bouclier. L’encadrement deces hommes était d’unEuropéen pour cinqNoirs. L’armementétaitcomposédu fusilAlbinimodèle1867et seules les forcesdu Katanga étaient équipées de fusils à répétition. L’artilleriebelgequiétaitperformanteétaitconstituéede12canonsde70mmSaint-Chamond.

Avec les moyens dont ils disposaient, les Britanniquesavaient trois possibilités d’action, soit débarquer au pointd’aboutissementdel’unedesdeuxvoiesferréespourlesutiliserdans une progression vers l’intérieur ; soit attaquer depuis lenord,àpartirduKenya,afindecouperleNordbahn etensuiteprogresser vers le sud. Dernière option, une action combinéeanglo-belge : les Belges progressant depuis le Congo et lesBritanniques depuis l’Ouganda afin de converger à Tabora.Cette manœuvre anglo-belge eut bien lieu, mais en 1916seulement.

En Afrique-Orientale, les hostilités débutèrent le 8 août1914aveclebombardementdelaville,duportetdelastationdeT.S.F.deDares-Salaampardeuxcroiseursanglais, l’AstréeetlePégase.EnapplicationduplandécidéparvonLettow,lesresponsables militaires des districts passèrent à l’offensive àpartirdu14août.

Entre le Kilimandjaro et l’océan Indien, les Allemandseurent d’abord l’avantage. Comme ils ne parvenaient pas àarrêter leur offensive, les Britanniques effectuèrent undébarquement à Tanga, en novembre 1914, afin de lescontraindre à combattre sur deux fronts. Seize navires anglaismirentainsiàterreuncorpsexpéditionnairede6500hommes.Ce fut un échec, et le 5 novembre, la victoire allemande était

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Au nord du Maroc, dans la zone qui leur revint, lesEspagnols eurent bien des difficultés avec les tribus, et leurpolitiqueyfutconstammenthésitante.PrésentsàMelilla,àl’Estet dans l’Ouest atlantique, ils furent longtemps bloqués dansleurprogressionversl’intérieur.Dansl’arrière-paysdeMelilla,le chérif Ameziane leur infligea même deux terribles défaites,l’uneaumoisdejuillet1909àBarrancodelLoboetl’autre,aumoisdeseptembre,àSoukel-Khémis.N’étantpasenmesurederelierparvoiedeterreleursdeuxpointsd’appuideTétouanetdeMelilla, la seule solution qui leur restait était de tenter undébarquement dans la baie d’Al-Hoceima. Ce projet étant trèsrisqué, il fut plusieurs fois repoussé et les Espagnols secontentèrent d’occuper l’îlot de Nekkour dans la baie, de lefortifieretdenouerdescontactsaveclepuissantchefdesBeniOuriaghel,Abdel-Krimel-Khettabi.Cedernierquiconsidéraitles Espagnols comme peu dangereux pour son indépendancechoisit de se rapprocher d’eux pour triompher de ses rivauxrifainsetilenvoyasonfilsMohamedsemettreàleurservice11.

En1911lesEspagnolsdemandèrentàAbdel-KrimpèredelesaideràdébarqueràAl-Hoceimaafindetenterunmouvementde prise à revers d’Ameziane mais, au dernier moment, ilsrenoncèrentàleuropérationetAbdel-KrimquiseretrouvaseulfaceàsesrivauxdutseréfugieràNekkourpuisàTétouan.En1912, après la mort d’Ameziane, il revint dans sa tribu et yattenditunenouvellefoislesEspagnolsquirenoncèrentencoreàdébarquer.

Durant la guerre de 1914, il joua la carte allemande et aumois d’août 1915 lesEspagnols soupçonnèrent son fils de lestrahir. Interrogé, ce dernier déclara qu’il n’avait rien contrel’Espagne si cette dernière se contentait de la zone qu’elleoccupaitetabandonnaittouteidéedeprendrelecontrôleduRif,

maisqu’enrevancheils’opposeraitàtoutempiétement.Aumoisdeseptembre1915, lesEspagnols lemirentenprison.Abdel-KrimpèreserapprochaalorsdeMadridetacceptaunenouvellefois de soutenir un débarquement à Al-Hoceima programmédurant l’été 1916, ce qui permit la libération de son fils.L’Espagne ayant une fois encore renoncé, Abd el-Krimconsidéra qu’il était dangereux de continuer à collaborer avecelleetildécidaderompre.

b)Lesdéfaitesespagnoles

Le12 février1920, legénéralManuelFernándezSylvestrefut nommé commandant-général du secteur de Melilla et uneopérationcombinéefutdécidée.Sacomposante terrestredevaitprogresseràpartirdeMelillacependantqu’undébarquementàAl-Hoceimadevait permettre de prendre lesRifains à revers12.Aumoisdemars,sonsupérieur,legénéralBerenguerrenonçaaudébarquement et il ordonna une offensive terrestre à partir deMelillaverslabaied’AlHoceima.L’erreurdugénéralSylvestrefutque,au lieudemarchervers l’ouestendirectionduMonteMaurodéfendupar lesBeniSaid, il décidade faireundétourparlesudetMonteArruit.

L E S T R O U P E S D E C H O C D E L ‘ A R M é EE S P A G N O L E

L’armée espagnole étant essentiellement composée derecrues, le lieutenant-colonel Millán Astray proposa decréerune troupeprofessionnellecomposéedevolontaires,à l’image de la Légion étrangère française, et destinée àopérerauMaroc.

Le 2 septembre 1920, par décret royal signé par le roiAlphonse XIII, naquit le Tercio ou Légion étrangèreespagnole dont le commandement fut donné au colonelMillánAstrayetdontlapremièrebanderaenformationfutconfiéeaucommandantFranciscoFrancoalorsàpeineâgéde 28 ans. Grande figure de l’armée espagnole, lecommandant Franco avait servi dans les Regulares où ilavait gagné une réputation à la fois de chef au courageexemplaireetdemeneurd’hommes.

Pour tenir leurs possessions marocaines, les Espagnolslevèrent sur placedes contingents de supplétifs à l’imagede laMilicia Voluntaria de Ceuta, de la Compania deMorosdeMelillaouencoredesTiradoresdelRif.En1913,unefoisletraitédeprotectoratsigné,cesmilicesfurentregroupéessousuneseuleorganisationquieutpournomlesFuerzasRegularesIndígenasplusconnuesouslenom deRegulares (Benjelloun, 1988). En 1914, sous lecommandementduKhalifareprésentantlesultanmarocain,fut constituée une force uniquement marocaine avecencadrementespagnol, laMehallakhalifianaquiatteignitl’effectifde8000hommesen1936.

Lamanœuvreétait risquéecarelleallongeait considérablementlamarchedesatroupeessentiellementcomposéederecruespeuentraînées,peumotivéesetsous-équipées.Entrelesmoisd’avril1920 et de juin 1921, il lança une série d’opérations qui luipermirent d’avancer de plusieurs dizaines de kilomètres etd’édifier46postes;plusieurstribussesoumirentalorsdontlesBeniSaïd,lesBeniUliseqetlesTemsaman.Encouragéparcesvictoires faciles, le général Silvestre commit ensuite quatre

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1. Pour la question des résistances dans le Sud-Est du Maroc, voir Ross(1977).2. Sur laméthode Lyautey, voir, entre autres, et parmi les publications lesplus récentes :Franc (2012),Gillet (2010),Hoisington (1995),Huet (2012),LevillainetFerragu(2011).3.Résistanceessentiellementberbèreàcetteépoque.4.Duguerriermarocaindesplainesoudesmontagnesqu’ilconnaissaitbienpouravoircommandélesgoumsmarocainsdurant laCampagned’Italie, legénéral Augustin Guillaume (1895-1983) disait : « II sait sacrifierdélibérément sesbiens, sa familleetplus facilementencore savie.Aucunetribu n’est venue à nous dans un mouvement spontané. Aucune ne s’estsoumise sanscombattre, et certaines sansavoir épuisé, jusqu’audernierdeleursmoyensderésistance»(Guillaume,1946:80).5. « Fauchés par le tir des carabines et des mitrailleuses, écrasés sous lesobus,puistaillésenpiècesparlacavalerie,leshommesbleusetleursalliésdu Haouz, après plusieurs retours offensifs, avaient lâché pied, fuyant lechampdebataillejonchédeblessésetdecadavres.»(Weisgerber,1947).6.SurlesrésistancesdesAïtNdhirBeniM’TiretdesAïtYoussiduMoyen-Atlas dans les années 1911-1920 ainsi que sur la biographie de MohandN’Hammoucha qui participa au siège deFès en 1911, voirBurke etTauris(1993).7.Parlantdecetterégionqu’ilcomparaitàuncouloir,Lyauteydisait:«C’estuncouloir;dansunemaison,lecouloirn’estpaslapiècelaplusriche;maisc’esttoutdemêmeunepièceutile,intéressante,indispensable»(CitéparlecapitaineVial,1938:94).8.Pour toutapprofondissementdecettequestion, ilest indispensabledesereporteràlabibliographiedresséeparMustaphaAllouh(2010).9.Nousparleronsdeluisouslenomd’Abdel-Krim.10.VoiràcesujetWoolman(1968),Charnay(1978),Ayache(1981et1996),Campos(2000),Gershovich(2000),Courcelle-LabrousseetMarmié(2008).SurAbdel-Krimet laguerreduRif,mêmesicettepublicationestdatéeetidéologiquement inscrite dans le contexte de la lutte anti-impérialiste de ladécennie 1970, il est indispensable de se reporter au colloque internationald’étudeshistoriquesetsociologiquestenuàParisen1973,dontlethèmeétaitAbdel-KrimetlaRépubliqueduRifetdontlesactesfurentpubliésen1976.11.Tousdeuxfurentdécorésdel’ordred’IsabellelaCatholique,prestigieuse

décorationespagnole.Abdel-Krimpèremourutle7août1921.12.Pour tout cequi a trait aux campagnesmilitaires espagnoles auMaroc,voir Madariaga (2005) ; pour ce qui concerne plus particulièrement lesopérationsespagnolesdurantlaguerreduRif,voirWoolman(1968).13.LescirconstancesdelamortdugénéralSylvestrenesontpasclairementétablies car son cadavre ne fut pas retrouvé. L’idée dominante est qu’il seserait suicidé, mais certains témoignages de survivants donnent une autreversion,àsavoirqu’encercléavecsonétat-major,ilauraitcombattujusqu’àlamort.14.Blesséle31juilletetamputésansanesthésie,ilmourutdegangrènele5août.15.Deuxavionsespagnolslarguèrentdesblocsdeglacesurlesassiégés.16.LaquestionseposedesavoirpourquoilacolonnedugénéralSylvestreétait aux deux tiers composée de recrues métropolitaines non motivées etnon entraînées alors que la force de frappe espagnole, à savoir l’arméed’Afrique,étaitengagéeausuddeTétouan.17. Durant toute la guerre, les Rifains furent soutenus par le PartidoComunista de España et par les partis catalans Accio Catalana et EstatCatalà(Martin,1973).18.D’ascendanceidrisside,doncdescendantduProphète,ceféodalDjebalaoriginaireduRifoccidentalavaitforcélesultanAbdelazizàcomposeraveclui. Nommé gouverneur de Tanger, c’est lui qui avait accueilli l’empereurGuillaumeIIen1905.AyantcomprisquelaFranceallait«avaler»leMaroc,il choisit de s’allier aux Espagnols pour maintenir son autonomie. Ce futd’ailleursgrâceàluiqu’en1911,ilspurentdébarqueràLaracheetàAsilah.Puis, en 1913, il rompit avecMadrid quandMoulay el-Mehdi fut nomméKhalifa du sultan. Durant le premier conflit mondial il joua la carteallemandepuis,àpartirde1919, lenouveauhaut-commissaireespagnol, legénéralDámasoBerenguereutpourprioritédeprendre lecontrôledupaysDjebalaafindedégagerTétouaneten1920,Chefchaouenfutoccupée.Le22mai 1922, Raissouni fut battu par Espagnols mais au mois de juillet, cesderniersétantauxabois,ilsfirentappelàluiafindeconserverlecontrôledusecteurouest.Après l’abandondeChefchaouenpar lesEspagnols,Abdel-Krimvoulut alors raccorder leRif et le paysDjebala etRaissouni, appuyésurlesKhmès,futalorsledernieràpouvoirfaireobstacleàceplan.Capturéle8février1925parlesRifains,ilmourutle3avril1925.19. En 1924 Lyautey avait soixante-dix ans et il venait juste de rentrer au

Maroc après une intervention chirurgicale qui l’avait éloigné de son postedurant plusieurs mois. Il était cependant en pleine forme physique etintellectuelle.EnFrance, leCartel des gauches était aupouvoir etÉdouardHerriotavaitsuccédéàAlexandreMillerandcommePrésidentduConseil.

20. « Lapeyre Pol, sous-lieutenant au 5ème régiment de TirailleursSénégalais,commandantlepostedeBeni-Derkoul,comprenant4Françaiset31 Sénégalais, a tenu en échec pendant 61 jours un ennemi ardent etnombreux, a conservé jusqu’au dernier jour un moral superbe, sans uneplainte,sansunappelàl’aide.Le14juin1925,submergéparleflotennemi,afaitsautersonposteplutôtquedeserendre,ensevelissantàlafoissoussesruines les restes de sa garnison et les assaillants.Mérite que son nom soitinscritaulivred’ordel’armée.»Signé:LouisHubertLyautey,MaréchaldeFrance.21.Pour tous lesdétailsconcernantcesépisodes,voirCourcelle-LabrousseetMarmié(2008:161etsuivantes).22.LemaréchalPétainétaitinspecteurgénéraldel’arméedepuislemoisdefévrier1922.Ilinspectalefrontmarocaindu17au27juillet1925.23. Le 20 janvier le général Stanislas Naulin fut remplacé commecommandantsupérieurdestroupesduMarocparlegénéralEdmontBoichut.24.MinistredelaGuerredanslecabinetBriandentredécembre1916etmars1917, Lyautey s’y fit de nombreux ennemis parmi certains cadresmétropolitains qui jalousaient les « coloniaux », ces hommes des grandsespaces habitués aux plus larges initiatives. Comme il le faisait d’ailleursremarquer : « Il n’y a pas de ces petits lieutenants, chef de poste ou dereconnaissance,quinedéveloppeensixmoisplusd’initiative,d’endurance,de persuasion, de personnalité qu’un officier de France dans toute sacarrière».25.Pourcequiconcernelacollaborationfranco-espagnoledurantlaguerreduRif,voirXavierHuetzdeLemps(1991);pourtoutcequiconcernelerôledel’aviationmilitairefrançaisedurantcettemêmeguerreduRif,voirJérômeMillet(1987).26. Abd el-Krim fut exilé sur l’île de La Réunion ; alors qu’il avait étéautoriséàserendreàMarseille,aumoisdemai1947,ilprofitad’uneescaleàSuezpour s’évader. Il finit ses jours enÉgypte où ilmourut le 6 février1963.LecolonelNasserluiorganisadesfunéraillesnationales.27.L’emploide tellesarmesvalutd’ailleursà l’Italiedese trouvermiseen

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zoneslesplusimpénétrablesdelaforêtdemontagne.Laguerrepritfinofficiellementaumoisd’octobre1956aveclacaptureduprincipal chef Mau Mau, Dedan Kimathi, suivie de sapendaison.

Lebilandecetteguerrequiavaitcoûté55millionsdelivresauTrésorbritanniquefut,chezlesEuropéens,de32civilsetde63 soldats tués, chez les Asiatiques, de 26 civils et de 12soldats, quant aux Africains, leurs pertes en vies humainess’élevaient à 100 policiers ou soldats, 1 800 civils et 10 000MauMau.Un peu plus d’unmillier deMauMau avaient étépenduset90000suspectsétaientdétenus7.

Après avoir pris l’avantage sur le terrain, les Britanniquesfirent participer les populations du Kenya à la gestion duterritoire, tout en négociant les modalités de l’indépendanceavecJomoKenyatta,pour-tantaccuséd’êtreundeschefsde larévolteMauMauetquifutlibérédeprisonen1961.

L’ E XP É D I T I O N D ES U E Z ( 1 9 5 6 )

Afindebienmontrerquel’Égypteétaitunpayssouveraineteffectivement«non-aligné»,lecolonelNasserentrepritde nouer des relations commerciales avec le blocsoviétique. Afin de diversifier ses armements, il décidad’acheter des armes auprès des fabricants de l’Europe del’Est,cequiprovoqualacolèredesOccidentauxlesquels,en représailles, décidèrent de ne pas participer aufinancement des travaux du barrage d’Assouan. Le 26juillet 1956, pour répliquer à ce refus, il nationalisa lecanal encore détenu à plus de 40% par des intérêtsessentiellementbritanniqueset ilplaça sous séquestre les

biens de la Compagnie universelle du canal de Suez.Britanniques et Français retirèrent alors leurs techniciensquifurentremplacésnotammentpardesIndiens.

AntonyEden, Premierministre britannique, était partisand’unerépliqueénergiqueàcequ’ilconsidéraitcommeuninacceptablecoupdeforceet il réussitàconvaincreParisde la nécessité d’une opération militaire commune. Côtéfrançais,l’idéed’uneexpéditionquidétruiraitlapuissanceduprincipalsoutienduFLNalgérienfutvueavecintérêtetleprésidentduConseil,lesocialisteGuyMollet,l’accepta.C’estalorsquefutconcluunaccordsecret,ditaccorddeSèvres, entre la France, laGrandeBretagne et Israël.Auxtermes de cet accord, l’armée israélienne devait attaquerl’Égypte, cependant que Paris et Londres lanceraient unultimatumauxdeuxbelligérantsafinqu’ilsseretirentdesrives du canal de Suez ; en cas de refus égyptien, undébarquementfranco-britanniqueseraitopéréàPort-Saïd.

Le29octobre,l’arméeisraélienneattaqual’Égypteetellefonça sur le canal de Suez. Paris et Londres adressèrentdonc leurultimatumà l’Égyptequi le repoussa.Aussi, le31octobre,débutal’opérationmilitairefranco-britanniqueprogrammée sous le nom de « plan Mousquetaire ».L’expédition franco-britannique était considérablepuisqu’elle impliqua 155 navires de guerre dont 5 porte-avions, plus une centaine de navires de commerceréquisitionnéspourl’opération.

Le 5 novembre, les parachutistes français du 2e RPC(Régiment de parachutistes coloniaux) et du 11e Chocsautèrent sur Port-Saïd et le 6 novembre, les RoyalMarines britanniques débarquèrent à Port-Saïd et à Port-

Fouad.Lecanalfutrapidementsouslecontrôledelaforcealliée et les troupes franco-britanniques se mirent enmarche en direction du Caire cependant que l’arméeégyptiennecapitulait.

La victoiremilitaire franco-britannique se transforma viteenunfiascodiplomatique.ÀParis,GuyMolletfutsoutenupar leParlement tandisqu’àLondres, lePremierministreAntony Eden fut hué à la Chambre des Communes pourn’avoir pas consulté le chef de l’’opposition avant dedéciderd’entrerenguerre.Dèsle6octobre,lesÉtats-Unisetl’Unionsoviétiques’unirentpourimposeruncessez-le-feu,effectiflejourmême.

Le 10 novembre 1956 l’Assemblée générale des Nationsunies vota la création de la FUNU (Force d’Urgence desNations unies) qui devait remplacer les unités franco-britanniques (Beaufre, 1967 ; RHA, 1986 ; Lefebvre,1996;Ferro,2006).

II.Laguerred’Algérie(1954-1962)8:victoiremilitairefrançaise,victoirepolitique

algérienne

Laguerred’Algérieduradumoisdenovembre1954aumoisdemars1962.Elleseterminaparunevictoiremilitairefrançaiseet par une victoire politique algérienne, le général de Gaulleayant voulu libérer la France du « fardeau algérien ». CetteguerresedéroulaàlafoisenAlgérieetenmétropole,etcelaàladifférence des conflits de décolonisation que connurent la

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Mozambique,plusde60%des50000soldatsétaientdesvolontairesnoirsrecrutéslocalementdanslesgruposespeciaisquiintervenaientdansleurrégiond’origineenplusdesmilicesvillageoisesdontlafonctionétaitdeprotégerlespopulationsregroupées.Dans l’exercice de la contre-guérilla, les Portugais surent

parfaitement utiliser les haines tribales, notamment auMozambique, et ils n’hésitèrent pas à procéder à l’éliminationphysiquedeschefsrebelles.Militairement,lerésultatfutque:

« Durant près de quinze ans, en dépit de ressources humaines,matérielles et financières restreintes, de l’immensité des territoires àdéfendre, d’un climat de désapprobation certain sur la scèneinternationale, de l’absence d’un modèle de réussite contre-insurrectionnelle comparable, les Portugais sont arrivés à perpétuerun conflit de faible intensité et à maintenir un taux de pertes peuélevéenvieshumainesmétropolitaines(3300morts),etce,àuncoûtrelativement bas. La grande majorité des observateurs considèrentqu’en 1971, le Portugal a remporté la victoire en Angola et qu’aumoins jusqu’en 1970, l’armée portugaise a réussi à contenir larébellionmozambicaine»(PahlavietAli,2012:12).

Ceciétant,lasituationfutdifférenteselonlesterritoirescar,si laguerre avait été effectivementgagnéepar lesPortugais enAngola et s’ils contrôlaient les quatre cinquièmes duMozambique, en Guinée-Bissau, le PAIGC (Partido AfricanodaIndependanciadeGuinéeCaboVerde)contrôlaitprèsdelamoitié du pays. Dès le début, les Portugais surent d’ailleursqu’ils ne pourraient pas l’emporter dans cette enclave sanscolonsetlittéralementencercléepardespayshostiles.

b)LaguerreenAngola(carten°34)

En Angola où vivaient plusieurs centaines de milliers dePortugaisetoùlamétropoleavaitconsentid’énormeseffortsde

miseenvaleur,c’esten1956quefutcréélepremiermouvementindépendantiste, le MPLA (Mouvement pour la libération del’Angola),dontlescadresétaientgénéralementdesmétiscôtiersmarxistesetdontlecheffutAgostinoNeto.Sapremièreactionfutlancéele4février1961avecl’attaquedelaprisondeLuandalorsdelaquelleseptpoliciersfurenttués.

CefutcependantenzoneKongoqueseproduisitlepremiersoulèvement. Durant les mois de février-mars 1961, dansl’extrême nord de l’Angola, fief de l’Upa (Union despopulationsd’Angola)d’HoldenRoberto,plusieurscentainesdePortugaisetd’assimilados furentainsimassacrés.Lesdistrictsde Zaïre, Uige et Quanza-Norte échappèrent alors au contrôleportugais durant plusieurs mois. En 1962, Holden Robertotransforma l’UPA en FNLA (Front national de libération del’Angola).

En 1966, de son côté, Jonas Savimbi créa l’Unita (Unionnationale pour l’indépendance totale de l’Angola),mouvementovimbundu.

Lesdiversesguérillasangolaisesneparvinrentpasàmettrel’arméeportugaiseendifficultépuisque,àlaveilleduprocessusd’indépen-dance, ses unités étaient maîtresses de la quasi-totalitédelacolonie.

En1972-1973, lesforcesportugaisesmirent leMPLAhorsd’état d’agir. La défaite fut telle que les 800 survivants quiavaientréussiàéchapperauxPortugais,dontAgostinoNeto,seréfugièrent au Congo-Brazzaville. Il en résulta de fortesdissenssions au seindumouvement et, devant son inefficacité,l’URSScessamêmeuntempsseslivrai-sonsd’armes.Cefutlarévolution portugaise du mois de juillet 1975 qui sauva leMPLAquiputrentreràLuandaoùilseremitàrecruter.

Après lecoupd’État intervenuauPortugal, lapolitiquede

Lisbonnechangeaeneffetdutoutautoutetle15janvier1975,lesaccordsd’AlvorfurentsignésparMM.AgostinhoNetopourleMPLA,JonasSavimbipourl’UNITAetHoldenRobertopourle FNLA. Un gouvernement provisoire tripartite fut alorsconstitué,mais,le29avril1975,àLuanda,lesFAPLA(Forcesarméespopulairesdelibérationdel’Angola),branchearméeduMPLA,lancèrentuneviolenteattaque-surprisecontreleslocauxduFNLAetde l’UNITA,assassinant laplupartdescadresdesdeuxmouvements.Ladeuxièmeguerred’Angoladébutaalors.

Le 12 novembre 1975, dans un climat de totale anarchie,l’Angola devint indépendant, ce qui entraîna l’exode decentainesdemilliersdePortugais.

c)LaguerreauMozambique(carten°35)

Au Mozambique, le Frelimo (Front de libération duMozambique), mouvement marxiste prônant à la foisl’indépendance immédiate et la lutte contre le capitalisme, futfondé le 25 juin 1962. En 1964, il débuta ses opérationsmilitaires, tentant de créer au Mozambique une véritableinsurrectionarmée.Cependant,deuxproblèmesseposèrentauxnationalistesmozambicains:leursdivisionsinternesd’unepart,etl’efficacitédel’arméeportugaised’autrepart.

En 1969, après l’assassinat par les services portugaisd’Eduardo Mondlane, chef historique du Frelimo, et afin detenter d’unir sous cette bannière tous les courantsindépendantistes, le mouvement se dota d’une directiontricéphale composée d’un marxiste (Samora Machel), d’unintellectuelmétis (MarcelinoDos Santos) et d’un chrétien (lerévérendUriaSimango).Graceàcettedirection« rassurante»,

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généralDeGaulle évoqua le « caractère algérien du Sahara ».Cette déclaration créa de vives tensions avec le Maroc. PourRabat, il était en effet clair que l’indépendance à venir del’Algérie allait permettre de régler un contentieux frontalierrésultant de décisions coloniales. Or, l’Algérie se posa enhéritièreterritorialedelaFrance,refusantdereconnaîtrequeleMaroc avait été territorialement amputé par l’ex-puissancecoloniale.

CetteattitudealgériennefutamèrementressentieauMaroc.D’autant plus qu’avant l’indépendance de l’Algérie, la Franceavait proposé au sultan Mohamed V de régler les problèmesterritoriaux en suspens. La question du contentieux frontalieralgéro-marocain fut ainsi étudiée par une commission mixted’experts,maislespositionsdesdeuxpaysfurentinconciliablesdanslamesureoùlaFrancen’étaitdisposéeàconsentirqu’àdesrectifications de détail, alors que le Maroc revendiquait unegrande partie de l’Ouest algérien, notamment les régions desoasisduTouat,duTidikelt,duGourara,etc.,ainsiquelatotalitéde la Mauritanie. La position de Mohamed V fut alors trèsclaire:

« Toute négociation qui s’engagerait avec le gouvernement françaisactuellementencequiconcernelesprétentionsetlesdroitsduMarocseraconsidéréecommeuncoupdepoignarddansledosdenosamisalgériens qui combattent, et je préfère attendre l’indépendance del’Algériepourposeràmesfrèresalgérienslecontentieuxfrontalier.»

Le 6 juillet 1961, le Maroc signa avec le GPRA(Gouvernement provisoire de la République algérienne) unaccordstipulantquelesproblèmesfrontaliersexistantentrelesdeuxpaysseraient résoluspar lanégociationdèsque l’Algérieauraitacquissonindépendance:

«LeGouvernementProvisoiredelaRépubliqueAlgériennereconnaîtpour sa part que le problème territorial posé par la délimitation

imposéearbitrairementparlaFranceentrelesdeuxpaystrouverasarésolutiondanslesnégociationsentreleGouvernementduRoyaumeduMarocetleGouvernementdel’Algérieindépendante.

À cette fin, les deux gouvernements décident la création d’unecommissionalgéro-marocainequiseréuniradanslesmeilleursdélaispourprocéderàl’étudeetàlasolutiondeceproblèmedansunespritde fraternité et d’unité maghrébines ». (Protocole d’accord entre legouvernementdeSaMajestéleRoiduMarocetleG.P.R.A.(6juillet1961)GouvernementProvisoiredelaRépubliqueAlgérienne).

Lesouverainmarocainavait faitungestedebonnevolontéendirectiondel’Algériecar:

« (…) en acceptant de s’en remettre au bon vouloir de l’Algérie,l’indépendancevenue,sansdemanderdegage,leMarocfaisaitdoncpreuvedegénérosité etmêmed’abnégation si l’on tient comptedesgraves inconvénients que présentait pour lui la forme insolite duterritoirealgérienauSudduDraa.Celle-cirésultaitdelapénétrationfrançaise à partir de bases algériennes et du désir des autoritésfrançaisesdeplacerlemaximumdeterritoiressouslasouverainetédelaFrance.Les frontièresadministratives fixéespar laFranceavaientpermis à l’Algérie de lancer vers l’océan Atlantique un véritablepseudopode. Elles aboutissaient à faire du Maroc un territoireencercléparl’Algérie»(Méric,1965:747).

Après l’indépendance, l’Algérie refusant d’appliquerl’accorddu6juillet1961,leroiHassanIIdemandaàplusieursreprises que les commissionsmarocaine et algérienne chargéesdesamiseenapplicationse réunissentafinqu’il soitpossibled’entrerdansunephaseconcrètedenégociation.

FehratAbbas ayant été évincé du pouvoir le 15 septembre1963,sonsuccesseur,AhmedbenBella,nes’estimapasliéparlesengagementsprisparleGPRAetlatensionmontaentrelesdeuxpays.Pourtenterdelafairebaisser,le5octobre1962,lesministres des Affaires étrangères marocain et algérien serencontrèrentàOujdaetilsconvinrentd’unsommetentreleroiHassan II et le président Ben Bella, mais la rencontre fut

annulée.Le 8 octobre 1963, dans la région de Figuig, l’armée

algérienne lança une attaque surprise et anéantit plusieurspetites garnisons marocaines à Hassi Beida, Tinjoub etTinfouchy, puis elle tenta de s’emparer de Figuig.La « guerredesSables»venaitd’éclater.

Le 14 octobre les FAR (Forces armées royales) reprirentHassi Beida et Tinjoub, puis elles avancèrent vers la pisteBéchar-TindoufcependantquelesAlgérienss’emparaientd’Ich.Le 15 octobre, l’Algérie décida la mobilisation générale desanciens combattants de la guerre d’Indépendance et le 18, lesforcesalgériennesfurentenvuedeFiguig.

Le 25 octobre les FAR remportèrent deux importantesvictoires, l’uneàHassiBeidaet l’autreàTinjoub.Le28,ellesfurentàportéedeTindoufqu’ellesn’investirentpas,demeurantenpositionàproximitédelaville.

LeplandugénéralKettani2 était uneoffensive à travers leSaharadontlebutétaitlareprisedesrégionsmarocainesquelaFranceavaitrattachéesàl’Algérie,dontTindouf, leTouatet leGourara.LeroiHassanIIluifitlaréponsesuivante:

«(…)çaneserviraàrien,moijeparsduprincipe,peut-êtrecynique,que lorsqu’on fait la guerre à quelqu’un, c’est pour avoir la paixpendant au moins une génération. Si on n’est pas assuré de latranquillitépendanttrenteansaprèsavoirmisautapissonadversaire,il vaut mieux éviter de lancer une opération militaire, parce qu’ondéfigure leprésent,oncompromet l’avenir,on tuedeshommes,ondépense de l’argent, pour recommencer quatre ou cinq annéesaprès.»(HassanII,1993:86).

Le Maroc qui avait alors l’avantage militaire se trouvadiplomatiquement isolé alors que l’Algérie bénéficiait aucontrairedu soutiendublocde l’Est3, de laLiguearabeetdel’OUA(Organisationdel’unitéafricaine).

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victimes.Ils’achevaparlavictoiredugouvernementetladéfaiteduGIA(Groupesislamistesarmés)en2002,mêmesidesmaquisrésiduelssubsistèrentaprèscettedate.

a)Auxoriginesd’uneguerre

Àpartirdesannées1980,avecuneaccentuationentre1990et 1992, la crise économique et morale qui frappait l’Algérieentraîna le désespoir de la jeunesse qui rejeta en bloc unsystème politique corrompu qu’elle percevait comme étant leresponsabledesesmalheurs.Unepartied’entreelleadhéraauxmodèlesdejusticeancréssur lespréceptesdel’islamproposéspar desmollahs qui bâtirent, à force de démagogie, un islamidéal,révolutionnaire,désincarnéettotalementidéologique.

Inexistant dans l’Algérie française, l’islamisme radical futlargement la compensationd’unpeuple frustré qui pensa avoirtrouvédans laformelaplusfigéede lareligionmusulmaneundérivatif à ses humiliations. Ce courant islamiste futartificiellement gonflé et encouragé par l’État qui, durant lesannées1970,l’utilisaàlafoiscontresonoppositiondegaucheetcontrelarevendicationberbère.

LeFIS(Frontislamiquedusalut),quifédérahabilementlesmultiples composantes islamistes, était à l’origine divisé endeuxgrandscourants:

1. pourlecourantdit«salafiste»,ladémocratieallaitcontrelesenseignementsduCoran,seulunpouvoirayantl’autoritédivineétantlégitime;

2. lecourantnationalisteou«djezarien»(Algérieenarabe,El-Djezair)prônaitladéfinitiond’unislamalgériennonopposéàladémocratiedèslorsquelecaractèremusulman

dupaysétaitaffirméparlesinstitutionsetnonremisenquestionparunepolitiquedelaïcité.Àlaveilledesélectionsde1992,leFISétaitcontrôléparlatendance«djezarienne».

CefutsouslaprésidencedeChadliBendjedid(1978-1992),quelajeunessealgériennesetournapeuàpeuverslesislamistesqui étaient les seuls à condamner l’insolence de la caste desprivilégiés qui prospérait sur la misère du peuple. Durant desannées, en silence, les organisations islamistes prirent lecontrôle desmasses paupérisées auxquelles elles fournissaientdequoinepasmourirdefaim.Leurmessageégalitairedevintdeplus en plus mobilisateur et les jeunes prêtèrent une oreilleattentive à leurs demandes de constitution d’une républiqueislamique.

Le4octobre1988,desémeutesdelamisèreéclatèrentdanstoutlepaysetl’arméetiradanslafoule,faisantdescentainesdemorts.Lepouvoir,quiavaitreprislesaffairesenmain,annonçaensuiteunepolitiquedelibéralisationpolitiqueetl’instaurationdu multipartisme. Au mois de février 1989 une nouvelleconstitutioninstaurantlemultipartismefutpromulguéeetleFIS(Frontislamiquedusalut)futlégalisé.

Seuleforceorganiséeendehorsdel’armée,leFISs’enfonçaalorsdanslabrèchepolitiquequis’ouvraitdevantlui.DirigéparAbassi Madani et Ali Belhadj, il dénonça la corruption durégimeet,lorsdesélectionsmunicipalesetcommunalesdumoisdejuin1990quifurentboycottéesparleFFS(Frontdesforcessocialistes) deHocineAït-Hamed et par leMDA (MouvementpourladémocratieenAlgérie)d’HamedbenBella,leFIS(Frontislamique du salut) obtint 55% des suffrages contre 28% auFLN,l’ancienpartiunique.

Aumoisdedécembre1991,lorsdupremiertourduscrutin

législatif,leFISobtint47,3%desvoix,leFLN23,4%etleFFS7,4%. Les islamistes étaient désormais la première forcepolitique du pays. Assurés d’obtenir la majorité absolue àl’issuedusecondtour,ilsallaientêtreenmesuredetransformerl’Algérieenrépubliqueislamique.

Pour l’armée et pour la nomenklatura au pouvoir depuisl’indépendance, le danger étaitmortel. Aussi, le 11 janvier, leprésident Bendjedid fut-il écarté et le 12 les élections furentannulées.L’arméeemprisonna les leadersduFISainsiquedesmilliersdemilitantsetpritde fait lepouvoir.UnHautComitéd’État (HCE) de cinq membres fut constitué et sa présidenceconfiéeàMohamedBoudiaf,undeschefshistoriquesduFLNquivivait alors en exil auMaroc.Peude temps après, le paysbasculadanslaguerrecivile.

b)Laguerre(1992-1999)

Le16janvier1992,aprèsvingt-huitannéesd’exilauMaroc,MohamedBoudiaf était de retour enAlgérie.Opposant àBenBella, arrêté en1963puis exilé auMaroc, c’est là que, tel unsauveur,lesautoritésalgériennesvinrentl’ychercherpourqu’ilpuisse couvrir de sa « légitimité » l’annulation du processusélectoral.

Dès son retour, il annonça une rupture avec les anciennespratiques et une lutte totale contre la corruption. Aumois defévrier 1992 l’état d’urgence fut instauré et des camps dedétentionadministrativefurentouvertsdansleSudalgérien.LesmilitantsduFISmassivementarrêtésyfurentinternés.Puis,aumoisdemarsetd’avril1992,leFISainsiquetouslesconseilscommunaux qu’il détenait depuis les électionsmunicipales dumoisdejuin1990furentdissous.Le15juilletAbassiMadaniet

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avecleCNT.

Aumois de janvier 2012, la situation n’avait guère évoluécar les miliciens de Misrata refusaient toujours de quitter lacapitale.Pourtenterdeselesconcilier,leCNTnommacommechefd’état-majorunoriginairedeMisrata,legénéralYoussefal-Mankouch,avecpourmissiond’intégrerlesdiversesmilicesauseind’unearméenationaleencorefantôme.

Dans cet imbroglio politico-tribal, la seule marge demanœuvreduCNTétaitdoncdedonnerdesgagesauxuns,touten essayant de ne pas s’aliéner les autres. Le principal dangerqui le menaçait alors était la constitution d’une alliance desmécontentsquiaurait rassemblé,outre lesmilicesdeZintanetdudjebelNefusa,lafractiontripolitainedesWarfallaainsiqueles tribus de la régiondeSyrte et deSebha, lesquelles étaientdécidées à venger la mort du colonel Kadhafi. Sans compterqu’au sud, les Touareg et les Toubou nemanifestaient pas desentiments particulièrement amicaux à l’égard des nouvellesautoritéslibyennes.

Aumoisd’octobre2012,soitunanaprèslafindurégimeducolonelKadhafi, la ville deMisrata affirma son leadership enTripolitaineens’emparantdelavilledeBani-Walid,«capitale»delatribudesWarfalla.

LasituationenCyrénaïque:EnCyrénaïque,deuxguerressedéroulèrentaprèslavictoire

des insurgés. L’une opposa les fondamentalistes musulmansdont le fief est la ville de Dernah aux « traditionalistes »rassemblésderrière lesconfrériessoufies.L’autrevit sedressercontrelepouvoirdeTripolilespartisansd’uneLibyebicéphale,fédéraleouconfédérale.

Dans toute laCyrénaïque, les fondamentalistes harcelèrent

les soufis qu’ils considèrent comme des hérétiques. Le 13janvier 2012, à Benghazi, ils passèrent ainsi un cimetière aubulldozer, profanant une trentaine de tombes de saints – lesmarabouts duMaghreb –, dont ils dispersèrent les ossements.Commepour les fondamentalistesduMaliquidétruisirentdeslieux saints à Tombouctou, les rassemblements autour destombeauxne sont riend’autrequede l’idolâtrie.À travers cesactes insupportables aux habitants de la Cyrénaïque, lesfondamentalistes cherchaient à briser les structurestraditionnellesd’encadrementdespopulationsafind’enprendrelecontrôle.

Côtéfédéraliste,le6mars2012,àBenghazi,AhmedZubairal-Senoussi,parentdel’ancienroiIdrissetmembreimportantdelaconfrériesenoussiste,futéluémirparleschefsdestribusdeCyrénaïque. Cet acte politique était un signal fort envoyé auxautorités de Tripoli puisqu’il signifiait que la région seprononçaitpouruneorientationtrèsfédéraledelafutureLibye.

LasituationauSud:Après le renversement du colonel Kadhafi, le Grand Sud

devint une zone grise où le « pouvoir » central, ancré sur lelittoralméditerranéen,n’étaitobéiniparlesTouareg,niparlesToubou, ces derniers devant périodiquement faire face à desraidslancéscontreeuxparlestribusarabes.

Aumoisde juillet2013, leprésident tchadien IdrissDéby,dont lepays, aucontactde laLibye,pourrait être lepremieràsubirlesconséquencesd’untelclimatanarchique,déclara:

« Depuis le début des opérations de l’Otan en Libye et jusqu’à lachute de Kadhafi, je n’ai cessé de mettre en garde quant auxconséquences non maîtrisées de cette guerre. J’ai trop longtempsprêché dans le désert (…) les nouvelles autorités libyennes necontrôlenttoujourspasleurpropreterritoire(…)Plusgénéralement,quand je regarde l’état actuel de la Libye, où chaque localité est

gouvernée sur unebase tribale par desmilices surarméesoupar cequ’il reste des forces fidèles à Kadhafi, ma crainte a un nom : lasomalisation » (Idriss Déby, président de la République du Tchad,dansJeuneAfrique,le23juillet2012).

1.Lesconflitsisraélo-égyptiensneserontpastraités.2.Anciengénéraldel’arméefrançaise.3.Cubaenvoyadestroupesetdumatériel(Gleijeses,1996).Le31octobreleMaroc rompit ses relations diplomatiques avec Cuba et rappela sonambassadeurenÉgypte.4.Pour ce qui est de la décolonisation espagnole engénéral, voirPélissier(2005) et pour tout ce qui concerne la question duSahara occidental, voirLugan(1998b;2000:307-344;2011,etc.).5.Lesous-solsaharienestriche.DanslarégiondeTindouf,lesgisementsdeferdeGaraJbiletproduisentunmineraidebonnequalité,quantàBouCraadansl’ex-Saharaespagnol,cesontd’immensesréservesdephosphatesquiysontenexploitationdepuis1966.6.SurlesimplicationsgéopolitiquesdelaquestionduSaharaoccidental,onsereporteraàKhadijaMohsen-Finan(1997).7.Le23octobre2011,troishumanitairesespagnolsfurentainsienlevésdansun camp de réfugiés contrôlé par le Polisario, enlèvement revendiqué pardes « dissidents » d’Aqmi. Lors de l’opération Serval au Mali, l’arméefrançaise détruisit au moins un pick-up armé par des jihadistes saharaouivenusducampdeTindoufenAlgérie.8.Pourlesdescriptions,lesexplicationsetlesinterprétationsdecemassacre,voir Yous et Mellah (2000). « Nous avons toute la nuit pour violer vosfemmes et les enfants, boire votre sang. Même si vous nous échappezaujourd’hui, nous reviendrons demain pour vous finir ! Nous sommes icipour vous renvoyer à votre Dieu », cité par Nesroullah Yous et SalimaMellah(2000).9.CertainsgroupesdurentalorsseréfugierdanslescasernespouréchapperauxGIAlancésàleurpoursuite.10. Si les berbérophones ne constituent qu’un peu plus de 10% de lapopulationdetoutelaLibye,ilstotalisentaumoins20%decelledelaseuleTripolitaine,cequileurdonneunpoidsrégionalconsidérable.

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insurgésconfialarépressionauxArabesdelarégiondeTassaraquifurentpousséscontrelesTouareg.Lesexactionsfurentalorsnombreuses,assortiesdepillagesetdeviols.Parmicesmiliciensarabes, se distingua particulièrement l’Algérien Abou Zeid, lefuturresponsabled’Aqmidanslarégionquifuttuéaucombatle25février2013.LesTouaregseretranchèrentalorsdansl’AïretleTénéréoùilsfurenthorsd’atteinte.

En 1994, les trois factions touareg se retrouvèrent dans laCoordination de la résistance armée (CRA), pour signer lesaccords de paix de Ouagadougou qui furent conclus au moisd’octobre1994.Cependant, extrêmementdivisés surdesbasesrégionalesettribales(Ifora,AïretAzawagh)etlesrivalitésentreleschefsdesdiversesfactionsétantfortes,ilsnedéposèrentlesarmesquepeuàpeu.

Tousn’acceptèrentcependantpascesaccordsetceux-là seregroupèrent autour de Mano Dayak, qui créa en 1995l’Organisation de la résistance armée (ORA). Ils reprirent lesarmes en juillet 1995avantde lesdéposerquelquesmoisplustardaprèsqueManoDayakeuttrouvélamortdansunaccidentd’avionle15décembre1995.

En 1996 eut lieu le coup d’État du lieutenant-colonelIbrahim Baré Maïsassara qui appliqua les accords signés en1994.LapremièreguerredesTouaregduNigerpritalorsfin.

– Ladeuxièmeguerretouareg(2007-2009)

En 2007, débuta la deuxième rébellion des Touareg duNiger, animée cette fois par le Mouvement nigérien pour lajustice (MNJ), dirigé par Agali Alambo et dont la branchemilitaireétaitcommandéeparuncapitainedéserteur,MohamedAcharif. Deux dissidences apparurent ensuite, le Front desforcesde redressement (FFR)deRissaAgBoula etMohamedOutchiki d’une part et le Front patriotique nigérien (FPN)

d’AklouSidisikid’autrepart.Le 30 août 2007, comme nous l’avons vu plus haut, une

alliance des Touareg du Mali et du Niger fut scellée par lacréation de l’Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM) et par lafondation de la « République du Tumoujgha » fut annoncée.Sans suite cependant en raison des différences historiques etpolitiquesentrelesconfédérationstouaregdesdeuxpays.

Desnégociationsdepaixs’ouvrirenten2009enLibyesouslepatronageducolonelKadhafietle6octobre2009,leMNJetlesdiversgroupesscissionnistesdéposèrentlesarmes.Puis,afind’être en position de force dans la négociation qui s’ouvrit en2009 en Libye, tous se regroupèrent dans l’Alliance decoopérationpourlapaix(ACP).

III.2012-2013:delaguerretouaregàlaguerreislamiste

Après la fin de la quatrième guerre touareg, l’État malienabandonnal’Azawad,sous-traitantlasécuritédelarégionàdesmilicestouaregetarabesquisombrèrentdansletrafic.Ainsi:

«ÀKidal, les groupesmaîtrisant les transports de cocaïne sont desTouaregs Imghad d’origine esclaves qui s’opposent aux TouaregsIforasetàleursalliésarabesKunta»(Raffray,2013:71).

a)LesTouaregdéclenchentunecinquièmeguerreetsefontdoublerparlesislamistes

Aumois d’octobre 2011 fut fondé leMNLA (Mouvementnationalpourlalibérationdel’Azawad)quiengerbaitplusieurs

mouvements touareg dont le MNA et le MTNM et dontMohamedAgNagim était le chefmilitaire. Son ossature étaitcomposée de Touareg Ifora qui avaient servi dans l’armée ducolonel Kadhafi. Le renversement de ce dernier avait en effetrendu leur liberté à ceuxdesTouareg qui s’étaient réfugiés enLibye après l’échec de leurs derniers soulèvements et qui yavaientétéintégrésàl’arméelibyenne.

IyadAgGhaliquiavaitététenuàl’écartdecettefondationcréa pour sa part Ansar Dine, mouvement islamiste à doublecomposante,arabeet touareg.Puisun troisièmemouvement fitsonapparition,leMUJAO(Mouvementpourl’unicitéetlejihaden Afrique de l’Ouest) qui était clairement aligné sur lespositionsd’Aqmi.

Le17janvier2012,leMNLAlançauneoffensiveàMenakaetdanslarégiondeKidal.Aveccenouveaumouvement,enplusde la résurgenced’unconflit latent, c’étaitunenouvelle formede revendication qui était formulée. Lors des précédentesinsurrections lesTouareg s’étaient en effet battus pour obtenirplusdejusticealorsqu’aumoisde janvier2012, ilsexigeaientlapartitionduMalietlacréationd’un«Étatdel’Azawad».

Le premier problème qui se posa auMNLA était de tailledans la mesure où les Touaregs ne constituent pas les seulespopulationsdel’Azawad.IlexisteenréalitétroisAzawad:celuidesTouaregs, à l’est, celui desMauresouKounta à l’ouest etcelui du fleuve à la population composite – Songhay, Peul,MauresetTouareg(carten°45).

Le second futqu’àunmouvement initialementuniquementtouareg, se joignirent par opportunisme les combattantsislamistes et islamo-mafieux du Mujao et d’Ansar Dine quisupplantèrentleMNLAetlechassèrentdeGao,TombouctouetKidal.

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direction du lac Tchad. Le 7 jan-vier 1935, fut signé àRomeuntraitéfranco-italienprévoyantlaremiseàlaLibyeitalienne d’une partie du territoire français, dont le posted’Aouzou dans le Nord du Tibesti. Les tensionsinternationales résultant de l’invasion de l’Éthiopie parl’Italiefirentqueletraiténefutpasappliqué.

En1955,untraitéd’amitiéfranco-libyenfutsigné.Tripolireconnaissaitlafrontièrede1899établiealorsparuntraitéfranco-britannique.

En1968,auTibesti,l’arméetchadiennemiseenéchecparles maquisards du Frolinat fut contrainte d’évacuerAouzou.

En1969,lecolonelKadhafirenversaleroiIdrissetpritlepouvoiràTripoli.Àpartirdecemoment,laLibyetentadefaire passer leTchad sous son autorité.Aidant tous ceuxqui pouvaient affaiblir le pouvoir central de Fort-Lamy(N’Djamena), elle revendiqua la bande d’Aouzou. En1973, laLibye l’annexaet laconsidéradésormaiscommepartieintégrantedesonterritoire.Aumoisd’août1987lesforcestchadiennesreconquirentlabanded’Aouzou.

Audébutdumoisdefévrier1986,l’arméelibyennefranchitle16eparallèlepoursoutenirGoukouniWeddeye.Aussi, le14février, la France déclencha-t-elle l’opération Épervier quisuccédaitàl’opérationManta.Le16février,l’aviationfrançaisebombarda l’aéroport libyen d’Ouadi-Doum, au nord du 16eparallèle.

Le 8 août 1987, les FANT (Forces armées nationalestchadiennes) prirent Aouzou, repris le 28 par les Libyens. Au

mois de septembre 1987, à l’issue d’un raid audacieux, lesFANTréussirentàdétruirelabasedeMaatenes-SaraenLibye.En représailles, deux avions libyens bombardèrent N’DjamenaetAbéché,maisundesdeuxappareilsfutabattuparlesforcesfrançaises.

À partir de cemoment, le colonel Kadhafi comprit que laFrancenelelaisseraitpass’emparerduTchadetilcessad’aiderGoukouniWeddeyequi s’exilaenAlgérie.Lapaix revintpouruntemps.

c)Latroisièmeguerre:ZaghawacontreGoranes-Anakaza(1989-1990)

HissèneHabréétaitdoncvainqueurdel’interminableconflittchadien. En dépit de ses violations régulières des droits del’homme et de ses responsabilités dans l’assassinat ducommandantGalopin, il futconsidéréparPariscommeunpis-allercarétantseulcapabledemaintenirl’unitéduTchad.Quantaux États-Unis, ils l’avaient toujours soutenu car ils leconsidéraient comme le leader tchadien le plus hostile à laLibye.

Une foisaupouvoir,HissèneHabré,dont l’assiseethniqueétait faible, s’appuya naturellement sur les siens, à savoir lesToubou-Goranes, mais également sur les Hadjerai et lesZaghawa.Or, lesHadjerai l’abandonnèrent bientôt ; puis, à lasuited’unepurge,ce fut le tourdesZaghawamenéspar IdrissDébyItno14,unZaghawaBideyat,anciencommandantenchefdes FANT. Or, qu’il s’agisse d’Idriss Déby Itno lui-même, deYakoubSinine,d’HamidAbderamaneHaggar,d’OumarKenguiou encore d’AdamKessou, quasiment tous les chefs de guerredesFANTétaientZaghawaainsiquelaplupartdesresponsables

desrégionsmilitaires.AppuyéparlaLibye,parleSoudanetassurédelaneutralité

delaFrancequiavaitdécidéde«lâcher»HissèneHabré,IdrissDébyItnotentauncoupd’Étatle1eravril1989.Ayantéchoué,ilseréfugiadanslaprovincesoudanaiseduDarfouroù,aumoisde mars 1990, il fonda le MPS (Mouvement Patriotique duSalut), rassemblant autour de lui divers groupes opposés auxGoranesd’HissèneHabré.

Au mois de novembre 1990, après une seconde tentativemalheu-reuse,latroisièmeoffensived’IdrissDébyréussit.Le10novembre,leMPSpritleplateaurocailleuxdeBiltine,etle25eutlieulabatailledécisivedontIdrissDébysortitvainqueur15;le1erdécembreilpritN’Djamena.

ÀN’Djamena,lenouveauprésidentpromitdedémocratiserlepays.Defait,lemultipartismefutinstauréaumoisd’octobre1991,maisl’émiettementenplusdetrentepartisnepermitguèrel’expression démocratique. Durant les mois de janvier à avril1993, se tintuneConférencenationale souveraine (CNS)dontlestravauxpermirentl’adoptiond’institutionsdémocratiquesetd’un parlement de transition, le Conseil supérieur de latransition (CST).Des élections se déroulèrent en 1996 et unenouvelleconstitutioninstaurantunrégimesemiprésidentielfutadoptéeparréférendum.Danslaréalité,l’ÉtatétaitcontrôléparlesZaghawa.

Des élections présidentielles eurent lieu en juin et juillet1996 dans un climat de grande confusion et Idriss Déby Itnol’emportafaceaugénéralKamougué.Aumoisdejanvier1997,le parti présidentiel, le MPS, remporta la majorité des siègeslorsdesélectionslégislatives.

Le président Déby était donc légitimement lemaître, maislesactionsarméesnecessèrentpaspourautant.Ainsi,en1998,

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L A C O R N E E T L A G É O P O L I T I Q U EAM É R I C A I N E

Quand la puissance soviétique disparut, lesÉtats-Unis seretrouvèrent confrontés au retour des lourdes tendancesgéostratégiquesrégionales.Or, l’effacementde l’Éthiopie,dont ils étaient largement les responsables, avait créé unclimatd’anarchiesurlespériphériesdelaseulepuissancerégionale.D’autantplusquelapousséeséculairedel’islamquiavaitétémasquéepar laconfrontationEst-Ouestétaitun nouvel élément d’affaiblissement de l’Éthiopie,redevenueune«citadelle chrétienne»assiégéeet coupéede ses débouchés maritimes par l’indépendance del’ÉrythréeàlaquelleWashingtonavaittantœuvré.

L’Éthiopie étant au plus bas et l’anarchie somaliennemenaçant ses intérêts géostratégiques, Washington dutintervenirdirectementenSomalieen1993.L’échecfutàlahauteur des bouleversements régionaux découlant de lacalamiteuse politique régionale suivie à l’époque de la«guerrefroide».Avecréalisme,lesÉtats-Unisd’Amériquetirèrentalorslesleçonsdeleurcatastrophiqueinterventionetilsdéfinirentunenouvellepolitiquevisantàdéléguerlemaintiende l’ordrerégionalà l’Éthiopie, toutenassurantuneforteprésencemilitaireàDjiboutioù,aumoisdejuin2002,ilscréèrentleCombinedJointTaskForceofHornofAfrica(CJTF-HOA).

Cette politique visant à prendre appui sur le seul État-Nation de la région constitue un bel exemple d’empirismegéostratégique,maisellecontientengermebiendesfacteursde

tension.Deuxsontdéjàaucœurdelagéopolitiquerégionale:

1. l’Éthiopienepourraremplirsonrôledepuissancerégionalequesielleretrouveunaccèsàlamer.Orcetteoptionpassesoitparleretourduportd’Assab,cequiimpliqueundémembrementdel’Érythrée,soitparlareconnaissancedel’indépendanceduSomalilandsousgarantieéthiopienne,cequiassureraitàAddis-Abebal’utilisationduportdeBerbera;

2. danslecontextedepoussée«identitaire»islamique,unepolitiquecentréesurl’Éthiopieapparaîtraautomatiquementcommeunappuidonnéàunepuissancechrétienneisoléeaumilieud’unocéanmusulman.D’autantplusquel’indépendanceduSud-Soudanen2011achangéladonnecarl’Éthiopien’estplusleseulpays«chrétien»delarégion;leschrétienssontmajoritairesauKenya,enOuganda,enTanzanie,auRwandaetauBurundi.

II.LeconflitÉthiopie-Érythrée(1998-2000)3

L’Érythrée est une langue de terre longue de 1000 km,bordièredelamerRougedontlasuperficieestde121000km².Le pays est peuplé par 3,5 millions d’habitants appartenant àplusieursethnies.Leslanguesofficiellesdupayssontletigriniaet l’arabe, et la population y est divisée à égalité entremusulmans et chrétiens. L’Érythrée coupe l’Éthiopie de toutaccèsàlamerRouge.

a)Lesoriginesduconflit

De1889à1941,l’Érythréefutunecolonieitalienne.Quandvint le tempsdupartagedesdépouillesdesvaincusdu secondconflit mondial, I’empereur Hailé Selassié revendiqua leterritoire.En1952,l’ONUconfialarégionàl’Éthiopiecommeentitéautonomedotéed’undrapeauetd’ungouvernement.Nousavonsvuquedixansplustard,en1962,l’Éthiopiel’annexa,yappliqua une rigoureuse politique de centralisationadministrative et entreprit d’en faire une simple province del’Empire.

Cette annexion provoqua une rébellion qui ne prit fin quetrente ans plus tard, au mois de mai 1991 avec, comme nousl’avonségalementvu,laprised’Asmaraetlavictoiresurl’arméeéthiopienne.

En1993,Addis-Abebaacceptal’indépendancedel’Érythréequi fut reconnue par l’OUA, ce qui brisait le tabou del’intangibilitédesfrontièreshéritéesdelacolonisation.

Pour l’Éthiopie, les conséquences économiques de cetteindépendance étaient graves car tout le commerce du pays sefaisaitparlesportsérythréens,notammentparceluid’Assab.

L’Éthiopieréagitalorsenimposantàl’Érythréelerèglementendollarsde toutes les transactionsentre lesdeuxpays.Cettemesurepénalisait sérieusement l’Érythréequiétait importatricedes productions agricoles éthiopiennes. Les relations setendirentdoncpeuàpeuentrelesanciens«frèresd’armes»,etlesgriefs enfouis sous l’euphoriede leur communevictoirede1991 commencèrent alors à refaire surface. C’est ainsi quel’Érythrée accusa l’Éthiopie d’ingérence, tandis qu’Addis-Abedaavaitdumalàadmettrequ’Asmaraeûtdécidédevolerdesespropresailes.

Dans un tel climat, il ne fallait plus qu’un prétexte pourdéclencher un conflit et ce fut une question de bornagefrontalierquimitlefeuauxpoudres.

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viventdespopulationstrèsdifférenteslesunesdesautres:

– leNordestdésertique.Lavieyestun«donduNil»etlarégionesttournéeverslapéninsulearabiqueetlaMéditerranée.Sur30millionsdeSoudanais,environ17millions,quasimenttousmusulmans,viventdanscettepartiedupaysdontlasuperficieétait,avantlapartitionde2011,de1900000km².Ilssontdecarnationbasanée,maislesNoirsduSudetdel’Ouestlesconsidèrentcommedes«Blancs»;

– l’OuestouDarfour,occupeenvironlecinquièmedelasuperficiedupayssoitenviron500000km²etsapopulationestestiméeàunpeuplusde5millionsd’habitants.Géographiquementcetterégionestcomposéededeuxsous-ensembles,lasteppesahélienne,zonedenomadisationdeséleveursnomades«blancs»,etleshautesterres,dontlesmontsMara,habitatd’agro-pasteursnoirsserattachantauxpopulationsnégro-africainesdel’Afriquecentrale;

– leSuddontlasuperficieestd’environ700000km²estluxuriant.L’eauyestpartoutprésente.Sespopulationsquisontafricaines«nègres»sontaunombred’environ8millionsdontenviron50%dechrétiensauxdeuxtierscatholiques,convertisauchristianismeàl’époquecoloniale.

Ces populations se rattachent soit au groupe linguistiqueNiger-Congo(Toposa,Azande,etc.),soitaugroupenilote(Dinkaprincipalement).Lesdeuxensemblesont lemêmenombrede locuteurs, environ4millions chacun,mais lesdifférences, notamment morphotypiques, sont grandesentre les représentants de ces deux ensembles, entre les

Dinka Agar (faisant partie du peuple le plus grand et leplusnoirdumonde)etlesToposa;entrelesSchilluketlesZandedelaforêtluxuriantedelaRDC,entrelesDidingavivant dans les plateaux et les Nuer, etc. De plus, cespopulations sont extrêmement divisées.Ainsi en est-il delagrandetribudesDinkaquisediviseenNgok,Rek,Agaret dix autres sous-tribus. Plusieurs centaines de tribusexistent au Sud-Soudan et chacune considère le villagevoisincommeennemipotentieletnoncommefaisantpartied’un même groupe. Ici, la référence est donc tribale ouclaniqueetnonethnique.

I.LesguerresracialesNord-Sud(1956-2010)(carten°53)

Ces guerres entre « Blancs » musulmans du Nord et« Noirs » chrétiens et animistes du Sud étaient la résurgenced’anciennes oppositions dont les plus récentes remontaient auXIXe siècle quand les traitants soudano-égyptiens dévastèrentl’actuel Sud-Soudan pour s’y procurer des esclaves. Elles seterminèrent par la partition du Soudan et l’indépendance duSud-Soudanen2011.

a)LapremièreguerreduSud(1955-1972)

En1922, leSudduSoudan fut placépar lesBritanniquessous un régime spécial ditClosedDistricts destiné à protégersespopulationsdel’islamisation.L’usagedelalanguearabe,le

portde ladjellaba et laprésencedescolporteursarabes furentinterdits.

En 1947, Londres changea de politique et abandonna laSouthern Policy, ce qui entraîna un véritable déferlement denordistessurlarégion;puisaumoisdefévrier1953,untermefut mis au Condominium anglo-égyptien et un statutd’autonomieinternefutconcédéauSoudan.

Au mois d’août 1955, une révolte éclata dans le Soudanméridional où les animistes et les chrétiens groupés dans lemouvement Anyanya combattirent la main-mise nordiste etmusulmane.Uneguerredetreizeanséclataalors.

Ce premier conflit se termina avec le cessez-le-feu et lesaccords d’Addis-Abeba, signés en 1972 qui prévoyaientl’autonomie régionale du Sud, le développement régional, unereprésentation équitable au gouvernement central et uneconstitutionlaïque.Débutaalorsunepériodetransitoiredurantlaquellel’accalmienefutquedefaçade.

En1981dupétrole futdécouvertdans leSudetKhartoumsouhaita lefaireraffinerauNord,cequelesdirigeantsduSudrefusèrent. Le présidentNimeiry découpa alors le Sud, faisantde la région productrice de pétrole une nouvelle provincedirectementrattachéeaugouvernementcentral,puisilsupprimal’autonomieduSud.

b)LadeuxièmeguerreduSud-Soudan(1981-2005)

La guerre reprit aussitôt dans le Sud où le colonel JohnGarang,unDinka,fondalaSPLAouALPS(Arméedelibérationdupeuplesoudanais).

Le8septembre1983,legénéralNimeirypromuentre-tempsmaréchal, institua la charia afin de bénéficier de l’appui des

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G-3ouG-4»,cequifaitqueJanjawidsignifierait«DiablesàchevalarmésdeG-3»(El-Talib,2004:3).

D

CHAPITREV

LESGUERRESETHNIQUESDEL’OUESTAFRICAIN(1990-2013)

epuislesannées1990,l’Afriquedel’Ouestlittoraleaconnu plusieurs guerres ethniques, notamment au

Liberia, en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire et au Nigeria.L’intensité de ces conflits fut variable et certains furent régléspardesinterventionsétrangères.

I.Liberia:KrucontreMandé

AuLiberia,uneguerrede14anséclatale24décembre1989entreKrahn,membresdugroupeKruetMano-GyoquisontdesMandéduSud.LestribusMelrejoignirentensuiteleconflit.En1997, leGyoCharlesTayloraccédaaupouvoir,mais leconflitnecessapaspourautant.L’atroceguerretribalelibériennefitautotalplusde200000mortssurunepopulationde2,5millionsd’habitants etmit sur les routesde l’exil plusd’unmillionderéfugiés.

Jamaiscolonisé, leLiberia, fondépardesphilanthropesauXIXe siècle, est demeuré jusque dans les années 1980 unesociété profondément inégalitaire dans laquelle une minorité

composéede2,5%delapopulation,lesdescendantsd’esclavesaffranchis, les Américano-Libériens ou « Honorables »,détenaient tous les pouvoirs et pratiquaient le travail forcé surles plantations de caoutchouc. En 1931, la SDN (Société desNations)adressamêmeàcesujetunemiseengardesolennelleauxautoritésdeMonrovia.

Élu au mois de mai 1943, le président William ShadrachTubman fut confronté au réveil des autochtones africains quirevendiquaientuneparticipationauxaffaireset ledroitdevotequileurfutaccordéaulendemaindusecondconflitmondial.

Arrivé au pouvoir en 1971, après la mort de sonprédécesseur, le président William R. Tolbert maintint ladomination des Américano-Libériens dans un contexte devenuexplosif.

Le12avril1980,lesautochtonesprirent leurrevanchelorsd’uncoupd’Étatparticulièrementsanglantmenéparlesergent-chefSamuelDoe,unKrahn.LeprésidentTolbert futassassinétandis que treize ministres et hautes personnalités américano-libériennesétaientfusillés.

Lenouveauchefdel’ÉtatquifutensuiteéluprésidentdelaRépublique en 1985, créa un Conseil de la rédemption duPeuple,maisenréalité,ilconfisqualepouvoirauprofitdesonethnie, lesKrahn.Laguerre civile éclata le 24décembre1989quandCharlesTaylor,lechefduNPLF(NationalPatrioticFrontof Liberia), composé de Gyo et de Mano, déclencha uneinsurrectioncontrelesKrahn.

Au mois de juillet 1990, l’anarchie s’empara du pays,d’autant plus que lemouvement deCharlesTaylor connaissaitune scission menée par un de ses adjoints, un Mano nomméPrinceJonhson,quiinvestitMonrovia.

Le 5 août eut lieu un débarquement américain destiné àévacuer les ressortissants étrangers et le 9 septembre, le

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kru/bétéetles8%desesalliéslagunairesetattié.

b)Laguerrecivileetl’interventionfrançaise

Pour 70% des Ivoiriens, le nouveau président était doncillégitime et la contestation du scrutin prit de l’ampleur.C’estalorsquedébutalaguerrecivileivoirienne.

PourécarterlespartisansdeM.Ouattaraquiréclamaientlareprise de l’élection présidentielle, le nouveau président lançasesmiliceset lagendarmeriedans larue.Du24au27octobre2000, la « chasse aux nordistes » fit ainsi des centaines devictimes.

Le19septembre2002eutlieuunetentativedecoupd’Étatsuivied’unsoulèvementarmé.Leministrede l’Intérieur,ÉmileBoga Doudou et l’ancien président Robert Guéi furentassassinés.LesvillesdeKorhogoetdeBouakéfurentprisesparles mutins. Le 22 septembre des renforts militaires françaisarrivèrent à Abidjan où les évacuations d’expatriés débutèrentaussitôt.

Mardi1eroctobre,laFranceannonçaofficiellementqu’ellesoutenait le président Gbagbo. L’armée française s’interposaentre les insurgés«nordistes»qui avaient alors l’avantage, etles troupes fidèles au président Gbagbo, ce qui interdit aux«mutins»demarchersurAbidjan.

Oubliantqu’ildevaitsasurvieàl’interpositionfrançaise,leclanGbagboaccusaensuitelaFrancedecomplotercontrelui,etlatensionmontaavecParis.

Le jeudi 4 novembre 2004, les FANCI (Forces arméesnationales de Côte d’Ivoire) lancèrent une attaque aériennecontrelespositionsrebellesdeBouakéetdeKorhogo.

Le5novembre,lesraidsfurentétendusàSeguela,VavouaetMantandisqu’uneoffensiveterrestreétaientlancéeendirectionde Bouaké où elle fut stoppée par le contingent marocain del’ONUCI.Lecessez-le-feuétaitdoncrompu.

Le samedi 6 novembre, le camp français de Bouaké futbombardépardeuxappareilsivoiriens.Lebilanfutde9mortsetde 38 blessés, dont plusieurs graves.Nous savons aujourd’huiquecetteattaqueétaitdélibéréecomme l’aappris la saisiedesdisquettes de vol des drones fournis à la Côte d’Ivoire par lasociétéisraélienneAeronauticsDefenseSystems.

La réaction française fut immédiate : les deux avions quiavaient mené l’attaque furent détruits au sol ainsi qu’unhélicoptère12. À partir de 16 heures, toujours le 6 novembre,plusieurs roquettes furent tirées contre les troupes françaisesstationnéesàl’aéroportd’Abidjan,cependantque,danstoutelaville, la « chasse aux Blancs » était déclenchée et lesétablissementsfrançaispillésetincendiés.L’arméefrançaisedutalors évacuer aumoyen d’opérations particulièrement risquéesdesfamillesentièresenextrêmepéril.

Le dimanche 7 novembre, dans les quartiers d’Abobo, deTreichville, d’Adjamé et de Koumassi, certains militairesivoiriens et les miliciens traquèrent les opposants et lesressortissantsduNorddelaCôted’Ivoire.Devantl’aggravationde la situation, ordre fut alors donné aux troupes françaisespositionnées le long de la ligne de démarcation où ellessurveillaientuncessez-le-feuquin’existaitplus,demarcher leplusrapidementpossibleversAbidjan.

Mardi 9 novembre, l’hôtel Ivoire fut assiégé par une fouleagressive. Certains manifestants arboraient des peintures deguerre et déclaraient qu’ils allaient « manger les Français »,cependantquelaradionationalelespoussaitàaffronterl’armée

française.À 16 h 30, la situation fut à la limite du contrôlable car

plusieursvéhiculesfrançaisétaientenpassed’êtrelittéralement«avalés»parlafoule.Unmanifestantsautamêmesurunblindéet tenta d’en armer la mitrailleuse. Un officier français le mitimmédiatement hors de combat, évitant ainsi un dramemajeur.Au même moment, un gendarme ivoirien tenta de pousser unsoldat français dans la foule afin qu’elle le lynche,mais il futégalement neutralisé. Les deux coups de feu qui furent alorstirésdéclenchèrentunefusilladenourriecar,depuislafoule,destireursouvrirentlefeusurlesmilitairesfrançaisquiripostèrent.Lesmanifestantssedispersèrentalors.

c)Lecoupd’ÉtatdeLaurentGbagboetlasecondeinterventionfrançaise

La situation s’apaisa ensuite jusqu’aux électionsprésidentielles de 2010 qui furent remportées par la coalitionBaoulé-nordistes. À l’issue d’un vote ethnique, AlassaneOuattarafutéluausecondtouravecprèsde55%desvoix,maisLaurentGbagborefusades’inclineretseproclamavainqueurduscrutin.

Leprésidentélumaisimpuissants’installaàl’HôtelduGolfetunepantomimedequatremoissejouaalors.LaurentGbagbocommit l’erreur de s’en prendre à la France qui n’attendaitqu’un prétexte pour intervenir, notamment en raison des liensd’amitié qui existaient entre Nicolas Sarkozy et AlassaneOuattara.

Une offensive nordiste appuyée par la France fut doncdéclenchéeet leprésidentautoproclamése trouvaassiégédans

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Indépendant le30 juin1960, l’ancienCongobelgesombradanslechaosdèsle5juillet,quandlaForcepublique,pourtantgarante de la stabilité du pays, se mutina. Le Congo explosaalors et la Belgique envoya des troupes pour évacuer sesressortissants. En plus du chaos, le pays fut au bord dudémembrement car, le 11 juillet, le Katanga se proclamaindépendant.

a)Lesguerresdesécession:KatangaetKasaï(1960-1963)

Le11 juillet 1960, soutenue par l’Unionminière duHaut-Katanga,laConakat(ConfédérationdesassociationstribalesduKatanga),présidéeparleLundaMoïseTschombé,décidadeseséparer du Congo. La province du Katanga déclara doncunilatéralement son indépendance et prit le nom d’État duKatanga.Lacommunautéinternationale,États-UnisetURSSentête ne reconnut pas le nouvel État et la réduction de cettesécession donna lieu à une guerre de près de trois ans entrel’ONUetlapetitearméekatangaise.

Le12 juillet, legouvernementcongolaisdemandaà l’ONUuneinterventionmilitaireafindeprotégerlepayscontrecequ’ilqualifiait d’« intervention extérieure » – l’arrivée des troupesbelges–,etpourmettreuntermeàlasécessionduKatanga.

Le14 juillet, leConseildesécuritéde l’ONUvotapour leprinciped’uneinterventionauCongoetdemandaàlaBelgiquederetirersestroupesdupays.Deuxjoursplustard,lespremiersCasquesbleusdébarquèrent.Ilsétaientmajoritairementindiens.Le23juillet,lesdernierssoldatsbelgesquittèrentLéopoldvilleet les troupesde l’ONUprirentpositiondans tout leCongo,àl’exceptionduKatanga.

Pour Patrice Lumumba, Premier ministre, l’arrivée desCasques bleus devait permettre de réduire la sécessionkatangaise, cependant que pour l’ONU, leur mission étaituniquementd’éviteruneinternationalisationduconflit,l’URSSayantproposésonsoutienauxauto-ritéscongolaises.

La situation fut encorecompliquéeparuneautre sécessionencoursauKasaïoùlesLuba-KasaïenbutteauxpersécutionsdesLuluwa,exigeaientlacréationd’uneprovincedanslaquelleils seraient en sécurité. Comme le gouvernement Lumumba yétait totalement opposé, le 8 août, le Luba Albert Kalondjiproclama alors l’indépendance du Sud-Kasaï et il fixa sacapitale à Bakwanga (Mbuji-Mayi depuis 1996), laissantLuluabourg(Kananga)souslecontrôledesLuluwa.

Le9août, leConseildesécuritédemandaà laBelgique leretrait immédiat de ses troupes encore stationnées auKatanga.Le 12 août, le secrétaire général de l’ONU se rendit àElisabethville où il eut un entretien avecMoïse Tschombé, cequi provoqua la fureur de Patrice Lumumba qui l’accusa dereconnaîtreunÉtatrebelle.

Le 25 août le Kasaï et le Katanga formèrent uneconfédération.Lesdeux«États»disposaientdel’essentieldesrichessesminièresde l’ancienCongobelge,mais ilsétaientenproie à de graves problèmes ethniques. Les Luba du KatangagroupésdanslaBalubakat1etquiétaientfarouchementopposésà la déclaration d’indépendance duKatanga, s’étaient en effetprononcés dès le 17 juillet, au sein même de l’Assemblée duKatanga contre l’indépendance du Katanga et ils ne tardèrentpasàentrerenguerrecontrelesgendarmeskatangais2.

Menacé d’une interventionmilitaire de l’ONU, leKatangafut ensuite privé de ses cadresmilitaires belges car Bruxelles,cédantauxinjonctionsduConseildesécurité,retirasestroupes.

Le Katanga constitua alors une petite armée, la Gendarmeriekatangaise, qui fut encadrée par d’anciens officiers et sous-officiers belges de la Force publique et par des mercenaires,essentiellementfrançais,dontplusieursofficierssupérieursquele général De Gaulle venait de retirer d’Algérie en raison deleurspositionsAlgériefrançaise.

Pour réduire ces deux sécessions, Patrice Lumumba lançauneopérationmilitaireàlafindumoisd’août1960.AuKasaï,Bakwanga fut occupée le 27 août, mais l’armée nationalecongolaise y massacra des civils luba-kasaï. Aux yeux de cesderniers,PatriceLumumbadevint«l’assassindesLuba-Kasaï»,cequiexpliquerasafintragiquequelquesmoisplustard.

Le 23 septembre, aidés par la gendarmerie katangaise, lesséparatistes du Sud-Kasaï reprirent Bakwanga où AlbertKalondjisefitproclamerMulopwe(«empereur,roi»)le8avril1961.

Pourmettreun termeà lasécessionkatangaise, les troupesde l’ONUmenèrent une véritable guerre contre les gendarmeskatangais et leur encadrement blanc. Elle se déroula à traversquatrecampagnes:

– le28août1961,lechefdelamissiondel’ONUauCongo,l’IrlandaisO’Brien,décidadecapturerlesmercenairesquiencadraientlesforceskatangaises.300d’entreeux,dont180Belges,furentfaitsprisonniersparsurpriseetilsfurentexpulsés.Cependant,lenoyaudurdecesmercenaires,notammentlesFrançais,échappaàlaraflequin’affaiblitdoncpaslesmoyensdelagendarmeriekatangaise;

– le13septembre1961,unesecondeopérationdontlenométaitMorthor,eutpourobjectiflacapturedeMoïse

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d’ailleursatteintleursbutsdeguerre:

– lesAngolaisavaientsécurisélarégiondeKinshasaetleCabinda,tandisqueleCongo–Zaïren’étaitpluslesanctuairedel’Unitaendéroute;

– l’OugandaetleRwandaavaientégalementintérêtàfigerlestatuquopuisqueleursconquêtesterritorialessemblaientsolidementassuréesdansl’Estdupays;

– restaitleZimbabwedontlecorpsexpéditionnairede11000hommesétaitembourbéauKatangaetdontl’économienepouvaitplussupporterles30millionsdedollarsmensuelsquecoûtaitl’interventionenRDC.Hararecherchaitdoncuneissuepolitiqueluipermettantdeseretirerenbonordre.

Le 10 juillet 1999, furent donc signés les « accords deLusaka».Ilsprévoyaientuncessez-le-feu,ledéploiemententreles belligérants d’une force de l’ONU de 5 500 hommes, laMONUC(Missiond’observationdesNationsuniesauCongo).Ces accords devaient entrer en vigueur le 1er septembre 1999,mais ils ne furent pas appliqués et le conflit continua car leprésident Kabila refusait ce qui aboutissait de fait à unepartition du Congo, la présence des hommes de l’ONU allantpermettre d’entériner l’occupation des deux tiers du pays parl’Ouganda,leRwandaetleursalliéslocaux.

LaurentDésiréKabilafutassassinéle16janvier200110parunofficierdesonarméeoriginaireduKivu,régionsouscontrôlerwandais. Son successeur, Joseph Kabila Kabange était sonproprefilsquinégocialadifficilesortiedelaguerre,jouantunjeu serré entre les protagonistes étrangers du conflit. Uncalendrier de retrait de toutes les forces étrangères futmis aupointetàlafindumoisdemars2001,laMonuccommençason

déploiement.Finmai,1500CasquesbleusétaientsurplaceenRDC.

Le19avril2002,leprincipedelaréunificationdelaRDCfutacceptépar tous lesprotagonistesquisignèrent l’accorddeSunCityenAfriqueduSud.Le30juillet2002,l’accorddepaixCongo-Rwandaqui fut signéàPretoriaprévoyait le retrait dessoldatsrwandaisdelaRDC.Le6septembre2002, l’accorddeLuanda permit de conclure la paix avec l’Ouganda quis’engageaitàretirersestroupesdel’Ituri.Dernièreétape,le17décembre 2002, les membres du Dialogue intercongolais, àsavoir les milices rebelles plus le gouvernement de Kinshasa,signaient un accord global de paix prévoyant la constitutiond’ungouvernementde transitionetdesélections législativesetprésidentiellesdans lesdeuxans.LasecondeguerreduCongoétaitterminée.

III.Laguerredel’Ituri(1996-2004)

Danslesannées1996-2004,l’Iturifutlethéâtredesanglantsaffrontements ethniques qui provoquèrent l’intervention del’ONUetcelledel’arméefrançaise.SituéedansleNord-Estdela RDC, l’Ituri qui tire son nom de la principale rivière quitraverselarégionestunezonedehautesterrescompriseentrelagrande forêt congolaise à l’ouest et le lac Albert à l’est. Àl’exception des zones bordières du lac Albert, la région jouitd’unclimatsalubrepropicetantàl’élevagequ’àl’agriculture,cequi explique ses fortes densités humaines et la variété de seshabitants. En plus d’être un carrefour géographique etclimatique, l’Ituri est une zone de grande diversité humaine,plusieursstratesdepopulationss’yétantsuperposéesmaisaussi

entremêlées. L’Ituri est en effet une « frontière » entrepopulations bantuphones, central-soudaniques (Lugbara etMadi),«nilotiquesdesplaines»(Karamojong)etnilotes«desrivièresetlacs»commelesLuo(AcholietLangi).

En 2003, l’ethnicisation de l’Ituri devint explosive car unchefhema,KahwaPangaMandro,fondalePartipourl’unitéetlasauvegardedel’intégritéduCongo(PUSIC).Entre-temps,lesLendu avaient fondé le Front des nationalistes etintégrationnistes (FNI)dirigéparFloribertNdjabuNgabu.LesAlur avaient décidé de se doter eux aussi d’une structurecombattante,lesForcespopulairespourladémocratieauCongo(FPDC).QuantauxKwakwaquiviventdanslarégiond’Aru,ilsavaient créé les Forces armées du peuple congolais (FAPC)dirigéesparJérômeKwakwavuBukande.

Les Lendu s’en prirent aux Hema et ils attaquèrent lesvillages isolés, massacrant la population et se livrant sur lescadavres à des mutilations rituelles comme l’enlèvementd’organestelslefoieoulecoeur11.

AppliquantàlalettrelesaccordsdepaixdeLuandasignéscomme nous l’avons dit le 6 septembre 2002, les forcesougandaises commencèrent à se retirer d’Ituri le 24 avril 2003conjointement avec l’arrivéed’un contingent deCasquesbleusuruguayens. Or, la Monuc, envoyée dans le pays pour ysuperviser l’accord de paix, n’avait ni les moyens et encoremoinslavolontédelefairerespecter.

EnIturi,elleassistaenspectatriceauxmassacresethniques.Le contingent uruguayen fort de 700 hommes disposant d’unevingtaine de blindés fut particulièrement lamentable. Renforcéparunmillierde soldatsdeKinshasadéguisésenpoliciers, sacouardisen’eutd’égalquesonincompétence;lavilledeBunia,qu’il était censé protéger, fut livrée à la sanglante guerre

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Un contingent de Casques bleus fort d’environ 2 300hommesfutenvoyéauRwandasouslenomdeMinuar(MissiondesNationsuniespourl’assistanceauRwanda),etplacésouslecommandement du général canadien Roméo Dallaire, et quidépassé par les évènements demeura sans réaction face à leuremballement.

L A S T R AT É G I E D UF P R

La Stratégie du FPR a comporté deux phases, l’unemilitaire (voir plus haut) et l’autre politique, qui futréaliséeendeuxtemps.Dansunpremier temps, lerégimeHabyarimana fut déstabilisé, puis l’ensemble du Rwandahutufutdéstructuré,etcela,detroisfaçons:

– entre1991et1994,plusieursresponsableshutu«modérés»furentassassinés,cequiprovoqualacondamnationetlamiseaubandurégimeHabyarimanaaccuséd’avoircommanditécescrimes.Or,noussavonsaujourd’huiquecescrimesfurentordonnésparleFPR.Nousconnaissonsmêmelesnomsdestireurs;

– en1991eten1992,desdizainesd’attentatsaveugles(mines,grenades,etc.)provoquèrentl’exacerbationdelahaineethnique.Attribuésàl’époqueauxhommesdemainduprésidentHabyarimana,lesfameux«escadronsdelamort».Noussavonsaujourd’huiqu’ilsfurentcommispardesmembresduFPR;

– lesInterahamwedontlenomestassociéaugénocidedesTutsi,furentcréesparunTutsidevenuplustardministredanslegouvernementtutsidugénéral

Kagame.LechefdecettemiliceàKigaliétaitlui-mêmetutsiainsiquenombred’infiltrésdontnousconnaissonslesnomsetjusqu’auxpseudonymesetquiavaientétédésignésenraisondeleurapparencephysique«hutu».Leurmissionétaitdouble:provoquerlechaosafindecréerl’irréversibleetdiscréditerlesHutuauxyeuxdel’opinioninternationale.

Après l’assassinat du président Habyarimana, le FPR nelaissapaslamoindrechanceàlapaix,faisantaucontrairetout pour amplifier l’anarchie qu’il avait provoquée.L’accorddepaixsignéàArushale4août1993futainsiétédélibérément violé, et cela, sans la moindre justificationmilitairepuisquel’APRn’étaitnullepartmenacéeparunequelconque offensive des FAR alors déliquescentes oumutinées.Le12avril,quandlesofficiershutudemandèrentl’arrêt immédiat et sans conditions des hostilités, ce quiéquivalait à une capitulation, ils n’obtinrent aucuneréponse (TPIR-98-41-T, Marchal, 30 novembre 2006, p.30-31).

d)Lesinsolites«erreurs»militairesdugénéralDallaire

LestravauxduTPIR,notammentlestrèslonguesaudiencesconsacrées au procès du colonel Bagosora (TPIR-96-7 I), ontpermis de mettre en évidence les énormes responsabilités dugénéral Dallaire dans les tragiques évènements rwandais del’année 1994. Accumulant les erreurs d’ordre militaire, il apermisàlafoisauFPRdelancersonoffensivedeconquêtedupouvoiretauxgénocidairesdemassacrerentoute«quiétude».

Seulsseptpointsserontmisicienévidence:

1. LegénéralDallaireadésinformélacommunautéinternationale,permettantainsiaugénéralKagamed’exécutersonplandeconquêtedupouvoirparlesarmes.Eneffet,le1ermars1994,ilreçutuncabledeKampala,envoyéparlecolonelAsrarHaque,commandantl’UNOMUR(missiondel’ONUenOuganda)l’informantqu’uneimportantelivraisond’armesdelaNRA(arméeougandaise)auFPRétaitencours.Cecabledétaillécontenaitladescription,letyped’armesetdemunitionscomposantleconvoi(TPIR–L0023836).

Or,le2mars,aulendemaindelaréceptiondecedocument,lorsd’uneréuniontenueàKigaliaveclesambassadeursdeBelgique,deFrance,d’AllemagneetdesÉtats-Unisqui luifirentétatd’informationsreçuesdugouvernementrwandaisau sujet de ces livraisons faites en totale violation desaccords d’Arusha, le général Dallaire déclara que ce queKigali affirmait à ce sujet était infondé (TPIR, 2000-56-T,mardi5décembre2006,p.72-73).

Présentàcetteréunionetenfaisantlecompte-renduàKoffiAnnan, secrétaire général de l’ONU, M. Jacques-RogerBooh-Booh, son représentant spécial au Rwanda etsupérieurdugénéralécrit:«He(Dallaire)stressed, forexample, that recentGovernmentreportof the large-scale movement of FPR military equipment andpersonnalfromUgandaintoRwandawereunfounded»(Booh-BoohàAnnan,2mars1994,6,TPIR–L0006445).

2. Le7avril,quandleFPReutunilatéralementrouvertleshostilités,legénéralDallairenecondamnapascetteviolationgravissimedesaccordsd’Arusha.Deplus,aulieu

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Dans la nuit du 28 au 29 juin, 2 Antonov 124 loués àl’Aeroflot et 1 DC10 de la compagnie zaïroise Shabairenlevèrent à Djibouti la 3e compagnie de la 13e DBLEcommandée par le capitaine Daniel Bouchez. Ces élémentsétaient placés sous les ordres du lieutenant-colonel JacquesHogard(2005).

Le29juin,touteslesactivitésfurentgeléesenraisondelavenueduministredelaDéfenseFrançoisLéotard.

Le 30 juin, à Bisesero, dans la région de Kibuye, ledétachement du capitaine de corvette Marin Gillier découvritune scène d’apocalypse : desmilliers deTutsi qui, durant dessemaines,avaientrésistéauxgénocidaires,yavaientfinalementétéexterminés.Lemême jour, lesnouvellesquiparvenaientdeButare faisaient état d’une urgence humanitaire et les ONGprésentessuppliaientlestroupesfrançaisesd’yintervenir.

Le1er juilletledétachementTauzinfitmouvementparvoieroutière et le lieutenant-colonel Duval fut héliporté sur la« Plaine », prairie servant d’« aérodrome » à l’entrée nord deButare,afindelasécuriseretpermettreauTransalltransportantles médecins de l’EMMIR (Échelon militaire médicald’intervention rapide) d’y atterrir. Au même moment, l’APR,commençaitl’encerclementdelacité.

Durant la reconnaissance à Butare, le colonel Tauzindécouvrit qu’il fallait évacuer plus de 1 000 personnes, or leshommes de Turquoise ne disposaient pas des moyens detransport nécessaires. Entre-temps, le général Lafourcade fitsavoiraucolonelRosierqueParisquivoulaitàtoutprixéviterdes incidents avec l’APR s’inquiétait de le savoir si loin. Ilfallut donc revenir au plus vite versGikongoro. Le départ eutlieuvers1h30le2juillet.

Le 2 juillet le général Lafourcade, qui avait finalement

obtenu l’autorisation de Paris, décida de retourner àButare lelendemain 3 juillet. L’aspect humanitaire avait prévalu sur lesrisques qu’une telle mission comportait. La journée futemployée à réunir lesmoyens locaux nécessaires au transport,dont des bus qui furent conduits par des hommes dudétachement.L’action qui fut lancée le 3 juillet dès l’aube futuneréussite.

2. Du5juilletau22août:laZHS(Zonehumanitairesûre)Deux semaines après le début de l’opération Turquoise, il

apparutqueleconceptdepositionnementdesforcesàpartirduZaïre s’accommodait mal de l’objectif de protection despopulations.Turquoiseallait-elledoncseréduireàdes«coupsdesonde»,àdesallersetretoursàpartirduZaïre?L’ampleurdelatâchenesesatisfaisaitàl’évidencepasd’untelmouvementdeva-et-vientpourallerchercherdesgensmenacésauRwandaafindelestransporteràBukavu,auZaïre.Ilconvenaitplutôtdedélimiter une zone au Rwanda même et où le regroupementseraitpossible.

L’alternative était donc claire : soit se retirer en dehors duterritoirerwandaisetagirsuperficiellement,depuisleZaïre,soitorganiserunezonehumanitairesûredansleSud-Ouestdupays.La seconde option fut choisie sur proposition de l’amiralLanxade.

Àpartirdu5juillet, lamissiondeTurquoisechangeadoncdenatureaveclacréationdela«zonehumanitairesûre»(ZHS)qu’ilfallutoccuperetquadrillerpour lasécuriser.Cette(ZHS)futdélimitéedansleSud-OuestduRwandadanslespréfecturesde Gikongoro, Kibuye et Cyangugu. Le 6 juillet, le secrétairegénéral de l’ONUdonna publiquement son appui à l’initiativefrançaise.

L’O P É R AT I O N T U R Q U O I S E

Turquoise est lentement montée en puissance jusqu’au 3juillet,dateàlaquellesesmoyensfurentàpeuprèsréunis.Entre le 20 et le 30 juin, durant dix jours, le COS futquasiment seul sur le terrain. Durant la phase la plusdélicatedeTurquoise,cenefurentdoncpas2924hommesqui opérèrent au Rwanda, mais très exactement 150,articuléscommenous l’avonsvuen troisgroupes répartissurdessuperficiesaureliefaccidentéetenpartieforestier.Àeuxseuls, ilsréussirentàsécuriserenvironunquartduRwanda, région peuplée de trois millions de civils dontplusd’unmillionderéfugiés.À titre de comparaison, rappelons qu’avec plus de 2 539hommes, le généralDallaire n’avait pas été enmesure depacifier la seule ville de Kigali, se montrant mêmeincapabled’ycréerunseulvéritablepointderegroupementgarantissant effectivement la sécurité des personnesmenacées…

Le22 juillet,uneépidémiedecholérasedéclaradans lescampsderéfugiésdelarégiondeGomaquifitde20000à50 000 morts en dix jours. La France aménagea enconséquence son antenne, initialement conçue pour lesoutienmédical et chirurgical de ses forces, en uneunitéde soins aux cholériques. L’épidémie justifia égalementl’envoi,le22juillet,delaBioforce12quimitenplaceunecampagnede24000vaccinationspourenrayerl’épidémie.Autotal42000à45000mortsfurentinhumésdansdeuxfossescommunesouvertesparleBSL(bataillondesoutienlogistique)13commandéparlecolonelLeGoff,àproximitéde l’aéroport. Le même BSL entreprit également la

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commencèrent à se retirerd’Angolaet leMplaenprofitapourlancer une puissante offensive contre l’Unita. Les blindéscubainsprirentalorsHuambo,Lobitoetlesprincipalesvillesdupays,etlavictoireduMplasemblaalorstotalecar,deplus,dansleNorddupays,enzonekongo,leFnlaabandonnalalutte.

Poursapart,l’Unitaserepliaenbrousseetils’adossaàlafrontièreavecleSud-Ouestafricaind’oùilfutaidéparl’Afriquedu Sud. Il développa ensuite une guérilla particulièrmentmordantequeleMplaneparvintpasàréduire,puis,àlafindel’année1977etaudébutde1978,illançaunecontre-offensivequi bouscula les Fapla (Forças armadas populares deLibertação de Angola), la composante militaire du Mpla, endépitdelaprésenced’unimpressionnantcorpsexpéditionnairecubainportéà23000hommes.

Le 10 septembre 1979, Agostinho Neto, chef de l’Étatangolais, mourut à Moscou et José Eduardo Dos Santos luisuccéda. De 1980 à 1983, les combats furent incessants etl’arméesud-africaine lançaplusieursraidspourvenirenaideàl’Unita quand ses forces se trouvaient directement confrontéesauxtroupescubaines.

Au mois de février 1981, l’Unita et les Sud-Africainsremportèrent une importante bataille à Mavinga où plusieursunités blindées cubaines furent détruites, puis, le 16 février1984, l’Afrique du Sud et l’Angola signèrent les accords deLusaka par lesquels Pretoria s’engageait à retirer ses troupesd’Angola.

Cependant, le conflit, loin de cesser, gagna encore enintensitéetdurantlesannées1987et1988,l’Unita,puissamentsoutenu par les unités spéciales sud-africaines, déclencha uneoffensive générale. La guerre qui fut alors totale vit même sedéroulerdes engagements aériens entreMigcubains etMirage

sud-africains.

b)LabatailledeCuitoCuanavale

Au mois de décembre 1987, les Fapla lancèrent uneoffensive majeure contre l’Unita et elles prirent la ville deMavinga. Enmai 1988, I’Unita, aidée par les unités spécialessud-africainesnotammentle32ebataillon,contre-attaquèrentetreprirent la ville. Isolés et coupés de leurs bases, les Fapla etl’essentiel du corps blindé cubain furent alors menacésd’encerclement, mais ils réussirent à se replier jusqu’à CuitoCuanavale.L’arméesud-africaineneleurlaissapasletempsdese reconstituer et elle vint mettre le siège devant la ville(Hamann,2001:63-102).

Presséparsesgénérauxdedonnerl’ordred’assautquiauraitpermis à l’Afrique du Sud de remporter une victoire de hauteportée,leprésidentBotharefusaetlesiègefutlevé.

Lesraisonsdecettedécisionquiconstitualetournantdelaguerre étaient claires : l’armée sud-africaine, armée deconscription, n’aurait paspu supporter lespertesprévuespourun tel assaut et qui furent estimées à plusieurs centainesd’hommes, ce qui était politiquement inacceptable pour unepopulationblanchede cinqmillions de personnes.Deplus, leprésidentBotha considéra que les intérêts vitaux sud-africainsn’étaient pas menacés. En revanche, il avait prévenu : si lesFaplaavaientattaquélaNamibie,laréactionsud-africaineauraitététotale(Hamann,2001:99).

Pour les Cubains, la bataille de Cuito Cuanavale fut undésastre, ce qui n’empêcha pas FidelCastro de revendiquer lavictoire, ce qui fit dire au colonel Dean Ferreira, chef desopérationsmilitairesdelaSADFenAngola:

«Siladéfaitepourl’AfriqueduSudsignifielamortde31soldats,lapertede3 tanks,de5véhiculesblindés etde3 avions, alors, il y abien une défaite. Si la victoire pour la FAPLA et les Cubainssignifient lamortde4600de leurs soldats, lapertede94 tanks,de100véhiculesblindés,de9avionsetd’autreséquipementsmilitairesd’originesoviétiqued’unmontantestiméà1milliardderands,alors,ilsontgagné»6.

Quelquesmoisplustard,en1989,lebilandelabataillefutofficiellementdressé7:

–CôtéAfrique du Sud : 31morts plus 12morts dans lesrangsdel’Unitaet90blessés.Pertesenmatériel:1MirageIIIet1aviondereconnaissance,3blindésOliphantMBT,4Ratels.

–CôtéCubaetFAPLA:plusde7000morts,8avionsMIG-23, 4 MIG-21 et 2 Sukhoi-22 ; 8 hélicoptères MILMI 24.Blindés:94T-55etT-62,94BMP-1s,64BTR-60s,32BRDM-2s,2camionsde transportdechars (BTS-4),unecinquantainedecanonsdediverscalibres,15missilesSA-8,SA-13etSA-9,47missilesSA-14etSA-16,21canons anti-aériensZSU-23-4etZU-23-3,5radars,4véhiculesdecommunication,7véhiculesde commandement TMM et 377 véhicules logistiques, sanscompterdesdizainesde lance-roquettes,demortiers,de lance-grenades.8

Le 5 août 1988 un cessez-le-feu fut signé entre Cuba, leMpla et la RSA, mais l’Unita déclara qu’elle n’était pasconcernéeparcet accord.Cecessez-le-feu futnéanmoins suivile 22 décembre 1988 par le Traité de NewYork conclu entreCuba, l’Angola et l’Afrique du Sud et qui stipulait lerapatriement des soldats cubains alors présents en Angola. Ilrestait à ce moment-là 17 000 soldats cubains en Angola,essentiellement des combattants, les 33 000 qui avaient étérapatriés intervenaient surtoutdans ledomainedes servicesou

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BohémonddeTripoli,61Boichut,E.(Général),169Bois,J.-P.,83Bonaparte,65,78-80Bonaparte,L.-N.,83Bontinck,F.,130Booh-Booh,J.R.,335-338Bookin-Weiner,J.B.,33Borgnis-Desbordes,(Colonel),88,89Botha,L.(Général),113,145,146Botha,P.W.,352,358,363Botham,Ph.,351Boucharb,33Bouchez,D.(Capitaine),346Bouktou,13Boumedienne,H.,193Bourgès-Maunoury,189Boussouf,A.(Colonel),188Bouteflika,A.,219,226Branche,R.,188Brassine,J.,314Brégeon,J.-J.,79Bretonnet(Lieutenant),92,93,95Breutz,P.L.,58Briand,A.,169,170,172Bridgland,F.,356Brièredel’Isle,88Brignon,J.,38Brueys(Amiral),79,80Bruguière,J.L.,339Brunet,J.P.,192Brunschwig,116

Bryant,A.(RP),52Buchoud(Colonel),190Bugeaud,Th.R.,77,81-87,128Buijtenhuijs,R.,182,183,247,250Buller(Colonel),106Buller,R.H.(sir,Gal),106,111Bulwer,H.(sir),98Bunyenezi,Ch.(Major),329Burke,158

CCaetano,M.,135,199,200,362-364Cahen,M.,362Calas,B.,319Campos,160Camps,G.,13Caneva,C.(Général),128Carey,J.B.,104Carlier,M.,88Carmignani,J.-C.,79Castries,H.(de),31,34Castro,F.,358Caute,D.,351Cetshwayo,97-102,104ChadliBendjedid,218,221,222Challe,188-191Chaltin,L.N.(Commandent),131Chamberlain,113Chambrun(de,Gal),167Champeaux,A.(Lieutenant-colonel),78,79Changarnier(Général),86Chanoine(Capitaine),94

Chapelle,J.,251Chargois,129Charnay,J.P.,160CheikhAhmedSharif,274,275Chirau,353Choiseul,77Chovin,G.,34Christiansen(Lieutenant),152Churchill,W.,178Cilliers,J.K.,351Ciza,B.,339Clapham,C.,266Claustre,F.,250,252Clergerie,J.-L.,303Clinton,B.,271Closset,A.(Colonel),314Clôt,A.,63Cocard,H.,34Cointet(de,Capitaine),96Collins,R.,28Conrad,Ph.,173ConstantII,25ConstantinIV,26Corap(Colonel),171Corfield,F.D.,182,184Cornevin,R.,116CostaPinto,350Coupez,17,48,49Courcelle-Labrousse,V.,160,167Couteau-Bégarie,177Crampel,P.,92,93Crispi,F.,123,124,127

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Mitterrand,F.,330Mkwakwa,118Moaouia,24Mobutu,J.-D.(Maréchal),310,313,316,317,319,321,338,

379Modéran,Y.,,24,26ModiboKeïta,211,238Moha/Hammoues-Zaïani,159Mohamed(Prophète),40,41MohamedAbdelaziz,216MohamedAcharif,243MohamedAgNagim,244MohamedBello,41,42MohamedBoudiaf,222,225Mohamedech-Cheikh,34Mohamedel-Baghalani,250Mohameden-Fadl,282MohamedFarahAidid(Général),271,272MohamedIIIel-Hadj,34MohamedLaghdaf,158MohamedOutchiki,243MohamedV,(SultanduMaroc),209MohamedVI,(RoiduMaroc),219MohamedYusuf,307MohammedbenAbdel-Krimel-Khettabi,160,161,163,165-

171Mohammedech-Cheikh,30Mohammedel-Moutaoukil,30,33Mohammedel-Moutaoukil,33Mohammedes-Senoussi,92,93MohammedN’Ifrouten,159MohandN’Hammoucha,158

Mohsen-Finan,K.,214MoktarOuldDaddah,217Moletsane,58Mollet,G.,185,187Mondlane,E.,199Monneret,J.,186,195Monnerot,G.,187Montagnon,P.,186Monteil,P.L.(Colonel),94Montgomery,B.(Général),176Moorecraft,P.,351,352Moreau,80Moreno,J.,165Morice,A.,189,191,217Moroko,67Morris,D.R.,51,97Morsy,M.,36,37Moshesh,57,58MostafabenBoulaïd,187MoulayAbdel-Malek,30,32,33MoulayAbdallahel-Ghalib,33MoulayAbderrahmanebenHicham,38MoulayAhmedSeghrouchni,158Moulayel-Mehdi,166MoulayHafid,158MoulayIsmail,34,36-38MoulaySlimane,38MoulayYoussef,158,168MouradBey,79,81MoussaTraoré,239Mpande,97Mpayimana,321

Mtouggui,157Mugabe,R.,352-354MuhammadAhmad,44,45MuhammadAhmadibnAbdAllah,44MuhawiyabenHudayi,25Mulele,P.,314Munyazeya,F.,339Murray,C.,57MusabenNusayr,28Mussolini,B.,171,172,254MustaphaAbdelJalil,228MustaphaAllouh,160MustaphabenIsmail,82Mustaphael-OualiSayed,216MustaphaPacha,80Muzorewa(Mgr),353,354Muzzolini,A.,12-14Mzilikazi,57,58,67,68

NN’Gabanda-Nzambo,338NabilSahraoui,224NahlaZéraoui,28Nandi,52NapoléonIII,104Naravas,21NasirMohamedibnKalaoun,62Nasser,G.A.(Colonel),171,185Naulin,S.(Général),168,169Navarro,F.(Général),164,165NdabahingiSithole(RP),353NdahiroIICyamatare,49

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ITALIEN

II.LEDÉBARQUEMENTALLIÉDENOVEMBRE1942ETSESCONSÉQUENCESMILITAIRES

CHAPITREIV:LADÉCOLONISATION:DESGUERRESGAGNÉES,DESEMPIRESPERDUSI.LAGUERREDESMAUMAU(1952-1956):UNCOUP

DETONNERREDANSUNCIELSEREIN

II.LAGUERRED’ALGÉRIE(1954-1962):VICTOIREMILITAIREFRANÇAISE,VICTOIREPOLITIQUEALGÉRIENNE

III.LAGUERREDEDÉCOLONISATIONPORTUGAISE(ANGOLA,MOZAMBIQUE,GUINÉE-BISSAU(1961-1975)

QuatrièmepartieLesguerrescontemporaines1960-2013

CHAPITREPREMIER:LESGUERRESENAFRIQUEDUNORDI.LADOUBLECONFLICTUALITÉALGÉRO-MAROCAINEII.LAGUERRECIVILEALGÉRIENNE(1992-2002)III.LAGUERREDELIBYE(FÉVRIER2011-OCTOBRE2011)

CHAPITREII:LESGUERRESLELONGDURIFTRACIALSAHÉLO-SAHARIENI.LESAHEL:UNARCHIPELDECONFLITSII.MALI-NIGER-AZAWAD:DESCONFLITSRÉCURRENTS

III.2012-2013:DELAGUERRETOUAREGÀLAGUERREISLAMISTE

IV.LESGUERRESDUTCHAD(1965-2009)

CHAPITREIII:LESGUERRESDANSLACORNEDEL’AFRIQUEI.LESGUERRESD’ÉTHIOPIE(1970-1991)II.LECONFLITÉTHIOPIE-ÉRYTHRÉE(1998-2000)III.LESGUERRESDESOMALIE:CLANSCONTRECLANS

(DEPUIS1977)

CHAPITREIV:LESGUERRESDUSOUDAN(1956-2013)I.LESGUERRESRACIALESNORD-SUD(1956-2010)II.LAGUERREDUDARFOUR(DEPUIS2003)III.LAGUERREENTRELESDEUXSOUDAN(2011-2012)

CHAPITREV:LESGUERRESETHNIQUESDEL’OUESTAFRICAIN(1990-2013)I.LIBERIA:KRUCONTREMANDÉ

II.SIERRALEONE:LIMBACONTREMENDÉ

III.CôTED’IVOIRE:NORDCONTRESUDIV.NIGERIA:DELAGUERREDUBIAFRAAUCONFLIT

ETHNO-RELIGIEUXNORD-SUD

CHAPITREVI:UNDEMI-SIÈCLEDEGUERRESAUZAÏRE/RDC(1960-2012)I.LESPREMIÈRESGUERRESDUCONGO(1960-1978)II.DELACAMPAGNEDUZAÏRE(SEPTEMBRE1996-MAI

1997)ÀLADEUXIÈMEGUERREDUCONGORDC

(1998-2002)III.LAGUERREDEL’ITURI(1996-2004)IV.LADEUXIÈMEGUERREDUKIVU(DEPUIS2007)

CHAPITREVII:LAGUERREDURWANDA(1EROCTOBRE1990-19JUILLET1994)I.DEL’OFFENSIVETUTSIDE1990AUXACCORDSD’ARUSHA

(4AOÛT1993)II.ENTREGUERREETGÉNOCIDE:DU6AVRILAU19

JUILLET1994

CHAPITREVIII:LESGUERRESD’AFRIQUEAUSTRALE(1965-2002)I.LAGUERREDEBROUSSERHODÉSIENNE(1965-1978)II.LADEUXIÈMEGUERRED’ANGOLA(1975-1984)III.LATROISIÈME(1992-1993)ETLAQUATRIÈME

(1997-2002)GUERRED’ANGOLA

IV.LESGUERRESDUMOZAMBIQUE(1975-1992)

INDEX

BIBLIOGRAPHIE

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63039Clermont-FerrandImprimeurn°17197

Danslecadredesapolitiquededéveloppementdurable,LaSourced’Oraétéréférencée

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