Daniel Marchildon

LES GUERRIERSDE L’EAU

LES GUERRIERSDE L’EAU

Verm

illo

n J

eunesse

Les guerriers de l’eau

Les Éditions du Vermillon reconnaissent l’aide financièrepour leurs activités d’édition

du Conseil des Arts du Canada, du Conseil des artsde l’Ontario, de la Ville d’Ottawa,

et du programme du Fonds du livre du Canada,ministère du Patrimoine canadien

Les Éditions du Vermillon305, rue Saint-Patrick Ottawa (Ontario) K1N 5K4

Téléphone : (613) 241-4032 Télécopieur : (613) 241-3109Courriel : leseditionsduvermillon@rogers.com

DistributeursPrologue au Canada

1650, boulevard Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7Téléphone : (1-800) 363-2864 (450) 434-0306Télécopieur : (1-800) 361-8088 (450) 434-2627

Albert le Grand en Suisse20, rue de Beaumont,CH 1701 Fribourg

Téléphone : (26) 425 85 95 Télécopieur : (26) 425 85 90Librairie du Québec en France30, rue Gay-Lussac, 75005 Paris

Téléphone : 01 43 54 49 02 Télécopieur : 01 43 54 39 15ISBN 978-1-771200-51-6

Formats numériques : ISBN 1-978-771200-52-3 (PDF) ; ISBN 1-978-771200-53-0 (ePub)

COPYRIGHT © Les Éditions du Vermillon, 2012Dépôt légal, deuxième trimestre de 2012

Bibliothèque et Archives CanadaTous droits réservés. La reproduction de ce livre,

en totalité ou en partie, par quelque procédé que ce soit,tant électronique que mécanique, et en particulier

par photocopie, par microfilm et dans Internet,est interdite sans l’autorisation préalable écrite de l’éditeur.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada Marchildon, Daniel,

Les guerriers de l’eau / Daniel Marchildon (Collection Romans. Série Jeunesse; 23)

ISBN 978-1-771200-51-6I. Titre. II. Collection: Collection Romans. Série Jeunesse; 23

PS8576.A6356G84 2012 jC843'.54 C2012-901989-5

DANIEL MARCHILDON

LES GUERRIERS

DE L’EAU

ROMAN JEUNESSE

Vermillon

L’auteur tient à remercier le Conseil des artsde l’Ontario pour son aide financière lors del’écriture de ce roman.

À Micheline qui, comme moi, adore l’eau que nous partageons.

CHAPITRE PREMIER

Le secret

– Elle me cache quelque chose.Victor le sait. Tout dans la démarche de sa

mère le dénote, sa nervosité, son regard fuyant.Il devrait lui poser la question directement,

mais il craint la réponse. D’ailleurs, il préféreraitconnaître le secret de la docteure Alma Labergeavant de l’affronter. Ainsi il serait en position deforce. En ce moment, le garçon de quatorze ansse sent vulnérable.

– Tu veux venir faire un tour à vélo ?Serge Falaquet l’interpelle depuis la porte de

sa chambre. Physiquement, son père est toutl’opposé de sa mère : court, trapu, le visagejoufflu, légèrement clownesque, les cheveuxblonds et épars. Victor bondit de son lit, heureuxd’aller prendre l’air.

Père et fils quittent l’appartement et descendentles escaliers jusqu’au rez-de-chaussée. Au garage,

LES GUERRIERS DE L’EAU

ils retrouvent leurs vélos rangés parmi unedizaine d’autres.

– On va les régler à l’effort moyen, proposeSerge en retirant sa bicyclette d’une fente d’entre-posage dans le mur.

Il jette un coup d’œil rapide sur les guidons.L’indicateur « chargé » est bien allumé.

– T’es paresseux, comme d’habitude, décocheVictor à la blague, en baissant le niveau d’effortà celui que propose son père.

Une seconde après, ils enfourchent leurs véloset se mettent à pédaler vers la sortie. Quand ilsarrivent à la légère pente menant à la porteouverte, le moteur silencieux des vélocipèdess’active et les cyclistes avancent au même rythmesans avoir à fournir plus d’effort. Quand il faitune balade tout seul, Victor, de nature athlétique,règle son vélo à deux ou trois niveaux supérieurs.

Le soleil de ce matin du début de juilletannonce une journée caniculaire. Serge etVictor profitent de la brise créée par le déplace-ment de leurs bicyclettes. Le garçon s’engagedans la piste cyclable devant son père. La ten-sion des ressorts sous la selle de son vélos’ajuste automatiquement afin de maximiser leconfort du cycliste. Malgré les supplicationsrépétées de Victor, ses parents refusent toujoursde lui acheter un vélocipède plus sophistiqué

10

LE SECRET

avec, entre autres, système de guidage automa-tique, chaufferette, ventilateurs.

– Prends à droite, je veux aller voir le lac. Victor aurait préféré aller tout droit vers

High Park, l’un des plus importants espacesverts de Toronto où le cycliste peut s’amuser àmonter et à descendre des collines. Mais il serallie assez facilement à la proposition de sonpère, soit de longer la rivière Humber.

Suivre ce parcours rappelle à Victor ses leçonsd’histoire et, invariablement, le pousse à rêver aupassé, même à visualiser les Autochtones et le pre-mier Européen à visiter cette partie du continent,Étienne Brûlé, descendant la rivière dans descanots en 1615, voilà quatre cent soixante etonze ans. Le jeune Français, de vingt-trois ans àl’époque, serait sans doute bien étonné de voir latransformation de ce territoire en bordure du lacOntario. Jadis inhabité, il comprend, aujourd’hui,plus de dix millions d’habitants. Il y en auraitprobablement même davantage si, dans lesannées 2050, le gouvernement n’avait pas imposéune limite à la population dans cette zone urbaine.

Au cours de leur promenade, les deux cyclistesen croisent plusieurs autres. Dans la régiontorontoise, reconnue mondialement pour sonvaste réseau de pistes cyclables, presque tout lemonde circule à bicyclette, été comme hiver,

11

LES GUERRIERS DE L’EAU

grâce aux pistes souterraines. La ville compteautant de vélos que d’habitants.

Au bout d’une demi-heure, les Falaquet arriventdevant la « grande bleue » du lac Ontario. À leurgauche, vers l’ouest, se dressent les silhouettesdes quelques gratte-ciels du centre-ville. Victorsonge aux histoires que Serge lui a déjà racon-tées. Au vingtième siècle, Toronto comptaitplusieurs édifices en hauteur dont la plupart ontfini par être démolis. La plus haute structure, lamince tour du Canadien National, érigée en 1976,demeure, cent dix ans plus tard, un des rarestémoins de cette époque lointaine d’urbanismedémesuré.

À l’est, par cette journée claire, père et filspeuvent contempler des dizaines de tourséoliennes qui convertissent la force du vent dularge en énergie électrique qui sert, entre autres,à recharger leurs vélos. Ils pédalent encore unpeu jusqu’à ce que Serge décrète une pause.Peu après, assis sur de grosses roches lisses,ils savourent la fraîcheur de la brise marine.Pédaler en plein été, même avec l’appareil régléau niveau d’effort moyen, les a fait transpirer.

Victor s’amuse à lancer des cailloux quisautent sur les vaguelettes.

– Que dirais-tu de partir en voyage ensemblecet été, Victor ? Nous pourrions aller passerquelques semaines dans les Rocheuses.

12

LE SECRET

Le garçon se fige. D’après son expérience,quand ses parents lui posent une question surses préférences, cela signifie que la décision estdéjà prise. Ils le consultent dans l’espoir qu’ildonne la bonne réponse. Mais, dans le cas con-traire, cela ne changera rien.

– Puis maman, elle ?Son père hésite et descend un quart de l’eau

de sa bouteille. Victor, même s’il sent qu’il amarqué un point, appréhende la suite.

– C’est que, dans deux semaines, elle...– Part en mission !Victor vient de percer le secret de sa mère.– Son travail est très important. Elle aide

énormément de gens et...Le garçon, qui connaît trop bien la sempiter-

nelle rengaine et ne veut pas l’entendre encoreune fois, a déjà enfourché son vélo.

– Victor !L’adolescent règle son vélo à la vitesse maxi-

male. Serge pourra difficilement le rattraper.« Elle s’en va encore ! » La pensée martèle

l’esprit de Victor qui pédale frénétiquement. Il neveut même pas savoir vers quel bout du mondesa mère, une des médecins les plus expérimentéesde l’organisme d’aide humanitaire Fraternitas, vas’envoler cette fois. Alma, qui avait pourtantpromis de n’accepter qu’une mission à l’étranger

13

LES GUERRIERS DE L’EAU

par année, vient à peine de rentrer d’un séjour detrois mois dans un hôpital établi pour les réfugiésde la steppe russe.

Les louanges de tout un chacun à l’égard desa mère qui allège les souffrances des victimesde conflits armés, Victor en a soupé. Ces mêmesgens ne pensent jamais à sa souffrance à lui.Depuis des années, il a l’impression d’être unorphelin de mère.

Victor examine le rétroviseur de son vélo.Personne. Son père va le laisser seul digérer lamauvaise nouvelle. Malgré sa tristesse, il sentmonter en lui la force de braver sa mère.

« Pourquoi elle m’a mis au monde si elle n’apas le goût de vivre avec papa et moi ? sedemande le garçon pour la énième fois. Je doisêtre un simple accident, un enfant non planifié.Quelle ironie : ma mère, la médecin archicompé-tente, tombée enceinte malgré elle ! »

De la sueur, ou peut-être une larme, coule àcôté de ses yeux. Il décélère. Plus besoin de« courir ». Il peut prendre le temps de considérerses options, de mijoter sa vengeance. Sa mèreva bien finir par comprendre qu’il en a assez decompter pour si peu dans sa vie.

14

Table des matières

Chapitre premier : Le secret . . . . . . . . . . 9

Chapitre 2 : La fugue et la faim . . . . . . 15

Chapitre 3 : Le court voyage et le long 25

Chapitre 4 : La grande visite . . . . . . . . . 45

Chapitre 5 : Les pauvres chiens . . . . . . 55

Chapitre 6 : On est riches! . . . . . . . . . . 63

Chapitre 7 : Médecin de guerre . . . . . . . 77

Chapitre 8 : Une lecture difficile . . . . . 89

Chapitre 9 : L’ultime carte du jeu . . . . 97

Chapitre 10 : La petite évasion . . . . . . 109

Chapitre 11 : La duperie en français . . 117

Chapitre 12 : Les solutions opposées . 129

Chapitre 13 : La vérité de l’amour . . . 137

Chapitre 14 : La lutte pour l’eau . . . . . 147

Chapitre 15 : La source d’eau . . . . . . . 155

Chapitre 16 : La nouvelle mission . . . 163

Chapitre 17 : Le nouveau pouvoir . . . . 169

Chapitre 18 : L’eau de l’avenir . . . . . . 175

Du même auteur . . . . . . . . . . . . . . . . 185

DU MÊME AUTEUR

Roman adulte

Les géniteurs, Ottawa, Éditions Le Nordir, coll.«Rémanence », 2001.

Les exilés, Ottawa, Éditions Le Nordir, coll. « Rémanence », 2003.

L’eau de vie (Uisge beatha), Ottawa, ÉditionsDavid, coll. « Voix narratives et oniriques »,2008.

Roman jeunesse

Le secret de l’île Beausoleil, Montréal, ÉditionsPierre Tisseyre, coll. « Conquêtes », no 15,1991.

Le prochain pas, Ottawa, Centre franco-ontariende ressources pédagogiques, coll. « À nousdeux », 1997.

Le pari des Maple Leafs, Montréal, ÉditionsPierre Tisseyre, coll. « Conquêtes », n o 73,1999.

Fait à l’os !, avec collectif de jeunes auteurs,Regina, Éditions de la Nouvelle Plume, 2001.

DU MÊME AUTEUR

Les mordus de la glace, Ottawa, Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, coll. « QUAD9 », no 1, 2006.

Une tournée d’enfer, Ottawa, Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, coll. « QUAD9 », no 2, 2006.

La première guerre de Toronto, Ottawa, ÉditionsDavid, coll. «14/18 », 2010.

Histoire

La Huronie, Ottawa, Centre franco-ontarien deressources pédagogiques, 1984. Manueld’histoire.

La Crise scolaire de Penetanguishene : Au-delàdes faits, il y a... un historique sommaire etanalytique, 1976-1989, en collaboration avecMicheline Marchand, Penetanguishene,L’Imprimeur du Fief de la Huronie, 2004.Ouvrage historique.

186

Dans la collectionRomans jeunesse

Paul Prud’Homme, Aventures au Restovite, 1988,208 pages; réimpressions en 1990, 1993, 1995 et2001.

Jean-Louis Grosmaire. Paris-Québec, 1992, 236 pages. Prix littéraire LeDroit, 1993.

Ginette Proulx-Weaver. A-M-I, 1993, 158 pages.Paul Prud’Homme, Les ambitieux, 1993, 188 pages,

réimpression en 2001.Paul Prud’Homme, M’épouseras-tu si... 1994, 124 pages.Paul Prud’Homme, Le suicide de Michelle, 1996,

132 pages.Jean-Louis Grosmaire. Le Loup au Québec, 1997,

220 pages.Michel Lavoie. Compte à rebours, 1998, 80 pages.Jean-Louis Grosmaire, Paris-Hanoi, 1998,

232 pages. Prix littéraire LeDroit, 1999.Paul Prud’Homme, Aventures au Restovite II.

Guylaine en péril, 1999, 124 pages, réimpressionsen 2006 et 2007.

Mary-Christine Thouin. Le faucon d’or, 2000, 220 pages.

Paul Prud’Homme, S.O.S. Jeunesse, 2001, 132 pages.Paul Prud’Homme, Hockey, 2002, 80 pages.Michel Lavoie. Mystère, rue de Courcelle, 2002, 120

pages.Jean-Louis Grosmaire, Paris-New York, 2002,

180 pages.Jean-Louis Grosmaire, Palmiers dans la neige, 2003,

136 pages.

DANS LA COLLECTION ROMANS JEUNESSE

Céline Forcier, Un canard majuscule, 2005, 168 pages. Prix des lecteurs Radio-CanadaJeunesse 2007

Jean-Louis Grosmaire, Paris - Saint-Louis duSénégal, 2005, 336 pages.

Paul Prud’Homme, Les Rebuts. Hockey II, 2008,152 pages.

188

Compositionen Bookman

corps onze sur quinzeet mise en page

Atelier graphique de Saint PatrickOttawa (Ontario)

Illustration de la couverture : Christo L’Hiver selon un concept de Réjean Belcourt et Janique Belcourt

Impression et reliureImprimerie GauvinGatineau (Québec)Achevé d’imprimer

en avril de l’an deux mille douzesur les presses de

l’imprimerie Gauvinpour les Éditions du Vermillon

ISBN 978-1-771200-51-6Formats numériques :

ISBN 1-978-771200-52-3 (PDF) ; ISBN 1-978-771200-53-0 (ePub)

Imprimé au Canada

Nous sommes en l’an 2086. Victor Falaquet, quatorze ans,

accompagne sa mère, Alma Bénéteau, médecin de Toronto,

en mission humanitaire à Houston, dans l’ancien État du

Texas.

Aux États-Unis, devenus un ensemble anarchique de cités-

États, des seigneurs de la guerre se disputent pour étendre

leurs territoires et accaparer les ressources. Durant le

séjour de Victor et d’Alma, Dallas, ville «à sec», désespérée

et enhardie par la mise au point d’une mystérieuse nouvelle

arme, va rompre une trêve et attaquer Houston afin de lui

ravir sa précieuse eau.

Pris dans ce conflit sanglant et absurde, Alma et Victor,

tout comme les populations de Dallas et de Houston, doivent

lutter pour leur survie. Les guerriers de l’eau, prêts à tout,

seront entraînés dans un engrenage dévastateur.

DANIEL MARCHILDONvoit le jour à Penetanguishene, en Ontario, où ilhabite toujours. Dès l’âge de treize ans, il com-mence à écrire. Les guerriers de l’eau est sonhuitième roman pour jeunes. Son dernier livre, Lapremière guerre de Toronto, s’est mérité le prixTrillium 2011, catégorie littérature jeunesse. Il aaussi signé trois romans pour grand public, desouvrages historiques ainsi que des nouvelles litté-raires publiées dans plusieurs revues, entre autresVirages, Quad9, Imagine et Liaison. Auteur pourla télévision et le cinéma, il a écrit le scénario dulong métrage La Sacrée, comédie sortie en salleà l’automne 2011.

9 781771 200523

ISBN 978-1-771200-52-3

Ve

rmillo

n

CouvertureIllustration de Christo L’Hiver

selon un concept de Réjean Belcourt et Janique Belcourt.