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EN QUÊTE DE RELAIS DE CROISSANCE : LE BOIS ÉNERGIE JOUE LA POUSSE LOCALE Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047 1 ER TRIMESTRE 2017 LES INFOS #INTERVIEW JEAN-CLAUDE MARCOURT : « LE BOIS, OVNI DANS LE MONDE DE L’INSTANTANÉITÉ » #RETROUVEZ VIGINOV WALLONIE RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS 6 #PIERRE « TERRES DE SCHISTE » UNE SMART DESTINATION TRANSFRONTALIÈRE 28 13 DOSSIER PIERRE BOIS

LES INFOS - RND · JOUE LA POUSSE LOCALE Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047 ... le concours Habitat Léger de Loisir

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EN QUÊTE DE RELAISDE CROISSANCE :

LE BOIS ÉNERGIEJOUE LA POUSSELOCALE

Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047

1ER TRIMESTRE 2017

LES INFOS

#INTERVIEW JEAN-CLAUDE MARCOURT :« LE BOIS, OVNI DANS LE MONDE DE L’INSTANTANÉITÉ »

#RETROUVEZ VIGINOV WALLONIERELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS

6#PIERRE « TERRES DE SCHISTE »UNE SMART DESTINATIONTRANSFRONTALIÈRE

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DOSSIER

PIERRE BOIS

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NADINE GODET, DIRECTRICE

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CHALLENGE BOIS 2017

Jeudi 26 janvier 2017, quarante étudiants envahissaient le palais 6 du WEX de Marche-en-Famenne. Pour les douze équipes en lice, deux jours inoubliables se profilaient.

INTERVIEW DE JEAN-CLAUDE MARCOURT

Le Ministre Marcourt apporte son soutien à une série d’initiatives de RND en faveur du développement de la filière bois et du renforcement de son image. Il nous parle de deux d’entre elles : le concours Habitat Léger de Loisir (HLL) en bois et les Challenges Bois 2016-2017.

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#RÉSEAUBOIS

LES ESSENCES FORESTIÈRES : L’AULNE

Trop souvent considéré comme une essence secondaire et sans réel intérêt économique, l’aulne propose pourtant un bois qui peut être valorisé dans des usages nobles.

Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier de la Wallonie, de l’Union européenne et de la Province de Luxembourg

Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.

Photos © RND sauf indication contraire.

RND Ressources Naturelles Développement asblRue de la Fontaine, 17CB-6900 MARLOIE (Marche-en-Famenne)Tél. 084 32 08 40 - Fax 084 32 08 59E-mail : [email protected] - www.portailpierre.be

Équipe de rédaction :Nadine Godet, Marie-Caroline Detroz, Pierre Warzée, Jérémie Deprez, Frédéric Castaings

SOMMAIRE

LA FIBRE INNOVANTE…

Loin d’être un matériau « ringard » pour reprendre les termes du Ministre Marcourt dans l’interview qu’il nous ac-corde, le bois est porteur d’un fort potentiel de dévelop-pement et d’innovation. Pour preuve, le Plan de recherche et d’innovation 2025 de la filière forêt-bois française que vient de nous faire parvenir un de nos partenaires français dans le projet Interreg Regiowood II.

Sommes-nous trop discrets en Wallonie et/ou en Belgique, ou sont-ce d’autres raisons (déficit de communication, de concertation entre la recherche et les entreprises…), en tout cas, notre région et notre pays sont absents du panorama des stratégies européennes en innovation et recherche dans le secteur forêt-bois que liste le rapport. L’Irlande, avec 11 % de couverture forestière, y figure. Soit !

Ce plan repose sur trois priorités : faire interagir les diffé-rents acteurs du secteur pour dépasser le clivage entre l’amont et l’aval de la filière ; valoriser la ressource natio-nale et développer les utilisations et nouveaux usages du bois (dans une perspective bio économique) ; adapter la forêt (travaux sur la résilience, sur le pilotage intelligent de la forêt…) afin qu’elle fournisse les ressources du futur.

Deux de nos projets Interreg, Regiowood II d’une part et les développements que nous prévoyons de donner à cer-taines de ses actions, le projet Agreta d’autre part portant notamment sur l’évaluation de la fonction récréative de la forêt - nous vous le présenterons prochainement - et d’autres actions que nous menons par ailleurs comme le développement du numérique dans la filière, la sensibilisa-tion des étudiants ou futurs cadres du secteur à l’innova-tion via notre Challenge Bois, s’inscrivent pleinement dans cette vision. Nous en reparlons.

PIERRE BOIS

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UNE SMART DESTINATION TRANSFRONTALIÈRE« TERRES DE SCHISTE »

Une grande partie du sous-sol de la Grande Région est composé de schiste, longtemps utilisé dans la construction. Pour préserver et valoriser ce patrimoine, 21 partenaires fédérés autour de RND ont décidé de mettre en place une démarche touristique « intelligente ».

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#RÉSEAUPIERRE

Ces dernières années, le bois énergie a su créer des modèles innovants, à de nouvelles échelles. Terminés les grands projets déconnectés des réalités, le secteur se tourne vers des niches, en lien étroit avec le territoire. C’est dans le local que le bois énergie se réinventeet se développe aujourd’hui.

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LE BOISÉNERGIE JOUELA POUSSELOCALE

# NOTRE RENDEZ-VOUS

RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS Retrouvez une sélection de produits et procédés innovants autour des matériaux bio-sourcés, fibres naturelles, matériaux composites…

26 SCIERIE HONTOIR

Rencontre avec les frères Geoffroy et Jérôme Hontoir, aux commandes désormais de la scierie familiale éponyme, qui détonnent par leur sérénité et leur confiance en l’avenir.

UN PROJET BOIS HORS PAIR POUR UN SITE D’EXCEPTION

À travers un coup de patte unique, guidé par une prodigieuse connaissance technique, Philippe Samyn a marqué, décennie après décennie, la construction bois. Nouvel exemple avec cette maison unifamiliale en bois.

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DOSSIER DU TRIMESTRE

Portrait D’ENTREPRISE

VIGINOVWALLONIE

ARCHITECTURE BOIS

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Pour ce challenge 2017, nouveaux étudiants et nouveau challenge. Ils devaient concevoir et réaliser une passerelle en bois de 8 mètres de longueur, posée sur deux tréteaux. Deux difficultés se rajoutaient : concevoir cette structure avec une pénurie de matière et la faire la plus résistante possible. En effet, deux projets seraient primés : le plus solide et celui qui romprait au plus près du calcul théorique de ruine.

Détail qui va donner tout son piquant au challenge, chaque équipe ne disposera que de trois tentatives pour déposer la plus lourde charge au centre de sa structure, sans que celle-ci ne rompe. Voilà qui explique « Woody Wood Poker », le nom choisi pour cette édition 2017.

CONSTRUCTION EN 15H

Deux profils d’étudiants étaient rassemblés. D’une part des filles et des garçons du cours « Introduction à l’ingénierie des constructions » dispensé au Bloc 3 du Bachelier ingénieur civil et ingénieur civil architecte de l’ULg et, de l’autre, les étudiants - seulement des garçons - de dernière année de l’orientation « Construction » d’HELMo. Des Masters 1 et des Masters 2 ;

reflet de la volonté d’ouverture du Challenge.

Mais cela allait-il biaiser le concours ? Nul ne le savait encore, le palais 6 du WEX montrait surtout une quarantaine de jeunes à l’ouvrage, extrêmement motivés. D’ailleurs, à peine avait-on fini d’énoncer les règles de sécurité que déjà réson-naient marteaux, scies et visseuses.

Au soir de ce premier jour, quelques assemblages trahissent les intentions de leurs concepteurs… il reste du pain sur la planche !

La matinée du vendredi est toujours un temps d’exploits : la proximité de l’échéance dope les équipes. Une première struc-ture est achevée vers 12h, rapidement suivie par ses consoeurs. À 14h, les passerelles sont positionnées sur l’aire d’essai. Toutes sauf une, l’équipe jugeant finalement sa réalisation trop frêle.

APRÈS-MIDI DE VÉRITÉ

Pour les onze passerelles en compétition, le premier mo-ment critique est immédiat. Il s’agit de poser une cuvelle

Au terme de quatre mois passés à imaginer, croquer, prototyper, calculer, chiffrer, finaliser sur le papier une structure en bois, quarante étudiants de l’Université de Liège (ULg) et de la Haute École Libre Mosane (HELMo) ont pu se frotter à la réalité en donnant vie à leur projet.

Jeudi 26 janvier 2017, à 9h tapantes, ils envahissaient le palais 6 du WEX de Marche-en-Famenne. Pour les douze équipes en lice, neuf de l’ULg et trois d’HELMo, deux jours

inoubliables se profilaient.

Chaque étudiant, gagnant ou pas, repartira le vendredi soir avec cette satisfaction unique d’avoir pu dépasser le cadre habituel de la théorie en l’enrichissant par la pratique. Un exercice peu habituel pour ces futurs ingénieurs et architectes, vécu dans un climat de bonne humeur et de fair-play. Récit de 48h hors du commun !

Avec cette passerelle, l’équipe « Les Gueules de bois » de l’ULg remporte le prix du dimensionnement.

ET LES GAGNANTS SONT…

CHALLENGEBOIS 2017

# BOIS

4 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

Prix de résistance pour HELMo avec cette structure qui a supporté, sans sourciller, une charge finale de 325 kg.

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et ils seront les seuls à attendre cette performance. Cette équipe d’HELMo remporte le prix de résistance.

L’ULg n’est pas en reste. Avec son équipe « Les Gueules de bois », elle gagne le prix de di-

mensionnement qui couronne le trio qui a le mieux évalué le seuil de rupture de sa passerelle. D’autre part, les

Masters 1 sont loin d’avoir démérité, occupant la seconde et la troisième place en matière de résistance.

A TRÈS BIENTÔT…

Pour les étudiants, les partenaires de ce Challenge Bois - RND, l’ULg, HELMo, Batimoi - et les sponsors de cet événement - Les Ateliers du Monceau/Ateliers de l’Avenir et l’entreprise de Bastogne TVB s.a. - nul doute que cette belle aventure doit perdurer. Message reçu ! Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous en 2018… avec plein de nouveautés.

au centre de la structure et d’y verser du sable afin de gommer les différences de poids entre les porteurs de charges. Trois compétiteurs ne passent pas cette étape !

Avec 90 kg au centre de chaque passerelle (porteur + sable), retentissent les premières enchères. Le crieur égrène des charges croissantes, par pas d’un kilo. À grand fracas, une structure échoue à son pari à 115 kg, une autre à 151, puis celle qui visait les 190 kg…

Le public est venu nombreux. Les étudiants ont mobilisé leurs proches ; beaucoup d’officiels des deux universités sont également présents, sans compter les bureaux d’études, constructeurs bois, architectes… RND a convié des écoles secondaires techniques ou professionnelles en lien avec le bois. Quelle joie de voir ces jeunes analyser les structures, émettre des avis, faire des paris… ils sont plus d’une centaine et ils se régalent.

Le temps passe très vite au rythme des seaux de sable qui lestent les passerelles. Déjà 16h30, il ne reste plus que trois compétiteurs et, pour chacun, une ultime tentative possible.

Les équipes se regardent en chiens de faïence. Chacune craint d’utiliser son dernier essai en laissant l’opportunité à ses concurrents de prendre la tête dès la mise suivante. Avec à l’esprit ce petit jeu de stratégie et d’attentisme, les enchères s’envolent.

Le public commence par sourire quand le crieur passe en revue la tranche 200 à 250 kg. Pas une équipe n’a moufté ! Ce sourire se transforme en moue dubitative quand, à grandes enjambées de 5 kg en 5 kg, le crieur a avalé la série des 250 à 300 kg. Les trois équipes restent mutiques… mais on sent le doute s’insinuer ! Un grondement s’amplifie au fur et à mesure que la voix déclame 305, 310, 315, 320 kg. Ce pari semble inte-nable ! Tout à coup, trois cris s’élèvent. Comme un seul homme, l’équipe « Les Bâtisseurs Ardennais » veut tenter 325 kg. Le public se réjouit d’avance, il va y avoir de la casse.

Cette équipe patientait à 211 kg, il lui faudra acheminer 114 kg de sable. Les seaux vont se succéder devant le re-gard de plus en plus médusé du public… Ils vont réussir

Le prix de résistance était remis par le Député provincial Bernard Moinet. René Collin, Ministre wallon ayant notamment la forêt dans ses attributions, remettait le prix de dimensionnement.

Pour certains, la mise en place de la cuvelle au centre de la structure a signé l’arrêt de mort de leur passerelle. Pour d’autres, ce sont les premiers seaux de sable qui ont été fatals.

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RETROUVEZ LA VIDÉO DE CET ÉVÉNEMENT SUR NOTRE SITE WWW.RND.BE

# BOIS

LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 5

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6 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

Avec votre soutien, RND a organisé le concours Habitat Léger de Loisir en bois. Que pensez-vous d’une telle initiative, d’un tel appel à la créativité ?

La compétitivité des entreprises wallonnes passe nécessairement par les démarches d’innovation et de design, si possible dans unelogique de circuits courts. De cette manière seulement, elles pourront se différencier et maintenir un savoir-faire local et des emplois non délocalisables.

La filière bois n’échappe pas à cette règle mais elle a l’avantage d’utiliser un matériau qui présente de nombreux atouts, à commencer par son origine naturelle. Le concours HLL s’inscrit pleinement dans cette logique de créativité à l’aide de matériaux durables et c’est la raison de notre soutien à cette belle initiative.

Avez-vous été étonné par les propositions ?

La diversité des projets qui ont été présentés témoigne de la grande créativité et du dynamisme de leurs auteurs qu’ils soient professionnels ou étudiants. Et les contraintes imposées apparaissent comme des opportunités, ce qui n’est pas la moindre des qualités des 21 projets retenus. L’ingéniosité dont ont fait preuve les auteurs de projets pour aménager un espace de vie sur une superficie restreinte m’a également impressionné.

Des coups de coeur ?

J’ai apprécié le caractère résolument contemporain des projets qui tranche singulièrement avec une image trop passéiste de l’usage du bois. On est loin de la cabane au fond du jardin, pour parodier Francis Cabrel, ou de la hutte au fond des bois. C’est aussi une initiative qui s’inscrit dans un marché en plein essor, le HLL, pour lequel la Wallonie dispose d’un réel atout de par l’attractivité sur le plan touristique de son

environnement naturel. Le développement économique dans ce domaine n’en est qu’à ses débuts.

Bien sûr il ne s’agit que de projets et on peut se demander si tous sont techniquement réalisables et à un prix abordable pour passer de l’idée créative au projet d’entreprise. En tant que Ministre de l’économie je ne peux qu’espérer que ces projets se traduisent pour un maximum d’entre eux au moins en un réel projet d’entreprise.

Je n’en mettrai pas un ou deux en avant parce que je les trouve, dans l’ensemble, séduisants. Je dirai

toutefois qu’à côté de l’utilisation des matériaux, c’est à l’utilisation de l’espace que j’ai été le plus sensible.

Quelles pistes entrevoyez-vous pour une concrétisation de ces HLL sur le terrain ?

La Wallonie, avec le plan Marshall, a mis en place des mécanismes de soutien qui vont de l’accompagnement de projet, par des incubateurs notamment, au prototypage qui permettent et encouragent la collaboration entre différents acteurs pour mettre au point un produit commercialisable.

Avec La Financière du Bois, la filière bois dispose en outre d’un outil de financement en capital-risque spécialement créé pour aider les PME de la filière bois à démarrer et à grandir. La Financière lance cette année la vitrine Wood Inspi-rations, une nouvelle initiative soutenue par la Wallonie pour mieux faire connaître les pro-duits et réalisations is-sus de nos forêts. Elle pourrait, par exemple, et j’y invite les respon-sables de Wood Inspira-tions, mettre en vitrine les projets qui auront vu le jour grâce au concours HLL organisé par RND.

Le Ministre Jean-Claude Marcourt soutient différentes initiatives de RND en faveur du développement de la filière bois et du renforcement de son image. Parmi celles-ci, le concours Habitat Léger de Loisir (HLL) en bois et, d’autre

part, les Challenges Bois 2016 et 2017.

Le Ministre a accepté de donner son sentiment sur ces actions et se confie sur des prolongements possibles.

INTERVIEW DU MINISTRE JEAN-CLAUDE MARCOURT

« LE BOIS, OVNI DANS LE MONDE DE L’INSTANTANÉITÉ »

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UN MARCHÉ EN PLEIN ESSOR, LE HLL, POUR LEQUEL LA WALLONIE DISPOSE D’UN RÉEL ATOUT.

# BOIS

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 7

Autre sujet : vous avez présidé la première édition du Challenge Bois, en 2016. Quel souvenir gardez-vous de cet événement ?

Comme pour l’organisation du concours HLL, je remercie RND de prendre des initiatives qui visent à mettre en avant le savoir-faire et la formation dans le domaine de la filière bois wallonne. Tant l’objectif poursuivi que le suspense de « Wood to the Floche » m’ont enthousiasmé.

L’esprit de saine compétition à armes égales mais aussi de collaboration qui fait la particularité du Challenge Bois met en avant des valeurs qui me sont chères surtout lorsqu’elles sontportées par une jeunesse enthousiaste.

Mettre les étudiants, les jeunes en général, aux prises avec des réalités de leur futur métier, est-ce une voie à suivre ?

Quel que soit le secteur concerné, le passage de l’apprentis-sage scolaire à la réalité professionnelle est toujours délicat. Et il l’est d’autant plus dans des activités manufacturières ou artisanales car celles-ci connaissent des évolutions technolo-giques de plus en plus rapides. Et la généralisation du recours

au numérique ne va faire qu’accroître la tendance et accélérer davantage encore la vitesse de changement.

Il est donc important de revaloriser certaines filières, nobles, qui ont été snobées à tort, et de développer l’apprentissage en alternance qui permet de se confronter aux réalités profes-sionnelles dès l’école.

Pour l’image d’un secteur comme la filière bois, ce Challenge constitue-t-il à vos yeux un rendez-vous important ?

Nous sommes dans une civilisation de l’image. Et des initia-tives comme ce Challenge permettent de changer l’image sté-réotypée qu’on accole à certaines filières dont la filière bois. Le Challenge a vertu d’exemple et permet de « déringardiser » ce qui n’aurait jamais dû l’être.

Le bois, ne serait-ce qu’à cause du temps qu’il faut à l’arbre pour pousser, est une sorte d’ovni dans le monde de l’instantanéité. C’est ce qui en fait parfois son incompréhension mais c’est ce qui en fait à coup sûr son intérêt.

Avez-vous un dernier message à adresser à nos lecteurs ?

Le Challenge Bois conjugue deux défis : celui de la conception puis celui de la conquête. L’un comme l’autre nécessitent de l’audace… mais de l’audace raisonnée. Il en est ici comme dansla vie en général : le risque est indispensable pour avancer. Nos premiers pas, enfants, en sont le meilleur témoin.

La prise de risque calculé constitue le quotidien de l’entrepreneur et du jeune étudiant qui aborde le marché du travail, c’est pourquoi l’événement organisé par RND revêt une dimension symbolique indéniable qui le rend plus pertinent encore.

# BOIS

LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 7

Lors du premier Challenge Bois, le Ministre Jean-Claude Marcourt a passé beaucoup de temps avec les étudiants. Impressionné par leur ingéniosité, il est resté pour la remise des prix.

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8 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

« Je conçois très peu de maisons, mais c’est à chaque fois une aventure exceptionnelle : non pas par le budget, mais par la personnalité de leurs acquéreurs ! », amorce Philippe Samyn, « toujours honoré et flatté que des gens très savants d’esprit recourent à mes services ».

Pour cette réalisation sise dans les Cantons de l’Est, client et architecte s’accordent rapidement sur le caractère hors du commun du site, « la vue est remarquable et fait découvrir un paysage champêtre et forestier à perte de vue. Nous avons convenu qu’un tel panorama imposait que toutes les pièces bénéficient d’une vue sur ce formidable environne-ment ». C’est le point de départ de cette réalisation…

RÉFLEXION ARCHITECTURALE

« Il s’agit ici d’une seconde résidence destinée à une famille amoureuse de la nature. L’inspiration m’est venue assez vite de créer un segment d’anneau, le client a avalisé ce choix. La maison est orientée nord-est, vers le paysage exceptionnel. C’est le site qui nous a imposé ces choix ».

La maison, d’un seul niveau, est implantée en fond de par-celle, accrochée à la pente. Elle se fond parfaitement dans le paysage car, légèrement plus basse que la voirie, elle n’obstruepas la vue des promeneurs ou de voisins.

« Grâce à sa courbure, cette maison offre à ses habitants une vue panoramique, au nord, sur la vallée. Au sud, la maison se referme sur une terrasse plus intime protégée du vent et prolongée par le jardin ».

Comme dans un village, cette réalisation dispose de sa rue. « La maison forme un premier volume concave où s’en-chaînent les pièces. Au sud, se développe un volume plus mo-deste, convexe, c’est la rue. Vitrée et protégée par un débord de toiture, elle distribue les pièces de la maison et crée une frontière entre zones semi-privées et zones privées ».

D’ouest en est, les pièces se succèdent suivant une séquence allant du public au privé : l’entrée, le bureau, le bar, le salon, la salle à manger, la cuisine, les chambres et pièces d’eau.

« La toiture est constituée de deux casquettes arrondies. Des fenêtres sont disposées en hauteur du volume convexe pour permettre à la lumière de baigner les différentes pièces et decréer un courant d’air avec les fenêtres basses. Pour donner plus de volume à cette partie de la maison et éviter les reflets, les murs sont inclinés avec de larges vitres donnant un accèsvisuel direct à la nature environnante ».

« Comme c’est une maison intermittente, il fallait une absence d’inertie, ce qui m’a amené à réfléchir à une structure en bois ».

Pour lancer cette nouvelle rubrique qui dorénavant s’at-tachera à présenter des constructions récentes en bois, nous avons eu le plaisir de rencontrer le talentueux archi-tecte et ingénieur Philippe Samyn.À travers un coup de patte unique, guidé par une prodi-gieuse connaissance technique, l’homme a marqué, dé-cennie après décennie, la construction bois. On lui doit

bien sûr le Comptoir forestier de Marche-en- Famenne - réalisation qui a fait le tour du monde - mais aussi la base polaire Princesse Élisabeth ou encore l’immeuble de bureaux « Éric Boulanger » à Waterloo.Il est rare que notre témoin soit sollicité pour la réalisation de maisons, mais cela reste à chaque fois une expérience humaine unique… pour des projets tout aussi uniques !

UN PROJET BOIS HORS PAIR POUR UN SITE D’EXCEPTION

8 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

ARCHITECTURE BOIS

Arc discret, subtilement posé sur le site, cette maison offre néanmoins 360 m2 à ses habitants.

Le projet d’implantation a mûri plusieurs mois avant de prendre sa forme définitive sur le site et en matière de volumes.

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 9

RÉALISATION TECHNIQUE

« J’aime les structures répétitives ». Pour qui connaît l’œuvre de Philippe Samyn, le propos n’a rien d’étonnant même si dans le cas présent la courbure appelait l’itération. « Le volume d’ha-bitation met en oeuvre une centaine de cadres en kerto pour former l’ossature ». Ce matériau composite est constitué de minces couches de placage de bois collées à fil parallèle. Cela permet d’obtenir des pièces de grandes dimensions, extrême-ment stables et, mécaniquement, très résistantes.

Mais, c’est une facette moins connue que nous donne à entre-voir Philippe Samyn lorsqu’il assène « l’architecte, sans l’artisan, n’est rien ! Il faut une complicité avec les hommes de métier ». Pour ce chantier, il fait donc appel à une firme de référence en matière de construction bois, la société « Maisons Patze » à Malmedy. « La famille Patze, une très longue lignée de me-nuisiers, a réalisé sa première maison à ossature bois au milieu des années soixante. Plus tard, avec le professeur et architecte Jean Englebert, ils ont même développé un nouveau système constructif dérivé du poteaux-poutres ».

« Une charpente en bois demande une grande précision dans son dimensionnement. Les outils modernes nous aident au-jourd’hui à obtenir un haut degré de qualité, mais les hommes sont d’une importance capitale par le soin qu’ils apportent aux assemblages ». Philippe Samyn trouvera toute satisfaction avec l’entreprise Patze.

« Les différents cadres ont été pré-assemblés en atelier et ont été livrés sur le chantier. Une petite grue et cinq hommes ont suffi pour tout mettre en place. Seul le bois permet de réaliserce type de structure légère ». En plus de cette ossature, fa-çades et menuiseries extérieures sont également en bois.

« La maison atteint une performance énergétique proche de la norme passive grâce à son isolation renforcée, une étanchéité à l’air poussée, sa ventilation mécanique double flux. L’eau de pluie est évidemment récupérée ».

Cette réalisation témoigne d’une prise en compte de l’environ-nement dans toutes ses dimensions. L’intention architecturale concourt à une intégration optimale de la maison dans son site, l’implantation réduit son impact visuel, le choix du matériau bois lui permet d’entrer en résonance avec son voisinage.

LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 9

Le volume sud dessert les différentes pièces de la maison et permet de créer un espace tampon, notamment thermique.

Les cadres en kerto se répètent de manière régulière, leur espacement correspond à la largeur des futurs châssis.

Au nord, les murs inclinés accueillent de hautes fenêtresqui invitent à s’asseoir et à contempler le paysage.

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10 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

Il n’est pas très loin le temps de l’affrontement et des volées de bois vert entre industriels de la filière bois - panneautiers et papetiers - et les opérateurs émer-gents du secteur du bois énergie. La crainte des uns était de voir la matière forestière leur échapper, le désir des autres de créer une filière wallonne du bois énergie. Les crispations connurent leur apogée entre 2012 et 2013.

Depuis quelques années, tout va bien puisqu’on n’entend plus la moindre doléance d’aucune des deux parties ! Imaginez seulement un nouvel hiver de la trempe de février 1956… pour sûr, les belligérants redonneraient de la voix. La météo clémente masque les tensions, mais elles sont toujours là, larvées.

Pourtant, ces dernières années, le bois énergie a su créer des modèles innovants, à de nouvelles échelles. Terminés les grands projets déconnectés des réalités, le secteur se tourne vers des niches, en lien étroit avec le territoire. C’est dans le local que le bois énergie se réinvente et se développe aujourd’hui.

LE BOIS ÉNERGIE JOUE LA POUSSE LOCALE

EN QUÊTE DE RELAIS DE CROISSANCE :

Facilitateur bois énergie pour le secteur privé et chef de projet bois énergie au sein de l’asbl ValBiom, Pierre Martin est un interlocuteur de tout premier plan pour comprendre la situation wallonne et les perspectives qui s’offrent à nous en matière de bois énergie.

Pour ce spécialiste, il convient avant tout de bien comprendre les contraintes du secteur si l’on veut permettre son essor.

TENSIONS SUR UN GISEMENT PARTICULIER

« S’il existe encore une concurrence directe entre les acteurs du bois que sont les panneautiers ou les papetiers et acteurs du bois énergie, elle est autour d’un gisement particulier : celui des résidus des résineux, ce qu’on appelle les co-produits. Les essences résineuses sont la matière première d’excellence de la transformation du bois, là où se sont développées de

S’INSÉRER DANS LA FILIÈRE BOIS SANS LA REMETTRE EN CAUSE…

‘‘ ‘‘LE BOIS ÉNERGIE DOIT VALORISER DES PRODUITS QUI N’ONT PAS D’AUTRE DÉBOUCHÉ.

Des opportunités existent en Wallonie pour structurer de nouvelles filières bois énergie, estime Pierre Martin.

DOSSIER DU TRIMESTRE

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 11

DOSSIER DU TRIMESTRE

grosses unités de transformation ».

Or, pour Pierre Martin, « ceux qui fournissaient auparavant les in-dustriels de la trituration avec leurs co-produits sont aujourd’hui devenus de gros producteurs de pellets. C’est ici que naissent les tensions ! ».

Pour autant, l’homme pèse ses mots convenant que « la situation s’est considérablement atténuée depuis l’hiver froid de 2013. Ces dernières années, avec les tem-pératures douces que nous avons

connues, il y a beaucoup moins de tensions sur ce gisement. Les a tagonismes sont en sommeil ».

Alors, restent les feuillus ! « Là, le problème est très diffé-rent. Trop peu de scieurs sont encore actifs et le gisement est peu valorisé au regard de l’accroissement annuel. En plus, l’exportation de grumes nous prive d’une possibilité de valorisation des co-produits ».

Pour Pierre Martin, il importe de revenir aux fondamentaux, estimant que « le but des acteurs du bois énergie est de valoriser des produits qui n’ont pas d’autre débouché. Et il n’y a pas que les producteurs de pellets, n’oublions pas les fournisseurs de plaquettes ».

« Le bois énergie est le fait d’entreprises de taille modeste qui valorisent de faibles volumes. Les tensions ne devraient pas exister car des complémentarités et des synergies sont possibles entre acteurs ». Pour notre témoin, « l’avenir du bois énergie passe par le développement de filières locales qui n’intéressent pas l’industrie traditionnelle du bois ».

APPROVISIONNEMENT ALTERNATIF

« Les gisements de bois hors forêt ne suivent pas les mêmes règles, ils sont beaucoup moins soumis aux pressions de la filière », constate le spécialiste pour qui « ces gisements ont toute leur légitimité au niveau local, ce sont des opportu-nités ! ».

Première piste, « les bords de routes. Les producteurs de plaquettes y sont très présents. Or quel avenir pour cette ressource ? On s’interroge à peine alors qu’on pourrait pé-renniser ce gisement local et lui donner une plus-value sup-plémentaire : la production de biomasse avec absorption des particules fines grâce à des essences adaptées ! ».

Seconde voie que promeut ValBiom depuis quelques années sur base de l’expérience de la Thiérache (à lire en page 21), « les haies et bandes boisées destinées à alimenter des chaudières biomasse. À l’échelle locale, elles permettent de satisfaire la consommation de l’agriculteur et de proposer un service qui va au-delà de sa propre activité agricole ».

On le voit, la filière bois énergie investit de nouveaux terri-toires. Dans les pages qui suivent, quatre exemples montrent à quel point l’ancrage local constitue une clé de succès.

Bernard François est l’administrateur délégué du Groupe François, lequel dispose de plusieurs bio-sites en Belgique et au Luxembourg totale-ment intégrés et centrés sur la ressource bois lo-cale. Défenseur pugnace du bois énergie, il nous éclaire sur la difficulté du secteur à se faire re-connaître à sa juste valeur.

Recybois (bio-site intégré à Virton), c’est l’exemple même d’une formidable et intelligente intégration. « Notre devoir, c’est de donner au bois le maximum de valeur ajoutée à toutes les étapes de sa transformation et en fonction de son état, tout en respectant une logique environnementale et sociale ».

« Nous achetons nos bois localement, nous les scions dans notre propre scierie pour alimenter notre paletterie voi-sine. En parallèle, nous récupérons les vieilles palettes et les bois en fin de vie issus des parcs à conteneurs pour alimenter une centrale de cogénération qui produit notre électricité, dont une partie est remise sur le réseau (élec-tricité verte). La chaleur produite assure notre chauffage, le séchage des palettes et de la sciure (co-produit du sciage), matière première pour la fabrication de nos gra-nulés bois combustibles ». La boucle est bouclée, « nous faisons depuis longtemps de l’économie circulaire ! ».

La démarche est admirable, mais elle semble si unique… Bernard François le conteste immédiatement. « Les acteurs belges du bois énergie, qu’ils soient fabricants de pellets ou de plaquettes, fournissent des produits de très haute qualité certifiée grâce à une ressource locale, transformée localement, à destination d’une clientèle proche disposant d’équipements modernes de combustion. Le bois énergie est LA ressource renouvelable incontournable en Belgique pour remplacer les énergies fossiles importées (gaz et fioul) et assurer, avec d’autres sources énergétiques re-nouvelables, notre transition énergétique obligatoire ! ».

Mais tout n’est pas si rose… « L’un des problèmes de notre pays, c’est que nous sommes l’un des plus gros importa-teurs de pellets pour alimenter majoritairement des cen-trales électriques à faibles rendements  ! Nous devrions réfléchir à l’usage thermique de nos produits, pour nos communes, collectivités, écoles, et à des projets de plus petites tailles, autour de cogénérations de qualité : nous aurions un bien meilleur rendement énergétique tout en assurant le développement des acteurs locaux (produc-teurs, équipementiers, bureaux d’étude). Dans ce do-maine, il manque une vraie vision politique ».

Une situation qui appelle à une structuration du secteur, aux yeux de Bernard François. « Le bois énergie a donné de la valeur à des co-produits tels que les sciures. En dix ans, nous avons permis un triplement de leur prix au plus grand bénéfice des scieries, de la forêt et de l’emploi en zone rurale. Nous devons le faire savoir plus largement et, collectivement, il est impératif de communiquer sur les atouts de la production belge de bois énergie ».

Des intentions transformées en actes puisque Benoît Hel-semans, responsable R&D pour le Groupe François, vient d’accepter la présidence de la toute jeune Fédération inter-professionnelle belge du bois énergie (FEBHEL) que nous vous présenterons dans notre prochain numéro.

Bernard François

Vous songez à vous chauffer

grâce à vos haies, ValBiom

a édité une plaquette,

disponible sur demande.

INDUSTRIELS DU BOIS ÉNERGIE : DE LA DIFFICULTÉ À S’IMPOSER

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12 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

DOSSIER DU TRIMESTRE

REGARD SUR UNE DÉMARCHE COMMUNALE WALLONNE

Le bois énergie est un domaine qui a séduit la commune de Li-bin, première commune forestière de la province de Luxembourg, il y a déjà de nombreuses années. En 2008, elle s’est dotée d’une chaufferie bois alimentée en pla-quettes forestières et qui distri-bue aujourd’hui de l’eau chaude à plusieurs bâtiments publics (commune, église, CPAS…) ain-si que privés (maisons unifami-liales). Le volume conséquent de bois ingurgité chaque année par la chaudière de 600 kW a incité

la commune à réfléchir à l’approvisionnement local et, au final, à produire ses propres plaquettes forestières.

UN OUTIL DE VALORISATION INDISPENSABLE

Pour valoriser le bois énergie local, il faut pouvoir « raffiner » sur place la ressource ligneuse. Libin s’est associée avec les communes de Paliseul et Wellin, impliquées elles aussi dans un processus de réseau de cha-leur, pour construire une plateforme de séchage de plaquettes commune aux trois entités. Elles peuvent donc broyer, sécher, puis consommer du bois issu de leurs territoires respectifs, en circuit court, le tout avec un point de chute commun : la plateforme de Libin.

OPTIMISER LA PLATEFORME ET FOURNIR DES PLAQUETTES DE QUALITÉ POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DE LA CHAUDIÈRE

En 2016, Célia Bayard, ingénieure agronome de formation, est embauchée par la commune de Libin comme conseillère en

énergie. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est investie dans ce projet. C’est elle qui traite du dossier relatif au réseau de cha-leur et à la plateforme de séchage de plaquettes. Nous l’avons rencontrée pour en discuter.

La conseillère en énergie commence par nous rappeler que « les instances communales de Libin ont toujours été sou-cieuses de n’utiliser, à des fins énergétiques, que les bois non utilisables dans des circuits traditionnels. C’était la motiva-tion initiale de la commune quand elle a décidé de se munir d’un réseau de chaleur et ça l’est resté. Comment a procédé la commune ? Elle a fait exploiter par ses propres services, les parcelles qui, situées sur des terrains peu accessibles ou difficiles, auraient occasionné un coût d’exploitation trop im-portant si le travail était confié à des tiers. De même, plutôt que d’autoriser l’affouage dans des zones présentant des risques d’accident pour les particuliers, la commune a préfé-ré les exploiter elle-même.

Cette exploitation en régie constitue évidemment une source d’approvisionnement supplémentaire pour le

réseau de chaleur communal ».

Celia Bayard ajoute encore que « la commune s’intéresse à une autre source d’approvisionnement po-tentielle, celle issue de l’agrofo-resterie, projet dans lequel elle s’est lancée en partenariat avec RND. Une parcelle pilote agro-forestière a été installée en 2015 et fait l’objet d’un suivi régulier.

D’ici quelques années, nous en saurons plus puisque nous dispo-

serons de données quant à son ren-dement ».

LIBIN : DES OUTILS COMMUNAUX ET INTERCOMMUNAUX POUR LA VALORISATION LOCALE DU BOIS ÉNERGIE

Célia Bayard, Conseillère en énergie à la commune de Libin

> Valoriser les sous-produits forestiers et d’entretien du bocage ;

> Réduire les factures énergétiques ;> Favoriser le circuit court, contribuer

au développement durable et réduire les émissions de gaz à effet de serre ;

> Assurer l’approvisionnement avec un combustible de qualité, être autonome et assurer de la souplesse dans la gestion des stocks.

LES OBJECTIFS DE LA PLATEFORME DE LIBIN

‘‘DES BOIS NON UTILISABLES DANS DES CIRCUITS TRADITIONNELS.

‘‘

La plateforme de stockage de la commune de Libin.

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RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS2VIGINOV

WALLONIENUMÉRO

VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 13

Les recherches progressent sur le bois transparent : une équipe de chercheurs de l’Université du Maryland a réalisé une nouvelle étude sur la base d’un modèle réduit de maison, équipée d’une partie de toiture en bois transparent. Une fe-nêtre réalisée à l’aide de ce bois trans-parent apporterait une lumière naturelle plus uniforme et plus régulière, et elle serait plus efficace que le verre en ma-tière d’isolation thermique.

Ce bois transparent n’est pas aussi trans-parent que le verre, il laisse donc pas-ser un peu moins de lumière (90 %) et procure en conséquence plus d’intimité, mais transmet beaucoup moins de cha-leur en bloquant la longueur d’onde cor-respondante.

La lumière diffusée à travers cette fenêtre est distribuée dans la pièce de manière

plus uniforme. De plus, étant filtrée et dif-fusée à travers les canaux du bois, elle est moins éblouissante et toujours dirigée de la même manière dans la pièce, peu im-porte la position du soleil. Cette vitre en bois transparent est imperméable grâce aux polymères qu’elle contient et moins fragile que le verre.

À ce stade des recherches, seules de pe-tites pièces de bois ont été travaillées (12,7 cm x 12,7 cm x 1 cm d’épaisseur) car le pro-cessus permettant de rendre le bois trans-parent n’est encore applicable que sur des morceaux de bois de petites dimensions. Par ailleurs, les chercheurs souhaitent per-fectionner ce traitement pour le rendre plus respectueux de l’environnement avant de penser à un processus industriel.

Source : A. James Clark School of Engineering - Université du Maryland & Advanced Energy Materials

Lors de la conception d’un composite bois-plastique, il est nécessaire d’ajouter des additifs afin de rendre possible et opti-male leur adhésion. En effet, les deux maté-riaux possèdent des propriétés chimiques bien distinctes. Ces additifs viennent éga-lement renforcer les propriétés du compo-site, s’agissant notamment de sa résistance aux conditions climatiques.

Dans l’objectif de développer des addi-tifs bio-sourcés, une étude a été conduite par une Université de Finlande sur les sous-produits liquides issus de la produc-tion de charbon de bois et du traitement thermique du bois. Ces sous-produits li-quides ne sont généralement pas utilisés et pourraient trouver ici de nouveaux dé-bouchés.

Ces liquides ont été mélangés aux granulats de composite bois-plastique, en amont du

processus de fabrication. Les propriétés de ce composite ont ensuite été étudiées : les composites additionnés de ces sous-pro-duits liquides se comportent mieux lors d’un moulage par injection. Par ailleurs, la capacité d’absorption d’eau est consi-dérablement réduite et les propriétés du composite bois-plastique améliorées dans certains cas.

De plus, une analyse d’émission des com-posés organiques volatils a été conduite via une spectrométrie de masse par réac-tion de transfert de protons (PTR-MS). Il en ressort que l’émission augmente après introduction des sous-produits liquides sans toutefois que les composés nocifs n’atteignent un niveau dangereux, ce qui était attendu par les chercheurs. L’objectif de cette analyse était aussi de démontrer que cette méthode de mesure convenait pour les composites bois-plastique.

L’Université souhaite que cette étude puisse servir de base à de futures recherches en vue de remplacer des additifs synthétiques par des composés bio-sourcés.

Source : University of Eastern Finland - Talei Vaisanen

UTILISATION DES SOUS-PRODUITS LIQUIDES DU BOIS

Simulation de la diffusion de la lumière à travers une vitre (à gauche) et un panneau de bois transparent (à droite)

UNE FENÊTRE EN BOIS TRANSPARENT

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14 I VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

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NUMÉRO

DES FIBRES DE BAMBOU POUR RENFORCER LE BÉTONLes résultats de tests et de recherches montrent qu’un matériau composite à base de fibres de bambou aurait les propriétés nécessaires pour remplacer l’acier, plus particulièrement dans le bé-ton armé ou fibré mis en œuvre dans la construction.

Ce composite est issu de fibres de bam-bou et de résine organique (à hauteur de 10 %). Il peut être conçu sous n’im-porte quelle forme, puis scié ou façonné comme le bois.

Les recherches en cours visent à exa-miner le comportement du béton fibré avec ce composite à base de bambou. Le Professeur Dirk Hebel, responsable de ces recherches, a indiqué que l’un des appareils avec lesquels il réalise des tests n’a pas pu briser le bloc renforcé avec ce composite.

Il est à souligner que beaucoup de struc-tures subissent des dommages à cause de la présence d’acier qui peut rouiller et dégrader le béton. Le bambou, lui, pré-

sente cet autre avantage d’être résistant à la corrosion.

Source : Future Cities Laboratory

TRAITEMENT THERMIQUE DES FIBRES DE BOIS À L’HUILE BIODIESEL RECYCLÉELes matériaux composites bois-polymères sont intéressants d’un point de vue éco-nomique car leur coût de production est raisonnable, et d’un point de vue tech-nique grâce à leurs propriétés physiques et mécaniques. Cependant, un point déli-cat demeure : le bois absorbe l’eau et rend ainsi difficile l’adhérence fibre-matrice plastique. Ceci a des conséquences sur les propriétés du composite bois-plastique qui s’en trouvent dégradées. Pour pallier ce problème, deux pistes sont envisageables : le choix d’un agent liant supplémentaire ou le traitement préalable du bois.

Une étude a été conduite par le Centre de Recherche sur les Matériaux Renouve-lables (Québec) afin d’estimer les effets du traitement thermique à base d’huile biodiesel recyclée (esters méthyliques d’acide gras) sur des fibres de bois et les conséquences sur les propriétés de com-posites bois-polymères. Des fibres issues de deux essences de bois ont été rete-nues : le pin gris (Pinus Banksiana) et le peuplier faux-tremble (Popululus tremu-loides Michx).

Les essais se sont déroulés de la manière suivante :• Préparation de planches de 120 cm de

longueur, 12 cm de largeur et 25 mm d’épaisseur.

• Traitement thermique des planches avec l’huile biodiesel recyclée et à dif-férentes températures : 160 °C, 180 °C et 200 °C pendant des durées diffé-rentes (60 et 120 minutes).

• Séchage des planches puis découpe en cubes broyés progressivement jusqu’à obtenir des fibres de bois d’une lon-gueur inférieure à 0,5 mm.

• Préparation du composite en éprou-vette par injection : 40 % de fibres de bois, 57 % ou 60 % de polyéthylène haute densité en fonction de la pré-sence ou non d’agent de couplage.

Dans un premier temps, les chercheurs ont constaté que les différents traite-ments thermiques des fibres diminuaient bien la capacité d’absorption d’eau des composites bois-polymère. Ceci est lié à la dégradation de l’hémicellulose.

Au travers d’autres tests du composite

bois-polymère (traction, flexion), les chercheurs sont parvenus à plusieurs conclusions : • Les traitements thermiques à 160 et

180 °C influencent négativement les propriétés mécaniques des composites à cause de la dégradation de l’hémicel-lulose.

• Le traitement thermique à 200 °C est une bonne alternative afin d’améliorer l’adhérence entre les fibres de bois et la matrice polymère. Cette améliora-tion est à imputer à la modification de la structure chimique des fibres.

• Pour le pin gris, à 200 °C, les proprié-tés mécaniques du composite sont améliorées, quelle que soit la durée du traitement.

• Pour les fibres de peuplier faux-tremble, on remarque que la durée du traitement a une influence sur les résultats : un trai-tement à 200 °C pendant 60 minutes améliore les propriétés des composites alors qu’un traitement qui dure 120 mi-nutes les diminue.

Source : Centre de Recherche sur les Matériaux Renouvelables (Québec)

Prototype de bloc de béton renforcé d’une grille composite à base de bambou

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VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 15

TRAITEMENT THERMIQUE DES FIBRES DE BOIS À L’HUILE BIODIESEL RECYCLÉE

Vue sur la structure hybride bois/béton et détails des dalles de plancher en bois lamellé-croisé,

piliers en bois lamellé-collé et raccords acier.

Brock Commons, résidence étudiante de l’Université de Colombie-Britannique, est une construction hybride bois-bé-ton-acier-aluminium qui se veut la dé-monstration des caractéristiques du-rables de la construction bois en grande hauteur, mais également le témoignage de sa compétitivité économique.

L’immeuble de 18 étages repose sur un socle en béton. Il compte 2 cages en béton pour l’ascenseur et l’escalier, qui concourent au contreventement de la structure. Les 17 niveaux suivants sont réalisés au moyen de panneaux de bois massif lamellé-croi-sé pour les murs et sols, le tout soutenu par des piliers en bois lamellé-collé. Les raccords sont assurés au moyen de pièces en acier. Enfin, la façade extérieure est en aluminium et verre.

En premier lieu, la totalité de la structure a été modélisée en 3D afin d’anticiper l’en-

semble des besoins et de permettre la préfabrication des éléments en amont du chantier. C’est également là que se situe l’originalité de cette construction.

Les différents panneaux de bois massif la-mellé-croisé ont été spécialement conçus et préfabriqués pour cet immeuble puis livrés, posés et assemblés. Ceci explique le temps record qu’a nécessité la construc-tion : 8 mois après le début, le 464e et der-nier panneau de bois lamellé-croisé est en place au 18e étage, à 53 m du sol. Chaque panneau est constitué de 5 plis et mesure 2,85 m de large pour 8 à 12 m de long. Le panneau le plus imposant pèse environ 3 500 kg.

Le bâtiment a fait l’objet d’une attention toute particulière en matière de risque incendie. Il bénéficie notamment de sa propre réserve d’eau et d’une alimentation électrique de secours afin que les dispo-

sitifs anti-incendie puissent fonctionner en cas de coupure d’eau et d’électricité. En outre, les éléments en bois ont été recou-verts d’une cloison sèche.

L’immeuble doit être normalement achevé en août 2017. Il sera à cette date le plus haut bâtiment bois achevé. Son budget est de 51,5 millions de dollars dont 4,45 millions de frais d’expertises extérieures pour éva-luer la faisabilité technique et financière de la mise en œuvre de tels composants bois à cette échelle. Selon les responsables, ces frais liés à l’innovation pourraient être évi-tés sur de futures constructions.

Enfin, à des fins d’études et d’observations, le bâtiment a été équipé d’une série de capteurs afin de recenser différentes don-nées : taux d’humidité, vibrations, mouve-ments des pièces de structure… À suivre.

Source : Naturally:wood

17 ÉTAGES EN BOIS LAMELLÉ-CROISÉ

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16 I VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

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AMEUBLEMENT MODULAIRE ET… MODULABLE

STRUCTURE EN BOIS LAMELLÉ-CROISÉ À BASE DE FEUILLU

Livrée en kit, la chaise Spyndi peut être assemblée selon la forme souhaitée par son utilisateur. Ses créateurs se sont inspi-rés de la colonne vertébrale humaine pour concevoir cette chaise : flexible et robuste à la fois. Spyndi est prévue pour être utili-sée en intérieur comme en extérieur.

10 années de recherche ont été néces-saires pour aboutir à cette chaise mo-dulaire et modulable. Pas moins de 1 650 morceaux de bois de bouleau sont travail-lés à la main pour obtenir ce puzzle per-sonnalisable. Il existe 60 manières diffé-rentes de combiner les pièces de bois et ainsi former tabouret, fauteuil, siège…

Il suffit de glisser les pièces de bois les unes dans les autres. Une fois cette étape réalisée, la chaise peut bouger et se cour-ber selon la forme souhaitée. Lorsque la courbure désirée est atteinte, on peut fi-ger l’ensemble grâce à des systèmes de verrouillage dissimulés aux extrémités de la chaise.

Les designers ont souhaité proposer une pièce d’ameublement qui ne soit pas figée dans le temps et qui puisse être transformée au gré des envies.

Source : Spyndi

Cette structure en forme de sourire, nom-mée « The Smile », mesure 3,5 m de haut, 4,5 m de large et 34 m de long. The Smile repose sur le sol en un seul point.

Il s’agit d’un tube rectangulaire incurvé, conçu pour la première fois à partir de panneaux lamellés-croisés industriels en feuillu, du tulipier de Virginie. Cette réali-sation, créée spécifiquement pour le Lon-

don Design Festival, met en œuvre 12 pan-neaux fabriqués par un industriel allemand. Trois acteurs ont permis l’aboutissement de ce projet : Alison Brooks Architect, le bureau d’études Arup ainsi que The Ame-rican Hardwood Export Council.

60 m3 de bois ont été nécessaires pour une superficie intérieure de 150 m2. The Smile peut être visité dans son intégralité.

Deux ouvertures aménagées en balcons, à chaque extrémité de la structure, laissent entrer la lumière en journée. L’objectif était ici de démontrer les poten-tialités structurelles, esthétiques et archi-tecturales du bois lamellé-croisé à base de feuillu dans le domaine de la construction. En effet, ce type de panneau est plus gé-néralement fabriqué à partir d’essences ré-sineuses. Le tulipier de Virginie est un bois au coût abordable qui possède des carac-téristiques mécaniques assez similaires à celles du peuplier ou de l’épicéa.

Source : Allison Brooks Architects

The Smile - London Design Festival © Ed Reeve

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VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 17

STRUCTURE EN BOIS LAMELLÉ-CROISÉ À BASE DE FEUILLUDes recherches ont été menées par l’Uni-versité Laval au Canada sur un nouveau type de connecteur composite destiné aux planchers bois-béton. C’est un thème important car on sait que le comporte-ment des deux matériaux dépend beau-coup de ce composant de liaison.

Ce nouveau connecteur vise à renforcer la ductilité d’une structure sans trop affai-

blir sa rigidité aux états limites de service. Il s’agit d’un connecteur composite car la coque est en béton fibré à ultra haute per-formance et le noyau en acier. Le connec-teur est de forme allongée afin de garantir une tenue à la flexion. Le béton fibré ultra

haute performance augmente la résistance aux micro-fissures ainsi que la dissipation d’énergie sous de grandes déformations.

Des connecteurs de différentes tailles ont été testés pour évaluer leur résistance au cisaillement. Les résultats ont prouvé que la rigidité de la connexion est principale-ment dépendante du diamètre extérieur de la coque du raccord, alors que la résis-tance du connecteur dépend du diamètre du noyau en acier.

Il a été démontré que les diamètres du connecteur (de la coque en béton et du noyau en acier) peuvent être modifiés pour s’adapter au comportement physique et mécanique attendu.

Source : Université Laval - QuébecSchéma et exemple du connecteur composite © Université Laval - Québec

DÉCHET DE BOIS MOULÉ 3D

SOLVANTS EUTECTIQUES POUR EXTRAIRE DE LA LIGNINE PURE

Après plusieurs années de recherches, de tests et d’améliorations du procédé et du produit, la société Neucor vient de com-mercialiser un panneau moulé en 3D. Il s’agit d’un corps de panneau creux MDF, plus léger (d’environ 40 %) mais tout aussi résistant - voire plus - que les pan-neaux MDF « traditionnels ». Ce produit bénéficie en outre de toutes les qualités requises face au feu. La société indique que l’on peut parler de « bois ondulé », par analogie au carton ondulé.

Le processus de fabrication de ces pan-neaux ne nécessite pas d’eau : les déchets de bois sont triés, filtrés, séchés puis

les fibres obtenues sont placées dans un moule rigide, pressé et chauffé afin d’aboutir à une forme 3D. Cette forme, personnalisable, peut ensuite être habil-lée d’un revêtement.

Ce panneau, breveté, est entièrement constitué de déchets recyclés de bois et de résine. Cette résine entre dans la ca-tégorie des « NAF – No-added formaldé-hyde », c’est-à-dire sans ajout de formal-déhyde.

Le panneau Neucor™ peut trouver diffé-rentes applications : plan de travail, ameu-blement, agencement de magasins, inso-

norisation… Ses dimensions standard sont de 121 cm x 243 cm, mais il est possible d’en fabriquer jusqu’au format 152 cm x 243 cm.

Source : Neucor

Le Centre Technique de Recherche de Finlande (VTT) propose une nouvelle mé-thode d’extraction de la lignine sous une forme pure en permettant de conserver sa structure chimique naturelle durant tout le processus.

Il s’agit ici d’utiliser un solvant eutectique afin de séparer la lignine de la sciure de bois. Un mélange eutectique est le mé-lange, dans certaines proportions, de deux corps purs dont le point de fusion est plus bas que celui de chacun des corps purs. Comparé à un solvant ionique, il est moins coûteux.

Extraire de la lignine pure (conservant sa structure organique naturelle) permettra d’envisager l’usage de cette dernière dans de multiples applications industrielles. Les processus conventionnels d’extraction ne permettent pas d’obtenir cette qualité de lignine.

Les recherches effectuées par le VTT semblent confirmer que ces solvants eu-tectiques peuvent être utilisés pour di-verses opérations telles que le fraction-nement de la biomasse, la stabilisation de certains enzymes et potentiellement pour des agents tensio-actifs. D’autres re-

cherches sont encore à mener dans le do-maine des solvants eutectiques car ce sont des produits encore très récents.

L’objectif des recherches du VTT est de trouver un substitut respectueux de l’en-vironnement et rentable par rapport aux solutions issues du pétrole.

Source : VTT Research

Panneau Neucor™ © Neucor

CONNECTEUR COMPOSITE BOIS-BÉTON

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18 I VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

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STRUCTURES BOIS MODERNES : QUELQUES EXEMPLES D’ASSEMBLAGESLes propriétés du bois en font un matériau de plus en plus utilisé dans le domaine de la construction et pour des structures de toutes dimensions.

Outre la mise en œuvre du bois lui-même, un autre point est crucial lors des constructions : les différents types d’as-semblages sélectionnés contribueront à la solidité et à la stabilité finale de la struc-ture. Il peut s’agir de raccorder du bois à du bois (qui possède des propriétés de résistance différentes selon son orienta-tion), à de l’acier ou à tout autre matériau.

En fonction du type de construction et de matériau, tel ou tel assemblage sera utilisé.

Il faut souligner que certains rapports d’enquêtes après catastrophe naturelle (ouragan tempête, tremblement de terre…) laissent apparaître que de mau-vais assemblages (mal sélectionnés, mal installés) sont souvent la cause de l’ef-fondrement d’un bâtiment ou de l’appa-rition de défaillances de la structure.

Il existe deux principaux types d’as-semblages : mécaniques et taillés. Voici quelques éléments d’informations propo-sés par les organismes américains Ameri-can Wood Council et reThink Wood.

1- Les assemblages mécaniques

Les raccords mécaniques peuvent être classés en 4 catégories : de type chevilles, plaques métalliques, disques de cisaille-ment et les raccords sur-mesure.

a - Les chevillesLes plus classiques sont les fixations de type chevilles et goujons, efficaces pour le transfert de charge et simples à instal-ler. Les clous ou agrafes sont utilisés pour des charges légères ; des vis peuvent être

préférées dans certaines conditions no-tamment lorsqu’il existe une exposition à l’humidité plus marquée car elles ont ten-dance à moins se desserrer. De plus, en cas de vent fort, elles opposent plus de résistance.

b - Les plaques métalliquesLes plaques métalliques avec plusieurs rangées de dents sont essentiellement utilisées sur les poutrelles en bois. Ici, la charge est transférée à la surface du bois.

c - Les disques de cisaillementIls sont adaptés aux charges plus lourdes. Ces disques sont en fonte ou en métal, et transmettent la charge de manière pa-rallèle ou perpendiculaire au fil du bois. Les disques de cisaillement peuvent être employés pour des raccords bois/bois ou bois/acier et peuvent être visibles ou dis-simulés.

d - Les raccords sur-mesure Cette dernière catégorie d’assemblages mécaniques est la plus innovante. Ces as-semblages sont conçus le plus souvent sur-mesure et exclusivement pour un bâ-timent. Le sur-mesure est de plus en plus fréquent, les constructions bois étant de plus en plus complexes.

2- Les assemblages taillés

Les assemblages taillés sont générale-ment des encoches, trous et chevilles, à tenon et mortaise, queue d’aronde… Ce type d’assemblage est utilisé essentielle-ment pour les petites constructions aux-quelles on souhaite apporter esthétisme et cachet.

En effet, les codes techniques ne donnent pas d’informations précises sur les trans-ferts de charge avec ce type de raccord car tout dépend de la qualité du travail

de taillage, de la qualité du bois, de son essence et de l’assemblage. Économique-ment, cette solution est rarement retenue pour la construction de structures bois modernes, de plus grande envergure et dimensions à cause du temps nécessaire à la réalisation de ces assemblages et au savoir-faire requis. Cependant, les équipe-ments à commande numérique peuvent remplacer efficacement le travail manuel dans certains cas.

Concernant la technique de l’encochage, il est essentiel que les encoches soient très précisément réalisées. Les profes-sionnels du bois ont édité de nombreux guides techniques à ce sujet et notam-ment en matière de dimensionnement des encoches en fonction du bois utilisé, ceci afin de garantir l’efficacité et la ro-bustesse de l’assemblage. L’avantage de ces assemblages réside dans le fait qu’ils sont totalement en bois : exposé à l’hu-midité, le travail du bois sera similaire de part et d’autre.

En résumé, l’efficacité de l’assemblage dépendra de nombreux facteurs, cumu-lés, à prendre en considération tant par les designers, concepteurs, fabricants que par les installateurs.

Exemple de raccord bois réalisé par machine à commande numérique © American Wood Council

Poutre bois sur mur béton. La plaque de support permet de répartir la charge et d’éviter le contact bois/béton. Les angles en acier confèrent la résistance © American Wood Council.

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VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 19

STRUCTURES BOIS MODERNES : QUELQUES EXEMPLES D’ASSEMBLAGES

UN PANNEAU À BASE DE MYCELIUM

UNE CHAISE EN BOIS INSPIRÉE PAR UN VÉLO EN CARBONE

Le polystyrène n’est pas biodégradable et n’entre pas toujours dans un processus de recyclage. Dans le bâtiment, il est uti-lisé notamment comme isolant thermique sous forme de panneaux de polystyrène extrudé.

La société Ecovative propose une alter-native plus respectueuse de l’environne-ment en fabriquant des panneaux iso-lants, entre autres applications, à base de champignons : MycoBoard™.

Tout commence par l’achat et la récupé-ration de sous-produits de l’agriculture, d’anciennes tiges de maïs par exemple, que la société trie et nettoie. Ces tiges sont ensuite mélangées à d’autres dé-chets (sciures ou copeaux de bois, lin, colza, chanvre notamment) et au mycé-lium, puis le tout est entreposé afin que la croissance du mycélium débute.

Ce mélange est ensuite déposé sur un

support afin de continuer à croître. Petit à petit, le mycélium grandit naturellement autour des sous-produits de l’agriculture auxquels il est mélangé, qu’il digère, en prenant la forme du support sur lequel il a été déposé. Une fois constitué, le nouveau matériau est pressé et déshydraté afin de stopper la croissance du mycélium.

Sans formaldéhyde, ni résine toxique, sans dégagement de composés organiques volatils, ce matériau possède des proprié-tés acoustiques et de résistance au feu naturelles. MycoBoard™ est de taille et de forme personnalisable, entièrement recy-clable.

Il est possible d’utiliser ce matériau en tant que panneau de particules pour la construction et matériau pour l’ameuble-ment notamment.

Source : Ecovativedesign

Inspiré par sa passion de la « petite reine » moderne en carbone, le designer anglais Jan Waterston a conçu cette chaise « Velo Chair » aux lignes particulières, semblant entourer son occupant.

Dans ce projet, il s’agit surtout de flirter avec les limites physiques du bois. En ef-fet, une seule pièce de bois de frêne a été utilisée et cintrée pour former le dossier, façonnée entièrement à la main. Le tout en s’assurant de la correcte ergonomie de l’ensemble.

Le frêne a été choisi pour sa robustesse et sa flexibilité. L’assise et l’accoudoir sont réalisés en placage stratifié. Ceci assure la solidité de l’assise et permet de la former de manière ergonomique grâce à la flexi-bilité des minces feuilles de placage col-lées entre elles.

L’ensemble est conçu à la main, avec des méthodes et outils traditionnels. L’objectif était également de rendre harmonieuses et naturelles, voire quasi invisibles, les jonctions entre les différents éléments

constituant la chaise.

Le design de la chaise encourage son oc-cupant à prendre place au fond du siège, à l’endroit où le confort d’assise est maximal.

Source : Timber Design & Technology

Le panneau MycoBoard™ © Ecovative

Velo Chair © Jan Waterston

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20 I VIGINOV WALLONIE I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

2VIGINOVWALLONIE

NUMÉRO

Les annonces suivantes proviennent d’entreprises et centres tech-niques en Europe qui recherchent une technologie spécifique ou qui proposent un savoir-faire ou une coopération avec un partenaire pour un projet collaboratif.

Elles nous sont transmises par l’intermédiaire de notre partenaire « Enterprise Europe Network ».

OPPORTUNITÉS D’AFFAIRES

RECHERCHE DE COOPÉRATIONS : DÉVELOPPEMENT D’UNE USINE DE FABRICATION DE COMPOSITES BIO-SOURCÉS

Une société allemande, active dans le domaine de la construction durable, s’est spécialisée dans le développement et l’ingé-nierie autour des fibres de cellulose. Elle est à la recherche de partenaires sous accord de coopé-ration technique et de service pour développer conjointement une usine pilote pour la fabrication de composites bio-sourcés.

RECHERCHE DE DISTRIBUTEURS : FABRICATION/DISTRIBUTION DES BRIQUETTES ÉCOLOGIQUES

À partir de résidus de graines de tournesol, une jeune so-ciété bulgare produit des briquettes écologiques, à savoir exemptes d’additifs, de colles ou d’autres produits chimiques. La société recherche des distributeurs pour atteindre les marchés internationaux et offre également des services de sous-traitance en produisant ses briquettes sous la marque du client.

RECHERCHE DE TECHNOLOGIES : NOUVELLE TECHNOLOGIE D’EXTRACTION DE FIBRES DE CHANVRE

Une société roumaine active dans le domaine de l’agricultu-re souhaite se développer en investissant dans une usine de transformation de chanvre. En raison de la pollution de l’eau engendrée par les technologies actuelles, la société est inté-ressée par une nouvelle technologie permettant d’extraire les fibres de chanvre par un procédé enzymatique.

La société recherche un accord commercial avec assistance technique.

RECHERCHE DE PARTENAIRES COMMERCIAUX : DISTRIBUTION DE REVÊTEMENTS EXTÉRIEURS ÉCO-INNOVANTS

Une société espagnole spécialisée dans la production de revêtements éco-innovants est à la recherche de distributeurs européens. La société produit un revêtement dépolluant pour l’extérieur avec des résultats certifiés de réduction des polluants atmosphériques. Ce revêtement est particulièrement intéres-sant pour les projets de villes intelligentes (Smart Cities).

La société est à la recherche d’un partenariat commercial.

Pour tout complément d’information :Frédéric Castaings E-mail : [email protected]él. 084 32 08 44 - GSM 0495 32 36 13

Partenaires :

Réalisé par : Avec le soutien de :

PIERRE BOIS

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 21

En 1984, à La Capelle, des agriculteurs créaient l’association « Atelier Agriculture Avesnois Thiérache » (AAAT). Pendant plus de trente ans, face au remembrement foncier, cette asbl s’est battue pour le maintien de la haie bocagère, élément caractéristique du paysage. En posant immédiatement un re-gard économique et énergétique sur ces haies, AAAT a déve-loppé une expertise considérable, concrétisée par la création de plateformes locales d’approvisionnement en plaquettes bocagères.

Nous ne sommes qu’à quelques encablures de Momignies, pourtant le paysage semble si différent. Pour Françoise Gion, animatrice d’AAAT, « la Thiérache se distingue par des espaces naturels et bocagers dont l’élément principal est la haie. La haie présente bien sûr des intérêts environnementaux mais nous sommes convaincus depuis longtemps qu’elle ne restera dans l’exploitation agricole que si elle crée une autre activité. La haie ne doit pas être subie ou devenir un poids, elle doit être un élément dans l’exploitation ! ».

Des initiatives pionnières naissent dès 1987. « Pour ne pas perdre ces haies d’arbres têtards - charmes et saules - nous avons sensibilisé les agriculteurs à leur intérêt et les avons formés à la conduite d’une haie, à son entretien, à sa rénovation. Nous avons même accompagné les premières plantations ».

« En 1995, nous avons pu conduire un inventaire auprès de 250 agriculteurs. Ceci nous a permis d’estimer le linéaire bocager en Thiérache et la proportion de haies hautes, c’est-à-dire celles adaptées au bois énergie ».

En 2000, c’est le grand saut. « Grâce à un financement, nous avons finalisé des études sur l’attrait des chaudières à pla-quettes dans les exploitations agricoles, analysé des chantiers de déchiquetage pour évaluer précisément les coûts, et mis tout ceci en parallèle avec notre inventaire des haies ».

« Nous avons démontré que la filière était viable. En cinq ans, une dizaine de chaudières à plaquettes étaient installées chez des agriculteurs. Aujourd’hui, nous en recensons plus de 87 sur notre territoire, dont des initiatives de particuliers et de collectivités ».

« Ici, les haies permettent à la fois l’auto-alimenta-tion et la commercialisa-tion. L’exploitation est ré-alisée suivant une rotation de quinze ans, sachant que nos charmes têtards produisent en moyenne 60 m3 de plaquettes pour 100 m de linéaire. Nos agriculteurs possèdent en moyenne 8 km de haies, certains jusqu’à 30 km, cela explique que l’on ait de la matière à revendre ! ».

Avec une auto-consommation de l’ordre de 80 à 120 m3/an alors que la production moyenne annuelle de plaquettes boca-gères est de 200 m3 par agriculteur, on comprend vite que la recherche de nouveaux débouchés soit devenue une priorité. « Nous avons créé un réseau de plateformes locales, au-jourd’hui on en compte 25. Ce sont les lieux où les agriculteurs stockent leurs plaquettes et à partir desquels ils livrent ».

La commercialisation passe par AAAT. « En début de saison, l’été, les agriculteurs nous font remonter leurs disponibilités en plaquettes sèches - moins de 25 % d’humidité. Les chauf-feries nous contactent pour leurs commandes et nous coor-donnons l’approvisionnement au plus proche, en sollicitant un ou plusieurs agriculteurs du réseau ».

Ces derniers rentrent dans leurs frais car le prix est calculé en tenant compte de la soustraitance pour le broyage, du trans-port, mais aussi du temps passé par l’agriculteur. « Si l’au-to-consommation permet des gains financiers substantiels, la commercialisation ne génère pas de bénéfice supplémen-taire. Mais attention, le temps de travail de l’agriculteur est comptabilisé : il n’y perd pas ! ».

Alors tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? « Presque, nous sommes en excédent de plaquettes. Notre regret : que les collectivités ne se mobilisent pas plus pour installer des chaufferies bois ! ».

LA VALORISATION DES HAIES BOCAGÈRES EN THIÉRACHE

DOSSIER DU TRIMESTRE

Pour Françoise Gion, disposer de temps est vital pour fédérer et conduire ce type d’expérience.

Des jeunes haies, plantées en 1990 (photo de gauche), ont été récoltées au bout de vingt ans.Bien sûr cette première production de bois énergie n’égale pas encore celle d’un charme têtard (photo de droite) qui date, lui, du XIXe siècle !

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REGARD SUR UNE DÉMARCHE SECTORIELLE EN FRANCE

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22 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

« Malempré, la chaleur d’y vivre » est un projet asso-ciant citoyens, exploitants forestiers, agriculteurs et pouvoirs locaux pour me-ner le village vers l’autono-mie énergétique...

Né dans la tête de quelques habitants de ce petit village de la commune de Manhay, ce projet de réseau de chaleur, en activité depuis février 2014, est aujourd’hui porté par une coopérative citoyenne regroupant 10 personnes. Ce réseau devra à terme permettre de couvrir les besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire d’une partie des habitants du village, à l’aide d’une chaufferie unique alimentée par de la biomasse sèche produite au niveau local.

La coopérative a pour mission principale de gérer le réseau, en achetant prioritairement les combustibles aux acteurs locaux des secteurs agricoles et forestiers et en revendant la chaleur ainsi produite aux habitants. La question de l’approvisionne-ment en matière première est donc importante.

RND a rencontré Vincent Sépult, agriculteur à Malempré et initiateur de cette démarche. Son objectif est de se diversi-fier, de pouvoir disposer d’un revenu supplémentaire grâce aux activités de plantation, récolte, séchage, stockage et approvisionnement en plaquettes de la chaufferie.

LES PREMIERS PAS

Pour assurer le fonctionnement du réseau la première année, la coopérative a fait appel à Jean-Luc Puissant de Havelange. Celui-ci a fourni la totalité des besoins en plaquettes. La filière de production n’était pas du tout mise en place sur le territoire de la commune.

La deuxième année, nous avons travaillé un peu différemment. Nous avons sollicité Combubois de Fauvillers. Ce dernier nous a livré une partie des besoins en plaquettes et, en complément, nous sommes venus avec notre première production. Nous avons en effet récolté le bois nous-mêmes sur un tronçon de 1,2 km le long de l’autoroute E25, suite à une procédure négo-ciée que nous avions passée avec Sofico. Nous espérions voir prolonger cette procédure pour tout le tronçon qui traverse la commune de Manhay. Une réunion a été programmée avec So-fico pour voir les possibilités de rédiger une convention qui, ju-ridiquement, tienne la route avec une volonté de privilégier les acteurs locaux tout en respectant la loi sur les marchés publics. Cela n’a pas pu se concrétiser et l’appel d’offres a été lancé par Sofico. C’est un luxembourgeois qui a remporté le marché et, ce qui est triste dans cette histoire, c’est que les plaquettes sont parties en grande majorité en France.

VERS UNE FILIÈRE DE PRODUCTION LOCALE

Les besoins en matière de plaquettes tournent autour de 1600 m³/an. Aujourd’hui, deux agriculteurs du village de Malempré -Samuel Collignon et Vincent Sépult- aidés de trois autres agriculteurs de la région ont produit près de 600 m³ sur deux ans. Il y a encore beaucoup de chemin à faire !

Au jour d’aujourd’hui, « nous ne savons pas trop où nous allons en terme de coûts » nous précise Vincent, « nous essayons que la vente des productions à la coopérative couvrent les frais que nous avons eus tant en matériel qu’en heures prestées ».

Vincent Sépult a sollicité le Gal « Pays de l’Ourthe » pour travailler sur la thématique du bois énergie avec pour objectif d’étudier les coûts d’une implantation d’une haie, sa protection contre le dégât de gibier, son entretien et son exploitation, définir les coûts en moyens humains, en matériels, en stockage… et sa rentabilité.

L’objectif est d’arriver, dans les prochaines années, à fournir les 100% des besoins du réseau à partir d’une production locale organisée par des agriculteurs locaux.

Vincent Sépult relève dès à présent deux projets à concrétiser pour arriver vers cette autonomie : la construction d’un hall de stockage et de séchage, et la coordination des chantiers de production et d’exploitation. « Pour moi, il faut définir un périmètre de chantiers de production et d’exploitation, tant sur le domaine public, en partenariat avec les communes que sur le domaine privé, principalement agricole. Ensuite, il faut coordonner ces chantiers : identifier les plantations les plus effi-caces selon la nature du terrain, réhabiliter les haies existantes, assurer les tailles nécessaires, organiser les récoltes, mutualiser les savoirs faire et le matériel disponible auprès des agriculteurs locaux pour arriver à un rendement chantier économiquement intéressant pour toutes les parties prenantes ».

DOSSIER DU TRIMESTRE

REGARD SUR UNE INITIATIVE CITOYENNE EN WALLONIE

UN RÉSEAU DE CHALEUR À L’ÉCHELLE D’UN VILLAGE : COMMENT ASSURER UN APPROVISIONNEMENT LOCAL ?

Vincent Sépult, agriculteur. Son objectif : se diversifier - ©RND

La première plantation agroforestière réalisée à Malempré dans un objectif de production locale de bois pour le réseau de chaleur - ©RND

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 23

Le Plan d’Approvisionnement Territorial est un outil d’aide à la décision destiné aux élus français, né d’un travail de longue haleine mené par la Fédération nationale des Communes forestières (FNCOFOR). Sa raison d’être principale est de caractériser, le plus précisément possible, un territoire en matière d’approvisionnement en bois énergie afin de définir une stratégie forestière pertinente. Véritable outil de déve-loppement territorial, le PAT a été appliqué avec succès dans de nombreuses zones forestières françaises. Explications.

Tout commence par une question. Celle d’un élu qui, soucieux de valoriser le potentiel « bois énergie » de son territoire, fait appel au réseau des Communes forestières pour y répondre : « Peut-on approvisionner localement les chaufferies bois du territoire ? ».

Sylvère Gabet est chargé de mission pour les Plans d’Amé-nagement Territoriaux à la FNCOFOR. Selon lui, cette ques-tion découle avant tout d’un manque de connaissance de la ressource locale. « Lors du lancement du projet ‘‘1000 chaufferies bois pour le milieu rural’’, la FNCOFOR a rele-vé le manque de connaissances des territoires sur la res-source bois » explique-t-il. « Cette information était en effet uniquement disponible au niveau régional ou parcel-laire, alors que le niveau de prise de décision pour un élu de collectivité se situe à une échelle intermédiaire, entre 10 000 et 150 000 ha. Le PAT, en agglomérant l’ensemble des données disponibles et en les adaptant au contexte ter-ritorial, est un réel outil d’aide à la décision pour les élus lo-caux, apportant une visibilité et des lignes directrices pour le développement du bois énergie ».

Dès lors, une fois que la commune décide de s’engager dans un projet concret autour du bois énergie local, que se passe-t-il ? Dans un premier temps, la construction d’un PAT passe par une estimation de la consommation en bois sur le territoire (chaufferies, scieries, particuliers, etc.). Par la suite, l’analyse se penche sur les volumes de matière disponible et mobilisable (du point de vue technique et économique) dans les forêts lo-cales dans les 20 prochaines années. Ce potentiel de produc-tion est complété par l’analyse du volume de matière excéden-taire dans les entreprises bois du territoire.

Une fois les besoins et le potentiel identifiés, les coûts de mobi-lisation pour chaque type de ressource (forêt, haies agricoles, etc.) sont calculés en fonction des conditions d’extraction de la matière, du coût de transformation et de transport. Cette opération permet aux communes de déterminer le volume de bois énergie qui peut être produit chaque année et le coût de mobilisation associé.

Mais le PAT ne s’arrête pas là. Car il ne s’agit pas seulement de mettre en relation un produit avec un consommateur, l’objectif est aussi d’optimiser et de fluidifier le passage de l’un vers l’autre. C’est pourquoi la FNCOFOR donne également des conseils

aux pouvoirs publics pour améliorer la chaîne d’approvisionnement, en identifiant des investis-sements prioritaires. Par exemple, l’aménagement de voiries manquantes pour permettre une meil-leure desserte de certaines zones clés ou l’implantation d’équi-pements de stockage intercommunaux.

Les chiffres obtenus lors du montage d’un PAT peuvent par-fois surprendre, notamment le volume de matière disponible. Par exemple, le PAT Haut Val de Meuse, en Lorraine, a déter-miné que pour une consommation en bois énergie annuelle de 3 500 tonnes, le territoire possède un potentiel total mobili-sable de 26 500 tonnes ! Et tout cela sans impacter la filière bois classique.

Et ce dernier point est d’une importance capitale car, comme le précise Sylvère Gabet, les tensions autour de l’approvision-nement en bois énergie sont bien réelles en France : « Oui, la concurrence entre le bois destiné aux papeteries ou aux usines de panneaux a toujours été forte avec le développement du bois énergie. C’est la raison pour laquelle les PAT prennent en considération les différents usages existants afin que le déve-loppement du bois énergie sur un territoire ne vienne pas dés-tabiliser une filière existante, génératrice d’emplois locaux ». Une situation qui fait écho au contexte wallon, également concerné par ce type de tensions.

DOSSIER DU TRIMESTRE

REGARD SUR LA FRANCE AVEC UN OUTIL D’AIDE À LA DÉCISION LOCALE

PLAN D’APPROVISIONNEMENT TERRITORIAL (PAT) : CONNAÎTRE ET STRUCTURER

Sylvère Gabet, chargé de mission à la FNCOFOR

Plateforme bois énergie à Morez (Jura) - © FNCOFOR

Beaucoup d’élus de communes forestières voient le PAT comme un moyen concret d’atteindre l’indépendance énergétique.

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24 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2016

La Scierie Hontoir, c’est un peu une institution en province de Namur. Il faut dire que cette scierie de feuillus existe depuis 1924, année où l’arrière grand-père, Joseph Hontoir, décide de l’installer à Faulx-les-Tombes. Elle ne bougera plus de là, mais s’y étendra progressivement.

« Nos grands-pères Guy et Jean-Pierre ont intégré l’affaire dès 1940. Mon père, Christian, en 1977. Nous, nous sommes arrivés en 2003 », amorce Jérôme. Les générations se sont succédé mais les deux frères se révèlent de précieux témoins de l’his-toire familiale.

ÉVOLUTION AU GRÉ DES CRISES

« Avant, on sciait un peu de tout et tout partait », sourit Geoffroy, à la manière de celui qui parle d’un temps inconnu où tout sem-blait possible. « Nous avions beaucoup de marchés intérieurs et nous fournissions nos sciages sur quartier à l’industrie du meuble, des traverses aux chemins de fer, du bois pour l’em-ballage ». Une première crise passe par là, les années quatre-vingt marquent un premier coup d’arrêt.

Néanmoins, la période 1990-2000 se révèle euphorique. « On sciait énormément de hêtres pour l’Italie et l’Espagne qui étaient en plein boom ». Dix ans et nouveau coup de frein !

« Avec la tempête de 99, ça a commencé à se calmer pour le hêtre. En 2002, le marché local s’est tari. En plus, la maladie du scolyte a aggravé les choses. Nous avons arrêté le hêtre en 2010. Nous n’en scions plus qu’environ 50 m3 par an sur les 7000 m3 de grumes de feuillus débitées chaque année ».

Pour compenser la disparition progressive de ce marché, la scie-

rie met les bouchées doubles sur le chêne… mais arrive la crise de 2008. « Dès 2009, on a enregistré une perte de 20 % de notre chiffre d’affaires. On ne sciait que 2 ou 3 jours par semaine. En plus, avec la pression de la Chine, c’est une époque où on payait nos bois assez cher ». La situation était périlleuse.

Il faudra cinq ans aux deux frères pour redresser la barre. « À partir de 2012-2013, les choses se sont améliorées progressi-vement. On ne regagnait pas d’argent mais on avait stabilisé la situation ». Ce retournement, il ne doit rien à la conjoncture. Son origine tient à une volonté continue de moderniser l’outil de production. « En dix ans, nous avons investi 650 000 €, mais sans avoir la folie des grandeurs ! ».

DES INVESTISSEMENTS RAISONNÉS

Sur les grands sujets, les deux frères sont toujours à l’unis-son… c’est le cas ici.

« Depuis notre arrivée, on a beaucoup amélioré la scierie. En 2004, on a commencé par investir dans une nouvelle déli-gneuse à lames circulaires. Cinq ans plus tard, nous avons ra-cheté une guillotine pour couper les chutes qui nous servent comme bois de chauffage ».

À partir de 2010, les choses semblent s’accélérer. « Tout d’abord, nous avons mis en place un nouveau chariot pour augmenter la cadence de sciage. En 2012, on a installé une recoupeuse automatique au sein de la ligne de triage. Elle sert à purger les bois de leurs éventuels défauts. En 2014, on a remplacé la déligneuse dans une logique d’augmentation des volumes trai-tés. Enfin, nous sommes en train d’installer une écorceuse qui devrait être opérationnelle dans quelques semaines ».

SCIERIE HONTOIR LA 4ÈME GÉNÉRATION PREND LE RELAIS

Pour qui s’intéresse un temps soit peu à la thématique, il est de notoriété publique que les scieries de feuillus wallonnes traversent une phase difficile. Entre baisse de la demande, pression sur la matière première, évo-lution des goûts du consommateur, export des grumes vers des unités de transformation localisées en Asie… les raisons de démotivation ne manquent pas.

Pourtant, quand on rencontre les frères Geoffroy et Jérôme Hontoir, aux commandes désormais de la scierie familiale éponyme, on est frappé par leur sérénité et leur

confiance en l’avenir.

Les psychologues ont démocratisé le concept de « rési-lience », cette capacité à se reconstruire en surmontant les chocs traumatiques. Ces deux-là en sont une belle illustration. Sûrement est-ce parce qu’ils sont des enfants de la crise, qu’ils sont arrivés dans la scierie quand le hêtre entamait sa funeste descente aux enfers et qu’ils ont affronté la débâcle de 2008, qu’ils se sont forgé leur propre approche des affaires conjuguant dynamisme et prudence.

24 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

Portrait D’ENTREPRISE

Brinquebalés entre périodes d’essor et de chute de l’activité, Jérôme et Geoffroy Hontoir misent sur l’écoute du client.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2016 I 25

Certes beaucoup d’investissements, mais tous mûrement réfléchis. Les aléas économiques rendent prudent…

Et en la matière, les frères Hontoir partagent une même philosophie qui leur dicte d’« être le plus possible à l’écoute des clients et de leurs besoins. On a toujours veillé à ce que chacun de nos investissements réponde à deux exigences : satisfaire le mieux possible les demandes en volume, ce qui passe notamment par l’amélioration de notre rendement, tout en conservant un outil de transformation du bois très flexible pour s’adapter à de nouvelles attentes ». On retrouve là toute la sagesse, mâtinée d’entrain, du tandem.

DES MARCHÉS SURTOUT FLAMANDS

C’est un peu un crève-coeur pour Jérôme et Geoffroy de voir les négoces wallons les bouder, eux et les confrères. « Au-jourd’hui, 80 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec des négociants flamands. Certes les grosses sociétés sont là-bas, mais c’est dommage que les négoces wallons ne fassent pas plus confiance aux scieries locales ». D’autant plus dommage que l’avantage de travailler avec ce type de client est évident : « le négoce nous achète plusieurs qualités quand l’utilisateur final n’en recherche qu’une. On écoule beaucoup mieux notre production ».

Autre marché conséquent : l’Angleterre. « Les Anglais ont de petits jardins auxquels ils accordent beaucoup d’importance, en plus ils adorent le bois. Nous leur vendions beaucoup de traverses paysagères jusqu’à récemment. Le Brexit est en train de remettre en cause ce débouché à cause des taux de change qui leurs sont défavorables ».

Parmi les autres « gros » clients de la scierie, « il y a aus-si les Pays-Bas avec son industrie du meuble et du parquet, on vend aussi en France. Mais le phénomène nouveau, c’est l’émergence de l’Asie depuis 2015 ». Eh oui, c’est possible : un scieur de feuillus wallon vend régulièrement ses sciages en Asie ! Cela réclame quelques précisions…

« Les transformateurs asiatiques ne trouvent plus assez de grumes sur le marché en raison notamment des contrats d’approvisionnement allemands et de l’essor des ventes

françaises réservées aux seuls scieurs transformant en Europe. Ils nous achètent donc des bois semi-transformés qu’ils utilisent pour la fabrication de parquets. Nous avons signé un contrat annuel de fourniture qui, pour nous, est loin d’être négligeable ».

Enfin, qu’on se le dise, la Scierie Hontoir a aussi des clients locaux ! « On vend à des menuisiers mais aussi aux particuliers. Depuis 2010, nous proposons des parquets, une activité en plein développement. On voit bien que le consommateur est sensible aux produits proposés en circuit court. C’est pourquoi nous investissons de plus en plus dans des produits semi-finis comme des lames de bardage, de terrasse, les plans de travail, marches d’escalier… ».

DES PROJETS PLEIN LA TÊTE

« On connaît actuellement une forte demande sur le chêne. C’est une essence très prisée car les consommateurs veulent de beaux et bons produits. On est convaincus que la demande va se maintenir durablement ». Une confiance qui pousse nos deux frères à programmer une belle salve de nouveaux investissements.

« Très vite, nous allons construire un showroom pour montrer nos différents produits aux menuisiers. Ce sera aussi l’occasion pour nous de déménager dans de vrais bureaux. Enfin, on pense construire un nouveau hangar de stockage ». L’outil de trans-formation est paré pour répondre à la demande, désormais tout est mis en oeuvre pour capter de nouveaux clients.

Pour en savoir plus : www.hontoir.beRoute de Jausse, 95340 Faulx-les-TombesTél. : +32 (0)81 57 06 51

Le classement des bois est visuel, avec des dizaines de références

différentes qui sont autant de sections.

LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 25

Depuis des années, la scierie fait l’objet d’une politique soutenue d’investissements à l’image du chariot à grume qui date seulement de 2010.

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26 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

# BOIS

L’AULNE EN WALLONIE

L’aune glutineux est une essence indigène qui se rencontre dans toute l’Europe. On le retrouve assez fréquemment en Wal-lonie même s’il ne couvre pas de grandes surfaces. Les chiffres de l’Inventaire Per-manent des Ressources Forestières de Wallonie indiquent que l’aulne glutineux est 8ème dans le classement des essences feuillues (tous propriétaires confondus) après le chêne, le hêtre, le bouleau, le frêne, l’érable sycomore, les peupliers hybrides et le charme. Il n’est présent que dans un peu plus de 4 % de la surface des peuplements feuillus et très souvent en mé-lange où il est minoritaire : les peuplements comportant au moins les deux-tiers d’aulne glutineux représentant moins de 1 % de la forêt feuillue wallonne.

SES CARACTÉRISTIQUES BIOLOGIQUES

L’aulne est un arbre feuillu faisant partie de la famille des bétu-lacées, au même titre que le charme, le bouleau ou le noisetier (attention au pollen pour les allergiques !). Sa hauteur adulte est comprise entre 20 et 30 m pour une durée de vie de 100 à 150 ans. L’âge d’exploitation dans nos régions tourne autour de 50 à 70 ans.

L’aulne glutineux se nomme ainsi à cause de la viscosité de ses bourgeons et de ses jeunes feuilles. Les bourgeons sont très caractéristiques : ils sont de formes oblongues et de couleur violacée. Cette couleur permet de l’identifier assez facilement, même en plein hiver. Les feuilles sont alternes et caduques et ne changent pas de couleur, elles restent vertes longtemps en automne puis tombent en hiver. C’est une espèce monoïque : il porte à la fois des fleurs mâles (ce sont de longs chatons pendants) et femelles (de courts chatons dressés). La flo-raison n’intervient qu’après la vingtième année et a lieu vers mars-avril, elle précède la sortie des feuilles. Les fruits res-

semblent à de petites pommes de pin et se nomment les strobiles. L’écorce, de

couleur brun-gris est d’abord lisse pour devenir rugueuse chez les sujets âgés.

Une des particularités remarquables chez l’aulne est son système racinaire. En effet, ses racines, fortes et puis-santes, s’enfoncent profondément et

possèdent de nombreuses ramifications qui créent un refuge pour la faune envi-

ronnante. Au sein de ses racines se trouvent des nodosités (excroissances plus ou moins

grosses) où vivent des micro-organismes. Une symbiose existe entre eux et l’arbre puisque grâce

à ceux-ci, l’aulne est capable de fixer directement l’azote de l’air pour la production de protéines et peut donc se nourrir jusque dans les endroits les plus pauvres, là où d’autres arbres ne peuvent subsister. Ce phénomène est utilisé par l’homme pour fertiliser les terrains pauvres.

L’HABITAT DE L’AULNE

L’aulne est l’essence pionnière par excellence, il pousse sur tous les types de sols pourvu que ceux-ci soient suffisamment humides. C’est pourquoi on le retrouve sur des sols constam-

Parmi les différentes espèces du genre Alnus, l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa (L.) GARTN) est le plus pré-sent chez nous. Essence rare en forêt, c’est pourtant la plus représentée le long des cours d’eau wallons. Jouis-sant d’un intérêt croissant en tant qu’essence pionnière améliorant le sol ou pour la protection et la consolidation des berges des cours d’eau, il est encore trop souvent

considéré comme une essence secondaire et sans réel intérêt éco-nomique. Pourtant, les qualités de son bois peuvent le destiner aux usages nobles. Essence de base des ripisyl-ves, il est malheureusement mis en danger par une mala-die depuis le début des années 1990.

Nodosités (Frankia alni) présentes sur des racines d’aulne - © Cwmhiraeth

L’AULNE

LES ESSENCESFORESTIÈRES :

L’aulne

‘‘‘‘

CHEZ LES ANCIENS BRETONS, L’AULNE ÉTAIT CONSIDÉRÉ COMME L’ARBRE DE L’UNION. CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS, IL SYMBOLISAIT L’ARBRE DES MORTS, CROYANCE REPRISE PAR GOETHE DANS SON POÈME « LE ROI DES AULNES » EN 1782.

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 27

# BOISsont aujourd’hui âgés de plusieurs siècles. Aujourd’hui, on uti-lise souvent l’azobé d’Afrique pour ce type d’ouvrage, l’aulne pourrait redevenir une alternative intéressante.

Autrefois, on l’utilisait pour faire des conduites d’eau souter-raine, pour confectionner des sabots mais aussi comme bois de mines car, grâce à ses craquements, il avertissait avec une bonne marge de sécurité des risques d’éboulement. Le charbon de bois d’aulne a longtemps servi dans la composition de la poudre à canon.

De nos jours, l’aulne est valorisé dans la confection de pâte à pa-pier, de panneaux de particules, mais aussi en menuiserie inté-rieure pour le mobilier ou dans la construction comme bardage. Ses différentes utilisations dépendent de la région concernée. En Thiérache française, il est traditionnellement utilisé en bar-dage de maisons familiales. En Allemagne, l’aulne est utilisé en placage pour la fabrication de meuble « style merisier ». Chez nous, le bois d’aulne est souvent utilisé comme bois de trituration.

Il est aussi utilisé en ébénis-terie, tournerie et modelage pour fabriquer des jouets, des manches d’outils ou dans la fabrication de guitares haut de gamme (les strato-casters de la marque Fender en sont un bel exemple).

UNE DANGEREUSE MALADIE

Depuis plusieurs années, une maladie qui s’attaque à l’aulne est particulièrement préoccupante. Découverte en 1993 en Grande-Bretagne, il s’agit d’un champi-gnon : le Phytophtora de l’aulne (Phytoph-thora alni). Ce parasite a, depuis lors, été trouvé dans de nombreux pays européens. En 2007, 28 % des aulnes présents le long des cours d’eau étaient dépérissant en Wallonie. Le parasite, qui est bien souvent véhiculé par l’eau de rivière, infecte les plants en pénétrant par les racines. Toutes les classes d’âge d’aulnes sont susceptibles d’être atteintes. L’infection aboutit généralement à la mort de l’arbre dans un délai plus ou moins long suivant son âge. Les symptômes sont les suivants :

> Les feuilles sont moins nombreuses, plus petites que la normale et jaunissantes.

> Le houppier est plus clairsemé.

> Des taches de couleur rouille à noirâtre se retrouvent à la base du tronc, avec parfois des coulées goudronneuses et des nécroses sous l’écorce au même niveau que ces taches.

Plusieurs pays ont lancé des recherches dans le but d’enrayer la propagation de la maladie mais malgré certaines avancées, beaucoup de questions restent sans réponse et on ne connaît à l’heure actuelle pas encore de moyen de lutter contre ce parasite.

ment alimentés en eau, que ce soit des fonds de vallées (on parle alors d’aulnaies allu-viales, un des habitats priori-taires de l’Union européenne), des marécages (aulnaies ma-récageuses), des prairies hu-mides, mais aussi et surtout le long des cours d’eau où il joue un rôle fondamental dans la fixation des berges et sur le plan paysager. On l’y retrouve d’ailleurs bien souvent avec des saules ou des frênes, formant ce qu’on nomme la ripisylve.

LES UTILISATIONS DU BOIS

Le bois d’aulne est un bois tendre et léger, au grain fin. L’au-bier est peu distinct du bois de cœur. De couleur claire, il de-vient brun rougeâtre après abattage et exposition à l’air. Placé dans l’eau, le bois d’aulne devient noir, de plus en plus dur et est quasiment indestructible. Plusieurs beaux palais de Venise ont d’ailleurs été édifiés sur des pilotis en aulne. Ces pilotis

Un des habitats de l’aulne - © Bernd Schade

mauvaise qualité

Nous avons contacté à ce sujet M. Hugues Claessens, Maître de Conférences à l’ULg Gembloux Agro-Bio Tech - Unité de Gestion des Ressources forestières et des Milieux naturels. Voilà ce qu’il nous en dit :

« En Wallonie, il n’existe pas ce qu’on pourrait appeler une tradition de la sylviculture de l’aulne. Toutefois, on remarque un engouement pour les plantations d’aulnes depuis une vingtaine d’années. La sylviculture est à peu près la même que pour les feuillus à croissance rapide (le bouleau, l’érable, le frêne…).

Une densité de plantation de 2000 à 2500 plants par hectare favorisera l’élagage naturel. L’aulne étant une essence de lumière, les éclaircies interviendront tôt dans la vie du peuplement et seront vigoureuses.

Lorsque les arbres atteignent la hauteur de 10 m (en-viron 10 ans), un détourage sera pratiqué autour des arbres objectifs désignés pour que la cime se déve-loppe fortement et puisse produire une belle grume. L’objectif étant d’obtenir, par hectare, de 200 à 300 m3 de bois de très haute qualité. On désigne pour cela entre 50 et 100 arbres d’avenir et on focalise les tra-vaux sur ceux-ci.

L’aulne ne se commercialise pas comme l’épicéa ou le chêne. Pour obtenir un bon prix, il faut avoir des lots de bois suffisamment importants et d’excellente qualité, ce qui est excessivement rare chez nous. Les prix pra-tiqués jusqu’il y a 5 ou 6 ans étaient de l’ordre de 100 à 300€ du m3, pour des arbres de qualités exception-nelles uniquement. Dès que la qualité diminue on entre dans les prix du bois de chauffage ».

LA SYLVICULTURE DE L’AULNE

Aulne malade, touché par Phyto-phthora alni - © Gerhard Elsner

Bardage en aulne sur bâtiment professionnel à côté de Lille - © Stabilame

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28 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

# PIERRE

LES ENJEUX

Une grande partie du sous-sol de la Grande Région - l’Ardenne en Wallonie, l’Oesling au Grand-Duché de Luxembourg et sur une bonne partie du S-O de l’Allemagne, l’Eifel - est composée de schiste. Peu propices à la culture céréalière, les terres schis-teuses présentent des paysages plutôt boisés.

Le schiste a permis, dès l’époque romaine, la naissance d’une activité économique – celle de l’ardoise – qui après avoir traver-sé les différents siècles, connaîtra un développement important au XIXe siècle. Mais la guerre 14-18 et surtout la crise de 29 met-tront à mal cette activité, plusieurs sites ardoisiers ferment leurs portes. Ceux qui subsistent disparaissent à la fin du XXe, ce en raison de la concurrence de l’ardoise espagnole et d’autres ma-tériaux. La situation est identique en Wallonie, au Grand-Duché et en Allemagne (sauf à Mayen).

Outre les ardoises, le schiste a servi pour la construction de bâtiments (châteaux, maisons…), de murs de soutènement. Il a aussi été taillé, livrant un patrimoine religieux ou civil de premier ordre. D’autres matériaux associés aux schistes ont été exploités : les quartzites, l’arkose, sans oublier le coticule, pierre à aigui-ser de renommée mondiale dont l’exploitation a disparu sauf à Vielsalm.

Tout ceci est de nature à faire de la Grande Région un ensemble cohérent et unique à l’échelle européenne, voire mondiale, à l’instar du Pays de Galles, de l’Anjou ou de la Bavière.

Mais si ce passé industriel a laissé des traces tangibles sur notre territoire, si différentes réalisations (bâtiments, monuments, croix diverses) sont encore visibles, plus ou moins bien conservées,

si dans chacune des régions des initiatives sont prises pour préserver ou valoriser ce patrimoine, celles-ci ne suffisent pas à créer une véritable identité transfrontalière.

Pour ce faire, opérateurs touristiques, acteurs liés à la pierre, parcs naturels… des différentes régions doivent se mettre en réseau pour organiser de façon structurée et cohérente la mise en valeur et la préservation de ce patrimoine commun, et ainsi construire une offre touristique et culturelle réellement qualita-tive pour le territoire.

LES ACTIONS PROPOSÉES

En rassemblant sous une coupole commune, les initiatives prises dans chaque région pour préserver et valoriser son patrimoine schiste et en en initiant de nouvelles, de façon concertée, le projet « Terres de Schiste » vise à la fois à faire de la Grande Région un territoire touristique « intelligent » et à mettre en exergue, de façon structurée et innovante, son identi-té schiste. Trois actions sont proposées :

D’abord, le tracé de Routes du schiste transfrontalières, à partir de l’inventaire des sites géopatrimoniaux les plus importants et ce, pour faire circuler le touriste sur tout le territoire. Nous inviterons les acteurs touristiques ou culturels locaux et les ha-bitants à enrichir ce produit en proposant des boucles locales organisées en package (activité – hébergement – restauration) pour permettre aux touristes de découvrir, de façon conviviale et organisée, des sites plus anecdotiques mais constitutifs eux aussi du savoir-faire schiste de nos régions. Grâce aux outils pédagogiques que nous élaborerons, aux formations organi-sées, nous ferons en sorte que les habitants et acteurs locaux

Un dossier en amenant un autre, après Regiowood pour lequel nous avons obtenu le feu vert sans réserve de l’Europe et que notre Président, André Bouchat, vous présentait dans le numéro précédent des Infos, voici maintenant une nouvelle proposition consacrée au schiste. Au nom de 20 partenaires wallons, grand-ducaux et allemands que nous vous présentons en page 30, RND en tant que chef de file vient de soumettre l’avant-projet aux autorités de la Grande Région et, à l’heure où nous rédigeons cet article, nous savons que les autorités wallonnes et allemandes lui apporteront leur soutien.

Avant de vous présenter le projet, un mot d’explication

sur le concept de smart destination : tout comme la ville qui devient intelligente (smart city), il y a des destinations touristiques intelligentes (smart destination). Vous trouverez sans doute des tas de définitions différentes du vocable smart mais en gros il s’agit, en matière de tourisme, de proposer des produits et services axés sur les besoins des touristes et de nature à mieux les satisfaire. Comment ? En utilisant les innovations technologiques (hotspots mobiles, wifi, internet…), en associant les habitants aux produits proposés, en étant attentif à l’accessibilité de la destination (en favorisant l’intermodalité des transports, par exemple), à la préservation de l’environnement, aux remontées des visiteurs…

UN NOUVEAU PROJET EUROPÉEN :

UNE SMART DESTINATIONTRANSFRONTALIÈRE« TERRES DE SCHISTE »

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LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017 I 29

# PIERRE

s’approprient l’identité schiste de la Grande Région et de-viennent des passeurs de schiste pour leur entourage et les touristes. Supports touristiques numériques, offres de déplace-ments « doux » et intermodalité, startups élaborant de nouveaux produits figurent aussi à notre pro-gramme.

Ensuite, afin que les touristes prennent vé-ritablement la mesure de ce qu’a été l’in-dustrie ardoisière, un des fleurons de l’éco-nomie de la Grande Région au XIXe siècle, nous les accueillerons dans/sur les sites industriels eux-mêmes. Pour ce faire, nous prévoyons d’en restaurer certains ou de les aménager en nous basant sur les techniques et technologies de pointe (muséologie, IT, etc.) utili-sées récemment à Recht (B) et à Fell (D).

Enfin, nous voulons leur montrer qu’une identité schiste est toujours bien présente sur le territoire non pas seulement en raison des vestiges du passé mais sous la forme de traditions, de savoir-faire. Cet héritage culturel sera mis exergue via un symposium de sculpture, un concours de design et une expo-sition, événementiels placés sous le label « Le schiste vivant ».

UN PROJET INNOVANT

L’innovation réside à la fois dans le choix d’une thématique rare dans le tourisme (la pierre) et dans la volonté que nous

avons de créer une Smart Destination « Terres de Schiste » en utilisant des outils modernes (crowdfunding, crowdsourcing, gamification…).

Afin que les touristes « consomment » le territoire de manière numérique, nous veillerons à ce que la

couverture wifi de notre destination soit assurée (hotspot). Les données touristiques déjà déte-nues et collectées seront mises à disposition d’entreprises et de startups pour nous aider à créer de nouveaux services/produits pour enri-chir notre offre.

Nous créerons une communication vivante via des comptes Facebook et Instagram, liés au site inter-

net grâce auquel nous ferons remonter les données fournies par les touristes (avis, besoins…), par les passeurs

de schiste qui proposeront des circuits de découverte aux tou-ristes. Nous veillerons à promouvoir une offre de transports la plus durable et la plus visible possible pour le touriste et à favoriser l’intermodalité (train – bus – tram – vélos…).

Nous proposerons des produits touristiques avec une di-mension ludique (gamification) qui rendra leur exploration addictive et toujours plus riche. Ainsi la découverte d’une géocache, la photo d’un point d’intérêt, l’avis émis sur un gîte seront autant de défis réussis qui ouvriront des par-cours supplémentaires (nouvelles boucles, nouvelle décli-naison d’une boucle favorite, etc.) et amèneront à de nou-veaux défis…

Recht Sankt-Vitherweg. Linteau de porte surmonté d’un bas-relief représentant une Pieta (1792). - © Carlo Kockerols dans l’ouvrage « Schiste, pierre d’Ardenne » - Éditions Phyllades (1993)

Herbeumont. Dans la forêt, près des sites des ardoisières, route Cugnon - Saint-Médard, croix d’occis dite croix Vasseur (1854). - © Carlo Kockerols dans l’ouvrage «Schiste, pierre d’Ardenne» - Éditions Phyllades (1993)

‘‘ ‘‘UN PROJET TOURISTIQUE INNOVANT POUR UN ÉLÉMENT IMPORTANT DE NOTRE PATRIMOINE INDUSTRIEL ET CULTUREL.

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30 I LES INFOS DE RND I 1ER TRIMESTRE 2017

# PIERRE

Les acteurs associés à nos produits (opérateurs touristiques, guides, Horeca...) doivent être aussi des « passeurs de schiste ». Ils participeront aussi au reporting continu pour améliorer notre offre (crowdsourcing, nouvelles boucles utilisant notre méthodologie, nouveaux événements, enrichissement de l’aspect ludique…). Nous créerons ainsi une communauté « Terres de Schiste ».

Un livre « Terres de schiste » alimenté en photos par des acteurs locaux (crowdsourcing) sera réalisé grâce aux pré-commandes individuelles (crowdfunding).

> Groupement Européen d’Intérêt Economique « Destination Ardenne », situé à Charleville-Mézières (F)

> Parc Naturel Hautes Fagnes-Eifel à Waimes (WL)

> Parc Naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier, Martelange (WL)

> Naturpark und UNESCO Global Geopark Vulkaneifel, à Daun (D)

> Geopark Famenne-Ardenne (candidat au titre de UNESCO Global Geopark), asbl, Han-sur-Lesse (WL)

> Commune de Fell (Trêves-Saarburg) (D)

> Commune de Thomm (Trêves-Saarburg) (D)

> Commune de Vielsalm (WL)

> Commune de Martelange (WL)

> Commune de Rambrouch (G-D)

> Les Amis de l’Ardoise asbl Haut-Martelange (G-D)

> Agence de Développement Local de Vielsalm (WL)

> Syndicat d’Initiative de Malmedy (WL)

> Office Régional du Tourisme des Ardennes Luxembourgeoises, asbl, Vianden (GD)

> Ardennes Coticule, Société Anonyme, Lierneux (WL)

> J’Aimes Entreprendre (groupement d’entrepreneurs) Waimes (WL)

> Réseau Ardoise d’Ardenne, association de fait, Bertrix (WL)

> Service Géologique de Belgique (SGB) - Institut Royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), 1000 Bruxelles (B)

> Université de LIège, Service de géographie rurale (WL)

> Université de Trèves - Département de Géogra-phie physique (D)

> Et RND asbl, Marche-en-Famenne comme chef de file du projet (WL)

LES PARTENAIRES DU PROJET (21)

Très ancien escalier, entrée du musée de Martelange (2016). - © Musée de l’ardoise (Grand-Duché de Luxembourg)

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