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RAZAFINIMANANA Henintsoa Christian ~INSPECTEUR SENIOR / RESEAU TIAVO 1 Les intermédiaires financiers au service du développement « Cas des microfinances à Madagascar »

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Les intermédiaires financiers au

service du développement

« Cas des microfinances à

Madagascar »

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Remerciements

La réalisation et l’élaboration de ce mémoire n’étaient pas possibles sans le

soutien et l’aide de certaines personnes. Ainsi je porte ici ma profonde gratitude et

mes remerciements à :

Monsieur Le Doyen de la Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

(D.E.G.S.) de l’Université d’Antananarivo ;

Monsieur Mamy RAVELOMANANA, Chef du département Economie qui a bien

voulu prodiguer son aide et donner des conseils aux fins de l’élaboration de ce

mémoire ;

Monsieur RAKOTO DAVID Olivaniaina, mon encadreur. Malgré vos lourdes

responsabilités, vous m’avez apporté tout l’appui technique nécessaire pour parfaire

ce mémoire ;

Toutefois, je ne peux pas oublier de remercier certaines personnes dont leur

aide nous a apporté bien des fruits, à savoir :

Tous les Enseignants permanents et vacataires du Département Economie, ainsi

que les Membres du personnel administratif;

Ma famille et à tous ceux qui, de près ou de loin, m’a soutenu financièrement et

moralement durant mes études.

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Avant Propos

Ce mémoire de maîtrise a pour objectif de déterminer l’importance de la

bonne gouvernance dans le processus de développement de Madagascar.

Le redressement d’un pays passe par le développement de tous les secteurs de

l’économie. Le développement d’un pays n’est d’ailleurs pas possible sans le respect

de la loi. Ainsi, le rôle du Gouvernement consiste à créer un environnement sain,

stable et incitatif favorable à l’épanouissement de chacun à travers la promotion des

initiatives individuelles, la concertation au niveau de toutes les composantes de la

société et l’instauration de la « Bonne Gouvernance » à tous les niveaux de

l’administration.

Actuellement, le développement de Madagascar repose sur les principes de

cette bonne Gouvernance : ce qui explique son austérité.

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Remerciements

Préface

Introduction----------------------------------------------------------------------------------

Partie I : Les Intermédiaires financiers et les Microfinances : « Approche

Historique »

Chapitre I : La notion d’intermédiation financière----------------------------

Section 1 : Les fondements de l’existence des intermédiaires

financiers ----------------------------------------------------

Section 2 : La nécessité d’une intermédiation par les institutions

de microfinance---------------------------------------------

2.1 Définition -------------------------------------------------------

2.1.1 Microfinance ----------------------------------------

2.1.2 Microcrédit ------------------------------------------

2.1.3 Microépargne ----------------------------------------

2.2. Intermédiations sociales et financières------------------

Chapitre II : Evolution et Historique de la microfinance--------------------

Section 1 : Dans le monde ------------------------------------------------

1.1 La tontine -----------------------------------------------------

1.2 Le passage de l’informel au formel -----------------------

1.3 Les modèles de « GRAMMEES BANK » et

« BANCOSOL » ---------------------------------------------

Section 2 : A Madagascar ------------------------------------------------

2.1. Les formes de Tontine ---------------------------------------

2.1.1. Les prêts entre familles, entre amis, entre

prochaine ------------------------------------------

2.1.2 . L’Usure ---------------------------------------------

2.1.3 . L’Ankandray ---------------------------------------

2.2. L’instauration du microcrédit par l’Etat ------------------

2.2.1 La pratique du microcrédit par la BTM --------

2.2.2 La création des associations villageoises -------

Chapitre III : Le Contexte et les différents types de Microfinance à

Madagascar ----------------------------------------------------

Section 1 : Contexte malgache -------------------------------------------

1.1 L’environnement de la Microfinance à Madagascar ----

1.1.1 Les actions du Gouvernement ------------------

1.1.2 Un cadre de libre marché ------------------------

1.1.3 Responsabilités des acteurs ----------------------

1.2 La politique du gouvernement -----------------------------

1.3 Législation et cadre réglementaire -------------------------

1.3.1 Loi n° 95-030, relative à l’activité et au

contrôle des établissements de crédit ----------

1.3.2 Loi n° 96-020, réglementation des activités et

organisation des Institutions Financières

Mutualistes ----------------------------------------

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Section 2 : Les associations professionnelles --------------------------

2.1 L’Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

(APIFMs) ------------------------

2.1.1 Réseaux Membres, Ressources et Structure ----

2.1.2 Vision et Objectifs ---------------------------------

2.1.3 Missions et activités -------------------------------

2.2 L’Association des Institutions de Microfinance non Mutualistes (AIM) ----

---------------------------------------

2.2.1 Missions de l’AIM ---------------------------------

2.2.2 Membres et Sympathisants -----------------------

Section 3 : Récapitulation schématique des acteurs dans la

micofinance à Madagascar -------------------------------

Partie II : Approche théorique de l’intermédiation financière Chapitre I : Les fondements théorique de la microfinance en tant qu’intermédiaire financier--------------------

--------------------

Section 1 : La théorie du secteur informel ------------------------------

1.1 Les interprétations « d’inspiration structuraliste » ------

1.2 Les interprétations « orthodoxes » -------------------------

1.3 Approche liée à l’économie populaire --------------------

Section 2 : La mobilisation de l’Epargne -------------------------------

2.1 Concepts de l’épargne selon IRVING FISHER

et J. B. SAY --------------------------------------------------

2.2 Analyses théoriques des comportements d’épargne ----

2.2.1. La rationalité des agents économiques-----------

2.2.2. Les esprits animaux---------------------------------

2.2.3. L’approche structurale des comportements-----

2.3 Les raisons théoriques de la mobilisation de l’épargne

par les IFMS --------------------------------------------------

Chapitre II : Notion et Gestion de risques dans le cadre

d’intermédiation financière : Cas des microfinances--

Section 1 : Les risque dans le marché financier------------------------

1.1. Intermédiaires financiers et Financement de

l’économie --------------------------------------------------

1.2. Intermédiation financière et Transformation ------------

1.3. Le Choix du niveau de risque ------------------------------

Section 2 : Approche de gestion de risques ----------------------------

2.1 Gestions du risque de non remboursement de crédits

des petites entreprises ----------------------------------------

2.2 Gestion du risque de marché et incertitude sur la

liquidité -----------------------------------------------------

2.3 Gestion du risque de crédit et d’indépendance

macroéconomique -------------------------------------------

Section 3 : Représentation du marché de crédit dans le cadre d’un

modèle de déséquilibre ------------------------------------- Chapitre III : La viabilité des IMFs---------------------------------------------

Section 1 : La viabilité sociale----- --------------------------------------

1.1. La nécessité d’une approche participative------------------

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1.2. La bonne insertion de l’institution dans son

environnement -------------------------------------------------

Section 2 : La viabilité financière----------------------------------------

2.1. Un volume d’activité suffisant pour couvrir les

Charges--------------------------------------------------------

2.2. La maîtrise des coûts-----------------------------------------

2.3. La maîtrise des impayés-------------------------------------

2.4. La limitation des détournements et des attaques --------

2.5. La constitution de fonds propres----------------------------

Partie III : Analyses et Perspectives

Chapitre I : Analyse de l’environnement général des microfinances -----

Section 1 : Caractéristique du service financier------------------------

1.1 L’offre de service de microfinance à Madagascar avant

1999 ------------------------------------------------------------

1.1.1. L’offre traditionnelle------------------------

1.1.2. Les nouvelles initiatives--------------------

1.2 Les résultats de 1996 à 2002--------------------------------

Section 2 : Les problèmes reconnus par--------------------------------

2.1. Les acteurs ----------------------------------------------------

2.1.1. Le promoteur --------------------------------

2.1.2. Les organisations Paysannes --------------

2.2. Les principaux problèmes des participants aux

microfinances-------------------------------------------------

Section 3 : Portée et limite du service-----------------------------------

3.1. La politique de microfinance et la politique agricole :

« intérêt commun »--------------------------------- ---------

3.2. Microfinance et l’externalité négative ---------------------

Chapitre II : La microfinance et le développement --------------------------

Section 1 : Du point de vue microéconomique : une amélioration

des conditions de vie des microentrepreneurs ------------

1.1 La microfinance permet aux microentrepreneurs

d’investir dans des projets productifs ---------------------

1.2 L’amélioration des conditions de vie des divers

microentrepreneurs d’une communauté donnée----------

Section 2 : Du point de vue microéconomique-------------------------

2.1 La microfinance : « un outil équitable de lutte contre la

pauvreté -------------------------------------------------------

2.2 Projection de la demande de service de microfinance à

Madagascar -----------------------------------------------------

2.3 La microfinance et le développement national------------

Chapitre III : Perspectives -------------------------------------------------------

Section 1 : Au sein des institutions

1.1 Evolution future des services de microfinance à

Madagascar ---------------------------------------------------

1.1.1. Questions institutionnelles ----------------

1.1.2. Hiérarchie des modèles institutionnels

de microfinance, classes par l’impact et

par la durabilité des opérations-----------

1.2 Les éléments de la réussite --------------------------------

Section 2 : Dans le cadre de développement----------------------------

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2.1 La microfinance au service du développement durable

pour l’avenir ? ------------------------------------------------

2.2 Développement de la petite épargne et des marchés

financiers en milieu rural------------------------------------

Conclusion------------------------------------------------------------------

---------

Annexe

Glossaire

Références

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PREFACE

Madagascar fait partie des Etats membres de l’organisation des Nations

Unies, qui s’est engagé à réaliser, d’ici à 2015, les objectifs de développement pour

le millénaire. Par ailleurs, divers économistes ont pu montrer que « l’investissement

fait la richesse ». A cet égard, plusieurs d’institutions financières ont été déjà mises

en place dans le but de satisfaire et de résoudre le problème d’incapacité des agents

économiques qui sont généralement en situation de précarité.

Cette étude va se centrer sur l’importance de financement des micros

entrepreneurs dans des différents champs d’activité. Pour ce faire, nous allons

prendre comme illustration, le cas des micros finances à Madagascar.

Dans l’espoir que cette recherche apporte des solutions aux problèmes de la

pauvreté et à la prise de participation des acteurs au développement, n’est il pas

souhaitable d’analyser et de voir de près, les synergies et les divergences de la

politique de la micro finance et celle de l’Etat ?

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ans le secteur bancaire « institutionnel » des pays en voie de

développement, il y a des imperfections du marché de crédit par lequel

la demande de services financiers (comptes courants, prêts personnels

et crédit de trésorerie) ne rencontre pas l’offre (concept du « gap to

fill »). De ce fait, la pauvreté, qui se voit à travers de l’incapacité des agents

économiques à financer leurs projets d’investissement, persiste malgré la

mise en place des différentes politiques économiques y afférentes. D’où la

nécessité d’instauration des institutions financières telles que les banques et

les micros finances pour assurer l’intermédiation et l’équilibre du marché de

crédit. Mais là, la question se pose : est ce que la micro finance s’adresse-t-

elle à tous les citoyens en situation de précarité économique.

n a longtemps considéré que la pauvreté résultait d’un manque de

revenus. Par ailleurs, grâce aux travaux du professeur Amartya Sen,

Prix Nobel d’Economie en 1998, la pauvreté est en fait un aspect

multidimensionnel qui est due à l’insuffisance de micro finance.

cet effet, les institutions de micro finance cherchent à élargir le champ

de services financiers à une large gamme de populations exclues des

systèmes bancaires pour qu’elles contribuent de manière efficace et

pérenne au processus de développement.

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INTRODUCTION

Le défi du développement impose des reformes sur tous les secteurs

d’activités économiques. Le Secteur financier est également affecté par l’idée d’une

approche participative du développement.

A cet effet, on se demande si les intermédiaires financiers contribuent de

manière efficace et pérenne au remplissage des conditions recommandées par le

développement.

La majorité de la population malgache, à la fois acteur et bénéficiaire des

services financiers, est exclue du système bancaire et a un besoin permanent d’autres

outils financiers. De cette évidence, l’Etat se montre favorable au libéralisme qui est

l’un des processus de base à l’efficacité du « marché financier » en laissant librement

les institutions financières à prendre en change les activités d’intermédiation

financière.

Le thème du présent mémoire « Les Intermédiaires financiers au service du

développement : Cas des Microfinances à Madagascar » soutient que l’idée du

développement économique doit se baser en partie sur la capacité des agents

économiques à financier leurs activités d’une façon pérenne.

Dans ce qui suit : la première partie rappèle la notion d’intermédiation

financière et l’évolution historique des microfinances ; la seconde partie illustre les

raisons théoriques de la création et de la viabilité des institutions de microfinance.

Enfin, l’approche pratique de cette étude évoquera l’environnement général que

côtoie les acteurs de l’intermédiaire financière ainsi que l’interdépendance entre

développement et Microfinances.

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Chapitre I : « La notion d’intermédiation financière »

Section 1 : « Les fondements de l’existence des intermédiaires

financiers »

Les intermédiaires financiers utilisent des emprunteurs prêteurs

intermédiaires (on dit aussi : second ou indirect) qui font circuler les fonds des

prêteurs finaux (primaire ou indirect) jusqu’aux emprunteurs finaux1.

La notion d’intermédiation financière concerne donc tous les canaux de

financement et contribue de 2 manières à l’équation d’équilibre de l’offre et de la

demande de financement : (1) d’abord, la mobilisation de l’épargne par le biais de

collecte ; (2) et la création monétaire par l’achat des titres ou l’octroi de crédit.

La fonction des intermédiaires financiers consiste aussi à mettre en contact

des agents non financiers ayant une capacité d’épargne avec d’autres agents non

financiers ayant un besoin de financement. Si les marchés financiers permettent

d’assurer cette confrontation, leurs imperfections expliquent l’existence des

intermédiaires financiers. En effet, les caractéristiques des marchés financiers ne

permettent pas d’en faire des marchés « parfaits » aux sens de la théorie économique.

Les marchés ne permettent pas de satisfaire simultanément les caractéristiques des

besoins de financement des emprunteurs et celles des prêteurs : c’est ainsi que la

durée moyenne de l’épargne disponible est inférieure à la durée moyenne des

besoins de financement, ce qui conduit les intermédiaires financiers à

« transformer » les échéances2.

Section 2 : « La nécessité d’une intermédiation par les

microfinances »

2.1. Définition 3: Microfinance, microcrédit et micro épargne

2.1.1. Microfinance (Banque Mondiale) :

La plupart du temps, la micro finance consiste à offrir à des familles en

situation de précarité économique un crédit de faible montant pour les aider à

s’engager dans des activités productives.

D’après la définition synthétique et selon plusieurs sources, la microfinance,

c’est l’octroi de services financiers (épargne et crédit) à des personnes développant

1 P. A. Chiappori, M. O. Yanelle, Monnaie et Finance, Problèmes économiques, n° 2506, 5 février

1997, page 21 2 P. A Choappori, M. O. YAnelle, Monnaie et Finance, Problèmes économiques, n° 2506, 5 février

1997, page 23 3 Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et

perspectives, cours du 8 janvier 2004, page 6-7

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une activité productivité, le plus souvent l’artisanat ou le commerce, et n’ayant pas

accès aux institutions financières commerciales en raison de leur profil socio-

économique (il s’agit d’agents économiques en situation de précarité, sans revenu

fixe, qui n’offrent aucune des garanties en vigueur dans les institutions bancaires

commerciales).

2.1.2. Microcrédit

Le Microcrédit se définit comme un prêt à « court terme » permettant la

constitution d’un fonds de roulement et la réalisation de petits investissements (par

exemple : un achat d’une machine à coudre pour les artisans).

2.1.3. Microépargne

Selon la définition de la Banque Mondiale, il s’agit d’une épargne souvent

illiquide ou de faible montant nominal (Bijoux de faible valeur, des animaux, des

actifs divers de faible valeur, etc.)

Toutefois, faire une séparation entre microfinance et microcrédit, n’est pas

nécessaire parce que :

les microentrepreneurs souhaitent plus épargner avec des conditions

plus sûres que d’obtenir des crédits, et que

un programme d’épargne efficace peut constituer une meilleure

source de financement pour les organisations qui octroient un crédit.

2.2. Intermédiations sociales et financiers :

Les institutions financières mutualistes se distinguent des banques classiques

par une double fonction d’intermédiation sociale et financière4 : d’un côté et comme

on l’a déjà souligné plus haut, les institutions de microfinance se servent

d’intermédiaire entre banquiers et paysans et de l’autre côté, elles jouent le rôle

d’intermédiaires sociaux, c’est à dire qu’elles aident ceux qui n’ont pas accès au

crédit et aux services d’épargne. L’intermédiation sociale exige donc la constitution

d’un groupe capable de fournir des informations sur et/ou leurs membres. Ce qui

permet aux organisations financières affiliées à ce groupe de développer une relation

confidentielle de prêt. Elle mène à l’établissement d’une relation à travers laquelle

plusieurs protagonistes créent un processus durable qui relie les pauvres aux services

financiers.

4 R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 12

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Les institutions utilisent des stratégies variées pour soutenir l’intermédiation

sociale. Le choix qu’elles vont faire ces institutions dépendra de l’appréciation

qu’elles font du groupe ciblé (les paysans par exemples).

Chapitre II : Evolution et Historique de la microfinance

Section 1 : « Dans le monde »

1.1. La tontine5 :

La tontine fut créée en 1653 par un banquier italien LORENZO TONTI.

Généralement, la tontine est une association d’épargnants dans laquelle les adhérents

se réunissent régulièrement pour mettre en commun leurs cotisations et recevoir à

tour de rôle la somme ainsi rassemblée. En effet, les tontines se représentent sous

deux formes : en forme simple et en forme complexes.

La forme simple de tontine repose sur le principe de réciprocité : chacun

cotise à date régulière, tous les jours du marché ou toutes les semaines sinon tous les

mois, et reçoit à tour de rôle l’ensemble des cotisations.

Dans la tontine complexe, d’autres fonctions se greffent comme des caisses

spécifiques pour les assurances décès, maladies, frais de scolarité. Les motivations

sur lesquelles se basent les tontines peuvent être de divers ordres : à part la

motivation économique essentielle qui est de disposer en une fois, d’une grosse

somme d’argent, les motivations sociales sont loin d’être négligeables. En effet, se

réunir entre personnes de confiance constitue un facteur important dans la

dynamique de la tontine.

Les tontines rencontrent toutefois des limites du fait de leur manque de

flexibilité. Les participants ne peuvent pas toujours recevoir un crédit au moment où

ils en ont besoin ainsi que le montant qui leur est nécessaire.

1.2. Le passage de l’informel au formel :

La finance informelle appelée aussi finance autonome6 car elle se développe

en dehors d’intervention extérieure avec des règles et des formes bien précises, existe

5 Lelart M., « La tontine, pratique informelle d’épargne et de crédit dans les pays en voie de

développement », AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext, Paris, 1990, page 30

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depuis longtemps mais sa connaissance se limitait souvent à quelques clichés sur le

rôle néfaste des usuriers. On découvre progressivement sa diversité à travers les

tontines, garde monnaies, prêts familiaux, banquiers ambulants, caisse de solidarité.

L’existence de la finance informelle nous montre qu’il existe bel et bien une

demande réelle de service de microfinance. Autant cette demande est importante,

autant les risques et les limites relatives à la finance autonome nécessitent la

formalisation du système financier. Autrement dit, il faut créer un intermédiaire

financier formel.

Les raisons qui ont conduit à la création d’institutions de microfinance

formelles sont de 3 types7 :

Aider une institution de microfinance à résoudre les problèmes de

financement. Pour ce faire, la formalisation est nécessaire car elle permet à la

fois l’accès à l’épargne et aux ressources commerciales, dans un cadre mieux

sécurisé.

Cette formalisation permet également d’accroître la capacité d’une institution

d’étendre les services financiers à un groupe cible déterminé.

La dernière raison de formalisation, c’est que la création d’un intermédiaire

formel contribue à limiter les risques inhérents au financement autonome et à

éviter les risques en rendant les opérations conformes à des réglementations

strictes en matière de transaction financière.

1.3. Les modèles « GRAMEEN BANK » et « BANCOSOL »8 :

La tendance actuelle à la transformation d’ONG financière autonome en

institution de microfinance formelle a eu des répercussions plutôt positives dans de

nombreux pays. Le modèle « GRAMEEN BANK » en est une illustration.

Ce modèle montre qu’il est possible de faire du crédit qui se rembourse bien

(taux de remboursement ou de recouvrement de l’ordre de 98%) à des paysans

pauvres sans terre, majoritairement des femmes (94% de la clientèle). Mais ceci

nécessite des techniques financières spécifiques : prêt à faible montant se

remboursant hebdomadairement avec une épargne quasi obligatoire et des garanties

sous la forme d’un groupe solidaire de quelques personnes et un système

6 Lelart M., « La tontine, pratique informelle d’épargne et de crédit dans les pays en voie de

développement », AUPELF-UREF, John Libbey Eurotext, Paris, 1990, page 36 7 Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et

perspectives, cours du 8 janvier 2004, page 36 8 Léon Ramamonjisoa, Financial Sector Review in Madagascar : Sub Sector Microfinance, mai

2000, page 205

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d’encadrement de la population. Ce système nécessite une motivation élevée de la

part du personnel, des réunions fréquentes de tous les protagonistes et des

formations pour les bénéficiaires.

Une longue expérimentation (1976-1983) de ce système conduisait sur un

statut bancaire. Le modèle prenait la forme d’une banque privée fondée en 1983 au

Bengladesh par le professeur MUHAMMAD YUNS. Cette banque accorde de petits

crédits aux plus démunis, aux paysans sans terre et aux femmes. Elle continua à se

développer et a atteint une clientèle considérable : 2,4 millions en 1998. Ce modèle

est souvent reproduit dans de nombreux pays mais il nécessite à chaque fois une

adaptation importante au contexte local.

Contrairement à la GRAMEEN BANK qui a comme principale cible la

population en milieu rural, la « BANCOSOL » bolivienne et colombienne s’intéresse

surtout à une clientèle urbaine dont les activités sont de petites tailles et touchent

l’auto emploi et les PME. Cette population constituait une demande importante de

services de microfinance mais était mon bancarisable auparavant. L’existence et

l’importance de cette demande sont à l’origine de la création de la « BANCOSOL »

ainsi que des modèles similaires.

Section 2: « A Madagascar »

2.1. Les formes de tontine9 :

2.1.1. Les prêts entre familles, entre amis et entre proches :

Selon la philosophie malgache, la notion du « Fihavanana » prédomine les

rapports sociaux et le mode de vie. L’organisation sociale se base sur l’entraide en

cas de décès, de travaux d’intérêt collectifs voire même de festivité : les pratiques

telles les « valin-tanana » encore fréquentes en milieu rural, illustrent ce type

d’organisation. Cette entraide est ainsi courante et est rendue possible grâce à la

confiance instaurée entre les membres du village. Les rapports sociaux prennent alors

la forme de la « tontine de l’énergie humaine ou de la main d’œuvre » : les hommes

et les femmes constituent les seules sources d’énergie disponible. A Madagascar, il

est habituel que des personnes appartenant à une certaine communauté se réunissent

périodiquement pour effectuer un travail collectif (au profit d’une personne, d’une

famille ou d’une institution).

9 R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 18-21

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16

Etant donné l’importance liée à l’utilisation de la monnaie, de l’acquisition

des facteurs de production et de caractère souvent imprévisible des difficultés

financières, le recours à la famille est systématique dans la société malgache en cas

de problèmes. Les prêts entre proches qui ne sont pas soumis à des intérêts sont

pratiques courantes.

2.1.2. L’usure :

L’aide financière auprès de la famille n’est pas toujours évidente. La plupart du

temps, les agents qui ont besoin de financement se tournent vers les usuriers qui

pratiquent en général un taux d’intérêt élevé associé à une garantie matérielle

importante non conforme aux textes régissant les transactions ainsi qu’à un délai

de remboursement à très court terme. A Madagascar, les gens connaissent surtout

de difficultés financières à la période de moisson, c’est le moment où ils ont le

plus souvent recours à l’usure.

2.1.3. L’Ankandray :

Une autre forme de tontine s’est développée dans la région orientale de l’île

aux alentours de 1990. Elle a été connue sous l’appellation « Ankandray ».

Le principe de cette pratique consistait à établir une liste de participants.

L’ordre d’inscription sur cette liste donnait droit à la réception d’une certaine somme

en fonction du nombre prédéterminé de participants. La somme reçue est

préalablement fixée par les participants eux même. Autrement dit, chaque

participant inscrit sur la liste, recevait à tour de rôle une part prédéterminée de la

totalité des dépôts.

Cette tontine appliquée à Madagascar se distinguait de celle développée en

Italie par LORENZO TONTI ainsi que de la tontine des banquiers ambulants au

Togo (appelée Yes Yes).

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17

2.2. L’instauration du microcrédit par l’Etat10

:

A Madagascar, l’instauration du microcrédit s’écarte sur le plan chronologique de

la logique mondiale précédemment évoquée. En effet, la formalisation

progressive de la finance informelle n’est pas effectuée de manière implicite.

L’établissement de la pratique du micro- crédit formel peut se comprendre tout

d’abord à travers l’expérience vécue par la BTM et par la suite avec la création

des associations villageoises.

2.2.1. La pratique du microcrédit par la BTM :

Conformément aux objectifs de développement et compte tenu de la situation

de pauvreté monétaire dans laquelle se trouvait la plupart des malagasy, l’Etat a été

incité à promouvoir une situation financière répondant à la demande de ces derniers.

C’est à travers la BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra) que l’Etat a retracé la

politique générale relative à la pratique du micro crédit. Le crédit agricole à

Madagascar est une tradition relativement longue depuis la formation de la BTM

(Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra) qui a vu la naissance avec la fusion du

département agriculture de la BNM (Banque Nationale de Madagascar) et de la

BAMES (Banque Malgache d’Escompte) en 1977. En tant que banque d’Etat à

l’époque, elle utilisait une partie des fonds de l’Etat pour créer les microcrédits. Les

opérations de la BTM (Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra), une banque de

développement rural ont connu à leurs débuts un certain succès. En effet, la BTM

(Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra) avait organisé ses offres au niveau régional par le

biais d’agences implantées dans des zones à fortes potentialités agricoles. Mais suite

à des problèmes relationnels, organisationnels et techniques dus à l’écart

géographique, elle adopta une nouvelle approche en prenant la forme d’une banque

de proximité.

Même si les services de microfinance formelle à travers les microcrédits étaient

alors, plus que tout autre facteur de développement essentiel, il fût clair que la

BTM devrait opter une nouvelle approche de l’offre de microcrédit.

10

R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 27

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18

2.2.2. La création des associations villageoises :

Etant donné que l’instauration des microcrédits en milieu rural par la BTM

était tombée à l’eau à cause d’un mauvais climat de confiance entre prêteurs et

emprunteurs d’une part, et en raison d’un « vide structurel » pendant une certaine

période d’autre part, l’implantation des associations villageoises visant à assurer le

financement des activités en milieu rural dans un cadre formel commençait à voir le

jour du côté de la population rurale.

Les mêmes aspirations se concrétisaient également au niveau des instances

gouvernementales et internationales dans le cadre du PAS (Programme

d’Ajustement Structurel).

Désormais, l’Etat n’assurait plus seul les transactions économiques. L’Etat,

les associations internationales, les ONG ainsi que la population devraient agir en

synergie. Les associations villageoises ont vu le jour à la suite des études

participatives effectuées par les organismes telle l’association FERT (Fondation

Européenne pour le Renouveau de la Terre). Ces organismes consultaient la

population d’une localité pour s’acquérir des spécificités liées à leurs activités

agricoles qui devaient donc être développées. Ces ONG apportaient par la suite des

compétences techniques et organisationnelles à travers différents types de

formations.

Des groupes de crédits à caution solidaire se constituèrent alors, ce sont de

tels groupuscules, sous l’initiative spontanée des membres qui se sont unis à leur tour

pour former les associations villageoises.

Chapitre III : « Le Contexte et les différents types de microfinances

à Madagascar »11

La microfinance désigne l’activité de collecte d’épargne et de financement

des petits producteurs ruraux et urbains. Elle peut être déterminée par 2 critères : la

population bénéficiaire, relativement pauvre au tout du moins exclue du système

bancaire classique et des opérations d’épargne et de crédits de faibles montants.

La microfinance est exercée par des sociétés de droit privé ayant titre d’Institutions Financières Décentralisées (IFD) qui se divise en trois catégories :

Les institutions Financières Mutualistes

11

Ce chapitre s’inspire beaucoup du document de référence tiré dans le site Web des microfinances à

Madagascar : www.lk-oi.com/....

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19

Les Institutions Financières Non Mutualistes

Les autres structures de la Microfinance

La microfinance a un double objectif : (1) Favoriser l’accès des

petits producteurs exclus du circuits bancaires à des services

financiers de proximités et adaptés à la taille de leurs activités

(micro entreprises/micro crédits) ; (2) Réaliser une meilleure

collecte de l’épargne des ménages et des petits entrepreneurs

pour la réinjecter ensuite dans le circuit économique.

Section. 1 : « Contexte malgache » :

1.1. L’environnement de la microfinance à Madagascar

1.1.1. Les actions du gouvernement :

La politique du gouvernement malgache concernant le secteur de

microfinance est volontaire et concerne à la fois son développement et sa régulation.

Il a mis de l’avant :

des politiques de reforme du secteur financier (politique monétaire et

fiscale),

la modernisation de la législation bancaire,

la privatisation des banques d’Etat

Son engagement à promouvoir et à développer le secteur de la

microfinance,

la coordination du développement de la microfinance avec les

intervenants sous la responsabilité du Ministère des Finances, de

l’Economie et de Budget,

1.1.2. Un cadre de libre marché :

Le gouvernement a décidé de soutenir le développement des institutions de

microfinance dans un cadre de libre concurrence sans imposer des contraintes

particulières sur la fixation des taux d’intérêt. Les programmes d’assistance des

bailleurs sont harmonisés afin d’éviter les dédoublements et assurer la présence de

divers éléments nécessaires au développement de la microfinance.

En collaboration avec les différents acteurs et intervenants, le gouvernement

malgache a engagé une réflexion sur :

L’appui à la professionnalisation des institutions de Microfinance,

La régulation de leur développement sur tout le territoire,

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20

La définition d’un cadre sécurisant et favorisant l’accès au

refinancement

1.1.3. Responsabilités des acteurs

Le gouvernement a défini les responsabilités des différents acteurs de

microfinance :

Le « gouvernement » est chargé de la mise en place d’un

environnement dynamisant et sécurisant ;

Les « autorités monétaires » sont chargées du suivi et du

contrôle (CSBF) ;

Les associations professionnelles,(à savoir les APIFMs et les

AIMs) sont chargées d’assurer la représentation du secteur et

de la déontologie de la profession.

1.2. La politique du gouvernement :

La coordination de la politique générale du gouvernement en matière de

Microfinance est dévolue au Ministère des Finances, de l’Economie et du Budget,

suivant l’arrêté n° 3312/MIN/FIN- ECO du 8 avril 1999.

En effet, les principes de base de la stratégie du gouvernement en matière de

micro finance sont :

l’appui de façon souple au développement des institutions sur

la base d’initiatives locales d’ordre privé ;

la promotion d’un environnement susceptible d’assurer la

mobilisation de l’épargne et la gestion des services financiers ;

l’encouragement à la création d’Institutions efficaces, viables

et accessibles ;

le renforcement des lois commerciales et du système

judiciaire de façon à pénaliser les fraudes et protéger les

avoirs ;

l’encouragement de l’établissement d’Institutions Mutualistes

en fonction des besoins spécifiques des populations ;

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21

l’assurance de la liberté de fixation des taux d’intérêts en vue

d’une rentabilité et autonomie financière ;

l’encouragement des institutions de micro finance à établir des

Associations Professionnelles ;

l’assurance que les mesures nécessaires puissent inciter les

catégories défavorables à intégrer les institutions de micro

finance existantes ;

la promotion des stratégies d’offrir des services financiers

viables en mettant l’accent sur le développement

institutionnel ;

l’encouragement du développement des liens entre les

Institutions de la micro finance et le secteur bancaire ;

l’établissement des programmes de formation pour développer

les compétences en microfinance.

1.3. Législation et cadre réglementaire12

:

La mobilisation de l’épargne en milieu rural, grâce à l’expansion et au

développement des mutuelles, a été la préoccupation essentielle du législateur

malgache lorsque, par l’ordonnance n° 93 – 026, portant réglementation des activités

de crédit et de cautionnement des Institutions Financières Mutualistes, il a ouvert la

voie à la promotion d’une législation spécifique, préfiguration d’un véritable droit du

mutualisme.

12

Entretien avec le responsable du bureau de l’APIFM à Tsiadana

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22

1.3.1. La loi n° 95-030, relative à l’activité et au contrôle des

établissements de crédit :

Cette loi a redéfini le régime légal des activités bancaires en instituant cinq

catégories d’établissements de crédits suivant les activités exercées :

les banques de dépôts territoriales,

les banques extraterritoriales (off – shore),

les établissements financiers,

les institutions financières mutualistes,

les institutions financières spécialisées, telles que les assurances

1.3.2. La loi n° 96 - 020 : réglementation des activités

et organisation des Institutions Financières

Mutualistes

La supervision par la Banque Centrale de toutes Institutions

Financières Mutualistes,

L’émission par la Commission de Supervision Bancaire et

Financière (CSBF) de directive concernant les normes

prudentielles et les règles d’application comptables et

financières,

Possibilité d’octroi par la CSBF d’un agrément collectif aux

Institutions fédérées par un même organe central,

La possibilité aux Institutions Financières Mutualistes

(IFMs) de se financer auprès de la Banque Centrale et des

Etablissements de crédit,

La promulgation des deux décrets d’application concernant

d’une part le capital social minimum imposé pour les

Institutions Financières Mutualistes (IFM) et le délai de

régularisation des IFMs en exercices,

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23

La préparation de textes réglementaires pour l’établissement

d’un décret ayant pour but de définir les activités de la micro

finance et de la capitalisation des Etablissements de crédit.

Section 2 : « Les associations professionnelles »

2.1. Les Associations Professionnelles des Institutions Financières

Mutualistes (APIFMs)

L’APIFM est une organisation professionnelle autonome de droit privé. Elle

constitue à côté de l’association des banques, l’une des sections de l’Association

Professionnelle des Etablissements de crédit de Madagascar. Elle a été créée le 12

mars 1998 par les principaux mutualistes d’épargne et de crédit de Madagascar. Elle

constitue la structure de représentation professionnelle et de défense des intérêts

collectifs des Institutions Financières Mutualistes (IFM) – Mutuelles, coopératives et

Associations Mutualistes d’Epargne et de crédit.

Il est a noté que les Institutions Financières Mutualistes sont celles qui

remplissent les conditions juridiques contenues dans la loi n° 96-020 du 04

septembre 1996, notamment l’agrément par la Commission de Supervision Bancaire

et Financière et dans les décrets d’application notamment ceux relatifs au capital

minimum exigé en fonction de la structure qui demande la reconnaissance.

2.1.1. Les réseaux membres, Ressources et Structure

Les Réseaux ( membres)13

a. Association d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (AECA)

Depuis le 03 octobre 2000, le Réseau a été agréé en qualité d’IFM.

L’Association TAFATSAKA, en tant qu’Organe Central regroupe trois institutions

sous la forme d’Association de Mutuelles d’Epargne et de Crédit (AMEC) :

AVOTRA sise à Marovoay (Rive Gauche)

TAFITA sise à Marovoay (Rive Droite)

TSARAJORO sise à Ambato Boeny

13

www.apifm.mg

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24

Démarrage : Ouverture des premières caisses en

1992 sur Marovoay et en 1998 sur Ambato Boeny.

Au 31 décembre 2000, le réseau compte 54 caisses

(dont 45 à Marovoay et 9 à Ambato Boeny) et

environ 4500 membres dont à peu près 30% de

femmes.

b. Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV)

Le réseau est actuellement constitué de cinq unités de promotion :

Toamasina, Ambatondrazaka, Antananarivo, SAVA et Antsiranana.

Une caisse mère représente les groupes OTIV au niveau de chaque région,

c’est une association régie par l’ordonnance 60-133 et par la loi du 04 septembre

1996, portant réglementation des activités et organisation des IFMs.

Trois unités sont entrées dans un processus d’agrément par la CSBF :

Toamasina (incluant Ambatondrazaka) et SAVA (Sambava, Andapa, Vohémar,

Antalaha). Le réseau d’Antananarivo a reçu l’agrément depuis le mois d’Août 2001.

Démarrage : Par les fonds propres de DID

(Développement International Desjardins), un projet

pilote a démarré sur Toamasina en 1992. En 1997,

les antennes d’Antananarivo et celles dans le Nord

Est ont été ouvertes. En 2000, une nouvelle unité de

Promotion a été ouverte à Antananarivo et une autre

vers la fin de la même année à Antsiranana dans le

cadre du Programme de Micro finance (AGEPMF)

mis en place par le Gouvernement malgache sous

financement de la Banque Mondiale et un co-

financement de DID.

c) Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels (CECAM)

L’union Interrégionale des CECAM (UNICECAM) a pour rôle d’animation et de

représentation du Réseau. Elle a obtenu l’agrément de la CSBF en mai 2000, et

elle regroupe actuellement six (6) unités Régionales des CECAM UNICECAM de

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25

Vakinankaratra, Itasy, Bongolava, Amoron’Imania, Ivon’Imerina et Sofia ainsi

que deux (2) antennes sur ; Menabe et Marovatana.

Démarrage : Une expérience pilote de crédit rural,

lancée dans le Vakinankaratra en 1986 par des

agriculteurs et des éleveurs et appuyée par FERT

(Fondation pour l’Epanouissement et de Renouveau

de la Terre) a été à l’origine du réseau. Les caisses

villageoises initiées en 1990 par l’Association

FIFATA sont devenues des CECAM en 1993 et

s’entendent désormais sur huit régions.

d ) Action pour le Développement et le Financement

des micro-entreprises (ADEFI)

ADEFI a été créée en 1995 à Antsirabe dans le cadre du Projet d’Appui aux

micro entreprises financé par le Ministère Français des Affaires Entrangères (Fonds

d’Aide et de Coopérations) et conduite sous la tutelle du Ministère de

l’Industrialisation et de l’Artisanat.

ADEFI est la première Institution Financière Mutualiste d’épargne et de

crédit agrée à Madagascar en Septembre 1999. Elle est une association mutualiste

d’épargne et de crédit, spécialisée dans le financement des microentreprises urbaines.

Les agences du quartier sont les points de contact commerciaux.

Actuellement, ADEFI compte six (6) Antennes Régionales : une à

Antananarivo, une à Antsirabe, une à Toamasina et une à Fianarantsoa et Trente

Bureaux de Crédits dont trois (3) situés dans des villes secondaires (Ambatolampy,

Ambositra et Moramanga).

e ) Tahiry Ifamonjena amin’ny Vola (TIAVO)

Le réseau des Mutuelles d’Epargne et de Crédit TIAVO

est né de l’«Union TAFITA »

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26

Ressources :

L’APIFM est une association indépendante. Elle doit mobiliser des

ressources lui permettant de mener à bien ses activités. Ces ressources sont

constituées par les cotisations de ses membres, les subventions, les dons et les

rémunérations de certaines de ses interventions.

Les cotisations versées annuellement par les membres devraient à terme

couvrir le fonctionnement du Secrétariat Général et assurer la représentation

permanente de l’APIFM ainsi que les prestations et services réguliers au profit de ses

membres. Ce budget est d’un montant d’environ 250 millions de FMG par année.

A côté de ce budget de fonctionnement, l’APFIM mobilise des ressources

complémentaires auprès des partenaires intéressés au développement de la

Microfinance à Madagascar. Ces ressources lui permettent de renforcer les services

et activités au profit de ses membres mais également de développer l’information et

d’assurer la promotion et la défense des intérêts de la profession au niveau national et

international.

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27

Structure :

Appui Institutionnel et

Financier Visions Enjeux de la

Profession

2.1.2. Visions et Objectifs :

L’APIFM a pour vision et objectifs de :

assurer la représentation professionnelle des IFMs à

Madagascar

promouvoir les contacts et les échanges entre les IFMs et

l’ensemble des intervenants du secteur

partager les outils de professionnalisation

gérer le risque et réguler la concurrence entre les IFMs

participer à la réduction de la pauvreté par le développement

d’IFMs pérennes et professionnelles

2.1.3. Missions et Activités :

L’APIFM a pour missions et activités de :

Projet

MAG/OO/MO5/FRG-

OIT

FIDA

SEEP Network

CAPAF

PAMF/PNUD-FENU

Comité technique

consultatif :

CIRD, DID, ICAR,

IRAM

APIFM

Projets d’Appui

A.P.I.F.M

-Assemblé

Générale

-Conseil

d’administration

-Secrétariat

Général

ADE

FI

AE

CA CECA

M

OTIV

TIAV

O

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28

représentation et Lobbying de la profession auprès des autorités, du

secteur privé et des partenaires au développement

appui/conseil à l’élaboration des dossiers d’agrément des Institutions

Financières Mutualistes (IFM)

édition de notes d’information sur :

La législation et la réglementation applicables aux activités

des IFMs ;

Les démarches et formalités administratives relatives à

l’exercice de la profession.

2.2. Les associations des Institutions de Microfinance Non mutualistes

(AIM)

L’AIM est une association à but non lucratif régie par l’ordonnance

n°60-133 du 03 octobre 196014

.

2.2.1. Mission de l’AIM

L’AIM a pour mission :

d’assurer la représentation du mouvement de Microfinance non

mutualiste et la sauvegarde des intérêts professionnels de ses membres

au niveau national, notamment auprès du Gouvernement, de la

Banque Centrale de Madagascar, la CSBF, de l’AGENCE

d’Exécution du Projet Microfinance (AGEPMF) et des institutions et

organisations internationales ;

de fournir des soutiens techniques dans la constitution d’institutions

de Microfinance non mutualistes ;

de formuler aux autorités monétaires et financières toutes propositions

ou suggestions concernant le cadre législatif et réglementaire régissant

le mouvement de Microfinance non mutualiste ;

d’encourager la coopération entre les différentes institutions

impliquées dans le développement des systèmes de Microfinance

décentralisés non mutualistes ;

de fournir, sur demande des membres, les services communs et de

conseil en matière de promotion, formation, des outils en matière de

14

Ces données sont obtenues par la suite d’un entretien au sein du bureau de l’AIM

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29

promotion, formation, des outils communs de gestion, contrôle et de

conseil juridiques ;

de veiller à l’application par ses membres des textes régissant le

secteur financier en général, et des textes régissant le mouvement de

la microfinance non mutualiste en particulier ;

et, d’une manière générale, d’effectuer toutes opérations se rattachant

directement ou indirectement à son objet ou à tout autre objet

similaire ou connexe de la manière la plus étendue.

2.2.2 Les Membres et sympathisants15

:

Les Membres :

L’AIM compte trois (3) membres actifs :

L’association pour la Promotion de

l’Entreprise à Madagascar (APEM)

La société d’Investissement pour la

Promotion des Entreprises à Madagascar

(SIPEM)

Le Sampan’Asa Fampandrosoana

Fiangonan’i Jesosy Kristy eto Madagascar

(SAF/FJKM)

Les sympathisants :

Entreprendre à Madagascar (EAM)

Vola Mahasoa

Programme d’Appui aux Initiatives de

Quartier (PAIQ)

Conseil de Développement

d’Andohatapenaka (CDA)

Catholic Relief Services (CRS)

Caisse d’Epargne de Madagascar (CEM)

15

www.lk-oi.com/aim

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30

La Microfinance à Madagascar

Le Gouvernement Les Institutions

Bancaires

Les Associations

professionnelles

APIFM

AIM

Les Programmes et

Projets d’Appui

Les Organismes

Techniques Spécialisés

CIDR

DID

IRAM

FERT/ICAR

Les Bailleurs de Fonds et

Partenaires Financiers

La Banque Mondiale

PNUD/FENU

Union Européenne

AFD

BIT

USAID

Section 3 : « Récapitulation Schématique des acteurs dans la Microfinance à Madagascar »16

:

16

Cet organigramme est synthétisé par l’auteur

LES ACTEURS :

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31

Chapitre I : « Les fondements théoriques de la microfinance en tant qu’intermédiaire

financier »

Section 1 : « La théorie du Secteur informel »

Le débat sur la notion de Secteur formel et informel dans le cadre de la microfinance,

évoque une opposition de ces deux secteurs : d’un côté, on aurait un secteur formel officiel et

régulé par une logique institutionnelle, de l’autre côté, un ensemble d’activités fonctionnant sur la

base d’autres logiques et à cet égard considérées comme « suspectes » ou du moins devant faire

l’objet d’une certaine « formalisation »17

.

A cet effet, on assiste à une répression financière qui tend à répondre aux besoins des

clients exclus du système institutionnel formalisé à cause de l’existence d’opérations financières

légales mais qui ne sont pas officiellement enregistrées et réglementées, et qui échappent à l’orbite

des institutions financières officielles (la finance informel).

De cette finance informelle, trois interprétations seront évoquées pour donner une idée à la

théorie du secteur informel.

1.1. Les interprétations « d’inspiration structuraliste » :

Selon ROUBARD et GILBERT, le « secteur informel » est perçu comme celui où l’on

retrouve des salariés non admis dans le « secteur formel ». On assiste ainsi au développement

d’une économie parallèle qui vise à remplir les vides laissés par le secteur moderne, en

développement des stratégies dites de survie.

1.2. Les interprétations « orthodoxes » :

L’interprétation la plus répandue depuis les travaux du préviens De Soto est basée sur le

concept du « Gap to fill » (concept du « gap to fill » : dans le secteur bancaire « institutionnel »

des pays en voie de développement, il y a des imperfections de marché car la demande de services

financiers (comptes courants, prêts personnels et crédit de trésorerie) ne rencontre pas l’offre). De

ce fait, De Soto montre que le Secteur informel est le résultat d’une concurrence imparfaite. L’Etat

imposait trop de contraintes (formalités administratives, législation sociale, impôts, temps

nécessaire à la création de l’entreprise, etc.), aux entrepreneurs potentiels du secteur formel.

17

Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, page 12-13

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32

1.3. Approche liée à « l’économie populaire »18

:

LARRAECHEA et NYSSENS ont pris comme sujet, le monde populaire, en castré dans

une réalité sociale, politique, économique et culturelle. Sujet qui devient protagoniste d’activités

économiques et par là, développe des formes spécifiques d’organisations socio-économiques.

Il est à noter qu’au départ, le Secteur informel était critiqué de toute part, et ce, pour deux

raisons principales :

On estimait ses performances insuffisantes,

On l’imaginait n’être organisé que par des usuriers engrangeant des profits

monopolistiques grâce à l’exploitation des citoyens en situation de précarité

économique.

L’objectif était donc clair, il faut que le secteur non institutionnel soit « éliminé » ou plus

exactement qu’il soit « formalisé »

Section 2 : « La mobilisation de l’Epargne » :

2.1. Concepts de l’épargne selon IRVING FISHER et J.B Say :

L’Epargne est un concept fondamental dans les relations économiques lorsqu’il s’agit

d’appréhender le développement économique par la microfinance. Comme toute institution

financière, les prestataires de service de microfinance collectent des ressources. Chez les IFMS,

ces ressources sont constituées par les dépôts, les épargnes et les rémunérations des prestations

financières19

.

Le concept d’épargne, sur le point de vue théorique est abordé de deux manières bien

distinctes. Si on se réfère à l’approche classique traditionnelle ou à l’approche keynésienne,

l’épargne a des rôles différents dans les mécanismes économiques. Généralement, on définit

l’épargne comme la partie du revenu non consacrée à la consommation immédiate. Originalement

d’après IRVING FISHIER, « l’épargne a été conçue comme une consommation différée et un

acte de provenance » et en tant que telle, elle est considérée comme une « épargne réservée ». Si

on considère l’épargne comme un capital, un patrimonial, une fortune comme dans le cas des

IFMs, elle est appelée « épargne créatrice ».

18

Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, 15

19

André PIETRE, « Histoire de la pensée économique, Analyse des théories contemporaines », 7ème

édition

DALLOZ, 1979, page 79-81

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33

L’approche classique de l’épargne octroie au concept un rôle de financement de

l’investissement d’après J.B. Say. L’épargne est égale à tout moment à l’investissement et les

deux notions sont mêmes confondues. La conception de l’épargne, en microfinance, est à

rapprocher de la conception qui l’assimile à un renoncement à la consommation ou abstinence ce

qui justifie l’intérêt versé à tout épargnant capitaliste. En microfinance, l’épargne doit donc être

comprise comme une épargne créatrice ou épargne affectée à l’investissement : c’est une épargne

active et par nature doit donc être opposée à l’épargne de réserve ou thésaurisation ou encore

épargne stérile ou inactive.

L’épargne considérée en microfinance est donc une épargne créatrice : les dépôts

constituants les ressources des IFM par exemple, sont affectés à l’investissement. Toutefois il faut

se garder de dire que ces dernières sont comme automatiquement intégrées dans le circuit

économique productif.

2.2. Analyses théoriques des comportements d’épargne20

:

2.2.1. La rationalité des agents économiques :

L’analyse néoclassique traditionnelle prend pour hypothèse que les décisions des agents

sont rationnelles car ceux-ci maximisent l’utilité qu’ils peuvent obtenir. Ainsi en matière

d’épargne, un taux d’intérêt élevé accroît « l’utilité des placements et fait augmenter le niveau de

l’épargne ».

Cette hypothèse néoclassique ont été contestée par différents points de vue : nombre de

décisions sont impulsives et ne prennent pas prioritairement en compte le raisonnement

économique. Les recherches en marketing, par exemple, ont analysé le caractère irrationnel de

nombreuses décisions d’achat.

La rationalité économique est fortement réductrice par rapport à la totalité de l’individu.

Ainsi, les sociologues ont montré qu’à conditions économiques comparables, des comportements

différents marquaient les diverses catégories socioprofessionnelles.

La plupart des décisions sont le résultat à la fois des informations disponibles, des

présentations de l’avenir, de l’horizon temporel de l’agent, du poids des habitudes et des capacités

d’analyse économique.

20

André PIETRE, « Histoire de la pensée économique, Analyse des théories contemporaines », 7ème

édition

DALLOZ, 1979, page 180-186

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34

Les néoclassiques actuels tentent d’intégrer cette complexité de la prise de décision

(théorie des jeux, théorie des équipes, anticipations rationnelles…).

2.2.2. Les esprits animaux :

Pour les keynésiens, les décisions des agents économiques ne sont pas partiellement

rationnelles : elles sont aussi marquées par les « esprit animaux » : « une grande part de nos

activités positives dépendent d’un optimisme spontané plutôt que d’une prévision mathématique,

qu’elle soit morale, hédoniste ou économique. Il est probable que la plupart de nos décisions

d’entreprendre quelque chose de positif dont les conséquences s’étendront sur de nombreuses

années peuvent être considérées comme le résultat des esprits animaux, d’un besoin spontané

d’action plutôt que d’inaction, et non comme le résultat d’une moyenne pondérée des bénéfices

quantitatifs multipliés par des « probabilités numériques ». Néanmoins, pour faciliter une

présentation mathématisable des mécanismes économiques, cet aspect partiellement subjectif des

décisions des agents n’est pas toujours pris en compte par Keynes : c’est le cas en particulier en ce

qui concerne l’épargne. La question qui se pose alors est de savoir si les simplifications introduites

induisent ou non des écarts suffisamment importants pour remettre en cause l’essentiel des

raisonnements keynésiens.

2.2.3. L’approche structurale des comportements :

L’approche marxiste du comportement est fondamentalement différente. Elle raisonne en

terme de structure et non d’individus. Ce qui importe n’est pas que tel ouvrier épargne plus que

son voisin mais que l’épargne de la classe ouvrière ne sert pas à l’accumulation pour elle-même

mais permet la reproduction de la force du travail. A l’inverse, l’épargne de la classe des

capitalistes permet d’accumuler…

2.3. Les raisons théoriques de la mobilisation de l’épargne par les Institutions

Financières Mutualistes (IFMs) :

Tout d’abord, il est à noter que l’épargne créatrice des clients n’acquiert pas

automatiquement cette qualité, c’est à dire que l’affectation des dépôts à des fins d’investissement

ne s’effectue pas de manière automatique. En effet, même si les dépôts en micro finance sont

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35

constitués par l’épargne libre, spontanée ou intentionnelle (car dépendant des motivations des

déposants, relativement aux niveaux du taux d’intérêt et leurs niveaux de revenus)21

; ils sont

quand même motivés par :

l’idée d’une micro finance née à la suite de la réforme financière nécessitée par

l’existence d’agents économiques exclus du système financier traditionnel parce

qu’ils n’étaient et ne sont pas bancarisables avec leurs faibles revenus et ne

peuvent être couverts faute de garantie matérielle suffisante ;

la conception actuelle des dépôts qui est rapprochée à la conception classique de

l’épargne. Ces dépôts peuvent cependant être considérée comme une épargne

forcée sociétaire ou épargne obligatoire lorsqu’ils servent à l’autofinancement de

l’institution de micro finance.

Le développement de la micro finance se base et est justifié par la nécessité de transformer

l’épargne inactive / oisive aux mains des agents à capacité de financement (même si cette

capacité est faible : épargnants à faible revenu) en épargne créatrice. C’est la nécessité de

réinjecter l’épargne oisive afin qu’elle génère des suppléments monétaires au sein du circuit

économique qui justifie théoriquement la nécessité de la mobilisation de l’épargne et donc

implicitement de rôle de la micro finance dans la recherche du développement. Sur ce point de

vue, on peut soutenir que la pratique de la micro finance justifie, à travers les Institutions

financières comme les Institutions Financières Mutualistes (IFMs), la nécessité de l’intermédiaire

financière.

La pratique de la micro finance a donc des fondements théoriques qui s’écartent des

hypothèses purement classiques et keynésiennes : l’épargnant et l’investisseur ne sont pas

nécessairement la même personne. Ceci n’exclut cependant pas le fait qu’avec les Institutions

Financières Mutualistes (IFMs), les dépôts peuvent être également collectés à des fins

d’investissements directs (pas l’utilisation directe de l’épargne par l’épargnant ou le groupe

d’épargnants).

Les Institutions Financières Mutualistes (IFMs), en mobilisant l’épargne des petits

exploitants, intègrent dans leurs objectifs l’approche participative du développement et justifient

leurs rôles dans la théorie préconisant le développement économique durable. Les auteurs qui

soutiennent le développement durable affirment en effet que l’exclusion des populations à faible

21

R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grands mémoire, 2001, page 24

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36

revenu du système financier formel n’obéit pas au principe d’équité qui est à la base de tout

processus de développement.

En reconnaissant la capacité des populations pauvres à épargner, la théorie de l’approche

participative du développement reconnaît que l’obstacle au développement se trouve non pas dans

l’inexistence de l’épargne mais plutôt dans la non mobilisation de celle-ci.

Face au défi de la mobilisation de l’épargne, la théorie économique apporte distinctement

deux solutions :

la solution de crédit subventionné d’une part ;

et la création d’institutions locales pérennes, d’autre part.

Au départ, l’idée consistait à concevoir à travers l’outil de développement qu’est la micro

finance, un moyen de promouvoir la production essentiellement agricole par la subvention visant

les propriétaires terriens. Ainsi, pour rendre effective la participation des paysans, deux solutions

étaient offertes : la subvention de crédits agricoles et la création de coopératives d’épargne.

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37

Chapitre II : « Notion de Risques dans le cadre d’intermédiation

financière : cas des microfinances »

Section 1 : « Les risques dans le marché financier » :

Les risques liés à l’activité des intermédiaires financiers sont nombreux et font parfois

partie des éléments contraignants au bon fonctionnement du système financier, voire même à la

prise de décision.

De ce fait, la notion et la maîtrise de risque font l’objet de toute analyse théorique des

théoriciens modernes dans l’espoir de donner et de trouver les caractéristiques d’efficience du

marché. Dans cet optique, quatre conditions sont requises22

:

Un marché doit « incorporer toutes les informations nécessaires » à

la prise de décision ;

Un marché doit « permettre à une répartition optimale des risques

liés à l’investissement » ;

Un marché doit « éliminer les risques de liquidation ;

Un marché par lequel « le coût d’intermédiation est minimal ».

L’efficience du marché permet aux acteurs d’adopter un choix optimal à l’occasion d’une

meilleure allocation des capitaux.

De ce qui suit, nous allons voir en premier lieu, dans le cadre de l’intermédiation

financière, les risques liés au financement de l’économie et après les risques liés à la

transformation.

1.1. Intermédiaires financiers et Financement de l’économie :

DIAMOND souligne dans son article fondamental (1984) que le rôle de l’intermédiation

ne peut se comprendre qu’en réponse aux imperfections des marchés, et notamment aux

asymétries d’information qui caractérise le marché de crédit23

.

Il est clair, en effet que dans le monde ARROW-BEBREU, où l’on suppose en particulier

la complétude des marchés et une information symétrique des différents agents, l’intermédiation

22

Rasoamanana A., Place et Rôle du crédit dans le fonctionnement d’une économie, cours de techniques Bancaires,

2001/2002 23

A. Lamfalussy, Science économique, Problèmes économiques, n°2208, 5 janvier 1991, page 15

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38

est inutile, le financement s’opèrera directement à partir d’opérations d’émission de titres

(actions, obligations, produits dérivés,…) sur les marchés financiers.

Comme il est désormais classique, les asymétries d’information affectant les opérations de

crédit peuvent être regroupées en deux catégories idéales typiques, caractérisées respectivement

par l’existence de phénomènes d’information cachée et d’action cachée (aléa moral). La théorie

économique a beaucoup étudié ces mécanismes, qui sont notamment évoquées pour expliquer

l’existence de phénomène de rationnement du crédit ou d’amplification financière des crises.

Pour toutes les raisons évoquées plus haut, un rôle important est dévolu aux intermédiaires

financiers dans le financement de l’économie. Ce rôle justifie pour une large part l’existence de

banque et explique les profits dégagés dans les opérations correspondantes. En pratique, la

réalisation d’un risque de ce type peut prendre diverses formes :

la plus évidente est la défaillance d’un emprunteur. Un particulier ou des

entreprises peut s’avérer incapable de rembourser ses dettes.

Il y a aussi les risques liés à l’actif qui posent immédiatement des problèmes

sur la composition du portefeuille de créances de la banque.

1.2. Intermédiation financière et Transformation :

Le second rôle des institutions bancaires résulte de leur activité de transformation

(BRYANT 1980 ; DIAMOND-DYBVING 1983,…). Par là, on entend que les banques

transforment des titres primaires émis par les firmes (obligations, actions, etc.) en titres indirects

(tels que dépôts à vue, dépôts d’épargne, etc.) divisés entre les investisseurs finaux24

.

La question de supériorité des banques et certaines institutions financières par rapport au

marché est donc très importante. La théorie montre que, de façon générale, les banques

dominent le marché lorsqu’il y a incertitude agrégée sur la demande de liquidité et que les

projets des firmes sont risqués (JACKLIN, 1987, 1992).

On peut distinguer deux sortes de risque liés à l’activité de transformation des banques,

suivant que l’aléa concerne que la disponibilité immédiate des fonds placés (risque de liquidité),

ou que c’est au contraire la solvabilité même de la banque qui est en cause (risque du Solvabilité) :

Risque de liquidité :

24

A. Lamfalussy, Science économique, Problèmes économiques, n°2208, 5 janvier 1991, page 19

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39

Le risque de liquidité est propre à l’activité de transformation elle-même. Il apparaît sous

deux conditions. D’une part, l’actif de la banque doit être moins liquide que son passif ; d’autre

part, une liquidation prématurée de l’actif doit entraîner des pertes spécifiques.

Le point de départ d’une crise de liquidité pure est le comportement d’un certain nombre

de déposants, qui, pour une raison ou une autre, décident de retirer leurs dépôts de manière non

anticipée. Si la banque peut répondre à cette demande excédentaire et imprévisible par l’emprunt

(en utilisant des lignes de crédit ouvertes par des confrères, ou en s’adressant à la banque

centrale), la vague de retrait n’a pas de conséquences sérieuses. Mais dans le cas contraire, elle

peut être obligée de liquider à perte une partie de son actif.

Par ailleurs, les crises de liquidité pures s’apparente à des bulles spéculatives ou encore à

des prophéties auto réalisatrices. Le caractère apparemment irrationnel de ces crises ne doit pas

amener à minimiser leur importance.

Risque de Solvabilité :

Ce risque ajoute au risque de liquidité pure le risque provenant d’un rendement incertain de

l’actif et d’une information imparfaite des déposants concernant ces rendements25

.

Le système d’assurance dépôts, joint à l’intervention de l’Etat dans quelques cas précis,

semblent avoir bien fonctionner ; pour l’essentiel, les crises de liquidité pures et de grande

ampleur ont été évitées. Néanmoins, chaque mécanisme a ses « effets pervers ». La création de la

monnaie par la Banque Centrale constitue sans aucune doute une « Solution naturelle » dans le cas

d’une crise de liquidité.

Pour les autres types de risque, la théorie économique nous enseigne que la Concurrence

est un moyen simple de garantir l’efficacité des décisions prises par les agents sur un marché.

Mais on se demande si cette propriété reste vraie dans un monde où une partie des échanges est

intermédiée. La concurrence bancaire présente des caractéristiques promues, susceptibles

d’engendrer des insuffisances notamment en accentuant le degré d’exposition des banques aux

risques. Deux particularités des banques sont essentielles sur ce point. D’une part, elles occupent

une position de pivot entre prêteurs et emprunteurs ; d’autre part, elles représentent une

technologie à rendements d’échelle croissants.

25

A. Lamfalussy, Science économique, Problèmes économiques, n°2208, 5 janvier 1991, page 21

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40

1.3 Le Choix du niveau de risque26

:

Avant d’aborder le sujet, il convient de souligner le caractère endogène du risque bancaire.

Qu’il s’agisse de la composition de l’actif ou de l’adéquation entre les structures des emplois et

des ressources, le risque n’est jamais totalement subi par l’établissement financier ; il résulte au

moins en partie, des décisions explicites d’accorder ou non un crédit, de couvrir ou non une

position, de diversifier ou non un portefeuille pris en fonction à la fois de la rentabilité des

opérations correspondantes et du niveau de risque qui en résulte.

La littérature théorique étudie différents aspects de ce risque sur la prise de décision mais

nous n’en soulignerons qu’un : l’importance de la situation financière de l’établissement financier

dans ses décision de prise de risque. Parmi les pertes liées à une éventuelle faillite, il convient en

effet de considérer non seulement les fonds propres actuels, mais aussi les bénéfices à venir ; on

sait d’ailleurs que la valeur de l’établissement, considéré comme une entreprise particulière, peut

s’estimer à partir de la somme actualisée de ses profits futurs.

D’une façon générale, un établissement financier aura d’autant plus tendance à adopter un

comportement risqué que sa situation financière est plus dégradée.

En effet, les inconvénients d’une prise de risque excessive deviennent alors négligeables : les

fonds propres sont déjà largement entamés de facto, et les bénéfices futurs ont d’autant moins de

chance d’être perçus que la faillite devient probable. Dans de telles circonstances, la rationalité

commande de choisir un risque élevé et de jouer sa résurrection, selon l’expression consacrée,

sachant qu’une telle stratégie n’a que des avantages pour un établissement n’ayant plus rien à

perdre.

Section 2 : « Approche de gestion de risques »

2.1 Gestion du risque de non remboursement de crédits des petites

entreprises :

La gestion (bancaire) du risque de non remboursement passa par une analyse du risque de

défaillance qui a surtout été étudié à travers les ratios comptables et les modèles de prévision, par

la rédaction des contrats incitatifs et par des outils de suivis relativement peu développés dans la

recherche en gestion. Des recherches sur la notation bancaire seraient pourtant des sujets

d’actualité dans un contexte de réforme du ratio de solvabilité appuyée sur le développement de la

notation interne.

26

Bardas M, la liaison entre le risque et le taille : influence du risque et de la taille sur le taux d’intérêt, cahier

économique et monétaire, 1991, n°38, page 49

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41

Processus de crédit et outils de gestion de non remboursement27

Demande de CREDIT Note (si

elle existe)

Dossier de crédit (informations comptables,

bancaires, issues du client)

Analyse du RISQUE (Partie 1)

analyse humaine et ou avec modèles

Note Note

Rédaction de Contrats incitatifs (Partie 2)

Contrats séparant, sûretés, convenant, etc.

Analyse

Vie du CREDIT /SURVEILLANCE (Partie 3)

Analyse Note

FIN Remboursement ou Contentieux

2.2. Gestion du risque de marché et incertitude sur la liquidité :

La Value –at - Risk (VaR) s’est imposée comme le pivot du contrôle des risques de

marché parmi institutions qui négocient une large gamme d’actifs financiers. Elle fournit en effet,

une métrique commune pour agréger les incidences d’une variété de facteurs de risque

(mouvement des taux d’intérêt et de change, déformation de la courbe des rendements, variations

des cours boursiers, des prêts immobiliers, des matières premières et des contraints dérivés sur ces

actifs). La VaR détermine l’effet global de ces facteurs sur les profits et pertes de l’établissement

financier28

.

Plus précisément, la VaR est une mesure probabiliste de la perte ponctuelle d’un

portefeuille de composition donnée, résultant des variations futures des facteurs de risque. La VaR

27

Sylvie CIEPLY, Le rationnement des petites entreprises sur le marché du crédit : mythe ou réalité, article pour

Banques et marchés, IUP Cean juin 1997

28

Michel Aglieta, La transformation de la finance en Europe, CEPII FORUM et CNRS – Université de Paris X –

Nanterre 7 mai 2002, page 37- 38

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42

100

100Pr 0

VaRVV t

est définie par la perte maximale probable à un degré de confiance . C’est donc la perte qui ne

sera pas dépassée dans plus de (100- )% des cas, lorsqu’une position de structure donnée est

maintenue pendant une durée [O, T].

Si V t est la valeur de la position en t, la VaR est donnée par : 29

Les modèles standard de la VaR supposent une structure stochastique exogène du risque.

La distribution de probabilité multivariée est supposée normale et stationnaire. Les composantes

du portefeuille de nature optionnelle sont traitées à part et réintégrées dans la perte sur la position

agrégée. Mais les sous-jacentes des options sont munies d’une loi normale.

2.3. Gestion du risque de crédit et interdépendance macro-économique :

Le risque de crédit pose des problèmes plus épineux. Certes, la VaR peut y être étendue.

Mais sa mesure rencontre des obstacles qui proviennent du profit des risques. De plus, les

corrélations entre les facteurs de risques ne peuvent être observées directement car le crédit

bancaire agglomère des catégories de risque très différentes : prêts aux clients, financement de

position de marché, crédit incorporé dans les dérivés de gré à gré, crédit dans les systèmes de

paiements, crédit lié au change.

Les difficultés d’évaluation du risque de crédit sont donc très grandes. La faible fréquence

des défauts rend caduque l’hypothèse de stationnarité de la loi de probabilité des pertes. Il s’ensuit

que les incertitudes sur les queues de distribution sont très fortes. L’effet d’une sous estimation

des pertes peut être un contexte car plus la queue de distribution est épaisse, plus de faibles

variations sur la probabilité acceptable de défaut provoquent de grandes différences dans le capital

à allouer pour absorber les pertes non anticipées.

Les évènements les plus dangereux sont alors les évènements rares qui peuvent causer des

pertes extrêmes. (HERRING, 1999). La connaissance de tels évènements caractéristiques est très

faible.

Ils sont de l’ordre de l’incertitude radicale à la KNIGHT. C’est vis-à-vis de l’occurrence de

tels événements que les agents de la finance ont recours à des logiques procédurales sous la forme

d’heuristiques. La combinaison des deux heuristiques conduit à l’attitude de myopie au désastre

(GUTTENTAG et HERRINE en 1983). La première est une heuristique de disponibilité à la

29

Rapport de Michel Aglieta : Les transformations de la finance en Europe, CEPII, FORUM et CNRS Université de

Paris X-Nanterre 7 mai 2002, page 36

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43

KAHNEMAN et TVERSKY. Elle stipule que la probabilité subjective d’un événement rare baisse

au fur et à mesure que la mémoire de cet événement s’efface. S’il ne s’est pas produit depuis

longtemps, sa probabilité d’occurrence est traitée comme, si elle était nulle. La deuxième est une

heuristique de Seuil à la Simon. Il existe un seul heuristique pour la probabilité subjective de

l’événement où il se produit une discontinuité. En dessous de ce seuil la probabilité tombe à zéro.

Cela conduit à la myopie au désastre.

En effet, le risque catastrophique est sous évalué. Lorsque l’événement se produit, la

probabilité subjective est brutalement réévaluée. En conséquence, les queues des distributions de

probabilité de rendements sur les portefeuilles de crédit s’épaississent pour toutes les banques du

coté des pertes30

.

Section 3 : « Représentation du marché de crédit dans le cadre d’un modèle de

déséquilibre » :

La représentation du marché de crédit dans le cadre d’un modèle de déséquilibre a fait l’objet

de nombreux travaux en macro-économie (LEVRATTO, 1992). L’objectif de ces travaux était

de repérer l’existence d’un rationnement du crédit et d’en estimer le montant. Ang et Peterson

(1986) utilisent cette approche sur données individuelles pour analyser le comportement de 170

firmes sur le marché de la dette américaine pour 3 années particulières : 1971, 1974, 1977.

De cette analyse, le marché de crédit est caractérisé, de la façon suivante31

:

- D

jL est le niveau de l’endettement demandé par la firme j au moment t, D

jL correspond au

ratio d’endettement optimal de la firme j, D

jL permet la maximisation de la valeur de firme

j au cours de l’année t une fois l’existence d’asymétries d’information et de conflits

d’agence prise en considération

- S

jL est le niveau d’endettement offert par le prêteur à l’entreprise j au moment t. S

jL

correspond à la capacité d’endettement maximale de la firme calculée par le prêteurs. S

jL

permet à la banque de maximiser ses profits sur cette entreprise.

- *

jL correspond à la valeur du ratio d’endettement de la firme j / ou à celle du niveau

d’endettement offert par le prêteur à l’entreprise j au moment t.

La situation de la firme sur le marché de crédit correspond alors à l’une des trois (3)

configurations suivantes :

30

Rapport de Michel Aglieta, La transformation de la finance en Europe, CEPII FORUM et CNRS – Université de

Paris X – Nanterre 7 mai 2002, page 39-40 31

Sylvie CIEPLY, Le rationnement des petites entreprises sur le marché du crédit : mythe ou réalité, article pour

Banques et marchés, IUP Cean juin 1997

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44

1) S

j

D

jj LLL * , le marché est à l’équilibre. Le taux d’endettement observé

correspond à la fois au taux d’endettement optimal déterminé par la firme et à la

capacité maximale d’endettement de la firme déterminée par le prêteur.

2) D

jj LL * , le taux d’endettement observé est alors le taux d’endettement optimal

défini par la firme. La structure financière de l’entreprise est ainsi définie par la

demande D

j

S

j lL , il existe une offre excédentaire de crédit pour cette entreprise de la

part des créances. Les entreprises présentant ces caractéristiques sont dites se

trouver dans un régime de demande de crédit, dans la mesure où les structures

financières sont déterminées par le côté demande du marché, les emprunteurs.

3) S

jj LL * , le taux d’endettement observé est alors le taux d’endettement maximal de

la firme issu de l’analyse financière des prêteurs sur cette entreprise. D

j

S

j LL il

existe une demande non satisfaite de crédit pour cette entreprise sur le marché. Les

entreprises présentant ces caractéristiques sont dites se trouver dans un régime

d’offre de crédit, dans la mesure où les structures financières sont conditionnées

par le côté du marché, les prêteurs.

REGIME

Sens de la

contrainte

Equilibre S

j

D

jj LLL *

Equilibre

Déséquilibre I D

jj LL * Régime de

demande

Le prêteur est

contraint

Déséquilibre II S

jj LL * Régime d’offre L’emprunteur est

contraint

Chapitre III : « LA VIABILITE DES IFMs »

Les raisons théoriques de la recherche de viabilité :

Les IFM ont deux objectifs : atteindre le plus grand nombre de sociétaires et la pérennité

financière. Atteindre la pérennité financière, c’est pouvoir proposer des services d’épargne et

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45

pouvoir recourir aux sources de financement commerciales plutôt que de dépendre uniquement

des fonds octroyés par les bailleurs32

.

Section 1 : « La viabilité sociale » :

1.1. La nécessité d’une approche participative :

Une institution financière ne doit pas être considérée comme un corps étranger, venu de

l’extérieur. Ceci est particulièrement important dans un contexte de lutte contre l’exclusion. Les

modalités d’épargne et de crédits doivent être élaborées avec les intéressés afin qu’elles ne sont

pas en contradiction avec les normes culturelles de la société (comme la conception de l’argent, du

temps, du taux d’intérêt, ...)33

.

Les différentes formes de garanties (matérielles ou sociales) utilisant à la fois la solidarité,

les pressions sociales, le sens de l’honneur devront être acceptées car elles sont efficaces. L’accès

aux services financiers devra être suffisamment ouvert à toutes les couches de la société pour

satisfaire les éléments dynamiques (notamment les femmes et les jeunes et éviter la mainmise de

quelques “ notables ” ou gros entrepreneurs sur l’essentiel des ressources. Les responsables élus

devront avoir des comportements légitimes, les abus de pouvoirs devront être limités et les

conflits réglés selon un mélange subtil des normes anciennes et nouvelles. Les techniciens et les

divers salariés devront aussi se sentir à l’aise avec leur niveau de salaires et avantages, de leur

qualification et de leur reconnaissance sociale. Enfin, il devra exister un rapport équilibré de

collaboration et de spécialisation entre les élus et les techniciens salariés, assurant un équilibre de

pouvoirs, sans prépondérance de l’une des parties sur l’autre.

1.2. La bonne insertion de l’institution dans son environnement :

Une bonne liaison doit être établie enter les IMFs et les acteurs de

développement comme les vulgarisateurs agricoles, les formateurs techniques ou

gestionnaires,... afin d’assurer une synergie entre le facteur financier et les autres

fonctions.

Un cadre de concertation et de régulation devra être créé et auquel participeront

l’Etat, les bailleurs de fonds et les divers opérateurs.

Grâce à une large information et de nombreuses discussions, les personnalités ou

institutions externes comme les autorités politiques et administratives, les

responsables religieux, les notables divers, voire les usuriers,... soutiennent

32

R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 30 33

R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 31

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46

l’institution, ou du moins n’ont pas les moyens suffisants pour s’y opposer

ouvertement.

Il doit exister une législation adaptée et ouverte.

L’Etat doit soutenir réellement la microfinance, au-delà des discours sur la

promotion du secteur privé. Au minimum, il doit renoncer à des politiques ou

des interventions laxistes ou artificielles dans le domaine du crédit, directement,

ou sous couvert d’organismes para-étatiques.

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47

Section 2 : « La viabilité financière » :

La viabilité financière désigne d’une part la capacité de l’institution à couvrir ses charges

avec les produits qu’elle génère, et d’autre part à bâtir une structure financière solide. En effet, si

elle veut être financièrement viable, une institution financière ne peut pas dépendre des ressources

des bailleurs de fonds pour subventionner ses activités. A ce propos, il est important de noter que

seuls les produits d’exploitation ( issu des activités d’épargne et de crédit ) doivent être considérés

lorsqu’on détermine cette viabilité. Par ailleurs, plusieurs conditions devraient être respectées pour

assurer cette viabilité financière34

.

2.1. Un volume d’activité suffisant pour couvrir les charges:

On revient ici aux idées d’efficacité et d’efficience: atteindre un public important avec des

prêts d’un montant moyen significatif ainsi qu’une forte mobilisation de l’épargne grâce à une

organisation efficace puisque le volume d’activité, déterminé par le niveau de portefeuille des

prêts, doit être suffisant pour couvrir les charges engendrées par le système. Suivant le contexte,

l’institution fera appel à plus ou moins de personnel et sera amenée à effectuer plus ou moins de

déplacement. En fonction du niveau de charge incompressible, un certain volume d’activité est

nécessaire.

2.2. La maîtrise des coûts :

La maîtrise des coûts suppose qu’ils soient précisément identifiés dès l’origine, à partir d’un

système d’information adapté :

Le coût des ressources prêtées, autrement dit l’intérêt que l’institution va elle-même verser sur

ses emprunts en capitaux et sur l’épargne collectée.

L’impact éventuel de l’inflation sur les fonds propres,

Les charges d’exploitation, frais de personnel, de déplacement, d’opérations et de collecte de

l’épargne, d’amortissement,

les provisions pour créances douteuses, c’est à dire les dépenses liées aux risques de non

remboursement des prêts. Ces différents coûts peuvent être divisés en deux groupes : les coûts

opérationnels et les dépenses d’investissement.

34

R. Faliniaina, « La viabilité des institutions mutualises », Grand mémoire, 2001, page 36

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48

Les coûts opérationnels (coûts de structure)

Les coûts opérationnels doivent être compatibles avec la viabilité financière de l’IFM. Leur

maîtrise doit être approchée différemment selon la population ciblée.

En effet, les IFMs s’adressant aux populations et / ou aux régions les plus défavorisées ne peuvent

trouver leur viabilité qu’en minimisant le plus possible le travail salarié, et ils le font dans deux

directions :

la pratique de crédit de groupe qui démultiplie le volume de crédit géré par un seul salarié.

l’autogestion des caisses par des élus permet de reporter une partie des charges sur le

bénévolat de bénéficiaires- clients.

Les dépenses d’investissement :

L’assistance technique constitue la principale dépense d’investissement dans un projet de

microfinance et peut s’appliquer à un poste “ frais d’établissement ”.

En effet, l’assistance technique de démarrage et d’installation consomment une part

importante des dépenses avec la formation des publiques cibles : formation des groupes de

solidarité, formation des gestionnaires et des élus, des caisses mutualistes, définition précise des

organigrammes et des procédures...

Néanmoins, la précision des modalités et des conditions de mise en œuvre de l’assistance

technique par l’opérateur constitue un élément essentiel de limitation de ce type de dépenses tout

en améliorant son efficacité.

2.3. La maîtrise des impayés :

La question doit être abordée dès le démarrage d’un projet sans attendre que le

développement des opérations la rende plus difficile à résoudre. Elle doit être abordée à plusieurs

niveaux.

l’identification précise des impayés passe par la gestion rigoureuse des modalités

d’amortissement et des appels d’échéances. Cette gestion peut être facilitée par certaines

simplifications sous réserve de préserver l’orthodoxie financière.

les procédures de recouvrement doivent être définies précisément et leur mise en œuvre doit

être immédiate après identification des débiteurs défaillants.

Et enfin les garanties, dont la réalisation permettra d’atténuer l’incidence financière quand la

situation s’avérera irréversible, doivent faire l’objet d’une réflexion particulière afin

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49

d’améliorer la sécurisation des prêts. Cet aspect doit être abordé différemment selon les

caractéristiques microéconomiques des différentes catégories de produits et d’emprunteurs.

2.4. La limitation des détournements et des attaques :

La prévention des détournements par le personnel ou des attaques à l’occasion de transferts

physiques de fonds fait partie des éléments de la viabilité. En effet, avec une justice et une police

souvent déficientes, les tentations de détournement de la part des techniciens salariés et des

responsables sont réelles, surtout si on compare les gains aux risques encourus, parfois seulement

quelques jours d’emprisonnement et un licenciement. Une comptabilité performante, une

inspection efficace, une gestion de trésorerie limitant les encaisses élevées peuvent diminuer les

risques, surtout si ces mesures sont renforcées par un sentiment d’appropriation à la caisse et au

réseau.

2.5. La constitution de fonds propres :

La viabilité financière à terme implique non seulement l’équilibre d’exploitation

(couverture des charges par les produits) évoqué précédemment, mais aussi la constitution de

fonds propres. Ceux-ci doivent être d’un niveau suffisant pour permettre à l’IFM d’acquérir sa

véritable autonomie à l’égard des bailleurs de fonds, en ayant recours au refinancement bancaire et

/ ou en mobilisant une quantité croissante d’épargne.

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50

Chapitre I : « Analyse de l’environnement général des microfinances »

Section 1 : « Caractéristiques du Service Financier » :

1.1. L’offre de service de microfinance à Madagascar avant 199935

:

1.1.1. L’offre traditionnelle :

D’après une étude récente sur quatre régions (Antalaha, Antsirabe, Marovoay et Tuléar)

effectuée par MADIO (Madagascar Dial Instat Orstom), le taux de l’épargne dans la partie rurale

de Madagascar était très élevée en termes de nombre de ménages disposant d’une quelconque

forme d’épargne : ce taux diffère d’une région à l’autre : un niveau élevé de 88% à Antalaha à un

plus faible de 48% à Tuléar, ce dernier chiffre a été atteint en dépit d’une très mauvaise récolte

dans la région. Cependant, moins de 2% dans n’importe laquelle des régions avaient des dépôts

d’épargne dans une banque. La plupart des familles, accumulaient de l’argent chez elles (jusqu’à

97% à Antalaha et 94% à Tuléar), ou bien conservaient leur épargne sous forme de bétail (26% à

Antsirabe)36

.

En ce qui concerne les sources traditionnelles de crédit pour les micro- entrepreneurs, une

étude effectuée par Fraslin et Zeller a conclu que les familles rurales empruntent souvent à

Madagascar, mais rarement auprès de sources formelles. Au lieu de cela, les prêts sont fournis par

les familles et les amis. Une enquête effectuée en 1990 et en 1992 dans dix villages dans trois

régions a constaté que 96% des ménages avaient emprunté au moins une fois auprès de sources

informelles au cours de la période de l’enquête – seulement 2% ont reçu des prêts des institutions

financières formelles. Malgré les taux d’intérêt annuels effectifs de 100 à 400% pour des prêts de

trois à six mois, le remboursement était très bon : 78% ont été remboursés à temps, alors que 93%

ont été remboursés au plus tard 30 jours après l’échéance.

Il existe aussi une tradition relativement longue de crédit agricole à Madagascar, dont

bonne partie a été canalisée à travers la BTM.

Dans les premières années, les taux d’impayés étaient élevés dans la mesure où les

perceptions populaires étaient que la BTM était une banque d’Etat et qui canalisait des fonds de

l’Etat qui, franchement n’avaient pas besoin d’être remboursés. Ceci a eu pour résultat des pertes

considérables, surtout lorsque c’est couplé avec les coûts administratifs élevés liés à une pléthore

de prêts de petite importance et à court terme sur une aire géographique immense et avec

l’application de taux réels d’intérêt négatifs.

35

Léon Ramamonjisoa, Financial Sector Review in Madagascar : Sub Sector Microfinance, mai 2000, page 198 36

Pour les chiffres, voir annexe V

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51

1.1.2. Les nouvelles initiatives :

Le Gouvernement a focalisé son attention et ses ressources sur la mise en place et le

renforcement des MEC, laissant globalement de côté les autres modèles institutionnels et les

autres systèmes pour assurer le développement de la micro finance à Madagascar.

L’activité principale adoptée est le Programme de microfinance financé par la Banque

Mondiale, à hauteur d’environ 38,5 millions de USD sur 15 ans, mis en exécution par une

organisation à but non lucratif, l’Agence d’Exécution pour la micro finance (AGEPMF). Ces

fonds sont destinés au renforcement institutionnel et excluent le financement des crédits ; les

fonds pouvant faire l’objet de prêts sont fournis par l’Union Européenne et le Fonds des Nations

Unies pour le Développement ainsi que des bailleurs de fonds bilatéraux jusqu’à ce que les MEC

puissent mobiliser suffisamment d’épargne. La principale exception à ce modèle a été l’appui de

l’USAID à la transformation de la Caisse d’Epargne de Madagascar (CEM) en Société

Anonyme.

Bien que chaque MEC a ses spécificités dans leurs opérations réelles, elles ont en

principe quelques caractéristiques en commun :

elles sont des associations d’épargne et de crédit d’affiliation. On doit être

membre pour être éligible aux financements d’une MEC. Dans ce sens, elles

sont très semblables à des unions de crédit ou à des coopératives.

elles mobilisent un capital à bon marché et minimisent le risque en exigent à

ses membres d’effectuer un dépôt d’épargne minimum comme préalable à

l’éligibilité pour un emprunt.

le risque du crédit est davantage limité en faisant recours à un mécanisme

autofinancé de garantie de groupe comme le Fonds de Garantie Mutualiste

(FGM) et les Associations de Cautionnement Mutuel (ACM) citées ci-dessus.

Malgré un grand investissement dans le développement des MEC, en plus du temps et des

efforts importants qui leurs ont été consacrés, l’impact national a été minimal et les perspectives

de viabilité financière et de durabilité à long terme ne sont pas prometteuses.

Fin 1999, il n’y a eu que 271 MEC, avec 61.091 membres, comprenant environ 2% des

familles malgaches. Les MEC avaient mobilisé 15,9 milliards de Fmg d’épargne auprès de leurs

membres. Cela tranche de manière très nette avec les 150,2 milliards de Fmg mobilisés auprès des

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52

517.414 épargnants de la CEM. Les MEC (dont l’EDEFI) disposaient des encours de 2,7 milliards

de Fmg de prêts, s’élevant aux alentours de 1,3% des 2,1milliards de Fmg de crédit bancaire total

à Madagascar. Peu de MEC recouvre leurs coûts et la plupart d’entre eux restent hautement

dépendantes des ressources extérieures pour obtenir des fonds susceptibles d’être prêtés et pour

combler les déficits du budget de fonctionnement.

1.2. Les Résultats de 1996 à 200237

:

La croissance et le développement des activités des Institutions de Microfinance (IMF)

sont très rapides et soutenus. Ils se traduisent par :

l’extension de la couverture territoriale tant en milieu rural qu’en milieu

urbain ;

l’augmentation du taux de pénétration ;

le développement des activités : nombre de membres et des clients touchés,

volume des dépôts collectés auprès de la clientèle.

Cette expansion des activités des IFMs s’est poursuivie au cours de l’année 2002 malgré la

crise qui a secoué le pays.

Le taux de pénétration :

Au plan national, les IFMs mutualistes regroupent en fin de l’année 2002 plus de 136.000

membres dont environ 36% de femmes. En terme de pénétration de marché, 5% des familles

malgaches sont bénéficiaires des services financiers offerts par ces institutions contre 1% avant

199038

.

Le nombre des membres39

:

De 1996 à fin 2002, le nombre des membres (pour les Institutions Mutualistes) a été

multiplié par 7,5% passant de 18.063 à 135.305.

Le volume d’épargne collecte :

37

Ce résultat est récapitulé à partir de l’entretien au sein de l’APIFM, de l’AIM, et le site Web de

l’instat :www.instat.mg, de l’APIFM : www.apifm.mg 38

voir annexe I, II, III, IV 39

voir annexe I, II, III

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53

Dans la même période, les encours d’épargne sont passés de 1 milliard de francs malagasy

à presque 52 milliards de francs malagasy, soit une augmentation de plus de 5000%. Cela

concerne uniquement les mutualistes car les non mutualistes ne collectent pas d’épargne40

.

Le crédit distribué :

Toujours de 1996 à 2002, les encours aux crédits se sont accrus de 7,7 milliards à 56

milliards de francs malagasy pour les Mutualistes, soit un accroissement de 731 pour cent et au 31

décembre, les encours au crédit des Institutions de Microfinance Non Mutualistes s’élèvent à 7,7

milliards avec un volume d’octroi de plus de 13 milliards fmg.41

Section 2 : « Les problèmes reconnus par » :

2.1 Les acteurs42

:

2.1.1 Les promoteurs :

Les promoteurs ont relevé des problèmes découlant de l’absence de coordination :

Les réglementations ne sont pas toujours correctement appliquées,

Dans certaines régions, les promoteurs appliquent des méthodes

d’interventions différentes ;

Le délabrement des moyens de communication limite le champ d’action des

institutions de microcrédit : les promoteurs ne peuvent pas travailler dans des zones

enclavées à cause des coûts d’intervention trop élevés.

Les institutions non mutualistes ne sont pas vraiment prises en compte : jusqu’à présent

le cadre légal et réglementaire régissant leurs activités n’existe pas encore, ce qui les

prive du bénéfice d’un régime fiscal incitatif. D’autre part, le projet microfinance

n’appuie que les réseaux mutualistes.

Il y a aussi le problème d’accès aux financement : pour satisfaire les demandes des

membres, les institutions de microfinance ont besoin de mobiliser des capitaux, mais

aucun système bien établi n’existe pas encore, chaque institution financière se

débouille avec ses propres moyens.

40

voir annexe I, II, 41

voir annexe I, II, III, 42

Ces problèmes des acteurs sont évoqués à travers de l’Atelier organisé par le MAEP, 1993.

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54

2.1.2. Les Organisations Paysannes :

Les membres d’organisations paysannes ont constaté que l’Etat n’est pas

suffisamment impliqué dans le financement de l’agriculture, cela se traduit

par un manque de coordination entre les acteurs et une mauvaise répartition

des institutions de microfinance au niveau national ;

L’autonomie financière tant recherchée est loin d’être atteinte car de

nombreuses institutions de microfinance dépendent encore des financements

extérieurs pour fonctionner ;

Au niveau de certaines régions, le crédit est utilisé politiquement comme

moyen de pression ;

L’ensemble de l’environnement de la microfinance (cadres juridiques,

politique générale, procédures d’octroi de crédit, calculer des taux de

crédit…) est encore très peu connu de la majorité des paysans ;

L’insuffisance de communication entre les opérateurs et des utilisateurs des

institutions de microfinance entraîne souvent des incompréhensions :

Sur les taux d’intérêt par exemple : les utilisateurs trouvent que les

taux sont élevés parce que les opérateurs ne pensent qu’à faire des

bénéfices,

De même, selon leurs estimations, les montants de crédit alloués

ne correspondent pas aux besoins réels,

Beaucoup de gens ne comprennent pas la nécessité de constituer

un fond de garantie,

Il y a des membres qui se demandent encore si la sélection des

dossiers lors de l’octroi de crédit se fait d’une manière objective

ou dépend de l’avis des notables ou des politiciens,

Les procédures de demande de crédit sont jugées lourdes et

compliquées. L’obligation de fournir une garantie est la plus

difficile à accepter car beaucoup de paysans ne sont pas

propriétaires des terrains qu’ils cultivent.

2.2. Les principaux problèmes des participants aux microfinances43

:

43

Dominique Gentil Iram, Politique agricole et politique de microfinance : divergences et synergies, atelier en janvier

2002 au Congo, page16-17

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55

L’absence de politique générale, pour le secteur microfinance, entraîne au niveau

national, un manque de coordination des actions (donc manque de cohérence et de compatibilité

des interventions) et une absence de schéma de développement ou de plan d’exécution.

Selon les organisations paysannes, cette absence de politique se traduit par des méthodes

de travail très différentes selon les acteurs et une mauvaise répartition des institutions de

microfinance au niveau national (existence de concentration).

Les promoteurs ont relevé certains problèmes qui découlent de ce constat :

les textes réglementaires ne sont pas toujours correctement appliqués,

beaucoup de perturbations au niveau de certaines régions où différents

opérateurs appliquent des méthodes d’interventions incompatibles.

Remèdes :

Pour y remédier, le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche prendra contact

avec le Ministère des Finances, de l’Economie et du Budget, afin de définir une stratégie de

coordination et de planification des interventions. En outre, ce rapprochement permettra de fixer

des échéances pour traduire les résolutions issues de l’atelier en actions concrètes à différents

niveaux et échelles géographiques et aboutira à l’élaboration d’une politique nationale en matière

de finances rurales.

L’inexistence d’un cadre réglementaire propice au développement des actions des

institutions mutualistes

Les institutions mutualistes disposent de la loi 96-020 régissant leurs activités. Les

institutions non mutualistes ne bénéficient pas encore d’un tel cadre. C’est pourquoi, depuis

quelques années, les institutions non mutualistes ont proposé la sortie d’un décret d’application de

la loi bancaire 95-03 qui fixerait leurs conditions de travail. Diverses versions de ce décret ont

circulé depuis 1998. Il y a lieu de sortir rapidement un texte pour combler ce vide juridique

préduciable aux institutions non mutualistes et à leurs clients. D’autant plus que cette situation les

prive d’un régime fiscal incitatif au même titre que les institutions mutualistes.

Il faudra faire en sorte que les propositions de décret puissent être menées à terme.

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56

Section 3 : « Portee Et Limite du Service Financier »

3.1. La politique de microfinance et la politique agricole : « intérêt

commun »44

La politique agricole et celle de la microfinance se concentrent assez largement sur

l’intérêt d’avoir une agriculture rentable, avec un minimum de risques ; des produits de qualité

trouvant un marché relativement stable et non saturé ; une bonne productivité ; une bonne qualité

de la « vulgarisation », de la formation du conseil en gestion si celui-ci est adapté et pas trop

coûteux), des réseaux de communication (y compris les fonctions de stockage et de transport).

La politique et la politique agricole devront donc donner des réponses aux trois

questions suivantes :

Comment minimiser les risques ?

Plusieurs institutions de microfinance ont développé des assurances pour assurer le

remboursement des prêts en cas de décès ou d’invalidité permanente de l’emprunteur. Une

réflexion et un certain nombre d’actions sont en cours sur les risques maladies (soit des

mutuelles de santé ou caisses de solidarité distinctes de l’IMF, soient des produits financiers

spécifiques au sein des IMF). Mais tout le monde reste démuni face aux aléas climatiques, aux

épizooties ou aux très fortes variations de prix. Des éléments existent (prévention, stockage,

fonds de garanties, annulations exceptionnelles des dettes, moratoires …) mais ils sont souvent

limités et leurs effets pervers bien connus.

Comment travailler ensemble pour faire le diagnostic critique de ce qui existe et

expérimenter de nouvelles approches.

Comment aider à la sélection des emprunteurs et des projets à financer ?

Il est bien sûr nécessaire de respecter les responsabilités de chacun : si l’agriculteur est trop

influencé par les « conseils » de vulgarisateur et si l’activité s’avère peu rentable, l’emprunteur

aura tendance à ne pas rembourser et à rejeter la faute sur le vulgarisateur.

Le financier doit également assumer ses risques selon ses propres critères (qualité de

l’emprunteur, de l’objet à financer, garanties …) Mais vulgarisateurs et conseillers de gestion

peuvent éclairer le choix, donner des avis techniques, organiser éventuellement des réunions ou

des services spécifiques (par exemple : vaccination) par groupe d’emprunteurs concernés par les

mêmes problèmes, pour s’assurer de leur maîtrise technique et de leur capacité de gestion.

Comment aider au suivi sélectif des emprunteurs ?

Avec le souci d’atteindre rapidement l’équilibre financier, les agents de crédit des IMF ont de

moins en moins de temps pour suivre les emprunteurs et comprendre les effets passifs et les

44

Dominique Gentil Iram, Politique agricole et politique de microfinance : divergences et synergies, atelier en janvier

2002 au Congo, page40-43

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57

difficultés.Un accord avec des spécialistes et du conseil de gestion ou des vulgarisateurs (avec

éventuellement une petite indemnité prélevée sur les taux d’intérêt) pourrait sans doute

permettre un suivi sélectif dont les résultats seraient par la suite généralisés à différents types

d’agriculteurs.

Le système doit être cependant simple et relativement peu coûteux pour rester opérationnel.

3.2. La Microfinance et l’externalité négative :

Malgré la contribution indéniable des institutions de microfinance dans le processus de

développement, il y a toujours des effets non souhaités qui peuvent se résumer en trois (3)

points45

:

Une nouvelle forme de domination :

L’utilisation des mécanismes basés sur des garanties solidaires (ou les membres d’un groupe se

portent mutuellement caution) a engendré une pression élevée sur les femmes et de nouvelles

formes de domination.

Le travail des enfants :

Dans la plupart des Pays en voie de développement, l’activité de nombreuses micro-entreprises

repose avant tout sur la main d’œuvre familiale et donc partiellement sur celle des enfants. Il ne

s’agit cependant pas de la forme la plus dégradante de travail et dans le nombreux cas, rien ne

permet même de dire que ce travail puisse être considéré comme de l’exploitation.

L’UNICEF estime que le travail d’un enfant peut être considéré comme de l’exploitation s’il

implique :

« un travail à plein temps à un âge trop précoce, trop d’heures consacrées au

travail »;

des travaux qui exercent des contraintes physiques, sociales et psychologiques

excessives ;

un travail et une vie dans la rue, dans des conditions peu salubres et dangereuses ;

une rémunération insuffisante ;

l’imposition d’une responsabilité excessive ; un emploi qui entrave l’accès à

l’éducation.

des atteintes à la dignité des enfants, comme l’esclavage ou la servitude, un travail

qui ne facilite pas l’épanouissement social et psychologique complet.

45

Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, page 37-38

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58

Le travail des enfants dans les micro-entreprises ne rencontre évidemment pas toutes ces

conditions. Cependant, pour certaines, il y a en tout cas matière à réflexion, d’autant plus que

dans certaines régions de Madagascar, il s’agit d’une de la principale forme de travail des

enfants.

Les impacts écologiques :

Les impacts écologiques des techniques utilisées par les micro-entreprises sont souvent positifs.

Les activités des micro-entrepreneurs se faisant à petite échelle et étant intensives en facteur de

travail, sont parfois abordées avec un certain romantisme hérité de la longue tradition du

« Small is beautiful ». Comme il s’agit par définition d’un mode de production décentralisé, on

l’envisage aisément comme un mode de production pouvant plus facilement s’inscrire dans une

logique de développement respectueuse de l’environnement, et visant à maintenir les ressources

naturelles afin de protéger les générations futures.46

.

Chapitre II : « La Microfinance et le Développement »

Section 1 : « Du point de vue micro-économique : « Une amélioration des

conditions de vie des micro-entrepreneurs »

1.1. La microfinance permet aux microentrepreneurs d’investir dans des

projets productifs :

La microfinance est généralement réservée aux micro-entrepreneurs. Toutefois, dans de

nombreux programmes, pour être considéré comme un client acceptable, un micro-entrepreneur

doit déjà disposer de son activité et avoir fait la preuve qu’il pouvait l’assumer.

Le micro-crédit n’est donc pas accessible à tous. La microfinance est aussi réservée à des

activités productives : artisanat, commerce, or les micro-crédits à l’habitat s’imposeraient souvent

comme un substitut équitable et efficace.

Les projets productifs qui génèrent un revenu plus que suffisant pour rembourser le crédit

obtenu et ses intérêt, sont surtout favorables pour des activités de commerce et d’artisanat. De

nombreuses recherches ont montré que si la question des services financiers est en effet

essentielle, elle n’est cependant pas la seule. Ainsi, d’autres difficultés entravent le bon

déroulement des opérations : manque de formation, problèmes d’approvisionnement en matières

premières, problèmes de commercialisation47

.

46

Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, page17

47

Pascal de Lima, La muicrofinance dans les pays en voie de développement : Etat des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, page 78

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59

1.2. L’amélioration des conditions de vie des divers microentrepreneurs

d’une communauté donnée doit déboucher sur l’amélioration des

conditions de vie de cette communauté :

Soit on estime que tous les individus d’une communauté peuvent potentiellement se

convertir en micro-entrepreneurs. Dans ce cadre, on suppose que lorsque l’on aura amélioré les

conditions de vie des micro-entrepreneurs la situation de toute la communauté se sera améliorée.

Soit on pense que l’amélioration de la situation de quelques uns aura des retombées

indirectes sur tous et profitera ainsi indirectement à toute la communauté.

Il nous semble exagéré d’imaginer que tous les individus des communautés défavorisées

des Pays en voie de Développement puissent potentiellement se transformer en micro-

entrepreneurs. Et qu’ils pourraient tous au moins, potentiellement, bénéficier des types de services

de microfinancement qui existent à l’heure actuelle.

Section 2 : « Du point de vue macro-économique » :

2.1. La microfinance : « un outil équitable de lutte contre la pauvreté »

La microfinance s’adresse-t-elle à tous les citoyens en situation de précarité économique ?

Certains affirment que non seulement la microfinance peut être utile aux plus démunis

mais aussi que cette population cible doit être son objectif prioritaire.

D’autres pensent que compte tenu de ses caractéristiques elle n’est probablement pas

destinée aux plus pauvres avec des situations précaires mais bien plus à ceux qui disposent de

projets susceptibles d’engager une rentabilité suffisante pour supporter le coût du service. La

microfinance est donc équitable si le projet est efficient.

2.2. Projection de la demande de service de microfinance à Madagascar :

Il y a une demande substantielle, effective et insatisfaite de micro finance à Madagascar.

La majorité de la population correspond au profil type des clients de la micro finance dans la

mesure où elle est48

:

pauvre (– 75% vivent en dessous du seuil de pauvreté et, en tant qu’ensemble,

Madagascar a été classé 153ème

sur 174 pays dans l’index de Développement

Humain de la Banque Mondiale de 1998 (utilisation des données de 1995)

48

Léon Ramamonjisoa, Financial Sector Review in Madagascar : Sub Sector Microfinance, mai 2000, page 193

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60

rurale (– 78% résident à la campagne et 82% gagnent au moins une partie de

leurs moyens de subsistance à partir de l’agriculture), et

dans le secteur informel (– 98% sont engagés dans des entreprises qui emploient

cinq personnes ou même moins, et qui sont généralement non déclarées, non

patentées et sans immobilisations qui peuvent être engagées comme

cautionnement pour des prêts).

Une bonne partie de cette majorité pauvre et rurale et appartenant au secteur informel n’a

pas accès aux services bancaires formels, créant ainsi un immense besoin de micro finance à

Madagascar.

II est également intéressant de noter que la majorité de la population rurale à Madagascar

est engagée dans une combinaison d’activités économiques agricoles et non agricoles, selon la

saison et les conditions du marché. Ceci donne au ménage une base économique diversifiée et

facilite les flux de revenus, ce qui fait de ces familles des clients potentiels attrayants pour les

services d’épargne et de crédit de la micro finance.

Sur la base d’expériences connues ailleurs, la tendance est davantage à une demande de

services d’épargne qu’à une demande de crédit de la part des ménages à faibles revenus et des

micros entrepreneurs du secteur informel. Avec ou sans accès aux banques, les gens font de

l’épargne pour satisfaire un certain nombre de besoins :

les cas d’urgence, en particulier en matière de santé ou de catastrophes

naturelles ;

des paiements indivisibles tels que les frais de scolarité et des améliorations du

logement ;

l’irrégularité des flux de revenus, généralement saisonniers ou cycliques ;

des opportunités d’investissement en affaires, généralement avec des délais de

réalisation court ;

des obligations sociales et religieuses telles que les rites de passage ou les

célébrations communautaires ; et

la vieillissement et l’incapacité, en particulier parce qu’il n’existe pas de système

de sécurité sociale publique.

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61

2.3. La microfinance et le développement national :

Les institutions de financement durables assurent la fourniture à long terme de services

essentiels pour ceux qui sont exclus habituellement des circuits formels de financement. Elles49

:

servent de sources formelles de financement pour les micros entreprises ;

offrent aux communautés des dépôts sûrs et rémunérateurs pour l’épargne des

ménages ; et

offrent des services financiers complémentaires tels que le transfert de fonds.

Si les institutions micro bancaires sont structurées efficacement, elles constituent des

intermédiaires financiers pour les citoyens à faible revenu, intégrant les marchés financiers

formels avec les marchés réels mais informels et offrant des services financiers à des

entrepreneurs et à des communautés qui n’ont pas accès aux banques. Elles permettent aux

pauvres d’accumuler des actifs par l’intermédiaire soit de la mobilisation d’épargne, soit

d’investissement productif par emprunts, et ainsi contribuent au développement économique

national par le biais de la croissance des revenus, de la création d’emplois et de meilleurs niveaux

de vie.

Les institutions de micro finance qui ont d’impact le plus large et au plus long terme sont

celles qui sont financièrement viables. Ceci signifie qu’elles peuvent couvrir tous leurs coûts, y

compris les dépenses de fonctionnement, le coût de la gestion des fonds et les pertes sur les

emprunts. Elles devraient aussi être capables de générer un modeste surplus pour leurs

réinvestissements dans de nouveaux produits, dans des systèmes de livraison et dans la

technologie. L’accent mis sur la viabilité, pour rendre des services de façon durable, favorise la

promotion d’une efficacité économique, et vise une diminution de la dépendance vis-à-vis des

ressources extérieures et crée la principale motivation positive pour que les épargnants déposent

leurs fonds (la confiance que leur épargne soit en sûreté) et que les emprunteurs remboursent leurs

prêts (avec un accès continu au capital).

Le Gouvernement malgache a formulé des politiques nationales pour promouvoir le

développement d’institutions de micro finance. Ceci est clairement exprimé dans le Document

Cadre de Politique Economique (DPCE) 1999 – 2001 et dans le Plan d’Actions pour le

Développement Rural (PADR) 1999 – 200250

. La micro finance figure parmi les volets essentiels

49

Dominique Gentil Iram, Politique agricole et politique de microfinance : divergences et synergies, atelier en janvier

2002 au Congo, page 50 50

DSRP, version finale en mai 2002, page 312

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62

des efforts du gouvernement pour réduire la pauvreté en finançant le secteur informel, avec un

accent particulier sur la promotion du développement rural et l’accès à des ressources financières

pour les groupes marginalisés.

Le reste de ce chapitre sera consacré à : i) une évaluation de l’état d’avancement de

l’exécution de la politique du Gouvernement, en comparant la projection de la demande de

services de micro finance à l’offre existante de ces services ; ii) une évaluation de la rentabilité et

de la potentialité de la reproduction à grande échelle des initiatives de micro finance entreprises à

ce jour ; et iii) des recommandations pour un développement plus avancé de la micro finance à

Madagascar.

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63

Chapitre III : « PERSPECTIVES »

Section 1 : « Au sein des institutions et du Service »

1.1. Evolution future des services de microfinance à Madagascar

1.1.1 Questions institutionnelles

Il est essentiel que le Gouvernement accueille favorablement l’introduction d’une gamme

de modèles institutionnels et de systèmes de livraison pour le développement de la micro finance à

Madagascar. La demande de services de micro finance est élevée, hétérogène et largement

insatisfaite. Il existe une ample opportunité pour des approches multiples, et la concurrence devrait

profiter au consommateur de micro finance en abaissant les coûts et en améliorant le service. Les

efforts pour appuyer les MEC devraient continuer, mais les attentes concernant la durabilité et

l’impact des MEC devraient être modestes compte tenu de l’expérience à Madagascar et ailleurs.

Le futur développement de la micro finance à Madagascar devrait être orienté par les trois

principes fondamentaux suivants51

:

la diversification institutionnelle ;

la différenciation des produits ; et

la segmentation du marché

Madagascar dispose des exemples de chacun des cinq types institutionnels majeurs : des

banques primaires, des banques à services limités ; des établissements financiers ; des associations

d’affiliation ; et des projet / ONG. Le défi consistera à développer les modèles auparavant laissés

de côté.

1.1.2. Hiérarchie des modèles institutionnels de microfinance, classes par

l’impact et par la durabilité des opérations

Les deux formes institutionnelles de micro finance ayant le plus grandes potentialités pas

encore réalisées à Madagascar sont les deux intermédiaires en micro finance qui ont les mieux

réussi dans le monde entier : les banques primaires à service complet et les banques à service

restreint.

51

Léon Ramamonjisoa, Financial Sector Review in Madagascar : Sub Sector Microfinance, mai 2000, page 203-204

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64

Les banques primaires

L’utilisation du système bancaire existant à Madagascar comme intermédiaire en

microfinance suppose que l’on facilite à la Caisse d’Epargne de Madagascar (CEM) et à la BTM-

BOA de servir davantage la majorité populaire sans accès bancaire.

La CEM a la capacité légale d’élargir ses services de micro finance orientés vers le

marché, et est prête à le faire, mais le lancement d’un volet de crédit est limité par le manque

d’autorisation réglementaire. Ceci, à son tour, attend la résolution des questions citées ci-dessus

(gestion de la CEM, etc.).

Ce qui est particulièrement urgent, c’est de commencer l’élaboration, les tests et

l’application de produits et de systèmes de livraison du crédit. Bien sûr, il ne sera pas facile de

lancer un volet de crédit à la CEM, s’agissant d’une activité tout à fait nouvelle et très difficile. La

CEM n’a cependant aucune mauvaise pratique de crédit à cesser et aucune histoire de prêts non

rentables. La clé consistera à identifier les risques de manière précise et à les gérer prudemment.

Ceci suppose une approche lente et étalée, liée à une formation intensive et à une adhésion stricte

à des normes prudentielles.

Les banques à services restreints

Le développement de banques ayant des licences restreintes comme intermédiaires en

micro finance est une autre pratique répandue à l’étranger. Ceci suppose l’exclusion de certains

types de service tels que les transactions en devises ou les dépôts à vue, ou la limitation des zones

de service, par exemple, à une localité géographique. A Madagascar, cela signifierait l’autorisation

d’un certain nombre de MEC financièrement viables, ayant une base financière large et stable

provenant de la mobilisation de l’épargne, pour se qualifier comme banques restreintes

autosuffisantes au niveau d’un village ou d’un marché.

En fait, les embryons de telles banques restreintes existent déjà à Madagascar.

Effectivement, il existe des MEC qui ne le sont que de nom, en particulier dans certains des

réseaux urbains OTIV et TIAVO. Dans ce cas, l’adhésion en tant que membre n’est qu’une

formalité et est considérée comme faisant partie du prix du crédit – les membres ne se connaissent

pas, ils ont peu de choses en commun et ils ne sont pas responsables des dettes des uns et des

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65

autres. La fonction principale des « réseaux » de tels MEC est la consolidation périodique des états

financiers.

1.2. Les éléments de la réussite

Si les conditions favorables au microcrédit sont présentées auparavant, la question qui se

pose est de savoir « qui devrait utiliser ces crédits ? ». L’idéal serait une institution de

microfinance locale solide, une banque décidée de travailler avec une clientèle pauvre, et une

organisation de microcrédit internationale efficace. Les institutions appropriées devraient

s’engager à respecter les quatre principes fondamentaux garantissant une bonne qualité de

microcrédit52

:

1) Offrir des services financiers à long terme : permanence ;

2) Atteindre un grand nombre de clients : taille,

3) Atteindre les pauvres : portée

4) Réaliser la pérennité financière

Une recherche a malheureusement révélé que les organisations existantes ne sont pas

solides et ne possèdent pas des priorités claires. Les banques sont rarement dotées de la

motivation et de la souplesse nécessaires pour s’adapter aux changements exigés par la

microfinance. Les opérateurs internationaux très performants –peu nombreux- ne peuvent pas agir

partout. Ils peuvent juger préférable d’éviter les environnements à risques ou à faibles chances de

réussite.

Dans ce genre de situation, les bailleurs de fonds peuvent décider d’encourager les

institutions actives en dehors du domaine de la microfinance. Une telle approche exige une

assistance technique importante et une évolution institutionnelle, l’objectif final étant la

formation d’une institution de microfinance durable. Le soutien financier devrait être lié à des

indicateurs de performance clairement définis et d’un suivi aisé. Les bailleurs de fonds devraient

accorder la priorité au renforcement d’une expertise et d’une initiative d’envergure nationale.

Lorsque les institutions offrent un ensemble de services financiers et non financiers, il est essentiel

de les séparer clairement au niveau opérationnel (client, système, comptabilité et gestion).

Les chances de succès du microcrédit sont plus élevées lorsqu’il fonctionne comme une

activité bancaire professionnelle, dispose de ressources importantes et a une perspective à long

terme.

52

Dominique ., Politique agricole et politique de microfinance : divergences et synergies, Atelier en 2002, page 30

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66

Le succès du microcrédit repose donc sur deux principes fondamentaux : la discipline au

niveau de la clientèle et la discipline institutionnelle.

La discipline au sein de la clientèle suppose que les pauvres assument la

responsabilité de leurs propres décisions et remboursent dans l’intégralité

les prêts consentis. Les pauvres qui respectent les dispositions du contrat

de crédit détiennent les moyens de prendre en charge leur avenir comme

l’a énoncé les fondateurs de la GRAMEEN BANK en 1998 : « L’octroi de

crédit sans discipline n’est rien de plus que de la charité. La charité ne

suffit pas à vaincre la pauvreté. La pauvreté est une maladie dont les effets

sont paralysants pour l’esprit et le corps. Une véritable programme de

réduction de la pauvreté aide les gens à se prendre en charge pour tenter de

percer les murs qui les entourent ». La discipline au niveau de la clientèle

est utile non seulement à un client concerné mais également aux autres

clients futurs et à l’institution de microcrédit. Les clients peuvent prospérer

lorsqu’ils ne sont pas contraints de rembourser la dette d’autres clients.

Les clients futurs prospèrent à mesure que le capital est constamment

recyclé pour atteindre toujours plus de ménages pauvres. L’institution de

microcrédit prospère lorsqu’elle arrive à couvrir ses coûts et à constituer

une base financière solide indépendante des subventions publiques.

La discipline institutionnelle désigne un ensemble de pratique

débouchant sur la pérennité du programme de financement, de la qualité

de service et l’efficacité des opérations. Ces pratiques imposent

notamment :

1) La facturation des taux d’intérêt qui couvre tous les coûts ; même en

cas d’ajustements effectués dans le cadre des dons et subventions

destinés à refléter un taux de marché du coût de financement ;

2) le remboursement intégral et dans les délais convenus, afin d’assurer

le suivi des remboursements de manière régulière et fréquente ;

3) la création de produits et des techniques de prestations de services

appropriés à la clientèle ;

4) l’investissement dans les systèmes d’informations de gestion offrant

au personnel et à la direction des indications adéquates au sujet des

décisions à prendre ;

5) d’offrir au personnel sur terrain des primes d’incitation,

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67

6) d’introduire une approche de décentralisation suffisante pour

faciliter la souplesse et la croissance à long terme ;

7) de prévoir dès le départ : la capacité, la croissance et la pérennité.

Ces concepts de discipline de la clientèle et de l’institution peuvent jouer un rôle de

révélateur : si la discipline au niveau de la clientèle ou de l’institutions semble trop contraignante,

ou impossible à mettre en ouvre dans une situation donnée, il est probable que la tentative de

l’institution de microcrédit est vouée à l’échec.

Section 2 : « Dans le cadre de développement »

2-1. La microfinance : au service d’un développement durable pour l’avenir ?

Les organisations de microfinances qui intègrent ces questions sont rares. Plus d’un

milliard trois cents millions de personnes vivent en dessous du seuil de la pauvreté (revenu

inférieur à 1 dollar par jour, 850 millions de personnes sont analphabètes, 260 millions d’individus

n’ont pas accès aux services médicaux. D’un côté, il s’agit d’un vecteur puissant pouvant

potentiellement apporter un plus indispensable à de nombreuses populations à faibles revenus,

d’un autre côté, il ne s’agit pas d’un outil « tout terrain » de lutte contre la pauvreté comme

certains semblent le désirer.

Les progrès53

Les populations à faibles revenus des pays en voie de

développement sont demandeurs de service financiers qui dépassent

le cadre d’un crédit. Il s’agit de l’épargne, de l’amélioration de

l’habitat, des investissements de reconstruction pour des rendements

à plus long terme (liés à des crises financières, guerres ou

catastrophes naturelles).

La microfinance doit trouver sa place dans le cadre plus

général des politiques de « développement durable ». Celle–ci

cherche à réaliser à l’échelle planétaire, notamment au moyen

d’instruments économiques, entre, d’une part, la satisfaction des

besoins des plus démunis auquel il convient d’accorder la plus

grande priorité, et d’autre part, le respect de la limitation de capacité

des charges de l’environnement les quelles sont aussi liées à l’état

de notre technologie et de nos institutions sociales, un processus

multidimensionnel qui exige que les individus aient accès à

53

Pascal de Lima, La microfinance dans les pays en voie de développement : Etats des lieux et perspectives, cours du

8 janvier 2004, page 60

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RAZAFINIMANANA Henintsoa Christian ~INSPECTEUR SENIOR / RESEAU TIAVO

68

certaines ressources et qu’ils disposent de certains droits. Or parfois,

on a l’impression que la microfinance est devenue un thème à la

mode et qu’elle génère des espérances excessives.

2-2. Développement de la petite épargne et des marchés financiers en milieu

rural :

Si l’on veut développer le système financier, il sera important de promouvoir le

développement des « marchés informels » efficaces et d’assurer leur intégration dans le système

financier formel54

.

Les principales mesures à prendre pourraient être les suivantes :

Créer un environnement réglementaire et juridique porteur pour les

petites mutuelles d’épargne.

Fournir à la demande un soutien limité au niveau local pour faciliter la

création de mutuelles d’épargne en constituant une association nationale

des mutuelles d’épargne gérée comme une ONG

Réorganiser et intégrer les programmes précédents de la BTM dans ce

cadre décentralisé.

Développer des liens contractuels entre les mutuelles d’épargnes et le

système des comptes d’épargne et des comptes courants postaux

réorganisés.

54

Banque Mondiale, Microfinancement : essentiel pour le développement et la réduction de la pauvreté Afrique,

Banque Mondiale, actualité, 1999 vol XV, 24,3

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69

CONCLUSION

En résume, on peut dire qu’il existe une demande considérable d’intermédiation financière

à Madagascar surtout au niveau de la microfinance. On a aussi constaté un besoin d’harmonisation

des surplus des capitaux provenant des ménages à faibles revenus afin que les opportunités

d’investissement pour les entrepreneurs des secteurs privés informels pourront être exploitées

d’une manière efficace pour que les dits surplus de capitaux offrent à toutes les parties concernées

un rendement juste : aux épargnants sous la forme d’un taux d’intérêt raisonnable, aux

emprunteurs sous la forme de gains accrus et à l’intermédiaire financier sous la forme de bénéfices

pour les services offerts.

Par ailleurs, la politique agricole et la politique de Microfinances ont tout intérêt à

développer leur synergie, tout en prenant en compte leur autonomie relative et leur spécificité. La

Microfinance peut financer les exploitations agricoles aussi bien sur le court terme que sur le

moyen et long terme. Il est préférable d’adresser aux banques les demandes de financement des

campagnes d’intrants et de commercialisation et les investissements importants « des grands

planteurs » (même si des formules de cofinancement peuvent être envisagées).

En somme, il est indéniable que la microfinance devient un outil favorable au

renforcement de capacité des pauvres malgré l’insuffisance du taux de couverture dans des

régions à forte demande potentielle.

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Annexe I

Evolution des activités des IMFs Mutualistes de 1996 à 2002

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Nombres de Caisses 160 205 148 271 336 353 338

Nombre se Membres 18.063 29444 47.472 60.775 92.946 116.977 135.305

Encours d’épargne (en

millions fmg)

968 2870 6400 9595 33083 55.749 51.859

Encours de crédits (en

millions fmg)

7.737 11.448 16.583 23.517 37.813 46.301 56.060

(Source : Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes)

Annexe II

Evolution des activités des IMFs Mutualistes au cours de l’année 2002

(en millions fmg)

31/03/02 30/06/02 30/09/02 31/12/02

Nombres de Caisses 358 359 363 338

Nombre se Membres 121.615 123.156. 129.407 135.305

Encours d’épargne (en millions fmg) 57.048 56.014 54.652 51.859

Encours de crédits (en millions fmg) 41.018 45.656 58.617 56.060

(Source : Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes)

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71

Annexe III

Evolution des activités des IMFs Mutualistes au cours de l’année 2002

APEM

CARITAS

APEM

PAIQ

SIPEM VOLA

MAHASOA

Encours de crédit (en millions fmg) 300 222 5.967 1.288

Volume d’octroi (en millions fmg) 350 440 8.538 3.811

Nombres de bénéficiaires 1.036 1.036 531 5.871

(Source : Association des Institutions Financières non Mutualistes)

Annexe IV

Résultats dans le domaine du microcredit pour l’année 2003

APEM/

SIPEM

APEM/vola

Mahasoa

APEM/

CARITAS

APEM/

PAIQ

APEM/

AVITE

CR

TOTAL

Montants décaissés

(en millions fmg)

12.585 4.886 203 737 50 18.531

Nombre de clients 753 5.200 422 1.796 120 8.340

Crédits moyen client

(en millions fmg)

16.714 940 480 413 420

Taux de

recouvrement

98,68% 96% 98% 97,44% Non échu

(Source : Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar)

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72

Annexe V

Tableau : Structure financière au 31 décembre 1999

Source : (Programme des Nations Unies pour le Développement, 2002) EPARGNE

INSTITUTION COMPTES VALEUR

Mutuelles d’épargne et de crédit

(MEC) Nombre Part

Fmg

millions Part

AECA (Nombre de comptes=N. de

membres)

CECAM (Nombre de comptes= N.

de membres)

OTIV (Nombre de comptes=N. de

membres)

ADEFI

TIAVO (Nombre de comptes=N. de

membres)

Sous total

3.146

25.105

28.388

0

4.452

61.091

0,5%

4,2%

4,8%

0,0%

0,8%

10,3%

63,8

2.252.2

12.708,6

0,0

875,9

15.900,5

0,0%

1,0%

5,7%

0,0%

0,4%

7,2% BANQUES

CEM

BTM-BOA (10 agences de micro

finance

Sous total

517.414

14.974

532.388%

87,2%

2,5%

89,7%

150.237,8

55.421,0

205.658,8

67,8%

25,0%

92,8% Autres

SIPEM

EAM

Volamahasoa

Sous total

0

0

0

0

0,0%

0,0%

0,0%

0,0%

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0%

0,0%

0,0%

0,0% TOTAL 593.479 100,0% 221.559 100,0%

CREDIT

INSTITUTION PRETS Valeur

Mutuelles d’épargne et de crédit

(MEC)

Nombre Part Fmg

millions

Part

AECA

CECAM

OTIV

ADEFI

TIAVO

Sous total

1.829

8.736

2.745

497

17.823

6,5%

30,9%

14,2%

9,7%

1,8%

63,0%

510,3

11.192,9

5.840,6

9.313,6

604,8

27.462,2

1,0%

22,0%

11,5%

08,3%

1,2%

53,9% BANQUES

CEM

BTM-BOA (Nombre de prêts= N.

de bénéficiaires, incl.98/99&99/00 ;

excel, MEC)

Sous total

0

9.544

9.544

0,0%

33,8%

33,8%

0,0

16.916,6

16.916,6

0,0%

33,2%

33,2%

Autres

SIPEM

EAM (31/12/98) (Nombre de prêts=

N. de groupes)

Volamahasoa (31/12/98) (Nombre

de prêts=N. de groupes)

378

184

347

1,3%

0,7%

1,2%

2.900,0

3.267,0

368,0

5,7%

6,4%

0,7%

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73

Sous total 17.823 3,2% 6.535,0 12,8%

TOTAL 28.276 100% 50.913,8 100%

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74

GLOSSAIRE

ACCS Association de Crédit à Caution Solidaire

ADEFI Action pour le Développement et le Financement des micro entreprises

AECA Association d’Epargne et de Crédits Autogérées

AGR Activités génératrices de Revenus

AIM Association des Institutions Financières non Mutualistes

APEM Association pour la Promotion de l’Entreprise à Madagascar

APIFM Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

BCM Banque Centrale de Madagascar

BOA / BTM Bank of Africa Madagascar / Bankin’ny Tantsaha Mpamokatra

CA Conseil d’Administration

CECAM Caisse d’Epargne et de Crédit Agicole Mutuels

CEM Caisse d’Epargne de Madagascar

CGP Cellule de Gestion de Projet

CIDR Caisse Internationale de Développement et de Recherche

CSBF Commission de Supervision Bancaire et Financière

DID Développement International Desjardins

EAM Entreprendre à Madagascar

GCV Groupements Communs Villageois

IFM Institutions Financières Mutualistes

IMF Institutions de MicroFinance

MADIO Madagascar – Dial – Instat – Orostom

MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche

MEC Mutuelle d’Epargne et de Crédit

MEFB Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget

ONG Organisations Non Gouvernementales

OP Organisations Paysannes

OTIV Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola

PMF Projet MicroFinance

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

SAHA Inter coopération suisse

SIPEM Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à

Madagascar

SFD Systèmes Financiers Décentralisés

TIAVO Tahiry Ifamonjena Amin’ ny Vola

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UE Union Européenne

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

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http:// www.lk-oi.com/apifm; « Les APIFMs », mis à jour 2003 ;

http://www.madagascar-contacts.com/microfinance ;« Le contexte malgache »,2003