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1 SOMMAIRE A la Une Migrations en Europe centrale Tremblement de terre Actualité Hollande, Moldavie Economie Photos d'actualité Société Evénements Religion Destins, A savoir Insolite, Page photos Connaissance et découverte Eminescu Culture Mihail Sebastian Théâtre, Cinéma Mémoire Histoire, Francophonie Souvenirs Carnet de route Bonnes adresses Humour Infos pratiques Coup de coeur Numéro 98 - novembre-décembre 2016 Lettre d’information bimestrielle L es Roumains sont appelés à élire leurs parlementaires le 11 décembre. Vont-ils confirmer leur audace de la présidentielle de 2014 lorsque, contre toute attente, ils ont porté à leur tête le candidat de l'opposition démocra- tique, Klaus Iohannis ? Ce coup de tonnerre avait redonné l'espoir d'un véritable chan- gement de cap, témoignant de la volonté d'une majorité de la population de s'ancrer définitivement aux valeurs occidentales. La suite a été plus chaotique, le nouveau pré- sident, entravé dans son action par un parlement hostile, dominé par l'ancienne nomenklatura, n'ayant pas les mains libres pour conduire sa propre politique. Les circonstances l'ont toutefois tragiquement servi, voici un an. Le drame de l'in- cendie de la discothèque Colectiv, provoquant la mort de près de 70 jeunes, a provo- qué un véritable choc dans l'opinion, mettant à nu la corruption et l'incompétence des autorités d'alors, entraînant la démission du gouvernement Ponta. Dacian Ciolos, le nouveau Premier ministre, jeune, Européen et ouvert, a pris le relais à la tête d'une équipe technocratique de transition, le PSD (ex Iliescu) préférant prendre du champ pour se refaire une santé, alors que les mises en examen de ses membres, et parmi la classe politique, semaient la panique dans ses rangs, se multipliant sous l'impulsion de la DNA (Direction nationale Anti-Corruption) et sa figure de proue, Laura Kovesi. Une sorte de trêve s'est alors installée, mais l'armistice touche à sa fin. Les Roumains vont, cette fois-ci, devoir choisir: retour en arrière en rappelant aux com- mandes les hommes du passé, ce qui exaspère les jeunes générations, ou marche en avant, qui effraie toujours dans les campagnes. L'enjeu du 11 décembre est donc de taille. Il s'agit de savoir si les Roumains vont enfin donner au chef de l'Etat une majorité lui permettant de gouverner avec les cou- dées franches, de restaurer pleinement l'état de Droit dans une démocratie moderne, ou rester dans le flou, comme c'est le cas depuis la chute du communisme, cultivant nostalgie et privilèges, un pied embourbé dans les pesanteurs de l'ancien système. La partie est loin d'être gagnée pour les partisans d'une Roumanie résolument tournée vers l'avenir, comme l'ont montré les élections locales de juin dernier où les héritiers de la nomenklatura ont conservé, et parfois même renforcé, leurs places for- tes, administrant toujours la capitale. Aujourd'hui, s'il ne vient plus à personne l'idée de remettre en cause la légitimi- té d'un scrutin dans le pays - et c'est un pas considérable - il y a cependant un autre vote à prendre en considération… celui qu'expriment avec leurs pieds, les jeunes générations ou même les actifs qui, toujours aussi nombreux, vont chercher fortune ailleurs. Les résultats du 11 décembre vont peser lourd dans leur réflexion pour savoir s'ils peuvent envisager un jour de revenir au pays. Henri Gillet Marche avant… ou marche arrière? 2 et 3 4 et 5 20 à 23 24 et 25 26 et 27 28 et 29 30 à 32 33 34 et 35 36 et 37 38 et 39 40 à 43 44 et 45 46 à 55 56 et 57 58 59 60 NOUVELLEs ROUMANIE Les de 6 à 12 13 à 18 19

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SOMMAIRE

A la Une

Migrations en Europe

centrale

Tremblement de terre

Actualité

Hollande, Moldavie

Economie

Photos d'actualité

Société

Evénements

Religion

Destins, A savoir

Insolite, Page photos

Connaissance

et découverte

Eminescu

Culture

Mihail Sebastian

Théâtre, Cinéma

Mémoire

Histoire, Francophonie

Souvenirs

Carnet de route

Bonnes adresses

Humour

Infos pratiques

Coup de coeur

Numéro 98 - novembre-décembre 2016

Lettre d’information bimestrielle

Les Roumains sont appelés à élire leurs parlementaires le 11 décembre.Vont-ils confirmer leur audace de la présidentielle de 2014 lorsque, contretoute attente, ils ont porté à leur tête le candidat de l'opposition démocra-

tique, Klaus Iohannis ? Ce coup de tonnerre avait redonné l'espoir d'un véritable chan-gement de cap, témoignant de la volonté d'une majorité de la population de s'ancrerdéfinitivement aux valeurs occidentales. La suite a été plus chaotique, le nouveau pré-sident, entravé dans son action par un parlement hostile, dominé par l'anciennenomenklatura, n'ayant pas les mains libres pour conduire sa propre politique.

Les circonstances l'ont toutefois tragiquement servi, voici un an. Le drame de l'in-cendie de la discothèque Colectiv, provoquant la mort de près de 70 jeunes, a provo-qué un véritable choc dans l'opinion, mettant à nu la corruption et l'incompétence desautorités d'alors, entraînant la démission du gouvernement Ponta. Dacian Ciolos, lenouveau Premier ministre, jeune, Européen et ouvert, a pris le relais à la tête d'uneéquipe technocratique de transition, le PSD (ex Iliescu) préférant prendre du champpour se refaire une santé, alors que les mises en examen de ses membres, et parmi laclasse politique, semaient la panique dans ses rangs, se multipliant sous l'impulsion dela DNA (Direction nationale Anti-Corruption) et sa figure de proue, Laura Kovesi.

Une sorte de trêve s'est alors installée, mais l'armistice touche à sa fin. LesRoumains vont, cette fois-ci, devoir choisir: retour en arrière en rappelant aux com-mandes les hommes du passé, ce qui exaspère les jeunes générations, ou marche enavant, qui effraie toujours dans les campagnes.

L'enjeu du 11 décembre est donc de taille. Il s'agit de savoir si les Roumains vontenfin donner au chef de l'Etat une majorité lui permettant de gouverner avec les cou-dées franches, de restaurer pleinement l'état de Droit dans une démocratie moderne,ou rester dans le flou, comme c'est le cas depuis la chute du communisme, cultivantnostalgie et privilèges, un pied embourbé dans les pesanteurs de l'ancien système.

La partie est loin d'être gagnée pour les partisans d'une Roumanie résolumenttournée vers l'avenir, comme l'ont montré les élections locales de juin dernier où leshéritiers de la nomenklatura ont conservé, et parfois même renforcé, leurs places for-tes, administrant toujours la capitale.

Aujourd'hui, s'il ne vient plus à personne l'idée de remettre en cause la légitimi-té d'un scrutin dans le pays - et c'est un pas considérable - il y a cependant un autrevote à prendre en considération… celui qu'expriment avec leurs pieds, les jeunesgénérations ou même les actifs qui, toujours aussi nombreux, vont chercher fortuneailleurs. Les résultats du 11 décembre vont peser lourd dans leur réflexion pour savoirs'ils peuvent envisager un jour de revenir au pays. Henri Gillet

Marche avant… ou marche arrière?2 et 3

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Les NOUVELLES de ROUMANIE

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A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Migrations

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Alors que les attaques contre les réfugiés se sontmultipliées dans les Lander d'ex-RDA depuis l'ar-rivée d'un million de migrants dans le pays en

2015, cette région ne pourra trouver des "perspectives de déve-loppement", que si "les gens qui y habitent se sentent à la mai-son et peuvent participer à la vie sociale", avertit le rapport.

Ce message pourrait s'appliquer à l'ensemble des paysd'Europe issus de l'ancien bloc communiste, tant le scepticis-me face à l'immigration est un trait commun partagé dans larégion. Avec le rejet de l'homosexualité, c'est un des raressujets de société qui séparent encore les valeurs de la "nouvel-le Europe de "l'ancienne".

Pour 52 % des Hongrois, 46 % des Tchèques et 42 % desSlovaques, l'immigration extra-européenne suscite une réac-tion "très négative", selon le dernier Eurobaromètre, alors quece n'est le cas que chez 20 % des Allemands ou 25 % desFrançais. Dans ces pays qui n'ont connu presque aucune immi-gration avant la chute du Mur et depuis 1989, la xénophobieexiste jusqu'au plus haut niveau de l'Etat. Les propos des diri-geants hongrois, slovaques ou tchèques quand ils estiment que"l'islam n'a pas de place" dans leur pays ou que les migrantssont "un poison" tomberaient probablement sous le coup de laloi pour incitation à la haine raciale en France.

La Roumanie devrait perdre

4,3 millions d'habitants d'ici 2050

Cette xénophobie est souvent d'autant plus forte qu'elles'accompagne d'une crise démographique profonde, fruit d'unenatalité en berne et d'une émigration massive.

Selon les projections démo-graphiques des Nations unies(ONU) de 2015, les dix pays dumonde qui perdront le plus depopulation d'ici à 2050 sonttous situés en Europe centrale.La Pologne devrait perdre 5,5millions d'habitants, la Bulgarie2 millions, la Roumanie 4,3, laHongrie 1,5… alors que laFrance devrait en gagner 6,7 etle Royaume-Uni, 10,5! Sil'Allemagne doit perdre de lapopulation, la vague migratoirede 2015 pourrait complètementinverser cette tendance. PourEurostat, sans immigration, la population européenne dimi-nuera de plus de 100 millions de personnes d'ici à 2080.

Mais si l'angoisse démographique est une préoccupationpolitique majeure dans tous les pays d'Europe de l'Est, ceux-ci

refusent presque tous de considérer cette solution. Ils préconi-sent plutôt des mesures pro-natalité. Avec un succès d'autantplus limité qu'ils privilégient des solutions d'arrière-garde plu-tôt que des mesures favorisant l'activité des mères.

La Hongrie offre ainsi jusqu'à 30 000 euros aux parents detrois enfants qui veulent acheter une maison, mais cela n'a pasinversé la tendance. Et, en Pologne, les promoteurs de l'inter-diction totale de l'avortement assurent qu'elle pourra relancerla natalité. Concernant l'immigration, les Polonais ne veulentbien que des Ukrainiens et les Hongrois acceptent leurs mino-rités situées dans les pays voisins, des populations elles-mêmes en plein déclin.

Une Europe de l'Est qui vieillit et s'atrophie

La proximité linguistique ou l'histoire coloniale communedes immigrés d'Europe de l'Ouest avec leur pays d'accueil n'estqu'un prétexte: les Turcs ont bien émigré outre-Rhin sans avoirune histoire coloniale ou une langue en commun avec lesAllemands.

Dans ces conditions, la seule chose qui pourrait faire chan-ger d'avis les pays d'Europe centrale est bien leur développe-ment économique. Douze ans après le premier élargissementde l'Union européenne à l'Est, la plupart de ces Etats ont béné-ficié des fonds européens, des délocalisations industrielles etde l'émigration de leur jeunesse.

La République Tchèque, la Hongrie ou la Pologneconnaissent une situation de quasi-plein-emploi. A tel pointque le départ de centaines de milliers de leurs jeunes vers lespays d'Europe de l'Ouest génère des manques de main-d'œuv-

re et d'élites qualifiées. Avec laplus grande précaution, le patro-nat hongrois a affirmé qu'il allaitfalloir trouver vite des milliers debras supplémentaires pour rem-plir ses usines à bas coût. Leministre de l'économie a d'abordsemblé l'entendre, avant d'êtrecontredit par Viktor Orban et dese montrer nettement plus prudentà l'approche du référendum anti-migrants organisé dans le pays 2octobre et que le gouvernement aperdu. Les patrons d'ex-Allemagne de l'Est ont les mêmespréoccupations pour les usines de

Saxe. A ce titre, les autorités allemandes ont raison de se pré-occuper de "l'ouverture sur le monde" de ces régions.

Une Europe de l'Est qui vieillit et s'atrophie n'aura proba-blement aucune chance d'attirer les investissements de demain,

Paix sociale et développement

pourtant cruciaux pour l'avenir du continent et la montée engamme de ces économies. On n'attire pas des start-up, desingénieurs et des cadres du monde entier avec des maisons deretraite et des discours nationalistes. Même si les leaderslocaux rejettent bien souvent le métissage, leurs jeunessesn'hésitent d'ailleurs pas un seul instant à aller travailler auxcôtés des immigrés "économiques" extra-européens dans lesusines allemandes, britanniques ou autrichiennes.

La menace terroriste, la progression de l'islam ou les fric-tions culturelles, censées faire de l'Europe de l'Ouest un enfer,ne semblent pas les freiner. On peut espérer que ces centainesde milliers de jeunes Européens de l'Est rentreront un jourchez eux en ayant appris la diversité… A moins que l'Europede l'Ouest sombre dans le même temps vers le repli sur soi. Acet égard, le Brexit est un signal inquiétant.

Jean-Baptiste Chastand (Le Monde)

économique menacés

de l'Europe centraleL'aveuglement migratoire

Les six premiers avions de chasse F-16, achetés d'occasion par la Roumanie à l'armée portugaise, ont atterri le 29 octo-bre à la base militaire de Fetesti. Cela faisait deux ans que les pilotes roumains étaient en formation sur ces modèles.Au total, Bucarest a fait l'acquisition de douze avions de ce type, pour la somme de 682 millions d'euros. Bucarest

dispose actuellement d'une trentaine de Mig-21 LanceR de conception soviétique et moins performants que les F-16. Un program-me de modernisation de ces appareils avait été entrepris en 1995. C'est pour compléter et commencer à remplacer cette flotteaérienne vieillissante que la Roumanie a décidé en 2013 d'acquérir de nouveaux avions de chasse. Malgré les offres des produc-teurs européens Gripen, Eurofighter et Rafale pour des appareils neufs, Bucarest avait choisi à l'époque d'acheter douze F-16 amé-ricains reconditionnés au Portugal. Et le ministre de la Défense avait annoncé en début d'année que son pays avait l'intention d'enacheter très bientôt douze autres.

Les F-16 portugais désormais roumains

Trois grandes villes roumainessont actuellement gérées pardes maires accusés de corrup-

tion ou de blanchiment d'argent, assignésà résidence ou détenus en prison. Qu'est-ce qui pousse les habitants à élire de telscandidats, s'interroge le site roumainPressOne ?

Lia Olguta Vasilescu a été arrêtée le30 mars 2016. Accusée de blanchimentd'argent et de trafic d'influence, elle s'estretrouvée empêtrée dans une affaire ausujet d'un concert de Goran Bregovicorganisé en 2012 et financé par une socié-té privée. Le lendemain de son arresta-tion, Lia Olguta Vasilescu a été condam-née à trente jours d'assignation à résiden-ce. Aux dernières élections locales (juin2016), Olguta Vasilescu (photo) a étéélue maire de Craiova.

Gabriel Chereches, maire de BaiaMare (au centre, ville candidate au titrede capitale européenne de la culture en2021), était en prison depuis le27 avril, pour corruption. Depuisle 10 août, il est lui aussi auxarrêts domiciliaires et le resterajusqu'à la reprise de son procès.

Tudor Pendiuc (à droite,favori des dernières électionsmunicipales de Pitesti, a échouéà seulement quelques voix près.

Il avait été arrêté en novembre 2014, lors-qu'il était encore maire, et a fait neuf moisde prison. Libéré en août 2015, affaiblipar des problèmes de santé, il a été placésous contrôle judiciaire. Tous condamnéspour des affaires de corruption, cettefemme et ces hommes politiques ontcomme autre point commun d'avoir étélargement plébiscités par la population,rapporte le site roumain PressOne.

Les gens pardonnent

facilement, à une condition...

Les électeurs sont-ils atteints du syn-drome de Stockholm, "ce sentiment quipousse les gens de Baia Mare à aimerleur bourreau", s'interroge un blogueurde Baia Mare. Pourquoi vote-t-on doncpour des maires corrompus? A la ques-tion, PressOne répond:

Les gens pardonnent facilement lesméfaits s'ils ont l'impression qu'eux aussi

en tirent des bénéfices". Pendant la campagne, Gabriel

Chereches, qui a été élu avec 70 % dessuffrages, a orchestré l'envoi, depuis saprison, d'une vingtaine de communiquésadressés aux habitants et se terminanttous par les mots "JE VOUS AIME", rela-te PressOne. "Chereches a aussi offert àses concitoyens des trottoirs en asphalteet fait construire des nombreuses statuesdans l'espace public. Malgré le fait qu'ilsoit actuellement domicilié au péniten-cier de GherlaIl, il semble être lemeilleur candidat."

A Craiova, dans le sud du pays,qu'importe le fait que Craiolguta (surnomdonné au maire, Olguta, signifiant reineOlguta) soit condamnée pour trafic d'in-fluence et soit connue pour avoir touchédes nombreux pots-de-vin. Pour les habi-tants, ce qui compte c'est… la culture,souligne encore Press One. "Les [gens]sont contents (…) parce que les musées

sont restaurés et que WilliamShakespeare a sa statue (la villeest jumelée avec Stratford-upon-Avon, la ville natale du poète)".Ce qui compte, finalement,expliquent les retraités interro-gés, c'est que "la culture n'a rienà faire avec la politique".

Iulia Badea

Ces maires corrompus plébiscités par les électeurs

C'est le très observé rapport annuel sur l'état de l'unité allemande qui a lancé l'alerte fin septembre. Dans l'ex-

Allemagne de l'Est (RDA), la progression de "la xénophobie, de l'extrême droite et de l'intolérance" ne met pas seulement

en danger "la paix sociale", mais aussi le développement économique".

A l’Est, on ne veut pas accueillir les réfugiés, alors qu’une partiede la population active s’est installée dans les pays occidentaux

et que l’on y manque parfois de main d’oeuvre.

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

Une dizaine de Roumains victimes du tremblement de terre d'Amatrice

Une Roumaine prise dans le tremblement de terred'Amatrice en Italie a sauvé deux vieilles person-nes dont elle s'occupait, âgées de 80 et 100 ans.

"La maison a glissé avec le terrain comme une luge, mais ellea résisté. J'ai prié pour rester en vie et entière ou de mourirsur place" a-t-elle confié. "J'avais un terrible sentiment d'im-puissance parce que je ne pouvais rien faire pour les autre".

Eleonora travaillait au noir comme de nombreuxRoumains établis dans la région. Elle aura eu plus de chanceque ses onze autres compatriotes qui ont péri, quatre-cinq aut-res n'ayant pas été retrouvés. La Roumaine travaillait dans lamaison de vacances de ses employeurs, une habitation de plusde cent ans, dans un village isolé aupied de la montagne. Après le tremble-ment, elle s'est réfugiée avec ses deuxpatronnes dans une voiture, les tirantde leurs lits, attendant les secours,.

"J'ai entendu un grondement vers3 heures du matin. J'ai ouvert la fenêt-re et j'ai vu des jeunes qui faisaientune course de voitures. Ce n'était pasla première fois. Je me suis recouchéemais un bruit infernal a éclaté. J'aipensé qu'un engin agricole avait percuté la maison. J'ai dégrin-golé l'escalier quatre à quatre pour voir les dégâts quand touts'est mis à trembler. A travers la fenêtre, j'ai cru que la monta-gne avançait vers nous pour nous engloutir, dans une immen-se plainte. Nous étions à peine sortis, que le toit, puis tous lesmurs, commençaient à s'effondrer. J'ai quand même foncé dansla maison pour récupérer les médicaments de mes patronnes -une a du diabète - leurs lunettes, leurs pampers, de l'argent, le

téléphone portable. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleu-rer… mais alors que tout s'écroulait autour de moi, je m'accro-chais à mon sac à mains comme si je voulais le sauver. Nousavons attendu toutes les trois serrées comme des sardines dansla voiture, jusqu'à l'aube.

"Notre maison était encore la seule debout"

Le téléphone a sonné. C'étaient des parents de Rome quinous ont dit qu'ils accouraient. Je suis rentrée dans la maisonpour leur préparer un café… mais il n'y avait plus de gaz.L'électricité marchait par contre. J'ai allumé la télé et déjà ils

passaient des images de chez nous.C'est seulement à ce moment là que jeme suis rendu compte que je m'étaistordue la cheville. Je suis partie à larecherche des voisins. Notre maisonétait la seule encore debout. La phar-macienne, chez qui j'allais souventpour mes petites vieilles, le boucher,le serveur du bar, toutes des personnesgentilles avec lesquelles on préparaitensemble la fête du village étaient

sous les décombres. On les a retrouvées mortes. J'ai pensé que si j'avais été à leur place, personne ne m'au-

rait reconnue car je n'ai pas de famille ici. Je travaillais au noirpour 350 euros par mois afin de payer ma maison enRoumanie. J'ai appris qu'il restait deux orphelines à Amatrice,un garçon plus âgé et une fillette. Comme je n'ai personne aumonde, je voudrais bien m'occuper de la petite, l'adopter…mais pour çà, il faudrait que je retrouve du travail".

SéismesBucarest, capitale la plus exposée du sud-est de l'Europe

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Le Premier ministre que KlausIohannis proposera au nou-veau Premier ministre, à la

suite des élections législatives du 11décembre, qui appartiendra à un partipolitique. C'est ce qu'a fermement préciséle président roumain aux journalistes. Leprochain gouvernement sera donc poli-tique, ''ce qui veut dire que chacun de ces

membres représentera un parti'', a-t-ilajouté. Le président n'a toutefois pas pus'empêcher d'avouer sa sympathie pourl'actuel chef du gouvernement, DacianCiolos, et sa politique. ''Mais qu'il décla-re au moins une sympathie, une adhésionou une préférence pour le parti aveclequel il pourrait collaborer dans le futur,après les élections parlementaires'', a

complété le Président. Nommé ennovembre dernier à la suite de la démis-sion du PSD (nomenklatura) VictorPonta, Dacian Ciolos, qui a été commis-saire européen à l'agriculture entre 2010et 2014, n'a jamais été inscrit dans unparti politique et a annoncé à plusieursreprises ces dernières semaines qu'il nesouhaitait toujours pas le faire.

Parallèlement à cette forte secousse, une commissiond'enquête a établi que plus de la moitié des 600 édi-fices directement menacés par ce phénomène se

trouvaient à Bucarest. Les autorités ont avoué être incapablesde faire face à une situationd'urgence de ce type.

Les murs ont tremblé suffi-samment pour rappeler des trèsmauvais souvenirs auxBucarestois, samedi matin,alors que la ville était endormie.''Les secousses m'ont réveillée,mais au début, je croyais qu'unvoisin s'était mis à taper sur lesmurs, explique Anca, une jeuneBucarestoise qui vit dans lequartier de Pandurii. A l'entrée,les clefs ont bougé faisant unbruit métallique effrayant''.

D'abord annoncé à 5,6 degrés, la magnitude du tremble-ment de terre a été revue à 5,3 degrés par l'Institut national dephysique de la terre (INFP).

Les autorités ne sont pas prêtes

Selon le ministère du Développement régional, Bucarestest la métropole la plus exposée du sud-est de l'Europe en casde séisme.

Quelque 183 immeubles sont inscrits dans la catégorie derisque la plus élevée et représentent un danger public, selon lesclassifications officielles. Et 173 autres bâtiments présententde sérieux doutes quant à leur résistance en cas de tremble-ment de terre important. Dans une carte des quartiers les plusexposés à des dégâts matériels, faite par le quotidien en ligneGândul.info, il ressort que le nord (Otopeni, Piata Presei

Libere et Baneasa) et l'est (Pantelimon) de la capitale seraientles zones les plus touchées par les secousses, le sud étantconsidéré comme la zone la plus préservée.

Après l'incendie tragique de la discothèque Colectiv, qui acouté la vie à une soixantainede personnes en octobre 2015,les autorités ont accentué lesnormes liées à la sécuritépublique dans les bâtiments àrisques. Mais l'absence d'unepolitique forte dans ce domainedurant ces vingt dernièresannées rend l'ampleur du travailtitanesque.

En effet, sur les 2575 bâti-ments expertisés depuis 1990,seulement 75 ont été consoli-dés, alors que le nombre de

ceux qui ont été considérés comme sûrs est de 145. Dans cesconditions, un tremblement de 7,6 degrés sur l'échelle deRichter, comme en 1977 (photo), aurait des effets désastreux.D'autant plus que les autorités ne sont pas prêtes.

L'Inspectorat général pour les situations d'urgences, censéêtre en première ligne lors d'une catastrophe de ce genre, a déjàaverti que le niveau d'équipement de ses équipes était large-ment insuffisant. Le chef du Corps de contrôle du Premierministre, Valentin Mircea, a d'ailleurs été clair sur le sujet. Uneheure après le séisme, il a publié le commentaire suivant surson compte facebook : ''Si ce tremblement de terre avait été unexercice de préparation pour un séisme plus important, ilaurait complètement échoué dans ces deux aspects élémentai-res: l'information du public et la coordination rapide de laréaction''. Heureusement, aucun dégât matériel et humain n'està déplorer cette fois-ci.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Il y a de l'eau dans le gaz entre laRoumanie et la Russie suite à ladonation de 100 euros effectuée

par l'Ambassade de Russie dans le cadrede la campagne autour du rachat de laSagesse de la Terre de Brâncusi. LesRoumains, visiblement, n'ont pas appré-cié "le geste".

Ce geste déchaîne les passions égale-ment sur le terrain diplomatique. Lasculpture de Brâncusi ravive en effet desdivergences en matière de vision de l'his-toire entre la Roumanie et la Russie.

Des Roumains ont annoncé via lesréseaux sociaux vouloir manifesterdevant l'Ambassade de Russie en réactionà cette donation de 100 euros de la part del'Ambassade de Russie, jugé infâmant,

pour le retour en Roumanie de la célèbreoeuvre de Brâncusi.

Sur la page de l'événementFacebook, il était mentionné que lesRoumains "se sentaient offensés par ladonation russe et qu'ils comptaient ainsiretourner l'argent en centimes afin de nerien devoir du tout aux Russes".

Les Roumains ont semble-t-il étaientpiqués au vif par le montant en questionmais aussi par une vidéo effectuée parl'Ambassade russe et dans laquelle il res-sort que la Roumanie s'était reconstruiteet industrialisée grâce à l'UnionSoviétique. L'Ambassadeur russe àBucarest, fraîchement débarqué deChisinau, avait également déclaré que"les enfants devaient apprendre la vraie

histoire". Cette vidéo venait en réaction àune campagne de publicité roumaine dela fin du mois d'août visant à encouragerles donations pour la sculpture en cause.Il y était clairement fait allusion à la pertedu Trésor roumain durant la PremièreGuerre mondiale, à l'époque transporté enRussie. Trésor que la Roumanie essayedepuis plusieurs décennies de récupérer,en vain.

En réaction à la polémique, le minis-tère des Affaires étrangères roumain, leMAE, a déclaré "qu'il était étrange que ladonation russe se soit accompagnéed'une vidéo faisant référence à leur visiondes relations bilatérales entre les deuxpays alors même que des désaccordsexistaient entre les deux parties".

Quand “La Sagesse de la Terre” provoque la discorde

Eleonora a sauvé les deux

"petites vieilles" dont elle s'occupait

Séismes

Sous le choc après un tremblement

de terre de magnitude 5,3

Iohannis pour un Premier ministre "politique"

Un tremblement de terre de magnitude 5,3, enregistré à une profondeur de 91 km, s'est produit dans la nuit du 22 au

23 septembre dans le judet de Vrancea, propice à ces phénomènes. La secousse, la plus importante de l'année, n'a pas fait

de victimes, ni de gros dégâts matériels. Elle a été ressentie jusqu'en Bulgarie, en Turquie et Chisinau (Moldavie). Des

répliques ont eu lieu les deux jours suivants, d'une intensité moindre, cependant (4,3, 4,2, 3,1).

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE A la Une

François Hollande en Roumanie

ouvre la porte vers SchengenLe Président français a rencontré les 13 et 14 septembre à Bucarest son homologue roumain et le Premier ministre

Dacian Ciolos pour évoquer l'avenir de l'Union Européenne, à trois jours du Sommet de Bratislava. Il s'agissait de la pre-

mière visite d'Etat d'un Président français depuis celle de Jacques Chirac en 1997. François Mitterrand était venu à

Bucarest, lui, en 1991.

Visite

François Hollande était accompagné du ministre de laCulture et de la communication, Audrey Azoulay, etdu secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes,

Harlem Désir. Cette visite a débuté par une commémorationdans le parc Carol de Bucarest, où une gerbe a été déposée aumonument du Soldat inconnu, l'occasion du centième anniver-saire de l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés,lors du premier conflit mondial.

Le Président français a eu ensuite un entretien avec le pré-sident roumain, Klaus Iohannis, au Palais Cotroceni, avant dese rendre au Centre de recherche de l'Infrastructure pourLumière Extrême - Physique Nucléaire (ELI-NP), de

Magurele. Il a déjeuné ensuite avec Dacian Ciolos, où le par-tenariat stratégique entre les deux pays, récemment réactuali-sé, devait être discuté. Les deux hommes ont participé dans l'a-près-midi à l'inauguration de l'usine Airbus Hélicopters deGhimbav, à côté de Brasov. La visite de François Hollandes'est terminée avec un dîner d'Etat au Palais de Cotroceni, l'a-vion de retour décollant à 21h30. Côté roumain, on a noté unmotif de satisfaction : la France soutient désormais Bucarestdans sa volonté d'adhérer à l'espace Schengen, du moins en cequi concerne les aéroports. Mais cette question hautement sen-sible devra être décidée par tous les pays membres, les PaysBas faisant toujours barrage.

Mercredi 14 septembre.-Le Premier ministre rou-main, Dacian Ciolos, qui a

la double nationalité franco-roumaine, afait une partie de ses études supérieuresen France et a épousé une Française,connaissait trop le penchant de ses com-patriotes de l'Hexagone pour la bonnechère, où on vit pour manger et non lecontraire. Il savait bien qu'il ne fallaitpas se louper pour le repas officieloffert à la délégation présidentielle.

Deux jeunes chefs roumains, for-més en France, Nicolai Tand et AdiHadean, ont été chargés de concocteret de préparer un menu spécifique-ment roumain, avec des produits uni-quement du pays, de saison, bons etfins… mais avec la consigne qu'il soitadapté au goût français ! Dacian Ciolos asupervisé lui-même les préparatifs.Consigne: François Hollande étant d'ori-gine normande comme Bourvil, la cuisi-ne devait être impérativement au beurre.S'il avait été natif de Marseille, c'est lacuisine à l'huile, façon Fernandel quiaurait été à l'honneur (photo)…

Les deux maitre-queux, qui ne s'é-taient jamais rencontrés, ne connaissaientpas en outre la brigade d'aide-cuisiniers,sauciers, pâtissiers, œnologues, serveurs,réquisitionnés pour la circonstance, ontdisposé de trois heures pour mener à bience défi, de l'achat des produits sur le mar-

ché aux assiettes présentées aux hôtes…soit 24 convives et cinq plats différents !

Nicolae Tand, qui avait commencé sacarrière Française comme ambulancier àParis, a confié sur Facebook que si on luiavait prédit qu'un jour il servirait à tablele Président de la République française, ilaurait pensé qu'il devenait fou !

Voici le menu servi avec traductionadaptée en français (en France, cela per-met d'augmenter la note de 30 % !) :

Antreu : crema de dovleac românesc,piure de pastârnac copt, hribi sotati în untdin Transilvania.

Entrée: crème de potiron à la rou-maine, servie avec une purée de panaitdorée au four et des cèpes des bois à latransylvaine sautés au beurre.

Peste: filé de pastrav pe plita, bisquede raci, vinete afumate, piure de morcovicopti, cozi de raci.

Poisson: filet de truite revenu à lapoêle, accompagné d'une bisque et dequeues d'écrevisses, sur un fumet d'au-

bergines et une purée de carottes rôties.Carne: muschiulet de berbecut, vine-

te afumate, sos de ardei copti pe carbuni,arpagic sotat cu unt si otet de mere, mor-covi crocanti, snopi de fasole verde opa-rita.

Viande: petit filet de chevreau sur unfumet d'aubergines et un émincé d'écha-

lotes sautées au beurre et au vinaig-re de pomme, accompagné de petitescarottes croquantes et un fagot d'ha-ricots verts frais cuits à la vapeur.

Desert: quenelle din brânza devaci tras în unt, lapte de pasare, fris-ca si piersici confiate cu vanilie.

Dessert : fondue de fromageblanc au beurre sucré, accompagnéd'un lait de poule et de pêches confi-

tes à la vanille.Brânza: brânzeturi românesti matu-

rate în grota, sirop de piersici si trufenegre.

Fromages : fromages du pays affinésen cave, servis avec un sirop de pêche etdes truffes noires.

Vin alb : Solo quinta, Recas.Vin blanc : sec Solo quinta des

sables du Banat. Vin rosu : Apogeum, Tohani.Vin rouge : Apogeum de la vallée de

Prahova.Vin desert : Sirena Dunarii, Vinarte.Vin de dessert : Sirena blanc moel-

leux des coteaux du Danube.

La cuisine au beurre pour François Hollande

Le théâtre à la prison:

une échappatoire à l'enfermement

Une première porte s'ouvre et se referme aussitôtaprès notre passage. Suit un long couloir qui nousconduit à une porte en bois, puis à une troisième

porte, d'où l'on aperçoit les grilles de la cour de promenade."Tu sais, je me reconnais beaucoup en Hamlet. C'est commes'il racontait tout ce que j'ai enduré, tout ce qui m'a conduitici...". De portes en portes, nous rejoignons les escaliersmenant au troisième étage. Il y fait de plus en plus sombre, àmesure qu'on s'avance dans ce paysage encadré de cellules."Mais Hamlet, ce pourrait être tant de choses encore. Cettepièce est avant tout la représentation d'un conflit insolvable,d'une rencontre entre forces antagonistes : Hamlet c'est la per-sonnification de la contradiction".

Derrière un grillage de métal, une dizaine de prisonniersde Rezina, un établissement péni-tentiaire de haute sécurité situédans le Nord-Est de la Moldavie.Certains qui répètent des bribesde dialogue, d'autres travaillentleur concentration. Ils sont enca-drés par les dramaturges MihaiFusu et Luminita Tâcu, etquelques acteurs professionnelsde la capitale.

Triste record en Europe

C'est la première fois qu'uneactivité de ce type, impliquant des détenus, est organisée enMoldavie. Mihai Fusu et Luminita Tâcu avaient déjà fait par-ler d'eux dans un projet antérieur, "Shakespeare pentru Ana",portant sur scène des histoires et témoignages de la prison.Mais jamais des prisonniers n'avaient été amenés à se donneren représentation devant un public extérieur. L'un des objectifsde ce projet est de faire parler de la question carcérale, large-ment ignorée de la société moldave.

Non pas que le monde de la prison soit immobile enMoldavie. Ces dernières années, des projets artistiques ont vule jour dans la prison pour mineurs de Goian et la prison pourfemmes de Rusca. Depuis 2007, un projet mené par le minis-tère norvégien de la Justice (NORLAM) ambitionne de "ren-forcer l'État de droit" et de "promouvoir les alternatives à ladétention". Toutefois, la situation demeure problématique: en2015, la Moldavie détenait le triste record du plus grand nom-bre de requêtes par habitant déposées devant la Cour euro-péenne des droits de l'Homme.

A l'isolement pendant dix ans

Non loin de la cour où se tient l'atelier théâtre se trouvel'aile des prisonniers à perpétuité. D'un point de vue architec-

tural, rien ne distingue vraiment cette aile d'une autre.Toutefois, le silence imposant qui y règne ne laisse pas indif-férent. La plupart des condamnés qui y sont affectés sont pla-cés à l'isolement durant les dix premières années de leur peine.Au dernier étage, un couloir mène à une terrasse extérieure dedeux mètres carrés, tassée entre de hauts murs et un grillage desécurité laissant apparaître un rectangle de ciel bleu : leur courde promenade.

Ce traitement illustre la conception punitive de la justicequi prévaut aujourd'hui en Moldavie. Le cadre légal offreaujourd’hui encore peu de possibilité d'échapper à l'enferme-ment ou d'en réduire la durée par une individualisation de lasanction. Certes, depuis 2007, il existe des alternatives à ladétention en plus grand nombre. Mais leur mise en œuvre est

rendue compliquée par unmanque de financement et de per-sonnel formé, et une opinionpublique peu ouverte à une réfor-me de l'institution carcérale.

Par ailleurs, l'ensemble duparc pénitentiaire moldaveremonte à l'époque soviétique.Par conséquent, non seulementles bâtiments auraient besoin debénéficier d'importants travauxde maintenance, mais leur agen-cement ne répond plus aux objec-tifs d'une peine privative de liber-

té orientée vers la réinsertion. Ces bâtiments avaient été cons-truits pour abriter des dortoirs n'accueillant les prisonniers quela nuit, ces derniers étant soumis au travail forcé le jour.

Amnistie, faute de mieux

Le 28 juillet dernier, une loi d'amnistie a permis de libérer1 700 prisonniers. La troisième amnistie générale depuis 2008."C'était objectivement une mesure d'urgence, rendue nécessai-re par l'inefficacité du mécanisme de libération conditionnel-le", analyse un membre de la mission NORLAM.

"Il est très difficile de préparer la sortie d'un prisonnierpar une reprise progressive de contacts avec l'extérieur, parune adaptation du régime de détention, ainsi qu'un suivipsychologique et social adéquat. Par conséquent, le taux derécidive est élevé, ce qui participe à la surpopulation des éta-blissements pénitentiaires".

La Moldavie compte 112 prisonniers condamnés à perpé-tuité. Aucun d'entre eux n'est autorisé à participer à l'atelierorganisé par Mihai Fusu et Luminita Tâcu.

Francesco Bruso (Osservatorio Balcani e Caucaso)

Traduit par Béranger Dominici

pour Le Courrier des Balkans

Comment échapper à l'enfer de l'enfermement carcéral ? Le théâtre serait-il une porte de sortie ? Dans la prison de

Rezina, en Moldavie, un projet artistique impliquant des détenus a vu le jour. Un reportage de Francesco Bruso.

La prison de haute sécurité de Rezina, dans le nord du pays.

Moldavie

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Actualité

découvre le complexe Renaissance City, l'équivalent moldavedes gated communities. Un mur d'enceinte, un amas de mai-sons proprettes - c'est simple, on se croirait en Autriche: voilàl'autre face, minoritaire et cultivant l'entre-soi, de la Moldavie.

L'occidentalisation, c'est aussi les résidences, souventluxueuses, de la colline de Telecentru, ou bien les tours proté-gées qui ont fleuri entre Malina Mare et Riscani à la faveur duboom immobilier des années 2000. Moins exclusifs queRenaissance City, ces projets urbains s'intègrent à l'agglomé-ration tout en s'y distinguant par une forme d'exotisme - ainside l'imposant Coliseum Palace bâti à Riscani dans les années2000 - et tout en s'en affran-chissant par une sorte d'au-tosuffisance obtenue parl'installation de toute unesérie de magasins et de ser-vices - ainsi du complexebâti près du pont duBoulevard Dacia. Certainsvont un peu vite en disantque c'est là l'habit modernedes datcha soviétiques, sansvoir que l'accès à ces nou-velles cages dorées nerésulte pas (ou pas seule-ment) d'une influence poli-tique, mais d'un pouvoir économique.

Ce n'est pas un phénomène propre à la Moldavie: laRussie connaît elle aussi ses résidences fermées, dont le nom("Chamonix", "Italian Quarter", "Côte d'Azur", etc.) décrit l'i-déologie qui les fonde. La Moldavie semble transposer unmodèle ou adopter une tendance rampante dans tout l'espacepost-soviétique. Ceci non sans quelques ratés: RenaissanceCity est à moitié vide et Coliseum Palace n'est rempli qu'autiers. Si le haut standing et l'Occident en carton-pâte font ven-dre, il manque à ces lieux ce qui fait le succès des gated com-munities en Amérique latine: l'insécurité des rues et une certai-ne cohésion de la caste des nouveaux riches.

Capitalisme sauvage et urbanisme

Engagé sur le boulevard Stefan cel Mare, après avoir

dépassé le carrefour avec la Strada Ismail, on se retrouve ànouveau pris dans l'affluence. Point de voiture ici : une foulede gens penchés sur une multitude d'étals, un murmure perma-nent percé des cris des marchands. Nous sommes à PiataCentrala, le plus grand marché ouvert de la ville, où la plusgrande partie de la population, exclue de toute voie d'enrichis-sement spectaculaire, vient trouver qui des produits alimentai-res, qui des vêtements, qui des produits d'électroménager.

Le rythme frénétique et le désordre qui règnent sur cetteplace en font une miniature du centre-ville, où l'absence deplan d'urbanisme régissant l'ouverture des commerces a abou-

ti à la désorganisation dutissu économique.

Pour Virgil Paslariuc,de l'Université de Chisinau,il s'agit là d'une manifesta-tion du "capitalisme sauva-ge" qui a sévi dans les pre-mières années suivant l'in-dépendance, quand la déna-tionalisation des biens s'estfaite sans cadre garantis-sant la transparence et l'é-quité des processus écono-miques, générant ainsi despratiques étendues de cor-

ruption. Effet moral de ce phénomène: "Le profit et l'intérêtprivé sont devenus le fondement des relations".

Le centre-ville semble en être le résultat : on y trouveaussi bien les étoiles montantes de l'occidentalisation et dunationalisme, que les vestiges d'un passé honteux, le tout dansun dédale urbain sans visée ni raison autre que la recherche duretour sur investissement. Pour le sémiologue Massimo Leone,c'est là une raison de l'émergence des résidences fermées peu-plée par ceux que "la complexité sémiotique* des villescontemporaines effraie". Les pannes de courant à répétition etles embouteillages qui n'en finissent pas renforcent ce phéno-mène en symbolisant une administration publique incapabled'offrir un horizon commun à ses usagers.

Francesco Bruso, Osservatorio Balcani e Caucaso

Traduit par Béranger Dominici

pour Le Courrier des Balkans

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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en carton-pâte font rêver les nouveaux riches

Les NOUVELLES de ROUMANIE

qui se croit le nombril du monde"

Après avoir réorienté seséchanges vers l'Ouest, laMoldavie a exporté pour 2

milliards d'euros vers l'UE, ces deux der-nières années, changeant fondamentale-ment ses structures du commerce exté-rieur, tournées jusque là quasi-exclusive-ment vers la Russie. Ses principauxclients sont désormais la Roumanie

(23.8%), l'Italie (10%), le Royaume Uni(6.5%), l'Allemagne (6.5%), la Pologne(3,3 %) et la France (2.5%).

Les produits industriels occupent lapremière place (65 %), puis viennent lesproduits agricoles (blé, céréales, sucre).Les principaux investisseurs dans le pays,à hauteur de 200 millions d'euros en2015, sont les Pays Bas, Chypre, la

France et l'Espagne.En 2015, la Moldavie a adopté 8500

standards européens économiques et en asupprimé 11 000 qui entraient en conflitavec ceux de l'UE. A noter qu'en 2016, lepays est devenu membre de plein droit del'Organisation Mondiale du Commerce(OMC) en ce qui concerne les acquisi-tions publiques.

Cap à l'Ouest

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Actualité

Depuis la chute du communisme, la capitale moldave est en pleine recons-

truction. "Colonisée" par les influences occidentales et les résidences luxueu-

ses des gated communities (résidences fermées à l'américaine) vides, Chisinau

a du mal à se défaire des vestiges de son passé communiste "glorieux". Entre

désordre urbain et communautés aseptisées, promenade dans les rues d'une

ville qui cherche à se créer une nouvelle identité.

Quelques personnes sont rassemblées à l'entrée d'un grand cabinet den-taire d'État. Pour nombre d'entre elles, la consultation n'est pas termi-née: blackout. Tout le bâtiment est privé d'électricité, il faudra revenir

demain, en espérant que tout fonctionne à nouveau. En cause, des travaux routiersnon loin de là, à quelques pas du Boulevard Stefan cel Mare - l'artère principale quicoupe la capitale moldave en deux. "Cela fait trois jours que l'on coupe l'électrici-té sans prévenir pour cause de travaux", déplore un médecin du cabinet. "L'ennui,c'est que la durée de la panne de courant est impossible à prévoir. Hier, nous n'a-vons pas eu d'électricité pendant tout l'après-midi et ainsi nous avons dû renvoyerles clients".

À quelques mètres de là s'étend la place des Nations Unies, qui relie le centrede Chisinau au quartier périphérique Botanica. La place est noyée dans une rumeurde klaxons et de pots d'échappements, rappelant l'encombrement permanent du tra-fic. De 2004 à 2016, le nombre d'automobilistes (enregistrés) a pratiquement dou-blé, et les moyens de transport (trolley, minibus, taxi, etc.) ont fortement augmen-té, tandis qu'un nouveau plan de développement urbain se fait toujours attendre.

Une métropole dans la métropole

"Une métropole dans la métropole": c'est ainsi qu'est qualifié le quartier allantde la Piata Natiunile Unite à la Piata Cantemir, circonscrit par la Strada Ismail et laCalea Mosilor, qui concentre une grande partie des activités économiques de lacapitale, et les symboles de l'"occidentalisation". À l'imposant logo McDonald's dela Piata Marii Adunari Nationale, siège du Palais gouvernemental, répondent lesrythmes de musiques importés d'outre-Atlantique… Une tendance qu'est venueconfirmer le 2 mai dernier (Jour de la Victoire), une parade militaire made in NATO(OTAN), malgré les protestations d'une partie de la population.

L'imaginaire soviétique se trouve ainsi "colonisé" par ces influences occiden-tales - et par la répression des signes du passé. À quelques mètres du logoMcDonald's se trouvait le monument dédié à Lénine, qui a été déplacé au sein duMoldexpo, ainsi que les statues de Marx et de Gorki… En lieu et place du dirigeantbolchévique, on reconnaît la silhouette imposante de Stefan cel Mare. L'homme estdevenu le point de fuite de tous les espoirs nationalistes de la Moldavie post-sovié-tique. C'est là où ont convergé les manifestations de l'automne dernier, et c'est làaussi où l'on se rassemble au cœur de l'été.

Le 28 juin, Dorin Chirtoaca a été élu pour un troisième mandat à la tête de laville, faisant craindre à l'opposition un renforcement des pouvoirs du maire.S'ajoute à cette menace le mécontentement lié à l'état déplorable des axes routiers: le blackout du cabinet dentaire n'est qu'une manifestation isolée d'une situation quisemble ne pas être due qu'à une mauvaise gestion ou à un manque de moyens. Il sedit que l'entreprise chargée de la rénovation des voies serait liée au maire et àquelques députés qui bénéficieraient de la concession accordée au détriment destravaux à réaliser…

"Renaissance City"

Mais tout n'est pas si sombre. Ainsi, à quelques kilomètres du centre-ville, on

Le haut standing et l'Occident

La République moldave a refusé deprendre la présidence de la CSI (Comitédes Etats Indépendants), lors du derniersommet de cette création de Moscoupour reconstituer un ersatz de l'URSSaprès son démantèlement en 2011, enmaintenant ses républiques les plus fidè-les par un fil à la patte.

Alphabétiquement, c'était son tour. LaRussie, suivante sur la liste, assureradonc cette prérogative.

Le Président moldave Nicolae Tifmotine s'est pas donc rendu au sommet deBiskek, les 16 et 17 septembre, remplacépar le Premier ministre Filip. Il témoignaitainsi de la volonté des autorités deChisinau de garder le cap à l'Ouest, alorsque les élections législatives se profilent,en novembre, et que les camps pro etanti-soviétiques sont au coude à coudedans les sondages.

L'ancien transfuge communiste MihaiGhimpu, qui avait choisi le vent d'Ouestces dernières années, pourrait bienretourner une nouvelle fois sa veste, s'ilchangeait de direction. Actuellement, lesenquêtes d'opinion donnent le pro-Moscou Igor Dodon en tête et largementdétaché au premier tour, avec plus de 30% des voix, son principal adversaire, unefemme, n'enregistrant que 16 % desintentions de vote. Mais, comme d'habitu-de, tout se jouera lors des tractations envue du second tour… et des "fromages"

qui seront distribués. Poutine etWashington savent se montrer généreux.A noter cependant que les initiatives pourorganiser un référendum de destitution dujeune maire de Chisinau, Dorin Chirtoaca,38 ans, pro-occidental dans une ville queles communistes considèrent comme unfief, ont toutes échoué jusqu'ici.

Camouflet de Chisinauà l'égard de Poutine

Moldavie

Chisinau…"la capitale

Les cages dorées de Chisinau... sont devenues l’habitat moderne des propriétaires des anciennes datchas soviétiques.

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Actualité

Zushe se rend à Chisinau plusieurs fois par an. Le faitqu'il soit étranger et qu'il vienne de loin lui donne une positionde recul parfois utile. Interrogé sur ses relations avec les habi-tants de, Chisinau il rétorque: "Vous savez, les gens ici sontavant tout préoccupés par la survie. Ils n'ont pas le temps dese consacrer à des problèmes philosophiques..." Certes, maisil y a bien d'autres problèmes, très concrets, auxquels s'atteler: les relations avec l'Église orthodoxe, la prégnance d'un anti-sémitisme rampant...

En 2009, la municipalité a autorisé l'érection d'unehanoukkia, le chandelier à neuf branches utilisé dans la litur-gie, dans le centre-ville. L'Église orthodoxe, voyant dans cetteinstallation une "insulte à la Moldavie chrétienne", s'est mobi-lisée: une longue procession dans le centre de Chisinau s'estachevée par la destruction de la hanoukkia par le prêtre en per-sonne, qui l'a remplacée par une croix en bois.

Les débris de la hanoukkia ont ensuite été déposés au piedde la statue d'Étienne le Grand (Stefan cel Mare), voïvode deMoldavie qui, ainsi que l'a rappelé le prêtre, "a défendu notrepays contre les Juifs". Certes, la hanoukkia a été vite replacéepar les autorités, mais il ne s'écoule pas un jour sans que l'ondécouvre une svastika ou un symbole SS sur la façade de lasynagogue...

Le cimetière des oubliés

Rien n'illustre mieux l'oubli dans lequel est tombée lacommunauté habad de Moldavie que le vieux cimetière juif deChisinau, où les tombes disparaissent sous les racines et lelierre. Les victimes de 1903 [2] ne s'y trouvent pas: ellesavaient été enterrées ailleurs, là où, dans les années 1960, lesautorités soviétiques ont décidé de construire un parc, détrui-sant ainsi l'histoire à coup de bulldozer.

Le gardien du cimetière désespère: "Il n'y a plus que moiet ces 20 000 tombes ici. Personne ne vient plus, sauf quelquesvandales qui éprouvent le besoin de saccager périodiquementles lieux". Si le Mall Dova, peut, par son nom, arracher

quelques sourires, il n'attire certainement pas les foules. C'estun bloc de luxe désert au milieu de rues boueuses... Dans l'unedes salles, le centre culturel israélien a installé l'une de sesexpositions: quelques photos de Tel-Aviv et quelques dra-peaux se partagent un mur blanc.

Retour déçu d'Israël

"Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces dernièresannées, nombreux sont ceux qui avaient émigré en Israël et quireviennent", raconte Zalman. La vie est dure, là-bas : les immi-grants sont contraints de s'installer dans les zones les pluspauvres du pays - bien loin de la plage de Jaffa... Ici, la vie estdure, mais il est toujours possible d'obtenir un petit lopin deterre". Retour à la synagogue, après cette brève exploration dujudaïsme de Chisinau.

Zushe commente ainsi l'état de délabrement du cimetière:"Il faut d'abord s'occuper des vivants... De toute manière,parmi ceux qui restent bien peu sont ceux qui y ont desparents". Une remarque bien plus marquée par le pragmatismeanglo-saxon que par l'esprit fataliste et spirituel qui émane decette ville que tant de morts horribles marquent encore. Maispeut-être est-ce un souhait: celui que les vivants - ou les survi-vants - mettent fin à leur errance, qui s'enracine dans le cultede la mémoire.

Danilo Elia (Osservatorio Balcani e Caucaso)

Traduit par Béranger Dominici

pour Le Courrier des Balkans

[1] C'est à Crown Heights, un quartier de Brooklin, qu'estétabli le siège mondial du mouvement Habad-Loubavitch.

[2] C'est un sanglant canular qui a déclenché la vague deviolence de 1903. Un journal russophone, le Bessarabets, avaitdénoncé le sacrifice d'un jeune chrétien au cours d'un ritueljuif. Une information fausse, aux effets dévastateurs : des mai-sons et des synagogues ont été réduites en cendres, des rabbinstués dans la rue, et des familles massacrées.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Ancien foyer de culture juive, Chisinau ne compte plus qu'une poignée de

fidèles. Derniers membres d'une branche du hassidisme européen, ils vivent

dans la mémoire des pogroms et de la Shoah qui ont marqué leur histoire.

Enquête l'hiver dernier sur une communauté menacée par l'oubli.

Qui s'aventure dans le dédale des rues qui s'emmêlent derrière l'avenueStefan cel Mare de Chisinau pénètre dans un bazar à ciel ouvert - le char-me des souks orientaux en moins. La poussière flotte dans un paysage

de trottoirs défoncés et de vieux bidons de détergent ukrainien. Sur les étalages, unecamelote chinoise interchangeable jouxte de gros morceaux de viande.

C'est un des jours les plus froids de la saison : la température est inférieure à -20°c. Le soleil se limitant à repousser la nuit, c'est à la lumière des bougies que leslégumes sont préservés de la congélation. Les gens qui viennent y faire leurs cour-ses sont de ceux qui doivent économiser le moindre leu pour vivre - et qui se four-nissent sur ce marché faute de pouvoir déambuler dans les supermarchés.

La rue Habad Liubavici est toute proche. Pourtant, personne ne la connaît. Onne connaît pasdavantage la sy-nagogue qui s'ytrouve - la der-nière de la capi-tale moldave.

Autrefois,capitale de laBessarabie, unerégion s'éten-dant sur les ter-ritoires actuelsde la Moldavie,d'une partie dela Roumanie et d'une partie de l'Ukraine, autour du Delta du Danube, la ville comp-tait, au début du XXe siècle, pas moins de 70 synagogues - ainsi que plusieurs dizai-nes d'écoles juives. Près de la moitié des habitants de Chisinau étaient de confessionjuive: le calendrier hébraïque marquait la vie quotidienne, et le yiddish était la secon-de langue la plus parlée après le roumain.

Mais l'existence de cette communauté était menacée par la montée de l'antisémi-tisme moderne. Chisinau a connu le premier grand pogrom du XXe siècle, les 19 et20 avril 1903, puis une seconde vague de violence en 1905. Moins de quarante ansplus tard, c'est sous les balles des Einsatzgruppen que la population juive deMoldavie fut anéantie.

Svastika ou un symbole SS sur la façade de la synagogue...

La synagogue apparaît au fond d'une rue oblique, qui jure avec le quadrilatèrerégulier des artères du quartier. En ce jour de shabbat, qui s'achève avec la nuit tom-bée, seule une poignée de fidèles s'est réunie. La communauté juive de Chisinau estréduite, et bien peu s'investissent dans la vie religieuse. Ces fidèles appartiennent àla communauté Habad-Loubavitch, une branche du hassidisme, fondée enBiélorussie au XIXe siècle et dont les membres ont presque tous émigré, principale-ment aux États-Unis. Zushe est l'un d'eux : il vit à New York, à Brooklyn, précise-t-il [1]. C'est lui qui maintient le lien entre les communautés restées en Moldavie etcelles de la diaspora. "C'est nous qui finançons les activités du centre Habad deMoldavie - et non pas Israël. Nous restaurons la synagogue, l'école et le centre cul-turel. Tout était à fournir, même les copies de la Torah".

de 70 synagogues au début du vingtième siècleLa capitale moldave comptait pas moins

La construction de deux réac-teurs supplémentaires sur lacentrale de Cernavoda fera

bien partie du programme de stratégieénergétique 2016-2030 de la Roumanie.C'est ce qu'a confirmé Victor Grigorescu,le ministre de l'Energie.

Plus d'un milliard d'euros a déjà étédépensé sur le projet de construction desréacteurs 3 et 4 sur l'unique centralenucléaire de Roumanie, à Cernavoda. Lacentrale fournit actuellement 20% de l'é-lectricité du pays avec deux réacteurs. 10

milliards d'euros d'investissements vontêtre injectés dans la stratégie énergétique2016-2030 de la Roumanie. Développerle nucléaire participera au renforcementde l'autonomie énergétique du pays maisaussi à l'amélioration du mix énergétique.Car le "mix" ou "bouquet énergétique"consiste à répartir les différentes sourcesd'énergies primaires dans la consomma-tion énergétique finale. De plus, "c'est unprojet logique du point de vue de ladécarbonisation", appuie le ministre.Actuellement, 30% de l'électricité en

Roumanie est produite par des centrales àcharbon. Le ministère, en accord avec lesdirectives de la Cop 21, souhaite réduired'ici 15 ans la part de cette énergie fossi-le dans la production énergétique. Côtééconomie, la construction des deux nou-veaux réacteurs nucléaires à Cernavodadevrait nécessiter la création d'environ16 000 emplois. Enfin, rappelons que lesambitions de la Roumanie sont aussi dese positionner en tant que plaque tournan-te régionale de la production, du stockageet du commerce de l'énergie.

Les deux nouveaux réacteurs nucléaires feront partie de la stratégie énergétique roumaine

Moldavie

La Roumanie a déposé huit projetsd'une valeur globale de 570 millionsd'euros pour bénéficier du plan européenJuncker, destiné à financer des investis-sements européens dans les domainesde l'efficacité énergétique, de l'éducationet de l'agriculture écologique.

Plan Juncker

La Jérusalem oubliée de Bessarabie

300 firmes ferment leurs portes chaque jour

Depuis le début de l'année, chaquejour 300 firmes ont fermé leurs portes enRoumanie, principalement dans le com-merce, soit 72 000 au total sur 7 mois.Bucarest est la plus touchée, suivie deCluj, Iasi et Timisoara. Toutefois, autantouvraient leurs portes durant la mêmepériode (- 4,5 % sur 2015).

Le ministre de l'Intérieur Petre Toba,proche de Victor Ponta, a été contraintde démissionner pour des faits avérés decorruption, suite à la demande de laDNA. Le ministre s'était notamment oppo-sé à la déclassification de documentsmettent en cause son collègue et prédé-cesseur Gabriel Oprea, forcé de quitter legouvernement au premier semestre.

Ministre démissionné

Le parquet du secteur 5 de Bucaresta classé sans suite le dossier Bechtelouvert par la DNA, "les faits étant pres-

crits". L'entreprise américaine, qui s'estdéjà illustrée dans de nombreuses affai-res, n'a jamais réalisé les 52 km de l'au-toroute de Transylvanie entre Brasov-Cluj et Bors (Oradea) qui lui avaient étéconfiés par l'Etat roumain, empochanttoutefois 1,4 milliard d'euros qu'elle n'apas restitués. Comme par hasard, l'origi-nal du contrat a disparu.

Bechtel toujours gagnant

La synagogue de la rue Habad Liubavici est la dernière de la capitale.

Energie

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le plus "célèbre" pogrom de l'empire russe eut lieu en 1903, à Kichinev

(Chisinau), à l'époque capitale de la Bessarabie (aujourd'hui de la République

de Moldavie). Kichinev, où 50 000 Juifs et 60 000 Chrétiens vivaient côte à côte.

Peu avant Pâques, le "Bessarabien", le journal principal de la communautéchrétienne, accusa ouvertement la population juive d'avoir assassiné ungarçon chrétien afin d'utiliser son sang dans le rituel de la Pâque juive. Les

6 et 7 avril 1903, le pogrom eut lieu dans une atmosphère hystérique. Une cinquan-taine de personnes de la communauté juive sont tuées, des centaines sont blessées,sans parler des innombrables viols et des 700 maisons démolies. Ce qui est certain,c'est que ni la police, ni l'armée ne sont intervenues pour stopper les émeutiers avantle troisième jour.

La foule était conduite par des prêtres orthodoxes

Le New York Times du 28 avril 1903 décrit ainsi les faits: "Les émeutes anti-jui-ves de Kichinev sont pires que ce que le censeur autorisera de publier. Il y a eu unplan bien préparé pour le massacre général des Juifs le jour suivant la Pâques russe.La foule était conduite par des prêtres, et le cri général, "Tuons les Juifs", s'élevaitdans toute la ville. Les Juifs furent pris totalement par surprise et furent massacréscomme des moutons. Les scènes d'horreur pendant le massacre sont indescriptibles.

Les bébés furent littéralement déchiquetés par la foule frénétique et assoiffée desang. La police locale ne fit aucune tentative pour arrêter le règne de la terreur. Aucoucher du soleil, des piles de cadavres et de blessés jonchaient les rues. Ceux quipurent échapper au massacre se sont sauvés, et la ville est maintenant pratiquementvidée de ses Juifs".

Le pogrom de Kichinev suscita une vive indignation dans l'opinion publiqueoccidentale, excepté auprès de l'ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, l'ancienministre français des Affaires Etrangères Maurice Bompard, qui écrivit dans un rap-port en août 1903: "Je passe sous silence les troubles du genre de ceux de Kishinev,parce qu'ils sont, pour ainsi dire, le contrecoup des troubles agraires. La populationjuive est une pépinière de nihilistes et d'agitateurs".

Il fallait, selon une expression couramment utilisée par la police de l'époque,"noyer la révolution dans le sang juif".

Les pogromistes se saoulaient avant

d'aller massacrer, violer et voler

Le poète Haïm Nahman Bialik est envoyé d'Odessa pour recueillir les témoigna-ges des survivants. Il est bouleversé et il écrit le poème Dans la ville du massacre.

C'est à partir de ces éléments que le comédien Zohar Wexler a réalisé son spectacle,en 2010, mettant en scène la tragédie sous forme d'une pièce de théâtre: "J'ai doncfait ce voyage. Je suis allé à Chisinau, chercher les traces du poème dans la villed'aujourd'hui. Je suis allé chercher dans les archives les photos et les livres pourcomprendre ce qui a inspiré Bialik. Ce poème me proposait également un voyageplus intime, vers mes origines. Mes grands-parents venaient de Kichinev. J'ai cher-ché ce qui restait de la mémoire familiale, cent sept ans plus tard.

Pendant les deux jours du pogrom, mon arrière-grand-père, mon arrière-grand-mère et leurs enfants étaient cachés dans l'arrière-salle d'une taverne tenue par unefemme arménienne. Les pogromistes se soûlaient avant d'aller massacrer, violer etvoler les Juifs, alors que seize personnes de ma famille, dont un bébé, se trouvaientcachées derrière la porte...".

En l'espace de 5 ans, Bucarest a attiré pas moins de 170 start-upPogrom 1903:

le cri "Tuons les Juifs"

s'élevait dans toute la ville

"Juif, homosexuel,

hongrois, pédophile

avec une tête

d'éboueur alcoolique"

Moldavie

Quel pays a l'internet le plus rapide de l'UnionEuropéenne et le dixième du monde ? La réponseest (un peu) dévoilée dans le titre de cet article.

Avec un débit maximum pouvant atteindre 73,6 Mégabits parseconde (Mbps) au quatrième trimestre 2015, l'internet rou-main se trouvait ainsi loin devant les Etats-Unis (20e) et laFrance (52e), selon l'étude mondiale sur "L'état d'internet",réalisée par la compagnie tech Akamai. Tandis qu'en débitmoyen, la Roumanie figure au 10e rang de la zone couvrantl'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique et au 19e rang mondial.A titre de comparaison la France est 21e sur le plan européenet 44e dans le monde.

De quoi donner envie à toutes les entreprises spécialiséesdans les nouvelles technologies et/ou les technologies de l'in-formation et de la communication de s'installer en Roumanie.D'ailleurs, il se pourrait bien que le pays devienne la SiliconValley de l'Europe, note Quartz.

En l'espace de 5 ans, Bucarest a attiré pas moins de170 start-up. La capitale roumaine voit aussi naître de plus enplus d'entreprises locales accès principalement autour de latech. La rapidité d'Internet n'est pas le seul argument allant ence sens. Entrée dans l'Union Européenne en 2007, laRoumanie a désormais la deuxième croissance économique laplus rapide. Si Bucarest partait de loin après 43 ans de com-munisme, elle puise aujourd'hui dans ses racines des motifs dedéveloppement.

La fibre à tous les étages

Les années Ceausescu (1967-1989), marquées par la sur-veillance de la population et une police secrète très active, ontpermis notamment ce développement de réseaux télécoms debonne qualité. Par ailleurs, dans les années 90, l'opérateurnational Romtelecom, a mis du temps à allouer de la bandepassantes aux entrepreneurs, obligeant ceux-ci à développerleurs propres réseaux. Les entreprises roumaines ont alorsdécidé d'investir directement dans la fibre, tandis que leurshomologues européennes mettaient à jour leurs anciensréseaux en fils de cuivre, à grand frais.

Un Internet rapide et des infrastructures de télécommuni-cation à la pointe, et qui plus est peu chères à entretenir grâceà un coup de main d'œuvre bas, font de la Roumanie un paysparticulièrement intéressant pour toutes les entreprises du sec-teur de la "tech" qui cherchent à délocaliser. D'autant que lesloyers aussi y sont généralement assez bas.

Des jeunes très qualifiés

Surtout, ces entreprises peuvent s'appuyer sur desemployés qualifiés et pas très chers particulièrement dans toutce qui a trait aux sciences de l'informatique. Le salaire d'un

jeune informaticien commence ainsi à 400 euros. De quoi inté-resser de nombreux patrons qui peuvent maximaliser leursprofits, surtout lorsqu'il s'agit d'employés qualifiés: lesRoumain(e)s jouissent ainsi de la réputation d'être capable defaire plus avec moins.

Là encore, la Roumanie bénéficie de ses années de com-munisme pendant lesquelles le régime a mis l'accent sur l'en-seignement des sciences, des technologies, de l'ingénierie etdes mathématiques (STEM), relève Quartz. Si la dictature estdésormais derrières eux, les membres de la "Génération Y"roumaine (cette génération née entre le milieu des années 70 etle début des années 80 et) a grandi avec un internet de bonnequalité et des programmes scolaires très axés autour desmathématiques. De quoi former de jeunes développeurs com-pétents.

Mais aussi des développeuses talentueuses. En effet, laRoumanie possède le troisième pourcentage le plus haut detoute l'Europe de femmes travaillant dans les technologies del'information et de la communication. Ainsi 30 % des dévelop-peurs sont des femmes à Bucarest, tandis qu'elles ne sont que19 % à Londres. D'après Quartz, il faut encore y voir un héri-tage du communisme lorsque les femmes avaient l'obligationde "participer à l'effort collectif".

Un marché trop petit

Tout n'est pas rose pour autant, en Roumanie. Les préju-gés contre les femmes dans le milieu des technologies et desstart-up, par exemple, restent présents et les mêmes que dansd'autres pays. Par ailleurs, les jeunes entreprises roumaines dusecteur ont plus de mal à accéder aux financements.

Ainsi, sur les dix dernières années, elles n'ont levé que13,1 millions d'euros contre 8,1 milliards pour leurs homolo-gues londoniennes.

Le marché roumain aussi est plus petit et avec un faiblepouvoir d'achat. Pour étendre leurs activités, les entreprisesroumaines sont alors obligées de regarder vers l'étranger.Quartz cite ainsi l'exemple d'Aliens by Daria, une start-up spé-cialisée dans la robotique et qui développe Woogie, un assis-tant personnel à commande vocale destiné aux enfants.L'entreprise cible le marché américain, qui représente poten-tiellement 30 millions de clients, même si le produit sera entiè-rement pensé et fabriqué en Roumanie. Les coûts d'exporta-tion viendront alors grever les recettes d'Aliens by Daria.

Dans ce contexte, Bucarest a souvent du mal à retenir sestalents qui ont soif d'emplois mieux rémunérés et de marchésporteurs. Mais pour une jeune entreprise technologique quisouhaite s'installer ou une entreprise confirmée qui chercheraità délocaliser ou sous-traiter, la Roumanie commence sérieuse-ment à ressembler à une mini-Silicon Valley.

Enrique Moreira (Les Echos)

Et si la Roumanie devenait la Silicon Valley de l'Europe?

Benoît Vitse qui, pendant 12 ans avécu en Roumanie et en Ukraine commedirecteur de Centres culturels français aprésenté le spectacle "Dans la ville du

massacre" à Iasi, ce qui lui a valu telle-ment d'attaques des fanatiques religieuxqu'il devait se déplacer sous la protectionde plusieurs policiers...! "Juif, homo-

sexuel, hongrois, pédophile avec une

tête d'éboueur alcoolique", les insultesracistes, invectives et menaces plurentsur lui, preuve que la bête immonde estencore bien vivante en Roumanie. Il a eule front de monter "Les Évangélistes",une pièce d'Alina Mungiu-Pipiddi, inspi-rée de La Tentation d'exister de Cioran.Menacé au téléphone, par courrierélectronique, ayant reçu un couteau dansune enveloppe, il a renoncé à la tournéeprévue, la vie des comédiens pouvantêtre menacée.

La situation des femmes maltraitéesest toujours aussi dramatique en Rou-manie. 170 avaient été battues à mortpar leur partenaire en 2010, 138 en 2011,141 en 2012 et 328 les deux annéessuivantes, selon les chiffres disponibles.Le programme national contre les violen-ces conjugales s'est fixé comme objectifd'abaisser de 10 % ces chiffres, ce quiprovoque la colère des organisations nongouvernementales contre les politicienset l'administration, estimant qu'ils fermentvolontairement les yeux. La maltraitancedes femmes est également autant pré-sente en Moldavie, bien que les chiffresne soient pas connus.

Femmes battues

Economie

Des réseaux télécoms à la pointe de la technologie, de jeunes développeurs qualifiés et peu chers... la Roumanie a des

arguments pour attirer les start-up du monde entier.

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Actualité

Les raisons qui ont rendu possible cette explosion dela consommation, sont connes. C'est d'abord l'aug-mentation du salaire minimum, qui est passé de

975 lei (environ 215 euros) au 1er janvier 2015 à 1250 lei(277 euros) au 1er janvier 2016, soit une hausse de 28%. Dansl'éducation, la santé, les professions sociales, les salaires ontégalement augmenté en décembre 2015 de 25%. Dans l'admi-nistration publique, cette hausse a été de 10%. Et cette année,la modification de la loi sur la salarisation unitaire a engendrél'augmentation d'autres salaires.

Ensuite, c'est la baisse de la TVA. Sur les produits alimen-taires, elle est passée de 24% à 9% au 1er juin 2015, alorsqu'au 1er janvier 2016, elle baissait de quatre points pour tousles autres produits. Mais il faut ajouter à cela les taux bancai-res, qui se trouvent à un niveau historiquement bas. Et ce n'estpas tout. Selon le nouveau code fiscal adopté fin 2015, la TVAva encore baisser d'un point à partir du 1er janvier 2017. Enparallèle, la taxe sur les constructions spéciales et celle de septcentimes d'euro par litre de carburant, adoptées toutes les deuxil y a deux ans, seront également supprimées.

Du coup, beaucoup d'économistes commencent à regarderen arrière et se demandent quel sera le prix à payer pour cettecroissance économique impressionnante, déterminée presqueexclusivement par la consommation. Il y a huit ans seulement,

la crise débutait dans les mêmes conditions.

L'Etat devra réduire ses dépenses

En 2008, en dépit d'une croissance économique forte deplus de 7%, le déficit budgétaire atteignait 5,5% du PIB, cont-re 2,8% l'année précédente. Année électorale oblige, le gou-vernement et le parlement avaient fait preuve d'une grandegénérosité. Mais deux ans plus tard, les salaires des fonction-naires étaient réduits de 25%. L'Etat ne faisait plus face à sesdépenses. La situation actuelle est à peu près identique. Ledéficit budgétaire atteindra cette année les 3% du PIB et laCommission européenne pense qu'il sera de 3,8% en 2017,alors qu'il était à moins d'1% en 2015. Mais nous connaitronsune croissance économique solide !

La croissance économique est bonne, mais générée exclu-sivement par la consommation, elle en devient néfaste. Eneffet, les taxes ne peuvent pas être diminuées à l'infini et lessalaires augmentés de 25% tous les ans. Dans ces conditions,la croissance va inévitablement se rétracter. Et l'Etat devraréduire ses dépenses. Fera-t-il comme en 2010 en réduisantdrastiquement les salaires ?

Iulian Anghel, Ziarul Financiar

(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le 11 décembre auront donc lieu les élections législatives en Roumanie. Il y a

peu de chances que le Premier ministre, Dacian Ciolos, conserve son mandat, s'il

veut garder son autonomie par rapport aux formations politiques. En même

temps, aucun des grands partis n'a annoncé de candidat pour cette fonction... ni

même de programme de gouvernance. C'est une première depuis 16 ans. Il s'agit

d'une situation à la fois heureuse et dangereuse pour la Roumanie.

L'économie roumaine a connu un bond de 6% au deuxième trimestre 2016 etde 5,2% au premier semestre de la même année. Les salaires ont augmentéfortement ces douze derniers mois - 24% dans le secteur public et 5% dans

le secteur privé. L'inflation est négative, ce qui renforce le pouvoir d'achat. Et tout celaest possible parce que, sur fond de reprise économique, le gouvernement et le parlementont décidé de réduire les taxes en même temps que d'augmenter les salaires dans lafonction publique et revaloriser le salaire minimum. Les Roumains ont donc plus d'ar-gent à dépenser. Mais voilà, les taxes ne peuvent pas être diminuées à l'infini et l'Etatcontinuera d'avoir besoin d'argent pour construire des routes ou pour aider les plus pau-vres à payer leur chauffage. De même, on ne peut pas majorer les salaires des fonction-naires sans se baser sur des critères de performance clairement définis.

Une impasse… sous peine de se rendre ridicule

Au seuil de la campagne électorale, la classe politique est donc arrivée dans uneimpasse. Les salaires ont été augmentés et les taxes réduites. Quel programme attractif

proposé? Les gens aiment bien entendre dire queleur niveau de vie va augmenter. Au parlement,des dizaines de propositions de loi visant à aug-menter les retraites ou à accorder des avantages àdifférents groupes professionnels sont proposées.Et personne ne s'y oppose. Il n'est pas bien vu decontester l'augmentation du bien-être de la popu-lation durant une campagne électorale. Mais il estimpossible pour un parti d'affirmer que les taxescontinueront à diminuer après les élections sansse rendre ridicule. Alors, que proposer à la socié-té? Une première chose serait de promettre la

débureaucratisation. Mais cet objectif a déjà été promis par le passé par tous les partispolitiques. Et rien n'a changé. Une autre piste serait de proposer d'assainir la classe poli-tique, de renforcer la justice, de faire régner les lois - ces aspirations étaient déjà cellesdu gouvernement de technocrates de Dacian Ciolos (photo).

Faire confiance… mais à qui ?

Mais comment proposer un tel programme quand Liviu Dragnea, le chef du pluspuissant parti de Roumanie, le PSD, est déjà condamné pénalement et se trouve impli-qué dans une autre affaire? Quand Vasile Blaga, le coprésident du premier parti d'oppo-sition, le PNL, a été mis sous contrôle judiciaire (il a démissionné entre temps) ? Quandles chefs des deux partis qui ont le plus de chances de rentrer au parlement après le PSDet le PNL, ont eux-aussi des problèmes avec la justice ?

Il s'agit d'un moment décisif pour la Roumanie. Un bon moment. Il n'est plus suf-fisant de proposer des réductions de taxes ou des cadeaux électoraux. Et les partis hési-tent à désigner un candidat Premier ministre, car un nom pourrait faire la différence. Ilfaut bien le choisir… son nom peut faire la différence.

Iulian Anghel, Ziarul Financiar (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Promesses et petits cadeaux ne peuvent plus faire un programme

Le ministère des Finances aannoncé des privatisations partiellesde 28 entreprises et la vente totalede deux entreprises nationales. Lesministères concernés (Transports,Économie et Énergie) avaient jus-qu'au 15 octobre pour présenterleurs plans stratégiques de vente.

L'usine de seringues jetablesSanevit 2003 devrait être vendue à100% aux enchères. Et la privatisa-tion de la Société nationale detransport ferroviaire de marchandi-ses (CFR Marfa) est programméepour début 2018.

L'argent ira dans les caisses del'État via le Fonds national de déve-loppement, qui peine à trouver denouvelles recettes.

Des parts minoritaires de quatregrandes entreprises nationales vontêtre en outre vendues sur le marchéboursier: Complexe Energie Olténie,Hidroelectrica, Rompetrol, lesAéroports de Bucarest et les Portsmaritimes de Constantsa. Les béné-fices de ces ventes d'actions serontréinjectés dans les budgets desentreprises pour des programmesd'investissements. 26% des actionsRompetrol appartenant à l'Etat vontpar ailleurs vendues aux enchères.Les 22 autres entreprises concer-nées par ces ventes appartiennent àl'Agence des domaines (ADS - insti-tution spécialisée effectuant la priva-tisation des entreprises dans l'agri-culture). Les recettes seront égale-ment versées au Fonds national dedéveloppement. En revanche, l'Étatenvisage de racheter les 49% desactions de Salrom, compagnie natio-nale du sel, qui appartiennent au''Fondul Proprietatea'' (société paractions créée par l'État roumain).

L'État va privatiser 30 entreprises

Ecopolitique Une économie au sommet

mais un scénario proche de 2008 En quête d'un futur Premier ministre

Economie

La Roumanie pense sérieuse-ment à empêcher les person-nes physiques et les sociétés

étrangères à acheter des terres dans lepays pour une période de trois ans. C'estle Parlement qui va trancher. LaRoumanie a libéralisé il y a plusieursannées l'obtention de terres enouvrant ce droit aux étrangers dansles mêmes conditions que lesRoumains. Le pays détient quelques14 millions d'hectares de terrainagricole dont 10 millions de terrainarable.

Les terres les plus fertiles setrouvent dans les régions deCalarasi, Ialomita et dans le Banatoù de nombreux étrangers (au premierrang desquelles des sociétés italiennes etallemandes) ont acquis d'importantes sur-faces.

On considère que les compagnies àcapital étranger ont d'ores et déjà acheté

plus de un million d'hectares de terrainarable et s'occupent en métayage des tra-vaux sur d'autres deux millions. Il s'agitde multinationales, de fonds d'investisse-ments mais aussi de firmes agro-alimen-

taires qui se concentrent notamment surla production de céréales.

C'est dans les tuyaux depuis quelquestemps déjà mais le ministère del'Agriculture vient d'annoncer vouloirmettre en place de nouvelles règles pour

encadrer tout ça, "notamment à la deman-de des fermiers roumains", a précisé leministre Achim Irimescu. Le projet actuelva être discuté avec les fermiers et devraitêtre présenté au Parlement début novem-

bre. La première mesure évoquéevisera à limiter à 50 hectares maxi-mum l'achat de terres agricoles ainsiqu'à contraindre au maintien d'uneactivité agricole pendant au moinscinq ans. Achim Irimescu a préciséqu'à l'heure actuelle "70% des ventesde terrains agricoles à des étrangersétaient destinées à des fonds d'inves-tissements, cette mesure visant ainsià endiguer la spéculation".

Dans tous les cas, ces nouvellesobligations et autorisations, si elles sontvalidées par les députés, ne seront accor-dées que trois ans après l'adoption de laloi. Ainsi, et entre temps, l'achat de terrespar des étrangers serait donc suspendu.

www.lepetitjournal.com/Bucarest

L'économie roumaine a connu une hausse de 6% au deuxième trimestre, par rapport à la même période de l'année der-

nière. Il s'agit de la plus forte croissance de l'Union Européenne. Au premier trimestre 2016, soutenue par une consomma-

tion qui bondissait de 18%, celle-ci avait déjà atteint les 5,2%.

La Roumanie veut suspendre l'achat de terres par les étrangers

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ActualitéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Actualité

Le "Duster des hélicoptères" en projet

Avec près de 400 000 véhicules quiseront produits cette année, les usinesmarocaines du groupe Renault devien-nent des structures stratégiques pour legroupe, dépassant les unités historiquesde Roumanie et de Turquie, en faisantdésormais une base industrielle de pre-mier plan pour le groupe dans lemonde.

A titre de comparaison, en France,Renault produit 660 000 véhicules. LeMaroc profite de certains changementsqui s'opèrent dans les autres marchésoù Renault avait une présence histo-rique. En Roumanie, l'usine de Pitestidu groupe fait face depuis plusieursannées à une tendance haussière dessalaires qui l'ont contraint à lancer unplan d'automatisation. Quant à l'usineturque de Bursa (Turquie), elle a connuen 2015 plusieurs mouvements degrève qui ont freiné sa baisse des coûts.

Le Maroc continue d'afficher desconditions de production optimale dansl'industrie. De faibles coûts salariauxcomparativement aux autres marchés,des aides publiques accessibles dansles zones franches et une offre logis-tique en développement, le royaumeprésente ainsi tous les atouts pour atti-rer de grands constructeurs commeRenault et PSA, tout récemment.

Il reste maintenant à savoir siRenault est prête à franchir un nouveaucap au Maroc et oser produire sesmoteurs au Maroc comme le fera PSAdans son usine de Kénitra. Car ce der-nier va créer tout un écosystème defournisseurs qui pourrait faciliter la tâcheà Renault si elle produisait ses moteursdans le royaume. Mais à ce niveau, "ce

n'est pas d'actualité", indique Renault-Dacia.

Il existe une longue tradition entre la France et laRoumanie dans le domaine de l'aéronautique, mais ceprojet est plus ambitieux. Il n'est pas question de main-

tenance, mais de produire des hélicoptères" a déclaré FrançoisHollande. En l'espèce, il s'agira du modèle SuperPuma H215.Les investissements s'élè-vent à 52 millions d'euros,accompagnés de cinqmillions d'euros de la partde l'état roumain. But affi-ché: mettre à mal la domi-nation, dans le cadre desmissions de l'ONU, deshélicoptères russes,"moins chers à l'achatmais plus coûteux sur lelong-terme", selon Airbus.

Le prix d'un appareildevrait être d'environ 15 millions d'euros. Ce n'est pas forcé-ment une surprise, mais pour l'instant la Roumanie n'a pas

annoncé vouloir commander de modèles, bien que la flotte soitparticulièrement vieillotte. 350 employés sont attendus pour2020, pour une production de 15 hélicoptères par an. Les com-posants viennent surtout de France, mais la Roumanie devraitrapidement contribuer à cet effort via un pôle local de fournis-

seurs. Airbus Helicoptersn'est pas au mieux en cemoment à cause de deuxcontrats actuellement enstand-by, avec le Mexiqueet la Pologne pour 50appareils dans les deuxpays.

Le concurrent deBoeing, véritable fleuronde l'industrie française,compte au total près de23 000 employés de par le

monde. 12 000 hélicoptères produits par ses soins sont utilisésà l'échelle de la planète.

19 années de croissance… 8 de crises dévastatrices

A la suite des bons résultats enregistrés par l'économie roumaine au pre-

mier semestre (+ 5,2%), la Commission nationale de prévision économique

(CNP) a modifié fin septembre ses estimations de croissance pour l'année 2016,

passant de 4,2% à 4,8%. Ainsi, le PIB roumain devrait atteindre à l'horizon

2020 la somme de 1000 milliards de lei (environ 226 milliards d'euros à un taux

de change estimé pour cette année à 4,42 lei/euro).

Pour comprendre l'économie roumaine récente, il faut retourner un peudans l'histoire. La sortie du communisme a signifié pour le pays une des-cente aux enfers, la Roumanie n'étant pas préparée pour une économie de

marché. La disparition du CAER, le Conseil d'aide économique réciproque, sorte demarché commun des anciens pays communistes, l'a laissée sans partenaires à l'ex-port. Le PIB s'est effondré, passant de 60 milliards de dollars en 1988 et 56 milliardsen 1989, à 41 milliards de dollars en 1990 puis 29 milliards en 1991 et 20 milliardsen 1992. Quatre années de croissance ont suivi, et en 1997 une nouvelle crise adébuté. Elle a duré trois ans et a ramené le PIB roumain à son niveau de 1996.

2003 pour égaler 1989

En 2000, le PIB représente seulement 83% de celui de 1989. Mais cette annéeest aussi celle d'un nouveau cycle de croissance qui va durer neuf ans. Il faudra tou-tefois attendre 2003 pour que le PIB réel atteigne la valeur qu'il avait en 1989. Grâceà une croissance fulminante, de 7% à 8% par an, le PIB roumain atteint en 2008140 milliards d'euros - la Roumanie a décidé entre temps de passer à l'euro pour lecalcul de ses indices économiques intérieurs. Mais une nouvelle crise arrive et causela troisième récession sévère depuis la chute du communisme.

Il faudra attendre le premier trimestre 2014 pour que le PIB roumain retrouveson niveau de 2008. Aujourd'hui, le pays est dans un nouveau cycle de croissance,débuté en 2011, qui, si l'on en croit les estimations de la CNP, va durer au moins jus-qu'en 2020.

Après la chute du communisme, la Roumanie a eu 19 ans de croissance écono-mique et huit de récession. Le problème, c'est que les années de récession ont annu-lé en bonne partie les gains obtenus durant les années de croissance.

Augmenter les taxes pour garder du grain à moudre

Comment faire pour éviter que ce scénario ne se reproduise? Certains économis-tes pensent qu'une nouvelle période de récession dramatique peut être évitée par l'a-bandon des politiques procycliques menées par les différents gouvernements rou-mains depuis la chute du communisme.

Pour résumer, quand l'économie marchait bien, les dirigeants en place rédui-saient les taxes et augmentaient les salaires des fonctionnaires, encourageant ainsi laconsommation. A l'arrivée d'une crise, la consommation diminuait, ce qui entrainaitinévitablement une baisse de l'activité économique. Cela réduisait forcément lesrevenus de l'Etat, qui augmentait les impôts et les taxes pour faire face à ses dépen-ses, suffoquant encore plus l'économie.

De nombreux économistes attendent donc avec inquiétude la prochaine crise etpeu d'entre eux s'exaltent de voir que la croissance économique actuelle se construitsur la stimulation de la consommation et la réduction des taxes. Au contraire, lestaxes devraient être plus élevées maintenant, pour pouvoir être diminuées quand l'é-conomie connaitra des difficultés.

Iulian Anghel, (Ziarul Financiar)

(www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Economie

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Renault-Dacia : la menace marocainese précise

Economie

Airbus a profité de la présence de François Hollande et de Dacian Ciolos en visite à l'usine de Ghimbav, près de Brasov,

pour présenter en grande pompe un site qui devrait produire, à partir de 2017, le "Duster des hélicoptères, un appareil capa-

ble d'opérer par - 40 et + 40 degrés", selon la direction de la société.

Les investissements directsétrangers en Roumanie ontatteint les 2,34 milliards d'eu-

ros pour les sept premiers mois de l'an-née. Il s'agit d'une augmentation de18,6% sur la même période par rapport àl'année précédente. Ces chiffres provien-nent de la Banque nationale deRoumanie, la BNR. Dans le même temps,les placements en actions, incluant ici leprofit net réinvesti, représentent2,06 milliards d'euros, tandis que les prêtsintra-groupe atteignent 279 millions d'eu-ros. C'est en mai que les investissementsdirects ont été les plus élevés avec555,6 millions d'euros. Le Conseil desinvestissements étrangers, le FIC, a parailleurs estimé que la Roumanie avait lepotentiel pour augmenter de quatre foisson PIB en vingt ans et devenir l'une desdix plus importantes économies de l'UE.

Démarrer un business

en Roumanie... çà coûte !

Environ 12 500 dollars, voici lamoyenne du capital dont dispose les per-sonnes qui démarrent un business enRoumanie. Surprise, cette somme est

supérieure à la plupart des pays d'Europede l'est. Le montant requis pour démarrerune affaire en Roumanie coûterait ainsiplus du double par rapport à la Bulgarieet vingt fois plus qu'en Estonie, d'après ladernière étude réalisée sur le sujet par leGlobal Entrepreneurship Monitor(GEM). En Bulgarie, ce montant s'élèveseulement à 5676 dollars, tandis qu'enEstonie celui-ci atteint la modiquesomme de 567 dollars.

Plus proche du niveau de laRoumanie, les entrepreneurs hongroisdémarrent une affaire avec, en moyenne,10 748 dollars, contre 11 395 dollars pourles Polonais. Enfin, un quart des entrepre-neurs roumains utilisent leur propreargent pour se lancer, tandis qu'un tiersd'entre eux demandent de l'aide à leurfamille. 8,3% se tournent vers des amis et5% tentent l'aventure du Crowdfunding.27,2% essayent également de bénéficierdu soutien du gouvernement.

Viticulture : une production

en hausse cette année

Quelque quatre millions d'hectolitresde vin devraient être obtenus à la suite

des vendanges 2016, soit 11% de plusque l'année dernière, a annoncé lePatronat national de la vigne et du vin(PNVV). La région qui a le plus profitéde cette récolte fructueuse est laMoldavie (Vrâncea, Iasi, Husi et Cotnari)avec une production moyenne 20% plusélevée que l'année dernière. Les vigno-bles du Banat et de Transylvanie (ouest)enregistrent une hausse de 10%, alors quedes baisses de production vont toucherles régions de la Dobroudja (sud-est, -30%) et de l'Olténie (sud, - 20%).

Enfin, mises à part quelques excep-tions, les domaines de Dealu Mare garde-ront, eux, une production à peu près iden-tique à 2015. Ces grands écarts, enregis-trés autant entre les différentes régionsque les différents producteurs, sont liés àla fois aux conditions climatiques et à laqualité des traitements effectués par lesexploitants.

''Sur ce dernier point, nous signalonsque le fait d'avoir fait à temps ces traite-ments a assuré des productions très bon-nes'', précise le communiqué du PNVV,qui estime par ailleurs que le principaldéfi de cette année pour les vigneronssera de trouver de la main d'œuvre.

Hausse des investissements directs étrangers en Roumanie

Une récession qui annule presque tout

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L’actualité en imagesLes NOUVELLES de ROUMANIELes NOUVELLES de ROUMANIE

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Actualité

Des centaines decamions ont bloquéle trafic à Bucarest

Septembre-Octobre

Quelque 160 camions et 235 autresbus, microbus et taxi ont protesté lejeudi 15 septembre sur la PiataVictoriei de Bucarest, en face du gou-vernement, face aux prix de l'assuran-ce. Des manifestations similaires onteu lieu dans 23 autres villes du pays.

C'est une ordonnance d'urgenceémise quelques jours auparavant parle gouvernement qui a mis le feu auxpoudres. Les organisations patronalesdes sociétés de transport estiment quecelle-ci ne définit pas un prix de réfé-rence de l'assurance obligatoire. Orc'est bien la fluctuation des tarifs quiinquiète la profession.

Selon le secrétaire général del'Union nationale des transporteursroutiers de Roumanie, Radu Dinescu,il faudrait aujourd'hui débourser auminimum 5000 euros pour assurer uncamion. ''L'ordonnance d'urgence

émise par le gouvernement (…) laisse

l'ASF (Autorité de surveillance finan-

cière, ndlr) décider du prix du RCA

(assurance minimum obligatoire, ndlr),

or nous avons déjà demandé la démis-

sion de la direction de l'ASF car durant

sept mois, elle n'a absolument rien

fait'', a-t-il déclaré lors de la manifesta-tion. De son côté, le gouvernementreconnait l'incapacité de l'ASF à trou-ver une solution pour sortir de cettecrise, mais affirme qu'il n'est pas de sacompétence d'imposer un plafond pourles tarifs du RCA. ''L'ordonnance d'ur-

gence votée mercredi doit justement

offrir un cadre juridique pour résoudre

ce problème'', a précisé le porte-parolede l'Exécutif, Liviu Iolu. Cette explica-tion n'a pas calmé les manifestants,qui ont promis qu'ils continueraient debloquer le trafic.

La Roumanie est devenue une destination plus attractive que les Etats-Unis,l'Allemagne, la Suisse ou encore les Pays-Bas. C'est en tout cas ce qui res-sort d'un sondage intitulé Expat Insider 2016 réalisé par le réseau d'expatriés

InterNations. Le pays, classé pour la première fois l'an passé, grimpe de onze placespour se hisser à la 16ème place de ce top. C'est Taïwan qui a été considéré par les14 000 personnes interrogées (174 nationalités de 191 pays au total) comme la destina-tion la plus attractive, devant Malte et l'Equateur, suivis du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, du Costa Rica, de l'Australie, l'Autriche, le Luxembourg et la RépubliqueTchèque. Les pays les moins "intéressants" seraient le Koweït, la Grèce, le Nigeria, leBrésil et l'Arabie Saoudite. 67 pays ont été passés au crible avec pour principaux critè-res la qualité de vie (la Roumanie n'est ici que 48ème) mais aussi les services de base.

La Roumanie est surtout appréciée pour les loisirs à disposition ainsi que pour lesconditions de sécurité. Tout comme l'accueil de manière générale et les facilités d'inté-gration (le pays est quatrième du classement pour se faire des amis). A l'inverse, etguère surprenant, mauvais points pour la qualité des transports et du système de santé.Le sondage rappelle également que Bucarest est toujours l'une des moins onéreusesvilles pour les expatriés, à l'image du pays en général.

Enfin, et c'est là une autre fausse note, les expatriés interrogés se sont déclarésmécontents de leur vie amoureuse en Roumanie, classant étonnamment le pays à l'a-vant-dernière place de ce top… juste devant l'Arabie Saoudite. Qui le croit?

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attractive… sauf pour l'amour

A savoir La Roumanie toujours plus

Le gouvernement a voté de nou-velles mesures pour stimulerl'emploi. La plus importante

est une prime d'installation de 12 500 lei(environ 2800 e) pour les chômeurs quidéménagent à plus de 50 km de chez euxpour un contrat de travail. Sur l'initiativedu ministre du Travail, Dragos Pîslaru, legouvernement a adopté une ordonnanced'urgence visant à lutter contre le chôma-ge et stimuler l'emploi. Parmi les mesuresvotées, une aide d'installation de 12 500lei pour un emploi à plus de 50 km dudomicile: 50% seront versés à la signatu-re du contrat, et 50% après 12 mois de tra-vail. Si le nouveau salarié déménage avecun membre de sa famille (mari, femme,enfant) il recevra une aide supplémentairede 3000 lei (environ 670 euros). Pour les

jeunes, un dédommagement de 0,50 lei dukilomètre (plafonné à 55 lei -12 e - parjour) sera versé pour un premier emploi àplus de 15 km du domicile. Une prime de500 lei sera payée par l'Etat à tout chô-meur de longue durée qui obtient uncontrat de travail. Le gouvernement espè-re ainsi relancer l'emploi des catégoriesles plus vulnérables.

L'ordonnance prise par le ministre duTravail augmente également le montantdes primes accordées aux entreprises quioffrent un emploi aux catégories de chô-meurs ciblées (jeunes, plus de 45 ans, per-sonnes handicapées etc.). Ces mesures,qui seront effectives à partir du 1erdécembre, sont aussi ouvertes auxRoumains expatriés qui souhaitent revenirtravailler au pays.

La chaine de boulangeries fran-çaises Paul continue son déve-loppement en Roumanie, où

elle est présente depuis 2008, comptantdorénavant 13 magasins à Bucarest et troisautres à Cluj, Ploiesti et Constantsa. Outreles inévitables baguettes, on y trouve aussides viennoiseries et quelques gourmandi-

ses comme les éclairs à la vanille, les macarons, les moelleux au chocolat, etc.

Délices à la française

Une nouvelle aide à la mobilité de 12 500 lei pour les chômeurs

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L’habit ne fait pas le moine pour “Sa Très Haute Sainteté” Teodosie, archevêque de Constantsa, placé sous contrôle judiciaire pour détournementde fonds européens.

De nombreusesmères de

famille de Bistrita ont

protesté devantleur préfecture,

indignées par leretard apporté

pour sauver unbébé de huit

mois, mort pen-dant son

transfert à l’hôpital de

Suceava par unhélicoptère du

SMURD.

Le Président Iohannis a félicité deux prestigieux et jeunes centenaires: l’historien franco-roumain Neagu Djuvara et le philosophe Mihaï Sora.

A Iasi, le traditionnel pélérinage de Sainte Parascheva attire toujours des foules immenses.

Des centaines de volontaires ont prêté main forteaux victimes des inondations dans le judet de Galati.

François Hollande a été reçu par le Président Iohannis au palais Cotroceni de Bucarest afin d’envisager l’avenir de l’UE à la suite du Brexit.

La Roumanie a participé à des exercices de sauvetage dans les montagnes bulgares dans le cadre

de la coopération entre les pays de la région.

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FMI, Banque mondiale et Basescu

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Les inspecteurs de l'Autoriténationale sanitaire et vétérinaire(ANSVSA) ont trouvé des tracesde la bactérie Escherichia coli (E.Coli) dans une quinzaine d'échan-tillons prélevés dans des épiceries,des restaurants et des abattoirsdes départements de Suceava,Tulcea, Sibiu, Caras Severin,Bistrita-Nasaud, Olt et Prahova.Ces prélèvements ont été faitsdans le cadre du Plan national decontrôle qui s'est déroulé entre le8 août et le 2 septembre et qui avisé 171 abattoirs, épiceries, bou-cheries, super-marchés et distribu-teurs automatiques de lait frais. Labactérie E. Coli avait déjà fait par-ler d'elle en début d'année enRoumanie. Des traces avaient ététrouvées dans un lot de 25 kilo-grammes de fromage frais au laitde vache produit par la sociétélocale Lactate Bradet, basée dansle département d'Arges (Pitesti).La laiterie avait repris son activitéun mois plus tard après une désin-fection complète.

Huit judets menacés par une bactérie

Infrastructure fatiguée, locomotives usées, wagons mal entretenus... Comment les

chemins de fer roumains, l'une des rares entreprises publiques rentables dans les

années 1960 et 1970, sont-ils tombés si bas ? Explications.

Les chemins de fer roumains appartiennent à l'État depuis 1889, date à laquelletoutes les lignes construites par un consortium d'entreprises occidentales ont éténationalisées et administrées par l'entreprise Caile Ferate Romane (C.F.R.).

Pendant l'époque socialiste, la centralisation héritée de l'entre-deux-guerres s'est accélérée,le transport ferroviaire ayant acquis un rôle-clé dans la planification économique. Le sys-tème de transport sur rails a donc été intégré au budget national et placé sous le contrôledirect de l'État, au même titre que toute la planification des infrastructures et de la cons-truction, les services de transport de passagers et de marchandises, ainsi que la maintenan-ce et la production de wagons et de locomotives.

Le moyen de transport le plus sûr et le plus prisé par les usagers

Ainsi organisés, les chemins de fer roumains étaient une des rares entreprisespubliques rentables, et ce, surtout dans les années 1960 et 1970, quand ils étaient le fer delance du développement économique fulgurant du pays. Le système ferroviaire permettaitde relier les zones rurales aux zones urbaines et de transporter les matières premières jus-qu'aux usines, dans le cadre d'un système, si non parfait, au moins centralisé.

Mais la logique de l'économie planifiée des années 1980 s'est retournée contre les che-mins de fer et la primauté a été donnée à l'industrie lourde. Les grands investissementsgouvernementaux se sont concentrés sur l'infrastructure routière et les voies fluviales(même si celles-ci n'étaient pas rentables) et ont limité les ressources disponibles pour l'en-tretien des rails de chemins de fer. Malgré cela, l'augmentation du prix du carburant dû àla crise du pétrole de 1973 et la concentration des ressources en gaz sur l'industrie ontcontinué à influencer le développement des transports ferroviaires.

Jusqu'en 1979, les chemins de fer roumains transportaient 6,84 tonnes de charge parkilomètre, contre 4,07 t/km en Bulgarie et 0,78 t/km en Espagne. Le trafic a continué àaugmenter dans les années 1980, mais la production locale de wagons a baissé, ralentisse-ment qui a incontestablement pesé sur l'infrastructure. Même s'ils circulaient sous un ryth-me réduit, dans les années 1980 et 1990, les trains sont restés le moyen de transport le plussûr et le plus prisé par les usagers.

Dix fois moins de voyageurs qu'en 1995

Le régime post-socialiste a hérité d'un système de chemins de fer caractérisé par unegrande interdépendance des entreprises qui le constituent, d'une machinerie usée, d'uneinfrastructure fatiguée, mais d'un grand nombre d'usagers et de passagers. L'État avait alorsperdu la majorité des ressources nécessaires à la gestion, dû au financement et à l'entretiend'un système usé par une utilisation fréquente, mais qui avait connu trop peu d'investisse-ments. Un mauvais service, des trains trop lents et la priorité allouée à la construction d'in-frastructures routières sur l'entretien des chemins de fer après 1989, en plus de l'augmen-tation du nombre d'automobiles par habitants (augmentation stimulée par les crédits allé-chants et la concurrence du transport en autobus privé) ont conduit à la diminution du nom-bre d'usagers dans les années 1990. Les chemins de fer roumain transportaient jusqu'en1989 près de 481 millions de voyageurs par an, chiffre qui s'est divisé par deux en 1995 etqui est tombé à 48,5 millions en 2013. Une baisse de fréquentation en partie responsabledes pertes financières que l'entreprise a commencé à accumuler, surtout que le systèmeimpose de grosses dépenses pour son entretien.

Les réformateurs ont affirmé vouloir prendre en main la grosse crise que traversaientles chemins de fer. Leur première mesure a été le démantèlement de la structure verticalede l'entreprise appartenant à l'État, puis vinrent les exigences de l'UE qui demandait à tous

ont sinistré l'entreprise

des chemins de ferles pays candidats de libéraliser les chemins de fer - de les ren-dre disponibles aux entreprises (privées) qui n'ont pas de droitsautomatiques sur l'infrastructure. La troisième étape de ce pro-cessus de réforme fut la conclusion d'un accord avec le FMI,signé en 2012, selon lequel le gouvernement acceptait de sup-primer 20 % des lignes, de privatiser la compagnie nationalede transport de marchandises, et de licencier une partie desemployés. Tous les employés, indépendamment de leur placedans la hiérarchie de l'entreprise, sont aujourd'hui d'accordpour dire que l'état actuel des chemins de fer est la conséquen-ce de la destruction de l'entreprise publique et de sa privatisa-tion. Le processus de "réforme" a ainsi commencé en 1998,sous la pression de la Banque mondiale, et a permis de finan-cer le déficit budgétaire engendré par la modernisation deschemins de fer, la plus grosse entreprise publique roumaine.Le ministre des Transports de l'époque, Traian Basescu, futurprésident qui est resté à ce poste plus d'une décennie, et auquelon impute les plus grosses inégalités sociales de l'histoire dupost-socialisme romain, était en charge de ces réformes.

Des promesses non tenues

Avec les conseils d'un cabinet de conseil américain, TraianBasescu a mis en place un plan de restructuration radical, com-plètement différent de celui proposé par les syndicats qui espé-raient un plan de restructuration à l'image de la DeutscheBahn, ou des chemins de fer autrichiens OBB, une entreprisepublique constituée de plusieurs filiales. Ce schéma aurait per-mis une planification centralisée des chemins de fer, et aussi,avec de simples opérations de comptabilité, de rentabiliser lesfrais de transport des usagers avec les bénéfices du transport

de marchandises. Mais au lieu de cela, le plan Basescu a abou-ti à la dissolution des chemins de fer nationaux monolithiquesen cinq entreprises indépendantes sur le plan de la gestion etdes finances. Malgré la destruction de l'entreprise unique, leschemins de fer ont réussi à rester une unité indivisible tant surle plan matériel que sur le plan symbolique. Les calculs indi-viduels devaient fonctionner comme des outils disciplinairessensés augmenter la responsabilité, et l'efficacité économique,diminuer les charges sur le budget de l'État et libéraliser le sec-teur ferroviaire afin de parvenir à la compétitivité. Cependant,la restructuration et la libéralisation tant vantées n'ont pas rem-pli leurs promesses. Malgré les engagements qui promettaientque les chemins de fer "fonctionneraient parfaitement dansdeux ans", le système est aujourd'hui encore dans une situationbancale, avec des trains trop vieux, une infrastructure en mau-vais état, des wagons mal entretenus et des retards constantsqui placent la Roumanie parmi des derniers pays européens enmatière de transport ferroviaire. Le prix des billets a augmen-té, les subventions publiques aussi… Presque autant que ladurée des trajets.

Adrian Deoanca, traduit par Jovana Papovic

(Le Courrier des Balkans)

Evénements

Le hacker d'Arad, Guccifer, deon vrai nom Marcel Lazar Lehel,44 ans, a été condamné à quatreans et quatre mois de prison parun tribunal de Virginie aux USA,où il avait été extradé en mars der-nier. Il avait notamment piraté lese-mails d'Hilary Clinton, d'unconseiller de son mari et de l'an-cien secrétaire d'Etat, Colin Powel,mettant en évidence les défaillan-ces de leurs systèmes de sécurité.

Un jeune ours échappé d’on ne sait où a semé la panique sur la placeprincipale de la ville historique, mi-octobre, pénétrant ensuite dans lacour d'une fabrique de meubles où se trouvaient une cinquantaine

d'employés. L’animal, plus effrayé qu’effrayant, s’est réfugié sur le toit d’unimmeuble, alors que la foule se massait pour l’observer. La police n’ a pas hésitéà l’abattre, sans essayer de le neutraliser en utilisant les autres moyens qu’elleavait à sa disposition, comme des fusils hypodermiques avec des charges anesthé-siantes. Le commisaire chargé de l’opération avait donné l’ordre de le tuer, destémoins affirmant même qu’il avait tenté auparavant de l’écraser sous sa voiture.

Devant le scandale provoqué, entraînant des manifestations des défenseursdes animaux et de citoyens choqués, il a donné par la suite sa démission.

Cet évène-ment illustre laplace de plus enplus importanteque prennent lesréactions de lasociété civile enRoumanie, obli-geant les autoritésà en tenir compte.

Quatre ans de prisonpour Guccifer

La destruction programmée

Un ourson sur les toits de Sibiu

Voilà ce quireste de la

gare dePâncota,

dans le judetd’Arad.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Des centaines de personnes ontcommencé à faire la queue diman-che soir 9 octobre devant les agen-ces départementales de l'environ-nement pour obtenir les aidespubliques à l'installation de pan-neaux solaires. Celles-ci étaientmises à disposition par le program-me national Casa verde (maisonverte), qui était ouvert le lende-main.

L'État a en effet lancé une nou-velle session pour le financementdes systèmes de chauffage utilisantdes énergies renouvelables, dotéed'un budget de 94 millions de lei(plus de 20 millions d'euros). A rai-son de 3000 lei (660 euros) à 8000lei (1700 euros) par dossier, cettesomme devrait financer environ15 500 projets. Mais cela ne suffiracertainement pas à répondre à tou-tes les demandes.

En effet, des queues ont étéobservées dans un grand nombrede départements. Dans celui deBrasov, par exemple, environ 200personnes attendaient l'ouverturede l'agence de l'environnement,lundi matin, alors que le budget de1,6 million de lei (environ 400 000euros) alloué ne permettra le finan-cement que de 260 dossiers. Unepremière session de ce program-me, ouverte en 2011, avait enregis-tré 25 000 bénéficiaires.

Casa Verde est financé par lefonds Environnement du gouverne-ment, lui-même alimenté par lestaxes des pollueurs industriels,notamment les entreprises quicommercialisent des emballagesen plastique.

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Une nuit blanchepour des panneauxsolaires

Mardi 20 septembre, la Cour constitutionnelle roumaine devait statuer sur unequestion inédite: la reconnaissance du mariage d'un couple homosexuel. Leverdict a finalement été repoussé au 27 octobre et on l'attendait, alors que

l'on mettait "Les Nouvelles" sous presse. La question mobilise massivement l'opinionpublique roumaine et une pétition contre le mariage homosexuel a réuni plus de 3 millionsde signatures.

Adrian Coman et Clai Hamilton devront encore patienter avant de voir leur unionreconnue en Roumanie. Ce mardi 20 septembre, ils espéraient que la Cour constitution-nelle rende un avis favorable à ce sujet, mais les juges ont reporté leur décision. Le cou-ple se bat depuis bientôt quatre ans. Adrian, Roumain, et Clai, Américain, se sont mariésen Belgique en 2010, alors qu'ils travaillaient à Bruxelles. Désireux de retourner vivredans son pays avec son conjoint, Adrian a souhaité faire valider son mariage auprès desautorités roumaines. Impossible. "L'union de deux personnes de même sexe contractée àl'étranger, qu'elle comprenne des citoyens roumains ou étrangers, n'est pas reconnue enRoumanie", dicte l'article 277 de la Constitution.

En 2013, Adrian et Clai ont entamé une procédure judiciaire, car pour eux, ce refusconstitue une exception d'inconstitutionnalité. Leurs arguments: l'article 26 de laConstitution roumaine et l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Hommequi garantissent "le droit de toute personne au respect de sa vie privée et familiale".

Les différents tribunaux roumains devant lesquels ont plaidé Adrian et Clai ont ren-voyé la balle à la Cour constitutionnelle,tout aussi frileuse. C'est la deuxième foisque l'institution repousse son avis. "Lesjuges de la Cour ont encore besoin d'ap-profondir le dossier", a expliqué le prési-dent, Valer Dorneanu. Adrian espère quela Cour finira par prendre une décision"responsable, adaptée à la réalité actuel-le" et résister aux fortes pressions del'Eglise orthodoxe. Car derrière ces deuxhommes se joue le sort de toute la com-munauté LGBT de Roumanie.

"Nous avons besoin que notre famille soit reconnue et protégée, et nous allons conti-nuer tant que nous ne gagnerons pas en instance. Nos semblables souffrent de ne pouvoirmener une vie de famille légale en Roumanie et doivent souvent quitter le pays", a décla-ré Adrian Coman.

La Cour a promis de se prononcer le 27 octobre. Même s'ils sortaient vainqueurs decette bataille, Adrian et Clai ne sont pas au bout de leurs peines. Un groupe d'associationsa déjà lancé une pétition qui aurait réuni 3 millions de signatures pour que la Constitutiondéfinisse précisément le mariage comme "l'union d'un homme et d'une femme".

Aline Fontaine (Le Courrier des Balkans)

Adrian le Roumain et Clay l'Américain n'arrivent pas à faire valider

leur union célébrée à Bruxelles

Evénements

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BUZAU

Le mariage gay fait toujours débat

Le recteur de l'université d'Oradea, ConstantinBungau (52 ans), aurait reçu une icône en argent,des boutons de manchette en or, sa maison étant

également rénovée, pour promouvoir au poste de professeurd'université une psychologue, Maria Dindelegan (39ans),avec l'aide de son mari, prêtre. Floare Chipa, doyen de lafaculté de sciences humaines, a été également mis en causedans la transaction.

Icone et boutons de manchettes

EvénementsPlusieurs Roumains victimes de l'attentat de Nice

Cristinel Coman,34 ans, fait par-tie des

Roumains, victimes de l'at-tentat du 14 juillet à Nice

(photo avec sa femme et son fils). Le Monde a dressé son por-trait, comme il l'avait fait lors de la tragédie du Bataclan. Ilétait né à Roman, petite ville de Moldavie, dans l'est de laRoumanie, dans une région réputée pour sa pauvreté. En 1984,Cristinel Coman n'a pas 3 ans lorsque ses parents déménagentà Rovinari, ville minière de l'ouest du pays. Le père deCristinel avait trouvé un emploi de mécanicien et sa mère tra-vaillait dans le laboratoire chimique de la mine. Sous le com-munisme, les métiers de la mine étaient relativement privilé-giés: la Roumanie voulait son indépendance énergétique.

Electricien à défaut de devenir gendarme

Mais avec la chute de Nicolae Ceausescu, en 1989, qui aouvert la Roumanie sur le monde, l'industrie minière roumai-ne est devenue obsolète. Cristinel rêvait de justice et voulaitdevenir gendarme, mais il avait manqué de peu l'examen. Ilavait appris le métier d'électricien auprès de son père. Dans lesannées 2000, la fermeture des mines s'est accélérée. Un tiersdes douze mille mineurs de Rovinari sont partis en Europe del'Ouest. "C'est dur, dit Robert Filip, le maire de Rovinari.J'espère voir le jour où ils reviendront en Roumanie".

Cristinel a pris lui aussi la route vers l'ouest. Il s'est arrêtéà Timisoara, dans l'ouest de la Roumanie, fleuron de l'écono-mie locale. C'est dans cette ville coquette, symbole de la révo-

lution anticommuniste, qu'il a rencontré sa future femme. AvecAdriana, ils ont eu un fils, Denis, aujourd'hui âgé de 8 ans. Labelle-mère de Cristinel s'était installée en Autriche, et le jeunecouple l'a suivie en 2008. "C'était un débrouillard, très intelli-gent, dit sa mère, Anisoara Coman. Il a appris tout seul l'in-formatique, et en quelques semaines, il avait acquis les basesde la langue allemande".

"Il voulait montrer le monde à son fils"

Cristinel s'est installé à Admont, en Styrie, dans le sud-estde l'Autriche, où il a créé sa propre société de transport. "Ilavait un culte pour les voitures et il promenait beaucoup sonfils, il voulait lui montrer le monde", raconte sa mère. Au débutde juillet, Cristinel avait décidé de faire découvrir la Côted'Azur à son épouse et à son fils. Le 14 juillet, il se trouvait surla promenade des Anglais et disait à sa belle-mère au télépho-ne qu'ils s'apprêtaient à regarder le feu d'artifice. Quelquesminutes plus tard, un camion arrivé de nulle part renversait safemme, qui se trouvait à deux mètres derrière lui. Il n'a eu quele temps de jeter son enfant en l'air pour lui éviter la mort.

Sa dépouille a été rapatriée en Roumanie par les autoritésfrançaises. "J'ai tellement souffert, et ce ne sera jamais fini, ditsa mère. Je n'ai pas pu voir son corps, le cercueil était scellé.Il ne correspondait pas à la taille de Cristinel. Je pense qu'ona mis dedans ce qu'on a retrouvé de son corps. J'aurais telle-ment voulu l'embrasser une dernière fois. J'ai l'impressionqu'il est toujours vivant, là-bas, en Autriche".

Quant au petit Denis, il ne cesse de poser la même ques-tion: "Il est où, mon papa?" Mirel Bran

Le ministre roumain àl'Agriculture souhaite réduirele gaspillage alimentaire en

augmentant les prix de la nourriture. Ilestime que les citoyens n'en connaissentpas la vraie valeur. Ce n'est pas"Travailler plus pour gagner plus" decélèbre mémoire mais "Manger mieuxpour économiser plus". Un articled'EurActiv Roumanie. L'augmentationdes prix pourrait mener à un changementde mentalité et de comportement en cequi concerne l'achat et la consommationde la nourriture, selon Achim Irimescu."Ils remplissent le frigo, puis ils se retro-uvent avec des tas de produits dont ladate d'expiration est dépassée. J'admetsque ça m'est aussi arrivé. Un des moyens

de réduire la consommation de pétrole etde combustibles fossiles est d'en augmen-ter le prix, donc on peut probablementfaire la même chose pour l'alimentation.Si un kilo de viande a le prix adéquat, lesgens feront plus attention à ne pasgaspiller", a assuré le ministre.

"L'humanité s'apprête à affronterune crise alimentaire. Je pense qu'ilserait utile de changer les mentalités etque la Roumanie a les ressources néces-saires pour résoudre ce problème", a-t-ilpoursuivi, ajoutant que son ministèreavait mis en place un groupe de travailavec les représentants de 25 entitéspubliques et privées pour trouver unesolution durable au problème du gaspilla-ge alimentaire.

Le ministre s'est également plaint del'argent que dépense l'UE pour l'agricul-ture, environ 40 milliards d'euros chaqueannée. "Nous savons tous qu'en cemoment, dans l'UE, nous ne serions pascapables de produire des aliments à desprix abordables", a-t-il fait remarquer.

Achim Irimescu s'est félicité des pro-grammes mis en place par nombre depays d'Europe occidentale qui permettentla vente à prix réduit des aliments qui neseront plus bons très longtemps, pour lesgens qui ne pourraient autrement pas se lepermettre. Selon les statistiques officiel-les, les Roumains jettent tous les ans 2,5millions de tonnes de nourriture.

EurActiv.ro

(Traduit par Manon Flausch)

Cristinel Coman téléphonait à sa mère

pour lui décrire le feu d'artifice

Bucarest veut augmenter les prix de la nourriture pour lutter contre le gaspillage

Manger mieux pour économiser plus !

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

La mairie de la capitale a annoncéavoir reçu plus de 150 plaintes d'habi-tants en moins de trois mois concer-nant des odeurs désagréables dansles quartiers nord et ouest, mais aussidans le sud de la capitale. Plusieursdéchetteries autour de Bucarest ontété contrôlées et quelques mesuresont été prises, sans toutefois que desamendes soient distribuées, précise lamairie, qui reste toutefois assez vaguesur l'origine de ces odeurs et l'implica-tion ou non de ces déchetteries dansles désagréments signalés par lapopulation.

''Nous allons mettre en place un

protocole entre la Garde de l'environ-

nement, la police locale et les commu-

nes de Chiajna et Chitila (ou se situe

la principale déchetterie de Bucarest,

ndlr) pour créer des points de contrôle

fixes qui assurent la surveillance per-

manente des sites'', a déclaré la mairede Bucarest, Gabriela Firea (photo).

Les mauvaises odeurs ne sont pas leseul problème auquel se confronte laville. En 2009, la Roumanie a étémise au piquet par l'UE. La procédured'infraction relative à la qualité de l'airouverte à cette date n'a toujours pasété close du fait des particules finesqui persistent à Bucarest. Par ailleurs,seulement 22% des Bucarestois sontsatisfaits de l'air qu'ils respirent, selonun sondage publié en juin parEurostat.

n

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

l

TIMISOARA

ARADSIBIU

l

l

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

l

l

l

l

l

l

l

TULCEA

BOTOSANI

ORASTIEl

l

l

PITESTI

l

l

Bucarest sent mauvais

Moines en révolte, pétitions de fidèles, les courants intégristes de l'orthodoxie

roumaine sont vent debout contre la (timide) participation de l'Eglise aux initiati-

ves œcuméniques engagées par le Patriarcat de Constantinople. Et les médias,

volontiers bouffeurs de curés, ne s'interrogent guère sur les dérives idéologiques

de fond de l'institution ecclésiale.

Le scandale couve au sein de l'Église orthodoxe roumaine, nous apprennentles médias roumains, qui font état de l'envoi par des ecclésiastiques de lett-res de protestation et d'ultimatums adressés à leurs supérieurs hiérarchiques.

La révolte est partie de plusieurs monastères de la région de Moldavie roumaine.Plusieurs moines-prêtres ont signé le 10 août une pétition lancée par 4500 prêtres etfidèles adressée à sa sainteté Teofan, archevêque de Iasi et métropolite de Moldavie etde Bucovine. Ils lui demandent d'"apporter la preuve de l'orthodoxie de l'Église toutentière en se retirant sa signature apposée en Crète, en abjurant l'œcuménisme et en

quittant le Conseil mon-dial des Églises". Enguise d'ultimatum, lesauteurs du documentannonçaient que, si dansles dix jours le métropo-lite Teofan ne se confor-mait pas à ces exigen-ces, son nom ne seraitplus invoqué au coursdes messes dominicales.

Le point de départdu mécontentement estle "Très saint et grandconcile panorthodoxe"

qui a eu lieu en Crète du 17 au 26 juin 2016. La participation d'une délégation del'Eglise roumaine à ce concile et la signature des documents approuvés à l'occasion dela rencontre ont déclenché de virulentes réactions dans les milieux monastiques. Leprincipal point de discorde fut le document intitulé "Les relations de l'Église orthodoxeavec l'ensemble du monde chrétien". Il existerait ainsi, s'indigne la pétition, "plusieursÉglises chrétiennes dont ferait partie également l'Église orthodoxe".

"Des fanatiques prêts à pendre le premier

catholique qu'ils rencontrent sur leur chemin"

Une démarche similaire, mais sur un ton plus posé, fut entreprise auprès de l'évêqued'Oradea par des ecclésiastiques et des fidèles de la région de Bihor, en Transylvanie,qui ont initié une campagne de signatures pour "l'annulation des décrets hérétiques desrésolutions du concile". "Nous y retrouvons, une fois de plus, tout ce langage œcumé-nique, non orthodoxe, autour de la restauration de l'unité. L'Église ne saurait prierpour l'union avec les hérétiques. On nous parle de dialogue. Sa Sainteté le patriarcheœcuménique ne sait-elle pas quel est le dialogue préconisé par l'Évangile ? Et, avanttout, ne sait-elle pas que l'Évangile ne parle pas de dialogue mais d'évangélisation etd'enseignement?".

Toujours à l'est du pays, une autre réaction est venue du monastère d'Oituz dont lesupérieur a cessé de citer le nom de son supérieur hiérarchique au canon de la liturgie:"L'espoir que la délégation roumaine au synode nous a donné en apportant certainsamendements lors des réunions a été anéanti par la signature des documents finaux quidémolissent l'Église de Jésus", écrivent les protestataires de l'archevêché de Bacau etde Roman.

"Le terrorisme, punition Religion

L'Eglise orthodoxe tentée

Le patriarche Daniel (au centre) et sa “Très Haute Sainteté” Teofan

l

BUZAU

A vrai dire, préparé de longue date, ce concile a donné lieuà des déclarations lénifiantes et à bien peu de décisions signi-ficatives. La vague de contestation repose en fait sur le refusde quatre des quatorze Église autocéphales de participer à cetterencontre: les Églises de Géorgie, de Bulgarie, d'Antioche etde Moscou. A l'exception du patriarche de Jérusalem et de l'ar-chevêque Athanase d'Albanie, les chefs des autres Églises ontcampé sur des positions très conservatrices et n'ont pas man-qué de rappeler leur hostilité à l'égard de l'Église catholique.

A ce propos, le moine-prêtre Petru Pruteanu fait remarquersur son blog que "le fait qu'un million de Roumains suivent laliturgie orthodoxe dans des églises catholiques d'Italie etquelques 700 à 800 000 autres en Espagne ne semble déran-ger personne. Cela apparaît comme quelque chose de naturelà tous ces fanatiques prêts à pendre le premier catholiquequ'ils rencontrent sur leur chemin".

"Tu nous a unis aux satanistes !"

Au lendemain de la publication des pétitions des protesta-taires, qui peuvent compter surle soutien des Églises qui nereconnaissent pas le synode,notamment la plus puissanted'entre elles, celle de Moscou,le métropolite Teofan futaccueilli aux cris "Tu nous aunis aux satanistes!" à la sortiede la messe au monastère deVaratec, à Neamt. S'il ne risquepas d'aboutir à un schisme,l'actuel conflit qui oppose ladirection de l'Eglise, dont leconservatisme n'est plus à rap-peler, aux ultra-intégristes per-met cependant de saisir le cli-mat nauséabond actuel, propice aux dérapages.

Le terrorisme, expliquait en substance dans son long prê-che devant quelque 40 000 pèlerins le métropolite de Cluj, estune punition divine du politiquement correct qui domine enEurope. Tour à tour anachroniques, fantaisistes et retors, lesarguments invoqués par ce pilier de la direction actuelle de l'É-glise étaient pourtant suffisamment alambiqués et naïfs pourtoucher le public. Après avoir attribuée la prise deConstantinople par les Turcs en 1453 à la perte de la foi chré-tienne, le métropolite Andrei Andreicut a invoqué les pèresfondateurs de l'Europe. En effet, Konrad Adenauer, Alcide DeGasperi et Jean Monnet ont choisi un drapeau bien représenta-tif, s'inspirant des Saintes Écritures, précisément du livre del'Apocalypse, chapitre 12, premier verset: "Et un grand signeest apparu dans le ciel, une femme vêtue du Soleil avec la Luneà ses pieds, qui portait une couronne avec douze étoiles".

Le métropolite commente ainsi: "Nous avons là l'icône dela Mère de Dieu. L'Europe fut placée sous sa protection.

L'étendard est bleu parce que c'est la couleur de la Mère deDieu et les douze étoiles représentent les douze apôtres. Lechristianisme est la religion de l'Europe, mais l'Europe s'estlaïcisée et ses dirigeants, pénétrés par le politiquement cor-rect, ne se réfèrent plus à ces racines chrétiennes ".

Les médias préfèrent apporter leur propre

contribution au concert de lamentations

Le traitement réservé par les médias de masse à la religionest contradictoire. Neutre en apparence, en fait souvent com-plice, quand il s'agit du discours de l'Église sur les grandssujets de société, il devient critique et même virulent quand ils'agit des pratiques de l'Église orthodoxe comme institution.L'injonction populaire: "Comporte-toi comme le curé te dit defaire, pas comme il le fait!" convient assez bien à la situation.

Le jour même où éclatait l'affaire des pétitions contre leSynode, Adevarul faisait sa une sur les profits exorbitants(400 000 euros en 2015) tirés par la patriarchie roumaine despèlerinages. Le dessin de couverture aurait pu paraître dans

Charlie Hebdo ou le Canard

enchaîné…

Ce type de critique a prisd'ailleurs une ampleur excep-tionnelle ces dernières années,les médias ayant assuré unécho considérable au slogan"Des hôpitaux, pas des égli-ses!" En revanche, les médiass'abstiennent de toute critiquede fond à l'égard d'initiativestelle que la demande de chan-gement de la Constitution poury introduire l'interdiction dumariage entre des personnesdu même sexe ou même par-

fois de l'intervention volontaire de grossesse… Ils se gardentbien d'interroger le silence de l'Église sur le sort des réfugiésdu Proche-Orient et ne ratent pas une occasion pour surenché-rir sur les malheurs qui accablent les Roumains et le pessimis-me ambiant contre lesquels toute action entreprise par descitoyens responsables, conscients de leurs propres droits,apparaît vaine.

Plutôt que de faire un minimum de pédagogie pour expli-quer le monde moderne tel qu'il est, les médias préfèrentapporter leur propre contribution au concert de lamentationsimpuissantes. C'est sur ce point d'ailleurs que réside la force del'Église, malgré les critiques auxquelles elle doit faire face etles conflits qui la traversent et qui constituent un signe de vita-lité plutôt que de faiblesse. En effet, à sa façon, elle est plusproche du petit peuple que les politiques obligés de respectercertains "standards démocratiques", pour reprendre l'expres-sion consacrée depuis l'implosion du régime communiste enRoumanie. Nicolas Trifon (Le Courrier des Balkans)

divine du politiquement correct qui domine en Europe"

par le démon de l'intégrisme et l'obscurantisme

Le "Très saint et grand concile panorthodoxe" en Crète, en juin.

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Les NOUVELLES de ROUMANIE Société

Fondée en 1975 par un spéléologue, l'entreprise Petzl, descendant d'un

Roumain qui fut son créateur, continue d'équiper alpinistes chevronnés, élagueurs

et même les pompiers de New York.

Tous les amateurs de verticalité le savent: en montagne, on ne badine pas avecla qualité du matériel. C'est à cette aune qu'il faut juger l'impressionnant suc-cès des systèmes d'assurage Petzl. Ses mousquetons, et autres descendeurs,

bloqueurs et assureurs - bref, ces outils qui "rendent la corde intelligente" - équipentaussi bien les alpinistes les plus chevronnésque les équipes de maintenance des champsd'éoliennes, les spécialistes de l'élagage d'arb-res de grande taille que les ouvriers du bâti-ment… "Après le 11-Septembre, les pompiersont voulu avoir un système d'évacuation parcequ'ils n'ont pas pu quitter les tours du WorldTrade Center de New York en flammes, racon-te Paul Petzl, président de la société. Ils sontvenus nous voir et nous ont demandé si l'onavait une solution: on a développé un produitspécifique (1) et on a équipé dans l'année les12 000 pompiers de New York".

Une entreprise à l'envergure mondiale

Petzl compte aujourd'hui près de 700 salariésdans le monde, dont 550 en France, et réalise 80 % deson chiffre d'affaires (140 millions d'euros) à l'export,dans 60 pays. Mais l'entreprise reste un groupe fami-lial, dont le premier de cordée se nomme FernandPetzl, fils d'un Allemand de Roumanie, qui a acquisla nationalité française en entrant dans la Légionétrangère. Passionné de spéléologie, le jeune hommefut l'un des premiers à explorer, dans les années 1930,l'immense réseau de galeries souterraines qui creusela Dent de Crolles, un sommet de la Chartreuse.Modeleur-mécanicien depuis l'âge de 14 ans, il ne cesse de fabriquer des outils pour sesexpéditions sur son établi: civières articulées, bloqueurs, descendeurs, etc. C'est à luiqu'on doit les premières cordes en nylon ou l'invention de la lampe frontale, en 1973.Deux ans plus tard, il transforme son atelier en entreprise. Elle est toujours solidementaccrochée au succès. Séverin Husson (La Croix)

(1) Dérivé du Grigri, le premier assureur autofreinant, inventé en 1991.

Une société fondée par un Roumain équipeles pompiers de New York

Toujours plus de télés dans les foyers roumains

L'année 2016 enregistre une augmentation de 40%des ventes de téléviseurs par rapport à l'année pré-cédente. Au total, d'ici la fin de l'année, plus de

1,4 millions d'écrans TV auront été achetés en Roumanie. Ils'agit de la plus importante croissance du marché de la télévi-sion depuis la crise (2008). Cette augmentation peut s'expli-quer par la baisse de la TVA d'une part, mais aussi, par la pré-sence cette année d'un événement télévisé majeur: l'Euro defootball 2016, selon le directeur de Sony pour la Roumanie.Localement, les prix pour un écran de télévision démarrent à

partir de 500 lei (110 euros) et peuvent atteindre plus de10 000 lei (plus de 2200 euros) en fonction de la technologieutilisée et la taille.

Toutefois, la catégorie d'écrans qui a été la plus achetéecette année est celle des téléviseurs bon marché, avec une aug-mentation de 2,5 fois le nombre de TV vendues. Selon les sta-tistiques mises en avant par le site internet du Ziarul

Financiar, en Roumanie 100 foyers seraient équipés d'un totalde 145 téléviseurs. Dans le même temps, seulement 81% deslogements possèderaient une machine à laver.

A savoirDestins

n

BUCAREST

ORADEA

SATU MAREl

TIMISOARA

ARAD

lIASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES BRAILAl

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SUCEAVA

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PITESTI

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TARGOVISTEl

BISTRITA

BACAU

CRAIOVA

TULCEA

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GIURGIU l

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Maria Cioclea, 17ans, est devenuechampionne d'Europecadette de lutte dans lacatégorie des 40 kg, le22 juillet dernier àStockholm, battant sacompatriote Roxana Tif,4-0, dans une finaleinédite, 100 % roumaine.L'exploit de la jeune fille,native de la communeCaragiale (judetDâmbovita, Proche deBucarest) se situe pourtant ailleurs.

Enfant, Maria a été abandonnée àl'âge de 9 ans par ses parents, deve-nant une "petite sauvageonne", éle-vée par sa tante qui n'avait pas d'en-fant, se battant avec les garçons deson âge, considérée comme le mou-ton noir de sa classe, en conflit per-manent avec ses professeurs, prati-quant avec rage le football, plutôtqu'un sport plus féminin.

C'est justement au cours d'unmatch que Cornel Cornea, ensei-gnant et entraîneur de lutte, remar-qua son énergie et la décida à lacanaliser. La gamine avait 13 ans etpassa quatre ans à s'entraîner dure-ment. Sa vie allait changer. "J'ai

appris à me discipliner, à devenir une

personne meilleure, plus correcte"

reconnait-elle. Cornel Cornea confie

que sa tâche a été dure mais qu'il a

vite eu le sentiment d'avoir "un dia-

mant brut" entre ses mains. Maria adû faire une croix sur les sorties, ladiscothèque, le cinéma. Mais lerésultat est là. Elle a intégré la sélec-tion nationale en vue des prochainschampionnats du monde.

La "sauvageonne" estdevenue championned'Europe

La Roumanie a perdu une descinq médailles obtenues aux JOde Rio. L'haltérophile Gabriel

Sincraian, médaille de bronze aux haltèresdans la catégorie des 85 kg, a été contrôlépositif. Il s'agit d'un récidiviste, ayant étésuspendu deux ans pour les mêmes faits,

en 2013. Le Comité olympique roumainrisque une amende de 100 000 euros.Avant la compétition, l'entraîneur de l'é-quipe d'Allemagne avait mis en cause lespratiques systématiques de dopage deshaltérophiles de l'Est et la connivence deleurs fédérations nationales.

Médaillé… mais dopé

Paul Petzl, président de la société,au siège de Crolles, en Isère.

En tant que direc-teur de l'hôpitalde Constantsa, le

médecin Danut Captina, 57ans, a touché 1,3 millionsd'euros de bakchich, établis-sant un record dans ce sec-teur, utilisant quatre sociétésoffshore pour mettre à l'abrice pactole. Il a été dénoncé auprès de la DNA par desmalades rançonnés. Il risque 4 ans de prison.

Boom sur le programme "Première maison" à Iasi

La vertigineuse ascension

des mousquetons Petzl

Bien aidé par le programme"Prima casa/Première mai-son", le marché de l'immobi-

lier roumain a compté 45 000 nouvellesconstructions l'an passé. Selon le Ziarul

Financiar, c'est la principale ville de l'estdu pays, Iasi, qui enregistre le plus grosboum avec 1300 nouvelles maisons en2015, soit quatre fois plus que l'annéeprécédente. La ville moldave retrouveainsi quasiment le niveau qui était le sien

en 2009 avec 1459 nouvelles maisons. Ilsemblerait que ce soit la forte augmenta-tion du nombre de sociétés spécialiséesdans les nouvelles technologies et ayantinvesti dans la ville qui soit la raison decette hausse.

De son côté, Bucarest a enregistré4500 nouvelles maisons (10% du volumenational) en 2015, soit une hausse de34%. C'est un record pour la capitale surces vingt dernières années. En 2008,

année du précédent pic, la capitale nepesait que 4% du volume national.

A l'inverse, la capitale de transylva-nie, Cluj-Napoca, particulièrement envogue ces dernières années, a vu leurnombre baisser de 24% en 2015 par rap-port à l'année précédente. Cette ville étu-diante (70 000 au total), par ailleurs par-ticulièrement bien pourvue en espaces debureaux, l'avait pourtant quadruplé en2014 par rapport à 2013.

Même si celui-ci n'est pas comparable au tristeévénement qui a eu lieu récemment en Italie, ledernier tremblement de terre en Roumanie cons-

titue un signal d'alarme pour beaucoup de spécialistes du mar-ché de l'immobilier et de l'assurance. Le PAID regroupe lessociétés d'assurance roumaines sur le thème des systèmes d'as-surance obligatoire des habitations dans le cas des catastrophesnaturels. Celui-ci vient d'annoncer que seulement un cinquiè-me des Roumains possédait à l'heure actuelle une assurancepour leur habitation en cas de tremblements de terre, d'inonda-tions et de glissements de terrain. Celle-ci est pourtant obliga-toire. "La Roumanie n'est pourtant pas réputée pour posséderun système national d'assurance obligatoire des biens immo-biliers à tarifs élevés", a indiqué le PAID.

Les chiffres sont toutefois en hausse puisque le nombre

d'assurances obligatoires en vigueur est passé de 1,5 million à1,73 million entre août 2015 et août 2016. Plus de 38% desBucarestois possèdent une assurance obligatoire pour leurmaison, contre seulement 26% des habitants de Dobrogea ouencore 21% dans le Banat. Épicentre des séismes dans le pays,la région de Vrancea, en Moldavie, n'aurait que 15% de sesmaisons assurées.

Le PAID a également précisé que pour le mois d'août ilavait dédommagé ses clients à hauteur de 228 477 lei, soit unemoyenne de plus de 50 000 euros par sinistré. D'après uneétude réalisée à l'échelle européenne par la société d'assurancesuisse Swiss RE, les catastrophes naturelles ont généré l'anpassé des pertes de 12 milliards d'euros en Europe. Selon l'é-tude, seules 5,5 milliards de ces pertes étaient couvertes pardes assurances.

Seulement 20 % des maisons roumaines assurées contre les calamités

Un peu plus de 45% des adultes roumains possèdent unepression artérielle élevée. Le chiffre est cinq points plushaut qu'il y a cinq ans, d'après une étude conduite par la

Société roumaine d'hypertension artérielle, la SRH. Cela représenteenviron 7,4 millions de personnes. L'hypertension constitue le principalrisque de maladies cardiovasculaires qui sont, rappelons-le, responsa-bles du plus grand nombre de décès dans le pays. Autre information pré-occupante ressortie de cette étude réalisée ces derniers mois: un adultesur cinq n'était pas au courant du problème. Ce chiffre a toutefois bienbaissée par rapport à il y a dix ans où 44,3% des adultes souffrant d'hy-pertension déclaraient ne rien savoir du tout à ce sujet.

Des Roumains hypertendus Drôle de médecin

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

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SociétéLes NOUVELLES de ROUMANIE

Connue pour sa poitrine généreuse, sa paire de fes-ses offerte complaisammentaux photographes sur les plages

de Mamaia… mais aussi, d'après "les mau-vaises langues", à l'ex-président Basescuqu'elle rejoignait nuitamment au palaisCotroceni, et en remerciement l'avait nom-mée Secrétaire d'Etat au Tourisme, ElenaUdrea a trouvé la voie de la rédemption.

La pulpeuse blonde s'est inscrite à unmaster de la faculté de théologie orthodoxede Cluj. "Je veux pouvoir aider ceux quiont des problèmes émotionnels, spirituelsque l'on peut surmonter par des méthodesreligieuses" a-t'elle-confié, rajoutant: "Le premier jour du post(jeûne) de l'Assomption (15 août, Sainte Vierge), j'ai prié unquart d'heure, médité autant sur l'enseignement du chapitre 9,lequel préconise que pour être heureux, trois éléments sont

indispensable: la santé, la richesse (çà, elle se débrouilledéjà), et l'amour".

La pècheresse repentie s'est mêmecontentée d'absorber un bol de café aulait aux amandes, des tranches de pas-tèque, des pruneaux, accompagnés deverres d'eau. Elle compte même persévé-rer en préparant une licence plus tard, augrand plaisir des religieuses qui la ramè-nent sur le droit chemin et s'en vantentsur leur site. "Dans les moments impor-tants, seul Dieu compte!" a-t-elle asséné.Certes… mais un petit coup de pouce del'Eglise orthodoxe pour la défendre des

impies de la DNA qui ont eu l'impudence de la faire menotteret envoyer quelques semaines derrière les barreaux, en atten-dant les suites judiciaires des délits de corruption qui lui sontreprochés… çà peut toujours servir !

La pècheresse Elena Udrea devenue Sainte Vierge Insolite

Les activistes roumains disposent d'un nouveau soutien dansleur combat contre les défrichements illégaux auxquels sontconfrontées les forêts roumaines, en la personne de Leonardo

Di Caprio. Celui-ci a en effet posté une photo et un message surInstagram afin, dit-il, "d'attirer l'attention des autorités roumaines surles efforts des militants dans leur combat pour protéger les forêts rou-maines des coupes massives". Le texte de la star américaine présentaitles récentes activités de militants Greenpeace de onze pays européensconsistant à délimiter une des plus anciennes forêts d'Europe dans ledépartement de l'Arges. Après le Prince Charles et le groupe américainMaroon 5, il est de bon ton dans le show-biz de défendre les forêts rou-maines. En quelques heures, DiCaprio a obtenu des centaines de milliersde "J'aime".

Leonardo Di Caprio à la rescousse des forêts roumaines

Certaines idées ont la vie dure. Si on cherche sur Internet… on se rend compte que certains Roumains croient dur…comme acier que la Tour Eiffel doit à l'alliage fabriqué dans les aciéries des fourneaux de Govasdia, près de Retsita(Caras Severin) son succès et sa longévité. Cette légende était même propagée dans les ouvrages scolaires et faisait la

fierté des habitants de la région. Il n'en est évidemment rien… l'acier a été fabriqué par les "Forges et usines de Pompay Fould-Dupond" en Lorraine. La confusion vient du fait que la construction du premier pont routier en Roumanie, sur la Tiza, à Seghedin,avait été confiée à l'ingénieur Gustave Eiffel… d'où cette appropriation faisant la fierté de visiteurs roumains qui poireautent aupied de l'édifice le plus connu au monde.

Une fierté mal placée

Voici trois ans, Ioan Bucatariu le maire de Avrameni(jud Botosani) cherchait une idée pour les illumi-nations de Noël, sans tomber dans le sempiternel

sapin et sans copier la commune voisine de Bucecea qui a élevéune mini-statue de la Liberté. Il a opté finalement pour unemini Tour Eiffel, de seulement 3 mètres de haut, installéedevant la mairie et qui sera illuminée pendant les fêtes. IoanBucatariu affirme qu'elle est unique en Roumanie (il en existeune de 20 mètres en Moldavie à Corjeuti) et témoigne de l'ami-tié que son pays porte à la France.

Tour Eiffel

Depuis des siècles, la Roumanie souhaite récupérer lecélèbre sabre de Stefan cel mare qui lui servait àcombattre les Turcs et est en leur possession. Un

site humoristique roumain a proposé un échange qui satisferait,à ses dires, les deux parties : "Vous nous rendez le sabre et, enretour, nous vous rendons les 174 millions de serviettes que nostouristes ont volé dans vos hôtels depuis 26 ans" ! Ce qui nesera pas facile à mettre en œuvre: la majorité servent de tapis desols ou se sont envolés vers l'Espagne et l'Italie avec leurs nou-veaux propriétaires.

Drôle de troc

Délices... défendus

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Tu as apporté la palinca ?

Les dobos: neuf, voire douze étages d’une pâte fine, à la créme au chocolat, nappée de sucre caramélisé. Un dessert que se fait

aussi à la maison pour les fêtes.

Les kurtos kalacs: gâteau “barbecue” à la hongroise, recouvert de noix,que l’on trouve dans les fêtes populaires ou les foires, en Transylvanie.Strudel cu mere: une pâte feuilletée avec des pommes...

Un héritage des pâtisseries viennoises.

Napolitane: une gaufrette que les Roumaines garnissent avec une crème ou des fruits confits.

L’amandineoccupe uneplace de choixdans les vitrines.

Les galuste cuprune: des prunes enrobées dans unepâte de féculents,enveloppées dansune chapeluresucrée.

Le cozonac auxnoix peut êtreaussi garni de

graines de pavot.

La placinta intinsa,pâte très fine avec

ses garnituresvariées: chou,

fromage sucré ousalé, potiron,

guignes...

La pâtisserie roumaineest injustement méconnue. Il suffit defranchir la porte d’unedes nombreuses cofaterie que l’on trouve en ville pourvite comprendre que la gourmandise est aussi un péché roumain!

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

S'il y a un articleque les Françaissavent exporter,

ce sont bien leurs initiati-ves culturelles, quoiqu'ilsn'en deviennent pas unsou plus riches. En unesemaine, j'ai eu à faireavec deux d'entre elles: lapremière était le festivalinternational PrimavaraEuropeana a Poetilor (Le

Printemps européen des Poètes), qui s'est déroulé du 16 au 19mai à Chisinau; la seconde, la Noaptea Muzeelor (La Nuit desMusées), à laquelle j'ai assisté le 21 mai à Iasi. Le "Printempsdes Poètes" a été organisé pour la première fois en France en1998 et a ensuite été repris dans d'autres pays européens, dontla Roumanie (depuis 2005) et la Moldavie (depuis 2011).

En 1999, la France fut aussi le premier pays à ouvrir gra-tuitement tous ses musées pendant toute une nuit; l'événements'appelait encore "Printemps des Musées". En 2005, l'événe-ment est devenu européen sous le nom "Nuit des Musées".

Comme je ne suis pas un oiseau de nuit, j'ai toujours lais-sé passer ce dernier événement. Cette fois-ci, c'est différent. Jeme trouve de nouveau dans une chambre d'hôte du MuzeulLiteraturii Române din Iasi, dans le but de visiter et de décri-re les musées littéraires de la ville.

Dans ma contribution sur Casa Mihai Codreanu (voir les

Nouvelles de Roumanie de mars-avril 2016), j'ai déjà évoquél'aménagement spartiate des chambres. Je fus alors logé dansla chambre 5 contenant une penderie sans cintres; cette fois-ci,je suis dans la chambre 3 contenant des cintres sans penderie.Mais il y a un portemanteau, dont trois des cinq patères sontcassées; pour un esprit positif comme moi, il en reste toujoursdeux. Un vrai progrès, c'est que j'ai découvert une cuisine bienéquipée dans une autre annexe du musée.

J'apprends, qu'à l'époque, la cuisine était prévue pour leshôtes, mais que le personnel s'en est subrepticement emparéavant même que le premier invité se présente, et qu'il en cachel'existence au monde extérieur. Quoi qu'il en soit, le matin, iln'y a personne parce que tout le monde prend le petit déjeunerà la maison, et après 16h00 tous sont rentrés, si bien que jepeux y cuisiner sans être dérangé.

Une pizza qui ressemble

à une horloge molle de Dalí

Quoique… Un samedi particulièrement affairé, j'avaisacheté une pizza congelée, qu'il fallait juste mettre au micro-onde. Seulement, ce jour-là, sur une estrade dans le parc, àvingt pas de ma chambre, on avait organisé un concert de rock,

dont les baffes militaires des basses - BOUNke-BOUNke-BOUNke-BOUNke - ne favorisaient pas exactement uneapproche concentrée et nuancée de la poésie.

En raison de la forte affluence de tee-shirts arborantAC/DC, Megadeth et Ozzy Osbourne, le gardien du parc avaitprudemment fermé à clé la porte de la cuisine, tout en oubliantde passer la clé à la relève de la garde. Le résultat fut que cesoir-là, je n'eus pas d'accès au micro-onde.

Pas de problème, pourrait-on dire, il n'y a qu'à mettre lapizza dans le congélateur pour une occasion ultérieure. Oui,mais… le frigo se trouve aussi dans la cuisine fermée, et vousvoilà avec une pizza qui ressemble de plus en plus à une de ceshorloges molles de Salvador Dalí, impossible à déguster toutecrue. On ne manque pas d'aventures dans l'irréalité immédiateen Roumanie.

Pour la Nuit des Musées, je décide de m'aventurer auMuzeul Mihai Eminescu - en effet, "muzeul" et non "casa", carce n'est pas la maison où Eminescu a vécu à Iasi, et ainsi l'ex-ception au sein du réseau de musées littéraires de la ville. Lemusée est situé au milieu du magnifique parc Copou, situéquant à lui au milieu de la ville. Un vieux bâtiment du XIXesiècle, où l'on avait abrité une exposition permanente de livres,de documents et de photos autour d'Eminescu en 1984, a étérasé pour faire place à un édifice spécialement construit pourle maître.

Deux tours, l'une pour l'amour,

l'autre pour l'amitié

L'architecte Virgiliu Onofrei a conçu deux tours à l'entrée,dont l'une symbolise Veronica Micle (c'est-à-dire l'Amour) etl'autre Ion Creanga (c'est-à-dire l'Amitié), mais il faut lesavoir, car la façade ne nous donne aucune indication.

Le musée a ouvert ses portes le 15 juin 1989, à l'occasiondu centenaire de la mort d'Eminescu. Considérant quequelques jours avant, le 11 juin 1989, on avait déjà ouvert unespace de musée supplémentaire à l'occasion de la centièmeannée de la mort de Creanga, il faut accorder au "Fusillé"Ceausescu que six mois avant sa chute, il a inscrit une paire deréalisations culturelles notables à son actif.

Sept "Eminesciana" maisons de vacances

à louer par les chercheurs et les touristes

Mihai Eminescu a beau être connu par jeunes et vieux enRoumanie, son nom n'a jamais percé au-delà des frontières. Lefutur "Poète national" est né le 15 janvier 1850 à Botosani,une ville de Bucovine-Moldavie, appartenant à l'époque à lacouronne autrichienne avant d'être intégrée en 1867 dans ladouble monarchie austro-hongroise. Il a passé son enfance etsa jeunesse dans la maison de famille à Ipotesti, qui fait partie

de l'actuel "Centre national d'Études Mihai Eminescu", com-prenant, entre autres, une bibliothèque avec des Eminesciana,un espace d'exposition, et sept maisons de vacances qui peu-vent être louées par des chercheurs comme par des touristes.

Il venait de fêter ses seize ans, quand il publia son premierpoème, La mormântul lui Aron Pumnul (À la tombe d'AronPumnul), dans une publication de circonstance réalisée par lesélèves du Lycée allemand de Cernauti (aujourd'hui enUkraine) à la mort de leur professeur de littérature roumaine.Ce premier poème, il le signe encore de son nom civil MihailEminoviciu; un mois plus tard il l'a déjà transformé en un nomde plume à consonance plus roumaine.

À dix-sept ans, on le retrouve comme souffleur et copistedans diverses compagnies de théâtre en Valachie et enMoldavie ; à dix-neuf ans, étudiant de droit et de philosophieà Vienne (où il fait la connaissance de sa future bien-aiméeVeronica Micle et de l'écrivain IoanSlavici); à vingt-deux ans étudiant àBerlin; à vingt-quatre ans directeurde la Bibliothèque centrale de Iasi.

Trois ans ont suffi au poète

pour être adopté par Iasi

Étudiant à Vienne, il avaitpublié ses premières contributionsdans Convorbiri literare (Conver-sations littéraires), la revue deJunimea. La société tenant séance àla Casa Vasile Pogor fut tellementimpressionnée, qu'Iacob Negruzzi,en route pour un spa en Autriche, fit spécialement le détour parVienne pour y rencontrer ce jeune talent.

Une fois installé à Iasi, Eminescu fut accueilli à brasouverts par les intellectuels autour de Titu Maiorescu, dont ilpartagea et façonna les idées littéraires et politiques. Lesquelques années passées à Iasi, de 1874 à 1877, suffirent àEminescu pour être assimilé en tant que concitoyen.

Un lieu très particulier nous rappelle le séjour d'Eminescu.À environ cinquante pas du musée se trouve dans le parcCopou le tricentenaire "Teiul lui Eminescu" (Le Tilleuld'Eminescu). Durant les années qu'il vécut à Iasi, il s'attardaitvolontiers sous cet arbre pour y chercher l'ombre et l'inspira-tion et y rencontrer ses amis. Le jour où Eminescu est partipour Bucarest, l'arbre reçut son surnom qui a survécu jusqu'àce jour (l'arbre n'a pas droit à la retraite).

Aucune main humaine n'osera offenser cette légende - sijamais l'arbre disparaît, ce sera par des forces naturelles,comme le célèbre Arbre d'Anne Frank qui fut renversé par unouragan, le 23 août 2010. En 1950, le Tilleul d'Eminescu eutaussi à souffrir d'une féroce bourrasque de grêle. Aujourd'hui,le tronc est maintenu par deux cercles de fer et de béquillesdoivent soutenir les branches. Mais en dépit (ou à cause) deces dispositifs orthopédiques, le Tilleul d'Eminescu est de nou-

veau en pleine floraison en ce beau mois de mai 2016.

Une maîtresse qui n'était pas de tout repos

Le musée comporte deux étages. Le rez-de-chaussée estdédié à Eminescu, le premier étage à la vie théâtrale d'Iasi. Lerez-de-chaussée est rempli d'œuvres graphiques inspirées parles poèmes d'Eminescu, de traductions de ses poèmes (curieu-sement, pour la plupart réalisées par des Roumains et de pluspubliées en Roumanie) et de documents originaux, portraits etphotographies de figures dans son entourage, comme l'inévita-ble Ion Creanga, mais aussi Vasile Pogor et Titu Maiorescu.

Sa bien-aimée ne pouvait manquer, bien qu'une étude deNicolae Georgescu, Cu Veronica prin infern (Avec Veronica àtravers l'enfer, 2008), nous apprenne que ce n'était pas toujoursune relation de tout repos. Il y a aussi une vitrine avec des liv-

res sur Eminescu, y compris la tri-logie Romanul lui Eminescu (Leroman d'Eminescu, 1935-1936) deCezar Petrescu, avec la premièreversion manuscrite, la version dac-tylographiée, les épreuves corri-gées et enfin les feuilles du livreimprimé. Un bibliomane s'en lècheles babines.

La grande salle d'entrée abriteune exposition temporaire dédiéeau poème le plus connu et le plusaimé d'Eminescu, Luceafarul

(L'étoile du soir) - du manuscrit etde la première publication en avril

1883 dans Almanahul România Juna à Vienne jusqu'aux splen-dides éditions bibliophiles réalisées au fil des décennies.

Mort dans la folie, comme

son contemporain Maupassant

J'ai peur que le titre n'évoque rien en dehors de laRoumanie; ce n'est pas comme dans le cas de The Raven, parexemple, qui évoque immédiatement le nom d'Edgar AllanPoe et l'envoûtant "Nevermore".

Eminescu est un poète identitaire devenu un symbole pourtous les Roumains, qu'ils vivent en Roumanie, en Moldavie ouen Ukraine. En dehors, le symbole ne fonctionne pas. Selon lescritères occidentaux, Eminescu fait partie de la troisièmevague du Romantisme, à un moment où l'on avait dépassédepuis longtemps ce stade en Allemagne, en Angleterre et enFrance. Il était inévitable qu'il meure dans le pur style roman-tique de Hölderlin et de Novalis: dans la folie, due - prétend-on en chuchotant - à la syphilis qu'il avait contractée à vingtans. Quel destin… Né la même année que Maupassant, à lamême prodigieuse carrière, mort jeune (43 ans) à la mêmeépoque, dans une folie provoquée par le même "mal vénitien"!

(suite page 32)

LittératureSur les pas du grand poète national à Iasi

Le symbole Eminescu Jan H. Mysjkin poursuit sa ballade dans les musées littéraires de Iasi. Aujourd'hui, il

nous fait découvrir celui consacré à Mihai Eminescu et à l'histoire du théâtre roumain.

ne fonctionne qu'en Roumanie

Le tilleul d’Eminescu rappelle son séjour à Iasi.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Littérature

(suite de la page 29)

Plus de 16 000 visiteurs

pour la nuit des musées de Iasi

Au premier étage du musée, on se régaleavec l'histoire du théâtre roumain. Ici, les person-nages principaux sont Vasile Alecsandri, qui adonné son nom au Théâtre National de Iasi, et IonLuca Caragiale, dont la pièce hilarante, O scri-soare pierduta (Une lettre perdue, 1884), s'estenracinée dans le répertoire roumain.

On y découvre aussi des affiches et desesquisses de décors ; des costumes portés par desactrices et des acteurs autrefois célèbres ; des por-traits de ces gloires passées ; des diplômes et desmédailles accordés à ces dames et messieurs parla famille royale ; des boucles d'oreilles, têtes depipes et accessoires de maquillage de ceux qui setrouvaient sur la scène ; des éventails et jumellesde spectacle de ceux qui se trouvaient dans lesloges. On y trouve même un gramophone à cor-net et les premiers postes de radio Philips de 1900pour nous mettre dans l'ambiance de l'époque.

Tout cela semble anecdotique, mais vaut lar-gement la visite. Lesmanuscrits et les livres aurez-de-chaussée, ainsi queles costumes et les affi-ches à l'étage, sont unrégal pour les yeux - et onen sort un peu moinsignare qu'avant.

Après une heure etdemie dans le musée, enrentrant à mon aise, je mepropose de faire un sautdans Casa Vasile Pogor, àcause de l'exposition tem-poraire des dessins d'AryMurnu (1881-1971) illus-trant les contes d'IonCreanga. Quand j'entredans le parc, je vois de loin une queue immensede gens qui veulent profiter de la Nuit des Muséespour visiter le siège central. Bien qu'il ne soit quedix heures du soir, je préfère aller me coucher(comme je l'ai dit, je ne suis pas un oiseau denuit). Lundi, j'apprends que pendant cette seuleNuit des Musées, exactement 16 383 billets gra-tuits ont été délivrés dans l'ensemble des muséesde Iasi.

Jan H. Mysjkin

Muzeul Mihai Eminescu et histoire

du théâtre roumain Littéraires de Iasi

Tarzan lui a donné un sérieux coup de pouce

L'Union Européenne a tranché: c'est la plus impor-tante cité du Banat, Timisoara, qui sera capitaleeuropéenne de la culture en 2021. Deux autres

villes désignées plus tard cette année l'accompagneront, uneville grecque ainsi qu'une autre d'un pays candidat ou potentielcandidat à l'UE.

Finalement, c'est la ville symbole de la révolte anti-com-muniste de décembre 1989 qui a été choisie. Suite à cette dési-gnation, la ville a promis "une célébration du civisme et de ladiversité". La candidature de Timisoara face à Bucarest, Cluj-Napoca et Baia Mare misait sur "les principes del'Illuminisme, de la tolérance, du multiculturalisme et du mul-ticonfessionnel", a déclaré aux journalistes Simona Neumann,responsable de l'association qui a mené la candidature. "Cesvaleurs civiques doivent être revitalisées", a par ailleurs souli-gné celle-ci. Même si Bucarest, jamais choisie pour représen-ter la Roumanie, disposait d'un budget plus important danscette course, Timisoara, traditionnellement tournée versl'ouest, partait favorite pour son dynamisme et le travail effec-tué ces dernières années.

La ville de 320 000 habitants dispose de 24 bibliothèques,19 salles de cinéma, 11 salles de conférence, 14 galeries d'artcontemporain, 6 théâtres, 4 musées, un opéra, une philarmo-

nique, 4 espaces culturels, 8 centres industriels d'art créatif.Par ailleurs, elle compte 340 places et cours intérieures, 18bâtiments publics et privés classés, deux centres de transitpour réfugiés.

Capitale historique du Banat, Timisoara est jumelée ouentretient des relations avec Belgrade, Szeged (Hongrie), NoviSad (Voîvodine), Budapest, Graz (Autriche), Karlsruhe,Cernauti (Ukraine) et Mulhouse. Il s'agit de la deuxième villeroumaine à obtenir ce titre après Sibiu en 2007. Le budget d'untel projet va s'élever à 48,5 millions d'euros répartis sur six anset couverts par des fonds européens, publics et privés.Troisième ville du pays, avec environ 320 000 habitants dontdes membres des minorités hongroise, serbe et allemande,Timisoara est la ville où tout avait démarré en décembre 1989,précipitant la chute de Ceausescu.

Le titre de capitale européenne de la culture existe depuis1985 dans le but de rapprocher les citoyens européens. Enfin,et puisque l'on parlait de dynamisme culturel, Timisoara utili-se également le film Tarzan comme argument touristique.L'acteur Johnny Weissmuller, célèbre pour son interprétationdu personnage qui l'a fait entrer dans la postérité dans lesannées 30, est en effet né en 1904 dans les faubourgs de la villequi se trouvait alors dans l'Empire d'Autriche-Hongrie.

"La porte s'ouvrit et un jeune

homme mince et pâle entra" Timisoara capitale européenne de la culture en 2021

Culture

L'acteur américain Andy Garcia pourrait incarner ConstantinBrâncusi dans un film biographique sur le célèbre sculpteurroumain, que le cinéaste britannique Mick Davis veut réali-

ser. C'est en tout cas ce qu'affirme le journal Adevarul, citant commesource la page facebook du réalisateur. Mick Davis n'est pas étranger aumonde de l'art, et plus particulièrement à celui de la sculpture, car il asigné Modigliani en 2004, un long-métrage sur le peintre et sculpteur ita-lien, qui fut ami avec Constantin Brâncusi. Et c'est Andy Garcia, déjà,qui avait joué le rôle de l'artiste.

Andy Garcia dans la peau de Brâncusi

L'écrivain Iacob Negruzzi, dans "Amintiri din Junimea" a racon-té son étonnante rencontre à Vienne avec Eminescu, où de nom-breux jeunes intellectuels et artistes roumains s'étaient installés,

dans les années 1870."Les poèmes et les lettres d'Eminescu étaient si différents de ceux et cel-

les que je recevais d'habitude des écrivains, que je m'intéressais de plus enplus à ce jeune poète. Comme cet été, je partais pour un spa en Autriche, jedécidai de passer par Vienne pour faire la connaissance d'Eminescu. Mais jene l'avais pas prévenu, voulant lui faire une surprise. Dès mon arrivée àVienne, je dirigeai mes pas vers le café Troidl dans la Wollzeile, connucomme le lieu de rencontre des étudiants roumains.

Je m'assis à une table de côté à une fenêtre, d'où je pouvais observersans être remarqué les jeunes gens de langue roumaine. Il y en avait pas malce jour-là. Les uns me paraissaient intelligents, les autres moins, mais tousavaient des traits ordinaires, je me suis donc dit qu'aucun d'entre eux pouvaitêtre Eminescu.

Soudain, la porte s'ouvrit et un jeune homme mince et pâle entra, lesyeux à la fois vifs et rêveurs, les longs cheveux noirs descendant presquejusqu'aux épaules. Le sourire était doux et mélancolique, le front haut etintelligent. Il portait de vieux vêtements noirs, assez usés. Dès que je le vis,je fus convaincu que c'était lui. Sans aucune hésitation, je me levai, me diri-geai vers lui, la main tendue, et dit : 'Bonjour, Monsieur Eminescu'.

"Mais… je ne vous connais pas"

Le jeune homme me serra lamain, me regarda étonné et réponditavec un sourire aimable :

-'Je ne vous connais pas.'-'Voilà la différence entre nous

deux, moi, je vous ai reconnu tout desuite.'

-'Vous n'êtes peut-être pas deVienne.'

-'Non.'-'À votre façon de parler, je

crois que vous venez de Moldavie…Peut-être même de Iasi.'

-'En plein dans le mille.'-'Alors vous devez être…' com-

mença-t-il timidement, 'MonsieurIacob Negruzzi.'

'Lui-même.''Vous voyez bien que moi aussi, je vous ai reconnu.'À partir de ce moment, nous fûmes amis et je restai plus d'une semaine

auprès de lui à Vienne. Nous discutâmes du passé et de l'avenir de laRoumanie, de la guerre franco-prussienne qui venait d'éclater et qui était surtoutes les lèvres et, surtout, de notre littérature nationale.

En prenant congé d'Eminescu, je lui demandai s'il n'aimerait pas s'ins-taller à Iasi après ses études.

'Avec plaisir,' répondit-il, 'car la société Junimea me tente beaucoup. Ony pensera plus tard.' "

Iacob Negruzzi, Amintiri din Junimea, Editura Cartea româneasca, Bucuresti,1921. Traduit du roumain par Jan H. Mysjkin.

Les rencontres de Junimea : Mihai Eminescu (debout à gauche),juste derrière Ion Creanga (assis).Vasile Alecsandri est assis à droite

La presse roumaine rendhommage, ces jours-ci àla comédienne Lana

Marconi qui fut la dernière compa-gne du dramaturge Sacha Guitry. NéeEcaterina Ileana Marcovici le 8 sep-tembre 1917 à Bucarest, morte àNeuilly-sur-Seine le 8 décembre1990, elle est inhumée au cimetièrede Montmartre à Paris, aux côtés deSacha, de Jean et de Lucien Guitry.

Lana Marconi, Roumaine denaissance, née en Roumanie, arriva àParis avec sa mère en 1922. Après sesétudes, elle fréquenta des milieuxartistiques, et fit notamment la

connaissance d'Arletty qui la présen-te à Sacha Guitry. Dès mai 1945, ellepartagea la vie de Guitry, qui l'épou-sa à Paris le 25 novembre 1949.

Il lui avait dit: "Les autres furentmes épouses, vous, vous serez maveuve" et "Ces belles mains ferme-ront mes yeux et ouvriront mestiroirs", il la surnommait "mon cherrenard". Le couple resta marié jus-qu'à la mort de Guitry, le 24 juillet1957.

Lana Marconi a créé sept piècesde Guitry et joué dans douze de sesfilms. Guitry est le seul réalisateuravec lequel elle ait travaillé.

"Les autres ont été mes épouses… vous serez ma veuve"

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Connaissance et découverte

Après avoir terminé ses étudessecondaires, Sebastian colla-bora à la revue Cuvântul ("la

Parole"). Il fit des études de droit, mais futvite attiré par la vie littéraire intense de laRoumanie, dont le territoire s'était consi-dérablement étendu, avec pour conséquen-ce le doublement de sa population juive;les pensées généreuses de la révolution de1848 y subissaient l'influence des idées deGobineau, Spengler, T. S. Eliot et EzraPound, émises à son tour par le philosopheNae Ionescu, qui eut une grande influencesur les amis de Sebastian, dont EmilCioran et Mircea Eliade. Le jeune hommedébuta dans la littérature avec Fragments

d'un cahier retrouvé en 1932 puisFemmes, un recueil de nouvelles en 1933.

Trop juif pour les nationalistes roumains

et trop roumain pour les nationalistes juifs

Le roman de Sebastian De doua mii de ani (Depuis deuxmille ans), publié en 1934 avec une préface antisémite de NaeIonescu qui fit scandale, revêt une importance particulière. Ildécrit le dilemme et les crises d'identité d'un jeune juif qui necesse de vouloir se comprendre en tant que juif aussi bien queRoumain. Sebastian fut attaqué à la fois par la presse d'extrê-me-droite et la presse démocratique. Il fut considéré commetrop juif par les nationalistes roumains et trop roumain par lesnationalistes juifs.

En 1935, il publia Comment je suis devenu un hooligan

où il répondit aux attaques dont il avait été l'objet. En 1938,Jouons au vacances fut son premier grand succès en tant quedramaturge. Sebastian se fit aussi un nom comme essayiste etcomme critique littéraire et théâtral. Il écrivit de nombreuxarticles sur des classiques européens modernes commeStendhal, Proust, Gide, Joyce, mais également sur des auteursroumains comme Mircea Eliade, Camil Petrescu, MaxBlecher. Proust et Gide exercèrent une grande influence surlui. En 1939, il publia une monographie sur les échanges épis-tolaires de Proust qui devait être suivie d'autres livres sur l'au-teur français.

L'assassinat d’au moins 200 000 juifs

en 1941-1942 sous le gouvernement d'Antonescu

Sebastian a appartenu à la Jeune Génération roumaine, ungroupe d'intellectuels rassemblés autour du philosophe Nae

Ionescu et du cercle Criterion. À ce grou-pe ont appartenu notamment MirceaEliade, Emil Cioran et Constantin Noica.Ce qui les liait était la recherched'"authenticité", d'une vie intellectuellecapable de dépasser les conventionspoussiéreuses de l'existence moderne. Cegroupe était à l'origine apolitique. Maistandis que des événements politiques seprécipitaient en Roumanie et en Europe,ses membres mirent de côté leur attitudede non engagement au cours des années1930.

Quelques-uns d'entre eux, commeNae Ionescu, Eliade et Cioran, ont com-mencé à sympathiser avec la Garde defer, un mouvement d'extrême droite fas-ciste aussi populaire que sanguinaire et,au début de la Seconde Guerre mondiale,

avec les puissances de l'Axe. En tant que juif, Sebastian considérait cette évolution d'un

œil critique et condamna ses collègues sans pour autant parve-nir à rompre avec eux.

L'écrivain a évoqué ces événements sociaux et politiquesdans son journal intime; il y relate aussi l'antisémitisme de l'É-tat roumain dans les années 1938-1945, qui a culminé avecl'assassinat d'au moins 200 000 juifs en 1941-1942 sous legouvernement d'Ion Antonescu. Il y évoque aussi la "conver-sion gardiste" et l'antisémitisme de ses amis, Nae Ionescu,Mircea Eliade, Camil Petrescu et Emil Cioran. Ce journal estun témoignage qui peut être comparé à ceux de VictorKlemperer ou d'Anne Frank.

Eugène Ionesco: "Combien je l'ai aimé !"

Sebastian, qui avait échappé à la déportation, est mort peuaprès la fin de la guerre dans un accident automobile. Cela luia probablement permis d'échapper aux procès staliniens où sonnom fut évoqué à côté de ceux des "comploteurs".

En 2006, la version allemande de son journal intituléeVoller Entsetzen, aber nicht verzweifelt a été distinguée à titreposthume par le Prix frère et sœur Scholl (jeunes résistantsallemands anti-nazis que Hitler a fait décapités).

Eugène Ionesco, qui s'était lié d'amitié avec Sebastian, aécrit à son sujet: "Combien je l'ai aimé! Je ressens tant d'a-mour pour lui. Mihail Sebastian avait gardé une tête claire etune humanité vraie. Il était devenu mon ami, mon frère. Il étaitdevenu plus mûr, sérieux et profond. Quel dommage qu'il nesoit plus parmi nous".

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Le mystère des pièces de Mihail Sebastian repris au Palais Behague de Paris

Un juif échappant par la mort

à la déportation et aux procès staliniens

Théâtre

Même une fois arri-vé en France, s'é-tant aventuré

dans les méandres de cette lan-gue nouvelle pour lui, son mys-tère n'a pu être percé par les cri-tiques français. Ni par lesacteurs de théâtre ou de cinéma

qui se sont essayé à jouer cette pièce écrite en 1937. MickaelPernet (photo) lui non plus n'a pas réussi. C'est une évidence.Mais la seule chose que nous savons vraiment tous n'est-ellepas qu'il n'y a pas d'explication au début ou à la fin d'unamour? Ou des amours? Car finalement, c'est bien de celaqu'on nous parle, qu'on nous explique sans façon et dans unelangue qui n'est pas celle des mots, de la musique, mais plutôtcelle du cœur et des sous-entendus.

Un metteur en scène tombé

dans "le chaudron Sebastian"

A l'approche de l'automne, voilà encore une raison de serappeler cette pièce de théâtre qui remet en mémoire une véri-té inéluctable: tout a une fin. Tous les amours même, le plussincère comme le plus futile, même le plus mensonger etmême le simulacre.

L'estate sta finendo (L'été tou-che à sa fin), dit une vieille chansonpop italienne des années 60, et c'estbien vrai: dans les pièces de théâtrede Mihail Sebastian, l'amour a lasplendeur et la durée d'un bel été,que ce soit dans L'étoile sans nom

ou dans Jouons aux vacances. Et cen'est pas seulement moi qui le dis, lemetteur en scène aussi, MickaelPernet qui est tombé dans le chau-dron de Sebastian très tôt !

"J'étais encore étudiant àl'EICAR, en art dramatique, en 3ème année, donc en 2012,quand notre professeur, Mihai Tarna, nous a fait découvrirSebastian, nous conseillant de le jouer. On a choisi à l'époqueL'étoile sans nom, mais j'avais déjà en tête Jouons aux

vacances, confie le jeune metteur en scène. Mickael Pernet a 25 ans aujourd'hui, mais il est déjà

amoureux de cet auteur roumain encore méconnu. A l'époque,Mickael lui-même ne se préparait pas à devenir metteur enscène, il jouait surtout dans un certain village de Macondo,dans "Cent ans de solitude", de Gabriel Garcia Marquez. Maisquelque chose était en train de changer doucement en lui.

"Le bon sens de l'auteur

existe toujours en Moldavie"

Comme pour Sebastian, il est déjà difficile de dire siPernet est meilleur acteur que metteur en scène. Il poursuitd'ailleurs sa formation de comédien au conservatoire d'art dra-matique Charles Munch à Paris et est en répétition pour plu-sieurs pièces de théâtre.

Ce qui est sûr, c'est qu'il arrive à transmettre, dans cesdeux activités, une sensibilité et un sentiment délicat, celui dene pas être spectateur, mais plutôt partie prenante d'un acte.D'amour, certes, dans cette pièce, mais d'autres événementsaussi, dans les autres pièces qu'il a montées: La leçon,

d'Eugène Ionesco, Conversation après un enterrement, deYasmina Reza, Pygmalion, de George Bernard Shaw,L'Opéra de quat'sous, de Bertold Brecht.

Pour lui, en revanche, le constat est fait: "Je me suis renducompte, regardant comment travaille Mihai Tarna, qu'on peuttransmettre beaucoup plus personnellement comme metteur enscène que comme acteur", reconnait maintenant MickaelPernet, après deux représentations, en mai, destinées plutôtaux parents des comédiens de sa troupe, amis et directeurs dethéâtre. Et surtout, destinées à transmettre au public français ceque le metteur en scène a senti non seulement en lisant tout

Sebastian (dont le Journal), maisaussi en se rendant dans une partiede l'ancienne Roumanie: laRépublique Moldave.

"J'ai été comme touché unedeuxième fois par Sebastian lorsqueje suis allé en Moldavie. Il y a là-bas une nostalgie et un sens desvaleurs humaines que j'avais déjàretrouvé en lisant Sebastian. La pre-mière fois, j'avais cru que tout cequ'il transmettait était obsolète,mais en Moldavie, ce bon sens exis-te encore. En Moldavie, j'ai rencon-

tré des personnes qui semblaient descendre directement despièces de Mihail Sebastian. Comme si le temps était figé. Unesimplicité de vie. Les valeurs de mes grands-parents".

Le 15 septembre dernier, Jouons aux vacances a été pré-senté à Paris sur la scène du palais Behague, siège de l'ambas-sade de la Roumanie en France, pour un spectacle unique dontles bénéfices ont été entièrement dédiés à l'acquisition de l'œu-vre de Constantin Brâncusi, "La Sagesse de la terre", parl'Etat roumain.

Iulia Badea Guéritée

(Le Courrier international)

Mort dans un accident de voitures, MihailSebastian a échappé aux procès staliniens.

Théâtre

L'amour a la splendeur et la durée d'un bel étéMihail Sebastian (de son nom patronymique Iosif Hechter, né le 18 octobre 1907 à Braila, au bord du Danube, était un

écrivain, dramaturge et essayiste roumain d'origine juive. Son frère aîné, le docteur Pierre Hechter, a vécu toute sa vie à

Sceaux, dans la région parisienne. Sa nièce, Michèle Hechter est écrivain et traductrice française, auteur d'un ouvrage auto-

biographique intitulé M. et M. publié en 2000 qui se réfère à son oncle écrivain.

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Quatre-vingt ans après sa rédaction, on ne sait toujours pas à quel moment de sa vie fai-

sait allusion l'écrivain et dramaturge roumain Mihail Sebastian dans sa première pièce de

théâtre, Jouons aux vacances.

Claude Rich, Marina Vlady, Cristea Avramdans la pièce de Sebastian “L’étoile sans nom”

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Théâtre

Une enfant brune joue dans les rues de Bucarest.Elle parle roumain, elle est française. C'estIsabelle Lafon, dans les années 1970. Aujourd'hui,

elle a 57 ans, vit à Vincennes et parle roumain avec les Romsqui trouvent refuge porte de Montreuil. Elle parle russe, aussi.On l'entend dans Deux ampoules sur cinq, le spectacle magni-fique qu'elle a présenté jusqu'au 20 octobre dernier au Théâtrenational de la Colline, à Paris.

On y voit la poétesse Anna Akhmatova etson amie écrivaine Lydia Tchoukovskaïa tra-verser les années de la Russie soviétique, de1938 à 1966. Deux femmes dans la tourmente,entre la répression, les purges, la guerre et lamisère. Elles se rencontraient dans l'apparte-ment communautaire où vivait AnnaAkhmatova. Lydia Tchoukovskaïa apprenaitpar cœur les poèmes que son amie, interdite depublication, brûlait après les lui avoir lus.

A la Colline, elles sont dans la petite salle,assises à une table couverte de livres, et tien-nent à la main des torches électriques avec les-quelles elles s'éclairent. Leur quotidien est unenfer, mais elles savent être drôles, surtout Anna Akhmatova,tyrannique et irrésistible, avec sa frange brune, ses saillies etsa mauvaise foi. A cette femme, Isabelle Lafon offre, outre safrange, sa manière unique d'être dans la vie, à chaque instant.Peu de comédiennes ont une telle intensité. Peu de metteurs enscène savent, comme elle, faire naître le théâtre de la nuit, avecpour seule lumière celle des mots.

En Roumanie par conviction

politique de ses parents

Isabelle Lafon avait 10 ans quand elle est arrivée en

Roumanie, après avoir vécu quatre ans en Bulgarie. Sesparents, professeurs de littérature, avaient choisi d'enseigner àl'Est, par conviction politique. Ils sont partis avec leurs filles,Isabelle la brune et Lola la blonde, qui deviendra écrivaine.

"On vivait dans un milieu extrêmement privilégié", dit-elle. Sans faire la queue dans les magasins de Bucarest, ni cou-rir de risques. Et en ayant la possibilité de revenir chaque été

en France, où les grands-parents maternels,juifs russes, laïques et communistes, parlentyiddish. "Ma grand-mère me disait: "Il y ades ouvriers dans les musées, en Roumanie."Je lui répondais: "Non". Elle disait: "Tout vabien, là-bas". Je lui répondais: "Pas du tout"".

La famille paternelle, elle, vient du Tarn-et-Garonne. Cette double identité a façonnéIsabelle Lafon, à qui "ça fait drôle de reveniren France" lorsqu'elle a 16 ans. Elle ne saitpas ce qu'elle veut faire, frappe à la porte desateliers d'Ivry, où Antoine Vitez donne descours à des amateurs et à des professionnels.

"J'aimais l'idée que les deux soientréunis, et j'aimais Antoine Vitez, qui avait le

don de vous rendre intelligent". C'est ainsi que sa carrière adébuté. Isabelle Lafon sentait qu'elle ne jouait pas bien. Vitezlui dit que ça viendra, plus tard. Il voyait juste. L'apprentiecomédienne se forme aussi auprès de Madeleine Marion,immense comédienne et pédagogue qui, elle aussi, la soutien-dra. Mais elle ratera tous les concours, plusieurs fois. Elle étu-diera à l'Ecole du cirque, se blessant sérieusement.

"Qui peut dire non à sa propre vie ?", se demande AnnaAkhmatova dans Les insoumises. C'est la marque du théâtred'Isabelle Lafon qui apprécie beaucoup le réalisateur roumainCristi Puiu.

Brigitte Salino (Le Monde)

Isabelle Lafon: les yeux grand ouverts d'une

adolescente sur la Roumanie de Ceausescu

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Les travaux sur le corridor IV paneuropéen qui relie l'Allemagneà la Turquie en passant par la Roumanie vont s'accélérer en cettefin d'année. Une augmentation de la vitesse à 120 km/heure au

lieu de 50 est prévue sur le réseau roumain. Le train va devenir une nouvel-le option de voyage à l'international depuis la Roumanie. En effet, lamodernisation de la ligne paneuropéenne (le corridor IV) qui permet de ral-lier, depuis la Roumanie, la République Tchèque, l'Autriche, la Hongrie, laBulgarie, l'Allemagne et la Turquie, va s'accélérer en cette fin d'année sousla pression de l'Europe. La société des chemins de fer roumaine (la CFR)annonce à terme une vitesse à 120-140 km/h au lieu de 50 km/h sur ceréseau, permettant ainsi de voyager beaucoup plus rapidement. EnRoumanie, la réouverture de la section entre Simeria et Sighisoara est pré-vue pour le premier trimestre 2017. Cette portion était fermée à cause duretard pris dans les travaux ces dernières années. La partie roumaine ducorridor IV s'étend sur 800 km de rails entre les villes suivantes: Curtici,Arad, Simeriu, Coslariu, Sighisoara, Brasov, Bucarest et Constantsa.

Bientôt un train à grande vitesse pour relier l'Allemagne et la Turquie

Bogdan Mirica transpose les codes du Far West dans une Roumanie peu amène

Jany Holt, deson vrai nomE k a t e r i n a

Ruxandra Vladesco-Olt, est une actricefrançaise d'origine rou-maine, née le 13 mai1909 à Bucarest, mortele 26 octobre 2005 (à 96 ans) à l'hôpitalde Neuilly-sur-Seine. Comme sa célèbrecompatriote Elvira Popesco, elle avaittransformé son nom pour éviter une mal-heureuse dissonance.

Fille d'un avocat et petite-fille d'unpope, Jany Holt a été élevée au couventdes Dames de Sion. Elle parlait couram-ment le Français, langue également prati-quée dans sa famille. A l'âge de 15 ans,elle est venue à Paris passer sa seconde

partie du bac qu'elleobtint, et entamer, à lademande de ses parents,des études de commerce.Mais elle abandonnavite ses cours d'écono-mie pour suivre lescours d'art dramatique

de Charles Dullin. Son premier rôle d'élè-ve fut celui de Poil de carotte, en raisonde sa chevelure rousse et de ses tâches derousseur. Sa carrière commença par de lafiguration, avant d'obtenir un rôle authéâtre, en 1935, au côté de RenéeFalconetti (1892-1946) dans La Créature.La célébrité vint rapidement, dès l'âge de25 ans et Jany Holt enchainera pas moinsde 30 films, mettant en relief sa jeunesse,sa beauté et son côté mystérieux. Elle

tournera avec les plus grands acteurs sousla direction des plus prestigieux metteursen scène de l'époque: Abel Gance, HenriDecoin, Julien Duvivier, Jean Renoir,Robert Bresson, René Clément.

La jeune femme épousa MarcelDalio en 1936 et en divorça en 1939. En1940, elle épousa en secondes noces l'é-crivain Jacques Porel (1893-1982), fils dela comédienne Réjane. Pendant laSeconde Guerre mondiale, Jany Holt fitpartie du réseau de Résistance Mithridateavec notamment l'écrivaine et traductriceDenyse Clairouin, ce qui lui valut l'obten-tion de la Croix de guerre avec palmesremise par le général De Gaulle. Ellecontinuera sa carrière à la télévision et authéâtre jusqu'à l'âge de 94 ans, décédantdeux ans plus tard.

Le seul et unique clébard présent dans Dogs estPolice, un berger allemand agressif et galeux quitire sur sa chaîne au moindre tressautement, mont-

re les crocs et, d'une manière plus générale, gueule sur tout cequi bouge… A savoir pas grand-chose, dans un coin paumé où,à moins d'un concours de circonstances, nul ne songerait àfaire halte. Ainsi, si le titre du film de Bogdan Mirica se lit aupluriel, c'est sans doute que la référence animale serait plus àchercher du côté des Chiens de paille de Peckinpah - où deuxjeunes "civilisés" vont se retrouver plongés dans une spiralerurale de violence primitive - que vers toute autre acception enlien plus explicite avec la gent canine.

Premier long métrage (passé cette année par Cannes, viaUn certain regard) d'un jeune transfuge "frustré" de la pub etde la télé, Dogs n'est rien moins qu'un western contemporain,appliqué à transposer les archétypes comportementaux - unhomme probe, des méchants et, au milieu, un shérif. A ceciprès qu'il n'est pas ici question d'Arkansas (comme dansShotgun Stories, le premier film de Jeff Nichols) ou de Texas(No Country for Old Men, des frères Coen), mais d'uneRoumanie si profonde qu'elle ferait passer la capitale,Bucarest, pour un Xanadu hédoniste. Or, qu'envisager, dans uncontexte pareillement décrépi, le jour où l'on hérite (d'ungrand-père à qui l'on rendait jadis visite) de plusieurs centainesd'hectares infertiles? Les vendre à un quelconque promoteur,

tranche sans hésitation le réaliste Roman.Une décision sensée qui va toutefois contrarier le micro-

cosme torve ayant converti le secteur en zone de non-droit,afin d'y faire fructifier quelque trafic à propos duquel lecinéaste aura, entre autres idées pertinentes, celle de ne pass'appesantir. Car, comme calqué sur l'outback taciturne où ilprend racine, c'est en cultivant une forme d'ambivalence mys-térieuse que Dogs réalisera crescendo ses noirs desseins, tro-quant la gestion contemplative d'un panthéisme dévoyé (cf. lesnombreuses références à la symbolique animale, très présentepar-delà le titre même du film - aigle, sanglier, cochon, tique,lion… - contre une forme de barbarie archaïque dont un cer-tain nombre d'indices parsemés en cours de route nous disaientbien qu'elle finirait fatalement par éclater.

Rehaussée par une superbe photographie (le chef opéra-teur Andrei Butica), cette énième variante de la parabole vou-lant que l'homme soit un loup pour l'homme s'arc-boute surune distribution très sûre, au sein de laquelle s'impose l'acteurde théâtre Gheorghe Visu, en homme de loi méditatif et, las,capable in extremis de se raccrocher aux branches d'une inté-grité perdue… Et qui n'aurait pas déparé chez Anthony Mannou Delmer Daves.

Gilles Renault (Libération)

Dogs de Bogdan Mirica avec Dragos Bucur, GheorgheVisu, Vlad Ivanov… 1 h 44.

"Dogs"… chienne de vie Cinéma

Jany Holt a fait ses premiers pas sur la scène en Poil de carotte

Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvezconsulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'un an - versionimprimée réservée aux abonnés - dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation.

Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un sens par-tisan ou à des fins commerciales, et en précisant bien leur source.

Les Nouvelles de Roumanie sur Internet !

Dans l'UE, le taux de pauvreté est calcu-lé en fonction du revenu médian. Tousles ménages vivants en dessous de 60%

du revenu médian sont considérés comme pauvres.Avec cette définition, les pays les plus touchés parla pauvreté sont la Roumanie (25,4 %), l'Espagne(22,2 %), la Grèce (22,1 %), et la Bulgarie (21,8 %).En France, les ménages pauvres gagnent moins de1008 € par mois. Ils représentent 14% de la popu-lation. Autre mesure, selon Eurostat, 123 millionsde personnes, soit 24,5 % de la population del'Union, vivaient dans des ménages en situation depauvreté ou d'exclusion sociale. Dans sa "StratégieEurope 2020 pour une croissance intelligente",l'UE se donne pour objectif de sortir 20 millions depersonnes de la pauvreté.

Comment la pauvreté est-elle cernée en Europe ?

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Mémoire Les héros roumains de

Georges-Filip Lefort était un jeune commandant de25 ans au moment de la Libération. ÀVilleurbanne, il a dû "dompter le cheval sauvage".

De son vrai nom Georges Grünfeld, Georges-Filip Lefort estl'un de ces personnages que l'Histoire avec un grand H révèleet pousse vers un destin hors du commun. Hongro-roumain néen Transylvanie, il n'a que 18 ans lorsqu'il rejoint la Francepour des études supérieures d'ingénieur. Trois ans plus tard, à21 ans, il est déjà dans la Résistance, membre du mouvementCombat.

En 1942, il rejoint les FTP-MOI (Francs tireurs et parti-sans de la Main-d'œuvre immigrée). Et, fin août 1944, alorsqu'il est responsable interrégional des FTP-MOI, le voilà appe-lé à Villeurbanne pour gérer un soulèvement imprévu: "Nousétions organisés pour une insurrection à Vénissieux", mais cesont les Villeurbannais qui se sont insurgés. "VousVilleurbannais, vous pouvez être fiers!", témoignait-il en 2008alors qu'il se voyait remettre les insignes de Commandeur dela Légion d'honneur à Villeurbanne.

Le 24 août 1944, dans le bureau du maire, il forme sonétat-major dont font partie le capitaine Lamiral (HenriKrischer), Ervin Bodnar, René Tavernier (le père du cinéaste)et Raymond (Nathan Saks), évadé de la prison Saint-Paulquelques jours plus tôt.

Le jeune commandant doit à lafois contrôler une foule désordonnée,"dompter le cheval sauvage" et don-ner le change aux Allemands pour évi-ter un massacre. Il est aidé de façonfortuite par la Radio suisse qui"annonce une insurrection àVilleurbanne commandée par l'AmiralLefort".

Le nom de guerre d'HenriKrischer, dit Lamiral, chef dubataillon Carmagnole, a ainsi mis ledoute chez l'ennemi sur les capacitéset moyens des insurgés. Facilitantaussi le repli sans opérations de repré-sailles. Quelques jours plus tard,Villeurbanne était libérée. La ville esttoujours restée dans le cœur deGeorges-Filip Lefort.

Ervin Bodnar: "Il faut lutter contre l'oubli"

Comme le commandant Lefort, Ervin Bodnar est né en1919 en Transylvanie. Lui aussi est venu en France étudier.Comme Georges-Filip Lefort, il a rejoint les FTP-MOI et a

joué un rôle de premier plan dans l'insurrection et la libérationde Villeurbanne.

"Il faut lutter contre l'oubli", écrit Ervin Bodnar. Alors, à95 ans, 70 ans après la Libération, il écrit ses mémoires (1).Récit d'une vie hors du commun bousculée par la guerre et sesatrocités, une vie dès lors amputée des siens, exterminés endéportation par les nazis. Dans L'odyssée d'un juif roumain

aux temps de la résistance française et du rideau de fer

Ervin Bodnar raconte les lois antijuives de Vichy, son arresta-tion au cours d'une rafle à Grenoble et son engagement dans lebataillon Carmagnole des FTP-MOI (Francs-tireurs et parti-sans de la Main-d'œuvre immigrée). Un engagement qui l'amè-nera à Villeurbanne, un 24 août 1944, où est programmée "uneopération d'envergure".

La cible? Le garage de la préfecture de police situé rueSon-Tay pour y récupérer camions et voitures en vue de libé-rer les camarades et patriotes encore emprisonnés à Saint-Paul.Le 23 août, une réunion avec le capitaine Lamiral (HenriKrischer), qui commandera l'opération prévue le lendemain,permet de régler les détails.

A visages découverts et brassards FFI

"Notre action allait pour la pre-mière fois être menée à visage décou-vert, avec des brassards tricoloresFFI". Mais, raconte l'ancien résis-tant, "ce matin du 24 août 1944, untrain allemand se repliait vers lenord, transportant des canons, destanks et des troupes. Sûrement notreremue-ménage fut-il observé depuis letrain, car une patrouille fut envoyée.En même temps, du train commencè-rent des tirs à la mitrailleuse". L'undes combattants, Jean Ottavi, est griè-vement blessé à la jambe.

Là, les événements s'emballent,alors que les résistants se replient versles Gratte-Ciel, les Villeurbannais lesrejoignent pensant à un soulèvement:"Sans cesse, nos rangs augmentaient

car de plus en plus de Villeurbannais patriotes, des jeunes etmoins jeunes, mais aussi des policiers en armes se joignaientà nous".

L'après-midi, alors qu'arrive à l'hôtel de ville le comman-dant interrégional Lefort, la foule, rassemblée place Lazare-Goujon, réclame "des armes pour aller combattre lesAllemands".

la Résistance française

"Responsable technique de la ville, j'ai été chargé de l'or-ganisation de la fabrication de grenades et de bouteilles incen-diaires", raconte Ervin Bodnar. Il sera aussi appelé à organiserla barricade de l'avenue Lacassagne, la dernière à être déman-telée le soir du 26 août après l'ordre de repli du détachementCarmagnole.

Après la Libération, Ervin Bodnar va s'engager dans l'ar-mée française et participer à la campagne d'Italie du nord avecla 27e division d'infanterie alpine. Une fois la guerre finie, il

retourne en Roumanie mais revient en France en 1971 après unlong parcours en Union soviétique. Âgé de 52 ans, l'ingénieurchimiste convainc malgré tout un employeur de l'embaucher.

Bien lui en prit à ce dernier car Ervin Bodnar a contribuéau développement d'une peinture écologique, sans solvants età la création de 120 nouveaux emplois dans l'entreprise.

(1) L'odyssée d'un juif roumain aux temps de la résis-

tance française et du rideau de fer, d'Ervin Bodnar, éditionsBGA Permezel.

vous pouvez être fiers !"

Ervin Bodnar, le Transylvain: avoir 20 ans dans le maquis et la Résistance française.

Georges-Filip Lefort: "Vous, Villeurbannais, Dans un article précédent, nous avions évoqué le destin du franco-Roumain Eugène Samuel, appelé le "médecin des

pauvres" et pionnier du maquis du Vercors, décoré personnellement par le général De Gaulle. Mais d'autres Roumains se

sont illustrés dans les réseaux de la Résistance en France, y occupant des fonctions de premier plan, comme George-Filip

Lefort ou Ervin Bodnar.

Le Moniteur officiel précisaitles conditions dans lesquellespouvait s'exercer cette activi-

té. Les prostituées devaient subir des visi-tes médicales périodiques, consignéesdans un livret qu'elles montraient à leursclients, s'ils l'exigeaient, pour vérifierqu'il était bien à jour. Ellesn'avaient pas le droit de raco-ler dans la rue ou dans lesbars, sous peine de fermeturede ces établissements, etétaient le plus souvent confi-nées dans des bordels, termeadopté par les Roumains. Cesderniers devaient être éloi-gnés des écoles et églises et,si possible, aménagés à l'é-cart, près de parcs ou jardinspublics et leurs rideaux tou-jours baissés pour éviter des'exhiber aux fenêtres.

Les prostituées dépendaient du pro-priétaire des lieux, souvent une femmerompue au métier, qui avait obtenu lesautorisations nécessaires et non de soute-neurs, ni tomber sous l'influence d'une"mère maquerelle", issue de leurs rangs.

L'ouverture d'une de ces maisons clo-ses dépendait de l'autorisation du maire,chargé ensuite de l'application de laréglementation. Les femmes majeures,envisageant de se prostituer passaient unevisite médicale assurée par les médecinsde la commune et étaient ensuite inscritesdans le registre municipal, devenant ainsiofficiellement "femmes publiques". Elles

recevaient une "condicuta", carte d'iden-tité de prostituée.

Le métier s'exerçait de deux façons :en indépendante ou en maison de toléran-ce mais dans chaque cas, il leur étaitinterdit de recevoir des clients de moinsde 17 ans.

Abonnements avec réduction

et possibilités de crédits

Les tenancières de bordels ne pou-vaient soutirer à leurs protégées que lamoitié de leurs gains, au maximum. Maisil leur restait largement de quoi vivre.Leurs cinq clients quotidiens autorisés -mais personne ne vérifiait- leur rappor-taient 5000 euros mensuellement. Mêmes'il ne leur en restait que 2500, et qu'ellespouvaient refuser les clients qui ne leurconvenaient pas, c'était bien au-dessusdes 800 lei du salaire moyen de l'époque.

Chaque maison avait sa politique

commerciale propre, visant à encouragerla fidélité des clients. Certaines propo-saient des formules d'abonnement avecréductions à la clé, d'autres des possibili-tés de crédits. Les habitués qui payaient àl'avance pouvaient retenir leur prostituéefavorite pour leur prochaine visite. Un

abonnement de dix ticketscoûtait 50 lei, chaqueconsommation revenant doncà 5 lei (environ 20 euros d'au-jourd'hui) et pour deux tic-kets, on avait droit à une nuitentière d'ébats.

Les prostituées qui sou-haitaient s'arrêter étaientrayées du registre les concer-nant et aucune communica-tion n'était faite de leur situa-tion antérieure si elles dési-raient se marier ou occuper

un autre métier.En 1930, après avoir adopté une nou-

velle législation sur la santé, le gouverne-ment ferma les maisons closes, mais laprostitution continua à exister de manièresemi-clandestine. Le statut des prosti-tuées fut rétabli, sous une nouvelle forme,en 1943, pour satisfaire les soldats alle-mands. Les derniers bordels furent fer-més par les communistes en 1949, lesfilles étant envoyées dans des centres derééducation. La grande majorité d'entreelles ont terminé comme ouvrières dansles grands complexes industriels. A partirde 1957, la prostitution fut considéréecomme une infraction pénale.

Les belles heures de la prostitution au début du XXème siècle

Un métier comme les autres qui rapportait gros

Au début du XXème siècle et pendant la période de l'Entre deux guerres, la prostitution était considérée comme un

métier comme un autre, très lucratif, régi dans un cadre législatif. Elle permettait aux 12 000 femmes la pratiquant dans

les années 30, de gagner jusqu'à six fois le salaire moyen de l'époque, sans toutefois pouvoir, dépasser cinq clients par jour.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Malgré le succès tactique enregistré à la conféren-ce mondiale des partis communistes en 1969, lesdirigeants soviétiques se heurtent à des difficul-

tés de tous ordres. Sans parler du conflit avec la Chine, quiprend une allure nettement nationale et militaire, sans parler dela résistance passive de l'écrasante majorité du peuple tchécos-lovaque aux nouveaux maîtresimposés par Moscou, ce sont lesrelations avec Bucarest qui leur don-nent le plus de soucis. Certes, laRoumanie présente un intérêt moin-dre que la Tchécoslovaquie, tantpolitique qu'économique et straté-gique. Mais sa place dans la "com-munauté" des pays socialistes d'obé-dience soviétique n'est nullementnégligeable. En occupant laTchécoslovaquie, les Soviétiquesont empêché la formation d'une"petite entente" communiste(Tchécoslovaquie, Roumanie,Yougoslavie) contre les anciensalliés allemands (Hongrie etBulgarie), devenus ou redevenusleurs propres satellites. Cependant, si la Roumanie est entou-rée de trois côtés par l'U.R.S.S. et ses fidèles alliés, elle a unefrontière commune avec la Yougoslavie, dont la farouche réso-lution de résister à tout empiétement sur son indépendancen'est pas douteuse.

Bucarest n'est pas disposé à plier le genou

devant son puissant "protecteur"

Le rapprochement entre les deux pays, la visite inopinéedu président Nixon, le développement des échanges avecl'Occident, le resserrement des liens avec Israël, les affirma-tions répétées que la Roumanie défendra par tous les moyensson territoire national, tout cela semble indiquer que, malgréles précautions prises, les dirigeants de Bucarest ne sont pasdisposés à plier le genou devant leurs puissants "protecteurs"de l'Est.

Nous avons mentionné, dès le début de cette étude, laposition géopolitique de la Roumanie et le risque qu'elleimplique. Ce risque est pleinement assumé par l'actuelle direc-tion du parti communiste roumain, dont le rôle dirigeant,contrairement aux Tchécoslovaques et aux Yougoslaves, estaffirmé avec éclat. Toutes sortes d'indices convergents nousamènent à penser qu'en Roumanie la désatellisation prend le

pas sur la libéralisation du régime intérieur et que le problèmenational y prime, et de loin, tous les autres.

Le réveil national, pour ne pas dire nationaliste, est telle-ment puissant qu'à lui seul il a permis de rendre populaire ladirection du parti, discréditée jusque-là, et de regrouper autourd'elle toutes les forces vives du pays. M. Ceausescu, chef du

parti et de l'Etat, a été plébiscité parle récent congrès du parti commu-niste roumain, malgré la situationintérieure plutôt précaire, parce qu'ilsymbolise les impérissables aspira-tions à l'indépendance du peupleroumain.

Le dixième congrès du particommuniste roumain a, par sondéroulement, ses décisions et sonambiance, révélé la place exacte dece parti parmi les pays à directioncommuniste et au sein du mouve-ment communiste international.Tenu à Bucarest du 6 au 12 août1969 - en présence de 1915 déléguéset des représentants de soixante-sixpays " frères " - ce congrès a confir-

mé la neutralité de la Roumanie dans le conflit sino-sovié-tique, son refus d'intégration supranationale, aussi bien écono-mique que militaire, et sa volonté de poursuivre une politiqueautonome sur l'arène mondiale.

Brejnev boude le congrès

du Parti frère roumain

De telles prises de position, formulées sans équivoque parN. Ceausescu et approuvées avec enthousiasme par lescongressistes, ont été soigneusement assorties de proclama-tions d'attachement au Comecon et au pacte de Varsovie et defidèle reconnaissance à l'égard de l'U.R.S.S. Proclamations quin'ont pas désarmé la méfiance, voir l'hostilité du porte-paroledu parti communiste de l'Union soviétique qui, sur nombre depoints a pris le contre-pied de l'exposé du leader roumain.Dialogue de sourds qui s'est prolongé dans les coulisses sansaboutir à une détente, tant souhaitée par les dirigeants deBucarest. D'ailleurs, avant même que ne commence lecongrès, des mesures ont été prises pour éviter tout éclat. C'estainsi que tous les partis étrangers ont été invités à n'attaquer,lors de leurs interventions, aucun parti "frère", ce qui, après lavisite du président Nixon, a décidé les partis chinois et alba-nais à ne pas assister au congrès du parti roumain.

Du côté soviétique, les réticences n'ont pas été moins net-tes. A la suite de la visite imprévue du président Nixon les diri-geants soviétiques ont remis à une date indéterminée la signa-ture du nouveau traité d'aide mutuelle.

Contrairement à l'habitude, au lieu de M. Brejnev ils ontenvoyé au congrès M. Katouchev, secrétaire du comité central,chargé des relations avec les partis au pouvoir, personnageimportant, beaucoup moins représentatif cependant que sonchef de file. Les autres partis pro ou para-soviétiques ont, sui-vant cet exemple, mis à la tête de leurs délégations des leadersde second plan.

En revanche, les partis hétérodoxes ont accordé aucongrès une importance considérable: le parti communiste ita-lien y a été représenté par M. Pajetta, membre du bureau poli-tique et du secrétariat; la Ligue yougoslave par M.Todorovitch, proche collaborateur du maréchal Tito.Mentionnons encore la présence de deux délégations vietna-miennes du Nord et du Sud et celle du parti communiste japo-nais - formations qui n'ont pas participé à la conférence deMoscou. Enfin, la délégation nord-coréenne, après une escaleà Moscou, a rebroussé chemin. Clivage symptomatique ! Lespartis étrangers, tout en respectant la consigne du silence ausujet du conflit sino-soviétique, ont fait connaître, par allu-sions plus ou moins transparentes, leurs approbations ou leurscritiques de l'orientation roumaine.Le dialogue entre M. Ceausescu etM. Katouchev a été suivi avec uneattention soutenue par toute l'assis-tance.

L'invitation faite à Nixon

Qu'a donc dit M. Ceausescupour mériter l'ire des Soviétiques ?Il a proclamé solennellement lapérennité du fait national, le droitde chaque parti communiste dechoisir son propre chemin dusocialisme, le refus de toute ingé-rence dans les affaires intérieures, quelle qu'en soit la raison,et la résolution de son parti et de son peuple de défendre l'in-dépendance de leur pays menacé par l' "impérialisme".

Le leader roumain a signalé la création et l'armement desunités de gardes patriotiques dans les usines et villages, lors del'invasion de la Tchécoslovaquie, ce qui présente une curieusecoïncidence avec l'appel à la vigilance contre le danger "impé-rialiste".

La solidarité, qu'il a affirmée, avec les autres pays memb-res du pacte de Varsovie ou du Comecon, les concessionsmineures consenties à ce dernier, l'hommage vibrant rendu àl'U.R.S.S. lors du vingt-cinquième anniversaire de la libérationdu pays, n'ont modifié en rien l'hostilité de la Roumanie à toutetentative d'intégration supranationale pouvant porter ombrageà son indépendance, telles que le ralentissement de son indus-

trialisation ou la présence des forces alliées sur son territoire. Tout en maintenant des liens privilégiés avec l'U.R.S.S., le

parti communiste roumain s'est déclaré résolu à entretenir desrelations amicales avec tous les pays et partis communistes,refusant ainsi de prendre parti entre la Chine et l'U.R.S.S.Enfin, parlant des relations diplomatiques et culturelles,comme des échanges économiques, M. Ceausescu a confirmél'ouverture vers l'Occident et l'intention de prendre des initia-tives spectaculaires sur l'arène mondiale, initiatives tendant àdépasser la division du monde en blocs antagonistes et dontl'invitation faite au président Nixon, sans accord préalableavec Moscou, offre un exemple éclatant.

Un an après l'invasion de la Tchécoslovaquie,

le chef de l'Armée rouge présent en Roumanie

La réplique de M. Katouchev a été d'une tranchante nette-té: la Roumanie a été mise en garde contre les manœuvres dedivision de l'impérialisme.

L'intervention en Tchécoslovaquie a été indirectementmais clairement défendue au nom de la sauvegarde desconquêtes socialistes, ainsi que le renforcement des liens entreles pays de la "communauté socialiste": liens militaires quiassurent la sécurité de ces pays ; liens économiques qui leur

permettent de réaliser, grâce à desprogrès rapides, l'édification dusocialisme.

Le porte-parole soviétique,sans citer la Tchécoslovaquie ni laChine, a stigmatisé l' "opportunis-me de droite et de gauche" etdénoncé avec une âpreté singulièrela "déviation nationaliste" qui sefait jour dans certains partis com-munistes.

Tout son discours avait pourbut de faire sentir aux congressis-tes le mécontentement des diri-geants de Moscou. Il constituait un

avertissement contre la poursuite par la Roumanie, sans qu'el-le soit nommée, de sa politique d'indépendance. La présencedans le pays du maréchal Zakharov, chef de l'état-major géné-ral de l'armée soviétique, révélée après le congrès, a donné àcet avertissement une gravité et une portée supplémentaires.

M. Katouchev s'est abstenu, en dehors de la condamnationgénérale du nationalisme, de toute allusion à la situation enRoumanie. Et pour cause! Il lui était impossible de trouver,dans le régime intérieur de ce pays, le moindre germe d'héré-sie libérale. Le rôle dirigeant du parti communiste a été renfor-cé: les appareils du parti et de l'Etat ont été réunis à tous lesniveaux dans les mêmes mains et confiés à des responsablesdu parti. La discipline a été maintenue dans toute sa rigueur.Le "centralisme démocratique" n'a subi nulle atteinte ni lamoindre atténuation. (suite page 42)

Moscou contrecarre les velléités de "petite Histoire

Jusqu'à la chute du communisme, "Le Monde diplomatique" constituait la seule référence crédible et régulière évo-

quant la situation en Roumanie et dans les pays de l'Est, même si ses articles de complaisance - comme les interviews des

ambassadeurs roumains en France ou des personnalités de la nomenklatura communiste de passage à Paris - se révélaient

sans intérêt et parfaitement langue de bois. Les Nouvelles de Roumanie plongent dans ses archives pour rappeler une

époque où les lecteurs français ne disposaient que de cette seule source d'information.

entente" au sein de son bloc

récalcitrant à l'Est1969: La Roumanie, satellite

Leonid Brejnev accueilli par Ceausescu à l’aéroport d’Otopeni.

Partie de chasse avec Tito... mais l’ours soviétique est trop fort pour les deux apprentis dissidents.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

(suite de la page 41)

L'enseignement du russe est redevenu facultatif

L'orthodoxie marxiste-léniniste des dirigeants roumainsne souffre aucun reproche sur le plan des principes. C'est lafaçon dont ils sont interprétés et appliqués qui soulève lesobjections de Moscou. M. Ceausescu s'est montré non moinshostile au "révisionnisme" que M. Katouchev. Et pourtant,malgré cette apparente concordance d'attitudes, un désaccordprofond se dissimule derrière le voile idéologique. L'U.R.S.S.veut maintenir son hégémonie sur la Roumanie et, au besoin,l'imposer; la Roumanie tend à s'affranchir de la tutelle sovié-tique et, pour y parvenir, cherche des appuis et des contrepoidsaussi bien à Pékin qu'à Washington.

Faut-il rappeler la suite de gestes indépendants effectuéspar la diplomatie roumaine?Votes à l'O.N.U. différents desautres démocraties populaires;reconnaissance de laRépublique fédérale alleman-de; réserves à l'égard du traitésur la non-prolifération desarmes nucléaires; refus de rom-pre, après la guerre de sixjours, avec Israël et élévationau rang d'ambassade des léga-tions des deux pays; dévelop-pement des échanges avec lespays occidentaux; rapproche-ment avec la Yougoslavie;maintien des relations cordialesavec la Chine; désaveu public de l'invasion de laTchécoslovaquie, enfin, après avoir reçu le général De Gaulle,l' invitation faite au président Nixon - tout cela montre à l'évi-dence la volonté délibérée de Bucarest de prendre ses distan-ces à l'égard de l'U.R.S.S., sans rompre pour autant avec elle.

En politique intérieure, la même tendance, bien que plusdiscrète, se fait également sentir. L'enseignement du russe,longtemps obligatoire, est redevenu facultatif. L'imitation ser-vile du modèle soviétique a cédé la place à la recherche desformes originales de gestion du patrimoine national. On s'ef-force de renouer avec le passé, avec la lutte pour l'unificationdu pays, d'exalter la séculaire résistance à l'envahisseur otto-man, à l'occupant magyar, à la colonisation allemande, auxpressions russes. On se permet même des allusions à laBessarabie et à la Bucovine du Nord, annexées par l'U.R.S.S..

Le parti lui-même s'est renationalisé. Les anciens diri-geants, revenus au pays après un long séjour en U.R.S.S., ontété écartés du pouvoir: l'ancien secrétaire général du parti,Lucretiu Patrascanu, exécuté en 1954 pour déviation nationa-liste, a été réhabilité. Gheoghiu-Dej, ancien leader, mort en1965, a été désavoué pour les violations de la légalité qu'ilavait autorisées ou inspirées. Déjà, lors d'un remaniement pré-cédent, le responsable du service de sécurité, M. Draghici, aété limogé et la police soumise au contrôle direct du secréta-riat du parti.

On a l'impression que tous ceux qui se sont rendus

suspects de l'attachement inconditionnel à l'U.R.S.S. ont étééliminés. Ce fut le cas, entre autres, de M. Birlondeanu, ancienmembre du comité exécutif du parti et ancien vice-présidentdu conseil; de M. Maghioros, ancien secrétaire du parti. Leprocessus s'est, semble-t-il, achevé par l'évincement, à l'issuedu congrès, de MM. Chivu Stoïca et Apostol, coéquipiers deM. Gheorghiu-Dej; le premier, ancien chef de l'Etat; le second,président de la centrale syndicale. Il paraîtrait, mais la nouvel-le n'a jamais été confirmée, qu'ils se sont opposés, ainsi que M.Bodnaros, à l'invitation du président Nixon.

Epuration et renouvellement des cadres

M. Ceausescu, après avoir écarté les principaux dirigeantsde la précédente génération, s'est entouré de militants plus jeu-nes, plus compétents et plus dynamiques, qui lui sont entière-

ment dévoués, puisque leurcarrière et leur sort sont étroi-tement liés avec le sien propre.En outre, la structure de l'Etat,puis celle du parti ont été pro-fondément remaniées.L'augmentation du nombre derégions, portées en 1965 deseize à trente-neuf, a permisde rétablir les régions à majo-rité magyare, démembrées lorsde la précédente réformeadministrative. Elle a permiségalement de procéder à larelève des cadres anciens et àla désignation de nouveaux

délégués.Bien que le nombre total des membres des organismes

dirigeants ait été élevé de 215 à 330, une cinquantaine de sor-tants n'ont pas été élus par les congrès régionaux et une tren-taine de candidats par le congrès national. La relève des cad-res dirigeants n'a jamais été aussi massive. Correspond-elle àl'accroissement et au renouvellement des effectifs qui sont pas-sés, de 1965 à 1969, de 1 450 000 membres à 1 915 000 ?

Il est difficile d'y répondre, car le monolithisme, toujoursen vigueur, a empêché les tendances réelles de s'exprimerlibrement et qu'aussi bien les promotions que les limogeagessemblent avoir été inspirés, sinon imposés, par l'équipe aupouvoir.

Il importe de signaler les modifications apportées aux sta-tuts du parti, aussi bien dans un sens positif que négatif. Lesélections à tous les niveaux ont lieu désormais à bulletin sec-ret. Les congrès régionaux sont invités à désigner leurs candi-dats à la direction en nombre plus élevé que celui des siègesdisponibles.

En même temps, la périodicité des congrès a été espacée,passant de quatre à cinq ans pour les assises nationales. Lesconférences régionales seront réunies tous les quatre ans. Lesassemblées locales se tiendront tous les deux ans et non tousles ans. Ces mesures rendent plus difficile le contrôle des orga-nismes de direction par les militants de base et contribuent àstabiliser leur composition.

Le dictateur Gheorghiu Dej (à droite), en compagnie de GheorgheApostol qui tentera en vain de ravir sa succession à Ceausescu.

Ceausescu installe son pouvoir discrétionnaire

On ne peut pas ne pas être frappé par le culte de la person-nalité dont jouit N. Ceausescu, chef du parti et de l'Etat. Ilassume un rôle prépondérantinstitutionnalisé par le congrès.Le secrétaire général n'est plusdésigné par le comité centralmais par le congrès. Démocratiedirecte ou système plébiscitaire? On pencherait plutôt pour laseconde hypothèse, étant donnésles acclamations qui ont suivicette désignation, les termes"conducator" et "le meilleur filsdu peuple" dont il est gratifié etsurtout le fait qu'il ne peut plusêtre révoqué par le comité cen-tral dans l'intervalle des congrès- ce qui lui assure pratiquement,sauf révolution de palais actuel-lement imprévisible, le maintien au pouvoir pendant cinq ans.

Tel est le cadre institutionnel dans lequel se déroule la vieintérieure du pays. Cadre singulièrement rigide, qui permet detenir en main la population et d'éviter toute surprise désagréa-ble. Il est difficile, dans ces conditions, de parler de la démo-cratisation ou même seulement de la libéralisation du régime,sauf dans le secteur culturel où la liberté a été accordée auxartistes à condition qu'ils contribuent à la construction socialis-

te. S'agit-il de mieux résister, grâce à la cohésion nationale,aux pressions extérieures ou, plutôt, tout en faisant appel à lanouvelle intelligentsia scientifique et technique, de préserverle monopole du pouvoir de l'appareil du parti ?

Malgré le soutien accordé àM. Dubcek et les excellents rap-ports entretenus avec le maré-chal Tito, l'équipe de Bucarestn'a à aucun moment exprimédes velléités d'imiter les modè-les tchécoslovaque ou yougos-lave. Elle a, au contraire, main-tenu et même renforcé sa main-mise sur tous les domaines de lavie nationale, notamment sur lapresse et les syndicats. Cesaspects autoritaires à peine atté-nués du régime et son faroucheattachement aux valeurs tradi-tionnelles l'apparentent à cequ'on est tenté de qualifier de

national-communisme. L'accueil enthousiaste réservé au géné-ral de Gaulle et au président Nixon s'explique moins par leurpopularité que par la nostalgie de liens historiques avecl'Europe occidentale. (A suivre)

Victor Fay (Le Monde diplomatique, sept. 1969)

Journaliste, ancien militant communiste en Pologne, puisen France où il a rejoint le Parti socialiste, Victor Fay est décé-dé en 1991.

De retour d'Angleterre et deFrance, où ils travaillaient,deux anciens copains de

lycée de Zalau, Sergiu Muresan (35 ans)et Daniel Crisan (36 ans) ont décidé de selancer dans la production decidre artisanal, une boissonpeu connue en Roumanie…90 % des Roumains n'enn'ayant jamais bu. Les deuxamis, qui réfléchissaient àleur projet depuis deux ans etavaient le mal du pays, ontinvesti 140 000 euros pourouvrir leur entreprise,"Transylvania Brew" dans levillage de Zimbor.

Sergiu Muresan avait tra-vaillé 14 ans en France, dont 7dans l'industrie pharmaceu-tique, et avait suivi des cours de théologieavant de s'initier à la production de cidrede pomme en Angleterre.

Après sa faculté d'agronomie enRoumanie, Daniel Crisan a passé 9 ansentre la France et l'Ecosse, devenant,

chauffeur de taxi, serveur dans des hôtelset installateur d'ascenseur.

Pour commencer leur affaire, lesdeux associés ont dû patienter un an endémarches administratives, la législation

roumaine étant quasiment inexistantedans ce domaine, se contentant d'un"copié-collé" de la règlementation fran-çaise. La jungle administrative ne fut pasle seul obstacle à dépasser. La concurren-ce "déloyale" se bornant à offrir des suc-

cédanés de cidre, avec gaz carboniqueajouté, menaçait leur survie. Or cetteboisson exige un dosage précis entrepommes douces et amères, en fonction del'acidité finale que l'on souhaite obtenir.

Les pommes roumaines nesont pas adaptées à ces critèreset il a fallu en faire venir dePologne, en attendant de déve-lopper la production locale.

L'entreprise compte com-mercialiser dans les grandesvilles 5 à 8000 bouteilles de 50cl chaque mois au prix de 1,4euro au départ de lafabrique… pour terminer àenviron 3 euros sur la table duconsommateur.

En attendant, "Harvester"s'est transformé en sponsor du

14 juillet organisé par le club francopho-ne d'affaires, auquel les deux amis appar-tiennent, pour se faire connaître et appré-cier. On y a trinqué non plus avec duchampagne, mais avec du cidre ayant ungoût de France.

A Zalau, on a fêté le 14 juillet avec du cidre

Aux côtés de Dej, Ceausescu est déjà l’étoile montante du Parti communiste.

Francophonie

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

Un gamin déguenillé est monté dans le bus à la sta-tion où les passagers se signent à tours de bras. Ily a une grande église pas loin. Aussitôt il a pous-

sé sa chansonnette, d'une voix prête à muer : "Je suis un enfantabandonné... sans parents, ni frères ni sœurs... jamais étéaimé... pas un bout de pain..." On la connaît, la triste histoiredes boschetari, les gosses des bosquets, où ils dorment quandil fait bon. Mais ce va-nu-pieds ne ressemblait pas aux autres,à la graine de crapule qui hante les couloirs du métro et lesabords de la gare du Nord. Maigre à faire peur, l'air gentil, lesyeux intelligents, il était seulement pas aimé du tout.J'imaginai sa mère, une gentille gamine, abandonnée, qui à sontour... Le gamin est tombé à genoux, pour la fin de la chansonde l'orphelin : "Sainte Vierge Marie,ne m'abandonnez pas... SainteMarie-Madeleine, vous qui...".

Sa prière n'en finissait plus.Elle prenait maintenant certainsaccents des incomparables chantsde la liturgie orthodoxe, qui vousdonnent le goût du paradis. "Jésus,vous qui avez dit : demandez etvous recevrez..." Les yeux clos, lesmains à une barre du bus, pour sûrque ce gosse croyait ce qu'il disait.D'ailleurs, quand le bus s'est arrêté,lui, il a continué à dire son espoir. Puis il a tendu la main.Touchés, bon nombre d'imperturbables y ont déposé une pié-cette. Bon, il irait remettre le fruit de sa collecte à un aîné, souspeine d'être frappé. Mais au moins ce soir il mangerait sansêtre battu.

"Eh bien non, et peu à peu le taxi

se mit à tousser comme un tubard"

Je me hâtai bientôt, car j'avais à prendre le train qui m'em-mènerait au cœur des Carpates. Du coin de la ruelle qui bordele bloc P13 montait une chanson triste. Triste et belle à la fois.Dans ce soir de tardif printemps, elle diffusait comme une lon-gue plainte. Voix de femme, mélodieuse, voix d'amour, mal-heureux... La complainte de celles qui n'ont plus que le souve-nir. J'imaginai une rue napolitaine, et une lavandière à ses che-mises d'homme... Je savais pourtant que c'était, comme d'habi-tude, la famélique mendiante tsigane qui, les pieds nus, va parles rues clamer sa misère aux pauvres des clapiers de béton.

"Prends un taxi, c'est plus sûr..." me dit A., sur le seuil dela porte. Je hélai le premier qui se profila sur le boulevard.Muet, le chauffeur avait une bonne tête de Turc. Il me parutbientôt plus soucieux que taciturne.

En route vers la gare du Nord, sa voiture se mit à tousso-ter. A nous secouer - non mais c'est pas vrai ! - comme dans unmanège pour amuser les enfants. Elle ralentissait, peinait,repartait, crachotait, puis s'arrêtait, net. Clé de contact, pédaledes gaz, et... Eh bien non, et peu à peu le taxi se mit à toussercomme un tubard. Bientôt, tel Fernandel et sa jeune conquêtedans La fille du puisatier, nous fûmes secoués comme un pru-

nier, et de moins en moins avancés. Et même pas de quoi sou-rire, car les minutes passaient, et la guimbarde menaçait des'arrêter tout à fait. J'imaginai le rire d'A. quand je lui aurai ditle fruit de sa bonne idée.

"Il y a des jours comme ça,

où l'on est mal inspiré"

Le bahut du "Turc", rendu prudent, longeait maintenant letrottoir. Il évitait soigneusement les nids de poule, multiples etdivers. Peine perdue. A bout de souffle, sa Dacia ne cessait des'arrêtait, comme l'âne d'une fable de Miguel Torga. Allez,encore guère plus d'un kilomètre, bon sang ! Dans un quart

d'heure, le train s'en irait. Etcomme par un fait exprès, la routemontait désormais. Au bout d'unecentaine de mètres, la poussivemachine refusa de réagir. Le comp-teur marquait 8800 lei, presquetrois dollars. L'ignorant, je sortis dela carcasse.

Lestés de mes sacs, j'arrêtai lapremière voiture qui survenait. Ason volant, un jeune émule des plusgrands pilotes. Il clignait exagéré-ment des yeux, comme certains

bègues. "Plus que dix minutes..." ai-je menti. Mal m'en prit. Disant qu'il m'en coûterait 5000 lei, mon

gars pressa l'accélérateur. Relax, je crus bon de lui confier quesi la Roumanie avait eu Nastase en tennis, elle n'avait de loinpas encore son Villeneuve ou son Hill (1). Il y a des jourscomme ça, où l'on est mal inspiré. Car le bonhomme parutpiqué au vif. Heureusement, il n'écrasa que le champignon.Aux feux, un taximan lui lança : "Petit couillon, retourne dansle c... de ta mère!", ce qui est en roumain une injure des plusordinaires. Comme s'il transportait le p.-d. g. de Marlboro,mon chauffeur fonça tant et si bien qu'il manqua la bonneentrée de la gare! Qu'à cela ne tienne, "je fais le tour de laplace... vous verrez... comptez sur moi!" Défilent les pavés,couinent les pneus, sursautent les passants... Chapeau, le mec!Sa voiture s'arrêta pile à 5 centimètres de la première marche.

"Ils opéraient à trois, ces crapules!"

Il me restait neuf minutes. Comme tous les vendredis danstoutes les grandes gares du monde, celle-ci était parcourued'un monde fou. Le temps de consulter l'immense tableau,d'accéder au bon quai, et j'entrepris de remonter une à une lesvoitures de ma destination. J'avais un billet de couchette de 2eclasse, mais pour quelle voiture? L'indication n'était pas clai-re. Je ne tardai pas à m'arrêter. Comme si mon ange gardienm'avait tiré par la manche, mon attention fut attirée par unhomme qui portait une veste aux couleurs du F. C. Braga.L'individu ne paraissait pas prêt à monter dans la voiture,bourrée. Bizarre, car il regardait plutôt les voyageurs. N'était laveste portugaise, on eût dit un employé des chemins de fer.

Vers les Carpates, un soir de printempsSouvenirs

"Vous allez où ?", me demanda-t-il. "A Baia Mare". "C'estle bon wagon", déclara-t-il, formel. "Eh, je ne peux pas mon-ter là-dedans, vous voyez bien..." - "C'est là pourtant...", medit un type, sur ma gauche. Moi je croyais bien à ce train, maispas à cette voiture. "Si, si", fit un troisième, sur ma droite.

Non, pas question. D'ailleurs, jamais je ne monte dans unwagon-lit sans l'approbation de son gardien. Je me dégageaidonc de la pression des voyageurs. Prestement, le gars de droi-te ôta de mon sac en bandoulière un grand sac de toile bleuequi venait de le recouvrir, comme par inadvertance. Eh eh, jene connaissais pas cette technique-là, me dis-je, amusé. Carencore tout à fait vide, et pour cause, le sac du mec, accrochéà son épaule, avait son ouverture par-dessous. Prêt à happer !Plus heureux que médusé, je sus que je venais d'échapper à unetentative de vol qualifié. Ils opéraient à trois, ces crapules !Pendant que deux vous serrent de près, vous invitant à garderle nez en l'air, le troisième, ses mains dissimulées dans son sacad hoc, vous déleste vite fait. Dans la cohue, personne ne s'é-tonne d'être bousculé.

La veille, un appelé avait poignardé,

de sang-froid, un policier

Ayant échappé à la panne, à l'accident et aux malfrats, j'ar-rangeai sereinement mes bagages dans la cabine attribuée. Elleétait vide. Je m'installai pour manger. Survint bientôt un mon-sieur corpulent qui demanda si c'était bien là le numéro huit.Ça l'était. Après avoir déposé un sac de toile grise, il sortit dansle couloir. Je dégustais tranquillement une banane quand je levis qui me dévisageait avec une insistance qui me parut dépla-cée. Massif, l'homme paraissait mon âge. Devais-je passer lanuit avec un pédé ? Eh, chacun connaît des vieux qui couchentavec des vieilles. Il faut se méfier de certaines idées toutes fai-tes. Il y a peu, Pompon, le chanteur national, aux joues fraî-ches, roses, et à l'immuable sourire de grande folle, ne m'avait-il pas embrassé, moi ! Oh, en public et pas sur la bouche, Dieuen soit loué !

"Faut travailler... et prier,

c'est le bon Dieu qui fait le reste..."

J'en étais là de ma méditation lorsque dans le couloir pas-sèrent deux policiers, en gris, suivis d'un soldat, en bleu. Avecce qui est arrivé hier, faut pas s'étonner qu'on multiplie lescontrôles, me dis-je, en ouvrant un dictionnaire d'argot à unmot qu'il n'est pas décent de dire ici. La veille, en fin de nuit,un appelé, de garde, avait poignardé, de sang-froid, un poli-cier. Depuis, on le recherchait. Quelques heures plus tard, unpolicier avait descendu un soldat. Par erreur. Il avait pris pourl'assassin un appelé qui se rendait chez le dentiste. Sûr qu'il n'ya pas de remède plus radical contre le mal de dents.Commentant le crime et la bavure, mon bouquiniste, désen-chanté, avait cru bon d'ajouter: "Pauvre Roumanie...". Crimeet bavure sont pourtant de tous les pays. Les trois hommes desforces de l'ordre, eux, ils n'avaient fait que passer, à la simplerecherche d'une cabine vide. Empressé, le gardien du wagon

les suivait, muni de trois bouteilles de bière. De la Bergenbrune, les salauds.

La nuit est tombée maintenant. Mon compagnon est à latête "d'une petite société de machines pour la mine". Il a cin-quante trois-ans et un fils de dix-neuf, qui étudie à l'universitéde Cluj. Il a déjà été en France, à Besançon. A Paris aussi ? Etcomment ! "Chez monsieur B., un grand arbitre internationalde football". A Neuchâtel encore: "Quel beau pays !" Si prop-re en surface, je dis, que c'en est louche. Il est venu à Bucarest,au ministère du Travail. "Un coup de fil, c'était urgent. C'estallé vite: deux jours de train, un jour là-bas, et j'ai eu ce qu'ilme faut".

Content, il a débouché un litron de palinca, le fameuxalcool, et il m'a invité à l'étrenner. "Noroc !" (chance), "satraiesc!" (vive !). Putain si elle est forte! Du brutal."Cinquante-deux degrés ?". Non, cinquante-trois. C'est lui quil'a distillée. Il fait sa journée à la mine, et puis, à part, ilfabrique sa machine à forer. "Vous avez la technologie pourça?" - "Pas encore tout à fait. Alors, il faut bosser comme desdingues. Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre ? J'ai la santé, c'estle principal, pas vrai ?".

J'ajoutai, pour voir : "Faut travailler... et prier". Un silen-ce, le temps de se manger une rondelle de salami de Sibiu."Vous avez raison, c'est le bon Dieu qui fait le reste..." Mongars devient cordial, et pressant : "Allez, ça me ferait tellementplaisir si vous acceptiez de venir chez moi, seul ou avec desamis. Si, si...". Il me fait écrire son adresse. "Une semaine jepeux vous consacrer. Plus, c'est guère possible avec mon bou-lot, même si mon chef n'est pas trop regardant".

"Nous n'avons pas ronflé du tout :

le train a si souvent sifflé"

Le train a depuis longtemps dépassé Brasov. Alternantpalinca et eau minérale, le bonhomme me raconte sa vie."Seize gosses, nous étions ! Il en reste treize." Ses parents ontquatre-vingt-cinq ans, ils cultivent leur jardin. Nous parlonsreligion, c'est très à la mode en province, où partout surgissentdes églises. "Je suis orthodoxe, mais je suis pas contre lespocaïtsi". Les "repentis", ceux des sectes. "Tenez, si vous per-mettez, je vais vous raconter un rêve que j'ai fait l'autre nuit..."Oh là, il n'en finit plus, son rêve. "... à un certain moment, l'an-ge noir me dit : abjure ! J'ai dit non. Abjure ! J'ai refusé. J'étaislà, ni avec les vivants ni avec les morts...".

Je m'étais étendu sur la couchette. Lui, il a achevé sonrepas, sans plus un mot. Puis il a soigneusement essuyé satablette. Après quoi, ayant déposé ses chaussures à bonne dis-tance de mon nez, le Transylvain est monté se coucher."Faudra pas vous fâcher, qu'il a dit, je ronfle fort..."

- "Moi aussi. Surtout si j'ai bu de la palinca....". A., qui ale sommeil ultra-léger, se met alors à siffler.

En fait, nous n'avons pas ronflé du tout: le train a si sou-vent sifflé.

Noël Tamini, 6 mai 1996

(1) J'avais bien pensé à Prost, mais en roumain c'est le motpour dire sot, stupide, con.

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A quitte ou double sur les chemins incertains de la démocratie

Taxis: la menace Uber

Mercredi 7 septembre.- On m'a prévenu: l'arrivée àOtopeni est redevenue un vrai foutoir. Les chauffeurs de taxisne savent plus s'ils peuvent y avoir accès pour prendre oudéposer leurs clients sans risquer des amendes colossales (del'ordre de 50-100 euros). La situation semble s'être un peuaméliorée ces derniers temps. J'y échappe parce qu'un ami estvenu me chercher. Ce n'est pas mieux à la gare du Nord. Lemonopole de la desserte a été confié à une compagnie troppetite. Les files et délais d'attente grossissent, provoquant unvif mécontentement. Du coup, les taxis pirates ont refait leurapparition, avec tous les risquesd'arnaque habituels.

Pas étonnant dans ces condi-tions, qu'Uber commence à faireson trou. Les véhicules sontneufs, avec air conditionné fonc-tionnant (à 35°, voire plus, toutl'été… çà compte !), les chauf-feurs sont courtois et ponctuels.Une deuxième société concur-rente, appliquant le même princi-pe, est apparue, ce qui a fait bais-ser encore les tarifs. Quand auxcotisations (vieillesse, santé,chômage), auxquelles ces nou-veaux venus échappent, ce qui explique la modicité de leurprix, provoquant colère et manifestations dans la profession àtravers le monde, elles auraient été négociées pour assurer unminimum de participation. Pour l'instant, les rues de Bucarestn'ont pas encore été bloquées.

Jeudi 8 septembre.- Pourtant les chauffeurs patentés descompagnies habituelles sont loin de rouler sur l'or. Pelican,Cristaxi, Cobalcescu, Leone, etc. ont maintenu leurs tarifs del'an passé (1,37-1,40 leu du km, environ 0,3 euro), ce qui limi-te le prix d'une course moyenne à 2-3 euros et contribue à fairede Bucarest, une des capitales les moins chères d'Europe.

Vasile est à deux ans de la retraite. Tout l'été, il a cuit danssa Logan, jusqu'à deux heures du matin, chaque jour de lasemaine, y compris le dimanche. Ce père de quatre enfants, etgrand père quatre fois n'a pas le choix pour faire vivre sonfoyer, en ramenant 400-500 euros chaque mois. Pelican, luiloue son véhicule 100 lei par jour (20 euros).

A lui de l'entretenir et de payer les pleins d'essence. Encontrepartie, il peut l'utiliser librement. Vasile rentre parfoischez lui au petit matin, sans avoir effectuer une seule coursependant la nuit… Dimanche, il s'accordera quelques heures depause pour pouvoir assister au baptême du petit dernier de lafamille.

La belle vie sur "Les Champs Elysées"

Vendredi 9 septembre.- On ne change pas une adressegagnante. Comme l'an passé, j'ai eu recours à Booking.compour trouver un studio. 44 euros par jour, à 150 mètres de laPiata Romana et des Champs Elysées de Bucarest (boulevardMagheru). J'y dispose de tout le confort imaginable: salle debain, eau chaude en permanence, chambre de 30 m2, air condi-tionné, écran plat de télévision, wi-fi sécurisée, grand lit, tablede travail, cuisine totalement aménagée (frigo-congélateur)avec tous les ustensiles… y compris les sachets de thé, le sel,le poivre, etc.), terrasse fermée, avec machine à laver, table et

fer à repasser, produits d'entre-tien. Et en prime, le plus impor-tant: le calme total, que ce soitvis-à-vis des voisins ou de l'ex-térieur. Les bons restaurantsabondent dans le secteur et jen'ai pas à me creuser la tête pourlancer des invitations à mes amisroumains et français de la capi-tale.

En outre, je suis voisinimmédiat d'un Méga Image,Unico de quartier à la roumaine,ouvert chaque jour, y compris ledimanche, de 7h30 à 22 h. On y

trouve absolument tout… Et même, mon rosé pétillant duPortugal, le Mateus, quasiment au même prix qu'en France. Lerayon des vins (et de bières) du magasin est assez impression-nant. Sans-doute parce-que le propriétaire de la chaine est lebelge Delhaize, présent depuis 2010 en Roumanie, y comptant480 moyennes et petites surfaces, employant 9000 personnes.

Je croise un couple nantais de ma connaissance,Bucarestois d'origine, qui a eu la même idée pour louer et adéniché un studio de même superficie, près de la Piata Unirii(palais de Ceausescu) pour 22 euros par jour.

Quand on n'a pas de veine dans la vie,

on tente sa chance autrement

Samedi 10 septembre.- Signe que les temps sont durspour de nombreuses familles. Les kiosques de paris sportifs sesont multipliés, surtout dans les quartiers populaires. Il arrived'en trouver trois côte à côte. Quand on n'a pas de veine dansla vie, on tente sa chance autrement.

De même, Distrigaz, le fournisseur de gaz pour l'eau chau-de de la capitale, menace d'en couper l'approvisionnementpour au moins une semaine à cause du montant faramineux desfactures non payées.

Carnet de route

Le gestionnaire, Engie, lui doit 33 millions d'euros… maiscette firme est elle-même prise à la gorge par les dettes queRadet, chargée de gérer l'énergie thermique a accumulées endix ans à son égard… un total de 650 millions d'euros ! 40 %de la ville de Bucarest risque de se retrouver sans eau chaude.Un cauchemar pour les familles, notamment celles où il ya desnourrissons dont il faut faire la toilette cinq-six fois par jour.Et la menace semble prendre forme: le restaurant où je comp-tais dîner ce soir a fermé ses portes… La pression du gaz étaittrop faible dans ses fourneaux pour "faire la tambouille".

Une promenade… impériale

Dimanche 11 septembre.- Le week-end, quand la circula-tion devient plus fluide, est le moment le plus approprié pourdécouvrir Bucarest du haut du City Bus à impériale qui par-court la capitale en donnant une vue imprenable sur ses plusbeaux monuments, emblématiques des époques de l'EntreDeux Guerres, comme l'Arc de triomphe ou de l'architecturestalinienne, comme la maison de la Presse. Le bus flâne entreles parcs et les places, paresse devant les palais, musées, quel'on a tout le temps d'admirer, sans que les voitures vousklaxonnent. On peut en descendre quand on veut, à l'une desdouze haltes prévues, visiter les lieux et en reprendre un autreplus tard. Le billet -6,50 euros- est valable 24 heures; on peutmême le donner à quelqu'un d'autre. Le "must" est de fairecette ballade fin mai-début juin, quand les tilleuls sont en plei-ne floraison. A la fin du jour, lorsque les arbres exhalent leursenteur dans les lumières du soleil déclinant, la ballade devientun opéra des sens.

Les Bucarestois ont été longtemps sceptiques devant l'in-térêt de cette initiative visant à mettre en relief leur ville, quiexiste depuis cinq ans. Adrian, un ami journaliste sportif ren-contré lors d'un tour cycliste de Roumanie n'y croyait pas. Cetété, il m'a envoyé un e-mail enthousiaste: "Avec ma femme, onne savait pas quoi faire dimanche dernier. J'ai repensé à tonconseil et on s'est décidé. C'était magnifique… on n'avait pasréalisé que notre ville était si belle!".

Même son de cloche pour Léonard, de retour de Chicagooù il avait rendu visite à son fils, sa belle fille et son petit-fils."J'avais quelques heures à tuer avant de prendre le train pourSuceava. Eh bien, je peux dire que c'est mieux que les City-busd'Amérique. Là bas on peut lever le nez vers le toit des gratte-ciel, mais ce n'est pas d'être six mètres plus haut qui change laperspective, alors qu'ici on est le nez dans la cime des arbres,à hauteur des édifices".

Chiens errants, restos : retour aux normes

Lundi 12 septembre.- Il m'a fallu du temps pour réagir. Al'image des Bucarestois j'avais une peur bleue quand je ren-contrais une meute de chiens errants. Il m'était arrivé de faireune marche à reculons tout autour d'une place, les fixant dansles yeux pour les dissuader de se jeter sur moi, leur échappantfinalement parce qu'ils avaient trouvé une autre proie. Et cetteannée, je n'avais pas encore réalisé que je n'en avais rencontré

aucune. Tous les chiens sont désormais tenus en laisse. Quellesoulagement pour les habitants, qui ne sont pas près d'oublierles quelques enfants ou vieillards dévorés, sans parler desmilliers d'entre eux obligés, bon an mal an, d'aller se faire vac-ciner à l'hôpital contre la rage. Me mettre les pieds sous latable au restaurant, bien manger, avec le choix d'une cuisinevariée et même parfois originale, servie aimablement et sanscrainte de se faire arnaquer, me parait être devenu tout aussinaturel. Ce n'était pas encore le cas au début des années 2000.Je me souviens de cette blague révélatrice :

Un patron demande à son serveur :-Le Français… tu lui as bien salé sa note ?

-Ah pour çà, oui !-Qu'est-ce qu'il dit ?-Rien … il cherche les mots dans son dictionnaire.

Entre voyous, il faut bien s'entraider

Mardi 13 septembre.- "Docteur Ponta" accumule lesennuis. Alors qu'il a perdu son titre universitaire pour avoirplagié sa thèse, des voix s'élèvent pour qu'il soit radié duBarreau. Voilà que la DNA le met aussi en examen et souscontrôle judiciaire pour 60 jours, sans le droit de parler et dequitter le pays… alors qu'on est à trois mois des électionslégislatives dont il espère bien qu'elles le remettront en selle.Sa nouvelle "faute" ? Avoir détourné de l'argent - on parle de200 000 à 300 000 euros - pour se payer les services de consul-tant électoral de Tony Blair, lors d'élections précédentes.Normal qu'il se soit acoquiné avec l'ancien Premier ministretravailliste, si peu regardant que celui-ci conseille avec Cherry,sa femme, plusieurs dictateurs à travers le monde, suivantl'exemple de l'ancien chancelier allemand Gerhard Schroederdevenu un des dirigeants du groupe pétrolier Gazprom et inti-me de Poutine, ou le Portugais José-Manuel Barroso, partirejoindre la banque Goldmann-Sachs qui avait entrepris decouler l'euro.

Mais aujourd'hui, l'évènement, c'est la visite de FrançoisHollande. Le Président français reste deux jours sur place,notamment dans le cadre du Brexit, pour convaincre lesRoumains de serrer les rangs.

Ces derniers semblent apprécier les égards qu'on leurmanifeste. Ils n'ont pas encore digéré la manière cavalière aveclaquelle Sarkozy les avait traités, voici huit ans: au retour d'unvoyage plus lointain, le chef de l'Etat français avait littérale-ment "convoqué" le président Basescu à l'aéroport Otopeni,pour une entrevue humiliante lors dune escale, dans son prop-re pays, d'à peine une heure.

En cette veille d'élections législatives (le 11 décembre), où les Roumains auront le choix entre faire un pas en avant, en

confortant la direction pro-européenne d'une véritable démocratie, incarnée par le président Iohannis, et faire un pas en

arrière, en redonnant les clés du pouvoir à la nomenklatura PSD (Iliescu, Ponta, etc.), Henri Gillet a entrepris de faire le

tour du pays, histoire de prendre le pouls de la Roumanie. A travers anecdotes survenues pendant son voyage, commentai-

res de l'actualité, il en dresse un portrait.

VictorPonta et

Tony Blair ont la

mêmevision

du bien commun: le mettredans sapoche.

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Connaissance et découverte

Devant ma déception, le chef vient se faire pardonner enm'offrant une grande bouteille… de Schweppes. Le patronm'assure qu'il surveillera lui-même ma prochaine commande,tenant parole au repas suivant, où j'hérite d'un beau tourne-dos… "medium", avec des champignons fricassés, accompa-gné d'une salade d'ardei copti capia sortis de son jardin, débar-rassée de ses graines, comme il convient, mais ce qui n'est pasle cas partout et se présentent comme d'appétissantes tranchesde saumon fumé.

Changement de décor à Vaslui

Samedi 17 septembre.- La Moldavie est devenue uneterre brûlée sous l'intense soleil de l'été. On ne rencontre guèreâme qui vive. Ces paysages ont cependant de la grandeur etfont penser à la Mancha de Don Quichotte. En ce début deweek-end, mieux vaut prévoir faire le plein avant de prendre laroute : déjà rares sur les chemins de traverse que je prends, lesstations services risquent en plus d'être fermées.

L'étape à Vaslui est décevante. L'hôtel Racova qui se veutmoderne sent plutôt le rafistolé : c'était le fleuron de la villeautrefois. Mieuxvaut que l'ascen-seur ne tombe pasen panne. Déjà,l'affichage de lac l i m a t i s a t i o nm'indique que jedevrai passer unenuit à 28°: heu-reusement, il n'enest rien, mais jesuis incapable desavoir entre cettedernière et les 16°malencontreuse-ment annoncésquel sort m'estréservé.

A deux pas, le restaurant qui semble le plus accueillant, laTrattoria di Roma, ne vaut pas mieux. La ciorba de burta(panse) insipide est servie avec des ardei iute muraturi (en sau-mure)… alors qu'ils poussent à foison dans les jardins. La ser-veuse doit faire une dizaine d'allers-retours avant de m'annon-cer que le petit vin blanc sec de Husi annoncé sur la carte n'estpas disponible et que les autres ne sont pas au frais.

Le judet ne fait pas mentir sa réputation de département leplus pauvre du pays, avec celui de Botosani. En retard demodernisme, de volonté de bouger. Il est vrai qu'il est toujourscontrôlé par la vieille nomenklatura, trop jalouse de ses préro-gatives, combines et privilèges. La DNA n'a pas la tâche faci-le dans le coin.

L'épopée de l'emblématique Motel Bucium

Dimanche 18 septembre.- A Iasi, le décor change du toutau tout. Comment profiter de cette belle ville en étant aucalme? J'ai trouvé ma solution, l'an passé. Je loge à une dou-

zaine de kilomètres, sur les flancs d'une colline boisée, d'où, aucalme, j'aperçois les lumières de la ville scintiller. Et je faisconduire dans la ville en taxi (4 euros).

L'adresse est réputée dans la région depuis un siècle etdemi, mais a connu depuis bien des vicissitudes. A l'époque,on y donnait des bals pour la "bonne société", des troupes d'ar-tistes présentaient leurs spectacles dans un amphithéâtre enpleine nature. Des feux d'artifices étaient tirés aux grandesoccasions. Spécialités régionales succulentes et les meilleursvins de Moldavie garnissaient les tables des réveillons et aut-res fêtes. L'été, on pouvait s'y baigner dans un spa et une pis-cine, l'hiver faire des promenades en luges ou en traineaux.

L'idée d'en faire un endroit de villégiature prisé avaitgermé dans l'esprit de la femme d'un professeur de Iasi, ProfiraSendrea, puis développée à la fin du XIXème siècle par unentrepreneur local, Lascar Visan.

Malheureusement, la première guerre mondiale et la criseéconomique sinistrèrent les lieux et ce sont presque des ruinesque le maire de Iasi Osvald Racovita entreprit de faire rénoveren 1936, pour leur redonner leur prestige d'antan. L'endroitdevint la station balnéaire Rapidea.

Après leurprise du pouvoir,les communistesdécidèrent de latransformer en"casa de odinha",maison de vacan-ces, puis, aumilieu des années60, firent cons-truire un empla-cement pour 70tentes de campinget cabanes (casu-te). Le domainene cessa de sedégrader au fil

des ans. Trois ans de travaux furent nécessaires pour consoli-der, réparer, moderniser et étendre l'existant, à partir de 2005.

Finalement, en 2014, le nouveau Motel Bucium était inau-guré, comprenant, outre des chambres d'un très grand confort(40-45 euros), une piscine avec traitement UV, un sauna sec etun humide, un frigidarium, un jacuzzi en plein air. Tout pourun séjour réussi.

"Loi Macron" à la roumaine

Toutes ces innovations ne se font pas forcément dans labonne humeur. Il implique des changements d'attitude du per-sonnel, une plus grande serviabilité, sans-doute un aménage-ment des tâches, peut-être des horaires, afin de mettre de soncôté tous les atouts de l'ambitieux - et réussi- projet. Et, dumoins l'an passé, çà coinçait. Certains employés, même beau-coup, traînaient les pieds. On sentait de l'électricité dans lesrelations entre collègues… et le client devait deviner entre leserveur qui allait "lui faire la gueule" et celui qui se mettrait enquatre…

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

La bataille de la Marne de l'armée roumaine

Mercredi 14 septembre.- Me voilà donc parti pour mongrand tour annuel de Roumanie, à bord de la Logan louée chezFrancrocar, le spécialiste des Francophones, particulièrementapprécié sur place: on me livre lavoiture au pied de mon studio etje la rendrais à Otopeni, deux heu-res avant de prendre l'avion deretour. Cela me coûte 19 euros parjour.

Première étape, Tecuci, prèsde Focsani. J'ai décidé de consac-rer davantage de temps à laMoldavie, largement oubliée parles circuits touristiques. Sur laroute, halte à Marasesti où le sortde la Roumanie s'est joué en1917, pendant la Première Guerremondiale, dans laquelle elle étaitentrée du côté des Alliés en1916. La situation était désastreuse : les Allemands occupaient75 % du pays et s'étaient emparés de Bucarest en décembre2016, forçant le gouvernement ainsi que le roi Ferdinand à seréfugier à Iasi. Les troupes du général Mackensen voulaient enfinir, tablant sur un effondrement rapide de leurs adversaires.

C'était sans compter sur le sursaut des Roumains. Lemaréchal Joffre avait envoyé sur place le général Berthelotpour réorganiser leur armée, tout en faisant parvenir du maté-riel militaire par le port d'Arkhangelsk, en Russie. Epaulée parles Français, au pied des collines orientales des Carpates, l'ar-mée du général Jeremy Grigorescu, livra une véritable bataillede la Marne, pour sauver Iasi. L'offensive allemande fut stop-pée net, ce qui constitua une défaite… et, en conséquence, lapremière et la plus importante victoire des Roumains. Ces der-niers laissèrent sur le champ de bataille 27 000 tués, blessés etdisparus, leurs alliés russes - qui n'avaient pas encore abandon-né la partie - 25 000, et les Allemands, 65 000. Au total, leconflit causera la mort de 700 000 Roumains, 1 300 000 sol-dats étant blessés ou mutilés, 100 000 fait prisonniers… pourune population à l'époque de 10 millions d'habitants.

Le centenaire ce sera l'an prochain

Jeudi 15 septembre.- Marasesti n'a pas célébré particuliè-rement cette année le centième anniversaire de l'entrée enguerre de la Roumanie, se réservant pour celui de la grandebataille, en juillet prochain. Mais la ville n'a pas oublié qu'ellea été le théâtre d'un évènement appartenant désormais à l'his-toire. Dans le centre ville, un parc porte le nom du maréchalJoffre. Une colonne a été élevée à la mémoire du généralBerthelot et des soldats français tombés pour la Roumanie.Une stèle à la mémoire de Napoléon III rappelle aussi le rôleéminent que joua un demi-siècle plus tôt l'empereur desFrançais pour l'unité de la Moldavie et de la Valachie, donnantnaissance à la Roumanie.

La commune a reçu également la plus haute distinctionmilitaire française - la Croix de guerre - pour sa résistance

héroïque. A deux kilomètres de là, un peu en surplomb, unmausolée recueille les ossements de 6000 soldats morts aucombat, dont les noms sont gravés tout autour de la crypte oùa été élevé le tombeau du général Grigorescu avec les restesdes soldats inconnus.

L'édifice a été construit endeux tranches, de 1923 à 1938,sur une initiative de l'associationdes Roumaines orthodoxes, etinauguré par le roi Carol II et lareine-mère Maria.

Policiers masqués

Vendredi 16 septembre.-La route m'a demandé beaucoupde vigilance, avec les limitationsde vitesse oscillant sans arrêtentre 30 et 50 km/h dans lescommunes, parfois 70 km/h sansqu'on en sache les limites exac-

tes, avec les routes variant entre 80 et 100 km/h… et descontrôles radar de police et de gendarmerie dans les judets deBuzau, Vrancea et Galati, tous les 25 km, soit une dizaine autotal. Certains policiers sont cagoulés et "baraqués", ce qui n'arien de rassurant et crée plutôt un malaise. Pas question pourle conducteur de boire une goutte d'alcool depuis la veille et aumoins une quinzaine d'heures avant de prendre le volant(alcoolémie à 0 g/l).

Un petit coin de paradis…

sous un petit coin de parasol

A Tecuci, j'ai déniché un véritable petit coin de paradis…sous un petit coin de parasol et pour seulement 38 euros: l'hô-tel Parc, à 7 minutes à pied du centre de cette petite ville de30 000 habitants, très agréable, aux avenues ombragées etparcs joliment fleuris. Un remède miracle contre le stress desgrandes agglomérations.

L'hôtel est adorable, avec tout le confort et seulement unetrentaine de chambres, ce qui garantit le calme dans les deuxétages. Il est décoré avec raffinement et dispose d'une superbeterrasse, à l'ombre (il fait 35°), agrémentée de belles plantesvertes, où on peut paresser et bouquiner en toute tranquillité.Le personnel est à la fois gentil, disponible et efficace.

On y mange également fort bien… avec un petit bémol quisouligne le différentiel existant encore entre la capitale et laprovince. La révolution du châteaubriant saignant a du mal àparvenir jusqu'ici. J'ai eu beau insister ("In sânge, va rog…foarte in sânge!"), on me sert un morceau de viande, épais cer-tes, tendre à l'origine… mais même pas "medium", "binefacut" (cuit).

Je me tiens à mon explication antérieure: comme enFrance voici quarante ans, les conditions d'hygiène n'étant pasgaranties jusqu'à voici peu, les Roumains préfèrent prendreleurs précautions, transformant leur bifteck en semelle, les res-semelant même à coup de marteau ("batut")! Et c'est bien dif-ficile de changer d'habitude.

Le buste du général Berthelot veille sur l’ossuaire de Marasesti.

Une page de l’hisroire contemporaine roumaine s’est écrite à l’emblèmatique Motel Bucium.

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milliers d'euros pour l'achat d'un véhicule d'occasion - histoirede pousser les ventes de ses voitures neuves - mais le voilàembarqué dans une nouvelle affaire de corruption portant surla nomination, à cette même époque, d'un gouverneur du deltadu Danube à la botte de leur commanditaire, en compagnie duPrésident de l'Assemblée nationale d'alors, Olteanu. Pour cecoup de pouce chacun aurait reçu un million de dollars… çà lafiche bien dans le paysage: les deux présidents des chambresparlementaires, bras dessus-bras dessous pour recevoir leurbakchich !

Avec sa morguehabituelle, Tariceanurejette les accusa-tions. Lui un men-teur? Jamais de lavie. Ses quatre épou-ses successives, quiconnaissent bien l'oi-seau n'ont sans-doutepas la même opinion.

Affaire classée? Eh bien non… Mais qui a eu cette idéeperverse de lui suggérer de passer au détecteur de mensonges?Désarçonné, perdant de sa superbe, le deuxième personnagede l'Etat n'a pu décliner franchement la proposition, sous peineque son refus soit considéré comme un aveu. Des internautesen ont rajouté: pourquoi le test ne serait-il pas télévisé endirect, les téléspectateurs étant appelés à se prononcer sur saculpabilité à la fin de l'émission!

Un pilori redouté

Menottés sous les flashs et devant les caméras, poussésdans les voitures de la police, direction la prison immédiate: cesont aujourd'hui le pilori et le carcan que redoutent en priori-té les corrompus célèbres. Tariceanu a pu se consoler en appre-nant que Ioana Basescu, la fille aînée de son ennemi intime,notaire, subissait les mêmes tourments, étant convoquée pourla deuxième fois à la DNA, en ressortant quatre heures plustard, sous contrôle judiciaire. Son papa lui avait permis d'ac-quérir une des études les plus juteuses du pays. Elle auraitdétourné plus d'un million d'euros pour financer la campagneprésidentielle de son père en 2009, et utilisé 100 000 e pours'offrir des moments doux avec son copain d'alors, à Cuba.

Coups bas et coups de chaud

Vendredi 23 septembre.- La campagne électorale (élec-tions parlementaires le 11 décembre) démarre sur les chapeauxde roue. L'ancien ministre de l'Intérieur Gabriel Oprea, rede-venu sénateur, a réussi à éviter la levée de son immunité par-lementaire, le PSD et ses alliés faisant bloc derrière lui. Il étaitmis en cause pour utiliser abusivement une escorte, toutes sirè-nes hurlantes, pour se rendre aussi bien chez son coiffeur qu'aurestaurant avec sa maîtresse. Malheureusement, sa voiture arenversé un policier qui en est mort. "C'est la faute aux trous"a-t-il déclaré, son manque d'empathie pour la famille de la vic-time provoquant l'indignation.

Très vite sur Internet des manifestations de protestation à

travers le pays ont commencé à s'organiser. 4000 personnesétaient présentes jeudi soir à Bucarest et le mouvement mena-çait de prendre vite de l'ampleur. Pour calmer le jeu, Oprea etle PSD ont annoncé qu'un nouveau vote pourrait se déroulerdans les prochains jours, mais la manœuvre était trop grossiè-re, le résultat à venir n'en étant pas modifié. Le scénario d'uneexplosion comme lors de l'incendie de la discothèque"Colectiv" (70 morts) voici un an, conduisant à la chute dugouvernement Ponta étant dans toutes les mémoires, l'ancien

ministre en cause serésolvait à présentersa démission desénateur, comme leréclamait l'opposi-tion… mais elle neprend effet qu'au1er octobre, bienaprès l'accident encause. En mêmetemps, le Premier

ministre Dacian Ciolos annonçait qu'il ne serait pas candidat le11 décembre, cultivant un profil à la De Gaulle, au-dessus despartis, qui peut bien lui servir quand il va falloir former le futurgouvernement. A ses adversaires qui lui reprochent son tontechnocratique, il réplique en l'opposant à leurs discoursdémagogiques et populistes.

De son côté, la franco-roumaine Clotilde Armand, spoliéepar des magouilles de sa victoire comme maire du premier sec-teur de Bucarest en juin dernier, accélère dans son combatcontre la corruption. Au cours d'une longue interview télévi-sée, s'exprimant avec aisance en roumain… mais avec unaccent français exotique à couper au couteau, elle a préciséque l'urgence n'était pas tant les programmes - "des promessesqu'on ne tient pas" - que les mentalités et les comportementsdes élites qu'il fallait changer.

Test de paternité pour "Sa future majesté"

La fin prochaine du Roi Michel aiguise également lesquestions de succession. Sa fille aînée, Margareta devenuecheftaine de la maison royale, héritant donc de ses prérogati-ves et de ses biens, et son mari le "Prince (d'opérette) Radu",ancien comédien, ont bloqué le processus. La loi salique appli-quée en Roumanie interdisant à une femme d'accéder au trôneroyal (ce qui est très improbable), le couple héritier avait vud'un très mauvais œil, le Roi désigner le jeune Filip, rejeton desa troisième fille, comme son successeur attitré. Il s'est doncappliqué à casser son image auprès de l'ancien souverain, trèsmalade, en mettant en cause son "immoralité". Le jeunehomme, très bien fait de sa personne et en outre sympathique,serait un coureur patenté de jupons et aurait eu un enfant illé-gitime avec une jeune femme de Brasov. Michel l'a donc rayéde sa liste des prétendants.

Filip, qui nie les faits et commence à prendre consciencedes réalités roumaines, propose donc de subir un test de pater-nité dans un hôpital public mais non pas dans la clinique deBrasov où la demoiselle aimerait le faire. S'il est positif, il s'estengagé à reconnaître l'enfant et à s'en occuper.

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"Marions nous… marions nous"

Lundi 19 septembre.- La nuit a été bonne. Ce n'était pasévident car l'hôtel accueillait une noce de 200 personnes… eton a guinché jusqu'à 6 heures du matin, aussi bien sur des ryth-mes américains que sur "la danse du canard". Prévenante, ladirection m'avait logé dans une chambre à l'écart.

Les traditions qui entourent le mariage restent encore bienancrées. Etre invité est certes un honneur, mais cela coûtebeaucoup. Aux parents, qui paient l'addition en général, maissurtout aux convives, lesquels ne veulent pas paraître pingres.Les cadeaux peuvent se mon-ter à une centaine d'euros, etmême beaucoup plus, sansoublier l'achat d'un costumeou d'une robe pour ne pasdépareiller. Un mois de reve-nus peuvent y passer etcomme les occasions sontnombreuses dans l'année, ilvaut mieux prévoir serrer sonbudget.

Finalement on n'est pasloin des systèmes de prédationpar la dot de la mariée, prati-quée dans les pays retardés.De plus en plus de jeunesRoumains évolués, notam-ment dans les villes, s'y refusent, d'autant plus qu'avec l'aug-mentation du nombre de divorces, le mariage n'est plus unegarantie à vie… mais encore faut-il compter avec les parentsqui voient d'un mauvais œil leurs traditions disparaître.

Avant d'éteindre, je tue le temps dans ma chambre enregardant la télé et ses insipides programmes. Toutes les heu-res, un message sur l'écran me prévient: "Vous n'avez paszappé depuis un moment… nous allons interrompre la diffu-sion". C'est énervant… puis je crois comprendre. Les téléspec-tateurs sont tellement désabusés - un quart d'heure d'émissionsuivi d'autant de publicité - qu'ils changent sans arrêt de chaî-ne. S'ils ne le font pas… c'est qu'ils se sont endormis devantleur poste !

Un Roumain ordinaire

Mardi 20 septembre.- Sortir de Iasi et trouver la bonneroute, n'est pas chose simple. Pour la troisième fois, le mana-ger de l'hôtel me dresse un plan afin d'éviter le centre ville etprendre la direction de Târgu Neamt et Sucevita. C'étaitimmanquable: entre le quatrième feu où il fallait tourner à gau-che (je l'ai fait), les ponts qu'il faut enjamber ou passer des-sous, le grand giratoire dont il ne faudra pas louper la troisiè-me sortie ("Ensuite, c'est simple, c'est tout droit")… je meretrouve dans la direction quasi opposée.

J'interroge des passants. Certains tapotent sur leur tablettepour me dresser l'itinéraire, mais rien n'y fait… Je tourne enrond ! Je m'adresse à un retraité qui poireaute à un arrêt de bus.Voyant que malgré ses explications, je suis perdu, il proposede m'accompagner. Chaque fois, il m'annonce qu'il descend,

que c'est facile ensuite… mais devant ma mine déconfite, ilpousse un petit peu plus loin… Et çà dure, au moins vingtminutes, avant qu'il ne soit lui-même rassuré: cette fois-ci,c'est bon et c'est vraiment "drept inainte" (tout droit).

Je lui proposerai bien de payer son taxi de retour, mais jesens que ce serait déplacé. Il est heureux de rendre service etil a une carte de bus gratuite… même si cela lui prendra uneheure. Tout fier, il m'explique qu'il a 77 ans et qu'autrefois, ilétait chauffeur de cars de tourisme, emmenant ses compatrio-tes en URSS, Hongrie, Serbie, puis après la "Révolution" enGrèce et Turquie. "Fallait que je me débrouille seul pour trou-

ver le chemin… Ce n'était pastoujours facile!".

Retraite en forêt

Mercredi 21 septembre.-En France, j'en rêve toute l'an-née: les quelques jours deretraite que je passerai à l'hôtelSofia, quelques kilomètres ausud de Sucevita, sur la routede Câmpulung Moldovanesc.Je l'ai découvert tout à fait parhasard, voici 3-4 ans, invitépar un panonceau sur la route.Je me suis engagé sur un che-min forestier et, vaguement

inquiet, j'allais faire demi-tour au bout de deux kilomètresquand je suis tombé sur cet établissement, ressemblant à unecentrale électrique, à moitié enterré pour disparaître dans lanature… et qui ne me disait rien qui vaille.

Heureusement, j'ai tenté l'expérience et découvert un lieufabuleux. Tout le confort imaginable, une chambre en mezza-nine, deux télés, deux salles de bain, une belle terrasse donnantsur la forêt, à moins de vingt mètres, un restaurant en formed'opéra italien qui sert des plats régionaux succulents, accom-pagnés de bons vins roumains. Et le clou: une piscine intérieu-re chauffée de 20 mètres sur 8, avec eau à 30-32°, vagues,éclairage tamisée et musique classique descendant des encein-tes. Un royaume pour rêver, décompresser, bouquiner, faire delongues promenades dans la forêt, s'installer sur le pont enjam-bant le torrent et admirer la nature en sirotant son demi. Lesours et les loups sont là, vous guettant m'assure t'on, en vousinvitant à fermer votre fenêtre, la nuit venue. Il m'a sembléentendre le hurlement de l'un d'entre eux… mais je ne suis pasun expert, car je n'en croise pas souvent, place Royale, àNantes. Toutefois, prudent, j'ai réservé une chambre à l'étage !

Tartuffe au détecteur de mensonges

Jeudi 22 septembre.- Calin Popescu Tariceanu fait enco-re la une des médias. Le président du Sénat sait se sortir detoutes les embrouilles auxquelles il est mêlé, et esquiver lesdemandes de levée de son immunité parlementaire. Conces-sionnaire de Citroën pour la Roumanie, non seulement il aspolié l'ensemble de ses compatriotes lorsqu'il était Premierministre de Basescu, en introduisant une taxe faramineuse de

Dans une clairière, au milieu de la forêt, un hâvre de paix, propice à la rêverie et à l’écriture

Le PSD et ses alliés proposent aux électeurs une belle brochette d’’anciens et futurs dirigeants: tous mis en examen pour filouterie.

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Connaissance et découverte

Le prince vampire n'y a jamais mis les pieds, ni BrianStocker qui a popularisé sa légende. Mais, c'est histoire devoir…

Hormis le dédale d'escaliers, où on se perd, il n'y aguère d émotions à attendre. Elles sont réservées, paraît-il, pour la nuit d'Halloween. Beaucoup de curieux ne s'ar-rêtent que pour boire un café ou manger un morceau. Lesclients s'abstiennent de boire un petit verre…les locaux dela gendarmerie se trouvant dans une aile de l'hôtel, avecune voiture et deux pandores prêts à démarrer.

Je suis encore étonné de constater qu'en pleine saisondes "ardei iute", petits poivrons forts, on en sert en sau-mure, comme des cornichons. Mais pour en faire de cettemanière… il faut bien en avoir des frais ! Je n'ai pasréponse à ma question.

La DNA cache-misère de la lutte

contre la corruption ?

Mercredi 28 septembre.- A Sighetu Marmatiei(Maramures), l'été indien s'est installé. Magnifique! De la ter-rasse de ma chambre de l'hôtel Marmatia, devenu GradinaMorii (Le Jardin des Moulins), une vue splendide s'offre sur lacolline, ses grands arbres, dont les feuillages qui commencentà peine à roussir, se balancent au gré du vent, la promenade quilonge la rivière. Idéal pour le repos. C'est la meilleure adressede la ville, d'après Teo, guide professionnel. Surtout, il ne fautpas manquer la soupe de goulasch que sert le restaurant.

Plus encore que Leonard à Manastirea, Teo se montre trèsdésabusé quand aux changements que connaît la Roumanie.Pour lui, le système n'est pas remis en cause et la DNA n'estqu'un cache-misère devant l'absence réelle de volonté de luttercontre la corruption. Il cite en exemple l'Italie qui a engagé6000 procureurs pour en finir avec lamafia. La Roumanie en a désigné 60pour tout le pays, dont seulement 5chargés de la Transylvanie.

En outre, on ne demande que dubout des lèvres à récupérer lesmilliards détournés. "Certains sontprêts à faire deux ans de prison - sanscompter les réductions de peine qu'ilsobtiendront - pour conserver l'argentplacé aux Seychelles. Ensuite, ilsseront lavés de toute poursuite etpourront en jouir comme ils le veu-lent". Décourageant! Comme dans lessondages, j'aimerais bien appliquer uncorrectif sur leur vision négative del'état du pays.

Deux adorables jumelles

tsiganes harcelées

Jeudi 29 septembre.- Ana-Mariaet Ecaterina, sont deux petites jumel-les adorables de dix ans, habitantSighet. Brunes, cheveux longs et aux

yeux bleus, très bien élevées en outre, elles sont intelligenteset vives, et parlent un roumain presque parfait. Voici quelquesmois, leurs parents ont ramené une bouteille de gaz qui aexplosé lors de sa mise en service, soufflant leur maison et,surtout, les brûlant gravement. Ils n'ont pas survécu à leursblessures. Devenues orphelines, les deux sœurettes ont trouvérefuge provisoirement dans des maisons de voisins ou de leurfamille, appartenant à leur communauté. Car elles sont tsiga-nes et leur vie était déjà bien difficile.

A l'école, elles sont souvent mises au piquet, harcelées parleurs petits camarades à cause de leurs origines. Ana-Mariaréagit vivement, se défend, sa sœur pleure. Si bien qu'elles par-lent toutes les deux d'arrêter là leur scolarité, pourtant si pro-metteuse.

Ursus… pour faire passer la pilule

Vendredi 30 septembre.- Ladélocalisation de la brasserie Ursus,symbole de la ville de Cluj, pour êtretransférée à Slobozia et Timisoara,décidée voici quatre-cinq ans, avaitété ressentie comme une véritablegifle. Il est vrai que la décision avaitété prise ailleurs, Miller, le groupepropriétaire de la marque, deuxièmebrasseur mondial, étant sud-africain.

Pour faire passer la pilule, Ursusa cependant décidé de conserver surplace une production pour les besoinslocaux et de transformer les bâtimentsen un restaurant-musée remarquable.A l'entrée, trône le fameux ours de lamarque qui personnifie désormais lacapitale de la Transylvanie aux yeuxdes Roumains. Clients et enfants s'yfont photographier, regrettant l'absen-ce d'une boutique de souvenirs où l'onpourrait faire quelques emplettes, his-toire d'entretenir la nostalgie d'uneépoque qui s'éloigne.

Les NOUVELLES de ROUMANIE

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"Eh! Ne t'énerve pas... Toi aussi, t'es passé par là"

Samedi 24 septembre.- Direction ManastireaHumorului… "Le monastère sur le torrent qui gronde" selonla traduction libre de mon ami Leonard, professeur de fran-çais… qui aurait dû se faire écrivain. Sur la route, je rencont-re des auto-écoles qui sont autant d'écoles de sagesse, affichantsur la lunette arrière cet avertissement appelant à la mansuétu-de: "Eh! Ne t'énerve pas… Toi aussi, t'es passé par là !".

Leonard est de retour de Chicago, où il est allé voir sonfils, depuis quelques jours. Cette fois-ci, après Paris-Roissy,Amsterdam comme escale sur Air-France-Tarom, KLM, il achoisi de passer par Varsovie, en empruntant la compagniepolonaise Lot. Elle n'est pas près de le revoir ! Les ennuis ontcommencé dès le départ. Supplément de bagage à main de 60euros pour avoir dépassé de 150 grammes la limite (8 kg).Leonard a ouvert sa valise etjeté à la poubelle un tee-shirt… affaire réglée, elle nepesait plus que 7,980 kg.Nouvelle embrouille àVarsovie: "Votre passeportn'est pas en règle!". La répon-se fuse: "Allez demander auxautorités roumaines… ce sontelles qui me l'ont donné".Après dix minutes intermina-bles, le fonctionnaire apposeson tampon.

Pendant le vol, le person-nel particulièrement méprisant,insiste auprès de chaque passa-ger de la classe touriste pour qu'il se fasse surclasser en classeaffaires "où il y a de la place", moyennant un surcoût de 350euros l'aller… alors que le billet aller-retour Bucarest-Chicagoa coûté 700 euros. Bien entendu, personne n'a marché.

Mais si… pire c'est possible !

Dimanche 25 septembre.- Après 20 ans de procès etdémarches, Léonard et Elena ont récupéré un terrain qui leurappartenait dans le centre de Suceava, puis l'ont vendu. Avecla somme obtenue, ils ont décidé de donner un coup de pouceà Dragos pour lui faciliter l'achat d'une maison. Quelle n'a pasété leur surprise de constater que le mètre carré de terrain chezAl Capone, valait deux fois moins cher que chez Flutur, lemaire de Suceava…

Le Roumain a profité de son séjour aux USA pour se ren-dre dans l'Eden des Caraïbes, à Cancun, au Mexique. DeuxHongrois de Roumanie installés dans le secteur, lui ont confiéqu'ils étaient tellement excédés par la corruption quotidienne(10 dollars par-ci, 10 autres par là, à la police, à la poste, etc.)qu'ils envisageaient de revenir au pays.

Dans l'île de Cozumel, paradis de la plongée sous-marine,le grand-père gâteau s'est initié à cette discipline, son petit-fils,Alexandre, 6 ans, étant équipé de bouteilles pour descendre à- 15 mètres, afin d'admirer la féérie colorée des poissons tropi-caux. Leonard a demandé incidemment au moniteur, un

Mexicain, ce qui lui arriverait s'il faisait une erreur grave avecun de ses clients. La réponse a fusé sans ambages: "Je préfére-rais me pendre plutôt que l'aller dans une prison mexicaine"!

Poutine demande

la suppression des fuseaux horaires

Lundi 26 septembre.- Poiana est un village de 800 habi-tants, situé sur les hauteurs de Manastirea, dont 500 sont d'ori-gine polonaise. En 2006, une délégation du Sénat polonais, envisite dans la région, avait été effarée devant l'état de sonécole. Elle avait pris l'engagement de faire construire un nou-veau bâtiment, ce qui avait laissé sceptique sur place. Mais laparole avait été tenue et, à la rentrée 2009, Krystina Bochenek,vice-maréchale (vice présidente) du Sénat était venue en per-sonne procéder à l'inauguration d'un équipement très moderne,

ayant coûté 2 millions d'eu-ros. Cette ancienne journalis-te de 56 ans, était connuecomme la "Bernard Pivot" dela Pologne, organisant endirect à la télé, une dictée enpolonais.

L'année suivante, en avril2010, elle trouvait la mortdans l'accident d'avion deSmolensk, en compagnie duprésident de la Pologne, Lechkaczynski, venu rendre hom-mage aux 10 000 officierspolonais assassinés par leKGB, pendant la Seconde

guerre mondiale, crime reconnu officiellement par BorisEltsine.

Pour les Polonais, cela ne fait aucun doute: le FSB, suc-cesseur du KGB, et son ancien chef Poutine, ont commanditécet attentat. Indignés, les Polonais de Poiana ont décidé dedonner son nom à l'école. Une deuxième inauguration a eulieu, le 10 octobre 2010, en présence, cette fois-ci, du maréchal(président) du Sénat, en présence du mari et de la fille deKrystina Bochenek.

A Varsovie, où on a l'humour grinçant, on fait depuis cetteblague: Poutine appelle le président chinois pour le féliciter àl'occasion de la fête nationale… mais elle est passée depuis 24heures, à cause du décalage horaire. Il récidive, cette fois-ci,avec 24 heures d'avance avec Obama. Puis, il présente àVarsovie ses condoléances pour la mort de kaczynski… on luirépond: mais non, l'avion ne décolle que dans une heure.Excédé, il a fait demander à l'ONU par son ambassadeur, desupprimer les fuseaux horaires.

Dracula ne fait plus peur

Mardi 27 septembre.- La route menant de la Bucovine auMaramures est splendide. J'ai décidé de faire étape à l'hôtel-château Dracula, un bâtiment impressionnant, en forme detour, qui domine la vallée de Piatra Fantânele, construit sousCeausescu.

Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte

Krystina Bochenek, la “Bernard Pivot” polonaise, était venue en visiteofficielle dans le village de Plesa, à Manastirea Humorului.

La brasserie Ursus, symbole de la ville de Cluj, transformée en restaurant.

Ana Maria et Ecaterina sont aujourd’hui élevées par leur grand-mère.

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Connaissance et découverteLes NOUVELLES de ROUMANIE

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Mais on y mange fort bien - notamment toutes sortes desaucisses, à la bière, pimentée, etc., accompagnées de choux àla clujoise. La carte mentionne que, si le serveur ne remet pasde bon fiscal, comme l'exige désormais la réglementa-tion, votre consommation sera gratuite et vous pourrezemporter une bombonne de 30 litres de bière !

Permis de tuer: ne pas se tromper de cible

Samedi 1er octobre.- La ministre de l'environne-ment provoque une véritable levée de boucliers chez lesdéfenseurs de la nature et des animaux en avalisant lepermis de massacrer plusieurs espèces, réclamé par unecommission… présidée par un chasseur, avant de reve-nir sur sa décision. Ainsi, en 2016, le quota d'abattageautorisé pour les lynx devait être de 482. Depuis 2007,2700 ont été tués, rapportant 150 euros par tête… alorsqu'ils ne sont responsables d'aucune mort d'homme.Pour les loups, il passait à 657 (500 euros), pour untableau de chasse de 780 depuis 9 ans et pour les oursà 552 (8000 euros par tête), 1150 ayant été abattus pen-dant cette période. Alors, se sont demandés certains…

Qu'est-ce qui est le plus urgent pour la Roumanie:la chasse aux bêtes sauvages… ou la chasse aux cor-rompus, beaucoup plus encadrée et qui ne fait guèrereculer leur nuisance ? Tous les ans, en janvier, lemilliardaire Ion Tiriac, organise pour ses amis les mas-sacres de Balc, près d'Oradea: on y voit parader avecfierté l'ancien Premier ministre Adrian Nastase,Tartarin le pied posé sur ses trophées du jour (140 voici 4-5ans), considéré longtemps comme le politicien le plus "pour-ri" du pays, mais largement rattrapé depuis.

A Cluj, on l'a mauvaise

Dimanche 2 octobre.- LesClujeni l'ont quand même mau-vaise. Non seulement Timisoaraleur a piqué leur bière nationa-le… mais aussi ravi le titre decapitale européenne de la cultureen 2021, qui revient à laRoumanie et dont ils étaient leshyper-favoris. Cela prend l'allured'un camouflet. La Transylvanievient de perdre deux matchs cont-re le Banat. L'ambiance à la tradi-tionnelle fête de la bière s'en res-sent un peu et les feux d'artificetirés chaque soir ne sauraientfaire oublier la cruelle désillu-sion. Cluj paie-t-elle les annéesFunar, quand ce maire xénophobela conduisait à se replier sur elle-même, mettant au ban (… qu'ilfaisait peindre en bleu-jaune-rouge !) les autres communautés,au premier rang desquelles les Magyars, alors que sa rivale est

citée comme un exemple d'ouverture ?

Des petits trous… toujours des petits trous

Lundi 3

octobre.- LesRoumains ont unproblème évi-dent avec lesTrous. Commeles routes vontmieux… ils sonten manque. C'estainsi que neuffilles sur dix sebaladent enjeans qui sonttroués, effilo-chés de haut enbas. Parfois deslambeaux detissu trainentpresque à terre!Le phénomènene touche passeulement lesjeunes, maisaussi leursmères, la qua-

rantaine accomplie. Elles devraient en parler à leur psychana-lyste qui pourrait leur faire écouter Serge Gainsbourg et son"Poinçonneur des Lilas" qui faisait des petits trous dans lestickets de métro depuis quarante ans. "Des trous de première

classe… des trous de seconde classe".

Des centenaires

toujours verts

Mardi 4 octobre.- Le présidentIohannis a rendu hommage à deux distin-gués centenaires: l'historien franco-rou-main Neagu Djuvara et le philosopheMihai Sora. Celui-ci avait défrayé la chro-nique, en épousant, voici deux ans, sa col-laboratice Luiza Palenciuc, poète et écri-vaine de 42 ans, qui partage sa vie entreParis et Bucarest. Mihai Sora était restéveuf en 2011, après le décès de sa femme à94 ans, l'écrivaine Mariana Sora.

C'est justement à sa tante centenaire,Margareta, (photo) que Dolores, est partierendre visite à Simeria, un des plus impor-tants nœuds ferroviaires du pays où sonmari était conducteur de locomotive. Ellelui téléphonait pour prendre de ses nouvel-les quand celle-ci s'est exclamée: "Maisj'ai cent ans aujourd'hui!". Notre rédactri-

ce en chef n'avait plus qu'à sauter dans sa voiture et faire

Dieu a donné des ailes à ce peintre.

Une banderolle l’annonce clairement: les produits laitiers de cette exploitation

sont garantis sans cholestérol.

Pâncota les 260 km les séparant. L'âge rend plus sage: voici quatreans, elle avait surpris son aïeule en haut d'une échelle, grimpée dansle pommier.

L'effet Coanda

Mercredi 5 octobre - C'est l'heure du retour… mais pour lesRoumains, l'aéroport Henri Coanda de Bucarest signifie souventcelle du départ. Tout un symbole. L'inventeur (1886-1972) de l'avionà réaction, aux origines bretonnes par sa mère, a fait toute sa prodi-gieuse carrière à l'étranger et notamment en France où il avait montéune société près de Poitiers et acheté une propriété, qu'il vendra plustard à la congrégation des Carmélites. Mais sur la fin de ses jours, cepionnier de l'aviation choisira de revenir au pays, y passant lesquatre dernières années de sa vie. Et si le fameux "effetCoanda", qu'il a mis à jour, permettant de sécuriser les volsdes avions modernes… c'était finalement çà: toutes cesbrillantes intelligences parties ailleurs dans le monde vendreleurs talents ne peuvent résister à l'appel de leur terre natale…

Tante Margareta... une très alerte centenaire !

Entre bains de soleil au bordde la piscine... et une dernière promenade... la vieserait-elle un long cheminbordé de fleurs ?

L’architecturedes palais

tsiganes impressionne

toujours.

Les réservationsallaient bontrain dansl’hôtelDracula, prèsde Huedin,à la veilled’Halloween.

Les joueurs d’échec se font rares dans les jardins publics.

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Voici quelques adresses qui peuvent vous aider àpasser un bon séjour en Roumanie… ou bine qu'ilvaut mieux éviter.

Parc hôtel à Tecuci (judet Galati) Formidable pour sereposer sur la route du Danube, à 250 km de Bucarest.Chambres hyper-confortables avec tous les équipementsmodernes. Des plantes, des fleurs partout, une grande terrasseombragée où onpeut paresser.Une décorationdiscrète et raffi-née. Un person-nel souriant etefficace, unpatron avenant.On y resteraitdes jours pour sereposer danscette petite villecharmante (30000 habitants).Une cuisine soi-gnée. Il manquepeut-être unepiscine pour que le bonheur soit complet. De 35 à 45 euros(pour deux).

Parc Hôtel, Str Victoriei 50, 0236 820 444, 0766 406 444,www.hotelparctecuci.ro; e-mail: [email protected]

Bucium Motel (Iasi) Douze kilomètres avant la grandeville, un havre de paix dans la verdure, sur les collines la domi-nant, qui permet de la voir scintiller de ses lumières, la nuittombée. Tout y est pratiquement parfait, même si l'accueilgagnerait à être plus souriant. Chambres tout confort, avec ter-rasse, cuisine soignée et même inventive (la crêpe au camem-bert et au confit d'orange!). Piscine, spa extérieur. Magnifiquepour profiter pleinement de Iasi, ses promenades et musées,restaurants typiques. Un conseil:prendre un taxi pour s'y rendre (6euros).

Un regret : on n'a pas TV5Monde, ni de chaines TV latines. Ladirection promet chaque année qu'elleva y remédier (comme installer unascenseur, ce qui devrait être fait cethiver). A l'année prochaine, donc !

Bucium Motel, sosea Vaslui, km12, 0230 260 727, site: www.motelbu-cium.ro, 42 à 60 euros (pour deux) lanuit, petit déjeuner magnifique inclus.

Hôtel Gradina Morii (Sighetu-

Marmatiei). Devenu l'hôtel "Le Jardin des Moulins", l'ancienhôtel Marmatia a toujours le même charme. Rêver, bouquinerau calme, sur sa terrasse quand la colline s'enflamme de rougeau milieu de l'automne est un moment rare. On y mange en

outre fort bien et le personnel est affable. Tout pour un séjourréussi et, d'après les professionnels du tourisme, la meilleureadresse de la ville. Demander une chambre avec vue sur la col-line. Prix de 48 à 75 euros.

Hôtel Gradina Morii, strada Mihai Eminescu, n° 97, 0372721 210 et 211, mail: [email protected], site:www. hotelgradinamorii.ro.

En pleine nature: Hôtel Crisalpin à Poiana

Brasov.- la tranquillité assurée dans le plus grandconfort et l'accueil jovial du patron, coupe enbrosse et petite moustache… le véritable doublede l'acteur Christian Marin. Une bonne adresse,entre sympa et familial. Mais il n'est pas faciled'en retrouver le chemin parmi la centaine d'hô-tels de la station, même si l'établissement se situeà 300-400 mètres du centre. Le mieux, c'est deprendre un taxi pour vous mener aux deux restau-rants incontournables (et très bien) : Sura Daciiloret Hanul Coliba Dacilor (à deux kilomètres)…mais ils sont rares à dix heures le soir.

Hôtel Crisalpin (à ne pas confondre avecl'Hôtel Alpin), jouxtant l'Hôtel Orizont, derrière lecomplexe Favorit, Strada Poiana Ursului, tel :0268 262 526, 0757 050 833. De 38( pour une

personne) à 60 euros, petit déjeuner compris. Rezervari.hotelcrisalpin.ro, site: www.hotelcrisalpin.ro

La tranquillité d'esprit à Otopeni : Hôtel RIN.- Ne pasgâcher son dernier jour en Roumanie en angoissant à l'idée demanquer son avion et surtout de ne pas trouver le bon cheminmenant à l'aéroport, car c'est vraiment compliqué dans le coin.Sur la DN 1, à 2-3 km de l'aéroport, le RIN, grand confort qua-tre étoiles, deux restaurants, offre cette assurance et proposedes navettes gratuites qui vous conduisent directement toutesles heures au hall des départs. Même chose, en sens inverse.Bon, on entend un peu les avions… mais on s'y fait, et de 23 hà 6 h, c'est le calme plat. Accueil efficace. Dommage que son

patron, Robert Negoita (PSD),qui possède un autre hôtel RINdans le sud de la capitale, soit, à44 ans, un des hommes les pluscorrompus de Roumanie, ayantfraudé l'Etat de dizaines demillions d'euros.

Hôtel RIN, caleaBucurestilor, 255 A. Otopenisur la DN1, de 51 euros (en pro-motion pour une personne) à130 euros + le petit déjeunerpayant (10 euros). Tel: 40 21350 4110.

Bonnes et moins bonnes adresses à Cluj

Très bien: Aparthotel The Cluj Horizon Sigma

Center.- Tout confort, tranquille, une cuisine équipée, salle de

Connaissance et découverte

Bonnes (et moins Carnet de route

bain, grande chambre, rangements. A 2,7 km du centre ville(compter 10 lei-2 euros en taxi). Accueil sympathique et effi-cace (possible en français). L'agence possède cinq autresappartements pour 2 à 5 person-nes. De 43 à 60 euros par jour.

Aparthotel The Cluj HorizonSigma Center, Calea Turzii 162-168, 400495 Cluj-Napoca, 0743151 484 (reservation possible surBooking.com)

La fabrique de bière Ursus

(Cluj).- On peut y passer unebonne soirée dans les locauxréaménagés en restaurant de l'an-cienne brasserie la plus célèbrede Roumanie et trinquer à sabière la plus populaire, dans uneambiance festive. Compter 20-25euros par personne.

Fabrica de bere Ursus, Calea Manastur 2-6, Cluj-Napoca0755 114 445, Réservation: 0745 39 33 33. Ouvert tous lesjours et de 8 h… à 3 heures du matin (le week-end).

Déception: Hanul Dacilor.- Dans le registre des restau-rants typiquement roumains, on peut passer son chemin… ontrouve dix fois mieux dans le pays, aussi bien pour le cadre quepour la qualité de la cuisine.

Hanul Dacilor, Bd. Constantin Brancusi, N° 86 A, 0751080 224.

…Beaucoup mieux: Valahia.- Changement de décor,dans le second restaurant clujois proposant une cuisine natio-nale. La cadre est agréable. Une vieille maison de trois étages,aménagée et décorée avec goût, des petites pièces où on se sentbien d'emblée. S'il fait beau, on peut s'installer dans le jardinfleuri. Une tsuica de coings ouvre l'appétit, servie avec unezacusca de légumes. Ensuite, la carte propose un choix varié:goulasch maison, saucisse fumée piquante qu'on peut accom-pagner d'une purée de pommes de terres… au sirop de cerises.

Pour trouver facilement l'adresse, dans le dédale des peti-tes rues qui grimpent dans les collines (promenade agréable

pour redescendre), mieux vaut prendre un taxi (3-4 euros, 8minutes du centre), et s'arrêter au magnifique gradina botanica(un des plus beaux jardins de plantes d'europe).

Valahia, Strada Govora N°27, 0264 427 588. Prévoir uneaddition de 20 euros.

A éviter

Casa Elena (Voronets). Lerestaurant de cet établissementbucolique n'est plus à la hauteur.Déjà, depuis un an ou deux, onsentait un fléchissement dans satenue, mais depuis le décès enfévrier dernier de la patronne,cela s'accentue. Soit on vous sertun châteaubriant sorti du congé-lateur ou alors des côtes de veau

"ressemelées et battues", comme les aiment les Roumains. Enoutre, les pratiques de la direction vis-à-vis du personnel nesemblent pas des plus éthiques. On embauche des jeunes à l'es-sai, les faisant travailler pendant douze ou quatorze heures desuite, en général le samedi pendant l'été quand c'est le "coupde feu"… pour leur proposer un contrat de travail sur ces bases,mal payé. Ils refusent et repartent sans un sou pour cette jour-née de galère. C'est toujours çà de gagner !

Casa Elena (Voronets, jud Suceava)Pas terrible: Hôtel Dracula (Piatra Fantânele). Une

fausse bonne idée. Pas de frisson, sinon celui de se perdre dansles couloirs de cette tour labyrinthe où Dracula n'a jamaisséjourné. Les chambres sont confortables, la table correcte,sans plus, le personnel peu souriant. Comptez de 42 à 60 euros(pour deux). On peut passer son chemin sans regret.

Louer sa voiture en toute sécurité

Francrocar. C'est l'adresse des Francophones. Sérieux,disponibilité (on vient vous chercher ou vous ramener à l'aéro-port) et en français (du moins pour la direction), ce qui aidebien. Aux environs de 20 euros par jour la Clio ou la Logan.

Francrocar, Str. Paris, Nr. 4, Sector 1, Bucarest, tel: 074019 19 12, 0723 56 06 74, 021 230 4789. Site : Francrocar.ro

bonnes) adresses

Des nuits confortables assurées et tranquilles à l’Aparthotel Cluj Horizon Sigma Center.

L’hôtel Gradina Morii: le confort et la patine de l’histoire.

Le Parc Hotel dans la jolie petite ville ombragée deTecuci

Un menu bien poivré pour notre ami Dodo dans un restaurant du centre de Bucarest. A Cluj, le cadre agréable du restaurant Valahia.

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Infos pratiquesLes NOUVELLES de ROUMANIE

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BlaguesHumour

Dorel

Deux ouvriers travaillent sur unpoteau haute tension. Celui d'en haut crieà son collègue :

-Tu vois les deux câbles à tes pieds ?-Oui !-Prends en un ! Aussitôt dit, aussitôt fait…-Tu ne sens rien ?-Non !-Alors, c'est dans l'autre que passe le

jus. Surtout ne le touche pas… il y a36 000 volts dedans.

(Dorel est le terme pour désigner unouvrier idiot… en français, un branquignol)

Trop curieux

Ceausescu visite une école. A la fin,il demande aux élèves de lui poser desquestions.

Ion se lance: -Je suis Ion et j'ai deux questions : -Pourquoi, on ne trouve plus rien

dans les magasins-Pourquoi, il fait froid dans la classe.-Ceausescu répond : -Les questions sont bonnes et c'est

bien de les poser. A ce moment là, la clo-che de la récréation sonne. Après lapause, la séance de questions reprend :

-Je suis Pavel et j'ai quatre questions:-Pourquoi, on ne trouve plus rien

dans les magasins-Pourquoi, il fait froid dans la classe?-Pourquoi la cloche a sonné vingt

minutes avant l'heure?-Où est passé notre copain Ion ?

Chasseur

-Quelles sont les qualités pour êtreun bon chasseur ?

-Une bonne vue, une main sûre etune voix forte !

-Mais pourquoi une voix forte ?-Parce que si tu cours te réfugier dans

un arbre, il faut bien que les autres enten-dent tes appels au secours !

Dépannage

Un retraité se rend au garage, saDacia 500 marchant de moins en moinsbien. Il revient la chercher 15 jours plus

tard, mais sur le chemin du retour, elleavance de 2 mètres pour reculer d'autant.Il appelle le garagiste sur son portable:

-Mais qu'est-ce-que vous avez fait àma voiture ?

-Oh, c'est simple. Le moteur étaitfoutu… alors je l'ai remplacé par celui del'essuie-glace.

Compliment

Une femme nue se regarde dans lemiroir et n'est pas contente de ce quellevoit. Elle se tourne vers son mari :

-Je me sens horrible… Je suis vieille,grasse, laide; çà me déprime. Mais toi, aumoins, dis-moi quelque chose pour meremonter le moral !

-Ma chérie, rassure-toi… Tu as gardéune vue parfaite.

Perestroïka

A la fin des années 80, un chien rou-main discute avec un collègue moldavepar-dessus le fleuve frontière Prut :

-Comment çà marche chez vous laperestroïka ?

-Oh… comme le reste, tout va nette-ment mieux !

-Sérieusement ?!-Faut être patient. Avant on avait une

chaîne d'un mètre… maintenant, elle enfait trois. C'est çà la liberté !

-Et pour manger ?-Alors là… ma chaine faisait un

mètre, aujourd'hui elle en fait dix !***

A l'école, l'instituteur demande :-Si vous devez aller au cinquième

étage et qu'il y a 15 marches entre cha-cun, combien de marches vous devezmonter ? A toi, Bula…

-Toutes, monsieur l'instituteur !***

Ma femme m’a déjà pris mon nomquand nous nous sommes mariés.Ensuite, elle m’a piqué ma maison, moncompte en banque et ma voiture quandnous avons divorcé.

*** Deux policiers entrent dans une

librairie. Le vendeur s’étonne:-Eh les gars, qu’est-ce qui se passe ?-Il pleut dehors !

Les Nouvelles de Roumanie changeront

de formule à partir de juillet 2017

Les Nouvelles de Roumanie arrêteront leur publication sous leur forme actuelle à l'occasion de la sortie du numé-ro 102, en juillet prochain, après 17 ans d'existence. L'objectif était d'atteindre le numéro 100 (mars 2017), maisla rédaction tenait à terminer l'année 2016-2017, avec ses 6 parutions habituelles.

Les abonnés qui souhaitent renouveler leur abonnement à partir du prochain numéro, le n° 98, et des suivants, jusqu'auterme de la revue, se voient ou se verront proposer par courrier un tarif dégressif, en fonction du nombre de numéros enco-re à paraître (moins un sixième sur le tarif annuel par numéro manquant).

Deux raisons principales motivent cette décision d'arrêt de la publication en version imprimée:

-La baisse du nombre de lecteurs : l'intérêt pour la Roumanie a fortement diminué depuis la "Révolution" de décembre1989 et les difficiles années de transition qui ont suivi. Ceux qui se sont engagés alors ont souvent perdu les liens et contactsnoués sur place, renonçant parfois, désabusés par le manque de répondant de leurs interlocuteurs et les désillusions.

Avec l'entrée dans l'UE, la Roumanie s'est d'autre part banalisée, n'éveillant plus la même curiosité. Internet a permis dela rendre plus proche, même si analyse, synthèse et mise en perspective y font souvent défaut, n'en donnant qu'une visionfragmentaire.

Miser sur le renouvellement des abonnés était illusoire. D'une manière générale, les jeunes ne s'investissent plus dansdes actions à long terme, privilégiant rapidité et effeuillage de l'actualité, choisissant des thèmes à la mode et changeant vitede cause, rétifs à s'y enfermer.

Un financement qui n'est plus assuré et une course contre le temps épuisante

Tous ces éléments contribuaient à rendre la publication sous sa forme actuelle financièrement intenable: impression, dis-tribution, financement des reportages dépendaient des seuls abonnements, les ressources publicitaires étant totalement inexis-tantes - un choix assumé dès le début pour assurer l'indépendance de la revue et sa liberté de ton. Le déficit à venir reposaitdonc sur les seules ressources personnelles de l'éditeur: une modeste retraite qui ne suffit plus aujourd'hui à maintenir l'équi-libre.

L'autre raison, essentielle, tient à l'investissement de tous les instants exigé par la publication, dont la réalisation repo-se quasiment exclusivement sur les épaules de ses deux animateurs, Henri Gillet et Dolores Sirbu-Ghiran, et celà depuis prèsde 20 ans: de huit à quatorze heures de travail quotidien, Pâques et Noël inclus, sans week-end, sans vacances, sinon pourles consacrer intégralement aux reportages et enquêtes sur le terrain, avec toujours en tête cette course à mener contre letemps pour que la revue sorte à l'heure dite, afin de ne pas manquer ce rendez-vous attendu avec impatience par les lecteurs.Heureusement, la collaboration de quelques amis journalistes ou fidèles de la Roumanie, a permis jusqu'ici de tenir ce pari,par la fourniture de leurs articles, en offrant également une vision beaucoup plus large et ouverte. Qu'ils en soient chaude-ment remerciés !

Sous la forme d'une Newsletter

Mais il serait tout aussi illusoire pour Henri Gillet et Dolores Sirbu-Ghiran d'imaginer pouvoir couper les ponts avec cettepassion roumaine. Ce serait se retrouver brutalement devant un grand vide… avec, en outre, le sentiment d'abandonner leurslecteurs. Finalement, les Nouvelles de Roumanie ont décidé d'opter pour une nouvelle formule, à partir de juillet 2017. Ellescontinueront à paraître sous la forme d'une lettre d'information (Newsletter), uniquement sur Internet, en fonction de l'impor-tance de l'actualité. Si celle-ci est exigeante, ce pourra être tous les jours, sinon, d'une manière beaucoup plus espacée. Maistoujours avec le même regard distancié sur les évènements, privilégiés en fonction de leur importance et concernant commepar le passé tous les thèmes (actualité, société, connaissance et découverte).

Ainsi, libérés des contingences matérielles de fabrication et de délais, nous espérons disposer de davantage de tempspour approfondir nos enquêtes et reportages, les réaliser et les envoyer depuis les endroits mêmes où nous nous trouverons.

Autre avantage : n'ayant plus à supporter les coûts d'impression, de distribution et les frais annexes, le prix de l'abonne-ment s'en trouvera fortement diminué. Il devrait se situer à 35 euros annuellement afin de continuer à financer les reportages.

Seule contrainte pour les abonnés : disposer d'un ordinateur, d'une adresse e-mail et d'une imprimante pour ceux qui pré-fèreront toujours la lecture papier à la version électronique.

Henri Gillet et Dolores Sîrbu-Ghiran

CHANGE*(en nouveaux lei, RON**)

Euro = 4,45 RON

(1 RON = 0,22 euro)

Franc suisse = 4,15 RON

Dollar = 4,13 RON

Forint hongrois = 0,01 RON

(1 euro = 307 forints)

*Au 24/10/2016 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVELLES

de ROUMANIE

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel.: 02 40 49 79 94E-mail: [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro:

Jonas Mercier, Francesco Bruso,Jean-Baptiste Chastand, Danilo Elia,EnriqueMoreira, Iulian Anghel,Adrian Deoanca, Jovana Papovic,Aline Fontaine, Mirel Bran,Manon Flausch, Nicolas Trifon,Jan H. Mysjkin, Noël TaminiIulia Badea Guéritée, Victor Fay,Séverin Husson, Brigitte Salino,Gilles Renault

Impression: Helio Graphic2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex

Numéro de Commission paritaire:

1117 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Site :

www//lesnouvellesderoumanie.eu

Prochain numéro: Janv. 2017

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La vraie vie…

c'est en Roumanie

Le 7 et 8 juin derniers, le très dynamique Club francophone d'affaires deSibiu organisait dans cette ville transylvaine des rencontres d'affaires desti-nées à mettre en lien les acteurs économiques francophones déjà établis ou

intéressés à le faire dans cette région. Plus de cinquante entreprises, quatre pays repré-sentés, une plateforme en ligne et un extraordinaire réseau mis à disposition.L'occasion pour Jonas Mercier du Petitjournal de faire le portrait de l'un de ces chefsd'entreprise francophones qui ont choisi cette terre à la fois roumaine et germanophone pour développer leur business.

Thibaut Desmons est ce qu'on appelle un citoyen du monde. Preuve en est son union avec Maria (notre photo), une Roumainede Sibiu qu'il a rencontrée en Chine. ''On dit que nous avons eu trois mariages: le civil, en France, le religieux, en Roumanie, etcelui des amis, en Chine'', raconte-t-il amusé. Cet attachement pour l'étranger, il le doit à ses parents, deux professeurs - son pèrefut également pilote d'avion et traducteur - qui ont toujours voyagé. Lui-même a fait partie de l'une de ces escapades familiales.De 2 ans à 5 ans, il a vécu en Sierra Leone, où il a appris l'anglais.

Souriant, avenant, attentif, Thibaut a le tact du pédagogue et l'optimisme de l'homme à qui tout réussit. Après être parti de zéropour aller vivre en Chine, en 2008, il a de nouveau tout recommencé pour venir vivre en Roumanie, à Sibiu, avec sa femme, enaoût 2014. ''Sibiu n'est pas un grand centre économique, mais ça se développe, dit-il. Et puis ça bouge au niveau culturel''.

A Sibiu, il va rapidement rencontrer un Anglais, propriétaire d'une société de conseil. Thibaut Desmons lui propose alors dedébuter des activités de formation en ligne personnalisée. Le courant passe et, en novembre, Thibaut devient le directeur de cettesociété avec laquelle il lance des services de Smart e-learning (www.smart-elearning.eu). ''Je construis des formations interactivessur-mesure pour les nouveaux engagés d'une entreprise ou bien sur les procédures de travail, détaille-t-il. J'aime concevoir uncours adapté à chaque situation et qui puisse être intéressant''.

"La vie était trop prévisible"

C'est sur un coup de tête que Thibaut Desmons a décidé de tout quitter pour découvrir le monde. Pourtant, sa vie parisienne lepromettait à un avenir tout tracé: un master en ressources humaines, un bureau à la Défense, d'abord à EDF, puis chez le fabricantd'ascenseurs américain Otis. Mais la perspective d'une vie trop prévisible ne lui va pas. Alors en 2008, il part, seul, pour un tour

du monde de huit mois. ''Unendroit m'a particulièrementmarqué, raconte-t-il. La petiteville de Yangshuo, dans le sudde la Chine, se trouve dans uncadre paradisiaque. J'ai ététotalement dépaysé et je mesuis dit qu'il fallait que je viveici''.

Au retour de son voyage,il fait ses bagages et part pourYangshuo, où il trouve un jobde professeur d'anglais qui lui

permet de vivoter et, surtout, d'apprendre le chinois. Il y reste pendant six mois, mais ses perspectives professionnelles plafonnent.Il décide donc d'aller dans la bouillonnante Shenzen, une mégalopole de onze millions d'habitants, située en bordure de HongKong. Là, il loge à l'université, où il apprend le chinois et se débrouille en donnant des cours d'anglais particulier. Puis il commen-ce à délivrer des formations professionnelles en entreprises sur la culture chinoise pour les étrangers.

''Je gagnais plutôt bien ma vie, même si j'étais loin d'un salaire d'expatrié, dit-il. Le coût de la vie en Chine est à peu prèsidentique que celui de la Roumanie''.

Puis, un ami indien lui fait découvrir sa future femme, Maria, une Roumaine. ''Le choix d'un retour en Roumanie s'est fait natu-rellement. Je n'avais pas trop envie de rentrer en France. C'était en pleine crise et je ressentais une sorte de morosité ambiante,raconte Thibaut Desmons. En Roumanie, les gens sont optimistes et ils pensent sincèrement que leurs enfants auront un meilleuravenir que le leur. En France, c'est l'inverse''. Et puis il y a la nature. Sibiu, cette ville de Transylvanie, entourée de paysagesmagnifiques et de petits producteurs de fromage, de légumes, de viande... Un cadre parfait pour faire grandir les futurs enfants.Thibaut Desmons a d'ailleurs monté avec sa femme une association pour promouvoir la vie saine par le sport et une alimentationéquilibrée. ''Nous avons déjà un premier projet.Nous allons faire le tour des lycées de Sibiu'', pour leur parler de tout ça.

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest)

Les NOUVELLES de ROUMANIE

Mariage civil en France, religieux en Roumanie, et avec les copains en Chine: Maria et Thibaut (à droite) ont finalement posé leurs valises à Sibiu.