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Les marchésdu Logement :un nouveaucycLe ?
Colloque du 7 déCembre 2011
Sommaire 1. ProPoS introductifS Frédéric Roussel Nathalie Gilly
1.1 ACtuAlité et mode d’emploi des bAses notAriAles Olivier Pavy — Frédérique Thollon-Baras
1.2 du bon usAge des stAtistiques ou Comment éviter quelques pièges Claude Taffin
2. Évolution deS marchÉS immobilierS dePuiS quinze anS
2.1 les mArChés immobiliers de douze métropoles frAnçAises en quelques évolutions Clés (1998-2010) Claire Juillard
2.2 l’indiCe et le territoire : à lA reCherChe d’un indiCe spAtiAl Anne Laferrère
2.3 le Coût des nouvelles normes Jean-Pierre Bardy
2.4 ACCession à lA propriété et AugmentAtion des prix et des loyers depuis vingt Ans : impACt sur les ménAges Catherine Rougerie
2.5 le finAnCement des primo-ACCédAnts François de Ricolfis
2.6 les rendements de l’immobilier en ile-de-frAnCe (1997-2007) Stéphane Gregoir
2.7 les « fondAmentAux » des mArChés, une tentAtive d’expliCAtion de lA hAusse des prix Claude Taffin
3. concluSion Jean-François Humbert
1.ProPoS introductifS
6
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Créée conjointement par le Conseil supérieur du notariat, la Chambre des notaires
de Paris et la Caisse des dépôts et consignations, l’association Dinamic (Développement
de l’Information Notariale et de l’Analyse du Marché Immobilier et de la Conjoncture) a
pour ambition de développer l’information sur les marchés immobiliers. Ses principales
missions : participer au développement des bases immobilières, faciliter la création et
l’amélioration d’indicateurs statistiques et d’indices relatifs au marché de l’immobilier,
favoriser la création d’outils et de programmes à destination des notaires, des pouvoirs
publics, des collectivités régionales, des entreprises et des particuliers et, enfin, contri-
buer directement à la recherche immobilière par la réalisation d’études, le soutien à des
travaux de recherche ou encore l’organisation de colloques.
Depuis une quinzaine d’années, et depuis plus de 20 ans à Paris, les notaires alimentent
un fichier des actes de vente constituant ainsi une base de données immobilière riche de
plus de 14 millions de références. L’exploitation de cette base permet en particulier de
calculer les indices Notaires-Insee reconnus comme les seuls en France à respecter les
critères de fiabilité de l’Insee et donne lieu également à d’importants travaux de recherche
universitaires.
Le premier colloque de l’association Dinamic qui s’est tenu le 9 décembre 2010 était consa-
cré aux indices des prix immobiliers, à leurs différentes formes en France et à l’étranger
ainsi qu’à la présentation des premiers indicateurs avancés issus de l’exploitation des
avant-contrats. Ces indicateurs avaient mis en évidence la forte hausse des prix à Paris en
2010, hausse qui s’est maintenue en 2011 et étendue aux biens de qualité dans nombre de
grandes villes de province, et témoignait de la défiance des investisseurs et des ménages à
l’égard de notre économie, confirmant ainsi le statut de valeur refuge de l’investissement
dans la pierre. Cette hausse pouvait se lire comme l’un des signes avant-coureurs de la
crise de la dette qui a éclaté au cours de l’été 2011 et entraîné une série de mesures qui ont
pu être qualifiées de « défavorables » à l’immobilier.
Dans ce contexte incertain, il est apparu particulièrement opportun de s’interroger sur
l’avenir de l’investissement immobilier. Quel meilleur outil pour ce faire que l’exploitation
des bases notariales, non seulement pour calculer des indices de prix mais aussi afin d’en
tirer le maximum d’enseignements sur le fonctionnement des marchés immobiliers et de
ses acteurs ?
Cette analyse est complétée par l’intervention de plusieurs spécialistes grâce auxquels
nous espérons dessiner un diagnostic complet de la situation de l’immobilier à la veille
d’une année 2012 chargée d’incertitudes.
La Caisse des dépôts et consignations est un partenaire important du notariat
depuis de nombreuses années et joue un rôle particulièrement important sur le marché
de l’immobilier pour lequel il représente de forts enjeux financiers : elle est tout d’abord
investisseur en direct d’immobilier pour ses fonds propres, elle est investisseur et gestion-
naire au travers de ses filiales, en particulier la Société nationale immobilière qui détient
des logements sociaux et des logements intermédiaires dont elle assure la gestion. À ce
titre, la Caisse des dépôts détient la majorité des capitaux d’une grosse foncière, ICADE,
investie principalement en immobilier de bureaux. Elle est aussi très largement finan-
Frédéric rousseL notaire, secrétaire et membre du bureau du csn
nathaLie giLLydirectrice des services bancaires de la caisse des dépôts et consignations
7
ProPosintroductiFs
ceur puisqu’au travers de la Direction des fonds d’épargne, elle finance le logement social
en France pour des sommes considérables. Par ailleurs, l’immobilier est un secteur qui
concerne fortement la Caisse des dépôts dans ses activités bancaires : elle reçoit en effet
les fonds des notaires qui représentent des masses extrêmement importantes et dont les
niveaux sont dépendants de la tenue des marchés immobiliers. Enfin, la Caisse des dépôts
est partenaire des collectivités locales qui sont très demandeuses d’informations sur les
marchés immobiliers dans toutes leurs composantes, habitat résidentiel, bureaux, ter-
rains, à l’échelon local ou national, l’immobilier pouvant constituer un facteur d’attraction
ou non pour les différents territoires.
La Caisse des dépôts est déjà, depuis de nombreuses années, au travers du programme
ELAN, partenaire des bases notariales qui constituent une source extrêmement précieuse
et fiable sur ces marchés immobiliers. Avec la loi récente de mars 2011 donnant un carac-
tère de mission de service public à l’alimentation des bases immobilières, il paraissait
naturel que la Caisse des dépôts apporte son soutien à l’association Dinamic dont l’objet
est précisément d’accompagner le développement ces bases. Cet accompagnement se fait
dans toutes les dimensions de ces bases : le temps et l’espace.
Premièrement, la dimension temps : il était important d’accélérer la production d’infor-
mations issues des bases immobilières par la mise en place d’indicateurs avancés issus de
l’enregistrement des avant-contrats. Les indices Notaires-Insee restent toujours extrême-
ment fiables mais le délai de traitement sur les ventes définitives produit un décalage d’en
moyenne six mois par rapport aux attentes du marché.
Autre aspect de cette dimension temps, le développement durable et la limitation des gaz
à effet de serre, priorité stratégique de la Caisse des dépôts. L’habitat constitue en effet
un très gros émetteur de gaz à effet de serre. La Caisse des dépôts souhaite anticiper les
possibles transformations du marché immobilier sous l’effet de ces nouveaux facteurs,
qu’il s’agisse de l’effet sur les prix de l’habitat lié à sa capacité à être fortement ou peu
émetteur de CO2, ou de changements climatiques pouvant potentiellement modifier le
paysage immobilier.
Deuxièmement, la dimension espace : l’immobilier n’est pas un marché uniforme mais
varie considérablement selon que l’on considère les grandes métropoles, les villes
moyennes ou plus petites. Les collectivités locales, implantées territorialement, ont besoin
de connaître les évolutions du foncier spécifiquement sur leur territoire.
Soulignons enfin qu’à une période où l’on s’interroge sur un possible retournement de
cycle, les questions soulevées aujourd’hui vont être fortement posées dans les mois à
venir dans le débat politique. Les bases notariales pourront sans nul doute apporter des
éléments d’éclairage objectifs particulièrement utiles en matière de politique publique.
9
oLivier Pavydirecteur des affaires économiques au conseil supérieur du notariatco-directeur de l’association dinamic
Frédérique thoLLon-Barasdirectrice des activités immobilières de Paris notaires services
le notaire est un acteur important du secteur immobilier et dispose à ce titre de nombreuses informations dont l’exploitation constitue désormais un enjeu important pour la profession autant qu’une obligation légale. nous avons souhaité, dans le cadre de cette intervention, apporter un éclairage sur cette nouvelle mission de service public, faire part des derniers développements de nos outils de consultation des statistiques immobilières notariales et, enfin, présenter quelques données chiffrées tirées des avant-contrats.
1.1ACtuAlité et mode d’emploi des bAses notAriAles
10
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
1.1.1
une nouvelle miSSion de Service Public
1.1.2
la conSultation deS StatiStiqueS immobilièreS notarialeS
En vertu de l’article 15 de la loi 2011-331 de modernisation des professions judi-
ciaires ou juridiques et de certaines professions règlementées du 28 mars 2011, l’ali-
mentation des bases de données immobilières constitue une obligation légale pour les
notaires. L’article stipule en effet que « les notaires contribuent à la diffusion des infor-
mations relatives aux mutations d’immeubles à titre onéreux. Ils transmettent au Conseil
supérieur du notariat les données nécessaires à l’exercice de cette mission de service
public dans des conditions précisées par décret en Conseil d’État. » Les deux principaux
enjeux de cette nouvelle mission de service public sont, d’une part, de construire des bases
immobilières notariales exhaustives et, d’autre part, de mettre à disposition des différents
intervenants du marché l’ensemble des informations immobilières et contribuer ainsi à
la transparence des marchés.
Le notariat a ainsi anticipé la sortie du décret d’application dont la publication
devrait intervenir d’ici fin 2011 en diffusant le plus largement possible les prix de l’im-
mobilier à travers une nouvelle application consultable sur smartphone. L’application
est téléchargeable et donne l’ensemble des prix sur tout le territoire français, de la
région au quartier : région, département, la communauté de communes, la commune
et enfin le quartier pour les grandes villes du territoire national. Elle comprend un sys-
tème de géolocalisation ainsi qu’une fonction zoom et restitue les prix au m2 des appar-
tements et maisons dans l’ancien, et leurs évolutions sur 3 mois, 1 an ou 5 ans. Une
fonctionnalité complémentaire est introduite permettant de calculer les différents frais
d’achat d’un bien en fonction de son prix et de sa localisation (émoluments du notaire,
taxes fiscales, etc.)
11
ActuAlité et mode d’emploi des bAses notAriAles
1.1.3
leS indicateurS avancÉS Sur leS avant-contratS
a) L’avant-contrat, un outil fiable pour la création d’un indicateur avancé
Afin de répondre au problème du retard et de la fraîcheur de l’information, il a été
décidé dès 2010 de développer des indicateurs avancés sur la base des avant-contrats. Un
an après la production des premiers indices avancés, nous souhaiterions donner quelques
résultats sur l’ensemble de l’Ile-de-France et sur la province et dessiner un certain nombre
de perspectives pour l’avenir.
Rappelons que l’avant-contrat constitue une base de travail intéressante car il fixe par
écrit les conditions futures de la vente. Point de passage obligé pour l’acquéreur, il est
porteur de données fiables et contractuelles (notamment les prix pratiqués et non les prix
d’offre). Il présente donc un intérêt pour l’étude statistique et permet de constituer la base
d’information la plus récente, la plus actualisée possible.
Autre avantage, le notaire dispose toujours de l’avant-contrat pour fabriquer l’acte de
vente même s’il en est pas personnellement le rédacteur. L’avant-contrat et le contrat se
ressemblent très naturellement, ils fixent la chose et le prix, de sorte qu’il est possible de
décliner aux avant-contrats les méthodes de calcul utilisées pour les prix.
Le Conseil supérieur du notariat a retenu de créer deux nouvelles bases de données s’ap-
puyant sur les avant-contrats, alimentées de façon dématérialisée pour compacter les
délais de restitution de l’information. Ces bases sont ainsi directement alimentées par
les notaires qui télétransmettent leurs informations : une base d’indicateurs avancés en
province (BAC) et une base d’indicateurs avancés en Ile-de-France (TAC).
b) indicateur avancé en province (Bac)
En province, 1900 offices sont pour l’instant concernés, soit 48% des études nota-
riales. 20% du volume des ventes a ainsi été transmis, ce qui représente à ce jour 29 500
avant-contrats.
À titre d’exemple, les cartes ci-dessous représentent l’évolution trimestrielle des prix
médians pour les appartements et les maisons dans l’ancien, sur la base des informations
des avant-contrats à fin novembre 2011 (figures 1 et 2).
12
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
figure 2maisons anciennes(prix médian par département)
tendances observées sur les avant-contrats à fin novembre 2011
Supérieure à 5% entre 0% et 5% inférieure à 0%
seine maritime160 000 €
vosges110 000 €
pas-de-Calais137 700 €
tendances observées sur les avant-contrats à fin novembre 2011Une tendance haussière est observée pour Rennes, Bordeaux ou Orléans, alors que Nantes,
Nancy, Strasbourg ou Caen présentent une tendance à la baisse. Il apparaît également net-
tement que les tendances observées sur les avant-contrats préfigurent les ventes de fin
février 2012 et la tendance plus générale du marché.
figure 1appartements anciens(prix au m2 médian par commune)
tendances observées sur les avant-contrats à fin novembre 2011
Supérieure à 5% entre 0% et 5% inférieure à 0%
Caen 2 240 €
rennes 2 430 €
nantes 2 520 €
bordeaux 2 950 €
orléans 2 170 €
strasbourg 2 550 €
montpellier 2 700 €
nancy 1 950 €
nord155 000 €
13
ActuAlité et mode d’emploi des bAses notAriAles
figure 3Projection de prix à Paris
Projection à 3 mois des évolutions des prix, constatées sur les avant-contrats à Paris
En utilisant la même méthodologie pour produire les indicateurs avancés et les indices
Notaires-INSEE, on obtient des données qu’il est possible de mettre en relation. La
courbe d’évolution des indices Notaires-Insee peut ainsi être prolongée par celle des
indicateurs avancés.
c) indicateur avancé en ile-de-France (tac)
En Ile-de-France, 157 offices transmettent pour l’instant leurs données, soit 27%
des études notariales. 3000 avant-contrats ont ainsi été transmis au trimestre dernier, soit
7,5% du volume des ventes réalisées. Dans Paris intra-muros, 11% des avant-contrats ont
été transmis et sont représentatifs de la méthodologie des indices Notaires-Insee.
L’application de l’indicateur avancé dans Paris intra-muros a permis de valider la méthode
exploratoire utilisée depuis juin 2010 et montre que les tendances obtenues ainsi sont
fiables (figure 3). Au vu de ces bons résultats, le projet est d’étendre cette méthode aux
autres départements d’Ile-de-France et d’améliorer l’alimentation des bases de données
par une mise à niveau de l’ensemble des logiciels de rédaction d’actes.
Enfin, l’obligation faite aux notaires dans le cadre de leur mission de service public
de renseigner cette base de données sera également décisive pour atteindre cet objectif.
sept- oct- nov- déc- janv- févr- mars- avr- mai- juin- juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr-
Juin 10 août 10 oct 10 déc 10 fév 11 avr 11 juin 11 août 11 oct 11 nov 11
10 10 10 10 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 11 12 12
9 000 €
8 750 €
8 500 €
8 250 €
8 000 €
7 750 €
7 500 €
7 250 €
7 000 €
date prévisionelle des ventes
date des avant-contrats
valorisation des indices sur les ventesProjections sur les mois suivants à partir des avant-contratscalculs réalisés suivant la méthodologie des indices notaires - insee
15
1.2 du bon usAge des stAtistiques cLaude taFFin directeur scientifique de l’association dinamic
l’outil statistique est précieux pour connaître et quantifier un phénomène observé. il convient néanmoins de se montrer prudent quant au maniement des chiffres et d’interpréter avec précision les renseignements qu’ils nous fournissent, raison pour laquelle il nous est apparu opportun de rappeler quelques principes élémentaires et écueils possibles à la lecture de documents statistiques.
16
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
La médiane est la valeur du milieu d’un ensemble de données ordonnées selon un
critère défini, alors que la moyenne est la moyenne, le plus souvent arithmétique, d’un
ensemble de nombres.
Considérons les deux séries de prix dissymétriques suivantes :
Période 1 Période 2
10 000 € 10 000 €
20 000 € 20 000 €
30 000 € 30 000 €
40 000 € 40 000 €
100 000 € 200 000 €
médiane : 30 000 € médiane : 30 000 €
moyenne : 50 000 € moyenne : 60 000 €
Médiane et moyenne ont des valeurs très différentes et évoluent différemment entre les
deux dates considérées alors que, dans chaque série de données, les prix de 4 biens sur 5
n’ont pas évolué : la médiane, valeur du milieu du marché, est restée la même et indique
une stabilité des prix, tandis que la moyenne a augmenté, indiquant une hausse des prix
de 20%. La médiane représente donc l’évolution des transactions du milieu du marché,
tandis que la moyenne est sensible aux valeurs extrêmes. Cela est valable pour toutes les
grandeurs qui présentent une répartition dissymétrique. Dans le cas du marché immo-
bilier, sujet aux valeurs extrêmes (présence sur le marché de biens exceptionnels), il est
donc préférable d’utiliser les valeurs médianes.
1.2.1
mÉdianeS et moyenneS
17
du Bon usage des statistiques
1.2.2
indiceS et valeurS SouS-jacenteS
1.2.3
Prix au m2 moyen et Prix moyen au m2
Les indices permettent de comparer les évolutions dans le temps de différentes
séries de données. Les valeurs sous-jacentes aux indices, souvent reprises comme « véri-
tés », sont obtenues en appliquant la variation de l’indice à une valeur calculée à la période
de base (moyenne ou médiane). Ainsi, lorsque l’on affirme que « le prix moyen du m2 à
Paris a franchi les 8 000 € », il faut conserver à l’esprit que ce prix n’est ni une médiane ni
une moyenne mais un autre moyen d’illustrer un niveau atteint par l’immobilier parisien.
Il dépend non seulement de l’évolution des prix mais également du référentiel choisi.
Dans le cas des indices Notaires-Insee, le référentiel correspond au prix moyen lors de la
période de base de la série initiale, c’est-à-dire le prix moyen au 4e trimestre 2000.
Autre différence qui échappe souvent : comment agréger des prix au m2 et, de façon
générale, des ratios ? À titre d’exemple, prenons les deux séries suivantes :
aPPartement 1 aPPartement 2
Prix 50 000 € 900 000 €
surFace 10 m2 90 m2
Prix / m2 5 000 € / m2 10 000 € / m2
Nous disposons de deux méthodes pour calculer le prix moyen au m2 de ces deux appar-
tements :
Soit on effectue la moyenne des prix par m², qui donne un résultat de 7 500 €/m2 : cette
méthode donne le même poids à chaque appartement (pondération à l’unité de logement) ;
Soit on divise la somme des prix par la somme des surfaces, le résultat obtenu est alors
de 9 500 €/m2. Cette méthode donne un résultat pondéré par la surface du bien. L’usage à
l’Insee est d’utiliser le second mode de calcul qui présente l’avantage pratique de pouvoir
s’agréger, contrairement au premier.
18
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Le marché de l’immobilier étant sujet aux variations saisonnières, l’Insee présente
des séries « brutes » et des séries « CVS », c’est-à-dire corrigées des variations saisonnières.
Ce choix est particulièrement opportun en matière immobilière où les variations infra
annuelles sont importantes. Les données CVS permettent de comparer les évolutions tri-
mestrielles sans que l’interprétation ne soit perturbée par la saisonnalité de l’activité.
Par exemple, l’évolution de l’indice Insee-Notaire du prix des maisons en Ile-de-France
montre une nette hausse au 3e trimestre presque chaque année (cf. graphique ci-après).
De ce fait, la baisse du prix « brut » qui s’ensuit au 4e trimestre peut correspondre, en réa-
lité, à une hausse du prix CVS.
Un rappel élémentaire : un même taux de variation appliqué à des montants diffé-
rents produit des résultats différents. Ainsi un bien d’une valeur de 100 000 € qui connait
une augmentation de 50% vaut désormais 150 000 €. S’il subit ensuite une baisse de 50%,
il ne vaut plus que 75 000 €, soit 25% de moins que sa valeur initiale.
Un autre exemple : le loyer initial d’un bail est fixé à 1 000 €. Une hausse annuelle de 10%
est prévue. Au-delà de la première année, la hausse s’appliquera-t-elle sur le loyer initial
ou le loyer déjà majoré ? Autrement dit, le loyer de la troisième année sera-t-il de 1 200 €
(1 000 € + deux fois 10% de 1 000 €) ou bien de 1 210 € (1 000 € +10% de 1 000 € +10% de
1 100 €) ?
1.2.5
hauSSe et baiSSe de Prix
1.2.4
leS variationS SaiSonnièreS
8,0%
6,0%
4,0%
2,0%
0,0%
-2,0%
-4,0%
-6,0%
-8,0%
1997
03
1997
09
1998
03
1998
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03
1999
09
2000
03
2000
09
2001
03
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03
2002
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03
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4 03
200
4 09
2005
03
2005
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2006
03
2006
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03
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09
2008
03
2008
09
2009
03
2009
09
2010
03
2010
09
2011
03
2011
09
taux
Brutcvs
19
du Bon usage des statistiques
Les indices Notaires-Insee ont changé de base fin 2011, la base 100 se situant
désormais au premier trimestre 2010. Une base plus récente permet de comparer plus
facilement les évolutions récentes mais rend les comparaisons de longue date plus déli-
cates à interpréter.
Le second graphique décrit l’évolution des mêmes indices que le premier mais en base
100 au premier trimestre 1998. Selon le point de départ choisi, l’allure de la courbe est
différente.
1.2.6
PÉriode de rÉfÉrence
150
125
100
75
50
25
0
1992
1993
199
4
199
5
199
6
1997
199
8
199
9
200
0
200
1
200
2
200
3
200
4
200
5
200
6
2007
200
8
200
9
2010
2011
400
350
300
250
200
150
100
50
199
2
199
3
199
4
199
5
199
6
1997
199
8
199
9
200
0
200
1
200
2
200
3
200
4
200
5
200
6
2007
200
8
200
9
2010
2011
Paris val-de-marne seine-st-denis hauts-de-seine
Paris val-de-marne seine-st-denis hauts-de-seine
20
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Les deux graphiques ci-dessous présentent les mêmes résultats. Pourtant, le
second, qui occulte les 150 000 transactions formant le socle du marché, donne une image
plus spectaculaire de la baisse du volume des ventes et tend à montrer un « effondre-
ment » du marché début 2009.
1.2.7
Échelle deS rePrÉSentationS
250 000
200 000
150 000
100 000
50 000
0
t497
à t
398
t49
8 à
t39
9
t49
9 à
t30
0
t40
0 à
t30
1
t40
1 à
t30
2
t40
2 à
t30
3
t40
3 à
t30
4
t40
4 à
t30
5
t40
5 à
t30
6
t40
6 à
t30
7
t40
7 à
t30
8
t40
8 à
t30
9
t40
9 à
t31
0
t410
à t
311
Île-de-France
t497
à t
398
t49
8 à
t39
9
t49
9 à
t30
0
t40
0 à
t30
1
t40
1 à
t30
2
t40
2 à
t30
3
t40
3 à
t30
4
t40
4 à
t30
5
t40
5 à
t30
6
t40
6 à
t30
7
t407
à t
308
t40
8 à
t30
9
t40
9 à
t31
0
t410
à t
311
240 000
230 000
220 000
210 000
200 000
190 000
180 000
170 000
160 000
150 000
Île-de-France
21
du Bon usage des statistiques
« Lies, damned lies, and statistics », la statistique serait-elle « la forme élaborée du mensonge » ?
« Les prix ont augmenté de 5% au 30 juin ». Une telle affirmation peut prêter
à diverses interprétations puisqu’elle condense les diverses difficultés décrites précédem-
ment : s’agit-il de prix médians ou de moyennes, d’indices bruts ou de données corrigées
des variations saisonnières ? À quelle période fait-on référence : le mois, le trimestre, l’an-
née ? Et, à supposer qu’il s’agisse du trimestre, s’agit-il d’une évolution sur un trimestre ou
sur un an ?
Ainsi une lecture ou une analyse trop rapide produit une information lacunaire et erronée.
L’information prend un sens bien différent si elle complétée comme dans l’exemple sui-
vant : « Au 4e trimestre 2008, les prix baissent de 2,3% par rapport au trimestre précédent,
mais l’évolution annuelle reste en hausse de 2,1% en raison des hausses des 3 premiers
trimestres. Et la situation était exactement inverse à l’automne 2009 avec une hausse
trimestrielle de 2,0% et une baisse annuelle de 6,9%. »
Rappelons enfin une autre source fréquente d’erreur : travailler avec des données
de sources différentes.
On évitera d’en conclure, comme l’auteur de la maxime rappelée ci-dessus1, que les statis-
tiques mentent. Seulement, comme tout produit technique, il faut en lire le mode d’emploi
avant usage !
1 rapportée par mark twain et souvent faussement attribuée à disraeli.
t497
à t
398
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8 à
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9
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t40
8 à
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9
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9 à
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à t
311
2.Évolution deS marchÉS immobilierS dePuiS quinze anS
25
2.1les mArChés immobiliers de douze métropoles frAnçAises en quelques évolutions Clés (1998-2010)cLaire JuiLLard co-directrice de la chaire ville et immobilier de l’université Paris-dauphine
bien que faisant l’objet d’une vaste littérature, le processus de métropolisation est rarement étudié du point de vue de l’immobilier. Pourtant, la métropolisation agit bien sur la dynamique des marchés immobiliers, notamment résidentiels. d’abord, elle représente un facteur de tension en favorisant la concentration des populations, des emplois et des richesses dans un nombre limité de grandes villes. ensuite, elle constitue un facteur de structuration en renforçant, d’un côté l’attractivité résidentielle des villes-centres, de l’autre la dilatation de leur zone d’influence.
26
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
le double mouvement centripète et centrifuge impulsé par la métropolisation a ceci de particulier qu’il met en relation les marchés immobiliers de territoires toujours plus étendus et hétérogènes. il repose sur la mobilité résidentielle de ménages qui, loin de se distribuer indifféremment dans l’espace, font des choix de localisation qui dépendent au moins de leur appartenance socio-pro-fessionnelle et de leur position dans le cycle de vie. la contrainte de prix est également déterminante. faut-il le rappeler ? elle s’est puissamment renforcée en douze années de trop forte hausse et continue aujourd’hui d’exclure une part croissante de ménages de l’accession à la propriété.
l’ensemble de ces constats invite à dépasser au moins deux types d’analyses : celles qui se focalisent sur les dynamiques des marchés immobiliers les plus centraux indépendamment des logiques territoriales dans lesquels ils s’ins-crivent ; celles qui s’en tiennent à la conjoncture, sans se soucier de l’impact des choix immobiliers sur la différenciation de ses effets dans l’espace.
dans l’étude présentée ici1, il s’est donc agi d’élargir la focale à celle de l’aire urbaine qui, au sens de l’insee, regroupe villes-centres, banlieues et couronnes périurbaines. il s’est aussi agi de relier les dynamiques immobilières aux dynamiques de peuplement de nos métropoles, en l’occurrence la structure des prix à la structure sociale des territoires. l’analyse a porté sur douze des plus grandes métropoles françaises. l’enjeu de la comparaison était de mieux comprendre la manière dont les marchés s’organisent à l’échelle métropolitaine. ceux-ci présentent-ils des dynamiques et des structures communes ou suivent-ils des modèles différents ? la réponse ici autour d’une série d’analyses extraites de l’étude pré-citée.
1 cette étude a été réalisée par l’université Paris-dauphine en partenariat avec le conseil supérieur du notariat et la chambre interdépartementale des notaires de Paris-ile-de-France : cusin F., Juillard c. (2012), Les marchés immobiliers des métropoles françaises. 12 années 1998-2010. 12 villes passées au crible, Paris, Publi.not / editions du notariat, 260 p.
27
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
Paris, Lyon, Marseille-Aix, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg,
Rennes, Montpellier et Orléans : ces douze métropoles2 rassemblent 22,4 millions d’habi-
tants, soit 47% de la population urbaine française. Ce poids global révèle leur rôle dans
l’équilibre sociodémographique et économique du pays. Cependant, chacune y contribue
très inégalement, ce qui, en les différenciant structurellement, différencie le contexte
dans lequel leurs marchés immobiliers évoluent.
D’abord, le poids démographique de ces douze métropoles varie fortement : hors Paris qui,
avec ses 12 millions d’habitants, est sept fois plus peuplée que Lyon, la 2e plus grande aire
urbaine française, le rapport reste de 1 à 5 entre Orléans, la plus petite des aires étudiées
avec 370 000 habitants, et Lyon qui en compte 1 760 000 (figure 1).
Ensuite, si toutes les aires urbaines ont vu leur population croître entre les deux derniers
recensements de la population, elles se différencient, d’une part selon l’ampleur de leur
croissance démographique, d’autre part selon leur dynamique migratoire.
Côté croissance démographique, Toulouse et Lille s’opposent : la première avec une crois-
sance record de +16% d’habitants entre 1999 et 2007, la seconde avec une croissance d’à
2 comme précisé en introduction, ces métropoles sont considérées à l’échelle de l’aire urbaine.
2.1.1
deS marchÉS danS deS contexteS Socio-dÉmograPhiqueS fort diffÉrentS
0 200 kmsource: Insee, Recensement de la population de 2007carte conçue par Paris-Dauphine avec le logiciel Philcarto
Paris
Marseille
Lille
Toulouse
Bordeaux
Lyon
Nice
Nantes
Strasbourg
Rennes
Montpellier
Orléans
(échelle non respectée)
11,8 M.h
1,7 M.h
1,6 M.h
1,1 M.h
1,1 M.h
1 M.h
0,9 M.h
0,7 M.h
0,6 M.h
0,5 M.h
0,5 M.h
0,3 M.h
figure 1les douze aires urbaines d’étude selon leur nombre d’habitants en 2007
28
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
peine 2% pendant la même période. Entre ces extrêmes, Montpellier (+12%) et Rennes
(+11%) rejoignent la catégorie des métropoles à forte croissance, tandis qu’Orléans (+4%)
et Strasbourg (+5%) appartiennent à la catégorie des métropoles à croissance relative-
ment faible. Quant à Paris, elle voit sa population croître de façon relativement modérée
(+6%), à la manière de l’ensemble de la France métropolitaine et de métropoles de pre-
mier rang telles que Lyon (+7%) et Marseille-Aix (+7%).
Cependant, si l’on distingue les deux leviers de la croissance démographique, la différence
entre les métropoles tient plus à la dynamique migratoire qu’à la dynamique naturelle.
Dans un contexte de métropolisation qui renforce encore la concentration de la popula-
tion dans une poignée de métropoles, cette différence apparaît particulièrement significa-
tive lorsque l’on considère que les migrations sont potentiellement des mobilités au sein
du parc de logement et pour partie, des transactions immobilières.
Côté dynamique migratoire, Toulouse et Lille s’opposent de nouveau : la première avec
un excédent migratoire record de 11% d’habitants (+100 000 habitants entre 1999 et
2007), la seconde avec un déficit de 4% (-50 000 habitants). Derrière Toulouse, on retrouve
Montpellier mais pas Rennes, dont la forte croissance démographique apparaît finale-
ment davantage stimulée par la dynamique naturelle que par la dynamique migratoire.
En revanche, Nice rejoint Toulouse et Montpellier dans la catégorie des métropoles qui
enregistrent un fort excédent migratoire. Suivent, mais plus bas dans la hiérarchie, Lyon
et Strasbourg qui se situent tout juste à l’équilibre en comptant à peine plus d’entrées que
de sorties de leurs territoires (figure 2).
0 200 km
Paris(échelle non respectée)
source: Insee, Recensement de la population de 2007carte conçue par Paris-Dauphine avec le logiciel Philcarto
Marseille
Lille
Toulouse
Bordeaux
Lyon
Nice
Nantes
Strasbourg
Rennes
Montpellier
Orléans
Excédent migratoire
Dé�cit migratoire
Solde migratoire relatif (en %)
Solde migratoire absolu (en nb)
100 000
50 000
20 000
figure 2Soldes migratoires des aires urbaines sur la période 1999-2007
29
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
Ces constats rappellent combien l’attractivité résidentielle consacre les agglomérations
du Sud-Est et du Sud-Ouest de la France. Le jeu des mobilités résidentielles se fait égale-
ment à l’avantage d’une partie des aires urbaines de l’Ouest mais au détriment des agglo-
mérations situées au nord de la Loire, déficitaires pour la plupart3. Paris s’inscrit bien dans
ce tableau, avec un déficit migratoire qui représente 1,5% de sa population (165 000 per-
sonnes). Elle n’en joue pas moins un rôle unique en France : celui de plaque-tournante
des mobilités. Elle entretient également des échanges excédentaires avec l’étranger, ce
qui, avec son excédent naturel particulièrement élevé (+7% de la population entre 1999
et 2007, soit +825 000 personnes), la range du côté de très grandes métropoles telles que
Londres et New York4.
Enfin, à l’exception d’Orléans, toutes les métropoles étudiées ont en commun une forte
concentration de fonctions supérieures, c’est-à-dire d’activités à fort potentiel de déve-
loppement économique et à contenu décisionnel élevé5. Mais là encore, les disparités ne
manquent pas. Elles s’avèrent même plus accentuées qu’au plan socio-économique. Elles
renforcent le caractère atypique de Paris qui creuse franchement l’écart avec Lyon et Tou-
louse, les deux qui la suivent pourtant dans la hiérarchie des métropoles qui concentrent
le plus de fonctions supérieures. Lyon et Toulouse n’en restent pas moins attractives
pour les catégories supérieures6, contrairement à Marseille-Aix et à Lille qui, d’une part
accusent un rayonnement économique plutôt en retrait relativement à leur poids démo-
graphique, d’autre part enregistrent le plus faible niveau de revenu par ménage, Orléans
comprise (figure 3).
3 alexandre h., cusin F., Juillard c. (2010), « L’attractivité résidentielle des agglomérations françaises. enjeux, mesure et facteurs explicatifs », L’Observateur de l’immobilier du Crédit Foncier, n°76, juillet, p.3-66.4 Louchart P. (2005), « Les dynamiques démographiques, reflet de l’attractivité francilienne », iau, Note Rapide, n°393, septembre.5 van Puymbroeck c., reynard r. (2010), « répartition géographique des emplois. Les grandes villes concentrent les fonctions intellectuelles, de gestion et de décision », Insee première, n°1278, février ; Brunel c. (2011), « un maillage du territoire français. 12 aires métropolitaines, 29 grandes aires urbaines », Insee première, n°1333, janvier.6 collet a., cusin F., Juillard c. (2011), « La mobilité des cadres dans les dynamiques de peuplement des aires urbaines françaises », L’Observateur de l’immobilier du Crédit Foncier, n°79, juillet ; collet a., Juillard c. (2011), « au cœur de la mobilité des cadres : toulouse, Lyon, grenoble, annemasse », L’Observateur de l’immobilier du Crédit Foncier, n°80, octobre.
30
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Les marchés immobiliers des métropoles françaises ne sont pas égaux face à la
conjoncture : alors que la flambée des prix qui a marqué les années 1998-2007 a pu lais-
ser croire que tous les marchés immobiliers étaient désormais à l’unisson, les hausses
enregistrées pendant la période ont été nettement plus marquées dans certaines métro-
poles que dans d’autres. De même, si le retournement de conjoncture de 2008 a d’abord
laissé l’impression d’un mouvement univoque, les marchés n’y ont pas réagi de la même
manière.
Entre 1998 et 2007, soit entre le bas et le haut du dernier cycle haussier, non seulement
les évolutions enregistrées dans le collectif sont de plus grande ampleur que dans l’indi-
viduel, mais les écarts sont plus importants entre les métropoles.
Dans le collectif en l’occurrence, les taux de croissance des prix varient du simple au
double, soit de +100% à Strasbourg à +200% à Marseille-Aix. Entre ces extrêmes, Toulouse,
Bordeaux, Nice et Lyon (+180%) devancent Nantes et Montpellier (+170% environ) de 10
points dans la catégorie des métropoles qui enregistrent les plus fortes augmentations ;
Orléans et Rennes ferment la marche, avec des taux de croissance inférieurs de 50 à 80
points (figure 4).
2.1.2
deS marchÉS inÉgaux face à la conjoncture
source: Insee, Recensement de la population de 2007carte conçue par Paris-Dauphine avec le logiciel Philcarto
Poids relatif élevé (12% CFM 1
Poids relatif moyen (9,5% < CFM >1
Faible poids relatif (CFM 9,5%)
Poids relatif des CFM
Nombre de CFM
90 000
30 000
15 000
0 200 km
1. Radiographie des douze aires urbaines à l’étude
Carte 1.2 :
Paris
Lyon
Marseille
Lille
Toulouse
Bordeaux
Nice
Nantes
StrasbourgRennes
Montpellier
Orléans
(échelle non respectée)
Cadres des fonctions métropolitaines (CFM) dans les aires urbaines en 2006
4
2
figure 3cadres de fonctions métropolitaines dans les aires urbaines en 2006
31
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
Après 2007, les évolutions sont cette fois plus significatives dans l’individuel. Au point le
plus critique du retournement de conjoncture, entre 2007 et 2009, elles suivent partout
une tendance à la baisse mais s’avèrent plus ou moins prononcées ici ou là. Elles dis-
tinguent deux catégories de métropoles : d’une part les métropoles qui, comme Rennes
(-13%), Paris (-12%), Strasbourg (-12%), Lyon (-11%), Nantes (-11%), Orléans (-11%), Tou-
louse (-10%) et Nice (-10%), enregistrent une baisse de prix de 10% et plus ; d’autre part,
les aires qui, comme Montpellier (-5%), Marseille-Aix (-7%), Lille (-7%) et Bordeaux (-9%),
enregistrent moins de 10% de baisse (figure 5).
250
200
150
100
50
0
Par
is
Lyon
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-mar
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éans
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Par
is
Lyon
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Lille
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lier
orl
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figure 4Évolution du prix médian des appartements entre 1998 et 2007 dans les aires urbaines (en %)
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
figure 5Évolution du prix médian des maisons entre 1998 et 2007 dans les aires urbaines
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
32
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Ces deux catégories regroupent chacune des métropoles qui ont suivi des évolutions
d’ampleur différente pendant le dernier cycle haussier. Dans la première en particulier,
Nice (+170% entre 1998 et 2007) et Toulouse (+160%) côtoient Strasbourg (+100%) et
Orléans (+110%). La sensibilité au retournement conjoncturel paraît donc déconnectée
des rythmes de croissance des prix suivis pendant la flambée. Elle l’est aussi des niveaux
de prix atteints en 2007.
une décennie de flambée des prix qui redistribue les rôles
Les écarts de croissance enregistrés ont modifié la hiérarchie des métropoles fran-
çaises selon leur niveau de prix. Cette modification s’est essentiellement opérée entre
1998 et 2007, plutôt qu’après le retournement de 2008. Elle est plus sensible dans le col-
lectif (figures 6 et 7)7.
Du côté des métropoles qui ont gagné des rangs dans le collectif, Lyon, Marseille-Aix et
Toulouse frappent par l’évolution suivie. En effet, celles-ci sont passées d’un niveau de
prix qui les plaçait en bas de la hiérarchie en 1998, à égalité avec Orléans, à un niveau
de prix qui les positionne en haut de la hiérarchie en 2007, après Paris et Nice. Montpel-
lier les rejoint dans la catégorie des métropoles de province les plus chères. En revanche,
7 Paris, nice et nantes sont les seules métropoles à n’avoir pas changé de rang et n’apparaissent donc pas dans les figures 6 et 7.
2.1.3
quand leS ÉvolutionS de Prix redÉfiniSSent la hiÉrarchie deS mÉtroPoleS
figure 7Évolution de la hiérarchie des aires urbaines selon le prix des appartements entre 1998 et 2010, aires qui perdent des rangs
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
123456789
101112
montpellierLyonmarseille-aixtoulouseBordeaux
1998 2007 2010
123456789
101112
strasbourgrennesLilleorléans
1998 2007 2010
figure 6 Évolution de la hiérarchie des aires urbaines selon le prix des appartements entre 1998 et 2010, aires qui gagnent des rangs
33
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
Bordeaux reste en deçà. Ses prix partant du plus bas niveau enregistré en 1998, leur taux
de croissance record n’a pas suffi au rattrapage.
À l’inverse, Strasbourg, Rennes et Orléans sont descendues significativement dans la hié-
rarchie des prix. En particulier, Strasbourg est passée du statut de métropole la plus chère
de province en 1998 après Nice, au statut de métropole la moins chère en 2007 avant
Orléans. Quant à Orléans justement, alors qu’elle se signale en 1998 par un niveau de prix
à la hauteur des plus grandes métropoles régionales, elle descend en 2007 au plus bas de
la hiérarchie.
La province rattrape-t-elle vraiment Paris ?
Dans le collectif, l’aire urbaine de Paris frappe par le maintien de sa très nette
avance sur la province en termes de niveau de prix et cela, malgré un taux de croissance
parmi les plus bas entre 1998 et 2007 (+135%). Les évolutions de très grande ampleur
qui ont touché la plupart des métropoles de province n’y ont rien fait : Paris reste très lar-
gement au sommet de la hiérarchie au point haut du dernier cycle haussier. Le niveau de
ses prix continue même d’apparaître totalement déconnecté des autres marchés d’agglo-
mération. Contrairement à l’idée répandue, la flambée des prix n’a donc pas autorisé la
province à « rattraper » Paris. Il aurait fallu pour cela que les prix quadruplent dans les
aires qui, comme Strasbourg et Rennes, affichaient les prix les plus élevés en 1998 ! Et
même dans les cas où l’écart de prix s’est réduit, le rapport reste de plus de 1 à 1,5 en 2007,
comme entre Lyon (2 500 €/m2)8, Marseille-Aix (2 590 €/m2), Toulouse (2 460 €/m2), Mont-
pellier (2 500 €/m2) et Paris (4 090 €/m2).
Par contraste avec Paris, les onze métropoles de province affichent en 2007 des prix qui
apparaissent comparables dans le collectif (2 200 à 2 600 €/m2). Seules Nice et Orléans se
distinguent véritablement : Nice (3 610 €/m2), en approchant les prix parisiens ; Orléans,
à l’opposé, en tombant sous la barre des 2 000 euros. Cependant, non seulement les évolu-
tions enregistrées en Province ont bien redéfini l’ordre des métropoles dans la hiérarchie
des prix, mais elles ont accru les écarts de prix entre les métropoles qui en occupent à
présent les positions extrêmes.
Dans l’individuel, l’aire urbaine de Paris (288 200 € par unité) ne se situe plus qu’à la
3e place de la hiérarchie en 2007. Entre le bas et le haut du dernier cycle immobilier, elle
a même été dépassée par Marseille-Aix (300 000 €) et presque rattrapée par Montpellier
(275 800 €). Au-dessus, Nice arrive largement en tête, avec des prix en très forte progres-
sion (+170%) et déconnectés des autres marchés métropolitains (+150 000 euros au mini-
mum). Entre 1998 et 2007, elle a même creusé l’écart avec toutes les métropoles, Paris
comprise.
8 L’ensemble des prix indiqués dans cette section sont des prix médians.
34
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Les métropoles étudiées se différencient sensiblement du point de vue de la struc-
ture de leur marché, c’est-à-dire de la variation des prix immobiliers dans leur territoire.
Trois modèles en ressortent : les modèles « centre-périphérique », « inversé » et « intermé-
diaire » (figures 8 et 9).
viLLe-centre BanLieue PériurBain
Paris réf. -42 -51
Lyon réf. -17 -27
marseille-aix réf. 8 54
Lille réf. -18 -39
toulouse réf. -8 -31
Bordeaux réf. -18 -21
nice réf. 14 -31
nantes réf. -18 -13
strasbourg réf. -7 -6
rennes réf. 0,4 -6
montpellier réf. 4 38
orléans réf. -9 -23
viLLe-centre BanLieue PériurBain
Paris réf. -70 -75
Lyon réf. -26 -38
marseille-aix réf. -2 8
Lille réf. 6 27
toulouse réf. -4 -18
Bordeaux réf. -11 -27
nice réf. 9 -40
nantes réf. -12 -26
strasbourg réf. 9 -8
rennes réf. -2 -26
montpellier réf. 15 5
orléans réf. -1 -12
2.1.4
Structure deS marchÉS : leS Prix diminuent-ilS Partout avec l’Éloignement au centre ?
figure 8Écarts de prix constatés en banlieue et en périurbain par rapport au centre en 2007 (en %), appartements
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
figure 9Écarts de prix constatés en banlieue et en périurbain par rapport au centre en 2007 (en %), maisons
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
35
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
Dans le modèle « centre-périphérie », les prix baissent avec l’éloignement au centre. C’est
le cas, dans le collectif comme dans l’individuel, à Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes
et Orléans.
L’aire urbaine de Paris constitue une version extrême de ce modèle, du fait du puissant
effet de frontière qui sépare la ville intra-muros de sa banlieue. Sous cet effet d’ailleurs
accentué au terme de la période de flambée, la banlieue affiche globalement une décote
de 40% dans le collectif et de 70% dans l’individuel relativement aux prix enregistrés dans
le centre. La grande taille de la banlieue parisienne explique en partie cet écart, même si
celui-ci apparaît déjà très significatif entre Paris intra-muros et ses communes limitrophes.
La différence qui déconnecte les prix de l’aire urbaine de Paris des prix affichés en pro-
vince se fait essentiellement au centre de la métropole et pas forcément à sa périphérie,
dont les prix peuvent même apparaître inférieurs à ceux de certaines aires, comme Mar-
seille-Aix, Nice et Montpellier. Il faut dire que ces aires n’ont pas la même structure de prix :
tandis que Marseille-Aix et Montpellier ont une structure « inversée » (modèle 2), Nice a
une structure de type « intermédiaire » (modèle 3).
Selon le modèle « inversé », les prix augmentent avec l’éloignement au centre et atteignent
donc leur maximum dans le périurbain. La structure des prix qui en ressort rappelle celle
de nombreuses villes américaines dont les centres sont moins valorisés que certaines
communes résidentielles périphériques. Son existence souligne que l’étalement urbain
ne peut pas s’interpréter partout comme un mécanisme de refoulement des populations
les plus modestes vers la périphérie.
C’est à Marseille-Aix que cette structure est la plus marquée. En particulier, les apparte-
ments en 2007 affichent +8% en banlieue par rapport au centre, et surtout +54% dans le
périurbain.
Selon la structure de type « intermédiaire », la zone la plus valorisée est la banlieue. Nice
est le cas le plus archétypique de ce modèle. En 2007 en particulier, la banlieue y est 14%
plus chère que la ville-centre. La couronne périurbaine de Nice, où peu de transactions
sont enregistrées, accuse une décote de -31% pour les appartements et de -40% pour les
maisons par rapport aux prix de la ville-centre. Il faut dire que Nice constitue plus une
conurbation qu’une ville-centre entourée de communes de banlieue. En outre, parmi les
villes faisant partie de cette conurbation, certaines, comme Cannes, ont une attractivité
qui leur est propre, ce qui les valorise au plan immobilier.
36
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Les structures de prix identifiées parmi les 12 métropoles étudiées reflètent des
structures sociales différentes. D’abord, le modèle « centre-périphérie » rappelle combien
de nombreuses villes-centres sont aujourd’hui spécialisées dans l’accueil des catégories
supérieures. Paris en constitue l’exemple le plus emblématique, et cela même si sa ban-
lieue attire une part croissante de cadres sous l’effet de la flambée des prix.
Ensuite, le modèle « inversé » rappelle, d’une part, l’existence même de suburbs résiden-
tiels, d’autre part, le caractère parfois tardif du processus de valorisation qui contraire-
ment au modèle nord-américain concerne finalement la plupart de nos centres anciens.
L’illustration la plus nette de ce double phénomène est donnée par Marseille-Aix dont le
périurbain constitue sans ambiguïté l’espace privilégié des catégories supérieures, tandis
que sa ville-centre, encore récemment très populaire, se caractérise par une relative mixité
sociale et que sa banlieue concentre plus particulièrement des catégories inférieures.
Les marchés immobiliers suivent donc une dynamique qui n’est pas étrangère aux
logiques de peuplement des territoires. Cependant, ils impulsent à leur tour des dyna-
miques qui accentuent les phénomènes de polarisation sociale qui découlent de l’évo-
lution du peuplement de nos métropoles. L’accroissement de la sélectivité des marchés
immobiliers apparaît en cause. Il résulte, en général, de la flambée des prix, et en particu-
lier d’un double mouvement d’étirement vers le haut et de réduction de la dispersion des
prix. Depuis 1998 en l’occurrence, ce sont les prix des segments les moins valorisés qui ont
le plus augmenté, laissant les ménages les plus modestes le plus durement confrontés à
l’alourdissement de la contrainte de prix (figures 10 et 11).
viLLe-centre BanLieue PériurBain
d1 d9 d1 d9 d1 d9
Paris 221 136 160 109 165 106
Lyon 243 158 221 153 210 145
marseille-aix
310 179 223 167 257 182
Lille 175 137 168 125 nc nc
toulouse 249 149 253 145 nc nc
Bordeaux 243 160 206 160 nc nc
nice 231 161 215 157 195 201
nantes 198 138 174 166 nc nc
strasbourg 105 107 112 102 99 116
rennes 126 114 129 104 235 92
montpellier 217 151 306 169 186 150
orléans 123 96 165 105 nc nc
2.1.5
derrière la Structure deS Prix, la Sociologie deS territoireS
figure 10Évolution des 1er et 9e déciles de prix des appartements entre 1998 et 2007
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
37
Les marchés immoBiLiers de douze métroPoLes Françaises en queLques évoLutions cLés
viLLe-centre BanLieue PériurBain
d1 d9 d1 d9 d1 d9
Paris 335 192 150 120 152 113
Lyon 216 119 176 120 219 138
marseille-aix
238 116 244 125 334 200
Lille 303 175 234 136 231 123
toulouse 207 160 172 121 338 146
Bordeaux 222 138 180 128 293 144
nice 179 231 183 194 219 172
nantes 176 134 166 134 286 117
strasbourg 98 79 138 96 171 89
rennes 143 104 149 104 221 111
montpellier 188 133 168 130 266 155
orléans 106 95 130 91 181 112
figure 11Évolution des 1er et 9e déciles de prix des maisons entre 1998 et 2007
Source : données bien et Perval - traitements Paris-dauphine
39
2.2l’indiCe et le territoire : à lA reCherChe d’un indiCe spAtiAlanne LaFerrèrechercheur associé au centre de recherche en économie statistique
le travail présenté ici prend pour point de départ deux questions intuitivement simples. la première est toute naturelle. est-il possible de construire un indice spatial à partir des mêmes données et de la même méthode que celles des indices temporels notaires-insee ? la seconde question lui est liée. Si l’on s’intéressait aux valeurs comparées des localisations, serait-il possible de séparer, à partir de l’observation du prix global d’un bien, ce qui relève du prix de la structure bâtie et du prix du terrain ? acquérir un logement, c’est acquérir aussi bien une surface habitable, des prestations, qu’une localisation. or les indices notaires-insee mesurent pour l’instant l’évolution temporelle des prix d’un panier de logements de caractéristiques données, répartis sur l’ensemble du territoire. l’une des caractéristiques importantes d’un logement est sa localisation.
40
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
définir des indices spatiaux reviendrait à comparer la valeur d’un logement-type ou d’un panier de logements-type, d’un endroit du territoire à l’autre. de tels indices présentent une grande utilité en particulier par exemple pour l’étude des parités de pouvoir d’achat, des choix de mobilité résidentielle, ou de l’équilibre entre salaires, prix, coûts de transport, aménités, ou encore taxation.
distinguer le prix du bâti de celui de la localisation peut présenter un intérêt comptable – la terre ne se déprécie pas, le bâti est un bien durable qui se déprécie – que ce soit en comptabilité privée ou en comptabilité nationale, ou pour étudier par exemple les effets d’une nouvelle infrastructure de transport sur les prix locaux.
Le calcul des indices Notaires-Insee est basé sur l’estimation de modèles dits hédo-
niques. Ils font l’hypothèse que le prix global d’un logement se décompose de façon addi-
tive selon ses différentes caractéristiques. Ces modèles sont estimés au niveau de zones
supposées homogènes. Les sous-produits naturels de ces modèles sont les valeurs esti-
mées d’une maison de référence dans chaque zone. Nous cherchons donc à savoir s’il est
possible de calculer des indices spatiaux en aménageant à la marge ce qui est fait pour les
indices temporels.
Le modèle simplifié estimé ici est celui du prix des maisons. La maison de référence a deux
niveaux, est d’époque de construction inconnue, et comprend une salle de bain. L’année
considérée est 2007 et le modèle est estimé séparément pour l’Ile-de-France et la pro-
vince. Les zones géographiques retenues à titre d’exemple sont la région, le département
et des zones un peu inférieures au département en Ile-de-France. Ces zones pourront être
plus fines à l’avenir pour des résultats plus pertinents. Nous supposons que le prix d’une
maison se décompose de la façon suivante :
Prix = aZ HZ + bZTZ + ΣciZXiZ + eZ , Où H est la superficie du logement (en m2), T est la superficie du terrain (en m2), Xi un vec-
teur de caractéristiques i de la maison, dont sa date de construction. Toutes ces variables
sont croisées avec Z, une variable indicatrice de la zone (région, département...). Les para-
mètres inconnus aZ, bZ, ciz sont estimés à partir des données recueillies dans les bases
notariales.
L’indice spatial en ile-de-France
Les prix estimés de la maison de référence sont présentés en figures 1 et 2. En
petite couronne, la hiérarchie traditionnelle des prix entre départements est à peu près
conservée. Les prix les plus élevés étaient observés dans les Hauts-de-Seine, puis dans le
Val-de-Marne et enfin en Seine-Saint-Denis. Mais notons que Montreuil est plus cher que
Ivry ou Vitry-sur-Seine.
2.2.i
un indiceSPatial
41
L’indice et Le territoire : à La recherche d’un indice sPatiaL
En grande couronne, la hiérarchie des zones va de Versailles et Saint-Germain-en-Laye
(Yvelines) à Meaux ou Melun en Seine-et-Marne.
Si l’on considère l’ensemble de la région Ile-de-France, on observe que petite et grande
couronnes s’interpénètrent en termes de prix, la distance au centre n’étant pas le seul
critère de coût d’une maison.
(92) rueil-malmaison Boulogne Billancourt
(92) asnières-sur-seine
(92) issy-les-moulineaux
(92) colombes nanterre
(92) montrouge
(94) nogent Fontenay-sous-Bois
(94) saint-maur-des-Fossés
(94) villejuif vincennes charenton-le-Pont
(93) montreuil
(94) créteil maisons-alfort
(94) champigny-sur-marne
(93) rosny-sous-Bois villemomble
(93) noisy-le-grand
(94) ivry vitry-sur-seine
(93) aulnay-sous-Bois
(93) Pantin
(93) aubervilliers epinay-sur-seine
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
en milliers d’euros
(78) versailles
(78) saint-germain-en-Laye
(78) environs de versailles
(95) argentueil
(91) massy
(91) evry
(95) sarcelles
(78) elancourt rambouillet
(95) Franconville
(77) chelles Pontault-combault
(91) corbeil essonne
(77) Fontainebleau
(77) meaux melun
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
en milliers d’euros
figure 1
figure 2
42
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
L’indice spatial par région (hors ile-de-France)
La figure 3 présente les prix estimés moyens de la même maison de référence, pour
les différentes régions de France. Une hiérarchie nette se dessine avec la région PACA en tête,
suivie de Rhône-Alpes et à l’autre extrémité la région Champagne-Ardenne et le Limousin.
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Provence-alpes-côte-d’azur
rhône-alpes
Languedoc
alsace
aquitaine
midi-Pyrénées
Pays de la Loire
Bretagne
haute-normandie
Picardie
centre
nord-Pas-de-calais
Poitou-charentes
Bourgogne
Lorraine
Basse-normandie
Franche-comté
auvergne
champagne-ardenne
Limousin
en milliers d’euros
figure 3
43
L’indice et Le territoire : à La recherche d’un indice sPatiaL
carte des indices spatiaux par département
Le même exercice répété au niveau du département confirme que le Sud-Est de la
France, la région de Toulouse, les côtes et les régions frontalières (Bas-Rhin et Haut-Rhin),
présentent les indices spatiaux les plus élevés suivis des Alpes, de l’Ile-de-France, d’une
partie de la Bretagne et de la côte atlantique. Le centre de la France en revanche présente
de faibles indices spatiaux. Si on donne l’indice 1 à la Creuse, département au prix le plus
faible, l’indice est à 2,01 dans le Loiret, 2,08 dans l’Ain, 3,02 dans le Rhône, et on atteint 4,10
dans le Var, et 4,93 dans les Alpes-Maritimes, soit un écart de 1 à 5 entre les moyennes des
départements extrêmes de province. Mais on atteint l’indice 7,31 dans les Hauts-de-Seine,
soit un écart de plus de 1 à 7 pour la « même » maison (figure 4).
Le même exercice a été réalisé par unités urbaines sur les années 2000 et 2007. Les uni-
tés urbaines sont ici ordonnées selon leur prix estimé en 2007. En appliquant l’indice
Notaires-Insee de la zone au prix estimé de l’année 2000, on pourrait s’attendre à retrou-
ver le prix estimé 2007. Or le graphique fait apparaître d’importantes différences, ce qui
met en évidence la nécessité d’une réflexion plus poussée pour réconcilier indices spa-
tiaux et indices temporels (figure 5).
figure 4
carte des indices spaciaux
par département
PRIX ESTIMÉ MAISON 2007
92
672
93325
94413
750672
92
29 22
5635 53
50 14
61
27
76
72
4944
8579 86
37
36
41
45
28
7895
7791
60
80
6259
0208
51
10
89
55 57
54 67
6888
70 9
52
21
39
25
71
5818
1716
2387
037401
3873
431519
2433
4746
1248
07 26 05
040684
13 83
30
34
11
8140
64
32
65
31
82
09
66 2 b
2 a
0
0
453
376309
242215
217195
243238
237
247
183
241
133
244147
146149
193
152130
155
158
172232
198167
141
222130
141
204123 143
92
166 173277
191 328
138137
122
107121 108
135112166
166 186142213 174
174
168
207106120147
147184144124200
190
145158120
176 298380
257
304203
112
219163
181105178
114131
147
170
174
171
154
186139
694263
44
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
mesure de l’indice spatial par unité urbaine (2000 et 2007)
L’indice spatial estimé ici mesure le prix d’une localisation qui incorpore, outre la
valeur du terrain, l’effet de différentes variables de qualité des maisons qui sont omises
des modèles parce que non observées par les notaires, et qui peuvent être liées à la loca-
lisation. Ce prix incorpore aussi les variations locales du coût de construction, si par
exemple à caractéristiques données une maison de montagne est plus chère qu’une mai-
son de plaine. À partir de ce constat, nous nous sommes posé une seconde question : est-il
possible de séparer le coût du terrain du coût de la structure à partir de l’observation du
seul prix total et de son évolution dans le temps ?
Ce coût du terrain qui capitalise les aménités locales, le climat, la proximité des réseaux,
de l’emploi, des écoles, l’environnement, n’est véritablement observé qu’au moment de
l’achat d’un terrain nu pour construire une maison neuve ou pour lotir.
Le prix total d’une maison donnée se décompose alors comme suit à la date 0 :
Prix0 = a0H+b0T,où H est toujours la superficie de la maison, T la superficie du terrain (en m2), a
0 le prix/
m2 du bâti à la date 0, et b0 le prix/m2 du terrain à la date 0. En général pourront être
observés à cette date H, T, Prix0
et b0. Il est donc possible de calculer a
0 au moment même
de l’opération, ainsi que la part du terrain dans le coût total. Ensuite à une date ultérieure
la décomposition à partir de l’observation du prix de revente du bien est plus délicate. On
peut envisager plusieurs méthodes. Si on connaît a, le prix/m² d’un terrain nu en tous
points comparable, on peut en tirer b (méthode du « terrain nu »). Si on connaît b, un coût
de construction/m², on peut en tirer a (méthode du « coût de construction »).
2.2.2
SÉParer le Prix du terrain?
figure 5Évolution comparative des indices spatiaux par unité urbaine en 2000 et en 2007
1,08
1,06
1,04
1,02
1,00
0,98
0,96
0,94
0,92
0,90
mau
beug
e
rou
en
val
enci
enne
s
cal
ais
nan
tes
Bét
hune
toul
on
dun
kerq
ue
sai
nt-n
azai
re
dou
ai-L
ens
mar
seill
e-a
ix
mon
tpel
lier
Lille
tour
s
rei
ms
Bor
deau
x
cle
rmon
d-Fe
rran
d
dijo
n
Bre
st
orl
éans
nan
cy
ren
nes
toul
ouse
Lyon
gre
nobl
e
sai
ns-m
arti
n-de
-cra
u
nic
e
2007 2000 2000 actualisé
45
L’indice et Le territoire : à La recherche d’un indice sPatiaL
Autre possibilité, émettre une hypothèse sur la façon dont la valeur de la structure évo-
luera dans le temps. En admettant que le prix du terrain ne se dévalue pas, sauf cas excep-
tionnel, la construction se dévaluera, elle, selon un taux a donné de dépréciation linéaire
en fonction du temps. On a :
Prixt = a0 (1-αtH)+bt Tqui permet d’estimer b
t . L’observation de ventes successives du même bien permettrait
aussi d’extraire bt.
Enfin, dernière méthode, qui est celle que nous testons ici, reprendre l’équation hédo-
nique utilisée pour établir les indices temporels et interpréter az, b
z et c
z comme les prix
marginaux au m2 du bâti et du terrain.
Prix = az H * Z + b
zT* Z + Σc
izX
i * Z + e
z (modèle 1),
avec les mêmes notations.
Modèle 1 que nous comparons aussi au modèle 2 plus simple suivant :
Prix = az H * Z + b
zT* Z + e
z (modèle 2)
qui ne fait pas intervenir les caractéristiques des maisons autres que la superficie. Nous
testons aussi l’hypothèse de dépréciation ou appréciation différentielle des terrains et des
structures. S’il est vrai que le bâti se déprécie et non le terrain, une estimation de ce modèle
séparément pour chaque génération de maison selon leur date de construction, devrait
montrer une part du terrain en augmentation par rapport à celle du bâti au fil du temps.
en ile-de-France
Pour la région Ile-de-France (figure 6), le prix du m2 de structure en 2007 attein-
drait 2 174 euros le m2 en Seine-et)Marne et 4 513 euros le m2 dans les Hauts-de-Seine. Les
prix du terrain seul semblent cependant faibles : 6 euros du m2 en Seine-et-Marne, un peu
plus de 100 dans les Hauts-de-Seine et 74 en Val-de-Marne. On observe bien une augmen-
tation du prix du terrain d’un département à l’autre, mais l’ordre de grandeur du prix au
m² semble peu vraisemblable.
Il est possible qu’une estimation conduite à un niveau géographique plus fin permette
d’obtenir de meilleurs résultats.
figure 6estimation des prix/m2 de la structure et du terrain (Île-de-france)
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0seine et marne
yvelines essonne val d’oise val-de-marne
seine st denis
hauts de seine
2174
3280
2503 2551
3360
2317
4513
6
1823
38
74
€/m
2 ou
%
Prix/m2 structure Prix/m2 terrain Part du terrain Prix/100
46
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
en province
La même estimation des prix de la structure et du terrain par région (hors Ile-
de-France) conduit à un prix du m2 de structure qui va de 1 000 euros du m² en Limou-
sin, 1 500 en Haute-Normandie, un peu moins de 2 000 en Alsace, à 3 000 euros du m² en
région PACA (figure 7). En revanche le prix estimé du m2 de terrain est parfois nul voir
négatif ce qui pose à nouveau la question de la validité de ce modèle.
Les résultats (non reportés ici) obtenus selon le modèle 2 (sans contrôler les caractéris-
tiques des maisons) sont très voisins.
en fonction de l’ancienneté du logement
Une tentative d’estimation de la part du terrain dans le coût du logement selon
la date de construction (figure 8) ne fournit pas les résultats escomptés. On s’attendrait
à observer une croissance de la part du terrain des maisons les plus anciennes aux plus
récentes. Mise à part la région Rhône-Alpes pour laquelle la part du coût du terrain aug-
mente avec l’ancienneté du bien, ce qui est compatible avec un vieillissement de la struc-
ture (passant en l’occurrence de 1 à 4%), les résultats sont là encore peu concluants.
figure 7 estimation des prix/m2 de la structure et du terrain (province)
aqu
itai
ne
Poi
tou-
cha
rent
es
Pay
s de
la L
oire
Bre
tagn
e
Bas
se-n
orm
andi
e
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mpa
gne-
ard
enne
Bou
rgog
ne
Lim
ousi
n
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i-P
yrén
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tre
hau
te-n
orm
andi
e
Lorr
aine
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ace
Pic
ardi
e
nor
d-P
as-d
e-c
alai
s
Fra
nche
-com
té
rhô
ne-a
lpes
Lang
uedo
c
Pa
ca
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
30
25
20
15
10
5
0
€/m
2 st
ruct
ure
€/m
2 ou
%
Prix/m2 structure Prix/m2 terrain Part du terrain
47
L’indice et Le territoire : à La recherche d’un indice sPatiaL
De nos deux intuitions de départ, le calcul d’indices spatiaux et l’estimation de la
part du terrain dans la valeur d’une maison, seule la première semble prometteuse. Sous
réserve de parvenir à réconcilier indices spatiaux et indices temporels et de travailler
sans doute dans les mêmes zones de prix homogènes des indices temporels (soit 200 à
300 zones, auxquelles il faudrait peut-être ajouter les quartiers pris en compte dans les
modèles), il semble possible à relativement court terme de systématiser les comparaisons
de niveau de prix déjà effectuées par le notariat. En revanche, il est plus délicat d’extraire
le prix du terrain du prix global d’un logement. Le travail pourrait sans doute avantageu-
sement être complété par les informations dont dispose le notariat sur les transactions de
terrains à bâtir.
2.2.3
concluSion
figure 8 Part du terrain selon la date de construction
logements les plus récents (après 1992)
logements moins récents (1981-1992)
logements avant 1948
7
6
5
4
3
2
1
0
cha
mpa
gne-
ard
enne
Pic
ardi
e
hau
te-n
orm
andi
e
cen
tre
Bas
se-n
orm
andi
e
Bou
rgog
ne
nor
d-P
as-d
e-c
alai
s
Lorr
aine
als
ace
Fra
nche
-com
té
Pay
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la L
oire
Bre
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Poi
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cha
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es
aqu
itai
ne
mid
i-P
yrén
ées
Lim
ousi
n
rhô
ne-a
lpes
auv
ergn
e
Lang
uedo
c
Pa
ca
49
34 à 49% des personnes interrogées au cours des trente dernières années (source credoc) ont déclaré que leurs dépenses de logement constituent une « lourde charge », une « très lourde charge » voire une « charge à laquelle ils ne peuvent faire face ». en effet, sur cette même période, le prix réel des logements anciens a été multiplié par deux (en euros constants), tandis que les loyers réels progressaient de 30% (source caS). dans ce contexte, il nous a semblé légitime de nous interroger sur les raisons de ce constat. nous nous pencherons sur les éléments constitutifs du prix de revient d’un logement neuf, de son coût de construction et enfin nous évaluerons l’impact des nouvelles normes sur ces différents coûts.
2.3le Coût des nouvelles normesJean-Pierre Bardysous-directeur de la qualité et du développement durable dans la construction, dgaL/dhuP
50
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Le prix d’un logement est la somme du prix du bâti et de celui du foncier. Dans le
prix du bâti, il convient de distinguer le coût de construction des différents honoraires
(frais d’ingénierie, promoteurs, notaires, assurances, marges).
En 2010, les éléments constitutifs du prix de revient d’un logement étaient : coûts de
construction (52%), foncier (17%), honoraires (ingénierie, promoteurs, notaires, assu-
rances, etc., 22%) et les marges (9%) (source : Fédération française du bâtiment).
Sur la période 1990 à 2007 (cf. graphique ci-après), le prix des logements neufs a aug-
menté bien plus rapidement que le coût de la construction : alors que la hausse annuelle
est de l’ordre de 5,9% pour le prix des maisons, de 5,5% pour le prix des appartements,
celle du coût de construction est seulement de l’ordre de 3,4%.
2.3.1
ÉlÉmentS conStitutifS du Prix de revient d’un logement
240
220
200
180
160
140
120
100
80
Base 100 en 1990
source : insee
199
0
199
1
1992
1993
199
4
199
5
199
6
1997
199
8
199
9
200
0
200
1
200
2
200
3
200
4
200
5
200
6
2007
Prix des maisonsPrix des appartements (au m2)coût de la construction
51
Le coût des nouveLLes normes
évolution des coûts des éléments constitutifs du coût de construction sur les dix dernières années (source indice Bt01)
Les coûts de construction peuvent se répartir de la façon suivante : coût des maté-
riaux, salaires et charges, matériel, transports, énergie, frais divers (les marges sont ici
intégrées dans les différentes rubriques).
Postes répartition évolution sur les 10 dernières années
matériaux 43 % + 71 %
Salaires et charges 32 % + 39,7 %
matériel 4 % + 22,2 %
transports 3 % + 28,2 %
Énergie 3 % + 60 %
frais divers 15 % + 9,7 %
bt 01 100 % + 43,3 %
S’il est difficile d’identifier un seul élément principalement responsable de l’augmenta-
tion du coût de construction, notons que les coûts de l’énergie forment une part margi-
nale mais ont fortement évolué lors des 10 dernières années (60%).
Il est déterminant de bien distinguer les normes non réglementaires des réglementa-
tions techniques issues de la puissance publique. Souvent un amalgame est réalisé entre
ces deux types textes. Les normes non réglementaires (par exemple, les documents tech-
niques unifiés de mise en œuvre des produits de construction) résultent d’un consensus
entre professionnels et acquièrent un caractère quasi-obligatoire du fait des responsabili-
tés engagées par une entreprise ne respectant pas ces normes.
a) normes réglementaires
Parmi les réglementations techniques pouvant avoir un impact sur le coût de la construc-
tion, citons les réglementations thermiques, la réglementation sismique qui ne s’applique
que dans une partie du territoire française, ou encore la réglementation relative à l’ac-
cessibilité des personnes handicapées. Il a été évalué, que le surcoût cumulé des régle-
mentations introduites entre 1990 et 2005 (sismique, acoustique, thermique, électricité)
s’élevait à 2,7% du prix des maisons (hors terrain) et 3,8% du prix des immeubles collectifs
(hors terrain) (source CSTB, 2005).
Cette question du coût étant de plus en plus sensible, une évaluation systématique de
l’impact de chaque nouvelle réglementation technique a été mise en place.
2.3.2
Évaluation de l’imPact deS nouvelleS normeS
52
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
b) un exemple de la rt 2012
Outre le surcoût lié au matériau lui-même, le surcoût lié à l’application de la RT
2012 a été estimé sur la base des descriptifs de bâtiments réels, en cours de construction
ou déjà construits et de milliers de simulations réalisées par des bureaux d’études experts
de l’application de la réglementation thermique. Ce surcoût est estimé entre 5 à 7,5% à
l’horizon 2013.
Les premières réalisations de bâtiments BBC permettent d’observer une diminution pro-
gressive de ces surcoûts. En effet, certains maîtres d’ouvrages de bâtiments tertiaires ou
résidentiels affirment déjà que leurs opérations n’ont pas engendré de surcoûts. L’offre
croissante de produits de construction de plus en plus performants, la généralisation de
l’optimisation des dispositions constructives mises en œuvre et, de manière générale les
effets d’apprentissage devraient confirmer cette tendance.
Enfin, l’application de la réglementation thermique augmente certes le coût à la construc-
tion, mais une évaluation à long terme fait apparaître que l’investissement est rapide-
ment rentabilisé : le gain sur 20 ans est estimé à 5 000€ en habitat collectif et 15 000€ en
individuel, sur la base d’une augmentation de 3 à 4% par an du coût de l’énergie.
c) normes non réglementaires
L’impact de ces normes sur le coût de construction est encore largement méconnu
aujourd’hui, aucune évaluation systématique n’étant faite.
La forte contribution du coût de foncier dans le prix de revient d’un logement ainsi
que l’augmentation de nombreux paramètres constitutifs du coût de la construction non
liés aux nouvelles réglementations, font des nouvelles normes un facteur secondaire de
l’augmentation des coûts. Dans les prochaines années, la mise en place d’une évaluation
systématique de l’impact des nouvelles réglementations permettra d’affiner les résultats
obtenus.
2.3.3
concluSion
55
2.4ACCession à lA propriété et AugmentAtion des prix et des loyers depuis vingt Ans : impACt sur les ménAges
catherine rougerie,chef de la division logement, insee
56
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Cette étude s’appuie sur les enquêtes Logement de 1984, 1996 et 2006, menées par
l’Insee. Les mentions entre crochets renvoient aux travaux cités (cf. références en fin de
chapitre).
Les enquêtes Logement renseignent notamment sur les accédants récents, c’est-à-dire
les ménages qui ont accédé à la propriété dans les quatre années précédant chaque
enquête. Le nombre de logements achetés en moyenne est indiqué dans le tableau ci-
après (figure 1).
Si l’on observe la part de ces achats dans le parc immobilier total, on mesure l’effet des
politiques en faveur de l’accession à la propriété (prêts d’accession à la propriété et exten-
sion des aides au logement) de la fin des années 70 et leur impact important sur le nombre
d’achats des années 1980-1984 (qui représentent 2,1% du parc total). Le flux se restreint
ensuite dans les années 90 (1,7% entre 1989 et 1996) pour reprendre dans les années
2000 avec 2,3% du parc total qui s’échangent par an, de 2002 à 2006 (figure 1).
Bien qu’intervenant dans un contexte de forte hausse des prix de l’immobilier (cf. plus
bas), la reprise après 2000 a été rendue possible par davantage d’acquisitions dans les
zones rurales (29% sur 2002-2006 contre 25,5% au début des années 1990), une plus
grande sélectivité des emprunteurs (moins de ménages modestes, davantage de couples
bi-actifs ou bien insérés), une baisse des taux d’intérêt pour les emprunts et un allonge-
ment des durées de prêts (+3 ans pour les ménages de moins de 40 ans et +2 ans pour les
ménages plus âgés) [Briant, 2010-1].
1980-1984 1989-1992 1993-1996 2002-2006
nombre d’achats en moyenne annuelle (en milliers) 423 391 416 612
Part dans le parc total (résidences principales) 2,1 % 1,7 % 1,8 % 2,3 %
dont achat dans l’ancien sans crédit 9,7 % 11,5 % 10,6 % 10,5 %
achat dans le neuf sans crédit 4,5 % 3,3 % 2,9 % 5,1 %
achat dans l’ancien à crédit 32,6 % 51,4 % 57,2 % 57,5 %
achat dans le neuf à crédit 53,2 % 33,8 % 29,6 % 26,8 %
Entre 1980 et 1984, 423 000 logements sont achetés par an soit environ 2% du parc
des résidences principales ; 9,7% des achats se sont faits dans l’ancien sans crédit (en
moyenne chaque année). Les achats des ménages se décomposent comme suit : les achats
sans crédit qui représentent 10 à 11% dans l’ancien et 4 à 5% dans le neuf , les achats à
crédit dans l’ancien, dont la part évolue de 33% au début des années 80 à près de 60%
dans la première moitié des années 2000 et les achats à crédit dans le neuf qui suivent un
mouvement inverse.
2.4.1
leS conditionS de l’acceSSion à la ProPriÉtÉ dePuiS 1984
figure 1 acquisition de la résidence principale
Source enquêtes logement/champ : france métropolitaine.
57
accession à La ProPriété et augmentation des Prix et des Loyers dePuis vingt ans: imPact sur Les ménages
1984 1996 2006 2011
Propriétaires 51,9 % 55,1 % 57,2 % 58,3 %
non accédants 27,5 % 32,8 % 37,6 % 39,9 %
accédants 24,4 % 22,3 % 19,6 % 18,4 %
Locataires d’un local loué vide (y compris sous-locataires) 40,6 % 39,9 % 39,2 % 38,8 %
autres (meublés, logés gratuit, fermiers, métayers) 7,6 % 5,0 % 3,6 % 2,8 %
ensemble des résidences principales (en milliers) 20364 23286 26047 27436
Le taux des propriétaires a augmenté régulièrement : de 52 % en 1984 à 57% en 2006 et
58% pour l’estimation de 2011. Dans cet ensemble, on note une progression des non-accé-
dants de 27,5 % en 1984 à près de 40 % en 2011 et symétriquement une baisse de la pro-
portion des accédants (de 24,4 % en 1984 à 18,4 % en 2011). Les locataires représentaient
quant à eux un peu plus de 40,6 % en 1984 et ne sont proportionnellement pas moins
nombreux en 2011 (38,8 %). L’ajustement s’est fait sur les statuts d’occupation particu-
liers, qui tendent à se restreindre : les meublés, occupants logés gratuitement, fermiers,
métayers…(figure 2)
Rappelons les taux de propriétaires dans les autres pays d’Europe. Ils sont plus élevés en
Espagne, Grèce, Portugal, Italie : plus de 70% (chiffres de 2007) et en revanche plus faibles
en Allemagne (46%).
Il faut également signaler que si la proportion des locataires n’a pas beaucoup diminué,
leur composition a changé : le revenu moyen des locataires représentait 80% de celui des
propriétaires en 1984, et seulement 63% en 2006. La catégorie des locataires est donc
constituée de ménages qui ont des revenus de plus en plus faibles en proportion du reste
de la population. Dans le premier quartile de niveau de vie (les 25% de ménages les plus
modestes), ils étaient plutôt âgés, alors que leur âge a rejoint la moyenne depuis 1996.
L’accession a la propriété est devenue plus difficile pour les ménages modestes et les
ménages jeunes.
Dans les années 1980, les prix ont augmenté au même rythme que les revenus
(calculs Jacques Friggit, cf. site du CGEDD) et les loyers ont connu un ralentissement rela-
tivement régulier de leur augmentation jusque dans les années 2000 (8% en rythme
annuel en début de période, 2% à la fin des années 1990).
Depuis les années 1990, nous disposons des indices Notaires-Insee sur les logements
anciens. Entre 1996 et 2010, la hausse du prix des logements anciens décroche fortement
du revenu disponible (figure 3). Les loyers augmentent moins rapidement que le revenu
disponible et que l’indice des prix [Rougerie, Friggit, 2010 et Gallot, Leprévost, Rougerie,
2011]. À noter qu’il s’agit d’évolutions moyennes d’une part, et qui, d’autre part, ne tiennent
pas compte des améliorations de la qualité et du confort qui ont été apportées au parc des
figure 2 répartition des résidences principales par statut d’occupation
Source compte Satellite du logement /Parc au 1er janvier ; estimation pour 2011/champ : france métropolitaine
2.4.2
leS dÉPenSeS de logement occuPent une Part croiSSante du revenu deS mÉnageS
58
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
logements puisque les indices de prix et de loyers sont mesurés à qualité constante. Ces
évolutions moyennes recouvrent des impacts très différents selon les ménages.
Le taux d’effort en logement, qui rapporte les dépenses en logement au revenu du ménage,
permet en partie d’évaluer ces effets de différenciation (figures 4 et 5).
Les dépenses incluent les loyers pour les locataires, les remboursements d’emprunt pour
les accédants, les charges collectives et les consommations d’énergie et d’eau. La variation
du taux d’effort net médian est considérée en regard des quartiles de niveau de vie (numé-
rotés de 1 à 4 sur les graphiques), pour quatre catégories de ménages : les propriétaires
non-accédants, les accédants, les locataires du secteur libre et ceux du secteur social. Le
niveau de vie du ménage, c’est-à-dire son revenu divisé par le nombre de ses unités de
consommation, permet de tenir compte des économies d’échelle réalisées à mesure que
le nombre de personnes augmente.
figure 3Évolution des prix, loyers et revenus entre 1996 et 2010
Source indices notaires-insee, enquête loyers et charges, iPc, comptes nationaux
figure 4 taux d’effort net médians par statut d’occupation et quartile de niveau de vie
Source enquêtes logement champ : france métropolitaine
Prix à la consommation Prix des logements anciensLoyers (ensemble) revenu disponible par unité de consommation
220
200
180
160
140
120
100
801996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
454035302520151050
propriétairesnon accédants
accédants locataires libre locataires social
59
accession à La ProPriété et augmentation des Prix et des Loyers dePuis vingt ans: imPact sur Les ménages
Le taux d’effort médian dans l’ensemble de la population a augmenté de 4,6 points en une
vingtaine d’années, ce qui constitue une évolution modérée si l’on considère que le parc
de logements s’est considérablement amélioré en qualité dans le même temps : on peut
rappeler qu’en 1984, les résidences principales qui n’avaient pas le confort de base, c’est-
à-dire l’eau courante, les WC intérieurs et une installation sanitaire, représentaient 15% de
l’ensemble. En 2006, il étaient 1,3%. Il y a donc eu une amélioration nette des conditions
de confort pour les ménages disposant d’un logement, qui s’est forcément traduite dans
les prix. Cependant, l’impact de ces hausses a eu des effets fortement différenciés selon
les catégories de ménages.
Les ménages du premier quartile de niveau de vie forment les 25% des ménages les plus
modestes. Ce sont eux qui ont connu la plus forte augmentation du taux d’effort (plus de
20 points supplémentaires), principalement entre 1984 et 1996, années de réalisation des
enquêtes Logement.
Du point de vue des statuts d’occupation, ce sont les locataires du secteur libre qui ont
connu la plus forte augmentation en une vingtaine d’années (plus de 10 points supplé-
mentaires).
L’augmentation du poids des dépenses des ménages les plus modestes a été analysée par
l’Insee sur la période 1996-2006 [Briant, 2010-2]. Pour les accédants, elle s’explique par la
forte montée des prix de l’immobilier des années 2000 et par une diminution de la part
des ménages bénéficiaires d’aides au logement (de 59 à 37 %). Pour les locataires sociaux,
l’alourdissement est lié à une progression faible de leur revenu moyen, en partie parce
que la proportion de locataires modestes a augmenté dans le parc social. Enfin, pour les
locataires du secteur privé, c’est la forte augmentation du loyer moyen qui explique l’aug-
mentation (42% contre 28% pour les ménages plus aisés).
Quant aux facteurs qui expliquent la hausse des loyers de ces ménages modestes, ils
incluent un effet-prix semblable à celui des autres ménages, auquel il faut ajouter une
amélioration du confort moyen : une augmentation de la surface des logements et une
amélioration d’éléments de qualité comme le confort sanitaire de base, la diffusion du
chauffage central, un équipement électrique de meilleure qualité, etc.
Ces évolutions demanderaient à être analysées également entre 1984 et 1996, ce qui n’a
pas été fait pour le moment.
figure 5 Évolution des taux d’effort
entre 1984 et 2006
Source enquêtes logementchamp : france métropolitaine
propriétairesnon accédants
accédants locataires libre locataires social
25
20
15
10
5
0
-5
60
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
La figure 6 décrit la transformation de la distribution des accédants récents entre
le début et le milieu des années 2000. Sur cette période de forte hausse des prix, les évolu-
tions sont très rapides : en proportion, les ménages du premier quartile de niveau de vie
représentaient à la fin des années 90 un peu moins de 9% des accédants récents et sont
passés à 6% au milieu des années 2000. Ce sont les ménages des deux quartiles de niveau
de vie supérieurs qui progressent, soit 50% des ménages qui constituent les trois quarts
des accédants récents du milieu des années 2000.
Et en effet, ceci est une conséquence directe de la hausse des prix et de leurs évolutions
comparativement aux revenus : l’achat de la résidence principale représente en moyenne
pour un ménage 4,2 années de revenus, contre 3,1 au milieu des années 90 (enquête Loge-
ment 1996, portant sur les achats réalisés entre 1993 et 1996) ; l’apport personnel est
passé de 38,9% à 33,9% et le montant de l’emprunt représente de 1,9 à 2,8 années de
revenu [Briant, 2010-1].
distriBution des accédants récents
1997-2001 2002-2006
niveau de vie 1er quartile 8,7 % 6,3 %
2e quartile 20,1 % 19,5 %
3e quartile 31,8 % 33,5 %
4e quartile 39,4 % 40,7 %
ensemble 100 % 100 %
Les ménages du 1er quartile de niveau de vie forment 25% de l’ensemble des ménages
mais 6,3 % des accédants récents entre 2002 et 2006.
Quant aux primo-accédants, c’est-à-dire ceux qui achètent pour la première fois leur rési-
dence principale (figure 7), leur part dans l’ensemble des ménages qui achètent leur rési-
dence principale baisse en quelques années de 66 % à 60%. Elle baisse quelle que soit la
tranche de niveau de vie et dans toutes les zones d’achat, mais plus particulièrement à
Paris. En 2006, en comparaison avec 2002, les accédants récents ont acheté dans les com-
munes rurales et beaucoup moins à Paris.
Au total, on constate un recul de l’accession pour les ménages de la moitié inférieure des
niveaux de vie et un accès à la propriété plus tardif en 2006 qu’en 1984 : le taux de pro-
priétaires baisse chez les ménages de moins de 65 ans, alors qu’il augmente dans toutes
les tranches d’âge pour les deux quartiles de niveau de vie supérieurs.
2.4.3
une reStriction de l’acceSSion Pour leS mÉnageS leS PluS modeSteS
figure 6 distribution des accédants selon le niveau de vieSource : enquêtes logement.
61
accession à La ProPriété et augmentation des Prix et des Loyers dePuis vingt ans: imPact sur Les ménages
Part des Primo-accédants
1997-2001 2002-2006
niveau de vie 1er quartile 76,8 % 68,0 %
2e quartile 75,5 % 61,1 %
3e quartile 70,1 % 66,6 %
4e quartile 56,3 % 52,7 %
Localisation unité urbaine de Paris 71,5 % 58,4 %
unités urbaines de 100 000 hab. et plus
65,9 % 57,9 %
unités urbaines de moins de 100 000 hab.
63,9 % 58,5 %
communes rurales 65,8 % 64,2 %
ensemble 66,3 % 60,0 %
Si le taux de propriétaires augmente au fil des années, ceci s’explique en grande
partie par le vieillissement général de la population. En revanche, la part des propriétaires
diminue chez les moins de 40 ans ainsi que chez les ménages les plus modestes, entre
1984 et 2006.
On constate également une concentration des locataires dans le premier quartile de
niveau de vie. Les taux d’effort s’alourdissent sous l’effet combiné de l’amélioration du
parc immobilier (dans les années 1980-1990) et de la montée des prix dans les années
2000.
Enfin, la primo-accession connaît un net ralentissement dans les années 2000.
figure 7Part des primo-accédants en proportion des accédants
Source enquêtes logementchamp : france métropolitaine
2.4.5
concluSion
- P. gallot, é. Leprévost, c. rougerie, « Prix des logements anciens et loyers entre 2000 et 2010 », Insee Première, mai 2011.- P. Briant (1), « l’accession à la propriété dans les années 2000 », Insee Première, mai 2010.- J. Friggit, c. rougerie, « Prix des logements anciens : dans les années 2000, ils ont augmenté beaucoup plus vite que les loyers et les revenus », Insee Première, mai 2010.- P. Briant (2), « les inégalités face au coût du logement se sont creusées entre 1996 et 2006 », France, portrait social, Édition 2010.
référenCes bibliogrAphiques
63
2.5le finAnCement des primo-ACCédAntsFrançois de ricoLFis directeur général de la société de gestion du Fonds de garantie de l’accession sociale à la propriété (sgFgas)
en raison de son rôle auprès de l’État consistant à gérer les prêts à l’accession sociale (PaS) et les différents dispositifs de prêt à taux zéro, la SgfgaS dispose depuis 1996 d’informations très complètes sur une partie du marché immobilier, en particulier les informations relatives aux primo-accédants, dans le neuf et sous condition de ressources principalement. dans cette période marquée par des prix globalement à la hausse et une politique publique active d’aide à la pierre, il nous a semblé intéressant de montrer comment cette partie du marché avait évolué depuis la création de la SgfgaS et l’existence du prêt à taux zéro, et d’étudier l’évolution des plans de financement. les données présentées ici font partie d’un travail mené avec l’anil, étude publiée en juin et actualisée pour les besoins de cette intervention. les plans de financement permettent de voir l’évolution de trois données : la durée des prêts, leur taux d’intérêt et le montant de l’apport personnel (celui-ci étant obtenu indirectement par déduction de la part de la dette dans le plan de financement). l’analyse qui suit présente leur évolution sous diverses perspectives et s’appuie sur l’observation de plus de 200 000 opérations par an (et plus de 300 000 pour l’année 2011).
64
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
S’il semble difficile de voir une corrélation simple entre les taux d’intérêt et la durée
des prêts sur la période considérée (figure 1), on observe néanmoins une très forte progres-
sion de la durée des prêts principaux (+ 50 mois soit + 22%) accompagnée d’une faiblesse rela-
tive des taux d’intérêt (compris entre 3,5 et 5%). La durée maximale du prêt principal semble
cependant avoir atteint un plafond compris entre 270 et 280 mois depuis l’année 2009.
Les prix et les taux d’intérêt augmentent sur la période 2005-2008, les durées accom-
pagnent cette augmentation, avant de plafonner en 2008, période de crise pendant
laquelle prix et durées baissent légèrement alors que les taux d’intérêt restent constants.
À partir de 2009 le marché reprend, les taux d’intérêt baissent à nouveau pour atteindre
leur niveau historiquement bas tandis que les durées n’évoluent pas. Ainsi, certaines cor-
rélations commencent à apparaître lorsque l’on considère durée des prêts, taux d’intérêt
et prix du marché dans leur ensemble.
290 (mois)
280 (mois)
270 (mois)
260 (mois)
250 (mois)
240 (mois)
230 (mois)
220 (mois)
210 (mois)
200 (mois)
200
51
200
52
200
53
200
54
200
61
200
62
200
63
200
64
2007
1
200
72
200
73
2007
4
200
81
200
82
200
83
200
84
200
91
200
92
200
93
200
94
2010
1
2010
2
2010
3
2010
4
2011
1
2011
2
durée du prêt principal (seuls Ptz + éligibles au nPtz)durée du prêt principal (seuls Ptz + non éligibles au nPtz)taux nominal du prêt principal (seuls Ptz + éligibles au nPtz)taux nominal du prêt principal (seuls Ptz + non éligibles au nPtz)
239 (mois)
238 (mois)
6,5
6
5,5
5
4,5
4
3,5
trimestre d’émission
figure 2Évolution comparée de la durée totale et du taux nominal du prêt principal et des prix des logements (indice insee des prix des logements anciens)
Seuls sont pris en compte les prêts principaux à taux fixe, neuf et ancien confondus
140
135
130
125
120
115
110
105
100
200
51
200
52
200
53
200
54
200
61
200
62
200
63
200
64
2007
1
2007
2
2007
3
2007
4
200
81
200
82
200
83
200
84
200
91
200
92
200
93
200
94
2010
1
2010
2
2010
3
2010
4
2011
1
2011
2
6,5
6
5,5
5
4,5
4
3,5
durée du prêt principal (seuls Ptz + éligibles au nPtz) base 100 au 1er trimestre 2005 : 229 moisdurée du prêt principal (seuls Ptz + non éligibles au nPtz) (même base)indice insee des prix des logements ancienstaux nominal du prêt principal (seuls Ptz + éligibles au nPtz)taux nominal du prêt principal (seuls Ptz + non éligibles au nPtz)
trimestre d’émission
2.5.1
Prix du marchÉ immobilier, durÉeS et taux d’intÉrêt deS PrêtS
figure 1Évolution de la durée totale et du taux nominal du prêt principal
Seuls sont pris en compte les prêts principaux à taux fixe, neuf et ancien confondus
65
Le Financement des Primo-accédants
Trois observations principales ressortent de cette évolution qui concerne ici des
durées de prêt plus longues : une forte progression des durées de prêt qui augmentent
de plus de 50%, une importante baisse des taux d’intérêt sur la période passant d’environ
7 à 8%, à 3% et enfin des évolutions partagées sans discrimination selon les tranches de
revenu.
figure 3Ptz : Évolution des durées (échelle de gauche) et des taux (échelle de droite, rond creux) des prêts principaux libres ou éligibles au marché hypothécaire à taux fixe selon 5 tranches (Déclarations reçues au 30/09/2011)
7,5
7
6,5
6
5,5
5
4,5
4
3,5
199
61
1997
1
199
81
199
91
200
01
200
11
200
21
200
31
200
41
200
51
200
61
2007
1
200
81
200
91
2010
1
2011
1
290 (mois)
270 (mois)
250 (mois)
230 (mois)
210 (mois)
190 (mois)
170 (mois)
durée tranche 1 durée tranche 2 durée tranche 3 durée tranche 4 durée tranche 5taux nominal tranche 2
taux nominal tranche 1
taux nominal tranche 3
taux nominal tranche 4
taux nominal tranche 5
trimestre d’émission
2.5.2
durÉeS, taux d’intÉrêt deS PrêtS et trancheS de revenu
66
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
2.5.3
durÉeS, taux d’intÉrêt deS PrêtS et quartileS de revenu
durée moyenne des prêts principaux accompagnant les Ptz par quartile de revenu
L’analyse a été ici affinée par unité de consommation, c’est-à-dire en introduisant
la composition du ménage. La tranche la plus aisée (quatrième quartile), au sein de cette
population moyennement aisée, dispose d’un apport personnel plus important : les opé-
rations immobilières sont financées par un prêt à un taux d’intérêt identique mais une
durée de crédit un peu moindre.
199
61
1997
1
199
81
199
91
200
01
200
11
200
21
200
31
200
41
200
51
200
61
2007
1
200
81
200
91
2010
1
2011
1
290 (mois)
270 (mois)
250 (mois)
230 (mois)
210 (mois)
190 (mois)
170 (mois)
trimestre d’émission1er quartile 3ème quartile2ème quartile 4ème quartile
figure 4
67
2.5.4
croiSSance du taux d’endettement
Le Financement des Primo-accédants
a) dans le neuf
Rappelons que l’apport personnel est ici estimé de façon indirecte et que le prix
considéré est un prix hors impôt, frais de notaire, taxes et autres.
L’étude de l’évolution de l’apport personnel, troisième variable du plan de financement,
met en évidence un doublement de la part du PTZ en 2009 et une forte augmentation
du pourcentage des prêts pour lesquelles la part de la dette représente au moins 100%
de l’opération, passant d’environ 13% en 2005 à 35% en 2011. Ceci indique une moindre
exigence des prêteurs sur l’apport personnel : après avoir joué sur les facteurs des durées
et taux d’intérêt du crédit, les banques utilisent la dernière source d’assouplissement du
financement, le taux d’endettement. Cette tendance assez forte est corrélée à la crise :
ainsi, après 2009, la part des dettes augmente de nouveau, les banques relâchent leurs
exigences sur l’apport personnel, la part des emprunts avec fort taux d’endettement aug-
mente tout en restant dans la contrainte de ratio de mensualité/revenu de 33%.
199
61
1997
1
199
81
199
91
200
01
200
11
200
21
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31
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41
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51
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2007
1
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81
200
91
2010
1
2011
1
quotité prêt à 0 %quotité autres prêts3ème quartile1er quartilemédianeendettement totalPourcentage de prêts dont le taux d’endettement est > 100 % en prenant les Ptz + éligibles au nPtz (échelle de droite)Pourcentage de prêts dont le taux d’endettement est > 100 % (Ptz + non éligibles au nPtz, échelle de droite)
0,42
0,37
0,32
0,27
0,22
0,17
0,12
110 %
100 %
90 %
80 %
70 %
60 %
200
51
200
53
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61
200
63
2007
1
2007
3
200
81
200
83
200
91
200
93
2010
1
2010
3
2011
1
trimestres
figure 5moyenne du taux d’endettement ( à plus de 2 ans ) dans le neuf
68
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
b) dans l’ancien
La même observation peut être faite dans l’ancien, avec une tendance identique à
la hausse de la dette dans le financement des opérations.
La part des opérations pour lesquelles la part de la dette représente au moins 100% de
l’opération est en forte augmentation, passant de 17 à 42%.
a) dans le neuf
Nous avons déjà eu l’occasion de souligner l’effet accommodant des taux, des
durées et de l’apport personnel. L’amélioration des conditions de financement, en parti-
culier l’allongement de la durée du crédit, a permis aux emprunteurs de faire face à une
augmentation des prix très forte dans le neuf (supérieure à 60%).
0,5
0,45
0,4
0,35
0,3
0,25
0,2
0,15
110 %
100 %
90 %
80 %
70 %
60 %
200
51
200
53
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63
2007
1
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3
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83
200
91
200
93
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1
2010
3
2011
1
trimestres
quotité prêt à 0 %quotité autres prêts3ème quartile1er quartilemédianeendettement totalPourcentage de prêts dont le taux d’endettement est > 100 % en prenant les Ptz + éligibles au nPtz (échelle de droite)Pourcentage de prêts dont le taux d’endettement est > 100 % (Ptz + non éligibles au nPtz, échelle de droite)
figure 6moyenne du taux d’endettement ( à plus de 2 ans ) dans l’ancien
2.5.5
SynthèSe de l’Évolution deS PlanS de financement
69
Le Financement des Primo-accédants
b) dans l’ancien
Le même constat peut être établi dans l’ancien, sur une période plus courte cette fois, les
bases de données ne commençant qu’en 2005.
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
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61
199
63
1997
1
1997
3
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81
199
83
199
91
199
93
200
01
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03
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13
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21
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23
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33
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41
200
43
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51
200
53
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63
2007
1
2007
3
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81
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91
200
93
2010
1
2010
3
2011
1
montant Ptz initial (1er trimestre 1996)autre prêts initiaux (1er trimestre 1996)variation des autres prêts rendues possible par celle des taux d’intérêtapport personnelmontant d’opération (base 100 : 1er trimestre 1996)
variation montant Ptzvariation des autres prêts rendue possible par celle de la duréevariation résiduelle montant des autres prêtsaide de taux en provenance du Ptz
trimestre d’émission
figure 7Ptz éligibles au nPtz : décomposition de l’évolution du montant d’opération Prêts principaux libres ou éligibles au marché hypothécaire à taux fixe dans le neuf
figure 8Ptz éligibles au nPtz (Ptz + réduits à cette seule sous-population) : décomposition de l’évolution du montant d’opération Prêts principaux libres ou éligibles au marché hypothécaire à taux fixe dans l’ancien
140
120
100
80
60
40
20
0
200
51
200
52
200
53
200
54
200
61
200
62
200
63
200
64
200
71
2007
2
2007
3
2007
4
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81
200
82
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200
84
200
91
200
92
200
93
200
94
2010
1
2010
2
2010
3
2010
4
2011
1
2011
2
trimestre d’émission
variation montant Ptzvariation des autres prêts rendue possible par celle de la duréevariation résiduelle montant des autres prêtsaide de taux en provenance du Ptz
montant Ptz initial (1er trimestre 1996)autre prêts initiaux (1er trimestre 1996)variation des autres prêts rendues possible par celle des taux d’intérêtapport personnelmontant d’opération (base 100 : 1er trimestre 1996)
70
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Sur les quatre paramètres entrant en jeu dans le financement, les durées, les taux,
le taux d’endettement et le service de la dette annuelle, trois d’entre eux atteignent leurs
limites presque naturelles : les durées, les taux d’intérêt et le taux d’endettement absolu.
Les taux d’intérêt pouvant en effet difficilement être inférieurs à 3% et la durée de crédit
semblant elle aussi avoir atteint son maximum, les banques ne souhaitant pas l’étendre
au-delà de 25 ans. Quant au plafonnement à 33 % du service de la dette, il a contribué à
faire du marché de l’acquisition en France un des plus sûrs et des plus sains.
Enfin, même s’il me semble encore hasardeux d’esquisser un pronostic plus précis, la
perspective de 2012 risque de marquer une rupture, du fait d’un début de resserrement
de la part des banques (durée), en partie motivé par des politiques publiques plus contrai-
gnantes, telles que Bâle III, et d’autre part d’une politique d’aide à la pierre devenue moins
importante.
2.5.6
concluSion
73
2.6les rendements de l’immobilier en ile-de-frAnCe (1997-2007)stéPhane gregoir edhec Business school
à partir des données de transactions immobilières issues de la base bien et des observations d’un panel de logements en location suivi par l’olaP dans la région parisienne, nous avons construit en collaboration avec l’olaP une mesure de rendement localisée qui prend en compte la nature du bien, c’est-à-dire ses caractéristiques physiques et sa localisation, ainsi que ses périodes de vacance et d’occupation. nous avons alors calculé l’évolution au cours du temps de cette mesure afin qu’elle puisse servir à la fois à l’investisseur qui veut savoir comment constituer son portefeuille en différents biens et à toute personne se posant la question de savoir s’il est opportun d’acheter ou de continuer de louer.
74
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
le rendement de l’immobilier se décompose en deux parties : d’une part le flux de revenu généré par l’actif (le loyer net), d’autre part la plus ou moins-value latente qui évolue suivant l’évolution des prix des biens similaires ayant la même localisation mais ne sera réalisée qu’au moment de la vente. le ren-dement locatif est mesuré par le ratio loyer / prix, le rendement en capital par la variation de valeur du bien relative à la valeur d’acquisition.
Pour produire une mesure représentative, il faut prendre en compte les im-pacts sur ces flux et valeurs de transaction des frais de gestion et d’entretien, et de la fiscalité au moment de la transaction, ainsi que la taxation des revenus locatifs et des gains en capitaux.
nous avons choisi de limiter notre analyse aux rendements locatifs nets des charges et aux rendements en capital nets des droits de mutation, mais ni la taxation des revenus locatifs ni celle des gains en capitaux ne sont prises en compte car celles-ci dépendent de la situation financière de la personne qui possède l’actif. l’estimation du coût lié à la charge d’entretien est réalisée à partir des données fournies par les enquêtes logement de l’insee.
75
2.6.1
mÉthodologie
Les rendements de L’immoBiLier en iLe-de-France
Un actif immobilier est un objet particulier : à la différence d’une action, il est
unique, a une localisation propre et sa valeur dépend des services (transport, école...) qui
se trouvent à proximité. Le prix, le loyer et le taux d’occupation d’un logement dépendent
donc d’un ensemble de caractéristiques propres au bien : sa localisation, ses caractéris-
tiques physiques.
La démarche utilisée pour capter ces influences est la démarche usuelle utilisée pour
construire des indices de prix des logements, à savoir la méthode hédonique appliquée
sur les prix et les loyers et complétée d’une modélisation de la durée des périodes d’occu-
pation et de vacance. À l’issue de l’estimation de ces modèles, on se ramène à un bien de
référence. On contrôle ainsi les impacts des différentes caractéristiques du bien sur le
prix et le loyer. Muni de ces modèles, il est possible de procéder à la simulation des flux de
loyers lors d’un bail usuel de trois ans et des prix de vente à l’issue du bail.
Les données utilisées pour l’estimation de ces modèles et le calcul des rendements indivi-
duels sont celles des bases de BIEN et OLAP de 1997 à 2006, soit au total plus de 1,5 million
de transactions et 40 000 logements loués enquêtés. Nous obtenons ainsi une évolution
moyenne des rendements locatifs et en capital pour l’ensemble des biens, et pour chaque
type de bien selon sa localisation.
Il est possible d’utiliser ces informations pour produire une mesure à un moment donné
de la variabilité des rendements, ce qui peut être lu comme une mesure des incertitudes
associées au risque de vacance et à l’évaluation intrinsèque du bien. Nous ne tenons néan-
moins pas compte du risque qui pèse sur la date de réalisation de la transaction qui selon
l’orientation du marché peut être positionnée à proximité ou non de la date de mise sur
le marché du bien.
En pratique, la mesure produite est obtenue en prenant en compte les différentes carac-
téristiques et leur influence sur le taux d’occupation. Un bail de trois ans caractéristique
du marché français est retenu. Les mesures du rendement locatif et en capital sont donc
évaluées entre 1996 et 2004 sur des durées d’au moins trois ans jusqu’à l’extinction du
bail, qui a pu débuter après une période de vacance. Les rendements sont ensuite annuali-
sés. Chaque bien est unique, et sa valeur de transaction et son loyer courant sont rarement
observés simultanément. La mesure de rendement est obtenue en imputant un loyer à
un bien ayant connu une transaction. Cette imputation est effectuée en respectant les
propriétés des modèles qui ont été estimés sur le panel de logements loués. Pour chaque
bien, on procède à un grand nombre de simulations de valeurs de loyers possibles et de
chroniques d’occupation. Le rendement moyen pour un bien est obtenu en prenant la
moyenne des rendements de toutes les simulations à une date donnée. Du point de vue du
détail géographique, nous avons caractérisé la localisation des biens au travers de trois
niveaux de description : dans Paris, nous utilisons l’arrondissement, le quartier et la zone
cadastrale ; pour la petite couronne, la commune et la zone cadastrale.
76
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
En général, le rendement locatif se mesure au moyen du ratio : moyenne des
loyers / moyenne des prix, ce qui peut substantiellement différer de la moyenne des ratios
loyer / prix. On peut naturellement se poser la question de la validité de cette mesure.
Notre approche permet d’illustrer les écarts de niveaux que l’on peut obtenir entre ces
deux types de mesures.
Il nous est possible d’illustrer l’impact de certaines caractéristiques physiques du bien :
période de construction, nombre de pièces…
Au total, quels enseignements pouvons nous tirer de cet exercice ?
Nous observons une grande hétérogénéité spatiale du niveau de rentabilité d’un place-
ment immobilier ainsi que de son évolution au cours du temps. Les rendements locatifs
dans le nord-est de Paris et de la petite couronne sont grands au début de la période et
tendent ensuite à se réduire suite à l’augmentation des prix.
L’influence de la nature du bien est importante. Ainsi le studio présente un meilleur ren-
dement locatif et un meilleur rendement en capital que le grand appartement, à Paris
comme en petite couronne. Le risque de vacance n’est pas négligeable (correspond à
environ 1 point de rendement en moyenne, mais varie selon la nature du bien). Enfin,
les rendements locatifs semblent précurseurs des rendements en capital. Les zones de
rendements locatifs élevés sont attrayantes en termes d’investissement, ce qui pousse à la
hausse les prix d’acquisition. Quelques années plus tard, ces hausses de prix réduisent le
rendement locatif, les loyers étant régulés et ne pouvant suivre les mouvements des prix
de transaction.
77
Les rendements de L’immoBiLier en iLe-de-France
1997
zone naturerendement locatif
rendement capital
rendement totaL
Paris Studio 5,95 3,00 9,37
3 chambres + 4,47 6,32 11,01
haussmann 5,38 4,84 10,51
récent 4,90 5,01 10,23
moyenne 5,14 4,94 10,34
Petite couronne
Studio 6,02 -3,60 3,72
3 chambres + 5,11 0,41 5,60
haussmann 5,92 0,22 6,52
récent 5,28 -1,84 4,47
moyenne 5,36 -1,72 4,69
2004
zone naturerendement locatif
rendement capital
rendement totaL
Paris Studio 3,15 8,85 12,86
3 chambres + 2,18 7,77 11,05
haussmann 2,58 8,19 11,77
récent 2,45 8,15 11,61
moyenne 2,49 8,17 11,68
Petite couronne
Studio 4,26 12,26 16,88
3 chambres + 3,59 9,76 13,96
haussmann 3,67 11,48 15,78
récent 3,72 10,40 14,74
moyenne 3,71 10,72 14,99
Évolution des rendements locatif et en capital en 1997 et 2001 en fonction de la localisation et du type de bien, 1997 comparé à 2004
78
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
2.6.2
rendementS locatifS et en caPital, à PariS, 1997
34 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
31
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
6566
67
2
8
20
1
17
1819
2124
22
2527
2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
23
3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 1997
34 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
31
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
6566
67
2
8
20
1
17
1819
2124
22
2527
2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
23
3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 1997
34 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
31
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
6566
67
2
8
20
1
17
1819
2124
22
2527
2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
23
3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 1997
figure 1rendements locatifs, Paris, 1997
figure 2rendements en capital, Paris, 1997
200 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
13
4 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
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80
129
101113
141516
17
1819
2124
2223
2527
2628
1931
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
4952
505154
55
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56
58
57
60
5961
62
63 64
6566
67
28
Rendements en capital - Paris 1997
200 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
13
4 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
17
1819
2124
2223
2527
2628
1931
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
4952
505154
55
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56
58
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60
5961
62
63 64
6566
67
28
Rendements en capital - Paris 1997
200 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
13
4 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
17
1819
2124
2223
2527
2628
1931
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
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4448
4746 45
4952
505154
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56
58
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60
5961
62
63 64
6566
67
28
Rendements en capital - Paris 1997
79
2.6.3
rendementS locatifS et en caPital, à PariS, 2004
Les rendements de L’immoBiLier en iLe-de-France
34 5 6 7
68 69
7675
7877
79
80
129
111314
1516
31
3230 34
33 36
35
37
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41
42
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4448
4746 45
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1
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1819
2124
22
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2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
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5961
62
63 64
23
71 72 74
73
70
10 3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 2004
34 5 6 7
68 69
7675
7877
79
80
129
111314
1516
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3230 34
33 36
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41
42
43
4448
4746 45
6566
67
2
8
20
1
17
1819
2124
22
2527
2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
23
71 72 74
73
70
10 3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 2004
34 5 6 7
68 69
7675
7877
79
80
129
111314
1516
31
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
6566
67
2
8
20
1
17
1819
2124
22
2527
2628
19
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
23
71 72 74
73
70
10 3 - 3,5 %2,5 - 3 %< 2,5 %
3,5 - 4 %4 - 4,5%4,5 - 5 %5 - 5,5%5,5 - 6 %> 6 %
Rendements locatifs - Paris 2004
20
13
4 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
17
1819
2124
2223
2527
2628
1931
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
6566
67
2
8
0 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
Rendements en capital - Paris 2004
20
13
4 5 6 7
68 69 70 71 72 74
73
7675
7877
79
80
129
101113
141516
17
1819
2124
2223
2527
2628
1931
3230 34
33 36
35
37
3839
40
41
42
43
4448
4746 45
4952
505154
55
53
56
58
57
60
5961
62
63 64
6566
67
2
8
0 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
Rendements en capital - Paris 2004
20
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68 69 70 71 72 74
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7877
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17
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2124
2223
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1931
3230 34
33 36
35
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3839
40
41
42
43
4448
4746 45
4952
505154
55
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56
58
57
60
5961
62
63 64
6566
67
2
8
0 - 2,5 %- 2,5 - 0 %< - 2,5 %
2,5 - 5 %5 - 6%6 - 7 %7 - 9 %9 - 11 %> 11 %
Rendements en capital - Paris 2004
figure 3rendements locatifs, Paris, 2004
figure 4rendements en capital, Paris, 2004
80
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
2.6.4
rendementS locatifS et en caPital en Petite couronne, 1997
figure 5rendements locatifs, petite couronne, 1997
figure 6rendements en capital, petite couronne, 1997
< 2,5 %
2,5 - 3 %
3 - 3,5 %
3,5 - 4 %
4 -4,5 %
4,5 - 5 %
5 - 5,5 %
5,5 - 6 %
>6 %
Saint -Ouen
Neuilly - sur - Seine
Boulogne - BillancourtSaint -Mandé
Montreuil
Vitry -sur -Seine
Nanterre
Gennevilliers
Stains
Bobigny
Sevran
Trenblay - en -France
Gagny
Créteil
PérignyVilleneuve -Saint - Georges
Villeneuve - le - RoiVilleneuve
Antony
Meudon
Rendements locatifs - Petite couronne 1997
< - 2,5 %
- 2,5 - 0 %
0 - 2,5 %
2,5 - 5 %
5 - 6 %
6 - 7 %
7 - 9 %
9 - 11 %
>11 %
Saint -Ouen
Neuilly - sur - Seine
Boulogne - BillancourtSaint -Mandé
Montreuil
Vitry -sur -Seine
Nanterre
Gennevilliers
Stains
Bobigny
Sevran
Trenblay - en -France
Gagny
Créteil
PérignyVilleneuve -Saint - Georges
Villeneuve - le - RoiVilleneuve
Antony
Meudon
Rendements en capital - Petite couronne 1997
81
Les rendements de L’immoBiLier en iLe-de-France
2.6.5
rendementS locatifS et en caPital en Petite couronne, 2004
figure 7rendements locatifs, petite couronne, 2004
figure 8rendements en capital, petite couronne, 2004
< - 2,5 %
- 2,5 - 0 %
0 - 2,5 %
2,5 - 5 %
5 - 6 %
6 - 7 %
7 - 9 %
9 - 11 %
>11 %
Saint -Ouen
Neuilly - sur - Seine
Boulogne - BillancourtSaint -Mandé
Montreuil
Vitry -sur -Seine
Nanterre
Gennevilliers
Stains
Bobigny
Sevran
Trenblay - en -France
Gagny
Créteil
PérignyVilleneuve -Saint - Georges
Villeneuve - le - RoiVilleneuve
Antony
Meudon
Rendements en capital - Petite couronne 2004
Saint -Ouen
Neuilly - sur - Seine
Boulogne - BillancourtSaint -Mandé
Montreuil
Vitry -sur -Seine
Nanterre
Gennevilliers
Stains
Bobigny
Sevran
Trenblay - en -France
Gagny
Créteil
PérignyVilleneuve -Saint - Georges
Villeneuve - le - RoiVilleneuve
Antony
Meudon
< 2,5 %
2,5 - 3 %
3 - 3,5 %
3,5 - 4 %
4 -4,5 %
4,5 - 5 %
5 - 5,5 %
5,5 - 6 %
>6 %
Rendements locatifs - Petite couronne 2004
82
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
2.6.6
Évolution deS rendementS locatifS
évolution du rendement locatif sur Paris entre 1997 et 2004
évolution des rendements immobiliers et des autres actifs entre 1996 et 2007
Paris hauts-de-seine seine-saint-denis
val - de - marne obligations actions
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
50
40
30
20
10
0
- 10
- 20
- 30
comparatif rendements mobiliers et financiers (%)
rendements locatifs sur Paris
mesure agrégée (ratio de moyennes) sans risque de vacancesmesure individuelle (moyenne de ratios) sans risque de vacancemesure individuelle (avec risque de vacance)
ren
dem
ents
(%
) 7
6
5
4
3
2
1
01997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
83
2.6.7
concluSion
Les rendements de L’immoBiLier en iLe-de-France
évolution des rendements locatifs nets et bruts en 1997 et 2004
1997 2004
zone naturerendement locatif brut
rendement locatif net
rendement locatif brut
rendement locatif net
Paris Studio 5,95 5,62 3,15 2,98
3 chambres + 4,47 4,29 2,18 2,08
haussmann 5,38 5,12 2,58 2,46
récent 4,90 4,68 2,45 2,32
moyenne 5,14 4,90 2,49 2,37
Petite couronne
Studio 6,02 5,53 4,26 4,02
3 chambres + 5,11 4,82 3,59 3,42
haussmann 5,92 5,64 3,67 3,50
récent 5,28 4,86 3,72 3,51
moyenne 5,36 4,98 3,71 3,52
Un dernier enseignement de cet exercice porte sur l’écart entre la moyenne des ren-
dements locatifs pour un ensemble de biens que nous souhaitons pouvoir utiliser et la
mesure usuelle correspondant au ratio d’une moyenne de loyer au mètre carré sur un prix
moyen de transaction au mètre carré. La différence est notable, la seconde mesure suresti-
mant le rendement brut réel. La différence est amplifiée si l’on prend en compte le risque
de vacance. Cet écart augmente encore si l’on prend en compte les charges du proprié-
taire : s’ajoute un écart de 0,5 point. Au total, les mesures usuelles de rendement suréva-
luent sensiblement le rendement immobilier moyen de près de 2 points pour une mesure
nette. S’y ajoute dans les faits l’influence de la fiscalité selon la situation du propriétaire.
Paris hauts-de-seine seine-saint-denis
val - de - marne obligations actions
mesure agrégée (ratio de moyennes) sans risque de vacancesmesure individuelle (moyenne de ratios) sans risque de vacancemesure individuelle (avec risque de vacance)
85
nous n’avons nullement l’ambition d’apporter ici une réponse unique aux interrogations sur les causes de la hausse des prix de l’immobilier en france mais seulement celle de fournir quelques éléments à mettre en perspective. S’il est fréquent d’expliquer la hausse des prix par la pénurie de logements, cette hypothèse mérite cependant d’être examinée plus attentivement. en outre, il y a de la distance entre les besoins et le marché et quatre dimensions interviennent : le temps, l’argent, l’espace et enfin le facteur humain. Sur quelles bases repose l’affirmation selon laquelle il manquerait un million de logements en france ? fait-on référence à une norme ? Si pénurie il y a, celle-ci ne peut en tout cas pas s’entendre par comparaison avec les autres pays développés, le nombre de logements par habitant en france étant parmi les plus élevés en europe.
2.7 les « fondAmentAux » des mArChés, une tentAtive d’expliCAtion de lA hAusse des prixcLaude taFFindirecteur scientifique de l’association dinamic
86
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
l’estimation des besoins en logements neufs varie certes assez largement mais, pour ces dernières années, le nombre de logements construits en france correspond à peu près aux estimations : 410 000 logements ont été construits chaque année entre 2005 et 2010, alors que les besoins étaient estimés entre 350 000 et 470 000. la plupart des autres explications sont avancées mais elles ne sont pas plus fondées. il n’y a pas eu d’augmentation de la part des résidences secondaires dans le parc immobilier – celle-ci est stable à hauteur de 9,2% depuis 10 ans – ni de surcroît d’acquisitions par des étrangers : d’une part la majorité des étrangers qui achètent sont des résidents et d’autre part, les achats par des étrangers non résidents représentent moins de 1% des acquisitions nettes. depuis 2010, on assiste même à une inversion des flux dans l’ancien, c’est-à-dire plus de reventes que d’achats. faut-il alors y voir l’effet du vieillissement d’une population composée de ménages plus petits et moins mobiles ? le vieillissement provoque à coup sûr des retours au centre mais la baisse de mobilité ne s’observe pas.
Premier élément donc, l’évolution à long terme des facteurs démographiques aux-
quels les besoins en logement sont intimement liés. Dans un pays qui, comme la France,
a une croissance démographique forte, c’est un facteur qui sous-tend une hausse des prix
sur moyenne et longue période.
Second élément, la notion de cycle immobilier : la question se pose en effet de savoir si
l’on se trouve à la veille d’un nouveau cycle immobilier. Une étude de l’OCDE retraçant
l’évolution du prix des logements entre 1970 et 2005, auprès de 18 pays de l’OCDE, montre
bien le caractère cyclique de cette évolution, avec des prix en augmentation sur de lon-
gues périodes en alternance avec des phases baissières : Ainsi, 50 phases de hausse et
47 phases de baisse (hors inflation) dont deux en France ont été identifiées. La durée
moyenne d’une hausse est de 6 ans (9 pour la France) et le taux d’augmentation moyen
des prix de 40% (32% pour la France). Quant aux baisses, leur durée moyenne constatée
est de 5 ans et demi (4 ans et demi pour la France) et leur ampleur de 26% (18% pour la
France). Le cycle en cours dont le début remonte à 2005 était jugé d’amplitude et de durée
supérieures aux cycles observés précédemment. Nous sommes de ce fait fortement incités
à penser que les prix vont baisser en France.
Le rôle du crédit a été développé précédemment par François de Ricolfis. Rappe-
lons simplement que le phénomène de baisse des taux a été beaucoup plus important
dans les années 1990 que dans les années 2000, années marquées surtout par l’allonge-
ment de la durée des prêts et par une plus grande souplesse de l’accès au crédit.
Concernant la fiscalité et les aides, on note une grande sensibilité des investisseurs per-
sonnes physiques à la fiscalité (imposition des revenus et des plus-values), et une sensibi-
lité moindre des accédants. Ainsi, le poids réel des aides fiscales à l’investissement semble
être exagéré par les premiers, alors que, pour les seconds, la déductibilité des intérêts
d’emprunt apparaît comme un avantage supplémentaire et non comme un moteur prin-
cipal de l’achat.
2.7.1
le temPS : notion de long terme et de cycle
2.7.2
l’argent : rôle du crÉdit, de la fiScalitÉ et deS aideS
87
Les « Fondamentaux » des marchés, une tentative d’exPLication de La hausse des Prix
Les aides à la pierre (le prêt à taux 0% notamment) semblent avoir un impact limité
d’un point de vue macro-économique, si l’on compare la masse des aides à la masse des
transactions immobilières. Cela n’exclut pas un possible effet inflationniste localisé. La
question a été posée à propos du PTZ, avant son recentrage sur le neuf et sa mise sous
condition de ressources.
ensemble appartements maisons
France 156 171 146
ile-de-France 169 191 131
Province 151 153 153
Source : indices Notaires-Insee (CVS, 1er trimestre 2011/1997)
L’écart des prix entre Paris et la province s’est creusé principalement au cours de
l’année 2010. On assiste par ailleurs depuis 2000 à une inversion du prix relatif des mai-
sons par rapport aux appartements et à un retour à la tendance observée dans les années
1950 à 65 avec des appartements se valorisant davantage que les maisons, contrairement
à la tendance des 35 dernières années, période pendant laquelle les maisons en première
couronne gagnaient en centralité au fur et à mesure de l’urbanisation et se valorisaient.
La tendance actuelle pourrait s’expliquer par un changement de comportement chez les
jeunes, des retours en centre-ville chez les personnes âgées (plus nombreuses dans les
transactions ces derniers mois) et par l’influence accrue des investisseurs qui achètent
principalement des appartements de petite taille dans les centres urbains.
La notion de « bulle » se définit par un écart important et persistant entre le prix
d’un actif et sa valeur « fondamentale », c’est-à-dire une valeur compatible avec les fonda-
mentaux via une relation économétrique.
Selon le FMI, les prix seraient globalement surévalués de 25% en France. C’est un premier
indicateur. Le Conseil d’Analyse Stratégique a estimé que les facteurs liés au crédit, baisse
des taux d’intérêt et allongement de la durée des prêts, expliquaient 50 à 60% de la hausse
des prix moyenne sur le territoire. On est donc loin du compte, en particulier à Paris.
Il faut enfin tenir compte de tous les facteurs qui ne peuvent se réduire à une équation,
en particulier le facteur humain. L’investissement immobilier peut en effet être motivé
par certaines peurs comme la peur des placements boursiers, des incertitudes liées aux
retraites ou encore de la faillite des banques. La prise en considération des évolutions observées sur les marchés à l’étranger ainsi que
les événements politiques du printemps prochain nous incitent à penser que nous nous
trouvons à la veille d’un certain nombre de changements. Cependant, c’est surtout l’ana-
lyse localisée, fondée sur l’exploitation des bases de données notariales, qui nous permet-
tra de progresser dans l’explication de ces évolutions du marché immobilier.
2.7.3
Évolution deS Prix deS logementS ancienS entre 1997 et 2011
2.7.4
concluSion : Peut-on Parler d’une bulle immobilière ?
3.concluSion
90
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
Notre souhait, par cette manifestation, est de contribuer à mieux connaître les
marchés de l’immobilier, en particulier le logement. Chacun sait combien ils sont com-
plexes, car les analyses ne sont pas identiques entre le neuf et l’ancien, le collectif et le
diffus, les métropoles et les campagnes. Il convient d’aller au-delà des seules données chif-
frées, qu’il s’agisse du nombre des mutations ou des prix. Ces données sont naturellement
importantes, primordiales même. Elles ne reflètent pas seules la réalité des marchés.
Au cours de la première table ronde, Madame Thollon-Baras et Monsieur Pavy qui ani-
ment les bases du notariat ont donné quelques clés de lecture de leur activité. Les difficul-
tés ne sont pas négligeables, dans la mesure où nous avons l’ambition de maintenir à un
haut niveau de qualité les données que nous enregistrons.
En même temps, nous sommes attentifs à répondre aux demandes des pouvoirs publics,
des media, et des Français en général afin de fournir en temps réel, et de manière exhaus-
tive, des informations précises et fiables. Ces informations garantissent une nécessaire
transparence des marchés, mais elles guident également les politiques publiques d’aide
au logement. Le débat actuel sur le prêt à taux zéro, ses modifications récentes, et celles
encore attendues pour les prochains mois, en sont un exemple.
Monsieur Taffin nous a rejoints qui nous permet de marquer de son autorité et plus encore
de son expérience notre activité en ce domaine.
La question que beaucoup ont à l’esprit aujourd’hui est de savoir si nous traversons une
crise de l’immobilier, ou si cette crise est proche. Les prix d’acquisition ont doublé sur pra-
tiquement tout le territoire au cours des quinze dernières années. Or cette hausse ne peut
s’expliquer que marginalement par l’augmentation du coût de la construction.
Existe-t-il donc une bulle sur le marché immobilier français ?
Oui, nous répond le FMI lorsqu’il évoque une surévaluation de l’immobilier en France de
25 %, ou encore l’OCDE dans un rapport remarqué produit en avril 2011. Non, nous affirme
en réponse à la même date le Centre d’analyse stratégique, lequel souligne cependant
que l’effort global des ménages accédants à la propriété s’est fortement accru, dès lors
que les prix ont plus augmenté que les revenus. Pour autant, l’endettement des ménages
demeure en France contenu, sinon limité, en comparaison de celui d’autres pays.
Il nous a donc semblé important d’analyser les évolutions des prix et d’en rechercher
certains des facteurs principaux. La portée de ces évolutions sur le comportement des
ménages mérite ensuite quelque attention, à l’aune des données statistiques recueillies
par les bases.
Jean-François humBertnotaire, président de l’association dinamic
91
concLusion
Pour comprendre ces évolutions, trois raisons plus spécifiques ont été avancées et étu-
diées au cours de ce colloque.
3.1.1. en premier lieu, il apparaît important de noter que les évolutions globales masquent des situations très diverses.
Des disparités notables peuvent être relevées sur le territoire. Madame Juillard par une
approche comparative menée sur douze agglomérations nous a démontré qu’il existe des
dynamiques territoriales différentes. Le niveau d’activité immobilière est en étroite rela-
tion avec les catégories socio-professionnelles de ses acteurs principaux. La « sociologie
des territoires » devient une donnée importante à analyser comme facteur explicatif des
marchés du logement.
Les évolutions démographiques exercent une influence notable sur les évolutions du mar-
ché. Elles expliquent très largement que bien que le nombre de logements ait augmenté
au cours des 25 dernières années davantage que la population — hausse de 30 % pour les
premiers, et de 13 % seulement pour la seconde — une pénurie est généralement constatée
au sein de certaines zones. Cette pénurie tient notamment à la diminution de la taille des
ménages — 2,9 en 1975 contre 2,3 aujourd’hui — et au vieillissement de la population. Mais
elle est essentiellement le fruit de la concentration de la population sur certains territoires.
L’étude de ces données et de leur influence sur les marchés doit se poursuivre d’évidence,
car elle est une des raisons des évolutions que nous constatons.
3.1.2. ce processus de métropolisation a conduit, chacun s’accorde à le reconnaître, à accroître la pression foncière, avec pour conséquence le renchérissement du foncier.
Madame Laferrère nous a montré combien connaître le prix relatif du foncier est néces-
saire et l’utilité qu’il y a à distinguer la part du terrain dans le prix de l’immobilier. La
création d’un indice spatial y contribuerait assurément. Mesurer plus finement le poids
du foncier dans le prix d’un logement aurait l’utilité de pouvoir combattre la rareté du fon-
cier, l’objectif étant d’assurer une plus grande fluidité des marchés, tout particulièrement
en zone tendue.
Mais pour cela, des politiques incitatives seraient utiles afin que que le flux soit favorisé
sur le stock, pour que la cession soit privilégiée, plutôt que la détention.
3.1
comPrendre leS ÉvolutionSdu marchÉ immobilier
92
Les marchés du Logement : un nouveau cycLe ?
3.1.3. enfin l’augmentation de la qualité moyenne des logements peut expliquer leur renchérissement.
Leur taille y participe, qui s’est accrue de 80 % en 35 ans (22 à 40 m²) mais encore leur
confort. Les éléments d’équipement influent sur la formation du prix. Néanmoins, Mon-
sieur Bardy a relativisé l’impact des réglementations nouvelles. Ces nouvelles normes ont
certes un coût. Mais il est mesuré, puis se trouve très rapidement absorbé par les effets
d’apprentissage. Mais surtout, ces données de confort deviennent rapidement non plus
une contrainte réglementaire mais participent à l’état de l’art, à ce que tout acquéreur
tient pour normalement exigible. Ces données deviennent des « normes non réglemen-
taires » qui font consensus entre les professionnels et les usagers.
Face à ces évolutions, comment les ménages s’adaptent-ils ?
3.2.1. Les enquêtes nationales du logement, de même que les indices notaires, permettent de comparer les évolutions des prix et des loyers.
Les premiers ont crû bien davantage que les seconds. Or dans le même temps, la dépense
réelle de logement des locataires s’est non seulement sensiblement accrue, mais leur taux
d’effort rapporté au revenu a augmenté plus que celui des accédants. Madame Rougerie
a ainsi pu à juste titre relever que nous assistons à une certaine forme de paupérisation
de la population locataire. En témoigne la comparaison des revenus respectifs, ceux des
locataires par rapport à ceux des propriétaires ayant baissé de 80 à 63 %. Est-ce à dire que
les locataires les plus aisés ont acquis leur logement ? Sans doute.
Cette étude méritera d’être poursuivie, afin de mieux distinguer encore la situation des
locataires selon qu’ils habitent le parc privé ou le parc social, dont on sait que le volume
de ces deux parcs est à peu près équivalent en France. De même leur situation est très dif-
férente, leur taux d’effort et l’évolution de celui-ci sont divergents selon les régions. Une
première approche nous montre déjà que le taux d’effort des locataires libres s’est accru
plus rapidement que celui des locataires sociaux.
3.2.2. La difficulté pour les locataires d’accéder à la propriété démontre l’enjeu du financement des primo-accédants afin de ne pas exclure ceux d’entre eux qui en ont le plus besoin.
Monsieur de Ricolfis a pu souligner que les trois paramètres qui ont permis de s’adapter
à l’inflation des prix sont le niveau d’endettement global, c’est-à-dire l’apport personnel,
le taux d’intérêt des prêts et la durée de leur remboursement, de sorte que le taux d’effort
demeure constant à 33 % du revenu disponible. Or il paraît bien que nous soyons proches
d’un blocage, aucun de ces trois critères ne pouvant plus trouver de marge d’évolution
notable. La réorientation discutée sur l’affectation du prêt à taux zéro sera suivie de près
pour en observer l’incidence sur les marchés.
3.2
leS accÉdantS à la ProPriÉtÉ
93
ActuAlité et mode d’emploi des bAses notAriAles
monsieur gregoir, enfin, a eu la lourde tâche de nous rappeler que même si la financiarisation de l’immobilier peut avoir une cote défraîchie en ces temps de crise, la notion de rendement immobilier n’en constitue pas moins une donnée essentielle.
Les marchés de l’immobilier sont animés par les accédants, mais aussi par les investis-
seurs. Très longtemps ces derniers ont compensé un moindre taux de rendement locatif
par des plus-values en capital compensatrices. Il est peu vraisemblable que de telles plus-
values soient observées dans le futur, ce qui pourrait militer pour une désaffection envers
l’immobilier. Or l’investissement locatif privé est indispensable pour répondre au besoin
de logement.
Mais les investisseurs sont-ils rationnels ? Et surtout, au-delà du rendement, n’éprouve-t-
on pas le besoin aujourd’hui de garantir, et seulement cela, la pérennité du capital investi ?
Toutes ces études plaident pour que les politiques structurelles visent à augmenter l’élas-
ticité de l’offre : simplification des autorisations de construire, réduction des coûts fiscaux
liés aux transactions, et mise en place d’aides personnelles sous conditions de res-
sources pour aider ceux des ménages qui en ont le plus besoin.
La connaissance des marchés est multiple. J’espère que cette conférence y aura contribué.
Monsieur Taffin dans sa synthèse nous a précisé combien les facteurs sont nombreux :
le temps nécessaire pour produire, l’argent indispensable pour mener à terme de sem-
blables investissements, l’espace qui paraît notamment en certaines zones frappé de
rationnement.
Mais il est une donnée qui n’a sans doute pas été suffisamment soulignée : celle du rôle
des politiques publiques.
Car s’agit-il de faciliter la mise à disposition de terrains pour construire, la maîtrise du
coût du foncier est alors indispensable par des politiques fiscales incitatives, plutôt que
pénalisantes pour les mutations.
S’agit-il de permettre aux primo-accédants d’acquérir leur logement ? Leur réserver les
aides publiques, plutôt que les distribuer trop généreusement serait très certainement
plus efficace à coût budgétaire égal, et moins générateur d’effets d’aubaine.
À l’heure où certains parlent de bulle, de crise, voire d’effondrement, la place de la poli-
tique est centrale. C’est elle qui peut soutenir le marché en répondant aux exigences des
demandes, et en combattant l’inélasticité de l’offre.
3.3
leS inveStiSSeurS du marchÉ de l’immobilier