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LA HOUILLE BLANCHE/N° 1-1964 LES MICROCENTRALE5 DE LA MAYENNE par F. AUROY' Microcentrale de Bas-Hambert. Le terme de « Microcentwles» s'applique Ă  l'Ă©quipement de trĂšs basses chutes en riviĂšre avec de petits dĂ©bits; il couvre une gamme de hauteurs de chute de l Ă 5m et une gamme de puissances allant de quelques dizaines Ă  un petit nombre de eentaines de kvV. Il existe encore, sur les cours d'eau de plaine, de nombreuses petites chutes, dont l'Ă©quipement s'Ă©tait rĂ©vĂ©lĂ© jusqu'ici peu rentable du fait du prix ‱ Directeur HĂ©gional de l'Equipement - ElectricitĂ© de France. Ă©levĂ© de l'installation vis-Ă -vis de la puissance dis- ponible. C'est le cas de nombreux moulins et de petites usines dont l'Ă©quipement serait Ă  renou- veler. C'est le cas aussi de certains biefs de riviĂšres canalisĂ©es. Du point de vue Ă©conomique, plus la chute est basse, plus le prix de revient au kW installĂ© est Ă©levĂ©. D'autre part, plus la chute est basse, plus la production est affectĂ©e par la diminution de la hauteur de chute due au passage des crues . 25 Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1964001

Les microcentrales de la Mayenne

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Page 1: Les microcentrales de la Mayenne

LA HOUILLE BLANCHE/N° 1-1964

LESMICROCENTRALE5DE LA MAYENNE

par

F. AUROY'

Microcentrale de Bas-Hambert.

Le terme de « Microcentwles» s'applique àl'équipement de trÚs basses chutes en riviÚre avecde petits débits; il couvre une gamme de hauteursde chute de l à 5 m et une gamme de puissancesallant de quelques dizaines à un petit nombre deeentaines de kvV.

Il existe encore, sur les cours d'eau de plaine,de nombreuses petites chutes, dont l'équipements'était révélé jusqu'ici peu rentable du fait du prix

‱ Directeur HĂ©gional de l'Equipement - ElectricitĂ© de France.

élevé de l'installation vis-à-vis de la puissance dis­ponible. C'est le cas de nombreux moulins et depetites usines dont l'équipement serait à renou­veler. C'est le cas aussi de certains biefs de riviÚrescanalisées.

Du point de vue économique, plus la chute estbasse, plus le prix de revient au kW installé estélevé. D'autre part, plus la chute est basse, plusla production est affectée par la diminution dela hauteur de chute due au passage des crues .

25

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1964001

Page 2: Les microcentrales de la Mayenne

n rĂ©sulte de ces deux considĂ©rations que, pourassurer la rentabilitĂ© de tels amĂ©nagements, il fautque la durĂ©e de fonctionnement soit d'autant plusgrande que la chute est plus faible, ce qui impliqueque plus la chute est basse, plus elle doit ĂȘtresous-Ă©quipĂ©e. D'aprĂšs les calculs de M. de Ver­delhan, les optimums seraient les suivants:

HAUTEUII ilE CHUTE

F. AUROY

pel'tes de l'alternateur, grùcc à l'exccllent échangethermique entre l'huile et la veine liquide à tra­vers la carcasse du bulbe.

Le groupe bulbe permet de rĂ©soudre au mieuxce problĂšme. Rappelons que, dans un groupe bulbe.la roue de turbine et l'alternateur sont calĂ©s surle mĂȘme arbre, et l'alternateur se trouve Ă  l'intĂ©.rieur d'une carcasse mĂ©tallique Ă©tanche en formede bulbe, avec laquelIe il fait corps. Le bulbe estentiĂšrement immergĂ© dans la veine liquide quialimente la turbine, et se trouve en gĂ©nĂ©ral ill'amont de cette derniĂšre; cette disposition necrĂ©e pas de perte de charge dĂ ns le diffuseur, cequi diminuerait les rendements.

La turbine est en général du type hélice, à p~tles

fixes; il est toutefois commode de prĂ©voir la pos­sibilitĂ© de modifier Ă  l'arrĂȘt l'inclinaison des pales,de façon Ă  pouvoir modifier le dĂ©bit turbinahle.

La turbine est précédée d'un distributeur fixe,dont les aubes permettent de maintenir le bulbeà l'intérieur de l'enveloppe extérieure.

A l'inl,érieur du bulbe, la génératrice tourne, soitdans l'air, soit dans l'huile, plus généralement dansune huile diélectrique fluide maintenue en légÚresurpression par rapport à J'eau de la veine liquide.

L'huile assnre une bonne lubrification des paliers,en mĂȘme temps qu'elle facilite l'Ă©vacuation des

26

Dans la mĂȘme optique de rentabilitĂ©, il y a lieuĂ©videmment de rechercher les meilleurs prix derevient dans tous les domaines :

a) Ouvrages de génie civil :Pour les réduire au minimum, il faut autant

que possible profiter des barrages existants oun'avoir que peu de travaux de fondation; la salledes machines doit ĂȘtre supprimĂ©e.

b) MatĂ©riel:Il doit ĂȘtre de conception simple et son coĂčt

pourra ĂȘtre rĂ©duit si l'on peut envisager la cons­truction en sĂ©rie d'un minimum de types nor··malisĂ©s.

c) Transport et montage:Pour diminuer les prix de transport et de mon·

tage, le matĂ©riel doit ĂȘtre lĂ©ger, convenablemcntfractionnĂ©, de façon Ă  faciliter un transport Ă pied d'Ɠuvre par des chemins parfois difficiles.

d) Exploitation:Pour supprimer le personnel d'exploitation, l'ins­

tallation doit ĂȘtre entiĂšrement automatique et nongardiennĂ©e.

e) Entretien:Pour réduire les charges d'entretien, le matériel

doit ĂȘtre simple et robuste, n'exigeant qu'un entre­tien courant facile, le gros entretien se faisant enatelier aprĂšs Ă©change standard.

(en m)

2468

10

(en modules)

0,30,60,91,21,5

Depuis la premiÚre microcentrale à groupe bulbe,réalisée à RÎstin en Poméranie (chute moyenne3,75 m, débit 6,3 m 8/s), de nombreuses expérimen­tations de microcentrales ont été réalisées, princi­palement en Allemagne, en Autriche et en France.

On peut classer ces expériences en trois types,selon la disposition des groupes bulbe, «en per­tuis », «en conduite» ou « en siphon ».

Dans la disposition «en pertuis» (fig. 1), legroupe est entiÚrement immergé dans le pertuisd'alimentation et l'eau attaque directement ledistributeur fixe, puis la roue de turbine.

Dans la disposition « en conduite» (fig. 2), legroupe est entiÚrement immergé dans la veineliquide qui circule dans la conduite d'alimentationvenant du réservoir amont.

Dans ces deux solutions, l'axe du groupe est engĂ©nĂ©ral horizontal ou peu inclinĂ© sur l'horizontale.Elles ont toutes deux un grave inconvĂ©nient: pourisoler le groupe, on est obligĂ© de disposer d'unmoyen de fermeture Ă  l'amont et d'un autre Ă  l'aval;la vanne d'arrĂȘt pouvant ĂȘtre d'ailleurs Ă  l'amontou Ă  l'aval, et l'autre moyen de fermeture pouvantn'ĂȘtre qu'un batardeau mis en place Ă  l'arrĂȘt. Cesdeux dispositifs de fermeture sont relativenlenlonĂ©reux.

La troisiĂšme disposition, dite « en siphon »(fig. 3), Ă©vite cette sujĂ©tion: le groupe monĂŒblocest placĂ© dans une conduite m8tallique formantconvergent-divergent, dont l'entrĂ©e est coudĂ©e pourconstituer un siphon qui plonge dans le bief amontet dont la sortie plonge dans le bief aval. Le groupeSe trouve placĂ© immĂ©diatement Ă  l'aval du coudedu siphon, de façon Ă  se trouver toujours horsd'eau. Pour dĂ©marrer et arrĂȘter le groupe, il sufIltd'amorçer ou de dĂ©samorçer le siphon.

Bien que ne constituant pas une installation avecgroupe bulbe Ă  Ă©coulement axial, nous citerons unevariante de la disposition en siphon (fig. 4) rĂ©alisĂ©esur le canal latĂ©ral de la Garonne, disposition oĂčmalheureusement le groupe est assez difIlcilementaccessible.

Sur la Mayenne canalisĂ©e entre les villes deMayenne et de Laval, l'EleetricitĂ© de France arĂ©alisĂ© l'Ă©quipement de 16 biefs dont les difTĂ©rencesde niveau varient de 1,50 Ü 2,76 m (fig. 5). Danschacun de ces biefs, les ouvrages de navigationcomportent de la rive gauche Ă  la rive droite:

une écluse de navigation;un pertuis de vannage d'une largeur de 5,20 menviron, obturé par une vanne à glissiÚre;un barrage il seuil déversant.

Les sas d'écluse étant réservés il la navigation,les microcentrales ont été installées dans les per­tuis de vidange.

Trois des biefs se prĂȘtaient il l'instaUation dedeux groupes cĂŽte Ă  cĂŽte, pouvant absorber chacun4,5 m 8/s, les treize autres biefs Ă©tant prĂ©vus pourun groupe de 9 ma/s; au total: Hl groupes.

Page 3: Les microcentrales de la Mayenne

LA HOU 1LLE BLANCHE/N° ] -] 96'1

Q=6rr"{/s

n= 214 t/m

H,2,60m

P= 95kw1/ Groupe en pertuis.

4/ Groupe type Saint-Jorry.

2/ Groupe en concluit.

3/ Gnmpe en siphon.

INSTALion DE MICRO­CENTRALES

DANS DES BIEFS DELA MAYENNE

5/ La Mayenneentre Lavalet Mayenne.

27

Page 4: Les microcentrales de la Mayenne

F. AUROY

Sor/lr ck3 <';'*3 N r~$~r ...o/r

d ~1l ~n311m dhuile

//

\

61 Tllicrocentrale de la Maignannerie.

j'.

81 Type d'une microeentrale de la Mayenne.

S5SJ

N'Yb<1U dcla rrce/'lue

"JiIII_.......~*tI-=="'_~~_o =-

11 Microcentrale de l'Amc.

28

9/ Microcentrale de Saint-Beaudelle.

101 Derriek de montage (microccntralc de Bas-Hambcrt).

Page 5: Les microcentrales de la Mayenne

4,5 m3 /s;1,95 m;

Notons au passage que le débit moyen annuelde la Mayenne étant d'environ 27 m3 /s, le derrréd'équipement de ces microcentrales est bien d'~n"viron 0,3 module.

L'Electricité de France a tout d'abord réalisé etmis en service, en janvier 1954, un premier groupeprototype du type «en siphon» à l'écluse de laMaignannerie (fig. 6), dont les caractéristiquessont:

débit .hauteur de chute .génératrice asynchrone tournant il.225 tr/mn, puissance. . . . . . . . . . .. 54 kvV.

L'Electrici tĂ© de France a, Ă  la mĂȘme Ă©poque,rĂ©alisĂ© et mis en service en fĂ©vrier 1955, Ă  l'Ă©clusede l'Ame (fig. 7), un groupe prototype du type « enconduite» dont les caractĂ©ristiques sont:

débit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 m 3/s;hauteur de chute. " ., .... " .. .. . 1,90 m;génératrice asynchrone tournant il225 tr/mn, puissance , '" 120 kW.

A la suite de ces deux expériences, l'Electricitéde France a décidé d'équiper les autres microcen­traIes de la Mayenne avec des groupes «ensiphon». Sur les 17 groupes restant à équiper,dont la puissance va de 50 à 180 kvV, 12 sont desgroupes asynchrones pouvant absorber chacun9 m 3/s et dont l'installation est achevée; les 5 autressont des groupes synchrones pouvant absorberchacun 4,5 mS/ s et qui sont .en cours d'exécution.

Microcentrales asynchrones.

Le gĂ©nie civil de ces microcentrales (fig. 8) estrĂ©duit au strict minimum: un simple voile enbĂ©ton armĂ© au-dessus de la vanne de vidange, quiest une vanne Ă  gtissiĂšre, manƓuvrable Ă  main,de 5 X 1,17 m. L'ensemble de la microcentrale(siphon, groupe et diffuseur) repose d'une part surle voile ci-dessus, d'autre part sur deux pilettesen bĂ©ton armĂ© fondĂ©es sur le radier de la passede vidange; dans certains cas, un petit dĂ©roctagedans le lit de la riviĂšre a Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour per­mettre d'asseoir le difTuseur (fig. 9).

Le siphon, qui est calibrĂ© pour alimenter legroupe dans les meilleures conditions, constitueen mĂȘme temps l'organe de coupure de la veineliquide. II comporte il cet efTet, Ă  sa partie supĂ©~

rieure, une ouverture reliée d'une part à une élec­trovanne et d'autre part à un ventilateur à dépres­sion, par l'intermédiaire d'Un clapet de retenue.

Le groupe fonctionne automatiquement par toutou rien, et le dĂ©marrage et l'arrĂȘt sont commandĂ©sĂ  l'aide de deux Ă©lectrodes disposĂ©es cĂŽtĂ© amont,l'une au-dessous de l'autre, Ă  quelques centimĂštresd'intervalle, Ă  des niveaux rĂ©glables.

Quand le plan d'eau atteint le niveau de l'Ă©lec­trode supĂ©rieure, un relais provoque la fermeturede l'Ă©lectrovanne ainsi que la mise en marche duventilateur. Sous l'efTet de la dĂ©pression, l'eau montedans le siphon, puis se dĂ©verse vers l'aval, pro­voquant le dĂ©marrage de la turbine. La vitessedu groupe augmente Ă  mesure que le dĂ©bit aug­mente, et lorsqu'elle approche de la vitesse de svn·chronisme une Ă©lectrode spĂ©ciale, dĂ©tectant v leniveau correspondant au dĂ©bit de marche Ă  vide,provoque le couplage sur le rĂ©seau. A ce moment,un relais provoque l'arrĂȘt du ventilateur.

LA HOU 1LLE BLANCHE/N° 1-1964

Tant que le dĂ©bit du groupe est infĂ©rieur Ă  celuide la riviĂšre, le groupe tourne et dĂ©bite sur lerĂ©seau. Si le dĂ©bit de la riviĂšre est infĂ©rieur Ă  celuidu groupe, le plan d'eau amont baisse, et lorsqu'ilatteint l'Ă©lectrode infĂ©rieure, un relais provoqJlel'ouverture de l'Ă©lectrovanne ainsi que celle ducontacteur principal. Le groupe est dĂ©couplĂ© et,en mĂȘme temps, le siphon se dĂ©samorce et le groupes'arrĂȘte. Le cycle recommence dĂšs que le plan d'eauamont atteint Ă  nouveau l'Ă©lectrode supĂ©rieure.

Le plan d'eau amont devant ĂȘtre maintenu liune cote au moins Ă©gale Ă  celle du barrage, l'Ă©lec­trode infĂ©rieure est calĂ©e Ă  la cote d'arasement dubarrage et l'Ă©leeirode supĂ©rieure est placĂ©e immé­diatement au-dessus du niveau bas de l'intumes­cence produite par l'arrĂȘt du groupe.

Les turbines sont des turbines hĂ©lices capablesd'absorber un dĂ©bit de 9 mS/s; elles tournent Ă 143 tr/mn. Les roues;· de 1,12 m de diamĂštre, sontĂ  quatre pales et l'orientation des pales peut ĂȘtremodifiĂ©e il l'arrĂȘt.

Les gĂ©nĂ©ratrices sont du type asynchrone fonc­tionnant Ă  la tensioÜ de 500 V et tournent dans unehuile en lĂ©gĂšre surpression grĂące Ă  un rĂ©servoirspĂ©cial placĂ© au-dessus du siphon. Elles prĂ©sententune forte rĂ©actance, une faible inertie, et peuventtourner en permanence Ă  la vitesse d'emballementde 435 tr/mn.

Les groupes sont interchangeables, bien que lesgénératrices soient de deux types différents, selonque la hauteur de chute est inférieure ou supé­rieure à 2,05 m. Le groupe avec génératrice typeEU1250 fournit de 70 il 1a5 kvV quand la hauteurde chute varie de 1,a5 à 2,05 m. Le groupe avecgénératrice type EU 1250 bis fournit de 1a5 nH)(l kvV quand la hauteur de chute varie de 2,05il 2,75 m.

Une grille est disposĂ©e Ă  l'entrĂ©e du siphon; elleest en forme de secteur mobile autour d'un axehorizontal. Cette disposition est intĂ©ressante, carles feuilles et branches qui sont arrĂȘtĂ©es par cettegrille ont naturellement tendance Ă  retomber Ă chaque arrĂȘt du groupe, le point de chute se situantexactement devant la vanne de vidange.

L'amenĂ©e Ă  pied d'Ɠuvre des Ă©lĂ©ments de groupesa Ă©tĂ© faite par chaland Ă  partir du port de Mayenne.Les montages sur place ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s grĂące Ă un derrick en duralumin facile Ă  dĂ©monter et iltransporter (fig. 10).

L'énergie produite par chaque microcentrale estévacuée par l'intermédiaire d'un transformateur500 V/15 kV sur une ligne 15 kV construite à cetefIpt entre Laval et Mayenne, et raccordée auxbarres 15 kV du poste de Mayenne.

Afin de diminuer les pertes en ligne, la puissanceréeIIement absorhée par les génératrices est partiel­lement compensée sur place par des batteries decondensateurs statiques 500 V, de 90 KVAR ou de120 KVAR, selon la puissance de la microcentrale.

29

Page 6: Les microcentrales de la Mayenne

Un petit bùtiment en béton armé (fig. 11) de4 X 2 m de dimension extérieure, et de 2,50 m dehauteur, situé sur la rive à proximité immédiatede chaque microcentrale, abrite:

le transformateur;

la batterie de condensateurs;

un jeu de trois fusibles à haut pouvoir de cou­pure;

un jeu de trois transformateurs d'intensité;

un chùssis équipé des différents contacteurs(génératrice, batterie de condensateurs, moteurdlL ventilateur, électrovanne);

un chùssis de commande et de protection COlll­

portant les difIérents relais de protection sui­vants : coupure, inversion de phases, minimumet maximum de tension, maximum de fréquence,masse basse tension, temps de démarrage troplong, fatigue.

Cette derniĂšre protection mĂ©rite un petit com­mentaire. On dĂ©signe sous le terme de «fatigue»un phĂ©nomĂšne qui se traduit par une baisse plusou moins rapide de la puissance fournie, et quiest dĂźt Ă  l'accumulation des feuilles contre la grilleou contre la paroi des pales qui se trouve endĂ©pression. En gĂ©nĂ©ral, lorsque le groupe s'arrĂȘte,les feuilles se dĂ©tachent d'elles-mĂȘmes et le grouperetrouve sa puissance. Le relais provoque donc lamise Ă  l'arrĂȘt et le redĂ©marrage du groupe.

Le fonctionnement par tout ou rien de ces micro­centralçs fait qu'elles n'apportent au rĂ©seau qu'uneĂ©nergie d'appoint, intermittente. Le rĂ©seau doitdonc ĂȘtre en mesure de pallier les pĂ©riodes dedĂ©faillance, ainsi que d'assurer le rĂ©glage de lafrĂ©quence et de la tension.

Micro.centrales synchrones.

Dans le caclre de la recherche d'un type d'instal­lation pour réseau autonome de faible puissance,utilisable notamment dans les pays en voie de déve­loppement, Electricité de France a réalisé et misen service en 1958 à Echarcon, sur la riviÚre

‱ ":':"/'---,~,..--"y-..-'_-"'~"~/'. "_'''-_'-'"\'--~/'-'-~'''--''''/'"-.,,-....-,-,.,,..-/;-'"/'''"/'''-''''''

l'E:ssonne, JIne InstallatIon expenmentale, purs a. dĂ©ĂštĂȘIren~/ 1961 de rĂ©aliser sur la Mayenne cinqinstallations synchrones, semblables Ă  celted'Echarcon, qui sont en cours de fabrication.

L'installation d'Echarcon (fig. 12) est. une instal­lation en siphon, fonctionnant par tout ou rienen fonction du niveau amont grùce à une électro­vanne et à un ventilateur, comme décrit plus hautà propos des microcentrales asynchrones.

A sa partie supérieure, le siphon comporte unetrémie de 1 m de diamÚtre fermée par un couverclebombé en stratifié à fermeture autoclave; ce cou­vercle trÚs léger s'ouvre et se ferme trÚs facilementet permet en conséquence l'accÚs rapide et facileau bulbe; c'est par cet orifice qu'on sort l'alterna­teur en cas de démontage (fig. ] 3).

La turbine est une roue hélice de 1,12 m dediamÚtre tournant à 214 tr/mn, à quatre pales fixes,en alliage d'aluminium, dont le moyeu s'encastredans la partie aval du distributeur fixe.

Le bulbe contenant la génératrice également eIlalliage d'aluminium vient s'appuyer à l'amont surle distributeur (fig. 14).

30

F. AUROY

La génératrice est du type synchrone à exci­tation par aimants permanents.

Le rotor de la génératrice est constitué par unejante sur laquelle sont fixés les blocs d'aimantspermanents, chaque pÎle étant entouré par un bobi­nage d'aimantation.

Le stator est constitué par un paquet de tÎlesempilées dans un circuit en alliage léger coulé.

La génératrice peut fonctionner indif1'éremmentdans l'huile ou dans l'air. La piÚce porte-paliers(en alliage léger comme le cuvelage) forme réserved'huile de graissage des paliers, en légÚre sur'pres­sion par rapport à la pression d'eau au droit desjoints, cie façon à protéger l'alternateur contre lesrentrées d'eau éventuelles.

Dans le cas particulier d'Echarcon, le barragea été réalisé par un voile constitué de tÎles métal­liques juxtaposées mais non solidaires, fixé d'unepart dans leur radier, d'autre part à une poutrehorizontale seellée dans les bajoyers sous le col dusiphon. L'étanchéité est assurée par des bandes decaoutchouc formant joint entre les tÎles et entrele voile et les bajoyers.

Le siphon et le difl'useur sont en tĂŽle d'acierde 4 mm d'Ă©paisseur.

La tension aux bornes de la génératrice est de220 Ventre phases. Pour une chute de 1,60 m, etun débit de 4,5 m;)/s, la puissance débitée est cie52 kW.

Le poids total de la microcentrale est de 6 000 kg.

Dans le cas du fonctionnement dans un rĂ©seauinterconnectĂ©, la marche d'une telle microcentralesynchrone peut ĂȘtre entiĂšrement automatiquecomme vu plus haut pour les microcentralesasynchrones.

Dans le cas du fonctionnement en réseau séparé,il faut disposer d'une petite source d'énergie auxi­liaire pour la mise en route du ventilateur àdépression.

Les interventions sur place se limitent d'ailleursaux opérations suivantes:

dĂ©gagement Ă©ventuel de corps Ă©trangers ayantĂ©chappĂ© Ă  la grille et gĂȘnant le fonctionnelnentde la turbine;remplacement de l'huile des paliers;

- graissage du ventilateur;--- peinture de renouvellement.

En cas d'avarie sur des organes plus importants,le démontage s'effectue en quelques heures à l'aided'un palan, la piÚce la plus lourde, qui est l'alter­nateur, n'excédant pas 1 100 kg.

La réaimantation des aimants permancnts se faitaisément en déchargeant une batterie de condcn­sateurs portative dans chaque paire de pÎles dela génératrice, les prises terminales des bobinesd'aimantation étant facilement accessibles lorsqu'ona enlevé le couvercle supérieur de l'alternateur.

L'appareillage automatique est constitué par descircuits statiques semi-conducteurs). Cet appa­reillage assume les tùches suivantes:- amorçage et désamorçage du siphon en fonc-

Page 7: Les microcentrales de la Mayenne

f fi

f21 Microcelltl'alc d'Echarcon.

LA HOUILLE BLANCHE/N° 1-1

131 Echarcon. Sortie du moulin ct.

141 Echarcon. Le moulinet.

Page 8: Les microcentrales de la Mayenne

F. AUROY

tion du niveau amont:couplage de l'alternateur au réseau;contrÎle du démarrage et réitération du démar­rage, limitée à trois tentatives si la puissancefournie est insuffisante;protections (protection à maximum et minimumde tension, protection à maximum et minimumde fréquence, protections contre les courts-cir­cuits en ligne, contre les surintensités, contreles défauts de masse, contre les échauffements).

Dans le but de permettre un fonctionnement enréseau autonome, un dispositif de régulation parabsorption a été construit et expérimenté à Echar­con, grùce auquel le groupe fonctionne à puissanceconstante. La puissance qui n'est pas consomméepar le réseau est absorbée par. des résistancesimmergées dans le bief aval. Un amplificateurmagnétique contrÎle le courant qui traverse lesrésistances. La puissance absorbée est asservie à lafréquence.

Malgré le manque d'inertie du groupe bulbe,caractérisé par son temps de laneer de 0,5 s, laeoupure ou la fermeture instantanées de 90 % dela puissanee du groupe ne provoquent qu'unevariation transitoire de ± 10 % de la fréquence.

La totalité de l'appareillage de la mierocentraleest eontenue dans une armoire étanehe, d'environ

32

1 X 1 X 0,50 m, placée immédiatement à cÎté dugroupe.

Les cinq machines en cours de fabrication etdestinées à la Mayenne diffÚrent peu du prototyped'Echarcon. La roue comporte quatre pales fixéesau milieu par des tourillons permettant d'ajusterleur position à l'angle voulu pour fixer à la tur­bine le débit désiré. La vitesse de rotation est de250 tr/mn; la tension est 220/880 V triphasé.

Dans chaque installation, le barrage est constituépar un simple voile en béton armé entre lesbajoyers de la passe de vidange au-dessus de lavanne de vidange, disposition semblable à eelle desmicrocentrales asynchrones.

**Les microeentrales synchrones ou asynchrones

constituent une formule qui peut prĂ©senter enFrance un certain intĂ©rĂȘt dans les eas partieuliers,oĂč moyennant de faibles dĂ©penses de gĂ©nie eivil onpourra rĂ©aliser des installations l'entables.

Par contre, les mierocentrales synchrones eonsti­tuent certainement une solu tion valable dans lespays en voie de développement, employées seulesou en liaison avee de petites centrales thermiques.