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1 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005 Nouvelles Les Nouvelles de l’INHA / mars 2005 Trimestriel 21 Le 9 février, Messieurs François Fillon, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication, ont inauguré la galerie Colbert et dévoilé la plaque commémorant cette ouverture solennelle. Accom-pagnés des présidents et directeurs de l’Institut national du patrimoine et de l’inha, ainsi que des présidents de toutes les institutions installées sur le site et des directeurs d’administration centrale, ils ont d’abord été reçus par Monsieur Jeanneney, prési- dent de la BnF, pour une visite des salles Ovale et Labrouste, dans le cadre de la réhabilitation du quadrilatère Richelieu qui lie la BnF et l’inha pour la seconde phase du projet. Après avoir parcouru les expositions de la Galerie, les ministres se sont rendus dans les locaux de Paris I, de la biblio- thèque Gernet-Glotz, de Paris IV et de l’Institut national du patrimoine. Ils ont ainsi pu évaluer les améliorations apportées aux conditions de travail des chercheurs et les nouvelles capacités qui leur sont offertes grâce à l’investissement de l’État. Que signifie pour nous tous cette journée ? En premier lieu, la mise en lumière de ce nouveau campus, aussi bien vis-à-vis des pouvoirs publics que de la presse, qui a commenté abondamment l’événement. Nous savons bien que les missions de l’inha, son articulation avec les univer- sités, les centres de recherche et les asso- ciations savantes, restent très complexes pour qui n’est pas directement impliqué dans la recherche ou l’enseignement en histoire de l’art. La réalisation collective d’un dossier de presse précisant les spé- cialités et les activités de toutes les insti- tutions qui animent la galerie Colbert permettra, nous l’espérons, de mieux faire comprendre pourquoi il était indispensable de réunir en un même lieu les différentes composantes de la discipline, à proximité des ouvrages qui en consti- tuent la « matière première ». Ensuite, la conjonction des efforts de toutes les parties concernées qui, dans la plus grande unanimité, ont concouru à la réussite de la fête. Je ne saurais trop remercier de leur présence non seulement la communauté des chercheurs résidant sur le site qui se sont tous mobilisés, mais aussi le nombre impressionnant de nos confrères, de nos correspondants en région ou à l’étranger qui ont fait le voyage pour nous marquer leur intérêt. Presque deux mille personnes ont répondu 1 Éditorial 2 Comptes rendus Androuet du Cerceau Les héros mendiants Primatice architecte Archaïsme Les Spectacles antiques 5 L’événement – dossier Programme AREA 9 Grands instituts d’histoire de l’art Centre culturel de Cracovie 12 Carte blanche à... Yves Bonnefoy 14 Le point sur un outil, un fonds, une recherche Aurelie Nemours Art, architecture et paysages Le chantier sélection 22 Nouvelles acquisitions Dessins d’architectes Ouvrages en langue russe 27 Calendrier 30 Annonces à notre invitation : je vois dans cette affluence un signe de reconnaissance à l’égard des pouvoirs publics qui ont permis de réaliser un projet indispensable à la mise à niveau internationale de la recherche française en histoire de l’art – et à l’égard, également, de tous ceux qui l’ont conçu et fait inlassablement progresser. Enfin, la mise en route effective de nos activités communes. Les liens qui se sont tissés à l’occasion de cette inauguration, la mise en place d’un petit « salon du livre » rassemblant les dernières produc- tions en histoire de l’art des universités et des centres de recherche, la pose de ban- nières, tout au long de la galerie, affichant les noms prestigieux de nos grandes institutions, ont en quelque sorte accéléré la dynamique amorcée depuis un an. Nous avons conquis ensemble une légiti- mité, et l’outil dont nous disposons est maintenant fonctionnel et accessible. Il reste bien sûr ici et là des choses à amé- liorer. J’espère que nous pourrons nous consacrer, dans les mois qui viennent, à nos missions de documentation, de recherche et de formation. L’inha est né d’une volonté commune et d’un partage. Alain Schnapp Directeur général de l’INHA Éditorial Les ministres François Fillon et Renaud Donnedieu de Vabres dévoilant la plaque d’inauguration de la Galerie Colbert le 9 février 2005

Les Nouvelles de l'INHA n°21 · phase du projet. Après avoir ... région ou à l’étranger qui ont fait le voyage pour nous marquer leur intérêt. ... d’Alphonse Legros «L’histoire

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1 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Nouvelles Les Nouvelles de l’INHA / mars 2005Trimestriel

21

Le 9 février, Messieurs François Fillon,ministre de l’Éducation nationale, del’Enseignement supérieur et de laRecherche, et Renaud Donnedieu deVabres, ministre de la Culture et de laCommunication, ont inauguré la galerieColbert et dévoilé la plaque commémorantcette ouverture solennelle. Accom-pagnésdes présidents et directeurs de l’Institutnational du patrimoine et de l’inha, ainsique des présidents de toutes les institutionsinstallées sur le site et des directeursd’administration centrale, ils ont d’abordété reçus par Monsieur Jeanneney, prési-dent de la BnF, pour une visite des sallesOvale et Labrouste, dans le cadre de laréhabilitation du quadrilatère Richelieuqui lie la BnF et l’inha pour la secondephase du projet.

Après avoir parcouru les expositions de la Galerie, les ministres se sont rendusdans les locaux de Paris I, de la biblio-thèque Gernet-Glotz, de Paris IV et del’Institut national du patrimoine. Ils ont ainsi pu évaluer les améliorationsapportées aux conditions de travail deschercheurs et les nouvelles capacités quileur sont offertes grâce à l’investissementde l’État.

Que signifie pour nous tous cette journée ?

En premier lieu, la mise en lumière de cenouveau campus, aussi bien vis-à-vis des pouvoirs publics que de la presse, quia commenté abondamment l’événement.Nous savons bien que les missions del’inha, son articulation avec les univer-sités, les centres de recherche et les asso-ciations savantes, restent très complexespour qui n’est pas directement impliquédans la recherche ou l’enseignement en histoire de l’art. La réalisation collectived’un dossier de presse précisant les spé-cialités et les activités de toutes les insti-tutions qui animent la galerie Colbertpermettra, nous l’espérons, de mieuxfaire comprendre pourquoi il étaitindispensable de réunir en un même lieules différentes composantes de la discipline,à proximité des ouvrages qui en consti-tuent la « matière première ».

Ensuite, la conjonction des efforts detoutes les parties concernées qui, dans laplus grande unanimité, ont concouru à laréussite de la fête. Je ne saurais tropremercier de leur présence non seulementla communauté des chercheurs résidantsur le site qui se sont tous mobilisés,mais aussi le nombre impressionnant denos confrères, de nos correspondants enrégion ou à l’étranger qui ont fait levoyage pour nous marquer leur intérêt.Presque deux mille personnes ont répondu

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Éditorial

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Comptes rendus

Androuet du Cerceau

Les héros mendiants

Primatice architecte

Archaïsme

Les Spectacles antiques

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L’événement – dossier

Programme AREA

9

Grands instituts

d’histoire de l’art

Centre culturel

de Cracovie

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Carte blanche à...

Yves Bonnefoy

14

Le point sur un outil, un

fonds, une recherche

Aurelie Nemours

Art, architecture

et paysages

Le chantier sélection

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Nouvelles acquisitions

Dessins d’architectes

Ouvrages en langue russe

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Calendrier

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Annonces

à notre invitation : je vois dans cetteaffluence un signe de reconnaissance àl’égard des pouvoirs publics qui ontpermis de réaliser un projet indispensable àla mise à niveau internationale de larecherche française en histoire de l’art – età l’égard, également, de tous ceux qui l’ontconçu et fait inlassablement progresser.

Enfin, la mise en route effective de nosactivités communes. Les liens qui se sonttissés à l’occasion de cette inauguration,la mise en place d’un petit « salon dulivre » rassemblant les dernières produc-tions en histoire de l’art des universités etdes centres de recherche, la pose de ban-nières, tout au long de la galerie, affichantles noms prestigieux de nos grandesinstitutions, ont en quelque sorte accéléréla dynamique amorcée depuis un an.

Nous avons conquis ensemble une légiti-mité, et l’outil dont nous disposons estmaintenant fonctionnel et accessible. Ilreste bien sûr ici et là des choses à amé-liorer. J’espère que nous pourrons nousconsacrer, dans les mois qui viennent, ànos missions de documentation, derecherche et de formation. L’inha est néd’une volonté commune et d’un partage.

Alain Schnapp

Directeur général de l’INHA

Éditorial

Les ministres François Fillon et Renaud Donnedieu de Vabres dévoilant la plaque

d’inauguration de la Galerie Colbert le 9 février 2005

2 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Comptes rendus – Journées d’étude et colloquesJacques Androuet du CerceauLes héros mendiants : art et littératurePrimatice, «architecte excellent et universel »La notion d’ArchaïsmeLes Spectacles antiques

Jacques Androuet du CerceauJournées d’étude INHA, 5 et 6 novembre 2004

Centre André Chastel /Centre allemand d’histoire de l’art

Au printemps 2007, pour la première foisen France, le Musée des Monumentsfrançais dans le cadre de la Cité de l’archi-tecture et du patrimoine, au palais deChaillot, consacrera une exposition àJacques Androuet du Cerceau (v. 1520-1586), l’un des artistes français qui a le plusprofondément et durablement marqué laculture européenne au début des Tempsmodernes, mais dont la seule monographiedate de 1887. Artiste prolifique, à la foisarchitecte et ornemaniste, dessinateur etgraveur, Du Cerceau se signale par la pro-duction singulière d’environ 1 500 dessinset autant de gravures, d’une exceptionnel-le inventivité graphique. « Archi-tectetotal », il s’est illustré aussi bien par desprojets d’avant-garde et des « caprices »architecturaux que par des modèles réalis-tes pour des « petits bâtiments » urbainsou ruraux, civils ou religieux, par des des-sins d’édifices antiques autant que pardes relevés des plus excellents bâtimentsde France, par des modèles de meubles etd’objets d’orfèvrerie et des traités sur lesordres et la perspective.

Les journées d’étude ont présenté lesrésultats des travaux des chercheurs ras-semblés autour de Jean Guillaume. Dansune première partie, Claude Mignot etJean Guillaume, complétant les travauxde David Thomson, se sont efforcés dereconstituer certaines phases de la carrièrede l’artiste, tandis que le corpus des œu-vres dessinées et gravées était revisité parPeter Fuhring, assisté de Krista De Jongepour les gravures et de Fabienne Le Barspour les reliures. L’analyse des œuvreselles-mêmes a ensuite fait l’objet des com-munications de Peter Fuhring sur l’orne-ment, de Hubertus Günther et SabineFrommel sur les relations de Du Cerceauavec l’Antiquité et l’Italie contemporaine,tandis que Catherine Titeux se consacraitau topographe, Jean Guillaume à l’archi-tecture imaginaire et Monique Chatenetaux recueils de modèles d’architecture« pour bâtir aux champs ».

Monique Chatenet

Les héros mendiants : art et littérature1er-2 décembre 2004INHA

Collège de France /Université Paris Sorbonne-Paris IV /Institut national d’histoire de l’art

Depuis plusieurs années, la chaire de littérature moderne de l’Europe néolatinedu Collège de France, dont le titulaire estCarlo Ossola, et l’E.A. 1496 « Littératureet culture italiennes » de l’université deParis IV-Paris Sorbonne, dirigée parFrançois Livi, s’associent pour des jour-nées « jeunes chercheurs », qui sont l’occa-sion de faire se rencontrer des doctorantsitaliens effectuant leurs recherches enFrance et des italianisants français. Laprésence de chercheurs italiens en Francegrâce aux bourses de la Compagnia diSan Paolo, tant en littérature italienne auCollège de France qu’en histoire de l’artauprès de l’Institut national d’histoire del’art, a incité cette année à associer l’inhaà ces IVe journées « jeunes chercheurs ».Celles-ci se sont déroulées dans les nou-veaux locaux de l’institut, galerie Colbert,selon leur principe traditionnel : deuxgrandes conférences faites par des cher-cheurs confirmés (Jean-Pierre Étienvresur « La quête amoureuse dans leQuichotte » ; Juliet Wilson Bareau sur« Mendiants et gueux chez Goya : unhéroïsme ambigu »), et des communica-tions de jeunes doctorants.

Carlo Ossola, en ouvrant les travaux, sou-ligna le statut particulier du pauvre dansla tradition chrétienne médiévale : l’hom-me en marge, la personne qui porte lespeines du monde, le personnage rejetéqui devient la pierre angulaire.Margherita Pascucci montra comment,dans la règle franciscaine et les traités dePietro di Giovanni Olivi, l’usus pauper estune démarche rationnelle, et GiuliaRadin mit en valeur la « gloriosa simul etjocunda paupertas » chez Pétrarque. LucieMoriceau, de l’université de Rennes II,s’attacha à la figure du paysan dans lestableaux des Le Nain en révélant l’utilisa-tion de modèles (dont certains se retrou-vent dans les peintures d’histoire) et laréutilisation d’images populaires, commecelle de la laitière.

Trois interventions ont porté sur la pre-

mière moitié du xixe siècle : Juliet WilsonBareau a montré la scission dans l’icono-graphie du pauvre chez Goya entre unevision des Lumières, philanthropiquedans les cartons de tapisserie des années1780, et au contraire une mythologie trèspersonnelle du gueux dans les estampesdes années 1800. La thématique du poètemendiant dans l’œuvre de Goethe et deFoscolo fut abordée par Valeria Gianetti,et Aurélie Gendrat Claudel analysa avecde nombreux exemples les discours éco-nomiques sur l’argent, la pauvreté, et la charité dans le roman italien du xixe

siècle, de Foscolo à Nievo.

Autour de 1900, la représentation de lapauvreté emprunte les voies du réalisme :extrêmement direct même dans l’artnoble par excellence, la sculpture, et dansun pays de forte tradition classique,l’Italie (Barbara Musetti, boursière SanPaolo, inha) ; christianisé et traité à laRembrandt dans la suite d’eaux-fortesd’Alphonse Legros « L’histoire du bon-homme Misère» (Simon André-Deconchat,Paris I-inha). En revanche le héros men-diant de l’esprit fin-de-siècle, Henry deGroux, étudié par Pierre Pinchon (Paris I-inha) à partir de son journal conservédans la Bibliothèque de l’inha (fondsDoucet) tout comme le futuriste Marinetti(étudié par Paul-André Claudel), semblentlégitimer leur pauvreté (parfois symbo-lique) par une poétique de la dilapidation.

Un même thème, mais plusieurs appro-ches : souvent plus discursives mais plusconceptualisées dans les recherches litté-raires, plus analytiques dans les études surles images. L’expérience, en tout cas, seracontinuée...

Olivier Bonfait

Conseiller scientifique à l’INHA

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Primatice, « architecte excellent et universel »17 décembre 2004Auditorium du Louvre

EPHE

Depuis la monographie monumentale deLouis Dimier Le Primatice (Paris, 1900),aucune étude n’avait été consacrée à l’œu-vre architectural de l’artiste bolonais(1503-1570). En liaison avec l’exposition« Primatice, Maître de Fontainebleau »(musée du Louvre, 22 septembre 2004-3janvier 2005), la nouvelle monographiesous forme d’ouvrage collectif(Primaticcio architetto, Milan, 2005) et le colloque organisé à l’Auditorium du Louvre, tous deux sous la direction de Sabine Frommel, cherchent à faire lepoint sur ce chaînon manquant dansl’histoire de l’architecture européennede la deuxième moitié du xvie siècle.

Primaticcio fait partie des Italiens qui ontcontribué de manière décisive à unemétamorphose des moyens d’expressionartistiques en France, et même Vasari qui,dans ses Vite, passait l’architecture françaisesous silence, fait des éloges des construc-tions spectaculaires de son compatriote.Toutefois certains débats du xixe siècleautour du statut professionnel de l’archi-tecte et de la question nationale, qui ten-daient à réduire l’apport des architectesitaliens à l’élaboration d’un langage archi-tectural de la Renaissance, ont contribuéà ensevelir les traces de cette œuvre (J.-M.Leniaud).

Arrivé à la cour de Fontainebleau en 1532après un apprentissage auprès de GiulioRomano au palais des Gonzague àMantoue, l’artiste, spécialisé dans ledomaine de l’art du stuc, du dessin, de lapeinture et de la décoration intérieure,accomplit un premier voyage à Rome en1540-41, et commence à s’occuper de l’ar-chitecture. Comme pour de nombreuxmaîtres du Quattrocento et duCinquecento, la scénographie et la per-spective se sont avérées précieuses dansla mise au point de méthodes pour l’arsaedificatoria. L’ampleur croissante desresponsabilités du Primaticcio, pendantpresque trente-huit ans et sous quatrerègnes successifs, témoigne de la souplesseextraordinaire de sa personnalité et de

son génie artistique. Ces qualités lui per-mirent de traduire les concepts culturelset politiques des différents souverainsdans des formules éloquentes (R. Knecht).La Grotte des Pins et la Fontaine d’Herculeà Fontainebleau, des compositions hybridesunissant avec virtuosité architecture,sculpture et poésie, fondèrent sa renomméecomme auteur de caprices architecturauxd’empreinte italienne. Entre 1552 et 1559, ilallait accéder à la dimension monumenta-le grâce aux commandes du cardinal deLorraine, l’un des mécènes les plus illust-res de son temps. La grotte de Meudon,une maison de plaisance insérée habile-ment dans les terrasses étagées d’un jardinen pente, interprète de manière inéditedes modèles italiens comme la cour duBelvédère (C. Bourel Le Guilloux). Sanomination comme surintendant desBâtiments du roi à Fontainebleau, enfin,(une charge que Catherine de Médicis luiconfia après la mort de Henri II en juillet1559 et qu’il devait garder sa vie durant)lui donne pleins pouvoirs pour exercerses fonctions - contrairement à son com-patriote Sebastiano Serlio qui, malgréson titre de « paintre et architecteur duroy » (1542-1554), resta en dehors deschantiers bellifontains.

En renouant avec des décisions prises parson prédécesseur Philibert Delorme, lebolonais transforme la hiérarchie desespaces en créant de nouvelles liaisonsculminant en un parcours scénographiquedepuis la cour du Cheval Blanc vers l’ailede Charles IX dont la façade triomphaledomine la cour de la Fontaine.L’itinéraire traverse la porte à pont-levisqui franchit le fossé que Catherine deMédicis fit creuser en 1565. Dotée decolonnes à bagues inspirées de GiulioRomano, cette « porta rustica » ne tardepas à acquérir une dimension politique.Après sa démolition, Henri IV, soucieuxde légitimer son pouvoir, réutilise les élé-ments les plus marquants pour le baptistèrede la cour Ovale (V. Droguet). Le tombeaude Henri II et la rotonde des Valois, dontl’attribution à Primaticcio a été étayée parune nouvelle étude du dossier, proposentune interprétation savante du vocabulairede Michel-Ange, une des références fon-damentales du maître (C.L. Frommel).« Gardien du temple » du patrimoine de laSeconde Renaissance, il s’éloigne des ten-dances françaises caractérisées par le goût

du langage décoratif associant des principesitaliens avec la manière française(J. Guillaume).

Primaticcio appartient à la génération desarchitectes italiens représentée parVignole, Alessi, Ammannati, Vasari oudella Porta qui élaborent les principes etle vocabulaire de l’école de Bramante enexaltant le relief de la paroi par des effetsplastiques raffinés, et en créant de nou-veaux rapports entre l’architecture, le jardinet le paysage. Son œuvre architecturalillustre l’ampleur du dialogue franco-italienqui, grâce à la force d’adoption des usagesfrançais de la part de l’artiste, conduit à des synthèses inédites qui allient les tra-ditions des deux pays.

Sabine Frommel

Directeur d’études

4 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

La notion d’ArchaïsmeTable ronde10 - 11 décembre 2004Paris VII, Immeuble Montréal

Phéacie

Cette table ronde, organisée sous laresponsabilité de Louise Bruit et deFlorence Gherchanoc, par l’ÉquipePhéacie (Paris I-Paris VII), proposait auxparticipants de s’interroger sur les défini-tions possibles et sur les usages de la« notion d’Archaïsme » dans l’Antiquitégrecque et romaine, et sur ses prolonge-ments. Le thème avait donné lieu préala-blement à plusieurs ateliers dans le cadrede l’Équipe, sous la forme de séminairesanimés par des chercheurs extérieurs àelle. Ce sont ces chercheurs qui ont présidéet discuté les différentes communications.

Notre mot « archaïsme » est fabriqué tar-divement sur archaios : « antique, primitif,originel », dérivé lui-même de arkhé : senspremier « commencement », puis « com-mandement ». Si la notion d’ancienneté aété plusieurs fois étudiée, la notion d’ar-chaïsme n’a guère été examinée pour elle-même. Or, elle ne se confond pas avecl’ancienneté, même si les deux notions serecouvrent partiellement. C’est précisé-ment l’histoire, l’extension et les fonc-tions de cette notion particulière quinous intéressait.

La table ronde était organisée en troisthèmes, correspondant à trois demi-jour-nées : « Archaïsme et commencements, laquestion des origines », « Archaïsme etautorité ; valeurs de l’archaïsme » ;« L’archaïsme, des Anciens aux Modernes ;perspectives historiographiques ».

Il est apparu que la notion d’archaïsmeétait un travail conscient d’appropriationdu passé. Le thème des origines, instru-ment de la construction d’une généalogieculturelle (C. Calame), a pour objectif depuiser dans l’ancienneté un prestige parti-culier. Dans une perspective politique, lanotion d’archaïsme est liée au thème del’ancestralité et à celui de l’identité. Maisil n’y a pas un commencement absolu :parallèlement aux revendications d’antiqui-té, de nouveaux repères temporels sontintroduits et l’archaïsme est perpétuelle-

ment réinventé, pour adapter ses valeursaux demandes et aux besoins d’un présentqui en est le nécessaire point de départ(A. Heller pour les cités d’Asie Mineure àl’époque impériale, C. Belayche). Ainsi,dans le domaine artistique, dès le ive siecleav.J.-C. on « fait de l’archaion » de mêmeque, à Rome, « faire grec » c’est créer uneimage archaïsante éclectique (StéphanieWyler, V. Huet, F. Lissarrague). Dans ledomaine rituel, également, l’incorporationd’éléments archaïques correspond à unemise en forme complexe et consciente.L’archaïsme est un mode de pensée sur lerituel (M. Beard, F. de Polignac).

Une publication doit rendre accessiblel’ensemble des communications et travaux.

Louise Bruit

Professeur émérite

Les Spectacles antiques entre imaginaire, recherches et réalitéarchéologique Table ronde INHA, 23 février 2005

INHA

Cette table ronde réunissait cinq interve-nants devant le public habituel des« Rencontres » du mercredi soir : IrèneBessière (inha), Jean-Claude Golvin(architecte, directeur de recherche aucnrs), Michel Florenzano (directeur derecherche au cnrs), Christian Landes(inha) et Jean-Michel Roddaz, professeurd’histoire romaine à l’Université deBordeaux III.

Les spectacles occupent une grande placedans la littérature latine. Personne n’ignoreles vers de Juvénal (10, 81) « Lui (le peuplede Rome), qui jadis distribuait les pleinspouvoirs (…) ne souhaite plus anxieuse-ment que deux choses, panem et circen-ses ». Citons aussi l’épigramme de MartialLiber spectacularum, ou le De spectaculis deTertullien. Les spectacles sont égalementau cœur de l’histoire du goût moderne etcontemporain pour l’Antiquité, avec lesromans historiques d’Alexandre Dumas(Actè, 1839), de Nicholas Wiseman(Fabiola, 1854) ; Quo vadis…? , qui valut àHenryk Sienkiewicz le prix Nobel de litté-

rature, ou Ben-Hur de Lew Wallace.Même enthousiasme chez les peintresacadémiques comme Jean-Léon Gérôme(Pollice Verso, 1872 ; Circus Maximus, 1876 ;Dernières prières des Martyrs chrétiens, 1883) ;même engouement dans les premierspéplums antérieurs à 1914.

Irène Bessière a montré toute la complexitéde la relation entre Antiquité et cinéma,ainsi que la validité d’une démarche pluri-disciplinaire sur un tel sujet. Jean-ClaudeGolvin a présenté le restitution du CircusMaximus de Rome et de l’hippodrome deConstantinople d’après les sources icono-graphiques antiques. Michel Florenzanoa développé l’intérêt du relevé et de lamodélisation numériques mis en œuvreau sein de l’umr 694 de l’École d’archi-tecture de Marseille-Luminy, pour la fouilleet l’analyse archéologiques des édifices despectacle antiques. Ils sont appliqués surla fouille du théâtre (iie – iiie siècles)d’Uthina / Oudhna en Tunisie, par uneéquipe inha / umr 694 / musée de Lattes -Montpellier. Depuis 1987, quatre exposi-tions et quatre colloques organisés aumusée archéologique de Lattes -Montpellieront déjà permis de rassembler une impor-tante documentation. Jean-Michel Roddaza détaillé les programmes de recherchesinitiés depuis plusieurs années dans le cadrede l’Institut Ausonius / Bordeaux III et aannoncé la tenue d’un colloque interna-tional en automne 2006 sur le cirque.

Cette « Rencontre » voulait sonder l’étatde la question. Elle souhaitait aussi exa-miner les aspects méthodologiques poséspar de nouvelles perspectives de recher-che avant de soumettre un programmesur le thème « Spectacles et édifices despectacle dans le monde romain » à l’ap-probation du prochain conseil scienti-fique de l’inha prévu pour le 4 juillet.Trois aspects s’y articuleraient, dans unlarge esprit d’interdisciplinarité : larecherche archéologique et iconographique,des projets documentaires « papiers » et« numériques », des expositions et descolloques, en collaboration étroite avecles organismes représentés par les confé-renciers : inha, Ausonius/BordeauxIII,école d’architecture de Marseille-Luminy.

Christian Landes

Conseiller scientifique à l’INHA

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L’INHA héberge le secrétariat et lacoordination scientifique du réseauAREA ARchives of EuropeanArchaeology (http://www.area-archi-ves.org) consacré à l’histoire de l’archéologie européenne. Financépendant trois ans par la Commissioneuropéenne, un groupe internationald’institutions et de chercheurs s’estattaché à la valorisation et à l’étudede sources originales créées par l’ar-chéologie, ou du moins éclairantespour l’histoire de cette discipline. Unprochain article des Nouvelles del’INHA précisera les activités et lesthèmes de recherche des dix autrespartenaires européens.

« L’archéologie française de ses origines àson institutionnalisation1 » : tel est levaste thème de recherche entrepris par lepartenariat français piloté par l’inha, etdont nous proposons ci-dessous quelquesaspects. Il ambitionne de suivre lesacteurs de l’archéologie française, leursterrains d’investigation, leurs techniquesd’enregistrement et de diffusion des don-nées mais aussi leur appui institutionnelet, par là même, l’évolution de la discipli-ne. Au cours de ces trois dernièresannées, la recherche, la description et lavalorisation d’archives archéologiques ontété conduites dans une dizaine d’institu-tions par de jeunes doctorants, sous latutelle et avec la collaboration des conser-vateurs et des chercheurs associés à ces institutions. Près de quatre-vingt dixmois de vacations ont été dédiés àces fins, et un soutien a été apporté à desvoyages d’étude, des expositions, des ren-contres et des publications.

L’événement – dossierLes archives de l’archéologie française : un bilan d’activités du réseau AREA III à l’INHA

Sandro Lorenzatti, une base de donnéesconsultable en ligne sur le site area a puêtre réalisée grâce à une collaborationavec la Réserve des Livres rares et pré-cieux de la Bibliothèque nationale deFrance et la Bibliothèque Mazarine.Corpus des principaux livres sur les anti-quités de la Gaule (époque gallo-romaine)imprimés en France de la Renaissance à la fin du xviiie siècle, elle vise à donnerun aperçu aussi complet que possible dela sensibilité, de la méthode et des tech-niques du milieu antiquaire de cesépoques. La bibliographie, qui comporteaujourd’hui plus de 500 notices interro-geables de façon dynamique, sera com-plétée au fil des années, en particulier pardes images des frontispices et des princi-pales planches.

area a soutenu, par ailleurs, deux initia-tives qui permettent de mettre en valeurla place première de l’Italie en tant quesource, observatrice et médiatrice des ves-tiges dans l’Europe de l’érudition anti-quaire : les journées d’étude « Antiquariat,musées et patrimoine à Naples au xviiie

siècle 5 », et le programme « Rome entre lerêve et la science 1700-17706 » conduit auCentre Louis Gernet.

Une exploration systématique des archi-ves de l’Académie des sciences7 (qui faitpartie de l’Institut de France 8), a été menéeà bien dans le cadre d’une collaborationavec area. Fondée en 1666 et organiséepar règlement royal en 1699, cetteAcadémie regroupe en effet, dès l’AncienRégime, les savants des disciplines mathé-matiques (géométrie, astronomie, méca-nique) et physiques (anatomie, chimie,

Retrouver les origines de la disciplinearchéologiqueDans le sillage des études sur les antiquai-res menées par Alain Schnapp2, plusieursspécialistes ont pu, avec le soutien d’area,développer leurs travaux sur ces « proto-archéologues » – parfaitement représentéspar le comte de Caylus (1692-1765)3 – quiont cherché, collectionné et décrit lesobjets du passé dans une démarche quipréfigure la science archéologiquecontemporaine.

Le Cabinet des Médailles de laBibliothèque nationale de France –associé au réseau area depuis ses premiè-res phases – a eu la possibilité d’analyseret de décrire ses archives pour la période1664-19004. Les documents de l’AncienRégime permettent de comprendre le lienentre les découvertes archéologiques fai-tes sur le territoire français et les collec-tions royales et en particulier comment,centralisme français oblige, ces trésorsarchéologiques ont été acheminés vers leCabinet du roi. De la Révolution à 1815,le phénomène de confiscation/restitutiondes pièces archéologiques déplacées desmusées européens vers les collectionsfrançaises est clairement visible dans lesarchives grâce aux informationsrecueillies dans divers inventaires. Ainsi,avant que les objets du Cabinet nedeviennent une source d’inspiration pourdes artistes comme Rilke ou Flaubert etn’alimentent le goût néo-classique, leurhistoire, dévoilée par les archives, éclairenotre connaissance des premiers temps del’investigation archéologique.

D’après la bibliographie établie par

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botanique) dont beaucoup – illustrantavant l’heure la pluridisciplinarité qu’exi-ge l’archéologie – s’intéressent aux vesti-ges du passé. Au cours des séances heb-domadaires, les membres et des interve-nants invités communiquent leurs derniè-res recherches, leurs procédés nouveaux,dont ils peuvent laisser le secret sous plicacheté à l’assemblée, qui joue le rôle detribunal des techniques et des sciences.Ainsi, dès le xviiie siècle les académicienscontribuent à transformer la curiositéarchéologique en science par l’analyse desossements humains, des momies, deshabitats mis au jour, du matériel exhumépar les fouilles.

La dimension politique de l’archéologie,qui est un des thèmes de recherche d’areaà l’échelle internationale (le discours surle passé est souvent la justification d’unepolitique au présent), sera mise en avantdans le prochain article. Convenons sim-plement ici que l’archéologie françaisen’est pas seulement celle du sol français,elle est aussi celle qui a été conduiteailleurs par les Français, en collaborationou non avec les archéologues locaux.

Suivre les archéologues français à l’étrangerL’Académie des inscriptions et belles-lettres, à l’Institut de France, a joué unrôle très important dans le patronage et lacoordination de travaux, d’entreprises etde missions archéologiques, non seulementen France métropolitaine, mais surtout

en Italie et en Grèce, en Afrique du Nord,en Égypte et au Proche-Orient, dont arease devait de témoigner. Dès le début duxixe siècle cette Académie, soit en tant quecorps, soit par l’action individuelle de sesmembres, a favorisé la mise en place pro-gressive d’institutions vouées aux sciencesde l’Antiquité et à l’archéologie, en relationavec d’autres institutions et d’autresinstances nationales officielles et gouver-nementales, comme les ministères desAffaires étrangères, de l’Instruction publiqueet des beaux-arts. Elle a notamment jouéun rôle déterminant dans la création etl’évolution des écoles et instituts archéo-logiques français implantés à Athènes,Rome et Madrid, au Caire, à Jérusalem,Istanbul, Beyrouth et Damas, qui aujour-d’hui encore sont placés sous son patronageou sont en étroite relation avec elle.

C’est en effet le cas de l’École françaised’Athènes fondée par une ordonnanceroyale de Louis-Philippe en 1846 comme«École de perfectionnement pour l’étudede la langue, de l’histoire, des antiquitésgrecques», plus ancien établissementscientifique français à l’étranger et pre-mier institut archéologique établi àAthènes. Elle s’est vu attribuer à partirdes années 1870 de prestigieux chantierssur lesquels elle travaille encore aujour-d’hui : Délos, Delphes, Argos, Thasos,Malia, Philippes. Les archives de l’Écoleen partie conservées au service des archi-ves manuscrites (rattaché à la biblio-thèque) et à la photothèque-planothèque

mettent en lumière son apport à l’archéo-logie en Grèce, en Asie Mineure et dansles Balkans, du milieu du xixe siècle à nosjours9. Elles permettent de préciser quelssont les enjeux et les spécificités de l’ar-chéologie « grecque » : si celle-ci a vu sonchamp d’investigation dans le temps (duNéolithique à l’époque byzantine) s’élar-gir considérablement depuis la Monarchiede Juillet, les archéologues considèrentnéanmoins la nation grecque, dont l’his-toire ne peut pas être oubliée, comme ledénominateur commun des archéologiepréhistorique, protohistorique, historiqueet médiévale10.

Le Centre historique des Archivesnationales (chan) garde, au sein dufonds de la « Division des sciences et lettresdu ministère de l’Instruction publique »,la mémoire de missions scientifiquesindividuelles financées par ce ministèredans le courant du xixe siècle et le débutdu xxe siècle. Qui recevait une aide del’État pour les missions archéologiques ?Pour quelle destination ? Pour quelleétude ? Visant à retrouver des figuresoubliées des récits de l’histoire de l’ar-chéologie attachés aux « grandshommes » et aux « grandes découvertes »,à mieux cerner l’influence de l’aspectinstitutionnel sur la vie scientifique (inci-tative et limitative), les pratiques et lespolitiques de la discipline archéologique,une prospection systématique des dossiersindividuels a été entreprise 11.

1.Carnet de notes d’Alexandre

Bertrand (1820-1902)

© musée des Antiquités

nationales

2. Dossier Léon Cahun

(1841-1900)

Archives nationales - Section

du XIXe siècle, FR CHAN F/1/2944

© Archives nationales

3. Lettre portant le sceau de la

République, adressée à Barthélémy

de Courçay, Garde du Cabinet

des Médailles. Le « Cabinet » se

trouvait à cette époque dans l’hô-

tel de Nevers, situé rue Colbert.

© Bibliothèque nationale de

France - département des

Monnaies, Médailles et Antiques

4. Emile Bourguet, La « Grande

Fouille » de Delphes, 22 avril 1893

Photographie au gélatino-bromure

d’argent

© Bibliothèque de l’INHA-

collections Jacques Doucet

4

7

« Suivre les archéologues », c’est aussil’essence d’un réseau et d’un projet inter-national tel qu’area. Par le principe demise en commun des données, la basepermet d’avoir pour un même archéolo-gue une meilleure lisibilité de ses archivesdisséminées dans les diverses institutionsauxquelles il a appartenu en France et àl’étranger.

Les archives et les sources originales étu-diées recèlent une immense documenta-tion iconographique dont l’analyse est àla croisée de l’histoire des techniques etde l’histoire de l’art.

Décrypter les méthodes, observer les images produites par les archéologuesNé avec le legs du savant protohistorienqui en fut le conservateur de 1892 à 1914,le musée Joseph Déchelette de Roanneabrite une collection d’archives et de des-sins (non édités ou en édition de luxe)d’un intérêt comparable aux documentsconservés au musée des AntiquitésNationales de Saint-Germain-en-Laye 12.Par ailleurs, le Centre archéologiqueeuropéen de Bibracte, héritier des fouillesentamées sous le Second Empire, possèdeaussi d’importantes archives touchant à laprotohistoire française et à l’histoire de ladiscipline archéologique. Une aide area

a été attribuée 13 pour réaliser dans cesdeux institutions le dépouillement, lanumérisation et l’indexation des gravures,estampes, dessins rehaussés par les « pein-tres archéologues » mais aussi de laphotographie ancienne et primitive tou-chant à l’archéologie. Une exposition et un livre-catalogue sont en cours de préparation.

Dans le cadre du programme de valorisa-tion des collections patrimoniales de laBibliothèque de l’iinnhhaa-CollectionsJacques Doucet 14, un des fonds d’ar-chéologues du xixe et du xxe siècles quepossède la bibliothèque a été décrit.Auguste Allmer (1815-1899), maître d’Émile Espérandieu (1857-1939), avaitrassemblé une documentation colossalede notes en tous genres, d’estampages, de dessins et de correspondances. Au-delàde l’intérêt historique (relire les inscrip-tions de la Gaule Méridionale) qu’areprésenté le traitement pièce à pièce dufonds, il a permis de retrouver les tech-niques de relevés des pierres, les métho-des de classement d’un épigraphiste maisaussi le réseau étonnamment efficace d’in-formateurs dont le savant s’entourait.Au sein de l’Institut de paléontologiehumaine 15 – crée en 1910 d’après le projetscientifique de Marcellin Boule (1861-1942) et de l’abbé Breuil (1877-1961) – et

au département de préhistoire duMuséum national d’histoire naturelle,les archives nous renseignent sur la fon-dation puis le développement des scien-ces préhistoriques, tant au plan nationalqu’international. Plusieurs dizaines demilliers de plaques de verres (négatifs ennoir et blanc, plaques autochromes, posi-tifs dits « vues pour lanterne magique »)sont autant de témoignages instantanésdes progrès techniques enregistrés par lespréhistoriens. Dans le cadre d’area, l’at-tention s’est portée sur les papiers dusavant Émile Cartailhac16 (1845-1921). Ils’est agi notamment de rétablir la cohé-rence des documents préparatoires duDictionnaire archéologique de la Gauledont il eut la direction à partir de 1892.Autour de ce projet éditorial d’inventaireet de cartographie, nous retrouvons lesméthodes développées par les pionniersde l’archéologie préhistorique.

C’est un même travail de reconstitutiondes méthodes et de la pensée d’un savantqui a été entrepris à la Maison del’Archéologie et de l’Ethnologie (umr7041 Archéologies et sciences de l’Antiqui-té) sur les archives d’André Leroi-Gourhan 17. L’étude de ces documents acontribué à la publication de la plusrécente biographie analytique du savant18.

Travaux du Service archéologique de l’armée d’Orient dans la région de Salonique, 1916-1919 :

fouilles de la nécropole de Mikra Karabouroun

Aquarelle

BIbliothèque de l’Institut de France, manuscrit 3496

© Christian Piche / Bibliothèque de l’Institut de France

8 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Nous citerons enfin la contribution d’area au programme « Histoire de laconnaissance des vases grecs19 » qui, au-delà d’une histoire des méthodes archéo-logiques, témoigne d’une double passiondes images : pour celles que portent lesvases, pour celles qui les représentent.

On retrouvera sur le site Internet d’area,dans la base de données, plus de 560 noticesdescriptives inspirées de la norme archi-vistique internationale isad(g). Elles ren-voient aux fonds d’archives évoqués ci-dessus ainsi qu’à ceux de la Sous-direc-tion de l’archéologie au ministère de laCulture et de l’administration centrale ducnrs20 et donnent, pour le temps d’unearchéologie résolument institutionnalisée,une image de la politique scientifiquemenée au plus haut niveau de l’adminis-tration de la recherche en France.

Sonia Lévin

Chargée d’études et de recherche à l’INHA

1. À consulter sur le site www.historiesofarchaeology.com:

le poster « French archaeology from its beginnings to its institu

tionalisation » présenté à la conférence internationale finale

d’AREA III à Göteborg « Histories of Archaeology: Archives,

Ancestors, Practices » du 17 au19 juin 2004.

2. Alain Schnapp, La Conquête du passé – Aux origines de l’ar-

chéologie, Paris, éd. Carré, 1992.

3. Voir le catalogue de l’exposition édité par l’INHA Caylus mécè-

ne du roi – Collectionner les antiquités au XVIIIe siècle, Paris,

INHA, 2002.

4. Au cours d’AREA III, deux jeunes chercheurs, Delphine Lesbros

et Florian Stilp, ont, sous la tutelle d’Irène Aghion, extrait les piè-

ces « archéologiques » d’une colossale documentation, les ont

traitées et décrites dans 71 fiches de la base de données.

5. Cf Nouvelles de l’INHA, n°19, octobre 2004.

6. Sous la tutelle de François de Polignac, créateur de la base de

données, Clotilde Berder a contribué à la mise à jour des référen-

ces bibliographiques.

7. Piernas Gersende, L’archéologie à l’Académie des sciences

(Paris). (1667 -1965), 99 pages.

8. Grâce à la coopération, au sein de l’Institut de France, des dif-

férents services d’archives de la bibliothèque et de l’Académie des

inscriptions et belles-lettres, 57 fonds ont été examinés, cor-

respondant approximativement à 697 dossiers d’archives, 504

cotes de manuscrits, plus de 3 000 estampages et plus de 800

photographies et menant à la rédaction (par Fabienne Queyroux,

Mireille Lamarque, Éve Gran-Aymerich, et les jeunes chercheuses

Emmanuelle Champion, Léocadie Foucart et Gersende Piernas)

de 97 notices.

9. Alessia Zambon, Sabine Jaubert et Sonia Lévin ont, sous la

direction d’Evelyne Rocchetto à la bibliothèque de l’EfA, revu les

notices descriptives des archives dans le catalogue (consultable en

ligne sur le site http://www.efa.gr) et réécrit, en collaboration

avec le ministère hellénique de la Culture, les 28 fiches trilingues

de la base de données AREA.

10. AREA a permis la réunion d’une dizaine de doctorants venant

de France, Italie, Grèce et Turquie autour de la session « Writing

and Practice: histories of Greek archaeology » (10e meeting de la

European Association of Archaeologists, 9-11 septembre 2004)

consacrée aux enjeux (territoriaux, politiques) de la pratique

archéologique même et à ceux de son écriture (diffusion de la

recherche, media et illustrations).

11. Grâce à l’aide d’Armelle Le Goff à la section du XIXe du

CHAN, Giovanna Ceserani, Anna Rita Parente et Arianna Esposito

ont rédigé 122 fiches descriptives pour la base de données.

12. Dont les fonds d’archives sont rapidement décrits dans les 15

fiches de la base de données AREA.

13. A Serge Lewuillon expert du statut de l’image archéologique

dans la seconde moitié du XIXe siècle.

14. On trouvera dans la base de données AREA, 5 fiches donnant

un aperçu des archives, des manuscrits (nom donné aux docu-

ments d’archive reliés), des estampes, des dessins et des photo-

graphies relatifs à l’archéologie dans les fonds de la bibliothèque.

15. Voir l’exposition virtuelle sur le site AREA.

16. Sébastien Hameau sous la tutelle d’Arnaud Hurel à l’IPH a

accompli le traitement des archives et la rédaction des 13 notices

pour la base de données AREA.

17. Claire Letourneux a, sous la direction de Philippe Soulier, réalisé

une partie du classement.

18. Françoise Audouze et Nathan Schlanger (éd.), Autour de

l’homme - Contexte et actualité d’André Leroi-Gourhan, Antibes,

APDCA, 2004.

19. Marie Hascoët et Fabienne Colas ont contribué à l’alimenta-

tion de la base de données sous la direction de Martine Denoyelle

(cf. Nouvelles de l’INHA, n°19, octobre 2004).

20. 29 fiches ont été rédigées pour Centre historique des archives

contemporaines de Fontainebleau et 47 pour le Centre des archi-

ves du CNRS de Gif-sur-Yvette par François Barblu, sous la tutelle

de Louis Cosnier puis de Marie-Laure Bachèlerie aux Archives

Centrales du CNRS.

Mission d’Ernest Renan en Phénicie : fouilles de Saïda, 1862-1863

Aquarelle

Bibliothèque de l’Institut de France, manuscrit 1982

© Christian Piche / Bibliothèque de l’Institut de France

9

Grands instituts d’histoire de l’artCentre culturel international de Cracovie

Le centre culturel international deCracovie (CCI) est le fruit de la nouvelledonne politique en Pologne et dans lespays d’Europe centrale depuis 1989. Legouvernement polonais avait fait part deson intention de créer le Centre lors dusommet de la Conférence sur la sécuritéet la coopération en Europe (actuelle-ment Organisation pour la sécurité et lacoopération en Europe – OSCE) tenu àParis en novembre 1990. Le Centre acommencé ses activités le 29 mai 1991, àl’occasion du congrès sur le patrimoineculturel tenu par l’OSCE à Cracovie,congrès dont le bilan fut (et demeuresous certains aspects) un point de réfé-rence pour le Centre de Cracovie.

Ce centre accorde une attention particu-lière aux projets ayant rencontré des diffi-cultés dans leur réalisation et qui ont étésous-estimés. Au cœur de la mission duCentre réside le développement d’unenouvelle attitude vis-à-vis de l’héritagecommun de l’Europe, attitude à la foiscontredite par le choc des nationalismeset largement étayée par les identités, lestraditions et les racines spécifiques àchaque culture. Cette mission est égale-ment orientée par la confrontation cons-tante et dynamique entre la fin du xxe

siècle, le début du xxie, et l’héritage dupassé. Cette relation se fonde sur uneinterdépendance mutuelle : les réalités

contemporaines orientent notre approchede cet héritage, ce dernier corrigeant sanscesse notre appréhension de la réalitéd’aujourd’hui. La fondation par le gouvernement polo-nais du Centre culturel international estnon seulement un projet au programmeimportant, mais constitue également unetentative pour faire émerger de nouvellessolutions au carrefour de la culture et desdonnées économiques. Le but principaldu Centre est de combiner recherche uni-versitaire, programmes éducatifs etactions de médiation. Cette combinaisonunique et innovante dans le contextepolonais nécessite une approche interdis-ciplinaire du patrimoine culturel, de saprotection et de sa place dans la civilisa-tion mondiale, approche ayant permis auCentre de réaliser une forme de synergiequi résulte de la confrontation d’idées etde points de vue à trois niveaux : local,national et international. La convictionque la culture est un facteur décisif etdurable de développement, parmi ceuxqui ont une influence et des perspectivesd’avenir, sous-tend les activités du Centre.

Le Centre culturel international est uneinstitution spécialisée dans la recherchequi joue également un rôle en matièred’éducation et de promotion de la cultureet des arts sous tous les aspects du patri-moine culturel européen. Il est ouvert

aux collaborations sur le plan régionalcomme international et tente de répondrepar la variété de ses activités aux intérêtsdes milieux cultivés comme aux besoinsdu grand public.

Le premier projet important du Centrefut le « Mois culturel européen » (juin1992), événement qui mit en valeur lepotentiel culturel de la ville, et permit enmême temps de présenter à Cracovie ungrand choix de manifestations artistiquesexceptionnelles issues de divers pays.

La bibliothèqueLe Centre culturel international possèdeune bibliothèque spécialisée de littératurescientifique polonaise et étrangère, dontla majeure partie est consacrée au patri-moine culturel au sens le plus large duterme (matériel et immatériel) ainsi qu’àla conservation. Les collections compren-nent également des publications sur laculture en général et un grand choix decatalogues d’exposition et de publicationssur l’histoire de la Galicie. De nombreuxlivres, périodiques spécialisés et articlesinédits des collections, sont rares ou enexemplaire unique. Les enrichissementsproviennent de dons, d’échanges avec desbibliothèques, musées et institutionssavantes voisines de la Pologne ou pluslointaines, et d’acquisitions auprès delibrairies polonaises, étrangères ou d’anti-

Galerie du Centre

Exposition Man in the Middle

2004

photo A. Janitowski

10 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

quaires. Ces collections (en libre accès ouen magasins) sont disponibles dans lasalle de lecture qui offre dix places et despostes informatiques avec accès au catalo-gue électronique.

Le Service central d’information européenneLe service en ligne AHICE (Art HistorianInformation from Central Europe) a étécréé et fonctionne depuis le début de l’an-née 2004. Il a été conçu pour les person-nes qui souhaitent un accès facile à l’in-formation concernant l’histoire de l’artdans quatre pays d’Europe centrale :République tchèque, Hongrie, Pologneet Slovaquie. Depuis un an, ce service estdevenu une source d’information pournombre de personnes et d’institutions enrelation avec les musées et les autres acti-vités voisines comme l’éducation, larecherche et la coordination. Pourmémoire : après inscription, tous les usa-gers ont la possibilité d’entrer des infor-mations sur leurs propres activités. Leservice essaie de fournir des informationsbilingues, dans la langue du pays concer-né et en anglais, de manière à les rendreaccessible au plus large cercle d’utilisa-teurs possible. La prochaine étape consis-tera à étendre le service pour couvrir denouveaux pays d’Europe centrale. Lespartenaires du service AHICE sont laGalerie morave de Brno (Máoravská gale-rie v Brne), le Bureau central du patri-moine culturel à Budapest (Kulturálisörökségvédelmi Hivatal) et leDépartement d’histoire de l’art del’Université Comenius à Bratislava(Katedra dejín a vytvarného umeniaUniverzity Komenského). Le Centre cul-turel international encourage l’utilisationdes ressources de ce service qui sont utilestant aux spécialistes qu’aux amateurs d’artancien ou contemporain.

Projets internationauxLe Centre culturel international a étédésigné par le ministre de la Culture etcelui des Affaires étrangères comme coor-dinateur du réseau polonais dans le cadrede la fondation Anna Lindh Euromediter-ranean Foundation for Cultural Dialogue.Ce réseau a pour but de développer lespropositions émanant de la Pologne dansle plan d’action triennal lancé sous l’égidede la fondation. Cette fondation a étécréée à l’initiative de la Commissioneuropéenne et du Comité Euromed (par-tenariat euro-méditerranéen), dans lecadre du « processus de Barcelone » issude la Conférence des ministres des Affairesétrangères tenue à Barcelone en novembre1995. Le but de la fondation est de favori-ser les échanges intellectuels (y compris laréalisation de projets propres) avec la col-laboration de journalistes et de jeunesreprésentant les deux rives de la Méditer-ranée, et de promouvoir la réalisation du« processus de Barcelone ». Il faut égale-ment mentionner des projets encourageantla mobilité des artistes et des grandesfigures de la culture, la promotion de l’idéede société civile et le respect des principesde démocratie, des droits de l’homme etd’égalité d’accès à la culture.

« Echocast » est un projet triennal (oct.2003 – sept. 2006) financé par le pro-gramme Leonardo de la Communautéeuropéenne. Les partenaires de ce projetsont, aux côtés du Centre culturel inter-national : Lancaster University Departmentof Continuing Education (leader) ;Historic Scotland Edimburgh ; SchlossSchönbrunn, Kultur und Betriebsges.mbH, Vienne ; Staatliche Museen zuBerlin Preußicher Kulturbesitz ; TheMalbok Castle Museum. Le but principaldu projet est l’instauration de changementsdans la philosophie inspirant les métho-

des de travail des organisations relativesau patrimoine culturel, tels que musées,châteaux, palais et sites historiques.

La situation du Centre culturel interna-tional sur la place du Marché de Cracovieest un élément déterminant de la vie del’institution. La place du Marché n’est passeulement un symbole de Cracovie et durôle significatif de la Pologne dans la civi-lisation européenne, elle symbolise égale-ment le dialogue et l’échange créatif enmatière culturelle. Le bâtiment situé au25, place du Marché porte le témoignagedes diverses influences culturelles qui ontmarqué le patrimoine architectural deCracovie, du Moyen Âge au xxe siècle. La« Maison des corbeaux », qui abrite leCentre culturel international, est née aucours de la seconde moitié du xixe sièclede la réunion de deux maisons médiéva-les ; le labyrinthe de magasins gothiques a été conservé avec nombre de détailsde l’architecture originale dans les étagessupérieurs. De nombreux vestiges de l’histoire, visibles dans ses murs, de la cave au faîte, ont été préservés et proté-gés par le Centre. Cependant, le bâtiments’est progressivement modernisé pour s’a-dapter aux besoins de l’institution. Lebâtiment a été entièrement équipé pourfaciliter l’accès aux handicapés. Il comp-rend aussi une salle de conférence dedeux cents places comportant des systè-mes de traduction simultanée, de diffu-sion sonore, ainsi que les autres technolo-gies indispensables aux rencontres inter-nationales et conférences.Joignant la modernité au patrimoine cul-turel, les espaces multifonctions du qua-trième étage, de même que les magasinsgothiques, sont ainsi devenus le lieud’importants événements, rencontres etconférences.

Salle de conférence du Centre

Séminaires, conférences et congrèsOrganisés par le centre, ils ont pour prin-cipaux centres d’intérêts :- l’héritage culturel et la nouvelle philoso-

phie de sa protection- le concept de cité historique- culture et développement- la place de la culture dans la société- la place de la Pologne en Europe- la nature multiculturelle de l’Europe

centrale- l’identité nationale dans le contexte de

la globalisation- le concept de civilisation européenne- les stéréotypes nationaux et les questions

de voisinage dans un contexte international

- la mémoire collective

Sessions d’étéDestinées aux étudiants et jeunes doc-teurs, en particulier ceux d’Europe cen-trale et orientale, le centre tient des ses-sions d’été à Cracovie. La réunion d’uncorps enseignant international, de l’orga-nisation de discussions et ateliers et devoyages d’étude insérés dans le program-me rend compte d’une offre de sujets desplus larges proposée chaque année.

11

L’Académie du patrimoineEn 2001, le Centre culturel internationalet l’école d’administration publiqueMalopolska (Faculté d’économie deCracovie) ont élaboré un programmepost-doctoral : « l’Académie du patrimoi-ne ». Son but est de former un ensemblede personnes capable d’aborder efficace-ment les problèmes posés par la préserva-tion moderne de notre patrimoine. Lapremière promotion, pilote, a été diplô-mée à l’automne 2003, et une secondepromotion a pu être constituée en mars2004. Le cursus de l’Académie associedivers niveaux d’approche : local, nationalet international. Les cours sont assuréspar des spécialistes dans le domaine de laconservation, tant polonais qu’étrangers,et sont destinés à familiariser les étudiantsavec les approches complexes des problè-mes de conservation des biens culturelsdans les autres pays européens. Ateliers etvoyages d’études sont au cœur de cetteformation et donnent aux étudiants l’oc-casion d’observer sur le plan pratique lesméthodes de conservation des biens cul-turels à l’heure de l’économie de marché,et le rôle de celle-ci dans la création d’uneidentité régionale et nationale. Le troisiè-me programme biennal de l’Académiedébutera en octobre 2005 et s’adresseraaux personnes travaillant dans le domainede la restauration des monuments, auxconservateurs, personnels de musées etautres institutions culturelles, aux ensei-gnants assurant des programmes éduca-

tifs en relation avec le patrimoine culturelet aux personnels des administrationslocales (réception des inscriptions d’avrilà juin 2005).

ExpositionsLe Centre culturel international compor-te une Galerie spécialisée dans l’artmoderne au sens le plus large, du xixe

siècle à nos jours. L’un des sujets les plussouvent abordés est l’art au tournant desxixe – xxe siècles, des architectes les plusoriginaux de cette période aux manifesta-tions les plus intéressantes de la peintured’avant-garde. Les expositions de la Galeriedu Centre relèvent le plus souvent desdomaines suivants :

- l’avant-garde viennoise vers 1900 :Gustav Klimt, Oskar Kokoschka, EgonSchiele- les pionniers de l’architecture moderne :Charles Rennie Mackintosh, Baille Scott,Otto Wagner- les créateurs majeurs en arts graphiques :James Ensor- artistes polonais travaillant à l’étrangerIgor Mitorai- la remarquable collection du Cabinetdes Estampes de l’Académie polonaise desarts et des sciences : Bartolozzi, Dürer,Rembrandt, Rubens, Hogarth.PublicationsLes ouvrages du Centre culturel interna-tional sont souvent publiés en plusieurslangues. Ils comprennent, pour l’essentiel :

une collection documentant le patrimoineculturel polonais à l’étranger ; une collec-tion sur les cultures des pays voisins de laPologne (en polonais seulement et pourles lecteurs locaux) ; des catalogues d’ex-positions ; des actes des colloques tenusau Centre (en particulier les sessions bila-térales élaborées avec des organisationsd’autre pays, consacrées à un examen syn-chronique de l’art en Europe centrale autournant des xixe et xxe siècles) ; desouvrages sur la gestion des villes historiqueset les dilemmes inhérents à la questiondes relations entre centres et périphéries.

Les publications du centre comptentaussi des ouvrages d’intérêt courant desti-nés aux lecteurs étrangers intéressés parl’enrichissement de leur connaissance dela Pologne, de sa culture, de son passé etde ses perspectives de développement. Ilest du reste possible d’acquérir ces publi-cations sur le site Internet du Centre :

Centre international culturel de Cracovie

Traduction Jean-Michel Nectoux

International Cultural CentreRynek Glówny 25 - Cracovie, Polognewww.mcl.krakow.pl

L’Académie du patrimoine, en visite au château de Niepotomice

photo B.Szyper

12 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Dans chaque numéro des Nouvelles,carte blanche est désormais donnéeà un écrivain, un poète, un spécialis-te de sciences humaines ou sociales(philosophe, sociologue, historien,économiste...) pour qu’il exposequelle place tiennent l'art ou l'histoirede l’art dans sa propre pensée.

Yves Bonnefoy

dans la maison de Leopardi (Recanati)

Que faut-il penser de la création artis-tique ? Ceci, qui me paraît, ai-je tort ? évi-dence simple et première.

Nos actes sont mus par l’intérêt, n’est-cepas ? La compassion devrait ouvrir à plusque la vie mais elle est, disons, peu fré-quente, et beaucoup de ses actes sontsoupçonnables. Le programme social, le projet politique peuvent-ils être clair-voyants, rarement en tout cas ceux qui lesaniment sont-ils efficients ou même sin-cères. Sous ce manteau doublé d’illusion,quand ce n’est pas de simple mensonge,nos passés nationaux, débordant de désastres, de faux héros, ont peu pourdonner confiance en ce qui reste à venir.Il fait nuit dans l’histoire. On est tenté deconclure que mieux vaudrait qu’elle cesse,avant de faire montre de pire encore.

Mais regardons ces sculptures du MoyenÂge qui, par rien que quelques sillonscreusés au couteau dans le bois, saventrencontrer des visages, en déchiffrer lesjoies, qui furent brèves, et les durablesmalheurs, en dire la résignation ou labouleversante naïveté d’incoercible espé-rance. Et comprenons que si beaucoup de ces œuvres se sont vouées à la figuredu Christ, c’est tout de même d’abord

pour une tête penchée sur une épaulesanglante : l’homme ordinaire réel pardessous le rêve d’une présence divine.Œuvres sans prétention à davantage quedire ce qu’elles voient. Mais s’y efforçantavec un souci de la vérité autant qu’unpouvoir d’affection qui font que ce senti-ment que je risquais d’éprouver, de facti-cité et de vanité de tout, se dissipe. L’art,le grand art, n’a pas à être enchaîné auchar du triomphe du pessimisme. Il est cequi rend confiance.

Les artistes, pourtant, ce n’est pas qu’ilsne soient pas motivés par les pulsions quiaccaparent les biens et qui donc réifient lemonde, lui substituant des représenta-tions sans substance qui font foisonnerles fantasmes et pervertissent les actes. Ily a de l’égocentrisme et de l’illusionne-ment jusqu’au cœur des plus grands poè-mes. Beaucoup des peintres que nousaimons ont mis leur éloquence au serviced’églises laïques ou religieuses. Raresceux qui, tel Poussin, ont refusé de bri-guer commande, plus rares encore lesvéhéments qui, ainsi Goya sur le tard, leGoya des « peintures noires », font deleurs espoirs déçus un brasier où ils jet-tent toute leur vie, quitte à se reprocherpour finir d’être restés des artistes en celaencore. Artiste étant à leurs yeux celui quidemeure épris de la beauté dans l’imagequand ce qu’il devrait vouloir, vouloird’abord sinon seulement, c’est intervenirdans le rapport à soi de ces autres aux-quels son œuvre réfère : les aidant à seressaisir, ce qui changerait leur visagedans les images et de proche en procheilluminerait tous les autres êtres, toutesles choses.

Mais ont-ils raison de désespérer, cesinquiets ? Ce qui les caractérise, c’est que,se voyant envahis par les appétits ordinai-res alors même qu’ils ont désir de « chan-ger la vie », ils ne se font pas illusion surce qui ainsi leur arrive : ils ne se mententpas, au moins à certaines heures. Mêmerêvant ils n’oublient pas leurs aspirationsà plus que le rêve. Et peut alors s’ouvrirdans leur recherche une voie qu’ils n’au-raient ni raison ni même le droit de nepas juger praticable.

Disons d’abord que s’ils se voient prison-niers de pulsions qui réifient, qui sépa-

Carte blanche à...Yves Bonnefoy

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rent, c’est simplement parce qu’ils sontdes êtres parlants. Même pour un peintrede paysage la branche chargée de fleursou le fleuve au bout de ses brumes sontdes mots qui se font concepts, c’est-à-diregénéralisent, produisent de l’abstraction,y noient la spontanéité de la vie, aprèsquoi c’est l’avidité qui réclame, la peurqui thésaurise, la violence de toutes parts.Le discours occulte la finitude, qui est laseule expérience qui puisse aider, par évi-dence de l’unité, à se détacher des façonsnégatives d’être.

Mais par dessous celles-ci dans chaqueêtre parlant demeure, même étouffée, laprescience de ce réel – hasard assumé,temps vécu – que les mots du conceptoccultent. C’est ce savoir qui, approfondi,assure à nombre d’hommes, de femmes,des victimes le plus souvent, unvisage – ouvert, comme on dit,confiant – quand l’oppresseur ne se risqueque sous un masque. Or, le peintre a desyeux, il s’est confié à ses yeux, et toutobscurci serait-il par la rêverie son regardne peut pas ne pas percevoir l’essentielleimmatérialité des visages. Ce qui l’incite àun acte, lui cette fois positif, que ceuxmêmes qui doutent le plus de leur « cha-rité » – ce mot maladroit de Rimbaud –sont souvent les plus aptes à accomplir,s’y étant déjà engagés.

Reconnaissant le visage – en ce débutobligé de tout art qui se ressaisit – et danscelui-ci le désir frustré, l’étonnement, ladouleur, le peintre, le sculpteur pourrontrevenir à leur travail sur signes et formes,si constamment englués dans la penséeconceptuelle, avec des souvenirs qui vonten troubler le jeu, en froisser ou en déchi-rer le tissu. Ils comprendront que laforme vivante, ce ne sont pas des partiesqui se recomposent en même de bellesharmonies, celles-ci encore de l’extériori-té, toujours de la solitude, mais ce quimonte de l’indécomposable, cet enseigne-ment du regard de l’Autre. Ils saurontque l’indivisible transcende le divisé, étantprésence sous l’apparence, ils se sentirontappelés à être le portraitiste qui fonde avecson modèle une alliance qui sera l’être etle sens.

Et c’est vrai que ce premier jour en com-mun va vite passer, car irrésistiblement laconnaissance s’extériorise, et toute écritu-re est aveugle, ou presque, et la nuittombe. Mais un espoir s’est établi dans letravail commencé. Un espoir, c’est-à-direune exigence, laquelle soumettra celui-ci

à une critique dont le moteur est le senti-ment du surcroît de ce qui existe sur la représentation qu’on s’en fait : soucid’une vérité dont l’approche même sansfin est déjà un lieu partageable, déjà del’être, l’être n’étant jamais que ce qu’avecd’autres que soi on peut librement déci-der d’établir sur terre. Dans l’insistancede cette pensée critique la signification se relativise, le sens s’affirme.

L’intermittence même dans la lucidité de l’artiste peut se faire, perçue par lui, ledon modeste qui entame avec l’autre – enfait « artiste » lui-même, sans qu’il l’ait sujusqu’alors – une réciprocité de reconnais-sances qui permet d’aller de l’avant dansmême l’incohérence des temps les plusdésastreux. Le poème est « une poignéede mains », disait Paul Celan : c’est ainsique je comprends cette phrase.

Pour autant qu’ils acceptent de remettresur le chantier leurs acquis toujours illu-soires l’art, la poésie, sont bien ce quiinstitue une société, ce qui crée le monde.Même si les clameurs du dehors ne ces-sent pas de couvrir leur faible voix.

Et peu importe alors si dans le champ des échecs et des déceptions les recom-mencements de l’entreprise artistiquesont, à chaque nouveau moment de sonhistoire, irréfléchis, doctrinaires et même,aujourd’hui, tentés de penser que le jeu et la dérision sont tout ce qu’il convientd’opposer à l’hypocrisie ambiante. Secomplaire à la forme pure, ou s’occuper à rien que les signes, puisque le signedétourne de la pensée de la mort, rien là que de naturel, c’est chercher à « voilerles terreurs du gouffre ». Et peut-êtremême faut-il avoir vécu cette tentation,c’est un miroir où se découvrir, avec alorsdes moments de lucidité imprévue et des ressaisissements d’autant plus extrê-mes. Dans l’oeuvre au premier regard laplus agressivement vouée à l’intransitif unpossible veille, un accident peut avoirlieu, le feu prendre. L’éveil, alors, et des yeux d’autant plus ouverts qu’avaitété séduisant ou troublant le rêve.

Toujours le grand art est né d’un renon-cement à un rêve. Masaccio, Brunelleschidissipant les fantasmes des théologiensmédiévaux. Manet ou plus encore VanGogh se refusant aux leurres des salonsde peinture de leur époque, qui flam-boyait autour d’eux de tant de lustres etde miroirs. Et aujourd’hui ? Ou demain,en tout cas ? Il se peut que ces milliers

d’expériences que nous avons vues s’écha-fauder et se désagréger depuis la dernièreguerre mondiale soient l’accumulationd’inquiétude et même d’angoisse qu’ilfaut pour un grand éveil. Et je les aime,contradictoires comme elles sont, pourautant qu’elles aient de l’intensité. Restequ’il est souhaitable que prenne vie etconfiance en soi une de ces pensées du simple qu’il ne faut pas dire naïves,car n’est assurément pas naïve l’exigencequi dénonce les illusions.

Une remarque sur ce que j’ai appelé le « grand art ». J’emploie ce mot commeje dirais « poésie », par opposition à l’or-dinaire « poème ».

Le grand art, c’est celui qui n’ignore pasque le rapport à soi et au monde – ce vécuqui est le vrai lieu de l’esprit – se refuse àtoute parole qui abandonnerait ses motsà l’articulation conceptuelle. Et comme le concept est ce qui assure le devenirde la société à travers ses circonstanceschangeantes, le grand art – Vermeer ouBaudelaire, Poussin, Kafka, combiend’autres, parfois d’apparencemineure – transcende les péripéties de l’histoire, il est la vague qui les soulèveavec à son apex une frange d’étincelle-ments au rebord de l’eau qui reste obscure.La vague retombe mais l’étincelancedemeure, dans la mémoire des siècles. Au moins en fut-il ainsi jusqu'à l’époqueprésente.

Yves Bonnefoy

dernier ouvrage paru :Goya, Baudelaire et la poésie,entretiens avec Jean Starobinski,ed. la Dogana

À paraître : Goya : les peintures noiresed. William Blake, Bordeaux

Du 9 avril au 3 juillet 2005, la ville deTours rend hommage à Yves Bonnefoypar une double expositon consacrée à sonoeuvre de poète et de critique :Poésie et peinture, 1993 - 2005au château de ToursAssentiments et partagesau musée des Beaux - arts de Tours

14 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Le point sur un outil, un fonds, une rechercheL’héritage d’Aurelie Nemours (1910-2005)

Aurelie Nemours dans son atelier, Paris, 1988, pour l’exposition

personnelle « Nemours Quatuor », à la galerie Denise René, Paris,

1988

Cliché André Morain

© Fonds d’archives Aurelie Nemours, Paris.

La vie d’Aurelie Nemours est uneleçon de patience et de combat,construite au fil des jours dans sesdeux ateliers parisiens1. Reconnue enpremier lieu en Allemagne puis enItalie, son œuvre est restée long-temps confidentielle en France. Lagrande rétrospective organisée cetété par le Mnam-Centre GeorgesPompidou a scellé une rencontrelongtemps attendue avec un largepublic2. Le succès de cette expositiona beaucoup touché l’artiste, soucieu-se de partager avec chacun l’universcréateur qui fut le sien et auquel ellea consacré toute sa vie.

Aurelie Nemours est décédée le 27janvier 2005, à son domicile. Elle lais-se une œuvre considérable, ainsi quedes archives, « sacrées » disait-elle,qu’elle souhaitait ouvrir à la connais-sance des chercheurs. Il y a trois ans,Serge Lemoine, président del’Association Nemours, a confié àl’INHA l’inventaire de ces archivesqui s’achèvera l’été prochain. Cetinventaire s’effectue en collaborationavec Evelyne de Montaudoüin3 quiest en charge du catalogue raisonnéde l’œuvre.

Aurelie Nemours est née à Paris le 29octobre 1910, l’année où Kandinsky écritDu spirituel dans l’art et dans la peinture enparticulier, qui contient des préceptes quel’œuvre d’Aurelie Nemours n’a cessé dedévelopper par la suite.

De 1918 à 1927, elle est pensionnaire àl’Institut Notre-Dame-de-la-Tour, où sonéducation est fondée sur la discipline, lasolitude et la pratique du silence.Quittant d’elle-même cette institution,elle décide de se tourner vers l’art.Commence alors un long apprentissagede près de vingt ans. En premier lieu, àl’École du Louvre, où elle suit le cycled’histoire de l’art de 1929 à 1931. De cesannées de formation, Aurelie Nemoursconfie : « L’art pour moi représentait unespoir. Je pressentais qu’il devait être lavoie royale. Mais une certaine humilitéexplique mon approche intellectuelle. Jesavais bien que l’art me demanderait unengagement irréversible. C’est ici que sesitue le choix majeur4. » Elle fréquenteassidûment les musées, notamment leLouvre où elle a des « rendez-vous », dit-elle, avec l’Égypte et Byzance. « Pour lajouissance de connaître5 », elle reprendune formation générale de 1933 à 1936(cours de mathématiques, de latin, dethéologie, d’astronomie et de philoso-phie), qu’elle poursuit après 1945. En1936, elle se marie avec le médecinSeymour Nemours Auguste (1890-1971),éminent savant qui est un des pionniersde la recherche radiologique française.

En 1937, Aurelie Nemours décide de seconfronter à la peinture et s’inscrit à l’ate-lier privé de Paul Colin (1892-1985), oùelle apprend le dessin pendant trois ans.De 1941 à 1944, elle poursuit son appren-tissage pictural à l’académie d’AndréLhote (1885-1962). « Il s’agissait […] d’ex-tirper la composition, en somme, quittercomplètement le sujet lui-même, ce quifaisait faire déjà le saut dans l’abstraction6. »Dans les dessins de cette époque, sontprésentes ses recherches sur le rythme,qui constituent l’une de ses préoccupa-tions majeures. Parrainée par Lhote, elleexpose pour la première fois en 1944 auSalon d’Automne.

De 1948 à 1951, elle fréquente l’atelierouvert de Fernand Léger (1881-1955).Aurelie Nemours y apprend l’élaboration

de la structure picturale qui la conduit àl’immanence de la peinture et à l’autono-mie du tableau. « Fernand Léger a repré-senté pour moi une purification. Je l’ad-mirais mais je ne voulais pas le suivre. Jepensais que j’allais pouvoir laver cettedésintégration pesante du cubisme : je nepouvais plus faire de couleur ni construirede formes, tout était un puzzle. […]Quand je suis sortie de chez Léger, j’avaisenfin trouvé la force de la solitude7. » Sesœuvres sont présentées à l’Union desfemmes peintres et sculpteurs (1944-1976),au Salon des indépendants (1946-1951),au Salon d’art sacré (1946-1979) et auSalon des Réalités Nouvelles (1949-1992).

En 1950, un recueil de poésies, sous letitre Midi la lune, publié par JacquesHaumont à Paris, révèle la place de l’écri-ture au sein de sa création quotidienne.Ce recueil est remarqué par René Char etGaston Bachelard.

En juin 1953, sa première exposition per-sonnelle, à la galerie Collette Allendy, estl’occasion d’une rencontre déterminanteavec Michel Seuphor (1901-1999), qui luifait découvrir l’œuvre de Mondrian. C’estune révélation pour Aurelie Nemours,qui voit là un encouragement à poursuiv-re son travail. Dès lors, elle opte sansréserve pour l’art concret. Dans sestableaux, rien ne devra rappeler les for-mes de manifestation de la réalité visible,la quotidienneté du monde des objets.Tout caractère représentatif est exclu. Letableau se comprend exclusivementcomme une image en tant que telle. De1950 à 1959, elle installe le vide dans sontravail, pour ne laisser que l’essentiel.

Aurelie Nemours procède le plus souventpar séries et explore la technique du pas-tel, notamment avec la série de Demeures.Elle commence à participer à des exposi-tions collectives déterminantes, celles dela galerie Denise René à Paris à partir de1958, de la grande manifestationConstruction and Geometry in Paintingfrom Malevitch to Tomorrow à New Yorken 1960, des groupes Espace (1957) etMesure (1961-1964), ou encore Cinquanteans de collages du Cubisme à nos jours aumusée d’art et d’industrie de Saint-Étien-ne en 1964. De 1953 à 1979, lui sontconsacrées treize expositions particulières,organisées essentiellement en Allemagne

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et en Italie (cinq expositions à Paris). En1969, Dominique Bozo, alors conserva-teur au Musée national d’art moderne,achète Vigile (huile sur toile, 1968). C’estla première œuvre d’Aurelie Nemours àentrer dans les collections publiques fran-çaises.

Dans les années 1970, son œuvre rencont-re l’appréciation des marchands et desamateurs. Mais la reconnaissance par descercles plus élargis intervient à partir de1977 avec l’exposition de la galerie Rogerd’Amécourt, saluée par Gilles Plazy dansLe Quoditien de Paris8. En 1980, HeinzTeufel organise la première rétrospectivede son œuvre dans sa galerie à Cologne ;le catalogue écrit par Serge Lemoineconstitue la première étude de référence.De nombreuses expositions personnelleset collectives se succèdent en France, maisnotamment à l’étranger en Allemagne, enBelgique, en Italie, au Japon, en Suède,en Suisse, etc. Il faut attendre 1989 pourque Aurelie Nemours connaisse la consé-cration. La première rétrospective enFrance a lieu au Centre Noroit à Arras.Les rétrospectives et expositions person-

nelles se suivent, parmi elles en 1989 à laStiftung für konkrete Kunst deReutlingen, en 1992 à la galerie DeniseRené et au musée de Grenoble, en 1994 àla Stiftung für konkrete Kunst de Zurich.

Puis vient le temps des hommages avecl’importante rétrospective organisée en1995 par Richard Gassen au Wilhelm-Hack-Museum de Ludwigshafen ; en1996, l’exposition « Histoires de blanc etnoir » organisée par Serge Lemoine aumusée de Grenoble confronte son œuvreavec celle d’artistes de la générationimmédiatement postérieure et suivante(itinérance à Reutlingen, à Prague puis àBudapest en 1997). Dès lors, les grandesmanifestations se succèdent, comme celleorganisée en 2001 par le musée de laCohue à Vannes avec la première rétro-spective de ses estampes (1946-2001)9.Depuis les années 1980, Aurelie Nemourss’attache à présenter ses œuvres aux côtésd’autres artistes comme Henri Michaux,Jean Tiguely, Andreas Brandt, YvesPopet… Sa curiosité l’amène à explorerles techniques de la tapisserie dès 1971, dela faïence et des textiles en 1994.

Les contraintes imposées lui ouvrent de nouvelles possibilités de rythme et de

couleur. Dans le cadre de la commandepublique, Aurelie Nemours crée en 1998les vitraux pourpres pour le prieuré deNotre-Dame de Salagon (Alpes deHaute-Provence). En 1985, à la suite de lasérie sur le Rythme du millimètre, elle exé-cute sa première sculpture 72 Colonnes,qui préfigure son projet d’Alignementspour le 21e siècle, de soixante-douze colon-nes en granit blond de Bretagne (4,50mètres de haut) qui seront érigées pro-chainement dans le site de Beauregard,près de l’université de Rennes.

Depuis plus d’une quinzaine d’années,son œuvre est présente dans les grandsmusées d’art contemporain qui lui attri-buent une place déterminante au cœur del’abstraction géométrique, et plus précisé-ment de l’art construit. Dès 1958, AurelieNemours s’est totalement engagée dansl’art construit malgré certaines hostilités.« L’art construit, confiait-elle, est vrai-ment l’émanation du siècle. […] C’estune vraie révolution. La France a refusépendant longtemps l’évolution vers l’art

Quatuor dans l’atelier d’Aurelie Nemours, Paris,

1988, pour l’exposition personnelle « Nemours

Quatuor », à la galerie Denise René, Paris, 1988.

Cliché André Morain

© Fonds d’archives Aurelie Nemours, Paris

16 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

construit. […] C’était la guerre. Mainte-nant c’est accepté, cela ne fait pas telle-ment longtemps. On ne reconnaissait pasl’art construit faisant partie de l’histoirede l’art10. » Lorsqu’elle évoque Jean Arp,qu’elle a bien connu, elle parle de la révo-lution de l’art qu’il a menée avec SophieTaueber, dont le mot d’ordre est clair :revenir à la forme et non à la figure.

De cette révolution pour la forme,Aurelie Nemours a gardé les objectifs.Depuis plus de 40 ans, elle a montré quel’art abstrait géométrique est aussi uneforce vive et le reflet généreux d’une har-monie personnelle. Les signes récurrentsde son œuvre sont la croix, le carré, lepoint et la verticale, investissant le videcomme un monde lumineux et mystiquede tous les possibles, explorant chaquecouleur dans sa plus grande intensité,appliquée patiemment au pinceau.

Même si Aurelie Nemours ne peignaitplus depuis 1992, son enthousiasme étaitinépuisable : expositions seule ou avecd’autres artistes, participation à de nom-breuses manifestations réunissant la pein-ture et la poésie. En 1949, elle avait fait

une « rencontre décisive », celle d’AdrienneMonnier, personnalité importante dumilieu littéraire, qui publie ses premierspoèmes au Mercure de France en 1949.De nombreuses publications de ses poè-mes, de 1949 à 2003, témoignent de safidélité à l’écriture, menée conjointementà la peinture. Dans l’œuvre peint et des-siné, les séries, comme les œuvres isolées,sont titrées, contrairement à la pratiquede nombreux représentants de l’art conc-ret : Demeures, Partage, Rosaces, Échiquiers,Propositions inverses, Carré-Couronne, Rythmedu millimètre, Structure du silence ou encoreQuatuor et Nombre et hasard...

Aurelie Nemours aimait à dire que « levide est toujours le plus fort ». Aujour-d’hui, sa disparition nous confronte auvide, certes, mais à celui qu’elle a suapprivoiser.

Camille Morando

Pensionnaire à l’INHA, chargée de l’inventaire du

fonds Aurelie Nemours

1. En 1968, elle quitte son premier atelier (72, avenue de Wagram

Paris 17e) pour celui du 10, square Port-Royal (Paris 13e).

2. L’exposition Aurelie Nemours, Rythme, Nombre, Couleur (Paris,

Mnam-Centre Georges Pompidou, 9 juin-27 septembre 2004,

sous le commissariat d’Alfred Pacquement et Claude Schweisguth)

a présenté plus de 170 œuvres de l’artiste et rassemblé près de

150.000 visiteurs. (voir cat. exp. 220 p.)

3. Ce catalogue s’effectue dans le cadre de son doctorat à Paris IV

Sorbonne, sous la direction du professeur Serge Lemoine. Il sera

publié par l’association Nemours.

4. A. Nemours citée dans Nemours, Werke aus drei dezenien, cat.

exp., Cologne, Galerie Teufel, 1980, sous la direction de Serge

Lemoine, p. 4. Ces propos sont repris dans la monographie que

lui consacre Serge Lemoine, Aurelie Nemours, Zurich, Waser

Verlag, 1989.

5. Entretien avec C.Morando, janvier 2004.

6. Serge Lemoine « L’atelier d’André Lhote : entretien avec

Aurelie Nemours » du 16 mars 2003, cat. exp. André Lhote,

rétrospective, Valence, Musée de Valence, 15 juin-28 septembre

2003, p. 116.

7. A. Nemours citée dans cat. exp. Cologne, galerie Teufel, 1980,

op.cit., p.7.

8. Gilles Plazy, «Nemours ou la "Petite mort" de la peinture», Le

Quotidien de Paris, 29 novembre 1977.

9. Voir l’important catalogue Aurelie Nemours, 1998, Institut

Valencià d’Art Modern (I.V.A.M.), Valence, Espagne, par Juan

Manuel Bonet et Emmanuel Guigon ; rétrospective Aurelie

Nemours, 1999, Rennes, musée des beaux-arts, organisée par

Laurent Salomé ; voir cat. raisonné Aurelie Nemours estampes,

2001, Vannes, musée de la Cohue, par Pascale Chauvineau ;

Aurelie Nemours, 2001, Paris, Bibliothèque nationale de France,

organisée par Marie-Cécile Miessner ; Aurelie Nemours, 2002,

Strasbourg, musée d’art moderne et contemporain, organisée par

Emmanuel Guigon.

10. Entretien avec C. Morando, novembre 2003.

Aurelie Nemours dans son atelier, 1994, Paris

Cliché Fiorenza Bassetti.

© Fonds d’archives Aurelie Nemours, Paris

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La Bibliothèque de l’INHA, salleLabrouste, proposera à ses lecteurs265000 volumes en libre accès, choisisdans les collections des trois biblio-thèques participant au projet. Lechoix est pris en charge par le chantierSélection, à l’intérieur du chantierRedéploiement qui prépare égalementla recotation de ces ouvrages selonla classification de la Bibliothèque duCongrès adaptée au libre accès.

La sélection porte en fait sur 70 % de ces 265 000 volumes, les 30 % restants correspondant à la part d’ac-croissements avant et après ouvertu-re. La proportion de 2/3 de monogra-phies et 1/3 de périodiques ayant étésouhaitée par les chercheurs, ce sontdonc 60 000 volumes de périodiqueset 120 000 monographies qui devrontêtre sélectionnés, cotés et équipésd’ici l’ouverture de la bibliothèque.

Les procédures de travail sont différentespour les collections de périodiques etpour les titres de monographies.

La sélection des périodiquesPour les périodiques, la première étape a été la construction, par le service de la Politique documentaire, d’une liste de 500 titres de revues représentant le« cœur » de la collection. Depuis, cetteliste a été complétée par une seconde,portant à 750 le nombre de titres d’ores et déjà sélectionnés pour le libre accès.Avant d’aller plus loin, un travail demesure et de comptage a été effectué en 2004 par une monitrice-étudiante,permettant de comparer les collectionsdes trois bibliothèques. Pour chaque titresélectionné, on sait maintenant le nombrede volumes que pourra proposer la Bibliothèque de l’INHA, la place priseen rayon, et celle des trois bibliothèquesqui possède la meilleure collection : c’estdans celle-ci que les volumes seront préle-vés pour le libre accès.

L’étape suivante permettra de travaillersur une nouvelle liste, complétant lesdeux précédentes, et conduisant vers l’ob-jectif visé de 1 500 titres de périodiquesenviron.

La sélection des monographiesPour les 120 000 monographies, le travailde sélection se révèle plus complexe.Impossible en effet de raisonner par col-lection, il faut sélectionner titre à titre,volume après volume. Plusieurs étapesseront nécessaires pour atteindre lesobjectifs, le nombre de livres à examinerdans chaque bibliothèque étant considé-rable.

La programmation de la future biblio-thèque prévoyant plusieurs grands « cor-pus » de livres en libre accès, c’est cettedivision qui a été choisie pour « étaler »le travail du chantier Sélection. Ces corpussont les suivants : les monographies d’ar-tistes (40 000 volumes maximum), lescatalogues de musées et de collections(18 000 volumes maximum), la « topogra-phie » qui regroupe sites et lieux del’Antiquité à nos jours (20 000 volumesmaximum) et l’histoire de l’art et l’archéo-logie de toutes les époques (75 000 volu-mes maximum), ainsi qu’un certain

nombre de volumes relevant de la docu-mentation des chercheurs, les ouvragesde référence et les disciplines connexes àl’histoire de l’art.

Première étape en 22000044 : les monographies d’artistes et les catalogues de muséesLa première phase du chantier, qui s’estdéroulée en 2003 et 2004, a été consacréeaux deux premiers corpus : artistes etmusées, qui feront l’objet, après sélection,d’un premier marché de recotation. Unlong travail de préparation a été nécessai-re avant la sélection proprement dite enrayon. C’est ainsi qu’une « cartographie »des fonds actuels (principalement ceux dela Bibliothèque de l’inha) a été établie,permettant une meilleure connaissancedes volumétries, de l’état des ouvrages,des différentes cotes de magasin dans les-quelles la sélection devrait être faite, etc.Dans un deuxième temps, sur la base des volumétries observées, un objectifquantitatif précis a été assigné aux biblio-thèques : la sélection devait permettre derecoter 36 000 ouvrages pour ces deuxcorpus : 25 000 pour les monographiesd’artistes (dont 22 000 pris sur les rayonsde la Bibliothèque de l’INHA et 3 000 à laBibliothèque de l’École nationale supé-rieure des Beaux-Arts) et 11 000 pour lescatalogues de musées (choisis dans lescollections de la Bibliothèque centrale desmusées nationaux). Enfin, des critères desélection ont été établis en collaborationavec le service de la Politique documen-taire. Ces critères ne concernaient que lesmonographies d’artistes ; pour les catalo-gues de musées, la sélection était déjàfaite en amont, puisque la Bibliothèquecentrale des musées nationaux proposed’ores et déjà son fonds de catalogues demusées en libre accès, et le nombre devolumes proposé correspond globale-ment à l’objectif sous réserve des ajuste-ments nécessaires. En revanche, pour lesmonographies d’artistes, les 22 000 volu-mes à sélectionner sur les rayons de laBibliothèque de l’INHA correspondaient àenviron 60 % des volumes présents enmagasin : il fallait donc rédiger un proto-cole de sélection, qui a été validé par leconseil scientifique de l’INHA.

La phase concrète de sélection en rayons’est déroulée entre le 10 mai et le 3

Le point sur un outil, un fonds, une rechercheLa sélection des monographies d’artistes pour les collections offertes enlibre accès : une première étape

18 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

décembre 2004. Des équipes de sélec-tionneurs (cinq bibliothécaires et troismoniteurs-étudiants) se sont relayés pourchoisir les ouvrages d’après des listes édi-tées à partir du catalogue de la biblio-thèque. Du lundi au vendredi, de 9h à17h, quatre équipes constituées d’unbibliothécaire et d’un moniteur-étudiantpassaient en revue les ouvrages pourdéterminer leur sélection, proposer le caséchéant au service du Patrimoine un pas-sage des plus anciens ou précieux enRéserve, communiquer au chantierReliure des listes d’ouvrages ayant besoind’être équipés, et procéder à une « pré-cotation » nécessaire pour le chantierRecotation. Les informations notées surles listes ont ensuite été reportées par unmoniteur-étudiant sur le catalogue infor-matique.

Le 3 décembre, le dernier livre était exa-miné… Les 123 journées de travail ontainsi permis, sur 6 cotes comportant autotal 69 355 volumes, d’en examiner40 499 dont 38 124 relevant du corpusartistes. Parmi ces derniers, 21 070 ouvra-ges ont été sélectionnés. Un travail decomplément sur des acquisitions récen-tes, effectué par la responsable du chan-tier en janvier-février 2005, a permis d’at-teindre l’objectif des 22 000 livres sélec-tionnés, qui seront recotés au cours del’année 2005.

22000055 : préparation de la deuxièmeétapeDepuis janvier 2005, une nouvelle phasede travail a débuté. Il s’agit maintenantde procéder à la sélection pour les autrescorpus prévus, et d’atteindre les 120 000

monographies sélectionnées, recotées etreliées, présentes sur les rayons de labibliothèque à son ouverture.

La cartographie des fonds se poursuit,qui permettra d’établir les taux de sélecti-vité à appliquer selon les disciplines dansles collections des bibliothèques. Desréunions entre les participants des troisbibliothèques ont lieu régulièrement :elles ont pour objectifs l’établissement devolumétries plus fines, le choix desbibliothèques « socles » pour chaque dis-cipline, la répartition du travail et, enfin,de nouveaux critères de sélection.

Il reste encore beaucoup de travail, maisl’expérience acquise en 2004 devrait per-mettre d’atteindre les objectifs et de pro-poser aux chercheurs et aux lecteurs de labibliothèque de l’inha une collection delivres et de revues en libre accès répon-dant à leur attente.

Françoise Berthommier

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Le tissu des relations entre art, archi-tecture et paysages reste encoreaujourd’hui un territoire scientifiquesouvent appréhendé de manièremarginale et périphérique. Lesrecherches n’ont franchi que timide-ment les frontières de ces champsd’interrogations pourtant limitrophesoù se conjuguent les cultures del’espace, la manipulation des échel-les, le sens de la forme, les processusde projet et la construction des caté-gories esthétiques. C’est pourquoi leBureau de la recherche architecturaleet urbaine (BRAU), en partenariatavec la DAP et la DAG du ministèrede la Culture et de la Communicationet avec l’INHA, a pris l’initiative delancer une série d'appels à proposi-tion sur ce thème décliné suivantquatre orientations thématiques :« Épistémologies » ; « Histoire et théo-ries» ;«Auteurs, acteurs et processus»et« Applica-tions, expérimentationset création ». Les appels à propositionsouhaitaient soutenir les projetsmêlant plusieurs angles d’approchesportés par des chercheurs de discipli-

nes différentes et concernant lespériodes du XXe siècle, en France ouà l’étranger. Les propositionsrecueillies lors des deux premiersappels (juillet 2002 et septembre2003) ont privilégié l’aspect épisté-mologique ou expérimental, tandisque le troisième appel (juillet 2004),auquel l’INHA s’est plus particulière-ment trouvé associé, était destiné à susciter des contributions dans ledomaine de l’histoire et de la théorie,ainsi qu’à donner lieu à des applica-tions, des expérimentations et de la création.

De façon générale, les projets rete-nus en juillet 2004, dont nous ren-dons compte ici, se distinguent parl'originalité et la diversité des anglesd’attaque, des terrains d’investiga-tions, des méthodes d’analyse et despoints de vue critiques.

Histoire et théoriesDeux des projets axés sur les probléma-tiques théoriques et historiques portentsur la période de la seconde Reconstru-ction et des Trente Glorieuses.

Le projet de l’équipe dirigée par DanielLe Couédic (Institut de Géoarchitecture,Université de Bretagne 1) est d’analyser, àtravers l’exemple de la ville de Brest, lessolutions apportées par l’art contempo-rain au problème du déficit symboliquedes villes reconstruites. Ce travail, enquê-te historique recourant à la fois aux archi-ves et aux entretiens, croisera le point devue de la population, celui des pouvoirspolitiques, locaux ou centraux, ainsi quecelui des acteurs du projet, artistique ouurbain.

Le projet proposé par Frédéric Pousin(cnrs, umr 7533 Ladyss) vise à reconsi-dérer l’idée traditionnelle qui veut que lespratiques paysagères se soient constituéesen dehors de et contre l’architecture desTrente Glorieuses, suivant l’hypothèseque, dans les années 1960 et 1970, lesgrands ensembles, les complexes immobi-

Le point sur un outil, un fonds, une rechercheProgramme interdisciplinaire de recherche «art, architecture et paysages»

A typical urban scene today

Eric Winter.

© Bellaven House limited

20 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

liers liés au tourisme de masse et lesinfrastructures routières font paysage.L’analyse s’appuiera sur quatre corpus :les revues d’architecture et d’urbanismefrançais et étrangers ; les outils profes-sionnels des paysagistes (croquis, esquis-ses et plans) ; les représentations photo-graphiques d’espaces urbanisés ; enfin lesreprésentations cinématographiques deslieux routiers.

Deux autre projets interrogent l’histoireet la théorie à partir de questions épisté-mologiques, et d’objets plus contempo-rains.

L’équipe dirigée par Anolga Rodionoff et Andréa Urlberger traite des usagestechnologiques et artistiques du « GlobalPositionning System » (gps). Ce projet apour objectif d’établir une cartographiedes discours théoriques et des pratiquesartistiques qui questionnent les interfacesentre paysage (comme articulation duterritoire) et technologie. Il s’agit decomprendre comment le gps peut pro-mouvoir de nouvelles formes d’informa-tions, de mobilité et de nouvelles percep-tions – le déplacement opérant commetransformation de l’œuvre.

Le projet dirigé par Luc Baboulet (Écoled’architecture de Marne-la-Vallée, équipeocs) tente d’analyser la proliférationsémiotique et la densité des signes pré-sents dans les périphéries urbainescontemporaines. À partir de l’exemple deMarne-la-Vallée, l’équipe compte élaborer

un travail de repérage, de classement etde déchiffrage de ces signes dans la villeDisney ainsi que dans ses parcs à thèmes,et plus largement dans le quartier avoisi-nant du Val d’Europe. Trois ensemblesdocumentaires seront mobilisés à cettefin : les écrits théoriques dans les champsdes sciences humaines, les écrits d’archi-tectes ou de personnes travaillant dans lechamp architectural, et enfin les textes deréglementation urbaine produits par la« Disney Company ».

Entre histoire, expérimentation et processusViennent ensuite trois projets qui articu-lent productions théoriques et expéri-mentations en interrogeant les relationsauteurs / acteurs / processus.

Le projet dirigé par Gilles Desevedavy(École d’architecture de Lyon, départe-ment « Architecture, stratégies et pratiquesavancées ») vise, comme les projets sui-vants, à l’établissement d’un pré-program-me opérationnel. Il s’agit ici d’explorer le thème de « l’immeuble durable », del’hospitalité des espaces et de la notion« d’accueillance » telle que l’a réhabilitéeThierry Paquot, suivant cinq directions :le rôle des artistes dans le champ architec-tural, celui de la pensée des architectes dela Haute qualité environnementale(hqe), l’importance de la démocratisa-tion des processus de décision, de la par-ticipation des acteurs et de la communi-cation. Ce travail vise à établir une charteanti-fonctionnaliste, critique de celle pro-

noncée à Athènes, considérée commeréductrice de la vie sociale, urbaine ethumaine.

Le projet dirigé par Pascal Amphoux(École d’architecture de Grenoble, labo-ratoire Cresson-umr 1536 Ambiancesarchitecturales et urbaines) cherche àexplorer les conditions de productiond’une « ambiance » dans les processus dela conception architecturale et de la créa-tion théâtrale. Cette recherche s’appuiesur l’étude des conditions de réhabilita-tion d’une salle de spectacle de Nantes, lasalle Bel Air, en fonction des enjeux fonc-tionnels, sociaux et sensibles du projetculturel qui lui est associé, Le Théâtre dela parole. Ce projet cherche donc à mettrela notion d’ambiance à l’épreuve d’unesituation de projet à la fois architecturalet artistique.

Comme les projets précédents, celui deSerge Koval (École d’architecture de Lille,laboratoire avh) mêle la recherche à lapratique professionnelle dans l’élabora-tion de la programmation. Les situationsanalysées s’inscrivent dans le cadre desrelations complexes entre maîtrise d’ou-vrage et maîtrise d’œuvre. A partir d’unexemple concret, le campus universitairede Lille I, l’objectif de ce projet est, aprèsavoir analysé les formes de la « transversa-lité » des acteurs du projet, de formulerun cahier des charges pour cet ensembleurbain portant à la fois sur les champs del’art, de l’architecture et du paysage.

Jerry Stoll

Street scene, San Francisco

© Reinhold publishing Corporation

21

Applications, expérimentations et créationDans ce champ, trois projets émergent.Ils mêlent architecture et / ou projeturbain à une discipline technique ouartistique, art et technologie. La plupartd’entre eux empruntent explicitement desréférences à l’histoire et la théorie pourconstruire leur œuvre, faisant apparaîtrele rôle de l’histoire dans la conceptiond’un projet.

Le projet de l’équipe dirigée par PhilippeMouillon (Institut de génie civil,Université Joseph Fourier de Grenoble)vise à effectuer en amont un travail théo-rique d’inventaire des ronds-points, et àles resituer par rapport à leurs fondementsimaginaires et à leur contexte environne-mental. L’objectif est d’établir une typolo-gie classant les systèmes décisionnels àl’œuvre (modalités de la décision quipasse par les acteurs, les étapes, les fonde-ments, le projet esthétique et leur urbani-té : leur intelligibilité, lisibilité) afin d’in-terroger la symbolique à l’œuvre dans cesmicro paysages. Le but final est de pro-poser des usages nouveaux de typeludique, festif, expérimental, pédagogiquesur des ronds points exitants.

L’ équipe dirigée par Sandra Fiori (Écoled’architecture de Grenoble, laboratoireCresson-umr 1536 Ambiances architectu-

rales et urbaines) associe pratique du pro-jet et recherche (recherche fondamentaled’une part, recherche appliquée ourecherche expérimentale d’autre part)autour des usages qui sont faits de lalumière urbaine (usage politique ; usagepatrimonial et sa valeur pédagogique). Ilcherche à comprendre l’inscription de lalumière dans le projet urbain tout eninterrogeant ce dernier. L’ambition de cetravail est de proposer un réseau d’échan-ge autour de ces questions, notammentdes ateliers aux étudiants de plusieursécoles (écoles d’art, d’architecture et d’in-génierie) menés par une équipe interdis-ciplinaire (enseignants chercheurs et pra-ticiens : artistes, architectes et / ou paysa-gistes).

Enfin, le projet Vidéo / architecture, dirigépar Sophie Paviol (école d’architecture deGrenoble, laboratoire mha) donnera lieuà un film essai, qui se veut une explora-tion de la production architecturale, desannées 1960-70 à nos jours, par l’outilvidéo. Ce dernier est mobilisé commeoutil à la fois de conception et deconnaissance pour interroger l’identité dela ville de Bratislava – capitale de laSlovaquie marquées par de rapides trans-formations politiques.

Ce programme Art, architecture et paysagesa été conçu pour provoquer des synergies

inédites et la mise en œuvre de nouvellescompétences, de nouvelles thématiques etde nouveaux partenariats scientifiques. Àl’évidence, les relations entre art, architec-ture et paysages suscitent des interroga-tions, tant sur le plan des problématiquesspatiales et esthétiques que sur celui desusages sociaux, des enjeux politiques etdes logiques socio-économiques. Au seinmême d’une communautéd’intérêts – l’art, l’architecture ou le paysa-ge – , vont ainsi se manifester des tendan-ces à l’interdisciplinarité, au métissage descompétences, au croisement des savoirset savoir-faire.

Le 4e appel d’offre, dont le lancement estprévu en mars 2005 (avec sélection desprojets en juin 2005), permettra à nou-veau de soutenir ce développement de larecherche.

Delphine Aboulker

Architecte DPLG, chargée d’études et de recherche

à l’INHA, doctorante en sociologie

1. Établissement mandataire

Maurice de Vlaminck

l’aqueduc,

1907

Gravure sur bois, 25,7 x33,6 cm, signé et numéroté

© cliché Bibliothèque de l’INHA-collections Jacques Doucet

22 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Nouvelles acquisitionsDessins d’architectes

En 2004, la bibliothèque a enrichi sa collection de quatre nouveaux dessins d’architectes qui viennents’ajouter à un fonds d’architectureriche de 3 300 pièces. Il s’agit le plussouvent de projets d’architectes,pour des bâtiments réels ou dessujets de concours, signés ou anony-mes, français ou parfois étrangers,mais on y trouve aussi des relevés de monuments et des projets d’orne-ments pour divers usages.

Le char du retour des cendres deNapoléonLa plus spectaculaire est un dessin à lamine de plomb aquarellé et rehaussé d’ordu char que l’architecte Henri Labrousteimagina pour le cortège à Paris du retourdes cendres de Napoléon, le 15 décembre1840 ; celui-ci y est représenté en éléva-tion de profil et de face et en plan coté. Ilpourrait s’agir du dessin final soumis àl’approbation de la commission, qui étaitgénéralement restitué au maître d’œuvre.Il provient très probablement de la suc-cession du graveur en médailles Jean-Jacques Barre, graveur général de laMonnaie de Paris qui, pour cette occa-sion, créa l’une des deux médailles com-mémoratives de l’événement 1 (l’architectereçut d’ailleurs à titre de récompense unedes dix frappées en or).

Nommé inspecteur des fêtes nationalesen 1832, architecte des Monuments histo-riques en 1838, chargé depuis octobre1840 du chantier de la bibliothèqueSainte Geneviève, Labrouste est alorsdans la phase ascendante de sa carrière.Visconti et lui, assistés de Blouet, sontchargés de préparer le décor de la célébra-tion. À Labrouste reviennent, outre lechar et le bateau catafalque destiné àaccueillir le cercueil pendant son trajetsur la Seine, la décoration de l’avenue desChamps-Élysées, du pont de la Concordeet de l’esplanade des Invalides.

Malgré le très court délai accordé auxarchitectes – cinq semaines – et les diffi-cultés dues au peu d’enthousiasme despouvoirs publics, l’ensemble fut générale-ment salué comme une réussite 2.

L’atmosphère grandiose de la cérémonieet la ferveur de la foule qui s’y pressa 3,malgré le froid, sont soulignées par tousles témoins. Le char funèbre, tiré parseize chevaux blancs, était particulière-ment impressionnant : il « apparaissaitcomme une énorme pyramide d’or d’unehauteur de onze mètres dont la plate-forme rectangulaire reposait sur quatreroues pleines semblables à celles des charsantiques. Un socle de deux mètres dehaut décoré de guirlandes en relief sup-portait un piédestal de six mètres de longorné à l’avant de deux génies soutenanttriomphalement la couronne deCharlemagne. L’arrière était décoré d’un

bouquet de drapeaux gigantesques... tan-dis que les côtés du piédestal disparais-saient sous les plis d’un extraordinairetissu de verre. Au dessus quatorze cariati-des dorées portaient un bouclier d’or surlequel était posé un cénotaphe d’ébènevoilé de crêpe 4. » Même Victor Hugo,très critique pour tout le reste,reconnut que « la masse de cette compo-sition sculpturale n’est pas sans style etsans fierté ».

L’inspiration antique, bien dans le goûtde l’Empire, était très nette, influencéepeut-être par le récit récemment traduitdes cérémonies organisées par lesRomains pour l’apothéose des empe-reurs 5. Le thème du bouclier pavois fai-sait référence à la tradition gauloise, etl’utilisation d’une invention toute récentepour la draperie est représentative del’esprit d’innovation de Labrouste. Cettetechnique, brevetée en 1836, et honoréed’une mention à l’exposition des produitsde l’industrie française de 1839, consistaità tisser le verre filé de façon à donnerl’impression d’un brocart.

On connaît par ailleurs des esquisses deLabrouste préparatoires à cetteréalisation 6, et le cortège est représentédans de nombreuses lithographies, dontl’album publié dès 1840 par Victor Adam,Jean-Baptiste Arnout et Louis-AlphonseBichebois, plusieurs peintures, et mêmedes décors d’assiettes.

Outre l’attrait qu’il offre du fait du soinapporté à sa réalisation, ce dessin appor-te, de par la précision du trait et de lacouleur, un témoignage particulièrementintéressant sur un travail qui contribua àasseoir la carrière d’Henri Labrouste et àlui conférer une renommée nationale.Pour la bibliothèque, appelée à s’installerdans l’une des plus prestigieuses réalisa-tions du grand architecte, l’ancienne salledes imprimés de la Bibliothèque nationale,une telle acquisition constitue dès main-tenant une forme d’hommage.

Les monuments à Desaix (1768-1800)La bibliothèque a également acquis cetteannée :

- une aquatinte intitulée « Projet d’unepiramide à élever dans la plaine deMarengo à l’honneur du Lieut.nt

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G.al Desaix et de braves morts sur lechamp de bataille le 25 prairial an 8 ». Ellemontre en vue perspective un projet deGiovanni Salucci, gravé par FerdinandoAlbertolli, une pyramide tronquée pourvued’un portique dorique, sur un socle àdegrés, entouré de quatre colonnes-lumi-naires [OA 711] ;

- trois dessins d’architecture au lavisreprésentant une pyramide, en élévation,en coupe et en plan. Ces dessins, nonsignés, avec des annotations en français etune échelle en mètres, se rapportent à unprojet de pyramide tronquée dont la baseest orthogonale. Elle comprend une seuleentrée qui donne sur un couloir intérieur

circulaire voûté, puis sur une salle rondeentourée d’une colonnade dorique etsommée d’une coupole. Ces dessins pro-venant des archives Chasseloup-Laubatne comportent aucune signature ni indi-cation de lieu ou de commanditaire dumonument [OA 712, 1-3] ;

- un dessin au lavis présentant, sous laforme de l’avers et du revers d’unemédaille en trompe-l’œil, le « projet d’unefontaine à Desaix, an IX » [OA 713].

Après la mort héroïque du généralDesaix, atteint d’une balle au cœur lorsde la charge victorieuse qu’il commandaità Marengo le 14 juin 1800, Napoléon,

voulant se montrer fidèle à ce grand com-pagnon d’armes, suscita la mise en œuvrede plusieurs monuments à sa mémoire.De nombreux projets de monumentsvirent le jour, tant pour Paris, place desVictoires, ainsi que place Dauphine 7,qu’au grand Saint-Bernard pour son tom-beau, à Marengo en Piémont à Clermont-Ferrand, à Strasbourg enfin.

On érigea une colonne en 1801 au lieumême de la bataille, à Spinetta-Marengo(Alessandria), qui, ôtée en 1814 par lesAutrichiens, fut reconstruite au mêmeemplacement en 1922. Cette colonne degranit surmontée d’un aigle subsisteaujourd’hui et un buste de Desaix

Henri Labrouste (1801-1875),

Projet pour le char du Retour des cendres de Napoléon Ier,

dessin, mine de plomb, aquarelle et rehauts d’or, 23,5 x34 cm

© cliché Bibliothèque de l’INHA-collections Jacques Doucet

24 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

commémore le rôle du héros.

Au cours d’une grande cérémonie,Napoléon posa, le 5 mai 1805, la premièrepierre d’une pyramide à Marengo.Il existe plusieurs documents graphiquesse rapportant à ce projet : aux Archivesdu Génie (Vincennes) se trouvent les des-sins pour deux pyramides, le projet ano-nyme retenu par Napoléon et un autresigné par Melliny. Une très belle aquarelled’une collection privée américaine(Olivier Aaron) propose une vue decaractère imaginaire puisque la pyramideest prévue près d’un lac. Le projet deGiovanni Salucci, architecte florentin(1769-1845), qui fut officier du Géniedans les armées napoléoniennes, estconnu par la gravure d’Albertolli, graveuroriginaire de Lugano [OA 711].

Les dessins du projet acquis par l’inhasont attribués par le marchand AlainCambon 8 dans son catalogue à Salucci,mais le monument est profondément dif-férent de celui-ci puisqu’il ne comprendpas de portique extérieur ni de soupiraux.En revanche, son origine dans les archivesChasseloup-Laubat, comme ce dernier,confirme son authenticité. En effet c’estFrançois-Charles-Louis, marquis deChasseloup-Laubat (1754-1833), général

Projet pour le monument pyramidal élevé

à Marengo à la mémoire de Desaix

Coup

dessin, encre de Chine et lavis de couleurs,

45,7 x58 cm

© cliché Bibliothèque de l’INHA-collections

Jacques Doucet

Projet pour le monument pyramidal élevé

à Marengo à la mémoire de Desaix

Elévation

dessin, encre de Chine et lavis de couleurs,

45,7 x58 cm

© cliché Bibliothèque de l’INHA-collections

Jacques Doucet

commandant le Génie militaire àAlessandria, qui fut chargé de l’exécutiondu décret de Napoléon prescrivant l’érec-tion de la pyramide, après lui en avoirprésenté la première pierre lors de lacérémonie d’inauguration. Ce spécialistede fortifications, auteur d’un essai sur cesujet, argumente le projet dans une lettredu 22 mai 1805 9 en signalant que sonarête représente la millionième partie duMéridien ; or notre projet comprendexactement la même mention, significativedes intentions symboliques et numérolo-giques de l’époque. Enfin un documentmanuscrit daté de 1808 accompagnant ledessin de l’inha montre que 8 897 mètrescubes de maçonnerie avaient déjà étéconstruits pour la « solidité » de la pyra-mide en l’an XIII, et que les 19 630 mètrescubes restant à élever coûteraient380 000 Francs.

Dès juin 1800, Napoléon commanda untombeau pour Desaix dans la chapelle del’hospice du Grand-Saint-Bernard. JeanGuillaume Moitte fut désigné pour lasculpture du monument ; il acheva sontravail en 1805. Le corps de Desaix,jusque là inhumé à Milan, fut alorssolennellement transféré à cet emplace-ment selon un cérémonial réglé parDominique-Vivant Denon. Le monument

affecte la forme d’un sarcophage avec unbas-relief.

Les amis de Desaix, le duc de LaRochefoucauld-Liancourt et Pastoret,ouvrirent une souscription le 7 thermidoran VIII (26 juillet 1800) pour ériger unefontaine et un monument à Desaix placeDauphine selon le programme suivant :« Une fontaine publique, destinée parson ensemble et par ses ornements, àrappeler les circonstances les plus mémo-rables de la vie du héros que la Franceregrette. Ce monument sera élevé à Parissur la place de Thionville, ci-devantDauphine... » Dès que les fonds eurentété réunis, un concours fut organisé pourchoisir l’architecte et le sculpteur. Le suc-cès fut grand puisque 128 projets furentprésentés, certains artistes en présentantplusieurs. Ils ont été exposés dans lagalerie de Jean-Baptiste-Pierre Lebrun le 6 avril 1801. On choisit finalementCharles Percier, qui travailla avec lesculpteur Augustin Fortin, et la fontainefut inaugurée le 14 juin 1802. Elle consis-tait en un socle cylindrique orné de bas-reliefs, surmonté d’un groupe sculptéreprésentant une amazone (la France)couronnant le buste de Desaix. Uneaquarelle (Malmaison) représente unevue par Victor-Jean Nicolle. Démontée

25

en 1875, la sculpture fut envoyée à Riomet le socle au dépôt des marbres de laville de Paris.

La bibliothèque Doucet possédait déjàun portefeuille de dessins au lavis d’encrenoire et rose. La première feuille com-prend trois vues différentes d’un mêmemonument anonyme, avec l’inscription« le triomphe de la valeur » ; la deuxièmefeuille comprend une élévation d’unmonument, un texte explicatif et le nom« Hibon », et au dos « Fontaine à Desaixpar Hibon, messidor 9, jugé par un prixparticulier » [Ms 688, ancien F I 42]. Ledessin que nous avons acquis 10 faisaitpartie du même type de projets et estresté anonyme [OA 713].

On érigea un monument à la place desVictoires, à l’emplacement de la statue deLouis XIV abattue. Il y eut d’abord unepyramide provisoire consacrée en septem-bre 1800 à Kléber et Desaix. On envisa-geait une architecture par Raymond et lasculpture par Moitte 11 ou par Percieravec les sculpteurs Chaudet et Lemot 12.Le 21 vendémiaire an XI (13 octobre 1801),la commande de sculpture fut passée àClaude Dejoux. Desaix était représenténu appuyé sur un obélisque procuré parDenon pour évoquer l’Égypte. Le monu-ment, inauguré le 15 août 1810, fut critiqué et finalement détruit sous laRestauration.

En septembre 1800, la ville de Clermont-Ferrand commanda à l’architecte Laurentet au sculpteur Joseph Chinard unmonument dont la première pierre futposée le 17 mai 1801. Il s’agissait d’unefontaine, dont la sculpture resta inachevée.

Le projet de Strasbourg (1808) estconservé aux archives du Génie à

Vincennes, le monument subsiste sur l’îledes Épis dans le Rhin.

En peinture, dès 1801, J.-B. Regnault,puis Broc et enfin Pajou consacrèrent destableaux à la mort du héros.

Le fonds de dessins d’architecture de labibliothèque a été catalogué en grandepartie en 1979 par Monique Sévin13.Toutefois plusieurs ensembles n’ont pasfait l’objet d’un catalogage détaillé. C'estle cas, par exemple, de 177 relevés anony-mes de monuments italiens exécutés pen-dant la première moitié du xixe siècle,probablement par des architectes françaispensionnaires de l’académie de France àRome.

Il faut mentionner également le très inté-ressant fonds Albert Lenoir (1801-1891),donné à la bibliothèque en 1936, dontles 2230 dessins témoignent de l’activitéde cet architecte, fils du fondateur dumusée des Monuments français, quiréorganisa le musée de Cluny et publiade nombreux travaux sur l’architectureparisienne, byzantine, étrusque… Ce fonds est actuellement en cours d’inven-taire par deux chargés d’études à l’inha, Annabelle Martin pour les des-sins concernant la France et Olivier Boisset pour les dessins concernantl’Italie, la Grèce et l’Orient. Il fera l’objet d’une exposition - dossier salleLonghi de septembre à fin octobre 2005.

Dominique Morelon

Responsable du service du patrimoine à la

Bibliothèque de l’INHA-Collections Jacques Doucet

Georges Fréchet

Conservateur en chef au service du patrimoine

1. Renée Plouin, Henry Labrouste, sa vie, son oeuvre 1801-1875,

Paris, 1965, thèse de 3e cycle, p. 74.

2. Voir en particulier Le Magasin pittoresque, tome IX, février

1841, p. 41-48.

3. Voir en particulier Napoléon aux Invalides : 1840, le retour des

cendres, Thonon-les-Bains/Paris, l’Albaron/musée de l’Armée/fon-

dation Napoléon, 1990, et Napoléon, le retour des cendres :

1840-1990, cat. exp, Malmaison et Bois-Préau/Courbevoie,

musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau/musée

Roybet-Fould, 1990, Courbevoie, musée Roybet-Fould, 1990,

p. 112-134.

4. Agnès Delannoy dans Napoléon, le retour des cendres : 1840-

1990, op. cit., p. 112.

5. R. Plouin, op. cit., p. 70.

6. Académie d’architecture, fonds Malcotte-Labrouste.

7. Alors appelée place de Thionville.

8. Alain Cambon, catalogue 9, no 74.

9. Voir Christophe Leribault, « La pyramide de Marengo, un

grand projet impérial », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art

français, 1988, p. 147-153.

10. No 88 dans la Notice des dessins et modèles exposés dans la

galerie du citoyen Lebrun [Jean Baptiste Pierre], rue du Gros

Chenet, pour le concours d’un monument élevé par souscription

à la gloire du général Desaix, Paris Comité de l’Assemblée géné-

rale des souscripteurs, an IX [1800].

11. Voir L’Égypte à Paris, cat. exp., Paris, musée national de la

Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, 1998, p. 77-84 et

84-85, et Marengo, une victoire politique, cat. exp., musée natio-

nal des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 2000.

12. Voir Hautecœur, Histoire de l’architecture classique, t. V,

p. 150.

13. Monique Sévin, «Catalogue des dessins d’architecture et

d’ornements conservés dans le fonds O.A. de la Bibliothèque

d’art et d’archéologie (fondation Jacques Doucet) à Paris »,

Bulletin de la Société de l’Histoire e l’Art français, année 1977,

Paris, De Nobele, 1979.

Projet pour le monument pyramidal élevé

à Marengo à la mémoire de Desaix

Plan -masse

dessin, encre de Chine et lavis de couleurs,

45,8 x57,7 cm

© cliché Bibliothèque de l’INHA-collections

Jacques Doucet

26 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Nouvelles acquisitionsLa Russie, à l’honneur au Salon du livre de Paris, une offre documentaire enrichie à la Bibliothèque

Le chantier de définition et mise en pratique de la politique docu-mentaire de la bibliothèque, bénéfi-ciant des regards croisés des biblio-thécaires et des chercheurs, a étémené dès l’année 2002 dans descommissions de réflexion ainsi quedans le plan « lacunes », qui en estson fer de lance. Ce dernier, destinéen premier lieu à combler rétrospec-tivement les lacunes des collectionsexistantes, est aussi le lieu du déve-loppement de problématiques inter-disciplinaires, de nouvelles orienta-tions documentaires thématiques et géographiques, liées au renouvel-lement de la discipline.

La bibliothèque, attentive à présenterla diversité de la recherche mondialesur l’art occidental – de l’Antiquité à nos jours –, étend la couverture del’édition d’art : après avoir porté surl’Allemagne et les pays nordiques,l’accent est mis depuis la fin 2003sur les pays slaves et, dans un pre-mier temps, la Russie. Pour ce faire,les marchés documentaires ont étéétendus à ces domaines linguistiquesrenforcés.

Dans le domaine de l’édition russe, l’ef-fort, quoique sensible, demeure encorequantitativement modeste, car cette lan-gue est de pratique assez rare et lespublications bilingues ou accompagnéesde résumés en d’autres langues encorepeu nombreuses.

État des lieuxLe fonds de la Bibliothèque de l’INHA –collections Jacques Doucet est non négli-geable, de l’ordre de quelques milliers demonographies, car régulièrement enrichi.Cette politique volontariste du suivi del’édition est nouvelle : les seuls modesd’entrée pour les publications de cetteaire géographique étaient jusqu’à présentles versements des Échanges internatio-naux de la Bibliothèque nationale deFrance, ainsi que les apports du modesteservice des échanges de la Bibliothèqued’art et d’archéologieou encore des acqui-sitions patrimoniales.

Politique d’enrichissementLes efforts entrepris depuis un an ontprincipalement porté sur les publicationscourantes – des années 1990 à nos jours –sans redoubler les collections de laBibliothèque centrale des musées natio-naux ; la recherche bibliographiquerétrospective sera faite ultérieurement defaçon trés ciblée, en tenant compte del’offre des bibliothèques de référence duréseau documentaire français. Sont enparticulier recherchées les publicationssur des thématiques peu développéesdans des langues plus communémentpratiquées tout particulièrement: l’artrusse.

Ce sont les éditions des universités, desmusées et d’éditeurs privés spécialisés del’aire russe dans son ensemble qui sontrecherchées, et pas seulement celles deMoscou ou de Saint-Pétersbourg. Dansce but ont été sollicitées de nombreusessources : les listes électroniques hebdo-madaires d’un libraire, les catalogues d’é-diteurs et de bibliothèques en ligne, laBibliographie d’histoire de l’art, les sug-gestions d’acquisition des lecteurs, ainsiqu’un réseau de chercheurs russes.

Les collections ont été enrichies enmonographies, catalogues d’expositions,actes de congrès et mélanges ; les publi-cations portent, d’une part, sur la théorie

de l’art – écrits et correspondances d’ar-tistes, et d’historiens de l’art deréférence – et majoritairement l’art russe ;les domaines privilégiés sont l’art engénéral, l’architecture, tant civile quemonumentale – palais, jardins – oupopulaire, ainsi que religieuse, le patri-moine – inventaires –, la peinture présen-tant des artistes connus et méconnus,enfin les fêtes et cérémonies des tempsanciens ; les documents concernant lesarts graphiques, les arts du spectacle, lesarts décoratifs ont été acquis très sélecti-vement. Ces publications traitent de l’é-poque contemporaine à 55 %, moderne à30 %, et du Moyen Âge à 11 %. En ce quiconcerne l’archéologie russe, encore peuexplorée, ont été seulement acquis desrapports annuels de fouilles.�

Jusqu’à présent nous avons relevé peud’ouvrages traitant des relations de l’artrusse avec l’art des autres pays ou présen-tant le regard russe sur l’art en général, sice n’est à travers les périodiques, cinqnouveaux abonnements étant déjà souscrits.

Contraintes spécifiquesLa bibliothèque n’a malheureusementpas été dotée de spécialiste des languesslaves – hors, dans les années 1970, deGeneviève Dutrénit. Le programmemené depuis 2003 repose sur le travaildes moniteurs étudiants recrutés surdouble spécialité – ainsi Lilia Raytchevapendant vingt mois, ou encore TsvetelinaAnastasova et Aline Gérard en stagesprofessionnels de dea – encadrés par lesbibliothécaires responsables du Plan« lacunes » aidés de Grégoire Aslanoff,rédacteur à la bha, et des chercheursPhilippe Sénéchal et Thierry Bajou.

À ce jour, près de deux cents titres ontété acquis onéreusement et valorisés parun recensement dans la bha ; autant sontsur le point d’être passés en commande,et quelques centaines de dons déjàanciens entrés à l’inventaire. Les contrain-tes spécifiques dues à la langue ont retar-dé le catalogage des documents. L’effortva se poursuivre et être accompagné d’in-cursions dans d’autres langues des paysde l’Europe de l’Est.

Catherine Brand

Conservateur en chef à la Bibliothèque de l’INHA-

Collections Jacques Doucet

Méthodes et outils numériquespour la restitution en histoire de l’architectureJournées d’étude INHA , 31 mars - 1 avril 2005

EPHE

Ces journées d’études, organisées parSabine Frommel, concernent le projetscientifique de restitution de la cour de laSorbonne. En s’appuyant sur un relevénumérique par scanner laser et sur uneétude critique des documents écrits et graphiques, le programme tentera derestituer les différentes phases du chantier,depuis la reconstruction entreprise par lecardinal de Richelieu jusqu’à nos jours.

Il s’agira d’ouvrir une réflexion autour del’élargissement des méthodes en histoirede l’architecture. Les recherches menéesau sein du laboratoire MAP se concentrentsur la possibilité de faire émerger desdispositifs de représentation tridimension-nelle à différentes échelles pouvant servirde support au raisonnement, et d’interfaceentre un champ d'investigation et lesconnaissances hétérogènes qui s’y ratta-chent.

Les exposées porteront sur l’historique de la méthode de restitution depuis laRenaissance, les méthodologies de relevéet de représentation numérique d’archi-tecture, les expériences en restitution et laprésentation des travaux en cours (leLouvre et le château de Meudon).

L’alliance de la découverte « tactile » lorsdu relevé et du diagnostic de l’édifice etde son interprétation par la maquette 3Dest au cœur d’une démarche qui reste àdévelopper : la complémentarité entre l’étude approfondie de l’objet (édifice,ruine, dessin) et la restitution numériquepar l’analyse de tous les cas de figure ima-ginables à partir de ces données. Uneréflexion systématique sur cette méthodedoit déboucher sur la mise au point deprogrammes cohérents et productifs pourla recherche dans ce domaine. Les journéess’achèveront avec la démonstration d’unrelevé par scanner laser 3D dans la rotondede la Galerie Colbert.

Sabine Frommel

[email protected]

La DistanceJournée d’étudeINHA, 2 avril 2005

CIRHAC

Les implications de l’éloignement – del’estrangement – connaissent traditionnel-lement une fortune singulière dans ladémarche des sciences humaines, et spéci-fiquement au sein de l’histoire de l’art. Ladistance intellectuelle, par rapport à laproximité ou à l’empathie, nourrit, eneffet, la perspective historiographique, enopposition à une mémoire qui relèveraittoute entière de l’expérience vécue.L’émotion est alors considérée comme unfiltre, comme une régression, altérant uncertain modèle de démarche savante etd’analyse. Mais, à l’inverse, la distancepeut participer de certaines émotions, lesnourrir, voire les susciter. On voudrait icis’interroger précisément sur les formesexpressives de la prise de distance.

A partir d’études de cas, la journée sou-haite poser la question de la distance etde l’écart en histoire de l’art, dans sesdimensions tout à la fois psychologique,historique et géographique. La distancesera donc interrogée comme une méta-phore privilégiée du point de vue de l’his-torien – engageant les questions de lareprésentation, du style, de l’engagementmoral, de l’inclusion et de l’exclusion,voire du mensonge et de l’idéologie. Sousce rapport, les spéculations sur l’émotionartistique, ses à-côtés, ou ses absences, ouau contraire sur son exacerbation, voiresa mise en scène, dessinent une configu-ration de stratégies et de pratiques, entremaîtrise et absorption, sollicitations etrefus, qu’il vaut la peine de contribuer àmettre à jour.

Eric Darragon, Dominique Poulot, professeurs Paris I UFR 03

Renseignements Christophe Morin

[email protected]

Programme et invention dans l’art de la Renaissancecolloque internationalAcadémie de France à Rome20-22 avril 2005

Villa Medicis (Rome) /Bibliothèque Hertziana / CHAR / EPHE

Depuis la fin du xixe siècle, la questiondu programme iconographique a été aucœur des réflexions de l’histoire de l’art,en particulier des spécialistes de laRenaissance. On a d’abord cherché à iden-tifier les sources textuelles et figuratives, lesens voire les messages propres aux œuvresd’art isolées ou aux ensembles décoratifs,en précisant les liens qu’ils pouvaiententretenir avec la culture de leur époqueou avec les intentions de leurs comman-ditaires. Plus récemment, on s’est attachéà mieux saisir la genèse des storie et desallégories dans l’interaction entre artisteset hommes de lettres. Ces recherches ontmontré que la notion de programme ren-dait imparfaitement compte de ce travail.En effet, dans bien des cas, le peintre nese contentait pas d’illustrer un texte pré-établi, ni de transmettre une significationsimple et univoque. D’abord parce qu’unéchange complexe de dessins, de descrip-tions, d’inventions, sous forme orale etécrite, pouvait précéder l’exécution finaleet, ensuite, parce que l’œuvre achevée estindissociable des modalités de réceptionrhétoriques et herméneutiques propres àson époque et à son contexte particulier,modalités en fonction desquelles doivents’évaluer ses potentialités symboliques.Ce colloque a pour ambition de reprendrecette réflexion et d’apporter un nouveléclairage sur les conditions d’élaborationet de fonctionnement des décors à laRenaissance. Plusieurs axes seront privilé-giés : l’élaboration de l’invenzione, les rap-ports entre les lettrés et les artistes, leséchanges avec les modèles rhétoriques etpoétiques ou encore les formes de récep-tion. Ces enquêtes, qui devraient servir àmieux définir les limites de la notion deprogramme et à mieux appréhender, dansson acception artistique, celle d’invention,aideront également à distinguer ce quiéchappe au lettré et appartient en propreà l’artiste.

sous la direction de Michel Hochmann, Julian

Kliemann, Jérémie Koering, Philippe Morel

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CalendrierMéthodes et outils numériques pour la restitution en histoire de l’architectureLa DistanceProgramme et invention dans l’art de la Renaissance

Lumière et vision de l’Antiquité au XVIIe siècle ColloqueINHA, auditorium 9-11 juin 2005

École pratique des Hautes Études /INHA

Organisé par Michel Hochmann etDanielle Jacquart, directeurs d’études àl’ephe, ce colloque a pour but de favori-ser la rencontre entre historiens des scien-ces et historiens de l’art. Tous peuvent eneffet être amenés, dans leurs travauxrespectifs, à traiter des questions liées à la lumière et à la vision, mais ils n’ontque trop rarement l’occasion de s’infor-mer mutuellement de leurs recherches etde mettre en commun leurs efforts ; cettesituation est d’autant plus dommageableque les problèmes posés par la représen-tation visuelle du monde physique sontau confluent de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences.

Les historiens de l’art ont longtemps pri-vilégié l’étude de la perspective, de sonémergence et de ses développements ;mais des études récentes (celles de MartinKemp ou de John Gage, par exemple)ont ouvert plus largement le champ des recherches, notamment autour de la couleur et de la lumière. Les historiensdes sciences, pour leur part, ont étudiéles théories optiques en mettant surtoutl’accent sur leurs aspects mathématiques,ce qui les a amenés, eux aussi, à s’occuperen priorité des problèmes liés à la per-spective géométrique. Quant aux histo-riens de la philosophie naturelle et de lamédecine, ils se sont intéressés, de manièresouvent trop indépendante, les premiersaux théories de la perception, les secondsaux aspects anatomiques et physiologiquesde la vision. D’autres questions ont étémoins traitées, mais feront partie des thè-mes abordés à l’occasion de ces entretiens :les théories physiques de la lumière et dela couleur ; le rôle joué par l’optique dansdes disciplines comme la magie, l’astrologieou l’alchimie.

Les intervenants seront donc invités àexplorer en priorité les domaines suivantset leurs interactions : perspective, théoriesde la lumière et de la couleur, anatomiede l’œil, psycho-physiologie de la vision,observation astronomique, magie, astro-

La langue poétique des sages présocratiques : tradition et créationXVIe rencontre « Coralie »Paris, 2-4 juin 2005

EHESS

Rarement soumises à l’attention qu’ellesmériteraient, les formes langagières etdiscursives auxquelles ont recours lessages dits « présocratiques » pour com-muniquer leurs conceptions figurées de laphúsis sont frappantes : diction de typehomérique pour Parménide etEmpédocle ou pour la cosmogonieorphique, diction élégiaque pourXénophane, diction mélique pourAlcman et Stésichore, prose rythméeannonçant la prose poétique de Gorgiaspour Héraclite. Les spécialistes des poé-tiques de la Grèce antique réfléchiront,au cours de cette rencontre, sur des pra-tiques poétiques qui se situent entre tra-dition et création, et susceptibles d’élabo-rer et de transmettre des contenus nou-veaux. Il s’agit de l’institution d’unesophía polymorphe, à la fois poétique etsémantique, artisanale et spéculative.

L’étude des formes métriques et ryth-miques, du lexique, des expressions for-mulaires, des structures formelles et argu-mentatives, des formes de systématisationet de métaphorisation dans les fragmentsau développement le plus étendu, devraitconduire à un questionnement sur lesgenres poétiques impliqués, sur la créa-tion de genres nouveaux et l’institutiond’une tradition poétique originale et desavoirs nouveaux, sur les modes de lacommunication et finalement sur lepublic visé par des formes discursives qui,comme les autres formes poétiquescontemporaines, présentent une dimen-sion pragmatique forte.

La réflexion sur la diction des sages pré-sophistiques sera animée par les ensei-gnants de Cornell University, de HarvardUniversity, des Universités de Lausanne,et Lille 3 de Princeton University et del’ehess. Quelques spécialistes du cnrs etd’Universités italiennes enrichiront ledébat de leurscompétences.

Claude Calame et Pierre Judet de LaCombe, directeurs d’études à l’ehess,Centre Louis Gernet

28 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

CalendrierTraditions et temporalités des imagesLa langue poétique des sages présocratiques : tradition et créationLumière et vision de l’Antiquité au XVIIe siècle

Traditions et temporalités des imagesTable ronde9-10 mai 2005INHA, salle Vasari

GAHOM / CEHTA / Centre Louis Gernet

L’Action Concertée Incitative « Traditionset temporalités des images », soutenuepar le ministère délégué à la Recherche,donnera lieu très prochainement à unetroisième et dernière table ronde qui setiendra les 9 et 10 mai dans les locaux de l’inha, salle Vasari. L’objectif de cettenouvelle rencontre est de croiser autourd’un thème commun des approches rele-vant de disciplines variées (histoire, his-toire de l’art, anthropologie visuelle,conservation/restauration des oeuvres) et portant sur des époques et des objetsdifférents.

Ce projet est proposé par trois centres derecherche présents dans la GalerieColbert : le Groupe d’AnthropologieHistorique de l’Occident Médiéval (Jean-Claude Schmitt), le Centre Louis-Gernet(F. Lissarrague), le Centre d’Histoire etde Théorie des Arts (Giovanni Careri)ainsi que par le Laboratoired’Anthropologie Sociale (Carlo Severi). Une publication collective, rassemblantune part des contributions données lorsdes trois tables rondes successives (2003-2004-2005), prolongera ces échangesinterdisciplinaires.

La rencontre 2005 se tenant dans les mursde l’inha tout récemment inauguré,notre souhait est qu’elle contribue à fairese rencontrer les chercheurs présents surle site, quelles que soient leur spécialité etleur institution de rattachement. Tousseront les bienvenus !

Contacts :

Dominique Donadieu-Rigaut

Ingénieur de recherche ehess (gahom)

Coordinatrice du colloque

[email protected]

logie, alchimie, théories et pratiquesartistiques. On évoquera notamment l’in-fluence de l’optique d’Alhazen, lesconceptions d’Aristote, de Léonard deVinci, de Newton et de Galilée, la façondont les peintres et les théoriciens duxvie siècle voulaient représenter les omb-res, ainsi que certaines peintures particu-lièrement rerpésentatives de ces échangesentre les sciences et les arts, comme les Ambassadeurs d’Holbein.

Michel Hochmann

L’architecture religieuse européenneau temps des Réformes : héritage de la Renaissance et recherches nouvelles Rencontres internationalesMaisons-Laffitte, INHA8-11 juin 2005

Centre André Chastel /Université d’Utrecht

Organisé par le Centre André Chastel enliaison avec l’université d’Utrecht, lesdeuxièmes rencontres d’architecture euro-péenne se tiendront au château deMaisons du mercredi 8 au vendredi 10juin 2005, puis à l’inha le samedi 11. Lesujet — l’effet direct ou indirect des réfor-mes sur l’architecture religieuse euro-péenne — donnera lieu à de larges compa-raisons à travers tout le territoire euro-péen des xvie et xviie siècles, de l’Écosseà la Russie et du Portugal à la Hongrie,en abordant ses diverses religions :catholique, luthérienne, calviniste, maisaussi orthodoxe et juive. Les 23 commu-nications se regrouperont autour de qua-tre interrogations : de nouvelles églisespour de nouveaux ordres ; des typologiesnationales ; permanence et rebondisse-ments du plan centré ; un espace liturgiqueunifié ou fragmenté ?

Une visite d’églises et couvents parisiensrarement ouverts au public achèvera larencontre.

Pour tout renseignement s’adresser àMonique Chatenet, Centre AndréChastel, Galerie Colbert, 2, rue Vivienne,75002 Paris. fax : 01 47 03 84 [email protected]

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L’architecture religieuse européenne au temps des RéformesRepenser les limites : l’architecture à travers l’espace, le temps et les disciplines

Repenser les limites : l’architecture à travers l’espace, le temps et les disciplinesColloque internationalParis, 31 août - 4 septembre 2005

Society of Architectural Historians /INHA

Le colloque portera sur les problèmesqu’a fait émerger récemment la prise en compte des mutations des limites spatiales, temporelles et disciplinaires quitouchent autant les objets de l’historiende l’architecture que le champ de sesinvestigations. Le colloque s’organiseraen trois journées (1er-3 septembre 2005)dévolues aux trois sous-thématiques ducolloque : les frontières spatiales, tempo-relles et disciplinaires. Chaque journéesera organisée en sessions plénière le matinet sessions en parallèle l’après-midi. Unesession supplémentaire sur le rôle desnouvelles technologies en histoire de l’ar-chitecture, organisée avec la collaborationde l’Inventaire, aura lieu le mercredi 31août après-midi. Des visites à Paris et horsde Paris (à Rouen et en région parisienne)seront organisées le dimanche 4 septembre.

Suite à l’appel à communication lancé en septembre 2004, le conseil scientifiquedu colloque (Barry Bergdoll, Jean-LouisCohen, Neil Levine, Werner Œchslin,Daniel Rabreau, Frank Salmon, DanySandron, Alice Thomine, PieterUytenhove), ainsi que les personnes solli-cités pour présider chacune des troisjournées thématique du colloque, EveBlau de l’Université de Harvard, CarlosSambricio, de l’Université de Madrid, etRoland Recht, du Collège de France, ont,au cours du mois de février 2005, procédéà la sélection des intervenants. L’appel àcommunication a reçu plus de 200réponses, toutes de très grande qualitéscientifique. Les membres du conseilscientifique ont retenu 43 propositions decommunications, provenant d’Allemagne,d’Argentine, de Belgique, des États-Unis,de France, d’Italie, du Japon, des Pays-Bas,de Pologne, du Portugal, du Royaume-Uni,et de Suède. Il a également sélectionné 15propositions pour les sessions parallèles,provenant d’Afrique du Sud, d’Amériquedu Sud, des États-Unis, de France,d’Italie, des Pays-Bas, de Roumanie et de Turquie.

Renseignements et inscriptions :Le programme est désormais accessibleen français sur le site internet de l’inha(wwww.inha.fr) et en anglais sur le sitede la sah (www.sah.org).

Pour les étrangers ou les gens n’habitantpas à Paris, l’inha a réservé des chambresà la cité universitaire. Les modalités d’ins-cription et de réservation des logementsseront disponibles sur le site de l’inha àcompter du 30 avril 2005

30 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Publications

Autour de l’homme. Contexte etactualité d’André Leroi-Gourhansous la direction de Françoise Audouze et Nathan Schlanger

Autour de Leroi-Gourhan, autourde l’homme... Onne saurait com-prendre la diversitédes contributions àcet ouvrage si l’onne connaît pas l’é-tendue des champscouverts par l’œurede Leroi-Gourhan,

et si l’on ne réalise pas la variété des for-mes sous lesquelles son influence s’estexercée et continue à se manifesteraujourd’hui. Au musée de l’Homme, àLyon, au cnrs, à la Sorbonne, au Collègede France, André Leroi-Gourhan (1911-1986) plaidait pour une science unifiée del’homme où ethnologie, technologie, his-toire, préhistoire, paléontologie, esthé-tique, linguistique constituaient desapproches complémentaires. Cette entre-prise hors du commun n’a pas connu desuite directe et son impact s’est plutôttraduit par des retombées multiples à l’in-térieur de nombreuses spécialités plusétroites, tant en France que dans lemonde. Il ne s’agit là pas seulement d’unetendance inévitable de la recherchecontemporaine vers une spécialisation deplus en plus grande. Cet éclatement dérivedirectement de la structure même del’œuvre de Leroi-Gourhan : attachée àrésoudre les grandes questions de l’évolu-tion humaine, cette œuvre fonctionne àdifférentes échelles et aborde des problè-mes multiples repris isolément ensuite...

À travers six sections thématiques, lescontributeurs à cet ouvrage apportent deséclairages complémentaires sur la plupartdes domaines d’études qu’avait abordésAndré Leroi-Gourhan au long de sa pas-sionnante aventure intellectuelle.

© APDCA, Antibes 2004, 17 x 24 cm, 448 pages,

broché, isbn 2-904110-39-9, 35 euros

Les nouvelles formations de l’interprète. Théâtre, danse, cirque,marionnettesSous la direction d’Anne-Marie Gourdon

La créationcontemporainedans les arts duspectacle s’avèreaujou’dhui souventpluridisciplinaire.Nous assistons eneffet à des repré-sentations dont ilest parfois difficilede qualifier le genre.

S’agit-il de théâtre, de danse, de cirqueou de marionnettes ? C’est précisémentcette évolution qui a incité les auteurs àexaminer la sitation de la formation à cesdifférents arts. Correspond-elle à l’évolu-tion de la scène actuelle ?

L’originalité de cet ouvrage consiste àanalyser les nouvelles orientations péda-gogiques des enseignements artistiques.Réalisée par des chercheurs, des universi-taires et des praticiens français et étran-gers, cette recherche est la première à mettre en évidence un nouveau type de formation et à en faire comprendre les objectifs profonds : renouveler la pra-tique de la discipline enseignée ; favoriserl’émergence de formes de jeuinédites ; fournir à l’interprète de multiplesoutils techniques susceptibles de déve-lopper davantage son imagination, sacréativité et de faciliter son adaptation àdivers genres de spectacle.

Des témoignages d’enseignants, de met-teurs en scène et d’élèves aident à prendreconscience des changements importantsqui s’opèrent en ce domaine.

Le choix des lieux d’enseignement (écoles,facultés, conservatoires, académies) ne selimite pas à l’Europe. Des exemples depays aussi différents et éloignés d’unpoint de vue social, économique et poli-tique que la Russie, la Chine ou le Brésildémontrent que ce processus n’est passpécifique à l’espace européen.

© cnrs éditions, coll. « arts du spectacle / spectacles,

histoire, société», Paris 2004, 21 x 27 cm, 296

pages, broché, isbn 2-271-06283-7, 44 euros

Sebastiano Serlio à Lyon,Architecture et imprimeriesous la direction de Sylvie Deswarte-Rosa

Ce volume, le pre-mier d’une série dequatre, est issud’un programmede recherches déve-loppé par l’équiped’histoire de l’artde Lyon, dirigéepar SylvieDeswarte-Rosa, àpartir d’une exposi-

tion et d’un colloque tenu à Lyon en1998. L’inha ayant développé un pro-gramme spécifique sur les traités d’archi-tecture, on ne pouvait manquer de saluercette somme consacrée au premier traité« moderne » d’architecture : moderne parl’équilibre qu’il établit entre texte et illus-tration, moderne aussi par la méthoded’exposition systématique, allant du plussimple au plus complexe, du point auxfigures irrégulières, de la maison à pièceunique au palais royal à cours multiples.

Ce premier tome, auquel ont contribué39 chercheurs de dix pays différents, offreune analyse et une mise en perspective decette grande aventure éditoriale, décisivepour toute la culture architecturale euro-péenne du milieu du xvie siècle au milieudu xviie, et au indirectement bien au-delà.Le second volume, Bibliographia Serliana,catalogue des éditions imprimées des livres dutraité d’architecture de Sebastiano Serlio(1537-1681), complément nécessaire dupremier, est aujourd’hui prêt à imprimer.On attend sa publication, qui offrira unoutil indispensable, à toute étude de la« trattistica » architecturale.

© Mémoire active, t. I, Le traité d’architecture de

Sebastiano Serlio, une grande entreprise éditoriale

au XVIe siècle, Lyon, 2004, 583 p., 234 fig.,

56 euros

AnnoncesPublications

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Appel à publication de thèses

Dans le cadre de sa collection de thè-ses “ L’art et l’essai ”, coéditée avec leComité des travaux historiques etscientifiques (CTHS), l’Institut nationald’histoire de l’art lance, commechaque année, un appel à publication.

Les directeurs de recherche sont invités àadresser à l’inha les thèses de doctoratinédites de leurs meilleur(e)s étudiant(e)ssoutenues en 2004. Sont recevables tousles sujets entrant dans le champ discipli-naire de l’histoire de l’art et de l’archéolo-gie. Les propositions seront examinéespar un jury comprenant des personnelsscientifiques de l’inha, des membres deson Conseil scientifique et des expertsextérieurs représentant les écoles docto-rales.

Les thèses doivent parvenir à l’inhaavant le 15 mai 2005. Il doit y être joint le rapport de soutenance, un résumé de la thèse (maximum dix feuillets) et une lettre de recommandation du directeurde thèse.

Le choix définitif du jury sera connu finoctobre 2005.

Pour tout renseignement complémentaire,contacter Frédéric Cousinié, conseillerscientifique ([email protected])

Les thèses sont sélectionnées selon la pro-cédure suivante :

- Le présent appel à manuscrits est lancé.- Chaque thèse reçue est soumise à l’exa-men de deux rapporteurs. L’un des rap-porteurs est choisi parmi les membres dudépartement des Études et de laRecherche de l’inha, l’autre est choisi ausein du Conseil scientifique de l’inha. Sile champ de recherche d’un manuscritn’est couvert par aucun des membres dece conseil, il est prévu de faire appel à despersonnalités compétentes extérieures.- Les rapporteurs doivent se prononcersur l’opportunité qu’il y aurait à publierle manuscrit qui leur est soumis, en fonc-tion de trois critères essentiels : la qualitéscientifique ; l’intérêt éditorial du sujet ;la “ faisabilité ”, autrement dit la plus oumoins grande ampleur de travail d’adap-tation à accomplir pour passer de la thèse

à l’ouvrage scientifique véritable. Lerésultat escompté, avec le soutien d’unéditeur extérieur, est un ouvrage d’environ750 000 signes et comportant 60 à 80illustrations.

Les rapports resterons anonymes et confi-dentiels.

Invitation à Paris pour des chercheursrésidant en région

Pour l’année 2005, l’Institut nationald’histoire de l’art (inha) met à la disposi-tion de chercheurs engagés dans la vieprofessionnelle (maîtres de conférences,conservateurs du patrimoine, conservateursterritoriaux du patrimoine et attachés deconservation) et résidant dans les régions,12 invitations pour effectuer des séjoursde recherche à Paris. Ces invitations cor-respondent à la prise en charge de frais demission pour un séjour de 15 jours à hau-teur de maximum de 500 euros.

Les titulaires de ces invitations bénéficie-ront d’une place à la bibliothèque de l’inhaet de facilités de travail à l’inha (accèsinternet et ressources informatiquesdocumentaires).Le dossier de demande comprendra - un curriculum vitae - ainsi qu’une lettre de motivation adres-sée à l’inha, à l’attention de Jean-MarcPoinsot, directeur du Département desétudes et de la recherche. Ce courrierdétaillera le projet scientifique, ainsi queles raisons d’une recherche à Paris.Les demandes seront envoyées par courrierélectronique à [email protected] avant le 28 avril en spécifiant comme titre :Invitation recherche Paris.

Un jury sélectionnera les dossiers et leslauréats seront informés des résultats à partir du 4 mai 2005Pour tout renseignement complémentaire,vous pouvez contacter - Monsieur Christian [email protected] Le secrétariat du Département des étudeset de la recherche Mademoiselle Noumba Diane T. 01 47 03 85 [email protected]

Les écrits d’artistes depuis 1940Textes réunis par Françoise Levaillant

Plus de trente spé-cialistes d’histoirede l’art du xxe siè-cle ont accepté derelever le défi queposent les écritsdes artistescontemporains.Pourquoi l’artisteécrit-il ? Quels sontses supports dediffusion ?

L’écriture constitue-t-elle un « suspens »dans le processus de la création plastique,ou bien l’artiste peindrait-il justement« parce qu’il écrit » ? Il y a également tousceux à qui la violence de l’Histoire nepermet de texte que censuré ou camouflé.

De 1940 à nos jours, les artistes de troiscontinents (Europe, Asie, Amérique), àtravers dix pays, sont saisis dans lesmoments les moins connus mais peut-êtreles plus aigus de leur créativité. Le choixde la période considérée permet de révisernotre approche des écrits d’artistes perçuscomme les « grands noms » d’une histoireconsidérée comme déjà écrite, et de nousconfronter aux nouvelles pratiques, auxnouveaux enjeux proposés par des artistesplus jeunes.

De nombreux inédits et la référence à desfonds d’archives encore peu sollicitésconfèrent à ces actes de colloque le statutd’un livre de référence.

© édition IMEC, avec le concours du CNRS (centre

André Chastel, de l’INHA, de l’Université Paris I,

du CRHIPA

2004, 510 pages, 45 euros

Actes du colloque international

Paris et Caen, 6-9 mars 2002

32 Les Nouvelles de l’INHA / nº 21 / mars 2005

Directeur

de la publication :

Alain Schnapp

Responsable :

Martine

Segonds-Bauer

Coordination :

Juliette Solvès

Conseiller artistique :

Philippe Apeloig

Conception graphique :

Sylvain Fromentin

Impression :

Floch-London

Paris

ISSN 1620-7815

Prix : 3 €

INHA

2, rue Vivienne

75002 Paris

T. 33 (0)1 47 03 86 04

F. 33 (0)1 47 03 86 36

www.inha.fr

Diplômé de Sciences Po et titulaire d’un DESS

en Gestion de l’humanitaire, Ivan Le Lay a travaillétrois ans dans le milieu de l’humanitaire, notammentaux côtés de Médecins du monde, en tant qu’assis-tant du chargé de liaison aux Nations unies à New York, puis en tant qu’administrateur généralen Afghanistan, au Salvador, en Inde, et dernièrementen Haïti pendant plus d’une année. S’étant inscritcette année en dea « Histoire des musées et du patri-moine artistique » à l’université Paris I, il préparedans le cadre de ses études un mémoire sur la pro-tection du patrimoine en temps de guerre, sonobjectif étant de mettre ses compétences antérieuresau service de la conservation des biens culturelsmenacés. Il a rejoint l’inha en tant que moniteur-étudiant en novembre 2004.

Diplômé en Sociologie à l’université de BuenosAires, Argentine, Juan Ignacio Vallejos prépare unethèse de Master intitulée La machine qui danse. Idéedu corps dans les traités sur le Ballet aux XVIIIe et XVIIIe

siècles sous la direction du professeur Dr José EmilioBurucúa. Avec une spécialisation en Sociologie de la culture et histoire culturelle, il a participé à diversgroupes de recherche au Centre d’Études de l’État et de la Société et au Centre culturel de la coopéra-tion, à Buenos Aires. Depuis 2002, il a travaillécomme professeur assistant de la chaire « Théorieesthétique et théorie politique » à l’université deBuenos Aires. Dans le cadre de la bourse Getty pourchercheurs étudiants de l’Amérique Latine, il vientde rejoindre le programme « Beaux Arts / Musique /Théâtre » à l’inha.

Grace au généreux soutien de la Fondazione perl’arte della Compagnia di San Paolo, c’est cetteannée trois « boursiers San Paolo » qui viennenttravailler à l’Institut national d’histoire de l’art,de mars 22000055 à février 22000066. Par la diversité deleur provenance géographique ou intellectuelle,de leurs champs et méthodes de recherche, ilsreflètent la richesse de l’histoire de l’art italienne.

Christian Omodeo, né à Rome en 1976, a obtenuen juillet 2004 son diplôme en « Conservazione deiBeni Culturali » à l’université de la Tuscia de Viterbe(Italie) après cinq ans d’études, dont un an dans lecadre du projet Erasmus, auprès de l’université deProvence. Ses recherches portent principalement surune remise en question des études sur la Romenapoléonienne (1809-1814) avec une attention parti-culière pour les musées, le patrimoine artistique decette ville et pour le rôle de Dominique VivantDenon dans ce contexte. Dans le cadre de ses étudessur les relations dans le monde des arts entre laFrance et l’Italie, il a effectué un stage pendant lapériode septembre 2004 – février 2005 auprès du Département des Arts Graphiques du Musée

du Louvre sous la direction de M. Cordellier. À partir de mars 2005, grâce à une bourse de la « Fondazione per l’Arte de la Compagnia di SanPaolo », il poursuivra ses recherches à Paris au seinde l’inha au sein de l’équipe du Répertoire despeintures italiennes dans l’axe « Histoire du goût ».

Michela Passini a commencé ses études d’histoirede l’art à l’École Normale Supérieure de Pise, en1999. En 2003 elle a obtenu son diplôme de maîtriseavec un mémoire sur la pensée d’Henri Focillon,rédigé sous la direction de Donata Levi et d’EnricoCastelnuovo : Pays de l’Ouest. Idée universelle.Funzione storica della Francia nell’opera di HenriFocillon. En novembre 2003 une bourse de doctoratà l’École normale lui a permis de mener un projet de recherche sur le nationalisme et de la définitionde « l’art national » dans la critique artistique entre la fin du xixe siècle et la première moitié du xxe

en France et Allemagne. Pendant la dernière annéede doctorat, elle a étudiée le bombardement de la cathédrale de Reims par les armées allemandesen 1914 et les réactions des historiens de l’art français.Le résultat de ses recherches est paru dans le quatriè-me volume de Arti e storia nel Medioevo (Einaudi2004). D’autres brefs essais sur les écrits politiquesde Focillon et sur la destruction de Notre-Dame de Reims sont en cours de préparation.

En tant que boursière San Paolo, elle travaille sur la question des rapports et des échanges entre artfrançais et art italien dans l’œuvre de Louis Dimierdans l’axe histoire de l’histoire de l’art.

Né le 15 décembre 1978 à Turin, Massimiliano DeSerio a conclu ses études à l’Université de Turin parune maîtrise en histoire de la critique d’art (2003)avec un travail sur le critique Pierre Restany (1930-2003) dont il aborde l’activité jusqu’en 1978. Il vientde commencer un doctorat à l’Université de ParisVIII. Il a plusieurs publications à son actif : un Kleeet un Picasso aux Editions Rizzoli-Skira. Il a exercéen qualité d’assistant curator au Musée d’art contem-porain du Castello di Rivoli, après un Master sur« Les systèmes et les professions autour des muséesd’art contemporain ». Il entretient par ailleurs desliens étroits et réguliers avec le cinéma, par le biaisdes revues spécialisées et des jurys de festivals et parla réalisation de courts-métrages, parmi lequels : IlGiorno del Santo (2002), Maria Jesus (2003), MioFratello Yang (2004) qui ont été primés dans plui-seurs festivals internationaux.

Son projet français porte sur le développement desthéories de Pierre Restany dans l’art et la critiqued’art des vingt dernières années, entre France et

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Italie, période pendant laquelle il a eu des contactsétroits avec la péninsule, à travers la revue D’Ars deMilan dont il était directeur. Il s’agit d’étudier l’in-fluence des théories esthétiques des années 90 et leursconséquences sur le domaine de la critique et de lapratique artistique, vers l’attention pour un art relation-nel. Ces recherches seront menées dans le cadre del’axe « Archives de l’art de la période contemporaine ».

Eric Pagliano est conservateur du patrimoinedepuis 1999. En 2000, il est nommé au musée desbeaux-arts d’Orléans pour y étudier le riche fonds dedessins italiens. Cette étude a donné lieu à une expo-sition présentée en deux volets, de novembre 2003 àavril 2004, en raison du nombre important de piècesexposées (près de 230). Un catalogue accompagnaitl’exposition.

Ses recherches tant anciennes qu’actuelles portentsur les conditions d’une représentation possible de lasuccessivité littéraire et de certaines figures de styledans le domaine de la peinture, notamment la ques-tion de la péripétie dans l’œuvre de Nicolas Poussin,ou encore les lectures picturales de Boucher de textesde La Fontaine et d’autres auteurs (article dans laRevue de l’Art), ainsi que sur les limites du discoursdans le rendu descriptif de la peinture (article dans laRevue d’Esthétique). Il prépare une exposition - dossiersur la notion de draperie dans la théorie de l’art enFrance aux xviie et xviiie siècles à partir d’unensemble de dessins français, qui aura lieu à Orléansde juin à septembre 2005. Il a rejoint l’inha en jan-vier 2005 en qualité de pensionnaire, et a intégrél’axe « Histoire du goût » pour travailler sur le réper-toire des peintures italiennes conservées dans les col-lections publiques françaises.