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Polis/R.C.S.P./C.P.S.R. Vol. 16, Numéros 1 & 2, 2009 95 LES NOUVELLES DYNAMIQUES DE PARTICIPATION A LA VIE POLITIQUE NATIONALE DES DIASPORAS CAMEROUNAISES A L’ÈRE DU NUMERIQUE Ruth Mireille Manga Edimo IRIC/Université de Yaoundé II / CEVIPOF Introduction Les diasporas camerounaises se sont engagées depuis les années 1950 dans la vie politique de leur pays d’origine. Mais les moyens de leurs actions ont évolué, autant que leur organisation politique, au fil des années. Si entre 1950 et 1970 l’engagement politique des diasporas camerounaises a été marqué par le développement des solidarités politiques transnationales pour soutenir le mouvement nationaliste dans leur pays d’origine, depuis 1990, la vie politique libéralisée au Cameroun a entraîné de nouvelles dynamiques politiques au sein des espaces de vie de la diaspora camerounaise. Les membres de la communauté diasporique camerounaise tendent de plus en plus à s’affirmer comme des acteurs autonomes de la vie politique de leur pays d’origine. Aussi, avec l’expansion de l’Internet depuis la fin des années 1990, les diasporas camerounaises parviennent à rivaliser directement avec des acteurs politiques internes là où la non-reconnaissance du droit de vote et de

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LES NOUVELLES DYNAMIQUES DE PARTICIPATION A LA VIE POLITIQUE

NATIONALE DES DIASPORAS CAMEROUNAISES A L’ÈRE DU NUMERIQUE

Ruth Mireille Manga Edimo

IRIC/Université de Yaoundé II / CEVIPOF

Introduction

Les diasporas camerounaises se sont engagées depuis les années 1950 dans la vie politique de leur pays d’origine. Mais les moyens de leurs actions ont évolué, autant que leur organisation politique, au fil des années. Si entre 1950 et 1970 l’engagement politique des diasporas camerounaises a été marqué par le développement des solidarités politiques transnationales pour soutenir le mouvement nationaliste dans leur pays d’origine, depuis 1990, la vie politique libéralisée au Cameroun a entraîné de nouvelles dynamiques politiques au sein des espaces de vie de la diaspora camerounaise. Les membres de la communauté diasporique camerounaise tendent de plus en plus à s’affirmer comme des acteurs autonomes de la vie politique de leur pays d’origine.

Aussi, avec l’expansion de l’Internet depuis la fin des années 1990, les diasporas camerounaises parviennent à rivaliser directement avec des acteurs politiques internes là où la non-reconnaissance du droit de vote et de

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la double nationalité par les institutions politiques et administratives incarnées par l’Etat d’origine, pouvaient apparaître comme des blocages à leur accomplissement, en tant que membres de la communauté politique d’origine. A contre-courant des clichés que la sociologie des migrations a pendant longtemps affecté au migrant, c’est-à-dire, celui d’un individu « déraciné » ou « absent », les activités des diasporas camerounaises ont un écho non négligeable sur la scène politique de leur pays d’origine. Mais comment penser la participation des diasporas camerounaises à la vie politique de leur pays d’origine à l’ère du numérique ? Les technologies de l’information et de la communication ont-elles modifié l’activité des diasporas camerounaises par rapport à la vie politique de leur Etat d’origine ? Quelles sont les contributions des TIC au renforcement de l’action politique des diasporas camerounaises ?

La mise en relief de la participation des diasporas camerounaises à la vie politique nationale par le biais des TIC vise à comprendre comment la citoyenneté des individus est réinventée dans un contexte migratoire, notamment, à l’ère du numérique. En effet, mettant en évidence des usages politiques du Web par les Camerounais, l’article aborde la question générale de la reconfiguration de l’espace politique à l’ère de l’information (Castells, 1998).

I - Cadre théorique et conceptuel de l’analyse

I.1 - La diaspora camerounaise : péripéties et trajectoires d’une population de plus en plus impliquée dans la vie politique de leur pays d’origine

La diaspora camerounaise peut être présentée comme l’ensemble des Camerounais dispersés à travers le monde et qui, bien que partis de leur territoire d’origine pour des raisons variées, maintiennent un lien plus ou moins explicite avec leur Etat d’origine, le Cameroun. Jusqu’en 1970, la principale destination des Camerounais à l’étranger était la France. Mais les trajectoires migratoires des Camerounais commencent à se diversifier à partir des années 1980, notamment à cause de la crise économique et sociale qui sévit au Cameroun, ainsi que les mutations politiques qui ont marqué la

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société camerounaise à la fin des années 1980, début 1990. A côté de la France comme pays destinataire, l’on notera de plus en plus d’autres pays du Nord et du Sud, tels que le Canada, les Etats-Unis, le Nigéria, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, etc. La plupart des pays du Sud étant sollicités comme lieux de transit pour d’éventuels futurs départs pour l’Europe.

A ce jour, la population migrante camerounaise est évaluée à environ 4 millions de personnes, d’après les estimations faites par le ministre camerounais des relations extérieures suite aux données fournies par les missions diplomatiques et consulaires1. La répartition des effectifs demeure cependant très inégale avec près de 50000 personnes au Gabon, 16000 en Guinée-Equatoriale, plus de 2 000 000 de personnes au Nigéria, 6000 en Côte d’Ivoire, 5000 au Soudan, 4200 en Suisse, plus de 5000 au Pays-Bas, plus de 7000 en Allemagne, 500 au Maroc, plus de 700000 aux Etats-Unis2. Quant au nombre de Camerounais vivant en France, il est passé de 45000 en 2005 à 50000 en 20073 (pour ce qui est des Camerounais vivant en situation régulière en France), alors que, l’on estime toujours à environ 150000, le nombre de Camerounais vivant en situation irrégulière en France.

Par ailleurs, les communautés immigrées camerounaises de France s’affirment comme l’un des sites d’observations les plus remarquables de l’organisation politique des Camerounais à l’étranger pour plusieurs raisons : les activités politiques de ces communautés immigrées camerounaises s’insèrent dans un circuit migratoire éprouvé de longue date ; de même, la France est souvent envisagée comme le lieu d’implantation des institutions de la première destination à l’étranger traditionnellement exprimée par les Camerounais (Kamdem, 2007 :13).

Entre 1950 et 1970, et même jusqu’en 1990, dans son organisation, la diaspora camerounaise renvoyait à une population plus ou moins homogène. Elle était majoritairement constituée d’étudiants marqués par une vie associative et culturelle très riche. En France par exemple, la communauté immigrée camerounaise était liée à l’Union des étudiants du Kamerun (UNEK), elle-même ancienne association des étudiants camerounais (AEC). L’UNEK s’était associée au principal mouvement nationaliste au Cameroun, l’Union des populations du Cameroun (UPC), pour lui apporter son soutien dans la lutte pour l’indépendance du pays d’origine. En fait, le rôle de la

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diaspora camerounaise à cette période s’était principalement limité au combat pour l’indépendance du pays d’origine.

Depuis les années 1990, non seulement le nombre d’associations a considérablement augmenté du fait des nouvelles arrivées camerounaises en France en particulier et en Occident en général, mais aussi et surtout, du fait des mutations politiques survenues dans le pays d’origine et du développement des outils électroniques de l’information et de la communication. Ces développements ont entraîné la transformation des espaces et la fluidification des rapports sociaux et politiques entre les Camerounais émigrés, leurs compatriotes vivant au Cameroun et leur Etat d’origine. Les modes d’organisation par rapport au pays d’origine se sont diversifiés, et les modes de rencontres ont évolué. L’on a pu observer l’excroissance des associations ethniques et culturelles, mais aussi, l’émergence de certaines structures de partis politiques camerounais telles que : le Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition au Cameroun et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti de la Majorité présidentielle, dans les espaces sociaux français (Manga, 2006). Ces différentes organisations ont joué un rôle considérable dans l’émancipation politique des immigrés camerounais de France. Ces derniers ont vu leurs rangs renforcés ces dernières années par des professionnels (migrants-travailleurs) ; des opérateurs économiques ; avocats ; artistes et sportifs4 (Bouly De Lesdain, 1999) dont la présence était déjà suffisamment remarquable dans les années 1970 et 1980.

Cependant la révolution apportée par les nouveaux moyens de communication électroniques a fluidifié les rapports entre les membres de la communauté de plus en plus dispersés, ainsi que le rapport politique à l’Etat d’origine. Le lien communautaire n’est plus forcément entretenu au sein des réunions associatives, mais plutôt à travers une communication en réseau, qui permet, non seulement d’informer les membres, mais aussi et surtout, de faire connaître les activités du réseau de relations. C’est dans ce contexte spécifique que les médias communautaires et les sites Internet de médias camerounais et panafricains ont émergé comme des espaces publics de diffusion des actions et de discussions camerounaises.

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1. 2. La notion de participation politique

1. Définition

La participation politique est généralement définie comme l’ensemble des comportements et attitudes par lesquels, le citoyen, membre d’une communauté politique, manifeste son engagement dans la gouvernance de la société5 à laquelle il pense appartenir. En tant que catégorie analytique en science politique, le concept de participation politique s’est construit autour de l’ensemble des activités individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le système politique (Braud, 2004 : 363 ; Dalton, 1988 : 7-8 ). Cette notion tient à la fois compte de l’implication des individus dans la prise de décisions, des actes d’opposition et des contributions au développement de la vie politique de l’Etat.

Dans cette perspective, l’on peut, sans coup férir, appliquer aux diasporas camerounaises le qualificatif d’ « acteurs » de la vie politique de leur Etat d’origine. En effet, bien qu’elles ne remplissent pas tous les rôles précédemment mentionnés, l’on peut s’assurer que par leur présence régulière sur la toile par le biais des médias électroniques et de la cyberpresse camerounaise, les diasporas camerounaises contribuent à la construction d’un débat démocratique dans leur pays d’origine.

L’on ne s’attardera pas, dans cet article, sur les questions telles que le vote ou des actes qui s’alignent automatiquement derrière la participation politique conventionnelle, du fait des différentes réserves que cela pourrait susciter sur les droits politiques rattachés à la nationalité tels que l’éligibilité et les fonctions d’autorité. Car, la participation politique des diasporas camerounaises, admises comme des acteurs de la vie politique de leur Etat d’origine, ne peut pas être évaluée sur la base des critères juridiques, à savoir, le droit de vote et la nationalité.

Le droit de vote au Cameroun, de même que les autres droits politiques directement rattachés à la nationalité, sont de manière significative, strictement réservés aux seuls nationaux et Camerounais résidant au Cameroun. Par exemple, selon le Code électoral camerounais, il faut avoir résidé au minimum neuf mois consécutifs sur le territoire camerounais pour prétendre au « droit de

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voter » lors des élections officielles au Cameroun, et ceci, en tant que Camerounais.

Dans cette analyse, l’on passe outre ce lien ‘‘privilégié’’ entre citoyenneté et nationalité, très chère, à la théorie incarcérale de l’Etat en mettant en exergue les actions découlant du sentiment d’appartenance et du sens de la responsabilité promus par les valeurs de la citoyenneté. La démarche adoptée est empirique, c’est-à-dire, elle s’inspire directement et est opérée par des observations de terrain. Son originalité réside dans le fait qu’elle permet de dégager trois facteurs, pouvant conduire les migrants camerounais à s’engager dans la vie politique de leur Etat d’origine, malgré leur exclusion juridique au départ, pour la plupart. Il s’agit de l’adhésion à un comportement moral, du sentiment d’allégeance nationale, et de l’idée d’une implication politique active.

2. Penser les diasporas camerounaises comme des ‘‘acteurs’’ de la vie politique de leur pays d’origine

Penser les diasporas camerounaises comme ‘‘catégorie’’ et comme « acteurs » de la vie politique nationale, nécessite de recadrer les dimensions théoriques et pratiques du concept de citoyenneté. En effet, dans un contexte global de plus en plus marqué par la mobilité des individus et la densité des flux transnationaux, l’espace politique ne saurait être défini par sa seule dimension territoriale. Il doit pouvoir prendre en compte les différents facteurs qui contribuent à son l’élargissement à l’ère de la globalisation, d’où l’intérêt d’une réflexion sur les diasporas camerounaises dans leur rapport à la vie politique de leur pays d’origine.

Dans cette perspective, la citoyenneté ne peut s’en tenir aux seuls droits politiques, ni être dépendante de la seule nationalité. En outre, la nécessité de tenir compte d’une nouvelle citoyenneté (Withol de Wenden, 1996) ouverte, et apte à réconcilier statut individuel et émancipation politique s’impose dans une approche de sociologie politique internationale. De même, si la démocratie est considérée comme un système de valeurs partagées par la plupart des gouvernements du monde (Bayart, 2004), ne serait-il pas légitime que nous puissions nous intéresser aux différentes transformations6 de celle-ci ? Car, une telle approche permet non seulement de saisir aussi bien la question de

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citoyenneté que celle de la participation politique (termes intimement liés) dans un espace extra-territorial.

En effet, sans rejeter l’influence de l’Etat sur le comportement des individus (tout au moins l’effet symbolique de l’Etat sur les individus à travers ce que certains auteurs ont qualifié de ‘‘pensée Etat’’), ni totalement s’insurger contre la « grammaire territoriale »7 force est de constater que les migrants et les diasporas, acteurs des relations internationales parmi tant d’autres, reconfigurent le champ de l’action politique et les institutions politiques de l’Etat, notamment, la citoyenneté. Les nombreux textes consacrés à cette notion dans la sociologie des relations internationales, confirment cette observation à travers l’usage des catégories telles que : ‘‘citoyenneté post-nationale’’ (Soysal, 1994), ‘‘citoyenneté transnationale’’ (Kymlicka, 2004), ‘‘citoyenneté multiculturelle’’ (Kymlicka, 1995), la ‘‘citoyenneté extra-territoriale’’ (Kastoryano, 2006) qui s’imposent de plus en plus comme grille de lecture.

Dans cette perspective, saisir la participation politique des diasporas camerounaises dans l’espace public numérique, nécessite d’adopter une approche dynamique et d’entrevoir un concept variant dans le temps et dans l’espace, en fonction des moyens dont peuvent disposer les individus à un moment donné. Ainsi admis, les éléments pris en charge dans la définition de la citoyenneté et l’analyse de participation des diasporas camerounaises à la vie politique nationale dans cet article renvoient à un ensemble de référents moraux et socio-politiques qui marquent les différents comportements politiques des diasporas camerounaises dans leur contexte migratoire et affectent de manière différenciée, leur implication active ou passive dans les affaires politiques de leur Etat d’origine. Il s’agit, entre autres, de la loyauté vis-à-vis de l’Etat d’origine, d’un sens de la responsabilité, du sentiment d’appartenance à une communauté politique d’origine qui peuvent conduire les migrants camerounais à développer une solidarité avec des membres de la communauté politique d’origine, à maintenir des liens politiques grâce à une re-socialisation via les média électroniques nationaux et communautaires.

La re-socialisation politique8 des diasporas camerounaises par les médias se fait à travers une lecture régulière de la presse nationale disponible en ligne, une participation aux débats publics en ligne portant sur la vie politique camerounaise, une interaction permanente avec des membres de la communauté politique dans des espaces numériques de rencontres et de discussions

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politiques, un militantisme politique au sein des associations, des mobilisations collectives, etc. Ce sont ces différents éléments qui sont pris en compte dans cet article.

II - Développement du rapport des diasporas camerounaises à la vie politique de leur pays d’origine et réappropriation de l’Internet comme instrument d’action et de participation politique

1 - Le processus de socialisation des diasporas camerounaises à la vie politique de l’Etat d’origine

1.1 - La période avant les années 1990

L’avènement de l’Internet a profondément modifié les modes d’actions des diasporas camerounaises. Ce média « ultime » est devenu en l’espace de quelques années, un important vecteur de la communication et de l’action politiques des diasporas camerounaises. En effet, jusqu’en 2000, le maintien des liens socio-politiques était principalement manifeste au sein des associations de Camerounais, notamment, à travers une vie associative socio-culturelle et politique consistant à « réfléchir ensemble sur les problèmes et les difficultés liées à leur séjour à l’étranger, à ‘‘revivre’’ certaines coutumes et traditions du pays d’origine et à mieux se connaître (en créant) une communauté fraternelle» (Manga, 2006). Ce constat est aussi valable pour l’AEC que pour la plupart des associations culturelles et ethniques camerounaises à l’étranger, notamment en France.

La socialisation des diasporas camerounaises s’est également faite au sein de certaines associations et partis politiques camerounais représentés à l’étranger. Ce fut, par exemple, le cas de l’UNEK dont la plupart des étudiants furent formés par des cadres de l’Union des populations du Cameroun (UPC) en vue de la lutte contre les autorités politiques coloniales et la résistance au Régime. Ce fut aussi le cas du Regroupement des étudiants camerounais (REC), groupe d’étudiants camerounais en désaccord avec l’orientation nationaliste de l’UNEK, dont la plupart a intégré plus tard l’Union nationale camerounaise (UNC), parti politique camerounais au pouvoir à cette période.

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1.2 - Après les années 1990

Au courant des années 1990, la socialisation des jeunes de la diaspora camerounaise au sein des mouvements et des partis politiques camerounais représentés à l’étranger s’est renforcée grâce à l’émergence d’une pluralité de partis politiques camerounais, consécutive à la libéralisation de la vie politique au Cameroun. La libéralisation de la vie politique au Cameroun, suivi de la loi sur « la liberté de la communication sociale » du 19 décembre 1990, a favorisé l’exportation de partis politiques camerounais tels que le Social Democratic Front (SDF) et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), en quête de soutien politique à l’extérieur auprès de certaines communautés de la diaspora camerounaise, notamment : celles des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et de France. La loi sur « la liberté de presse » au Cameroun a, elle aussi, été à la faveur de la création de nombreuses presses publiques et privées, que pouvaient se procurer les diasporas camerounaises à l’étranger.

En effet, la sollicitation des diasporas camerounaises par les partis politiques s’est déroulée dans une conjoncture mondiale de la « fin des territoires » (Badie, 1995), et de l’émergence d’une « civilité politique internationale » : un contexte marqué par la sollicitation de l’international comme cadre d’action des partis politiques (Chouala, 2004b).

Ces différents canaux officiels auxquels les diasporas camerounaises ont considérablement adhéré, précisément jusqu’en 2003, avaient réduit leurs actions, notamment jusqu’au début des années 2000, à quelques manifestations du lien social et politique dans leur pays d’origine. Leurs rôles dans la vie politique camerounaise tournaient autour de l’animation de la vie des partis politiques camerounais à l’étranger, la commémoration et la célébration des journées et fêtes nationales, la réception et les échanges de messages avec certaines autorités politiques camerounaises en visites officielles ou privées, sur des questions du pays et l’organisation de colloques et de conférences-débats. Ces rôles étaient ponctuels et n’ont pas suffit à impliquer les diasporas camerounaises, à un rythme régulier, dans les affaires politiques de leur Etat d’origine. En dépit de l’ouverture démocratique au Cameroun les actions menées, gardaient une dimension passive.

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2 - L’expansion de l’Internet et le renouvellement des modes d’action politique de la diaspora camerounaise

2.1 - La « force démocratique » d’Internet

Depuis quelques années, les TIC à travers Internet notamment, s’affirment, pour les diasporas camerounaises, comme l’un des principaux outils de contact politique avec leur Etat d’origine. Grâce aux différentes fonctionnalités qu’il propose, Internet a permis aux diasporas camerounaises de non seulement pallier au problème de la disponibilité des journaux nationaux à l’étranger, mais aussi et surtout d’échanger avec leurs concitoyens restés au pays et ceux dispersés à travers le monde sur des questions qui concernent la vie publique et politique de leur pays d’origine. Dans ce sens, il est doublement présenté comme un puissant outil de diffusion d’informations susceptibles d’aider les internautes à devenir des citoyens, parfaitement éclairés à même de comprendre les enjeux de la cité qu’une démocratie suppose et comme un instrument d’action politique, capable d’aiguillonner l’implication des citoyens dans des actions collectives destinées à faire entendre leurs revendications, notamment parce qu’il en réduit les coûts (Vedel, 2006). Dans ce sens, Internet propose des instruments et des espaces, relativement ouverts et horizontaux, pour le débat politique et est donc de nature à revitaliser l’espace public (Vedel, 2006).

La pertinence de ces différents arguments souvent avancés sur le rôle démocratique de l’Internet peut être vérifiée dans le cadre des différentes actions menées par les diasporas camerounaises pour s’impliquer dans la vie politique de leur pays d’origine, en raison de l’ambiguïté de leur statut juridique9.

2.2 - Les usages politiques de l’Internet par les diasporas camerounaises

La ‘rumeur sur le décès du président de la République du Cameroun en 2004 peut être considérée comme un ‘‘déterminant historique’’ dans l’étude de la place occupée par les TIC dans l’action politique des diasporas camerounaises. Et cela pour plusieurs raisons : d’abord, du fait de la dimension qu’elle a prise en l’espace de vingt-quatre heures dans tous les espaces sociaux de Camerounais, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ;

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ensuite, parce que c’est à partir de ce moment que l’on découvre réellement l’existence des sites Internet comme espaces d’expression des diasporas camerounaises ; et enfin, parce que, suite à cette rumeur qui a animé le débat public camerounais à l’intérieur comme à l’extérieur pendant plusieurs jours, les immigrés camerounais , ont eux-mêmes déclaré sur les sites « l’avènement d’une nouvelle ère politique ».

2.2.1. Internet, un outil d’information pour les diasporas camerounaises

Aujourd’hui de nombreux Camerounais choisissent Internet pour s’informer. Ce média « majeur » est en effet le principal outil d’information des diasporas camerounaises. C’est un constat qui s’est confirmé par les résultats d’une enquête tout récemment menée dans le cadre de cette étude. D’après les résultats de l’étude, 97.55% des Camerounais interrogés ont affirmé « prendre connaissance de l’actualité politique et sociale du Cameroun » sur Internet. De plus, avec le développement de la cyberpresse au Cameroun, il est devenu plus facile aujourd’hui, de repérer à partir des moteurs de recherche, des sites diffusant des informations sur le Cameroun. Le tableau ci-dessous, récapitule les résultats de l’enquête réalisée à Paris entre juillet et août 2009.

Tableau 1 : Information des Camerounais sur Internet.

Echantillon Camerounais de France

Camerounais restés au pays

Autres Camerounais de la diaspora

61 69 169 Réponses Décompte Pourcentage Oui 319 97.55% Non 8 2.45%

Source : Enquête de l’auteur

Les sites les plus consultés par les Camerounais de la diaspora vivant en France sont ceux de la presse écrite camerounaise privée, la presse publique en ligne étant lue plus rarement. Cependant les sites des cyberjournaux et ceux créés par les communautés diasporiques elles-mêmes,

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sont aussi plus ou moins régulièrement visités. Néanmoins, tous n’ont pas la même importance, en tant « qu’espaces publics de recueillement des informations politiques et sociales sur le Cameroun ».

De toute évidence, de plus en plus nombreux sont les Camerounais qui choisissent Internet pour s’informer, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays d’origine. Aussi, paradoxalement, les résultats de l’enquête en ligne révèlent que les sites communautaires considérés comme un lieu de re-socialisation ou de ‘‘rafraîchissement’’ du lien socio-politique avec la communauté d’origine pour les diasporas camerounaises au départ, se sont progressivement affirmés comme des sites Internet plus ou moins régulièrement visités par les Camerounais vivant au Cameroun. Parmi ceux d’entre eux interrogés, 41.38% lisent les sites communautaires tandis que 27.59% seulement participent au débat public en ligne.

Tableau 2 : Sites d’informations et de forums camerounais les plus consultés par la diaspora camerounaise de France.

Echantillon = 54

Nom du site Internet Décompte Pourcentage www.lemessager.net 33 61.11% www.quotidienmutations.net 24 44.44% www.camer.be 45 83.33% www.cameroon-info.net 44 81.48% www.bonaberi.com 35 65%

Source : Enquête de l’auteur.

2.2.2. : Internet : outil de communication avec les membres de la communauté politique nationale à l’intérieur et à l’extérieur du territoire national

Outil de communication politique pour les diasporas camerounaises, Internet permet à ces dernières de déclarer publiquement leurs opinions et de réagir par rapport à la vie socio-politique de leur Etat d’origine. Ce faisant, des rapports politiques virtuels se développent entre les diasporas camerounaises, leur communauté politique d’origine et la communauté politique

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internationale. C’est dans ce cadre que l’on notera le développement de « cyberjournaux » et de sites communautaires comme espace de diffusion des articles d’opinions et des contre-articles. Si la plupart de ces sites diffusent des informations sociales et politiques sur le Cameroun, l’un des buts recherchés est la création d’une plate-forme d’échanges entre les Camerounais de la diaspora, ceux restés au pays, et le monde. Aussi, leur particularité réside dans le fait que les articles diffusés sont des observations sur la vie politique camerounaise et sur les comportements des membres de la communauté politique. L’observation des sites communautaires et des journaux cybernétiques, tels que www.camer.be, www.cameroon-info.net, www.bonaberi.com, www.icicemac.com, www.camer.press.com, laisse transparaître la consécration d’une forme de communication politique virtuelle entre les communautés camerounaises dispersées dans le monde et leurs concitoyens vivant au pays.

A titre d’illustration, l’on pense notamment au message de Suzanne Kala Lobé (journaliste camerounaise et ancienne exilée politique) à la diaspora le 20 juillet 2009 à travers son article « De la diaspora ». Diffusé sur les sites de www.camer.be, www.cameroon-info.net, www.bonaberi.com, www.icicemac.com, www.grioo.com, la lettre de la journaliste camerounaise a été initiée pour réagir à certains commentaires postés sur les sites Internet camerounais par les membres de la diaspora camerounaise. C’était aussi l’occasion pour la journaliste, de critiquer les stratégies affichées par les Camerounais de la diaspora et de leur faire part de son point de vue personnel.

‘‘…il me semble en vous lisant que ce que vous dites du Cameroun est en décalage avec la réalité que j’observe. Que la manière dont vous caractérisez le régime de Biya me paraît plus mécanique qu’analysé. Du coup vos stratégies passent à côté de la plaque révolutionnaire et ne vous permettent pas de gagner l’adhésion des masses. (…) J’ai envie de vous dire, ‘‘les marches de la Tour Eiffel’’, redescendez sur terre. Redescendez vite écraser avec vigueur vos lunettes grossissantes et regardons ensemble ce qui cloche dans votre démarche’’10.

En revanche, si les blogs s’apparentent encore à des espaces destinés au stockage des informations se rapportant aux activités des membres de la communauté diasporique, les sites communautaires tels que www.camer.be,

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www.cameroon-info.net et www.bonaberi.com, ainsi que les ‘‘cyberjournaux’’ s’illustrent, quant à eux, comme une plateforme d’échanges d’opinions avec les membres de la communauté politique. C’est généralement sur www.camer.be ou www.cameroon-info.net que les Internautes camerounais s’informent, pour la plupart de temps, des activités ou des manifestations du Collectif des Camerounais de la diaspora (CODE)11, pourtant cette association de la diaspora camerounaise possède un blog, plus ou moins régulièrement mis à jour. Par exemple, Brice Nitcheu n’avait pas choisi des sites autres que www.camer.be ou www.cameroon-info.net pour annoncer sa fameuse « opération œufs et tomates pourris »12 en prélude à la visite officielle du président Paul Biya en France en juillet 2009.

Cependant, les sites de médias camerounais, de même que les sites communautaires, ne permettent pas seulement de diffuser des articles d’opinions. Ils permettent aussi aux Internautes camerounais de réagir face à l’actualité politique locale ou globale, et de contre-réagir en oubliant des articles collectifs ou individuels. L’on se souvient à cet égard des nombreuses réactions qu’a suscitées la lettre de Suzanne Kala Lobe à la diaspora, à l’instar de la réponse de « Georges Minyem » 13, Internaute régulier du site www.cameroon-info.net, site à partir duquel il avait également réagi.14

De toute évidence, les sites de médias communautaires sont très souvent sollicités pour la diffusion d’articles individuels ou collectifs, à l’instar de l’article du militant politique et ancien camerounais de la diaspora Abel Eyinga, publié sur www.camer.be le 14 juillet 200915; de la « réponse » de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) à Hilaire Kamga16, Camerounais vivant en France, responsable de la Ligue camerounaise des droits de l’homme (L.C.D.H.). 17

Les différentes communications adressées sur les sites Internet de médias camerounais ou des médias communautaires par les acteurs politiques ou les opposants camerounais de la diaspora connaissent des réactions plus ou moins particulières des autorités gouvernementales. Au-delà des institutions qui sont mises en place pour « surveiller Internet » à l’instar du Système de veille et d’alerte cybernétique (SYSVAC) du Ministère de la communication créé en 2004, les autorités politiques camerounaises s’approprient de plus en plus Internet comme un instrument important de communication soit pour informer les Camerounais, soit pour faire des

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messages sur les sites communautaires18. Il suffit de voir le revêtement que connaissent les principaux sites Internet de la plus haute administration camerounaise (ici la présidence de la République du Cameroun), pour saisir la dimension qu’a pris ce « média ultime » au Cameroun sur le plan de la communication politique.

En effet, au courant de l’année 2009, l’on a vu se développer deux nouveaux sites de la présidence de la république du Cameroun en l’espace de quelques mois, dont : www.presidenceducameroun.com et www.camerounenmarche.cm qui exposent à travers leurs pages d’accueil un nouveau style de communication, différencié du style affirmé par le site le plus ancien (www.prc.cm). Le premier site www.presidenceducameroun.com alias www.prctv.cm fait des communications générales sur toutes les affaires générales de la présidence de la République. S’il met bien en exergue les activités du président de la République ainsi que celles de son épouse autant que le tout premier site créé, sa particularité réside dans le fait qu’il est une ‘‘web TV’’. Le deuxième site, www.camerounenmarche.com vante, quant à lui, les réalisations du président Paul Biya depuis son accession au pouvoir en 1982. Ne serait-ce pas là une manière de vouloir ‘‘démentir’’, par la voie de la communication virtuelle, les différentes pensées et les opinions péjoratives sur la politique du président Paul Biya postées sur les sites communautaires ou certains journaux de la presse ‘‘cybernétique’’ par les opposants politiques de la diaspora camerounaise qui se servent d’Internet pour critiquer le système politique camerounais?

Par ailleurs, si plusieurs formes de communications sont identifiables sur la presse cybernétique et les sites communautaires à l’instar des appels à manifestations19; des lettres ouvertes adressées à certains acteurs politiques camerounais, certaines autorités politiques camerounaises et étrangères telles que la lettre du Conseil des Camerounais de la diaspora (CCD) au président Sarkozy20 et des contre-réactions, comme celle du président du Conseil Social des Camerounais de l’Extérieur (COSCE) le 15 juillet pour s’insurger contre la volonté annoncée « de manifester contre le président Paul Biya par certains Camerounais de la diaspora»21, il faut noter que les sites individuels ou collectifs sont de plus en plus instrumentalisés par les Camerounais de la diaspora à des fins de campagnes politiques. C’est par exemple le cas de Vincent Sosthène Fouda, Camerounais vivant au Canada (Québec), dont la page d’accueil de son site personnel est reproduite plus bas.

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http://www.generationcameroun2011.com/

Ces divers modes de communication ont favorisé l’émergence d’un ‘‘système de communication politique virtuelle’’ entre les diasporas camerounaises et leur communauté politique d’origine, qui brouille les frontières entre l’interne et l’externe de la vie politique camerounaise.

2.2.3 : Internet, un outil d’implication dans les débats politiques de l’Etat d’origine

L’un des attraits principaux d’Internet est sa perméabilité à une « communication horizontale » entre ses utilisateurs. C’est dans ce sens qu’Internet est comme un espace ouvert à un débat politique élargi (Vedel, 2006). Cette approche est pertinente car Internet accueille tous les citoyens, et non pas seulement des ‘‘ayant-droits’’ (comme cela peut se faire dans le cadre des lois politiques fixées par l’Etat en tant que maître et chef d’orchestre de la vie politique), des spécialistes ou quelques citoyens choisis, comme cela se fait dans le cadre des médias traditionnels tels que la télévision ou la radio (Flichy, 2008 : 161).

Par ailleurs, l’espoir d’ « un espace public revitalisé » (Flichy, 2001 ; Vedel, 2003) suscité par Internet, il y a quelques années, se cristallise, dans le cas des diasporas camerounaises, autour de quelques forums camerounais de discussions de plus en plus mis à disposition, non seulement par des cyberjournaux camerounais, mais aussi et surtout, par des sites communautaires créés au sein même de ces populations camerounaises expatriées. Le caractère démocratique des forums est généralement reconnu par la capacité de ces espaces à faciliter les débats et les échanges d’opinions,

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à partir d’un accès public libre qui n’impose pas de droits spécifiques aux éventuels membres de la discussion. Les discussions y sont menées sur une base égalitaire, obligeant ainsi les individus à se débarrasser de leurs rôles institutionnels et de leurs images sociales grâce, notamment, à l’anonymat.

Tableau 3 : Analyse statistique des réactions d’Internautes sur www.camer.be suite à « L’appel du ministre des postes et télécommunications à l’identification des propriétaires de téléphone mobile ». Echantillon : 112 réactions

Pays de résidence des Internautes camerounais

Taux de participation en %

France 32.14% Royaume-Uni 3.57% Luxembourg 11.61% Pays-Bas 4.46% Allemagne 11.61% Irlande 6.25% Belgique 12.5% Cameroun 9.82% Etats-Unis 0.89% Afrique du Sud 0.89% Espagne 0.89% Suisse 0.89% Canada 0.89% ND 0.89%

Source : Analyse statistique faite par l’auteur, en septembre 2009.

Si les sites communautaires et la presse camerounaise en ligne permettent aux diasporas camerounaises de contourner certaines barrières géographiques imposées par les lois territoriales de l’Etat et de se réapproprier une ‘‘citoyenneté de proximité’’ dans leur Etat d’origine, les forums communautaires ne sont pas encore de véritables espaces consacrés pour la discussion publique. Malgré le caractère hétérogène de ces espaces le taux général de participation aux débats est encore faible. La plupart des débats sont menées par les mêmes individus, identifiables par leurs

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pseudonymes. Les données de l’enquête menée entre juillet et août 2009, révèlent que seulement 28.28% des Camerounais interrogés (351) participent plus ou moins régulièrement aux discussions sur les affaires de leur pays en ligne ; tandis que 42.06% des enquêtés (351) lisent les forums de discussions. Néanmoins, ce phénomène peut s’expliquer par le fait que l’espace numérique s’affirme plus comme un lieu de socialisation politique plutôt qu’un espace de débats pour les Camerounais. En outre, les articles et les commentaires postés sur les sites sont plus lus que directement discutés ou commentés sur les sites. Aussi, la consultation plus ou moins régulière des sites de forums de discussions permet, selon les enquêtés de « rechercher des informations inaccessibles dans les journaux ; de rester en contact avec le réseau de relations ; se distraire ; se recréer ou partager des moments de convivialité avec des compatriotes ; prendre le pool du pays ».

L’espace numérique s’affirme comme un instrument important du lien social et politique avec l’Etat d’origine. Les forums de discussions sont dans cette perspective des espaces générant le lien social et politique entre différentes communautés camerounaises dispersées à travers le monde. En revanche, les liens créés restent encore fortement hétérogènes dans ces espaces camerounais de discussions en ligne. L’on note en effet, une forte présence des communautés diasporiques camerounaises au détriment d’une infime minorité qui consulte Internet au Cameroun pour « s’informer et participer aux débats publics en ligne et échanger avec des compatriotes vivant à l’étranger »22.

Ce constat nous interpelle sur l’inquiétude suscitée par l’arrivée de l’Internet à travers la question de la fracture numérique et ses conséquences sur les inégalités d’accès. Au Cameroun, bien que le nombre d’utilisateurs ait considérablement augmenté entre 1997 (date de la toute première connexion) et 2006, notamment grâce à la libéralisation, en 1998, du marché d’accès à l’Internet au Cameroun ayant entraîné le ‘‘boom’’ des cybercafés et une baisse considérable des coûts d’accès en 2005, le taux de participation aux débats politiques sur Internet reste faible.

De toute évidence, Internet est devenu depuis quelques années déjà, l’un des principaux instruments politique des diasporas camerounaises, tant ce « média ultime » comme d’aucuns l’ont appelé, permet, aux diasporas camerounaises, de maintenir un lien social et politique avec leur pays

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d’origine, tant il est espace majeur d’information et d’action politique pour ces populations. Puisque, en effet, malgré les échanges irréguliers avec leurs compatriotes dans l’espace numérique, les activités des diasporas camerounaises transforment la configuration classique de l’espace politique. Sur cet espace se transposent de plus en plus les rivalités politiques camerounaises aussi bien des acteurs internes, qu’externes.

Conclusion

L’espace public numérique dans le cas camerounais reste exploité et est réapproprié par une minorité, comme si la citoyenneté était exclusivement réservée aux citoyens les mieux formés. Cependant, malgré les irrégularités observées au niveau de l’intensité des usages politiques de l’Internet et de la présence des Camerounais dans l’espace numérique, un constat général peut être fait : les activités de la diaspora camerounaise dans l’espace public numérique ne sont pas sans conséquences sur les institutions politiques de l’Etat. A l’ère de l’information, non seulement l’Etat revoit ses modes de communication politique, mais aussi et surtout, un ‘‘système de communication politique virtuelle’’ qui transpose des rivalités sociales et politiques, semble émerger.

Ce constat général entraîne un questionnement théorique des notions de citoyenneté et de l’espace politique. Au vu de la propension des actions civiques sur Internet, notamment celles des diasporas camerounaises, qui influencent plus ou moins indirectement les comportements politiques des membres et des institutions politiques de leur pays d’origine, ces concepts doivent-ils continuer d’être appréciés sous un angle de « la fermeture géographique » ou alors doivent-ils désormais, et même plus que jamais, intégrer les transformations profondes suscitées par la mondialisation économique et technologique, à l’instar des TIC ? En effet, les contraintes de temps, d’espace et de géographie avaient, pendant longtemps, limité les actions politiques des diasporas camerounaises au sein des associations et partis politiques représentés à l’étranger, et au rôle de la mobilisation et des marches dans le cadre de certaines manifestations politiques à l’étranger, dans leurs différents pays d’accueil.

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Aujourd’hui, grâce à l’interconnectivité et la liaison des espaces, des territoires ou des lieux, favorisées par les technologies modernes, ce sont des solidarités politiques en réseau qui émergent au sein des diasporas camerounaises. Dans ce contexte d’un monde interconnecté et et de plus en plus globalisé, il devient presque impossible de comprendre la vie politique camerounaise dans une géographie fermée car, elle se fraye un chemin entre l’interne et l’externe, le local et le global.

Notes

1 Eyebe Ayissi H.E., (2010), « Pour une mobilisation de la diaspora camerounaise », Mutations, 04 mars 2010, n°2606, p. 14. 2 Eyebe Ayissi H.E., op.cit., p. 14. 3 INSEE, 2007. « Base de données. Les résultats du recensement 2006 et 2007", accédé à partir du lien suivant : http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-dedonnees/recencement/resultats/default.asp ?page=donnees.htm, le 18 mai 2009. 4 Selon les estimations faites par le Consulat Général du Cameroun à Paris, la communauté camerounaise en France se répartit entre les travailleurs immigrés (8000), les opérateurs économiques (1500), les avocats (80), les artistes (500), les sportifs (200). 5 Cette idée est défendue par Tocqueville A., à la suite de Jean – Jacques Rousseau et de Montesquieu, le rôle de l’individu dans la conduite des affaires de la Cité. 6 Ce débat est soutenu par les promoteurs du paradigme de « crise de la démocratie » tels que : Balibar, E. (1992) ; Perrineau, P. (2003). 7 L’intérêt dans cette analyse n’est pas d’argumenter en faveur de la perte de sens des territoires ou des Etats, mais plutôt, de tenter de saisir et de comprendre les pratiques politiques extra-territoriales des diasporas camerounaises qui ne cessent de ses développer en transformant d’une manière considérable le champ politique camerounais. 8 Guy Hermet et al. (1994), définissent la socialisation politique comme « le processus d’insertion des individus au sein d’un groupe politique à travers l’intériorisation des valeurs, des règles et des comportements ». 9 Il faut rappeler que les diasporas camerounaises ne peuvent pas encore prendre officiellement part aux élections officielles qui se déroulent dans leur pays d’origine. De même, pour prétendre à une candidature dans une élection officielle dans l’Etat d’origine, il faut avoir résidé au moins neuf consécutif sur le terrioire national. 10Kala Lobe, « De la diaspora », article d’opinion, consulté le 20 juillet 2009 sur le lien http://www.CameroonInfo.NET/cmi_show_news.php?id=25190 11 La référence est faite aux sites les plus consultés dont les statistiques ont été précédemment communiquées. 12 Cf. L’interview de Brice Nitcheu sur www.camer.be, « Brice Nitcheu " Nous avons commandé des pizzas pour Paul Biya à Paris et nous allons le traquer partout » du 10 juillet 2009, consulté le 11 juillet 2009 à partir du lien : http://www.camer.be/index1.php?art=6250&rub=6:1. 13 Voir la réponse de Georges Minyem à Suzanne Kala Lobe « Camerounais de la diaspora : Prolégomènes à germination », publiée sur www.cameroon-info.net le 28 juillet 2009, consulté ce même jour à partir du lien : http://www.Cameroon-Info.NET/cmi_show_news.php?id=25231 14 A travers son article intitulé « Réplique aux attaques de Suzanne Kala Lobe, journaliste Engagée par le Cameroun... », l’Internaute déclare :

‘‘Salutations peu cordiales,

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(…) Non! Encore moins de délit il ne s’agit pas d’anti-impérialisme primaire d’intention ou de haine viscérale de notre président. Votre paresthésie scélérate vous occulte la vision de la hardiesse de notre affliction et la cime des désespérances du peuple que vous côtoyez quotidiennement. Il s’agit d’objectivité, de lucidité et de pragmatisme. (…). Votre analyse souffre aussi d’une absence criante de visibilité sur les changements conjoncturels et géoéconomiques qui s’opèrent sous nos yeux… (…) Certes, sous le régime Biya, il y a eu des avancées dans la défense des droits de l’homme et nul doute que la libéralisation des médias y a contribué. Il y a aussi eu le multilatéralisme initié par des coopérations de plus en plus importantes avec des pays tels la Chine, voire les USA, la sous région avec la CEMAC. Il ya même eu une croissance soutenue depuis 1995 : combien de rapports sur le plan économique, mais je vous le demande transparents sur les lois de finances et sur les bilans ont-ils été ?’’.

15 L’article a été consulté le 14 juillet 2009 sur le lien: http://www.camer.be/index1.php?art=6298&rub. 16Cf . « La réponse du comité de France de l’Union démocratique camerounaise (UDC)… », parue sur www.camer.be le 15 juillet 2009 et consulté le 20 juillet 2009 sur le lien : http://www.camer.be/index1.php?art=6314&rub= 17 France - Cameroun : Réponse du comité de France de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) à M. Kamga Hilaire suite a son interview parue dans www.camer.be

« Monsieur Hilaire Kamga

Le Comité France de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) à pris note de vos insinuations dans votre interview parue sur le site www.camer.be.

Nous aurions pu nous contenter d’ignorer vos propos incohérents mais, nous avons jugé que vous nous offrez sans doute l’opportunité de décrire une fois de plus à nos compatriotes les difficultés que rencontre l’Union Démocratique du Cameroun qui a choisi d’être et de demeurer un parti politique d’opposition républicain.

Vous avez apostrophé l’Union Démocratique du Cameroun à propos de la loi sur la déclaration des biens

(…) Pour finir, monsieur Kamga, si comme vous prétendez, vous rêvez sincèrement d’une transition politique au Cameroun, sachez une chose, cette transition s’est ouverte depuis longtemps sur une course de fond. Tous ceux qui entrent dans la phase du sprint, de même que ceux qui, à l’aube du multipartisme, ont voulu imposer leur opinion unique en remplacement du légendaire parti unique, se retrouveront engloutis le jour où les Camerounais décideront de mettre fin à cette ère de la pleine hypocrisie ».

Source : http://www.camer.be/index1.php?art=6314&rub. 18 L’on se souvient par exemple de l’avertissement faite aux « cyberdissidents » en juin 2009, par l’Ambassadeur du Cameroun en France sur le site www.camer.be. 19 Plusieurs exemples peuvent être évoqués à l’instar du message de ‘‘Félicité’’ « Paul Biya sera en visite officiel le 21 juillet en France, il est temps d’agir », consulté en juillet 2009 sur le lien : http://www.camer.be/index1.php?art=6243&rub 20 Cf. Conseil des Camerounais de la diaspora en France (CCD) « La lettre ouverte au Président Sarkozy » publiée sur www.camer.be le 14 juillet 2009, consulté ce même jour sur le lien : http://www.camer.be/index1.php?art=6296&rub= 21 Cf. Message du Président du COSCE posté sur www.camer.be le 15 Juillet 2009, consulter cette même date sur le lien : http://www.camer.be/index1.php?art=6312&rub 22 L’on compte environ 700000 Internautes au Cameroun selon les chiffres de l’Agence nationales des technologies de l’information et de la communication (ANTIC). Ces chiffres restent très faibles devant un nombre d’Internautes en expansion rapide dans les pays du Nord : 9 911000 Internautes au premier trimestre 2006 contre 95000 au dernier trimestre en 1996, en France par exemple.

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