13
Mlle. KOFFI Amoin Prisca Marie Madeleine Doctorante Département d’Anthropologie UP Archéologie Université Félix Houphouët-Boigny Cocody-Abidjan [email protected] LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO (DEPARTEMENT DE TIEBISSOU – CENTRE CÔTE D’IVOIRE) Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 27- 2018 RESUME Les objets de décoration en Afrique noire, très divers selon les régions, présentent des formes multiples, souvent inattendues, dont on n’a pas encore pu totalement reconstituer l’histoire, ni même faire un simple inventaire exhaustif. Ainsi, notre choix pour l’étude des objets décoratifs du village de N’gatadolikro, s’est démarqué du fait de l’importance que revêt ces objets dans cette société. L’objectif de la présente étude est de contribuer à la connaissance de ces objets, aussi, d’envisager la préservation et la valorisation de ce patrimoine technique. La démarche méthodologique est basée sur des recherches bibliographiques, des enquêtes orales menées auprès des artisans à l’aide de questionnaires préétablis, d’observations dans les ateliers et d’une étude descriptive des parures. En outre, cette étude réalisée sur les parures du peuple baoulé du village de N’gatadolikro a permis de comprendre le mode de confection de ces objets aussi d’appréhender ses fonctions. Mots-clés : Objet décoratif, Bijouterie, Patrimoine techniques, Tiebissou, Côte d’Ivoire. ABSTRACT Decorative objects in Black Africa, very diverse according to the region, present multiple forms, often unexpected, of which we have not been able to completely reconstruct history, or even make a simple exhaustive inventory. Thus, our choice for the study of decorative objects of the village of N’gatadolikro, stood out because of the importance of these objects in this society.

LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

Mlle. KOFFI Amoin Prisca Marie MadeleineDoctorante Département d’Anthropologie

UP ArchéologieUniversité Félix Houphouët-Boigny Cocody-Abidjan

[email protected]

LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO(DEPARTEMENT DE TIEBISSOU – CENTRE CÔTE D’IVOIRE)

Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 27- 2018

RESUME

Les objets de décoration en Afrique noire, très divers selon les régions, présentent des formes multiples, souvent inattendues, dont on n’a pas encore pu totalement reconstituer l’histoire, ni même faire un simple inventaire exhaustif. Ainsi, notre choix pour l’étude des objets décoratifs du village de N’gatadolikro, s’est démarqué du fait de l’importance que revêt ces objets dans cette société.

L’objectif de la présente étude est de contribuer à la connaissance de ces objets, aussi, d’envisager la préservation et la valorisation de ce patrimoine technique.

La démarche méthodologique est basée sur des recherches bibliographiques, des enquêtes orales menées auprès des artisans à l’aide de questionnaires préétablis, d’observations dans les ateliers et d’une étude descriptive des parures.

En outre, cette étude réalisée sur les parures du peuple baoulé du village de N’gatadolikro a permis de comprendre le mode de confection de ces objets aussi d’appréhender ses fonctions.

Mots-clés : Objet décoratif, Bijouterie, Patrimoine techniques, Tiebissou, Côte d’Ivoire.

ABSTRACT

Decorative objects in Black Africa, very diverse according to the region, present multiple forms, often unexpected, of which we have not been able to completely reconstruct history, or even make a simple exhaustive inventory. Thus, our choice for the study of decorative objects of the village of N’gatadolikro, stood out because of the importance of these objects in this society.

Page 2: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 32

The objective of this study is to make known these objects, as well as to advocate the preservation and enhancement of this technical heritage.

The methodological approach is based on bibliographical research, oral surveys by craftsmen using pre-established questionnaires and observations in the workshops.

This research among the Baoulé people of the village of N’gatadolikro allowed us to understand the mode of making of its objects, and to see the final result and its functions.

Keywords : Decorative object, jewelry, technical heritage, Tiebissou, Côte d’Ivoire

INTRODUCTION

L’archéologie est une discipline scientifique qui cherche à reconstituer les différents aspects des sociétés passées et contemporaines. Cette science qui aide ainsi à comprendre comment les humains ont construits et développés leurs sociétés, a plusieurs champs d’étude aujourd’hui. Ainsi nous, nous intéresserons aux techniques particulièrement dans cette étude. Aussi voudrons nous savoir comment elles ont évolué, ce qu’elles sont devenues, à quelles questions peuvent-elles répondre et comment elles le font.

N’gatadolikro, cadre de notre recherche est un village situé à 16 km de Tiebissou, sur l’axe Tiebissou- Bouaké, et appartenant au département de Tiébissou. Ce département est situé au nord de la région du Bélier dont il fait partie et a une superficie de 2410 km2. Il est limité au Nord par les départements de Bouaké et de Sakassou, au Sud par le département de Yamoussoukro, à l’Ouest par le département de Bouaflé ou le lac de Kossou sur le fleuve Bandama, et à l’Est par les départements de Dimbokro et de Didiévi. Tiébissou, chef-lieu du département, est située à 285 km d’Abidjan, la capitale économique du pays, sur la route internationale A3, entre Yamoussoukro, la capitale politique dont elle est distante de 42 kilomètres, et Bouaké, la deuxième plus grande ville du pays dont elle est séparée de 64 kilomètres1 (cf. Carte).

1- Entretien avec M. Adompo, secrétaire général de la sous-préfecture de Tiebissou, Tiebissou le 18 février 2016

Page 3: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 33

La population de Tiébissou, répartie dans cent dix (110) villages et campements, est composée d’autochtones Baoulé issue de deux cantons : Le canton Aïtou et le canton Nanafoué2. Le canton Aïtou, plus vaste avec huit tribus, occupe la moitié Est du département et le canton Nanafouè moins vaste avec cinq (5) tribus, occupe la moitié Ouest3. Aussi, Ce peuple dispose-t-il de Savoirs et Savoir-faire et a une grande connaissance de l’artisanat traditionnel (vannerie, poterie, forge pour la fabrication de parures, tissage…). Village du canton Aïtou, N’gatadolikro est un village de bijoutiers, qui, après plusieurs déplacements s’est retrouvé sur le site actuel que nous lui connaissons.

Carte : Département de Tiebissou (localisation du village de N’gattadolikro)Nous nous intéressons aux objets de décoration de ce peuple, du

fait de l’importance que revêt cette activité artisanale pour ce peuple. La question principale qui se dégage, est de savoir comment se confectionne ces objets et sous quelles formes se présentent-ils ?

Pour mener à bien cette étude, nous allons d’abord vous présenter les matières premières utilisées, ensuite le procédé technique et enfin nous vous proposerons des mesures pour préserver ce patrimoine technique.

2- Entretien avec Nanan OUSSOU Ama, 69 ans, Reine mère, N’gatadolikro le 21 février 2016

3- Entretien avec M. Adompo, secrétaire général de la sous-préfecture de Tiebissou, op. cit.

Page 4: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 34

I- LES MATIÈRES PREMIÈRES ET LES OUTILS UTILISÉS

On distingue deux types de matières premières, dont l’or et le bronze.

1- L’or

L’or est l’élément chimique de numéro atomique 79, de symbole Au (du latin aurum) (La grande encyclopédie, 1971, p. 430). Le corps simple or est un métal précieux très recherché et apprécié sous forme de parures ou de pièces de monnaie depuis l’aube des temps historiques (G. Niangoran-Bouah, 1985). A l’état naturel, ce métal se présente sous forme de pépites, qui peuvent avoir été réduites, en poudre ou en paillettes, par érosion mécanique.

Les diverses formes de sa répartition à l’état natif sont le filon, l’inclusion dans les roches ultrabasiques, les dépôts alluvionnaires résultant de l’érosion fluviale des roches mères (La grande encyclopédie, 1971, p. 430).

L’or pur est un métal noble, le plus malléable et ductile des métaux connus, à la fois dense et tendre. C’est un métal jaune brillant qui ne s’oxyde ni à l’air ni dans l’eau : le fait qu’il préserve son éclat, perçu comme esthétique par toutes les cultures humaines, lui confère l’essentiel de sa valeur (La grande encyclopédie, 1971, p. 430 ; G. Niangoran-Bouah, 1985).

En effet l’or a été la première matière utilisée par le peuple baoulé pour confectionner ses bijoux.

Ainsi dans les temps anciens, seuls les nobles pouvaient toucher à l’or ; les esclaves n’en avaient pas le droit. C’était donc les nobles qui récoltaient l’or dans les rivières. En forme de pépites. Et plus tard du fait de sa rareté ils se le procuraient dans les environs de Soubré et dans la basse côte4…

2- Le bronze

Le bronze est un nom générique qui était donné autrefois à tous les alliages de cuivre. Aujourd’hui son sens s’est restreint aux alliages

4- Entretien avec N’GUESSAN Paul, 50 ans, Bijoutier, N’gatadolikro, le 10 juillet 2016

Page 5: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 35

de cuivre et d’étain.

Leurs caractéristiques principales sont une bonne résistance à l’usure, une résistance moyenne à la corrosion et une bonne conductivité électrique (La grande encyclopédie, 1971, p. 271). Ce nouveau matériau est intervenu dans la bijouterie, à cause de la cherté et de la rareté du premier5. On trouve les matériaux nécessaires pour cet alliage sur le marché et dans les casses.

II- LE PROCEDE TECHNIQUELa technique utilisée ici est la technique de la cire perdue6 et elle

se fait en plusieurs étapes.

La cire d’abeille est la cire naturelle particulière sécrétée par les abeilles à miel. Elles l’utilisent pour construire les rayons de leur ruche afin d’y stocker le miel, le pollen et leur couvain. Chimiquement, la cire d’abeille se compose principalement d’extrait d’acides gras et de divers alcools à longue chaîne (La grande encyclopédie, 1971 p. 173). La cire d’abeille (cera alba) est réalisée à partir des écailles blanches et transparentes qui apparaissent à l’ouverture des quatre glandes cirières situées de chaque côté de l’abdomen de l’abeille.

La nouvelle cire est d’abord limpide et incolore, devenant opaque après la mastication et l’adultération avec le pollen par les abeilles ouvrières de la ruche. En outre, la cire devient progressivement plus jaune ou brun par l’incorporation d’huiles de pollen et de propolis. Les écailles de cire ont une épaisseur d’environ 3 mm et une épaisseur de 0,1 mm, et environ 1100 sont nécessaires pour former un gramme de cire (La grande encyclopédie, 1971 p. 173). Elle est facile à modeler et peut réaliser n’importe quel objet ; C’est ce qui rend ce dernier élément indispensable dans la confection des objets décoratifs.

1- La création du model

Le model est confectionné avec la cire d’abeille (cf. Photo 1). Pour se faire, la cire d’abeille (forme solide) qui est acheté par les artisans, est d’abord fondue, puis filtrée, afin d’en retirer toutes

5- Entretien avec N’GUESSAN Stéphane 45 ans, Bijoutier, N’gatadolikro, le 10 juillet 20166- Entretien avec N’guessan Paul, 50 ans, op. cit.

Page 6: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 36

impuretés. Ensuite, la cire devenue liquide, est séchée, puis découpée en morceau (grand ou petit) en fonction du model que l’on voudra réaliser. Ces morceaux de cires malléables sont travaillés par le bijoutier pour faire ressortir les formes souhaitées.

Photo : Koffi Prisca

Photo 1 : création du model

2- La mise en moule

A l’étape de la mise en moule (cf. Photo 2), l’artisan bijoutier recueille de la terre, qu’il pile pour la ramollir, puis la filtre pour en extraire les impuretés. On joint à cette terre (ramollie et filtrée) de l’eau pour en faire de la boue. Ensuite on recouvre les objets confectionnés en cire de cette boue, qu’on laisse sécher au soleil pendant une journée ou deux, en fonction de l’intensité du soleil. Lorsque ce moule est sec, on le retrempe dans la boue (cette opération est répétée trois fois de suite) afin de s’assurer de sa solidité.

Page 7: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 37

                                                Photo : Koffi Prisca

Photo 2 : Mise en moule

De plus, en fonction de leur taille, on associe les moules à l’aide d’un fuseau (quatre à huit) pour les imbiber pour la quatrième fois dans la boue.

Enfin, On pile de l’argile rouge, de la terre issue de termitière et ensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté sur le moule pour le solidifier afin d’éviter des fissures pendant la cuisson.

3- La cuisson

Pour commencer la cuisson (cf. Photo 3), on fait des creux dans un sol mouillé, et on retourne les moules sur ces creux. Puis on encercle les moules renversés avec des feuilles sèches de manguiers. Ensuite, on met le feu aux feuilles pour faire cuire les moules, ce qui a pour effet de faire fondre la cire qui est à l’intérieur des moules.

Page 8: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 38

Cette cire coulera dans les creux faits dans le sol et sera récupérée par la suite et réutilisée.

Photo : Koffi Prisca

Photo 3 : La cuisson des moules

Aussi, le bronze ou l’or est mis dans un creuset pour être fondu. Puis le liquide obtenu est mis dans les moules vidés de la cire. Une quinzaine de minutes plus tard, on casse les moules; On retire les objets toujours reliés par les fuseaux et on les découpe, puis on astique ces objets avec une brosse métallique pour enlever la terre.

Différents objets comme les limes, les grattoirs sont utilisés pour limer et lisser les objets. Les objets sont lavés avec de la poudre à laver, du citron, de la terre, du gravier, ce qui a pour objectif de leur donner une couleur éclatante.

Il faut signaler que le minimum de temps pour tout ce travail est d’une semaine et il varie selon l’objet fabriqué (grand ou petit).

Page 9: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 39

III- LES OBJETS DECORATIFS DU VILLAGE DE N’GATADOLIKRO : UN PATRIMOINE TECHNIQUE A PRESERVER

Les objets confectionnés par les bijoutiers sont sous diverses formes et varient selon leurs tailles. Néanmoins, cette activité est en baisse et si on n’y prend pas garde, elle disparaitra.

1- Typologie des Objets décoratifs

Les objets décoratifs du village de N’gatadolikro se présentent sous diverses formes ; ils représentent aussi bien les éléments de la nature, que les images de leur vie quotidienne. Ainsi retrouve-t-on des représentations de rois et reines, de couples royaux, de différents animaux de la forêt, de cuillères royales, de femmes et d’hommes, des tabourets royaux…

Il faut souligner que tous ces objets sont confectionnés à la taille voulue. Il n’y a pas de moules préconçus, tout est fait à la main par l’artisan. Il peut aussi inventer un objet selon son inspiration et même représenter des scènes. Ces objets sont utilisés pour la décoration des habitations, des vêtements et aussi comme décor de cheveux; aujourd’hui, ils sont acheminés à Bouaké et/ou à Abidjan, où ils sont ajoutés à des tableaux ou des horloges.

Page 10: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 40

Photo 4 - Ensemble d’animaux en bronze : comprenant, une tortue (18cm de long), un crocodile mangeant un poisson (25cm de long) et un éléphant (17cm de long) et un poisson (15cm de long). Leurs poids varient entre 300g et 500g.

Objets servants à la décoration des lieux.

Photo 5- Représentation en bronze d’un couple royal baoulé en position assise. (17cm de long). Leur poids est de 530g chacun.

Objets servants à la décoration des lieux.

 Photo : Koffi Prisca   

 Photo : Koffi Prisca   

Page 11: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 41

 Photo : Koffi Prisca   

 Photo : Koffi Prisca   

Photo 6 : deux cuillères sacrées qui étaient utilisées pour servir la poudre d’or ; elles sont en cire (9cm de long). (Objets en cours de confection).

Photo 7 : représentation en bronze d’un groupe de musiciens senoufo, natif du nord de la Côte d’Ivoire (8cm de long). Leurs poids varient entre 250g et 300g.

Objets servant à la décoration des lieux.

2- Les objets décoratifs en métaux : Un patrimoine en danger à sauvegarder

La bijouterie, est une activité qui existe chez le peuple Baoulé depuis leur migration en Côte d’Ivoire et ce, depuis bien longtemps avant la pénétration Européenne ; ce qui nous amène à dire que nos ancêtres connaissaient déjà les sciences et les techniques ; celles-ci ont évolué au fil du temps et du modernisme, mais n’ont pas encore totalement disparu, comme on a pu le constater. Néanmoins cette activité est tentée de disparaitre si elle n’est pas protégée. Vu la

Page 12: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

koffi amoin prisca m m.

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 42

lenteur de l’activité et la cherté des matières premières, qui entraine la baisse des gains, les bijoutiers abandonnent cette activité au profit d’autres plus rentables. En outre, on observe encore un bon nombre de détenteurs de cette connaissance technique. Ainsi, ce savoir-faire pourrait faire l’objet d’un programme de « Trésors humains vivants » en Côte d’Ivoire, pour la sauvegarde de ce patrimoine culturel technique. A cet effet des centres de formation pourraient être mis en place afin de former plus d’ouvriers à ce métier. Aussi, nous voudrions que l’Etat mette en place une politique, afin de faciliter l’accès aux matières premières. En plus, Il serait judicieux de valoriser nos savoirs et savoir-faire anciens déjà en voie de disparition, afin de les préserver.

CONCLUSION

Au terme de cette étude, nous pouvons retenir que la bijouterie traditionnelle existe dans certaine société, comme celle du village de N’gatadolikro. Celle-ci est toujours pratiquée de manière traditionnelle, néanmoins elle a subi des évolutions au cours des siècles. Ces objets sont en or ou en bronze et confectionnés par la technique de la cire perdue ; cette technique se fait en trois étapes ; nous avons d’abord, « la création du model », ensuite, « la mise en moule » et enfin « la cuisson ». Les objets de décoration obtenus, représentent en général tous ce qu’on peut observer dans notre environnement, à savoir, des animaux, des êtres humains, objets utilitaires etc. ils servent en général d’objets de décoration de lieux. Par ailleurs, la bijouterie traditionnelle qui caractérise la culture de ce village tend à disparaitre. Si rien n’est fait, d’ici quelques années tout ce patrimoine technique risque de ne plus exister. Nous préconisons donc sa sauvegarde et sa préservation.

SOURCES ET RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Sources oralesNanan OUSSOU Ama, 69 ans, reine mère du village, entretien le 21 février

2016

Page 13: LES OBJETS DECORATIFS DE N’GATADOLIKRO …revues-ufhb-ci.org/fichiers/FICHIR_ARTICLE_2393.pdfensuite on ajoute à ce mélange du gravier et de l’eau ; Ce nouveau mélange est rajouté

les objets decoratifs de n’gatadolikro (departement de tiebissou ...

Rev Afr Anthropol (Nyansa-Pô), N°27 - 2018 43

N’GUESSAN Paul, 50 ans, Bijoutier, N’gatadolikro, entretien le 10 juillet 2016N’GUESSAN Stéphane 45 ans, Bijoutier, N’gatadolikro, entretien le 10

juillet 2016ADOMPO Philipe 55ans, Agent de sous-préfecture, entretien le 18 février

2016

Références bibliographiquesETIENNE-NUGUE Jocelyne, LAGET Elisabeth, 1985, Artisanats traditionnels

en Afrique Noire Cote d’Ivoire, Institut Culturel Africain, 287 p.La grande encyclopédie, 1971, Paris, Librairie Larousse.MEYER Laure, 1997, Les métaux précieux dans l’art d’Afrique Noire, Paris, Sépia.NIANGORAN-BOUAH Georges, 1985, L’univers Akan de poids à peser l’or,

Abidjan, NEA.