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8 Les parchemins Le livre, au XIII e siècle, était un objet précieux d’une immense valeur que seuls de riches seigneurs pou- vaient s’offrir. Les textes étaient écrits à la main par des moines sur du parchemin. Les enlumineurs in- tervenaient ensuite sur les initiales qu’ils ornemen- taient magnifiquement et ils peignaient des minia- tures qui illustraient le texte. Enfin, ils encadraient l’ensemble d’éléments décoratifs parfois extrava- gants, de feuillages et de fleurs, d’entrelacs, d’ani- maux, de créatures fantastiques et de personnages souvent grotesques, formant ainsi dans les marges de minuscules scènes secondaires. Pour ces scènes purement décoratives, les enlumi- neurs jouissaient de la plus totale des libertés alors qu’ils devaient suivre fidèlement les consignes qui leur avaient été données pour l’illustration du texte. Les sculptures de la cathédrale suivent le même principe. Les façades sont de véritables parchemins de pierre qui permettaient d’apporter des connaissances au peuple. Les sculpteurs obéissaient scrupuleusement aux consignes qui leur étaient données par les chanoines pour sculpter les grandes scènes de l’histoire sainte, et ils laissaient aller leur imagination et leur fantaisie sans aucune retenue pour les motifs décoratifs que sont les sculptures des marges. Toutes les sculptures de la cathédrale étaient peintes, ainsi que les parties basses et peut-être, dans les pre- miers temps de sa construction, tout l’ensemble de l’édifice. Ainsi, de très loin, la cathédrale attirait tous les regards, et de près, elle avait la séduction d’un splendide livre d’images, proche de ce que nous ap- pelons la bande dessinée. © SKERTZO

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Les parcheminsLe livre, au XIIIe siècle, était un objet précieux d’une immense valeur que seuls de riches seigneurs pou-vaient s’offrir. Les textes étaient écrits à la main par des moines sur du parchemin. Les enlumineurs in-tervenaient ensuite sur les initiales qu’ils ornemen-taient magnifiquement et ils peignaient des minia-tures qui illustraient le texte. Enfin, ils encadraient l’ensemble d’éléments décoratifs parfois extrava-gants, de feuillages et de fleurs, d’entrelacs, d’ani-maux, de créatures fantastiques et de personnages souvent grotesques, formant ainsi dans les marges de minuscules scènes secondaires.

Pour ces scènes purement décoratives, les enlumi-neurs jouissaient de la plus totale des libertés alors qu’ils devaient suivre fidèlement les consignes qui leur avaient été données pour l’illustration du texte.Les sculptures de la cathédrale suivent le même principe.

Les façades sont de véritables parchemins de pierre qui permettaient d’apporter des connaissances au peuple.

Les sculpteurs obéissaient scrupuleusement aux consignes qui leur étaient données par les chanoines pour sculpter les grandes scènes de l’histoire sainte, et ils laissaient aller leur imagination et leur fantaisie sans aucune retenue pour les motifs décoratifs que sont les sculptures des marges.

Toutes les sculptures de la cathédrale étaient peintes, ainsi que les parties basses et peut-être, dans les pre-miers temps de sa construction, tout l’ensemble de l’édifice. Ainsi, de très loin, la cathédrale attirait tous les regards, et de près, elle avait la séduction d’un splendide livre d’images, proche de ce que nous ap-pelons la bande dessinée.

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Le côté nord de la nefTrès sobre dans sa partie basse, ce côté de la nef, comme le côté sud, nous permet de mieux voir ce que nous avions déjà pu observer sur le chevet :

- les gargouilles ;- les hautes fenêtres en ogive ;- la couronne d’anges, tous différents les uns des autres, dans les tabernacles des contreforts ;- les grandes fleurs de lys d’un mètre trente chacune sur le faîte du toit. Cette partie de la cathédrale laisse davantage la place aux marges. Ce n’est plus l’Écriture sainte qui est à voir ici mais la vie des hommes ordinaires.

Le carnavalEn plein Moyen Âge, les hommes et les femmes avaient une vie double. Ils étaient chrétiens, suivaient les commandements de l’Église et vivaient intensément le carnaval. C’était une période de fêtes d’origine très ancienne qui préparait le retour du printemps avec son rêve de richesse et de fécondité. Il y avait dans l’année plusieurs périodes carnavalesques, mais la plus importante de toutes était celle qui précédait le Carême et ses quarante jours de jeûne avec interdiction formelle de consommer de la viande. Pendant cette période, le carnaval proposait une vie à l’envers dans une débauche de fêtes en laissant les enfants et les étudiants prendre possession des églises pendant les incroyables Fêtes des fous où ils se livraient à des parodies de célébrations religieuses en multipliant les blasphèmes de toutes sortes, se moquant du clergé, célébrant la messe avec force gestes et chansons obscènes.

C’étaient aussi les domestiques qui prenaient pendant quelques jours la place de leurs maîtres, se moquant de leurs travers et leur donnant des ordres absurdes.

C’était toute la société qui buvait et mangeait à l’excès, inversant les sexes, ou pire encore se transformant en ani-maux, grâce à des déguisements qui suscitaient l’horreur de l’Église, impuissante pendant des siècles à réfréner ces débordements.

L’apogée du carnaval était le Mardi gras, fête des bouchers où les bêtes d’élevage les plus grasses étaient prome-nées comme des divinités dans les rues, avant d’être abattues et mangées.

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La façade vue de loinC’est l’une des plus belles qui existent.

Quatre plans se détachent.

Les portails surmontés par les gâbles

Les gâbles 16 représentent des scènes capi-tales de la religion chrétienne : à gauche, La Mort du Christ sur la croix, à droite,Le Jugement dernier et, au centre, Le Couron-nement de la Vierge.

La rosace

Elle est surmontée par une représentation qui se lit elle aussi de droite à gauche. Il s’agit du combat de David et Goliath, le géant dont la statue peut être vue au Palais du Tau.

La galerie des rois

Au centre, on reconnaît Clovis qui se fait baptiser. Plutôt que des portraits de rois, les statues représentent la succession des rois qui se sont fait sacrer à Reims.Sont mélangés ici des personnages de la tradition juive et chrétienne dont l’existence réelle n’a jamais été prouvée par les histo-riens contemporains et des événements historiques : le baptême de Clovis. À cette époque, ils sont tous également dignes de foi sur les façades qui mêlent histoire sainte et histoire profane.

Les tours

Elles devaient être surmontées de hautes flèches, mais l’argent a manqué pour les réaliser.

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Les vitrauxDeux des matériaux utilisés pour la construction de la cathédrale méritent un intérêt particulier du fait de l’ampleur de leur utilisation, de leur complémentarité et de leur différence : la pierre et le verre, qui renvoient au plein et au vide, à la robustesse et à la fragilité.Au Moyen Âge, l’intérieur et l’extérieur de l’édifice sont colorés. L’alliance lumineuse des vitraux et des décors peints provoquent une sensation de chaleur, absente aujourd’hui.

Depuis le XIIIe siècle, les vitraux, si fragiles, ont subi un grand nombre de modifications du fait d’événements climatiques ou par choix : la destruction de certains par les chanoines désireux de faire entrer plus de lumière au XVIIIe siècle, les bombardements en 1914.

Les vitraux peuvent être restaurés ou faire partie d’un programme de création.

La rose du revers est ins-crite dans des châssis en pierre. Grande trouvaille de l’art gothique, elle couvre le tympan, elle est indépendante des murs : la fenêtre devient un élé-ment architectural à part entière.

Seule une partie de la rose du revers de la façade occidentale serait d’origine. L’iconographie reste la même qu’au Moyen Âge, centrée sur le personnage de Marie et les différents moments de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Les vitraux des trois por-tails, réalisés par le maître verrier Jacques Simon, datent de la moitié du XXe siècle. Ils comportent des thèmes religieux.

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Marmouset

Ébrasement

Linteau

Gâble

Tympan

Voussures

1. Cathédrale : c’est la plus importante église d’une région. Un évêque y siège : saint Nicaise et saint Remi ont été évêques, c’est-à-dire des membres très haut placés dans la hiérarchie de l’église. Le siège de l’évêque dans l’église s’appelle une cathèdre, ce qui est à l’origine du mot « cathédrale » : l’endroit où se trouve le siège de l’évêque. 2. Chevet : l’extrémité ou l’arrière d’une église.À l’intérieur de l’église, cette partie s’appelle l’abside. 3. Nef : partie la plus longue de l’église qui va du portail jusqu’au transept. 4. Chœur : l’endroit où se trouve l’autel.5. Arc-boutant : un arc en quart de cercle qui sou-tient un mur.6. Contrefort : pilier (ou mur) sur lequel s’appuie l’arc-boutant.7. Pinacle : une petite construction en forme de py-ramide. Il sert à décorer le contrefort.8. Tabernacle : tente ou petite armoire destinée à protéger des objets sacrés, c’est ici une niche aména-gée sous un pinacle. 9. Gargouille : une pierre sculptée en forme de monstre, le plus souvent, et creusée en forme de gouttière, par laquelle s’écoule l’eau de pluie. Elle la projette loin du mur afin de le protéger de l’humidité.

10. Transept : à l’extérieur de la cathédrale, par-tie du mur qui s’avance sur la rue et rompt la ligne droite de cette façade. Elle permet de donner à l’édi-fice une forme de croix.11. Rosace : vitrail circulaire de grande taille situé au-dessus d’un portail.12. Tympan : espace sculpté au-dessus d’un portail d’église.13. Trumeau : pilier qui sépare deux portails.14. Voussure : voûte au-dessus du portail.15. Marmouset : petite figure grotesque qui sup-porte une statue (atlante).16. Gâble : élément décoré de forme triangulaire qui surmonte un portail.17. Chapiteau : le sommet sculpté d’une colonne.18. Transept : à l’intérieur, nef transversale qui coupe la nef principale au niveau du chœur et donne à l’église une forme de croix.19. Déambulatoire : galerie qui fait le tour du chœur.20. Chapelle rayonnante : petite chapelle qui s’ouvre sur le déambulatoire.

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