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LES PARCS URBAINS SONT-ILS ANODINS EN ALGERIE? Les ingénieurs de l’Agence Nationale de protection de la Nature, ont la certitude que les rejets de saumure, de la nouvelle station de dessalement de la ville d’Alger, pourraient constituer une menace de pollution pour le jardin d’essais du Hamma car ces rejets risquent d’affecter à brève échéance la nappe phréatique du jardin et par-là même les plantes acclimatées, dont plus de 600 espèces ont déjà disparu depuis sa création. Aux différents travaux, qui ont réduit l’espace de ce premier jardin d’acclimation algérien tout au long du XXe siècle, s’est ajoutée cette nouvelle usine qui obstruera la perspective du Jardin d’essais du Hamma, surtout du côté ouest car cette usine de dessalement produira quelque 200 000 m3/jour d’eau et ne fera que dégrader encore plus la situation de cet unique et merveilleux jardin botanique, que les algérois considèrent comme leur parc urbain de détente car ce jardin restera à jamais comme le symbole de la modernité de la ville d’Alger puisque sa réalisation qui a débuté en 1832, est venue nous rappeler la logique de faire canaliser les penchants d’Aragon afin que des parcs urbains et des espaces verts soient créés au sein des agglomérations urbaines, car il écrivait dans son livre « le paysan de Paris », que « tout le bizarre de l’homme, et ce qu’il y a en lui de vagabond, et d’égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin ». Quatre facteurs dominants expliquent l'apparition des espaces verts au sein des milieux urbains. Le premier repose sur une opinion fort répandue sur le citadin, qui en s'éloignant de la nature, subit des torts aux plan physiques, psychologique et moral alors que les espaces verts apparaissaient comme les parfaits antidotes à ce malaise urbain. 1

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LES PARCS URBAINS SONT-ILS ANODINS EN ALGERIE?

Les ingénieurs de l’Agence Nationale de protection de la Nature, ont la certitude que les rejets de saumure, de la nouvelle station de dessalement de la ville d’Alger, pourraient constituer une menace de pollution pour le jardin d’essais du Hamma car ces rejets risquent d’affecter à brève échéance la nappe phréatique du jardin et par-là même les plantes acclimatées, dont plus de 600 espèces ont déjà disparu depuis sa création.

Aux différents travaux, qui ont réduit  l’espace de ce premier jardin d’acclimation algérien tout au long du XXe siècle, s’est ajoutée cette nouvelle usine qui obstruera la perspective du Jardin d’essais du Hamma, surtout du côté ouest car cette usine de dessalement produira quelque 200 000 m3/jour d’eau et ne fera que dégrader encore plus la situation de cet unique et merveilleux jardin botanique, que les algérois considèrent comme leur parc urbain de détente car ce jardin restera à jamais comme le symbole de la modernité de la ville d’Alger puisque sa réalisation qui a débuté en 1832, est venue nous rappeler la logique de faire canaliser les penchants d’Aragon afin que des parcs urbains et des espaces verts soient créés au sein des agglomérations urbaines, car il écrivait dans son livre « le paysan de Paris », que « tout le bizarre de l’homme, et ce qu’il y a en lui de vagabond, et d’égaré, sans doute pourrait-il tenir dans ces deux syllabes : jardin ».

Quatre facteurs dominants expliquent l'apparition des espaces verts au sein des milieux urbains. Le premier repose sur une opinion fort répandue sur le citadin, qui en s'éloignant de la nature, subit des torts aux plan physiques, psychologique et moral alors que les espaces verts apparaissaient comme les parfaits antidotes à ce malaise urbain.

Le deuxième facteur, inspiré de la popularité grandissante d’une philosophie mal intégrée de l'amélioration des milieux urbains appelée « le mouvement de la belle ville », encourageait les travaux d'embellissement de la ville dont les grands centres municipaux, les magnifiques paysages urbains et les parcs urbains.

Le troisième facteur met l'emphase sur les avantages économiques des parcs urbains et sert à la promotion agressive pour les cités et les villes car les espaces verts augmentent la valeur des propriétés adjacentes et sont vantés par les agences immobilières comme étant la preuve d'un quartier prospère ou d'une collectivité « soucieuse » du bien-être de ses résidents.

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Par contre le quatrième facteur vient pour montrer l’utilité de l’intégration du métier de l’architecture du paysage dans les disciplines d’aménagements urbains et de prouver que l’architecture du paysage est au même niveau que l’architecture et l’urbanisme puisque les aménagements des espaces verts en milieu urbain ont fortement influencé l'essor des parcs urbains et cela grâce à une planification unifiée où les paysages naturels sont évoqués au sein même des milieux urbains.

En général, la création des parcs urbain, par les architectes paysagistes, vient pour contenter l’instinct de liberté des citadins bridé par le cadre urbain car ces espaces offrent une porte ouverte sur la nature en plein milieu urbain et la dompte et l’apprivoise, tout en l’organisant pour la représenter magnifiquement au sein de ces espaces de détente, qui sont devenus célèbres au fil du temps à travers les grandes métropoles du monde. Si aujourd’hui les parcs urbains expriment une ode à la supériorité de l’homme sur le règne végétal, jusqu’au 1789, les quelques espaces verts qui existaient en Europe étaient réservés exclusivement à la seule aristocratie, mais c’est grâce à la révolution Française que ces espaces verts furent ouverts pour la première fois à l’ensemble de la population, afin qu’ils puissent accéder enfin à ces petits paradis reconstitués que jadis étaient interdits au public.

Si à travers les civilisations depuis Babylone jusqu’à celle qui a hérité les grands progrès des espaces verts avec ses vastes parcs en Perse et en Inde, les seuls espaces verts urbains qui étaient en permanence à la disposition des citadins, sans distinction de rang social, étaient bien ceux qui existaient au sein des cimetières puisque dans ces espaces que les populations venaient pour se recueillir et profiter de la verdure autours des tombes, afin de se rencontrer et de se reposer loin de la laideur des murs sales par la fumée du charbon et du vacarme de la ville.

Le succès des parcs urbains que nous connaissons aujourd’hui à travers les grandes métropoles du monde occidental, ne pouvait y exister sans la lumineuse initiative qu’a eu en France le préfet Rambuteau, lorsqu’il a fait introduire les bancs dans les jardins publics pour que les citadins puissent mieux se reposer au sein des espaces verts, ainsi que de l’introduction des kiosques et d’autres équipements suite aux initiatives qui ont été prises au temps de Haussmann et d’Alphand, afin de permettre aux citadins de pouvoir se flâner et se distraire tout en s’appropriant des espaces verts puisque grâce à ces initiatives, chacun pouvait voir et être vu, se rencontrer, explorer, découvrir et surtout se divertir dans un parc urbain.

New York, ne serait sans doute la ville que tout le monde connaît sans la présence de cet immense espace vert en plein cœur de Manhattan car avec ses 341 hectares

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d’extension, le « Central Park » est en effet le poumon vert de cette grande métropole hérissée de gratte ciel et au trafic automobile souvent congestionné. Aujourd’hui ce grand rectangle de verdure de 4 kilomètres de long sur 800 mètres de large est devenu le lieu de promenade préféré des habitants de cette ville à béton puisqu’ils y vont pour y pratiquer le sport, faire des balades à bicyclettes ou en roller tout en se promenant le long des nombreuses allées longeant des plans d’eau qui servent de réservoir et que le plus grand a une superficie de 43 hectares.

Parce que se sont chaque année plus de 25 millions de visiteurs qui fréquente ce« Central Park », que sa réalisation qui s’est terminée en 1873, après dix neuf années de travaux, est considérée aujourd’hui comme une grande réussite pour la ville de New York ainsi que pour les architectes paysagistes américains Frederick Law Olmsted et Calvert Vaux, malgré que c’est bien les new-yorkais qui ont souhaité que leur ville possède un parc urbain à l’image de ce qui existait déjà à l’époque en Europe comme le bois de Boulogne à Paris et « Hyde Park » à Londres. Les autorités de la ville de New York en répondant à la demande de leurs citadins et ont choisissant deux architectes paysagistes américains pour exécuter les plans et les détails du futur aménagement de ce grand parc urbain en plein centre de la ville de New York, ont reussi a donner un environnement idéal à la ville de New York puisque en cette période, les new-yorkais vivaient dans une ville de plus en plus surpeuplée où ils avaient un manque flagrant d’espaces verts comme c’est le cas aujourd’hui pour la majorité des grandes villes des pays en voie de développement. Si « Central Park » a pris du temps pour devenir une réalité malgré le souhait de la population et des plans d’aménagements terminés par les architectes paysagistes et malgré que la ville de New York avait déjà acheté un terrain en friche d’une valeur de 5 millions de Dollars, ce n’est que parce que en 1853, le terrain était un marécage et que pour les travaux de drainage, il a fallu dégager de gros rochers à l’aide d’explosifs avant d’y apporter trois millions de mètres cubes de terre pour y planter un demi million d’arbres. Actuellement que le parc a son propre conservatoire et qu’il est restructuré grâce à l’aide de bénévoles afin de faire comprendre aux citadins new-yorkais qu’il fait partie de l’identité de leur ville car on y découvre une faune et une flore remarquables puisque en plus des 250 000 arbres encore existants, on y trouve plus de 200 espèces d’oiseaux, des marmottes, des écureuils, des lapins et même des ratons laveurs dans les plans d’eau. Après la découverte de la passion des parcs urbains chez les européens et les américains, c’était au tour des canadiens de s’orienter vers la voie des parcs urbains afin de trouver la joie de vivre dans des milieux urbains avec des espaces verts, même si dans cette contrait l’hiver dure au moins six mois par an puisque le Canada est un pays Nordique.

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C’est suite à l’immigration au Québec de l’architecte paysagiste américain Frederick G.Todd et qui était un élève de l’architecte paysagiste Frederick L.Olmstead, que l’architecture du paysage a vu le jour au Canada. Ce premier architecte paysagiste canadien avait acquis une grande expertise dans les aménagements paysagers des parcs urbains au sein des pays nordiques et cela grâce à sa vision unique de concevoir des espaces urbains tout en évitant de dénaturer les sites existants, ce qui lui a valu d’être aussi l’instigateur du courant environnementaliste que défend aujourd’hui les écologistes à travers le monde après qu’il était le précurseur de l’architecture du paysage en dehors des Etats Unis d’Amérique. Grâce à ses différents travaux d’aménagements de parcs urbains, le Canada a connu une grande évolution dans les aménagements paysagers au point qu’aujourd’hui le statut de l’architecte paysagiste au Canada est l’un des statuts les plus protégés dans le monde puisque à travers le pays, il existe plusieurs associations d’architectes paysagistes à l’instar de celle du Québec qui est la seule association francophone et qui a réussi de réunir au sein de son congrès annuel de 2008, l’ensemble des architectes paysagistes du Canada afin de discuter sur les concepts d’aménagements des parcs urbains ainsi que des aménagements paysagers au sein des milieux urbains, dans le but de revoir et de trouver de nouvelles réflexions ainsi que d’idées d’aménagements pour constituer des options spécifiques pour mettre en valeur les saisons ainsi que le patrimoine dans l’amélioration du cadre de vie des citoyens, afin que l’hiver ne soit plus une saison morte mais aussi une saison de plaisir et d’attraits au sein des milieux urbains puisque par les valeurs de son métier l’architecte paysagiste doit savoir se réapproprier les différentes saisons et tout leurs potentiels pour aménager des paysages urbains qui durent dans le temps et dans l’espace.

Parce que les parcs urbains sont devenus des lieux de loisirs publics car on y offre de plus en plus de services à la population comme des pistes de course, des kiosque à musique, des zoo, des lacs pour les promenades en bateau, des jardins de fleurs et des sentiers bordés d'arbres que en 1996 en Tunisie, suite à une étude spécialisée, il a été constaté qu'environ 140 forêts urbaines et périurbaines étaient menacées par l'invasion des constructions anarchiques d'une part et par la dégradation de leurs écosystèmes d'autre part. Comme une grande partie de ces forêts est devenue des dépotoirs sauvages des déchets ménagés et industriels, une décision des hautes autorités a été prise dans le cadre du "Programme National des Parcs Urbains" pour la création de 100 parcs urbains avec comme objectif de valoriser par ce programme l'éducation et la sensibilisation du public pour le respect de la nature puisque maintenant on n'a plus à justifier les parcs urbains comme outils de réforme sociale

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ou comme « poumons de la ville » du moment qu’ils font tout naturellement partie du paysage urbain à travers les grandes métropoles du monde. Imaginez en Algérie, un grand parc urbain de 260 hectares, aux portes de la capitale, où il y aura des infrastructures sportives ludiques et culturelles, qui apportera ainsi aux citadins algérois une bouffé d’oxygène et des moments de détente au sein d’une verdure abondante loin du vacarme et de la pollution de la ville, en plus d’autres projets de parcs urbains en cours de programmation aux alentours de la capitale comme ceux qui seront aménagés au sein de la ville de Souidania, des nouvelles villes de Sidi Abdellah et de Bouinan ainsi que de celui qui viendra remplacer la décharge publique de Oued Smar avec sa superficie de 32 hectares d’espaces verts afin d’annihiler à jamais une source de pollution de l’air qui a rendu la vie quotidienne des citoyens de l’entrée Est de la capitale insupportable, par de la désagréable odeur d’ordures brûlées en permanence malgré que ce site est situé en face du flambons neuf aéroport d’Alger. Ce grand parc urbain, qui est pour les citadins algérois comme un rêve qui tarde à venir malgré que sur le principe son site est déjà choisi car plus de 260 hectares lui sont réservés pour être réalisé à la sortie Ouest de la capitale, devait normalement être un véritable espace de verdure qui viendra rompre la monotonie et la grisaille du béton de plus en plus envahissant autour de la capitale.

Dans le domaine des espaces verts et des parcs urbains, les villes algériennes ont hérité de la période coloniale un important patrimoine de petits parcs urbains ainsi que d’espaces verts de proximité mais ce qui reste comme modèle d’un grand parc urbain et un trésor pour les spécialistes des espaces verts et de la botanique, c’est bien le grand Jardin d’Essai d’Alger qui est un joyau de la diversité botanique et un lieu de détente et de repos car même le réalisateur du premier film de Tarzan l’avait choisi pour y tourner quelques séquences de son film, tellement que ce parc urbain avec sa diversité botanique ressemblait à une vraie jungle tropicale située en plein centre ville de la capitale algérienne. Après 1962 et jusqu’au années 80, les différents gouvernements successifs de l’Algérie indépendante ont continué à gérer les espaces verts hérités du temps des colons, avec autant d’importance que les autres domaines de la ville puisqu’ il y avait encore une bonne gestion des milieux urbains et le jardinier ainsi que le paysagiste faisaient toujours partie des fonctions prioritaires des collectivités locales au point que les espaces verts étaient considérés comme une entité importante pour le milieu urbain.

Durant cette période, comme les hautes autorités avaient constaté qu’au sein des grandes villes algériennes manquait d’espaces naturels de détente et de récréation pour les loisirs des citadins, avaient ordonné la création de nouvelles aménagements

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de parcs urbains de récréation et de détente dans plusieurs grandes villes, comme celui du parc zoologique de Ben Aknoune à Alger qui s’étale sur plusieurs centaines d’hectares, du parc de la nouvelle ville à Oran ou du parc du grand lac à Sétif et cela même dans une continuité pour les petites villes, où des jardins publics ont été aménagés. L’Algérie indépendante qui avait réussi à réaliser une multitudes d’espaces verts et de parcs urbains grâce au savoir-faire de ses entrepreneurs et de l’apport des compétences étrangères en matière d’architecture du paysage, c’est vu régressée dans ce domaine depuis la moitié des années quatre-vingt, après que les espaces verts avaient bien réussi à s’imposer pour devenir primordiale au sein de chacune des agglomérations urbaine durant les vingt première années de l’indépendance. Aujourd’hui le constat à travers les différents milieux urbains algériens, nous confirme qu’aucun parc urbain digne de son non, à l’exception du jardin central de Ain Témouchent qui est toujours fermé au public, n’a été réalisé dans les 1541 communes des 48 wilayas que compte le pays et cela malgré que des milliards de dinars ont été bien dépensés dans la réalisation de jardins disparates comme si les autorités locales voulait dire qu’ils donnaient toujours de l’importance aux aménagements des espaces verts dans une logique de réfléchir à leurs propres économie avant de voir l’intérêt de leurs citoyens et la promotion de l’architecture du paysage en Algérie.

Au cours de ces années maigres des espaces verts, la notion des parcs urbains a été totalement oubliée au sein des milieux urbains algériens, puisque même les espaces verts hérités du temps des colons et qui faisait la fierté des villes algériennes, ont été totalement abandonnés par les autorités locales et laissés aux caprices du temps pour devenir des espaces de débauches et des décharges publiques quant il n’étaient pas remplacés par des constructions privatives. Maintenant, s’il y a un semblant de retour à la nécessité d’aménager des espaces verts au sein des milieux urbains algériens, ce n’est que parce que pour la première fois dans l’histoire du pays, une loi des espaces verts a été adoptée par son parlement en 2007. Avec ses 42 articles qui catégorise les espaces verts, identifie les obligations de leur classement et les autorités de gestion, comme ils fixe les descriptions de préservation, cette nouvelle loi, prend également en charge la gestion et le développement des espaces verts et institue des normes et des coefficients d’espaces verts par villes, par ensembles urbains et même pour les habitations particulières.

Parce que les normes internationales situent la part moyenne de chaque citoyen à 10 m2 d’espaces verts au sein des milieux urbains et que le citoyen algérien n’a droit qu’à 1m² dans les milieux urbains de son pays, que les responsables de la Banque Mondiale ont pris l’initiative d’exiger le savoir-faire d’un architecte paysagiste algérien diplômé d’une école d’architecture du paysage, pour être intégré dans le projet de la

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construction de la nouvelle ville de Ain Témouchent afin de réussir à y intégrer les espaces verts dans son environnement selon le concept moderne de l’architecture du paysage. La réussite de l’aspect environnementale de cette nouvelle ville a permis certes aux autorités locales d’obtenir des félicitations de la part de la Banque Mondiale et de permettre à l’architecte paysagiste d’avoir une place honorable parmi l’ensemble des 1300 participants du concours international de l’ONU Habitat en 2006, puisqu’il a été honoré d’une mention de « Good Practice » pour le travail effectué afin de réaliser le jardin central d’un hectare au sein de cette nouvelle ville, mais pour l’avenir de l’architecture du paysage son parcours est resté lettre morte en Algérie puisque aucune autre initiative ne montre l’évolution de ce métier dans le pays, si ce n’est quelques sites sur Internet et des thèses de magistère d’architectes malgré l’absence d’un cursus universitaire spécialisé.

L’aménagement du grand parc urbain des grands vents, qu’on appel aujourd’hui « Dounya Parc » et qui normalement devait être une réplique de « Central park ». a germé durant la période du gouvernorat du grand Alger, comme un projet inclus dans le cadre de l’instauration de la ceinture verte autour de la capitale algérienne et qui sera aménagé comme un grand parc urbain de récréation à l’ouest de la capitale. Après qu’une première étude d’aménagement qui a été confié à un paysagiste Français. Une autre étude a été confiée aux élèves de l’université Italienne de Tuscia, puisque l’Italie avait accepté de fournir 1122 arbres adultes, 750 palmiers ainsi que 18 600 différents plants et arbustes de type méditerranéenne. Pour la réussite de ce parc urbain unique en Algérie, un milliard de dollars a été déjà engagé par l’Etat pour sa réussite dans les délais jamais identifiés et un conseil d’administration a été nommé par décret le 19 Octobre 2006 tout en installant son agence de promotion afin de réaliser ce grand parc urbain de la capitale algérienne sur 260 hectares, où il devrait y avoir une foret de recréation, des terrains de sports, une ferme éolienne et solaire, une maison de l’environnement et du développement durable, un parcours sportif de santé, une cité des sciences, un terrain de golf, des lacs, des terrains de jeux pour enfants, un centre équestre et des jardins du monde.

Les algérois qui attendent avec espoir depuis plus de dix ans ce grand parc urbain, depuis que la première idée avait germé chez l’ancien gouverneur de la capitale, peuvent enfin espérer son achèvement dans un délais court puisque même les problèmes des terrains ont étaient réglés suite à la promulgation du décret exécutif du 4 juillet 2006 portant déclaration d’utilité publique, si ce n’est la présentation au premier ministre algérien d’une nouvelle maquette d’aménagement du « Parc Dounya » par les représentant de la société d’investissement Emirates International Investment Company (EIIC) basée à Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis, lors des

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assises de la première exposition du tourisme d’Alger et que le lancement de ce nouveau projet du « Parc Dounya » a été confirmé à Alger en avril 2008, afin qu’il soit le plus grand parc urbain du monde, puisqu’il s’étendra sur 500 hectares et sera soutenu par un investissement d’un coût de 5,5 milliards de dollars déjà engagé.

Maintenant que le parc urbain de la capitale algérienne est sous les mains de ceux qui ont hérité de la volonté de l’émir Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, qui avait souhaité de faire de son pays un coin de paradis sur terre malgré les conditions climatique désertique, tout en commençant par planter 150 millions d’arbre dans le désert et qu’aujourd’hui son vœux a même réussi au Cheikh Mohammad Ben Rached Al-Maktoum, puisque sa ville de Dubaï est en train de devenir la ville la plus verte du désert car en plus des dizaines de jardins et parcs urbains qui sont déjà en cours de réalisation ou déjà réalisés, la ville de Dubaï possède une foret urbaine qui s’étale sur 400 hectares puisque les Emiraties ont la fierté d’être des gens qui sont capable même de fleurir le désert, au point que les Emirats Arabes Unis sont sur le point de devenir le sanctuaire des architectes paysagistes car plusieurs milliards de Dollars seront investis pour la réalisation de milliers d’hectares d’espaces verts d’ici 2010.

Le « Parc Dounya » de la capitale algérienne sera t’il vraiment conçu dans un esprit de préservation de la nature du site et viendra pour participer au développement urbain des zones environnantes, avec une multitude d'aménagements tels qu'une ceinture verte encerclant l'ensemble du parc, des chemins boisés, des points de vue spectaculaires, des vergers, des coupe-vent, des abris naturels, et de splendides jardins botaniques ; ou deviendra t’il vraiment le deuxième Club des Pins réservé seulement à une certaine classe de la nomenclature algérienne , comme sont en train de prétendre certains des anciens propriétaires des terrains du parc, puisque selon le nouveau projet d’aménagement, il est déjà programmé qu’il y aura des aménagements tels qu'un hôpital, une école internationale, des hôtels, des aires de loisirs et des services de haut standing, des palaces, des tours de commerces et des villas luxueuses avec un grand terrain de golf de 18 trous ?

Afin que le paradoxe de la démocratisation des parcs urbains et l’ironie de l’histoire ne soit pas une réalité pour les parcs urbains en Algérie, il faut que le doute sur les aboutissements de ce nouveau grand parc urbain de notre capitale, ne soit pas un nouveau échec dans l’histoire des parcs urbains en Algérie à l’instar du projet des parcs urbains des 8 Daïras de la wilaya de Ain Témouchent, qui malgré la somme de 22 milliards de centimes mise en disponibilité par l’Etat, ils sont restés toujours au stade de réflexion, ainsi que de celui du parc urbain de la ville de Djelfa ou Laghouat,

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parmi d’autres, qui malgré les milliards de dinars, sont loin d’être considérés même comme des espaces verts publics.

Afin de rendre à César ce qui appartient à César, il faut que la nouvelle loi des espaces verts soit complétée par des décrets de façon à ce que les parcs urbains puissent enfin devenir une réalité au sein des milieux urbains algériens et que les responsables concernés puissent faire en sorte que les citadins se rapprochent de la nature, tout en investissant davantage dans leur environnement urbain immédiat avec le respect des parcs et des espaces libres en milieu urbain car les parcs urbains améliorent la qualité de l'air, créent un habitat pour la faune et la flore, réduisent les eaux de ruissellement des orages et rafraîchissent la température des îlots de chaleur dans les milieux urbains.

Meziane Abdellah : Architecte paysagiste diplômé de Versailles, membre de l’A.S.L.A,

de la C.S.L.A et de la A.A.P.Q, Lakhdaria, Algérie.

Publié sur « Le Quotidien d’Oran » : Débat du 03 et 04 Août 2008.

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