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EHESS Les paysans contre l'agrarisme by Philippe Gratton Review by: Pierre Barral Études rurales, No. 52 (Oct. - Dec., 1973), pp. 164-165 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20120468 . Accessed: 25/06/2014 04:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.60 on Wed, 25 Jun 2014 04:26:00 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les paysans contre l'agrarismeby Philippe Gratton

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Les paysans contre l'agrarisme by Philippe GrattonReview by: Pierre BarralÉtudes rurales, No. 52 (Oct. - Dec., 1973), pp. 164-165Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20120468 .

Accessed: 25/06/2014 04:26

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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164 COMPTES RENDUS

Philippe Gratton, Les paysans contre

Vagrarisme. Paris, Maspero, 1972, 223 p., cartes, graph.

Dans la ligne de son premier ouvrage, Des luttes de classes dans les campagnes, Philippe Gratton rassemble ici plusieurs ?tudes particuli?res qu'il a consacr?es ? ? la lutte des classes ? l'int?rieur du monde rural ?. Il rejette en effet ? la notion d'unit? paysanne ?,

gr?ce ? laquelle, dit-il, ? la bourgeoisie fran?aise a r?ussi ? maintenir sous sa f?rule

id?ologique l'ensemble des couches les plus exploit?es des campagnes ?, tout en admettant

que certaines donn?es de mentalit? aient pu favoriser cette ? tentation ?, par suite ? du retard ?conomique et culturel dans lequel le d?veloppement anarchique de la soci?t?

capitaliste a longtemps laiss? nos campagnes ?. Il veut donc montrer quelques ?tapes de la prise de conscience par laquelle la petite paysannerie, estime-t-il, s'est lib?r?e de la direction des ? gros agrariens ?.

La d?monstration ne nous para?t cependant pas pleinement convaincante. Surtout

en ce qui concerne l'?pisode auquel est attribu?e une signification d?terminante : ? le soul?vement de la paysannerie pauvre en 1953 ?. Cette date est pour Philippe Gratton ? le point de d?part d'une s?paration d?finitive ? : ? 1953 vit cette petite paysannerie oppositionnelle passer ? l'action directe et faire voler d?finitivement en ?clats ce mythe de l'unit? rurale ?. Assur?ment cette crise m?rite de retenir l'attention. Mais on regrette d'abord qu'il lui soit seulement consacr? ici quelques pages tr?s superficielles et que l'auteur nous laisse sur notre faim : il nous doit une analyse fouill?e, comme il sait le

faire, sur un ?v?nement qui lui semble capital. En second lieu, l'interpr?tation de cet ?v?nement peut ?tre exactement inverse. Il y a eu effectivement r?bellion des f?d?rations

syndicales d?partementales du Centre contre l'?quipe dirigeante de la FNSEA, pour des raisons ? la fois politiques et ?conomiques. Et ? le Comit? de Gu?ret ?, alors constitu?, ne s'est pas content? de d?cider une action ind?pendante, il a entrepris de cr?er un

syndicalisme concurrent. Or, constatation essentielle, cette entreprise a fait fiasco, et

une r?union de d?l?gu?s, tenue ? Paris en janvier 1954, a d? renoncer ? la poursuivre. Philippe Gratton ne parle pas de cette r?union, il ne dit pas non plus que les militants communistes ont ?t? fort r?serv?s devant cette initiative anim?e par des socialistes tels

que Roland Viel. Il para?t m?me lui rattacher la cr?ation du MODEF, cinq ans plus tard, alors qu'il s'agit d'une r?alit? bien diff?rente et que m?me depuis lors, les adh?rents du parti n'ont pas partout rompu avec le syndicalisme traditionnel, comme le montre Yves Tavernier dans ses excellents travaux. Si le Comit? de Gu?ret revit par intermit

tences, il n'est pas devenu jusqu'? pr?sent le syndicalisme de gauche dont r?vaient ses

promoteurs. Dans ces conditions, on ne peut vraiment admettre que l'unit? syndicale ait ? vol? en ?clats ?. O? sont les ?clats ?

L'apport des autres articles est beaucoup plus solide, et d'un contenu pr?cieux m?me

pour ceux qui ne suivent pas Fauteur dans toutes ses conclusions. On appr?ciera ainsi la rigueur d'une ?tude quantitative sur le mouvement et la physionomie des gr?ves agricoles de 1890 ? 1935 : il en ressort que ? le pouvoir de gr?ve de l'agriculture ? demeure constamment ? faible, toujours inf?rieur ? ce qu'il est en moyenne dans les autres sec

teurs, beaucoup moins faible cependant qu'on ne pourrait l'imaginer suivant les id?es commun?ment admises ? ce sujet ?, notamment pour les journaliers apr?s 1930. La

monographie du communisme rural en Corr?ze entre les deux guerres met en lumi?re le d?veloppement d'un syndicalisme d'extr?me-gauche sous l'impulsion du p?pini?riste

Vazeilles et en rapproche les bons r?sultats ?lectoraux du parti communiste dans les cantons ruraux du nord-est du d?partement. On trouvera enfin beaucoup d'?l?ments

neufs sur l'action de la Conf?d?ration g?n?rale des paysans travailleurs (CGPT), anim?e

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COMPTES RENDUS 165

par les communistes, contre les saisies pendant la crise des ann?es 30 et sur ses relations

avec la Conf?d?ration nationale paysanne (CNP), d'inspiration socialiste, ? l'?poque du Front populaire. Philippe Gratton a rassembl? une riche collection de textes, qui font

appara?tre la r?ticence puis l'hostilit? de la CNP ? la fusion qui lui ?tait propos?e ; en

revanche celle-ci se r?alisa pour les f?d?rations d'ouvriers agricoles, dans le cadre g?n?ral de la r?unification de la CGT, et il y eut alors une vague massive d'adh?sions.

Pierre Barral

Jean Cavailh?s, <c La rente d'exploi

tation et les pas de porte dans l'agri culture fran?aise ?. Dijon, INRA,

1971, 56 p., tabl., cartes, ron?o

(Laboratoire de recherches de la

chaire de Sciences ?conomiques de

Dijon. Document de Recherches, I).

Que l'on suive ou non l'auteur dans l'aspect philosophiquement orient? de ses conclu

sions, il est s?r que ce travail de Jean Cavailh?s, en d?pit de sa relative bri?vet?, est de tout premier ordre.

L'objet de cette pr?sentation de l'?tat actuel d'une recherche en mati?re de rente fonci?re est relativement r?cent. ? Esquisse qui ne fait qu'?baucher les premi?res ?tapes d'une r?flexion sur les probl?mes fonciers ?, ?crit trop modestement l'auteur de cette

mise au point qui, toute provisoire qu'elle soit, est de la plus haute qualit?. Il s'agit d'une cons?quence du statut du fermage qui date en France, en principe seulement,

de 1945 (tout le monde a oubli? qu'il n'est qu'un remake ? peine modifi? d'une loi de

Vichy inspir?e par les arri?re-pens?es corporatistes et le mythe du ? retour ? la terre ?) :

l'adoption de ce statut a d?membr? le droit de propri?t? fonci?re (comme les baux commerciaux l'avaient d?j? fait pour les immeubles ? usage commercial depuis 1926). Le fermier a droit au renouvellement de son bail (le propri?taire ne peut reprendre les lieux afferm?s que de plus en plus difficilement, surtout depuis 1965), il peut le trans

mettre et il a, en cas de vente, droit de pr?emption. Si bien qu'il peut faire payer un pas de porte au fermier qui offre de prendre sa place : ce pas de porte, vers? lors de la cession

d'exploitation, correspondrait, pense l'auteur, ? la fraction de la rente fonci?re qui n'est

plus vers?e au propri?taire. M?me hors du cas de cession, il y a partage de cette rente

parce que les fermages, fix?s par l'?tat, ? moins d'interventions ? en v?rit? assez peu

nombreuses ?

des tribunaux paritaires, sont tr?s bas dans la grande majorit? des cas.

Il y a donc ? d?crochage ? entre le fermage et la rente fonci?re : la loi ne pr?voit que le versement d'une part de celle-ci au propri?taire. Le surplus de la rente fonci?re, que Jean Cavailh?s propose d'appeler ? rente d'exploitation ?, va donc au locataire. D'ores et d?j?, l'auteur a tent? de mesurer ?

mais nous n'avons encore que les tout premiers r?sultats de son enqu?te

? cette derni?re qui permet en principe ? son possesseur de r?aliser certains investissements qui diminuent ses co?ts de production. Par ailleurs, la comparaison du prix des terres libres et des terres occup?es montre l'effet du statut : la

d?pr?ciation des terres afferm?es qui est en moyenne de 20 ? 30 % peut monter jus qu'? 70 %, comme dans l'Yonne...

Comme le rappelle l'auteur, la plupart des organisations professionnelles jugent qu'il

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