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Les Religions et les Philosophies dans l'Asie centrale, 2 e édit. by de Gobineau Review by: G. P. Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 17 (Janvier à Juin 1868), pp. 326-328 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41756077 . Accessed: 21/05/2014 21:28 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.143 on Wed, 21 May 2014 21:28:17 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Religions et les Philosophies dans l'Asie centrale, 2eédit.by de Gobineau

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Les Religions et les Philosophies dans l'Asie centrale, 2 e édit. by de GobineauReview by: G. P.Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 17 (Janvier à Juin 1868), pp. 326-328Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41756077 .

Accessed: 21/05/2014 21:28

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326 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

ayant la conscience de n'avoir pu fonder une dynastie durable. Telle est l'histoire d'Hérode. Cette vie d'un ambitieux doué de rares qualités, mais perdu d'orgueil, inspire de nombreuses réflexions. Nous laisserons le lec- teur les faire lui-même. Elles surgissent en foule à la lecture de l'intéres- sant récit de M. de Saulcy. A. B.

Les Religions et les Philosophies dans l'Asie centrale, par le comte de Gobineau, ministre de France à Athènes. Paris, Didier, iu-18, 2« édit., 1866.

Ce livre est la continuation et le développement de recherches* que M. de Gobineau avait inaugurées avec succès dans son dernier ouvrage, publié en i8 )9 sous le titre de Trois ans en Asie . Dès que l'honorable diplo- mate, établi en Perse, eut appris la langue du pays et s'y fut créé des relations, la curiosité de son esprit, qui l'avait déjà porté vers les plus dif- ficiles problèmes de l'ethnologie et de la philologie, se concentra tout en- tière sur une seule étude, l'analyse des notions religieuses, philosophiques et morales qui gouvernent l'esprit des Orientaux. Une fois qu'il eut institué celte enquête et qu'il se fut enfermé dans celte étude, 'dont le cadre était restreint et nettement tracé, ce qui avait pu paraître, dans ses premiers travaux, excès d'imagination et hardiesse aventureuse, ne fut plus que pénétrante sagacité et vive intelligence des nuances les plus subtiles et les plus fines. Il faut avoir soi-même voyagé en Orient pour sentir combien l'entreprise est difficile, quels obstacles nous rencontrons, sur ce terrain, dès que nous ne voulons plus nous arrêter au dehors, à la surface, dès que nous voulons pénétrer au fond des choses, et percer du regard ce mur d'airain qui semble se dresser entre l'Occident et l'Orient, comme pour séparer à tout jamais l'Européen de l'Asiatique. Il y a là pour nous, de l'autre côté de cette barrière, comme un monde nouveau d'instincts, de sentiments et d'idées, et toute une théorie de la vie et du bonheur qui n'est point la nôtre. C'est là une différence bien autrement profonde que celle de la langue, des coutumes et du vêtement, mais qui frappe moins au premier abord, parce qu'elle porte sur des phénomènes tout intérieurs, sur des nuances morales, sur d'intimes et secrètes dispositions qui modi- fient tous les jugements. Pour arriver à mesurer la distance qui sépare d'un Français ou d'un Anglais, je ne dirai pas un paysan musulman, mais un Turc même instruit dans la science traditionnelle des mosquées ou un émir bédouin, il ne suffit pas de parler plus ou moins facilement le turc ou l'arabe, il faut encore bien comprendre et ne plus jamais oublier que, sous des mots dont nous croyons trouver l'équivalent dans nos dictionnaires, nos interlocuteurs orientaux cachent sans cesse des idées qui nous sont étrangères. On l'a déjà dit, et avec raison ; en passant d'une langue dans une autre, la pensée d'un homme ou d'un auteur se modifie, s'altère tou- jours jusqu'à un certain point. Cela est vrai même de l'anglais ou de l'al- lemand au français; mais des langues orientales à une denos langues mo- dernes, la part de l'intraduisible est dix fois pins grande. Comme le montre avec insistance M. de Gobineau, en bien des choses, de nous autres Euro-

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BIBLIOGRAPHIE. 327

péens à ces fils d'une civilisation si profondément séparée de la nôtre, il n'y a point ce que la science, dans sa langue nette et précise, appelle une commune mesure. Le premier pas à faire, pour l'observateur qui pense que rien d'humain ne doit lui rester étranger, mais qui ne veut pas se payer de mots et d'apparences, c'est de commencer à soupçonner ces dif- férences et à sentir l'obstacle. Une fois averti et mis sur ses gardes, il pourra peut-être, à force d'attention, arriver à se détacher parfois de lui- même et de ses manières de juger et de sentir, à se mettre, pour'quelques instants au moins, dans la situation d'esprit de celui-là même dont il étudie et voudrait traduire la pensée. Cette barrière infranchissable dont je par- lais tout à l'heure, sans doute il ne parviendra pas à la renverser, mais, qu'on me passe la comparaison, il se haussera jusqu'à la crête du mur, et il regardera par-dessus ; il reconnaîtra ainsi quelques points de cette terre étrange et inconnue, et il pourra essayer d'en décrire les principaux aspects.

C'est ce qu'a fait, avec une plus nette intelligence des données du pro- blème et avec plus de succès qu'aucun de ceux qui depuis longtemps aient abordé ce domaine, l'auleur de ce livre; aussi la Revue ne pou- vait* elle différer plus longtemps de le recommander à ses lecteurs. Si, en effet, l'archéologue étudie avec une si patiente curiosité les monuments figurés de toute espèce que nous a laissés le passé, ce n'est point, comme ce que l'on appelait autrefois l'antiquaire, pour y trouver un simple plaisir de collectionneur et d'amateur de raretés, c'est, s'il mérite son nom, pour suppléer par les monuments au silence ou aux lacunes de l'histoire écrite, c'est pour chercher, dans toutes ces formes imprimées à la matière par un effort de la main humaine, les habitudes qu'elles supposent, les besoins auxquels elles répondaient, les idées qu'elles traduisaient, les croyances et les espérances religieuses qu'elles expriment plus ou moins naïvement. L'histoire des religions, qui est l'histoire môme de ce qu'il y a de plus délicat et de plus noble dans l'âme humaine, a dû une bonne partie de ses progrès pendant le demi-siècle qui vient de s'écouler, à une étude plus méthodique et plus sagace des monuments figurés; mais pour interpréter ces représentations qui le plus souvent ne sont accompagnées d'aucune explication écrite, et qui restent parfois pour nous les seuls débris de con- ceptions originales et de cultes aujourd'hui disparus, il faut se servir de tout ce que des documents d'une autre nature, livres dogmatiques, poésies et hymnes, législations, récits des historiens et des voyageurs, nous auront appris sur les croyances des peuples qui nous intéressent. C'est, il est vrai, l'état actuel des esprits dans l'Asie centrale et les formes les plus récentes de la spéculation religieuse que nous expose M. de Gobineau ; niais quelque elione change-l-il dans cette Asie qui, selon la formule d'Hegel, n'est pas dans le temps, et n'est que dans l'espace ? Les noms, les étiquettes peuvent varier de siècle en siècle; mais ce tour d'esprit particulier qu'a si bien décrit et défini le savant voyageur reste toujours le même et donne nais- sance à des sectes qui ne font que se répéter et se continuer sous des titres

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328 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. différents. C'est ainsi qu'en étudiant l'islamisme persan, sous la conduite de ce guide habile, nous y démêlerons à chaque instant des éléments, des traditions, des conceptions qui remontent jusqu'à cette période sassanide sur laquelle nous avons si peu de données authentiques, et que nous aidaient à deviner, plus que toute autre chose, ses monuments figurée. Or l'étude directe des croyances religieuses qui sont restées comme inhérentes à la Perse ne profitera-t-elle pas à l'interprétation de ces monuments d'un autre âge? En lisant ce livre, n'y trouvons-nous pas aussi, sur les mœurs, sur l'étiquette royale, la composition de l'armée, les habitudes domes- tiques, les fêtes, les divertissements, les représentations dramatiques, une foule de renseignements qui peuvent nous aider à comprendra quelques détails des grandes scènes figurées dans ces bas-reliefs qui, depuis les mon- tagnes de la Lydie jusqu'à celles de la Perse et de la Médie, se trouvent sculptés au flanc des rochers ou sur les murailles des palais aujourd'hui détruits, comme ceux de Ninive et de Persépolis?

Nous signalerons à l'attention de ceux que préoccupe l'histoire reli- gieuse de l'humanité, comme tout particulièrement importants et intéres- sants, les chapitres relatifs à la nouvelle religion qu'a vue naître la Perse il y a une vingtaine d'années, au Babisnie. Jamais de pareils phénomènes n'ont été étudiés d'aussi près par un critique aussi bien préparé à cette tâche. M. de Gobineau n'a pas été témoin oculaire des scènes qu'il raconte ; mais il en a recueilli l'impression toute vive de la bouche même d'un grand nombre de ceux qui y avaient assisté comme spectateurs ou comme acteurs, il a vu la légende se former etjse développer sous ses yeux, et a pu prendre sur le fait les procédés au moyen desquels l'imagination émue colore d'une teinte miraculeuse les événements dont le témoin non pré- venu trouverait tout d'abord une explication toute rationnelle et naturelle. 11 y a là des documents que ne saurait plus négliger tout historien des grandes crises religieuses que le genre humain a traversées. G. P.

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