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Romcivic Pour l’accès à la citoyenneté de jeunes volontaires en Ile-de-France Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France – 8 avril 2014 Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France L’association Les Enfants du Canal a mené une enquête auprès de familles Rom migrantes vivant dans 7 bidonvilles répartis dans 6 communes d’Ile-de-France (Bobigny, Champs-sur-Marne, Ivry, Grigny, Paris, Saint-Denis). L’enquête a été réalisée auprès de 119 personnes par une équipe de 24 volontaires en service civique dont certains sont eux-mêmes ressortissant de bidonvilles. Les questionnaires ont été passés en langue française, roumaine ou bulgare entre le 17 et le 31 mars 2014. 67% des personnes interrogées étaient des hommes, 33% des femmes. Les personnes interrogées sont relativement jeunes, la moitié d’entre elles ont des enfants en âge d’être scolarisés. Une volonté d’intégration ultra majoritaire Les éléments recueillis dans ce sondage contredisent largement les déclarations du Ministre de l’Intérieur de septembre 2013 selon lesquelles il n’y aurait «pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire [ces populations] à la frontière. » Trois quart des personnes sont présentes sur le territoire français depuis plus de deux ans. 53% sont même installés depuis plus de cinq années. Seuls 2,5% sont arrivés dans les 6 derniers mois, démentant l’idée d’une arrivée massive de migrants. 11 29,4 17,6 26 10 0 0 5 10 15 20 25 30 35 Répartition des personnes interrogées par âge 18-20 ans 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans Plus de 60 ans

Les roms et les bidonvilles d'Ile-de-France

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Une enquête auprès des familles roms vivant en Ile-de-France

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Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France – 8 avril 2014

Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France

L’association Les Enfants du Canal a mené une enquête auprès de familles Rom migrantes vivant

dans 7 bidonvilles répartis dans 6 communes d’Ile-de-France (Bobigny, Champs-sur-Marne, Ivry,

Grigny, Paris, Saint-Denis).

L’enquête a été réalisée auprès de 119 personnes par une équipe de 24 volontaires en service civique

dont certains sont eux-mêmes ressortissant de bidonvilles. Les questionnaires ont été passés en

langue française, roumaine ou bulgare entre le 17 et le 31 mars 2014.

67% des personnes interrogées étaient des hommes, 33% des femmes. Les personnes interrogées

sont relativement jeunes, la moitié d’entre elles ont des enfants en âge d’être scolarisés.

Une volonté d’intégration ultra majoritaire

Les éléments recueillis dans ce sondage contredisent largement les déclarations du Ministre de

l’Intérieur de septembre 2013 selon lesquelles il n’y aurait «pas d’autre solution que de démanteler

ces campements progressivement et de reconduire [ces populations] à la frontière. »

Trois quart des personnes sont présentes sur le territoire français depuis plus de deux ans. 53% sont

même installés depuis plus de cinq années. Seuls 2,5% sont arrivés dans les 6 derniers mois,

démentant l’idée d’une arrivée massive de migrants.

11

29,4

17,6

26

10

00

5

10

15

20

25

30

35 Répartition des personnes interrogées

par âge

18-20 ans 20-29 ans 30-39 ans

40-49 ans 50-59 ans Plus de 60 ans

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Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France – 8 avril 2014

Les personnes interrogées semblent aspirer à une vie « normale » à travers un logement de droit

commun et un emploi rémunéré.

Ainsi, aucune personne ne déclare aspirer à vivre dans une cabane de bidonville ou dans un mobile-

home. Au contraire, 86% souhaitent vivre dans une maison et 8% dans un appartement. Cet élément

contredit certains préjugés tendant à faire des Roms migrants des nomades appréciant la vie en

bidonville.

Mais comment payer un logement sans disposer des ressources suffisantes ? La quasi-totalité des

personnes interrogées souhaite occuper un emploi salarié (95%). L’enquête révèle que 80% des

personnes interrogées ont déjà travaillé, dans un secteur d’activité défini.

Une politique de démantèlements aggravant des conditions de vie déjà extrêmes

Les conditions de vie en bidonville sont régulièrement invoquées pour justifier les évacuations avec

recours à la force publique. Couteuse, cette politique de harcèlement dégrade d’autant les

conditions de vie des personnes et attise l’hostilité des riverains. Parmi les personnes interrogées,

61% ont connu une ou plusieurs évacuations au cours des deux dernières années. Cette donnée

confirme celle du Collectif Romeurope selon lequel 19 380 personnes ont subi l’évacuation d’un

Agriculture

24%

Services

21%BTP

18%

Mécanique,

métaux

7%

Autre

10%

Jamais

travaillé

20%

Secteurs d'activité prédominants

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Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France – 8 avril 2014

bidonville ou d’un squat durant l’année 2013 en France (sur une population totale d’environ 17 000

personnes).

La majorité des personnes interrogées n’ont pas accès aux services élémentaires que sont l’eau

courante, le tout à l’égout, des toilettes ou l’électricité. Neuf personnes sur dix ne sont pas

raccordées à l’électricité, contraignant les personnes à des solutions de chauffage et d’éclairage

dangereuses (incendie, intoxication). 60% des personnes déclarent utiliser un groupe électrogène,

couteux en carburant et générant des nuisances sonores.

Le ramassage des ordures n’est pas systématiquement mis en place, dégradant considérablement les

conditions sanitaires (présence de rats) et source de l’hostilité des riverains.

Face à ces conditions de vie, 60% des personnes ne disposent d’aucune couverture maladie. Les

problèmes de santé sont traités de manière tardive, engorgeant les services d’urgences (96% des

personnes ont recours à l’hôpital pour se soigner).

Des politiques publiques d’intégration quasi-inexistantes

Depuis début 2014, les ressortissants roumains et bulgares disposent d’un accès intégral au marché

de l’emploi français. Or, seuls 7,6% des personnes interrogées occupent un emploi déclaré.

La maîtrise de la langue française constitue le premier frein à l’emploi. Une infime minorité de

personnes déclare suivre des cours de langue, pourtant indispensables pour occuper un emploi,

même peu qualifié.

Seul un quart des personnes interrogées déclare être inscrit à Pôle emploi. L’offre

d’accompagnement semble largement inadaptée à un public non francophone et peu habitué aux

formalités administratives. Or, seul un accompagnement aux techniques de recherche d’emploi

permettra d’accéder à des activités génératrices de revenus.

D’ici là, une personne interrogée sur quatre vit d’activités de manche, une sur cinq de la collecte de

la ferraille. Plus de 98% des personnes interrogées disposent de revenus inférieurs au seuil de

pauvreté.

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Enquête sur l’intégration des Roms vivant dans des bidonvilles d’Ile-de-France – 8 avril 2014

En l’absence d’une politique d’intégration et d’insertion dans l’emploi digne de ce nom, la résorption

des bidonvilles restera un objectif inatteignable.

Au-delà des préjugés, l’intégration

Il est important de ne pas renverser les responsabilités et de pointer les manquements de l’action

publique. La résorption des bidonvilles pose la question de l’accès aux droits, à l’école, à l’emploi, au

logement et de la lutte contre les discriminations dont sont victimes les Roms migrants.

A court terme, prendre ces questions à bras le corps peut sembler plus compliqué et plus couteux

que l’actuelle politique du bulldozer. Mais quel est le coût humain de générations privées

d’éducation élémentaire et des conditions d’une existence digne ? Que pèsent 10 000 personnes en

âge de travailler quand le chômage augmente chaque mois de plusieurs dizaines de milliers de

personnes ? N’est-il pas plus économe de faire de ces personnes des acteurs économiques

autonomes plutôt que des usagers perpétuels des politiques d’urgence ?

C’est pourquoi, l’association Les Enfants du Canal se joint aux autres organisations de soutien des

populations Roms pour demander de toute urgence :

- Un moratoire sur le démantèlement des bidonvilles permettant de stabiliser les lieux de vie

dans des conditions d’hygiène et de sécurité satisfaisantes

- Un accès effectif à la domiciliation administrative

- Une politique ambitieuse d’intégration par l’apprentissage du français

- Un accompagnement adapté à l’emploi

- L’accès à un logement de droit commun

<200€

83%

200-500€

12%

500-1000€

4%

1000-1500€

1%

Revenus mensuels déclarés