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N°27 – février 2015 Les saisons de Artavazd Pelechian (voir p. 10 et 11)

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N°27 – février 2015

Les saisons de Artavazd Pelechian(voir p. 10 et 11)

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2Alakyaz — Janvier 2015

C’est à l’occasion des cent ans dugénocide arménien que PhilippePanossian, avec l’équipe de l’UGAB àlaquelle se sont joints sympathisantsbénévoles et professionnels dudomaine de la culture, a trouvé unchamp propice pour déployer touteson énergie et son esprit d’ouvertureafin de donner à cet événementmusical une dimension historiqueancrée dans le cœur meurtri dechaque arménien.

Comment est né le projet d’organiserle concert du 21 avril 2015 au Théâtredu Châtelet, une salle emblématiquede la capitale ?Nous avons pensé qu’à travers lelangage universel de la musique,nous pouvions rendre hommage auxvictimes, honorer leur mémoire etsensibiliser les jeunes à leur histoireancestrale, à l’héritage que lesanciens nous ont laissé afin qu’ànotre tour, nous le valorisions commeun bien précieux pour l’avenir. Lechoix du Châtelet, ce théâtre vivantqui accueille depuis plus d’un siècleles artistes et les spectacles qui ontfait date, s’est imposé comme le lieuidéal pour réunir les Arméniens ettous ceux qui sont touchés par lescrimes contre l’humanité et leurs vio-lences meurtrières. Le premier géno-cide du XXe siècle perpétré par legouvernement Jeune-Turc de l’Empireottoman est resté à ce jour impuni.

De quelle façon se sont orientés voschoix artistiques pour la programma-

tion de  cette soirée vouée à lamusique ?Nous avons fait appel à des musiciensd’origine arménienne qui font partides meilleurs orchestres à travers lemonde. Descendants des rescapés,tous ces instrumentistes ont réponduavec enthousiasme à notre invitation.Ils viendront constituer l’ArmenianWorld Orchestra, une formationéphémère et néanmoins d’un hautniveau artistique qui sera dirigée parAlain Altinoglu considéré aujourd’huicomme l’un des plus brillants chefsd’orchestre de la planète musicale. Par ailleurs, nous avons passé com-mande d’une œuvre originale autalentueux compositeur MichelPetrossian qui a remporté en 2012 leGrand Prix international Reine Elisa-beth de composition. Son TripleConcerto pour piano, violon et violon-celle chœur et orchestre sera donnédans le cadre de ce concert. Des musi-ciens de premier plan tels que le pia-niste Vahan Mardirossian, levioloniste Jean-Marc Phillips-Varjabé-dian et le violoncelliste Xavier Phillipsassureront pour les parties solistes lacréation de cette pièce. Outre lesMiniatures arméniennes de Komitas,inspirées des chants populairesrecueillis par le compositeur, lesaccents traversés d’ombre et delumière du Requiem de Mozart inter-prété par une distribution d’unegrande tenue musicale composée dequatre chanteurs magnifiques,Hasmik Papian, soprano qu’on a puécouter en France dans des rôles-

titres aussi bien aux prestigieusesChorégies d’Orange qu’à l’Opéra deParis, Nora Gubisch, mezzo-sopranoqui se produit régulièrement sur desscènes lyriques réputées, Liparit Ave-tisyan, ténor qui arrive de Erevan,Tigran Martirossian, basse qui faitpartie de l’Opéra de Hambourg ainsique le Chœur de la FondationCalouste Gulbenkian reconnu sur leplan international pour son excel-lence. Tous ces artistes viendrontclore cette soirée où l’émotion sus-citée par la musique apportera la plé-nitude de la joie pour panser lesblessures gravées dans la mémoire.

Que représente l’enjeu de cet événe-ment dans le cadre des commémora-tions qui marqueront l’année 2015 ?Nous espérons que notre initiative deconcevoir ce concert exceptionnellabellisé par la Mission 2015 duConseil de Coordination des organisa-tions Arméniennes de France, mar-quera l’un des temps forts descommémorations en France, enArménie et dans le monde.

Quels sont les dispositifs que l’UGABFrance a mis en place pour réalisercette soirée musicale dédiée à lamémoire du génocide  afin d’enassurer la réussite ?La préparation, la coordination et lamise en œuvre de cette manifesta-tion seront assumées par les équipesde l’UGAB, son conseil d’administra-tion ainsi qu’un comité de bénévolestrès investis. En compléments de cedispositif, nous avons eu le privilègeet la chance de bénéficier du soutiende mécènes et de donateurs dontl’implication et la grande générositénous ont donné les moyens deconcrétiser notre ambitieux projet. Ilsseront réunis au sein d’un comitéd’ambassadeurs et associés à l’événe-ment. Nous leur témoignons notreprofonde gratitude, qu’ils soient iciremerciés. Je nommerai en particuliernotre mécène principal Michelle et

CENTENAIRE DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN

Un concert pour la vie, événement 2015Rencontre avec Philippe Panossian, président de l’UGAB France

Philippe Panossian est un homme de conviction, pleine-ment investi dans la tâche que lui dicte sa fonction à la têtede l’UGAB de la section de Valence en 2004, puis commeprésident de l’UGAB France depuis 2012 avec pour objectifde redynamiser cette structure communautaire, créer desévénements afin de renforcer les liens solidaires. Notaire àValence, première ville de France où se trouve rassembléela plus importante communauté arménienne en pourcen-tage, il a tôt revendiqué cette part d’identité arménienne

qui le relie à une ascendance paternelle qui a marqué de son empreinte lescontours de sa personnalité.

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3Alakyaz - février 2015

Sarkis Bédoian.Nous avons engagé Anne Gubian, uneattachée de presse expérimentée afinde mener à bien un plan de commu-nication. Un site internet, une pageFacebook, des réseaux sociaux serontdisponibles en plusieurs langues pourvéhiculer les informations. Les princi-paux médias en Arménie et leschaînes de radio arménienne enFrance (AYPFM, radios de Valence et deLyon) et Ararat TV de Marseille diffu-seront des éléments de promotion dela soirée. La presse écrite arménienneet française présentera à son tour desarticles dont les contenus éclairerontles enjeux artistiques et historiques

du concert. Flyers, affiches, pro-grammes complèteront cette cam-pagne de com munication que noussouhaitons parti culièrement efficace.Enfin, Céleste Production assurera lacoordination administrative et lalogistique des artistes afin de garantirun déroulement sans faille depuis leurarrivée jusqu’au moment du concertpuis leur retour. Notre objectif est detoucher tous les publics ainsi que lesautorités politiques et religieusesarméniennes et françaises, d’impli-quer le monde économique car sansl’apport de financiers concernés,aucune action d’envergure ne peutaboutir aujourd’hui. Avec nos parte-

naires, nous consacrons tous nosefforts au succès de la soirée du21 avril 2015.

� Entretien mené parMarguerite Haladjian

Location pour le concert du21 avril 2015 : sur internet consulter :chatelet-theatre.com le calendrierdes événements et se porter à la datedu 21 avril.Par téléphone : 01 40 28 28 40 etaussi à la FNAC.Pour l’orchestre voir www.awo2015.com

La jeune maison d’éditionKotot (Ourson) vient de publierson deuxième album en armé-nien occidental : Le jour où…. Pourla deuxième fois, Hasmig Chahi-nian qui en était l’initiatrice en2012, est aussi l’auteure del’album. Elle puise son inspirationdans ses souvenirs d’enfant quiaimait lire et ne trouvait guère delivre en arménien qui lui plaisaitou dans les jeux et les histoires duquotidien.

Huit histoires courtes mettent en scène avec humour etdrôlerie les personnages, deux petites filles espiègles etattachantes, Dzovinar et sa petite sœur, Patyl, entourées deleurs amis, dans une suite d’aventures joyeuses. Quand ellesera grande, Dzovinar a décidé qu’elle serait voyageuse-conteuse, un métier qui n’existe pas mais qui la fait rêver.

Dans une langue soignée, les réparties sont vives, lestyle alerte et d’une page à l’autre, le récit avance aveclégèreté, et fait preuve d’une connaissance fine du mondeenfantin, avec des sourires à chaque page. Les illustrationscolorées de David Pintor, fourmillent de détails savoureuxtout en donnant au livre du rythme et de la gaité.

Cet album trouvera naturellement sa place dans lesécoles, les bibliothèques ou les foyers où l’on parle armé-nien et, il sera un cadeau apprécié. Les adultes aussi pren-dront certainement plaisir à le lire et le raconter. En cela,le livre est une réussite car un bon livre de littératureenfantine plaît autant aux adultes qu’aux enfants.

� A. S.

Le jour où…, Edition Kotot, 70 pages, 11 €

En cadeau, l’ourson…

livreS

Un jeune Arménienlauréat d’un concours de peinture

dédié à l’holocauste

Mickael Harutyunian, jeuneartiste d’artiste d’Arménie, a rem-porté le premier prix du concours depeinture dédié à l’Holocauste, avecson tableau Enfance brisée. Pour laneuvième fois, ce concours se tenaità Moscou du 23 au 26 janvier et réu-nissait environ 1200 participantsvenus de 8 pays différents. Le jeuneartiste de 17 ans raconte avoir étéinformé de ce concours par la com-munauté juive d’Arménie. C’est la

première fois que l’Arménie y participait et y trouvait un échotrès positif, chacun reconnaissant que l’Holocauste avait sasource dans le déni du génocide subi par les Arméniens. Uneexpérience qui se renouvellera sans doute… (Armenpress)

70 ans70 ans que les déportés dans les camps de concentra-tion nazis, ceux qui ont résisté par miracle à tant debarbarie, sont rentrés, si vous voulez lire le récit de ceslongs mois, vous devez vous procurer le livre de MichelMihran Mavian, Par-delà les ténèbres.

Editions du Mémorial du Camp de Compiègne (2010).

Le livre vous sera envoyé par la postec/ chèque de 23€ à

A. Marietan 129 bd Masséna 75013 Paris

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4Alakyaz - février 2015

Le 28 janvier dernier à partir de 19h le second repas annueldu CCAF en présence du chef de l’état français François Hollande réunissait environ 500 personnes à l’Hotel Le Collec-tionneur de Paris.

Outre les représentants des associations arméniennes deFrance, le monde du spectacle et de la politique s’étaient jointsà cette démonstration de la vie pugnace des Arméniens deFrance et de leur mémoire inaliénable.

Les convives arrivant par petits groupes de toute la Francese retrouvaient avant de passer à table et les photographes s’endonnaient à cœur joie. L’association ARAM avait dressé des pan-neaux montrant comment les Arméniens étaient passés dustatut de réfugié à celui de citoyen, montrant les milliers d’or-phelins de 1915 et l’amitié millénaire de la France et des Armé-niens.

Alakyaz s’est entretenu avec plusieurs représentants d’as-sociations. Certains étaient là avec beaucoup d’optimismedevant ce rassemblement des principales forces arméniennespensant que 2015 est une année plus qu’importante, le débutde quelque chose, d’autres au contraire n’en espéraient pasvraiment de résultats malgré les centaines de personnes…

Le journaliste Franz-Olivier Giesbert, le maître de céré-monie, a situé en quelques mots l’importance particulière decette réunion, début de la commémoration des 100 ans dugénocide des Arméniens.

La parole a été d’abord donnée aux co-présidents du CCAF :Ara Toranian après avoir remercié le président Hollande d’être

présent a insisté sur la solidarité dont les Arméniens ont besoinl’année où la Turquie a décidé de fêter la bataille de Galipoliprécisément le 24 avril invitant 101 chefs d’état. « Notre gloirec’est de nous relever à chaque fois ensemble et solidaires ».Mourad Papazian a rappelé que la réalité du génocide était tou-jours niée par les autorités turques sans aucun signe vers lareconnaissance et que la réconciliation serait possible si elles’appuyait sur la vérité et la justice et que dans ce cas, le pardonqui appartient aux forts pourrait devenir une perspectived’avenir. Interpellant le Président Hollande il a précisé « Vousêtes le seul qui puisse établir un pont entre nous ».

Monsieur Alexis Govciyan, responsable de la mission 2015du CCAF a insisté sur le maintien de la flamme qui est en nous,l’opposant aux cendres, au renouveau que doit être 2015, il aremis à Charles Aznavour « ce monument d’exception » laMédaille du courage du CCAF. L’artiste très ému a remerciédisant que c’était « la deuxième médaille importante qu’il rece-vait après celle de l’Académie Française ».

Monsieur Hollande a ensuite longuement pris la parolemettant en valeur 2015 cette année exceptionnelle et confirmantsa visite à Yerevan le 24 avril ‘pas en mon nom personnel mais

Au nom de la France « il a rappelé la tragédie du 24 avril 1915moment où l’on ne connaissait pas encore le mot génocide »,il a rappelé aussi « la loi toute simple « de janvier 2001 », laFrance reconnaît le génocide arménien « cette loi était “néces-saire” pour les 1 500 000 absents ».

« Le rôle de la France est d’amener à l’apaisement à la paix »,«l’effort de vérité doit se poursuivre, il est temps de briser lestabous ». Il a évoqué les esprits libres de Turquie, la frontièrefermée depuis 1993 qui « doit être rouverte ». Il a aussi invitéles entrepreneurs français à faire davantage pour l’économiede l’Arménie. Il a terminé son discours par « Vous êtes unexemple de dignité qui fait notre fierté et la vôtre ». Très solli-cité et applaudi François Hollande est parti serrant les mainsen passant entre les tables sans cérémonie.

Un programme des activités prévues pour 2015 par les asso-ciations du CCAF a été largement distribué même s’il contientdes dates ou horaires qui changeront certainement.

Soyons patients et faisons tout pour que2015 nous vivifie car nous n’oublions pas !

� A.T. M.

Le repas annuel du CCAF

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MM. Govciyan, Toranian et Papazian

Vue de la salle

MM. Tchitetchian, Hollande et Aznavour

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Une joie, une fierté de voir tant demonde samedi 24 janvier pour l’inau-guration d’une écolematernelle armé-nienne, ici, celle tantattendue au Tbrotzas-sere.

En même temps,pour ne pas oublierl’Histoire des Armé-niens, un khatchkartrès finement sculpté aété érigé à gauche del’Ecole en hommageaux victimes du géno-

cide et aux soldats, combattants,résistants morts pour la liberté denotre peuple et des autres peuples.

Nous ne pourrons pas rapportertous les discours mais disons simple-ment que tous les orateurs ont louéle peuple arménien, ses réalisations,son intégration, son intelligence etont félicité Madame Jeannine Varta-nian et son époux Edouard qui onttant œuvré pour parvenir à cerésultat.

Monsieur le préfet de Seine SaintDenis qui a pris la parole après lesnombreux orateurs, a en quelquesmots résumé le sens de la créationd’une école.

Les classes sont bien aménagées,gaies, colorées, adaptées et on sentque les petits ont déjà plaisir à y vivre.

Un discours de M. Kegham Toros-sian exécuteur testamentaire deMadame Le Roy-Atabekian dontnotre ami le peintre Jean Kazandjiana bien voulu faire le portrait pourl’Ecole, a retracé la vie de cette bien-faitrice.

Un buffet tant abondant que variéa permis aux invités de bavarder et dese restaurer après ces heures émou-vantes mais réconfortantes ne serait-ce que par l’intervention de la choralede l’école qui après les hymnes fran-çais et arménien a interprété plu-sieurs chansons avec gaieté etrythme, à l’unisson de l’ambiance.

� A.T. M.

5Alakyaz — Janvier 2015

Madame LE ROY-AGABEKIAN  (1905-2001)

Née à Constantinople, Louise Agabekian avait échappé au génocide et s’était réfugiéeen France au début des années 1920 avec ses frères et ses sœurs. Elle s’était inscrite auConservatoire de Paris pour y suivre des cours de chant. Dès 1929 elle obtint des engage-ments pour des concerts classiques radio-diffusés, avec les concerts Lamoureux, àl’Opéra-comique, avec la chorale ALAKIAZ et la chorale SIPAN. Elle épousa en 1934 RobertLe Roy, brillant universitaire qui devint rapidement directeur Général d’une compagnied’assurances puis Président de l’assemblée plénière des sociétés d’assurances contrel’incendie puis de la bourse des incendies, il décéda en 1970 permettant à sa femme derecevoir une très importante retraite de reversion. Ils n’eurent pas d’enfants.

Lorsque son jeune frère Hrant mourut en 1986 elle demanda à Kegham Torossian son filleulqu’elle considérait comme son fils de l’aider dans les actes de la vie quotidienne. En octobre2000 elle établit son testament après approbation d’un projet qui répartissait ses avoirs aubénéfice d’associations arméniennes de bienfaisance. Le testament fut établi en faveur del’UGAB en tant que légataire universelle, chargée avec M. Torossian de répartir le legs entreAAAS, ACEA, groupe scolaire d’Alfortville, croix bleue des arméniens de France, l’UMAF, laFondation Nourhan Fringhian et l’Ecole Tbrotzassere qui choisit d’utiliser la somme pourconstruire une maternelle. Madame Le Roy Agabekian mourut en septembre 2001.

Elle aurait été certainement très heureuse de pouvoir assister à l’inauguration officiellede cette école, acte de foi arménien en réponse cinglante à tous les efforts prodigués pourannihiler le peuple arménien.

(d’après le discours de Kegham Torossian)

Inauguration de l’Ecole MaternelleLe Roy-Atabekian au Tbrotzassere du Raincy

Que faire de mieux en réponse à 1915 ?

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6Alakyaz — Janvier 2015

arménie

Fatih-Akin rend hommageaux victimes du génocide

Le réalisateur turco-allemand du film The Cut a visitérécemment en Arménie, le mémorial de Tzitzernakabert et lemusée du génocide, rendant hommage aux victimes de 1915.

Le tournage du film avait débuté en mars 2013 en Jor-danie, en Allemagne, à Cuba et à Malte ; il a coûté 15,5 mil-lions d’euros et il a été soutenu par la Commission d’Etatsur la coordination des événements relatifs au centenairedu génocide. Sept pays ont participé à la production, àsavoir l’Allemagne, la France, l’Italie, le Canada, la Pologne,la Turquie et la Russie. Le film sera visible en Arménie àpartir du 19 février.

(Armenpress)

Prends soin de toi mon fils,mantche’s de Serge Kutnerian

L’amour de Serge pour sesparents Hasmik et Zarmaïr et poursa medze mama paternelle transpa-raît tout au long de ce livre depresque 500 pages.

Les chapîtres du début du livresur Hasmik et Zarmaïr sont particu-lièrement intéressants et le père audestin hors-normes a tant voyagéavant de s’installer définitivement àBagneux (92) qu’il peut à lui seulêtre un personnage de roman.

Les lecteurs de la génération de Serge Kutnerian yretrouveront une grande partie de leur enfance avec ce« kourkourank* » familial, les plus jeunes y apprendront ceque leurs grands-parents et leurs parents ont vécu s’ilsétaient des éléments actifs de la communauté armé-nienne de France.

Il évoque avec nostalgie sa vie de quartier à Bagneuxavec tous les copains, les voisins, cette communautéimportante aujourd’hui effritée, ses années au collègeMekhitarian et ses professeurs prestigieux, il narre la créa-tion des ballets folkloriques Sossi par sa mère Hasmik, illoue la littérature arménienne.

Il fait partager ses joies, ses peines « ces jours-là »marqués par un évènement surprenant, sa bonne étoilequi lui a permis de devenir architecte dplg, de revenirvivant de la guerre d’Algérie, de voir ses parents heureuxde sa réussite.

Des listes de participants aux activités arméniennespeuvent sembler d’abord rébarbatives mais en fait per-mettront à certains de se souvenir d’amis qu’ils avaientpeut-être oubliés.

Des réflexions personnelles coupent le récit, considé-rations sur son expérience.

Ce livre de souvenirs écrit sur un ton vif, aux dialoguesprécis raconte des pages de la vie des Arméniens de Francesans pathos, Serge Kutnerian nous montre qu’il a uneexcellente mémoire et qu’il est heureux et reconnaissantde vivre en France.

Serge Kutnerian a déjà publié Le té d’or (1992) C’estjeune… et ça ne sait pas (2013) et va éditer un dictionnaireAsk-Les Francians (1875-2005) prochainement.

� A.T. M.

506 pages 22¤. Editions Jacques Flament

* « Attention constante et tendre »

lecture

Appel aux lecteurs !Beaucoup d’entre vous nous envoient des motsd’encouragement qui nous vont droit au cœur.Pour que nous puissions continuer à vous parlerde nos cultures, votre soutien financier nous estnécessaire.Pour votre plaisir et notre vitalité ! Merci.

Rédigez votre chèque (CERFA)à l’ordre du Cercle des Amis d’Alakyaz et l’adresser à

Madame J. Karayan (trésorière)2, chemin des postes – 93390 Clichy sous Bois

Soutien 25 €, donateur 40 €, bienfaiteur plus de 40 €…

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7Alakyaz — Janvier 2015

La dernière publication des éditions Sources d’Arménie,Les métamorphoses de Tigrane, (octobre, 2014), écrit parAlexandre Siranossian avec la collaboration de MaximeYevadian, apporte des informations précieuses pour ceuxqui s’intéressent à la présence arménienne dans le théâtreclassique et l’art lyrique. On peut y découvrir un répertoirede 646 titres parmi lesquels 63 œuvres dramatiques, majo-ritairement inconnues des spécialistes.

Notre présenterons celles dans lesquelles la matièrearménienne est significative et enrichit le patrimoinearménien.

LE THÉÂTRE

Les débutsLes auteurs de langues française, italienne et espa-

gnole, vont fortement s’intéresser à l’Arménie, pourtant,c’est dans la langue de W. Shakespeare que l’on trouve lapremière œuvre de notre sélection.

A King and no King1 (Un roi et aucun roi), tragi-comédiede Francis Beaumont et John Fletcher, a été créée à la courdu roi d’Angleterre en 1611 (la même année que La Tempêtede W. Shakespeare). Soucieux de démontrer que seules lespersonnes de sang royal peuvent avoir des sentimentsélevés et faire des choix dépassant les intérêts personnels,ces deux auteurs choisissent pour illustrer leur propos unroi d’Arménie imaginaire du nom de Tigrane.

En France Les tragédiens français se sont surtout intéressés à

deux périodes de l’histoire de l’Arménie  : celle desArtaxiades et celle des Arsacides. On retrouve dans leursœuvres les personnages de Tigrane II et Tigrane VI, TiridateIer, Radamiste et son épouse, la reine Zénobie. Les libret-tistes italiens s’en inspireront pour écrire quelques drammiper musica (drames pour musique), un art musicalnouveau, créé à Florence au début du XVIIe siècle.

Les tragédies ou tragi-comédies les plus significativessont : Arsace, (1630) de Claude Delidel ; Eurymedon ou l’il-lustre pirate (1637), de Desfontaines Nicolas Mary ; L’amourTyrannique (1640) de Georges de Scudéry; Le triomphe descinq passions (1642) de Gillet de la Tessonnerie ; Polyeucte(1643) et Nicomède (1652) de Pierre Corneille; Antiochus(1666) de Thomas Corneille; Zénobie reyne d’Arménie(1653) de Pousset de Montauban; Rhadamiste et Zénobie,(1711) de Prosper de Crébillon et Stratonice (1756) ; Les Arsa-cides, (1775) de Perrauld de Beaussol et, beaucoup plus tar-divement, Tigrane ou les fils de Mithridate (1858), de PierreJean Baptiste Dalban. On y trouve deux célèbres comédies :L’étourdi ou les contretemps (1653)  de Jean-BaptisteMolière, et, la même année, Don Japhet d’Arménie de PaulScarron.

Deux citations de Corneille et Molière sont entrées

dans la postérité: dans Nicomède de Corneille: (acte V,scène 6), Laodice reine d’Arménie, s’adressant à Arsinoé :Je ne veux point régner sur votre Bithynie  « Ouvrez moiseulement les chemins d’Arménie »; L’étourdi de Molière :(acte IV) : « Mais les Arméniens ont tous par habitude,certain vice de langue à nous autres fort rude : c’est quedans tous les mots ils changent nis en rin, et pour direTunis, ils prononcent Turin. »

Contre toute attente, c’est la tragédie de Crébillon,auteur oublié, qui obtient avec Rhadamiste et Zénobie lesuccès le plus considérable. Cette œuvre reste la plus jouéede l’histoire du théâtre français jusqu’à la révolution de1789.

ItalieDans les États Italiens le théâtre aurait certainement

occupé une place très importante si la naissance de l’artlyrique n’avait détourné les vocations littéraires vers l’écri-ture de textes destinés à être mis en musique et pour les-quels la demande était très forte, particulièrement àVenise.

Parmi la trentaine d’œuvres sélectionnées, certainessont écrites à partir de sujets historiques ou religieux :Zenobia regina d’Armenia (Zénobie reine d’Arménie) deGiovanni Antonio Ansaldo (1626); Polietto (Polyeucte) deGirolamo Bartolommei (1632), une oeuvre qui devance dedix années la tragédie de Pierre Corneille. Tiridate ossia iltrionfo della religione in Armenia (Tiridate ou le triomphede la religion en Arménie), comédie de Giuseppe MariaSalvi, (m. XVIIIe) met en scène l’histoire de la conversion del’Arménie. Parmi les personnages, certains, comme TiridateIII, roi d’Arménie, Grégoire, Premier Ministre, ou Gayanehet Hripsimé sont des saints vénérés par le peuple armé-nien.

D’autres oeuvres concernent l’empereur Néron: IlNerone de Biancolelli Niccolo, (1666) et Il Nerone ossian lesmanie amorose di barbaro dominante (Néron ou les Foliesamoureuses du barbare dominateur), de Leva Don Fer-

L’épopée arméniennedans le théâtre et l’art lyrique (1/2)

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8Alakyaz - février 2015

nando, (1675) associant Néron au roi d’Arménie Tiridate Ier.Une troisième, Nerone dichiarato Cesare (Néron déclaréCésar) (1702), mélodrame anonyme, réunit l’empereur àTigrane (VI) roi d’Arménie.

Notons uneœuvre très origi-nale: La Reginastatista d’Inghil-terra et il conte diEsex (La reine Sta-tista d’Angleterreet le comted’Essex), de Bian-colelli Nicolo,(1674). L’auteurs’inspire d’un faithistorique : laliaison amou-reuse d’ElisabethI, reine d’Angle-terre, et du comted’Essex. Le texteest particulière-ment intéressanten raison de l’évo-cation du déguisement du marquis de Roccaforte en négo-ciant arménien de bijoux, or et pierres précieuses.

Si Carlo Goldoni occupe une place prépondérante dansnotre sélection, c’est qu’il a bien connu les Arméniens deVenise. La famiglia dell’antiquario ossia La suocera e lanuora, (La famille de l’antiquaire ou la belle-mère et la bru)(1649), contient une scène dans laquelle les personnages

font semblant de parler arménien ; I pettegolezzi delledonne, (1751), permet à Goldoni de faire référence à un vieilArménien, vendeur de « bagigi » (amuse-gueules) sur laplace Saint Marc.  Dans La sposa Persiana, (L’Épousepersane) (1753), les deuxième et troisième volets de latragi-comédie se déroulent dans la ville de Djoulfa (Perse).L’auteur y met en scène des marchands arméniens origi-naires de cette ville, qu’il pouvait croiser à Venise.

EspagneLes deux comédies sélectionnées retracent les débuts

du christianisme en Arménie. La première, San Bartolomeen Armenia de Don Christoval de Monroy y Silva(1649), met en scène le martyre de l’apôtre St Barthélemy,quant à la seconde Daniel de Ley de Gracia y Nabuco de laArmenia (Daniel par la grâce de Dieu et Nabucco d’Ar-ménie) de Anorbe y Corregel Tomas, (1733), elle raconte laconversion du roi Tiridate III. Le scénario met en scène desfigures sacrées de l’Église arménienne comme le roi Tiri-date, Saint Grégoire l’illuminateur, Sainte Gayaneh etSainte Hripsimée!

Il reste probablement dans l’Europe moderne quelquestragédies ou comédies à localiser, surtout en Europe dunord et au Portugal, où nous nous sommes peu aventurésdans le cadre de nos recherches. Nous invitons donc lesjeunes chercheurs à prendre la relève comme nous l’avonsfait…

� Alexandre Siranossian

1. Les métamorphoses de Tigrane, 2014, vol 1, pages 248-251.

2015

Union Culturelle Françaisedes Arméniens de France

UCFAF

1915-2015Nous n’oublieronsjamais

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LE CALENDRIER2015

DE L’UCFAFest paru.

ENVOI PAR LA POSTE 1 ex. : 13 €

2 ex. : 24 €3 ex. : 34 €

Chèque à l’ordre de l’UCFAF,6 cité du Wauxhall

75010 Paris

W.A. Bouguereau (1825-1905) Zénobie retrouvéepar les bergers sur les bords de l'Araxe, huiles/toile 1850. Paris ENS des Beaux-Arts

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Du 18 au 26 janvier, la culturearménienne était à l’honneur àl’église Saint Merry, à Paris. Le col-lectif « Souffle » qui organise desévénements culturels et des spec-tacles en mettant l’accent sur lajeune création et la rencontre descultures, était le maître d’œuvrede ces journées. Durant unesemaine, concerts, expositions,cinéma, danse, conférences sesont succédé, offrant au public lesmultiples facettes de la créationartistique des Arméniens.

L’exposition collective a réuni

les œuvres des peintres et dessculpteurs Vatché Demirdjian,DibaSar, Laurent Nissou, ChristineAgopian et Claude Bellanger, desphotographies de Florent Koland-jian, Hopig Khatchadourian, JeanBernard Barsamian et Sharis ainsique des œuvres d’inspiration mys-tique d’Achot Achot, spécialementcrées pour le lieu. Un public venud’horizons variés assistait au ver-nissage et aux spectacles ou pro-jections qui ont suivi. La musiqueétait bien représentée, avec l’en-semble de chants liturgiques Akn,

mais aussi la musique classique àtravers les Miniatures du PèreKomitas interprétées par lequatuor Naïri, les chants armé-niens d’Anatolie ou le folklore tra-ditionnel de Papiers d’Arménie. Lavaillance des chanteurs et musi-ciens et la chaleur de leurs inter-prétations ont réussi à réchaufferla température glacée de l’église.Une soirée était consacrée aucinéma avec la projection deChienne d’histoire, un court-métrage de Serge Avédikian et unciné-concert de Hraïr Hratchian aududuk enrichi de bandes-sons auxatmosphères étranges et de filmstournés en super8. Un cycle deconférences a permis de fairedécouvrir l’Art des Khatchkars(M. Basmadjian et H. Khatchadou-rian), les aspects peu connus del’art arménien (D. Kouymdjian) oules arts plastiques arménienscontemporains. Des ateliers dedanses traditionnelles ou de chantmodal étaient également pro-posés. Un programmation richequi donnait envie de revenir…

� Anahid Samikyan

Cultures arméniennes Eglise Saint-Merry

Auteurs, éditeurs, veuillez envoyervos livres à

Anahid SamikyanCercle des amis d’Alakyaz

19 rue du Chalet-75010 Paris, merci.

Pour les évènementset manifestations culturels,

[email protected]

Papiers d’Arménie

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10Alakyaz - février 2015

Voir, Revoir… lorsqu’il s’agit de films riches on ne peutqu’en être heureux.

Quelle belle idée d’avoir organisé ces quelques joursprécieux du 2 au 6 février pour connaître deux cinéastesSerge Avédikian et Artavazd Pelechian et leurs films et ce,sur la scène nationale du Toboggan de Décines, à l’Univer-sité Lyon 2, à l’Institut Lumière et à l’Ecole Normale Supé-rieure de Lyon.

Le public, curieux, avide, d’étudiants et de cinéphiles aassisté en nombre aux projections et échanges.

Il a d’abord découvert les courts métrages de Pelechianle 2 février à l’ENS et le 3 à l’Université, puis Le scandaleParadjanov au Toboggan de Décines le 3 février à 20h30 —avec les éclaircissements de l’un de ses réalisateurs SergeAvédikian (voir Alakyaz n° 26)- film qui a ravi les specta-teurs entousiastes de Décines, de Lyon et des environs.

Les saisons le film culte d’Artavazd Pelechian en pré-sence du cinéaste, a été une soirée de rêve le 4, à l’InstitutLumière de Lyon, cœur du cinéma, quifête ses 120 ans d’existence. Une soiréecomme on en vit peu, un public jeune,ardent, intéressé, un entretien pendantlequel Pelechian a répondu patiemment,contrariant sa réputation de personnepeu bavarde. Grâce aux traductionssimultanées de Serge Avédikian qui leconnaît bien et de Roxana Amirkhanianle dialogue a pu s’établir. M. Pelechianétait accompagné de son épouse Aida,monteuse de ses films, ce qui n’est pasdans ce cinéma le moindre travail ! (voirphoto p. 11)

A l’Institut Lumière donc ArtavazdPelechian a été accueilli avec les hon-neurs, comme cinéaste d’envergure par lepublic et Thierry Fremaux directeur del’Institut. M. Pelechian semblait ému

d’être au centre du cinéma français voire international« C’est un grand honneur d’être là pour un film tourné 40ans auparavant, peut-être a-t-il vieilli, il n’a pas de dia-logue, pas de mots, je vous souhaite patience, je remercieles organisateurs et Thierry Fremaux. »

LES SAISONS ce film en noir et blanc plein de joies,d’âpreté, de combats, de beauté où se déroulent les saisonspour les bergers et leurs moutons, pour les récoltes, pourles paysans d’Arménie dans les années 1970, quelle poésiedans les mouvements des nuages, les saisons de la vie del’enfant à la grand-mère, la lumière et l’obscurité, le tunnelet le grand soleil, les mugissements des bovins, le bruitassourdissant de l’eau, une sorte de tension s’installe, lecamion tombe en panne, la pluie s’en mêle, les images dedépart reviennent, la boucle est bouclée.

Applaudissements.

Les questions du public : Est-ce qu’un film comme celui-ci pourrait se faire aujourd’hui ?

Péléchian dit qu’il savait qu’on ne ferait plus jamais depareil film. « Ce que j’ai filmé est basique, naturel, les hérosne sont pas les hommes mais les saisons de l’année qui lespoussent à vivre et à travailler. L’homme ne décide pas, ilessaie d’être en harmonie. L’idée du film m’est venue 60ans auparavant, il est tourné en 35 mm avec une petiteéquipe compacte. »

Pourquoi en noir et blanc ? « Dans le noir et blanc il y ades couleurs et j’ai choisi ces couleurs-là. » Pourquoi 30minutes ? « J’ai trouvé cette durée juste mais je ne pensepas que cette méthode ne corresponde qu’à des films de30 mn, on peut faire des longs métrages. Pendant le tour-nage il s’est passé quelque chose de mystérieux puisque 3opérateurs différents avec des caméras différentes ontfilmé les gens qui grimpaient et cela se passe un jour très

Le cinéma arménienà l’honneur en Rhône-Alpes

MM. Pelechian et AvédikianTA

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précis, ensuite il faut attendre un an pour avoir la mêmescène, donc ces trois opérateurs, avec trois caméras diffé-rentes et trois pellicules différentes ont tourné quelquechose qui n’était pas valable et on a dû attendre un an pourretrouver la même scène et de ce fait le film est pluscourt. » Beaucoup d’heures de montage ? « Ce qui a ététourné a été utilisé. » Est-ce le montage dans le cinémasoviétique ? « Cela ne se situe pas dans le montage sovié-tique, j’ai étudié à l’Institut de cinéma de Moscou, on aappris jusqu’à présent que le montage lie deux plansvoisins qui s’unissent, mais j’ai refusé ce principe, pour moiil ne fallait pas lier ces deux plans mais les éloigner l’un del’autre : c’est le montage à distance. Le montage à distancen’a pas besoin de mots, il crée le vocabulaire, il ne s’agit pasde mots comme nous le disons mais il y a un vocabulaire,il y a autant de mots que de spectateurs, chacun a sesmots. »

Le public pose ses questions  et en même tempsremercie pour l’émotion ressentie.

Votre caméra traque le mouvement qui est dansl’image ? « Le cameraman tient la caméra, moi j’attrape lecameraman et nous bougeons tous les trois. » Il y a troisphrases dans le film… d’où viennent-elles ? « De la tête.Mais ce ne sont pas mes mots, même si je les ai écrits. »

Les retirer ? « Non ces mots avaient une fonction, ils chan-gent l’orbite du film. »

Est-ce la vie de l’arménien dans toute son histoire ?« Pour moi c’est un grand symbole ». Comment a été reçuvotre film ? « Il a été bien accueilli là où j’étais, en 1990 ilest passé dans les festivals internationaux j’ai senti qu’onm’avait découvert. L’art surtout le cinéma n’est pas lareproduction de la nature, c’est le processus de la libérationde soi-même. J’ai dépassé l’âge de me réjouir. Ce qui a del’importance je suis en même temps le censeur, le contrôlesur le film. »

Est-ce que le film m’échappe ? « il ne m’échappe pas,j’ai monté le début et la fin et je les ai rapprochés ducentre. Le thème est très important, si on va au fond lasource se trouve dans la musique et les sons. Puisqu’on a3 fois le même son, pourquoi ne pas avoir 3 fois la mêmeimage. Un professeur m’a dit ‘ tu as oublié de retirer leschoses en double dans ton film. Tes films vont vivre pluslongtemps que ceux d’Eisenstein car ils ont beaucoup d’er-reurs. » Mes influences ? « avec le temps les choix des films

changent : Eisenstein, Chaplin, le cinéma italien Fellini, lecinéma français Resnais, maintenant je trouve d’autresfilms géniaux Le Don paisible de Guerassimov, Le parrainde Coppola.. » Vous avez arrêté de faire des films ? « j’ai vutous les films que j’ai écrits mais ils ne sont pas faits. »

Ensuite nous avons été priés d’aller dans la rue : ce futle dévoilement de la plaque au nom d’Artavazd Pelechiansur Le mur des cinéastes, un grand moment d’émotion etde chaleur dans la froidure de Lyon.

Le lendemain soir, après la master class d’Artavazd Pele-chian du matin, retour à l’espace du Toboggan, cette foispour voir un autre film de Pelechian Notre siècle présentépar Rémi Fontanel et Dario Marchiori. A la suite de la pro-jection le public un peu perdu a proposé différentes inter-prétations du film qui utilise le montage à distance avecle départ de fusées russes ou américaines, l’homme qui sedépasse et qui est dépassé par la technique, la confusionde la réussite ou de l’échec, les collisions brutales sur desmusiques burlesques, et la boucle bouclée par le batte-ment d’un cœur.

Enfin le vendredi 6 à 18 heures, après la master class deSerge Avédikian du matin, carte blanche était donnée auxdeux cinéastes et le public cette fois à l’ENS de Lyon a pudécouvrir trois courts de Paradjanov, trois suites d’imagespréparatoires à trois films : Hovnatanian préparant à SayatNova, Arabesques préparant à La Forteresse de Souram,Fresques de Kiev, film inachevé.

Si les spectateurs ont vu les films cités plusieurs fois ilsont pu retrouver les correspondances et saisir en partiecomment Paradjanov préparait chaque film avec uneextrême rigueur et minutie.

Que de leçons de cinéma aux étudiants ! Que d’inter-rogations et de chemins à prendre !

Après les nourritures spirituelles, Armelys a fourni desnourritures subtiles à nos palais.

Alakyaz félicite les organisateurs de ces somptueuxjours de cinéma pour lesquels le Centre National de laMémoire Arménienne de Décines s’est beaucoup investi –merci Katia et Daniel – avec les lieux cités plus haut, lesoutien de la ville de Lyon, Fineco, CCAF en résonance avecle festival DOC en courts.

A l’année prochaine avec grand plaisir.

A.T. M.

TAK

TAK

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12Alakyaz — Janvier 2015

Manifestations culturelles février 2015Cueillies par l’équipe d’Alakyaz

PARIS ILE-DE-FRANCE

THEATRE DANSE

� Dimanche 16 mars – 17h et Lundi 17 mars20h30 – Mihran Tomassyan – péniche Anako,face au 61 quai de Seine, 75019 Paris, métrosStalingrad ou Jaurès.

COMMEMORATIONS

� Vendredi 20 février – 20h- projection dufilm FAIRE QUELQUE CHOSE de VincentGoubet en hommage au Groupe Manou-chian. Une rencontre des derniers résistantsfrançais qui ont combattu le nazisme. Dédi-cace du livre ‘Rester debout, la résistance vuepar ses acteurs d’Yves Blondeau, conseillerhistorique du film. Soirée organisée parl’UCFAF 6 cité du Wauxhall 75010 Paris- métroRépublique. Entrée libre.� Samedi 21 février – 11h30- Rendez-vous11 rue de Plaisance 75014 Paris pour commé-morer l’Affiche rouge au dernier domicile deMissak Manouchian.� Samedi 21 février – 11 h – Commémorationà Montreuil devant la sculpture de Manou-chian (voir info p. 14)� Samedi 21 février – 15h – Hommage ausacrifice du Groupe Manouchian 71e anniver-saire organisé par la section du Parti Commu-niste d’Arnouville devant la stèle # rue JeanJaurès et Missak Manouchian Arnouville.� Dimanche 22 février-10h30- Hommage augroupe Manouchian au Cimetière d’Ivry

VENTE AUX ENCHERES organisée par l’UMAF

� Samedi 7 mars – HOTEL DROUOT 9 rueDrouot 75009 Paris, œuvres d’art : tableaux,photographies… Pour l’aide médicale auxpopulations martyrisées Arméniens de Syrie,chrétiens et Yesidés d’Irak . Pour vos dons etobjets : tél. 0171203143 ou [email protected] des oeuvres le vendredi 6 mars.

EXPOSITIONS

� Février – Exposition au Mémorial de laShoah par Claire Mouradian et HaroutiounKevorkian.� Jusqu’au 28 février – Photographies NetBet couleurs de Roger Kasparian, archives iné-dites d’un photographe des sixties. GalerieStardust-19 rue Notre-Dame de Nazareth –75003 Paris.� Jusqu’au 2 mars – Dikran Daderian –œuvres de 1950 à 1970 – Cour 16- 16 rue de laGrange Batelière – Paris. Lu-Ve 11h-13h 14h-18h.� Jusqu’au 5 avril – La collaboration 1940-1945 – Archives Nationales – Hotel de Soubise60 rue des Francs Bourgeois – 75003 Paris,métros Hotel de Ville, Saint-Paul ou Rambu-teau. Ts les jours sf mardi de 10h à 17h30.Exposition extrêmement intéressante avecun espace dédié au groupe Manouchianentre autres. A voir absolument.� Jusqu’au 5 avril – La santé au Moyen-Age –

Tour Jean sans peur – 20 rue Etienne Marcel– Paris 2e – du mercredi au dimanche de 13h30à 18 h. Médecines douces et moins douces !

LYON – RHONE ALPES

CONFERENCES

� Mardi 24 février – 19h – Histoire de l’Ar-ménie au XXe siècle conférence de ClaudeMutafian, docteur en histoire, organisée parl’APECLE. Mairie du 3e art de Lyon, salleEugène Brouillard 215 rue Duguesclin. Entréelibre, cocktail.

EXPOSITIONS

� Jusqu’au 28 février – Les génocides du XXe

siècle. CNMA rue du 24 avril Décines.� Du 4 mars au 28 mars – L’exceptionneldestin de Napoléon Bullukian – CNMADécines.� Du 5 mars au 16 mai – ALEP 1915 témoi-gnages. CNMA – rue du 24 avril – Décines.� Du 6 mars au 24 mai – Fantômes d’Anatolieet Avant la nuit – Inauguration le jeudi 5 marsà 18h30 – Centre du Patrimoine arménien –14 rue Louis Gallet – 26000 Valence

COMMEMORATIONS

� Samedi 21 février – 10h30 – Hommage aux23 résistants FTP-MOI du groupe Manouchian– Square Manouchian # avenues Garibaldi etRoger Salengro 69518 Vaulx en Velin ,hommage rendu par la municipalité et lecomité du monument Manouchian.

THEATRE MUSICAl

� Samedi 21 février, 20h30 et dimanche 22février 15h. Menelas Rebétiko Rapsodie avecSimon Abkarian, Grégoris Vasilas et GiannisEvangelou. 25 €, tarif réduit 22 € et 14 €. LeToboggan, Décines.

CINéMA

� Jeudi 19 février, 20h. The Cut de Fatih Akin.Rencontre avec Simon Abkarian, cinémaToboggan à Décines.� Samedi 21, 17h30. Le procès VivianeAmsalem présenté par Simon Abkarian. 6 €,tarif réduit 5,50 €

MARSEILLE – PACA

MEMOIRE ARMENIENNESPORT ET MEMOIRE

� Au printemps 2015 à l’occasion du 100e

anniversaire du génocide COURIR POUR LAMEMOIRE envisage « 1915-2015 l’Everest de laMémoire ». Ara Khatchadourian va par l’as-cension de l’Everest délivrer un message depaix et de mémoire au monde. Abriss !

CONFERENCE

� Vendredi 20 février – Du génocide à la

Résistance organisée par les Anciens Combat-tants- Marseille� Lundi 16 mars – 14h30 – Le génocide desArméniens, conférence de M. J.F. Principianoau Casino de Hyères, organisée par Abris’sClub de Toulon.

COMMEMORATION

� Samedi 21 février, 10h – Commémorationdu groupe Manouchian. Square MissakManouchian, bd Charles Livon, Marseille 7e.11h30. Vin d’honneur au Centre culturel de laJAF.

Assemblée générale

� Samedi 21 février – 10 h – Assemblée géné-rale annuelle de l’ABRIS’S CLUB. Accueil9h30 Restaurant les Régates quai des sous-mariniers-port de plaisance – Toulon- InvitésRoger Murena qui présentera Jean Aicardarménophile toulonnais et le professeurRobert Dermerguerian qui dédicacera sondernier ouvrage : les 12 piliers de l’identitéarménienne.Déjeuner sur réservation : 06 83 19 58 70

UCFAF BOURGOGNE� Vendredi 13 mars, 19h30. Projection du filmLes FTP-MOI dans la Résistance en présencedes réalisateurs. Exposition.Débat suivi d’un buffet arménien. Salle desFêtes de Menou 58210. Tél. 03 86 39 83 99.

lIVRES PARUS Parce qu’ils sont Arméniens de Pinar Selek

ARTIClES ET REVUESLe journal La Croix a fait paraître trois articlesles 27, 28 et 29 janvier 2015 par Pierre Yves LePriol.La revue Histoire et son numéro de février surl’Arménie

Le dernier numéro du journal de la LICRA

N° 27 – Février 2015

MeNsueldes cultures arMéNieNNes

collectif de rédaction :M. Haladjian • alice t. Maviana. samikyan • a. siranossian

réalisation :Jean-luc Hinsinger

tous droits de reproduction réservés.

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13Alakyaz - février 2015

Réservation : 01 40 28 28 40 - chatelet-theatre.com

www.awo2015.com

Mardi21 avril 2015 à 20h

Théâtre duChâtelet1 Place du Châtelet75001 PARIS

A. KHATCHATURIAN Mascarade (Suite de la musique du drame de Lermontov, « Mascarade »)

M. PETROSSIANŒuvre symphonique avec solistes (piano,violon, violoncelle), chœur et orchestre -en création mondiale

R.P. KOMITASPièce traditionnelle arménienne

W. A. MOZART Requiem KV 626 en ré mineur

2015 marque une année symbolique forte pour l'Arménie et les Arménienspuisqu’ils honorent la mémoire des victimes du génocide du peuple arméniende 1915, perpétré par le gouvernement Jeune-Turc de l’Empire ottoman. A l’occasion de ce centenaire, l’UGAB France réunit l’Armenian WorldOrchestra composé de 50 musiciens venus du monde entier et issus des plusgrands orchestres nationaux et internationaux.

ARMENIAN WORLD ORCHESTRA - CORO GULBENKIAN HASMIK PAPIAN - NORA GUBISCH - LIPARIT AVETISYAN - TIGRAN MARTIROSSIANVAHAN MARDIROSSIAN - JEAN-MARC PHILLIPS-VARJABÉDIAN - XAVIER PHILLIPS

Direction Alain Altinoglu

Mécénat principal de Michèle et Sarkis Bédoian, Grand Mécène.Mécènes bienfaiteurs : Joseph & Jenny Oughourlian, Cepovett, Fondation Bullukian, Web-Isi.

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Avec le soutien de la

CONCERT ORGANISÉ GRÂCE AU MÉCÉNAT PRINCIPAL DE MICHÈLE ET SARKIS BÉDOIAN À L’OCCASION DU 100E ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN PERPÉTRÉ

PAR LE GOUVERNEMENT JEUNES-TURCS EN 1915

DirectionAlain Altinoglu

ARMENIAN WORLDORCHESTRA

CORO GULBENKIAN

Théâtre du Châtelet

Mardi21 avril 2015à 20h

Tél. : 01 40 28 28 40

Sous le Haut Patronage de Monsieur François HOLLANDE

Président de la République française

Sous le Haut Patronage de Monsieur Serge SARKISSIAN

Président de la République d’Arménie

L’UNION GÉNÉRALE ARMÉNIENNE DE BIENFAISANCE FRANCE PRÉSENTE

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L’UCFAF et la JAFvous invitent

��$�(�� ��� �-+( �(������������Projection du film

�� (��'*�"'*����%)�Documentaire de 1h20

Réalisateur Vincent GoubetConseiller historique Yves Blondeau

Ce film va à la rencontre des derniers résistants françaisde la Seconde Guerre mondiale, l’auteur recueille laparole de ces nonagénaires qui nous saisissent par leurvivacité d’esprit et la force intacte de leur espérance. Lefilm est le récit de leurs histoires et des valeurs qui les ontportés dans le combat contre le nazisme.

Suivie d’un débat avec Yves BLONDEAUDocteur en histoire - Secrétaire Général de l’ADVR Association de Défensedes Valeurs de la Résistance

Yves BLONDEAU dédicacera son livre « Rester debout, la résistance vue par ses acteurs » Ed. Tirésias

UCFAF 6, cité du Wauxhall 75010 PARIS - M° République • ENTRÉE LIBRE

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A 15h salle PIC en mairie de Montreuil place Jean Jaurèsvernissage de l’exposition «« Ces étrangers et nos frères pourtant »,,suivi à 15h30 d’une évocation avec lecture d’extraits d’interviews derésistants et accompagnement musical avec chants par La Compagniede l’Arbre Sec..

Métro Mairie de Montreuil • ENTRÉE LIBRE

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