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LES TEMPS FORTS DE LHISTOIRE ISL@MIQUE Ch[pitr_ 7 & 8 ÉCRIT PAR UN GROUPE DENSEIGN@NTS DE L’UNIVERSITE IM@M S@UD @ RIY@DH TRADUIT ET ADAPTE PAR C UM@R @BU C @BDILL@H @L-M@GHRIBI REVU ET CORRIGE PAR L’EQUIPE ISL@MHOUSE PUBLIE PAR L_ \ur_[u ^_ prê]h_ ^_ R[\w[h (Riy[^h) www.islamhouse.com L’islam à la portée de tous !

LES TEMPS FORTS DE L'HISTOIRE ISLAMIQUE CHAPITRE 7-8 · 2000. 3. 26. · LES TEMPS FORTS DE L’HISTOIRE ISL@MIQUE Ch[pitr_ 7 & 8 ÉCRIT PAR UN GROUPE D’ENSEIGN@NTS DE L’UNIVERSITE

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LES TEMPS FORTS DE

L’HISTOIRE ISL@MIQUE

Ch[pitr_ 7 & 8

ÉCRIT PAR

UN GROUPE D’ENSEIGN@NTS DE L’UNIVERSITE IM@M S@UD @ RIY@DH

TRADUIT ET ADAPTE PAR CUM@R @BU C@BDILL@H @L-M@GHRIBI

REVU ET CORRIGE PAR

L’EQUIPE ISL@MHOUSE

PUBLIE PAR

L_ \ur_[u ^_ prê]h_ ^_ R[\w[h (Riy[^h)   

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1ère édition, 2014/1435

© Tous droits de reproduction réservés, sauf pour distribution gratuite sans rien modifier du texte. Les opinions du livre sont celles de leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles du site ou du traducteur.

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@U NOM D’@LL@H, L’INFINIMENT

MISERICORDIEUX, LE TRES MISERICORDIEUX

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Ch[pitr_ 7-8 : D_ l’émigr[tion v_rs l’@\yssini_

à ]_ll_ v_rs Mé^in_

LA PREMIERE VAGUE D’EMIGRATION VERS 

L’ABYSSINIE 

[les diverses mesures visant à stopper la prédication islamique n’ayant pas fonctionné], la cruauté des Qurayshites s’intensifia jusqu’à atteindre un niveau insupportable pour les musulmans. Voyant ce que ses compagnons subissaient comme épreuve, et n’étant pas en mesure de les protéger, le prophète () leur suggéra de quitter le territoire pour se rendre en Abyssinie, et y demander l’asile chez son roi, le Négus, qui protégeait les faibles et n’opprimait personne, en attendant qu’Allah apporte un soulagement et une échappatoire à leur situation.

Cinq années après le début de la prophétie, onze hommes et quatre femmes parmi lesquels cUthmân

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Ibn cAffân, sa femme Ruqayyah : une des filles du messager () d’Allah, cAbdurrahmân Ibn cAwf, cUthmân Ibn Mazhcûn, Az-Zubayr Ibn Al-cAwwâm et cAbdullah Ibn Mascûd, émigrèrent en Abyssinie. Ils se faufilèrent secrètement hors de La Mecque, gagnèrent la Mer Rouge puis embarquèrent sur un bateau qui les mena à destination. Cependant, ils ne resteront là-bas que quelques mois. En effet, quand vint à leurs oreilles que les musulmans restés à La Mecque s’y étaient renforcés et demeuraient désormais en sécurité, renforcés par les conversions de Hamzah Ibn cAbdil_Muttalib et de cUmar Ibn Al-Khattâb, ils prirent la décision de rentrer chez eux.

LA  CONVERSION  DE  HAMZAH  IBN CABDIL_MUTTALIB 

Nous avons vu précédemment que la première émigration musulmane eut lieu vers l’Abyssinie en l’an 5 après la prophétie et que peu après, d’importantes personnalités mecquoises telles Hamzah Ibn cAbdil_Muttalib et cUmar Ibn Al-

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Khattâb se convertirent à l’Islam. La conversion de ces deux grandes figures de Quraysh viendra renforcer la prédication islamique et sera d’un grand soutien pour le messager et les musulmans.

La cause directe de la conversion de Hamzah est qu’un jour, on vint l’informer qu’Abû Jahl avait insulté le prophète () et lui avait tenu des propos forts désobligeants. Apprenant cela, Hamzah, qui aimait énormément son neveu, fut pris d’une grande colère et partit sur-le-champ à la rencontre d’Abû Jahl, qu’il trouva assis avec un groupe de qurayshites près de la Kacbah. Il se rua vers lui et l’interpella de la sorte : « Comment oses-tu insulter Muhammad alors que moi-même je suis sur sa religion ? » Il le frappa ensuite avec son arc le blessant grièvement et le défia de recommencer cela.

Voici donc en résumé la genèse de la conversion de Hamzah. Ce dernier fera ensuite une promesse au messager () : de le secourir et de se sacrifier dans le sentier d’Allah. Promesse tenue, Hamzah tombera effectivement en martyr à la bataille d’Uhud.

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LA  CONVERSION  DE  CUMAR  IBN  AL‐KHATTAB 

cUmar Ibn Al-Khattâb, quant à lui, fut dans les tous premiers temps de la prédication islamique l’un des pires ennemis de l’Islam et des musulmans. Un jour, il entreprit même d’aller tuer le prophète () mais Allah ouvrira son cœur à l’Islam. Un jour qu’il prit son épée et sortit mettre son projet à exécution, il tomba en chemin sur l’un de ses compagnons. Ayant appris son intention, ce dernier lui fit comprendre qu’il valait peut-être mieux qu’il commence par sa propre sœur Fâtimah qui, avec son mari Sacîd Ibn Zayd, s’était convertie et avait suivi Muhammad ().

En entendant cela, le sang de cUmar ne fit qu’un tour et il se prit de colère envers sa sœur et son mari. Il alla de ce pas chez eux leur demander des comptes, il frappa d’abord Sacîd puis sa sœur allant même jusqu’à faire saigner son visage. Mais en un instant, son attitude s’inversa. [Voyant le sang couler sur le visage de sa sœur, il fut pris de remords et sa colère le quitta peu à peu]. Il aperçut

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ensuite une feuille que Khabbâb Ibn Al-Aratt lisait, voulut s’en emparer, mais ils lui demandèrent de se purifier avant. cUmar s’exécuta puis il écouta quelques versets de la sourate Tâ-Hâ. À ce moment, un changement bouleversant se produisit dans la vie de cUmar. Il décida d’aller chez le prophète (), mais cette fois non plus pour le tuer, mais pour se convertir. Il se rendit donc à l’endroit où se trouvaient le prophète () et ses compagnons et proclama sa conversion à l’Islam. Tout comme celle de Hamzah, la conversion de cUmar viendra comme un secours à la prédication islamique.

LA SECONDE VAGUE D’EMIGRATION VERS 

L’ABYSSINIE 

Les persécutions des Qurayshites gagneront en brutalité et les actes se feront d’autant plus fréquents. Un an après le premier flux d’émigration en Abyssinie, beaucoup de ceux qui étaient partis là-bas la première fois songèrent à y

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retourner. De plus, d’autres désiraient désormais les y accompagner.

Au final, quatre-vingt-trois hommes et onze femmes prirent cette fois le chemin de l’exil. Arrivés à bon port, ils s’installèrent ce coup-ci durablement et ne quitteront d’ailleurs l’Abyssinie qu’après que les musulmans de La Mecque auront émigré à Médine.

Quraysh, de son côté, fut gagnée d’inquiétude par l’exode de ce grand nombre de musulmans en Abyssinie, et redouta les conséquences fâcheuses que ce phénomène risquait d’avoir. Elle envoya alors deux émissaires, cAmr Ibn Al-cÂs et cAbdullah Ibn Rabîcah, munis de précieux présents destinés au Négus ainsi qu’aux dignitaires de sa cour, réclamer que les musulmans exilés chez lui, leur soient rendus. Mais lorsque le Négus apprendra les mensonges de Quraysh à l’encontre des musulmans et la véracité du message du prophète () et le fait qu’il est bel et bien un prophète envoyé par Allah, il rejettera la requête des Mecquois.

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LE  DIALOGUE  ENTRE  LE  NEGUS  ET JAcFAR IBN ABI TALIB 

Nous avons également vu précédemment que Quraysh avait dépêché deux émissaires, cAmr Ibn Al-cÂs, et cAbdullah Ibn Abî Rabîcah, chez le Négus dans le but de le convaincre de renoncer à la protection des musulmans exilés et refugiés chez lui afin que ces derniers puissent être rapatriés à La Mecque où persécutions et supplices les attendaient. Les deux Qurayshites offrirent des présents au Négus ainsi qu’à à sa cour, puis lui dirent :

- « Ô roi, de jeunes imbéciles qui ont abandonné la religion de leur peuple sans pour autant adopter la tienne sont venus chez toi. Ils sont venus avec une religion qu’ils ont inventée, et que ni toi ni nous ne connaissons. » Et ils prièrent le Négus de les expulser.

- « Je ne les expulserai pas avant de les avoir entendus » répliqua le Négus.

Il fit donc venir les émigrés et les questionna sur cette religion qu’ils avaient adoptée. Jacfar Ibn Abî Tâlib, qui parlait leur langue, prit la parole :

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- « Ô roi » dit-il, « Nous étions un peuple ignorant, nous adorions des statues, mangions la charogne, pratiquions la turpitude, rompions les liens de parenté, nous nous comportions mal avec le voisin et le fort parmi nous mangeait le faible. Nous étions dans cette état jusqu’à ce qu’Allah nous envoie un messager issu des nôtres dont nous connaissons la lignée ainsi que la véracité, la loyauté et la chasteté. Il nous appela à Allah, à L’unifier et à L’adorer, de même qu’à délaisser les pierres et les idoles que nous et nos ancêtres avions coutume d’adorer en dehors de Lui. Il nous commanda de parler vrai, de tenir ses responsabilités, de préserver les liens de parenté, d’être bon avec le voisin et de délaisser les péchés ainsi que le meurtre. Il nous interdit la turpitude ainsi que le faux témoignage, de manger les biens des orphelins, de calomnier les femmes chastes et nous ordonna d’adorer Allah et de ne rien Lui associer, d’accomplir la prière, de s’acquitter de la Zakat et de jeûner. Nous l’avons donc cru et avons eu foi en lui. Nous l’avons par conséquent suivi dans ce qu’il a apporté venant d’Allah. »

- « As-tu avec toi quelque chose que ton messager a apporté venant de Dieu ? » Demanda le Négus.

- Jacfar répondit par l’affirmative.

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- « Lis-le-moi donc » ordonna le Négus.

Jacfar s’exécuta en lisant quelques versets de la sourate « Maryam ». En entendant cela, le Négus se mit à pleurer à chaudes larmes, il pleura tellement qu’il en mouilla sa barbe. Il refusa catégoriquement d’abandonner les émigrants et renvoya les deux émissaires dépités.

QURAYSH BOYCOTTE LES BANU HASHIM 

ET LES BANU AL‐MUTTALIB 

[Après cet échec diplomatique], la crainte que l’Islam ne se répande et que le nombre de ses adeptes ne croisse s’amplifia chez les qurayshites. Ses dirigeants songèrent donc à une nouvelle arme qui leur permettrait de combattre ce qu’ils considéraient être un grand danger : le boycott ; qui consistait à couper les vivres aux musulmans et n’entretenir aucun lien de quelque nature que ce soit avec eux. Ils s’accordèrent donc à boycotter totalement les clans de Banû Hâshim et Banû Al-Muttalib. Ainsi, ils n’allaient pas épouser leurs filles, ne commerceront pas avec eux, ne se mélangeront pas à eux, ne consentiront à aucun

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accord de paix et ne manifesteront aucune pitié à leur égard tant qu’ils n’accepteraient pas de leur livrer le messager d’Allah () pour qu’il soit exécuté.

Les chefs de Quraysh ratifièrent ce décret sur un document qu’ils accrochèrent à l’intérieur de la Kacbah, afin de s’assurer qu’il sera bien respecté et pour que la violation et le non-respect de ce dernier soient considérés comme une atteinte à la croyance même héritée de leurs ancêtres.

Aussi, les deux clans, qui comptaient Muhammad () dans leurs rangs, partirent s’installer sur une petite vallée située en dehors de La Mecque : « Le sentier d’Abû Tâlib ». Le boycott durera trois longues années durant lesquelles les deux clans endureront une épreuve et une misère si grandes que ces pauvres malheureux en seront réduits à manger les feuilles des arbres. Malgré cela, ils feront preuve d’une patience remarquable et supporteront cette épreuve sans que leur détermination s’atténue.

Par bonheur, la délivrance arriva. Certains chefs de Quraysh – dont Hishâm Ibn cAmr, Zuhayr Ibn Umayyah, Al-Mutcim Ibn cAdî, Abû Al-Buhturî

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Ibn Hishâm et Zamcah Ibn Al-Aswad – estimèrent en effet que ce boycott était une infamie que l’on n’avait pas le droit de taire et furent peinés de la situation des deux clans. Ils appelèrent donc à dénoncer ce pacte injuste et Al-Mutcim Ibn cAdî alla déchirer le feuillet sur lequel il était inscrit.

C’est ainsi que le boycott prit fin, que les Banû Hâshim et les Banû Al-Muttalib purent enfin retourner à La Mecque et côtoyer ses habitants.

Le prophète () reprit alors son prêche au sein des Mecquois, sans oublier les autres tribus arabes qui, particulièrement pendant la période du pèlerinage, se rendaient à La Mecque.

L’ANNEE DU CHAGRIN 

Quelques mois à peine s’étaient écoulés après que le pacte d’ostracisme fut dénoncé – entraînant la fin de la crise du boycott – que le prophète () fut frappé, dans la même année, par le décès de son oncle Abû Tâlib, ainsi que par celui de son épouse Khadîjah. Le messager d’Allah (), de

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même que les musulmans, en furent extrêmement attristés, car chacune de ces deux personnalités avait une grande influence sur le soutien de la prédication et la défense de l’Islam.

Abû Tâlib en effet, bien qu’il soit mort en polythéiste, fut d’un grand secours pour Muhammad (). Jamais il ne cessera de le protéger, même dans les moments les plus critiques et les crises les plus dures, au point que le messager () lui-même déclarera : « Par Allah, Quraysh ne me fit subir aucun mal jusqu’à ce qu’Abû Tâlib ne décède ».

Quant à Khadîjah, ce que l’envoyé d’Allah dira d’elle en présence de ses autres épouses suffit amplement pour la décrire : « Elle a eu foi en moi quand les gens ont mécru, elle m’a cru quand les autres m’ont traité de menteur et m’a réconforté avec ses biens quand ils m’en ont privé ».

Pour toutes ces raisons, l’année où ces deux personnalités s’éteignirent fut qualifiée « d’année du chagrin ». Le nombre de soucis et de moments de tristesse qu’avait connus le prophète pendant cette année était de fait énorme. C’était la dixième année depuis le début de la prophétie.

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LE MESSAGER A AT‐TA’IF 

À la mort de son oncle et de sa noble épouse, l’espoir des Qurayshites de capturer le messager () s’accrut, et ils se déchaînèrent sur lui. Ceci sera l’une des principales causes qui le pousseront à partir pour At-Tâ’if à la recherche de quiconque serait susceptible de secourir sa prédication, peut-être trouverait-il au sein de la tribu de Thaqîf quelqu’un qui le soutiendra.

Malheureusement, les chefs de Thaqîf étaient encore pires. Leur réponse à l’invitation du messager () sera d’inciter leurs esclaves et leurs simples d’esprit à l’insulter et à lui lancer des pierres.

En ces heures extrêmement pénibles, le messager () se tourna vers Allah et L’implora en ces termes :

« Allah c’est à Toi que je me plains de ma faiblesse, de mon manque de savoir-faire et du dédain des gens à mon encontre. Ô Toi le plus Miséricordieux, Tu es le Seigneur des faibles et Tu

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es mon Seigneur. À qui me confieras-Tu ? À quelqu’un d’éloigné qui me prendra à partie, ou à un ennemi que Tu auras fait maitre de mon cas ? Tant que Tu n’es pas en colère contre moi, alors je ne m’en fais pas1... »

[Après cette désillusion], le prophète retournera à La Mecque, mais ne pourra y entrer que sous la protection d’un de ses notables, Al-Mutcim Ibn cAdî.

LES DEUX PACTES D’AL‐CAQABAH 

Persistant dans leur entêtement contre le messager et le message de l’Islam, les qurayshites dépasseront toutes les limites dans leur hostilité et leur opposition. Le prophète () dirigea alors ses efforts vers les autres tribus d’Arabie qui, notamment pendant le pèlerinage, se rendaient à La Mecque.

Ainsi, en l’an 10 depuis la prophétie (620 ap. J-C), pendant le pèlerinage, il rencontra un groupe

                                                            1 Cf. le traité d’histoire d’At-Tabarî.

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de la tribu des Khazraj en provenance de Yathrib. Il leur parla de cette nouvelle religion et leur expliqua ses fondements et ses préceptes. Il les invita ensuite à y adhérer et leur récita quelques versets du Noble Coran. Six d’entre eux se convertirent et s’engagèrent à propager l’Islam parmi les leurs. C’est ainsi que la nouvelle religion trouva un terrain favorable dans le peuple de Yathrib.

L’année suivante, toujours pendant le pèlerinage, une nouvelle rencontre eut lieu entre le messager d’Allah et une délégation de Yathrib composée de douze hommes. Ils confirmèrent au messager () leur soutien à la prédication islamique et leur disposition à la protéger ainsi que son représentant. Ils prêtèrent ensuite serment au prophète () de ne rien associer à Allah, de ne pas voler, de ne pas forniquer et de manière plus générale de ne pas désobéir à Allah. De son côté, le messager leur fit le serment que quiconque parmi eux honorera son serment aura le Paradis pour récompense tandis que quiconque y manque, son cas sera soumis à Allah : s’Il veut, Il le châtiera et s’Il veut, Il lui accordera Son pardon.

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Ce serment sera connu plus tard sous le nom du « Premier Pacte d’Al-cAqabah », Al-cAqabah étant le nom de l’endroit où le serment eut lieu. Avant que la délégation ne retourne à Yathrib, le prophète assigna () Muscab Ibn cUmayr pour repartir avec eux et leur enseigner le Coran, leur apprendre l’Islam et servir de guide dans la prière.

Muscab eut la bonne surprise de trouver à Yathrib des gens ouverts d’esprit et compréhensifs. Grâce à sa prédication, un grand nombre des membres des tribus des Aws et des Khazraj se convertiront, dont certains sont des dirigeants. Parmi eux, Sacd Ibn Mucâdh et Usayd Ibn Hudhayr, tous deux chefs de clan, embrasseront également la nouvelle religion. Par ailleurs, toute la tribu de Banû Al-Ash’hal se convertira et il ne restera pas une demeure chez les Aws ni chez les Khazraj dans laquelle l’Islam ne pénètrera. Parmi les facteurs qui ont facilité la rapide conversion des Aws et des Khazraj, il y avait leur volonté de se regrouper derrière un chef influent capable d’unir leurs voix et de rassembler leurs rangs1.

                                                            1 NdT : En effet, plusieurs années avant l’Hégire, une guerre terrible avait fait rage entre les deux tribus.

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L’année suivante, un groupe de personnes en provenance de Yathrib, composé cette fois de soixante-treize hommes et de deux femmes – incluant soixante-deux membres des Khazraj et onze des Aws – vint à Al-cAqabah se réunir de nuit avec le messager (). Ils lui prêtèrent une nouvelle fois serment et s’engagèrent cette fois-ci à le protéger de tout ce dont ils protègent leurs femmes et leurs enfants. Ce serment sera surnommé « Le Second Pacte d’Al-cAqabah », également connu sous le nom de « Pacte de guerre ».

cUbâdah Ibn As-Sâmit relatera plus tard : « Nous avons prêté au messager d’Allah () le serment de faire la guerre, d’écouter et d’obéir dans l’aisance comme dans la difficulté, de ne pas contester l’autorité de ceux qui la détiennent et de dire la vérité où que nous soyons ne craignant au sujet d’Allah le blâme de personne. »

Ce pacte est considéré comme un grand secours pour l’Islam. Effectivement, bien que La Mecque ait résisté et combattu la prédication islamique, voilà que la seconde ville du Hijâz, Yathrib, accueille maintenant le messager () avec son message et fait connaître qu’elle est disposée à supporter toute difficulté en le secourant et en le soutenant.

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Ce pacte eut lieu à la fin de l’an 12 après la prophétie.

L’EMIGRATION VERS MEDINE 

Lorsque les qurayshites eurent vent de ce pacte d’allégeance, ils intensifièrent leurs persécutions contre les musulmans et la pression augmenta tellement que la vie de ces derniers y était devenue infernale. Constatant que la situation était devenue insupportable, le prophète () autorisa ses compagnons à émigrer à Yathrib. Ces derniers, craignant que Quraysh ne s’interpose entre eux et Médine, se faufilèrent discrètement hors de la ville. Personne donc, exception faite de cUmar Ibn Al-Khattâb, n’émigra publiquement.

Le messager (), quant à lui, attendant qu’Allah lui donne la permission d’émigrer, demeura en compagnie d’Abû Bakr à La Mecque. Dans le même temps, Quraysh prit conscience du danger qui la menaçait si le prophète () venait à émigrer et à former à Yathrib un état fort, susceptible de faire pencher les Arabes de son côté.

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Leurs notables se réunirent à « Dar An-Nadwah1 » afin de réfléchir à une solution, et après délibération, ils tombèrent d’accord pour assassiner le prophète (). Aucun clan cependant ne devrait porter seul la responsabilité de sa mort. En effet, il fut décidé que des jeunes appartenant chacun à un clan différent le frapperont ensemble d’un seul coup. La responsabilité de sa mort étant alors partagée, les Banû cAbdimanâf seront dans l’incapacité de faire la guerre à tout le monde et par conséquent forcés d’accepter le prix du sang2.

Seulement, Allah () dévoila à Son messager le complot ourdi par les mecquois et lui donna l’ordre de plier bagage. Aussi, lors de cette fameuse nuit, le messager () demanda à Alî Ibn

                                                            1 Qui était l’équivalent d’une chambre parlementaire, dans laquelle ils avaient l’habitude de se réunir pour organiser leur vie de citoyen. 2 NdR : les Arabes avaient pour coutume de venger les membres de leur tribu assassinés, ce qui déclenchait parfois des guerres interminables. Aussi, lorsqu’ils étaient incapables de le faire, la tribu de l’auteur de l’homicide versait à la famille du défunt une somme compensatoire appelée « le prix du sang ». C’était une sorte d’aveu de faiblesse que de l’accepter, car cela signifiait qu’on était incapable de le venger.

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Abi Tâlib de prendre sa place dans son lit puis le couvrit de son manteau. Il quitta ensuite les lieux alors que les jeunes qurayshites étaient postés devant sa porte attendant qu’il sorte pour l’assassiner. Il prit un peu de sable qu’il jeta sur leur visage en récitant la parole d’Allah :

وجعلنا من بي أيديهم سدا ومن خلفهم سدا فأغشينهم فهم يبصون

« Et Nous avons mis une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les couvrirons d’un voile : et voilà qu’ils ne pourront rien voir ». Allah les endormit et personne ne le remarqua.

Le prophète () prit ensuite la direction de Yathrib, accompagné d’Abû Bakr. Arrivés à la grotte de Thawr, ils s’y cachèrent durant trois nuits, afin ne pas être vus par les polythéistes qui de leur côté, craignant que Muhammad () ne réussisse à leur échapper, s’étaient lancés à sa poursuite et avaient offert une récompense de cent chamelles à quiconque le capturerait, lui ou son compagnon.

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Cette alléchante récompense suscita la convoitise de beaucoup de jeunes vigoureux et de fougueux cavaliers de Quraysh. Surâqah Ibn Mâlik, un homme des Banû Mudlaj, était l’un des plus motivés. Il partit sur les traces des fugitifs et parvint même à les apercevoir. Quand son espoir de remporter la récompense fut sur le point de se réaliser, les pattes de son cheval s’embourbèrent dans le sable et il ne put poursuivre son chemin. C’est ainsi que le messager () et son compagnon s’en tirèrent.

Finalement, au terme d’un voyage qui dura douze jours, le prophète arriva à Qubâ’. Il y fit halte quelques jours durant lesquels il édifiera sa mosquée bénie1, puis il prit la direction de Yathrib. En arrivant, le messager () reçut de la part des Aws et des Khazraj un accueil chaleureux et rencontra une immense joie suscitée par sa venue noble et bénie.

Sa chamelle se posa devant la maison d’Abû Ayyûb Al-Ansârî, ce qui amena le prophète () à déclarer : « Ici sera la demeure – si Allah le veut.

                                                            1 NdR : c’est-à-dire la Mosquée de Qubâ’, qui se trouve encore de nos jours à Médine.

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Seigneur, fais-moi débarquer dans un refuge béni. Tu es Celui qui procure le meilleur refuge. »

L’arrivée du prophète à Yathrib, rebaptisée Médine1 pour l’occasion, eut lieu le vendredi 16 du mois de Rabîc Al-Awwal. C’est à partir de cette date que l’Islam commencera à s’imposer, c’est en référence à cela que l’Hégire marque le début du calendrier musulman.

                                                            1 NdR : Médine (Al-Madînah en Arabe) signifie : « La Cité », autrement dit, la cité du prophète ().

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احلىلإ ةرجهال إىل ةرجه ال وةشب ةيندمال

باللغة الفرنسية

مجاعة من العلماء : ألفها - اهللامحفظه-

املغرعبد اهللا أبوعمر : ترمجةار ا : مراجعة سالمإلقسم الرتمجة الفرن

1435/2014