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1 Les tendances démographiques et migratoires dans les régions ultrapériphériques : quel impact sur leur cohésion économique, sociale et territoriale ? RAPPORT REUNION Claude-Valentin MARIE et Jean-Louis RALLU Ce document a été commandé par la Commission Européenne, Direction Générale des Politiques Régionales Publication : Unité de la Coordination des Régions Ultrapériphériques (FR) Réserves : « Les opinions exprimées dans ce document sont la seule responsabilité des auteurs et ne représentent pas les positions officielles de la Commission Européenne (CE). La reproduction et la traduction à but non commercial sont autorisées, sous la condition que la source soit mentionné et que l’éditeur (CE OIB) en ait été averti et en ait reçu un exemplaire à l’avance.

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Les tendances démographiques et migratoires dans les régions ultrapériphériques : quel impact sur leur cohésion économique, sociale et territoriale ? RAPPORT REUNION

Claude-Valentin MARIE et Jean-Louis RALLU

Ce document a été commandé par la Commission Européenne, Direction Générale des Politiques Régionales

Publication : Unité de la Coordination des Régions Ultrapériphériques (FR)

Réserves : « Les opinions exprimées dans ce document sont la seule responsabilité des auteurs et ne

représentent pas les positions officielles de la Commission Européenne (CE).

La reproduction et la traduction à but non commercial sont autorisées, sous la condition que la source soit mentionné et que l’éditeur (CE OIB) en ait été averti et en ait reçu un exemplaire à l’avance.

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Objectifs de la présente étude

Suite à sa communication "Les Régions Ultrapériphériques, un atout pour l’Europe », adoptée le 17 Octobre 2008, la Commission a pour but, par cette étude, d’améliorer les connaissances des impacts démographiques et de la migration dans les RUP, par : * Une description et une analyse des dynamiques démographiques et des migrations propres à chacune de ces régions et des tendances prévisibles à court et moyen terme; * Une analyse des enjeux qui en découlent - en prenant en compte les handicaps auxquelles elles font face, tels qu'énumérés à l'article 299.2 du Traité - pour la cohésion économique et sociale de ces territoires et de l’Union.

Comme l’avait montré la communication mentionnée, cette étude prend en compte le contexte particulier des RUP, marqué par la rapidité avec laquelle s'y opèrent les changements démographiques et migratoires, et espère répondre à « la nécessité de disposer d'informations et de projections fiables sur ces changements en vue de les intégrer dans les politiques de gestion des territoires ».

« Les Régions Ultrapériphériques de l’Union Européenne sont des îles ou des archipels situés dans la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, St Martin), dans l’Atlantique (les Canaries, Madère et les Açores) et dans l’Océan Indien (La Réunion), sauf pour la Guyane, qui est une petite enclave dans la région amazonienne.

En 1997, le Traité d’Amsterdam a introduit les bases légales du concept de Régions Ultrapériphériques.

Celui-ci a été consolidé et renforcé par le Traité de Lisbonne (art 349, 107(3)(a) TFEU.) qui reconnaît le caractère spécial des RUP et le besoin d’actions spécifiques pour favoriser leur développement. »

Ont participé à cette étude : Claude Valentin Marie (INED) (Responsable de projet) Jean Louis Rallu (INED) (Coordinateur) Franck Temporal (INED) Jonas Roux (INED) Didier Breton (Univ. de Strasbourg) Stéphanie Condon (INED) Caroline Regnard (INED) Claudia Simoes (INED)

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TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ..................................................................................................... 7 SECTION 1 : La situation démographique .............................................................................................................. 8

1.1.1 La dynamique naturelle ............................................................................................................................. 9 L’évolution de la natalité ................................................................................................................................. 9 L’évolution de la mortalité ............................................................................................................................ 12 L’accroissement de la population ................................................................................................................. 13

1.1.2 Les dynamiques migratoires .................................................................................................................... 16

Les flux d’entrée des individus nés à l’étranger (1997-2008) ....................................................................... 17 Population née à l’étranger .......................................................................................................................... 18

1.1.3 Structures de la population ...................................................................................................................... 19

Pyramides des âges de la population totale en 2007 et 1999 (Dom et métropole) ..................................... 19 Pyramides des âges de la population selon lieu de naissance ...................................................................... 21 Les natifs de La Réunion en France métropolitaine ..................................................................................... 22 Rapport de masculinité selon le lieu de naissance ....................................................................................... 24 Taux de dépendance et indices de vieillissement de la population totale en 1999 et 2007 ........................ 25 Taux de dépendance et indices de vieillissement selon le lieu de naissance (natifs/immigrants) ............... 26

SECTION 2 : L’éducation ...................................................................................................................................... 27

1.2.1 Niveau de diplôme de la population ........................................................................................................ 27 Niveau de diplôme de la population par âge, sexe et lieu de naissance en 1999 et 2007 ........................... 27 Proportion de personnes âgées de 30-34 ans et ayant un diplôme du supérieur ........................................ 29 Niveau de diplôme de la population des natifs en métropole en 2007 ........................................................ 30 Proportion des natifs de La Réunion résidant en métropole selon le niveau de diplôme ............................ 31

1.2.2 Scolarisation ............................................................................................................................................. 31

Evolution des effectifs d’élèves par niveau ................................................................................................... 31 Taux de scolarisation de la population par âge et sexe ................................................................................ 32 Réussite aux principaux examens ................................................................................................................. 33 Evolution des taux d’accès à La Réunion et en métropole ........................................................................... 34 Inscriptions dans l’enseignement supérieur (universités uniquement) ........................................................ 35

1.2.3 Echec scolaire, illettrisme, abandon prématuré ...................................................................................... 36

Taux d’échec scolaire .................................................................................................................................... 36 Taux d’abandon prématuré des études ........................................................................................................ 37

SECTION 3 : Activité, emploi, chômage, pauvreté ................................................................................................ 38

1.3.1 Données générales ................................................................................................................................... 38 Emploi, population active ............................................................................................................................. 38 Chômage ....................................................................................................................................................... 41 Pauvreté et minima sociaux .......................................................................................................................... 43

1.3.2 Le bénéfice socio-économique de l’installation en métropole ................................................................ 44

Accès à l’emploi des natifs dans leur Dom et en métropole ......................................................................... 44 Qualification des emplois occupés par les natifs dans leur Dom et en métropole ....................................... 46

1.3.3 La concurrence entre natifs dans leur DOM et immigrants nés en métropole et à l’étranger ................ 48

Accès à l’emploi des natifs et des immigrants dans les Dom ........................................................................ 48 Qualification des emplois occupés par les natifs et les immigrants dans les Dom ....................................... 49

SECTION 4 : Economie ........................................................................................................................................... 51

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1.4.1 Le PIB par habitant ................................................................................................................................... 52 Ecart à la moyenne de l’UE ........................................................................................................................... 53

1.4.2 Productivité ............................................................................................................................................. 54 1.4.3 La contribution des secteurs au PIB ......................................................................................................... 54

1.4.4 Le commerce extérieur ............................................................................................................................ 55

SECTION 5 : Ménages, logement ........................................................................................................................... 57

1.5.1 Ménages – familles .................................................................................................................................. 57 Familles ......................................................................................................................................................... 58

1.5.2 Logement ................................................................................................................................................. 60

Le parc de logements .................................................................................................................................... 60 Equipement et confort des logements ......................................................................................................... 62 Le parc social et les loyers ............................................................................................................................. 63

SECTION 6 : L’état de santé de la population et les équipements médicaux ....................................................... 66

1.6.1 Etat de santé : vue d’ensemble ................................................................................................................ 66

1.6.2 Espérance de vie ...................................................................................................................................... 66

1.6.3 La mortalité infantile ................................................................................................................................ 67

1.6.4 Mortalité prématurée .............................................................................................................................. 68

1.6.5 Causes de décès ....................................................................................................................................... 68

1.6.6 Mortalité évitable .................................................................................................................................... 69

1.6.7 Pathologies et conduites nuisant à l’état de santé à la Réunion ............................................................. 70 Le diabète ...................................................................................................................................................... 70 Conduites à risque : l’alcoolisme ................................................................................................................... 71 VAD – voies aéro-digestives supérieures ...................................................................................................... 71

1.6.8 Offre de soins : personnels de santé ........................................................................................................ 72

1.6.9 Equipements de santé .............................................................................................................................. 72

SECTION 7 : Environnement, énergie, aménagement de l’espace ....................................................................... 74

1.7.1 ENERGIE ................................................................................................................................................... 74

1.7.2 EAU ........................................................................................................................................................... 76

1.7.3 Traitement des déchets ........................................................................................................................... 77 DEUXIEME PARTIE : IMPACT DES TENDANCES DEMOGRAPHIQUES ..................................................................... 78 SECTION 1 : Projections démographiques ............................................................................................................ 79

Les structures démographiques .................................................................................................................... 79 SECTION 2 : Projection des effectifs scolarisables ................................................................................................ 82 SECTION 3 : Projection de la population active .................................................................................................... 83

2.3.1 Evolution de la population active ............................................................................................................. 83 2.3.2 Les objectifs EU2020 de taux d’emploi à 20-64 ans ................................................................................. 83 2.2.3 Scénarios d’emploi et dépendance effective ........................................................................................... 83

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SECTION 4 : Projection de ménages ...................................................................................................................... 85 SECTION 5 : Impact des tendances démographiques dans le domaine de la santé ............................................. 86 SECTION 7 : Impacts des tendances démographiques sur les besoins en énergie ............................................... 87 TROISIEME PARTIE : RISQUES ET OPPORTUNITES, ATOUTS ET HANDICAPS ........................................................ 88 SECTION 1 : Cohésion ............................................................................................................................................ 90 SECTION 2 : Risques et opportunités .................................................................................................................... 92 SECTION 3 : Opinion des responsables politiques ................................................................................................ 94

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PREMIERE PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION

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SECTION 1 : La situation démographique

Introduction : Evolution de la population aux recensements et densité

La Réunion, département et région1 d’outre-mer, est une île française située au sud-ouest de l’Océan Indien, distante de 200 km de l’Île Maurice, d’environ 800 km de Madagascar et de près de 10 000 km de la France métropolitaine. D’une superficie de 2 500 km², le relief montagneux et volcanique restreint les surfaces habitables aux zones littorales. Les contraintes liées à sa petite taille et à son isolement constituent des défis importants dans un contexte de croissance démographique soutenue. Avec une population estimée par l’Insee à 817 000 habitants au 1er janvier 2009, la densité est élevée, elle atteint 327 habitants au kilomètre carré. Cette densité moyenne ne tient pas compte des contraintes du milieu (cirques encaissés, zone volcanique), seules les régions côtières autorisent les aménagements. En outre, les plantations de cannes à sucre occupent une part importante de l’espace aménageable. Ainsi, on estime que près de 80 % de la population occupent seulement 20 % du territoire, principalement le littoral, la densité réelle dépasse alors les 1500 habitants au kilomètre carré.

Figure 1.1 : Evolution de la population aux recensements depuis 1975, (source : INSEE)

Evolution de la population à la Réunion

808 250

706 300

597 823

476 675

515 814

250 000

300 000

350 000

400 000

450 000

500 000

550 000

600 000

650 000

700 000

750 000

800 000

850 000

1975 1982 1990 1999 2008

Source : INSEE

1 La Réunion a le double statut de département et de région et les administrations associées.

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Entre 1975 et 1982, la population de La Réunion n’a que très faiblement augmenté (+8,2% sur la période) en raison des départs en grand nombre des natifs vers la métropole, encouragés en ce sens par le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer (le BUMIDOM). Le ralentissement de l’émigration qui a accompagné la fermeture de cette institution en 1982, s’est traduit par une reprise de la croissance démographique (près de 16% les huit premières années, et plus de 18% entre 1990 et 1999). Depuis, le rythme de croissance n’a que faiblement diminué pour s’établir à 14,4% sur la période 1999-2008, soit un peu plus de 100 000 habitants en neuf ans, pour un total de 808 250 habitants.

1.1.1 La dynamique naturelle

L’évolution de la natalité Le taux brut de natalité

Depuis le début des années 1990, le taux brut de natalité de l’île de La Réunion connaît une diminution lente. Il atteint 18,3‰ en 2008 contre 23,1‰ en 1990 soit une baisse de presque 5 points en 17 ans. Sur cette période (1990-2008), la tendance à la baisse est interrompue par des phases de stagnation et une légère reprise observée au tournant du millénaire, comme en France métropolitaine. L’écart avec les régions de France métropolitaine, et plus encore d’Europe, bien qu’en diminution en raison de la baisse de la natalité à La Réunion, reste marqué. En 2008, le taux brut de natalité de La Réunion était supérieur de 5,4 points à celui de la Métropole et de 7,4 points à la moyenne de l’Union Européenne. Cette natalité plus élevée à La Réunion s’explique en partie par le comportement des femmes qui ont en moyenne plus d’enfants, mais aussi par une structure par âge plus jeune, et donc plus favorable aux naissances. Figure 1.1.2 : Evolution du taux brut de natalité depuis 1990, (source : EUROSTAT)

Source : EUROSTAT

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L’Indicateur Conjoncturel de Fécondité (ICF)

En 2008, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) à La Réunion est égal à 2,5 enfants par femme en moyenne. Sur la période 1990-2008, l’ICF de La Réunion a connu de nombreuses fluctuations, entre diminutions, stagnations et reprises de la fécondité. De 1990 à 1992, l’ICF était de l’ordre de 2,6 enfants par femme ; à partir de 1993, il diminue régulièrement, pour atteindre 2,2 enfants par femme en 1996. Il augmente à nouveau à partir de 1997 et atteint 2,5 enfants par femme en 2000 et en 2007. Ainsi, après avoir continuellement baissé depuis la fin des années 1960 (6,07 enfants par femme en 1967) et avoir atteint son niveau le plus bas au milieu des années 1990, l’indice de fécondité ne baisse plus. Le renouvellement des générations (2,1 enfants par femmes) est donc encore largement assuré à La Réunion. Cet indice est nettement supérieur à la moyenne de la France métropolitaine et de l’UE sur l’ensemble de la période. Néanmoins, l’écart avec la métropole s’est considérablement réduit : de 0,8 point en 1990 à 0,5 point en 2008, en raison de la reprise de la fécondité sur le continent. Figure 1.1.3 : Evolution de l’Indicateur conjoncturel de fécondité depuis 1990 (source : EUROSTAT)

Source : EUROSTAT

Le taux de fécondité par groupes d’âge

En 1990, les taux de fécondité observés à La Réunion étaient nettement supérieurs à ceux de métropole, à tous les âges (seules les femmes âgées de 25-39 ans avaient des comportements féconds similaires). Depuis, les comportements de fécondité des femmes à La Réunion se sont nettement rapprochés de ceux de métropole après 25 ans.

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Figure 1.1.4 : Taux de fécondité par âge, 1990 et 2006 (source : INSEE)

Taux de fécondité par groupes d'âges à la Réunion

et en France métropolitaine (1990)

0

50

100

150

200

15-19 ans 20-24 ans 25-39 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans

Réunion France métropolitaine

Taux de fécondité par groupes d'âges à la Réunion

et en France métropolitaine (2006)

0

50

100

150

200

15-19 ans 20-24 ans 25-39 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans

Réunion France métropolitaine

Source : INSEE : France et DOM

Ainsi, en 2006, l’essentiel des écarts de fécondité entre La Réunion et la métropole s’explique par le comportement des plus jeunes femmes (avant 25 ans). Malgré une nette convergence des comportements avec ceux de métropole, la fécondité reste plus précoce à La Réunion. La différence de contexte socio-économique et notamment les difficultés d’insertion des jeunes femmes sur le marché de l’emploi peuvent les amener à privilégier un projet de vie familial plutôt que professionnel.

L’âge moyen des mères à la maternité

L'âge moyen des mères à la maternité à La Réunion est en léger recul, il est passé de 27,9 ans en 1999 à 28,3 ans en 2005. Cette tendance est similaire à la moyenne des départements de métropole où l’allongement de la durée des études et l’augmentation de l’activité féminine expliquent ce décalage de l’âge moyen à la naissance. Cependant, sur l’ensemble de la période, l’âge moyen à la maternité reste nettement plus bas à La Réunion qu’en métropole, essentiellement à cause du comportement des femmes avant 25 ans. En 2007, l’écart est de 1,4 ans, il est stable sur la période, ce qui illustre la plus grande précocité du calendrier de fécondité des réunionnaises.

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Figure 1.1.5 : Evolution de l’âge moyen des mères à la naissance depuis 1999

Âge moyen des mères à la maternité à la Réunion

et en France métropolitaine

26

27

28

29

30

31

32

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

Âg

e

Réunion France métropolitaine

Source : INSEE : France et DOM

L’évolution de la mortalité Le taux brut de mortalité de La Réunion est très bas : il atteint 5,1‰ en 2008. Sur la période 1990-2007, il a été relativement stable avec de légères fluctuations à la hausse et à la baisse (entre 4,8‰ et 5,6‰). La hausse des taux de mortalité en 2005 et 2006 s’explique en partie par les conséquences de l’épidémie du Chykungunya qui a entraîné une élévation sensible du nombre de décès. Ces taux de mortalité restent très largement inférieurs à ceux observés en France métropolitaine (8,6‰ en 2008) et en Europe (9,7‰ en 2008). Ce constat ne signifie pas que la mortalité est plus faible à La Réunion, cette faiblesse des taux s’explique avant tout par un effet de structure par âge. La jeunesse de la population réunionnaise fait que la proportion de personnes âgées soumise à un plus haut risque de décéder est beaucoup plus réduite qu’en métropole ou en Europe ce qui limite le nombre annuel de décès.

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Figure 1.1.6 : Evolution du taux brut de mortalité depuis 1990

Source : EUROSTAT

L’accroissement de la population

L’accroissement naturel

Compte tenu de l’écart prononcé entre le nombre de naissances et le nombre de décès, l’accroissement naturel de l’île de La Réunion est encore beaucoup plus élevé qu’en France et qu’en Europe : il atteint 13,3‰ en 2008 contre moins de 5‰ en moyenne métropolitaine et seulement 1‰ en Europe. Depuis le début de la décennie 1990, ce solde suit une tendance continue, mais lente, à la baisse, passant de plus de 17‰ au début des années 1990 à 15‰ au tournant du millénaire, principalement en raison de la baisse de la natalité. Le taux d’accroissement naturel de La Réunion se rapproche ainsi peu à peu de celui de la métropole. Néanmoins en 2008, il reste près de trois fois plus élevé, signe que la transition démographique est toujours en voie d’achèvement dans ce département. Figure 1.1.7 : Evolution du taux d’accroissement naturel depuis 1990, (source : EUROSTAT)

Source : EUROSTAT

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L’accroissement migratoire

Le taux d’accroissement migratoire de La Réunion reste relativement faible en raison de la compensation des mouvements contraires des entrées et des sorties. Ce taux était supérieur à celui de la France métropolitaine entre 1994 et 1999, il se situait alors à 4‰. Depuis 1999, le taux d’accroissement migratoire connaît une baisse sensible, il passe en deçà de la moyenne métropolitaine et atteint une valeur proche de zéro entre 2001 et 2004. En 2005, le nombre de sorties est supérieur à celui des entrées, le solde migratoire est négatif et le taux est égal à -1,8‰. Jusqu’en 2000, l’accroissement démographique de La Réunion était soutenu par l’immigration mais la tendance s’est ralentie puis renversée, le taux d’accroissement migratoire n’alimente plus la croissance réunionnaise depuis 2001. Figure 1.1.8 : Evolution du taux d’accroissement migratoire depuis 1990, (source : EUROSTAT)

Source : EUROSTAT

L’accroissement total

La diminution des taux d’accroissement naturel et d’accroissement migratoire se traduit par une baisse sensible du taux d’accroissement total de la population entre 1994 et 2005, passant de 19,6‰ à 11,60‰. A l’inverse en métropole, on observe une accélération de la croissance démographique : 3,25‰ en 1990 à 7,13‰ en 2005. L’écart entre la métropole et La Réunion diminue donc de façon significative, mais il demeure élevé. L’accroissement naturel demeure donc le principal moteur de la croissance démographique réunionnaise. Le département se caractérise en effet par un fort excédent des naissances sur les décès qui soutient la croissance la population. Les mouvements migratoires connaissent des variations conjoncturelles plus marquées et participent globalement peu à l’accroissement total de la population.

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Figure 1.1.9 : Evolution du d’accroissement total depuis 1990

Source : EUROSTAT

Taux de variation annuel moyen

L’approche des facteurs influençant la croissance démographique aux différents recensements permet de dresser un panorama synthétique des moteurs de la croissance à La Réunion sur le plus long terme. Tout d’abord, le rythme de croissance de la population s’est ralenti entre les recensements 1999 et 2008, il est égal à 1,5% en moyenne annuelle contre 1,9% en moyenne entre les années 1982 et 1999. La croissance démographique reste cependant deux fois plus forte à La Réunion qu’en métropole (0,7%). Sur la dernière période intercensitaire, le solde naturel est le principal moteur de la croissance de la population, il a expliqué 93% de l’augmentation du nombre d’habitants, principalement en raison de la baisse de la contribution des mouvements migratoires (seulement 0,1% en moyenne). Tableau 1.1.1 : Composantes de l’évolution de la population entre les recensements depuis 1974.

Taux de variation annuel moyen (%) La Réunion France

métropolitaine

Total

1974-1982 1,1 0,5

1982-1990 1,9 0,5

1990-1999 1,9 0,4

1999-2008 1,5 0,7

Dû au mouvement naturel

1974-1982 2,0 0,4

1982-1990 1,8 0,4

1990-1999 1,6 0,4

1999-2008 1,4 0,4

Dû au solde apparent des entrées et des sorties

1974-1982 -0,9 0,1

1982-1990 0,1 0,1

1990-1999 0,3 0,0

1999-2008 0,1 0,3

Source : INSEE

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La croissance expliquée par le solde naturel diminue progressivement à La Réunion, elle équivaut à 1,4 % en moyenne pour les années 1999 à 2008 contre 2% entre 1974 et 1982 alors qu’elle est restée stable en métropole depuis 1974 (0,4% en moyenne). L’effet des migrations est plus fluctuant selon les périodes. Entre 1974 et 1982, années où les départs de natifs de La Réunion en direction de la métropole étaient nombreux, le solde migratoire exerçait un impact négatif sur la croissance totale. Depuis le recensement de 1982, le solde est de nouveau légèrement positif, le nombre des entrées est proche de celui des sorties, et donc l’effet global sur l’augmentation de la population est resté faible, il est proche de zéro entre 1999 et 2008 (0,1%).

1.1.2 Les dynamiques migratoires

Les soldes par groupes d’âges et lieux de naissance

Les mouvements d’arrivée et de départ, on l’a vu, ont peu participé à l’accroissement total de la population de La Réunion au cours de la dernière décennie. Cependant, l’approche des migrations par le solde migratoire total masque des mouvements de sens contraires qui se compensent largement. Les arrivées et les départs concernent des populations qui se différencient selon l’origine, l’âge et le sexe et leurs combinaisons modifient sensiblement les structures de la population de l’île. Les migrations qui affectent La Réunion depuis un quart de siècle concernent quatre principaux groupes de population : les natifs de l’île, les individus nés en métropole, les individus nés dans un pays étranger (majoritairement ceux de l’océan Indien : Maurice, Madagascar et Comores) et enfin les originaires d’un autre territoire d’outre mer (essentiellement Mayotte). Ces populations qui arrivent, partent et reviennent dans un mouvement de circulation concernent certaines tranches d’âge en particulier et affectent différemment les hommes et les femmes ce qui exerce un impact sensible sur la structure de la population résidente. Tableau 1.1.2 : Soldes migratoires selon le lieu de naissance entre 1999 et 2006. (Effectifs et distribution %)

effectifs Lieu de naissance

Réunion Métropole Dom/Com Etranger Total

Hommes

15-34 ans -11654 1149 -792 985 -10322

35-64 ans 1730 2836 -370 1513 5693

15-64 ans -9924 3984 -1162 2498 -4630

Femmes

15-34 ans -7081 1853 -755 2182 -3808

35-64 ans 4756 1776 -563 1698 7655

15-64 ans -2325 3629 -1317 3879 3847

% Lieu de naissance

Réunion Métropole Dom/Com Etranger Total

Hommes

15-34 ans -11,0 8,6 -37,2 41,9 -8,4

35-64 ans 1,5 17,6 -33,8 21,3 4,2

15-64 ans -4,6 13,5 -36,1 26,4 -1,8

Femmes

15-34 ans -6,7 14,9 -32,0 74,6 -3,1

35-64 ans 4,0 13,9 -40,1 21,9 5,4

15-64 ans -1,0 14,4 -35,0 36,4 1,5

Source : INSEE

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17

Les natifs de La Réunion âgés de 15 à 64 ans présentent un solde négatif entre les recensements de 1999 et de 2006 (-12 250) dont l’essentiel est le fait du départ des hommes (80 %). Les mouvements des natifs de l’île sont la composante principale du solde migratoire total des 15-64 ans. La différence entre les entrées et les sorties est maximale pour les natifs âgés de 15 à 34 ans. A ces âges, les départs de natifs sont très largement supérieurs aux arrivées ce qui se traduit par un déficit important de -18 750 en 7 ans (-11 650 pour les hommes et -7 100 pour les femmes) soit près de 2 700 départs nets annuels en moyenne. Les jeunes hommes semblent être plus enclins au départ que les jeunes femmes. Ces jeunes adultes partent pour suivre un cycle d’études et/ou pour occuper un emploi hors du département, principalement en métropole. Depuis le début de la décennie 2000, ces départs de jeunes adultes ont pu être soutenus par les dispositifs d’aides à la mobilité (prise en charge du billet d’avion, aide à l’installation, aide au retour, encadrement du projet de mobilité…) mis en place par les collectivités territoriales et par l’Etat. Le solde migratoire des natifs âgés de 35 à 64 ans est quant à lui positif (+6500 entre 1999 et 2006), ce qui correspond au mouvement de retour dans leur département de natifs ayant préalablement quitté leur île. Sur la période, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à revenir s’installer dans leur département. Au total, les retours viennent compenser, mais en partie seulement, l’effet des départs, le solde migratoire des natifs âgés de 15 à 64 ans restant fortement négatif entre 1999 et 2006 (-12 250). Les mouvements de la population née en métropole représentent la seconde composante migratoire de La Réunion. A la différence des natifs, le solde net des entrées et sorties de métropolitains âgés de 15 à 64 ans est positif entre 1999 et 2006 pour les hommes comme pour les femmes. L’excédent net atteint 7 600 personnes sur la période, avec une répartition relativement équilibrée selon le sexe. L’écart entre le nombre supérieur des arrivées sur celui des départs est important après 35 ans (+ 4600). Les hommes participent plus au solde migratoire après 35 ans, alors que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses aux âges jeunes (15-34 ans). Les migrations des personnes nées dans un pays étranger, de la zone Océan Indien ou du reste du monde, exercent, elles aussi, un effet positif sur la population de l’île âgée de 15 à 64 ans. L’excédent net des échanges avec l’étranger atteint 6 400 personnes. Les soldes sont relativement équilibrés selon les groupes d’âges mais on compte une majorité de femmes (61 %).

Les flux d’entrée des individus nés à l’étranger (1997-2008)

Près des trois quart des personnes nées à l’étranger s’installant à La Réunion sont des jeunes adultes de moins de 35 ans : 40% sont âgés de 18 à 24 ans et 32% de 25 à 34 ans. Après 35 ans, les flux d’entrées diminuent progressivement avec l’âge. Comme on a pu le voir précédemment avec l’analyse des soldes migratoires, l’immigration à La Réunion des personnes nées à l’étranger est majoritairement féminine : 2/3 de ces immigrants sont des femmes. En conséquence, 73% des motifs d’installation des personnes nées à l’étranger sont liés au regroupement familial. Les migrations pour travail ne fournissent que 22% des entrées. Enfin, 83% des migrants étrangers s’installant à La Réunion sont des originaires de la zone Afrique, et plus particulièrement des îles de Madagascar et de Maurice.

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18

Figure 1.1.10 : Répartition des flux d’entrées selon l’âge, le sexe, l’origine et le motif, 1997-2008

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangersÂge à l'arrivée

32%

40%

17%

8%3%

18 - 24 ans

25 - 34 ans

35 - 44 ans

45 - 59 ans

60 ans et +

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangersSexe

35%

65%

Hommes

Femmes

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangersMotif d'installation

72%

6%

13%

1%

8%

0%

0%

Membre de famille

Travailleur

Etudiant

Protection humanitaire

Indépendant économiquement

Régularisation

Motif indéterminé

Flux d'entrée de personnes nées à l'étrangersOrigine

6%1%

83%

7%

3%

0%

Europe UE27

Europe hors UE

Afrique

Asie

Amérique

Autres

Source : élaboration par l'INED à partir des informations du fichier central des titres de séjour (AGDREF)

Population née à l’étranger

La part de personnes nées à l’étranger résidant à La Réunion est relativement faible par rapport au niveau de la France métropolitaine. Une part importante de la population étrangère vivant à La Réunion en 2007 est âgée de 30 à 60 ans, il s’agit principalement d’individus adultes d’âge actif. Leur poids dans la population totale reste néanmoins beaucoup plus faible que celui observé en Métropole. La base de la pyramide des âges est quant à elle assez proche du niveau de l’hexagone : seule une faible part d’enfants nés à l’étranger accompagne son ou ses parent(s) en migration. Enfin, le sommet de la pyramide est beaucoup plus réduit à La Réunion qu’en métropole : le poids des immigrants nés à l’étranger dans la population totale est négligeable après 70 ans.

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19

Figure 1.1.14 : Comparaison des proportions par âge de personnes nées à l’étranger à la Réunion et en France métropolitaine, (source : calculs de l’auteur à partir du RP 2007)

Population née à l'étranger à la Réunion

et en France métropolitaine (2007)

1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

Hommes Femmes

France

métropolitaine

Réunion

Source : INSEE

1.1.2 Structures de la population

Pyramides des âges de la population totale en 2007 et 1999 (Dom et métropole)

Ces mouvements ont peu à peu façonné la forme générale de la pyramide des âges de la population réunionnaise : une base assez large qui s’explique par le maintien d’une natalité élevée avec un sommet qui se rétrécit progressivement dès l’âge de 55 ans. La population réunionnaise apparait ainsi plus jeune qu’en métropole. Jusqu’à 45 ans, les classes d’âges sont proportionnellement plus nombreuses qu’en métropole alors qu’on observe la situation inverse après cet âge. Les effectifs sont relativement équilibrés selon le sexe jusqu’à 65 ans environ, puis la proportion de femmes devient progressivement supérieure à celle des hommes en raison de l’écart d’espérance de vie entre hommes et femmes. Le creux observé de 20 à 35 ans est typique des territoires confrontés à des départs importants de jeunes adultes partis suivre une formation ou occuper un emploi hors du département. Ce creux se résorbe au-delà de 35 ans avec l’augmentation des retours de natifs et des arrivées d’immigrants. Au recensement de 1999, le contraste avec la métropole était encore plus net, en raison d’une structure par âge plus jeune et donc une base encore plus large de la pyramide à La Réunion. Les moins de 20 ans représentaient alors 36,0% de la population à La Réunion contre 24,5% en France métropolitaine. En revanche le sommet était plus étroit qu’en métropole qui affichait déjà un vieillissement de la population plus important. En 1999, La Réunion comptait 6,9% de plus de 65 ans et la métropole 16,6%. Mais, on observait déjà à La Réunion un creux dans la classe d’âge des 20-29 ans lié à la migration des jeunes adultes. Le début des études supérieures et la recherche de travail était les principales

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causes de cet exode. Soulignons que La Réunion comptait des proportions plus élevées d’hommes et de femmes adultes de 30-39 ans que la métropole mais c’était l’inverse au-delà de 40 ans. Ceci est le résultat de l’immigration métropolitaine, mais aussi des natifs de retour dans le département.

Figure 1.1.11 : Comparaison des pyramides des âges de la Réunion et de la France métropolitaine

Pyramide des âges à la Réunion

et en France métropolitaine (2007)

7 5 3 1 1 3 5 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

France

métropolitaine

Réunion

Source : INSEE

Figure 1.1.12 : Comparaison des pyramides des âges de la Réunion de la France métropolitaine en 1999

Pyramide des âges à la Réunion

et en France métropolitaine (1999)

7 5 3 1 1 3 5 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

France

métropolitaine

Réunion

Source : INSEE

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Pyramides des âges de la population selon lieu de naissance

La pyramide des âges de la population réunionnaise selon le lieu de naissance en 2007 permet de mesurer l’impact des mouvements migratoires sur les structures de la population de l’île Figure 1.1.13 : Pyramide des âges de la Réunion selon le lieu de naissance, 2007

Pyramide des âges de la Réunion

selon le lieu de naissance (2007)

7 6 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

Hommes Femmes

Nés dans le

département

Nés en

métropole

Nés dans un

autre Dom/Com

Nés dans un

pays de l'UE

Nés dans un

autre pays

Source : INSEE

En 2006, 85 % des individus recensés sont nés à La Réunion, 10 % en métropole, 1% dans un autre département ou territoire d’outre-mer, 0,3 % dans un autre pays de l’Union européenne et 3,9 % dans un autre pays étranger. En ponctionnant principalement les effectifs des jeunes adultes natifs du département et en accroissant les arrivées et les retours à un âge plus élevé, les migrations contribuent au vieillissement de la population d’âge actif, et simplement au vieillissement en ce qui concerne les mouvements aux âges supérieurs à 65 ans. Les faibles effectifs de métropolitains à la base de la pyramide indiquent que peu viennent s’installer sur l’île avec de jeunes enfants : une part de leurs enfants naît à La Réunion. Comme pour les natifs de l’île, on observe un creux à 20-24 ans qui s’explique par les départs de jeunes nés métropole pour suivre leurs études ou pour chercher un emploi hors du département. La pyramide des métropolitains s’élargit ensuite après 35 ans ce qui traduit la poursuite d’une immigration d’individus d’âge actifs avec des effectifs concentrés entre 35 et 65 ans. Les individus nés dans les îles de l’Océan Indien (hors Mayotte) représentent l’essentiel des immigrants nés à l’étranger vivant à La Réunion, ils pèsent pour près de 3 % de la population. Cette population est principalement composée d’individus âgés de plus de 30 ans, dont une majorité de femmes.

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22

Les natifs de La Réunion en France métropolitaine

Traditionnellement, la grande majorité des natifs de La Réunion qui quittent leur île se dirigent vers la France métropolitaine, seule une faible part tente sa chance à l’étranger. La pyramide des âges des natifs de La Réunion résidant en France métropolitaine en 2007 offre une synthèse de l’histoire de l’émigration des réunionnais. La pyramide se caractérise par une base et un sommet très resserrés. On compte peu de jeunes enfants et de natifs âgés en métropole. Ce constat confirme que l’essentiel des départs vers la métropole concerne, et a concerné des jeunes natifs dès 20 ans qui partent pour les études ou l’emploi. La pyramide s’élargit dès 20-24 ans pour ne rétrécir qu’aux âges supérieurs à 55 ans illustrant une migration d’individus d’âges actifs. Les retours de natifs ainsi que l’histoire relativement récente de l’émigration (1960-1970) des natifs de La Réunion vers la métropole explique que peu d’entre-deux soient âgés de plus de 60 ans. Le vieillissement progressif de cette population des réunionnais durablement installés en métropole pose cependant la question d’une éventuelle augmentation du nombre de retour de ces migrants à l’âge de la retraite. Figure 1.1.15 : Pyramide des âges des natifs de la Réunion en France métropolitaine en 2007

Pyramide des âges des natifs de la Réunion

résidant en France métropolitaine (2007)

-3 -2 -1 0 1 2 3

0 - 4 ans5 - 9 ans

10 - 14 ans15 - 19 ans20 - 24 ans25 - 29 ans30 - 34 ans35 - 39 ans40 - 44 ans45 - 49 ans50 - 54 ans55 - 59 ans60 - 64 ans65 - 69 ans70 - 74 ans75 - 79 ans80 - 84 ans85 - 89 ans90 - 94 ans95 - 99 ans

100 ans et +

%

FemmesHommes

Source : INSEE

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23

Figure 1.1.16 : Evolution de la population native de la Réunion en métropole depuis 1954,

Evolution de la populations des natifs

de la Réunion vivant en métropole

34 985

108 208

94 585

91 43075 724

165401860

0

20000

40000

60000

80000

100000

120000

1954 1968 1975 1982 1990 1999 2007

Source : INSEE

L’évolution de la population des natifs de La Réunion vivant en métropole, reflète bien les différentes phases de la migration des Réunionnais. Sur la période 1954-1968, correspondant à la création du Bumidom, ses effectifs ont été multipliés par huit. C’est d’ailleurs la progression la plus forte des Dom. Il faut noter que la population des Réunionnais en métropole avant la création du Bumidom était quatre fois inférieure à celle des antillais sur le continent. Dans les décennies suivantes, le rythme de croissance des Réunionnais ne faiblit pas et, en 1982, ils sont plus de 75 000 à être installés en métropole. En mois de 30 ans, cette population a donc été multipliée par 35. Entre 1982 et 1990 les effectifs progressent à un rythme plus modéré (20,7%) qui tombe à 3,5% entre 1990 et 1999. Depuis 1999 on note une nouvelle accélération des installations (14,4% en 2007) de natifs de La Réunion en métropole.

Figure 1.1.17 : Part des natifs de la Réunion résidents en France métropolitaine, selon l’âge, 2007,

Ratio des natifs de la Réunion résidant

en métropole / ensemble des natifs (2007)

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

< de

15 an

s

15-1

9 an

s

20-2

4 an

s

25-2

9 an

s

30-3

4 an

s

35-3

9 an

s

40-4

4 an

s

45-4

9 an

s

50-5

4 an

s

55-5

9 an

s

60-6

4 an

s

> de

64 an

s

%

Source : INSEE

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24

Le ratio des résidants en Métropole sur l’ensemble des natifs souligne bien l’importance du départ des jeunes, tout en restant dans des proportions plus faibles que dans les autres Dom : 20% des jeunes natifs de La Réunion âgés de 20 à 24 ans vivent en métropole. Un creux est visible après 35 ans, signe d’une première vague de retour des natifs dans l’île après avoir fait leurs études et connus leurs premières expériences professionnelles. Il faut attendre 65 ans pour voir ce ratio passer en dessous des 10%.

Rapport de masculinité selon le lieu de naissance Entre 1999 et 2007, les migrations ont contribué à accentuer le déséquilibre entre les hommes et les femmes. On compte 51,4 % de femmes en 2007 contre 50,9 % en 1999. Le rapport de masculinité est particulièrement déséquilibré pour les classes d’âges de jeunes adultes, notamment entre 25 et 29 ans où on compte seulement 86 hommes pour 100 femmes. Avec l’effet des retours et des arrivées essentiellement masculines aux âges avancés, le rapport de masculinité retrouve un équilibre à 60 ans, avant de diminuer très fortement en raison de la surmortalité masculine. Après 80 ans, le ratio chute à moins de 60 hommes pour 100 femmes. Figure 1.1.18 : Rapport de masculinité de la population selon l’âge et le lieu de naissance, 2007

Sex ratio à la Réunion selon le lieu de naissance (2007)

0,0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

1,2

1,4

1,6

1,8

2,0

0 -

4 a

ns

5 -

9 a

ns

10 -

14 a

ns

15 -

19 a

ns

20 -

24 a

ns

25 -

29 a

ns

30 -

34 a

ns

35 -

39 a

ns

40 -

44 a

ns

45 -

49 a

ns

50 -

54 a

ns

55 -

59 a

ns

60 -

64 a

ns

65 -

69 a

ns

70 -

74 a

ns

75 -

79 a

ns

80 -

84 a

ns

85 -

89 a

ns

90 -

94 a

ns

95 -

99 a

ns

100 a

ns e

t +

%

Nés dans le département Nés en métropole Autre (autre Dom-Com + étranger)

Source : INSEE

Le taux de dépendance total1 observé à La Réunion est plus faible que celui de métropole. En 2007, on compte 59 personnes à charge pour 100 individus en âge de travailler à La Réunion contre 66 en métropole. Si en France métropolitaine, c’est le poids du vieillissement et donc de la part des personnes âgées de plus de 60 ans qui explique l’essentiel de la dépendance économique de la

1 Ce taux indique le nombre moyen de personnes à charge (jeunes et personnes âgées) par rapport au nombre

d’adultes en âge de travailler, il s’exprime pour 100 personnes d’âges actif.

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population, ce n’est pas le cas à La Réunion. En effet, compte tenu de la jeunesse de la population réunionnaise le rapport de dépendance jeunesse est beaucoup plus élevé qu’en France métropolitaine : en 2007, on compte 41,8 jeunes âgés de moins de 15 ans pour 100 personnes d’âges actif contre seulement 30 en métropole. Le rapport de dépendance jeunesse est cependant en forte baisse à La Réunion, il a diminué de 4,8 points entre 1999 et 2007. Le rapport de dépendance vieillesse suit quant à lui une tendance à la hausse à La Réunion, il a augmenté de près de 2 points entre 1999 et 2007. Avec 12 personnes âgées de 60 et plus pour 100 individus en âge de travailler (15-59 ans) il reste néanmoins deux fois plus faible que la moyenne métropolitaine.

Taux de dépendance et indices de vieillissement de la population totale en 1999 et 2007 L’augmentation de la part des personnes âgées de plus de 60 ans tout comme l’indice de vieillissement illustrent cette augmentation du poids des plus âgés et de la baisse des classes d’âges les plus jeunes. La comparaison de ces indices avec la métropole indique que le vieillissement de la Réunion se fait par le haut comme par le bas de la structure par âge et que la tendance sur l’île est plus rapide qu’en moyenne métropolitaine traduisant un vieillissement accéléré dans les années à venir. Enfin, les mouvements migratoires avec le départ des plus jeunes adultes et l’arrivée et les retours d’adultes après 35 ans contribuent à accélérer ce phénomène. Ainsi, tout en étant confrontée à un vieillissement progressif de sa population, La Réunion doit en même temps répondre au défi de la formation et de l’insertion d’un nombre de jeunes encore très important.

Tableau 1.1.3 : Part (%) des grands groupes d’âge, rapport de dépendance et indices de vieillissement et de jeunesse, en 1990, 1999 et 2007, à la Réunion et en métropole

France métropolitaine Réunion

1990 1999 2007 1990 1999 2007

Parts (%)

0-14 20,1 18,9 18,3 29,5 28,8 26,2

15-59 60,8 60,5 60,2 61,9 61,8 62,7

60+ 19,0 20,6 21,5 8,6 9,5 11,1

15-64 66,0 65,2 65,2 64,6 64,8 66,0

65+ 13,9 15,9 16,5 5,8 6,5 7,8

Taux de dépendance (%)

Jeunesse (0-15ans/ 15-59 ans) 33,1 31,3 30,4 47,8 46,6 41,8

Vieillesse (60 ans et +/15-59 ans) 31,3 34,0 35,6 13,9 15,4 17,7

Total (0-15ans + 60 ans et +)/(15-59 ans) 64,4 65,3 66,1 61,7 61,9 59,5

Jeunesse (0-15ans/15-64 ans) 30,5 29,1 28,1 45,7 44,4 39,7

Vieillesse (65 ans et +/15-64 ans) 21,1 24,4 25,4 9,0 10,0 11,7

Total (0-15ans + 60 ans et +)/(15-59 ans) 51,6 53,4 53,5 54,8 54,4 51,5

Indices (%)

Vieillissement 50,1 61,8 66,7 14,6 17,2 22,1

Jeunesse 199,7 161,7 150,0 683,7 582,4 451,7

Nombre de moins de 20 ans 15719647 15017908 15315094 238712 265370 278190

Nombre de 65 ans et plus 7871514 9285296 10208292 34916 45566 61591

Source : INSEE

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26

Taux de dépendance et indices de vieillissement selon le lieu de naissance (natifs/immigrants)

Les immigrants installés à La Réunion sont principalement des personnes en âge de travailler : 73 % d’entre eux sont âgés de 15 à 59 ans. La part des jeunes de moins de 15 ans et des personnes âgées de 65 ans et plus sont beaucoup plus réduites que dans la population des natifs. L’arrivée des immigrants dans l’île, notamment des individus nés en métropole, contribue donc à équilibrer les rapports de dépendance économique en augmentant la part des personnes en âge de travailler sans augmenter celle des personnes à charge. Du point de vue des natifs, le rapport de dépendance est nettement moins favorable en raison de la part élevée des jeunes de moins de 15 ans (28 % de la population). Par ailleurs, le départ des natifs aux âges jeunes (20-30 ans) réduit le nombre d’adultes en âge de travailler ce qui accroit le rapport de dépendance. Tableau 1.1.4 : Part (%) des grands groupes d’âge, rapport de dépendance et indices de vieillissement et de jeunesse, selon l’origine, 2007, à la Réunion et en métropole

REUNION Population

totale Natifs Immigrants

Parts (%)

0-14 (%) 26,4 27,8 18,5

15-59 (%) 62,4 60,6 72,9

60+ (%) 11,2 11,6 8,6

15-64 (%) 65,8 63,9 76,5

65+ (%) 7,8 8,3 5,0

Rapport de dépendance (%)

Jeunesse (0-15ans/15-59 ans) 42,2 45,9 25,4

Vieillesse (60 ans et +/15-59 ans) 17,9 19,2 11,8

Total (0-15ans + 60 ans et +)/(15-59 ans) 60,1 65,1 37,3

Jeunesse (0-15ans/15-64 ans) 40,1 43,5 24,2

Vieillesse (65 ans et +/15-64 ans) 11,8 13,0 6,6

Total (0-15ans + 60 ans et +)/(15-59 ans) 51,9 56,5 30,8

Indices (%)

Vieillissement 22,1 22,6 18,3

Jeunesse 453,0 442,8 546,8

Nombre de moins de 20 ans 275795,6 242938,0 32857,6

Nombre de 65 ans et plus 60878,1 54868,6 6009,5

Source : INSEE

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27

SECTION 2 : L’éducation

1.2.1 Niveau de diplôme de la population

La Réunion compte près de 50% de non diplômés dans la population ayant terminé ses études, contre moins de 20% en moyenne nationale. C’est dans cette catégorie que l’écart avec le niveau métropolitain est le plus marqué. Les générations d’adultes qui n’ont pas pu bénéficier de la mise en place, relativement récente du système éducatif réunionnais, explique cette différence. Cependant, les classes d’âges les plus jeunes sont proportionnellement plus nombreuses à sortir du système scolaire sans diplôme à La Réunion qu’en métropole. Parmi les diplômés, les titulaires de CAP et BEP sont les plus nombreux aussi bien à La Réunion qu’en métropole. Les écarts tendent même à se réduire chez les hommes. A l’inverse, les niveaux CEP-BEPC sont moins bien représentés dans le département. Au niveau Bac, l’écart avec la métropole est encore significatif mais tend à se réduire, surtout chez les femmes. L’écart se creuse en revanche pour les titulaires d’un diplôme supérieur au Bac. Ils sont en moyenne 13,9% à La Réunion, alors que leur part approche les 23% au niveau national.

Niveau de diplôme de la population par âge, sexe et lieu de naissance en 1999 et 2007

L’examen de la situation huit années auparavant montre de réels progrès dans le niveau de formation de la population à La Réunion avec un poids grandissant des diplômés et un recul des niveaux inférieurs au BEPC. Cela se traduit par une nette chute de la part des non-diplômés (- 8 points entre 2007 et 1999), alors que le taux est resté relativement stable au niveau national. Le rythme de progression des bacheliers a même été légèrement supérieur à l’évolution enregistrée au niveau national. Il en va de même pour les diplômés du CAP ou du BEP qui, dans la période, ont vu leur poids progresser à La Réunion, en particulier chez les hommes, alors qu’elle diminuait au niveau national. Enfin, c’est la part de diplômés du supérieur qui a le plus augmenté (+5 points entre 1999 et 2007). Cette hausse reste cependant inférieure à celle observée en moyenne nationale. Figure 1.2.1 : Distribution de la population de 15 ans et plus ayant terminé les études par niveau de diplôme à la Réunion et en France, 2007

Niveau de diplôme par sexe à La Réunion (2007)

0

10

20

30

40

50

60

Aucun diplôme CEP-BEPC CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

%

Hommes Femmes France entière (H) France entière (F)

Source : INSEE

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28

Figure 1.2.2 : Evolution (en points) de la population par niveau de diplôme à la Réunion et en France, 1999-2007

Evolution en points du niveau de dipôme (%) en France

et à la Réunion sur la période 1999-2007

-8

-6

-4

-2

0

2

4

6

8

Aucun diplôme CEP-BEPC CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

France

Réunion

Source : INSEE

La pyramide des âges selon le niveau de diplôme illustre clairement cette amélioration d’ensemble des niveaux de formation à La Réunion. A son sommet, on note que les plus âgés sont dans leur grande majorité peu ou pas diplômés (niveau inférieur ou égal au BEPC), tandis qu’à l’opposé, la base de la pyramide montre qu’une part non négligeable de la jeunesse réunionnaise quitte le système scolaire avec un diplôme supérieur ou égal au bac. Ce constat ne doit pas pour autant éclipser le fait que les individus « peu ou pas diplômés » (ayant le CEP, BEPC ou aucun diplôme) représentent encore une part importante des jeunes réunionnais. Figure 1.2.3 : Pyramide des âges de la population selon le niveau de diplôme, 2007

Niveau de diplôme par âge à la Réunion (2007)

7 5 3 1 1 3 5 7

15 - 19 ans

20 - 24 ans

25 - 29 ans

30 - 34 ans

35 - 39 ans

40 - 44 ans

45 - 49 ans

50 - 54 ans

55 - 59 ans

60 - 64 ans

65 - 69 ans

70 - 74 ans

75 - 79 ans

80 - 84 ans

85 - 89 ans

90 - 94 ans

95 - 99 ans

100 ans et +

%

Diplôme > Bac

Bac

CAP-BEP

Peu ou pas diplômé

Hommes Femmes

Source : INSEE

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29

Les progrès d’ensemble au plan de la formation générale à La Réunion masquent aussi de fortes inégalités entre les populations selon leur lieu de naissance. Alors que 63,5% des natifs étaient en 2007 « peu ou pas diplômés », cette part était de 52,9% parmi les personnes nées à l’étranger et seulement de 15,8% pour celles nées en métropole. Seuls les individus nés dans un autre Dom/Com, très souvent originaires de Mayotte, enregistrent un niveau de « peu ou pas diplômés » supérieur au niveau des natifs : plus des deux tiers ne possèdent qu’un très faible niveau d’étude. A l’opposé, les natifs de métropole et de l’UE sont les plus diplômés du supérieur : ils sont près de la moitié à avoir atteint ce niveau. Au total, près des deux tiers des immigrants nés en métropole vivant à La Réunion ont un diplôme équivalent ou supérieur au bac, illustrant clairement une immigration de travailleurs qualifiés. Seuls 19,3% des natifs de La Réunion ont atteint ces niveaux. Figure 1.2.4 : Distribution de la population par niveau de diplôme et lieu de naissance, 2007

Niveau de diplôme par lieu de naissance à la Réunion (2007)

63,569,7

15,821,4

52,9

17,210,8

16,112,6

7,9

10,8 8,7

19,4 18,6

15,4

8,5 10,8

48,6 47,3

23,8

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

Nés

dan

s le

dépa

rtem

ent

Nés

dan

s un

Dom

/Com

Nés

en

mét

ropo

le

dans

un

pays

de

l'UE

27

Nés

à

l'étr

ange

r

Diplôme > Bac

Bac

CAP-BEP

Peu ou pas diplômé

Source : INSEE

Proportion de personnes âgées de 30-34 ans et ayant un diplôme du supérieur La comparaison du poids des diplômés du supérieur parmi les 30-34 ans à La Réunion et en métropole souligne l’ampleur du retard du département. L’écart apparaît en effet considérable entre le taux réunionnais et la moyenne nationale (19 points d’écart). Il est d’autant plus important chez les femmes réunionnaises qui enregistrent un écart de près de 22 points avec le niveau des françaises. Les hommes quant à eux présentent un écart de 17 points entre le niveau réunionnais et le niveau français. Par ailleurs, il faut noter que ce taux moyen des diplômés du supérieur (22,9%) pour l’ensemble des 30-34 ans résidant à La Réunion, recouvre également des écarts sensibles selon le lieu de naissance. Il n’est en effet que de 16,4% pour les natifs du département, alors qu’il atteint 58,5% pour les individus nés en métropole vivant à La Réunion, soit un niveau largement supérieur à celui enregistré en France (42%), ce qui confirme la sélection de l’immigration des individus les plus qualifiés.

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30

Tableau 1.2.1: Part (%) de diplômés du supérieur parmi la population âgée de 30-34 ans selon le sexe, Réunion et France métropolitaine (recensement de 2007).

% France Réunion

Hommes 37,9 21,0

Femmes 46,1 24,6

Total 42,0 22,9

Source : INSEE

Tableau 1.2.2: Part (%) de diplômés du supérieur parmi la population âgée de 30-34 ans selon le sexe et le lieu de naissance, (recensement de 2007).

% Dans le

département Dans un autre

Dom/Com En métropole UE27 Etranger Total

Hommes 13,8 17,1 55,3 50,1 31,5 21,0

Femmes 18,7 14,4 61,8 64,9 22,7 24,6

Total 16,4 15,3 58,5 58,4 25,9 22,9

Source : INSEE

Niveau de diplôme de la population des natifs en métropole en 2007

Si de fortes inégalités persistent sur le niveau de diplôme à La Réunion selon le lieu de naissance (entre natifs et non-natifs), c’est aussi parce qu’une part importante des diplômés réunionnais ne réside plus dans leur département mais sont installés en France métropolitaine. Ils présentent, en effet, une structure par niveau de diplôme proche de la distribution nationale. Comparé à la structure par niveau de diplôme de la population de l’ensemble des natifs, le décalage est extrêmement important : 60% des natifs de la Réunion sont peu ou pas diplômés. Ils ne sont que 38% parmi ceux installés en métropole. A contrario, les natifs de l’île installés en métropole sont près de 20% à détenir un diplôme de l’enseignement supérieur, contre seulement 10% pour l’ensemble des natifs.

Figure 1.2.5 : Distribution de la population native de la Réunion en métropole selon niveau de diplôme, 2007

Niveau de diplôme de la population

des natifs de la Réunion en métropole (2007)

59,3

37,5

38,6

18,7

24,0

26,1

11,6

15,3

15,8

10,4

23,1

19,5

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Ensemble natifs

Ensemble

métropole

Natifs en

métropole

Peu ou pas diplômé

CAP-BEP

Bac

Diplôme > Bac

Source : INSEE

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31

Proportion des natifs de La Réunion résidant en métropole selon le niveau de diplôme

La part des natifs de La Réunion résidant en métropole est maximale chez les individus ayant un niveau supérieur au baccalauréat. En 2007, près de 40% des 20-24 ans ayant un diplôme du supérieur vivaient en métropole. Après 35 ans, cette part oscille autour des 30%. A contrario, on comptait en métropole moins de 10% des personnes de ces âges ne possédant qu’un faible niveau de diplôme. Cette part dépasse les 15% parmi les individus âgés de 50 à 55 ans, issus des vagues de migration plus anciennes. L’émigration vers la métropole concerne donc majoritairement les individus les plus diplômés. Cette sélection des plus qualifiés par l’émigration explique que le niveau de diplôme des natifs, restés ou revenus dans leur département, soit beaucoup plus faible que la moyenne nationale.

Figure 1.2.5 : Part des natifs de la Réunion en métropole par âge et niveau de diplôme, 2007

Ratio des natifs de la Réunion résidant en métropole

selon le niveau de diplôme

0

10

20

30

40

50

< de 1

5 ans

15-1

9 an

s

20-2

4 an

s

25-2

9 an

s

30-3

4 an

s

35-3

9 an

s

40-4

4 an

s

45-4

9 an

s

50-5

4 an

s

55-5

9 an

s

60-6

4 an

s

> de 6

4 ans

%

Peu ou pas diplômés Diplôme > Bac

Source : INSEE

1.2.2 Scolarisation

Evolution des effectifs d’élèves par niveau

A la rentrée 1998, l’académie de La Réunion comptait plus de 216 000 jeunes scolarisés dans le premier et le second degré des secteurs public et privé (hors post-baccalauréat). Dix ans après, on en dénombre 7 000 de plus, avec 223 560 élèves inscrits dans un établissement scolaire à la rentrée 2008. Cette hausse va donc à l’encontre de la baisse constatée au niveau national (- 2,5%) sur la même période. Elle est d’autant plus forte pour les effectifs du second degré qui ont augmenté de 6% alors qu’ils diminuaient d’autant au niveau national. Au niveau du second degré, La Réunion

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32

scolarise beaucoup plus d’élèves dans les filières professionnelles que la moyenne Française. A la rentrée 2009, 39% des inscrits en second cycle suivaient un cursus professionnel, contre 31% en métropole. Ils étaient 55% à suivre un cursus général et technologique à La Réunion, et 64% au niveau national.

Tableau 1.2.3: Evolution des effectifs d’élèves par niveau d’enseignement à la Réunion et en France, 1998-2008.

Premier degré Second degré Ensemble

1998 2008 Evolution 1998 2008 Evolution 1998 2008 Evolution

Guadeloupe 121113 122298 1,0 95132 101262 6,4 216245 223560 3,4

France (en milliers) 6606,8 6643,6 0,6 5688,8 5339,7 -6,1 12295,6 11983,3 -2,5

Source : MEN

Tableau 1.2.4 : Effectifs du premier degré par niveau à la Réunion à la rentrée 2009

Réunion

France (en milliers)

Préélémentaire 44301 2532,8

CP-CM2 76093 4070,5

ASH 1343 43,8

Total premier degré 121737 6647,1

Evolution 2009/2008 (%) -0,5 0,1

Part du public (%) 92,5 86,5

Source : MEN

Tableau 1.2.5 : Effectifs du second degré par niveau à la Réunion à la rentrée 2009

Réunion

France (en milliers)

Premier cycle 58093 3107,2

Second cycle professionnel 16736 694,3

Second cycle général et techno 23403 1431,3

Second degré adapté (SEGPA) 2403 98,9

Total second degré 100635 5331,7

Evolution 2009/2008 (%) -0.6 -0,1

Part du public (%) 93.6 78,8

Source : MEN

Taux de scolarisation de la population par âge et sexe

Le taux de scolarisation à La Réunion se distingue du niveau national dès la fin de la scolarité obligatoire. Alors qu’en France, 93% des individus âgés de 17 ans sont encore scolarisés, ils ne sont que 86% parmi les femmes réunionnaises, et 81% pour les hommes de l’île. Cet écart se creuse encore davantage en avançant dans les âges et ne se résorbe qu’après 25 ans. Cet écart atteint d’ailleurs son maximum aux âges moyens d’inscription dans le supérieur, ce qui peut s’expliquer par le départ des jeunes réunionnais vers la métropole pour poursuivre leurs études alors que ceux ayant terminés leur scolarité avant cet âge restent sur l’île.

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33

Figure 1.2.6 : Taux de scolarisation selon le sexe et l’âge, 2007,

Taux de scolarisation par âge

et par sexe à la Réunion (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Âge

%

Hommes Femmes France entière (H/F)

Source : INSEE

Réussite aux principaux examens

Le diplôme national du brevet a été attribué à 10 293 candidats en 2009. Le taux de réussite gagne plus de 4 points par rapport à l’année précédente et franchit pour la première fois la barre des 80%. 8 118 candidats ont obtenu le baccalauréat en 2009. Le taux de réussite s’élève à 85,3%. C’est le meilleur score jamais atteint à La Réunion. L’écart de taux de réussite avec le niveau national s’est fortement atténué passant de six points à un point en dix ans. L’enseignement technique (hors bac) reste en deçà du niveau national, surtout au niveau du BEP qui enregistre un retard de 10 points à La Réunion.

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34

Tableau 1.2.6 : Taux de réussite aux examens à la Réunion et en France, 2009.

Session 2009

Réunion France

Présentés Admis % Présentés Admis %

Brevet 12 799 10 293 80,4 736 836 609 425 82,7

Collège 11 360 9 154 80,6 660 192 552 155 83,6

Technologique 0 0 0,0 36 480 29 958 82,1

Professionnel 1 439 1 139 79,2 40 164 27 312 68,0

Baccalauréat général 4 438 3 990 89,9 322 576 286 762 88,9

L - Littéraire 961 826 86,0 54 774 47 765 87,2

ES - Economique et social 1 463 1 281 87,6 102 116 90 466 88,6

S - Scientifique 2 014 1 883 93,5 165 686 148 531 89,6

Baccalauréat technologique 2 944 2 317 78,7 164 894 131 602 79,8

Hôtellerie 25 24 96,0 2 866 2 533 88,4

SMS - Sciences médico-sociales 354 255 72,0 25 030 18 542 74,1 STI - Sciences technologies industrielles 644 471 73,1 38 405 30 281 78,8 STG - Sciences technologies de la gestion 1 800 1 486 82,6 83 520 67 918 81,3 STL - Sciences technologies de laboratoire 82 63 76,8 8 044 6 976 86,7 STAV - Sciences technologies de l'agronomie 39 18 46,2 6 699 5 048 75,4

Autres séries technologiques 0 0 0,0 330 304 92,1

Baccalauréat professionnel 2 137 1 811 84,7 138 243 120 728 87,3

Ensemble des baccalauréats 9 519 8 118 85,3 625 713 539 092 86,2 Enseignement technique (hors bac) 10 186 6 817 66,9 625 011 465 760 74,5

Certificat d'Aptitude Professionnelle 3 049 2 300 75,4 181 182 146 855 81,1

Brevet d'Études Professionnelles 4 548 2 916 64,1 228 102 170 536 74,8

Mentions complémentaires 207 190 91,8 13 318 11 358 85,3

Brevet professionnel 342 190 55,6 29 137 20 594 70,7

Brevet de technicien 0 0 0,0 1 682 1 293 76,9

Brevet de technicien supérieur 1 971 1 194 60,6 162 773 110 483 67,9

Source : INSEE

Evolution des taux d’accès à La Réunion et en métropole

Le taux d’accès au niveau IV de formation, c’est à dire en classe de terminale, est inférieur au niveau national. S’il tend à s’en approcher depuis la fin des années 1990, la part d’accédants à ce niveau reste relativement faible à La Réunion : en 2008, 59,3% des jeunes réunionnais accédaient au niveau Baccalauréat contre 64,5% en France. Cet écart se retrouve essentiellement chez les hommes qui enregistrent un écart de 10 points avec le taux national contre moins de 2 points pour les femmes. La

prise en compte des autres voies de formation (apprentissage) et hors Education Nationale (Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche) creusent davantage l’écart entre La Réunion et la moyenne de France. L’apprentissage étant moins présent à La Réunion.

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35

Figure 1.2.7 : Evolution des taux d’accès au niveau IV de formation à la Réunion et en France, 1995-2008

Source : MEN

Tableau 1.2.7: Taux d’accès par sexe au niveau IV de formation à la Réunion et en France (2008)

MEN-scolaire Toutes voies de formation

Hommes Femmes Ensemble

Réunion 50,6 68,5 59,3 62,8

France entière 59,1 70 64,5 71,5

Source : MEN

Inscriptions dans l’enseignement supérieur (universités uniquement)

En 2009, l’université de La Réunion comptait 11 659 étudiants inscrits, un chiffre en progression de 3,1% par rapport à l’année précédente ce qui correspond à l’évolution moyenne des effectifs dans les universités françaises. Cependant, les inscriptions en Licence représentaient 72,9% du total des inscrits à l’université, soit près des trois quarts des inscrits. En comparaison, le poids moyen du cursus licence dans les universités françaises est seulement de 59%.

Tableau 1.2.8: Effectifs et évolution des inscrits dans les universités (2008-2009)

Effectifs totaux

Evolution par rapport à 2008-2009 (%)

Nouveaux entrants Poids du cursus

licence (%)

La Réunion 11 659 3,1 3 399 72,9

France entière 1 444 583 2,9 276 996 59

Source : MEN

Tableau 1.2.9: Distribution des effectifs inscrits dans les universités par filières (2009)

Licence % Master % Doctorat % Ensemble

Droit, sciences politiques 1381 86,4 187 11,7 31 1,9 1599

Sciences économiques, AES 2102 82,9 415 16,4 20 0,8 2537

Lettres, sciences humaines - Langues 2322 69,3 899 26,8 131 3,9 3352

Sciences, STAPS 1748 78,7 374 16,8 99 4,5 2221

Santé 485 100,0 0 0,0 0 0,0 485

IUT 465 100,0 0 0,0 0 0,0 465

IUFM 0 0,0 1000 100,0 0 0,0 1000

Total 8503 72,9 2875 24,7 281 2,4 11659

Source : MEN

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36

Cette faible part d’étudiants inscrits en Master ou Doctorat à La Réunion peut s’expliquer par le nombre parfois restreint de cursus différents à ces niveaux de formation. C’est par exemple le cas des filières « Santé » qui n’offrent aucune possibilité de prolonger ses études sur l’île à un niveau supérieur à Bac+3. Au contraire les lettres, sciences humaines, langues comptent 69,3% des étudiants inscrits dans ces cursus en Licence et donc encore 26,8 % inscrits en Master. Malgré l’élargissement de l’offre éducative à La Réunion, certains étudiants désireux de suivre leurs cursus sont dans l’obligation de partir en mobilité et de s’inscrire dans une académie de métropole, notamment aux niveaux Master et Doctorat.

1.2.3 Echec scolaire, illettrisme, abandon prématuré Au 1er janvier 2009, 22% des réunionnais éprouvent de réelles difficultés à l’écrit à un degré tel qu’une communication efficace par ce moyen leur est particulièrement difficile. Ce handicap augmente avec l’âge, surtout après 45 ans : les 46-55 ans enregistrent un taux d’illettrisme de 33% et, après 55 ans, ils sont près d’une personne sur deux (42%) à éprouver des difficultés. Même si contrairement à leurs aînés, ils ont tous eu accès à une scolarité obligatoire, les jeunes ne sont pas non plus épargnés : 14% des 16-29 ans sont à cet égard en grande difficulté.

Tableau 1.2.10 : Taux d’illettrisme par sexe et âge, selon la gravité (2009)

% En difficulté à l'écrit

Dont graves ou fortes

Ensemble 29 22

Hommes 33 27

Femmes 24 17

16 - 25 ans 17 12

26 - 35 ans 20 15

36 - 45 ans 29 20

46 - 55 ans 42 33

56 - 65 ans 47 42

Source : INSEE

Taux d’échec scolaire En 2007 à La Réunion, 22,6% des jeunes de 18 à 24 ans sortis du système scolaire sont sans aucun diplôme ni qualification. Un chiffre presque trois fois supérieur à celui enregistré à l’échelle nationale. Les hommes sont plus touchés par ce phénomène (25% de sortie sans qualification) que les femmes (20% de sortie sans qualification).

Tableau 1.2.11 : Taux d’échec scolaire1 selon le sexe, à la Réunion et en France, 2007

% France Réunion

Hommes 10,2 25,2

Femmes 7,4 20,0

Total 8,8 22,6

Source : INSEE

Encore une fois, ces taux sont relativement différents à la lumière du lieu de naissance des individus. Ainsi le taux d’échec scolaire passe de 24% pour les natifs à seulement 10,2% pour les métropolitains installés sur l’île. Le taux d’échec scolaire est également extrêmement fort pour les individus nés

1 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

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dans un autre Dom/Com, surtout chez les femmes – essentiellement mahoraises – pour lesquelles le taux d’échec scolaire atteint 33%. Le constat est le même pour les femmes nées à l’étranger (Maurice, Madagascar) qui enregistrent quant à elles un taux d’échec scolaire proche de 32%. Tableau 1.2.12 : Taux d’échec scolaire1 selon le sexe et le lieu de naissance, Réunion, 2007

% Dans le

département Dans un autre

Dom/Com En métropole UE27 Etranger Total

Hommes 27,0 20,2 11,6 9,3 22,9 25,2

Femmes 20,8 33,0 8,9 4,4 31,8 20,0

Total 24,0 27,2 10,2 6,5 27,8 22,6

Source : INSEE

Taux d’abandon prématuré des études Si le taux d’échec scolaire à La Réunion atteint un niveau très supérieur à celui observé en France, le taux d’abandon prématuré est lui relativement proche du niveau national. A La Réunion, 4,5% des jeunes de 18 à 24 ans ayant obtenu le BEPC ont quitté l’école, c’est à dire abandonné prématurément les études. Ils sont 3,7% en moyenne « France entière ».

Tableau 1.2.11 : Taux d’abandon prématuré des études2 selon le sexe, à la Réunion et en France, 2007

% France Réunion

Hommes 4,0 4,2

Femmes 3,3 4,8

Total 3,7 4,5

Source : INSEE

1 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

2 Proportion des 18-24 ans, non scolarisés et qui n’ont pas le diplôme de fin d’études obligatoire : BEPC

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SECTION 3 : Activité, emploi, chômage, pauvreté

1.3.1 Données générales

Emploi, population active

Evolution de la population active au sens du BIT

Les taux d’activité à La Réunion sont bien plus faibles qu’en métropole. Seuls les jeunes hommes réunionnais (15-24 ans) se rapprochent du niveau hexagonal. Les femmes réunionnaises, quant à elles, enregistrent à tous les âges des écarts allant de 7 à 15 points avec les femmes métropolitaines (contre 3 à 6 points pour les hommes). L’écart le plus important concerne les femmes aux âges de pleine activité : entre 25 et 49 ans, seules 69% des femmes de La Réunion sont actives contre 84% en métropole. Tableau 1.3.1 : Taux d’activité et taux d’emploi à la Réunion et en métropole, selon le sexe et l’âge, 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Metropole Réunion Réunion Réunion Métropole Réunion

Population active (effectifs) 27 800 685 308 380 321 954 326 282 28 180 883 340 607

Hommes 14 626 382 171 129 172 436 175 884 14 736 476 182 678

Femmes 13 174 303 137 251 149 518 150 398 13 444 408 157 929

Taux d'activité 15-64 ans (%) 69,7 58,2 59,9 60,0 70,5 61,3

Hommes 74,4 67,0 66,5 67,2 74,9 68,4

15-24 ans 38,0 35,6 34,2 35,2 42,9 37,8

25-49 ans 94,8 86,2 86,1 87,1 94,8 88,4

50-64 ans 62,1 55,5 57,0 56,5 61,2 58,6

Femmes 65,1 50,0 53,7 53,2 66,1 54,7

15-24 ans 31,8 23,4 28,1 27,5 35,6 25,5

25-49 ans 82,8 65,0 67,9 67,1 84,2 69,6

50-64 ans 54,9 40,1 45,2 45,7 54,1 47,5

Taux d'emploi 15-64 ans (%) 64,1 43,9 45,3 43,5 63,8 43,5

Hommes 68,8 51,3 51,1 49,6 68,1 49,2

15-24 ans 30,9 17,9 17,7 17,0 33,4 17,9

25-49 ans 88,6 68,5 68,7 66,0 87,3 64,9

50-64 ans 58,8 47,3 48,2 47,8 57,4 49,1

Femmes 59,5 37,1 39,8 37,9 59,7 38,3

15-24 ans 25,3 11,6 13,9 13,1 27,2 10,4

25-49 ans 76,1 48,8 51,4 48,1 76,7 49,1

50-64 ans 51,8 34,6 37,9 38,6 50,6 39,9

Source : INSEE

L’écart entre l’île et la métropole s’accroit davantage si l’on s’intéresse aux taux d’emploi en 2010 : ils atteignent seulement 49% pour les hommes (68% en métropole) et 38% pour les femmes (60% en métropole). Plus que le taux d’emploi des jeunes – qui enregistre un écart de 16 points avec la métropole – c’est surtout le taux d’emploi aux âges de pleine activité (25-49 ans) qui diffère significativement du niveau hexagonal, avec 65% contre 87% pour les hommes, et 49%, contre 77% pour les femmes. Soit 20 à 30 points d’écarts selon le sexe.

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Temps partiel et CDD

En matière d’emploi, les écarts entre hommes et femmes à La Réunion sont très marqués. Ainsi, alors que seulement 1 homme sur 10 travaille à temps partiel sur l’île, les femmes sont près d’un tiers à ne pas bénéficier d’un temps complet. Les jeunes enregistrent eux aussi un taux de temps partiel élevé (30% en 2010). Ce temps partiel est très souvent subi, chez les hommes (68 %) mais aussi chez les femmes (62 %) et surtout pour les jeunes (72 %). Tableau 1.3.2 : Proportion de l’emploi à temps partiel selon le sexe, et part d’emploi à temps partiel non désirée, 2008-2010

Réunion Taux de temps partiel* (%) Dont temps partiel subi (%)

2008 2009 2010 2008 2009 2010

Jeunes (- 30 ans) 27,0 25,1 30,8 54,1 49,6 71,2

Hommes 12,4 11,7 11,0 62,0 62,2 68,7

Femmes 34,0 32,6 34,8 54,7 49,0 61,7

Ensemble 22,4 21,2 22,0 56,9 52,9 63,6

* par rapport à l'ensemble des actifs occupés

Source : INSEE

Les jeunes réunionnais ayant un emploi connaissent surtout une situation de précarité vis-à-vis des contrats de travail qui leurs sont proposés. Beaucoup sont des contrats de courte durée. En 2010, 40% des jeunes réunionnais en emploi, l’étaient à durée déterminée. Si pour eux, ce type de contrat reste le principal moyen d’entrée sur le marché du travail, la proportion de CDD reste tout de même très élevé à tous les âges et davantage chez les femmes. La Réunion enregistre d’ailleurs la proportion de CDD la plus forte des DOM : 19% en 2010 contre 11% aux Antilles et 16% en Guyane. Tableau 1.3.3 : Proportion des actifs employés en CDD selon le sexe, 2008-2010

Réunion Taux de CDD* (%)

2008 2009 2010

Jeunes (- 30 ans) 32,3 31,4 39,0

Hommes 16,3 14,1 16,2

Femmes 19,3 18,8 22,3

Ensemble 17,7 16,3 19,0

* par rapport à l'ensemble des actifs occupés

Source : INSEE Rythme annuel de la création d’emploi

Figure 1.3.1 : Taux annuels d’évolution des créations d’emploi à la Réunion et en France métropolitaine depuis 1990

Source : INSEE

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Le volume de l’emploi a connu une croissance appréciable depuis le début des années 90. Seules les années 91-92 (-4%) et 96-97 (-1%) affichent des évolutions négatives.Cette tendance suit d’ailleurs, de manière amplifiée, le rythme observé en France métropolitaine. Après une forte période de croissance de l’emploi au tournant du millénaire à la Réunion, le rythme s’est essoufflé en 2003 et 2004, mais il a repris en 2005-2007 grâce au bâtiment. Sur la période 2007-2008, la crise économique se fait sentir à La Réunion comme en France métropolitaine et l’emploi ne croit plus Evolution de l’emploi salarié par secteur

La Réunion est le Dom qui, sur la période 2006-2008 a connu la plus forte progression de ses effectifs salariés (10% d’évolution). C’est surtout dans le domaine de la construction que l’évolution a été la plus marquée : 40% d’évolution sur la période. Ce secteur représente près de 9% de l’emploi salarié à La Réunion, plus que l’industrie (8%) et que l’agriculture (1%) dont les effectifs ont diminué de 200 sur la période. Tableau 1.3.4 : Evolution des emplois salariés par secteur, 2004-2008

2004 2006 2008

Evolution 2006-2008 (%)

Part en 2008 (%)

Effectifs salariés en métropole 23 340 364 23 793 897 23 966 694 2,7 100,0

Agriculture 260 258 248 468 226 779 -12,9 0,9

Industrie 3 789 057 3 642 123 3 520 705 -7,1 14,7

Construction - BTP 1 319 358 1 428 090 1 497 653 13,5 6,2

Services marchands 10 687 193 11 017 496 11 158 537 4,4 46,6

Services non marchands 7 284 498 7 457 720 7 563 020 3,8 31,6

Effectifs salariés à La Réunion 203 348 217 910 223 204 9,8 100,0

Agriculture 2 676 2 617 2 443 -8,7 1,1

Industrie 15 082 15 637 16 660 10,5 7,5

Construction - BTP 13 524 17 909 19 037 40,8 8,5

Services marchands 83 278 89 651 95 709 14,9 42,9

Services non marchands 88 788 92 096 89 355 0,6 40,0

Source : INSEE

A l’image de la métropole, les services représentent 80% des effectifs à La Réunion, ce qui équivaut à quatre salariés sur cinq travaillant dans le secteur tertiaire. La spécificité de l’île se trouve dans la part importante du secteur des services non marchands (administration, éducation) au sein du secteur tertiaire. En 2008, les services non marchands représentaient ainsi 40% de l’emploi salarié à La Réunion contre 31% en métropole. A La différence de la France métropolitaine où les services marchands constituent le principal secteur d’emplois salariés se sont les activités non productives qui embauchent le plus de main d’œuvre à La Réunion. Emploi public

A La Réunion, l’emploi public représente une part importante de l’emploi salarié. En 2008, on comptait sur l’île 28 agents pour 100 salariés, contre 20 pour 100 à l’échelle nationale. Cependant, rapporté à la population totale de l’île, la densité d’agents est égale à celle observée en moyenne nationale : 8 agents pour 100 habitants. La part de l’emploi public est donc élevée à La Réunion comme dans les Dom en général, mais cette situation s’explique avant tout par la faiblesse de l’emploi salarié dans le secteur privé.

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41

Tableau 1.3.5 : Proportion des emplois dans la fonction publique dans l’ensemble des salariés et taux par habitant, dans les DOM, 2008

Agents de la

fonction publique en 2008

Agents pour 100 salariés

(%)

Agents pour 100 habitants

(%)

Guadeloupe 36 961 31,9 9,2

Guyane 18 439 41,7 8,4

Martinique 38 516 30,2 9,7

La Réunion 61 901 27,7 7,7

France 4 893 790 20,0 7,7

Source : INSEE

Parmi les 61 901 agents de la fonction publique recensés à La Réunion en 2008, plus de 40% exerçaient dans la fonction publique territoriale. Les agents réunionnais de la fonction publique territoriale représentent d’ailleurs 1,4% des effectifs nationaux. Ils sont 46,2% à exercer dans la fonction publique d’Etat (contre 41,3% en France) et 12,1% dans la fonction publique hospitalière (contre 21,4% en France). Tableau 1.3.6 : Effectifs des emplois publics par type et part de la Réunion dans le total national de ces emplois

2008

La Réunion La Réunion / France (%)

Fonction publique d'État, agents civils 28 598 1,4

Fonction publique territoriale 25 813 1,4

Fonction publique hospitalière 7 490 0,7

Total des agents civils des fonctions publiques 61 901 1,3

Source : INSEE

Chômage La Réunion affiche le taux de chômage le plus fort des Dom. En 2010, il était de 28,9%, contre 23,8% en Guadeloupe, 22,2% en Martinique et 21% en Guyane. Ce taux de chômage est trois fois supérieur à celui observé en métropole. Plus d’un jeune sur deux est au chômage à La Réunion contre moins d’un jeune sur quatre en métropole. Les femmes réunionnaises sont plus touchées par le chômage mais l’écart avec les hommes reste relativement faible (2 points). A La Réunion, le taux de chômage est élevé à tous les âges : plus d’un adulte âgé de 25 à 49 ans sur quatre et un sénior de plus de 50 ans sur six est touché. Dans ces groupes d’âges, les taux de chômage réunionnais sont environ trois fois plus élevés qu’en métropole.

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Tableau 1.3.7 : Taux de chômage à la Réunion et en métropole, selon le sexe et l’âge, 2007-2010

2007 2008 2009 2010

Métropole Réunion Réunion Réunion Métropole Réunion

Nombre de chômeurs 2 223 000 75 138 78 449 88 955 2 570 000 88 955

Hommes 1 092 000 39 872 39 658 45 837 1 308 000 45 837

Femmes 1 131 000 35 266 38 791 43 118 1 262 000 43 118

Taux de chômage (%) Ensemble 8,0 24,4 24,4 27,3 9,1 28,9

15-24 ans 19,5 50,0 49,3 52,1 23,5 55,3

25-49 ans 7,3 22,5 22,2 26,2 8,1 28,0

50-64 ans 5,4 14,4 15,8 15,5 5,9 16,1

Hommes 7,5 23,3 23,0 26,1 8,8 28,0

15-24 ans 18,8 49,8 48,4 51,7 24,7 52,7

25-49 ans 6,6 20,5 20,3 24,3 7,6 26,5

50-64 ans 5,3 14,8 15,5 15,5 5,6 16,2

Femmes 8,6 25,7 25,9 28,7 9,3 30,0

15-24 ans 20,4 50,5 50,5 52,6 22,1 59,4

25-49 ans 8,1 24,9 24,3 28,3 8,7 29,5

50-64 ans 5,6 13,8 16,2 15,5 6,2 15,9

Source : INSEE

Le chômage et son halo

Si l’on va au delà de la définition du chômage fournie par le BIT, et que l’on prend en compte les inactifs souhaitant travailler, le taux de chômage à La Réunion en 2009 passerait de 27% à 35%. Soit une augmentation de 8 points. Au niveau métropolitain, ce calcul ne fait évoluer que de 2,5 points les chiffres du chômage sur le continent. Les inactifs à la recherche d’un emploi sont en nombre important à La Réunion.

Tableau 1.3.8 : Part des personnes sans emploi souhaitant travailler, 2008--2009

Personnes sans emploi souhaitant travailler (chômeurs + inactifs souhaitant travailler)

Réunion Métropole

2008 2009 2008 2009

En % des personnes actives, ou inactives souhaitant travailler 32,1 35,0 9,4 11,3

Source : INSEE

Durée de la recherche d’emploi

Alors que la France enregistre une durée moyenne de recherche d’emploi d’environ un an, à La Réunion la moyenne s’établie à 31 mois pour l’année 2010. Cette durée reste cependant moins élevée que dans les autres Dom (53 mois en Guadeloupe, 40 en Guyane et 37 en Martinique). Cette plus faible durée à La Réunion peut s’expliquer par l’effet des emplois aidés de courtes durées en direction des chômeurs. La durée de recherche d’emploi augmente avec l’âge : pour les plus de 30 ans, la durée moyenne de recherche d’emploi à La Réunion est de 38 mois. Elle atteint tout de même 21 mois pour les moins de 30 ans.

Tableau 1.3.9 : Proportion des chômeurs par sexe et âge, selon la durée moyenne (en mois) de recherche d’emploi, 2007-2010

Réunion

Durée moyenne de recherche (en mois)

2007 2008 2009 2010

32,8 35,3 31,3 31,6

Jeunes (- 30 ans) 20,7 20,6 19,6 21,3

Autres (+ 30 ans) 40,8 44,9 38,7 38,2

Hommes 33,7 34,1 29,1 29,7

Femmes 31,9 36,5 33,6 33,8

Source : INSEE

La proportion de chômeurs de longue durée est beaucoup plus importante à La Réunion qu’en métropole (65% contre 40%), mais reste moins forte que dans les trois autres Dom qui enregistrent

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des taux proche de 80%. Parmi les 65% de chômeurs de longue durée à La Réunion, la moitié l’est depuis 3 ans ou plus. Ces chômeurs de très longue durée sont en marge du marché de l’emploi, ce qui rend d’autant plus difficile la possibilité d’une (ré)insertion. Tableau 1.3.10 : Part des personnes au chômage depuis plus d’un an, par sexe (%), 2010

2010

Proportion de chômeurs au chômage depuis 1 an ou plus

Hommes Femmes Ensemble

Réunion 59,9 64,5 65,0 (*)

France métropolitaine 42,0 38,7 40,4

(*) Dont 50,6% depuis 3 ans ou plus

Source : INSEE

Taux de chômage selon le diplôme

Les personnes peu ou pas diplômées à La Réunion souffrent davantage du chômage. En 2010, le taux de chômage des non diplômés était de plus de 10 points supérieur au taux de chômage moyen de l’île. La possession d’un diplôme supérieur au Baccalauréat reste la meilleure protection contre le chômage, surtout pour les plus jeunes entrants sur le marché du travail. La population des moins de 30 ans enregistre des écarts de taux de chômage considérables selon le niveau de diplôme : les peu ou pas diplômés ont un taux de chômage supérieur de 47 points à celui des diplômés du supérieur contre 32 points sur l’ensemble de la population. Tableau 1.3.11 : Taux de chômage selon le diplôme, par sexe (%), 2010

Réunion (%) Sans

diplôme ou CEP

Brevet des collèges BEPC

CAP - BEP BAC Bac +2 Sup,

grandes écoles

Jeunes (- 30 ans) 55,4 70,7 46,8 43,8 25,7 9,5

Hommes 37,2 39,4 29,1 19,7 10,9 5,1

Femmes 38,2 38,6 35,9 29,7 13,2 7,2

Ensemble 37,6 39,0 31,6 25,1 12,1 6,2

Source : INSEE

Pauvreté et minima sociaux

Taux de pauvreté (60% du niveau de vie médian)

Relativement proche du niveau métropolitain (avec un seuil différent), le taux de pauvreté à La Réunion a augmenté de 3 points en 3 ans. Le taux de pauvreté en France métropolitaine lui, reste stable sur la période considérée. Tableau 1.3.12 : Taux de pauvreté (%), 2001 et 2006

% 2001 2006 Seuil 2006 (en euros/an)

Réunion 14,0 17,0 5 676

France métropolitaine 13,4 13,1 10 560

Source : INSEE

Minima sociaux

Conséquences des difficultés d’accès à l’emploi, La Réunion connaît des taux d’allocataires de minima sociaux très supérieurs à ceux de France métropolitaine. En volume, La Réunion est le Dom qui possède le plus grand nombre d’allocataires des minima sociaux : 145 000 allocataires. Rapporté à la population de plus de 15 ans, cela représente un taux de 24%, cinq fois supérieur à celui de

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métropole mais légèrement inférieur à celui observé en Guadeloupe (25%). La Réunion est cependant le Dom qui concentre la plus grande proportion d’allocataires du RMI et du RSO (18% et 11%). Le minimum vieillesse touche également une très grande part de la population âgée de 60 ans et plus, près d’une personne sur deux. Parmi les plus fortes progressions depuis 2002, le nombre de bénéficiaire de l’Allocation de parent isolé (API) a presque doublé en huit ans. En 2009, le taux d’allocataire de l’API parmi les femmes de 15-49 ans était de 6% à La Réunion contre seulement 1% en métropole. Cet écart illustre le poids important des familles monoparentales mais aussi les difficultés des parents isolés à La Réunion. Tableau 1.3.13 : Evolution de la population bénéficiaire de minima sociaux par type, 1995-2002-2010

1995 2002 2010 Evolution 2002 - 10

(%)

Taux d'allocataire*(%)

Principaux minima sociaux en Métropole 2 971 052 2 789 831 2 884 698 3,4 5,7

Revenu minimum d'insertion** (RMI) 840 839 950 693 1 005 205 5,7 3,4

Allocation aux adultes handicapés (AHH) 593 895 726 648 884 839 21,8 2,7

Minimum vieillesse (ASV / ASPA) 908 801 590 610 490 116 -17,0 4,7

Allocation de solidarité spécifique (ASS) 480 945 359 023 332 600 -7,4 1,2

Allocation de parent isolé** (API) 146 572 162 857 171 938 5,6 1,2

Principaux minima sociaux à La Réunion 103 239 134 631 145 295 7,9 23,8

Revenu minimum d'insertion (RMI) 51 310 67 915 67 828 -0,1 17,7

Allocation aux adultes handicapés (AHH) 9 237 10 536 12 411 17,8 2,8

Minimum vieillesse (ASV / ASPA) 30 969 31 367 29 308 -6,6 43,1

Allocation de solidarité spécifique (ASS) 6 796 12 601 14 383 14,1 4,4

Allocation de parent isolé (API) 4 927 7 206 13 974 93,9 6,3

Revenu de solidarité*** (RSO) / 5 006 7 391 47,6 10,6

* Pour 100 habitants de 15 ans et plus ** Pour 2010, utilisation des données

RMI: pour 100 habitants âgés de 25 à 59 ans 2008 (avant mise en place du RSA)

AAH: pour 100 habitants âgés de 20 à 59 ans

ASV / ASPA: pour 100 habitants de 65 ans et plus *** Dom uniquement (depuis 2001)

ASS: pour 100 actifs

API: pour 100 femmes âgées de 15 à 49 ans

RSO: pour 100 habitants âgés de 55 à 64 ans

Source : INSEE

1.3.2 Le bénéfice socio-économique de l’installation en métropole

Accès à l’emploi des natifs dans leur Dom et en métropole

Les diplômés du supérieur

Les taux d’emploi des natifs de La Réunion âgés de 30 à 55 ans et diplômés du supérieur sont quasiment équivalents qu’ils vivent sur l’île ou en métropole, et ils sont pratiquement identiques à la moyenne métropolitaine. De manière plutôt surprenante, les taux d’emploi des natives de plus de 30 ans ayant ce même niveau de diplôme et résidant à La Réunion sont élevés, plus élevés même que ceux des natives en métropole de 30 à 55 ans, mais ils restent néanmoins inférieurs à la moyenne métropolitaine, sauf à 40-44 ans. Figure 1.3.2 : Taux d’emploi des Réunionnais diplômés du supérieur Dans leur DOM et en métropole, selon le sexe et l’âge

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45

Taux d'emploi des natifs de la Réunion,

diplômés du supérieur, dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

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60

70

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100

15-19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs dans leur Dom Natives dans leur Dom Natifs en métropole Natives en métropole Métropolitains Métropolitaines

Source : INSEE

Les peu ou pas diplômés

Pour les moins diplômés, les différences d’accès des natifs à l’emploi sont beaucoup plus marquées selon qu’ils vivent à La Réunion ou en métropole. Les hommes natifs de La Réunion, peu diplômés et installés en métropole, possèdent des taux d’emploi supérieurs à la moyenne des métropolitains, et très largement au-dessus de ceux observés chez les natifs vivant dans leur département d’origine. L’écart est très important, quel que soit l’âge : environ 30 points. Il en est de même pour les natives de l’île installées en métropole qui affichent des taux d’emploi comparables, voire supérieurs après 45 ans, à ceux des métropolitaines, et très supérieurs à ceux des femmes restées dans le Dom. L’écart est très marqué à tous les âges. Compte tenu des difficultés d’accès à l’emploi des personnes les moins diplômées à La Réunion, le bénéfice de la migration est considérable. Les natifs et les natives de La Réunion dans leur Dom ont des taux d’emploi ne dépassant pas 60% pour les hommes et 40% pour les femmes. En outre, l’écart des taux d’emploi entre hommes et femmes se creuse après 25 ans aux âges de pleine fécondité, mais il se réduit à partir de 40 ans, lorsque les enfants ont grandi.

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46

Figure 1.3.3 : Taux d’emploi des Réunionnais peu ou pas diplômés, dans leur DOM et en métropole, selon le sexe et l’âge

Taux d'emploi des natifs de la Réunion, peu ou pas diplômés,

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

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90

100

15-19 ans 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs dans leur Dom Natives dans leur Dom Natifs en métropole Natives en métropole Métropolitains Métropolitaines

Source : INSEE

Qualification des emplois occupés par les natifs dans leur Dom et en métropole Les diplômés du supérieur, natifs de La Réunion, accèdent plus facilement à un statut de cadre en métropole que dans leur Dom (40% contre 30%) où ils sont davantage qualifiés en profession intermédiaire. A diplôme équivalent, ils accèdent néanmoins moins souvent aux emplois les plus qualifiés que la moyenne des hommes métropolitains (proche de 50%). Les peu ou pas diplômés quant à eux, ne tirent pas de réel bénéfice de la migration en termes de qualification professionnelle. Pour les natives de La Réunion, diplômée du supérieur, l’accès au statut « cadre » par la migration est très limité. Au contraire, la part d’employée parmi les natives de La Réunion diplômée du supérieur est plus forte en métropole que dans leur Dom, laissant penser que La Réunion offrent encore des opportunités d’emploi pour les femmes les plus diplômées. Les natives peu ou pas diplômées en métropole occupent des emplois d’une qualification proche de celles vivant dans le département et de la moyenne des femmes métropolitaines.

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47

Figure 1.3.4 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme, hommes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natifs de la Réunion

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

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100

Art

, co

mm

,

ch

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d'e

ntr

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Ca

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s >

Pro

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t

Em

plo

Ou

vrie

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Art

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eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Population métropolitaine (hommes - %) Natifs de la Réunion en métropole (%) Natifs de la Réunion dans leur Dom (%)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : INSEE

Figure 1.3.5 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme, femmes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natives de la Réunion

dans leur Dom et en métropole (2007)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Art

, co

mm

,

ch

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d'e

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eP

Ca

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s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

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Art

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Pro

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plo

Ou

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Art

, co

mm

,

ch

efs

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ntr

eP

Ca

dre

s >

Pro

f In

t

Em

plo

Ou

vrie

rs

Population métropolitaine (femmes - %) Natives de la Réunion en métropole (%) Natives de la Réunion dans leur Dom (%)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : INSEE

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48

1.3.3 La concurrence entre natifs dans leur Dom et immigrants nés en métropole et à l’étranger Accès à l’emploi des natifs et des immigrants dans les Dom Les diplômés du supérieur

Globalement le taux d’emploi des plus diplômés résidant à La Réunion sont élevés. Les écarts selon l’origine, l’âge et le sexe des individus sont relativement limités. Les taux d’emploi des diplômés du supérieur à La Réunion sont relativement semblables selon l’origine des individus. Les hommes nés en métropole les plus diplômés ont des taux d’emploi comparables à ceux des natifs de La Réunion. Les immigrantes née en métropole résidant à la Réunion semblent éprouver plus de difficultés d’insertion, elles occupent moins souvent un emploi que les natives les plus diplômées. Les immigrantes nées l’étranger diplômées du supérieur ont des taux d’emploi nettement en retrait des autres catégories de population, surtout chez les jeunes générations (25-35 ans). Les hommes diplômés du supérieur nés à l’étranger enregistrent quant à eux des taux très proche de ceux des natifs ou des métropolitains. Figure 1.3.6 : Taux d’emploi des diplômés du supérieur à la Réunion selon le lieu de naissance, 2007

Taux d'emploi à la Réunion des diplômés du supérieur

selon le lieu de naissance (2007)

0

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100

20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natifs du département Natives du département Immigrants nés en métropole

Immigrantes nées en métropole Immigrants nés à l'étranger Immigrantes nées à l'étranger

Source : INSEE

Les peu ou pas diplômés

Pour les individus pas ou peu diplômés on observe de forte différence d’accès à l’emploi selon le lieu de naissance. Les natifs de La Réunion ont des taux d’emploi inférieurs de 10 à près de 20 points à ceux des migrants métropolitains d’un même niveau de diplôme. Les immigrantes de métropole les moins qualifiées possèdent, elles aussi, des taux d’emploi supérieurs à ceux des natives de La Réunion.

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49

Enfin, les migrants nés à l’étranger, qu’ils soient hommes ou femmes, éprouvent les plus grandes difficultés pour accéder à l’emploi avec un faible niveau de diplôme. Leurs taux d’emploi restent très bas, à tous les âges.

Figure 1.3.7 : Taux d’emploi des personnes peu ou pas diplômées selon le lieu de naissance, Réunion, 2007

Taux d'emploi à la Réunion des peu ou pas diplômés

selon le lieu de naissance (2007)

0

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20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans

%

Natif du département Natives du département Immigrant né en métropole

Immigrantes nées en métropole Immigrant né à l'étranger Immigrantes nées à l'étranger

Source : INSEE

Qualification des emplois occupés par les natifs et les immigrants dans les Dom Les diplômés du supérieur

En termes de qualification, il semble bien exister une concurrence à La Réunion entre les natifs diplômés du supérieur et les immigrants de diplôme équivalent. En effet, alors que près de 50% des immigrants diplômés du supérieur occupent un emploi de cadre à La Réunion, les natifs sont moins de 30% à avoir ce statut. Les natifs du département et diplômés du supérieur occupent plus les positions de « professions intermédiaires ». De la même manière, les immigrants nés en métropole ayant un niveau de diplôme inférieur ou égal au BEP accèdent proportionnellement plus que les natifs de la Réunion aux emplois de profession intermédiaire, cadre supérieur et artisan, commerçant et chez d’entreprise.

Figure 1.3.8 : Répartition par profession des personnes employées selon le niveau de diplôme et le lieu de naissance, hommes, 2007

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50

Qualification des emplois occupés par les natifs

et les immigrants à la Réunion (2007)

0

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Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers

Natifs (hommes - %) Immigrants (hommes - %)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : INSEE

Les peu ou pas diplômés

Bien que diplômées du supérieur, les natives de La Réunion occupent pour près de 30% d’entre-elles, des postes d’employées. Elles ne sont que 10% parmi les immigrantes de même niveau de formation, et ce au bénéfice des professions intermédiaire ou du statut de cadre. Il en va de même pour les natives peu ou pas diplômées qui sont beaucoup plus employées que les immigrantes (près de 80% des natives, contre 60% des immigrantes). Les immigrantes peu ou pas diplômées occupent alors un part plus importante de poste à qualification supérieure et d’emplois indépendants (artisans, commerçants et chef d’entreprise). Figure 1.3.9 : Répartition par profession des personnes employées, selon le niveau de diplôme et le lieu de naissance, femmes, 2007

Qualification des emplois occupés par les natives

et les immigrantes à la Réunion (2007)

0

10

20

30

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90

100

Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers Art, comm,

chefs

d'entreP

Cadres > Prof Int Employé Ouvriers

Natives (femmes - %) Immigrantes (femmes - %)

%

Peu ou pas diplômés CAP-BEP Bac Diplôme > Bac

Source : INSEE

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51

SECTION 4 : Economie Dans cette section, nous ne visons pas une analyse de l’économie en tant que telle, mais dans son rapport à la démographie. Nous considérerons donc principalement le PIB par habitant et sa relation à l’emploi. L’économie est un des domaines clés de la convergence entre les RUP et les moyennes nationale et communautaire, car elle assure que les régions ne s’appauvrissent pas et que les politiques spécifiques aux RUP les ont aidées à se rapprocher de l’ensemble de l’UE. Cependant, les données récentes depuis le début de la crise montrent que la plupart des RUP ont été plus affectés que le continent, et il en est ainsi de la Réunion.

Le PIB SPA

La comparaison des tendances économiques entre les RUP et l’UE27 rend nécessaire d’utiliser le PIB SPA (standard de pouvoir d’achat) qui tient compte des différences de pouvoir d’achat entre les pays de l’UE et l’ensemble UE27. Le PIB SPA est calculé pour toutes les régions sur la base du SPA national. Or il existe aussi des différences de coût de la vie entre les régions. Les DOM notamment connaissent un coût de la vie nettement plus élevé que la métropole, en raison - ou à la base - de l’ajustement salarial de la fonction publique de 54%, ratio qui impacte indirectement sur les salaires du privé et sur le coût des denrées. De ce fait, le PIB SPA estimé pour les DOM est trop élevé, mais on ne peut pas le corriger. En tous cas, il faut considérer que le PIB SPA des DOM est inférieur aux estimations d’EUROSTAT. Nous signalerons les conséquences de cette surestimation du PIB SPA des DOM sur les écarts observés entre les DOM et la moyenne communautaire.

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52

1.4.1 Le PIB par habitant Le PIB par habitant de la France est plus élevé de 14% que son PIB SPA (en standard de pouvoir d’achat) par habitant, en raison d’un coût de la vie plus élevé en France que la moyenne communautaire. Il en est de même à la Réunion, mais cela ne tient pas compte du coût de la vie plus élevé dans les Dom par rapport à la métropole (cf. encadré) et l’écart observé entre les PIB SPA de la Réunion et ceux de la France ou de l’UE est en réalité plus grand qu’il n’apparaît sur ces indices. De ce fait, les écarts de 41% entre le PIB SPA de la Réunion et la moyenne nationale et 37% avec la moyenne communautaire, en 2008, sont à considérer comme des minima. L’écart réel étant plus grand encore. Tableau 1.4.1 : PIB et PIB SPA par habitant (en euros)

PIB pc PIB SPA pc PIB / PIB SPA France = 100 UE = 100

Réunion 17900 15700 1,14 59 63

France 30400 26700 1,14 100 106

UE27 25100 25100 1 100 Source : EUROSTAT

Figure 1.4.1 : PIB SPA par habitant, 1995-2008

0

5000

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15000

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25000

30000

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

France

UE27

Réunion

La croissance du PIB SPA par habitant à la Réunion suit les tendances des moyennes nationales et communautaires, montrant que, mis à part quelques inflexions plus marquées au niveau national ou régional, l’économie de la Réunion a suivi la progression des ensembles dont elle fait partie. Sa croissance a même été légèrement supérieure à celles observées aux niveaux national et communautaire, avec un taux annuel moyen supérieur de 0,8 point de pourcentage à ces dernières dans la seconde moitié des années 1990, et un avantage plus marqué de 1 point sur l’UE et de 2 point sur la France, dans les années 2000 avant la crise. En fait, l’économie réunionnaise s’est accrue encore plus rapidement, car nous considérons ici le PIB par habitant, or la croissance démographique à la Réunion est supérieure à la moyenne nationale. Cependant, ce qui nous importe d’un point de vue ‘démographique’ est la croissance de l’économie rapportée à la population. A l’opposé de ces

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53

performances encourageantes des années 1995-2007, l’économie de la Réunion a été plus touchée par la crise que l’économie nationale, avec une chute de 2,5% en 2008, contre 1,1% au niveau national. Tableau 1.4.2 : Croissance du PIB SPA par habitant (%)

Croissance globale (%) Croissance annuelle (%)

1995-96 / 2000-01

2000-01 / 2007-08

1995-96 / 2000-01

2000-01 / 2006-07

2007 / 2008

Réunion 34,5 33,6 6,1 4,8 -2,5

France 29,4 19,6 5,3 2,7 -1,1

UE27 29,2 28,8 5,3 3,8 0,4 Source : EUROSTAT

Les taux de croissance annuels du PIB SPA par habitant confirment, au-delà de variations annuelles irrégulières, une croissance généralement supérieure à la Réunion par rapport à la moyenne nationale et à l’UE27, sauf lors du ‘creux’ de croissance de 2003. Cependant, la croissance économique de la Réunion apparaît avoir ralenti dès 2006 avant la chute de 2008, qui est plus importante que celle observée au niveau national et communautaire. Figure 1.4.2: Taux (%) de croissance annuelle du PIB SPA par habitant, 1995-2008.

-4,0

-2,0

0,0

2,0

4,0

6,0

8,0

10,0

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

UE27

France

Réunion

Source : EUROSTAT

Ecart à la moyenne de l’UE La croissance économique plus rapide de la Réunion que celle de l’UE, avant 2008, a réduit son écart à la moyenne communautaire de 5 points de pourcentage entre 1995-1996 et 2007. Cependant, cet écart s’est accru de 1 point en 2008. Cependant, l’écart par rapport à l’UE restait important en 2007, avec un PIB SPA par habitant 36% inférieur à la Réunion. Dans les 12-13 années de 1995 à 2007-2008, la Réunion n’avait réduit son écart à l’UE que de 11%.

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54

Tableau 1.4.3 : Ecart du PIB SPA par rapport à la moyenne de l’UE, et proportion de la réduction de cet écart entre 1995-1996 et 2007-2008

Ecart à UE27 Réduction de l'écart

(%)

1995-96 2000-01 2007 2008 1995/6 2007/8

Réunion 59 61 64 63 11,3

France 115 115 108 106 na

Source : EUROSTAT

1.4.2 Productivité La productivité est plus basse à la Réunion qu’en France, d’environ 17%. Cependant, elle a cru un peu plus vite à la Réunion et l’écart s’est légèrement réduit, n’étant plus que de 16% en 2007-2008. Tableau 1.4.4 : Croissance de la « productivité SPA » entre 2000-2001 et 2007-2008

Productivité Croissance Pays = 100

2000-2001 2007-2008 (%) 2000-2001 2007-2008

Réunion 29 36 24 83 84 France 35,1 42,7 21,7 100 100

Source : calculs de l’auteur (rapport du PIB SPA à l’emploi aux âges 15-64 ans) à partir de données EUROSTAT

La croissance du PIB total dans les années 2000, beaucoup plus rapide à la Réunion qu’en France est pour beaucoup due à une croissance du volume de l’emploi importante1 : 19% ; celle-ci reflète principalement l’accroissement démographique, les taux d’emploi n’ayant connu qu’une augmentation bien inférieure. Néanmoins, le taux d’emploi s’est légèrement amélioré en raison du boom de la construction à partir du milieu des années 2000. Tableau 1.4.5 : Croissance (%) du PIB SPA, de la « productivité SPA » et de l’emploi

Croissance (%) Croissance (%) Croissance (%)

PIB SPA Productivité SPA Emploi

Réunion 47,9 24 19,3

France 25,7 21,7 3,3

Source : EUROSTAT et calculs de l’auteur

1.4.3 La contribution des secteurs au PIB La Réunion, comme les autres DOM, est principalement une économie de services, qui représentent 82% de la valeur ajoutée. L’agriculture est relativement importante avec 4% presque autant que l’industrie. Cependant la construction (9%) est aussi importante que l’agriculture et l’industrie réunies. Les services non marchands représentent une part élevée : 35% de la valeur ajoutée, mais

1 Par volume d’emploi, nous entendons le nombre total d’emplois ; dans ce paragraphe, nous utilisons le PIB

total, pas le PIB par habitant.

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comme pour l’emploi, il faut considérer le fait que cette part élevée est en partie due à la faible part du secteur privé. Tableau 1.4.6 : Valeur ajoutée par secteurs (%), 2006

Réunion

Agriculture, pêche 3,9

Industrie 4,8

Construction 9,1

Services 82,2

Commerce 9,5

Activités financières 37,4

services non marchands 35,3

taxes -

Total 100,0 Source : DOM : IEDOM et TER

Le tourisme est peu important à La Réunion, malgré les essais de couplage avec Maurice et il est trop tôt pour évaluer l’impact du parc naturel classé par l’Unesco. La Réunion ne recevait en 2006 que 0,6 touriste par habitant par an. L’île souffre de sa position éloignée de l’Europe et de sa situation dans l’hémisphère sud qui la décale par rapport aux vacances d’été de l’hémisphère nord. Les emplois dans l’hôtellerie-restauration représentent moins de 3% de l’emploi, contre 4% aux Antilles.

1.4.4 Le commerce extérieur Les exportations de La Réunion sont en grande majorité liées à l’agriculture, principalement sous la forme de produits transformés (issus des industries agricoles et alimentaires), avec 64,5% des exportations en valeurs pour l’ensemble de ce secteur. Les biens d’équipement et les biens intermédiaires représentent le quart des exportations, notons parmi celles-ci des chauffe-eau solaires. Le taux de couverture de la balance commerciale est très faible, les exportations représentant seulement 6% des importations en 2008-2009. Tableau 1.4.7 : Exportations en 2009 : Distribution (%), Valeur (millions d’Euros)

Agriculture, sylviculture, pêche 2,5 Industries agri. et alimentaires (IAA) 61,9 Indust. des biens de consommation 3,7 Industrie automobile 8,2 Biens d'équipement 12,8 Biens intermédiaires 10,8 Energie 0,1 Total (valeur) 246,2 Total sans énergie (valeur) 245,9

Source : TER

Les partenaires commerciaux

Comme les autres RUP, La Réunion importe principalement de la métropole et de l’UE, au total 76% de ses importations en valeur. Ainsi, la Réunion importe peu des pays insulaires de sa région (classés sous la rubrique ‘Océan Indien’), aucun n’étant classé parmi les 10 premiers partenaires. Cependant, 20% de ses importations viennent de pays Asie, notamment Singapour (11%), la Chine (6%) et

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secondairement la Thaïlande et la Malaisie. La Réunion considère l’Asie et l’Afrique du Sud comme ses partenaires commerciaux dans la région, les pays insulaires de l’Océan Indien ne représentant pas un marché important, du fait de leur petite taille ou de leur faible développement. Tableau 1.4.8 : Origine des importations et destination des exportations 2008-2009 (En %)

Origine des imports Réunion 2009

Destination des exports Réunion 2008

Pays/ Métropole 62,7 Pays/ Métropole 39,0

UE 13,5 UE 10,7

Autre OM Nd autre OM 11,9

Région Océan Indien Nd Région Océan Indien 9,8

Amérique Nd Amérique 3,2

Asie 20,2 Asie 15,8

Afrique 3,6 Afrique Nd

Autres nd Autres 11,6

Source : IEDOM

Néanmoins, 10% des exportations de la Réunion sont à destination des pays insulaires de l’Océan Indien et 12% sont destinés vers les autres Dom-Com, notamment Mayotte. Les exportations vers les pays d’Asie atteignent 16%. La moitié des exportations de la Réunion sont dirigées vers la métropole ou l’UE ; incluant l’outre-mer, ces destinations dépassent 60% des exportations. Malgré un environnement de petits pays ou de pays pauvres dans sa région insulaire, La Réunion devrait intensifier son commerce avec ces pays, notamment en ce qui concerne sa sécurité alimentaire. Les relations avec Madagascar pourraient être développées s’il n’y avait pas les limites imposées par la législation communautaire en matière d’échanges avec des pays non démocratiques. En résumé, on retiendra principalement le fait que La Réunion s’est rapprochée de la moyenne communautaire en matière de PIB par habitant grâce à une croissance économique plus rapide que la métropole et que l’UE27. Cependant, ce rapprochement a été lent, seulement 11% de l’écart ayant été comblé depuis 1990 ; et le PIB par habitant de La Réunion restait 37% inférieur à la moyenne communautaire en 2008. La Réunion a de plus connu une baisse de son PIB depuis le début de la crise. La croissance de la productivité y a été la plus faible des Dom, à peine supérieure à la moyenne nationale. Ainsi, la croissance a été pour une bonne part liée à l’emploi, avec l’arrivée de générations plus nombreuses sur le marché du travail. Cependant, la croissance de l’emploi n’a pas suffi à résorber significativement le chômage qui est resté à un niveau élevé. L’économie de la Réunion est principalement une économie de services (82% de la valeur ajoutée) ; cependant, le tourisme y est peu important. Les exportations consistent principalement en produits agricoles transformés. Son marché extérieur reste très lié à la métropole et à l’UE qui représentent 76% des importations et 50% des exportations. La Réunion est néanmoins engagée dans un développement de ses relations commerciales avec ses voisins insulaires et surtout avec les pays d’Asie et l’Afrique du Sud qui représentent des marchés aux possibilités importantes.

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SECTION 5 : Ménages, logement

1.5.1 Ménages – familles La baisse de la fécondité, la décohabitation des jeunes et la raréfaction des ménages multi-générationnels1 se traduisent par une réduction de la taille des ménages. A la Réunion, le nombre moyen de personnes du ménage était de 3,0 personnes en 2007 contre 3,8 en 1990. La taille moyenne des ménages à la Réunion s’est rapprochée de la moyenne nationale (2,3), avec 0,7 personne de plus par ménage dans le Dom ; l’écart était beaucoup plus important en 1990, atteignant 1,2 personne. Cependant, la baisse du nombre de personnes par ménage reste assez lente, à l’image de l’évolution de la fécondité. Tableau 1.5.1 : Nombre moyen de personnes par ménage, 1990-2007

1990 1999 2007

Réunion 3,76 3,26 2,95 France 2,6 2,4 2,31

Sources : recensements (années indiquées) Tableau 1.5.2 : Distribution (%) par types de ménages, 2007

H seul F seule

Couples sans

enfant

Couples avec

enfants

Famille Mono-

parentale H

Famille Mono-p.

F Deux

familles Autres

Réunion 10,3 10,6 15,9 40,0 2,2 17,8 2,3 1,0 France 13,6 19,4 26,9 28,7 1,3 7,0 0,5 2,6

Source : RP 2007

A La Réunion, 21% des ménages sont composés d’une personne seule, homme ou femme. Ces ménages sont surtout des personnes âgées et secondairement de jeunes célibataires. Leur proportion est beaucoup moins élevée qu’en France en raison d’un vieillissement plus important de la population nationale, et éventuellement également d’une décohabitation moins fréquente des jeunes, l’accès des jeunes Réunionnais à un logement étant limité par le manque de revenu de beaucoup d’entre eux en raison de la fréquence élevée du chômage. Les couples sans enfant y sont moins fréquents qu’en France en raison de la fécondité nettement plus élevée et quasi stable à environ 2,5 naissances par femme dans ce Dom. Par conséquent, les couples ayant un ou des enfants sont plus fréquents. A ces derniers, s’ajoutent les ménages monoparentaux, qui sont plus de deux fois plus fréquents qu’en France. Les ménages composés de deux familles sont aussi beaucoup plus nombreux à la Réunion. Mais les autres ménages : principalement des ménages composés de plusieurs personnes non apparentées, sont moins fréquents dans l’île qu’en France. Les données selon le lieu de naissance de la personne de référence du ménage2 montrent que les ménages incluant plusieurs familles, souvent des ménages multi-générationnels (cf. ci-dessus), sont plus fréquents chez les natifs et chez les migrants inter- Dom et secondairement chez les étrangers. 1 Il s’agit le plus souvent de la cohabitation des (ou un des) grands-parents avec leur enfants et petits-enfants

2 On l’appelle aussi parfois chef de ménage, avec un sens sensiblement différent.

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Tableau 1.5.3 : Proportion de ménages incluant 2 familles ou plus selon le lieu de naissance du chef de ménage (%), 2007

Réunion

Natifs 2,5

Métro 0,8

Autre OM 2,7

UE 0,7

Autre étranger 2,2

Total 2,3

Source : RP 2007

Familles L’importance de la monoparentalité est plus évidente encore lorsqu’on considère les familles et non les ménages1. Les familles monoparentales représentent ainsi 26% des familles à la Réunion ; ce sont pour près de 90% d’entre elles des familles composées d’une mère et de ses enfants. Cette proportion est légèrement plus importante chez les natifs, atteignant 28%. Les familles monoparentales dont la personne de référence est une femme sont deux fois plus fréquentes à la Réunion qu’en France. Tableau 1.5.4 : Distribution des familles selon le type (monoparentales ou couples), 2007

Population totale Natifs

% mono F

% mono H

Total mono Couples

% mono F

% mono H

Total mono Couples

Réunion 23,4 2,9 26,3 73,7 25,2 2,8 28,0 72,0 France 11,7 2,2 13,9 86,1 Nd Nd nd Nd

Source : RP 2007

Si l’on exclut les couples sans enfant, pour ne considérer que les familles avec enfant(s), le phénomène se révèle plus important encore : une famille avec enfant(s) sur trois est une famille monoparentale à la Réunion. Tableau 1.5.5: Part des familles monoparentales dans l'ensemble des familles avec enfant(s) 2007(en %),

Femmes Hommes H+F

Réunion 29,6 3,6 33,3 France 18,8 3,5 22,3

Source : RP 2007

Les familles monoparentales connaissent des conditions de vie plus difficiles que celles composées d’un couple. D’abord parce qu’elles ne peuvent compter au plus qu’un adulte ayant un emploi. Certes, lorsqu’elles incluent des enfants âgés2, ceux-ci peuvent avoir un emploi, mais le chômage des jeunes étant élevé en Dom, c’est sans doute assez rarement le cas. De plus, les femmes ayant de jeunes enfants peuvent avoir des difficultés à concilier l’éducation des enfants avec un emploi.

1 excluant les ménages d’une seule personne et les ménages sans famille.

2 Enfants de moins de 25 ans, au-delà de cet âge, ils ne sont plus comptés comme enfant de la famille.

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Tableau 1.5.6: Proportion des familles avec enfant(s) selon le type, dont la personne de référence ou son conjoint occupe un emploi (%), 2007

Familles monoparentales

Couples avec enfants Total (au moins 1 occupé)

H mono F mono Couples

2 occupés

H seul occupé

F seule occupée

Au moins 1 occupé

0 occupé

Réunion 47,1 32,3 33,7 31,6 9,1 74,4 25,6 60,9

France 68,9 59,6 63,0 21,6 6,2 90,8 9,2 84,2

Lecture : 50,1% des hommes chefs de familles monoparentales sont en emploi ; dans 41,6% des couples avec enfant, l'homme et la femme sont occupés, etc. Source : RP 2007

Les proportions de familles ayant un ou deux adultes1 en emploi permettent d’apprécier les difficultés particulières des familles selon leur type : monoparentale ou couple. À La Réunion, moins d’une femme chef de famille monoparentale sur trois a un emploi, contre 60% en moyenne nationale ; et c’est le cas de moins d’un homme sur deux dans la même situation de famille. Ainsi, l’emploi des mères de familles monoparentales est près de moitié moins élevé à La Réunion qu’en France. Parmi les couples, les trois sur quatre comptent au moins un adulte en emploi, contre 91% en France. Cependant, dans à peine plus d’un tiers des couples réunionnais (33,7%), l’homme et la femme ont en emploi, contre 63% en France et la proportion de couples n’ayant aucun adulte en emploi est plus du double par rapport à la France : 26% contre 9%. Globalement, seulement 61% des familles avec enfant ont au moins un adulte ayant un emploi, contre 84% en France. Le désavantage des familles monoparentales par rapport aux couples avec enfants en Dom apparaît aussi beaucoup plus grand qu’en France. Ceci montre sous un nouveau jour l’impact du chômage sur les familles et leur situation socio-économique. Les familles réunionnaises, et plus particulièrement les familles monoparentales, ont donc beaucoup plus de difficultés pour subvenir à leurs besoins que la moyenne des familles françaises. Ceci touche particulièrement la santé, avec un recours aux soins moins fréquent, l’éducation des enfants qui se poursuivra moins longtemps au-delà de la scolarité obligatoire – ou sera éventuellement interrompue avant-, et aussi l’accès à un logement convenant à leur taille plus élevée qu’en France. Les adultes des familles où l’emploi est rare sont généralement des personnes ayant un faible niveau de diplôme ce qui résulte dans la reproduction intergénérationnelle du désavantage socio-éducatif et de la précarité. La monoparentalité est moins fréquente qu’aux Antilles et en Guyane. Toutefois, les familles réunionnaises sont les plus affectées des Dom par le chômage et leurs taux d’emploi est particulièrement faible : seulement un tiers des mères de familles monoparentales sont en emploi ; la proportion est la même pour les couples ayant deux actifs.

1 La personne de référence et/ou son conjoint.

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1.5.2 Logement

Le parc de logements

Une diminution de l’habitat traditionnel1

Parmi les résidences principales2, l'habitat traditionnel a fortement reculé, passant de 28 % en 1999 à 14 % en 2007. Cette diminution s’est faite au profit des autres types de construction et notamment des maisons individuelles qui ont le plus progressé entre 1999 et 2007. Les constructions traditionnelles ont donc progressivement été remplacées par des types d’habitat plus solide. Avec les mesures de résorption de l’habitat insalubre, il ne reste que très peu d’habitats de fortune à La Réunion : ils représentent moins de 2% des résidences principales en 2007. Tableau 1.5.7 : Evolution du type de logement des résidences principales, 1990-2007

Type de logement

Région du lieu de résidence

La Réunion

2007 1999

Appartement 26,8 23,1

Maison individuelle en dur 59,4 49,5

Habitat traditionnel, habitat de fortune 13,8 27,3

Ensemble 100,0 100,0 Champ : résidences principales

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

Au 1er janvier 2007, le nombre total de logements à La Réunion est de 294 800. La part des logements vacants3 a diminué d’un point depuis 1999 et ne représente plus que 7% de l’ensemble du parc, cette part se rapproche de la moyenne nationale. Environ 10% des « habitats traditionnels » restent vacants, ce type d’habitat est assez ancien, 53% ont été construits avant 1982. Le parc traditionnel, plus souvent inoccupé et ancien que les autres logements devrait encore diminuer dans les années à venir. A l’inverse, les résidences principales sont assez récentes, 50% sont postérieures à 1990 et seulement un tiers d’entre elles ont été construites avant 1982. La majorité des résidences principales sont des maisons individuelles en dur mais le nombre d’appartements est lui aussi en forte augmentation : il a triplé en 25 ans. Tableau 1.5.8 : Evolution des catégories de logement des résidences principales, 1990-2007

Catégorie de logement

Région du lieu de résidence

La Réunion France entière

2007 1999 2007 1999

Résidences principales 91,1 90,3 83,9 83

Résidences secondaires 2,0 1,6 9,7 10

Logements vacants 6,9 8,1 6,5 7

Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 Source : Insee, Recensement de la population 1999 et 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

1 Habitat fait de matériaux légers, bois ou tôles, de qualité inégale. Comprend l’habitat de fortune minoritaire,

les cases traditionnelles et les maisons ou immeuble en bois. 2 logement habité de façon permanente

3 Logements vacants : il s’agit de logements disponibles pour la vente ou la location ou de logements neufs

achevés mais non encore occupés.

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Depuis 1999, la part des propriétaires de leur résidence principale (54%) est restée stable à La Réunion, à la différence de ce qui est observé au niveau national où elle progresse (de 2,6 points). Dans le même temps, la part des locataires a augmenté de 1,7 point, tandis que le nombre de personnes logées gratuitement a diminué depuis 1999. Tableau 1.5.9 : Evolution du statut d’occupation, 1990-2007

Statut d'occupation

Région du lieu de résidence

La Réunion France entière

2007 1999 2007 1999

Propriétaire 54,0 53,8 57,4 54,8

Locataire 41,8 40,1 39,8 40,6

dont d'un logement HLM loué vide 14,1 nd 14,8 nd

Logé gratuitement 4,1 6 2,8 4,6

Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

Des ménages de plus en plus nombreux et de taille de plus en plus réduite

Entre 1999 et 2007, la croissance des logements a été deux fois plus rapide que celle de la population : les résidences principales ont augmenté de 25% contre 12% pour la population totale. C’est la diminution de la taille des ménages qui explique la forte augmentation de leur nombre. Le nombre de personnes par logement reste, toutefois, encore plus élevé à la Réunion qu‘en moyenne nationale (2,9 contre 2,3 en 2007). Tableau 1.5.10 : Nombre de pièces du logement, 1990-2007

Nombre de pièces

Région du lieu de résidence

La Réunion Ensemble DOM France entière

Nombre % col Nombre % col Nombre % col

5 pièces et plus 77 617 28,9 156 202 24,4 9 500 305 35,2

4 pièces 86 884 32,3 219 486 34,3 6 930 714 25,7

3 pièces 65 831 24,5 170 474 26,6 5 662 495 21,0

2 pièces 26 880 10,0 69 070 10,8 3 322 153 12,3

1 pièce 11 384 4,2 24 488 3,8 1 576 368 5,8

Ensemble 268 595 100,0 639 719 100,0 26 992 035 100,0

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

Le confort des logements s’est amélioré avec davantage de pièces et d’espace qu’en 1999 : la part des deux pièces a diminué de 0,8 point et celle des quatre pièces ou plus a augmenté de 1,2 point. La part des logements de trois pièces est plus élevée à La Réunion qu’en moyenne France entière (respectivement 24%, contre 21%). Tableau 1.5.11 : Evolution des indicateurs de peuplement des résidences principales, 1999 et 2007

Région du lieu de résidence

Espace et logement La Réunion France entière

2007 1999 2007 1999

Nombre moyen de personnes par 2,93 3,26 2,3 2,4

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logement

Nombre moyen de personnes par pièce

0,76 0,85 0,58 0,62

Nombre moyen de pièces par logement

3,87 3,86 3,99 3,86

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

Equipement et confort des logements

Un quart des logements surpeuplés sont occupés par des locataires de HLM

Les DOM sont beaucoup plus touchés par le surpeuplement1 que la France entière, respectivement 18% contre 10% de logements surpeuplés. La diminution de la taille des ménages, déjà évoquée, a favorisé un recul du surpeuplement à La Réunion : 17% en 2007 contre 23% en 1999. Tableau 1.5.12 : Le statut d’occupation en fonction du surpeuplement, 2007

Statut d'occupation

La Réunion

Surpeuplement des logements

Ensemble Sous-peuplement

Peuplement normal

Surpeuplement

Nombre % col Nombre % col Nombre % col Nombre % col

Propriétaire 96 782 65,9 32 214 43,0 16 118 34,4 145 115 54,0

Locataire 43 358 29,5 39 962 53,3 29 074 62,0 112 394 41,8

dont d'un logement HLM loué vide 10 860 7,4 15 771 21,1 11 354 24,2 37 985 14,1

Logé gratuitement 6 655 4,5 2 738 3,7 1 694 3,6 11 087 4,1

Ensemble 146 795 100,0 74 914 100,0 46 887 100,0 268 595 100,0

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion

Le surpeuplement varie aussi notablement selon le statut d’occupation et le type d’habitat : il concerne plus les locataires que les propriétaires et il est plus marqué en appartement qu’en maison individuelle. Un quart des logements surpeuplés sont en effet des logements HLM loués vides. Les tensions sur le marché de l’habitat social réduisent les possibilités de mobilité résidentielle en fonction de la taille du ménage. Ainsi, parfois faute de pouvoir déménager, 28,5% des familles monoparentales vivent dans des logements surpeuplés, et elles sont fréquemment logées au sein du parc HLM. Constante progression des équipements du logement mais des efforts restent à faire…

En 2007, la quasi-totalité des logements disposent d’un accès à l’eau et l’électricité. Quelques-uns demeurent sans douche ni baignoire (2,4%) et sans WC à l’intérieur (2,9%), mais la progression de ces équipements sanitaires est constante : en 1990, 30% des ménages n’avaient pas de WC dans leur logement.

1 Chaque ménage devrait disposer d’un nombre de pièces minimal en fonction de sa composition. La

comparaison de ce nombre avec le nombre de pièces réelles permet de définir un indice de peuplement. Il y a

surpeuplement s’il manque une pièce ou plus au ménage.

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Des efforts restent cependant à faire pour raccorder les habitations au tout-à-l’égout : en 2007, 58% des logements ne sont pas raccordés (71% en 1990). Cette évolution est due à la densification des espaces côtiers et à l’augmentation des logements collectifs. Cependant 5,5% des ménages ne disposent pas d’une installation conforme (puisard ou évacuation à même le sol) et sont donc susceptibles de polluer les nappes phréatiques ou les rivières. Tableau 1.5.13 : Le manque de confort des résidences principales, 1974-2007

Taux de non-équipements*

REGION

La Réunion Ensemble

DOM

1982 1990 1999 2007 2007

Sans eau ni électricité à l'intérieur du logement 12,99 1,21 0,39 0,1 1,1

Sans eau à l'intérieur du logement 30 19 1 0,3 1,8

Sans électricité à l'intérieur du logement 18 5 2 0,8 2,5

Sans W.C à l'intérieur du logement 50 30 9 2,9 4,1

Sans baignoire, ni douche 48 26 7 2,4 4,2

Sans tout-à-l’égout nd 71,01 63,88 57,7 59,2

Source : Insee, Recensement de la population 2007 (exploitation principale). TER 2009-2010 La Réunion *Ces variables sont spécifiques aux recensements des DOM, elles ne sont pas disponibles pour le reste de la France

Un ménage sur sept trouve son logement insatisfaisant

Un ménage sur sept trouve son logement insatisfaisant, la plupart souhaitent changer de logement. Ces ménages insatisfaits sont fréquemment confrontés à un manque de confort sanitaire. La situation de surpeuplement conduit souvent au mécontentement dans le logement. Les familles monoparentales souffrent plus d’insatisfaction de leur logement que les autres, elles sont aussi plus sujettes que les autres au surpeuplement et au manque d’équipements sanitaires.

Le parc social et les loyers Plus de 23 000 ménages ont déposé une demande de logement locatif social

Plus de 8% de l’ensemble des ménages de La Réunion ont déposé une demande de logement social. La plupart des demandeurs sont des locataires (quatre sur cinq), et la motivation de leur demande est généralement liée au manque d’espace. Parmi les locataires, la moitié occupe déjà un logement dans le parc social mais ils cherchent un logement plus adapté à la taille de leur ménage. Plus de la moitié des demandeurs ont fait cette demande depuis plus d’un an. Généralement, les demandes formulées par les ménages propriétaires sont à destination d’une autre personne du ménage, par exemple les enfants qui souhaitent devenir autonomes. Les loyers du secteur privé deux fois plus élevés

La moitié des locataires du social payent un loyer inférieur à 310€ mensuels, tandis que dans le secteur privé le loyer médian est de 515€. Les loyers du social sont le plus souvent inférieurs à 500€. Les locataires du privé ont très rarement des loyers d’un montant inférieur à 400€. Pour le secteur libre, le montant des loyers de France métropolitaine est moins élevé que celui de La Réunion. En comparaison aux zones B11 de la loi « Robien », qui comprennent les agglomérations de plus de

1 Les agglomérations de plus de 250 000 habitants, quelques villes proches de l’Île-de-France mais chères, les

zones littorales et frontalières, la Corse et l’Outremer.

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250 000 habitants hors Île-de-France, le loyer moyen du secteur libre est 15 % plus élevé à la Réunion qu’en métropole. Le prix moyen au m² est de 3 % plus élevé. Figure 1.5.1 : Répartition des logements selon la tranche de loyer mensuel et le secteur locatif

Le quart du revenu des ménages est consacré au loyer

Le loyer représente en moyenne un quart du revenu des ménages de La Réunion. Plus le revenu est bas et plus la part qui est consacré au logement est importante, notamment dans le secteur privé, plus cher. Pour les ménages ayant les revenus les plus modestes, les loyers représentent plus de la moitié de leur budget en moyenne (54 %). Ce taux d’effort est particulièrement élevé quand ils sont logés dans le secteur privé (70 %) alors que le secteur social permet de minimiser la part du revenu consacré au loyer, même si elle reste très élevée (43 %). Les ménages qui disposent d’un revenu compris entre 917€ et 1467€ consacrent 26% de leur revenu au loyer dans le secteur social contre 40% dans le privé. Enfin, la part du revenu consacré au loyer est beaucoup plus réduite pour les ménages les plus aisés (plus de 2 700 €) : 15 % en moyenne, 9% dans le secteur social et 17% s’ils sont logés dans le privé. Tableau 1.5.14 : Rapport du loyer principal au revenu, hors aides au logement

Les aides au logement soulagent en partie l’effort des plus pauvres

Les aides au logement permettent aux plus pauvres d’alléger la charge du loyer sur le revenu. Après déduction des aides au logement, le loyer ne représente plus que 21% des ressources de l’ensemble des ménages. Les écarts importants qu’on pouvait constater entre les plus pauvres et les moins

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pauvres sont très réduits grâce aux aides au logement. Le quartile des ménages ayant le niveau de vie le plus bas consacre 25% de son revenu après déduction des aides contre 18% pour le quartile le plus élevé.

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SECTION 6 : L’état de santé de la population et les équipements médicaux

1.6.1 Etat de santé : vue d’ensemble

L’augmentation de l’espérance de vie à La Réunion au cours des deux dernières décennies révèle une amélioration générale du niveau de santé de la population du département. Mais cet indicateur cache un nombre de retards touchant certaines sections de la population et des risques spécifiques de handicap ou de surmortalité. Si la comparaison intra-régionale entre La Réunion et Mayotte, mise en évidence dans le PRS de l’Agence de santé de l’Océan Indien (avril 2011), positionne La Réunion plus favorablement que sa voisine sur le plan des principaux indicateurs démographiques et de santé, on doit souligner les enjeux majeurs que sont les forts taux de mortalité ayant pour cause l’asthme et le diabète, maladies beaucoup plus souvent mortelles qu’en métropole. En 2007/2008, les taux comparatifs de mortalité prématurée révèlent une surmortalité régionale, et ceci pour les deux sexes, mais les décès masculins prématurés sont deux fois plus importants. Les maladies infectieuses sont rarement causes de décès à La Réunion, et plus rarement qu’en métropole (par ailleurs, le taux brut de mortalité par VIH-Sida est moins élevé qu’en métropole). Le paludisme a été officiellement éradiqué en 1970. Ce sont donc les maladies dites « de civilisation » qui présentent les principaux enjeux de santé à la Réunion, auxquelles on doit ajouter les atteintes à la santé et les risques de mortalité induits par l’abus de l’alcool ou de la drogue.

1.6.2 Espérance de vie Au début des années 1990, l’écart en termes d’espérance de vie avec la métropole était sensible, notamment en ce qui concerne les hommes. Malgré une progression continue, les niveaux pour les hommes et les femmes restent en dessous de la moyenne nationale en 2008 et la différence entre hommes et femmes est de 8 ans contre 7. Ce retard du nombre d’années de vie s’explique par une surmortalité due à des décès évitables et des pathologies plus fréquentes qu’en métropole, par exemple, le diabète, ainsi qu’un taux de mortalité infantile toujours près de deux fois plus élevé que le taux métropolitain. Tableau 1.6.1 : Evolution de l’espérance de vie à la Réunion par rapport à la Métropole, 1990-2008

Réunion Métropole

Hommes Femmes Hommes Femmes

1990 68,8 78,2 72,6 80,8

1995 69,8 78,4 73,8 81,9

1998 70,1 78,5 74,8 82,4

2001 71,0 79,4 75,5 83,0

2008 74,6 82,1 77,7 84,3 Sources : INSEE TER 2002-2003 (cité dans Catteau et Bazély, 2004) ; Insee : Données de cadrage pour les trois DFA (S Planson) ; Mortalité et espérance de vie : comparaisons régionales (site Insee MAJ février 2011).

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1.6.3 La mortalité infantile Au début des années 1990, la mortalité infantile, en baisse depuis les années 1980, se retrouvait au même niveau qu’en métropole (Figure 1). Depuis le milieu des années 1990, l’écart avec la métropole s’est creusé progressivement, signe que les progrès dans les soins de la mère et de l’enfant ont été continus et plus nets en métropole qu’à la Réunion (Barbieri et Catteau, 2001). Figure 1.6.1 : Evolution des taux de mortalité infantile à la Réunion et en métropole

Sources : DRASS Statistiques 1985-2001 ; Insee, tableau Taux de mortalité infantile des régions (pour 2006-2008).

Les carences alimentaires, la surcharge pondérale et le mauvais suivi des grossesses seraient des facteurs contribuant à la stagnation des taux à un niveau relativement élevé à la Réunion, tandis que, contrairement au contexte métropolitain, la consommation du tabac est un facteur à écarter pour le moment (Indicateurs Peristat, 2007-2008, ORS Réunion, R4). Une amélioration du suivi de la grossesse, qui comprendrait des conseils en matière d’alimentation et une préparation à l’accouchement adaptés aux femmes peu scolarisés ou inactives, contribuerait à faire baisser le TMI, ainsi que la mortinatalité, qui reste plus élevée qu’en métropole (en 2008, 8,7 et 7,3 pour mille respectivement). Tableau 1.6.2 : Mortalité maternelle à la Réunion en Métropole, pour 100 000 naissances vivantes

Réunion Métropole

1987-1990 27,0 9,5

1993-1997 26,0 10,6

2001-2006 26,4 7,5

Sources : Catteau et Bazély, 20041 Saucedo, Deneax-Tharaux et Bouvier-Colle, 20102

La persistance de taux de mortalité infantile relativement élevés par rapport à la métropole est également un indicateur de moins bonne santé des mères. Les grossesses mal suivies augmentent le risque de complications au moment de l’accouchement et de mortalité maternelle. Malgré les progrès techniques et en matière de préparation à l’accouchement, au niveau national, le taux de

1 INSERM Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès

2 Saucedo M, Deneux-Tharaux C et Bouvier-Colle M-H, « Disparités régionales de mortalité maternelle en France : situation particulière de

l’Ile-de-France et des départements d’outre-mer, 2001-2006 », Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 19 janvier 2010. ENCMM (Enquête nationale confidentielle sur les morts maternels,).

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mortalité maternelle à la réunion stagne depuis la fin des années 1980 et reste trois fois plus élevé qu’en métropole (tableau 2). Saucedo, Deneux-Tharaux et Bouvier-Colle (2010) ont constaté l’importance plus élevée des hémorragies suite à l’accouchement dans les DOM par rapport aux autres régions. Elles soulignent le problème de qualité de suivi de la grossesse et de soins au moment de l’accouchement. On peut évoquer d’autres facteurs comme l’éloignement de certaines localités par rapport aux services obstétriques, mais aussi celui de l’hypertension ou de la surcharge pondérale.

1.6.4 Mortalité prématurée En 2007, la part des décès survenus avant 65 ans compte pour 38,2% de l’ensemble des décès, par rapport à une proportion de 20,7% en métropole. Etant donné qu’une partie de cette mortalité prématurée s’explique par la relative jeunesse de l’île et aussi du TMI plus élevé, les taux comparatifs sont plus adaptés pour évaluer les écarts avec la métropole en éliminant les effets de structure par âge. On observe ainsi une nette baisse de la mortalité prématurée à La Réunion qui, comme en métropole, concerne surtout les hommes (tableau 3). La diminution a été de -39% entre 1990 et 2007 pour les hommes à La Réunion et -32% en métropole, contre respectivement 34% et 24%. L’écart entre les taux réunionnais et métropolitains reste plus important pour les hommes. Tableau 1.6.3 : Taux comparatifs de mortalité prématurée, Réunion et Métropole (pour 100 000 habitants)

Réunion Métropole

Hommes Femmes Hommes Femmes

1990 597 235 419 168

2000 506 199 333 143

2005 422 180 295 160

2007 365 156 283 127

1.6.5 Causes de décès Les maladies de l’appareil circulatoire représentent la plus importante cause de décès. Les causes de décès sont très liées à l’âge. Mise à part la mortalité spécifique à la période périnatale, la mortalité parmi les moins de 15 ans est principalement due aux causes externes de blessure ou d’empoisonnement. Entre 15 et 44 ans, les causes externes de décès expliquent 42% des décès masculins tandis que la cause de décès la plus fréquente chez les femmes est le cancer (26% des décès féminins). Après 45 ans, ce sont les tumeurs qui représentent la principale cause de décès puis, après 75 ans, les maladies cardiovasculaires sont la première cause. Au cours des années 1990, on a observé une baisse de la mortalité masculine pour chacune des principales causes de décès1 ; une baisse particulièrement marquante pour les maladies de l’appareil circulatoire, les maladies de l’appareil digestif, puis des causes externes et des tumeurs (notamment les cancers des voies aéro-digestives supérieures). En revanche, la mortalité féminine a progressé pendant cette décennie pour la quasi-totalité des principales causes, mais notamment pour les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les maladies respiratoires et les tumeurs.

1 Catteau C, 2003, Les maladies de civilisation, Economie de la Réunion, n°2, p.23-25

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Pendant cette décennie, la surmortalité par rapport à la métropole s’est accrue suite à l’amélioration de l’état de santé général en métropole et à la stagnation voire augmentation de la mortalité pour certaines causes dans le Dom. Depuis 2000, la surmortalité réunionnaise par rapport à la métropole a baissé de +52% pour les hommes et de +40% pour les femmes, de +15% pour les hommes et +22% pour les femmes en 2007. Pour les hommes, cette baisse de la surmortalité est due à la baisse de mortalité suite aux maladies cardiovasculaires, aux accidents ou à l’abus du tabac. Figure 1.6.2 : Evolution des causes de décès (taux standardisés) à la Réunion par principale cause (y compris diabète), 2000-2008

Source : Inserm-CépiDc, Insee (exploitation ARS-OI, ARS Dossiers Statistiques, n°1, nov. 2010).

La plus grande cause de surmortalité est celle du diabète sucré chez les femmes. Les taux comparatifs de mortalité indiquent un taux pour les femmes réunionnaises de 60,2 par rapport à 14,3 en métropole, c’est-à-dire, un taux plus de quatre fois plus élevé (ARS-OI, exploitation des données INSERM-CépiDc). Ensuite, l’abus de l’alcool conduit à un taux de mortalité trois fois plus élevé qu’en métropole (23,9 contre 7,8 pour mille). Notons que les femmes réunionnaises meurent près de deux fois plus souvent que les femmes métropolitaines suite aux cirrhoses alcooliques. L’asthme est une cause de surmortalité pour les deux sexes, avec plus de trois fois plus de décès par rapport à la métropole (Figure 2).

1.6.6 Mortalité évitable Une part non négligeable de cette mortalité prématurée peut être considérée comme « évitable », essentiellement des décès liés aux comportements individuels. Ces décès comptent pour 28% de la mortalité prématurée à La Réunion en 2007 (33% de celle des hommes). Et 80% des décès évitables concernent les hommes. Après standardisation par l’âge, le risque de mortalité évitable plus important chez les hommes réunionnais apparait lié à la consommation d’alcool, seul (psychose alcoolique et maladies chroniques du foie) ou en association avec le tabac (tumeur de l’œsophage et de la cavité buccale), sinon à des chutes accidentelles (ARS-Océan Indien, 2007). Au total, si on constate une amélioration générale en matière de mortalité (diminution des maladies cardio-vasculaires, des décès liés au tabac et des morts violentes chez les hommes), la Réunion accuse toujours un certain retard par rapport à la Métropole. Les grands enjeux de santé restent la

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prévention en lien avec la consommation d’alcool (pour les hommes en particulier) et avec les facteurs favorisant la survenue du diabète (notamment parmi les femmes).

1.6.7 Pathologies et conduites nuisant à l’état de santé à la Réunion

Le diabète Suite à plusieurs enquêtes spécifiques ou généralistes, on commence à avoir une meilleure vision des facteurs liés au fort taux de diabète à La Réunion et de ses conséquences sur l’état de santé de certains groupes, sur la surmortalité, ainsi que sur l’impact financier de la progression de cette maladie. A La Réunion, comme dans d’autres régions tropicales, les taux de prévalence du diabète du type 2 (le diabète gras de l’adulte) sont particulièrement élevés. L’enquête REDIA (REunion DIAbète, Inserm UR 500 et ORS Réunion, 1999-2001) a révélé que presque 15% de la population réunionnaise était affectée par le diabète, un niveau quatre fois supérieur à celui de la métropole. Les données montrent que la prévalence augmente fortement avec l’âge et qu’elle est plus forte chez les femmes. On observe une surreprésentation des personnes faiblement scolarisées, ainsi que des chômeurs et des inactifs (toutefois, cette étude, coordonnée par Laure Papoz, souligne que le sens de cette relation est difficile à établir car la maladie peut constituer une difficulté supplémentaire pour accéder à l’emploi). Cette étude a été réalisée pendant une phase d’extension de la maladie, constatée déjà en termes de conséquences sur la mortalité : en 1981-1983, la part des décès relatifs aux maladies endocriniennes était de 3,5 pour les hommes et 6,1 pour les femmes ; en 2000, elle représentait 6% et 10% de la mortalité respectivement. En 2000, il a été estimé que les femmes perdaient 1,3 ans d’espérance de vie à la naissance du fait du diabète, et les hommes, 0,7% (par rapport à 0,2% pour les deux sexes en métropole). Entre 1999 et 2004, la proportion de patients insulino-traités est passée de 22% et 32%. La prévalence de recours aux soins augmente principalement à partir de 55 ans, avec des taux atteignant 120 pour mille entre 75-84 ans (Enquête HID, Insee Réunion). Avec l’avancement en âge, les personnes atteintes de diabète vivent des handicaps, des incapacités et une baisse de qualité de vie. L’enquête REDIA avait déjà montré qu’un tiers des diabétiques ignoraient leur maladie, révélant la nécessité d’un dépistage précoce afin d’éviter l’impact néfaste de la maladie sur l’état de santé et sur la vie sociale et professionnelle1. L’impact financier a été estimé par une étude par le CIC-EC (Inserm) dans le service de diabétologie du Groupe hospitalier Sud Réunion à St. Pierre (sur l’ensemble des patients hospitalisés) à 5450 euros par patient, par rapport au montant moyen par habitant (dépenses du régime général de l’assurance maladie, 1815 euros). Près du tiers des dépenses est lié aux complications du diabète. Par ailleurs, une étude qualitative menée en 2006 par le CIC-EC auprès de personnes diabétiques a révélé la faible prise de conscience des risques entraînés par le surpoids, la mauvaise alimentation et le manque d’activité physique. La prise de poids est perçue comme une fatalité et le diabète est compris comme étant une maladie héréditaire, pour laquelle la responsabilité personnelle est minimalisée. L’obésité, facteur de risque identifié pour le diabète ou les malades cardiovasculaires, est plus répandue à la Réunion qu’en métropole. L’enquête Obépi 2003 a révélé des prévalences de l’ordre de 30% pour le surpoids et de 11% pour l’obésité au niveau national, contre respectivement 35 et

1 INFOS Réunion, « Maladies endocriniennes et diabète. Un « coût » élevé pour la population réunionnaise », Etudes et statistiques n°4, octobre 2007

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15% à la Réunion1. On observe une différence nette entre hommes et femmes : les hommes sont plus souvent en surpoids mais les prévalences d’obésité sont plus élevées chez les femmes. Les prévalences d’obésité augmentent avec l’âge, notamment parmi les femmes, jusqu’à 65 ans. Selon l’étude « Ré Consal » (2001), elles sont également plus fortes parmi les personnes sans activité professionnelle et celles ayant un faible niveau de scolarité, cette surexposition au risque étant due à une moindre connaissance des maladies et de leur prévention. Des enquêtes menées par la DREES en milieu scolaire entre 1999 et 2005 montrent que la prévalence de la surcharge pondérale est restée relativement stable dans le temps (un enfant de 10-11 ans sur quatre), et donc plus élevé qu’en métropole, mais aussi que l’obésité est en hausse : chez les jeunes de cette tranche d’âge, la prévalence est passée de 6,5% à 8,7% entre 2001-2002 et 2004-2005 (voir Rachou et alii, op. cit. 2008).

Conduites à risque : l’alcoolisme Parmi les conduites à risque qui nuisent à l’état de santé, l’abus de l’alcool est celle pour laquelle la Réunion se distingue parmi les autres régions de France. Entre les années 1980 et la fin des années 1990, les Dom ont connu une baisse de la mortalité liée à l’abus d’alcool. Toutefois, les taux à la Réunion sont restés élevés et plus proches à ceux rencontrés dans les régions nord de la métropole, voire les dépassent en ce qui concerne la cirrhose du foie (hommes et femmes) et la psychose alcoolique (maladie particulièrement associée à la consommation du rhum de mélasse). Tableau 1.6.4 : Taux comparatifs de mortalité, évolution à la Réunion et en métropole (pour 100 000 personnes)

Réunion 1988-90 Réunion 1995-97 Métropole 1988-90 Métropole 1995-97

Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes

Cirrhose du foie

52 31 29 18 28 10 23 8

Psychose alcoolique

54 13 46 7,5 9 2 7 1,5

Cancer VAD 64 5 51 5,5 51 5 39 5

Source : A partir de Fédération nationale des ORS, 1999, La santé observée dans les régions de France, chapitre 8.1 : L’alcool et ses conséquences sur la santé, Paris, FNORS.

VAD – voies aéro-digestives supérieures Les taux comparatifs de mortalité sont largement au-dessus de la moyenne métropolitaine à chaque période d’observation (tableau 4) et l’abus d’alcool reste à l’origine de trois fois plus de décès chez les hommes réunionnais par rapport à leurs homologues métropolitains : en 2007 les taux comparatifs de mortalité pour les troubles mentaux et du comportement liés à l’alcoolisme sont 23,9 pour les hommes réunionnais contre 7,8 pour les hommes métropolitains (3,3 et 1,8 respectivement pour les femmes). Selon les résultats de l’enquête Baromètre Santé 2003, la dépendance vis-à-vis de l’alcool est six fois plus fréquente chez les hommes, avec 18% contre 3% chez les femmes2. Selon l’étude de Nartz et Catteau, le contexte réunionnais contraste avec celui de la métropole : La Réunion connaît plus d’abstinents mais aussi plus de buveurs excessifs. Au total, l’alcool provoque quatre fois plus de décès à La Réunion qu’en métropole. En plus des maladies qui lui sont liées, l’alcool est à l’origine de

1 Etat de santé de la population à la Réunion – rapport 2008, E. Rachou, M. Ricquebourg, P. Vilain, G. Madeline, C. Catteau, ORS, DRASS, 2008. 2 Enquête Baromètre Santé, Institut Louis Harris, E. Nartz, C. Catteau, DRASS, mars 2004.

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la moitié des décès sur les routes de l’île1. De façon encore plus aiguë qu’en métropole, les personnes en situation précaire sont plus souvent confrontées au problème d’alcoolisme : les hommes au chômage, les femmes au foyer, et aussi les sans-abri ou occupants de l’habitat précaire (Catteau et Nartz). De même, le lien entre alcool et tabac paraît plus fort qu’en métropole bien que, dans l’ensemble, les Réunionnais fument moins que les métropolitains, quel que soit l’âge ou le sexe. Selon l’ORS, le nombre de décès liés au tabac a augmenté au début des années 2000. Par ailleurs, selon une étude de la DRASS sur les toxicomanes suivis à La Réunion en 2003 (DRASS, 2005), le nombre de personnes prise en charge a fortement cru entre 1997 et 2003. Les toxicomanes sont jeunes et essentiellement du sexe masculin, et plus de la moitié associe drogues et alcool.

1.6.8 Offre de soins : personnels de santé Bien que La Réunion soit un peu mieux pourvue en personnels médicaux que les autres DOM, la densité médicale de l’île est plus faible qu’en métropole. Le manque de spécialistes est le plus frappant (tableau 5), nécessitant certainement le recours aux soins localisés en métropole pour les spécialités non disponibles dans le département. Le volume de personnel infirmier apparaît aussi comme insuffisant par rapport à la métropole. Les points de contact de proximité que sont les pharmaciens sont également beaucoup moins nombreux qu’en métropole et certainement mal répartis sur le territoire du département. A l’inverse, le nombre de chirurgiens-dentistes est assez proche de la densité de ces spécialistes en dehors des grandes villes métropolitaines. Toutefois, le constat fait par une étude en milieu scolaire révèle des inégalités en termes de recours aux soins dentaires : en 2000, seulement 60% des enfants réunionnais en grande section maternelle n’avaient aucune dent cariée non soignée contre 85% des enfants de cet âge en métropole (ARS, Dossiers Statistiques, 2010). Tableau 1.6.4 : Personnels de santé à la Réunion, 2008. Nombre pour 100 000 habitants

Médecins généralistes

Médecins spécialistes

Total médecins

Infirmiers Chirurgiens dentistes

Pharmaciens

Réunion 146 121 267 570 54 74

Métropole 162 171 333 764 66 116 Source : DREES, ADELI ; Insee, estimations de la population ;

1.6.9 Equipements de santé D’après les différentes statistiques, les équipements hospitaliers de la Réunion seraient en-dessous des besoins. D’une part, l’hospitalisation en long ou moyen séjour est peu disponible dans le département et, d’autre part, La Réunion est moins bien pourvue en lits de court séjour que les autres départements d’outre-mer (244 lits en 2008 par rapport à 377 en Guadeloupe et 418 en métropole). Que ce soit en médecine ou en chirurgie, l’écart à la moyenne métropolitaine est le plus fort à La Réunion. Par ailleurs, compte tenu de leur plus forte natalité, les Dom sont généralement mieux pourvus que la métropole en lits en gynécologie-obstétrique. Toutefois, le nombre de lits pour 100 000 habitants à La Réunion est à peu près au même niveau que la métropole. La Réunion est le département où l’activité de psychiatrie en hospitalisation partielle est la plus développée.

1 Familles de la Réunion, CODESS, source citée par C. Catteau et E. Nartz , Inégalités sociales de santé à la

Réunion.

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Cependant, par rapport aux Antilles et à la métropole, sa capacité d’accueil ne semble pas être suffisante, en termes de lits disponibles et d’offre d’hospitalisation complète1. Le PRS Réunion et Mayotte, 2011 souligne clairement les inégalités territoriales en termes d’accès aux établissements de soins et de densité médicale. Près des deux-tiers (65%) des cantons sont relativement bien dotés en professionnels de santé libéraux (sauf en spécialistes), avec cependant des temps d’accès importants aux établissements de santé. Mais dans le bassin de vie Est du territoire Nord-est, les densités de professionnels de santé libéraux sont réduites et les délais d’accès aux établissements de santé plus longs (PRS, 2011, p.7). Les inégalités territoriales se combinent à des inégalités sociales, conduisant à des prévalences de maladies et des taux de mortalité plus élevés dans certaines localités. On rapporte que les espérances de vie varient d’une commune à l’autre, par exemple, de 71,5 ans à Cilaos à 77,6 ans à Petite Ile.

Conclusion L’éducation semble être la clef d’une amélioration sensible de l’état de santé des Réunionnais. La prévalence des maladies qui conduisent à une surmortalité à La Réunion, sinon à un mauvais état de santé et, avec l’avancement en âge, à des handicaps et incapacités permanentes pourrait être réduite grâce à des campagnes de prévention efficaces et adaptées à des populations faiblement scolarisées ou vivant à l’écart de la vie professionnelle. En parallèle, une meilleure information permettrait une meilleure utilisation des services de santé et, en conséquence, un effort pour accroitre le nombre de médecins, y compris spécialistes, et la capacité hospitalière de l’île. Malgré les évolutions positives en matière de santé, La Réunion accuse néanmoins un retard sur plusieurs plans (mortalité infantile, mortalité maternelle, alcoolisme) et l’accroissement du diabète est inquiétant. Bien que les relations causales entre milieu social et état de santé sont difficiles à établir, une plus grande exposition aux facteurs de risque dès l’enfance, des difficultés d’insertion sociale (chômage, inactivité), une moindre prévention et des comportements à risques peuvent expliquer ces inégalités de santé (Catteau et Nartz). Les bénéficiaires de la CMU (près de six fois plus nombreux à La Réunion qu’en métropole) et les autres personnes défavorisées, soit par manque d’information, soit par résignation, n’adoptent pas des comportements préventifs ; et un renoncement à se soigner au premier stade d’une maladie conduira à des soins plus lourds par la suite, sinon à des décès prématurés. Le développement d’une meilleure connaissance de l’état de santé à l’échelle infra-départementale, ainsi que d’une meilleure compréhension des attentes des populations en matière de santé et d’une coordination plus efficace des acteurs, comme préconisé dans le dernier PRS agira dans le sens d’une amélioration de l’information des populations, notamment celles particulièrement à risque.

1 Le panorama des établissements de santé, 2010, p.70-71.

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SECTION 7 : Environnement, énergie, aménagement de l’espace Les risques à l’environnement de La Réunion sont directement liés au milieu insulaire, de caractère volcanique, et à sa localisation tropicale : superficie limitée par la mer, éloignement du continent, fréquence des cyclones et des fortes pluies. Une forte croissance démographique a nécessairement un impact sur l’espace habitable et la densité de l’activité humaine et donc sur les risques à l’environnement. Toutefois, les caractéristiques géographiques et démographiques du département présentent un potentiel de développement durable. Les innovations en matière d’économie d’énergie auront une place importante dans les politiques locales au cours des prochaines années. La Stratégie Nationale du Développement Durable 2010-2013, adoptée le 27 juillet 2010, identifie 9 défis stratégiques à relever dont:

- La prise en compte du changement climatique et la nécessité de gérer nos productions et nos consommations d’énergies (bâtiment, transport…

- La santé publique, la prévention et la gestion des risques

- La démographie, l’immigration et l’inclusion sociale

- Une société de la connaissance (développement de l’information, de la formation, de l’éducation tout au long de la vie, soutien à la recherche et à l’innovation…).

Le département de La Réunion fait partie des cinq régions françaises désignées en juin 2010 pour expérimenter le plan "métiers de la croissance verte ». Les secteurs du tourisme, de la biodiversité, des énergies renouvelables et de l'agriculture sont concernés.

Enjeux :

- Approvisionnement en eau propre à la consommation et à usage agricole

- Approvisionnement en énergie renouvelable

- Evacuation des eaux usées et des déchets

- Protection des zones côtières

- Protection des sols et des sources d’eau de la contamination

- Préservation ou accroissement de la biodiversité

1.7.1 ENERGIE Au cours des trente dernières années, la consommation des différentes formes d’énergie s’est accrue fortement. La consommation de carburants à l’usage des transports particuliers et pour la production d’électricité a pris un essor et celle de l’électricité (appareils ménagers, équipements de bureaux et commerces, hôpitaux, établissements scolaires, climatisation, éclairages publics…) également. En 1981, la consommation d’énergie primaire de l’île ne dépassait pas les 340 ktep ; près de trente ans plus tard, elle avait triplé (1352 ktep en 20091). Au cours des années 2000, la consommation de carburants a progressé fortement, celle de l’électricité plus progressivement. Cependant, un ralentissement du taux de croissance a été observé depuis 2003 : d’un taux de 7% en 2002-2003 on est passé à 3,1% de 2008-2009)2. Deux explications sont données pour cette baisse : la morosité

1 SRCAE – PCAER de l’Ile de la Réunion: Volet atténuation, 2011.

2 Idem.

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économique et les actions de maîtrise de la consommation. Le niveau de consommation est plus faible que dans les autres RUP (2836 Kwh par habitant en 2008 par rapport à 3514 à la Martinique). La consommation d’énergie finale (en tonnes équivalent pétrole TEP) varie en raison des différents niveaux industriels de chaque RUP et des modes de consommation des ménages. A la Réunion, la consommation finale est de 1,12 TEP/habitant, par rapport à 2,45 pour la France (INSEE TER). En parallèle à cette hausse de consommation, la production a augmentée. La nécessité de produire de l’électricité sur place a conduit à une recherche de solutions locales. La Réunion a développé l’usage de la bagasse puis, plus récemment, la production d’électricité à partir de l’énergie solaire ou par l’éolien. En 2004, le département a atteint 39,6% d’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelable, mais n’a pas pu maintenir ce niveau élevé et il est tombé à 36,1% en 2007, 34% en 2008 et 32,5% en 20091, en raison d’une croissance de la consommation plus rapide que celle de la production ; l’effort d’équipement pour la production d’électricité renouvelable doit donc être intensifié. Les deux tiers de celle-ci sont issus de l’énergie hydraulique, seulement 3% de l’éolien ou de photovoltaïque, le restant provenant de bagasse et de biogaz2. Ce niveau permet à La Réunion de dépasser l’objectif européen de 20% d’énergie produite à partir de sources renouvelables pour l’électricité, mais il est plus difficile d’augmenter la part de l’énergie primaire issue de telles sources : en 2009 elle était seulement 12,3%. Ainsi, la dépendance énergétique atteint 87,7% en 2009, en légère croissance par rapport à 2008 (86,5%). Les deux principaux enjeux relatifs à la consommation de l’énergie et aux impacts sur l’environnement sont :

- Les impacts de la consommation d’électricité et de carburants sur les émissions de gaz à effet de serre

- La production d’énergie renouvelable.

S’ajoute aux objectifs EU 2020 d’autonomie énergétique, celui (précisé dans la Grenelle de l’environnement à la Réunion, GERRI) de réduire d’au moins 20% les émissions de gaz à effet de serre.

Le projet GERRI (Grenelle de l’environnement à la Réunion) Il a été lancé en 2009 et se fixe notamment pour objectif l’indépendance énergétique de La Réunion d’ici 2030. Il se déploie sur 5 axes prioritaires :

les transports (développement des transports collectifs, généralisation des véhicules économes en hydrocarbures, notamment les véhicules hybrides et les véhicules électriques.),

la production de l’énergie (énergies renouvelables – solaire, marine, pour la production de l’électricité ; production de carburants à base d’algues).

le stockage de l’énergie,

l’urbanisme (maitrise de l’extension urbaine, développement d’écoquartiers et d’écocités

le tourisme (le tourisme « responsable » et durable, économies d’énergie dans les structures d’accueil, par exemple traitement de la blanchisserie, chauffage de l’eau, et dans les modes de déplacement).

En terme de production d’énergie renouvelable, le projet privilégie dans un premier temps l'énergie photovoltaïque et le solaire thermique. La Réunion possède des atouts géographiques (ensoleillement, potentiel des mers, relief) favorables au développement des énergies renouvelables,

1 Données du ministère de l’écologie, de l’environnement et du développement durable.

2 Idem : Le Point sur le développement durable, n°28, octobre 2009.

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et une forte incitation liée au prix de revient actuel (et futur) de la production de l'électricité produite à partir d'hydrocarbures. Son insularité et les caractéristiques de ses fonds marins lui confèrent des atouts indéniables pour la valorisation des énergies marines. Différents projets (énergie de la houle, énergie thermique des mers) sont en cours de développement avec le soutien du Conseil régional, de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et de l’État. Outre la faisabilité technique et économique, des études poussées de l’impact de ces technologies sur le milieu marin sont en cours pour chacun d’eux en vue de préserver la richesse des fonds marins réunionnais. En 2010, La Réunion espérait devenir la première centrale pilote mondiale en énergie thermique des mers, mais ce projet (pourtant très avancé) a été transférer en Martinique au motif d’un potentiel thermique était supérieur. Un scénario « maitrise de l’énergie renforcée » a été élaboré basé sur la stabilisation des consommations d’électricité (hors celles liées aux véhicules électriques) à partir de 2020. Mais la maitrise de consommations apparaît plus aisée dans certains secteurs comparés à d’autres. Ainsi, plus de la moitié (57 %) des économies cumulées réalisées entre 2005 et 2010 l’ont été grâce aux mesures de soutien aux chauffe-eau solaire thermique (dont 90% lié au solaire thermique individuel). La gestion de la pointe d’appel de puissance : climatisation dans le tertiaire (pointe du matin), chauffe-eau électriques (pointe du soir), paraît aussi une cible importante dans cette perspective.

1.7.2 EAU La plus grande partie de l’eau pour les usages domestiques provient de captage d’eaux en surface (66% en 2008, en augmentation depuis 2000 : 47% - source : TER). La pluviométrie élevée assure cet approvisionnement. Mais il reste le problème grave de la pollution chimique, comme par exemple, la contamination par les nitrates du point de collecte de la ravine de St Gilles. Ces contaminations, ainsi que celles causées par les fortes pluies tropicales, exige un effort important de contrôle. Il s’y ajoute le problème de distribution lié au manque d’interconnexion des réseaux communaux, qui tient autant à la configuration de l’urbanisation tentaculaire qu’aux difficultés à desservir les constructions « sauvages ». L’agriculture a également un impact important sur l’environnement du fait l’utilisation importante d’engrais et de pesticides. La Réunion est en effet très en retard en matière d’agriculture biologique, avec moins de 0,5% de la surface agricole utile (statistiques du site du Ministère du développement durable),

Consommation d’eau La consommation d’eau des ménages serait en baisse depuis 2004, de même que celle de l’agriculture depuis 2000 (TER). Les données du coût d’approvisionnement, de distribution et de traitement sanitaire ne sont pas disponibles pour La Réunion, comme pour les autres DOM.

Traitement des eaux usées et recyclage Le raccordement au tout-à-l’égout est sur ce thème un indicateur clé. A La Réunion, le taux de la population résidente raccordée au système de traitement des eaux usées urbaines est de 41,9%. Un

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peu plus de la moitié (53,3%) bénéficie d’un traitement par fosse septique. Et au total, près de 5% des eaux usées échappent à l’assainissement. Un même problème de réseau se pose pour les eaux usées comme pour la distribution de l’eau. La sensibilisation de l’UE à cet enjeu a amené à la réorientation des fonds FEDER vers le traitement des eaux usées. La Réunion a fait le choix de construire de grandes stations plutôt que des micro-stations plus vite submergées en cas de pluies fortes et plus couteuses à entretenir. Quelques exceptions demeurent lorsque la taille des populations ne permet pas de faire autrement. De grandes stations pour les villes seront ouvertes en 2013 ou dès 2012 pour certaines. Un agrandissement de ces stations est déjà prévu dans les plans.

1.7.3 Traitement des déchets Le recours à la décharge est le mode principal de gestion des déchets municipaux dans les DOM, et notamment à La Réunion (84,6% en 2008 ; source Eurostat). Le recyclage matériel est de 7,9% et les autres formes de recyclage comptent pour 7,4% du traitement (INSEE 2010). Le tri des déchets a commencé tardivement dans les DOM. Si la part de déchets triés est de moitié inférieure par rapport à la métropole, le processus est plus fréquent à La Réunion que dans les autres DOM (6,4% des déchets collectés sélectivement, contre 2,9% en Guadeloupe). Notons aussi que les déchets agricoles, notamment la bagasse, sont utilisés pour la production d’énergie.

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DEUXIEME PARTIE :

IMPACT DES TENDANCES DEMOGRAPHIQUES

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SECTION 1 : Projections démographiques D’ici 2030 la population réunionnaise devrait approcher du million d’habitants enregistrant ainsi, entre 2010 et 2030, une croissance globale de 21%. Avec un taux annuel supérieur à 1%, c’est dans les dix prochaines années que l’accroissement de la population sera le plus fort : en 2020, on comptera sur l’île plus de 93 000 nouveaux habitants qu’en 2010. Après 2020, le rythme annuel de croissance de la population réunionnaise devrait ralentir légèrement pour atteindre 0,8% en 2030. Tableau 2.1.1: Effectifs et taux de croissance annuels de la population de la Réunion, 2010-2030

Population : 2010 2015 2020 2025 2030

824 248 872 341 917 723 959 481 997 059

Croissance annuelle : 2010 / 2015 2015 / 2020 2020 / 2025 2025 / 2030

1,1 1 0,9 0,8

Croissance globale : 2020 / 2010 2030 / 2020 2030 / 2010

11,3 8,6 21

Source : INSEE

Les structures démographiques La population réunionnaise restera jeune sur la période de projection, la part des jeunes diminuant certes mais tout en restant en 2030 supérieure à 20%. La part de personnes âgées quant à elle progresse considérablement entre 2010 et 2030, passant de 8,4% à 16,4%. La part des adultes reste stable jusqu’en 2025 (autour de 66%) avant de baisser en 2030 à 64,6%. Tableau 2.1.2 : Proportions des grands groupes d’âge, taux de dépendance et indice de vieillissement à la Réunion, 2010-2030

2010 2015 2020 2025 2030

0-14 ans % 25,3 24,2 23,3 22,5 21,7 15-64 ans % 65,9 66,3 66,3 65,7 64,6 65ans et plus % 8,4 9,7 11,6 13,7 16,4

Dépendance jeunes % 39,7 38,1 36,1 34,6 33,6 Dépendance âgés % 11,9 12,7 14,6 17,6 21,3 dépendance totale % 51,6 50,8 50,8 52,3 54,9

Indice de vieillissement % 30,0 33,5 40,5 50,9 63,4 Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

Du fait de la part grandissante des personnes âgées, et de la diminution de celle des jeunes, le rapport de dépendance total va croitre légèrement dans les années à venir à La Réunion : de 51,6% en 2010, il atteindra 54,9% en 2030. Soit un niveau très inférieur à celui des Antilles qui atteindront alors 80%. D’ici 20 ans, et conformément à la structure de la population réunionnaise, la dépendance consistera encore principalement en jeunes (33,6% contre 21,3% pour la dépendance âgés). L’indice de vieillissement traduit le rapport entre les effectifs des personnes âgées et des jeunes. Ce ratio devrait plus que doubler dans les vingt années à venir, passant de 30% en 2010, à 63,4% en 2030. L’indice est très inférieur à celui observé aux Antilles (qui dépasse 160%), mais supérieur à celui observé en Guyane (23%).

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Figure 2.1.1. : Evolution (%) de la population par grands groupes d’âges, 2010-2030

Source : INSEE

Figure 2.1.2 : Evolution des taux de dépendance par âge et total à la Réunion, 2010-2030

Source : INSEE

Sur la période projection, la base de la pyramide des âges à La Réunion reste indéniablement très large. Le creux marqué aux âges des jeunes adultes et qui traduit le départ des jeunes natifs de l’île tend à s’atténuer d’ici 2030 sous l’effet de dynamique migratoire contraires. La part de personnes âgées s’accroit par contre fortement et ce dès 2020.

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Figures 2.1.3 : Pyramide des âges de la population réunionnaise, 2010-2030

Source : INSEE

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SECTION 2 : Projection des effectifs scolarisables Les effectifs scolarisables aux âges préscolaires à La Réunion vont croître de 4% entre 2010 et 2030. Ceux du primaire et du secondaire ne devraient pas connaître une croissance très différente avec des accroissements de 3% pour les premiers et de 5% pour les seconds. Tableau 2.2.1 : Projection des effectifs scolarisables à la Réunion en préscolaire, primaire et secondaire de 2010 à 2030

2010 2020 2030

Préscolaire 39 341 40 714 40 739

Primaire 70 324 71 458 72 679

Secondaire 84 410 85 964 88 455

2010 = 100

Préscolaire 100 103 104

Primaire 100 102 103

Secondaire 100 102 105

Accroissement annuel (%)

Préscolaire - 0,3 0,0

Primaire - 0,2 0,2

Secondaire - 0,2 0,3

Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

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SECTION 3 : Projection de la population active

2.3.1 Evolution de la population active La Réunion va connaître d’ici 2020 une forte progression de sa population active, passant de 351 309 actifs aujourd’hui à 374 334 actifs d’ici dix ans. Soit une augmentation de près de 7%. De 2020 à 2030, la progression des actifs sera plus modérée, de l’ordre de 2%, soit environ 5 000 de plus. Le vieillissement de la population se traduira par une augmentation de la part d’actifs âgés de 55 ans et plus sur l’ensemble de la période de projection : de 7,3% en 2010 à 10% dès 2020, puis 11% en 2030. Tableau 2.3.1 : Population active à la Réunion et proportion des actifs âgés de 55 ans et plus, 2010-2030

2010 2020 2030

Population active 351 309 374 334 381 407

Croissance globale - 6,6 1,9

55 ans et plus (%) 7,3 10 10,9

Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

2.3.2 Les objectifs EU2020 de taux d’emploi à 20-64 ans Pour atteindre en 2020 un taux d’emploi égal à la moyenne communautaire actuelle (69%), il faudrait y créer annuellement 13 700 nouveaux emplois à La Réunion. Il en faudra 3.200 de plus (soit un total de 16 900) pour parvenir à l’objectif EU2020. Quand on sait que dans les années récentes, d’avant la crise, La Réunion créait chaque année entre 7 000 et 8000 emplois, ces performances paraissent en réalité hors de portée. En différant de dix ans ces objectifs, en les reportant donc à l’horizon 2030 et profitant de la légère baisse de la population active, il faudrait créer sur l’île 7 600 emplois par an pour atteindre la moyenne communautaire actuelle et 9 300 pour atteindre l’objectif EU2020. Ces buts pourraient être atteints à la condition que les créations d’emplois reviennent à leur niveau antérieur à la crise. Ce raisonnement repose également sur l’hypothèse que la baisse du nombre des adultes d’âge actif ne résultera pas dans une baisse de la croissance économique et de l’emploi. Tableau 2.3.2 : Nombre d’emplois (en milliers) à créer annuellement pour obtenir un taux d’emploi de 69% ou de 75% en 2020 ou 2030

69% 69% 75% 75% 2020 2030 2020 2030

Réunion 13,7 7,6 16,9 9,3

Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

2.2.3 Scénarios d’emploi et dépendance effective Dans l’hypothèse où les taux d’emploi restent stables, la dépendance effective augmenterait significativement à La Réunion, passant de 247% en 2010 à 284% en 2030, ce qui représente un niveau très élevé et difficilement compatible avec les dépenses sociales et de santé. Cette évolution

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est due à la dépendance des plus âgés qui ferait plus que doubler, passant de 29% en 2010, à 62% vingt ans plus tard. Celle des jeunes décroit légèrement, suivant la baisse de la natalité. Mais celles des adultes croit de 10 points de pourcentage – ceci est dû au fait que la projection à taux par page constants est défavorable à l’emploi, car celui-ci baisse rapidement aux âges supérieurs à 50 ans. Dans l’hypothèse où le taux d’emploi atteindrait les 69%, la dépendance effective sur l’île se situerait légèrement au-dessus des 150% à l’horizon 2030. Si les taux d’emploi atteignent 75%, elle tomberait alors à 136%. Tableau 2.3.3 : Taux de dépendance effective par âge dans trois scénarios d’emploi en Martinique, 2010-2030

2010

Taux constants 69% 75%

2020 2030 2020 2030 2020 2030

65+ 28,6 40,7 61,5 27,4 40,6 25,1 37,3 20-64 102,9 109,8 113,2 43,7 43,5 32,4 32,3 0-19 115,9 109,8 109,3 74,2 72,4 68,1 66,5

Total 247,4 260,4 284,1 145,3 156,6 125,7 136

Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

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SECTION 4 : Projection de ménages A l’horizon 2030, le nombre de ménages réunionnais devrait croitre considérablement pour atteindre 381 112 ménages. La plus forte croissance aura lieu d’ici 2020 avec un taux annuel de 1,6%, ce taux s’établissant ensuite à 1,2 % dans les dix années suivantes. En revanche, la taille des ménages ne diminue que très faiblement sur la même période, passant de 2,86 personnes par ménage en 2010 à 2,62 en 2030. Enfin, la part de chef de ménage âgés de 65 ans et plus progresse, quant à elle, considérablement, de 15,4% en 2010 à 27,3% en 2030. Tableau 2.4.1 : Effectifs de ménages projetés, croissance globale et annuelle, taille des ménages et proportion (%) de chef de ménages âgés à la Réunion, 2010-2030

2010 2020 2030

Ménages 287 735 337 157 381 112

2010 = 100 Croissance globale 100 117 132

Croissance annuelle (%) - 1,6 1,2

Taille des ménages 2,86 2,72 2,62

Chefs de ménages de 65 ans et plus % 15,4 20,1 27,3

Source : Calculs des auteurs à partir des projections INSEE

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SECTION 5 : Impact des tendances démographiques dans le domaine de la santé La croissance du nombre de personnes âgées à La Réunion est très importante. Le nombre des 75 ans et plus augmentera de près de 50% d’ici 2020 et il aura plus que doublé d’ici 2030. Il en est de même pour les plus de 85 ans qui, sur la période de projection, vont également voir leur effectifs plus que doubler, passant de 6 782 individus âgés de 85 ans et plus en 2010 à La Réunion, à plus de 16 000 en 2030. Cette évolution des effectifs de plus âgés se traduira par un accroissement des dépenses de santé et de dépendance, imposant de facto un contrôle plus rigoureux de l’évolution du coût des soins et la mise en place de méthodes nouvelles de prise en charge. Tableau 2.5.1 : Effectifs, proportions et évolution des personnes très âgées à la Réunion, 2010-2030

2010 2015 2020 2025 2030

75 ans et plus 27670 34001 40829 50048 63957 85 ans et plus 6782 8735 10663 13376 16329

75 ans et plus % 3,4 3,9 4,5 5,3 6,7 85 ans et plus % 0,8 1,0 1,2 1,4 1,7

75+ (base 100 = 2010) 100 123 148 181 231

85+ (base 100 = 2010) 100 129 157 197 241

Source : INSEE

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SECTION 7 : Impacts des tendances démographiques sur les besoins en énergie Dans une région à forte croissance démographique, l’augmentation des besoins en énergie peut avoir des conséquences importantes sur les efforts de réduction de la consommation globale et de protection de l’environnement. De fortes incertitudes demeurent dans le domaine des carburants et de l’électricité. Les transports qui représentent une très large part de l’énergie consommée (64% à La Réunion), sont donc un secteur clé pour la réalisation de nouvelles économies. Il est néanmoins difficile de projeter les consommations, faute de connaître la part que prendra l’automobile hybride ou électrique dans les prochaines années. Quoi qu’il en soit, les actions pour la maitrise de la consommation électrique devront être renforcées pour les besoins domestiques (notamment, la gestion de la pointe). En parallèle, des campagnes d’information doivent être conduites en vue de modifier les modes de consommation.

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TROISIEME PARTIE :

RISQUES ET OPPORTUNITES, ATOUTS ET HANDICAPS

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A partir des principaux indicateurs sociodémographiques analysés dans les première et deuxième parties, on s’efforcera ici de résumer les écarts qui restent à combler vis-à-vis de la cohésion de l’UE. Dans un second temps, on présentera les risques et opportunités que dégagent les analyses effectuées au plan sociodémographique. L’avenir de La Réunion comme région d’excellence sera considéré à la lumière de ses handicaps et de ses atouts en tant que RUP tels qu’ils sont reconnus dans le Traité de l’Union. On se référera à des documents de la CE, tels que le rapport sur la cohésion de l’Europe et la matrice de l’ultra-périphéricité. L’intégration régionale sera considérée dans ce cadre. La dernière section de cette troisième partie présentera un compte-rendu des entretiens avec les responsables politiques sur leur vision des problèmes et de l’avenir de la Réunion, et sur les moyens de les résoudre pour réussir son développement social et économique.

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SECTION 1 : Cohésion La Réunion est une des dernières régions de l’EU à conserver une fécondité nettement supérieure au niveau de remplacement lui assurant une croissance naturelle assez élevée : supérieure à 1% annuellement et qui le restera jusque vers 2020. Si la base de la pyramide de l’ensemble de la population apparaît stabilisée et en léger resserrement ; celles des natifs continue de s’élargir très légèrement. Il en résultera dans les années à venir de légères augmentations des effectifs scolarisables, notamment au niveau secondaire, et des jeunes actifs entrants sur le marché du travail. Si cette jeunesse de la population réduit l’impact du vieillissement, celui-ci n’est pour autant pas absent. A l’horizon 2030, les effectifs de personnes âgées vont augmenter rapidement : de 144% pour celles de 75 ans et plus et de 164% pour les 85 ans et plus. Grace à la jeunesse de la population, ils ne représenteront respectivement en 2030 que 6,8% et 1,8% de la population. Néanmoins, la progression de leurs effectifs pèsera directement sur les dépenses de retraites et de santé. Si les premières sont du ressort de l’état, la santé impactera fortement les finances locales par le développement des services qu’elle implique. Le risque d’un désengagement progressif de l’état aurait aussi pour effet d’imposer aux régions la prise charge d’une grande partie de la dépendance des personnes âgées et des diverses aides aux personnes ne disposant que d’une pension minimale. Ces personnes sont nombreuses à la Réunion en raison de l’importance du chômage. La Réunion ne connaît qu’une faible immigration étrangère assez bien intégrée sur le marché du travail du fait de niveaux de qualification souvent assez élevés, à l’exception toutefois des Mahorais (originaire de Mayotte qui est devenu un DOM). La principale menace à la cohésion interne de l’île tient au niveau élevé du chômage qui affecte les natifs autant que les migrants étranger, avec la précarité, voire la pauvreté, qui en résulte. Une part importante de la population survit grâce aux aides sociales. A la retraite, ces personnes devront vivre avec des revenus extrêmement faibles. S’agissant de la situation socio-économique, au vu de la plupart des indicateurs, le territoire demeure très en retrait des moyennes nationale et communautaire. L’illettrisme (17% des 16-25 ans) y est le plus élevé des DOM, de même que l’abandon prématuré des études, tandis que le taux d’échec scolaire (22%) est le second après la Guyane. La proportion de diplômés du supérieur parmi les natifs de 30-34 ans en 2007 - la plus faible des DOM - est très inférieure à la moyenne nationale : 16,4% contre 40,8%1. Avec le taux d’emploi des 20-64 ans est le plus faible de tous les RUP, il parait impossible à La Réunion de réaliser les objectifs EU2020, ni même d’atteindre à cet horizon la moyenne communautaire actuelle. Si cette perspective n’est pas irréaliste à l’horizon 2030, elle reste très hypothétique. La part des natifs de 15-24 ans inoccupés (ni étudiant, ni en emploi) est de 31,5%, de loin la plus élevée des DOM, et très supérieure à la moyenne nationale (13,8%). L’émigration des jeunes, considérée comme la solution pour réduire les contraintes sur le marché du travail, reste une issue possible, mais limitée. En effet, ce sont les plus diplômés qui migrent et la plupart des moins diplômés restent ou reviennent sur l’île. Un effort important de formation devra consenti pour leur rendre accessible les métiers qualifiés qui représentent les perspectives d’avenir de ce DOM, si l’on veut accroitre l’emploi et réduire le chômage et l’inactivité.

1 L’échec scolaire, l’abandon prématuré des études et la part de diplômés du supérieurs à 30-34 ans est cependant

plus élevée à la Réunion qu’aux Açores ou à Madère.

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Si des progrès notables ont été enregistrés dans le domaine économique, les écarts avec les moyennes communautaires demeurent importants. Le PIB SPA par habitant reste plus d’un tiers (37%) inférieur. La productivité a augmenté plus vite qu’en France et dans l’UE et l’écart s’est réduit : 16%. L’emploi s’est accru dans les années 2005-2008 du fait du boom de la construction lié à des avantages fiscaux, mais celui-ci n’a pas résisté à la crise de 2008. De plus, si la croissance de l’emploi a permis d’absorber le surcroit d’arrivées sur le marché du travail, elle n’a pas suffi à relever de manière importante le taux d’emploi. Les familles à revenu modeste sont fréquentes. En 2007, seul un tiers des couples avec enfants comptent deux adultes occupés, et moins d’un tiers des femmes chef de famille monoparentale ont un emploi. Dans l’ensemble des familles avec enfant(s), 39% ne comptaient aucun adulte en emploi, et c’est le cas de 25% des couples ayant des enfants. Ces situations sont liées au chômage élevé que connait le DOM, et elles représentent un coût social et économique important. La qualité du logement et des équipements des ménages s’est incontestable améliorée. En revanche, le logement social ne permet pas encore de répondre aux besoins de l’ensemble des ayant droits et la construction dans le secteur public ne progresse pas suffisamment pour résorber le retard. Dans le domaine de la santé, l’espérance de vie a progressé plus vite que sur le continent. L’écart est aujourd’hui d’un peu plus de 2 ans par rapport à la France métropolitaine et d’environ 1 an par rapport à la moyenne de l’UE. Si la mortalité par tumeurs est plus faible qu’en France, d’autres causes de décès y sont beaucoup plus élevées, notamment celles liées aux maladies des systèmes respiratoire, circulatoire et digestif. Les maladies endocriniennes et métaboliques sont sans doute le principal sujet d’inquiétude, en raison de leur augmentation rapide et cette cause de mortalité est plus de deux fois plus fréquente à la Réunion qu’en France. Si le Sida est moins fréquent qu’en France, les décès par troubles mentaux liés à l’alcool y sont trois fois plus fréquents et 5 fois plus que dans l’UE. En parallèle, la disponibilité en services de santé (équipements et personnels) est encore en retard sur le continent, notamment pour les spécialistes et les lits d’hôpitaux en chirurgie (court séjour). Dans l’ensemble, La Réunion, comme la plupart des RUP, a encore un écart important à combler pour atteindre les moyennes nationale et communautaire. La situation s’est certes améliorée ces dernières années, mais les écarts demeurent considérables et des efforts importants restent à faire dans l’éducation, la formation, l’emploi et la santé.

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SECTION 2 : Risques et opportunités La structure démographique particulière de La Réunion requiert d’accroitre sensiblement et rapidement tout à la fois les services pour les jeunes et ceux destinés aux personnes âgées. Les retards à combler en matière d’éducation et d’emploi nécessitent encore des dépenses importantes notamment pour les jeunes qui ont quitté l’école sans diplôme ou avec de faibles diplômes et éprouvent de grandes difficultés à s’insérer sur le marché du travail. La santé des adultes représente aussi des coûts importants liés à certaines pathologies chroniques telles les maladies cardio-vasculaire et le diabète. Ainsi, la réorientation des dépenses pour les jeunes et les adultes vers les personnes âgées qui est censée faciliter la gestion du vieillissement sera difficile à La Réunion. Elle est très modérément affectée par l’immigration étrangère dont le niveau de qualification est variable. Si environ 37% des Mauriciens et Malgaches (les principales origines des migrants internationaux) n’ont aucun diplôme, environ 45% ont l’équivalent du bac ou plus.- La Réunion est donc confrontée au triple enjeu d’avoir à gérer une population jeune en même temps que son vieillissement, tout en rattrapant son retard sur le continent. Le principal défi dans ce contexte est sans conteste d’accroitre l’emploi, lui-même conditionné par une amélioration du niveau de qualification des jeunes. Avec une structure par âge plus jeune que les Antilles, La Réunion affiche des taux de dépendance effective supérieurs, liés à chômage et une inactivité nettement plus élevés. L’effort à consentir dans le domaine de la formation est primordial et considérable. Il commence dès l’école primaire dont la qualité doit être améliorée pour réduire l’illettrisme et l’échec scolaire. Les redoublements sont aussi une cause de dépenses accrues aux bas niveaux d’éducation qui réduisent les fonds disponibles pour les niveaux plus élevés. Des formations qualifiantes débouchant sur l’emploi doivent être proposées aux jeunes ayant quitté l’école sans diplôme ou avec seulement le BEPC. Il faut cependant éviter que les retours rapides au chômage ne réduisent l’effet de ces politiques. L’offre publique dans les domaines de la construction de logements sociaux et d’infrastructures ne peut supporter à elle seule toute l’économie, elle doit être relayée par un dynamisme et des investissements plus importants du secteur privé. Si la croissance du nombre de ménages est favorable à la construction, de nouvelles perspectives s’ouvrent au secteur privé avec l’attention nouvelle portée à l’environnement est un facteur d’emplois et de développement technologique. Ainsi, l’habitat écologique est au carrefour de ces deux tendances ; c’est un domaine d’avenir où la Réunion doit se positionner avec des technologies adaptées à l’environnement tropical et qui pourront être exportées vers les pays de la région. Les améliorations nécessaires aux réseaux de distribution de l’eau et de traitement des eaux usées et l’accroissement des capacités de recyclage et transformation des déchets sont aussi des secteurs capables de développer l’emploi et de susciter la recherche de nouvelles technologies. La montée en puissance du solaire individuel et d’autres énergies renouvelables devrait aussi se traduire par une réduction des coûts de production de ces équipements. Les perspectives se retrouvent pareillement dans d’autres domaines des nouvelles technologies (TIC, énergies nouvelles et environnement). Elles devraient permettre d’attirer des migrants de retour, avec pour effet d’accroitre la qualification de la main d’œuvre disponible en raison de leur niveau de diplôme généralement plus élevé que celui des natifs résidant en DOM et de leur expérience en métropole ou dans l’UE.

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Dans le domaine social, les besoins de formation des jeunes représentent aussi un potentiel d’emplois et de méthodes à développer, notamment pour traiter de l’acquisition tardive des connaissances de base. Dans le domaine de la santé, le développement de nouvelles techniques, comme la télémédecine sera nécessaire et créera des emplois, tout en développant le secteur des nouvelles technologies de la communication. Le vieillissement avec la nécessaire prise en charge de la dépendance devrait être aussi un domaine créateur d’emplois. La professionnalisation de l’assistance à la dépendance devra tenir compte des besoins et aussi des possibilités financières des familles. Des personnels paramédicaux devront être formés dans cette optique. Dans ce domaine, l’accroissement des effectifs devrait permettre des économies d’échelle, ce qui est moins le cas, démographiquement, dans les secteurs de la formation des jeunes. Cependant, l’accès des jeunes à ces formations reste insuffisant et peut donc être développé à plus grande échelle. Du fait de leur localisation et de leurs spécificités, les RUP sont des terrains privilégiés de recherche dans les domaines de la biodiversité et du climat, par exemple. Les partenariats avec le continent sont indispensables au développement technologique des RUP en général, de manière à atteindre la taille critique des équipes de recherche dans les domaines de la biodiversité en relation à la médecine, des énergies renouvelables et de l’environnement. Les universités et les centres de recherche en DOM ne peuvent pas se doter seuls d’un niveau de recherche fondamentale nécessaire au développement d’applications techniques dans ces domaines nouveaux. A ce titre, il convient de développer une dynamique d’échanges d’étudiants et d’enseignants entre les universités des RUP et les instituts spécialisés du continent. Cependant, c’est vers le domaine des applications techniques susceptibles d’offrir des débouchés locaux ou régionaux que les DOM doivent s’orienter. Il en est de même au niveau des entreprises qui doivent rechercher des partenariats régionaux vers les pays insulaires de la région et aussi vers les pays émergents d’Asie : Inde, Chine, Malaisie, entre autres, et d’Afrique du Sud, en vue d’accroitre leur production et leurs exportations. L’intégration régionale est importante également pour atteindre une sécurisation alimentaire et énergétique, notamment en matière d’approvisionnement et aussi d’exportations ; elle se substituerait à l’objectif d’autonomie énergétique et alimentaire qui semble utopique. Les conditions de créations d’emplois ne devraient pas manquer à La Réunion dans les prochaines années. Cette situation n’est pas nouvelle et il convient d’en profiter en évitant les blocages qui jusqu’à présent ont réduit la croissance de l’emploi et la croissance économique de l’île.

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SECTION 3 : Opinion des responsables politiques Les représentants politiques et administratifs rencontrés notent que l’UE doit prendre en compte le fait que La Réunion est une des rares régions européennes ayant encore une croissance démographique naturelle élevée, ce qui implique une autre approche que celle visant à rendre les politiques communautaires compatibles avec des populations vieillissantes. Cependant, ils reconnaissent que la Réunion est confrontée à un double problème : jeunesse et vieillissement démographiques. Le problème de la jeunesse est d’autant plus actuel que les projections ont toujours fait l’hypothèse d’une transition démographique trop proche : la fécondité réunionnaise baisse peu et lentement, avec parfois des renversements de tendance ; il en résulte une augmentation des arrivées sur le marché du travail, donc un besoin de trouver des emplois. En matière d’emploi, La Réunion, comme les autres RUP, connait un problème de continuité et d’isolement qui se traduit par une rigidité du marché du travail : un chômeur en RUP ne peut pas aller dans la région voisine. Les filières locales sont trop petites et offrent trop peu de débouchés : il faut aller se former en métropole, en alternance. Il faut donc accompagner les jeunes dans le cadre d’une mobilité professionnelle par une politique de continuité territoriale. Dans une optique « RUP : régions d’excellence », les responsables veulent agir pour que La Réunion s’intègre dans les réseaux internationaux de manière à se préparer à l’économie de la connaissance et de l’innovation dans la perspective d’une économie globalisée. Cela nécessite de sortir du lien privilégié DOM-métropole, sans le renier mais en allant au-delà. Ils regrettent à ce sujet que les règles communautaires pour les relations entre les RUP et les pays tiers ne soient pas adaptées, notamment en ce qui concerne les restrictions d’utilisation des fonds communautaires avec des pays tiers, et les stratégies d’innovation en R&D – les RUP sont de petites régions avec des petites ou moyennes entreprises. Dans ce contexte, les aides limitées à 45% ne sont pas suffisantes pour faire de la R&D en RUP. Il existe aussi des difficultés liées à la taille des entreprises pour répondre aux appels à projet. Dans les domaines de la biodiversité et des énergies nouvelles, l’UE doit aider à franchir des seuils. Passer du recensement de la biodiversité à sa préservation et à sa valorisation implique des coûts de développement élevés. L’importance des besoins d’éducation et de formation et de financement pour les objectifs et les grands projets fait revenir au rôle de l’état. On rencontre alors des problèmes de gouvernance à 3 niveaux : région - état – UE, avec par exemple, les règles concernant la limite de la taille des entreprises pouvant répondre à certains appels d’offre ; les accords de pêche passés par l’UE avec les pays de la zone (le système des quotas tel qu’il est actuellement : restriction sur le nombre de bateaux, freine le développement de la pêche à la Réunion et les armateurs vont à Maurice et dans d’autres pays de la zone). En matière de sécurité alimentaire, l’UE n’autorise pas les relations nécessaires avec Madagascar, en raison de sa situation politique. Ils reconnaissent que la position géographique de La Réunion représente un facteur clé. Cependant, il existe des contraintes en raison d’une plus grande dispersion des îles que dans la Caraïbe. Pour son intégration régionale, la Région Réunion organise des rencontres d’entrepreneurs à l’international, mais elle est moins intéressée à une coopération inter-RUP en raison des distances et des différences de marchés régionaux. Dans ce cadre, le Conseil Régional de la Réunion développe une structuration de clusters :

- Pôle de compétitivité agro-alimentaire, - Energie (avec la DATAR),

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- Valorisation – traitement des déchets. Quatre nouveaux pôles sont prévus en 2012 :

pêche – aquaculture (avec le LARDA et sa station au Mozambique et des extensions possibles à Madagascar ou Mayotte avec IFREMER)

tourisme : îles-vanille en collaboration Maurice et les Seychelles

numérique TIC

bio technologies en collaboration avec Maurice (avec un support de l’AFD) o médical – pharmaceutique, o déchets – bioréacteur, o bio-énergie, o agro-alimentaire, o énergie.

La Région et le groupe de développement La Réunion Economique veulent aussi développer les activités traditionnelles en activités d’avenir, avec notamment la multi-fonctionnalité de la canne à sucre : production de sucres spéciaux, utilisation de tous les sous-produits : fibres, bagasse, mélasse…, sélection et exploitation de différentes variétés de canne. Dans le domaine de la santé, un groupe de réflexion a été créé pour développer les recherches associant les trois médecines : occidentale, chinoise et védique, en partenariat avec l’Italie et la Suisse. Le développement d’un IHU (Institut Hospitalo-Universitaire) qui, à la différence d’un CHU (Centre Hospitalier Universitaire), peut recevoir des financements privés et UE, sous certaines conditions d’activité de recherche, pourrait voir le jour à plus long terme.

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