LES VOSGES DU SUD

Les auteurs tiennent à remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin, les ont aidés à réaliser ce guide et notamment M. Marcel Rudloff, président du Conseil régional d'Alsace, M. Louis Uhlrich, conseiller général, président de l'Association du pays d'accueil «Ballon d'Alsace», qui nous a soutenus dans notre projet, MM. Michel Baudemont, Hubert Brayé, Marcel Dietsch, Yves Gridel, Bruno Mathieu, Jean-Jacques Gibaud et Fernand Klethi.

Conception A. LAURENT, F. TACQUARD, J.L. REITZER

Direction de l'équipe de rédaction J.L. REITZER

Légendes A. BECHLER, J.M. EHRET

Flore P. LACOUMETTE, avec l'aide de M. SCHORTANNER

Géologie J.L. SCHNEIDER

Histoire J.M. EHRET, A. LAURENT, P. SCHWEITZER

Forêts J.L. REITZER

Faune Yves GRIDEL et J.L. REITZER

Dessins R. PONCELET

© Editions La Nué .̂fii'éyè7<DNA, Strasbourg, 1990. Tous dro ii$:ae reprodùction réservés.

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CENTRE DE RESSOURCES DES VOSGES DU SUD

LES V O S G E S DU SUD

Du Rossberg au Ballon d'Alsace

LA NUÉE BLEUE

P : Parking intermédiaire accessible en voiture et per- mettant un accès en moins d'une demi-joumée au site

— : Sentiers. Ils partent des villages de fond de val- lée dans la plupart des cas et sont balisés par le Club Voyien. Il faut compter environ une demi- journée de marche pour atteindre le site. : Délimitation des sites (voir cartes poges, 14, 40,

" 66)

Un espace préservé au cœur des Hautes-Vosges

Loin des routes goudronnées, du stress de la vie, vous y vivrez à un autre rythme, celui d'une histoire parfois fantasti- que, celui d'une nature exceptionnelle. (M. LERCH)

Le m a r c h e u r q u i d é c o u v r e le m i l i e u

r i c h e , n a t u r e l e t h u m a n i s é d e s H a u t e s -

C h a u m e s s e p o s e d e n o m b r e u s e s q u e s -

t i o n s : q u e l l e e s t l ' h i s t o i r e d e c e t t e

f e r m e ? Q u e l l e e s t l ' e m p r e i n t e d e

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P o u r r é p o n d r e à c e t t e a t t e n t e le C e n t r e

d e R e s s o u r c e s d e s V o s g e s d u S u d a

c o n ç u u n g u i d e n o u v e a u : il d é c r i t é v i -

d e m m e n t l e s a c c è s p é d e s t r e s a u x s i t e s

l e s p l u s c h a r m e u r s e t l e s p l u s s e c r e t s , m a i s il s ' a t t a c h e s u r t o u t à v o u s f a i r e

d é c o u v r i r , c o m p r e n d r e e t a i m e r u n

m i l i e u . Il p r i v i l é g i e l e s r e n c o n t r e s a v e c

l e s f e r m i e r s , f o r e s t i e r s , g a r d i e n s d e

r e f u g e , q u i o n t c h o i s i d e v i v r e , d e m e t -

t r e e n v a l e u r l a m o n t a g n e q u ' i l s a i m e n t .

Le m a s s i f d u B a l l o n d ' A l s a c e - R o s s b e r g

a p p a r a î t c o m m e l ' u n d e s s e c t e u r s l e s

p l u s p r o p i c e s à c e t t e f o r m e d e d é c o u -

v e r t e d e s H a u t e s - V o s g e s : s a c r ê t e ( p r è s

d e 1 8 k m ) , i n a c c e s s i b l e e n v o i t u r e , r e c è l e d e n o m b r e u s e s r i c h e s s e s

n a t u r e l l e s .

C o m m e n t s e s e r v i r d e c e g u i d e ?

Deux approches sont proposées à l'utilisateur de ce guide : la découverte du massif par site, ou alors à travers des circuits thématiques. Pour chacun des sites vous trouverez des pages de découvertes thématiques mais aussi des informations pratiques : carte du site, possibilités d'hébergement, de restauration.

Chacun des trois circuits décrit le cheminement et les informations ayant trait au thème développé. Des informations diverses (tracé, durée, restauration...) y sont adjointes.

1 - Trois sites remarquables • Le Rossberg - Thanner-Hubel - Vogelsteine - Gsang - Belacker 12 • Les Bers - Neuweiher - Sternsee - Gresson 38 • Le Ballon d'Alsace 64

Il - Trois circuits thématiques • A la découverte des légendes 84 • A la découverte des anciennes fermes et des lacs de la haute vallée de

la Doller 94 . A la découverte de la forêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

III - Annexes . Plantes médicinales 118 . Ad resses utiles 120 • Lexique-Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 . Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

Présentation du massif du Rossberg-Ballon d'Alsace

AU COEUR DES VOSGES DU SUD Situé dans les Vosges méridionales, le massif du Ballon d'Alsace-Rossberg est bordé par les vallées encaissées de la Thur et de la Doller du côté alsacien, par les vallées de la Savoureuse et de la Moselle au sud et à l'ouest. Dominé par le Ballon d'Alsace, le massif est l'un des plus élevés des Vosges méridionales. Les pentes vigoureuses, les promontoi- res rocheux le rendent difficilement accessible et lui confèrent un aspect sauvage, voire même mystérieux. Véri- table barrière géographique pour les nuages venant de l'ouest, il subit un cli- mat caractérisé par des brouillards nombreux, des hivers rigoureux et des vents violents. De nombreux lacs, tor- rents, cascades et rivières telles la Savoureuse, la Moselle, la Thur, la Dol- ler, drainent ce massif etfournissentdes eaux de bonne qualité qui alimentent plusieurs nappes phréatiques. Cette omniprésence de l'eau donne une tonalité très agréable à ce massif. VOLCANISME ET GLACIATION La naissance des Vosges du Sud date de l'ère primaire (- 330 millions d'années). A cette époque, la formation du socle européen provoque de grands mouve- ments tectoniques qui sont à l'origine de nombreuses failles et volcans. Le sec- teur est alors occupé par une mer par- semée d'îles volcaniques. La présence marine associée à des périodes de vol- canisme actif a donné naissance à une roche volcano-sédimentaire appelée grauwacke. Elle compose le massif du Rossberg-Belacker. Les Vogelsteine sont d'anciennes coulées de lave qui ont résisté à l'érosion. La roche granitique du Ballon d'Alsace date de la même époque. Cette chaîne de montagnes ne ressemblait en rien aux Vosges actuel-

les don t le relief a été façonné pa r les glaciers du quaternai re . Plusieurs reli- ques témoignent de cette pér iode gla- ciaire : cirques glaciaires abr i tant des lacs (Neuweiher, Sternsee), blocs erra- tiques, éboulis, roches striées pa r le p a s s a g e du glacier.

UNE FLORE REMARQUABLE Ce substrat géologique et ce relief très varié constituent de grands et petits bio- topes bien caractérisés tels les forêts primaires sur les pentes raides, les chaumes subalpines du Ballon et du Rossberg et toutes sortes de milieux très particuliers comme les tourbières ou les promontoires volcaniques. Plusieurs étages de végétation s'organisent. A l'étage subalpin (au-dessus de 1000 m) la hêtraie d'altitude voisine sur les sur- faces sommitales avec des pelouses, où se développent des espèces caractéris- tiques : myrtille, bruyère, nard raide. A l'étage montagnard, (entre 600 et 1000 m), les grandes hêtraies sapiniè- res forment l'essentiel du milieu végétal quand elles ne sont pas coupées à blanc, remplacées par de monotones plantations d'épicéas. Des prairies et des landes montagnardes exploitées plus ou moins extensivement par l'homme alternent avec la forêt. Des espèces végétales typiques garnissent les pâtures au cours de la belle saison : le fenouil des Alpes qui donne un arôme caractéristique au lait, l'arnica, la gentiane, la pensée des Vosges, quel- ques graminées telles le nard raide ou la fétuque rouge.

LA CONQUETE DES HAUTES- CHAUMES L'empreinte de l'homme est très pré- sente dans le massif. Dès la préhistoire on pense que des tribus de chasseurs y

ont cherché refuge. Les vallées et les chaumes ne furent réellement coloni-

sées que vers les lX-Xe siècles. Des «ber- gers» alsaciens, t rouvant aux sommets des ba l lons vosg iens des su r f aces enherbées , ont petit à petit d é v e l o p p é une activité pas tora le . Ces pâ tu rages , appelés chaumes, ont été ag rand i s au cours des siècles pa r des défrichements successifs, dont l'intensité variait selon les besoins en énergie et en bois d ' u n e industrie naissante, exploitations miniè- res à partir du XIVe siècle, forges et tail- landeries au XVIIIe siècle. Des événe-

ments tragiques ont cependant jalonné cette histoire. La guer re de Trente ans p rovoqua l ' a b a n d o n m o m e n t a n é de t o u t e e x p l o i t a t i o n p a s t o r a l e des Hautes-Chaumes.

Propriétés des a b b a y e s de Murbach et de Masevaux, ces chaumes, données en droit d ' u s a g e ou louées à de riches particuliers, furent la p lupar t acquises pa r les communes à la Révolution.

LA VIE DES MARCAIRES Leur exploitation était le fait de fer- miers, appelés marcaires. De la fin du printemps au début de l'automne, ils prenaient en pension des animaux confiés par des communautés villa- geoises des vallées. La traite et la fabri- cation de fromages étaient leurs occu- pations principales. Les fromages (munster et Bargkas,) vendus sur les marchés, étaient leur seule source de revenus. Les marcairies, à la fois habi- tation du marcaire et étables pour le bétail, étaient rudimentaires. A partir du XIXe siècle, certains marcaires trou- vèrent un complément de revenu dans une petite salle d 'auberge de monta- gne, où très souvent venaient s'amuser et danser les jeunes gens des villages des vallées. Ce système d'estive, vieux de plus de dix siècles, a connu depuis 1910 de profondes mutations. La régression de l'agriculture dans les val- lées suite à la disparition des ouvriers- paysans conduisit dans un premier

temps à une perte d'usage des chau- mes : certains pâturages abandonnés, furent envahis par des friches, d'autres furent boisés, des fermes tombèrent en ruine (Bers, Fallengesick, Wasserfall, Gazon Vert,...). Dans un deuxième temps, le développement du tourisme et d'une activité agricole propre au fer- mier permit aux établissements encore existants de se rénover et de perpétuer partiellement les traditions et les paysa- ges environnants. De nombreuses mar- cairies se sont alors transformées en fermes-auberges. Faisant partie du paysage familier de ces Hautes- Chaumes les vaches, de race vos- gienne bien adaptées au «sol» et au cli- mat, connaissent un regain d'intérêt. Cependant certaines chaumes sous- pâturées continuent à se dégrader (développement de végétaux ligneux, fougères).

DEVELOPPEMENT DU TOURISME Dans le massif, le Ballon d'Alsace et le Rouge-Gazon se distinguent par une fréquentation touristique importante. Le premier, facilement accessible depuis plus de deux siècles grâce à la mise en place d'une route, a connu un développement important à partir des années soixante, suite à l'essor de la pratique du ski. Il est le siège de nom- breux centres de vacances, refuges. Depuis 1982, il a fait l'objet d'un clas- sement «grand site national». Le Rouge-Gazon, quant à lui, est devenu une petite station familiale monta- gnarde été-hiver reposant sur un hôtel- ferme-auberge et un petit champ de ski. De nombreuses fermes-auberges, de par un accueil particularisé, seront autant de haltes appréciées par les randonneurs. Les très importantes richesses naturel- les et paysagères de ce secteur, sa tran- quillité, conduisent les naturalistes et les acteurs locaux à promouvoir sa protection.

Conseils aux promeneurs

Cette montagne, bien que sympathique ettranquille, peut parfois être dangereuse.

AVANT DE PARTIR Mettez de bonnes chaussures de marche, emportez un sac à dos avec un lainage, coupe-vent ou imperméable (cela peut servir), préparez votre itinéraire. On trouve des boissons et de la restauration dans les fermes- auberges ou certains refuges.

EN ROUTE Placez votre véhicule sur un parking autorisé : les forêts et les Hautes- Chaumes sont un milieu sensible. Restez sur les sentiers balisés par le Club Vosgien. Si le chien est le meilleur ami de l'homme, il n'est pas nécessairement le meilleur ami de la nature. Aimer son chien, c'est aussi le surveiller. La générosité de la nature peut paraître inépuisable... Toute cueillette appauvrit les chaumes, milieu très sensible. Le ramassage de certaines plantes est réglementé (notamment au massif du Rossberg). Les barrières, partitions, clôtures organisent les pâturages. Si vous ne voulez pas que les animaux vous accompagnent, refermez les barrières et ne détériorez pas les clôtures. Ne touchez pas un animal mort, n'approchez pas un animal qui ne s'enfuit pas ; il peut avoir des réactions dangereuses (rage par exemple). Certains promontoires rocheux sont dangereux (Lac des Perches, Vogelsteine, Ballon). Pas de feu, pas de camping sauvage. De nombreux refuges ou fermes-auberges vous offrent l'hospitalité. Emportez vos déchets avec vous ; savez-vous qu'un animal qui mange un sac plastique peut en mourir ?

Quelques plantes médicinales Depuis quelques années, les plantes médicinales connaissent un engouement croissant : un courant de mode, le fameux «retour à la nature» : le refus d'une technologie qui isole l'homme : un désir de plus en plus ardent de com- prendre le fonctionnement de son orga- nisme, de se nourrir et de se soigner avec des produits «d'origine connue». Trois sites sont visités régulièrement : - les flancs du massif du Rossberg (au sommet toutes cueillettes sont interdites par arrêté préfectoral) - le secteur Lac des Perches - Lac des Neuweiher - le secteur Sewen - Ballon d'Alsace

LE SITE DU ROSSBERG

Fin mai, début juin, les sous-sols sont tapissés de mignonnes fleurs blanches, l'Aspérule Odorante (Waldmeister en alsacien) : Plante herbacée pérenne for- mant des couverts étendus dans les bois feuillus clairs elle est récoltée, voire cul- tivée depuis le Moyen Age pour servir d'additif aux boissons alcooliques et au tabac. On récolte les sommités (herba asperulae). Elle est utilisée pour ses ver- tus calmantes, comme spasmolytique, contre les palpitations et pour régulari- ser le pouls, contre les insomnies infan- tiles comme celle des vieillards. Extérieu- rement, elle sert en bains ou en com- presses pour soigner les plaies purulen- tes, les dermatoses et les ulcères. A la même époque pour les feuilles et fin juillet pour les fruits, vous trouverez dans les clairières et les anciennes coupes de bois, la belle Framboise : Arbuste aux rameaux bruns dressés, couverts de menus piquants. Les feuilles sont d'un vert brillant sur l'endroit, blan- ches et tomenteuses sur l'envers. Le fruit, de couleur rouge ou jaune, est une drupe qui se détache de son réceptacle à maturité. C'est une espèce assez cou-

rante dans les clairières, depuis toujours ramassée ou cultivée dans les jardins. On récolte pour la médecine les feuilles (Folium rubiidaet) des framboisiers sau- vages. (voir photo p. 108) Fin juillet, début août vous remarquerez sur les pâturages de Bourbach le Haut, l'Achillée-millefeuille. C'est une plante herbacée pérenne aux tiges dressées terminées par de riches particules com- posées de menus capitules de fleurs blanches à rosées. On récolte les parties non lignifiées de la tige feuillée (Herba millefolii) ou simplement la fleur (Flos millefolii). Ces dernières contiennent une huile, produit de la distribution d'une coloration bleutée. Elle est utilisée en traitement interne pour les troubles gas- triques, la diarrhée et les ballonnements, comme hémostatique et contre les dou- leurs de la menstruation. Sur les plaies suppurantes, les éruptions, l'eczéma, pour le lavage des mains gercées et comme gargarisme.

ENTRE LES LACS (PERCHES ET NEUWEIHER) Début juillet vous pourrez admirer, à la Haute-Bers, une plante en voie de dis- parition, l'Arnica. L'arnica est une plante herbacée pérenne ayant une tige dressée, ramifiée et glanduleuse, terminée par un capitule de fleurs jaunes. Les feuilles de la rosette terrestre sont ovales, appliquées contre le sol. L'arnica commence à être raris- sime à l'état spontané et elle est donc protégée par la loi. Toute la plante à une valeur pharmaceutique. Les capitules contiennent de l'huile essentielle à l'état de traces, des caroténoïdes, un suc amer l'arnicine etc... L'arnica a également des effets bénéfiques sur la circulation san- guine et l'activité cardiaque, à condition d'être prescrit et dosé par un médecin. On emploie surtout un extrait alcooli-

que, la teinture d'arnica (Tinctura arni- cae). Celle-ci était jadis fort appréciée pour soigner les plaies, comme désinfec- tant et cicatrisant. Fin juillet sur les pentes des Neuweiher vous rencontrerez le Serpolet. Plante pérenne à la tige basse et rampante, portant des feuilles opposées linéaires. Les tiges se terminent par des fleurs vio- lettes. Toute la plante est odorante. Les tiges feuillées (Herba serpylli) sont récol- tée depuis toujours pour leur vertus offi- cinales. Elles contiennent jusqu'à 6% d'huile essentielle (Oleum serpylli), ren- fermant en partie du thymol. Le thymol est un antiseptique puissant, meilleur que le phénol, car il n'attaque pas la peau et a également un effet désodo- rant. Les bains de serpolet servent à soi- gner les plaies suppurantes ou malodo- rantes. La distillation des tiges fraîches donne une essence également efficace pour soigner la grippe, les catarrhes bronchiques, la toux. Mai-juin pour les feuilles, août pour les fruits, de la Basse à la Haute-Bers, du Lac des Perches aux Neuweiher, la myrtille est présente partout : arbris- seau bas aux rameaux rampants don- nant naissance à des tiges anguleuses de couleur verte, richement ramifiées et couvertes de feuilles ternes, ovales et caduques. Les fleurs en forme de vésicu- les verdâtres à rosées sont isolées à l'ais- selle des feuilles. Les fruits sont des baies bleues. La myrtille forme des colonies étandues dans les forêts hautes, sur substrat acide, humique, riche en résidus organiques. On récolte, pour la méde- cine, les feuilles (Folium myrfilli) et les fruits (Fructus myrfilli). ENTRE SEWEN ET LE BALLON D'ALSACE A proximité du lac, dans les prairies, mai voit fleurir discrètement une plante,

l'Alchémille : C'est une plante herba- cée pérenne portant une rosette de feuil- les terrestres au cœur desquelles s'accu- mule une goutte d'eau après la pluie ou au moment de la rosée. Les alchimistes et les gens du peuple récoltaient jadis ces gouttes en croyant à leurs vertus médi- cinales ou magiques. De courtes tiges ascendantes portent des cymes de peti- tes fleurs jaunes. L'alchémile est courante dans les associations prairiales et dans les pâturages de la plaine à la monta- gne. C'est une plante aux caractères fort variables qui influe sur son pouvoir pharmaceutique. On récolte le plus sou- vent la tige feuilletée (Herba alchemil- lae) et les feuilles terrestres. La plante soulage les crampes et stimule la diurèse. L'extrait d'alchémille favorise les échan- ges et entre dans la composition de pro- duits amaigrissants. On l'utilise aussi en applications externes et en bains pour soigner les plaies, les contusions, l'eczéma et les affections furonculeuses.

Dans les mêmes lieux le long des torrents qui dévalent le Ballon, juillet voit fleurir l'Ulmaire, appelée communément Reine des Prés. Plante pérenne et tige dressée, terminée par un corymbe de fleurs blanc crème. L'espèce, relative- ment courante à l'état spontané, croît le long des cours d'eau, près des sources et dans des sites humides. Elle est employée comme plante médicinale depuis l'Antiquité. On récolte le plus sou- vent les fleurs (Flos spirae). On peut aussi ramasser les jeunes feuilles et les rhizomes (Folia, Radix spirae). Les fleurs séchées sont employées pour la prépa- ration de tisane anti-grippales, comme diaphorétiques pour abaisser la fièvre et contre les douleurs rhumatismales. Les feuilles et les fleurs sont employées pour calmer les douleurs de la vessie et des reins.