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LETTRE A M. GUIGNIAUT, MEMBRE DE L'INSTITUT, SUR UN MONUMENT DE LA LAMOTIDE, RELATIF AU CULTE DES CABIRES

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LETTRE A M. GUIGNIAUT, MEMBRE DE L'INSTITUT, SUR UN MONUMENT DE LA LAMOTIDE,RELATIF AU CULTE DES CABIRESAuthor(s): Victor LangloisSource: Revue Archéologique, 12e Année, No. 1 (AVRIL A SEPTEMBRE 1855), pp. 365-367Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41742247 .

Accessed: 19/05/2014 03:17

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LETTRE A M. GUIGNIÀUT, MEMBRE DE i/iNSTITUT ,

SÛR UN MONUMENT DE LA LAMOT1DE,

RELATIF AU CULTE DES CABIRES.

Monsieur,

En me rendant à Lamas à l'antre corycien , je suivis une voie ro- maine tracée au milieu de rochers , et qui nie conduisit à une im- mense forêt de sapins, au milieu de laquelle je découvris une porte, haute de 4 mètres, construite en pierre de roche et d'un travail très-grossier. Les pierres qui la composent ont à peine été dégros- sies, et, dans plusieurs endroits, on ne trouve même pas la trace du ciseau. L'attique, du côté ouest, est ornée d'emblèmes sculptés en creux et qui annoncent l'enfance de l'art.

La construction de cette porte semble appartenir à l'époque de transition qui sert d'intermédiaire entre l'art pélasgique et l'art

grec ; car on reconnaît déjà une intention dans le choix de la pierre et dans les parties de ce travail exécutées au ciseau, ce qui n'existe

point dans les constructions cyclopéennes qui ne sont que les pre- mières tentatives du génie de l'homme dans l'art de bâtir. Inutile de dire que ce genre de travail exécuté au ciseau est loin d'avoir afteint le fini et la perfection qui se remarquent dans la construc- tion des monuments de la belle époque grecque; ce n'est pour ainsi dire qu'une ébauche grossière qui n'a eu d'autre but que de dé-

grossir les blocs de rocher dans certaines parties du monument. Les emblèmes tracés sur cette porte isolée , à laquelle ne paraît

s'être rattachée aucune enceinte de murailles , semblent faire allu- sion au culte des Cabires Dioscures ou des Pélasges, ou bien encore des Phéniciens. Vous savez , monsieur, que le culte des Cabires , apporté de l'île de Samothrace en Asie Mineure et en Phénicie par les colonies grecques, a laissé dans ces différentes contrées des ves-

tiges de son existence. On trouve en effet sur les médailles de plu- sieurs des villes de l'Asie Mineure et de la Syrie des emblèmes qui nous apprennent d'une manière positive que le culte des Cabires s'était implanté dans ces contrées , et qu'il s'y conserva pendant

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366 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. fort longtemps ; mais ce que l'on ignorait encore, c'est que les peu- plades pélasgiques qui traversèrent l'Asie Mineure et y laissèrent des colonies, avaient aussi élevé des monuments qui devaient attes- ter leur passage et leur séjour dans cette contrée.

La porte antique que j'ai découverte dans la montagne , entre Lamas et la ville ruinée, appelée aujourd'hui Kannideli , ville qui est à peu de distance à l'est de l'antre corycien , en est une preuve , et les emblèmes qui sont gravés sur l'une des faces de l'altique de cette porte ne laissent aucun doute sur son origine et sa construc- tion par les Pélasges venus d'Europe lors de la fondation des colo- nies grecques en Asie.

On distingue parfaitement , sur l'attiquc de la porte qui fait le

sujet de cette lettre, plusieurs figures 011 emblèmes qui sont, en commençant par la gauche , les deux bonnets des Cabires Dioscures, un soc de charrue , un caducée ou plutôt des tenailles, un vase des- tiné à contenir des liquides, et enfin un dernier objet qui se trouve partagé par une fente accidentelle survenue dans la pierre. Je vais maintenant essayer d'expliquer chacun des emblèmes dont je viens de donner le détail et qui , dans mon opinion , se rapportent par- faitement au culte des Cabires.

Les deux bonnets, on ne saurait en douter, représentent les Dioscures, Castor et Pollux, dont ils sont la coiffure. Le caducée qui, à proprement parler, est plutôt l'espèce de tenailles qui se voit sur les médailles phéniciennes de Malaga, rappellerait celle qui est figurée sur les monnaies de Malte ou de Cossura, et paraîtrait se rapporter à l'Hermès Kadmilos ou Kadmos des Pélasges Tyrrhenes ,

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qui le tenaient vraisemblablement des Phéniciens. Le vase est le symbole des libations ou des sacrifices qui faisaient partie des mys- tères ; mais si on veut attacher à ce symbole un sens supérieur, une idée d'un ordre plus élevé, on peut dire qu'il est l'emblème de l'Eau, comme principe élémentaire. Les deux autres symboles pa- raissent se rapporterà la Terre, autre principe élémentaire, età l'Agriculture représentée par un soc de charrue. Dès lors, ils sem- blent indiquer l'œuvre de fécondation par les puissances cosmogo- niques qui sont en même temps des divinités agraires.

La porte antique dont je viens de donner la description, eu essayant d'expliquer les emblèmes qui ornent son attique, est un des monuments les plus anciens et les plus intéressants que j'aie dé- couverts en Cilicie. Personne, jusqu'à présent, ne l'avait signalé, les voyageurs qui m'ont précédé dans l'exploration de cette pro- vince ayant toujours négligé de visiter la partie montagneuse de l'ancienne Lamotide , couverte de forêts de sapins , et qui offre peu de ressources aux visiteurs. Il serait cependant à désirer que ceux-ci ne suivissent pas toujours le même itinéraire , qu'ils s'écartassent des sentiers battus , seul moyen de découvrir des villes et des mo- numents ignorés, mais dont l'importance mérite d'être signalée. La porte antique dont je viens de parler est de ce nombre, et sa décou- verte prouve qu'il est toujours bon de chercher quelquefois au ha- sard, et de pénétrer dans les régions inconnues où peuvent se trou- ver des antiquités auxquelles on n'arrive pas toujours sans périls ni fatigues, bientôt oubliés, si on est assez heureux pour fu ire en- trer dans le domaine de la science de curieuses particularités.

Veuillez agréer, etc.

Victor Langlois.

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